L’École de Ferry est-elle la « fille du protestantisme » ? En comparant les idées et les valeurs du courant oublié, incarné par Guizot à celui incarné par Buisson, cet article pose la question de la pertinence de l’hypothèse posée par le... more
L’École de Ferry est-elle la « fille du protestantisme » ? En comparant les idées et les valeurs du courant oublié, incarné par Guizot à celui incarné par Buisson, cet article pose la question de la pertinence de l’hypothèse posée par le Pasteur Paumier « [qu’] au lieu d’une religion d’État, on semble vouloir nous imposer une irréligion d’État ». Dans un premier temps, à partir des écrits et rapports d’AG de François Guizot et Louis Frédéric François Gauthey repris par le président Charles Robert et les autres acteurs de la Société pour l’Encouragement de l’Instruction Primaire parmi les Protestants de France (SEIPPF) lorsque les lois Ferry furent promulguées, l’article rappelle l’existence d’un courant protestant-orthodoxe oublié qui, en s’élevant contre les « trois étoiles » de la pensée de Buisson pour l’école, montre que l’École de Ferry n’a pas été le fruit des idées et des valeurs de ce courant du protestantisme vivifié par le Réveil de Genève.
Ensuite, dans un deuxième temps, l’article analyse la pensée de Buisson dans une perspective philosophico-théologique, et montre à partir des écrits fondateurs de sa philosophie, comment il s’est résolument écarté autant du protestantisme orthodoxe qu’hétérodoxe pour fonder un « autre parti » plus proche d’Auguste Comte que de Jean Calvin. L’École de Ferry selon Buisson n’est-elle pas plutôt : « fille d’un scientisme anti-dogmatique » ?
Soucieux de rallier tous les enfants de France aux valeurs de la toute jeune République, mais aussi d'en faire des citoyens égaux, responsables et solidaires, quelles que soit leurs origines sociales ou leurs convictions religieuses, il y... more
Soucieux de rallier tous les enfants de France aux valeurs de la toute jeune République, mais aussi d'en faire des citoyens égaux, responsables et solidaires, quelles que soit leurs origines sociales ou leurs convictions religieuses, il y insistait longuement sur la première mission qui revenait aux professeurs : enseigner aux futurs citoyens une morale « commune », seul gage selon lui de la solidité et de la pérennité future de la nation. Faire une nation On oublie trop souvent que la IIIe République faisait face à un public déjà formidablement hétérogène : enfants des campagnes encore très peu scolarisées et toujours marquées par l'emprise sociale d'un catholicisme souvent hostile au régime républicain ; enfants de villes industrielles dans lesquelles les confrontations politiques opposaient brutalement les syndicats naissants au patronat encore tout-puissant ; enfants des classes plus favorisées dont les parents, déjà tentés par le séparatisme scolaire, privilégiaient l'enseignement à la maison par des précepteurs ou inscrivaient leurs enfants dans des écoles congréganistes paraissant moins sulfureuses que l'école républicaine « sans Dieu ». C'est peu dire que la mission d'union nationale et patriotique donnée à l'école de la nation tout juste réorganisée était déjà un immense défi. Au coeur des programmes d'instruction obligatoire, un enseignement de « morale