Études Féministes

Rares  sont  les  thématiques  qui,  comme  l’allaitement,  ont  produit  depuis  plus  d’un  siècle  autant  d’injonctions  contradictoires  à  l’encontre  des  femmes. L’acte d’allaiter, directement au sein ou en tirant le lait, comme celui de ne pas le faire sont sans exception l’objet d’une évaluation qui, portée sur les mères, vise de fait à les remettre en place en tant que femmes. Elles sont l’objet de nombreux jugements et suspicions : la durée de l’allaitement est trop courte, ou trop longue, quand ce n’est pas la manière d’allaiter qui est sujette à interrogations. Ces reproches sont rarement formulés de manière directe, ils sont généralement implicites, suggérés par un regard, une remarque anodine, mais leur force provient du fait qu’au nom de la protection  du  nourrisson,  ils  reproduisent  les  injonctions  en  provenance  des  institutions  et  des  professionnel·le·s  de  la  santé  et  du  social.  Ainsi,  qu’une  femme  décide  d’allaiter  ou  de  ne  pas  le  faire,  elle  est  redevable  d’une explication, qui satisfera les un·e·s et déplaira aux autres. Autrement dit, dans tous les cas, elle le paie chèrement, et ce depuis longtemps déjà.

Les cyberviolences envers les femmes sont une préoccupation mondiale, mais la plupart des travaux portent sur des cas spectaculaires de cyberharcèlement et incluent rarement des populations non anglophones. Cet article analyse les expériences et les perceptions de femmes francophones (n = 31) recueillies au Québec lors d’entretiens semi-dirigés et de groupes de discussion. Les concepts d’espace relationnel médiatisé et de cyberincivilités genrées étayent la multiplicité des incidents sexo-spécifiques rapportés. Ceux-ci s’inscrivent dans un continuum de violences et illustrent des dynamiques genrées dans les interactions en ligne : intrusions masculines dans l’espace personnel des femmes, souvent sous forme de harcèlement sexuel, incivilités sexistes, déni d’accès à des espaces sous le monopole du privilège masculin. Si la plupart des participantes ne perçoivent pas le web social comme hostile envers les femmes, il en va autrement pour les féministes qui ont été exposées à davantage d’incidents et d’hostilité. Il est proposé de mener d’autres travaux pour mieux comprendre ces expériences subjectives contrastées et ce qu’elles révèlent des rapports de genre dans le web social.

„Il faut donc si l'on veut que les fonctions politiques [...] s’ouvrent aux femmes, accepter de féminiser le langage.“  - Elisabeth Guigou


Mit diesen Worten deklarierte die damalige Justizministerin in der ersten Lesung zum französischen Paritätengesetz im Dezember 1998 die Notwendigkeit einer sprachlichen Gleichstellung der Frau für einen politischen und gesamt-gesellschaftlichen Wandel.
Seit seinem Bestehen ist Sprache im französischen Staat - der seinen ganzen Stolz in der Revolution von 1789 und deren demokratischen Grundsätzen zu bündeln scheint - ein Politikum und steht für kulturelle Identifikation. Doch bezüglich der Geschlechterverhältnisse wies Frankreich als eines der Mutterländer der Demokratie lange Zeit ein fast beispielloses Missverständnis des Ideals der égalité auf.
Dieses sich durch die Historie ziehende Paradoxon spiegelt sich im politischen Prozess Frankreichs wider und ist - wie Jutta Hergenhan in „Sprache, Macht, Geschlecht“ herausstellt - mit einer „strukturellen Unsichtbarkeit von Frauen in der französischen Sprache“ verbunden. Es handelt sich hier um eine Form struktureller Gewalt, die vor allem von der Académie français und der grammatischen Regel des generischen Maskulinums aufrecht erhalten wurde.
Vor diesem Hintergrund will die vorliegende Arbeit eine soziolinguistische Perspektive auf die Gleichstellung der Geschlechter eröffnen - zunächst am Fall Frankreich und danach anhand der kanadischen Provinz Québec.
In einer demokratisch konzipierten Gesellschaft scheint das hierfür repräsentativste Kriterium die Teilhabe an der Politik, so dass diese Arbeit mit der Beteiligung der Frauen an politischen Prozessen in der französischen und der quebecer Gesellschaft beginnt. Anschließend werden die sprachliche Ordnung sowie sprachpolitische Maßnahmen untersucht und in Frage gestellt.
Zuletzt folgt ein Vergleich der beiden Fallstudien - entlang der Frage, ob und inwiefern ein Zusammenhang von gesellschaftlicher und sprachlicher Ordnung besteht.

Dans l’Étranger d’Albert Camus le protagoniste Meursault d’abord témoigne l’enterrement de sa mère, ensuite accepte une liaison avec une femme qu’il ne connait que vaguement, pour enfin être condamné à mort. Ceci est l’intrigue d’un roman dont l’auteur faisait valoir une réputation d’un «tombeur», un roman qui semble de ne représenter les femmes que d’une manière vague.
Le but de cette recherche est de répondre à la question de savoir si Albert Camus - qui est le narrateur réel et ainsi à opposer au narrateur fictif Meursault - a affecté un rôle passif, voire subordonné ou soumis, aux figures féminines dans l’Étranger.

Un grand nombre d’hommes jusqu’ici nommés « gais » se travestissent dans la sphère privée pour poster des annonces sexuelles sur Internet en cherchant les hommes « hétéros . »  Par cette recherche, les limites des identités sexuelles, ainsi que des objets liées à elles, sont testées, étirées, re-signifiées et même ridiculisées. Grâce au numérique, une rencontre « trans-orientationnelle » se produit, ce qui ouvre la porte à une nouvelle façon de penser et de pratiquer la différence sexuelle. C’est un rapport fondé sur le semblant, sur la multiplicité, sur l’objet de désir comme ses alentours. La matérialité du corps apparaît comme toile, comme voile, comme écran – pas comme substance. Ce phénomène révèle aussi une faille dans la logique hétérosexuelle. Lorsque l'objet se dénonce comme un semblant potentiellement divorcé de son référent matériel, ces deux figures (la travesti bâtie par le numérique et cet homme hétéro éveillé par le numérique qui la désire) se mettent en contact, se touchent, se baisent, se découvrent, s’utilisent, s’aiment. Qu’est-ce que la jouissance de la travesti peut dire d’un système symbolique et social qui dénie son existence et sa valeur?

Lausanne, octobre 2014. Un collectif militant féministe — Les Pires & associé-e-s — a perturbé une séance de formation de psychosexologie appliquée, offerte par le psychologue québécois Yvon Dallaire (et Iv Psalti), scandant des slogans et distribuant un tract (Le Courrier, 2014). En commentaire sur le site du journal Le Courrier, John Goetelen explique, à propos du collectif Les Pires et associé-e-s qu’il « s’agit d’un groupe anarcho-féministe de Grenoble[1]». Sur son blogue Les hommes libres, hébergé sur le site Web de La Tribune de Genève, il « appelle les groupes d’hommes et de femmes concernés par la condition masculine à se défendre plus activement contre ces agressions », les encourageant à ne pas « hésiter à user de la force contre les facho-féministes » (Goetelen 2014). Goetelen est auteur du livre Féminista : ras-le-bol ! et il se présente comme un «passionné de l’humain et des relations hommes-femmes » et un «[a]ntiféministe convaincu et réfléchi[2]».
Qui est Yvon Dallaire et comment expliquer l’attaque du collectif féministe Les Pires et associés à l’endroit de sa séance de formation? [pour la suite, voir le texte...]

Cette recherche visait à identifier la place qu’occupent les idées antiféministes et masculinistes dans la presse féminine. Une analyse de corpus du magazine Châtelaine représentant près de 30 % de l’ensemble des numéros publiés depuis sa fondation en 1960 jusqu’en 2009, permet de démontrer que la transformation du contenu en ce qui concerne le féminisme et les hommes correspond à la montée en puissance d’un ressac antiféministe dans les années 1980 et à l’émergence d’un mouvement masculiniste au Québec et ailleurs en Occident durant la même période.
Les discours antiféministes et masculinistes trouvent à s’exprimer dans les chroniques mensuelles tenues par des hommes; dans les reportages portant spécifiquement sur l’activisme des groupes d’hommes et de masculinistes; dans les dossiers spéciaux ou des éditions spéciales s’intéressant à la « condition des hommes »; et, finalement, dans les commentaires publiés dans l’espace du courrier d’opinion.
En parallèle, Châtelaine met de l’avant un discours néotraditonnaliste (re)valorisant les femmes-mères à la maison en opposition à la superwoman, une image associée à la féministe malheureuse, parce que célibataire et sans enfants.
Cette étude permet de conclure que Châtelaine constitue un espace important de production et de diffusion de discours critiques du féminisme à la fois sympathiques et empathiques aux revendications mascuslinistes, dont le lectorat est majoritairement féminin.

L'objectif de cette thèse est d'explorer la généalogie et l'hybridation des représentations collectives de la figure de « la mère divine » dans le contexte du Mouvement Mère-Aurobindo et de l'émergence de la nation indienne. Il s'agit d'une recherche comparative qualitative se fondant d'une part, sur une étude d'un corpus de textes en relation aux publications de Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872-1950) et de la Mère (Mirra Alfassa, 1878-1973) et, d'autre part, sur une analyse empirique effectuée au printemps 2013 de 28 verbatims de répondants provenant des sites indiens de l'Ashram Sri Aurobindo a Pondichéry, d'Auroville au Tamil Nadu et du Centre Sri Aurobindo de Montréal. Mirra Alfassa était une amie d'Alexandra David-Neel (1868-1969) et une peintre impressionniste parisienne ayant connu Gustave Moreau (1826-1898) et Auguste Rodin (1840-1917) avant de s'installer a Pondichéry de 1920 a 1973. Sri Aurobindo était un yogi ...

Introduction, Sophie Marois (dir.)

**Articles
La famille et l’incarcération d’un·e proche : revue de littérature sur l’expérience carcérale élargie - Magali de Laverny

Enfants d’ici, parents d’ailleurs : plurilinguisme et enjeux identitaires dans des familles originaires du Burundi et du Sénégal à Québec - Iris Ntore

Parentalité positive : les tensions sociales d’un nouveau modèle d’éducation familiale - Jonathan Riendeau

L’influence des réseaux familiaux sur l’intégration au travail des immigrant·e·s chinois·e·s dans la région de Québec - Yan Wang

**Comptes-rendus
Actualités bibliographiques : Les relations polyamoureuses - Simone Adam, Anne-Sophie Gillard, Rébecca Frappier et Marianne Lecours

Un refuge dans ce monde impitoyable. La famille assiégée, Christopher Lasch, 2012 (1977) - Simon Chaunu

China’s Hidden Children: Abandonment, Adoption, and the Human Costs of the One-child Policy, Kay Ann Johnson (2016) - André-Anne Côté

Toutes les femmes sont d’abord ménagères : Histoire d’un combat féministe pour la reconnaissance du travail ménager, Camille Robert (2017) - Lucas Parent-Painchaud

Étudiante en Lettres romanes et en Philologie allemande – il y a fort longtemps –, je n’ai jamais eu l’occasion de suivre un cours qui portait sur un corpus de textes de femmes auteurs, ni sur une femme auteur en particulier. Ce n’est pourtant pas ce qui manque dans le domaine des littératures française, italienne, espagnole, etc., ni dans celui de la littérature de langue allemande. On aurait pu imaginer, il y a fort longtemps, donc, pour rester dans ma logique d’Il était une fois… suggérant que les choses on changé depuis, qu’un-e de mes professeurs de l’époque pense à intégrer à son cours une œuvre de Madame de La Fayette, les recueils de poésie de Louise Labé ou de Vittoria Stampa, un roman de George Sand, Colette ou Cixous, d’Isabel Allende, de Ingeborg Bachmann, Christa Wolf ou Elfriede Jelinek.

En partant de la configuration heteronormative qui existe dans l’imaginaire collectif a propos de la sexualite, ce travail a pour vocation de reflechir sur la maniere dont celle-ci affecte le processus de lecture poetique en excluant la possibilite d’autre(s) maniere(s) de lire qui deboucheraient sur des messages poetiques beaucoup plus pluralistes et subversifs que les messages portes par les etiquettes litteraires conventionnelles. Avec cet objectif nous allons proceder a une analyse de reception poetique des differents ouvrages du debut du siecle de la poesie galicienne contemporaine a caractere erotique dans une perspective de genre feministe et queer.

Cet ouvrage propose une synthèse didactique des mouvements qui, de la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle, ont milité pour le droit de vote des femmes au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il vise particulièrement à comprendre le caractère hétéroclite des organisations, des individus et des modes d’actions engagés dans cette cause. L’ouvrage est divisé en deux grandes parties. La première présente l’histoire de l’« activisme politique » et des moyens mis en œuvre par les suffragettes aux XIXe et XXe siècles pour conquérir l’espace public, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. La seconde partie est une anthologie de vingt-huit textes d’acteurs et d’actrices du mouvement, emblématiques ou moins connu.e.s. Ces deux parties sont accompagnées d’un dossier illustrant ce combat pour le droit de vote des femmes à travers des photographies et des cartes postales. L’ouvrage s’achève sur une chronologie de la conquête du droit de vote des femmes au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans le reste du monde, de 1832 jusqu’en 2005, année où les Koweïtiennes ont obtenu ce droit.

La question d'égalité entre les femmes et les hommes se discutent de XVIIIème siècle jusqu'à aujourd'hui sous le titre "féminisme". Actuellement nous regardons que promouvoir les droits des femmes dans la vie privée et la société civile est devenu une concurrence de la domination des sexes. Mais il n'est pas possible de parler une égalité entre les sexes. Que reste-t-il inachevé aujourd'hui ? Donc, nous allons chercher des réponses en faisant la référence à la domination masculine qui montreront en quoi le féminisme actuel reste insuffisant. Même s'il y a des progrès au sens légal pour le féminisme, actuellement nous observons une grande égalité dans la vie au travail. Comme indiqué dans le livre Féminisme pour les 99%Un Manifeste, les grèves des femmes qui se multiplient depuis quelques années en Argentine, en Pologne, aux États-Unis sont contre du fait que les revendications féministes ne sont pas isolées de celles d'autres mouvements. Et c'est tout l'enjeu de ce manifeste, inspiré par ces nouveaux mouvements féministes : face à un système néolibéral qui concentre toutes les aliénations, injustices et inégalités et instrumentalise certaines luttes sociales pour servir ses velléités impérialistes et engranger le plus de profits possibles, le féminisme doit repenser son agenda théorique comme militant. Aujourd'hui la question du féminisme doit se retenir dans la problématique du néolibéralisme face auquel il y a la pénurie des alternatives. C'est la problématique du néolibéralisme parce qu'aujourd'hui la hiérarchie sociétale exige « les femmes fortes » au lieu de comprendre « le 99% ». Par exemple les nominations de quelque nombre des femmes aux ministres n'enlèvent pas évidemment le fait que les limitations et les orientations socio-économiques sont échappées à la vue, même si la discrimination et quelques libertés de base comme le droit de vote sont gardées par les lois. Ces limitations et les orientations peuvent être expliqués avec les exemples dans le film La Domination Masculine : Regardons que les jouets des ménages sont attribués aux filles avec les publicités, à partir de l'enfance, les femmes sont orientées à être au foyer ainsi que les garçons sont attribués « au pouvoir ». L'autre exemple qui peut se donner, c'est que les femmes sont statistiquement plus élevées que les hommes, dans le sénat, les entreprises etc., les hommes se trouvent majoritairement dans les positions plus hautes que les femmes. Même s'il est déjà adopté des lois des droits de travail etc. des femmes, la domination masculine se continue « silencieusement ».

L’hypersexualisation a fait couler beaucoup d’encre au Québec, chez nos voisins du Sud et en Europe. Mais savons-nous seulement ce qu’en pensent les premières intéressées, les adolescentes ? Dans cet ouvrage, Caroline Caron analyse la controverse médiatique qui a animé le Québec au tournant des années 2000 en y confrontant les points de vue d’adolescentes québécoises francophones. Alimentée par le poststructuralisme et le féminisme postmoderne, la démarche méthodologique de l’auteure met en évidence les tensions et les dilemmes éthiques que pose au chercheur adulte la volonté de prendre véritablement au sérieux les propos des jeunes. Cette démarche innovatrice illustre aussi la productivité heuristique d’une posture critique en recherche. Inaudibles jusqu’à tout récemment, les voix des adolescentes révèlent, dans cette étude, une facette méconnue et troublante de la controverse : dans les milieux scolaires, la notion d’hypersexualisation a eu pour effet d’intensifier la régulation du corps et de la sexualité féminine adolescente. Pareil constat soulève des enjeux sociaux relatifs à la problématisation grandissante du social par l’expertise scientifique et professionnelle. La contribution méthodologique, théorique et empirique que livre Caroline Caron dans cet ouvrage saura alimenter la réflexion des chercheurs, éducateurs, parents et étudiants des sciences sociales sur un des sujets les plus controversés et les plus sensibles de notre époque.

Le parcours journalistique de Madeleine, pseudonyme d’Anne-Marie Gleason, constitue un cas exemplaire du déploiement des stratégies médiatiques et discursives qui amorcent le processus d’élargissement du champ d’action politique des femmes au Québec pendant la première moitié du XXe siècle. Ses chroniques publiées dans la page féminine du journal La Patrie, les médias qu’elle dirige et le féminisme qui teinte ses écrits témoignent des façons dont elle participe subtilement du politique, puis très ouvertement de la politique, en inscrivant tour à tour son patriotisme, son nationalisme et ses allégeances partisanes dans sa pratique de l’écriture et de l’édition. Rhétorique de la mondanité, critique littéraire, maternalisme, apparences de neutralité, jeux dialogiques, pseudonymie et réseaux mondains sont autant de procédés d’acceptabilité sociale employés par cette femme de lettres canadienne-française pour affronter la misogynie ambiante et tenir un rôle actif dans l’arène politique. En abordant son œuvre sous cet angle, le présent article permet notamment de mettre au jour des collaborations partisanes jusqu’ici occultées par la recherche.