Histoire du corps

Contrairement à toute une tradition qui pense le corps comme une limitation voire un obstacle à une connaissance claire du monde, la philosophie de Schopenhauer le considère comme la clef de l’énigme de la métaphysique. Véritable matrice de sens, le corps permet par l’expérience que nous en avons de nous conduire à la certitude que le monde n’est pas qu’une illusion. Grâce à lui, précise-t-il au chapitre XVIII des Compléments (1844) de son œuvre maîtresse Le Monde comme volonté et représentation (1819), « un chemin s’ouvre à nous qui mène à l’essence intime et propre des choses que nous ne pouvions pénétrer de l’extérieur, un chemin par l’intérieur, un passage souterrain pour ainsi dire, une communication secrète qui, comme par quelque trahison, nous transportera d’un seul coup à l’intérieur de la forteresse qu’aucun assaut extérieur n’avait jamais pu prendre ».
C’est ce passage intérieur vers l’essence de la réalité que nous aimerions explorer en en faisant la généalogie et en montrant en quel sens par la réhabilitation du corps comme objet cardinal de la métaphysique, Schopenhauer imprime un tournant décisif à la philosophie. Ce retournement méthodologique prépare de nouvelles voies, à l’image de celle qu’empruntera Nietzsche, mais rend aussi possible l’émergence de champs disciplinaires originaux en constituant, par exemple, une véritable propédeutique à la psychologie freudienne. Surtout, en replaçant le corps, et donc l’affectivité, au premier plan vis-à-vis de la rationalité, Schopenhauer interroge le sens réel de l’existence et esquisse un nouveau portrait de l’homme. Ce dernier va renouveler la totalité des champs de la création en plongeant dans une nouvelle forme de modernité la littérature, la musique et les arts plastiques.

Entre 1870 et 1930, les agressions à l’acide se multiplient en France. Majoritairement accomplies par des femmes issues des classes populaires, qui entendent se venger de leur ancien compagnon ou de leur rivale en leur projetant de l’acide au visage, elles sont considérées, de manière réductrice, comme des crimes passionnels. Reléguées dans la rubrique des faits divers, elles suscitent toutefois des peurs et des fantasmes, alimentent les débats sur les droits des femmes et les relations entre les sexes. La vitrioleuse devient une figure criminelle qui incarne la cruauté féminine et conduit à la défiguration de sa victime dont elle annihile les traits et l’identité. Loin d’avoir disparu de nos jours, ces agressions, bien souvent masculines, sont désormais interprétées comme des crimes d’honneur.

Other bodies, other spaces is a fruit of the interactions between the Laboratory of Discourse Studies and the Body of the University of Southwest of state of Bahia - LABEDISCO / CNPq / UESB - and other research groups focusing on discursive studies on the body both in scope national and international levels. Here, literature and audiovisual materials present varied substrates for discussion of the body, as discourse, in its historical existence, as a material statute and in the reconfigurations of the subjects' positions.

Outros corpos, espaços outros é um fruto das interações entre o Laboratório de Estudos do Discurso e do Corpo da Universidade Estadual do Sudoeste da Bahia – LABEDISCO/CNPq/UESB – e outros Grupos de Pesquisa com foco em estudos discursivos sobre o corpo tanto no âmbito nacional quanto no internacional. Aqui, literatura e materialidades audiovisuais apresentam variados substratos para discussão do corpo, enquanto discurso, em sua existência histórica, como estatuto material e nas reconfigurações dos posicionamentos dos sujeitos.

Préface à la traduction française de l'ouvrage de Silvia Federici : Beyond the periphery of the skin, Par-delà les frontières de la peau. Repenser, refaire et revendiquer le corps dans le capitalisme tardif, 2020, Paris : Divergences, pp 7-20.

Une genèse de la criminalisation des conduites addictives Résumé. La contribution s'interroge sur les raisons pour lesquelles la consommation de substances psychoactives (les drogues) n'a pas toujours été considérée comme un usage de soi appelant la condamnation pénale et la réprobation morale. Il apparaîtra que trois considérations doivent être réunies pour que le Droit et la morale se préoccupent de leur consommation : la constitution du statut du médicament avec, pour corollaire, la dissociation des philtres, des poisons et des remèdes ; le souci de la santé publique avec l'organisation d'institutions différenciées ; l'apparition d'un nouveau statut du sujet au terme duquel il pourra user de son corps sans en disposer comme d'une chose. Pour criminaliser et réprouver la consommation de substances psychoactives, trois conditions sont requises : le passage du secret au public, du vénéneux au dangereux, du privé à l'intime. Lorsque Michel Foucault aborde la question de l'usage de soi, il ne considère que la sexualité, comme si le plaisir procuré par les substances psychoactives ou comme si les activités créant une dépendance étaient en dehors de ce plaisir que chacun peut obtenir par un usage de son corps. Inversement, nous trouvons dans les questions casuistiques de la Doctrine de la vertu de Kant, cette réflexion sur l'usage de soi non seulement à propos de la sexualité et de l'usage que chacun peut faire de son corps, mais encore à propos de la consommation du vin et de l'opium. Notre contribution veut examiner comment et quand est apparue la considération du plaisir par l'addiction. Pour cela, la criminalisation des pratiques addictives peut être un indicateur sûr quoiqu'étrange. Il est sûr parce que la criminalisation montrerait par la sanction que ces plaisirs existent : on ne peut en effet sanctionner que ce qui se pratique. L'indicateur est étrange parce que la reconnaissance est faite négativement : d'abord pour réprimer ou prévenir une conduite, ensuite parce qu'elle met en lumière par l'interdiction l'existence d'une pratique. La criminalisation ne propose pas de développements théoriques sur les pratiques qu'elle condamne-tout au plus fournit-elle une justification et une motivation des interdictions. Un premier enjeu consisterait donc à déterminer les raisons qui ont privé Michel Foucault de tout intérêt pour l'addiction en tant qu'elle est une source de plaisirs attribuable aux usages de soi alors que Kant, dont Foucault a traduit l'Anthropologie, ne manque pas de citer la consommation de l'opium comme un manquement au devoir de l'homme envers lui-même. Cependant l'enjeu qui nous retiendra portera sur les causes et sur les motifs qui ont porté à la criminalisation des usages de soi dans le cadre des pratiques addictives. Deux remarques préalables s'imposent. La première est méthodologique : la criminalisation des pratiques addictives se trouve stricto sensu dans les recueils juridiques. Mais la condamnation morale de ces pratiques se trouve aussi dans les textes de théologie morale

Le roman Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal se prête à une
lecture méditerranéenne sous le patronage d’Albert Camus et de Paul
Valéry. L’écrivaine déploie une philosophie du midi qui affirme
l’importance du sensible et de la présence au monde, autant de motifs
qui irriguent « la pensée de midi ». L’imaginaire hellénique côtoie
phénoménologie et humanisme pour fonder une métaphysique propre à
la Méditerranée. Corniche Kennedy se définit ainsi comme une tragédie
solaire qui représente l’intensité et l’acceptation de la finitude comme les
deux versants du monde méditerranéen.

« Nagez 3.8 km. Pédalez 180 km. Courrez 42.195 km. Vantez-vous pour le reste de votre vie. » Voici le mot d’ordre du triathlon Ironman, tel qu’énoncé par John Collins, l’un des pionniers de la discipline dans les années 1970. Ce programme séduit toujours et davantage, et n’en finit pas de recruter des adeptes.
D’où vient ce sport ? Comment s’est-il installé ? Pourquoi tant de personnes éprouvent-elles le besoin de se mettre à l’eau, de pédaler, de courir ? Quelle nécessité y a-t-il à toucher ses limites d’endurance, voire les dépasser, dans des formats qui peuvent paraître déraisonnables ? Quels sens à s’infliger ces souffrances à première vue démesurées ? Quel curieux plaisir peut-on prendre à cette pratique ?
Le triathlon pourrait bien avoir à dire sur notre temps, sur notre société, sur notre rapport à l’effort, à la nature et à la technologie. Avec la natation, le Feu de l’effort doit triompher de la fluidité de l’Eau, avec le cyclisme de la résistance de l’Air, avec la course-à-pied de la gravité de la Terre. Tels sont les monstres poursuivis avec joie par l’Hercule triathlète, dont les travaux ne sont plus douze mais trois.

La experiencia corporal, a pesar de ser vivida individualmente es planteada como una experiencia social en numerosas investigaciones, en la medida en que cada sociedad crea y construye una manera propia de pensar y relacionarse con los estímulos corporales.
Construido como un gran mosaico, "Cádaver, polvo, sombra, nada" aspira a esbozar indicadores que ayuden a pensar cómo se construyó el cuerpo femenino en la Nueva España a lo largo del siglo XVII.

Au cours du Grand Siècle, la question « épineuse » de la formation du corps féminin et de ses humeurs devient le lieu de tous les discours : non seulement la religion, mais aussi la médecine, les lettres, les arts, la philosophie et la morale débattent âprement de la femme, de son corps, de son âme, de son tempérament et de ses passions. À cette époque, théoriciens, médecins et physionomistes tissaient un faisceau des concordances nécessaires entre l’anatomie corporelle de la femme et sa psychologie à fleur de peau : ainsi le corps de l’homme robuste et large renvoie à un caractère « puissant et généreux », tandis que celui de la femme, à la chair «humide et froide », révèle forcément un caractère trompeur, craintif voire démoniaque, ce qui explique son aisance à comploter avec le diable.
Dans le but de cerner de plus près la représentation sociale de la femme-sorcière et séductrice, nous étudierons, dans un premier temps, la défectuosité physique et morale de la femme telle qu’elle est véhiculée par les théories de l’époque. Nous montrerons ensuite,  l’influence de ces différentes théories dans l’élaboration d’une image ambivalente de la femme au théâtre oscillant entre la séductrice et la sorcière à travers l’étude de L’Esprit Follet, comédie de Le Métel d’Ouville,  de L’Innocente infidélité  et de  La Bague de l’oubli, tragi-comédies de Jean de Rotrou.

Avant-propos Agostino Paravicini Bagliani. Textes de: Danielle Jacquart, Laurence Moulinier, Ottavia Niccoli, Caroline Schuster Cordone, Claude Thomasset, Jean Wirth

LE CORPS FÉMININ AU MOYEN ÂGE
IL CORPO FEMMINILE NEL MEDIOEVO
3 Danielle Jacquart, La morphologie du corps féminin selon les médecins de la fin du Moyen Âge
21 Claude Thomasset, Le corps féminin ou le regard empêché
37 Jean Wirth, Le sein féminin au Moyen Âge
59 Laurence Moulinier, Aspects de la maternité selon Hildegarde de Bingen (1098-1179)
79 Ottavia Niccoli, Corps maternels. Les Mystères de la génération aux débuts de l’époque moderne
99 Caroline Schuster Cordone, Maternité et sénescence. Le corps féminin entre prodige et transgression
115 Extrait du catalogue SISMEL-Edizioni del Galluzzo: Le corps / Il corpo

For over twenty-five years, historians of medieval science, literature and cultural awareness, philosophy, art and representation have exchanged ideas on the relationship between medieval nature and society in Micrologus. Nature, Sciences and Medieval Societies and Micrologus’
Library. Many of the Micrologus conferences – since the first Discorsi dei corpi / Discourses of the Body, Erice 1991, published in 1993 – have been devoted to topics associated with the history of the body, such as sight and vision, the heart, the cadaver, human skin, the five senses, the body and its ornaments, the extremities and growths, the body of the prince, portraiture and representation of the individual, Adam, the first man, and alchemy and medicine.
For this reason we wish to begin this series of e-books with the topic the human body; specifically, a collection of studies on the female body precedes this volume on black skin (medi@evi 5).

Présentation méthodologique du travail de recherche à l'origine de l'ouvrage "Du poil et de la bête. Iconographie du corps sauvage en Occident à la fin du Moyen Âge", Paris, CTHS, 2014. Enjeux et limites du travail sur un corpus de plus de 900 images : définition de l'objet d'étude, constitution du corpus, interrogation des sources et conclusions.

Lunettes, stimulateurs cardiaques, prothèses dentaires, audioprothèses, implants mammaires, bras mécatroniques, etc. : notre monde nous plonge de plus en plus dans un univers de prothèses – l'âge venant, peu d'entre nous y échappent. Cette hybridation change nos vies et notre quotidien. Elle concerne des aspects à la fois variés et essentiels : les gestes moteurs, les perceptions, l'expression de soi, l'esthétique, l'identité, l'interface et la connexion avec le monde. Les prothèses peuvent compenser une capacité défaillante. Elles peuvent aussi apporter des capacités modifiées voire inédites. Elles transforment la relation que nous entretenons avec le monde, avec autrui et avec nous-mêmes. Certaines prothèses ne relèvent plus de la compensation mais de l'augmentation ou de la modification d'une capacité ordinaire.
Il semble ainsi bienvenu d'étudier l'abondante source de réflexions prothétiques qu'apporte la science-fiction sous toutes ses formes (roman, film, bande dessinée, design, jeu vidéo, art…) Les contributeurs et contributrices de cet ouvrage révèlent la richesse et la profondeur des explorations que la science-fiction a produites depuis plus d'un siècle. Elle nous donne à vivre une multitude d'expériences par procuration qui mêlent anticipations, rêveries, interrogations personnelles et questions sociopolitiques.
Cet ouvrage académique a bénéficié de l'évaluation d'un comité de lecture universitaire associant la société savante Stella Incognita et l'Association Académique pour les Humanités (AAH). Il est aussi le fruit d'une collaboration avec le consortium de recherche Corps et Prothèses (corps-protheses.org).

Au milieu du XIIe siècle, l’Occident chrétien assiste à l’apparition d’un nouveau rituel liturgique au cours duquel le prêtre élève au-dessus de sa tête l’hostie qui vient d’être consacrée et transformée en corps du Christ. Selon l’historiographie, ce que l’on nomme « élévation de l’hostie » doit permettre aux fidèles de voir et d’adorer l’objet pour pallier la diminution progressive de la fréquence des communions depuis la Réforme grégorienne dans le dernier quart du XIe siècle. Or, cette thèse apparait problématique dans la mesure où les textes liturgiques ainsi que les conciles synodaux ordonnent aux fidèles de s’incliner, de s’agenouiller, de baisser les yeux et même de se prosterner. De plus, une multitude d’obstacles physiques comme des jubés, des clôtures, des rideaux ou un certain nombre de clercs ne peut que limiter la visibilité de l’objet. Ensuite, du point de vue théologique, on ne cesse de rappeler qu’il est impossible de voir Dieu par les yeux du corps et que la visio dei, qui relève des yeux spirituels, ne peut se réaliser en cette vie. Une foi réelle doit d’ailleurs se passer de la vision, de la science ou de la connaissance, car comme le disent les Écritures, « heureux ceux qui ont cru sans voir ». Il en résulte une certaine ambivalence, voire parfois une dévalorisation de la vision corporelle. Sens le plus spirituel, il est aussi le plus dangereux lorsque mal utilisé.

La présente recherche porte sur l’apparition, l’évolution et la fixation du rituel de l’élévation de l’hostie du milieu du XIIe siècle à la fin du XIVe siècle et tente de démontrer que sa fonction n’est pas de montrer l’hostie aux fidèles qui sont largement découragés, par une multitude de moyens, de la regarder et qu’elle possède une fonction sociale et liturgique indépendante de leur regard.

The end of the Middle Ages saw the apparition and diffusion of rather peculiar images: those of men and women entirely covered with hair. An attribute of the wild man, but also of individuals who took to the wild - notably hermits and saints, the hirsute body becam a veritable iconographic motif during the final two centuries of the Middle Ages. Adopting the methodology of serial analysis and drawing on the approach of historical anthropology, this book examines this motif through a body of 940 images. Drawing upon a representative collection of sources (verging on the exhaustive), the central research question is how the hair-covered body, a priori ugly and bestial, came to be associated at the end of this period with a series of positive, at times revered, figures.
Part one adresses the relation between text and image. It aims to clearly define the relatioships betwen the iconography of the motif on the one hand, and literary and carnicvalesque representations of the wild man on the other. The question of mutual borrowings between courtly culture and 'folkloric' culture is central to this analysis. Medieval practices with regard to hairiness, and the place that hair and nudity occupied in the art of the period, will also be considered. Part two adresses those elements which constituted 'wild being'. The relationship between the hair-covered body, the bestial and the demonic are exposed through the iconography of Esaü, Merlin, and the mythical Belgian king Ursus. This relection on the interstices of man, beast and wild spaces then shifts to a courtly eroticism in which the savage was the antitheis of the chivalrous knight. Finally, Part three considers the constitution of wildness over time, drawing upon the concept of 'ensauvagement'. Analyzing villosity as a consequence of recourse of the forest points to comparison between the iconography of the wil man and that of hair-covered hermits and penitents; An excess of hair, rather than being bestial or debased ondition, is thus transformed into manifestation of the marvellous or miraculous. Because it does not alter the human body itself, it is by turns perceived as a lack of humanity (ugliness, animality) or as a heroic supplement (strengh, detachment from the corporal, or resisitance to suffering).
In conclusion, this study underlines the role of the aritsocracy in the promotion of the figure of the wild man, which offered a means of asserting symbolic control over forested spaces. The success of this figure, also assisted by the renewal of eremitism, is closely related to that of others, such as the hirsute hermit, similarly emblematic of an embrance of the forest and withdrawal from the world. These themes find particular iconographic expression in images of Mary Magdalen, the diffusion of which across the Germanics lands can partly be explained by the influence of Rhinish mysticism.

Comment nommer, partager, mettre en scène, en bref, institutionnaliser une émotion nouvelle ?
Quelles conceptions du corps et des émotions les vidéos ASMR donnent-t-elles à voir ?
En quoi le succès de l'ASMR sur Youtube est un révélateur des nouveaux paramètres de l'initimité et de l'extimité dans les sociétés modernes ?
Comment créer du senti (physique et émotionnel) dans un environnement numérique ?
L'ASMR est-il symptomatique d'une démocratisation du soin ? Doit-on y voir l'emergence d'un nouveau paradigme émotionnel, plus empathique, expressif et altruiste ?
Telles sont les questions auxquelles ce mémoire s'attache à répondre.

Pilosa sum sed formosa. Stigmatized Body and Commendable Holiness in Hairy Eremitic Saint’s Iconography in 15th century (Paper in French).
The popularity of eremitic holiness and wild man iconography take part in the diffusion of unusual pictures in fifteenth century: in Flanders and Germanic regions, the penitents Mary of Egypt and Mary Magdalene are sometimes depicted with a hairy body, like the anchorite Onuphrius elsewhere in Western Europe. The combined analysis of pictures, hagiography (especially vernacular) and a few sermons make it possible to understand the originality and relative rarity of this iconography, as well as the complexity of relations between hermit’s intus (a beautiful soul, magnified by penitence, reclusion and ascetism) and his foris (an ugly and suffering body, but also miraculous and glorious).

Le succès de la sainteté érémitique et du motif iconographique de l’homme sauvage participent à la diffusion d’images insolites au XVe siècle : en Flandre et dans l’espace germanique, les recluses Marie l’Égyptienne et Marie-Madeleine sont parfois représentées le corps intégralement couvert de poils, comme l’est l’anachorète Onuphre ailleurs en Europe occidentale. L’analyse conjointe des images, des dossiers hagiographiques (vernaculaires notamment), et de quelques sermons permet de comprendre l’originalité et la relative rareté de cette iconographie, ainsi que la complexité des relations entre l’intus de l’ermite (une âme belle, grandie par la pénitence, la réclusion et l’ascèse) et son foris (un corps laid, souffrant, mais également miraculeux et glorieux).

Publié dans M. Guay, M.-P. Halary et P. Moran (dir.), Intus et foris. Une catégorie de la pensée médiévale ?, Paris, PUPS, 2013, p. 191-206.

The first section of this paper discusses  the Greek notions of parthenos (virgin), and parthenia (virginity). More precisely, I will revisit the arguments made in Le Corps virginal (1986: Paris: Vrin), a book translated into English, as Greek Virginity (1990: HUP).
In Greek culture, virginity is an experience of embodiment, a condition of closure and intactness, the inexperience of "the works of Aphrodite". It is NOT a mere social status, namely non-marriage. I strongly refute this reductionist interpretation, based on a simplistic notion of what is "social", and on a superficial reading of the primary sources.
But although virginity is an experience of embodiment, it does not depend upon one  single  body part. The ancient Greeks did not recognize the existence of a membrane located in a woman's vagina -- what we call the "hymen". They did not obsess on defloration and bloodshed.
The second section of the paper will advance a new hypothesis on the medical knowledge that lay in the background of the representations of virginity.
The two sections are connected as follows: while re-examining the terminology, I will argue that ancient medical writers did not include the "hymen”, in the anatomy of a healthy young woman. Soranos of Ephesus (II century CE) was the first physician to mention a membrane obstructing the vagina, but he claimed that this was just a false belief. There could be imperforation, he argued, but this could only be an anomaly.
There was no normal occlusion.
The ancient Greeks, therefore, failed to identify what modern forensic medicine calls “the physical signs of virginity”. They relied, however, on a different kind of sign of vaginal intercourse: pregnancy. As long as they could trust the conception of a child as the predictable effect of heterosexual coition, pregnancy revealed the loss of virginity. Contraception was to disturb that trust. Soranos, the first physician who discusses the anatomy of an un-penetrated woman, is also the first to provide an extensive collection of contraceptive remedies – not just abortifacients. The transition from a representation of virginity as sexual inexperience (but without the anatomical support of the "hymen") to the need to pin down sexual integrity via a membranous structure, is correlated to the increasing aware- ness that women might tamper with their bodies, and that heterosexual coition, therefore, might go unobserved.

Rarement étudié par les anthropologues, les usages sociaux du corps des classes moyennes et privilégiées de Rio de Janeiro (Brésil) sont ici interprétés à partir des performances balnéaires et musculaires. À Rio, la plage et la ville interagissent en permanence provoquant la liberté des corps, la légèreté vestimentaire, le jeu de la séduction, de l’apparence. Rio est, depuis une trentaine d’années, le lieu privilégié d’une sorte de narcissisme corporel : la corpolâtrie. Ce souci de séduire trouve dans les académies son lieu de culte. Chacune prodigue les conditions matérielles propices à des activités de musculation, de façonnement de la forme et des formes. On s’y adonne à la malhação. À l’origine, ce terme renvoie à l’exercice du forgeron qui bat le fer, mais pour les cariocas, il s’agit de battre le corps à la manière d’un métal pour le reformer, le muscler, lui donner bonne apparence. Écrit à la première personne, cet essai d’anthropologie musculaire ne cache pas non plus que “toute version de l’Autre donne également à voir une autre version de soi” (James Clifford).

The body between representation and presence. This essay contains elements of a research developed on the problem of representation. Some examples are approached as that of María Teresa Hincapié and José Alejandro Restrepo among others. This material is a pre-text for a future book.

Le féminisme a produit bien plus qu'une dynamique d'égalisation des conditions féminine et masculine, il a profondément transformé nos sociétés occidentales en initiant un double processus de féminisation du social et de masculinisation de l’intime.
Par-delà les mécanismes qui nourrissent les inégalités, les discriminations et les violences, il faut ainsi pouvoir repérer que nous sommes en train de vivre une mutation à l'échelle de l'histoire humaine : la convergence des genres se dessine qui annonce l’advenue d’un individu générique.
Dans l’horizon d’un monde devenant neutre et égalitaire, la condition incarnée de nos existences revêt un nouveau sens. Affranchie des déterminismes tant naturels que culturels, la sexuation des corps se conçoit désormais au prisme de la singularité, comme un projet relevant de la libre volonté individuelle.
Pour les femmes qui n’ont longtemps été que des corps, il s’agit d’éprouver une condition  paradoxale, écartelée entre aliénation et libération. Analyser les modalités de l’expérience vécue du féminin, c’est alors définir ce dernier comme un rapport à soi, au monde et aux autres qui passe spécifiquement par le corps.

This essay argues that modern perceptions of the agency of fat people have been inflected by older ways of thinking about fat and fattening. This claim rests on two basic points. Firstly, the potentially encumbering materiality of fat has long been cited as preventing movement in ways that frustrate agency. Secondly, fat has implications for agency by virtue of the power relationships implied in the act of fattening, which has been repeatedly framed in the West with reference to animal consumption. Discourses of fat and fattening are thus saturated with allegations of failed agency, whether by citing the confining materiality of fat itself or by associating the fattened person with abject animality. After exploring these claims with reference to select examples from classical antiquity, the essay presents surveys how similar ideas mobilized weight-loss discourses from the nineteenth century through the 1930s, by which time most of our current anti-fat thinking had been firmly entrenched.

Au printemps 1990, dans le choeur de l'église de Saint-Philbert-sur-Risle en Normandie , une fosse renfermant un membre amputé, celui du pied droit d'un individu, a été mise au jour. La singularité de ce dépôt funéraire pose de nombreuses questions quant à son interprétation archéologique et historique. Il invite à réfléchir sur certaines pratiques mais aussi à examiner les attitudes sociales face au cadavre dans les textes narratifs et normatifs au Moyen Âge.

Founded in 2009, CORPUS now includes more than 450 researchers who work in 67 countries. Created after a series of seminars organised between 2001 and 2008 in the Social Sciences High School (Paris) and the Autonomous University of Madrid, CORPUS intends to participate in the construction of a widely open anthropology of body, offering spaces to cross-thinking and dialogues about this fascinating study object.
CORPUS members are architects, anthropologists, archaeologists, art or social historians, literary or cinema scholars, gender, sport or media specialists, musicologists, philologists, philosophers, physicians, psychologists, sociologists… They all share a curiosity about the body and a common taste for interdisciplinary dialogues.
The general coordinator and the coordination committee, whose composition reflects the disciplinary, geographic and cultural diversity of the CORPUS members, see to the execution of the network objectives and work to its development.
The membership of this network is totally free.