Derrida et Bergson ne se sont jamais rencontrés, et l’œuvre du premier ne réfère qu’avec circonspection à celle du second. Un dialogue entre eux n’en est pas moins possible, portant entre autres sur la délicate question du fondement de...
moreDerrida et Bergson ne se sont jamais rencontrés, et l’œuvre du premier ne réfère qu’avec circonspection à celle du second. Un dialogue entre eux n’en est pas moins possible, portant entre autres sur la délicate question du fondement de l’intuition. Une connaissance immédiate, non langagière, intégrale et certaine est-elle envisageable ? Le problème en est un de droit plutôt que de fait : quid juris ? À ce problème lourd d’implications épistémologiques, Derrida et Bergson ont répondu de façons distinctes : l’un a mis en doute la possibilité de l’intuition, l’autre a défendu les droits de la méthode intuitive.
Le présent ouvrage est le premier à serrer de près la relation entre ces deux philosophes, dont les pensées reflètent à elles seules certains des tournants qu’a connus le XXe siècle. Son objectif est triple : circonscrire étroitement l’objet du litige entre Derrida et Bergson, trop peu souligné par les commentateurs, et dont ce livre montre qu’il n’est pas annulé par un accord partiel ; tirer au clair les diverses raisons qui amènent l’un à s’en prendre à l’intuition, l’autre à embrasser la méthode intuitive ; établir que certains arguments de Bergson, bien qu’ils connaissent un regain d’intérêt et engagent la pensée dans des voies prometteuses, complémentaires de celles du réalisme spéculatif, semblent mériter un nouvel étayage.