Impulsée par des élus de l’UDC pour contourner des décisions politiques et judiciaires prises au niveau local, puis national, l’initiative populaire acceptée en 2009 visant l’interdiction de construire des minarets a réactivé la... more
Impulsée par des élus de l’UDC pour contourner des décisions politiques et judiciaires prises au niveau local, puis national, l’initiative populaire acceptée en 2009 visant l’interdiction de construire des minarets a réactivé la stigmatisation des musulmans établis en Suisse, ainsi qu’un ensemble de controverses opposant systématiquement, dans une configuration institutionnelle particulière, la démocratie directe aux droits fondamentaux, la « volonté populaire » au « pouvoir des juges », nationaux et internationaux. Polysémique, le concept de judiciarisation est appréhendé ici dans une perspective processuelle et relationnelle, non pas comme transfert vers l’arène judiciaire de questions politiques touchant la régulation publique du religieux, mais sous l’angle de la juridicisation de la controverse suscitée par l’initiative populaire que produit l’anticipation des décisions de justice dans les échanges politiques.
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Launched by representatives from the Union démocratique du centre (UDC) with the aim of circumventing political and judicial decisions made at both local and national levels, the 2009 federal popular initiative calling for a ban on the construction of minarets rekindled the stigmatisation of Muslims living in Switzerland. Within the prevalent institutional configuration it moreover revived controversies surrounding issues such as direct democracy versus fundamental rights, or “the will of the people” versus “the power of the judges”, whether national or international. “Judicialisation” is a polysemous concept. It is not understood here as the transfer to the courts of matters of political significance – in this instance the public regulation of religion – but as a process of juridification (or juridicalisation) in which court rulings were constantly anticipated in the political debate provoked by the popular initiative.
Appel à contribution pour l' atelier de la SERD du 26 avril 2019 Du conte, il reste d'abord au XIX e siècle un frisson et des souvenirs, rappelés par Pierre Larousse dans son "Grand Dictionnaire universel". Consacrant une entrée de son... more
Appel à contribution pour l' atelier de la SERD du 26 avril 2019
Du conte, il reste d'abord au XIX e siècle un frisson et des souvenirs, rappelés par Pierre Larousse dans son "Grand Dictionnaire universel". Consacrant une entrée de son ouvrage au nom de Barbe-Bleue, le savant remarque qu'en son siècle ce personnage suggère d'abord la silhouette d'un type, celui « des maris féroces et sanguinaires », et dessine ensuite la perspective d'une histoire vieille comme celle de Pandore, celle de « la curiosité » et de l'« indiscrétion » féminines. L'évocation de Barbe-Bleue inspire encore à l'imaginaire du XIXe siècle une mélodie composée, selon Pierre Larousse, sur les notes de « la question répétée : “Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ?” », et sur les mesures de sa réponse ritournelle. Le conte évoque aussi une pièce, le fameux cabinet de Barbe-Bleue , et un objet, la clef tachée de sang. Autant de motifs retenus ailleurs par les frères Grimm : la clé réapparaît à la fois dans Le Château aux meurtres (1812) et dans L’Oiseau de Fitcher (1812) ; la désobéissance revient dans ce dernier conte, et dans L’Enfant de Marie (1812).
Dans un contexte où l’application de règlements légitimés par une lutte aux incivilités entraîne des conséquences néfastes pour les personnes marginalisées, la Ligue des droits et libertés section de Québec veut savoir quelle est... more
Dans un contexte où l’application de règlements légitimés par une lutte aux incivilités entraîne
des conséquences néfastes pour les personnes marginalisées, la Ligue des droits et libertés
section de Québec veut savoir quelle est l’opinion de la population de la ville de Québec sur les
incivilités. La ligue veut vérifier si l’opinion publique est véritablement en accord avec cette lutte
aux comportements inciviques, sources de la législation de bon nombre de règlements et
d’interdits. En réalisant 15 entrevues semi-dirigées et en interrogeant 40 répondants à l’aide de
brefs questionnaires quantitatifs, nous avons tenté de circonscrire la représentation sociale de la
population de la ville de Québec par rapport aux incivilités et les facteurs qui influencent cette
représentation. D’après notre analyse, seuls les comportements relatifs à la nudité et aux bris
matériels permanents sont unanimement réprouvés et considérés comme nécessitant une
intervention policière. Les comportements relatifs aux sécrétions corporelles (cracher, uriner),
ceux qui sont des atteintes directes aux personnes (insulte) et ceux relatifs à l’esthétisme ou à la
pollution sont généralement jugés inciviques, mais ne sont pas considérés comme nécessitant une
intervention des forces de l’ordre. Les comportements n’entraînant pas de conséquences graves,
perpétrées par des catégories de personnes suscitant l’empathie (enfants, itinérants) sont
généralement jugés acceptables. Les pratiques en lien à l’accès aux lieux publics (flâner) sont
aussi jugées acceptables. L’Habitus et la fréquence d’exposition, la pratique urbaine, la catégorie
sociale, la dangerosité, la perception d’une conscience de causer du tort et le contexte dans lequel
survient l’incivilité influencent la représentation sociale des incivilités. Les répondantEs croient
que les personnes marginalisées sont davantage susceptibles de se faire interpeller par les
policiÈREs, mais seule une minorité de ceux-ci étant au fait de leur judiciarisation dénoncent
l’application inégale de certains règlements.
Intervention lors du Congrès ABSP-CoSPoF 2021, ST 19 – La judiciarisation de la solidarité: Résistances, Répression, Apprentissage, Bruxelles, 7-8-9 Avril 2021