Université Libre de Bruxelles. Année académique 2014-2015, première session. Mémoire présenté sous la direction de M. Eugène Warmenbol, en vue de l'obtention du titre de Master en Histoire de l'art et archéologie à Finalité Pratique de...
moreUniversité Libre de Bruxelles.
Année académique 2014-2015, première session.
Mémoire présenté sous la direction de M. Eugène Warmenbol, en vue de l'obtention du titre de Master en Histoire de l'art et archéologie à Finalité Pratique de l'archéologie.
107 pages.
Le cheval a toujours fasciné l'Homme, depuis la Préhistoire où il était chassé, peint et gravé jusqu'à aujourd'hui, en passant par le Néolithique où il fut progressivement intégré au cheptel domestique et apprivoisé pour en faire, grâce à beaucoup de patience, l'animal docile et fidèle que nous connaissons.
À l'âge du Fer, le cheval est totalement domestiqué et il accompagne l'Homme dans tous ses labeurs. Le cheval de cette époque s'apparente à une espèce originaire des steppes russes et éteinte aujourd'hui : le Tarpan. Mais grâce à la génétique, un Tarpan « moderne » issu de croisements entre les lointains descendants de la race « pure » a pu être recréé et protégé dans des réserves telle que celle de Han-sur-Lesse en Belgique.
En archéologie, le cheval gaulois est surtout connu dans la mort. Peu présent dans les milieux d'habitat, il est inhumé aux côtés de son maître dans les tombes à char et les tombes de cavalier dans les nécropoles, ou du moins représenté symboliquement par des éléments d'harnachement. Mais c'est dans les sanctuaires que le cheval se démarque des autres animaux du cheptel en étant sacrifié, faisant l'objet de tous les honneurs et parfois consommé alors que le tabou de l'hippophagie est bien attesté partout en Gaule (mais existe toutefois selon des variantes locales et temporelles).
L'archéologie seule ne répond pas entièrement à la question de l'utilisation du cheval chez les Gaulois. Les écrits de César, entre-autre, nous livrent de précieuses informations quant à la relation qu'entretenait le guerrier et son animal sur le champ de bataille et son équipement. Mais au vue des nombreuses qualités du cheval (endurance, robustesse, docilité), l'animal est également exploité pour les tâches les plus humbles : au champ en tant qu'animal tracteur ou de selle pour les transports mais il est aussi un symbole de prestige et d'apparat pour son propriétaire comme l'atteste les tombes somptueuses des élites dans lesquelles il est présent et les commandes d'animaux de grande taille (le cheval gaulois ne dépasse guère les 1,30 mètres au garrot) issus d'élevages locaux ou d'importations méditerranéennes.
Par ses nombreuses qualités, le cheval fascine et est respecté. Élevé au rang d'animal « cultuel », il est l'emblème de nombreux groupes partout en Gaule et même dans les îles britanniques.
La question du statut symbolique de l'équidé à l'époque celtique est aussi à se poser quand on voit la place qu'il tient dans les mythes qui nous sont parvenus. Ces derniers sont essentiellement des retranscriptions de moines irlandais (entre le IXe siècle et le XIIe siècle de notre ère). Ces textes se décomposent en cycles et sont à prendre avec prudence et recul car ils sont teintés de christianisme. Ils restent néanmoins la seule source fiable dont nous disposons aujourd'hui pour mieux cerner le cheval (et les autres animaux qui lui sont associés, comme le cerf) dans ses divers rôles.
Nous le verrons comme attribut des divinités, une de leurs apparences ou comme compagnon des héros.
À travers les différentes légendes majeures dans lesquelles le cheval intervient, nous pouvons voir que l'équidé joue deux rôles diamétralement opposés, celui du soleil et de la lune, à la fois bénéfique et néfaste. Il est tantôt annonciateur de mort et de malheur, tantôt porteur de vie et d'abondance à l'instar de l'eau qui peut noyer et désaltérer. Il est en cela lié intimement avec la royauté et le pouvoir car le roi est celui qui lie les hommes aux dieux, la terre mère nourricière aux bienfaits divins. Les rois celtiques conditionnent ainsi par leurs actes la destinée de leur peuple, ayant le pouvoir de vie et de mort sur leurs sujets.
Cette mythologie est également attestée dans le matériel archéologique et principalement sur les monnaies. Ces dernières nous livrent, par les personnages principaux représentés, les traits essentiels de ces histoires dont les descendants peuplent encore notre folklore.