Localisée en périphérie de la commune de Coulans-sur-Gée, à environ 15km à l'ouest du Mans, la parcelle ZS 37 au lieu-dit « Les Brochardières », était jusqu'alors vouée au pâturage. A l'occasion de la prolongation de la ligne à grande...
moreLocalisée en périphérie de la commune de Coulans-sur-Gée, à environ 15km à l'ouest du Mans, la parcelle ZS 37 au lieu-dit « Les Brochardières », était jusqu'alors vouée au pâturage.
A l'occasion de la prolongation de la ligne à grande vitesse LGV Atlantique entre Connerré et Rennes, la parcelle s'est trouvée partiellement dans le tracé. Elle a donc été l'objet d'un diagnostic archéologique couvrant toute la longueur du parcours. Le diagnostic du secteur 16, englobant la commune de Coulans-sur-Gée, a été réalisé entre le 23 octobre 2010 et le 14 février 2011 sous la direction d'Eric Mare (INRAP). Cette opération a permis la mise au jour de vestiges liés à la métallurgie du fer, parmis lesquels un four et un remblai riche en scories, non datés, et surtout d'un petit ensemble funéraire à incinérations d'époque romaine. L'indigence de ce type de vestiges pour la région, dont le contexte archéologique est de manière plus générale lacunaire, a conduit le Service régional de l'archéologie des Pays de la Loire à prescrire une fouille archéologique préventive axée en priorité sur la compréhension de l'espace funéraire.
Celle-ci s'est déroulée entre le 27 février et le 15 mars 2012. Elle a permis de compléter et de préciser l'étude des vestiges sidérurgiques, de mettre au jour de nouvelles structures funéraires, ainsi qu'un chemin.
Une limite parcellaire antique ?
Un chemin composé principalement de recharges de scories provenant de la nappe située à l'est traverse l'emprise du nord au sud, et passe en partie sous une haie qui coupe la parcelle en deux zones. Sous les recharges est apparu un petit fossé, dont le comblement ne présente aucune scorie, et qui peut donc être considéré comme antérieur à l'activité sidérurgique datée de l'Antiquité tardive. Ce fossé marque très probablement une limite parcellaire matérialisée par une haie ou un chemin dont les vestiges auraient disparus. Cette limite a perduré avec le chemin rechargé de scories jusqu'à une période indéterminée.
Un petit ensemble funéraire
Deux fosses contenant des vases ossuaires ont été mises au jour, complétant le corpus du diagnostic et portant à 4 le nombre de dépôts clairement identifiés. 3 autres fosses ont été intégrées à ce corpus, de par leur proximité géographique et structurelle, et ce malgré l'absence de mobilier. En effet, leurs comblements comprennent du charbon, voir des os humains brulés, mais elles sont très arasées.
Malgré le faible nombre de structures mises au jour, l'organisation interne et le matériel issu des fosses présentent une grande diversité. Les dépôts sont de type mixte et/ou en ossuaire, dans des fosses probablement couvertes, ayant ménagé un espace vide. Les céramiques sont d'origine locale, seule une forme témoigne de l'existence de vaisselle importée. Elles peuvent, dans le cas de la structure 107, être disposées de manière atypique.
Les faibles quantités d'os contenus dans ces vases suggèrent une collecte très partielle des os après la crémation. Il semble qu'un seul individu soit présent par urne, accompagné le cas échéant par des restes de galinacés.
Enfin, aucun bûcher n'a été découvert dans l'emprise de la fouille. Cependant, l'arasement important du site a pu faire disparaître les traces parfois fugaces de crémations ponctuelles.
Ces fosses ont toutes été datées du courant du IIe siècle de notre ère jusqu’au début du IIIe siècle par le mobilier céramique.
Un atelier de réduction directe du minerai de fer
Trois strucures liées à l'activité sidérurgique sont apparues, globalement très mal conservées. L'aire de préparation du minerai qui a sans doute servi à un pré-traitement thermique (calcination) est très arasée. Il ne subsite de l'atelier que les quelques centimètres des niveaux inférieurs d'un bas fourneau. Enfin, les résidus sidérurgiques qui formaient à l'origine un tas ont été en partie récupérés pour empierrer le passage d'un chemin proche et l'amas a ensuite été nivellé puis recoupé par des fossés parcellaires. Malgré ces destructions successives, il est possible de restituer l'organisation interne de cette installation et son fonctionnement.
L'atelier de réduction a été installé vers le milieu du IIIe s. de n. è. au bord du chemin pré-existant. Cette officine mettait en œuvre le minerai de fer des argiles à glauconie, extrait hors de l'emprise fouillée. Préalablement à la réduction proprement dite, les roches tirées de la mine subissaient une calcination sur un foyer, localisé à une vingtaine de mètres au sud-est de l'atelier. Le minerai ainsi préparé était traité dans un bas fourneau à écoulement de la scorie. Les résidus issus des opérations successives ont été accumulés à une quinzaine de mètre au sud sous la forme d'un amas. À une date indéterminée, une partie d'entre eux a servi à exhausser la bande de roulement du chemin.
Un parcellaire récent
Des fossés parcellaires, postérieurs à l'activité sidérurgique, n'ont pu être datés précisément. L'un d'entre eux est cependant toujours visible sur le cadastre napoléonien.