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L’œuvre de l’historien de l’art Aby Warburg ne cesse d’être redécouverte depuis le début des années 1990, cependant une certaine confusion continue de prévaloir quant à la définition de ses objets et de sa méthode et à l’unité de sa... more
L’œuvre de l’historien de l’art Aby Warburg ne cesse d’être redécouverte depuis le début des années 1990, cependant une certaine confusion continue de prévaloir quant à la définition de ses objets et de sa méthode et à l’unité de sa démarche. Cette confusion tient pour une part importante à la quasi-absence de considération, par la critique, du corpus théorique de l’historien de l’art. À la faveur de la publication récente d’une partie substantielle de ses fragments théoriques, cette étude présente l’ambition de remédier à cette lacune. Les Fragments sur l’expression (Grundlgende Bruchstücke für eine Ausdruckskunde) offrent en effet une porte d’entrée inédite dans l’œuvre du « psycho-historien » de Hambourg, mettant au jour le maillage étroit que la Kunstwissenschaft warburgienne avait tissé entre philosophie et histoire de l’art. Leur étude de détail permet de réévaluer les trouvailles devenues topoï de l’histoire de l’art (Pathosformel, engramme). Ils attestent avant tout de l’ins...
This article is a contribution to the genealogy of the Science of Art, a discipline that emerged in the German speaking countries at the turn of the 19th and 20th centuries at the crossing of aesthetics, art philosophy and art history and... more
This article is a contribution to the genealogy of the Science of Art, a discipline that emerged in the German speaking countries at the turn of the 19th and 20th centuries at the crossing of aesthetics, art philosophy and art history and to which the Second World War brought an end. It attempts to revive a relatively unknown figure: the German-speaking Czech philosopher Emil Utitz (1883-1956), who in the 1920s and 1930s tried to give a philosophical grounding to this new science. Against what he regarded as an aesthetic subjectivism—be it the aesthetics of the judgement of taste, the Hegelian science of beauty or the psychophysiological aesthetics—Utitz developped an ontology of the work of art based on its “objectality”. The article attempts to retrace the key elements of this systematisation project.

En vue de contribuer à la généalogie de la Kunstwissenschaft, cette discipline née dans les pays germaniques au tournant des xixe et xxe siècles du croisement de l’esthétique, de la philosophie de l’art et de l’histoire de l’art et engloutie par la seconde guerre mondiale, l’article fait revivre une figure méconnue : celle du philosophe tchèque de langue allemande, Emil Utitz (1883-1956), qui s’engagea dans le projet de la fondation philosophique de cette nouvelle « science » dans les années 1920-1930. À rebours de ce qu’il tenait pour un subjectivisme esthétique – tant dans l’esthétique du jugement de goût que dans la science de la beauté hégélienne ou encore dans l’esthétique psychophysiologique – Utitz chercha à élaborer une ontologie de l’œuvre d’art en partant des conditions de son « objectalité ». L’article s’efforce de restituer les lignes de force de ce projet de systématisation.
Compte rendu de la conférence : Transformation, dégradation, perte des objets scientifiques avec la participation du professeur Olivier CLAIN 21 octobre 2015, au CEFRES. A l’initiative de Jan Maršálek (IIS FSV UK), Olivier Clain... more
Compte rendu de la conférence : Transformation, dégradation, perte des objets scientifiques avec la participation du professeur Olivier CLAIN 21 octobre 2015, au CEFRES. A l’initiative de Jan Maršálek (IIS FSV UK), Olivier Clain (Université de Laval, Québec) a présenté au CEFRES le mercredi 21 octobre 2015 une conférence-débat intitulée la disparition, la transformation et la perte des objets scientifiques. Cette rencontre a été pensée comme un échange visant à définir les lignes possibles d’..
Jean-Hugues Barthélémy, Simondon. Paris : Les Belles Lettres, 2014. Dans une monographie intitulée sobrement « Simondon » et publiée aux Belles Lettres dans la collection « Figures du savoir », Jean-Hugues Barthélémy a pour ambition de... more
Jean-Hugues Barthélémy, Simondon. Paris : Les Belles Lettres, 2014. Dans une monographie intitulée sobrement « Simondon » et publiée aux Belles Lettres dans la collection « Figures du savoir », Jean-Hugues Barthélémy a pour ambition de présenter les éléments principaux de l’œuvre de Gilbert Simondon (1924-1989) à un public de non-spécialistes. Ce philosophe a longtemps été connu en France seulement pour sa pensée de la technique1. Or il est l’auteur d’une œuvre beaucoup plus ample, ses trava..
Ce volume prend position sur l’heritage de la pensee de l’historien de l’art suisse Heinrich Wolfflin (1864-1945). Pere fondateur, aux cotes d’Alois Riegl, d’Aby Warburg ou d’Erwin Panofsky, de la « science de l’art » germanique... more
Ce volume prend position sur l’heritage de la pensee de l’historien de l’art suisse Heinrich Wolfflin (1864-1945). Pere fondateur, aux cotes d’Alois Riegl, d’Aby Warburg ou d’Erwin Panofsky, de la « science de l’art » germanique (Kunstwissenschaft), Wolfflin fait partie de cette generation de chercheurs pour laquelle le dialogue avec la philosophie, la psychologie, l’histoire de la culture ou les etudes litteraires nourrit l’histoire de l’art. Les Principes fondamentaux de l’histoire de l’art*, devenus des leur publication en 1915 le grand ouvrage de reference, constituent l’aboutissement d’une enquete sur les formes du voir, et l’outillage epistemologique que requiert l’explication des œuvres. Wolfflin y deploie un certain nombre de categories issues de l’experience historique – des categories qui ne pretendent donc pas a la purete des categories kantiennes, mais visent neanmoins une certaine applicabilite transhistorique. Cette operativite conceptuelle en fait toute la richesse. Wolfflin a trop souvent ete taxe de formalisme. L’ambition de l’ouvrage est de replacer sa pensee dans le champ theorique de la reflexion sur les arts, par-dela les oppositions steriles entre formalisme et iconologie. Les textes ici rassembles montrent a quel point le souci wolfflinien de la forme s’est toujours attache a la vie concrete de l’histoire des œuvres et des styles. En cela, sa pensee se revele d’une grande actualite aussi bien en esthetique qu’en histoire des arts, jusqu’a des domaines aux enjeux plus societaux et politiques, comme celui du musee et de la museologie. * NB. Une nouvelle traduction des Principes due a Sacha Zilberfarb, avec une introduction de Daniele Cohn, est a paraitre aux editions L’Ecarquille (automne 2020). - - - - - - - - - - Les editeurs du volume Daniele Cohn est philosophe, professeur emerite d’esthetique et de philosophie de l’art a l’Universite Paris 1 Pantheon-Sorbonne. Elle a notamment publie La Lyre d’Orphee. Goethe et l’esthetique (Flammarion, 1999), Anselm Kiefer, Ateliers (Editions du Regard, 2012) et L’Artiste, le vrai et le juste. Sur l’esthetique des Lumieres (Rue d’Ulm, 2014). Elle a edite en francais les Ecrits d’esthetique de W. Dilthey, Hercule a la croisee des chemins d’E. Panofsky et, de K. Fiedler, Sur l’origine de l’activite esthetique et Aphorismes. Elle a ete commissaire de l’exposition « De l’Allemagne. De Friedrich a Beckmann 1800-1939 » au Louvre en 2013 (ed. catalogue, collab. Sebastien Allard, Hazan, 2013). Elle ecrit sur nombre d’artistes contemporains. Remi Mermet est docteur en philosophie et en histoire de l’art. Sa these, soutenue sous la direction de Daniele Cohn et Jan Blanc, s’intitule « Penser Wolfflin avec Cassirer : essai d’esthetique morphologique ». Il poursuit actuellement ses recherches a l’Universite Paris Sciences et Lettres (PSL). - - - - - - - - - - Sommaire Introduction, par Daniele COHN et Remi MERMET Polarites, Nietzsche et la question du style, par Jacques-Olivier BEGOT Une perspective transcendantale sans tables des categories est-elle possible ? « Categorie » et « Theme » dans l'epistemologie d'Ernst Cassirer, par Jean LASSEGUE Grundbegriffe/Basisphanomene, Cassirer lecteur de Wolfflin, par Remi MERMET Qu’est ce qu'un concept fondamental (Grundbegriff) en histoire de l’art ? Teneur et enjeux de la critique de Wolfflin par Schmarsow, par Mildred GALLAND-SZYMKOWIAK Forme et expression, Heinrich Wolfflin et Aby Warburg, par Lara BONNEAU Style et categories chez Semper, Wolfflin et Maldiney, par Raphaelle CAZAL « La derive commence... », L'ecole de Geneve a l'epreuve des categories de Wolfflin, par Julien ZANETTA Les categories au musee, Entretien avec Sebastien Allard Notes Bibliographie
En se concentrant sur la question du rapport de l’individu a la forme et aux formes, la science de l’art (Kunstwissenschaft) d’Aby Warburg permet l’elaboration d’une genealogie singuliere de l’angoisse, qui souligne le role crucial de cet... more
En se concentrant sur la question du rapport de l’individu a la forme et aux formes, la science de l’art (Kunstwissenschaft) d’Aby Warburg permet l’elaboration d’une genealogie singuliere de l’angoisse, qui souligne le role crucial de cet affect pour comprendre la subjectivite moderne. Entretenant un dialogue avec Ernst Cassirer quant a la necessite d’une philosophie des « formes symboliques », Warburg postule qu’un basculement de la phobie a l’angoisse a lieu par la creation artistique ; en ce sens, l’angoisse ne temoigne du rapport du sujet a l’etre que parce qu’elle implique plus originairement un rapport du sujet a la forme et a l’informe. C’est depuis une pensee de l’individuation entendue comme prise de forme ontogenetique que l’on se propose d’articuler le rapport a l’etre et le rapport a la forme, dans une perspective qui fait droit au devenir. La philosophie de Gilbert Simondon peut alors eclairer l’entreprise warburgienne. L’angoisse apparait comme un affect particulierement pregnant, en tant qu’elle marque un coup d’arret dans l’individuation du sujet et lui revele le vertige non du neant de l’etre mais de sa propre prise de forme. Simondon indique toutefois de maniere enigmatique que l’angoisse peut etre « depart de l’etre », ce que l’histoire de l’art d’Aby Warburg et la philosophie cassirerienne de la culture peuvent, reciproquement, contribuer a eclairer.
The article deals with the Herdero-Humboldtian legacy of Franz Boas’ anthropology. Herder’s theses on the origin of language and the Humboldtian notion of language as an “internal form” accompanying the development of the mind articulate... more
The article deals with the Herdero-Humboldtian legacy of Franz Boas’ anthropology. Herder’s theses on the origin of language and the Humboldtian notion of language as an “internal form” accompanying the development of the mind articulate the universal and the particular, opening up a new way of thinking about humanity in its unity and diversity. As Herder did before him, Humboldt stresses the importance of individual languages for the study of the human mind. This philological path is decisive for the development of the Völkerkunde, as it prescribes a method based on the attention paid to cultural singularity. At the end of the nineteenth century, however, racialist physical anthropology combined with political pan-germanism upset this balance by using the universal as an ethnocentric yardstick against which singularities are to be assessed and possibly excluded from humanity. The present paper shows that in reaction to that movement, Franz Boas’ anthropology uses the philological terrain marked out by Herder and Humboldt in order to overcome racialism in physical anthropology. In that sense, his anthropology remains rooted in the German Völkerkunde, even though it was forged on American soil.
En 1928-1929 le philosophe Aby Warburg s'est intéressé de près à la cosmologie et à l'éthique de Giordano Bruno, attirant l'attention sur l'attachement du philosophe aux images mythologiques et à la pensée astrologique. Croisant la... more
En 1928-1929 le philosophe Aby Warburg s'est intéressé de près à la cosmologie et à l'éthique de Giordano Bruno, attirant l'attention sur l'attachement du philosophe aux images mythologiques et à la pensée astrologique. Croisant la lecture du Spaccio della bestia trionfante et celle des Eroici furori, l'historien de l'art a interprété la révolution brunienne comme un mouvement d'arrachement à l'astrologie vers l'astronomie moderne et a souligné l'importance de « l'affect héroïque » dans ce processus de rationalisation. Revenant sur les étapes de l'interprétation de Bruno par Warburg, l'article montre que celle-ci éclaire un aspect fondamental de l'anthropologie historique de l'historien de l'art : l'idée selon laquelle, à la Renaissance, l'expérience passionnée transmise par les Pathosformeln de l'Antiquité tardive a autant contribué au surgissement du sujet moderne que la révolution scientifique copernicienne.
Aby Warburg paid specific attention to the monster as an iconographic motif but also as an abstract notion implying a certain relationship of the subject to the world. To understand what he meant by “monstrous causality” and “dialectic... more
Aby Warburg paid specific attention to the monster as an iconographic motif but also as an abstract notion implying a certain relationship of the subject to the world. To understand what he meant by “monstrous causality” and “dialectic of the monster”, the article looks back at his Fragments on Expression (1888-1903) and relates them to the “General Ideas” and “Fundamental Concepts” (1927-1929) which were meant to come along with the famous Mnemosyne Atlas. The monster doesn’t appear in that context as an unnamable that resists rationality, but as a tool used by the rational subject in his effort to elaborate a space of thought.
Relire l'œuvre d'Aby Warburg à la lumière de ses Fragments sur l'expression pourrait sembler téméraire, tant ce texte labyrinthique paraît à première vue obscur, sibyllin. En s'appuyant sur leurs points saillants, sans prétendre à... more
Relire l'œuvre d'Aby Warburg à la lumière de ses Fragments sur l'expression pourrait sembler téméraire, tant ce texte labyrinthique paraît à première vue obscur, sibyllin. En s'appuyant sur leurs points saillants, sans prétendre à l'exhaustivité, l'auteure entend montrer que les Fragments contiennent in nuce la structure du projet warburgien dans son ensemble.
Derrière l'invention de l'iconologie (et en amont de sa mise en pratique), une quête anthropologique se dessine : appréhender l'humain comme un être essentiellement symbolique et puiser aux racines de la vie biologique et sociale la « montée de sève » qui commande la création artistique.
En mettant l'accent sur le caractère expressif du sujet, Warburg reconduit la détermination de l'être rationnel à son sous-bassement originaire : au mouvement par lequel il s'arrache à la matière pour se donner un espace de pensée (Denkraum). À rebours des interprétations qui font de Warburg un chantre de l'irrationnel et du pathos, l'auteure montre que l'historien de l'art demeure héritier des Lumières et que l'on peut lire son œuvre à l'aune d'une ambition : celle de comprendre la lutte de l'être humain pour s'orienter dans le cosmos et en soi-même.