Sujets de Droit Des RI
Sujets de Droit Des RI
Sujets de Droit Des RI
Cours du 04 septembre
Introduction : Notions principales : Droit international et sujets de droit
Un sujet de droit c’est l’aptitude à posséder des droits et des obligations dans un ordre
juridique donné.
Dans l’ordre interne, les personnes physiques et morales ont l’aptitude à avoir une PJ. Tous
le sujets de droit ont la même. Elle est cependant amener à évoluer (animaux).
La capacité juridique c’est la faculté que chaque sujet de droit a à jouir de ses droits et c’est
l’ensemble des droits et obligations qu’il possède. La capacité juridique est différente d’un
sujet à un autre : en fonction du patrimoine, des contrats, du changement de statut
(mariage par exemple). La commune n’a pas la même capacité juridique qu’une personne
physique. Une SARL peut agir en fonction des statuts de la société mais a des limites que la
personne physique n’a pas.
Il y a une capacité substantielle, qui consiste à posséder tel ou tel droit ou telle ou telle
obligation. Il y a une capacité processuelle à agir en justice ou délictuelle (le fait d’imputer à
un sujet de droit ses propres actes).
Comment applique-t-on ces notions à l’ordre international ?
La notion de PJ reste la même mais la notion de capacité juridique diffère. Quelles entités
peuvent avoir des droits et obligations dans l’ordre international ?
- l’Etat : il a une capacité qui est extrêmement large, la plus large dans l’ordre
international. L’Etat peut effectuer presque tous les actes internationaux existants. Il
a une grande capacité juridique, une capacité substantielle et délictuelle car régime
de responsabilité internationale de l’Etat très développée et répond dans l’ordre
international de ses actes.
- Les OI : apparaissent au milieu du XIXe siècle. Les premières OI qui apparaissent sont
à vocation technique et administrative, souvent appelées les unions administratives
(bureau international des poids et mesures, union postale universelle). On a mis du
temps en droit positif à reconnaître une PJ aux OI. Il faut attendre l’intervention de la
CIJ le 11 avril 1949 dans l’affaire de la réparation des dommages subis au service des
NU, affaite dite du comte Bernadotte : responsabilité des NU mise en cause mais pas
de précision dans la charte. Bernadotte, diplomate suédois envoyé comme
médiateur des NU en Israël/Palestine et assassiné.
Avis consultatif de la CIJ : les sujets de droit dans un ordre juridique donné ne sont
pas tous identiques et n’ont pas tous la même capacité juridique. L’organisation des
NU n’est certainement pas un Etat. Dans l’ordre international, il peut y avoir des
sujets avec une CJ très différente. A partir du moment où des Etats ont attribué des
droits et obligations à une entité, cette entité est sujet de droit.
- Les mouvements de libération nationale : groupes qui mènent des luttes et conflits
armés et ont donc des obligations suivant les règles du traité de Genève de 1949.
FLN en Algérie a passé deux traités, OLP a passé des traités avec Israël. Les MLN ont
donc des obligations et une CJ. En revanche, cette CJ est très limitée et ce à deux
titres : d’un point de vue temporel car existence du mouvement limitée dans le
temps (exception FARC) et d’un point de vue fonctionnel (cessez le feu ou accords
d’indépendance en général)
- Les sociétés privées : dans les années 60-70, des sociétés privées vont obtenir des
concessions pétrolières dans les pays décolonisés. Ces concessions sont incarnées
dans des contrats passés entre l’Etat nouvellement indépendant et la société privée
étrangère : c’est un droit pour la société d’exploiter les ressources en rechange de
redevances payées à l’Etat. Exemple de Texaco en Libye. Dans les années 70 vont
commencer à naître d’importants contentieux entre l’Etat hôte et les sociétés
privées. La question qui se pose est de savoir si ces contrats sont soumis au DI ou au
droit interne de l’Etat hôte ou de l’origine de la société. Il va y avoir toute une série
d’arbitrage (car seuls les Etats peuvent avoir recours à la CIJ) et ces arbitrages vont
être importants. Deux grandes sentences arbitrales fondatrices :
Les sociétés privées sont donc des sujets de droit mais ont une CJ limitée à leur
activité. Ces contrats ont donné naissance à une nouvelle discipline juridique car
ce sont des contrats transnationaux. Difficile car application du droit interne et
international à la fois.
- La personne physique : les choses ont évolué à partir de 1945. Jusqu’en 1945, la
personne physique était considérée comme un objet du DI et pas un sujet : il y avait
des règles de DI qui pouvaient avoir pour objectif ultime l’individu mais qui ne lui
conférait pas des droits ou des obligations. Exemple : l’Etat A s’engage vers l’Etat B à
faire des choses sans prendre en compte les individus : exemple royaume de Ramsès
2 et des Hittites. Les deux princes se mettent d’accord en termes d’extradition. Les
individus sont objet de l’accord mais n’ont pas de moyen d’action. Après 1945, un
certain nombre de conventions sont élaborées POUR les individus et leur confèrent
directement des droits. Un grand nombre de ces conventions confèrent aux individus
la possibilité de se prévaloir de ces droits internationaux dans l’ordre interne et
international. Exemple : CEDH.
Après 1945, une répression internationale des individus s’organise également afin
d’incriminer certains comportements.
- Les ONG : association qui a l’essentiel de ses activités en dehors de l’Etat dans lequel
elle est matriculée. Pas de valeur juridique. Il y aurait entre 13 et 15 000 ONG
aujourd’hui. Loi 1901 : l’association ne doit pas avoir un but lucratif. Evolution du
statut juridique international et certains nombres de règles s’appliquant petit à petit
à partir des années 90 avec une aptitude à avoir des droit et obligations. Elles vont
devenir des sujets de droit international. Exemple : règles de maintien de la paix, lors
de conflits armés. CJ très limitée.
Le DI est donc le droit qui régit les relations internationales càd les relations entre différents
sujets dès qu’il y a un élément d’extranéité.
Cours du 05 septembre
Leçon 1 : L’Etat : la compétence territoriale
Les Pays Bas exerçaient la souveraineté sur l’Indonésie et les Etats Unis sur les Philippines.
Dans cette région, les Etats se disputaient la souveraineté sur la petite île des Palmes. Ils
saisissent la CPJI et demandent de statuer. Max Uber attribue l’île aux Pays-Bas car ils
considéraient déjà toutes les fonctions étatiques sur le territoire (gérer les ports, impôts,
etc). L’indépendance relativement à une partie du globe, c’est le droit d’y exercer à
l’exclusion de tout autre Etat, les fonctions étatiques.
On relève 4 points :
- Le DI considère que l’Etat peut régir sur son territoire toutes les activités, des plus
importantes aux plus modestes. Les fonctions étatiques dont parle Max Uber
s’entendent aussi bien de l’organisation constitutionnelle, administrative, sociale ou
économique de l’Etat. La jurisprudence internationale a toujours été dans ce sens :
sentence Aminoil vs Koweït, l’Etat est totalement libre de choisir le degré
d’interventionnisme économique et de le modifier radicalement
- Ce pouvoir absolu de légiférer est considéré comme l’indice de la souveraineté. Deux
exemples :
o dans l’affaire de l’île des palmes, le tribunal attribue la souveraineté car il
considère que les fonctions étatiques sont exercées par les Pays Bas
o un arrêt concernant la CPJI (Cour permanente de justice internationale,
aujourd’hui CJI) en 1933 dans l’affaire du statut juridique du Groenland
oriental, contentieux entre la Norvège et le Danemark : « la législation est
une des formes les plus frappantes de l’exercice du pouvoir souverain »
- Dans la mesure où l’Etat dispose d’une compétence pleine sur son territoire, en
vertu du DI, toutes les règles adoptées sur son territoire bénéficient d’une
présomption de validité. L’Etat n’a pas à démontrer la validité de sa législation
auprès du DI. Décision rendue en novembre 1957 dans l’affaire du lac Laloux
(France/Espagne)
- Les attentes que le DI peut avoir quant à l’exercice des compétences territoriales de
l’Etat confirment ce principe et ne le contredisent pas. Ces attentes résultent
toujours d’une acceptation au préalable de l’Etat, que cette acceptation soit
expresse ou implicite et qu’elle soit donnée ponctuellement ou de façon générale.
Ces limitations viennent de 2 types d’actes : traités ou coutume. Affaire du vapeur
Wimbledon en août 1923 (Fce vs Allemagne) : « l’acceptation-renonciation est aussi
une manifestation de la souveraineté territoriale ».
L’Etat peut s’opposer aux activités des autres Etats sur son territoire. Le principe est très
ancien : rappelé par la CPJI dans l’affaire du Lotus. La limitation primordiale qu’impose le DI
à l’Etat c’est celle d’exclure, sauf existence d’une règle permissive contraire, tout exercice de
sa puissance sur le territoire d’un autre Etat. Principe interprété strictement :
- Affaire du détroit de Corfou en 1949 (RU vs Albanie) : navires britanniques naviguent
sur ce détroit et sautent sur des mines. L’Albanie n’avait pas procédé au déminage
du détroit et le RU l’effectue. La cour considère que le RU a violé le DI mais qu’il
bénéficiait de circonstances particulières et ne retient pas la responsabilité du RU car
l’Albanie aurait du procéder au déminage ou avertir les autres Etats du danger.
- Affaire des otages américains à Téhéran, arrêt de la CIJ en 1980 : R° islamique en Iran
en 1979 où des manifestants pénètrent dans l’ambassade des EU. Crise
majeure diplomatique. La cour condamne l’Iran en estimant qu’il y a violation des
compétences américaines sur son territoire.
Cours du 11 septembre
Il a existé des exceptions au principe de compétence territoriale qui aujourd’hui n’ont qu’un
intérêt historique. Ces exceptions ont attrait au système de capitulation et des concessions
qu’on trouvait dans la Chine du XIXe siècle ou de l’Empire Ottoman.
En revanche, les régimes de protection des locaux diplomatiques ne sont pas des régimes
qui font exception à la compétence territoriale. Ce n’est pas un régime d’extra territorialité
contrairement aux idées reçues : le périmètre des locaux diplomatiques n’est pas une
portion de l’Etat à l’étranger. Il y a une protection accordée à titre fonctionnel et ce
uniquement en raison de la nature des activités.
La compétence territoriale est un exercice exclusif mais cet exercice doit respecter les droits
des autres Etats et leurs ressortissants.
L’Etat détient un lien particulier qui l’unit avec certaines personnes : la nationalité.
(…)
Même principe que pour les personnes physiques selon lequel l’Etat est le seul compétent
pour attribuer sa propre nationalité. Au plan international, le juge estime qu’il n’y a pas de
règles et tout est fonction d’espèce. Il n’y a pas de critère de rattachement fiable d’une
société privée à un Etat.
Dans la pratique, sur le plan interne, les solutions sont assez différentes entre les Etats :
- les Etats de tradition Common Law vont utiliser un critère matériel pour déterminer
la nationalité d’une société : le lieu d’incorporation de la société
- les Etats de tradition Germano romaine utilise un critère formel. Lorsqu’un tribunal
détermine la nationalité d’une société, le juge utilise le lieu d’immatriculation de la
société.
- Arrêt rendu par la CIJ en février 1970 dans l’affaire de la Barcelona Traction :
Belgique vs Espagne, la société avait son siège au Canada et implantée pour
l’essentiel de ses activités en Espagne. Les actionnaires et capitaux étaient Belges.
Pour déterminer la nationalité, la Belgique avait saisi la Cour contre l’Espagne en
affirmant que la société était Belge. La Cour statue qu’il faut distinguer les
actionnaires et le droit de la société elle-même. Elle considère que la société est
canadienne car personnalité morale immatriculée au Canada.
- Arrêt rendu en juillet 1989 dans l’affaire Elsi, différend entre les Etats Unis et l’Italie.
La CIJ n’a pas donné de critère absolu pour déterminer la nationalité d’une société
au regard du DI. Réaffirme la distinction entre la personnalité morale et juridique.
Cours du 19 septembre
L’ordre juridique de l’Etat national va s’appliquer et on peut trouver ici trois situations
différentes :
- sur le territoire de l’Etat national, l’Etat a une compétence territoriale et personnelle
(sur les sujets auxquels il a attribué sa nationalité). Dans ce cas, il a pleine juridiction
aussi bien pour éditer la réglementation que la faire exécuter.
- Sur le territoire des autres Etats, il va y avoir des compétences concurrentes puisqu’il
y a la compétence territoriale de l’Etat hôte et il y a la compétence personnelle de
l’Etat d’origine ce qui peut aboutir à des contradictions. Dans la pratique, c’est la
compétence territoriale qui va l’emporter sur la compétence personnelle sauf si le
sujet de droit étranger bénéficie d’une protection spécifique.
- Sur un territoire qui n’est soumis à aucune juridiction étatique comme la Haute Mer :
dans ce cas, c’est la compétence personnelle de chaque Etat qui va pouvoir jouer,
c’est à dire que lorsqu’un Etat ou navire se trouve dans un territoire, il est soumis à
la juridiction de son Etat d’origine.
L’Etat peut voir sa responsabilité nationale engagée en raison des actes de ses nationaux. Il
y a deux cas de figure :
- si l’individu en cause agit en tant qu’agent de l’Etat : dans ce cas, c’est la
responsabilité internationale de l’Etat qui est engagée.
- s’il agit pour son propre compte, il est seul responsable de ses actes, c’est à dire que
l’Etat n’est pas responsable au plan international des actes des particuliers. Ce
principe est ancien mais on a pour autant des situations dans lesquelles il y a un
doute sur la qualité de celui qui agit. Ici, le DI prévoit un ensemble de situations
différentes. On considère que l’Etat voit sa responsabilité internationale engagée
dans le cas des fonctionnaires de fait (n’est pas un agent de l’Etat formel). Certains
particuliers peuvent agir pour le compte de l’Etat, donc être des fonctionnaires de
fait. C’est particulièrement le cas lorsque l’Etat endosse leur action. Exemple : affaire
du personnel diplomatique et consulaire à Téhéran. Dans cette affaire-là, les
personnes qui au départ avaient commis les faits contraires, au droit international
(ceux qui avaient pris en otage) étaient de étudiants en théologie, des particuliers.
Au départ, ces actes-là n’engageaient pas l’Etat iranien. Mais il a décidé d’endosser
la prise d’otages et de la perpétuer : même si ces actes étaient particuliers, ils ont
engagé la responsabilité de l’Etat. Arrêt du 24 mai 1980 de la CIJ (Etats Unis vs Iran) :
« Les organes de l’Etat iranien ayant approuvé ces faits et décidé de les perpétuer,
l’occupation continue de l’ambassade et la détention persistante des otages ont pris
le caractère d’acte dudit Etat. Les militants sont alors devenus des agents de l’Etat
iranien, dont les actes engagent sa responsabilité internationale. ».
o Exemple : affaire des activités militantes au Nicaragua, 1986 : la Cour a
considéré que les actes des Contras ne pouvaient pas être imputés aux Etats-
Unis. Pas de contrôle effectif de leurs actions.
o Exemple : affaire du Rainbow Warrior : agents étatiques qui ont commis
l’acte contraire au droit international. La France a avoué que c’était ses
agents donc elle a vu sa responsabilité internationale engagée.
Il existe un domaine réservé à la compétence étatique en vertu du DI. L’Etat, à travers ses
représentants, bénéficie d’immunité en territoire étranger.
A. Notion et consécration
La notion de domaine réservé est très ancienne et fait partie du droit en vigueur.
Le domaine réservé est, selon l’institut de DI, en 1954 :
- le domaine des activités étatiques où la compétence de l’Etat n’est pas liée par le DI
- l’étendu du domaine réservé dépend du DI et varie en fonction de celui-ci
- la conclusion d’un Etat par l’engagement, dans une matière qui relève du domaine
réservé, la fait sortir du domaine réservé et cela entraîne l’impossibilité pour l’Etat
d’invoquer l’exception du domaine réservé
D’après le DI, il y a certaines matières où l’Etat seul peut intervenir. La notion de domaine
réservé est évolutive. Mais si un Etat s’engage internationalement, notamment par traité,
cela ne peut plus changer. La notion de domaine réservé a évolué et a été consacrée dans
deux périodes :
- avant 1919 et la SDN, on estimait qu’il y avait un domaine réservé par nature. Cela
signifie que certaines matières ne pouvaient jamais sortir du doamine réservé et être
donc réglemntée par le DI. On incluait tout ce qui entrait dans la « vie intime des
Etats » : monnaie, nationalité, choix du régime politique.
- A partir de 1920, la CPJI va changer la règle : elle va écarter la théorie du domaine
réservé par nature et elle va le faire à travers un certain nombre d’arrêts qui
affirment deux choses :
o Il n’existe pas de domaine réservé par nature
o C’est le droit international lui même qui détermine la frontière entre les deux
domaines et non pas l’Etat.
B. Les limites
Il y a des limites :
- c’est une limite qui attrait au droit conventionnel : si l’Etat se lie par traité sur une
matière, il ne peut plus invoquer l’exception de domaine réservé. Exemple : en
matière monétaire.
- Le domaine réservé peut être limité par le droit coutumier en fonction de l’évolution
du droit international général. Ici, on trouve les débats les plus compliqués.
Exemple : le domaine des droits de l’homme. Il y a de nombreuses conventions
internationales, mais la question se pose de la valeur coutumière et universelle des
droits de l’homme car certains Etats n’ont pas ratifié les traités et nient le caractère
coutumier de certains droits de l’individu alors que d’autres Etats prétendent leur
imposer.
- D’autres limites résultent de la charte des NU et de l’utilisation des pouvoirs du CdS
au titre du chapitre 7 (lorsqu’il agit en cas de menace à la paix ou acte d’agression,
l’exception de domaine réservé ne joue pas)
Ici, il y a eu un certain nombre d’affaires dans lesquelles on a pu préciser quels sont les
agents étatiques bénéficiaires d’une immunité :
- arrêt de la CIJ en février 2002 sur l’affaire du mandat d’arrêt du 11 avril 2000,
affaire Yerodia (RDV contre Belgique) : la Belgique avait lancé un mandat d’arrêt
contre M. Yerodia, MAE de la RDC, pour des crimes de guerre et des crimes contre
l’humanité commis alors qu’il était en fonction. L’affaire était compliqué à plusieurs
titres car la Belgique avait émis ce mandat d’arrêt sur le fondement d’une loi que
l’on appelait parfois de compétences universelles : les lois en vertu desquelles un
Etat estime que ses tribunaux sont compétents même s’il n’y a pas de rattachement
territorial ou personnel sur les crimes commis (ni l’auteur ni la victime n’ont la
nationalité de l’Etat). La Belgique était dotée de ces compétences universelles mais
devant la CIJ, la RDC saisit la cour contre la Belgique en disant que le mandat d’arrêt
émis viole le DI à deux titres : 1. Car M. Yerodia est un agent de l’Etat qui bénéficie
de l’immunité devant la juridiction d’un autre Etat ; 2. Il a été adopté sur le
fondement de lois universelles, qui sont en fait contraires au DI. / Danger des lois de
compétence universelle : chaque Etat peut s’arroger le droit de juger des actes qu’il
estime suffisamment graves alors qu’ils peuvent avoir des conceptions très
différentes. La cour estime que les lois de compétence universelle contre le DI et
demande à la Belgique d’abroger son mandat. La Belgique répond qu’il y a certes des
immunités mais uniquement pour le chef de l’Etat et non pour les différents
ministres. Elle ajoute que l’immunité tombe quand il s’agit d’un crime grave de type
crime contre l’humanité ou crime de guerre.
Même approche de la Cour de Cassation dans l’affaire Kadhafi au début des années
2000 car elle a estimé que le colonel Kadhafi, encore en fonction à l’époque, ne
pourrait pas être jugé devant les juridictions françaises en vertu de son statut.
La France a accepté la compétence de la cour ad hoc dans une deuxième affaire : l’affaire
Djibouti contre France (affaire du juge Borrel). Donne lieu à un arrêt de la Cour en 2008 : le
juge Borrel était un ancien magistrat français qui avait été nommé conseiller spécial à la
présidence de la République à Djibouti. On le retrouve mort dans un fossé et la justice
conclut à un suicide. En France, la veuve du juge Borrel estime qu’il est impossible que son
mari se soit suicidé et va déposer une plainte contre X. On se rend compte que les
circonstances ne sont pas si claires. La veuve pense que le juge Borrel en savait trop sur les
secrets d’Etat et le pouvoir a décidé de l’éliminer. Djibouti demande à la France de lui
communiquer tous les éléments de l’enquête en cours sur l’assassinat du juge Borrel. La
France refuse de répondre donc Djibouti saisit la Cour Internationale pour motif de violation
de la coopération du DI par la France (traité de coopération en matière judiciaire). La France
accepte la compétence de la Cour : reconnaît l’existence du traité mais il stipule que les
Etats coopèrent « dans le cadre de leur législation nationale ». Principe de secret
d’instruction dans la loi française. Arrêt du 4 juin 2008 donne raison à la France.
B. L’immunité de juridiction
L’Etat est protégé par deux types d’immunité : une immunité de juridiction et une
immunité d’exécution. Les règles en matière d’immunité de juridiction sont très
largement coutumières. La commission du droit international, qui est l’organe des
nations unies chargé de codifier le DI, travaille à la préparation d’un traité sur les
immunités de l’Etat. Travaux entamés en 1978. Cette codification aboutit à un projet
d’articles en 1991 revu en 1999 qui constitue un compromis entre les différentes thèses
en présence et la pratique des Etats.
Le projet devait trouver un compromis entre les deux thèses suivantes : immunité absolue
de juridiction et immunité relative avec quelques exceptions.
Conclusion du projet : l’immunité de l’Etat n’est pas absolue. La CDI opère une distinction
fondamentale entre les actes de gestion de l’Etat et les actes d’autorité. Les actes de gestion
sont les actes par lesquels l’Etat intervient comme n’importe quel opérateur alors que les
actes d’autorité sont ceux qui sont une manifestation de la puissance publique : les actes qui
ont trait à l’exercice de certaines problématiques publiques par exemple.
Cette distinction a été rappelée lors de l’affaire Barrandon : la cour de cassation a tranché en
novembre 1998.
(…)
S’il y a un dommage aux biens et aux personnes, l’immunité de l’Etat ne peut pas être
appliquée en terrain étranger.
Arrêt Eurodif 1984 : s’il y a une activité commerciale de l’Etat, on refuse l’immunité d’office
(= d’office signifie que le juge doit le soulever de son propre chef et s’il ne le fait pas, il
engage sa responsabilité).
Dans la pratique, on constate que la distinction est difficile à mettre en œuvre. Il y a des cas
dans lesquels on l’applique sans trop de difficultés mais beaucoup de cas où on se heurte au
problème suivant.
Affaire des biens mal acquis : ensemble de biens qui auraient été mal acquis par des Etats
étrangers car on aurait détourné de l’argent et on entendrait protéger ces biens derrière
l’immunité de l’Etat. Diplomates étrangers en Afrique noire qui possède des biens de luxe en
France. Transparency international a essayé de faire saisir ces biens mais les Etats se sont
protégés : immunité d’exécution.
Dans cette affaire du 9 nov 2010, le juge a considéré que l’association a un intérêt à agir en
la matière (grand pas pour les assos) et les autorités françaises ont autorisé une levée des
biens qui ont été saisi à titre conservatoire pendant la durée des procédures.
Affaire WAIT et Kennedy vs Allemagne / affaire Beer et Reagan vs Allemagne : deux affaires
dans lesquelles la CEDH rappelle que l’immunité des OI ne fait aucun doute.
Pendant longtemps, l’individu a été considéré comme n’étant pas un sujet de DI pour deux
raisons :
- l’Etat fait écran entre l’individu et l’ordre international. L’Etat était considéré comme
seul sujet de DI.
- Il y avait des conventions internationales qui avaient pour objet l’individu mais ces
conventions contenaient des droits et obligations uniquement pour les Etats parties.
Exemple : convention d’extradition.
Pendant longtemps, l’individu a été considéré comme un objet mais pas comme un sujet : il
ne pouvait pas avoir de droits et obligations directement en vertu du DI. Les choses changent
après 1945 : on voit s’affirmer tout un pan du DI avec le DI des droits de l’homme et
développe la protection de l’individu. Certaines de ces normes sont directement invocables
par l’individu. Des normes relatives à la répression de l’individu vont également être
élaborées.
I. Le régime normatif
A. Le cadre universel
- Droits de troisième génération: ils apparaissent plus tard et le degré de protection est
moindre. Ils visent à assurer un bien être et épanouissement de la personne humaine
telle que le droit à un environnement sain, le droit à la paix, le droit au
développement.
En DI, lorsque l’on parle de droits fondamentaux, on fait allusion aux droits de la première
série. Les principaux instruments ont été adoptés dans le cadre des Nations Unies
essentiellement.
La charte des NU affirme l’attachement des NU aux droits fondamentaux de l’homme « dans
la dignité et la valeur de la personne humaine ». Elle contient un certain nombre de
dispositions prévoyant que l’ONU encouragera le respect universel des DH et des libertés
fondamentales sans aucune distinction.
Ces dispositions n’énoncent que des principes généraux, l’ONU adopte donc ensuite des
instruments universels :
- Instrument de droit dérivé : déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. La
DUDH a une importance symbolique mais n’a pas de force obligatoire. En dépit de
son importance, elle ne se distingue pas des autres dispositions de l’Assemblée
Générale qui n’ont pas de force contraignante. En droit français, le Conseil d’Etat a
adopté cette position en rappelant qu’il n’y avait pas de caractère obligatoire (arrêt du
18 avril 1951) pour autant les principes ont acquis pour certains d’entre eux, une
valeur coutumière. Par conséquent, on peut énoncer des principes contenus dans la
DUDH au nom du principe coutumier. La CIJ rappelle la dimension matérielle de ces
principes pendant la prise d’otage à l’ambassade US de Téhéran.
- 2 pactes internationaux : pacte relatif aux droits civiques et politiques et pacte relatif
aux droits économiques, sociaux et culturels du 16 décembre 1956. Entrés en vigueur
en 1976. Ces deux conventions internationales présentent une particularité car ils ont
établit deux organismes ; un comité des droits de l’homme et un comité pour les droits
économiques, sociaux et culturels. Chacun de ces comités remplit des fonctions
particulières et est chargé d’assurer le suivi et la promotion de la convention en
demandant aux Etats de fournir des rapports sur leur pratique en la matière, rapports
qui sont ensuite examinés et l’Etat peut ensuite faire l’objet d’une attention
particulière. Ces deux organes n’ont pas de pouvoir de contrainte à l’égard des Etats,
c’est un mécanisme de suivi. Mécanisme para-juridictionnel avec pression d’ordre
diplomatique sur l’Etat.
Ces conventions ne présentent pas de spécificités par rapport aux conventions ordinaires.
Elles sont contraignantes pour les Etats parties. La plupart de ces conventions contiennent des
dispositions directement invocables par les particuliers notamment dans l’ordre interne.
Au sein de la même convention, il faudra cependant vérifier que la disposition que l’on va
invoquer aura une vocation d’effet direct.
Convention de l’enfant : jugée comme ayant des dispositions de nature différente.
Apatrides
On peut devenir apatride si l’Etat d’origine prononce une déchéance de nationalité. Motifs
peuvent être divers mais peut être pour des actes ou opinions jugés subversifs (déchéance de
nationalité aussi possible si bi-nationalité).
Déchéance de nationalité en France : possible car interprétation large des textes mais pas pour
le cas où les individus appartiennent à un groupe terroriste.
2 conventions internationales :
- 28 sept 1954 relatif au statut d’apatride
- 30 août 1961 relative à la réduction des cas d’apatrides
Les apatrides ne peuvent pas s’adosser à un Etat pour leur protection et se retrouve dans une
situation de précarité qui nécessite une protection particulière. Dans la pratique, les individus
qui sont dans une situation d’apatridie préfèrent plus souvent bénéficier du statut de réfugiés
et peuvent d’ailleurs en bénéficier dans beaucoup de cas. Ce statut est plus protecteur.
Réfugiés
La situation de réfugié résulte du fait que l’on se trouve dans une situation de conflit et il y a
obligation de fuir les combats.
La plupart des Etats qui accueillent les réfugiés sont des démocraties libérales mais ce sont
souvent des Etats qui sont relativement prospères économiquement. Par conséquent, on
constate que de nombreuses demandes sont motivées par des considérations d’ordre
économique et sociale et non politique : désir d’avoir une vie meilleure.
Ni le DI ni les droits internes des Etats ne retiennent les motifs économiques pour accorder le
statut de réfugiés. C’est toujours le critère politique qui est retenu.
L’Etat définit en droit interne les cdt en vertu desquelles il va accorder l’asile sur son
territoire : au sens de la convention de 1951 mais peut éventuellement en rajouter
(participation à une lutte ou autre). Interprétation plus ou moins restrictive dont se charges les
autorités administratives (OFPRA).
Il y a parfois des divergences au sein du même Etat : traitement juridique par le HCR,
traitement matériel par le HCR et les ONG (camps de réfugiés).