Agone Atlas de Lorgol
Agone Atlas de Lorgol
Agone Atlas de Lorgol
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LORGOL
PHARE DU SOLEIL COUCHANT
JOYAU DES MERS DE L’OUEST
CAPITALE D’URGUEMAND
FAMEUSE À TRAVERS LES ROYAUMES ET LES ÂGES
CITÉ MERVEILLEUSE ET ENCHANTÉE
TROIS FOIS BÉNIE DES MUSES
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HISTOIRE DE LORGOL
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Les Origines
Après la création de l’Harmonde, les Muses parcouraient leur œuvre. Elles s’arrêtaient parfois
pour en contempler longuement la beauté, sans souci du temps qui passe. Ainsi fit Cysèle. Au
sommet d’une falaise, dominant les parois torturées pas les flots, elle s’extasia devant la lutte
acharnée des brisants contre le roc. La pluie elle-même achevait de façonner le paysage brisé
entre herbes sauvages et granit. Au-delà de cet endroit, vers l’ouest, la terre se déployait en
une presqu’île gigantesque, parsemée de collines, de forêts et de marais. À l’est, le continent
s’étendait à perte de vue. Le sud n’offrait au regard que l’immensité de la mer Scintillante où
luisait le soleil à travers la pluie.
Désireuse de rendre ce lieu éternel, Cysèle chargea deux Excellences de le protéger, mais
aussi de le magnifier en renforçant les éléments qui s’affrontaient. Ainsi, une Tarasque
déchaîna les courants marins contre la falaise, des vagues gigantesques frappèrent le mur de
pierre dans des explosions d’écume tonitruantes. Face à elle, un Titan fusionna avec la terre et
le roc. La créature donna ainsi sa force et son immortalité à ce rempart rocheux et aux collines
qui le surmontaient.
Les temps passèrent, la Perfection demeura et les éléments déchaînés continuèrent de lutter
sous les auspices des deux Excellences. Un jour pourtant, le Titan fut déconcentré par un
phénomène nouveau. Un rire cristallin se propagea sur tout l’Harmonde. Un rire si intense
qu’il marqua profondément le Titan, lui qui ne connaissait que le grondement de l’eau, le beau
silence des fleurs et des arbres ainsi que les murmures de la faune. Plus encore, le Titan sentit
que, d’une façon ou d’une autre, l’Harmonde lui-même avait répondu à la force de ce rire.
Alors il partit en quête de la créature capable d’un tel enchantement, délaissant sans même y
penser la Perfection qu’il était chargé de garder.
Loin au nord de l’Harmonde, il découvrit la source du rire… et alors qu’il progressait il sentit
le froid intense pénétrer dans ses chairs rocheuses et modifier même tout son être. Cela ne
ralentit pas le Titan qui rencontra enfin la créature qu’il recherchait si avidement : la Froide
Dame qui venait de donner naissance au peuple nain. Les deux être se parlèrent, se
découvrirent mutuellement et le Titan proposa à la Dame de l’Hiver de veiller sur ses enfants
comme il veillait sur les fleurs et les bêtes qu’il accueillait sur son dos. Cette dernière refusa,
souhaitant que ses enfants découvrent seuls l’Harmonde, sans la tutelle des Muses. Ils
porteraient ainsi un regard neuf sur chaque chose qui aiderait la Dame dans sa quête du savoir.
Déçu, le Titan s’en retourna à sa Perfection. Malheureusement, le temps avait joué. Les forces
de la Tarasque, sans rien pour les contrer, avaient rapidement affaibli la falaise qui soutenait
la Perfection. Alors le Titan reprit sa position dans la roche et consolida la terre. Son être avait
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Afin de protéger leur nouveau territoire, les nains s’attelèrent à construire une forteresse
imprenable. Et ils découvrirent la Perfection… Alors les Skalderiggs et les Konteclers
utilisèrent leurs arts pour élever un monument à la gloire de l’Harmonie et pour asseoir la
domination de la Froide Dame. Ce fut pour les nains de Rokkjholn l’expression la plus pure de
leur Quête des Formes. Les deux familles étaient ainsi parvenues à bâtir une forteresse pour
protéger leur terre et honorer l’Harmonde : ce fut le Norkleggsmurr – le Haut Mont. Leur
œuvre était une montagne artificielle de quatre-vingt toises naines de haut qui s’élevait au-
dessus d’une falaise surplombant la mer Échancrée d’une hauteur de plus de vingt toises. La
pureté des lignes de l’Harmonde était un enchantement pour les Skalderiggs. Le rôle du Haut
Mont était de protéger Rokkjholn contre toute agression. En ces temps, les mers n’étaient pas
encore dominées, ni par les hommes, ni par les saisonins. Tout intrus devait donc
nécessairement passer en vue de la forteresse. Lors de la construction, les Skalderiggs et les
Konteclers, par le truchement du Jugement de la Ligne, découvrirent le corps ensommeillé et
enseveli du Titan. Ils parvinrent néanmoins à nouer un contact avec l’Excellence et reçurent
sa bénédiction. Le Titan s’éveilla, ravi de retrouver ces chétives créatures dont il avait assisté
à la naissance.
L’une des trois caravanes s’installa définitivement dans le Norkleggsmurr, les deux autres
fondèrent leurs propres clans, celui des Rotsholniggs et celui des Hojlheliggs. Les nains
bâtirent leurs demeures et les cercles hivernins. Ensuite, ils exploitèrent les richesses du sol
pour leurs œuvres et leur pitance.
Ainsi les forces de l’Hiver s’installèrent-elles durablement en ces terres.
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La guerre des Décans
Vint un jour où les tensions entre les saisonins amenèrent la guerre. Même Rokkjholn ne fut
pas épargnée. Au nord de la presqu’île s’étendait de vastes marécages où séjournaient des
drakoniens et l’un de leurs Pères, un dragon. Ils s’abattirent un beau jour sur les terres des
Hojlheliggs pour raser leurs demeures. Alors le clan demanda l’aide du Norkleggsmurr, mais
ses nains devaient eux-mêmes mobiliser toutes leurs forces pour briser le siège qu’une légion
de l’Été avait entrepris. Restait celui des Rotsholniggs, mais ses membres avaient tourné toute
leur attention sur l’étude des profondeurs… en quête des Abysses.
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Au Norkleggsmurr, la situation n’était guère plus enviable. Dans certains recoins des Milles
Tours, il est encore possible, pour celui qui comprend le niggenknir, de lire les exploits des
nains du Haut Mont. Les batailles contre les drakoniens, les ogres puis les minotaures. La
mort épique du roi du clan, Kharuz VI Odastrian et de son fils, Kharuz VII. Ce fut le chant
funèbre du Norkleggsmurr. Les nains étaient sans espoir, leur forteresse encerclée et leurs
greniers vides. Ils auraient sans doute été massacrés sans l’intervention d’une troupe
d’humains. Oui, des humains avancèrent sur les ogres avec leurs fanions et leurs cuirasses
rutilantes. Aussi les nains purent-ils survivre… grâce à l’Empire d’Albandisse.
Évidemment, les humains cherchaient en réalité à prendre possession du Haut Mont. Après
une ultime bataille perdue d’avance, les nains durent se soumettre. La plupart choisit de fuir,
mais refusa cependant de rejoindre les frères Rotsholniggs qui avaient trahi. Certains
décidèrent effectivement de rester sur le Haut Mont, en compagnie des humains. Ceux-là
étaient les descendants des bâtisseurs Skalderiggs et Konteclers du Norkleggsmurr. La Guerre
des Décans finie, Janus ne les condamna pas, car ils n’avaient jamais tourné le dos à
l’Harmonde pour les Abysses. Ils firent partie de la confrérie des nains libres. Malgré tout, ils
restèrent vivre au-dessus de leur forteresse déchue.
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La chute du Haut Mont
En ce 35e jour de Chauffe-brise, nous avons été vaincus. Les matassins ont pillé le
Norkleggsmurr. C’est par la traîtrise dont nous sommes coutumiers qu’ils ont pu entrer dans
nos demeures et massacrer notre peuple. Nos guerriers n’ont pas eu le choix. Les armes
antiques des guerres saisonines ont dû être réactivées. Huile bouillante, graviers, poisse et
sang se sont déversés dans les allées. Pièges et blocs de pierre ont obstrué les galeries,
divisant les garnisons ennemies. Cela n’a pas suffi.
Quelle perte ! Le Norkleggsmurr est dévasté. Son plan harmonieux, fruit du talent des
anciens Konteclers n’est plus qu’un souvenir. Tant de nos galeries ne sont plus accessibles !
Dans les derniers instants, nous avons dû nous regrouper au sommet du Mont. Notre
dwinkœnigg est mort, ainsi que la plupart des membres du Conseil, cernés par les soldats
humains dans la halle de Kharuz. Nos troupeaux aussi ont été massacrés et servent
désormais de pitance aux matassins.
Nos exploits, eux, resteront gravés dans la pierre des gravats du Norkleggsmurr.
Je suis là, au sommet du Mont. Je me penche sur le gouffre sinistré de notre demeure. La
mort de notre Clan est consommée. Exilés de la terre, nous devrons construire des bâtisses qui
s’élèvent du sol. Certains ont décidé de partir, ils refusent de vivre parmi les humains. Je ne
renierai pas mon héritage. Moi et les miens resterons toujours Ceux-du-Mont, les
Norkleggins.
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La fondation d’Urguemand
Après avoir reçu la couronne des mains de son père, Urguemand retourna dans ses terres,
lesquelles s’étendaient sur l’Ouest de l’Armgarde. Il leva son armée en prévision d’une
attaque de Janren, ce qui advint effectivement et la guerre commença. Parmi les barons les
plus fidèles d’Urguemand se trouvait Aimflède de Lorgol. Ce dernier exerçait une grande
influence sur l’empereur autoproclamé. Malheureusement, il était un Félon. Ses conseils
amenèrent Urguemand à assassiner Neuvêne. Cet acte honni, loin de renforcer le pouvoir du
prince puîné, sema le doute et la confusion dans le cœur de ses liges. À tel point que lorsque
Janren prit une nouvelle fois la tête de son armée et s’afficha en champion des traditions
chevaleresques armgarites face au fourbe Urguemand, un grand nombre des seigneurs de
l’Ouest se rallia à son blason. Rapidement, Urguemand se retrouva isolé à l’extrême ouest de
l’empire, seuls les barons des alentours lui restant fidèles. Lorgol servit alors de trône au
prince… qui sombra encore plus facilement dans la folie sous l’effet perfide d’Aimflède.
La situation semblait désespérée, Urguemand ne sortait plus de son mutisme. Alors Aimflède
de Lorgol réunit les derniers barons fidèles au prince et parvint à les exalter assez pour mener
une contre-offensive. Au bout de quelques années, Janren fut chassé des terres appartenant à
Urguemand. Entre-temps, ce dernier s’étant suicidé, son nouveau royaume se retrouvait sans
souverain. Aimflède de Lorgol essaya vainement de s’imposer. Le baron d’Émelgance fut le
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premier à se déclarer suzerain sur ses terres, refusant toute allégeance. Les autres barons
optèrent pour la même position très rapidement. Et les guerres de territoire succédèrent aux
Fratricides.
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Aimflède de Lorgol, Premier Baron
Chevalier émérite, habile conseiller et grand meneur d’hommes, Aimflède de Lorgol a laissé
sa marque sur la ville. À côté des trois saints Fondateurs, un petit culte lui est rendu,
notamment par tous les nostalgiques d’une Lorgol forte et régnant sans partage sur tout le
royaume. Pourtant, saint Aimflède était un Félon de la pire espèce dont les intrigues
provoquèrent l’assassinat de Neuvêne – et ainsi sa sanctification par les Liturges –, la folie
d’Urguemand et une guerre de succession qui s’étendit sur plusieurs décennies.
Comme ceux qui vivent par l’épée doivent mourir par l’épée, ainsi en advint-il d’Aimflède.
Le baron de Lorgol utilisa son charisme pour réunir de nombreux chevaliers du Bouclier et
mena ainsi une expédition contre les Liturges afin de contrôler totalement les côtes
occidentales de la mer des Tristes. Les deux armées s’affrontèrent. Au centre de la mêlée, le
premier des Premiers Liturges et le premier des Premiers Barons se rencontrèrent. Salicien de
Ventgarde répondait coup pour coup à Aimflède. Tant et si bien qu’autour des deux
chevaliers, le silence se fit et les combats cessèrent. La victoire ne dépendait plus que de ces
deux hommes. Enfin, l’armure immaculée du Premier Liturge fut recouverte de sang.
Aimflède de Lorgol tomba a terre. Alors, sans un mot, l’armée urguemande se retira et
emporta avec elle le cadavre du Premier Baron.
Aimflède de Lorgol fut enterré sur les bords de la mer des Tristes, ses chevaliers ne
rapportèrent que son heaume couronné et son épée. Le destin d’Urguemand était scellé : avec
Aimflède était mort tout espoir de voir un jour un roi régner sur ces terres, les barons
resteraient suzerains en leur fief.
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La guerre de Rochronde
Le décès d’Aimflède amena à la tête de Lorgol un baron sans charisme. L’un de ses vassaux
en profita. Arédrich de Rochronde était un chevalier renommé qui avait tantôt lutté aux côtés
d’Urguemand, tantôt aux côtés d’Aimflède. Lorsque le nouveau baron de Lorgol hérita de son
père, Arédrich leva son ban et déclara la presqu’île de Rochronde indépendante. Il fit forger sa
propre couronne de baron. Le fils d’Aimflède ne parvint jamais à écraser la rébellion de son
vassal félon. La baronnie de Lorgol, assaillie au nord comme au sud par les barons
d’Émelgance et de Sénescendre vit ainsi son territoire se réduire comme une peau de chagrin.
Seules ses murailles imprenables – fruit du travail de l’Équerre – l’empêchèrent de tomber
dans l’escarcelle du baron d’Émelgance.
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La Grande Croisade
Les guerres de succession durèrent de nombreuses décennies avant que l’unité urguemande ne
soit scellée à nouveau – dans le sang des Liturges. Orle d’Émelgance fut élu « premier parmi
ses pairs » et organisa l’alliance des baronnies pour répondre aux croisades liturges et aux
invasions janréniennes.
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Il mena son armée de victoire en victoire, jusqu’à ce que les Liturges, galvanisés, provoquent
ce qui devait rester dans les annales comme la « guerre des martyres ». Tous, hommes et
femmes, enfants et vieillards, prirent les armes et affrontèrent les chevaliers urguemands.
Durant la plus formidable bataille que devait connaître l’histoire des deux royaumes, ils
parvinrent à submerger l’ennemi par leur nombre et leur ténacité, faisant fi des lourdes pertes
qu’ils subissaient. Lorsque Orle d’Émelgance fut terrassé, les barons décidèrent de battre
retraite.
Malgré cette défaite, Orle resta gravé dans les mémoires comme un grand chef militaire. La
tradition des Premiers Barons perdura à travers les siècles. Urguemand venait de trouver un
équilibre malgré ses divisions. Le territoire de Lorgol resta alors stable, en dépit des vues
d’Émelgance et de Rochronde, jusqu’à la Grande Croisade.
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Rochronde & Lorgol
En 1255, les Liturges fondirent sur le sol urguemand par la mer Échancrée. Rochronde était la
seule baronnie côtière qui n’était pas entièrement protégée par de hautes falaises. Les croisés
débarquèrent par le nord de la presqu’île, entièrement constitué de marécages. Ils établirent
ainsi une première tête de pont qui devait, en rejoignant les armées envahissant le nord
d’Urguemand, prendre totalement le contrôle du royaume. Heureusement pour les barons, le
plan échoua. Les baronnies du Bouclier tinrent bon et empêchèrent la chevalerie croisée de
passer. À l’ouest, Lorgol devint le dernier rempart avant que les Liturges ne se déversent sur
Émelgance, Boicérule et Sénescendre. Aussi les trois baronnies apportèrent-elles un grand
soutien au baron de Lorgol, lequel jouissait déjà des forces armées rochrondaises qui avaient
survécu au premier assaut.
Les baronnies de la Vieille Garde parvinrent ainsi, après deux années de combats sanglants, à
briser le siège de Lorgol. Leurs armées épuisées ne purent cependant pas libérer la baronnie
de Rochronde, qui devait rester aux mains des Liturges pendant un peu plus d’un siècle.
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Le consultat d’Émelgance
Trente ans plus tard, le baron Tristlame de Lorgol mena campagne pour libérer Rochronde.
Ce fut une tragédie. Et pour cause. Subtils, les Liturges n’avaient point supprimé la baronnie
de Rochronde pour l’annexer entièrement. Ils avaient simplement placé au pouvoir une
branche de la famille baronniale qui accepta de se convertir. Le baron liturgique de
Rochronde était de plus « secondé »par l’Exarque d’Adelguêne – qui faisait office de
gouverneur des lieux saints et colonies liturges. Lorsque Tristlame de Lorgol – accompagné
de la branche aînée et fidèle des Rochronde et de troupes venues d’Émelgance – entreprit la
reconquête, les Liturges surent persuader leurs ouailles que le baron de Lorgol ne cherchait
qu’à annexer leurs terres en son nom propre. Le baron Tristlame décéda durant la dernière
bataille, laissant Lorgol sans héritier.
Rapidement, les querelles de succession firent rage. Les vassaux du baron en plus de
s’affronter, devaient aussi s’opposer aux prétentions des Rochronde exilés et de la lointaine
baronnie de Farence, laquelle prétextait sa parenté directe avec la famille fondatrice de
Lorgol, les Faërens. Excédée, la population se révolta et réclama la protection du baron
d’Émelgance. Celui-ci ne se fit pas prier. Ménageant les susceptibilités, il n’annexa pas
Lorgol, mais nomma l’un de ses fils « chevalier consul des granbourg et faubourgs de
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Lorgol ». Sans même que la population ne s’en rende compte, la cité venait de perdre son
statut baronnial. Émelgance, elle, put ajouter une couronne à son blason…
La branche aînée et exilée des Rochronde reçut en fief citadin les Bas Quartiers de la
Taupinière et de la Bourbe. Cadeau empoisonné s’il en était puisque ceux-ci, totalement aux
mains de la Maraude, ne s’affranchirent jamais de la tenure – taxe foncière que prélèvent les
nobles sur les citadins. Qui plus est, la Bourbe vécut rapidement des temps difficile alors que
sa population augmentait du fait des réfugiés rochrondais. En quelques années, ce quartier
devint le plus misérable de la ville. Le régiment du chevalier consul devait sans cesse
intervenir, discréditant ainsi les Rochronde aux yeux des lorgolais. Étrangement, alors que les
Liturges menaçaient sans cesse Lorgol, les remparts attenants à la Bourbe ne bénéficièrent
d’aucun entretien de la part du chevalier consul. Celui-ci arguait que les travaux étaient du
ressort des Rochronde.
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La Charte d’Indépendance
En 1382, les Liturges lancèrent une quatrième croisade. Utilisant encore la baronnie de
Rochronde comme tête de pont, les croisés n’eurent cependant même pas le temps de parvenir
jusqu’à Lorgol. Les troupes d’Émelgance et de Boicérule les refoulèrent rapidement, aidées
par des chevaliers de Rochronde qui renièrent leur baron fantoche. En moins d’une année, les
Liturges perdirent tout ce qu’ils avaient mis un siècle à bâtir. La baronnie de Rochronde revint
à Urguemand, après le massacre de la branche félonne.
Gardant rancune à Émelgance pour le siècle d’humiliations qu’elle avait dû subir, la branche
exilée reprit le pouvoir à Rochronde et organisa la chute du pouvoir consulaire. Elle réussit à
s’allier à la noblesse citadine ainsi qu’à récolter les dons intéressés des grands bourgeois de la
ville. Les soldats du chevalier consul furent massacrés et lui-même renvoyé, seul, dans sa
baronnie. Les Rochronde espéraient sans doute annexer Lorgol. Ils durent vite déchanter.
Grisés par leur alliance nouvelle, nobles et grands bourgeois déclarèrent l’indépendance de
leur ville en prenant modèle sur Ronde-Cité.
Rochronde pensa bien un moment envahir la cité, mais les lourds vaisseaux de guerre rondais
qui patrouillaient au large de ses côtes l’en dissuada : Lorgol seule possédait désormais une
flotte capable de repousser la Sainte Armée. Aussi le baron Griveil, « la Plume », ratifia-t-il la
Charte établie collégialement par les nobles, les maîtres artisans et les négociants de Lorgol.
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DESCRIPTION DE LORGOL
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Lorgol est un vaste port placé sur un plateau incliné, cerné au nord par un mont et au sud par
la mer. De façon générale, on peut distinguer quatre parties (les Mille Tours, le Port, les Bas
Quartiers, les Hauts Quartiers).
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Les Mille Tours
Sur le mont se trouvent les Mille Tours, assemblage chaotique d’un nombre incalculable de
tours, de tailles variables. Elles sont exclusivement réservées aux Mages. Depuis une
cinquantaine d’années, le mont est de plus recouvert par le Ténarbre, un arbre gigantesque
dont les branches et les racines passent au travers des habitations et paralysent les êtres
qu’elles touchent. Les habitants du quartier des Mille Tours doivent donc composer avec cet
agresseur. De plus, par sa nature, le Ténarbre plonge le mont dans une obscurité permanente.
Le jour semble être un crépuscule perpétuel et la nuit elle-même déploie son noir insondable
sur les tours.
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Le Port
Au sud, le port étend ses quais, ses canaux, ses entrepôts et ses tavernes. L’activité y règne de
jour comme de nuit. Le port se compose de quatre quartiers où s’entremêlent rues et canaux.
À noter que l’ensemble de ses quartiers se trouvent bien au-dessous du reste de la ville. On
doit donc emprunter de nombreux escaliers pour quitter le port. Les marchandises elles, sont
acheminées sur la Centrallée par un astucieux système de poulies et d’engrenages.
Assurément, le quartier le plus typique est celui du Goulet. Il tire son nom du grand canal qui
pénètre dans la ville et où s’arrêtent les plus gros bateaux marchands. Les débardeurs vident
les marchandises, qui sur le quai, qui sur de petites embarcations qui acheminent les biens
vers des entrepôts, à travers les canaux. Les maisons sont relativement grandes mais
accueillent plusieurs cellules d’une même famille. Aussi les conditions de vie ne sont-elles
pas particulièrement agréables. Cependant, le Goulet semble être un quartier relativement
propre. Il ne faut pas se leurrer : les résidents préfèrent tout simplement vider leurs déchets
dans les eaux des canaux. L’odeur y est donc plus saine que dans les autres Bas Quartiers,
sauf lors des grandes chaleurs. Lesquelles sont fort rares à Lorgol.
L’AArsenal se compose lui aussi de larges canaux. Trois chantiers occupent la place, c’est ici
que l’on construit les meilleurs bateaux de la côte ouest de l’Harmonde. Pour le reste, les
maisons sont peu entretenues, les rues jonchées de détritus jamais ramassés. La population qui
vit à l’Arsenal est composée en grande majorité de manouvriers employés dans les chantiers.
Qui d’autre pourrait supporter le bruit interminable des chantiers ? Du lever du soleil à son
coucher, ce ne sont que coups de marteau, travail de la scie, hurlements des maîtres et chants
des ouvriers. On ne peut circuler sur les canaux : ils sont encombrés de troncs d’arbres qui
attendent d’être utilisés. Ils flottent passivement, ne s’agitant que lorsqu’une barge en amène
d’autres. L’Arsenal compte donc de nombreuses scieries, outre les trois chantiers.
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Il vaut mieux éviter le quartier de nuit. Les ouvriers de l’Arsenal n’aiment guère les étrangers.
Après le chantier, ils se retrouvent dans leurs tavernes pour continuer à chanter. Lorsqu’ils
rentrent chez eux, ils sont saouls assez pour être violents sans raison.
La Forêt-Voile est assurément le plus beau quartier du port. Elle commence au pied du
Belvédère où se termine la Centrallée. De là, on a une vue imprenable sur tout le port. Les
canaux de la Forêt-Voile abritent de nombreux bateaux, de toutes tailles et de toutes voilures.
Sans être bien riche, le quartier attire une grande foule. S’y concentre l’Amirauté, office de
l’amiral et du maréchevin de Lorgol, la bourse d’échanges de la Marchande ou encore le
Pilier, siège de l’Équerre lorgeloise. Autrement, ce sont de belles maisons qui pavent les rues
et les canaux. Ne vivent là que quelques marchands marins, armateurs, officiels du port et
artisans à l’art renommé.
Saint-Marin est le nom donné au quartier qui accueille le port militaire de Lorgol.
L’ensemble de la marine urguemande n’y stationne pourtant pas. Elle dispose de plusieurs
ports sur le littoral. Mais après l’attaque d’une flotte pirate il y une vingtaine d’années, le
Premier Baron a décidé d’y poster quelques navires de guerre dissuasifs naviguant
continuellement près de la cité. Auparavant, cette partie du port était exclusivement réservée
aux pêcheurs de Lorgol. Aujourd’hui, les bateaux de pêche ont laissé la place aux fiers navires
de la flotte urguemande. L’activité commerciale s’est aussi fortement accrue, le Goulet ne
pouvant plus assurer seul l’ensemble du débarquement. Le quartier a perdu beaucoup de son
atmosphère paisible avec l’ouverture d’établissements pour les marins et les combattants
embarqués. Il existe une grande concurrence entre le Goulet et le quartier Saint-Marin et la
Vigie est très présente pour éviter que le quartier ne tombe sous le contrôle de la Maraude.
Peine perdue.
Comme les trois autres quartiers du port, Saint-Marin possède de nombreux canaux
permettant de circuler en barque. Sa population est à peine mieux lotie que celle du Goulet,
encore que chaque famille compte encore au moins un pêcheur. Ainsi, chacun est assuré de
manger du poisson gratuitement.
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La Centrallée
Une large voie pavée relie le port aux Mille Tours, il s’agit de la Centrallée. Assez spacieuse
pour laisser passer les chariots et convois et abriter de nombreuses échoppes branlantes sur les
côtés, en sus des habitations.
La Terrasse accueille les matières premières et les produits bruts. Cela concerne notamment
les aliments. Les fruits, les légumes et les viandes viennent des paysans des Faubourgs alors
que les poissons sont directement acheminés du quartier Saint-Marin. Les marchés aux
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bestiaux sont interdits sur la Centrallée, ils se cantonnent donc dans les alentours. Mais on
trouve aussi les marchands de textiles (drapiers, tisserands, fripiers…) et artisans de l’habit.
De façon générale, ce sont les artisanats les moins nobles qui sont regroupés dans la Terrasse.
Le quartier est plus proche du port que le Haut-pavé. C’est là que l’on peut trouver la Halle du
Savoir. Ce grand édifice de forme carrée et cerné de nombreuses colonnes abrite le siège
urguemand de Préceptorale. Les novices du Collège y sont formés, les communs peuvent y
suivre des cours de lecture et d’écriture dans une vaste salle ou bien dicter une lettre à l’un des
écrivains publics présents. Il y règne donc toujours un intense brouhaha. Enfin, la Halle du
Savoir, dans ses hauteurs, héberge la bibliothèque de Lorgol.
Le Haut-pavé (situé plus au nord) regroupe tous les produits manufacturés et les biens
précieux. En réalité, tout comme le premier, le Haut-pavé regroupe plusieurs marchés et ne se
limite pas qu’à la Centrallée. Les étals des forains côtoient donc les ateliers et les boutiques
d’artisans. Malgré tout, le Guet a fait place nette devant la Maison municipale. Cette demeure,
un véritable manoir fortifié, accueille les réunions du Municipe, le conseil de la ville et
l’administration du bourgmestre. En face de la Maison municipale, de l’autre côté de la
Centrallée, un parvis donne sur la Cathédrale de la Fondation. Somptueux édifice religieux,
couvert de statues de saints et de gargouilles vigilantes, avec ses trois clochers altiers.
Le quartier des Ombrages encercle les Mille Tours. Contrairement aux légendes actuelles,
son nom ne vient pas du Ténarbre, mais plutôt de l’ombre que les Mille Tours ont toujours
faite aux bâtiments alentour. Et pourtant, les branchages du Ténarbre forment aujourd’hui une
auréole d’ombre surnaturelle. Si les Ombrages sont beaucoup moins mystérieux que les Mille
Tours, ils n’en sont pas moins peuplés d’une population bigarrée fort attirée par le crépuscule
perpétuel : quelques riches bourgeois pour lesquels le comble du luxe est de vivre près du
Ténarbre, des personnes louches qui ne peuvent se contenter de la nuit pour mener leurs
affaires… Ce quartier est décidément le lieu de toutes les rencontres !
Son architecture est particulièrement… originale. Les demeures sont plus excentriques les
unes que les autres. Fresques, colonnes, créatures démoniaques et formes monstrueuses ornent
chacune à foison. Le quartier est aussi célèbre pour l’église Notre-Dame-des-Ronces. Elle
abritait autrefois une magnifique statue de marbre de sainte Alomée. Peu de temps après
l’apparition du Ténarbre la statue fut « envahie » par une sculpture en bois d’ébène,
représentant des ronces. Nul ne sut jamais d’où venait cette sculpture. Pour beaucoup, elle
signifiait l’alliance indivisible du Ténarbre et des Saints Fondateurs. L’église devint un lieu de
pèlerinage. Les farfadets apprécient fort cet endroit qu’ils voient comme le « cœur » de
Lorgol. Notre-Dame-des-Ronces est pour eux une représentation de l’Âme de la Ville.
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De haut en bas
Rien n’est plus fluctuant à Lorgol que la distinction entre Bas et Hauts Quartiers. Pour un
habitant des Ombrages ou des Lanternes, les Bas Quartiers forment la partie proche du port et
l’appellation trouve sa logique dans les différences d’altitude. Mais pour ceux des Hauts-
fonds ou de Forêt-Voiles, on appelle Bas Quartiers l’ouest de la ville pour des raisons
historiques. Et effectivement, la Bourbe et la Taupinière sont toujours considérées comme des
bas quartiers. C’est ici que s’étaient établis les pirates avant la fondation de la cité.
Une chose est sûre : pour les visiteurs, Lorgol est véritablement assiégée par les quartiers
pauvres et la Maraude. Que l’on vienne de l’ouest et l’on devra franchir la porte des Pas
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perdus et se perdre dans les Venelles. Les plus fous iront risquer leur vie en passant la Mort-
Garde. Par l’est, le voyageur sans richesse devra prendre la porte Garde-Sang et traverser le
quartier de Milvenue, havre de ceux qui ont échoué à Lorgol et sont sans espoir. Par la mer,
on accostera au Goulet ou au quartier Saint-Marin, repaires des filous du port. Seuls les plus
riches débarqueront à Forêt-Voile ou prendront la Porte Fortune.
Voici en tout cas la classification faite par Aleym d’Ousteval dans son Célèbre et très
indispensable guide de Lorgol, à l’usage des étrangers et des curieux.
♦
♦ ♦
Les Hauts Quartiers
La population de ces quartiers est relativement aisée. Certes, on ne saurait comparer les
fortunes ostentatoires de la Citadelle ou des Hauts-fonds avec la vie agréable qui règne à
Saint-Orfan ou aux Rouges-cornes. Le Guet patrouille sans cesse et l’ordre règne.
Les Lanternes regroupent la haute bourgeoisie de Lorgol. Les dix prud’hommes de la cité
possèdent ici leur demeure familiale, généralement un manoir qui n’a rien à envier à la
noblesse. Les moins dotés n’en ont pas moins une vaste maison avec jardin. C’est donc dans
ce quartier que se décide l’avenir économique de Lorgol. L’activité y est fébrile le jour. Les
valets sillonnent les rues afin de porter messages et invitations, des agents vont et viennent
entre le quartier et la Marchande, les cours intérieures sont remplies de scribes qui évaluent
les marchandises précieuses et écoutent les personnes venues faire leurs doléances.
La porte Garde-Fer présente dans le quartier n’est pas utilisée. Elle est toujours fermée, sauf
lors de manœuvres de l’armée. Le Municipe a pourtant autorisé les prud’hommes à
l’emprunter, afin d’éviter les longues queues à la Porte Fortune et à la porte Garde-Sang.
Le soir, des fonctionnaires municipaux, accompagnés du Guet, allument les lanternes qui
longent les rues. Les bourgeois ont payé une fortune les meilleurs maîtres élémentiers
d’Urguemand afin d’utiliser des feux follets. De nombreux marauds cherchent sans cesse à
capturer les créatures pour les revendre. Les brûlures et les coupures sont fréquentes.
Seul quartier donnant sur la mer et accueillant des classes aisées, les Hauts-fonds dominent la
baie de Lorgol du haut des falaises. Les plus riches disposent d’une demeure sur le littoral. À
cet endroit, nul besoin de rempart, seuls quelques escaliers descendent vers des criques
accidentées et ils sont protégés par différents mécanismes mis au point par l’Équerre, en cas
d’invasion. Les murailles qui séparent le quartier du reste de Lorgol servent surtout à
empêcher les gueux de vagabonder dans les Hauts-fonds. Malgré sa population très aisée, le
quartier n’échappe pas à la forte activité caractéristique du port de Lorgol. Aussi, on y trouve
de nombreux établissements de luxe. Parmi les plus célèbres, notons la Terrasse de la Lune,
un restaurant réputé pour sa terrasse éclairée de braseros et couverte par mauvais temps !
Les Hauts-Fonds sont particulièrement surveillés par le Guet. Aussi, malgré la grande activité,
peu de crimes sont à déplorer. En contrepartie, les indésirables sont sauvagement éconduits et
un poste permanent du Guet s’est établi à la Porte des Embruns.
Cerné de remparts, le quartier de la Citadelle abrite les familles nobles de Lorgol. En son
centre s’élève la forteresse du Premier Baron. Elle est le siège de son administration et le
quartier général du Guet. C’est aussi la demeure officielle d’Agone de Rochronde, bien que le
personnage soit rarement présent, d’après les rumeurs.
Outre l’aristocratie lorgeloise, on trouve aussi les manoirs des nobles de Rochronde et des
autres baronnies d’Urguemand. Tous ces manoirs sont entourés de petits parcs décorés avec
goût par des jardiniers paysagistes. La nuit, le quartier est totalement fermé et nul ne peut y
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entrer sans un sauf-conduit du Municipe. Outre le Guet, on peut voir de temps en temps
circuler des soldats du Noir-de-lance, le corps prétorien du Premier Baron, afin de prendre
l’air. Les allées sont particulièrement larges et pavées, afin de laisser circuler les forces
armées de la Citadelle.
Le quartier de Saint-Orfan est une zone résidentielle où les marchands et quelques-uns des
érudits et des artisans les plus aisés possèdent d’impressionnantes demeures, bâties sur un ou
deux étages. Les rues sont larges et bordées d’arbres. Quoique les maisons soient vastes, il n’y
a pas de place pour des jardins ou autre chose de ce genre. Le quartier de Saint-Orfan rivalise
avec les Lanternes comme zone d’habitation à la mode, mais est considéré par les hautes
sphères de la société comme un endroit pour les nouveaux riches plutôt que pour la haute
bourgeoisie. C’est donc avant tout le quartier des riches artisans.
Quartier situé entre les Ombrages et Milvenue, les Rouges-cornes abritent une population
largement minotaure. D’aussi loin que Lorgol existe, il y a toujours eu un quartier métallique,
nom que l’on donne aux résidences des minotaures. Auparavant, il ne s’agissait que d’une
petite niche coincée entre les Ombrages et les Persiennes. Mais en Urguemand, les minotaures
ont su gagner de l’influence. Lorgol est vite devenue pour eux un sanctuaire où l’on ne
s’étonnait plus de croiser une montagne de muscles affublée de cornes. Petit à petit, les
minotaures les plus riches se firent construire de vastes résidences, empiétant sur les
Persiennes. Après les Deux Guerres, le mouvement s’est accéléré, soutenu par Ekhmor le
Borgne, baron minotaure de Morbise. Aujourd’hui on ne parle plus que des Rouges-cornes et
les Persiennes sont tombées dans l’oubli.
Les minotaures ont fait appel aux architectes de l’Équerre afin de construire leur « domaine »
urbain. De fait, les Rouge-cornes présentent une architecture réellement étrange : des maisons
hautes surchargées d’ornementations et dotées d’un toit recouvert de tuiles de cuivre. Ainsi,
les ombres torturées par les reflets rouge doré rendent impossible la Conjuration. Les
minotaures les plus notables de Lorgol et d’Urguemand vivent dans ce quartier ou bien
disposent au moins d’une résidence secondaire. Ainsi, Mobhorn, prévôt de Lorgol, s’est fait
construire une imposante demeure. Ekhmor le Borgne possède un manoir bien gardé par sa
garde personnelle. Il est d’ailleurs le principal propriétaire foncier du quartier et gagne une
véritable fortune grâce à la tenure (taxe que doit tout détenteur d’une demeure au noble
propriétaire du terrain). Le reste du quartier est occupé par des humains et si leurs maisons ont
une architecture moins originale, les tuiles de cuivre sont assurément une marque de bon
goût !
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Les Bas Quartiers
Quartiers surpeuplés où s’entassent crasse et misère, les Bas Quartiers sont majoritairement
sous la coupe de la Maraude. Le Guet ne s’aventure que rarement dans ces domaines coupe-
gorge. Historiquement, ils sont formés des Venelles, de la Bourbe et de la Taupinière. Les Bas
Quartiers ont une architecture chaotique, mais de façon générale, les habitants parlent de
« panier » pour désigner l’organisation des quartiers. Un panier regroupe un ensemble de trois
ou quatre cours et des rues annexes.
La Taupinière est l’un des plus vieux quartiers de Lorgol puisqu’elle fut bâtie par les pirates
qui occupaient le terrain avant d’être chassés par la flotte impériale d’Armgarde. À vrai dire,
il s’agissait plus d’un assemblage hétéroclite de caches et de cahutes que d’une ville. Et
l’endroit n’a guère changé, malgré les siècles d’urbanisation. La Taupinière est un curieux
mélange de masures et de demeures troglodytes, de rues et de tunnels, de cours et de cavernes.
C’est le royaume des guet-apens et des embuscades. Il est impossible d’établir un plan précis
de ce chaos à demi-souterrain. Des familles entières vivent dans des caves, ne voyant que
rarement la lumière du jour. Aux galeries utilisées originellement par les pirates s’ajoutent les
carrières creusées pour construire Lorgol. Ces dernières s’étendent sur une bonne partie de la
ville et sont placées sous la « protection » de la Cour des Miracles. La Maraude paie donc une
taxe mensuelle au Roi des farfadets pour pouvoir les utiliser. Étrangement, le petit peuple
citadin hésite à les parcourir et de nombreuses rumeurs font état d’un réseau plus profond
menant à la lisière des Abysses. La Porte des Pas perdus amène son quotidien de voyageurs,
en provenance de la baronnie de Rochronde. Il est préférable de traverser le quartier en
groupe, car ses habitants (les taupes) sont prompts à s’énerver et à lyncher les voyageurs, pour
ensuite prélever leur picorée. Les plus notables sont aimablement escortés par le Guet, afin
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d’éviter les incidents. Encore que les taupes n’hésitent pas alors, en rechignant, à jeter
quelques pierres sur le cortège.
Plus miséreux encore que la Taupinière, si telle chose est possible, la Bourbe est un enfer. Le
quartier n’est qu’un vaste champ de ruines et de masures s’arrachant non sans mal d’une
lourde couche de fange. La puanteur y est terrible, l’air ne se lassant jamais de sa charge
d’effluves d’urine, d’excréments et de pourriture. Désabusée, la population vit ici au jour le
jour, crottée et à peine vêtue. Les plus chanceux trouvent un travail saisonnier, manouvrier sur
un chantier ou dans une manufacture. Pour les autres, c’est une vie aux crochets de la
Maraude récompensée de quelques fruits de rapines. Aucun autre lorgelois n’accepterait de se
rendre dans la Bourbe et pourtant, tous sont habitués à des rues couvertes d’ immondices. La
Bourbe ne ressemble pas à un quartier, les masures sont construites sans ordre ni raison. Il
n’existe pas de rues, seulement des passages tortueux. En cet endroit, les murailles de la ville
sont au plus mal. Elles ne défendraient certainement pas Lorgol d’une attaque. Des pans
entiers sont écroulés en laissant sur le sol un amas de gravas, terrain de jeu idéal pour les
enfants qui ont encore le goût de s’amuser. Depuis longtemps d’ailleurs, le quartier s’est
étendu au-delà des murailles vers l’ouest. Aussi, la Mort-Garde est depuis longtemps inutile.
La ville commence bien avant elle, on peut entrer et sortir à sa guise par les murailles. Au
demeurant seul un voyageur fou s’aventurerait dans la Bourbe. Mais que celui-ci n’espère pas
survivre à son incursion. Le Guet a depuis longtemps déserté le quartier et la Mort-Garde ne
sert qu’à la Maraude. C’est d’ailleurs le siège du clan de la Gouale.
Le quartier de Douce-aborde longe les parties est, sud et ouest du quartier de la Citadelle.
L’activité qui y règne est relativement importante dans la mesure où toutes les caravanes
partent et s’arrêtent ici. Au-delà de la Porte Fortune partent les routes pour se rendre à Dyonne
et dans la République mercenaire. De jour comme de nuit, il règne une intense activité.
L’Aborde est la rue principale du quartier. Elle fait le lien la Porte Fortune et la Terrasse et est
bordée par tout ce que Lorgol compte de compagnies de diligences – soit quatre. On trouve
aussi des relais de taille incroyable pour accueillir des centaines de chevaux et autres animaux
de monte, des auberges dont la salle commune peut rivaliser en taille avec la Galerie des Mille
Tours. Généralement, les compagnies de diligence font aussi office d’auberges et de relais. Le
reste du quartier regroupe des entrepôts et les comptoirs de différentes guildes et corporations
liées au transport de marchandises. Bien protégée par les milices des compagnies mercenaires,
la Douce-Aborde est un quartier relativement sûr pour les personnes. La Maraude (le clan des
Sables et celui des Ombrisciens) se concentre exclusivement sur des accords de protection des
marchands et s’est alliée aux compagnies mercenaires. Ceux qui refusent ces accords voient
leurs entrepôts brûlés et leurs caravanes, privées du soutien des mercenaires, harcelées par des
bandes de pillards.
Milvenue s’étend au sud de la Douce-aborde. Pour les lorgelois, ce quartier est le repaire de
ceux qui ont échoué à Lorgol et n’ont plus sou vaillant. Ce n’est pas tout à fait vrai, encore
que la présence de la porte Garde-Sang cautionne cette théorie. Cette porte accueille en effet
les visiteurs qui n’ont pas la somme nécessaire pour payer le péage de la Porte Fortune. Ils
doivent donc quitter la grande route et emprunter un sentier jusqu’à cette porte. Les autorités
veulent ainsi désengorger l’Aborde. Pour les voyageurs solitaires, la découverte de Lorgol
commencera donc par celle du quartier de Milvenue.
La partie nord, limitrophe de la Douce-aborde, regorge d’établissements destinés à satisfaire
toutes les soifs des caravaniers. Tavernes, lupanars et tripots fleurissent. Plus au cœur du
quartier, on trouve des pensions et des auberges à moindre coût. On trouve aussi les demeures
des employés des grandes compagnies de Douce-aborde. Et enfin, de hautes maisons où
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s’entassent les moins nantis. C’est généralement un étape transitoire pour les nouveaux
arrivants. Ils ne restent à Milvenue que quelques mois, trois ans tout au plus, avant que leur
voie ne les guide vers les Bas ou les Hauts Quartiers, selon la volonté des Saints Fondateurs.
Le quartier subit l’influence de la Maraude. Le clan des Sables, après quelques malheurs, a su
garder son hégémonie.
Le quartier de Mornes-eaux a été privé de la vue sur la mer avec la construction du clos des
Embruns, petite muraille qui coupe le quartier des Hauts-fonds du reste de la ville. Échaudés
par cette mesure, les résidants ont un vif ressentiment vis à vis des notables et des riches. En
quelques années, le quartier est tombé sous la coupe de la Maraude. Aujourd’hui, tout le
monde à Lorgol reconnaît que les Mornes-eaux appartiennent désormais aux Bas Quartiers. Et
donc, le quartier ressemble admirablement à l’idée que l’on se fait de ces fameux bas
quartiers : rues pavées de détritus, exréments et autre joyeusetés, odeur peu agréable en
conséquence… La population est d’ailleurs peu amène et prompte à se déchaîner. En moins
d’un siècle, le quartier s’est fort dégradé. Peu entretenues, les maisons perdent de leur
ancienne beauté. Elles abritent plusieurs familles, selon leur taille. Heureusement, l’harmonie
de la construction ne change pas, elle. Les rues sont donc encore bien droites et les maisons
bien alignées. Dans certaines rues pourtant, il s’en faut de peu pour que certaines finissent par
s’écrouler tant elles se penchent sur leurs voisines.
Les Faubourgs s’étendent au nord et à l’est de Lorgol, en dehors des remparts. Il ne s’agit pas
à proprement parler de quartiers, évidemment. Les Faubourgs regroupent les terres qui
dépendent de la noblesse de Lorgol et non de celle des domaines alentours. En dehors des
grandes familles, cela comprend l’Église des Fondateurs, le Cryptogramme-magicien et
l’Équerre. Au nord, le bois de Belbrume appartient au Cryptogramme-magicien et à la
châtellenie de Brécour. À l’est, ce sont des champs et leurs fermes. Commençant au sud de la
porte Garde-Fer, ces terres de labour descendent jusqu’aux falaises, encadrant les routes
menant à Dyonne et à la République mercenaire. Les Faubourgs ne dépendent pas du Guet, ce
sont les nobles propriétaires qui ont la charge de l’ordre. Encore que le Premier Baron
n’hésite pas à faire patrouiller quelque escouade de son armée afin de dissuader les pillards,
qu’ils soient urguemands ou mercerins. En cas d’alerte, les paysans des Faubourgs disposent
d’un sauf-conduit leur permettant de se réfugier dans Lorgol. Les habitants de la ville les
regardent avec condescendances, car les faubourgeois ne sont que serfs au service de la
noblesse et non des vilains.
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FACTIONS DE LORGOL
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La politique à Lorgol
Lorgol est dirigé par un Conseil, selon la Charte de 1416. Il se compose de dix bourgeois élus
par leurs pairs, les consuls, de cinq échevins, représentants de la noblesse foncière de la ville
(ce qui inclut le Cryptogramme-magicien, l’Église des Fondateurs et la Baronnie de
Rochronde) et d’un émissaire du Premier Baron, le prévôt. Le Conseil est dirigé par le
Bourgmestre, désigné par les prud’hommes et les échevins parmi des personnalités de la
ville. Le Bourgmestre se charge des affaires courantes de la cité et dirige l’administration de
la ville, il possède le droit de vote au sein du Conseil. Ce qui n’est pas le cas du constable,
responsable du guet, ni de l’amiral qui contrôle l’ensemble des affaires maritimes de Lorgol
(en pratique, il a cédé sa charge administrative au maréchevin et ne s’occupe plus que de la
sécurité du port).
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La Maraude à Lorgol
Véritable contre-pouvoir dans la cité, la Maraude de Lorgol est l’une des plus puissantes de
l’Harmonde, seule celle d’Abyme lui est supérieure en influence. Mais contrairement à la Cité
des Ombres, la Maraude est ici désorganisée. Depuis trois cents ans, les Princes Voleurs ont
coupé les ponts avec la Cour des Miracles. Si cette dernière reste un lieu de rencontre et
d’échange, son Roi ne dispose plus d’aucune autorité sur la Maraude. De même, aucun Prince
Voleur n’a jamais réussi à s’élever au-dessus de ses pairs de façon significative. Il n’existe
pas d’Empereur de la Maraude à Lorgol, bien que certaines rumeurs prétendent l’inverse !
La Gouale
Prince Voleur : Gyngijk, dit « le Goualeur »
Activités : Vol et agression, Assassinat, Kidnapping, Mendicité, Racket.
Siège : quartier de la Taupinière.
Regroupement des gredins de la pire espèce, la Gouale a été fondée par un nain exclu de son
clan. Elle sévit dans les pires des Bas Quartiers, en ces endroits où la Milice ne se rend jamais.
Composée exclusivement de coupes-jarret, de spadassins et autres détrousseurs, elle s’est
acquise une réputation sanglante dans tout Lorgol. Récemment, elle a décidé d’arrêter de tuer
les jeunes nobles débauchés se rendant dans la Bas Quartiers. Elle préfère les capturer et
exiger une rançon de leur famille. Particulièrement humiliante, aussi bien pour le jeune noble
que pour sa famille, cette pratique a conduit le constable à déclarer la guerre ouverte à la
Gouale. Enfin, le clan a mis en place un véritable système de péages entre les quartiers de la
ville…
La Salamandre
Prince Voleur : Fandor Dim, dit « l’Ogre »
Activités : Espionnage, Mendicité, Cambriolage, Vol et agression, Agitation politique.
Siège : quartier des Ombrages.
Sans doute le clan le plus mystérieux. La Salamandre est très discrète et sa spécialité est la
récolte d’informations en vue de leurs revente. Son dirigeant, Fandor Dim, est ainsi au courant
de tout ce qui se trame dans la cité. Ses montes-en-l’air s’introduisent partout, ses mendiants
épient la moindre rencontre. Relativement peu nombreux, les membres de ce clan n’en sont
pas moins les plus influents après les Hauts de chef. Les deux clans se livrent d’ailleurs depuis
plusieurs mois une véritable guerre secrète.
Mais surtout, la Salamandre est au centre de nombreuses rumeurs. On raconte que ses
membres utilisent les racines du Ténarbre pour pouvoir se rendre où ils veulent dans Lorgol.
De même, ils connaissent de nombreux passages secrets, cours oubliées et chemins détournés.
Le Quartier des Venelles est ainsi totalement sous leur domination. Sans parler des marelles,
ces ruelles aux pavés gravés qui mènent directement à… Sasmiyana ! On ne peut les trouver
que dans le Quartier des Venelles. La Salamandre les protège efficacement et la plupart sont
fermées par de lourdes grilles. De l’autre côté, un autre gardien s’occupe aussi d’en bloquer
l’accès. Nul ne sait pourquoi Fandor Dim a été chargé de les protéger, mais pour beaucoup, il
est en fait une sorte de gardien des secrets de la cité. C’est un dévot de l’Église de la
Fondation et on raconte qu’il aurait retrouvé l’une des trois Merveilles marraines de la cité,
une Salamandre.
Les Fagots
Prince Voleur : Aldabert, dit « le Minois »
Activités : Contrebande, Racket, Vol et agression, Mendicité, Prostitution.
Siège : quartier du Goulet.
La Strangule
Prince Voleur : Vard Rekszasi, dit « le Prince »
Activités : Assassinat, Prostitution, Kidnapping, Contrefaçon, Racket.
Siège : quartier des Hauts-Fonds.
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Les Sables
Prince Voleur : « Sonatine »
Activités : Contrebande, Racket, Cambriolage, Piraterie (caravanes), Tripots.
Siège : quartier de Milvenue
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Les Saisonins à Lorgol
La Cour des Miracles
Dirigée par le roi Maldebroc. Est arrivé au pouvoir en s’alliant à Biface le Noir. En échange,
ce dernier devait accéder à la charge de Fou de l’Échiquier. Après avoir vaincu le roi
précédent, Maldebroc reçut la visite d’un homme étrange, vêtu d’une bure grise. Sorti de cet
entretien, le nouveau roi refusa à Biface la charge qu’il lui avait pourtant promis. Il ne parvint
cependant jamais à l’écarter définitivement de l’Échiquier, alors que Biface semble avoir tissé
un important réseau parmi les farfadets. Un réseau fait de chantage et de corruption.
L’ancien roi s’est enfui après sa défaite. Depuis il erre dans les sous-sols de Lorgol… De
nombreuses légendes courent à son sujet. On l’appelle désormais le Vieux Roi, on pense qu’il
est fou et s’est allié aux forces de l’Ombre. On dit aussi qu’il règne désormais dans les Basses
Fosses, devenu roi de l’Échiquier noir, il aurait fait de Celle-qui-ne-peut-être-nommée sa
reine.
Maldebroc voit son pouvoir de plus en plus fragilisé par les manigances de Biface. À présent,
un nouveau farfadet a décidé de le remplacer. Il s’agit d’Honorin Bouclefer, le Prince Voleur
des Hauts de chef. Cette situation nourrit la tension malsaine qui règne à la Cour des Miracles.
Les farfadets craignent en effet une nouvelle guerre des marauds. Les autres Princes Voleurs
risquent de réagir violemment à la nomination d’Honorin, prenant cela comme une volonté de
la Cour de désigner un nouveau Roi Voleur.
La Tournedole
Nuit de luxure et de tous les plaisirs, la Tournedole est une ancienne institution lorgoloise
maintenue par les satyres de la ville. Sans date fixe, sans même une certaine régularité, elle
commence toujours par quelques rumeurs durant la journée. Les satyres répandent
malicieusement l’information autour d’eux, par quelques allusions furtives que savent repérer
les habitués (PER+Us & coutumes, DIFF 18). Ces derniers comprennent alors qu’ils peuvent
se préparer à passer une nuit blanche. La journée continue et l’activité devient de plus en plus
fébrile. Des attroupements se forment dans les tavernes les moins sordides des Bas Quartiers
et attendent que la Tournedole commence. Puis la nuit tombe, les fûts sont percés et la
boisson coule à flots. S’élève alors en différents endroits de la ville la musique si bien connue
de la Tournedole et les libertins savent que les plaisirs vont commencer. Durant toute la nuit,
des groupes de festifs se croisent, boivent ensemble, font ripaille et dansent sur des airs
guillerets. Toutes les tavernes qui ont décidé de participer à la fête ont accroché deux rubans
de soie — or et rouge — à leur enseigne. En ces lieux, les libertins savent qu’ils pourront se
livrer à leurs jeux favoris sans entrave. Dans toutes les rues animées de la ville, on entend
musique, rires, chants et gémissements de plaisir. Au petit matin, le silence se fait pendant
quelques instants, avant que l’activité de Lorgol ne reprenne le dessus. En ces derniers
instants de ténèbres, les romantiques admirent le lever du jour, la larme à l’œil et la bouteille à
la main.
La Tournedole est une fête, mais aussi un air connu à Lorgol. L’origine de cette composition
remonte à la Flamboyance, sous le règne de saint Dualde. Dans l’ancien quartier des Marelles,
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les lorgolais se couvraient les yeux avec des rubans de soie et dansaient au rythme de cette
ritournelle. Ils se perdaient alors dans le dédale des rues et leur esprit s’ouvrait à la magie des
fresques qui ornaient chaque pavé, chaque mur. Ils parcouraient le quartier, dansant ou
courant, jusqu’à l’épuisement à la recherche de bruits et d’odeurs inconnus provenant des
endroits les plus exotiques ou les plus cosmopolites de l’Harmonde. Avec le temps, la
partition fut perdue et la Tournedole se transmit uniquement par la pratique de flûtistes en
flûtistes. Chacun glissant ses propres accords, l’Œuvre perdit sa force magique. Seul un satyre
Inspiré parvint à en restituer une forme liée à l’Art Libre et donna naissance à l’Œuvre
Farandole. Néanmoins, la fusion n’opérait plus et jamais il ne réussit à ouvrir l’esprit des
citadins à la magie des Marelles.
Aujourd’hui, les musiciens de la ville, notamment les satyres, reprennent cet air pour
annoncer le début de la nuit de la Tournedole.
Les fées noires, effrayées à l’idée que leur créature puisse échapper à leur contrôle, ont utilisé
leur empathie minérale pour partir à sa recherche. Ne connaissant rien, ou peu s’en faut, des
secrets séculaires du Haut Mont, elles ont fait appel à la famille des Norrkleggins pour se
repérer dans le labyrinthe des Mille Tours.
Évidemment, la confrontation avec les Éminences grises a été inévitable. L’Ordre janusien ne
saurait se séparer d’Aniline. Elle seule peut calmer le Ténarbre et assurer la quiétude du
Collège. Les fées noires ont donc conclu un accord secret avec les Éminences, dont la
farfadine pétrifiée est l’un des enjeux. Ce faisant, le Cercle des oubliés bénéficie d’un accès
restreint aux nouveaux cahiers gris maintenus par le Collège. Il se tient ainsi au courant de
l’évolution politique du royaume et peut agir comme les fées noires aiment tant le faire : avec
discrétion, inconnu de tous…
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FIN.
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