Introduction R.I
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Introduction R.I
INTRODUCTION
Le terme international apparait pour la première fois en 1780 dans l’ouvrage de
l'anglais Jeremy Bentham, intitulé : « Introduction to Principles of Morals and Legislation».
Par l'adjectif « international » l’auteur qualifie « ce qui se passe entre nations ». En
employant le concept de nation, il veut en réalité désigner les Etats. En effet, pour Jeremy
Bentham, le terme « international » renvoie aux relations entre Etats souverains d’une part et
entre leurs gouvernements d’autre part. En prenant l’Etat comme référent, l’auteur semble
ignorer les relations commerciales, sociales et politiques qui existaient déjà depuis longtemps
entre les peuples. A partir des travaux des historiens, on sait désormais que les relations
internationales datent de l’Antiquité. Le traité signé entre Ramses II et les Hittites, a instauré
pour la première fois, un contrat entre deux entités politiques basé sur le principe de
réciprocité. Au IX siècle avant JC, sur une période de près de 300 ans, les cités grecques
d’Athènes et de Sparte ont signé plus de dix traités et des accords de défense communs. Au
XI siècle, les relations commerciales et maritimes qui se développent entre les peuples
aboutissent à la création des premières ambassades.
La pratique des relations internationales est donc antérieure à la création des Etats. Bien
qu’elles n’étaient pas encore appelées Etats, les entités politiques entretenaient déjà divers
types de relations. Ce n’est en réalité en 1648 que ces entités, désormais appelées Etats, ont
été créés à la suite de la signature des traités de Westphalie entre la Suisse et les Pays bas par
rapport au Saint Empire Germanique. Considérés comme les textes fondateurs du droit
international, ces traités posent deux principes qui déterminent les rapports entre les Etats : la
souveraineté et l’égalité. Durant cette période, on désignait par relations internationales, les
rapports qui existent entre les abstractions que sont les Etats. Cette acception des RI va
évoluer au gré des transformations de la scène internationale et de l’apparition de la discipline
des relations internationales.
En tant que discipline scientifique, les relations internationales vont se développer au
lendemain de la première guerre mondiale. Les conséquences néfastes que ce conflit mondial
a entrainées, ont suscité au sein de la communauté scientifique, un intérêt croissant pour les
études internationales. Une question centrale dominait les analyses : comment éviter les
conflits futurs et créer une société internationale marquée par la paix et la coopération
pacifique entre les Etats ? Les juristes notamment les spécialistes du droit international,
préconisaient la création d’institutions et d’organisation internationales, la résolution
pacifique des différends, la promotion de la démocratie, la prise en compte de la morale dans
les relations interétatiques. Cependant, l’échec de la Société des Nations qui s’est manifesté
par son incapacité à empêcher la seconde guerre mondiale a remis en question les approches
juridiques et favoriser l’émergence d’approches inspirées d’autres sciences sociales.
L’idéalisme qui a prévalu dans les approches juridiques a cédé la place au réalisme. Dominée
par les auteurs comme Edwards CARR, Hans Morgenthau, l’école américaine de relations
internationales, fondée sur la théorie réaliste, envisage une scène internationale au sein de
laquelle, les Etats, en quête de puissance, luttent constamment pour satisfaire leurs intérêts
nationaux. L’école Anglaise quant à elle, représentée par des auteurs comme Martin Wight,
Hedley Bull, David Mitrany, John Burton, analyse les relations internationales comme un
faisceau complexe de relations entre Etats qui forme une «société internationale».
Contrairement à la théorie réaliste qui prône la thèse de l’état de nature au sens «hobbesien»
du terme, l'école anglaise adopte une conception fondée sur les travaux de John Locke. L'état
de nature est perçu comme un état d'égalité sans juge impartial.
Le développement des écoles confère peu à peu à la discipline des relations internationales,
un véritable statut de science sociale. Elle a un objet (l’étude des phénomènes internationaux)
et une méthode qui semble se perfectionner progressivement. La notion de théorie des
relations internationales prend effectivement sens et se fonde sur l’observation empirique et le
raisonnement logique. Le but recherché est d’apporter « ordre et signification à une masse
de phénomènes qui, sans cela, resteraient sans lien et inintelligibles ». L’étude scientifique
des Relations internationales consiste, selon Daniel COLARD, « à examiner positivement et
globalement les phénomènes internationaux, à mettre en lumière les liens de causalité et les
facteurs déterminants de la révolution et à tenter d’en formuler une théorie intelligible ».
Cependant, malgré cette ascension, les relations internationales ont du mal à s’affirmer
comme une discipline scientifique autonome. La première raison vient de ce qu’elles sont
parfois considérées comme une discipline de la science politique. La seconde raison
s’explique par le fait que l’étude des relations internationales a pendant longtemps été
dominée par l’histoire et le droit. Aujourd’hui, d’autres disciplines des sciences sociales
comme l’anthropologie, l’économie, la géographie, la psychologie et la sociologie
revendiquent une place dans l’étude des phénomènes internationaux.
L’étude des relations internationales dans les autres disciplines des sciences sociales
ne constitue pas en réalité un obstacle à l’éclosion de cette science. Elles contribuent à
enrichir son champ d’investigation et son niveau d’analyse. Ainsi par exemple, la sociologie a
contribué de manière déterminante à enrichir l’objet d’étude des relations
internationales. En intégrant de nouveaux concepts à cette discipline, elle a permis de mieux
saisir la complexité des relations qui se tissent dans le champ international entre les divers
acteurs. Elle analyse les évènements internationaux comme des faits de société. Les
relations internationales cessent d’être considérées comme des phénomènes internationaux
détachés de leur environnement interne, mais comme des « faits sociaux » qui
s’internationalisent.
Ainsi, grâce aux travaux de sociologues, on sait désormais que la définition qui
considère les relations internationales comme des relations entre les Etats et leurs
gouvernements présente plusieurs limites : elle ne prend pas en compte ni la notion d’espace,
ni la pluralité des acteurs qui participent à ces relations, encore moins la nature des flux
échangés. La sociologie a le mérite de combler ces lacunes. Non seulement elle prend en
considération le critère de localisation géographique et la multiplicité des acteurs, mais aussi,
elle admet que les flux échangés ne sont pas seulement politiques, économiques,
commerciaux mais aussi, culturels. On désigne donc par relations internationales, « les flux
de toutes natures et de toutes origines qui transgressent les frontières, échappant à
l’emprise d’un pouvoir étatique unique ou auxquels participent des acteurs qui se
rattachent à des sociétés étatiques différentes ». Dans le même sens, Dario Battistella,
affirme que : « De nos jours, on entend par relations internationales l’ensemble des
relations qui se déroulent au-delà de l’espace contrôlé par les Etats pris individuellement,
quel que soit l’acteur- étatique ou non- concerné par ces relations, et quelle que soit la
nature- politique ou autre- de ces relations ».