Diabete 99 Rap
Diabete 99 Rap
Diabete 99 Rap
DE TYPE 2 A L’EXCLUSION
DU SUIVI DES COMPLICATIONS
JANVIER 1999
Éléments d’évaluation pour le choix et l’emploi des différentes classes de produits de contrastes iodés hydrosolubles
lors des examens tomodensitométriques et urographiques - juin 1994
Recommandations en cas d’inefficacité des transfusions de plaquettes au cours des thrombopénies d’origine centrale -
janvier 1995
Évaluation et état des connaissances concernant l’incontinence urinaire de l’adulte - janvier 1995
Prise en charge en urgence d’un patient hémophile suspect d’hémorragie - septembre 1996
Indications de l’épuration extra-rénale dans l’insuffisance rénale chronique terminale - septembre 1996
Indications, contre-indications et conditions d’utilisation des transfusions de produits sanguins labiles - avril 1997
Prise en charge hospitalière des adolescents après une tentative de suicide – mars 1999
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intellectuelle, seules sont autorisées, d'une part, les reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non
destinées à une utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou
d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées.
AVANT-PROPOS
Les recommandations professionnelles contenues dans ce document ont été élaborées par un
groupe multidisciplinaire de professionnels de santé, selon une méthodologie explicite, publiée
par l’ANAES dans son document intitulé : « Les Recommandations pour la Pratique Clinique –
Base méthodologique pour leur réalisation en France – 1997 ».
La méthode utilisée a été celle décrite dans le guide d’élaboration des « Recommandations pour
la Pratique Clinique – Base méthodologique pour leur réalisation en France – 1997 » publié par
l’ANDEM.
L’ensemble du travail a été coordonné par Madame le Docteur Sabine LAVERSIN sous la
responsabilité de Monsieur le Professeur Alain DUROCHER.
GROUPE DE TRAVAIL
GROUPE DE LECTURE
SOMMAIRE
ARGUMENTAIRE ................................................................................................................................................................. 29
II. QUELS SONT LES OBJECTIFS GENERAUX DU SUIVI DU PATIENT DIABETIQUE DE TYPE 2 ?
IMPORTANCE DE L’EDUCATION DU PATIENT .......................................................................................................... 37
III. QUELS SONT LES OBJECTIFS GLYCEMIQUES A PROPOSER ET QUEL EST LE SUIVI A RECOMMANDER
POUR ATTEINDRE CES OBJECTIFS ?......................................................................................................................... 40
III.1. ARGUMENTS POUR APPLIQUER AU DIABETE DE TYPE 2 LES LEÇONS DU DCCT (BON CONTROLE
GLYCEMIQUE) VIS-A-VIS DU RISQUE DE COMPLICATIONS MICROVASCULAIRES ...................................................... 43
III.2. INCERTITUDES CONCERNANT L’EFFICACITE D’UN BON CONTROLE GLYCEMIQUE DU DIABETE DE TYPE
2 VIS-A-VIS DU RISQUE DES COMPLICATIONS MACROVASCULAIRES ....................................................................... 45
III.3. RISQUES D’UN CONTROLE GLYCEMIQUE STRICT ..................................................................................................... 49
III.4. OBJECTIFS ET SUIVI DU CONTROLE GLYCEMIQUE DU DIABETE DE TYPE 2 NON COMPLIQUE .................................... 49
V. QUEL EST LE SUIVI A RECOMMANDER POUR DEPISTER LES COMPLICATIONS DU DIABETE DE TYPE 2
ET EN PREVENIR LA SURVENUE ? ............................................................................................................................ 79
V.2.1. ATTEINTE RENALE CHEZ LE DIABETIQUE DE TYPE 2 : LES PRINCIPALES DONNEES DE LA LITTERATURE.............. 85
V.2.2. QUELS EXAMENS PRATIQUER POUR DEPISTER UNE ATTEINTE RENALE CHEZ LE DIABETIQUE DE TYPE 2 ?.......... 90
VII. QUEL EST LE RYTHME DES CONSULTATIONS A RECOMMANDER POUR LE SUIVI DU DIABETIQUE DE
TYPE 2 NON COMPLIQUE ?..................................................................................................................................... 112
METHODE GENERALE
Ces recommandations et références médicales ont été élaborées par un groupe de travail, au
terme d’une analyse de la littérature scientifique et de l’avis des professionnels. Le texte a été
soumis à un groupe de lecture avant d’être finalisé. Les sociétés scientifiques ont été consultées
pour connaître les travaux réalisés antérieurement sur le sujet et pour proposer des personnes
susceptibles de participer aux groupes.
Pour chaque thème, l’ANAES a constitué un groupe de travail regroupant dix à quinze
personnes de diverses compétences. La parité du mode d’exercice (spécialistes et non-
spécialistes en CHU ou CHG, spécialistes ou généralistes libéraux) et la répartition
géographique ont été prises en compte. Ces groupes de travail comprenaient un président (qui a
dirigé le groupe et collecté les avis de l’ensemble des membres) et un chargé de projet (qui a
collaboré directement avec le président, et a rédigé le document final afin de le proposer et de le
discuter avec le groupe de travail). Un représentant de l’ANAES a assisté chaque groupe, s’est
assuré de la cohérence de la méthode de travail et a exercé une fonction de conseil auprès du
chargé de projet.
Une recherche bibliographique a été réalisée par interrogation systématique des banques de
données : MEDLINE, EMBASE, HealthSTAR, COCHRANE et PASCAL. Elle a identifié
d'une part les recommandations pour la pratique clinique et les conférences de consensus (sur
dix ans en toutes langues) et d'autre part les revues de synthèse : méta-analyses, analyses de
décision (sur cinq ans en langue française ou anglaise). Elle a été généralement complétée par
une recherche d’essais cliniques en langue française ou anglaise, sur un ou plusieurs aspects du
thème demandé. Si nécessaire, d’autres banques de données ont pu être interrogées. La
littérature grise (c’est-à-dire les productions non indexées dans les catalogues officiels d’édition
ou dans les circuits conventionnels de diffusion de l’information) a été systématiquement
recherchée (par contacts directs auprès de sociétés savantes, par Internet ou tout autre moyen).
Cette bibliographie obtenue par voie automatisée a été complétée par une recherche manuelle.
D’une part, les membres du groupe de travail ou du groupe de lecture ont pu transmettre leurs
articles. D’autre part, les sommaires de revues générales et de revues du thème concerné ont été
dépouillés pendant la période de novembre 1997 à avril 1998. De plus, les listes de références
citées dans les articles déjà identifiés ont été consultées. Par ailleurs, les décrets, arrêtés et
circulaires du ministère de la Santé pouvant avoir un rapport avec le sujet ont été consultés.
Des grilles de lecture destinées à apprécier la qualité méthodologique et le niveau de preuve
scientifique de ces documents ont été utilisées. Les documents ont été classés selon les grilles
en différentes catégories. Sur la base de cette analyse de la littérature, le groupe de travail a
proposé, chaque fois que possible, des recommandations. Ces recommandations ont été fondées
soit sur un niveau de preuve scientifique, soit, en l’absence de preuve, sur un accord
professionnel. Des propositions d’actions futures ont été formulées.
Recherche automatisée :
La recherche documentaire a été réalisée sur la période 1987 à fin avril 1998.
La recherche documentaire a porté sur la recherche de recommandations pour la pratique
clinique, de conférences de consensus, d’article de décision médicale et de revues de la
littérature et méta-analyses, à partir des mots clés suivants :
Des recherches complémentaires portant sur la période 1993-1998 ont été effectuées sur :
➥ Les complications
Hemoglobin A, glycosylated ou
Glycosylated hemoglobin ou
Lipoproteins, HDL cholesterol ou
High density lipoprotein cholesterol ou
Lipoprotein, LDL cholesterol ou
Low density lipoprotein cholesterol ou
Cholesterol blood level ou
Lipoprotein A ou
Fundus oculi ou
Ophthalmoscopy ou
Fluorescence angiography ou
Fluorescein angiography ou
Microalbuminuria ou
Proteinuria ou
Creatinine ou
Creatinine blood level ou
Electromyography ou
Neural conduction ou
Nerve conduction ou
Thallium radioisotopes ou
Thallium 201 ou
Scintigraphy ou
Scintiscanning ou
Ultrasonography, doppler ou
Echography, ou
Electrocardiography.
le mot clé :
Diabetes mellitus
a été associé à :
Renal artery obstruction ou
Kidney artery stenosis.
Une recherche de la littérature française a été réalisée spécifiquement sur la banque de données
PASCAL depuis 1992.
1 134 références ont été obtenues sur MEDLINE, 430 sur EMBASE, 29 sur HealthSTAR ET
142 sur PASCAL.
Recherche manuelle :
Le sommaire des revues suivantes a été dépouillé de début octobre 1997 à fin avril 1998.
Revues générales :
Annals of Internal Medicine ;
Archives of Internal Medicine ;
British Medical Journal ;
Canadian Medical Association Journal ;
Concours Médical ;
JAMA ;
Lancet ;
New England Journal of Medicine ;
Presse Médicale ;
Revue de Médecine Interne ;
Revue du Praticien MG.
Revues spécialisées :
Diabetes Care ;
Diabetologia ;
Diabetes ;
Diabète et Métabolisme.
419 articles ont été sélectionnés dont 131 références utilisées pour l’élaboration des
recommandations.
DIAGNOSTIC
• Le diabète sucré est défini par une glycémie à jeun (au moins 8 h de jeûne)
≥ 1,26 g/l (7 mmol/l) vérifiée à 2 reprises (grade B). Ce critère de diagnostic n’est
pas un seuil d’intervention pharmacologique ;
• il n’est pas recommandé de doser l’hémoglobine glyquée ni de réaliser une
hyperglycémie par voie orale pour poser le diagnostic de diabète sucré (accord
professionnel) ;
• les arguments en faveur du diabète de type 2 sont des arguments cliniques de
probabilité : âge supérieur à 40 ans, index de masse corporelle supérieur à 27
(kg/m2), absence de cétonurie (ou faible), antécédents familiaux de diabète de
type 2 (accord professionnel) ;
• la découverte d’une complication, en dehors de sa prise en charge spécifique, ne
modifie pas les règles de suivi vis-à-vis du dépistage et de la prévention des autres
complications. Elle les renforce (accord professionnel) dans la mesure où la
1. Après mise en œuvre des mesures diététiques et/ou des mesures médicamenteuses visant à améliorer le
contrôle glycémique.
2. Facteurs de risque de maladie coronaire, à prendre en compte chez les sujets ayant une élévation du LDL-
cholestérol
• âge : homme de 45 ans ou plus, femme de 55 ans ou plus, ou femme ayant une ménopause précoce sans
œstrogénothérapie substitutive
• antécédents familiaux de maladies coronaires précoces (infarctus du myocarde ou mort subite avant
l’âge de 55 ans chez le père ou chez un parent du premier degré de sexe masculin ; ou avant 65 ans chez
la mère ou chez un parent féminin du premier degré) ; ou d’artériopathie quel que soit le siège.
• tabagisme en cours
• hypertension artérielle (PA supérieure ou égale à 140/90 mmHg ou traitement antihypertenseur en
cours)
• HDL-cholestérol inférieur à 0,35 g/l (0,9 mmol/l)
• taux des triglycérides > 2 g/l
• présence d’une microalbuminurie.
3. Facteur protecteur
• HDL-cholestérol supérieur ou égal à 0,60 g/l (1,6 mmol/l) ; soustraire alors « un risque » au score de
niveau de risque.
Valeurs du LDL-cholestérol calculées (si triglycérides < 4,5 g/l) ou mieux directement mesurées.
renforcer la prise en charge dans tous les domaines. La présence d’une micro-
albuminurie est aussi un facteur prédictif du risque de développer une
protéinurie mais n’est pas un facteur prédictif direct validé du risque de
développer une insuffisance rénale chronique chez le diabétique de type 2 ;
• il convient de pratiquer une fois par an chez le diabétique de type 2 la recherche
d’une protéinurie par la bandelette urinaire standard. Ce test a aussi pour but de
rechercher une hématurie et/ou une infection urinaire qui demandent des
explorations spécifiques et qui peuvent fausser l’interprétation de l’albuminurie ;
• il convient de mesurer une fois par an la microalbuminurie, si le test par la
bandelette urinaire standard est négatif. Cette mesure de la microalbuminurie
peut se faire sur un échantillon urinaire au hasard (exprimé en rapport de
concentration albumine/créatinine) ou sur les urines de la nuit et/ou des 24 h. Le
résultat sera considéré comme pathologique s’il est confirmé à deux reprises (un
dépistage, deux confirmations) ;
• une microalbuminurie et/ou une protéinurie confirmées devront être quantifiées
sur les urines des 24 h ;
• un examen cytobactériologique des urines systématique annuel n’est pas
recommandé.
DÉPISTAGE DES COMPLICATIONS NEUROLOGIQUES ET PRÉVENTION DE LA
PLAIE DU PIED
• Il convient de procéder une fois par an à un examen neurologique à la recherche
de signes de neuropathie périphérique symptomatique. Recherche par
l’interrogatoire de paresthésies et/ou de douleurs ;
• les explorations neurophysiologiques ne sont pas recommandées dans le cadre du
suivi du diabète de type 2 non compliqué ;
• il convient de procéder une fois par an à un examen clinique méthodique du pied
pour dépister les sujets à risque de développer une lésion :
– recherche d’une neuropathie sensitive par l’évaluation de la sensibilité tactile
de la plante et du dos du pied, si possible en utilisant la méthode standardisée
du monofilament Nylon,
ARGUMENTAIRE
PREAMBULE
Le thème s’intitule « Suivi du patient diabétique de type 2 à l’exclusion du suivi des
complications ». Les domaines suivants n’ont pas été abordés : le dépistage du diabète, les
modalités thérapeutiques du diabète et des facteurs de risque vasculaire qui lui sont souvent
associés, le suivi et le traitement des différentes complications, la grossesse chez la diabétique
et les mesures particulières à proposer chez la femme diabétique souhaitant un enfant, le
diabète gestationnel, la contraception ou le traitement hormonal substitutif de la ménopause
chez la femme diabétique, l’intolérance au glucose.
Kingdom Prospective Diabetes Study (UKPDS) (4) représente une étude randomisée comparant
bon et moins bon contrôle glycémique, bon et moins bon contrôle d’une hypertension artérielle
par différentes médications. Sans constituer un essai global de suivi, l’UKPDS constitue une
référence clé pour les présentes recommandations.
En l’absence de preuve scientifique sur le rythme optimal des examens à effectuer, la plupart
des recommandations concernant la périodicité des visites médicales et/ou des examens sont
fondées sur un accord professionnel.
L’argumentaire et les recommandations ont été établis selon la méthodologie proposée par
l’ANAES. Chaque article a été analysé selon les principes d’analyse de la littérature afin
d’affecter à chacun un niveau de preuve scientifique. Les grades A, B et C sont attribués aux
recommandations selon le niveau de preuve scientifique figurant dans la classification proposée
par l’ANAES (tableau 1).
Tableau 2. Prévalence globale du diabète en France métropolitaine d’après Delcourt, 1996 (5).
Référence Années Méthodes de recueil Prévalence
(%)
Colvez, 1983 (6) 1974 - 75 Échantillon de 1 188 médecins libéraux 1,8*
Papoz, 1993 (7) 1989 Données de vente des antidiabétiques du ministère de la 1,9
Santé
Blazy, 1993 (8) 1992 Échantillon SOFRES de 20 000 sujets 1,9
Sermet, 1994 (9) 1991 Échantillon de 7 701 ménages (20 417 sujets) 2,5✝
Mesbah, 1995 (10) 1988 Échantillon de 2 283 médecins généralistes 2,1
* taux brut 2,2 %, soit 1,8 % après ajustement sur la fréquence des consultations ; ✝ morbidité ressentie.
L’estimation de la fréquence des cas non dépistés est plus délicate. Deux actions de dépistage
ont permis d’estimer à un taux de l’ordre de 0,4 %, tous âges confondus, la part du diabète non
diagnostiqué dans la population générale soit environ 250 000 personnes (5). La simplification
proposée des critères de diagnostic du diabète sucré devrait permettre l’amélioration du
dépistage et donc augmenter le nombre des cas reconnus. La projection de ces données à l’an
2000 permet d’estimer qu’il y aura une augmentation du nombre de diabétiques de type 2 d’au
moins 10 % en raison de deux phénomènes : l’allongement de la longévité et l’arrivée dans les
tranches d’âge à risque de diabète de la génération du « baby boom » née entre 1945 et 1950
(5).
La gravité du diabète de type 2 est liée à la fréquence et à la gravité des complications qui lui
sont associées. Dans l’étude de cohorte de l’United Kingdom Prospective Diabetes Study
(UKPDS) (4), 3 867 patients ayant un diabète de type 2 nouvellement diagnostiqué ont été
inclus dans un essai thérapeutique dont le protocole est détaillé en annexe 1.
Après un suivi médian de 10 ans, 11 % des patients étaient décédés d’une complication en
rapport avec le diabète et 36 % des patients avaient eu une complication liée au diabète
(tableau 3). Cinquante-neuf pour cent des décès étaient liés au diabète.
Tableau 3. Pourcentage des 3 867 patients de la cohorte UKPDS ayant une complication liée au diabète.
Suivi médian de 10 ans (4).
Complications liées au diabète Fatale (%) Fatale ou non fatale (%)
Macrovasculaire :
Infarctus du myocarde 7,7 15,4
Accident vasculaire cérébral 1,5 5,6
Mort subite 1,1 -
Cardiopathie ischémique - 6,4
Insuffisance cardiaque - 3,0
Microvasculaire :
Rénale 0,3 0,9
Ophtalmique :
Cécité monoculaire - 3,0
Photocoagulation rétinienne - 8,4
Hémorragie du vitré - 0,7
Amputation - 1,2
Pourcentage de patients avec une complication microvasculaire 0,3 8,9
Dans la même cohorte de l’UKPDS (11), plus d’un tiers des 3 867 patients présentaient déjà, au
moment du diagnostic, au moins une complication liée au diabète (tableau 4).
Tableau 4. Prévalence des lésions tissulaires au moment du diagnostic du diabète, à un âge moyen de
59 ans (11).
Complications liées au diabète Prévalence (%)
Rétinopathie (> 1 micro-anévrisme) 21
ECG anormal 18
Infarctus du myocarde 2
Angine de poitrine 3
Claudication intermittente 3
Accident vasculaire cérébral définitif ou transitoire 1
Abolition des pouls aux membres inférieurs (2 ou plus) et/ou pieds ischémiques 14
Abolition des réflexes et/ou diminution de la sensibilité vibratoire 7
Il apparaît clairement que le diagnostic est souvent tardif et que la maladie évolue généralement
depuis de nombreuses années lorsqu’elle est dépistée.
En pratique clinique, la thématique « suivi du patient diabétique de type 2 à l’exclusion du suivi
des complications », à laquelle est limité ce travail de recommandations et références, apparaît
souvent artificielle dans la mesure où de très nombreux diabétiques ont une ou plusieurs
complications dont il faut à l’évidence assurer le suivi. Comme l’indiquent les données de
l’UKPDS (11) (tableau 4), un patient peut avoir une complication par exemple rétinienne et pas
de complication cliniquement décelable dans les autres systèmes, ou toute autre association de
complications parmi les nombreuses possibles. Cette constatation clinique est très fréquente, ce
travail n’a pas été limité aux seuls patients diabétiques n’ayant aucune complication. La
découverte d’une complication au moment du diagnostic ou lors du suivi doit faire l’objet d’une
prise en charge spécifique qui n’a pas été abordée dans ce travail.
La découverte d’une complication ne modifie pas réellement les règles du suivi vis-à-vis du
dépistage et de la prévention des autres complications telles qu’elles ont été analysées dans ce
travail. Néanmoins, la découverte d’une complication rend ces recommandations générales de
suivi plus impératives encore, dans la mesure où la présence d’une complication chez un patient
majore chez ce patient les risques de survenue des autres complications (12).
Cette nouvelle classification des diabètes sucrés tient compte des avancées scientifiques des
dernières années : les diabètes ne sont plus définis par les modalités de leur traitement
(insulinothérapie ou non) mais de plus en plus par ce que l’on sait de leur étiopathogénie. Cette
nouvelle classification implique l’abandon des termes « diabète insulinodépendant », « diabète
non insulinodépendant », « diabète maigre », « diabète gras », « diabète du jeune », « diabète de
la maturité »…
Les diabètes de type 2 représentent un groupe sans doute hétérogène de maladies associant,
dans des proportions variables suivant les patients, déficit de l’insulinosécrétion et
insulinorésistance. La cause de ces anomalies, où la part génétique apparaît prépondérante, est
actuellement inconnue sauf dans quelques cas désormais classés parmi les défauts génétiques
répertoriés de la fonction des cellules β ou de l’action de l’insuline.
Ces critères dont le principal est la constatation à deux reprises d’une glycémie à jeun ≥ 1,26 g/l
(7 mmol/l) en l’absence d’une circonstance clinique diabétogène (affection intercurrente,
médications diabétogènes…) ont été adoptés par le groupe de travail. Ce chiffre de 1,26 g/l
(7 mmol/l), inférieur à la définition retenue jusqu’alors (1,40 g/l ; 7,8 mmol/l), équivaut au
chiffre de 2 g/l deux heures après hyperglycémie provoquée par voie orale et représente le seuil
au-dessus duquel augmente significativement le risque de survenue des complications
microvasculaires et macrovasculaires du diabète sucré.
La pratique de l’hyperglycémie provoquée par voie orale n’est pas recommandée en pratique
clinique. Le dosage de la glycémie est plus simple et le coefficient de variation intra-individuel
est meilleur : 6,4 % pour le dosage de la glycémie versus 16,7 % pour l’HPO (14). Pour
diverses raisons, notamment faute d’une standardisation des méthodes de mesure,
l’hémoglobine glyquée n’est pas un critère de diagnostic du diabète sucré (Cf. Chapitre III.4.1).
Il s’agit d’une simplification des critères du diagnostic plus que de nouveaux critères. Les
calculs de prévalence du diabète sucré dans différentes populations effectués par les experts de
l’ADA (13) ou par le groupe DECODE (15) ont montré que, dans l’ensemble, la prévalence du
diabète de type 2 n’augmentait pas (augmentait de 0,5 % pour le groupe DECODE) avec
l’usage du « nouveau » critère de glycémie à jeun. Il faut en effet avoir à l’esprit qu’on compare
légitimement, dans ces calculs de prévalence, la prévalence du diabète sucré défini par
l’hyperglycémie provoquée par voie orale (ancien critère) à celle du diabète sucré défini par
1,26 g/l sur la seule glycémie à jeun (nouveau critère). On ne compare pas et c’est légitime
deux critères différents de glycémie à jeun. Les experts du groupe DECODE ont montré que
pour une prévalence d’ensemble presque identique, on aboutissait à une reclassification
individuelle de nombreux patients entre diabète sucré et intolérance au glucose.
Un chiffre de glycémie à jeun ≥ 1,26 g/l (7 mmol/l) définit le diabète sucré mais ne constitue
pas un seuil d’intervention pharmacologique, de même que l’hyperglycémie provoquée par voie
orale permettait (ancien critère) de diagnostiquer le diabète sucré mais n’est pas utilisée pour
les choix thérapeutiques.
Pour différencier en pratique clinique le diabète de type 2 des autres variétés nosographiques du
diabète sucré, en particulier pour le différencier du diabète de type 1, le groupe de travail a
retenu (accord professionnel) les critères cliniques proposés dans les recommandations de la
Veterans Health Administration (1), critères simples fondés sur l’âge, le poids et la présence ou
non d’une cétonurie. Des cas de diabète de type 2 dans la famille constituent un argument
probabiliste supplémentaire (tableau 7).
Définitions et recommandations :
Le diabète sucré est défini par une glycémie à jeun (au moins 8 h de jeûne) ≥ 1,26 g/l
(7 mmol/l) vérifiée à deux reprises (recommandation de grade B). Ce critère de diagnostic
n’est pas un seuil d’intervention pharmacologique.
Il n’est pas recommandé de doser l’hémoglobine glyquée ni de réaliser une hyperglycémie
par voie orale pour faire le diagnostic de diabète sucré (accord professionnel).
Les arguments en faveur du diabète de type 2 sont des arguments cliniques de
2
probabilité : âge supérieur à 40 ans, index de masse corporelle supérieur à 27 (kg/m ),
absence de cétonurie (ou faible), antécédents familiaux de diabète de type 2 (accord
professionnel).
La découverte d’une complication, en dehors de sa prise en charge spécifique, ne modifie
pas les règles de suivi vis-à-vis du dépistage et de la prévention des autres complications.
Elle les renforce (accord professionnel) dans la mesure où la présence d’une complication
majore le risque de survenue des autres complications de la maladie.
II. QUELS SONT LES OBJECTIFS GENERAUX DU SUIVI DU PATIENT DIABETIQUE DE TYPE
2 ? IMPORTANCE DE L’EDUCATION DU PATIENT
Les objectifs généraux de la prise en charge d’un patient diabétique de type 2 sont les suivants
(accord professionnel) :
• réduire ou supprimer les éventuels symptômes (polyuro-polydypsie, asthénie…) ;
• dépister et prévenir les complications, ophtalmologiques, rénales, nerveuses,
macrovasculaires… ;
• promouvoir l’autonomie des patients en leur apprenant à se surveiller et/ou se traiter
eux-mêmes ;
une diminution des lésions importantes du pied de 59 % dans le groupe éduqué (OR : 0,41 ; IC
à 95 % : 0,16 - 1,00). D’autres études ont montré l’efficacité des conseils diététiques en continu
(3).
Les consultations doivent être l’occasion de cette éducation. C’est une raison majeure pour
rapprocher le rythme des consultations initiales, dans les semaines et mois qui suivent le
diagnostic. Bien que non validée à cet égard par des essais cliniques contrôlés,
l’autosurveillance glycémique peut constituer un outil utile pour cette éducation (accord
professionnel).
Concrètement, les consultations initiales doivent comporter un contenu d’éducation : donner
des informations sur ce qu’est le diabète, ses complications et son traitement en s’enquérant des
connaissances et des croyances du patient sur sa maladie ; assurer une formation à l’autogestion
de la maladie et du traitement en particulier dans les domaines de la diététique et de l’activité
physique, enfin fixer avec le patient des objectifs à la fois sur le plan des paramètres
métaboliques (glycémie, poids) et en terme de changement de comportement. Lors des
consultations de suivi d’un diabétique de type 2, il convient d’évaluer régulièrement les acquis
du patient en matière d’éducation en partant de l’analyse de ses difficultés à atteindre les
objectifs fixés en commun avec le médecin, tant sur le plan de l’équilibre alimentaire, de
l’exercice physique, de la prise médicamenteuse ou de l’arrêt du tabac. Il s’agit d’aider le
patient à adopter une stratégie de résolution de problèmes grâce à une pratique de partenariat.
Recommandations :
L’éducation a une place importante dans la prise en charge et le suivi du diabétique de
type 2 (recommandation de grade B).
Les consultations initiales doivent comporter un contenu d’éducation : donner des
informations sur ce qu’est le diabète, ses complications et son traitement ; assurer une
formation à l’autogestion de la maladie et du traitement, en particulier dans les domaines
de la diététique et de l’activité physique, de manière que le patient puisse acquérir une
réelle autonomie (accord professionnel).
Lors des consultations de suivi, il convient d’évaluer les acquis en matière d’éducation, de
comportements, d’observance du traitement hygiéno-diététique (régime alimentaire,
exercice physique, arrêt du tabac) (accord professionnel).
III. QUELS
SONT LES OBJECTIFS GLYCEMIQUES A PROPOSER ET QUEL EST LE SUIVI A
RECOMMANDER POUR ATTEINDRE CES OBJECTIFS ?
Dans le diabète de type 1, un contrôle glycémique strict prévient et/ou retarde la survenue et/ou
limite la progression des complications dites spécifiques ou microvasculaires, rétinopathie,
glomérulopathie, neuropathie. L’essai randomisé du DCCT (Diabetes Control and
Complications Trial) (19) l’a formellement démontré. Cet essai a porté sur 1 441 patients,
randomisés entre un traitement insulinique intensif avec objectif de normoglycémie et un
traitement insulinique conventionnel sans objectif de normoglycémie et suivis en moyenne
6 ans. Le critère de contrôle glycémique retenu pour l’analyse des résultats du DCCT a été
l’HbA1c. Le risque macrovasculaire était cinq fois moindre dans le groupe traité de manière
intensive, différence non significative du fait du faible nombre absolu d’événements cardio-
vasculaires chez ces patients de moins de 40 ans à l’inclusion.
Un essai clinique contrôlé (4), d’une importance majeure, concernant le contrôle glycémique
dans le diabète de type 2 vient d’être publié. Entre 1977 et 1997, l’UKPDS (4) a comparé deux
groupes de patients ayant des objectifs glycémiques différents. Pour le groupe traité de façon
intensive (groupe « intensif »), l’objectif était une glycémie à jeun inférieure à 6 mmol/l
(n = 2 729). Pour le groupe traité de façon conventionnelle (groupe « conventionnel »),
l’objectif était une glycémie à jeun inférieure à 15 mmol/l (n = 1 138). Le suivi médian a été de
10 ans (protocole détaillé en annexe 1).
Sur les 10 ans, la moyenne cumulée d’HbA1c était de 7 % dans le groupe « intensif » et de
7,9 % dans le groupe « conventionnel » (p < 0,0001). Dans le groupe « conventionnel », la
glycémie à jeun et l’HbA1c ont augmenté progressivement pendant toute la période de l’essai.
Dans le groupe « intensif », la glycémie à jeun et l’HbA1c ont baissé la première année pour
augmenter ensuite de manière parallèle au groupe « conventionnel ».
Dans le groupe traité de façon intensive, il y avait une réduction significative de 12 % du risque
de développer une complication liée au diabète par rapport au groupe traité de façon
conventionnelle. La réduction de 10 % du risque de décéder d’un événement lié au diabète
n’était pas statistiquement significative. Le résultat le plus remarquable concerne les
complications microvasculaires réduites significativement de 25 % dans le groupe traité de
façon intensive (tableau 8). Le résultat est essentiellement lié à la diminution des lésions
nécessitant une photocoagulation rétinienne.
Un décès par hypoglycémie a été constaté dans le groupe traité de façon intensive et un décès
par hyperglycémie dans le groupe traité de façon conventionnelle.
Le nombre de patients à traiter de façon intensive pour prévenir la survenue d’un événement lié
au diabète sur une période de 10 ans est de 19,6.
C’est en s’appuyant sur cette étude (4), sur des études de cohorte dans l’ensemble convergentes
et sur des arguments physiopathologiques que la totalité des experts et le groupe de travail
estiment qu’on peut appliquer au diabète de type 2 les leçons du DCCT en ce qui concerne les
complications dites spécifiques ou microvasculaires, à un moindre degré en ce qui concerne
l’intérêt d’un contrôle glycémique strict vis-à-vis du risque des complications
macrovasculaires.
Tableau 8. Étude UKPDS. Proportion de patients avec des événements cliniques en fonction de l’objectif
glycémique (4).
Patients avec événement Risque absolu : événements P RR* pour
pour 1 000 patients-année traitement
intensif (IC)†
Intensifs Conventionnels Intensifs Conventionnels
(n = 2 729) (n = 1 138)
Tout événement lié au 963 438 40,9 46,0 0,029 0,88 (0,79-0,99)
diabète
Décès lié au diabète 285 129 10,4 11,5 0,34 0,90 (0,73-1,11)
Mortalité toutes causes 489 213 17,9 18,9 0,44 0,94 (0,80-1,10)
Infarctus du myocarde 387 186 14,7 17,4 0,052 0,84 (0,71-1,00)
Accident vasculaire 148 55 5,6 5,0 0,52 1,11 (0,81-1,51)
cérébral
Amputation ou décès lié 29 18 1,1 1,6 0,15 0,65 (0,36-1,18)
à une maladie vasculaire
périphérique
Microvasculaire 225 121 8,6 11,4 0,0099 0,75 (0,60-0,93)
Événements isolés
Infarctus du myocarde 207 90 7,6 8,0 0,63 0,94 (0,68-1,30)
fatal
Infarctus du myocarde 197 101 7,5 9,5 0,057 0,79 (0,58-1,09)
non fatal
Mort subite 24 18 0,9 1,6 0,047 0,54 (0,24-1,21)
Insuffisance cardiaque 80 36 3,0 3,3 0,63 0,91 (0,54-1,52)
Angine de poitrine 177 72 6,8 6,7 0,91 1,02 (0,71-1,46)
Accident vasculaire 43 15 1,6 1,3 0,60 1,17 (0,54-2,54)
cérébral fatal
Accident vasculaire 114 44 4,3 4,0 0,72 1,07 (0,68-1,69)
cérébral non fatal
Décès lié à une maladie 2 3 0,1 0,3 0,12 0,26 (0,03-2,77)
vasculaire périphérique
Amputation 27 18 1,0 1,6 0,099 0,61 (0,28-1,33)
Décès dû à une maladie 8 2 0,3 0,2 0,53 1,63 (0,21-12,49)
rénale
Insuffisance rénale 16 9 0,6 0,8 0,45 0,73 (0,25-2,14)
Photocoagulation 207 117 7,9 11,0 0,0031 0,71 (0,53-0,96)
rétinienne
Hémorragie du vitré 19 10 0,7 0,9 0,51 0,77 (0,28-2,11)
Cécité monoculaire 78 38 2,9 3,5 0,39 0,84 (0,51-1,40)
Chirurgie pour cataracte 149 80 5,6 7,4 0,046 0,76 (0,53-1,08)
Décès dû à une 0 1 0 0,1
hyperglycémie
Décès dû à une 1 0 0 0
hypoglycémie
Décès dû à un accident 5 2 0,2 0,2 0,99 1,01 (0,12-8,70)
Décès dû à un cancer 120 50 4,4 4,4 0,92 0,98 (0,64-1,52)
Décès dû à toute autre 65 30 2,4 2,7 0,57 0,88 (0,50-1,56)
cause spécifique
Décès de cause 14 2 0,5 0,2 0,14 2,88 (0,41-20,19)
inconnue
†
* RR : risque relatif ; IC (intervalle de confiance) à 95 % pour les événements agrégés et IC à 99 % pour les événements isolés.
III.1. ARGUMENTS POUR APPLIQUER AU DIABETE DE TYPE 2 LES LEÇONS DU DCCT (BON CONTROLE
GLYCEMIQUE) VIS-A-VIS DU RISQUE DE COMPLICATIONS MICROVASCULAIRES
L’argument essentiel est fourni par l’UKPDS (4) (tableau 8). Les résultats de cette étude
d’intervention viennent confirmer les données antérieures issues d’études d’observation.
Gaster (20) a effectué une revue de la littérature en langue anglaise de 1970 à 1997 (en ne
retenant que les études de cohorte prospectives et les études randomisées) concernant le lien
entre contrôle glycémique et complications du diabète de type 2.
Dans ces études (21-33), l’incidence cumulée au fil des années des complications rétiniennes,
rénales et nerveuses du diabète sucré apparaît identique, à niveau glycémique ajusté, dans le
diabète de type 1 et le diabète de type 2 (tableau 9).
Tableau 9. Incidence cumulée (en %) des complications spécifiques du diabète sucré de type 1 et de
type 2 d’après Gaster, 1998 (20) .
Complication Diabète de type 1 Diabète de type 2
* 30 - 56 16 - 37
Rétinopathie proliférative
Protéinurie > 300 mg/j✝ 41 - 45 46 - 50
Neuropathie distale** 54 - 59 37 - 45
Les chiffres sont issus des études d’observation suivantes (plus de 10 ans de recul) : *(21-25) ; ✝ (25-29) ; **(30-33).
Les données expérimentales concernant les bases physiopathologiques proposées pour rendre
compte du lien entre hyperglycémie chronique et survenue des complications spécifiques, en
particulier la glycation des protéines, sont identiques entre diabète de type 1 et de type 2 (34,
35).
Les données épidémiologiques vont dans le même sens : Gaster (20) a colligé dans sa revue
générale 20 études analysables démontrant une forte association indépendante entre
hyperglycémie et complications microvasculaires du diabète de type 2, 13 études concernaient
la rétinopathie, 5 la néphropathie, 2 la neuropathie. La WESDR (Wisconsin Epidemiologic
Study of Diabetic Retinopathy) (24, 36, 37) est la plus importante de ces études de cohortes.
Parmi les 696 patients non insulino-requérants de l’étude, 281 ont été suivis 10 ans et
l’incidence de survenue d’une rétinopathie a été corrélée au taux d’hémoglobine glyquée
(tableau 10).
Tableau 10. Incidence de la rétinopathie en fonction du taux de l’hémoglobine glyquée (24, 36).
Hémoglobine glyquée en quartile (%) 1 2 3 4
5,4 - 7,6 7,7 - 8,6 8,7 - 10,0 10,1 - 20,8
Nombre de patients 91 71 69 50
Incidence de la rétinopathie (%) 47 57 84 90
• l’étude pilote dite des VA (Veterans Affairs) (41) a concerné 153 hommes diabétiques
de type 2 échappant au traitement oral et dont certains avaient déjà des complications,
notamment cardio-vasculaires. Ils ont été répartis en deux groupes (1 et 2) par tirage
au sort. Seul le groupe 1 a bénéficié d’un contrôle intensif de la glycémie par une
insulinothérapie adaptée. Après 27 mois de suivi, les valeurs moyennes d’HbA1c
étaient significativement différentes : 7,3 % dans le groupe 1 versus 9,4 % dans le
groupe 2 (p < 0,001). Dans le groupe 2, l’albuminurie des 24 h augmentait de 14 à
158 mg, la différence par rapport au taux initial était significative (p = 0,008). Dans le
groupe 1, l’albuminurie des 24 h augmentait de 11 à 44 mg et la différence n’était pas
significative. L’incidence de la rétinopathie et des maladies coronariennes n’était pas
significativement différente entre les deux groupes sur ce court laps de temps. Il
s’agissait d’un essai pilote de faisabilité qui manquait à la fois de puissance et de recul.
Une modélisation utilisant un modèle de Markov et appliquant au diabète de type 2 les chiffres
du DCCT (19) sur le risque de survenue et/ou de progression des seules complications
microvasculaires a conclu que le bon contrôle glycémique serait bénéfique, en particulier chez
les patients dont le diabète a été diagnostiqué jeune. Ainsi, pour un patient dont le diabète s’est
développé avant l’âge de 50 ans, réduire le niveau d’HbA1c de 9 % à 7 % conduit à une
diminution du risque de cécité de 2,3 % (0,3 à 2,6 %). Le même changement chez un patient
diagnostiqué à 65 ans conduit à une diminution de ce risque de 0,5 % (42).
Recommandation :
Un bon contrôle glycémique du diabète de type 2 est recommandé pour retarder, voire
prévenir, la survenue et/ou ralentir la progression des complications dites
microvasculaires (recommandation de grade A).
Différentes études d’observation ont formellement démontré que le diabète de type 2 était un
facteur indépendant de risque cardio-vasculaire, notamment l’étude de Framingham chez
l’homme et chez la femme (43), le MRFIT (Multiple Risk Factors Intervention Trial) portant
sur 347 978 hommes dont 5 163 diabétiques suivis en moyenne 12 ans (44) et la Nurses’Health
Study qui sert de référence chez la femme (45). Il reste à savoir si l’hyperglycémie chronique
représente un facteur de risque vasculaire, au sein de cette maladie métabolique complexe
qu’est le diabète sucré.
Les données des études épidémiologiques prospectives vont dans ce sens. Certes, certaines
études épidémiologiques n’ont pas retrouvé de relation entre niveau glycémique moyen et
risque cardio-vasculaire. Ainsi, Meigs et coll. (46) n’ont observé aucune différence dans la
prévalence des complications cardio-vasculaires chez 1 539 diabétiques de type 2 suivis 9 ans
en comparant les patients par les quartiles des valeurs d’HbA1c.
La plupart des études épidémiologiques prospectives ont montré une relation entre le risque
coronarien et la durée et/ou le degré de l’hyperglycémie :
• l’étude de Göteborg (Suède) (47) a porté sur 595 hommes âgés de plus de 65 ans et a
montré que l’hyperglycémie était un facteur prédictif indépendant de coronaropathie,
plus puissant que les triglycérides ;
• la première étude de Kuopio (Finlande) (48) a porté sur 133 diabétiques de type 2
suivis 10 ans. Le risque relatif de mort coronarienne était augmenté de 3,7 fois par
comparaison à des non-diabétiques appariés, après ajustement pour tous les facteurs de
risque hors la glycémie et l’hémoglobine glyquée. Ce risque était d’autant plus
important que le niveau glycémique moyen était élevé. L’insulinémie et le rapport
taille/hanche n’étaient pas prédicteurs de mort coronarienne ;
• la deuxième étude de Kuopio (Finlande) (49) a porté sur 229 diabétiques âgés de plus
de 65 ans. Seuls le taux d’hémoglobine glyquée à l’inclusion et la durée du diabète ont
été prédicteurs d’un événement coronarien ;
• l’étude du groupe de HH Parving (Danemark) (50) a porté sur 328 patients diabétiques
âgés de moins de 65 ans à l’inclusion et dont 191 étaient au départ albuminuriques.
L’hémoglobine glyquée était un facteur prédictif plus fort de la mortalité cardio-
vasculaire à 5 ans que l’albuminurie ou l’HTA. Ces différents paramètres cumulaient
leurs effets prédicteurs ;
• ces petites études concordantes sont corroborées par les résultats de l’UKPDS. Cette
étude prospective britannique a porté sur 5 102 patients diabétiques de type 2 suivis
plus de 10 ans. Les facteurs de risque coronarien pour 3 055 patients de cette cohorte
suivis 7,9 ans (médiane) ont été publiés en 1998 (51). Le taux de l’HbA1c au-dessus
de 6,2 % était prédicteur d’accident coronarien, chaque augmentation de 1 % du
chiffre de l’HbA1c s’accompagnant d’une augmentation de 11 % du risque coronarien.
À titre d’exemple, avoir une HbA1c supérieure à 7,5 % augmentait de 52 % le risque
de coronaropathie (hazard ratio : 1,52 ; IC à 95 % : 1,15 à 2,01), de 42 % le risque
d’infarctus du myocarde fatal ou non (hazard ratio : 1,42 ; IC : 1,03 - 1,98) et de 72 %
le risque d’infarctus du myocarde fatal (hazard ratio : 1,72 ; IC : 1,06 - 2,77) par
rapport à ceux ayant une hémoglobine HbA1c < 6,2 %. La rétinopathie et la
microalbuminurie n’étaient pas des facteurs indépendants de risque dès lors qu’on les
corrigeait par le taux de HbA1c ;
• une relation de même ordre que dans l’UKPDS entre niveau glycémique et risque
coronarien a été observée pour les patients diabétiques dans l’étude prospective de
Framingham (52).
Une corrélation entre HbA1c et risque cardio-vasculaire chez les patients diabétiques de type 2
dans des études de cohorte ne signifie pas, pour une pathologie d’étiologie multifactorielle
comme l’athérome, qu’on va nécessairement réduire le risque cardio-vasculaire du diabétique
en faisant baisser la glycémie. Il est en effet impossible de séparer avec certitude dans ces
études d’observation ce qui revient à l’hyperglycémie de ce qui revient éventuellement à la
sévérité générale d’un diabète mal contrôlé, à des facteurs génétiques ou environnementaux
pouvant rendre compte du mauvais contrôle, et/ou à des covariables métaboliques.
Seule une étude d’intervention peut établir formellement un lien de causalité entre
hyperglycémie et risque macrovasculaire. Les limites méthodologiques des rares études
d’intervention disponibles pour le diabète de type 2 avant l’UKPDS ont déjà été soulignées.
Leurs résultats vis-à-vis du risque cardio-vasculaire sont donnés dans le tableau 11.
Tableau 11. Événements cardio-vasculaires dans les essais thérapeutiques d’amélioration du contrôle
glycémique.
Il apparaît qu’on ne peut tirer aucune conclusion précise, dans un sens ou dans l’autre, de ces
études. L’étude DIGAMI (53) ne concerne qu’indirectement la thématique de ce travail
puisqu’il s’agissait de comparer une insulinothérapie intensive à un traitement conventionnel
(avec une réduction sous insuline du risque de mortalité cardio-vasculaire) chez des patients
ayant eu un infarctus du myocarde récent.
L’essai contrôlé UKPDS (4) a apporté des arguments supplémentaires, bien qu’à la limite de la
signification, en faveur d’un bénéfice du contrôle glycémique sur le risque cardio-vasculaire.
En effet, dans le groupe traité de façon intensive le risque d’infarctus du myocarde était
diminué de 16 % par rapport au groupe traité de façon non conventionnelle (p = 0,052) (tableau
8). Cette diminution du risque concernait essentiellement l’infarctus du myocarde non fatal (-
21 %, p = 0,057) ; elle n’était pas statistiquement significative pour l’infarctus du myocarde
fatal. Le risque de mort subite était significativement diminué de 46 % dans le groupe traité de
façon intensive (p = 0,047). Cet essai n’a pas montré d’effet significatif sur la survenue
d’accident vasculaire cérébral, d’insuffisance cardiaque, ni d’angine de poitrine. Cependant,
l’analyse de sous-groupes comparant les patients traités par chlorpropamide dans le groupe
intensif par rapport aux patients traités de façon conventionnelle a montré une augmentation du
risque d’angine de poitrine dans le sous-groupe traité par chlorpropamide (+ 46 %, p = 0,04).
Pour mieux établir l’efficacité du contrôle glycémique sur l’infarctus du myocarde, les auteurs
ont proposé de prolonger l’étude pendant encore 5 ans.
En résumé, le groupe souligne qu’existe dans la plupart des études d’observation une
corrélation entre niveau de HbA1c et risque cardio-vasculaire des diabétiques de type 2. Le
groupe de travail observe une réduction du risque macrovasculaire dans l’UKPDS (4) certes à la
limite de la significativité mais pour une différence de moins de 1 % du chiffre de HbA1c entre
groupe « conventionnel » et groupe « intensif ». L’analyse « épidémiologique » de l’UKPDS
suggère que la réduction du risque s’observe pour chaque point en moins de HbA1c. Le groupe
souligne que ces arguments viennent s’ajouter à différents arguments théoriques issus de
données expérimentales.
Recommandation :
Un bon contrôle glycémique du diabète de type 2 est recommandé pour prévenir la
survenue des complications cardio-vasculaires (recommandation de grade B).
Tableau 12. Proportion moyenne de patients par année ayant eu un épisode d’hypoglycémie quel que
soit le groupe de randomisation (dix premières années de suivi) (4).
Un ou plusieurs épisodes majeurs* Tout épisode d’hypoglycémie :
majeurs et mineurs†
Chlorpropamide 0,4 11,0
Glibenlamide 0,6 17,7
Insuline 2,3 36,5
Régime 0,1 1,2
†
* épisode majeur nécessitant l’aide d’un tiers ou une intervention médicale ; épisode mineur : patient capable de se prendre en
charge seul.
seules les valeurs de l’HbA1c ont été validées par les différentes études détaillées aux chapitres
III.1. et III.2., y compris l’UKPDS, pour prédire la survenue et/ou la progression des diverses
complications de la maladie. En d’autres termes, si la glycémie à jeun est l’index validé du
diagnostic de diabète sucré, c’est l’HbA1c qui est l’index validé de la surveillance du contrôle
glycémique d’un diabétique.
HbA0 Composant majeur de l’HbA séparé par chromatographie d’échange ionique ou électrophorèse
Comprend l’Hb glyquée sur les sites ne modifiant pas son pHi
HbA1c Hb glyquée formée par fixation de glucose sur l’extrémité N-terminale des chaînes β de
l’HbA0
Fonction cétoamine stable
Hb pré-A1c Forme labile de l’HbA1c caractérisée par une fonction aldimine (base de Schiff)
Ne doit pas être évaluée en même temps que l’HbA1c
mesure d’une HbA1c chimiquement définie, qui est plus spécifique que la CLHP, dont
les valeurs normales sont d’ailleurs plus basses mais, inconvénient majeur, ces valeurs
n’ont pas été validées par des études prospectives ;
• il appartient aux biologistes de s’informer auprès des fournisseurs des conditions
d’étalonnage de leurs méthodes, et d’exiger de ceux-ci un document de certification
qui leur aura été fourni soit par le NGSP/DCCT, soit par l’IFCC.
• le recours à tout autre organisme de certification ou laboratoire, même se prétendant
« de référence », est déconseillé, ou pour le moins prématuré dans la situation actuelle.
Recommandations :
Le suivi du contrôle glycémique du diabète de type 2 doit reposer sur le dosage de
l’HbA1c effectué tous les 3 à 4 mois.
Pour un patient donné, le dosage de l’HbA1c doit être pratiqué dans le même laboratoire,
pour permettre de comparer les résultats successifs. Le compte rendu du laboratoire doit
spécifier la technique utilisée, si cette technique a été certifiée par les sociétés
internationales de standardisation, l’intervalle des valeurs normales et les coefficients de
Recommandations :
Les objectifs glycémiques se traduisent en objectifs d’HbA1c. Ils doivent être
individualisés en fonction de l’âge du patient, des comorbidités et du contexte
psychosocial. Les critères suivants doivent être pris comme référence :
• l’objectif optimal est une valeur d’HbA1c ≤ 6,5 % ;
• lorsque l’HbA1c est ≤ 6,5 %, il n’y a pas lieu de modifier le traitement (sauf effets
secondaires, par exemple un risque d’accident hypoglycémique sous sulfamides
ou insulinothérapie) ;
• lorsque l’HbA1c se situe entre 6,6 % et 8 % sur 2 contrôles successifs, une
modification du traitement peut être envisagée, en fonction de l’appréciation par
le clinicien du rapport avantages / inconvénients du changement de traitement
envisagé ;
• lorsque l’HbA1c est > 8 % sur 2 contrôles successifs, une modification du
traitement est recommandée (accord professionnel).
* la différence moyenne de l’HbA1c était de - 0,4 dans le groupe ASG versus + 0,5 % dans le groupe sans ASG ; ✝ la
compliance des patients à l’ASG était significativement meilleure pour ceux qui bénéficiaient d’une ASG intensive
(p < 0,0001). **dans l’étude de Gallichan, c’est la fructosamine qui a été dosée à la place de l’HbA1c.
Recommandations :
L’autosurveillance glycémique ne doit pas être recommandée de principe pour le suivi du
diabète de type 2 traité par le régime et/ou les hypoglycémiants oraux car son intérêt dans
cette indication n’est pas actuellement démontré (recommandation de grade B).
L’autosurveillance glycémique est cependant utile, a priori à titre temporaire, pour les 3
indications suivantes (accord professionnel) :
• sensibiliser le patient à l’intérêt de la diététique et d’un exercice physique
régulier. Elle constitue souvent un outil précieux d’éducation ;
• déterminer la posologie d’un sulfamide en début ou lors d’un changement de
traitement oral (notamment pour prévenir les hypoglycémies asymptomatiques) ;
• en cas de maladie intercurrente ou de prescription d’une médication diabétogène.
Le cas des patients diabétiques de type 2 traités par l’insuline est évidemment particulier vis-à-
vis de l’autosurveillance glycémique. Par référence aux données publiées dans le diabète de
type 1 traité par l’insuline, une autosurveillance glycémique pluriquotidienne est nécessaire
chez le patient diabétique de type 2 traité par l’insuline.
Recommandation :
Une autosurveillance glycémique régulière est nécessaire chez le diabétique de type 2
traité par l’insuline (recommandation de grade B).
glycémie à jeun est généralement assez stable chez le diabétique de type 2 non
insulinotraité ;
• l’autosurveillance glycémique, lorsqu’elle a été prescrite, permet un meilleur suivi du
cycle nycthéméral que la glycémie au laboratoire.
Dans les 3 recommandations récentes (1-3), aucune n’a recommandé la mesure de la glycémie
au laboratoire de façon systématique dans le suivi du patient diabétique. L’American Diabetes
Association ne recommande la glycémie au laboratoire que de façon exceptionnelle pour
vérifier la glycémie obtenue par l’autosurveillance glycémique (2). Pour l’ADA, la glycémie au
laboratoire peut être utile pour ajuster le traitement par hypoglycémiants oraux. Pour
sensibiliser le patient à sa maladie et à l’observance du traitement, l’autosurveillance
glycémique est un meilleur outil que la glycémie au laboratoire.
Recommandations :
La mesure de la glycémie au laboratoire n’est pas indispensable pour le suivi du patient
diabétique de type 2.
La mesure de la glycémie au laboratoire garde un intérêt dans les cas particuliers suivants
(accord professionnel) :
• pour contrôler la précision des mesures de glycémie capillaire chez un patient qui
pratique l’autosurveillance glycémique ;
• en cas de changement de traitement, en particulier prescription de sulfamides, ou
encore affection intercurrente ou prescription d’une médication diabétogène,
chez un patient qui ne pratique pas l’autosurveillance glycémique. Il est alors
utile d’avoir des résultats glycémiques sans attendre 3 mois la valeur de l’HbA1c
;
• lorsque les techniques disponibles du dosage de l’hémoglobine glyquée ne
répondent pas aux exigences de qualité définies plus haut. Il est sans doute alors
préférable de disposer d’une mesure fiable de la glycémie.
La base de données du DCCT a permis d’établir les équivalences données dans le tableau 17
entre valeur de HbA1c et glycémie moyenne, cette dernière étant calculée sur plusieurs mesures
de la glycémie réparties dans le nycthémère.
Sauf rares cas particuliers ne relevant pas du soin primaire par le médecin généraliste, la mesure
de la fructosamine n’est pas recommandée pour le suivi du patient diabétique de type 2. Ce
qu’il est convenu d’appeler fructosamine mesure la glycation d’un pool de protéines et reflète le
niveau glycémique des 10-20 jours précédant la mesure. Il faudrait faire des tests 2 fois par
mois pour avoir le même type d’information qu’avec 4 tests par an d’HbA1c. La précision des
méthodes de dosage est médiocre, d’autant que des modifications dans la concentration et la
demi-vie des protéines concernées peuvent modifier les résultats. Ce test n’a pas été validé dans
les études disponibles comme facteur prédictif de la survenue des complications. L’usage de ce
test, pour autant qu’il y en ait un, se limite aux cas où la mesure de l’HbA1c n’est pas indiquée,
par exemple les anémies hémolytiques.
Le groupe recommande la recherche d’une cétonurie si la glycémie est nettement augmentée
(accord professionnel). Aucun chiffre précis de glycémie n’est validé à cet égard. La valeur de
2,50 g/l est souvent proposée.
Recommandation :
Les mesures de la glycosurie et de la fructosamine ne sont pas recommandées pour le suivi
du diabétique de type 2.
IV. QUELS SONT LES OBJECTIFS A PROPOSER VIS-A-VIS DES AUTRES FACTEURS DE
RISQUE VASCULAIRE ET QUEL EST LE SUIVI A RECOMMANDER POUR ATTEINDRE
CES OBJECTIFS ?
Dans l’étude prospective MRFIT (69), 249 hommes diabétiques et 6 851 hommes non
diabétiques âgés de 51 à 59 ans ont été suivis pendant 16 ans. Après ajustement sur l’âge, la
cholestérolémie, la pression systolique, le tabagisme, l’indice de masse corporelle et l’existence
d’une maladie coronaire à l’inclusion, chez les hommes diabétiques par rapport aux non
diabétiques le risque relatif de décès toutes causes était de 2,50 (IC à 95 % : 2,11 - 2,95) et de
2,87 (IC à 95 % : 2,31 - 3,57) pour les décès cardio-vasculaires. L’hypercholestérolémie, le
tabac et une pression artérielle systolique élevée prédisaient la mortalité coronaire et la
mortalité toutes causes chez les hommes diabétiques et chez les non-diabétiques. Chez les
hommes diabétiques, le risque relatif de décès associé à un cholestérol > 7,2 mmol/l comparé à
ceux ayant un cholestérol inférieur à 5,2 mmol/l était de 1,78 (IC à 95 % : 1,05 - 3,02). Dans
cette étude, le niveau glycémique n’était pas étudié, le classement en diabétique ou non était
fondé sur l’interrogatoire. Par ailleurs, il n’était pas possible de distinguer le diabète de type 1
et le diabète de type 2. Cependant, les auteurs précisent que 90 % des patients diabétiques âgés
de plus de 50 ans étaient atteints d’un type 2.
Dans l’étude PORT (Patient Outcomes Research Team), la prévalence déclarée de maladie
cardio-vasculaire mesurée auprès de 1 539 patients diabétiques de type 2, âgés en moyenne de
63 ans (de 31 à 91 ans) était de 51 % (46). Douze pour cent des patients déclaraient avoir
seulement une maladie coronaire, 15 % déclaraient seulement une atteinte vasculaire
périphérique, 5 % déclaraient seulement une maladie cérébro-vasculaire, 15 % déclaraient 2 de
ces pathologies et 4 % les 3. Dans cette étude, l’âge (OR : 1,06 par année ; IC à 95 % : 1,04 -
1,08), le sexe masculin (OR : 1,41 ; IC à 95 % : 1,01 - 1,97), l’hypertension artérielle (OR :
1,52 ; IC à 95 % : 1,46 - 1,57), des antécédents de tabagisme (OR : 1,54 ; IC à 95 % : 1,49 -
1,58) et le ratio cholestérol total/HDL-cholestérol (OR : 1,17 par unité ; IC à 95 % : 1,17 - 1,18)
étaient indépendamment associés à la maladie coronaire. L’âge (OR : 1,07 par année ; IC à
95 % : 1,05 - 1,09), l’indice de masse corporelle (OR : 1,05 par unité, IC à 95 % : 1,03 - 1,07),
un tabagisme actuel (OR : 1,99 ; IC à 95 % : 1,23 - 3,22) et une insulinothérapie (OR : 6,46 ; IC
à 95 % : 1,41 - 29,6) étaient indépendamment associés à une maladie vasculaire périphérique.
L’âge (OR : 1,02 par année ; IC à 95 % : 1,00 - 1,05) et l’hypertension artérielle étaient
Dans l’étude UKPDS, 3 055 patients diabétiques de type 2, âgés en moyenne de 52 ans, ont été
suivis pendant une période médiane de 7,9 ans (51). Au départ de l’étude, les sujets ayant eu un
infarctus du myocarde l’année précédente, ou ayant une angine de poitrine ou une insuffisance
cardiaque étaient exclus. Pendant les 5 premières années, le ratio standardisé de mortalité
n’était pas différent de celui de la population générale probablement à cause de l’exclusion
initiale des sujets ayant un mauvais pronostic vital. Ensuite, le ratio standardisé de mortalité
était significativement différent de celui de la population générale, en particulier chez les
femmes (tableau 18)
Tableau 18. Ratio standardisé de mortalité (RSM) pour 5 071 patients ayant un diabète de type 2
récemment diagnostiqué comparé à la population générale* (51).
Années depuis l’inclusion Nombre de patients RSM P
Hommes 0à<5 2 992 0,94 0,78
Femmes
0à<5 2 079 0,96 0,64
Dans cette étude, les facteurs suivants étaient indépendamment associés à la survenue d’une
coronaropathie :
• l’âge ;
• le sexe masculin ;
• un cholestérol-LDL élevé ;
• un cholestérol-HDL bas ;
• une pression artérielle systolique élevée ;
• un tabagisme actuel ;
bénéfice en risque absolu sera d’autant plus important que le risque vasculaire global est élevé,
même si la mesure thérapeutique est dirigée contre un seulement des différents facteurs de
risque qui contribuent au calcul du risque global. Toutes les études d’intervention ont confirmé
cette interprétation : par exemple l’emploi d’une statine (études CARE : Cholesterol and
Recurrent Events, 4S : the Scandinave Simvastatir Survival Study, Woscops : West of Scotland
Coronary Prevention Study) (78-80) réduit le risque relatif de morbi-mortalité coronarienne de
la même façon chez les diabétiques et les non-diabétiques mais réduit davantage le risque
absolu chez les diabétiques puisque ce risque était au départ plus élevé (alors même qu’on ne
s’adressait pas directement dans ces études au contrôle glycémique, mais plutôt à l’amélioration
du profil lipidique).
L’intérêt du concept de risque vasculaire global (ou absolu) est illustré par ce qu’on sait de
l’impact du diabète sucré en fonction du sexe. Dans la plupart des études, l’excès du risque de
maladie coronaire (risque relatif vs des femmes non diabétiques) est relativement plus élevé
chez les femmes que chez les hommes diabétiques. Cependant, le risque absolu de
coronaropathie est plus élevé chez les hommes que chez les femmes diabétiques (80).
Il a été suggéré par le groupe de travail que les valeurs seuils définies ci-dessous pour la
pression artérielle et les différentes fractions lipidiques soient adaptées à chaque patient après
calcul de son risque vasculaire global. Le groupe de travail a considéré, en accord avec les
recommandations de l’European Society of Cardiology (81) confirmées en 1998 par la Task
Force of European and other Societies on Coronary Prevention, qu’un risque cardio-vasculaire
global ≥ 2 % par an justifiait en soi une intervention thérapeutique (accord professionnel).
Nombre de patients à risque vasculaire se situent entre 1,5 et 2 % par an de risque cardio-
vasculaire global et peuvent tirer bénéfice d’une prise en charge active de prévention du risque.
Cependant, dans l’état actuel d’une prise en charge globalement insuffisante (ou plutôt mal
distribuée entre sujets à haut risque, en moyenne sous-médicalisés, et sujets à faible risque
souvent surmédicalisés) et de la priorité à afficher vis-à-vis des sujets les plus à risque, le
groupe a retenu la valeur seuil proposée au niveau européen.
Le groupe de travail a souhaité que, dans l’avenir, le calcul du risque cardio-vasculaire global
(quelle que soit l’équation choisie) détermine seul la valeur seuil d’intervention thérapeutique
et se substitue aux valeurs seuils classiques, notamment de pression artérielle et de taux
lipidiques, qui ont d’ailleurs été intégrées dans le chiffre du risque cardio-vasculaire global.
Cette façon de faire apparaît néanmoins prématurée pour ne pas donner en parallèle les valeurs
seuils classiques.
Recommandations :
Le suivi du patient diabétique de type 2 comporte le suivi et la prise en charge des
facteurs classiques de risque vasculaire souvent associés au diabète sucré (tabagisme,
hypertension artérielle, anomalie lipidique) (recommandation de grade A).
Un risque cardio-vasculaire global, calculé à partir des équations de Framingham et/ou
Laurier, égal ou supérieur à 2 % par an, justifie une intervention thérapeutique (accord
professionnel). Un chiffre inférieur n’exclut pas de traiter les facteurs de risque qui
dépassent les seuils définis dans ces recommandations.
Recommandation :
Toutes les mesures visant à aider l’arrêt d’un tabagisme doivent impérativement être
mises en œuvre.
diabétiques. Une pression systolique élevée semble être à la fois un facteur prédictif et une
conséquence d’une néphropathie chez le patient diabétique de type 2. Des études ont montré
que la prévalence de la microalbuminurie était plus élevée chez les patients ayant des pressions
sanguines élevées, mais on ne sait pas si c’est l’élévation de la pression artérielle qui est une
manifestation de la pathologie rénale ou si la microalbuminurie est la conséquence de
l’élévation de la tension artérielle (85, 86). L’ensemble des études épidémiologiques (87-89) a
montré que l’hypertension artérielle était plus fréquente chez les diabétiques que chez les non-
diabétiques, avec une prévalence en moyenne double, s’échelonnant suivant les enquêtes entre
30 et plus de 60 %. Dans l’étude française CODIAB, 45,4 % des hommes et 56,0 % des
femmes avaient un traitement antihypertenseur (5).
Dans l’étude d’intervention UKPDS (90), 1 148 patients diabétiques hypertendus, âgés en
moyenne de 56 ans (56,4 ± 8,1), ont été randomisés en deux groupes ayant des objectifs
tensionnels différents. Dans le premier groupe, l’objectif était d’atteindre des chiffres
tensionnels inférieurs à 150/85 mmHg (groupe 1). Dans ce groupe, 400 patients étaient traités
par des inhibiteurs de l’enzyme de conversion et 358 patients étaient traités par des β bloquants.
Dans le deuxième groupe (n = 390), l’objectif était d’atteindre des chiffres tensionnels
inférieurs à 180/105 mmHg (groupe 2) (Cf. protocole en annexe 1). La médiane de la durée du
suivi a été de 8,4 ans.
Après 9 ans de suivi, la pression sanguine moyenne était de 144/82 mmHg dans le groupe 1 et
de 154/87 mmHg dans le groupe 2 (p < 0,0001 pour les deux mesures). Le nombre
d’événements liés au diabète était diminué de 24 % dans le groupe 1 par rapport au groupe 2
(p = 0,0046) (tableau 19). Le nombre de décès liés au diabète était significativement diminué
de 32 % dans le groupe 1 par rapport au groupe 2 (p = 0,019). La réduction de la mortalité
toutes causes n’était pas significative.
Tableau 19. Étude UKPDS (90). Proportion de patients ayant des événements cliniques en fonction de l’objectif
tensionnel.
Patients avec événement Risque absolu : P RR* pour
événements pour traitement intensif
1 000 patients-année (IC† à 95 %)
Contrôle intensif Contrôle modéré Contrôle Contrôle
(n = 758) (n = 380) intensif modéré
Tout événement lié au 259 170 50,9 67,4 0,0046 0,76 (0,62-0,92)
diabète
Décès lié au diabète 82 62 13,7 20,3 0,019 0,68 (0,49-0,94)
Mortalité toutes causes 134 83 22,4 27,2 0,17 0,82 (0,63-1,08)
Infarctus du myocarde 107 69 18,6 23,5 0,13 0,79 (0,59-1,07)
Accident vasculaire 38 34 6,5 11,6 0,013 0,56 (0,35-0,89)
cérébral
Maladie vasculaire 8 8 1,4 2,7 0,17 0,51 (0,19-1,37)
périphérique
Microvasculaire 68 54 12,0 19,2 0,0092 0,63 (0,44-0,89)
Événements isolés
Infarctus du myocarde 59 42 9,8 13,8 0,10 0,72 (0,43-1,21)
fatal
Infarctus du myocarde 51 29 8,9 9,9 0,63 0,90 (0,49-1,63)
non fatal
Mort subite 11 4 1,8 1,3 0,57 1,39 (0,31-6,26)
Insuffisance cardiaque 21 24 3,6 8,1 0,0043 0,44 (0,20-0,94)
Angine de poitrine 45 22 7,9 7,5 0,84 1,05 (0,54-2,06)
Accident vasculaire 9 11 1,5 3,6 0,044 0,42 (0,13-1,33)
cérébral fatal
Accident vasculaire 29 26 5,0 8,9 0,029 0,56 (0,28-1,12)
cérébral non fatal
Décès lié à une maladie 1 1 0,2 0,3 0,63 0,51 (0,01-19,64)
vasculaire périphérique
Amputation 8 8 1,4 2,7 0,17 0,51 (0,14-1,86)
Décès dû à une maladie 2 3 0,3 1,0 0,23 0,35 (0,03-3,66)
rénale
Insuffisance rénale 8 7 1,4 2,3 0,29 0,58 (0,15-2,21)
Photocoagulation 61 47 10,2 16,6 0,023 0,65 (0,39-1,06)
rétinienne
Hémorragie du vitré 3 5 0,5 1,7 0,76 0,76 (0,07-7,95)
Cécité monoculaire 18 13 3,1 4,4 0,34 0,71 (0,28-1,81)
Chirurgie pour cataracte 36 14 6,2 4,7 0,35 1,34 (0,60-3,02)
Décès dû à une 0 0 0,0 0,0
hyperglycémie
Décès dû à une 0 1 0,0 0,3
hypoglycémie
Décès dû à un accident 1 1 0,2 0,3 0,63 0,51 (0,01-19,44)
Décès dû à un cancer 29 9 4,8 3,0 0,19 1,64 (0,62-4,39)
Décès dû à toute autre 18 10 3,0 3,3 0,62 0,92 (0,33-2,53)
cause spécifique
Décès de cause inconnue 4 1 0,7 0,3 0,52 2,03 (0,11-36,13)
* RR : risque relatif. † IC : (intervalle de confiance ) à 95 %.
Parmi les patients hypertendus, le nombre de patients à traiter sur une période de 10 ans pour
prévenir la survenue d’un décès lié au diabète était de 15,0 (12,1-17,9). L’analyse
épidémiologique des résultats d’intervention de l’UKPDS a montré que le bon contrôle
glycémique et le bon contrôle tensionnel additionnaient leur effet préventif vis-à-vis du risque
des complications micro et macrovasculaires.
C’est dire si le dépistage et la prise en charge de l’hypertension artérielle sont importants dans
le suivi et la prise en charge du diabète de type 2.
La mesure et les normes de la pression artérielle ont fait l’objet de recommandations par
l’ANAES (91) :
• la mesure de la pression artérielle représente un acte médical fréquent qui demande du
soin ;
• la méthode recommandée est la mesure clinique au cabinet médical par la méthode
auscultatoire au moyen d’un sphygmomanomètre à mercure, le patient étant depuis
plusieurs minutes en position assise ou couchée. Cette mesure est systématiquement
répétée ;
• la définition de l’hypertension artérielle est un compromis entre les études
d’observation montrant que le risque cardio-vasculaire croît régulièrement avec la
pression artérielle et les essais d’intervention qui ont documenté la réversibilité
partielle de ce risque sous traitement antihypertenseur. La définition de
l’hypertension artérielle retenue, comme dans les autres recommandations, est
une pression artérielle systolique (PAS) habituellement ≥ 140 mmHg et/ou une
pression artérielle diastolique (PAD) habituellement ≥ 90 mmHg (accord
professionnel) ;
• la récente étude HOT (Hypertension Optimal Treatment) (92) apporte des arguments
supplémentaires pour la définition d’un objectif tensionnel. Dans cet essai, 18 790
patients, de 26 pays, âgés de 50 à 80 ans, ayant une hypertension diastolique comprise
entre 100 mmHg et 115 mmHg, ont été affectés de façon aléatoire dans trois groupes
dont les objectifs tensionnels étaient différents : pression diastolique ≤ 90 mmHg
(groupe 1), ≤ 85 mmHg (groupe 2) et ≤ 80 mmHg (groupe 3). Le suivi a été de 3 à
5 ans. Parmi ces patients, 1 501 étaient diabétiques. L’incidence des événements
cardio-vasculaires majeurs diminuait en fonction de l’objectif tensionnel. Dans le
groupe 3 (≤ 80 mmHg), le risque d’événements cardio-vasculaires majeurs était divisé
par 2 par rapport au groupe 1 (≤ 90 mmHg) (annexe 3). La mortalité cardio-vasculaire
était également plus faible chez les patients du groupe 3 par rapport à ceux du
groupe 1.
Cette étude représente un argument important pour recommander un objectif tensionnel de 130-
80 mmHg ou moins chez le diabétique hypertendu traité. Dans les recommandations de la
Veterans Health Administration et de l’ADA (1, 2), l’objectif tensionnel était de 130-85 mmHg.
Mais la définition de l’hypertension artérielle, c’est-à-dire les valeurs à partir desquelles un
traitement peut (ou doit) être envisagé, repose sur les chiffres de 140-90 mmHg validés dans la
population générale. Ces chiffres sont appliqués au diabète par défaut, en l’absence d’études
spécifiques chez les patients diabétiques concernant le niveau tensionnel impliquant de traiter.
L’hypertension artérielle observée en cas de diabète de type 2 est dans la plupart des cas une
hypertension essentielle et/ou associée à une néphropathie. La recherche systématique d’une
cause identifiable d’hypertension artérielle (Cushing, phéochromocytome, acromégalie,
syndrome de Conn…) n’est pas recommandée en l’absence de signes d’orientation après
l’interrogatoire et l’examen clinique. Le diabète de type 2, a fortiori quand il est associé à de
nombreux autres facteurs de risque vasculaire, représente une situation à risque qu’une
hypertension artérielle soit de nature rénovasculaire. Le groupe de travail a recommandé
(accord professionnel) d’être vigilant vis-à-vis de cette éventualité étiologique, en particulier
lorsque est envisagée la prescription d’un traitement par un inhibiteur de l’enzyme de
conversion (IEC) (risque d’aggravation d’une insuffisance rénale, dans cette étiologie) lorsque
existe une autre atteinte vasculaire de type athéromateux et/ou en cas d’HTA sévère résistante à
une quadrithérapie et/ou en cas d’insuffisance rénale.
Recommandations :
La pression artérielle doit être mesurée à chaque consultation.
La définition de l’hypertension artérielle est la même que chez le non-diabétique : PAS
habituellement ≥ 140 mmHg et/ou PAD habituellement ≥ 90 mmHg (accord
professionnel).
nombreux essais ont été réalisés dans la population générale montrant une diminution de la
fréquence des accidents cardio-vasculaires dans le groupe traité par les hypocholestérolémiants.
Ces résultats peuvent a priori être extrapolés aux patients diabétiques. En effet, des essais de
prévention secondaire dans la population générale, après infarctus du myocarde, ont montré
l’efficacité des hypocholestérolémiants (du moins des statines) sur le risque de récidive : les
analyses post-hoc ont montré des résultats similaires voire meilleurs, pour la morbidité
coronarienne mais aussi vis-à-vis du risque d’accident vasculaire cérébral, dans les sous-
groupes des patients diabétiques. Dans l’étude 4S (Scandinavian Simvastatin Survival Study)
(79) dont l’objectif était de réduire le cholestérol et la mortalité coronarienne après infarctus du
myocarde, 4 444 sujets ont été suivis pendant une moyenne de 5,4 ans. Les sujets inclus dans
cette étude avaient un LDL-cholestérol relativement élevé à l’inclusion (1,85 g/l) et les patients
ayant une hypertriglycéridémie étaient exclus. Une analyse post-hoc portant sur 202 sujets
diabétiques a montré que le traitement réduisait significativement le risque ultérieur
d’événements coronaires (p = 0,002). La réduction de ce risque chez les patients diabétiques
était de 55 %, plus importante que chez les patients non diabétiques (32 %). Bien que la
réduction de la mortalité totale n’était pas statistiquement significative (p = 0,087), elle était
plus importante que chez les non diabétiques (80). Dans l’étude CARE (93), autre essai de
prévention secondaire, les sujets avaient un LDL-cholestérol plus bas (en moyenne 1,39 g/l).
Une analyse post-hoc portant sur 586 sujets diabétiques a montré qu’un traitement par 40 mg de
pravastatine était associé à une diminution de 25 % des événements cardio-vasculaires majeurs
(p = 0,05) ce qui était similaire à la réduction de 23 % observée chez les non-diabétiques
(p < 0,001).
Ces résultats associés aux données d’enquêtes épidémiologiques montrant une surmortalité des
diabétiques faisant un infarctus du myocarde suggèrent qu’un traitement agressif visant à
diminuer le LDL-cholestérol (ou d’une manière plus générale, un traitement par une statine
dont les mécanismes d’action ne se limitent peut-être pas à leur effet hypolipidémiant) en
prévention primaire pourrait être bénéfique chez le patient diabétique. L’étude AFCAPS (94)
va dans ce sens. Cette étude de prévention primaire par la lovastatine (20-40 mg par jour) a
inclus 5 608 hommes et 997 femmes indemnes à l’inclusion d’une pathologie cardio-vasculaire
connue. Leur bilan lipidique à l’inclusion était caractérisé par un taux de cholestérol total (2,21
± 0,21 g/l), et de LDL-cholestérol (1,50 ± 0,17 g/l) dans la moyenne aux États-Unis et un taux
de HDL-cholestérol (0,36 ± 0,05 g/l) en dessous de cette moyenne. Le taux de triglycérides
était de 1,58 ± 0,76 g/l. Ces patients ont été randomisés entre lovastatine et placebo et suivis en
moyenne 5,2 années. La morbi-mortalité coronarienne a été réduite de 37 % (risque relatif :
0,63 ; IC : 1,50 - 0,79 ; p < 0,001) dans le groupe traité. Il y avait 155 patients diabétiques de
type 2 parmi les patients inclus et l’analyse post-hoc de ce petit groupe n’objectivait pas de
différence par rapport à l’ensemble de la population.
L’hypertriglycéridémie est considérée comme un facteur de risque cardio-vasculaire
indépendant chez le diabétique de type 2. Les arguments sont physiopathologiques et
épidémiologiques. Le tableau 20 donne les résultats à peu près concordants de nombreuses
études de cohortes
Tableau 20. L’hypertriglycéridémie : facteur prédictif d’événements coronariens et de mortalité chez les
patients diabétiques de type 2.
Auteurs Nombre de Durée de l’étude L’hypertriglycéridémie facteur prédictif
patients (an)
événement coronarien mortalité coronarienne
Fontbonne,1989 (58) 943 11 non déterminé oui
Comme pour le non-diabétique, il n’est pas aisé de différencier dans nombre d’études de
cohortes le rôle prédictif de l’hypertriglycéridémie d’une part, et/ou de la baisse du HDL-
cholestérol d’autre part vis-à-vis du risque vasculaire. Un taux bas du HDL-cholestérol a été
identifié comme étant le facteur prépondérant de prédiction de survenue d’événements
coronariens dans la cohorte de 313 patients diabétiques de type 2 suivis 7 ans, publiée par
Laakso (95).
La corrélation entre le taux des triglycérides et le risque cardio-vasculaire chez les diabétiques
de type 2 dans des études de cohortes n’a pas valeur de preuve formelle de causalité et ne
signifie donc pas qu’on va réduire nécessairement le risque cardio-vasculaire du diabétique en
En résumé, le groupe souligne qu’existe dans la plupart des études d’observation une
corrélation entre hypertriglycéridémie et risque cardio-vasculaire du patient diabétique de type
2. Le groupe souligne qu’il s’agit d’un argument indirect en faveur d’une réduction du taux des
triglycérides d’autant que cet argument épidémiologique vient s’ajouter à différents arguments
théoriques issus des données expérimentales. Le groupe de travail estime néanmoins que
l’intérêt d’une réduction du taux des triglycérides pour prévenir la survenue des complications
cardio-vasculaires de la maladie n’a pas été démontré.
Recommandation :
Un bilan lipidique à jeun doit être effectué une fois par an chez le diabétique de type 2. Il
comporte la mesure du cholestérol total, du HDL-cholestérol et des triglycérides, la
mesure ou le calcul (si triglycéride < 4,5 g/l) du LDL-cholestérol.
IV.3.3. Définition d’une anomalie lipidique justifiant une intervention thérapeutique chez le diabétique
de type 2
Le groupe s’est déterminé à partir des recommandations de l’ANDEM concernant les
hypolipidémiants (97). Il les a adaptées au diabète de type 2 non compliqué en tenant compte de
la littérature scientifique publiée depuis la rédaction de ces recommandations.
La diététique est une part importante du traitement du patient diabétique quel que soit son profil
lipidique. En cas d’hypertriglycéridémie, il faut rechercher une prise excessive d’alcool et
recommander le cas échéant son arrêt.
Les recommandations récentes de l’ADA (2) concernant les dyslipidémies du diabétique sont
représentées dans le tableau 21.
Il apparaît justifié, au vu des études d’intervention comme l’étude AFCAPS (94), de retenir une
valeur de LDL-cholestérol ≥ 1,30 g/l (après mise en œuvre des mesures diététiques appropriées
et des mesures thérapeutiques visant à obtenir le meilleur contrôle glycémique possible) comme
justifiant une intervention thérapeutique, en tout cas lorsque existent deux autres facteurs de
risque chez des hommes de plus de 45 ans ou des femmes de plus 55 ans et/ou lorsque le calcul
du risque vasculaire global montre un chiffre ≥ 2 % par an.
C’est après prise en compte de ces différentes considérations que le groupe de travail propose
les valeurs du tableau 22 qui adapte au diabétique de type 2 le tableau correspondant des
recommandations précédentes de l’ANDEM (97).
Recommandation :
Au terme de 6 mois d’une diététique appropriée et après obtention du meilleur contrôle
glycémique possible, la valeur du LDL-cholestérol sert de référence pour instaurer un
traitement médicamenteux hypolipidémiant.
Tableau 22. Définition des anomalies du LDL-cholestérol* justifiant une intervention médicamenteuse
chez le patient diabétique de type 2 non compliqué (prévention secondaire exclue).
Catégories de patients ayant une élévation du LDL- Valeur d’instauration du traitement
cholestérol médicamenteux en g/l (mmol/l)
Prévention primaire des diabétiques de type 2 sans autre ≥ 1,90 (4,9)
facteur de risque
1. Après mise en œuvre des mesures diététiques et/ou des mesures médicamenteuses visant à améliorer le
contrôle glycémique.
2. Facteurs de risque de maladie coronaire, à prendre en compte chez les sujets ayant une élévation du LDL-
cholestérol
• âge : homme de 45 ans ou plus, femme de 55 ans ou plus, ou femme ayant une ménopause précoce sans
œstrogénothérapie substitutive
• antécédents familiaux de maladies coronaires précoces (infarctus du myocarde ou mort subite avant
l’âge de 55 ans chez le père ou chez un parent du premier degré de sexe masculin ; ou avant 65 ans chez
la mère ou chez un parent féminin du premier degré) ; ou d’artériopathie quel que soit le siège
• tabagisme en cours
• hypertension artérielle (PA supérieure ou égale à 140/90 mmHg ou traitement antihypertenseur en
cours)
• HDL-cholestérol inférieur à 0,35 g/l (0,9 mmol/l)
• taux des triglycérides > 2 g/l
• présence d’une microalbuminurie.
3. Facteur protecteur
• HDL-cholestérol supérieur ou égal à 0,60 g/l (1,6 mmol/l) ; soustraire alors « un risque » au score de
niveau de risque.
* valeur du LDL-cholestérol calculée (si triglycérides < 4,5 g/l) ou mieux directement mesurée.
Il n’appartenait pas au groupe de travail de définir quel type d’hypolipidémiant doit être
proposé, ni les valeurs cibles des taux lipidiques à atteindre sous traitement.
L’ensemble des complications doit être recherché dès le diagnostic du diabète. Le début de la
maladie est souvent inconnu et les complications peuvent être présentes dès le diagnostic.
Lorsqu’une complication est découverte lors du suivi, les autres complications doivent être
recherchées.
Dès le diagnostic du diabète de type 2, la rétinopathie diabétique peut être présente, évoluant
depuis longtemps à bas bruit. Dans la cohorte des 5 102 patients diabétiques de type 2,
récemment diagnostiqués de l’UKPDS, la prévalence de la rétinopathie a été évaluée chez
2 964 patients âgés de 36 à 65 ans (83). La prévalence de la rétinopathie était de 39 % chez les
hommes et de 35 % chez les femmes au moment du diagnostic du diabète, 19 % des hommes et
20 % des femmes n’avaient que des microanévrysmes à un seul œil.
En France, une étude de prévalence auprès de 427 diabétiques de type 2 diagnostiqués après
plus d’un an (étude CODIAB) (5) a montré que 29,7 % étaient atteints d’une rétinopathie non
proliférante et 3,3 % d’une rétinopathie proliférante. De plus, un œdème maculaire était présent
chez 5,6 % d’entre eux. Le risque de survenue d’une rétinopathie augmente avec l’âge et avec
la durée du diabète (99). Dans l’étude UKPDS si la prévalence de la rétinopathie ne variait pas
avec l’âge au moment du diagnostic, le risque de développement d’une rétinopathie sur un suivi
de 6 ans augmentait significativement avec l’âge (100).
Tableau 23. Incidence annuelle moyenne d’apparition d’une rétinopathie ou de la progression vers une
rétinopathie proliférante (36).
Avec insuline Sans insuline
Périodes Sujets à risque % Sujets à risque %
Incidence annuelle de 4 premières années 146 14,8 301 10,2
rétinopathie 6 prochaines années 47 14,8 146 10,1
Il convient cependant de rappeler que, pour un patient donné, le risque cumulé sur la vie non de
rétinopathie mais de cécité demeure modeste pour le diabète de type 2, en partie en raison de
l’âge au moment du diagnostic. La modélisation appliquant au diabète de type 2 les données du
DCCT (19) donne un chiffre de 2,6 % pour un patient dont le diabète était diagnostiqué à 50
ans et mal équilibré et de 0,5 % pour un diabétique mal équilibré dont le diabète était
diagnostiqué à 65 ans.
La présence d’une rétinopathie est fréquemment associée à une atteinte rénale (84, 101, 102).
L’association avec l’hypertension artérielle ou avec le tabac est plus discutée (101).
Les patients diabétiques peuvent être atteints d’autres pathologies oculaires en particulier la
cataracte et le glaucome. Dans l’étude UKPDS, une cataracte a été diagnostiquée chez 3,8 %
des diabétiques suivis pendant 9 ans (70).
L’essai contrôlé de l’UKPDS (4) a montré qu’un bon contrôle glycémique (tableau 8) et/ou
d’une HTA (tableau 19) pouvait diminuer le risque de survenue de rétinopathie. Dans le groupe
de contrôle glycémique intensif, le nombre de photocoagulations rétiniennes était diminué de
29 % (p = 0,003) (tableau 8) par rapport au groupe conventionnel. La progression de la
rétinopathie était également significativement plus faible dans le groupe intensif. Le risque de
chirurgie pour cataracte était diminué de 24 % dans le groupe intensif (p = 0,046) (tableau 8).
En revanche, il n’a pas été mis en évidence de diminution significative du risque de cécité
monoculaire ni d’hémorragie du vitré dans le groupe intensif. Cela peut s’expliquer par la
relative rareté de ces événements, par un suivi insuffisamment long ou plus probablement par la
diminution des lésions rétiniennes ou par la diminution de la cécité après photocoagulation.
Parmi les patients hypertendus de la cohorte UKPDS (90), un contrôle tensionnel strict
diminuait significativement le nombre de photocoagulations rétiniennes (- 35 %, p = 0,023)
(tableau 19), la progression de la rétinopathie (- 34 %, p = 0,004 sur un suivi médian de 7,5
ans) ainsi que la détérioration de l’acuité visuelle (- 47 %, p = 0,004).
La prévention secondaire repose sur le dépistage précoce des lésions rétiniennes, suivi d’un
traitement adapté. Un certain nombre d’arguments sont en faveur du dépistage précoce de la
rétinopathie diabétique : l’histoire de la maladie est bien connue, il y a un délai entre le début
des symptômes dépistables et la perte visuelle. La photocoagulation est préventive. Par contre,
la photocoagulation ne permet plus de traiter la cécité.
De nombreuses études ont été réalisées pour estimer la sensibilité et la spécificité des examens
disponibles ou encore selon le type d’examinateur possible (médecin généraliste, diabétologue,
ophtalmologiste) (103). Les données groupées de ces études ont montré que les
ophtalmologistes avaient une meilleure sensibilité que les médecins généralistes ou les
diabétologues pour le diagnostic de la rétinopathie diabétique (sensibilité de 65 % ; IC : 38-93
versus 56 % ; IC : 44-68). Quels que soient le type d’examinateur et le test utilisé, la spécificité
est bonne, dépassant le plus souvent 90 %. L’ophtalmoscopie réalisée par un ophtalmologiste,
qu’elle soit directe ou indirecte, a une mauvaise sensibilité quand elle est comparée à la
photographie stéréoscopique. Pour les auteurs de cette revue de la littérature, l’examen par un
ophtalmologiste, fondé sur une ophtalmoscopie indirecte à l’aide d’une lampe à fente, est
l’examen de référence le plus pragmatique, d’autant plus qu’il sert également d’examen de
confirmation avant de prendre la décision de traiter ou de ne pas traiter.
Le groupe de travail a recommandé un examen ophtalmologique une fois par an comme dans
les recommandations de l’ADA (2) et pour les mêmes raisons : il est sans doute possible,
encore que non démontré en routine clinique, d’espacer davantage le suivi ophtalmologique du
diabétique de type 2 sans complication rétinienne mais le risque, à vrai dire non évalué, que
nombre de patients ne soient plus du tout suivis (ou très rarement) en cas d’espacement
important des consultations ophtalmologiques introduit une incertitude supplémentaire.
Recommandations :
Un bilan ophtalmologique, effectué par un ophtalmologiste, doit être pratiqué dès le
diagnostic puis une fois par an chez le diabétique de type 2 non compliqué.
Le bilan ophtalmologique annuel comprend la mesure de l’acuité visuelle après correction
optique, la mesure de la pression intraoculaire, l’examen du cristallin et un examen du
fond d’œil après dilatation pupillaire réalisé au biomicroscope.
L’angiographie à la fluorescéine n’est pas un examen de dépistage et n’a pas d’indication
dans le suivi du diabète de type 2 tant que l’examen biomicroscopique du fond d’œil ne
montre pas de complications.
Le suivi du diabétique de type 2 dans le domaine néphrologique aura donc pour objectif le dépistage
d’une atteinte rénale chez le diabétique (et non pas le dépistage de la seule néphropathie diabétique).
V.2.1. Atteinte rénale chez le diabétique de type 2 : les principales données de la littérature
V.2.1.1. ÉPIDEMIOLOGIE
Le diabète est devenu la cause la plus fréquente d’insuffisance rénale aux États-Unis, au Japon
et dans certains pays d’Europe en raison de l’augmentation de la prévalence du diabète
notamment de type 2, d’une meilleure espérance de vie des patients diabétiques et de la prise en
charge de ces patients en dialyse. Aux États-Unis, la néphropathie diabétique représente un tiers
des causes d’insuffisance rénale chronique (2). En France, une étude réalisée en 1995 auprès
des centres de dialyse n’en faisait pas la première cause d’insuffisance rénale et a montré que la
prévalence du diabète pour l’ensemble des patients dialysés était de 14,2 % (105). Cette
prévalence était plus importante dans les Dom-Tom (25,7 %) qu’en France métropolitaine.
Quatre-vingt-sept pour cent des patients diabétiques avaient un diabète de type 2, montrant une
progression par rapport à une enquête similaire menée en 1982. Parmi les diabétiques de type 2,
68 % avaient une néphropathie diabétique et 32 % d’autres néphropathies.
Ce chiffre illustre l’importance clinique du concept d’atteinte rénale chez le diabétique de
type 2 sans se restreindre à la seule glomérulopathie diabétique. En dehors de la néphropathie
diabétique, d’autres causes d’insuffisance rénale sont en effet possibles, et fréquentes, chez le
diabétique de type 2 en raison de l’âge des patients, souvent âgés, de la prévalence de
l’hypertension artérielle et, d’une manière plus générale, parce qu’il s’agit de patients à risque
vasculaire global très augmenté. Il convient d’insister particulièrement sur l’augmentation du
risque d’atteinte rénovasculaire chez le diabétique de type 2. Une étude (106) réalisée à partir
d’une série de 5 194 autopsies après décès en milieu hospitalier a estimé que la prévalence de la
sténose de l’artère rénale était de 8,3 % (IC à 95 % : 6,8 - 9,9) chez les patients diabétiques ;
chez les patients diabétiques et hypertendus, cette prévalence était de 10,1 % (IC à 95 % : 8,0 -
12,2 %) soit 10 fois plus que celle observée chez les patients non diabétiques et non
hypertendus. Par ailleurs, la présence d’une hypertension artérielle peut aggraver une
néphropathie diabétique existante (2).
En raison de la variabilité de l’excrétion urinaire de l’albumine, deux des trois examens réalisés
pendant une période de 3 à 6 mois doivent être positifs avant de considérer que l’albuminurie
est pathologique. Avoir fait de l’exercice dans les 24 heures, avoir une infection, de la fièvre,
une insuffisance cardiaque, une hyperglycémie importante ou une hypertension peuvent
augmenter l’excrétion urinaire d’albumine (2).
Chez un diabétique, une microalbuminurie ou une protéinurie > 300 mg/24 h ne sont pas
spécifiques d’une glomérulopathie diabétique. La microalbuminurie est un marqueur d’atteinte
rénale, non spécifique de la glomérulopathie diabétique et qui peut s’observer pour d’autres
atteintes rénales chez le diabétique. Elle peut être associée notamment à une néphro-
angiosclérose si le patient est hypertendu.
Au total, dans une littérature hétérogène et qui ne comporte pas des études d’un niveau de
preuve élevé, il apparaît globalement les données suivantes :
• la présence d’une microalbuminurie est associée à différents facteurs de mauvais
pronostic du diabète sucré, dans tous les domaines notamment vis-à-vis du risque
cardio-vasculaire ;
• la présence d’une microalbuminurie chez le diabétique de type 2 est (faiblement)
prédictrice de la survenue d’une protéinurie ;
L’essai contrôlé de l’UKPDS (4) n’a pas mis en évidence l’efficacité d’un bon contrôle
glycémique sur la réduction du risque d’insuffisance rénale mais moins d’1 % des patients a
développé une insuffisance rénale pendant la durée de l’étude (tableau 8). La progression vers
la microalbuminurie et/ou la protéinurie était diminuée dans le groupe avec un contrôle
glycémique intensif. Pendant les douze premières années, la proportion de patients ayant doublé
leur créatininémie était plus basse dans le groupe intensif par rapport au groupe conventionnel
(- 74 %, p = 0,003). En revanche, après un suivi de 15 ans, la différence n’était plus
significative entre les deux groupes (annexe 4). Différentes études, en néphrologie générale,
dans le diabète de type 1 comme dans le diabète de type 2 ont montré qu’un bon contrôle de la
pression artérielle était important. L’essai contrôlé de l’UKPDS (90) chez les patients
hypertendus n’a pas pu montrer l’efficacité d’un contrôle tensionnel strict sur la diminution de
la survenue d’une insuffisance rénale. Sur un suivi de 6 ans, la progression vers la
microalbuminurie était significativement moins fréquente dans le groupe avec contrôle
tensionnel strict (- 29 %, p = 0,008) par rapport au groupe avec contrôle modéré. Sur la même
période, la progression vers la protéinurie était moins fréquente dans le groupe avec contrôle
tensionnel strict sans que cette diminution soit significative (- 39 %, p = 0,06). Après 9 ans de
suivi, il n’y avait plus de différence entre les deux groupes. La créatininémie ne différait pas
entre les deux groupes.
Recommandations :
L’insuffisance rénale est une complication grave du diabète de type 2 : il s’agit le plus
souvent d’une néphropathie diabétique (atteinte glomérulaire) mais il peut aussi s’agir
d’une néphropathie d’un autre type ou d’une pathologie rénovasculaire (atteinte
glomérulaire). Le suivi du diabétique de type 2 aura donc comme objectif le dépistage et
la prévention d’une atteinte rénale.
Un bon contrôle glycémique et tensionnel prévient le risque de survenue d’une
néphropathie diabétique (recommandation de grade B).
La présence d’une microalbuminurie chez un diabétique de type 2 est surtout un
marqueur de gravité générale (notamment vis-à-vis du risque cardio-vasculaire) de la
maladie, plus qu’un marqueur spécifiquement néphrologique. Elle incitera à renforcer la
prise en charge dans tous les domaines. La présence d’une microalbuminurie est aussi un
facteur prédictif du risque de développer une protéinurie mais n’est pas un facteur
prédictif direct validé du risque de développer une insuffisance rénale chronique chez le
diabétique de type 2.
V.2.2. Quels examens pratiquer pour dépister une atteinte rénale chez le diabétique de type 2 ?
La mesure « spot » sur un échantillon d’urine est la méthode la plus simple à mettre en œuvre et
évite les erreurs potentielles liées au recueil sur 24 h. Le principe du dépistage est le suivant :
un dosage de dépistage et 2 dosages de confirmation. Un premier test positif (> 30 mg/g
créatinine) doit être répété pour confirmation du fait des variations importantes de la
concentration d’albumine dans les urines. Si le second test est négatif, il faut réaliser un
troisième test. En cas de positivité sur deux tests de cette méthode simple de dépistage sur
échantillon (résultat exprimé en concentration), il faut confirmer le diagnostic par une mesure
de référence exprimée en débit, soit sur les urines de la nuit, soit sur les urines de 24 h. En cas
de positivité, il convient d’éliminer les causes non spécifiques de positivité, parfois transitoires
: exercice physique important dans les 24 h de la mesure, infection urinaire, hématurie, fièvre,
insuffisance cardiaque.
En cas de microalbuminurie confirmée sur au moins 2 mesures chez un patient dont la durée
d’évolution du diabète est supérieure à 5 ans, ce qui est la règle du diabète de type 2 faute de
généralement connaître précisément le début de la maladie, le diagnostic de néphropathie
diabétique est vraisemblable (sans être formel) s’il existe en parallèle une rétinopathie. Sinon, il
est plus prudent de conclure à une atteinte rénale dont l’étiologie reste à déterminer.
L’évaluation de la fonction rénale du diabétique de type 2 est impérative, qu’il y ait ou non une
albuminurie.
Le groupe de travail s’est inspiré pour une part, dans la définition de l’insuffisance rénale, des
recommandations de l’ANAES (112) concernant les indications de l’épuration extra-rénale
dans l’insuffisance rénale chronique terminale.
La fonction rénale est appréciée par le débit de filtration glomérulaire (DFG). La mesure de la
clairance de l’inuline est la méthode de référence de détermination du DFG. Chez l’homme
jeune, la valeur normale est de 130 ± 20 ml/min/l,73 m2. La clairance de l’inuline n’est pas
utilisable en pratique clinique, et on utilise donc la clairance de la créatinine endogène. Celle-ci
n’est pas dénuée de causes d’erreur, en raison notamment des difficultés inhérentes à tout
recueil précis des urines, et elle n’est donc pas recommandée en première intention dans le suivi
du diabète de type 2 non compliqué. On pratiquera une clairance de la créatinine en cas
d’anomalie préalable, présence d’une microalbuminurie, anomalie de la créatininémie et/ou,
mieux, de la clairance de la créatinine calculée par la formule de Cockcroft.
La détermination du DFG à partir de la seule créatininémie est source de nombreuses erreurs
potentielles : la production de la créatinine dépend du régime et surtout de la masse musculaire
du sujet, donc de sa taille, de son poids, de son sexe et de son âge. Pour deux individus, un
même chiffre de créatininémie peut correspondre à des valeurs de DFG très différentes : par
exemple, une créatininémie de 350 µmol/l (environ 40 mg/l) correspondra à un DFG d’environ
30 ml/min pour un homme de 25 ans pesant 75 kg et à un DFG d’environ 9 ml/min pour une
femme de 70 ans pesant 45 kg. Il est vrai que les écarts seront différents lorsqu’on considère
des patients non plus en insuffisance rénale chronique mais a priori non compliqués. En
pratique, on doit soupçonner la possibilité d’une insuffisance rénale si la valeur de la
créatininémie est supérieure à « la normale ». Cette dernière peut être définie comme supérieure
e
au 97,5 percentile de la distribution des taux dans une large population témoin (113) qui sont,
avec cette approche, de 112 µmol/l (12,6 mg/l) chez l’homme et de 102 µmol/l (11,5 mg/l) chez
la femme.
Une étude utilisant la clairance de l’inuline comme référence propose des chiffres du même
ordre, 135 µmol/l (15,2 mg/l) chez l’homme et 105 µmol/l (11,8 mg/l) chez la femme pour des
clairances de l’inuline < 60 ml/min signant une insuffisance rénale confirmée (114).
Les formules d’estimation du DFG à partir de la créatinine sérique sont imprécises. Néanmoins,
simples et rapides, elles sont utiles chez un sujet donné pour apprécier s’il faut ou non
envisager d’autres explorations. Leur utilisation doit être recommandée. La formule de la
clairance (C) de la créatinine de Cockcroft et Gault est la plus utilisée. Elle a l’intérêt de sa
simplicité :
C (ml/min) = 140 - âge (année) x poids (kg) x K
créatininémie (µmol/l)
K = 1,25 pour l’homme et 1 pour la femme.
Si la créatinine est exprimée en mg/l, il faut en multiplier le chiffre par 8,8 pour l’obtenir en
µmol/l.
Le groupe rejoint les recommandations existantes (1-3) pour conseiller une fois par an un bilan
dans le domaine rénal, comportant une mesure de la protéinurie et/ou de la microalbuminurie et
de la créatinine sérique, en raison de la forte prévalence de la microalbuminurie et de la
protéinurie, du risque de progression vers l’insuffisance rénale chronique, ainsi que du rôle
prédictif de la microalbuminurie vis-à-vis des complications macrovasculaires. Un examen
cytobactériologique systématique des urines au moment de ce bilan annuel n’est pas
recommandé mais la bandelette, utilisée avant le dosage de la microalbuminurie, sert aussi à
dépister une infection urinaire méconnue qui sera confirmée ou non par l’examen
cytobactériologique des urines.
Recommandations :
Il convient de pratiquer une fois par an chez le diabétique de type 2 la recherche d’une
protéinurie par la bandelette urinaire standard. Ce test a aussi pour but de rechercher
une hématurie et/ou une infection urinaire qui demandent des explorations spécifiques et
qui peuvent fausser l’interprétation de l’albuminurie.
Il convient de mesurer une fois par an la microalbuminurie, si le test par la bandelette
urinaire standard est négatif. Cette mesure de la microalbuminurie peut se faire sur un
échantillon urinaire au hasard (exprimé en rapport de concentration albumine/créatinine)
ou sur les urines de la nuit et/ou des 24 h. Le résultat sera considéré comme pathologique
si il est confirmé à deux reprises (un dépistage, deux confirmations).
Une microalbuminurie et/ou une protéinurie confirmées devront être quantifiées sur les
urines des 24 h.
Il convient de mesurer une fois par an la créatininémie à jeun. Il est recommandé de
calculer à partir de la créatininémie la clairance de la créatinine par la formule de
Cockcroft :
C (ml/min) = 140 - âge (année) x poids (kg) x K
créatininémie (µmol/l)
K = 1,25 pour l’homme et 1 pour la femme.
Si la créatinine est exprimée en mg/l, il faut en multiplier le chiffre par 8,8 pour l’obtenir
en µmol/l.
Des explorations complémentaires, à commencer par la mesure de la clairance de la
créatinine endogène, doivent être envisagées impérativement dans les cas suivants (accord
professionnel) : présence d’une albuminurie, d’une hématurie ou d’une infection
urinaire ; créatininémie > 105 µmol/l (11,8 mg/l) chez la femme et > 135 µmol/l (15,2 mg/l)
chez l’homme ; clairance calculée (Cockcroft) ≤ 60 ml/min.
Un examen cytobactériologique des urines systématique annuel n’est pas recommandé.
prévalence ajustée sur l’âge des anomalies électromyographiques était plus élevée chez les
femmes diabétiques que chez les témoins, mais il n’y avait pas de différence chez les hommes.
Dans l’étude française CODIAB (5) la prévalence de la neuropathie périphérique
asymptomatique, définie par une absence bilatérale des réflexes achilléens et/ou une perception
anormale des vibrations, était de 19,9 % et la prévalence de la neuropathie périphérique
symptomatique, définie par les mêmes signes associés à au moins un symptôme (douleur,
faiblesse musculaire, diminution de la sensibilité), était de 8,9 %. La prévalence de la
neuropathie périphérique mesurée par l’absence de réflexe achilléen augmente avec l’âge et
avec la durée du diabète (100).
Nous ne reprendrons pas les arguments développés au Chapitre III pour appliquer au diabète de
type 2 les conclusions du DCCT (bon contrôle glycémique) en ce qui concerne les
complications spécifiques, y compris la neuropathie dont le risque de survenue augmente, dans
le diabète de type 2 (30) comme dans le diabète de type 1 avec la durée de la maladie et si le
diabète est mal équilibré. Un bon contrôle glycémique est le moyen essentiel proposé de
prévention primaire de survenue d’une neuropathie diabétique. L’étude UKPDS (4, 90), apporte
peu d’arguments dans ce sens. La proportion de patients ayant leurs réflexes achilléens absents
ne différait pas entre le groupe intensif et le groupe conventionnel (35 % versus 37 %,
p = 0,60). De même, la même proportion de patients avait des réflexes rotuliens absents (11
versus 12 %, p = 0,42). La proportion de patients ayant une sensibilité vibratoire diminuée avait
tendance à être plus importante dans le groupe traité de façon conventionnelle par rapport au
groupe traité de façon intensive.
Chez les patients hypertendus de la cohorte UKPDS, la fréquence des signes en faveur d’une
neuropathie ou d’une neuropathie autonome ne différait pas entre les deux groupes de
traitement.
En dehors des préjudices fonctionnels dont elle est responsable, la neuropathie diabétique est
associée à une mortalité accrue. L’étude de Partanen (30) confirme l’existence, chez le
diabétique de type 2, d’une association entre la neuropathie, le déséquilibre glycémique et
l’incidence des complications cardio-vasculaires.
Recommandations :
Il convient de procéder une fois par an à un examen neurologique à la recherche de signes
de neuropathie périphérique symptomatique. Recherche par l’interrogatoire de
paresthésies et/ou de douleurs.
Les explorations neurophysiologiques ne sont pas recommandées dans le cadre du suivi
du patient diabétique de type 2 non compliqué.
V.4.1. Épidémiologie
Des études anglo-saxonne (120) ou scandinave (121) ont observé un risque d’amputation
multiplié par 10 à 15 chez le patient diabétique. Les ulcères du pied et les amputations du
membre inférieur sont des causes majeures d’incapacité et d’hospitalisation chez le patient
diabétique. Le suivi d’une cohorte de 1 044 diabétiques finlandais de type 2 âgés de 45 à 64 ans
a montré une incidence des amputations au niveau du membre inférieur de 5,6 % chez les
hommes et 5,3 % chez les femmes. Les facteurs significativement associés à l’amputation,
estimés à partir d’un modèle de Cox, ajustés sur l’âge et le sexe étaient les suivants :
• rétinopathie : RR : 3,6 ; IC : 2,2 - 6,1 ;
• protéinurie : RR : 1,3 ; IC : 1,1 - 1,6 ;
• cholestérol total > 6,2 mmol/l : RR : 1,8 ; IC : 1,1 - 3,2 ;
• glycémie à jeun > 13,4 mmol/l : RR : 2,5 ; IC : 1,5 - 4,3 ;
• HbA1 > 10,7 % : RR : 2,4 ; IC : 1,4 – 4,0 ;
• une durée du diabète supérieure à 9 ans : RR : 2,2 ; IC : 1,3 - 3,6 ;
• absence de deux pouls périphériques ou plus : RR : 3,9 ; IC : 2,3 - 6,8 ;
• présence d’un bruit fémoral à l’auscultation : RR : 2,1 ; IC : 1,1 - 4,0 ;
• absence bilatérale des réflexes achilléens : RR : 4,3 ; IC : 2,5 - 7,3 ;
• et absence bilatérale de sensation vibratoire : RR : 2,7 ; IC : 1,6 - 4,7 (122).
Dans l’étude UKPDS, le pourcentage d’amputations sur un suivi de 9 ans était plus bas,
puisque 1 % des 5 102 patients ont été amputés (70). Cependant, les patients de la cohorte
anglaise étaient plus jeunes que ceux de la cohorte finlandaise et ils ont été inclus dans l’essai
relativement tôt dans l’histoire de leur maladie puisque au moment du diagnostic.
Des anomalies au niveau du pied peuvent être présentes dès le diagnostic du diabète. Dans
l’étude UKPDS, 12 % des diabétiques nouvellement diagnostiqués n’avaient plus de réflexes
achilléens et 5 % n’avaient plus de pouls pédieux (100). Dans l’étude CODIAB, la prévalence
du mal perforant plantaire en France était de 4,0 % chez les hommes et de 1,5 % chez les
femmes (5).
Une détection précoce de la neuropathie diabétique diminue le nombre des hospitalisations pour
plaie du pied et le nombre des amputations (123). Un essai randomisé a montré l’intérêt de
l’éducation du patient dans la prévention des lésions du pied chez le diabétique (18). Dans cet
essai d’intervention mené auprès de 395 patients diabétiques, les lésions importantes du pied
étaient diminuées de 59 % dans le groupe éduqué, OR : 0,41 ; IC à 95 % : 0,16 - 1,00. Cette
étude comportait, outre l’éducation des patients, un programme précis de détection par le
médecin des sujets à risque, incluant l’usage du monofilament Nylon. Une étude de cohorte
évaluant un programme similaire à la fois de détection précoce de la neuropathie et d’éducation
des patients a montré des résultats positifs du même ordre (124).
En conclusion, la détection régulière des signes de risque de développer une plaie du pied
apparaît comme un élément essentiel du suivi du diabétique, a fortiori chez les patients qui ont
d’autres complications microvasculaires, rétinopathie et/ou néphropathie.
Tableau 26. Comment utiliser le monofilament Nylon (dit de Semmes-Weinstein 5.07) (3).
• avoir une diminution et/ou une disparition de la sensibilité tactile distale évaluée par le
monofilament Nylon (Semmes-Weinstein 5.07) est prédictif de lésions du pied. Le
suivi à 1 an de 352 patients diabétiques de type 2 (125) a observé que avoir un test au
monofilament anormal multiplie par 5 le risque de survenue d’une lésion non
superficielle du pied. L’odds ratio (OR) est égal à 5,23 avec un intervalle de confiance
(IC) à 95 % de 2,26 - 12,13. Dans cette même étude, avoir un test thermique anormal
était indépendamment associé à des lésions minimes et sévères du pied. Par contre, le
test thermique ne prédisait pas les lésions sévères du pied quand on excluait les lésions
minimes. De plus, le test thermique utilisé dans cette étude était très standardisé et était
différent de la méthode des « tubes » utilisée en pratique quotidienne, dont la mauvaise
reproductibilité a été discutée au chapitre précédent et qui n’a pas été évaluée vis-à-vis
de la prédiction d’une lésion du pied ;
• avoir une sensibilité vibratoire diminuée est prédictif d’ulcération du pied. Le suivi
pendant 4 ans de 469 diabétiques a montré que l’incidence annuelle des ulcérations du
pied était de 0,75 % chez les patients ayant un seuil vibratoire bas, 0,85 % chez les
patients ayant un seuil vibratoire intermédiaire et 4,95 % chez les patients ayant un
seuil élevé (126). Cependant, le seuil vibratoire était mesuré dans cette étude par un
vibramètre, peu disponible en routine. On utilise en pratique le diapason, moins précis
et qui n’a pas été évalué.
Le dépistage des déformations doit être régulièrement effectué par l’inspection. Cette dernière
vérifiera l’hygiène du pied et l’absence de mycose. Au moindre doute et chez les sujets à
risque, un examen médical podologique sera pratiqué, à la recherche de perturbation des appuis.
Ces éventuelles perturbations seront corrigées par les moyens ad hoc (semelles…). Il sera
régulièrement vérifié que ces perturbations des appuis n’ont pas évolué et que leur correction
demeure adaptée.
Au total, l’analyse des données de la littérature permet de recenser les facteurs suivants comme
facteurs de risque d’une lésion du pied chez le diabétique de type 2 : le niveau glycémique et la
durée du diabète, une rétinopathie, une protéinurie, une hypercholestérolémie, l'absence de
deux pouls périphériques, la présence d'un souffle fémoral, l'absence bilatérale de réflexes
achilléens, l'absence de réponse au monofilament de Semmes-Weinstein 5.07 à un ou plusieurs
sites plantaires, la diminution de la sensibilité vibratoire (grade B).
Une éducation à l’hygiène et aux soins corrects des pieds sera régulièrement donnée aux
patients à risque. Les principales règles de cette éducation sont indiquées dans les tableaux 28
et 29 (accord professionnel).
Le patient défini à risque sur les critères détaillés ci-dessus sera averti de l’existence d’un
risque podologique c’est-à-dire d’un risque de se blesser le pied sans le sentir ou d’un risque de
ne pas pouvoir cicatriser normalement en cas de blessure du pied. Ces patients ayant un risque
podologique doivent avoir une éducation podo-diabétologique spécialisée pour apprendre
notamment à éviter tout traumatisme du pied en particulier par la chaussure. Ils doivent
apprendre à examiner eux-mêmes leurs pieds, à traiter quotidiennement l’hyperkératose, la
moindre blessure devant entraîner une consultation immédiate. Les troubles statiques doivent
être au mieux corrigés ou compensés. À chaque consultation, ces patients diabétiques à risque
podologique devront avoir un examen des pieds, des chaussures et un renforcement de
l’éducation podologique. On vérifiera notamment qu’avant de mettre leur chaussure, ils
s’assurent systématiquement en y glissant la main ou en la secouant qu’il n’y pas de corps
étranger.
Recommandations :
Il convient de procéder une fois par an à un examen clinique méthodique du pied pour
dépister les sujets à risque de développer une lésion :
• recherche d’une neuropathie sensitive par l’évaluation de la sensibilité tactile de
la plante et du dos du pied, si possible en utilisant la méthode standardisée du
monofilament Nylon ;
• recherche d’une artériopathie par la palpation des pouls périphériques ;
• recherche de déformations du pied et/ou de cals.
Il convient, à chaque consultation, chez les patients à risque, d’enlever chaussures et
chaussettes pour inspecter le pied et rechercher petite lésion, troubles trophiques, fissure,
érythème, mycose…
Il convient, au minimum une fois par an, de rappeler les règles d’éducation du patient à
risque concernant l’hygiène du pied : choix de chaussures adaptées, inspection et lavage
réguliers du pied, signaler aussitôt toute lésion suspecte, éviter les traumatismes…
Le groupe considère que, dans l’état actuel d’une littérature sur la neuropathie autonome très
hétérogène, il n’est pas utile d’effectuer systématiquement tout ou partie des nombreux tests
proposés et insuffisamment évalués pour faire le diagnostic des différentes localisations de la
neuropathie autonome infraclinique. Le dépistage de la neuropathie autonome en soins
primaires par le médecin généraliste doit demeurer exclusivement clinique.
Recommandations :
Il convient, une fois par an, de rechercher par l’interrogatoire les principaux symptômes
évocateurs d’une éventuelle neuropathie autonome à expression clinique : hypotension
L’ischémie myocardique silencieuse est par définition une atteinte coronaire qui reste
asymptomatique. Deux études ont observé que la prévalence de l'ischémie silencieuse était de
12 et 13 % avec comme critère diagnostique un sous-décalage du segment ST à
l'électrocardiogramme d'effort. Elle était de 6 % si l'ECG d'effort et une scintigraphie
montraient des anomalies (129, 130). Cette prévalence était le double de celle observée dans
une population contrôle non diabétique. La différence entre les deux groupes n'était pas
significative mais l'effectif était faible. Il a été montré que des anomalies du segment ST à
l'ECG de repos étaient fortement associées au diagnostic d'ischémie myocardique. Dans l’étude
MISAD (130), 925 patients diabétiques de type 2, âgés de 40 à 65 ans, asymptomatiques et sans
pathologie coronaire connue ont eu un ECG d’effort, suivi, en cas de positivité, d’une
scintigraphie d’effort au Thallium. Chez l’homme, l’âge, (OR par classe de 5 ans : 1,72 ; IC à
95 % : 1,25 - 2,36), le cholestérol total (OR : 1,01 ; IC à 95 % : 1,01 - 1,02), la présence d’une
protéinurie (OR : 7,26 ; IC à 95 % : 1,25 - 42,12) et des anomalies de segment ST à l’ECG de
repos (OR : 10,86 ; IC : 2,36 - 29, 51) étaient indépendamment associés à la découverte d’une
ischémie myocardique silencieuse. Chez la femme, seul le rôle indépendant des anomalies du
segment ST à l’ECG de repos a été confirmé (OR : 8,35 ; IC : 2,36 - 29,51). Une seule étude
réalisée auprès de 59 patients diabétiques (dont 15 patients diabétiques de type 1) âgés de 40 à
70 ans a étudié l’intérêt du Holter, de l’ECG d’effort et de la scintigraphie au Thallium. Les
sujets étaient susceptibles d’avoir une atteinte coronaire du fait d’un risque vasculaire global
élevé par la présence de nombreux facteurs de risque. Parmi ces patients, la coronarographie a
confirmé la présence d’une atteinte coronaire chez 20 d’entre eux. La sensibilité et la spécificité
étaient respectivement de 25 % et de 88 % pour le Holter, de 75 % et de 77 % pour l’ECG
d’effort et de 80 % et 87 % pour la scintigraphie au Thallium (131).
Ces études ne permettent en aucune façon de dire, ce n’était pas leur objet, si la mise en
évidence fréquente chez le patient diabétique de type 2 d’une ischémie myocardique silencieuse
par l’ECG d’effort, le Holter et/ou la scintigraphie au Thallium a ou non un intérêt vis-à-vis du
risque de survenue ultérieure d’un infarctus du myocarde et/ou d’une manière plus générale la
morbi-mortalité coronarienne. Il convient d’ajouter qu’il n’y a pas de données sur la prise en
charge spécifique du patient diabétique chez lequel on découvre une ischémie myocardique
silencieuse, en dehors du traitement des facteurs de risque associés. La question est pourtant
d’importance quand on sait la fréquence chez le diabétique des infarctus du myocarde
(apparemment) inauguraux de la maladie coronarienne.
Il apparaît au groupe, conformément aux recommandations existantes (1, 2), qu’un diabétique
de type 2 non compliqué doit avoir une fois par an un examen cardio-vasculaire comprenant un
interrogatoire soigneux à la recherche de signes cliniques évocateurs d’atteinte coronarienne et
Recommandations :
Il convient une fois par an de procéder à l’examen clinique suivant dans le domaine
cardio-vasculaire :
Recommandation :
L’examen annuel du patient diabétique de type 2 doit comporter la recherche clinique
d’une éventuelle infection cutanée ou génito-urinaire, de même qu’un examen de la
bouche et des dents (accord professionnel).
Le groupe se refuse à donner un critère précis d’âge pour définir un patient âgé. En effet, la
plupart des études s’arrêtent à 65 ans, ce qui explique qu’on retienne souvent ce chiffre (par
exemple l’Agence du médicament) pour les prescriptions de médications mais cet argument ne
constitue pas une raison suffisante pour définir le sujet âgé par ce chiffre de 65 ans. L’âge de 75
ans est la limite la plus communément admise. Le critère d’espérance de vie, calculé par
différentes équations, est utilisé dans les recommandations de la Veterans Health
Administration (1). Il ne nous paraît pas être utilisable en pratique clinique courante.
Recommandation :
Il convient chez le sujet âgé (en moyenne âge > 70 ans, définition à moduler par les
comorbidités) d’être vigilant vis-à-vis du risque d’hypoglycémie liée au traitement et vis-
à-vis du risque d’insuffisance rénale. Les polymédications doivent être réduites au mieux
(accord professionnel).
Si le diabète du sujet âgé est connu et bien équilibré depuis plusieurs années, il n’y a pas
lieu de modifier les objectifs ni le traitement. Si le diabète est diagnostiqué chez un patient
âgé, un objectif de HbA1c comprise entre 6,5 et 8,5 % peut servir de référence mais il est
essentiel d’individualiser cet objectif en fonction du contexte médical et social (accord
professionnel).
Chez le patient diabétique âgé, la survenue d’une somnolence, d’une déshydratation,
d’une altération de l’état général doit faire aussitôt mesurer la glycémie (accord
professionnel).
La fréquence des consultations repose sur un accord professionnel. Cette fréquence dépend des
objectifs glycémiques, des modifications de régime ou de thérapeutique ou de la présence de
complications. Des visites régulières doivent en tout cas être programmées.
Les patients qui commencent un régime et/ou des hypoglycémiants oraux pourront avoir besoin
d’être revus de façon hebdomadaire jusqu’à ce que l’objectif glycémique soit atteint et qu’ils
soient éduqués pour conduire leur traitement. Les patients devront ensuite être revus en général
tous les 3-4 mois, ce qui correspond au rythme de prescription du dosage de l'HbA1c et aux
recommandations de mesure régulière à ce rythme du poids et de la pression artérielle et d’un
examen clinique des pieds. Les consultations tous les 3-4 mois seront l’occasion de reprendre
certains des aspects de l’éducation. Des visites plus fréquentes peuvent être nécessaires si le
patient a besoin d’une insulinothérapie, si la glycémie ou les chiffres tensionnels sont trop
élevés ou si il y a des complications.
Autour des principes indiqués ci-dessus, le rythme des consultations sera en pratique défini par
chaque médecin pour chaque patient de manière à répartir au mieux sur les différentes
consultations de l’année les objectifs d’éducation du malade et ce qui est recommandé en
matière d’évaluation trimestrielle et annuelle.
Recommandation :
Pour un diabétique de type 2 non compliqué dont l’équilibre est stable, le rythme de suivi
recommandé est représenté dans le tableau suivant :
Le groupe de travail a souhaité que des recommandations de bonne pratique sur les mesures
hygiéno-diététiques soient élaborées.
Le groupe de travail a recommandé que les résultats concrets des efforts actuels de
standardisation des méthodes de dosage de l’HbA1c soient évalués à intervalles réguliers.
Le groupe de travail a recommandé que des études soient réalisées prioritairement dans les
domaines suivants :
• réalisation d’un essai randomisé de type coût-efficacité sur l’intérêt de
l’autosurveillance glycémique dans le diabète de type 2 ;
• réalisation d’un essai d’intervention sur l’intérêt de l’éducation du patient diabétique
de type 2 ;
• réalisation d'un essai sur l’intérêt clinique d’un dépistage de l’ischémie myocardique
silencieuse chez le diabétique par un arbre décisionnel à définir d’examens
complémentaires autres que l’ECG de repos.
L’étude UKPDS (4) est une cohorte de 5 102 patients diabétiques de type 2 nouvellement
diagnostiqués âgés de 25 à 65 ans au moment du diagnostic. Son objectif principal était de
démontrer, chez les patients diabétiques de type 2, si un contrôle glycémique intensif pouvait
réduire le risque de complications macrovasculaires ou microvasculaires. Le protocole de cette
étude est relativement complexe ; un résumé est présenté ici.
Critères d’inclusion :
• date d’inclusion : 1977 à 1991 ;
• patients âgés de 25 à 65 ans ;
• recrutés par les médecins généralistes ;
• 2 glycémies plasmatiques à jeun > 6 mmol/l dans un délai de 1 à 3 semaines ;
• diabète nouvellement diagnostiqué.
Critères d’exclusion :
• cétonurie > 3 mmol/l ;
• créatininémie > 175 µmol/l ;
• infarctus du myocarde dans l’année précédente ;
• angine de poitrine ou insuffisance cardiaque ;
• plus d’une pathologie vasculaire majeure ;
• rétinopathie nécessitant un traitement par laser ;
• hypertension artérielle maligne ;
• désordre endocrinien non corrigé ;
• profession ne permettant pas une insulinothérapie ;
• pathologies menaçant le pronostic vital ou nécessitant un traitement lourd ;
• difficultés de compréhension ;
• refus de participer à l’étude.
Sur les 7 616 patients initialement interrogés, 5 102 ont été inclus.
Protocole principal :
• contrôle glycémique intensif (4).
Après inclusion, les 5 102 patients ont suivi un régime pendant 3 mois. Après cette
période, une glycémie moyenne à jeun a été calculée sur 3 mesures dans un délai de 2
semaines. Les patients ayant une glycémie à jeun > 15 mmol/l (n = 744) ou ≤ 6 mmol/l
(n = 149) ont été exclus. 4 209 patients restaient éligibles pour la randomisation et ont
été stratifiés sur leur poids idéal. Parmi ceux ayant un poids > 120 % de leur poids
idéal, 342 ont été affectés dans un groupe recevant de la métformine. Les autres ont été
randomisés en 2 groupes. Le suivi médian a été de 10 ans ;
• traitement conventionnel : 1 138 patients.
Son objectif était de maintenir la glycémie à jeun en dessous de 15 mmol/l sans
symptôme d’hyperglycémie. Le traitement initial consistait en des conseils diététiques
par un diététicien dans le but de maintenir un poids autour de la normalité.
En cas d’hyperglycémie ou d’apparition de symptômes, les patients étaient à nouveau
randomisés dans 2 groupes (sulfamide ou insuline). Pour les patients en surpoids, un
traitement par la metformine était instauré. Si nécessaire, un autre traitement était
ajouté ;
• traitement intensif : 2 729 patients.
Son objectif était de maintenir une glycémie à jeun inférieure à 6 mmol/l, et pour ceux
sous insulinothérapie, une glycémie préprandiale entre 4 et 7 mmol/l. 1 573 patients
ont initialement reçu des sulfamides et 1 156 une insulinothérapie. Si nécessaire, pour
les patients sous sulfamides, un autre traitement était instauré.
Protocole annexe :
Hypertension in Diabetes Study (90).
1 148 patients hypertendus ont été inclus dans une étude annexe ayant pour objectif de montrer
l’intérêt d’un contrôle tensionnel strict. Cette étude a débuté en 1987. Les patients ont été
Analyse statistique :
L’analyse statistique a été faite en intention de traiter. Les tests statistiques étaient bilatéraux
(2p). Pour les événements majeurs, les intervalles de confiance ont été donnés à 95 % ; pour les
événements isolés, les intervalles de confiance ont été donnés à 99 %.
La puissance de cette étude pour mettre en évidence des différences entre les 2 groupes était de
83 % pour l’ensemble des événements liés au diabète et de 23 % pour les décès liés au diabète.
ou :
λ = constante
SBP = pression artérielle systolique (mmHg)
Tabagisme = 0 ou 1 (tabagisme = 1, pas de tabagisme = 0)
TC = cholestérol total (mg/100 ml)
HDL = HDL-cholestérol (mg/100 ml)
LVH = survenue d’une hypertrophie ventriculaire gauche (oui = 1 / non =0)
Âge = âge en années
DIAB = diabète (oui = 1 / non = 0) (oui = diabète défini par une glycémie = 140 mg/100 ml)
L’hypertrophie ventriculaire gauche et le diabète sont cotés 0 si ils ne sont pas diagnostiqués.
ANNEXE 3
Événements survenus chez les patients diabétiques à l’inclusion en relation avec le groupe
thérapeutique - Étude HOT (92)
groupe PAD = 90 mmHg, n = 501 ; groupe PAD = 85 mmHg, n = 501 ; groupe PAD = 80
mmHg, n = 499.
ANNEXE 4
Proportion de patients ayant des événements néphrologiques en fonction de leur groupe d’objectif
glycémique. Cohorte UKPDS (4).
Nombre de patients Pourcentage de patients χ2 RR pour le contrôle
en progression glycémique intensif
Intensif Conventionnel Intensif Conventionnel P
Microalbuminurie
0 année 2 408 994 273 (11,3) 127 (12,8) 0,24 0,89 (0,68-1,15)
3 années 2 536 1048 305 (12,0) 152 (14,5) 0,043 0,83 (0,65-1,05)
6 années 2 277 938 368 (16,2) 172 (18,3) 0,13 0,88 (0,71-1,09)
9 années 1 759 721 338 (19,2) 183 (25,4) 0,00062 0,76 (0,62-0,91)
12 années 912 348 210 (23,0) 119 (34,2) 0,000054 0,67 (0,53-0,86)
15 années 247 95 67 (27,1) 37 (39,0) 0,033 0,70 (0,46-1,07)
Protéinurie
0 année 2 408 994 40 (1,7) 21 (2,1) 0,37 0,79 (0,40-1,56)
3 années 2 536 1048 43 (1,7) 26 (2,5) 0,12 0,68 (0,36-1,29)
6 années 2 277 938 72 (3,2) 33 (3,5) 0,61 0,90 (0,53-1,53)
9 années 1 759 721 77 (4,4) 47 (6,5) 0,026 0,67 (0,42-1,07)
12 années 912 348 62 (6,8) 36 (10,3) 0,036 0,66 (0,39-1,10)
15 années 247 95 18 (7,3) 12 (12,6) 0,12 0,58 (0,23-1,43)
Doublement de la
créatininémie
0-3 années 2 382 992 8 (0,34) 5 (0,5) 0,47 0,67 (0,15-2,88)
0-6 années 2 150 895 7 (0,33) 7 (0,78) 0,090 0,42 (0,10-1,64)
0-9 années 1 547 625 11 (0,71) 11 (1,76) 0,027 0,40 (0,14-1,20)
0-12 années 770 284 7 (0,91) 10 (3,52) 0,0028 0,26 (0,07-0,91)
0-15 années 199 71 7 (3,52) 2 (2,82) 0,78 1,25 (0,16-9,55)
RR : risque relatif
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