These Benaicha
These Benaicha
These Benaicha
Et du
Par
BENAICHA Mouhcine
Pr. Lahcen BAHI Ecole Mohammadia d’Ingénieurs - Université Mohammed V-Agdal Rapporteur
Pr. Adil HAFIDI ALAOUI FST - Université Abdelmalek ESSAÂDI (Maroc) Co-Directeur
1
2
Remerciements
Je souhaite tout d’abord remercier Pr. Sofiane AMZIANE, Pr. Lahcen BAHI et Pr. Abdeslam
DRAOUI qui ont accepté la lourde tache d’être rapporteurs de ce mémoire. Je souhaite
remercier Pr. Mohammed ADDOU de m'avoir fait l'honneur de présider mon jury de thèse.
Je remercie Pr. Philippe BOURNOT d’avoir veillé à faire réussir le contrat de cotutelle entre les
deux universités, de m’avoir apporté toutes les aides nécessaires et suffisantes pour effectuer ce
travail dans des bonnes conditions.
Bien entendu, la palme des remerciements va à Professeur Yves BURTSCHELL qui, plus qu’un co-
directeur de thèse, fut un réel soutien durant ces trois années de travail en commun. Merci de
m'avoir donné l'opportunité de découvrir le monde de la recherche et d'avoir supervisé mon
cheminement.
Je tiens à exprimer toute ma gratitude à mon co-directeur Professeur Adil HAFIDI ALAOUI pour
son soutien et ses conseils professionnels et personnels prodigués pendant ces années de thèse
et aussi pendant mes études universitaires. Merci infiniment pour votre confiance et pour votre
aide précieuse et merci aussi de m'avoir donné l'opportunité de découvrir le monde de la
recherche.
Une thèse ne se bâtit pas seule, de nombreuses personnes ont participé à ce travail. Ils ne seront
jamais assez remerciés pour leur soutien actif. Je souhaite par conséquent présenter ma
gratitude à Monsieur Xavier ROGUIEZ et Monsieur Nicolas FAVRIE et en particulier mon
encadrant Monsieur Olivier JALBAUD, pour son soutien, ses remarques constructives et, tout
simplement pour sa gentillesse. Il n’a jamais cessé d’apporter son aide.
Ce travail n'aurait pu être mené à bien sans l'aide de différents financeurs qui, au travers de leur
soutien matériel, ont reconnu mon travail et m'ont fait confiance : Ciments CALCIA (M. Claude
VALENTIN), Bronzo Perasso (M. Stéphane MARTIN), Société Carmeuse et Société Sika France.
Je ne saurais oublier de remercier toutes les personnes qui me sont chères, en particulier mes
parents, mes sœurs et mes frères pour le soutien et l'amour qu'ils m'ont apportés dés ma tendre
enfance. Enfin, Docteur Aicha BELCAID, ma femme, merci pour m'avoir choisi et aimé, merci
pour ton encouragement et ton soutien inlassable.
3
RÉSUMÉ
L'industrie du béton est une source importante d'émissions de gaz CO2 lors de la production
de ciment. Une des solutions proposées à l'industrie de la construction est de remplacer le
ciment par des matières premières secondaires moins polluantes (ex : filler calcaire, fumée
de silice), qui peuvent également améliorer les caractéristiques rhéologiques du liant et
accroître la durabilité du béton.
Ainsi, le développement des bétons autoplaçants peut être envisagé comme une tentative de
réduire l’impact environnemental de la construction. De même, l’optimisation des structures
vise également à réduire les quantités (en volume) de béton et se traduit alors par le recours
aux bétons à hautes performances et aux bétons fibrés à ultra performance (BHP et BFUP).
Le but principal de cette thèse est donc de : (1) standardiser la formulation de béton issue
des différents travaux de recherche publiés tout en assurant une bonne compréhension de
ses propriétés rhéologiques; (2) adapter ces principes aux conditions de réalisation (prise en
compte des caractéristiques des matériaux locaux utilisés); et (3) vérifier dans le laboratoire
ou sur le terrain la viscosité plastique et le seuil d’écoulement des bétons.
Outre les moyens expérimentaux classiques tel que le V-funnel, l’étalement, la stabilité au
tamis et la boite en L, nous avons utilisé, dans notre étude, un autre moyen de
caractérisation rhéologique : c’est l’écoulement de béton dans un V-Funnel couplé à un
canal horizontal en plexiglas. Dans un premier temps nous essayons de voir l’influence de la
composition du mélange tel que le rapport Eau/Ciment, les additions minérales (filler
calcaire, fumée de silice) et les superplastifiants sur sa viscosité et puis, nous cherchons à
comprendre la corrélation entre la viscosité et les paramètres rhéologiques de béton en se
basant sur des modèles proposés dans la littérature. À partir de là, nous cherchons à
présenter le modèle qui décrit le comportement de béton. Pour ce faire, nous proposons une
corrélation théorique entre la viscosité plastique du béton frais et le temps d’écoulement
dans le V-Funnel, puis nous comparons cette solution théorique avec des mesures
expérimentales rapportées dans la littérature.
Enfin, l'étude de la remontée d’eau sur une surface verticale, le contrôle de la propagation
d’ondes dans le béton frais et la maturométrie permettront une meilleure compréhension de
leur comportement rhéologique et mécanique.
4
ABSTRACT
The concrete industry is an important source of carbon dioxide gas emissions during cement
production. One of the proposed solutions to the construction industry is to replace the
cement by less polluting secondary raw materials (e.g. limestone filler, silica fume), which
can also improve the rheological properties of binder and increase the concrete durability.
Thus, the development of self-compacting concrete can be seen as an attempt to reduce the
environmental impact of the construction. Similarly, the structure optimization also aims at
reducing the quantity (in volume) of concrete and is reflected in the use of high performance
concrete and ultra performance fiber-reinforced concrete (HPC and UPFRC).
The emergence of these new concretes increases the need to reliably characterize the
casting behaviour of the concrete. The most widely adopted approach to quantify these
rheological properties is to experimentally measured the shear stress versus strain rate using
a concrete rheometer.
In addition to traditional experimental tests such as the V-funnel, spread, sieve stability and L
box, in our study we used another test of rheological characterization: it is the flow of
concrete in a V-Funnel and then in a horizontal channel Plexiglas.
The main purpose of this thesis is to: (1) standardize the concrete formulation outcome of
various research works published while ensuring a good understanding of its rheological
properties, (2) adapt these principles to the realization conditions (taking into account
characteristics of local materials used), and (3) check, in the laboratory or in the field, the
plastic viscosity and the flow threshold of concrete.
The study of wave propagation in the fresh concrete and the measurement of the developing
strength of maturing concrete will allow a better understanding of their rheological and
mechanical behaviour.
5
Sommaire
6
IV. Corrélation entre grandeurs spécifiques expérimentales (0 , ) et caractéristiques
rhéologiques des bétons ...................................................................................................76
Chapitre 3 : Caractérisation mécanique des bétons ..................................................................... 79
I. Essais destructifs ...................................................................................................79
I.1 Essai de compression ......................................................................................................... 79
I.2 Essai de traction par fendage ............................................................................................ 81
I.3 Résistance à la flexion ........................................................................................................ 81
I.4 Mesure du module d’élasticité............................................................................................ 83
I.5 Coefficient de Poisson......................................................................................................... 84
II. Processus de fissuration des bétons ......................................................................86
II.1 Fissuration gouvernée par des contraintes de compression ....................................... 86
II.2 Fissuration gouvernée par des contraintes de traction ................................................. 87
II.3 Fissuration gouvernée par des contraintes de flexion................................................... 87
III. Essais non destructifs ............................................................................................88
III.1 Maturométrie .................................................................................................................... 89
7
III.6 Prise en compte de l’eau apportée ou retenue par les matériaux et produits ........ 111
III.7 Conclusion : Démarche proposée pour la formulation des BAP .............................. 112
III.8 Application : Région d’Aix-Marseille .............................................................................. 113
IV. Procédure de fabrication ......................................................................................117
V. Caractérisation d’écoulement des bétons : Nouvelle approche.............................119
V.1 Calcul théorique de vitesse d’écoulement dans le V-Funnel ..................................... 121
V.2 Calcul théorique de la viscosité plastique dans un canal horizontal ........................ 130
VI. Etude de la remontée d’eau sur une surface verticale ..........................................141
VI.1 Procédure expérimentale ............................................................................................... 143
VII. Auscultation sonique du béton frais ......................................................................151
8
INTRODUCTION GENERALE
La famille des bétons s’enrichit régulièrement depuis quelques années avec des
bétons aux nouvelles performances, tels que les bétons à hautes performances
(BHP), les bétons autoplaçants (BAP) et les bétons fibrés ultra performants (BFUP).
Mais certains tests empiriques pour mesurer l’ouvrabilité du béton sont parfois
contradictoires. Un bon exemple est présenté par Baron [16]. Dans une campagne
expérimentale, cet auteur a formulé des bétons en faisant varier le dosage en eau et
le rapport Sable/Gravillon, et a effectué des mesures d’ouvrabilité à la fois avec le
cône d’Abrams et le maniabilimètre LCL [17]. Il a constaté qu’un béton X pouvait
s’affaisser plus qu’un béton Y au cône d’Abrams mais s’écouler moins vite au
maniabilimètre LCL. Donc, la caractérisation de l’ouvrabilité du béton frais par un
seul paramètre au moyen d’un essai technologique (affaissement, temps
d’écoulement, étalement [18]) n’est pas tout à fait suffisante. Il faut donc rechercher
d’autres méthodes de caractérisation permettant de mesurer des caractéristiques
intrinsèques du matériau à l’état frais. Dans notre étude un autre moyen de
9
caractérisation rhéologique a été utilisé : l’écoulement de béton dans un V-Funnel
couplé à un canal horizontal en plexiglas (fig.1).
10
lorsque le béton passe à travers une zone dense de ferraillage et peut aussi
apparaître une fois que le matériau est en place et jusqu’à la prise.
À l’état durci, les nouveaux bétons présentent une résistance mécanique plus élevée
qu’un béton ordinaire. L’introduction d’additions minérales entraîne une modification
de la porosité de la matrice cimentaire et améliore les résistances mécaniques des
bétons au jeune âge par effet physique principalement et par effet pouzzolanique
lorsqu’elles sont chimiquement actives, à plus longues échéances. Cette
amélioration des résistances dépend de la nature, de la finesse et du dosage de
l’addition.
11
entreprises de BTP. L’évolution de cette propriété dépend de plusieurs facteurs,
mais pour une formulation donnée, la température constitue au jeune âge le facteur
influençant le plus sur l’hydratation du ciment.
Pour en savoir plus sur ces bétons innovants et sur les méthodes de caractérisation
utilisées, des généralités sur leurs performances sont présentés par la suite.
Un deuxième axe présente une nouvelle approche de l’influence des additions sur
l‘écoulement du mélange. Il traite aussi la méthode adaptée pour la formulation des
BAP. Dans cet axe, nous décrivons également une nouvelle approche pour mesurer
théoriquement la viscosité plastique des bétons en utilisant un nouvel outil
12
expérimental. Ensuite nous abordons des nouvelles techniques pour mesurer la
remontée d’eau sur une surface verticale et pour caractériser l’homogénéité des
bétons, à l’état frais, par l’auscultation sonique.
13
AXE1
ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Définitions ..............................................................................................................47
II. Caractérisation des bétons à l’état frais ..................................................................54
III. Rhéomètres............................................................................................................67
IV. Correlation entre grandeurs specifiques expérimentales et caracteristiques
rhéologiques des bétons ...................................................................................................75
14
Chapitre 1 : ETAT DES CONNAISSANCES ET PRATIQUE ACTUELLE
DES BETONS
Le béton est une suspension concentrée de particules solides (sable, gravillon) dans
un liquide visqueux (grains de ciment + eau). Il peut contenir aussi des adjuvants,
des additions minérales et éventuellement des fibres. Une fois les éléments
mélangés et homogénéisés, on obtient un mélange dont la consistance peut varier,
en fonction des besoins, de l’état ferme à l'état fluide. Après quelques heures, ce
mélange durcit par des réactions chimiques des composés du ciment avec l’eau
(hydratation).
Les constituants d'un béton sont généralement disposés de telle sorte qu’une ou
plusieurs phases discontinues (granulats) sont incorporées dans une phase continue
(pâte de ciment). La phase discontinue est appelée le renfort et la phase continue est
la matrice. Les fibres sont ajoutées pour améliorer les propriétés et le comportement
du béton.
De ce fait, le béton est plein de défauts, tels que les pores, les vides d'air et les
microfissures provoquées par le retrait et les déformations thermiques. Les
paramètres principaux qui influent sur les propriétés du béton durci sont : (1) les
propriétés de la pâte de ciment hydraté (la matrice), par exemple porosité et
15
microfissures; (2) les propriétés des agrégats; et (3) l’interface entre la pâte de
ciment hydraté et les granulats.
Eau et Adjuvants
II.1 Granulats
Les granulats constituent le squelette inerte du béton. Ils sont agglomérés par le liant
pour former une « pierre artificielle » ; ils confèrent ainsi au béton sa compacité et
participent à sa résistance mécanique [26].
Pour que le squelette soit le plus compact et le plus durable possible, il est
nécessaire que les granulats satisfassent à des exigences tant au niveau de leur
16
nature minéralogique qu’au niveau des techniques de fabrication (taille, forme,
rugosité). Cependant, pour obtenir une ouvrabilité correcte, une courbe
granulométrique continue est plutôt recherchée. Le but de la granulométrie est donc
de remplir les trous entre les gros granulats, par d’autres granulats de plus petit
diamètre c'est-à-dire de sélectionner la quantité de granulats de chaque dimension
pour optimiser le remplissage et minimiser la quantité de ciment.
II.2 Ciment
17
diminue, même si l'hydratation peut se poursuivre indéfiniment tant qu'il y a de l'eau
et de l'espace disponible pour les grains de ciment qui n'ont pas totalement hydraté.
Formation de
Période d'induction:
monosulfate
augmentation de la
2+
concentration de Ca
Temps d’hydratation
D’une manière pratique, pour augmenter la quantité de pâte d’un béton, on peut
alors envisager d’augmenter la quantité de ciment. Or ceci conduirait à une
augmentation significative du coût du matériau mais également à des problèmes de
retrait dus à l’élévation de la température lors de l’hydratation du ciment. Il est donc
nécessaire de remplacer une partie du ciment par des ajouts minéraux afin d'assurer
un développement durable du matériau béton.
Les ajouts minéraux sont des matériaux en fines particules qui peuvent être ajoutés
en quantités limitées pour influencer certaines propriétés ou obtenir des propriétés
particulières. Selon la norme EN 2006, les ajouts minéraux dans le ciment sont
classés en actifs et inertes. On distingue quatre classes :
18
II.3.1 Fillers calcaires
L’utilisation des fillers calcaires dans l’industrie du ciment et du béton est assez
récente. Ils sont soit récupérés lors du concassage des granulats calcaires et
peuvent alors contenir des résidus argileux et des matières organiques, soit obtenus
par broyage du matériau cru. Leur composition chimique est celle du carbonate de
calcium (CaCO3). Un filler est dit calcaire s’il contient au moins 90% de carbonate de
calcium. Dans les autres cas, le filler est désigné par le nom de sa roche d’origine.
Les différents résultats montrent que les fillers calcaires peuvent jouer plusieurs
rôles:
Plusieurs auteurs ont étudié l’effet de l’ajout des fillers calcaires sur les performances
rhéologiques des bétons. Voir les travaux de Bilberg, 1999 [29], Zhu et Gibbs, 1999
[30], Kara-Ali R., 2002 [31].
19
- la pouzzolane réagit avec l’eau en présence d’une quantité suffisante de
chaux, pour former des hydrates stables, peu solubles et résistants à long
terme.
- en plus de leur effet pouzzolanique, elles jouent un rôle de remplissage des
pores des produits hydratés, ce qui améliore la compacité.
Plusieurs auteurs ont étudié l’effet de l’ajout de fumée de silice sur les performances
mécaniques et les caractéristiques rhéologiques des bétons. Voir les travaux de R.
Sersale [32], H. Pichon et al.[33], Park Noh [34] Ferraris et al. [35], Shi et al. [36],
Carlsward et al. [37].
L'intérêt des cendres volantes réside dans la faculté qu'elles possèdent à réagir avec
l'hydroxyde de calcium pour former des silicates de calcium hydratés qui ont des
propriétés pouzzolaniques et hydrauliques (rétention d'eau).
D’une façon générale, l’introduction des cendres volantes dans le béton diminue la
porosité. Elle diminue la sensibilité du béton aux eaux agressives, en fixant
progressivement la chaux.
En plus des propriétés décrites, lorsqu'elles sont utilisées comme une fraction liante,
les cendres volantes jouent également d’autres rôles dans le béton tels que
l’amélioration de l’ouvrabilité, la diminution de la proportion d’eau pour le béton frais
et l’imperméabilité des surfaces. (Pour une plus ample information sur les cendres
volantes voir [38-40]).
20
Le laitier peut être mélangé avec du ciment après avoir été séparé ou après avoir été
cobroyé avec le clinker. Le laitier retient moins bien l’eau de gâchage que le ciment
Portland et craint donc davantage la dessiccation. Par contre il résiste normalement
mieux à l’action destructrice des sulfates, à la dissolution de chaux par les eaux
pures ainsi que par celles contenant du gaz carbonique. (Pour une plus ample
information sur le laitier de haut fourneau voir [40-42]).
En résumé, les nouveaux bétons présentent alors une rencontre concrète des
combinaisons spéciales de performance qui ne peut pas toujours être atteinte en
utilisant systématiquement des constituants classiques du béton normal [43, 44]. Par
exemple, la propriété rhéologique des bétons fluides devrait être: « le placement et
compactage plus facile sans affecter la résistance ». Cette propriété peut être
obtenue de deux façons: soit en réduisant la gamme des tailles de grains [45] ou en
réduisant la floculation des grains de ciment par l’utilisation des adjuvants.
II.4 Adjuvants
La norme NF EN 934-2 classe les adjuvants pour bétons, mortiers et coulis, suivant
leur fonction principale :
21
ciment) ce qui forme des bouchons qui bloquent la pénétration des
liquides dans le béton.
Entraîneurs d’air : permettent d’entraîner des bulles d’air calibrées,
réparties de manière homogène dans le béton et de façon durable.
Leurs effets sur le béton sont : les bulles stabilisent les grains
(correcteur granulaire), amélioration de la cohésion et de l’ouvrabilité
(effet de réduction d’eau) et amélioration de l’aspect au décoffrage.
D’une manière générale, les adjuvants les plus utilisés dans la fabrication des
nouveaux bétons (bétons fluides) sont les superplastifiants.
II.4.1 Superplastifiants
Les superplastifiants introduits dans un béton, avant sa mise en œuvre, ils ont pour
fonction principale de provoquer un fort accroissement de l’ouvrabilité du mélange
(fig. 5).
Ce sont en général des produits de synthèse organique. Les plus utilisés sont les
dérivés de mélamines ou de naphtalène. En 1998, de nouvelles molécules issues de
l’industrie chimique, les polyacrylates et les polycarboxylates, ont considérablement
22
amélioré les performances des superplastifiants. Ces adjuvants dits de « nouvelle
génération » ont permis notamment le développement des nouvelles familles de
béton.
L’action principale des superplastifiants est de défloculer les grains de ciment (fig. 6).
Une action de répulsion électrostatique agit en neutralisant les charges électriques
présentes à la surface des grains. En plus de leur charge ionique, certaines
molécules vont présenter une structure chimique très encombrée une fois à la
surface des grains de ciment, ce qui aura alors pour effet d’empêcher le
rapprochement des grains de ciment les uns vis-à-vis des autres : c’est la répulsion
stérique (fig. 7). L’eau piégée par les flocs est de nouveau disponible pour la
maniabilité du béton [46].
Molécules de
superplastifiant portant
de charges négatives
2+
Ion calcium Ca
23
En résumé, sur le béton frais, on constate une augmentation considérable de
l’ouvrabilité pour une même teneur en eau. La réduction d’eau de gâchage entraîne
une réduction du rapport eau/ciment, qui améliore généralement les résistances et
réduit la porosité totale du matériau, améliorant ainsi sa durabilité. Voir les travaux de
Ramachandran et al., 1998 [47], Flatt et al., 2001 [48], Uchikawa et al.,1997 [49],
Spiratos et al., 2003 [50], Khorami et Aïtcin, 1989 [51].
II.5 Fibres
Axialement, la forme peut être linéaire ou non; transversalement, la fibre peut être
ronde, rectangulaire ou d’une section transversale irrégulière (figure 9).
24
Fig. 9. Les différents types de fibres métalliques [53].
La fibre synthétique la plus utilisée dans les bétons peut être schématisée comme
indiqué par la figure suivante (fig. 10) :
Le grand avantage des bétons de fibres de polypropylène est leur bonne résistance
à la fissuration (coudre les microfissures) et à la résistance aux chocs ainsi que
l’amélioration de la cohésion du béton.
25
Il est évident que tous ces comportements dépendent à la fois de la quantité des
fibres présentes ainsi que de leurs caractéristiques géométriques et mécaniques
(fig. 11 et 12).
26
La deuxième partie montre comment, en augmentant le nombre de fibres, les
configurations de superposition statique des fibres entre elles, avec la forte possibilité
d'interagir, sont atteintes. Ainsi, une augmentation de la ductilité du béton est
produite.
Dans l’absolu, on ne peut pas dire qu’une fibre est meilleure qu’une autre. En fait,
tout dépend du but recherché car toutes les fibres de renforcement n’agissent pas
selon le même mécanisme. Voir les travaux de A.G. Sarzalejo et al. [53], Rossi et al.
[54], Naaman [55].
Le béton est un matériau en pleine révolution. Depuis ses débuts, les progrès sont
énormes, notamment dans l'amélioration de la résistance du béton. Cependant, ce
n'est pas seulement la résistance qui a été augmentée. Ces derniers temps d’autres
propriétés ont été considérées comme essentielles, par exemple : la durabilité, la
ténacité et l’ouvrabilité. Il apparaît clairement aujourd’hui que les bétons nécessitent
de mener une réflexion en ayant une approche à l’échelle de l’ouvrage et non plus
seulement au niveau du produit.
Des exemples de ce développement peuvent être vus dans: Bache (1989) [56], Li
(1995) [57], Walraven (1999) [58], Brandt et Kucharska (1999) [59], Guse et Müller
(2000) [60], Guerrini (2000) [61], Zilch (2000) [62], Aïtcin (2000) [63], Harryson (2002)
[64], Bentur (2002) [65], Bennett (2002) [66], Chong et Garboczi (2002) [67]. Avec ce
développement, il est maintenant possible d'obtenir certaines propriétés prédéfinies
en adaptant une certaine composition de mélange. Les exemples de « nouveaux »
types de bétons sont :
La composition de différents bétons est présentée sur la figure suivante (fig. 13):
27
Fig. 13. Composition d’un béton ordinaire (BO), d’un béton autoplaçant (BAP), d’un béton à haute
performance (BHP) et d’un béton fibré à ultra performance (BFUP).
28
100
Résistance relative
80
60
40
20
0
0 20 40 60 80
Porosité (%)
Fig. 14. Lien entre la porosité du béton et sa résistance établi par Féret [69]
29
Fig. 15.Résistance du béton par rapport à celle du ciment
Grâce à cela, les bétons présentent une meilleure rhéologie avec pourtant moins
d'eau (utilisation des superplastifiants). Par ailleurs, les grains étant mieux répartis, la
résistance est plus homogène et améliorée. À l’échelle microscopique, le BHP
présente une structure plus fermée qu’un béton courant (fig. 16).
30
ATOUTS PERFORMANCES SURCOUT GAIN ET COMMENTAIRES
31
Pont de Normandie. Les voussoirs des rampes d’accès ont été fabriqués avec du BHP de résistance 60MPa.
L'industrie du béton est devenue une industrie de haute technologie. Depuis ses
débuts, les progrès sont énormes, notamment dans l'amélioration de la résistance à
la compression du béton. Cependant, ce n'est pas seulement la résistance à la
compression qui a été augmentée. Ces derniers temps la résistance en traction a
été considérée comme essentiel. L'utilisation d'une matrice renforcée par des fibres
permet de stabiliser les propriétés de traction. Il est maintenant possible d'obtenir ces
propriétés en adaptant une certaine composition de mélange. C'est le cas du béton
fibré à ultra performance (BFUP).
Les BFUP sont des matériaux fluides, à fort dosage en liant qui nécessitent une
sélection particulière des granulats et un emploi de fibres pour assurer la ductilité du
matériau. Avec une résistance à la compression de 130 à 200 MPa à 28 jours d'âge
et une résistance en traction élevée (jusqu’à 12 MPa), ils ouvrent la porte à de
nouvelles formes d'ouvrages.
32
Cela signifie que, à la différence du béton ordinaire, la ténacité augmente
significativement grâce aux fibres qui transmettent la force à travers la matrice
cimentaire. L'avènement du renfort en fibres a donc prolongé la polyvalence du béton
comme matériau de construction en fournissant une méthode efficace pour
surmonter sa fragilité intrinsèque.
La résistance en traction apportée par les fibres est en revanche très sensible aux
conditions de réalisation :
- tout écoulement éventuel lors de la mise en œuvre tend à orienter les fibres dans
le sens de l’écoulement.
- les fibres proches des parois sont naturellement orientées parallèlement aux
coffrages. Ce phénomène n’intervient que sur une profondeur inférieure ou égale
à la longueur des fibres. Il a ainsi d’autant plus d’influence sur la résistance en
traction effective des pièces que l’épaisseur des structures est proche de la
dimension des fibres.
- une orientation privilégiée des fibres dans le sens de la gravité peut parfois se
produire, liée au comportement naturel des fibres dans la phase liquide visqueuse
que constitue le béton avant la prise.
Il est évident que tous ces comportements dépendent à la fois de la quantité des
fibres présentes ainsi que de leurs caractéristiques géométriques et mécaniques.
L'utilisation des fibres dans le béton n'est pas un concept nouveau, mais ce n'est que
récemment qu'il semble y avoir un usage significatif dans les applications
structurales. Par exemple, il a été utilisé dans :
33
Poteau
La résille
Le principal avantage d'inclure des fibres dans les matrices est qu'il améliore la
ductilité/ténacité et la relation contrainte-déformation/fissure. Les types de fibres
couramment utilisés sont l'acier et le polypropylène. Les fibres métalliques
interviennent à l’échelle de la structure en apportant de la capacité portante et de la
ductilité. Comme les armatures traditionnelles de béton armé, les fibres ont pour
objectif de maîtriser la propagation des fissures. On peut dire qu’il s’agit d’un béton
armé à l’échelle locale. Tandis que les fibres synthétiques (en polypropylène) sont
principalement utilisés pour “coudre” les microfissures et d’éviter leur propagation, ce
qui empêche ou retarde l’apparition de macrofissures.
34
III.3 Bétons Autoplaçants « BAP »
Le béton autoplaçant est un béton innovant qui ne nécessite pas de vibrations pour
le placement et le compactage. Il est capable de s'écouler sous son propre poids,
remplissant complètement le coffrage même en présence du renfort congestionné.
Le béton durci est dense, homogène et possède des propriétés mécaniques plus
grandes que celles assurées par le béton vibré traditionnel.
35
Théâtre de St-Nazaire - France, Surface : 6 886 m2
Actuellement le BAP est utilisé dans la plupart des pays européens. L’utilisation de
BAP est très intéressante aussi bien pour les producteurs de béton prêt à l’emploi
que pour les fabricants d’éléments préfabriqués. Toutefois, le manque de processus
de normalisation et de mémentos pratiques a fait longtemps obstacle à la popularité
croissante du BAP. La norme européenne générale EN 206 a permis de remédier à
cette situation puisqu’elle contient enfin les exigences et les spécifications auxquelles
doit répondre le BAP.
En conclusion, il existe une très grande variété de matériaux dans le monde et il est
clair que les matériaux utilisés ont des influences variées sur la résistance et
l’écoulement du béton. Ceci implique qu’il est difficile de réaliser une formulation
universelle de béton.
Pour formuler les bétons ordinaires, la méthode la plus utilisée dans l'industrie est
celle dite de Dreux-Gorisse. Elle propose différents abaques pour estimer les
dosages en eau et en ciment permettant d'obtenir la résistance et la consistance
souhaitées.
36
Mais la formulation des nouveaux bétons est une opération plus complexe que celle
des bétons classiques, car le nombre de paramètres à gérer est plus élevé (jusqu'à
trois constituants supplémentaires). Le point critique consiste souvent à « marier » un
ciment, un ajout minéral et un superplastifiant, de façon à ce qu'ils conduisent à un
mélange fluide.
Les bétons à hautes performances BHP sont des bétons qui développent dès le
jeune âge des résistances élevées et permettent de réaliser des structures soumises
à des contraintes élevées telles que les ouvrages d’art. Les gains de résistance ne
sont pas les seuls avantages de ces bétons qui tirent leurs propriétés d’une forte
réduction de leur porosité qui implique essentiellement deux conditions :
- des bétons possédant une grande fluidité (affaissement supérieur à 180 mm).
Leur rapport eau/ciment est similaire à celui d’un béton traditionnel. La
37
présence de superplastifiant améliore les propriétés rhéologiques du béton et
donc sa mise en œuvre.
- des bétons de faibles rapports eau/ciment. Ils permettent d’obtenir une
résistance aux premiers âges élevée et une meilleure durabilité.
- des bétons dont les teneurs en ciment et en eau sont réduits pour une mise en
œuvre et une résistance donnée. Ces bétons permettent de réduire la chaleur
libérée par l’hydratation du ciment.
38
Selon la recommandation française provisoire sur le BFUP [71], le BFUP est un
matériau à matrice cimentaire ayant une résistance caractéristique à la compression
dépassant 150 MPa et avec un dosage en fibres suffisant pour atteindre un
comportement ductile en traction. Ces propriétés mécaniques distinguent clairement
le BFUP des autres types de béton.
- une teneur en eau extrêmement faible (rapport eau/ciment < 0,25 voire 0,20)
grâce à l’utilisation optimisée de superplastifiants (de 0,5 à 2% de ciment) qui
défloculent les particules fines.
- une compacité maximale, obtenue en utilisant des composants correspondant
à quatre classes granulaires : Ciment (comprise entre 700 et 1000 kg/m3),
fumée de silice (20 à 30 % de ciment), fibres (2 à 3% en volume) et sable. La
taille et la quantité des plus gros grains sont considérablement réduites
(diamètre maximal variant de 1 à 7 mm). Les fibres, composant clé des BFUP,
confèrent au matériau sa ductilité. Ces fibres ont une longueur adaptée à la
taille du plus gros grain et une section la plus faible possible pour garantir un
bon ancrage.
39
[74] de formulation des bétons. Elle a été développée au laboratoire central des
ponts et chaussées pour optimiser le squelette granulaire des bétons non fibrés.
Cette méthode est fondée sur trois hypothèses principales largement vérifiées par
l’expérience :
- pour un rapport Eau/Liant donné, le béton le plus maniable est celui qui a le
squelette granulaire (G+S) le plus compact ;
- l’optimum de compacité (déterminé par la constitution du squelette granulaire :
S+G) n’est pas modifié lorsqu’on fait varier les quantités E/L ;
- l’introduction de fibres métalliques ne modifie pas les deux premières
hypothèses.
40
en compte tous les aspects du ou des problèmes posés (caractéristiques des
matières premières, caractéristiques et performances des produits fabriqués, coût...).
La méthode utilisée pour formuler ces deux types de bétons (BHP et BFUP) est
indiquée dans la partie « Exploitation et analyse des résultats ».
Parmi les techniques de formulation les plus répandues on cite alors [81]:
- la méthode basée sur l’optimisation des mortiers ;
- la méthode basée sur l’optimisation de la pâte ;
- la méthode basée sur l’optimisation du squelette granulaire ;
- approche de l’AFGC (Association Française de Génie Civil).
41
- quantité de gravillons limitée à 50% de leur compacité (rapport entre le volume
de grains et le volume total du système grains+vides) afin de minimiser les
risques de blocage.
- volume du sable arbitraire de l’ordre de 40% du volume total de mortier.
- rapport Eau/Liant et dosage en superplastifiant optimisés à partir d’essais sur
mortiers en effectuant des essais d’étalement au mini-cône et au V-Funnel
(fig. 17). Ces essais permettent de calculer deux paramètres :
( D) 2 ( D0 ) 2
m 2
; Rm 10
( D0 ) t
La formulation d'un BAP par le biais de son mortier trouve sa justification dans
quelques publications. Billberg [29] et Jacobs et al [95] montrent à cet effet que la
rhéologie d'un béton se corrèle bien avec celle de son mortier.
42
blocage. Ce volume est évalué en comparant l'écoulement du mortier dans un
entonnoir avec et sans gravillons.
1 Vvides
V pâtem in 1 3
em in
1
D
moyen
Où Dmoyen est le diamètre moyen des granulats en mm, emin est la distance minimale
entre les granulats nécessaire pour fluidifier le béton (elle varie selon les auteurs
entre 0,3 et 1 mm).
- introduction d'un volume limite de granulats, Vg, de taille di, volume au delà
duquel le béton ne s'écoule plus en milieu confiné.
Le volume de pâte est supposé jouer deux rôles dans un BAP. D'abord, il fluidifie le
matériau en limitant les contacts entre les granulats. Ensuite, il écarte suffisamment
les gravillons pour éviter la formation d'amas contre les armatures, responsables de
blocage de l'écoulement.
43
Oh et al [99] ont obtenu par l'expérience des équations reliant l'épaisseur de la pâte
autour des granulats et les constantes du modèle de Bingham (seuil de cisaillement
et viscosité) du béton, exprimées par rapport à celles de la pâte. Lors de la
formulation, il faut d'abord optimiser et caractériser la rhéologie de la pâte, puis
déterminer à l'aide de ces équations la proportion minimale de pâte nécessaire pour
fluidifier le béton. Les auteurs ne proposent pas de méthode pour doser la pâte par
rapport au blocage.
La notion d'excès de pâte a également été proposée par Chanvillard et al [100] dans
une méthode de formulation des bétons de sable.
Une autre méthode de formulation, dite Suédoise, est développée par CBI (Cement
och Betong Institutet) [77, 101-103] et se caractérise par la prise en compte des
conditions des chantiers. En effet, cette approche est basée sur l’évaluation des
risques de blocage des granulats dans les milieux ferraillés. Il s’agit d’ajouter un
volume de pâte pour assurer un espacement minimal suffisant entre les granulats
afin de réduire les frictions et les frottements entre les granulats. Sa méthode
consiste à calculer l’épaisseur moyenne de pâte autour des granulats du béton
autoplaçant, grâce à une base de données importante de formulations de béton.
Cette méthode consiste à déterminer le risque de blocage Rb par la relation :
Vi
Rb
i Vcrit ,i
Vi est la proportion volumique des granulats de taille i, par rapport au volume total du
béton. Vcrit,i est la teneur volumique critique de cette fraction granulaire de taille i. La
valeur du coefficient du risque de blocage Rb doit être inférieure ou égale à 1 pour
obtenir un béton satisfaisant. À partir de cette relation, on peut déduire, pour chaque
rapport gravier sur sable (G/S), le volume minimal de pâte pour éviter le risque de
blocage, en écrivant Rb = 1.
44
IV.3.3 Méthodes basées sur l'optimisation du squelette granulaire
La rhéologie du béton dépend de l'arrangement de son squelette granulaire. Forts de
cette constatation, les chercheurs du LCPC ont essayé de modéliser le
comportement du béton à l'état frais à partir du calcul de la compacité de
l'empilement des grains solides (des fines aux gravillons).
i
n n
i *
K Ki
i
1 *
i 1 i 1
i
Avec Φi le volume réel de la classe i et Φi* le volume maximum que les grains de
cette même classe peuvent occuper, compte tenu de la présence des autres grains.
45
Roshavelov [107] a également développé un modèle d'empilement granulaire, qui
semble néanmoins être resté à un stade théorique.
- le volume de pâte varie entre 330 et 400 l/m3 (de l’ordre de 40 % du volume
total).
- une quantité de fines élevée (de l’ordre de 500 kg/m 3) pour assurer une bonne
maniabilité tout en limitant les risques de ségrégation et de ressuage.
- le volume de gravillons est limité en prenant un rapport G/S (masse de
gravillons sur masse de sable) proche de 1 afin d’éviter le « blocage du béton
» dans les zones confinées.
- un diamètre maximal réduit, en général un Dmax compris entre 10 et 16 mm
afin d’améliorer l’écoulement.
- utilisation d’un superplastifiant (à un dosage proche du dosage de saturation)
pour obtenir la fluidité souhaitée.
- emploi éventuel d'un agent de viscosité.
Nous avons détaillé les quatre approches de formulations de BAP les plus
répandues, ainsi que leur modification ou leur extension. Des auteurs comme Turcry
et al [108] ont testé les trois méthodes (la méthode basée sur l’optimisation des
mortiers, la méthode basée sur l’optimisation de la pâte et la méthode basée sur
l’optimisation du squelette granulaire) et souligné quelques remarques issues des
essais qu’ils ont menés. Ils estiment que l’approche LCPC (appuyée par le logiciel
développé) donne les résultats les plus satisfaisants. Cependant, cette méthode
nécessite l'acquisition de nombreux équipements expérimentaux, d'un logiciel
Bétonlab Pro2, et d'outils informatiques. En plus l’utilisation de cette méthode
nécessite la réalisation de certains essais expérimentaux pour déterminer la
46
compacité du sable et des gravillons, la demande en eau du ciment et des fillers et le
dosage à saturation du superplastifiant pour le liant.
D’autre part, les auteurs [93, 96] s’accordent sur le fait qu’il n’existe pas de méthode
de formulation unique car les matériaux employés et leurs qualités diffèrent selon les
régions ou les pays.
Pour pallier ces exigences nous proposerons une étude de formulation de BAP non
coûteuse dans l'AXE 2 « Nouvelles approches pour formuler et analyser
rhéologiquement les bétons ». Elle est basée sur les approches récurrentes citées
dans la littérature. Les travaux rassemblés dans cette étude répondent à un
ensemble de questions: (1) comment évaluer d’une manière simple les
performances rhéologiques du béton et de sa compatibilité avec les superplastifiants
donnés ? (2) Comment faire pour optimiser l'utilisation des additifs minéraux en
faisant un faible rapport E/C dans le béton ?
47
Chapitre 2 : RHEOLOGIE ET RHEOMETRES
La rhéologie est définie comme étant la science qui traite de l’écoulement, des
déformations, et plus généralement de la viscosité des matériaux sous l’action des
contraintes [116, 117]. La rhéologie est capable d’intégrer l’étude de l’ensemble des
substances, qu’elles soient liquides ou solides.
L’intérêt de la rhéologie grandit chaque jour depuis son apparition en 1928 [118],
avec l’apparition de nouvelles substances aux comportements complexes tels :
pâtes, suspensions, polymères, etc. Pour le cas du béton, on s’intéressera à l’étude
de son écoulement alors qu’il est encore à l’état frais. Le béton composé de
particules de ciment, de granulats, d'eau et d'air, peut être caractérisé comme des
particules solides en suspension (agrégat) dans les fluides visqueux (pâte de
ciment).
I. Définitions
La viscosité d’un fluide, qui est la propriété inverse de la fluidité, est la caractéristique
de résistance au glissement ou à la déformation d’un fluide. Ces forces de résistance
proviennent du fait que les couches des fluides en mouvement ne peuvent pas
glisser indépendamment et librement les unes sur les autres. Ce qui donne
naissance à des forces du frottement qui s’opposent directement à l’écoulement.
48
littérature parmi lesquelles le point de fluage, le seuil de plasticité, le seuil de
cisaillement, le seuil de rigidité, la contrainte seuil.
49
Pour le cas d’un fluide newtonien, la relation entre le taux de cisaillement et la
contrainte de cisaillement est linéaire et passe par l’origine (fig. 20). L’équation
.
rhéologique d’un corps newtonien s’écrit comme suit : /
Plaque mobile
V=Vitesse
F=Force
F
X=Distance
A
. V
X
Plaque stationnaire
.
0
La figure 22 montre que la limite d'élasticité (la contrainte initiale de flux) est le point
d'intersection sur l'axe des contraintes de cisaillement. La viscosité plastique est
l'angle d'inclinaison de la contrainte de cisaillement et le taux de cisaillement.
50
Le béton commence à s’écouler quand la contrainte de cisaillement dépasse la limite
d'élasticité, une fois cette limite est dépassée, la viscosité plastique assure
l’écoulement stable de béton. Il est donc important de mesurer à la fois la limite
d'élasticité et la viscosité plastique pour décrire complètement le comportement d'un
béton frais.
D’un point de vue physique, les deux paramètres de Bingham ont été interprétés
comme suit [104]: le seuil de cisaillement 0 est expliqué comme la somme
macroscopique de frottements internes des grains solides (fig. 23). Il dépend
directement du nombre et de la nature des contacts entre les grains et donc de la
compacité du squelette granulaire. Au-delà du seuil, la contrainte appliquée au
mélange entraîne l’écoulement qui se traduit par des mouvements relatifs entre les
grains solides (le frottement) et la circulation de la phase liquide dans la porosité
intergrains. C’est cette dernière qui causerait la dissipation visqueuse dans le liquide
en écoulement et expliquerait le deuxième terme μý dans la loi de Bingham. Plus la
circulation est difficile, plus le paramètre μ est important.
51
Tableau 1. Modèles rhéologiques de la viscosité
Modèle de viscosité Equation Hypothèses
Einstein [119] 0 (1 [ ] ) Pas d’interaction en particules,
Suspension diluée
max K
0 (1 )
Kikukawa – Murata 1992 [121] Mélange est constitué de deux
phases : solvant et soluté
Exp26.75 0.7448
max Béton, modèle de Bingham
Ferraris et de Larrard 1998
[122]
/ 0 1 [ ] max Relation entre la viscosité et la
Krieger-Dougherty [123]
max
fraction volumique solide
maximale (packing)
[ ]
/ 0 exp
Prend en compte la fraction
1
Mooney [124]
m ax volumique solide maximale
2
1.25
Eiler 1943 [125] /0 1 Suspensions concentrées,
1 max Particules sphériques
2
max
/ 0 1 0.75.
Équation empirique
52
Définitions des variables
= Viscosité de suspension; = Fraction volumique solide
53
Tableau 2. Les équations relatives de contrainte de cisaillement et le taux de cisaillement
Modèle Equation
.
Newtonien [128]
.
0
Bingham [129]
. n
Herschel et Bulkley [130] 0 K
.
0 B. sinh 1 ( / C )
Vom Berg [131], Ostwald- de Waele [132]
. .
Eyring [133]
a B. sinh 1 ( / C )
.
Robertson-Stiff [134] a.( C ) b
.
2
Atzeni et al. [135]
2 .
Casson [136]
0 a.( )
. .
A
De Kee [137] 0 e
2
.
Quemada [119] 1 (A ) .
B C (A )
.
. .
Yahia et Khayat [138] 0 2 0 e A
54
La figure 20 montre quelques types de courbes qui peuvent être obtenues
lorsque la contrainte de cisaillement est tracée en fonction du taux de
cisaillement. Toutes les courbes représentées peuvent être décrites par des
équations du tableau 2.
Selon de Larrard [122], le béton frais est un matériau intermédiaire entre un fluide et
un empilement humide de particules. Hu [128] a ainsi montré que pour les bétons
dont l’affaissement est supérieur à 10 cm et les conditions de stabilité (absence de
ségrégation) sont respectées, le béton frais peut être assimilé à un fluide du type
Herschel-Bulkley dont la loi fondamentale gouvernant le comportement rhéologique
est décrite dans [130] (voir le tableau 2).
Les propriétés rhéologiques du béton frais sont essentielles pour l'industrie du béton,
car elles affectent le placement et la maniabilité. Par ailleurs, ces propriétés
rhéologiques influent sur la productivité et la qualité du béton y compris les
propriétés mécaniques et la durabilité.
En outre, pour évaluer la viscosité des bétons fluides plusieurs essais normalisés
sont recommandés. Afin de comprendre leurs objectifs et principes, la partie suivante
décrit les essais rhéologiques ainsi que les domaines d’application.
55
Les exigences de la spécification, de la performance et de la conformité pour le
béton structural sont données dans les normes EN 206-1. Toutefois, dans le cas du
BAP certaines propriétés à l'état frais dépassent les limites et les classes fournies
dans la présente norme.
II.1.1 Fluidité
L’essai d’étalement est traditionnellement utilisé pour mesurer l’affaissement d’un
béton et ainsi définir son caractère plus ou moins plastique (norme NF EN 206).
L’affaissement des bétons autoplaçants étant total, c’est une mesure du diamètre de
la galette obtenue après l'étalement réalisé. Cette mesure permet de déterminer la
capacité du matériau à s’écouler en milieu non confiné et sans obstacle. Il est basé
sur l'essai d'affaissement décrit dans la norme EN 12350-2.
Cet essai est simple à réaliser et ne demande qu’une faible quantité de matériaux. Il
peut donc être utilisé aussi bien en laboratoire que sur site.
L’étalement de béton autoplaçant décrit la fluidité à l'état frais de mélange dans des
conditions non confinées. Les observations visuelles pendant l'essai et / ou la
mesure du temps t500 peuvent donner des informations supplémentaires sur la
résistance à la ségrégation et l'uniformité de chaque formulation (fig. 24).
56
Fig. 24. Comportement rhéologique de béton fibré à l’état frais.
Classe Etalement en mm
- SF3 (760 - 850 mm) est généralement produit avec une taille maximale des
agrégats de moins de 16 mm et est utilisé pour des applications verticales dans
des structures très congestionnées ou de formes complexes.
SF3 donnera souvent une meilleure finition de surface que les SF2 pour des
applications normales, mais la résistance à la ségrégation est plus difficile à
contrôler.
57
II.1.2 Viscosité
La viscosité peut être évaluée par le temps t500 pendant l'essai d’étalement ou
évaluée par le temps d'écoulement en V-Funnel. La valeur du temps obtenue ne
mesure pas la viscosité du béton, mais donne une indication sur la vitesse
d'écoulement. Un béton avec une faible viscosité aura un débit initial très rapide.
La viscosité (faible ou élevée) devrait être spécifiée dans des cas particuliers tels que
ceux donnés ci-dessous. Il peut être utile pour mesurer et enregistrer le temps t500
tout en faisant le test d’étalement comme un moyen de confirmer l'uniformité du
béton autoplaçant :
VS1/VF1 ≤2 ≤8
VS2/VF2 >2 9 à 25
- VS2/VF2 n'a pas de classe de limite supérieure, mais avec le temps d'écoulement
plus grand, il est plus susceptible de présenter des effets thixotropiques, qui
peuvent être utile pour améliorer la résistance à la ségrégation. Les effets
négatifs peuvent être signalés au sujet de surface et aux arrêts ou des retards
entre les couches successives.
Le béton frais est déversé dans un cône comme celui utilisé dans l'essai
d’affaissement décrit dans EN 12350-2 (fig. 25). Lorsque le cône est retiré vers le
58
haut le temps de début du mouvement vers le haut du cône et le moment où le béton
atteint un diamètre de 500 mm est mesuré (fig. 26); c’est le temps T500 rapporté à
0,5 s près. Le plus grand diamètre d’étalement du béton et le diamètre de
l’étalement perpendiculaire sont ensuite mesurés, l’étalement SF étant le diamètre
moyen exprimé à 10 mm près.
( D1 D2 )
SF
2
Toute composition dont l’étalement est inférieur à 60 cm est écartée afin d’assurer
une reproductibilité entre les différentes gâchées (fig. 27).
59
Fig. 27 : Exemple de validité de l’essai d’étalement
Le temps (en seconde) nécessaire au béton pour s'écouler de cet entonnoir est
mesuré et enregistré comme le temps d'écoulement du V-Funnel [EN 12350-1].
60
autoplaçant présente une bonne résistance à la ségrégation en phase d'écoulement
dans une zone confinée [94].
Différents essais sont disponibles pour mettre en évidence la capacité d’un BAP à
s’écouler à travers un ferraillage plus ou moins dense. Dans notre laboratoire, on a
utilisé l’essai à la boite en L.
Cet essai permet de tester la mobilité du béton en milieu confiné et de vérifier que sa
mise en place ne sera pas contrariée par des phénomènes de blocage.
61
Pour les dalles minces où l’intervalle d’écoulement est supérieur à 80 mm et pour
les autres structures où l’intervalle d’écoulement est supérieur à 100 mm, aucune
aptitude à l’écoulement spécifique n’est requise.
62
Toute composition dont le rapport H2/H1 est inférieur à 0.8 est écartée afin d’assurer
une reproductibilité entre les différentes gâchées (fig. 31).
Il existe deux variantes: le test avec deux barres et le test avec trois barres. L’essai à
trois barres simule un plus fort pourcentage d’armatures.
3
em in (1 ) d Avec d : diamètre maximal des granulats
2
63
D’après ce critère, si le diamètre maximal des granulats est de 20 mm et dans le cas
d’un ferraillage vertical, l’espacement doit être supérieur à 37,3 mm. On peut
remarquer que cette valeur est du même l’ordre de grandeur que l’espacement utilisé
dans le cas de la Boite en L.
Afin de limiter le risque de blocage, le diamètre maximal des granulats doit donc être
réduit par rapport à celui d’un béton traditionnel. D’après l’AFGC [12], le diamètre
maximal des gravillons est compris entre 10 et 20 mm. Le choix d’un diamètre
maximal plus important est possible mais ne se justifie que lorsque le confinement et
la densité du ferraillage sont faibles.
64
En l'absence d'expérience pertinente, les conseils généraux suivants sur les classes
de résistance à la ségrégation mesurée par l’essai de stabilité au tamis sont donnés:
si les classes d’étalement sont hautes et/ou la classe de viscosité est faible, la
résistance à la ségrégation devient un paramètre très important. Si aucune de ces
situations ne s’applique, il n'est généralement pas nécessaire de spécifier une classe
de résistance à la ségrégation.
SR1 ≤ 20
SR2 ≤ 15
- SR1 est généralement applicable pour les dalles minces et pour les applications
verticales avec une distance d'écoulement de moins de 5 mètres et un intervalle
d’écoulement supérieur à 80 mm.
- SR2 est préféré dans des applications verticales si la distance d'écoulement est
supérieure à 5 mètres et si l’intervalle d’écoulement supérieur à 80 mm, afin de
prendre soin de la ségrégation lors de l'écoulement.
SR2 peut également être utilisé pour des applications verticales avec un intervalle
d’écoulement de moins de 80 mm si la hauteur de chute du béton est inférieure à 5
mètres, mais si la hauteur de chute est supérieure à 5 mètres, une valeur cible de
SR de moins de 10% est recommandée.
50 cm
Essai au tamis
Tamis de 5 mm
Laitance
65
Après prélèvement, le béton frais est laissé au repos pendant 15 min et toute
remontée d'eau de ressuage est notée. La partie supérieure de l'échantillon (4,80,2
Kg) est ensuite versée dans un tamis des ouvertures carrées de 5 mm. Après 2 min,
le poids du matériau qui a traversé le tamis est enregistré (fig. 33). Le ratio de
ségrégation est alors calculé comme la proportion de l'échantillon passant à travers
le tamis. Le pourcentage de laitance SR est calculé à partir de l’équation suivante et
consigné au 1% près :
( m ps m p ) 100
SR
mc
Où
mps est la masse du fond de tamis plus masse de la laitance écoulée, en grammes;
66
II.3 Teneur en air occlus
Pour la mesure de l’air occlus dans le béton frais, on utilise la méthode dite « par
pression ». Comme le seul élément compressible dans le béton frais est l’air occlus,
la compression de l’air fait chuter la pression appliquée au béton frais. Cette
diminution est proportionnelle à la quantité d’air présente dans le béton [139]. Cet
essai est effectué à l’aide d’un aéromètre selon la norme française NF P 18-353
[140].
Il permet la détermination de la teneur en air globale sur béton frais à l’aide d’un
instrument portatif relativement simple.
L’aéromètre est constitué d’une cuve d’une capacité de 5 litres recevant l’échantillon
de béton et d’un couvercle rigide muni d’un tube vertical en verre gradué. L’ensemble
couvercle-cuve est fixé par un mécanisme étanche et le tout est rempli d’eau
jusqu’au niveau zéro (fig. 35).
L’essai consiste à appliquer une pression sur l’échantillon en utilisant une pompe à
air installée en partie supérieure du tube. Cette pression provoque une réduction de
volume du béton par la compression des vides d’airs (le reste étant supposé
incompressible). La teneur en air peut être estimée à partir de la différence de
volume.
67
Cet essai a l’avantage d’être rapide et peut donc donner le volume total d’air dans le
béton frais juste après la fin du malaxage.
Le pourcentage de l’air occlus dans les bétons autoplaçants n’est pas limité à une
valeur fixe, mais, plus il augmente plus il influe négativement sur les performances
mécaniques de notre béton [139].
III. Rhéomètres
Les mesures réalisées sur bétons [122, 128, 141] montrent que ces matériaux ne
sont pas des fluides newtoniens, mais qu’ils présentent un comportement
viscoplastique. Les propriétés d'écoulement de béton peuvent souvent être décrites
approximativement en utilisant un modèle de Bingham, définie par deux facteurs, la
viscosité plastique et le seuil d’écoulement. Les tests empiriques les plus
couramment utilisés (Essai d’étalement, la boite en L, V-Funnel…) [11, 12] sont
insatisfaisants car ils mesurent un seul paramètre qui n'est pas suffisant pour
caractériser complètement la rhéologie du béton. La figure 36 montre comment deux
bétons pourraient avoir un paramètre identique et un second paramètre très différent.
Ces bétons peuvent être très différents dans leurs comportements d’écoulement. Par
conséquent, il est important d'utiliser un test qui va décrire l'écoulement du béton, par
la mesure (au moins) de deux facteurs.
68
Fig. 36. Comportement rhéologique de bétons
Les rhéomètres permettent d'obtenir des rhéogrammes qui décrivent la relation entre
le couple appliqué à un échantillon représentatif et la vitesse de rotation de la pièce
mobile.
69
Fig. 38. Différentes géométries de palettes utilisées dans les rhéomètres béton : (a) two point test de
Tattersall, (b) IBB, (c) BML, (d), (e) et (f) BTRHEOM.
Les rhéomètres à béton ont fait l’objet ces vingt dernières années de nombreux
développements. À savoir :
BML est un rhéomètre rotatif [144]. Il est dérivé de l’appareil Two-point test. Le
principe de fonctionnement est identique, mais la forme d’ailette a été modifiée
par Wallevik et Gjorv. L’ailette est présentée dans la figure 38 (c). C’est un
rhéomètre à cylindres coaxiaux. Le cylindre intérieur est fixe tandis que le cylindre
70
extérieur tourne autour de l’axe à une vitesse angulaire fixe. Les cylindres sont
munis de redans parallèles à leur axe.
71
Fig. 39. Corrélation Seuil de cisaillement (Pa)
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8 B9 B10 B11 B12 B13 B14 B15
Fig. 40. Comparaison des seuils de cisaillement mesuré avec les rhéomètres.
72
Fig. 41. Corrélation Viscosité plastique (Pa.s)
120
100
80
60
40
20
0
B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8 B9 B10 B11 B12 B13 B14 B15
Fig. 42. Comparaison des viscosités plastiques mesurées par les rhéomètres.
73
Les valeurs du seuil de cisaillement et de la viscosité plastique dépendent fortement
du type d’appareils et de la géométrie utilisée. Comme le montrent les figures 40 et
42, les différents appareils ne permettent pas d’identifier une courbe d’écoulement
unique et caractéristique pour chaque béton testé.
Cependant quelle que soit l’approche employée les propriétés des bétons
autoplaçants se différencient notablement des celles des bétons traditionnels. D’une
part, l’affaissement n’est plus mesurable puisqu’il est total, on parle donc d’étalement
des BAP [148]. D’autre part, malgré le fait que la réalisation d’essais rhéologiques est
difficile, et que le choix d’un modèle adapté est encore discuté, les différentes
données indiquent que la valeur du seuil d’écoulement des BAP est bien plus faible
que celui des autres bétons [94, 149].
Tableau 4. Ordres de grandeur des paramètres rhéologiques pour différents types de matériau.
Dans [104], de Larrard souligne que la viscosité plastique contrôle divers aspects de
la maniabilité du béton. Les bétons ayant une viscosité supérieure à 300 Pa.s sont
difficiles à manier, à vibrer, à talocher et à travailler à la truelle de part leur aspect
« collant ».
Kaplan [151] et Chapdelaine [152] ont également montré que le seuil et la viscosité
interviennent dans la prédiction de la relation (pression à la pompe/débit de béton)
lors d'opération de pompage. Même si le paramètre primordial reste le frottement
béton/tuyau, les propriétés rhéologiques prennent de l'importance dans le cas des
bétons à faible seuil et pour des pompages à forts débits.
74
En ce qui concerne les propriétés rhéologiques souhaitables pour le béton
autoplaçant, Wallevik, 2003 [153] a indiqué dans le tableau 5, les valeurs du seuil et
de la viscosité utilisées dans les différents pays.
Dans l'ensemble, le seuil de cisaillement du BAP est beaucoup plus faible (moins de
60 Pa) à celle du béton normal (400 ~ 1500 Pa), mais la viscosité plastique du BAP
est du même ordre que celle du béton ordinaire (50 ~ 100 Pa.s).
En outre, Wallevik [153] a proposé une zone définissant des BAP en utilisant des
valeurs de diagramme seuil- viscosité plastique comme le montre la figure 43.
75
Si la viscosité plastique est inférieure ou égale à 40Pa, le BAP doit avoir une valeur
significative du seuil afin de maintenir une homogénéité suffisante. D’autre part, si le
BAP est « visqueux » c’est-à-dire qu’il a une viscosité plastique supérieure à 70 Pa.s,
le seuil de cisaillement doit être proche de zéro pour atteindre une capacité de
remplissage satisfaisante. L’étalement minimum pour obtenir un BAP est aussi
donné en fonction des viscosités.
Fig. 44. a) Temps V-funnel par rapport à la viscosité plastique. b) Etalement par rapport au Seuil
d’écoulement mesuré à l'aide d'un viscosimètre ConTec [154].
76
L’essai d’étalement au cône d’Abrams est l’un des essais empiriques les plus utilisés.
On en tire deux grandeurs spécifiques : l’étalement SF et le temps écoulé pour
obtenir une galette de diamètre 500 mm, t500. Une relation simple semble exister
entre le seuil d’écoulement et l’étalement d’un BAP (voir le tableau 6) :
5
SF
0
Coussot et al [161] 279
0 (808 SF )
Sedran [94] 1174
SF
0 ln
Jin [93]
0
300 SF
Hu [163] 270
0
300 SF 212
Ferraris et De Larrard [122] 347
77
La deuxième grandeur spécifique obtenue à partir des essais au cône d’Abrams est
le temps écoulé pour obtenir une galette de diamètre 500 mm, T500. Une relation
simple semble exister entre la viscosité et l’étalement d’un BAP (voir le tableau 7) :
Auteur Equation
40.10 3 25.10 3
Kurokawa [160] 0.0545 . .1 .1
2
.t
2 500
SF SF
.0.026 SF 2.39 .t 500
Sedran [94] 1000
t 500
Esping [162] 0.002 0
La composition de ces bétons doit offrir un rapport équilibré entre les propriétés
recherchées sur le béton frais ou durci et les coûts de fabrication. Les principales
propriétés recherchées sur le béton frais sont la fluidité, la viscosité et la stabilité
envers la ségrégation. Pour les propriétés mécaniques, le chapitre suivant explique
en détails certains paramètres qui valident une composition donnée.
78
Chapitre 3 : Caractérisation mécanique des bétons
Les nouveaux bétons présentent une résistance mécanique plus élevée qu’un béton
ordinaire. Ces bétons possèdent une très bonne résistance à la compression mais ne
peuvent en aucun cas résister à de fortes contraintes de traction parce qu'ils
présentent généralement un grand nombre de microfissures, surtout à l'interface
entre les agrégats grossiers et le mortier, même avant soumission à n'importe quelle
charge. C’est la principale raison de la faible résistance à la traction de béton. C’est
pour pallier ce défaut qu’a été mis au point le béton renforcé de fibres.
I. Essais destructifs
79
La presse utilisée est d'une capacité maximale de 3000 kN, asservie en force
(fig.46). La résistance à la compression a été évaluée suivant la norme EN 12390-3:
les essais ont été réalisés avec une vitesse de chargement de 0,5 MPa/s.
L’éprouvette étudiée est soumise à une charge croissante jusqu’à la rupture (fig. 47).
La résistance à la compression est le rapport entre la charge de rupture et la section
transversale de l’éprouvette :
Avant la rupture
Après la rupture
80
I.2 Essai de traction par fendage
Rupture détectée
La poutre utilisée repose sur deux supports : l'appui double et l'appui simple. Les
points d'appui sont articulés de façon à ce que les extrémités puissent se mouvoir
librement pendant la flexion. La figure 49 montre une poutre simple.
81
Fig. 49. Cas d'une poutre simple
Effort tranchant
Moment
Effort tranchant
Moment
82
Dans notre travail, on a utilisé la deuxième procédure, flexion 4 points, voir la figure
suivante :
83
Mise en place de l'extensomètre
84
Mais dans le même temps on observe une déformation dans le sens transversal qui
tend à faire augmenter le diamètre Ø de l’éprouvette d’une valeur ΔØ. La
déformation relative dans le sens transversal est .
Avec le même appareillage que celui décrit sur la figure 52 on peut accéder à ces
déformations transversales de l’éprouvette, en disposant sur les couronnes des
capteurs orientés perpendiculairement aux génératrices de l’éprouvette.
En général, nos bétons présentent une résistance mécanique plus élevée qu’un
béton ordinaire... L’introduction d’additions minérales entraîne une modification de la
porosité de la matrice cimentaire et améliore les résistances mécaniques des bétons
[164] au jeune âge par effet physique principalement et par effet pouzzolanique
lorsqu’elles sont chimiquement actives, à plus longues échéances [165]. Cette
amélioration des résistances dépend de la nature, de la finesse et du dosage de
l’addition.
85
contribuent au comportement non linéaire à faibles niveaux de contrainte et
provoquent ainsi une expansion volumique pendant le chargement. C’est la
principale raison de la faible résistance à la traction du béton. C’est pour pallier ce
défaut qu’a été mis au point le béton armé. C’est aussi le tout premier concept du
béton renforcé de fibres, permettant d’obtenir en plus un renforcement homogène.
Avec un choix approprié du type de fibres, de leur taille ainsi que de leur dosage, il
est possible d’inhiber la propagation des premières microfissures. Les fibres, en
assurant le transfert de contraintes à travers la fissure, limitent son ouverture et sa
propagation. La localisation de la macro fissuration est ainsi retardée, limitant ainsi la
fragilité du matériau.
86
Avec la présence des fibres dans la matrice, le béton devient plus ductile (fig. 53) et les
fibres offrent la résistance contre la propagation des fissures. Cependant, l'effet des fibres
dépend fortement du type de fibre utilisée, la taille et les propriétés de la fibre, la fraction de
volume ajouté et les propriétés de la matrice. Voir Glavind (1992) [166].
Lorsqu'une contrainte est appliquée (Figure 54), les microfissures vont commencer à
se développer, tout d'abord à l'interface entre la pâte de ciment et les granulats et par
la suite ils se propagent vers le mortier (A). Une fois que la contrainte maximale est
atteinte (B), les microfissures se propagent d’une manière instable et se connectent
pour créer une ou plusieurs macrofissures. C’est une phase de localisation de la
fissuration. Ces macrofissures se propagent à travers l’échantillon, conduisant à la
chute de contraintes (C) et donc à la rupture totale du volume du matériau considéré
(D).
87
Si l’on sollicite une pièce de béton en flexion, on constate schématiquement trois
phases de fissuration. Une phase de microfissuration diffuse, qui correspond au
comportement de matériau de la pièce. Au fur et à mesure de l’augmentation de la
sollicitation, les microfissures croissent, se rejoignent. On parle de localisation ou de
coalescence des fissures. Enfin elles deviennent des macrofissures qui ont un impact
sur le comportement de la pièce de béton dans la structure (Figure 55).
Le terme « non destructif » est donné à tout essai qui n'endommage pas ou n'affecte
pas le comportement structural des éléments et laisse la structure dans un état
88
acceptable. Malhotra [167] a présenté une étude exhaustive des méthodes non
destructives utilisées pour l'évaluation des structures en béton.
Pour cette raison, des techniques spéciales ont été développées dans lesquelles on
a tenté de mesurer certaines propriétés : l’évolution de la température de béton en
utilisant les principes de la maturométrie.
III.1 Maturométrie
La fonction la plus utilisée est celle basée sur la loi générale d’accélération des
réactions chimiques en fonction de la température proposée par Arrhenius [168].
Cette fonction a l’avantage d’être très performante mais nécessite la connaissance
d’un autre paramètre : « l’énergie d’activation du béton ». Dans le cas des bétons, il
est préférable de parler d’énergie d’activation apparente, car l’hydratation des divers
constituants anhydres du ciment produit plusieurs réactions chimiques qui ont
chacune leur propre énergie d’activation [169,170].
89
a) La connaissance de l’histoire de température vécue par le béton n’est pas un
problème en soi. N’importe quel enregistreur de température peut le faire. Dans
notre cas on a utilisé le système suivant :
Fig. 56. Mesure de l’évolution de la température au cœur de béton à l’aide des sondes
90
L’énergie d’activation apparente traduit la sensibilité du béton à sa température de
mûrissement. L’énergie d’activation apparente d’un béton dépend [175] :
Il est donc nécessaire, pour chaque béton utilisé dans un ouvrage et suivi par
maturométrie, de déterminer précisément ce paramètre Ea.
c) la « courbe de référence d’un béton » est une courbe qui présente l’évolution des
résistances à la compression d’un béton aux jeunes âges en fonction de son âge
équivalent à 20°C. Cette courbe est réalisée à partir de casses d’éprouvettes
conservées en général à 20°C (Rc=f(4h, 8h, 12h, 24h, 32h, 48h, 72h, 28jours)).
La courbe de référence d’un béton peut être considérée comme l’empreinte digitale
de ce béton. En effet, quelle que soit la température de conservation des
91
éprouvettes, lorsqu’on représente les résistances à la compression en fonction de
l’âge équivalent à 20°C on obtient une seule et unique courbe.
Ru .k (t t 0 )
R(t ) (III.1.2)
1 k (t t 0 )
Ea
K T A exp
RT
Ea
ln[( K (T )] ln( A)
RT
92
- confection d’éprouvettes (16x32) cylindriques en béton.
- ces éprouvettes sont soumises aux différentes conditions de cure (à des
températures différentes, par exemple à 20, 30, 40 °C).
- essai de compression sur ces éprouvettes à des échéances précises (par
exemple à 1, 3, 7 jours).
- pour chaque température, on trace l’évolution de la résistance des différents
bétons en fonction du temps.
- on fixe une résistance, R(t), qui doit être atteint et même dépassée par les
différentes séries de bétons et on calcule le temps, t0, nécessaire de chacune
pour y arriver.
- en utilisant L’équation (III.1.2), on calcule le coefficient K et ln(K) pour chaque
béton.
- on trace la fonction ln(K) = f(1/T), on obtient des points qui sont plus au moins
alignés, ensuite on fait une régression linéaire de ces points pour avoir
finalement une droite d’équation y = ax + b.
Ea 1
ax b ln( A)
R T
94
AXE 2
I. Matériaux utilisés......................................................................................................98
95
I. Matériaux utilisés
I.1 Ciments
Les ciments utilisés pour la fabrication des éprouvettes sont : (1) le ciment CEM I
52,5 N CE PM-ES-CP2 NF "HRC" essentiellement destiné aux travaux d’ouvrages
en béton soumis à des eaux à hautes teneurs en sulfates ou à des environnements
chimiques moyennement et fortement agressifs; (2) le ciment CEM II/B-M(LL-S) 32,5
R CE NF destiné aux travaux de bâtiment, Génie Civil industriel et routier; et (3) le
ciment CEM I 52,5 R CE CP2 NF destiné aux travaux de bâtiment et de Génie Civil
nécessitant de fortes résistances à court terme et à long terme.
Par rapport aux autres ciments, le CEM I 52,5 N CE PM-ES-CP2 NF "HRC" présente
des limitations en termes de constituants secondaires (faible teneur en C 3A) et offre
un temps d’ouvrabilité plus large.
Résistances
Clinker ≥ 95% Finesse mécaniques mortier
Na2O Début CEN en MPa
Dénomination des produits SO3 Equivalent de prise
Actif
1J 2J 28J
C3A C3S C2S Blaine
(cm²/g)
“HRC”
96
I.2 Fillers calcaires
Les fumées de silice utilisées (Sikacrete HD) ont des tailles ultrafines (entre 0,01 et
quelques micromètres), elles contiennent plus de 90% de silice amorphe : est un
additif minéral qui permet de confectionner des bétons à hautes performances ayant
une durabilité exceptionnelle.
I.4 Granulats
Dans notre travail, les granulats concassés, de roche naturelle calcaire, sont extraits
et fabriqués par LAFARGE-Granulats (Région Sud-Est France). Deux classes sont
utilisées pour la composition des bétons : du sable « 0/2 » et des gravillons « 6,3/10
». Leur analyse granulométrique est présentée sur la figure 59 et leurs propriétés
physiques sont présentées dans le tableau 10.
97
Fig. 59. Courbe d’analyse granulométrique des agrégats
Granulats Remarques
Paramètres NF EN 12620
I.5 Superplastifiants
98
Fig. 60. Classification 3R des Superplastifiants
Le TEMPO 16 est un fluidifiant qui confère aux bétons une haute rhéologie et le
KRONO 20 offre aux bétons une très forte réduction d’eau et une forte résistance
initiale (fig. 60).
-
Superplastifiants Notation Densité pH Extrait sec Teneur en Cl Teneur en
(%) Na2Oeq
SIKA FLUID SF 1,20± 0,02 6,5 ± 1,5 40 ± 2% ≤ 0,1 % ≤2%
KRONO 20 K 20 1,085 ± 0,01 4,5 ± 1 41 ± 1,5% ≤ 0,1 % ≤1%
TEMPO 9 T9 1,07 ± 0,01 4,5 ± 1 33 ± 1,5% ≤ 0,1 % ≤1%
TEMPO 16 T 16 1,055 ± 0,015 3±1 24 ± 1,2% ≤ 0,1 % ≤1%
I.6 Fibres
Quatre fibres ont été utilisées. Leurs caractéristiques sont présentées dans le tableau
suivant (tableau 12).
99
Fibres métallique RC80/50. Fibres métallique ESF 25. Fibres Macro-synthétique. Fibres Micro-synthétique.
La nouveauté essentielle apparue dans la technologie des bétons dans les dernières
années est bien l’utilisation croissante des superplastifiants et des additions
minérales. Ces produits ont la capacité de transformer un béton de consistance
ferme en une suspension fluide, qui s’étale et remplit un récipient sous son propre
poids.
Plusieurs auteurs ont étudié l’effet de l’ajout des fillers calcaires et de fumée de silice
sur les performances rhéologiques des bétons. Voir les travaux de Bilberg, 1999 [29],
Zhu et Gibbs, 1999 [30], Kara-Ali R., 2002 [31], R. Sersale [32], H. Pichon et al.[33],
Park Noh [34] Ferraris et al. [35], Shi et al. [36], Carlsward et al. [37]. Mais parfois,
les conclusions sur cet effet restent contradictoires
Fig. 61. Etude expérimentale d’écoulement de liant : Cône de Marsh et canal horizontal en plexiglas
Le cône de Marsh (fig. 61) est un outil normalisé -NF EN 445 ou P18 358- simple et
efficace pour caractériser globalement la fluidité relative des pâtes de ciment avec
100
superplastifiant. Le principe de caractérisation est de mesurer le temps d’écoulement
d’un volume donné du liant à travers un ajutage.
Fig. 62. Profil d’écoulement dans le canal horizontal selon la viscosité de liant
L’essai consiste à mesurer le temps qu’il faut pour vider un cône contenant 1 litre de
liant à travers un orifice d’évacuation de 10 mm de diamètre. Ce temps est de 6
secondes pour l’eau. En utilisant un malaxeur de mortier (fig. 63), la procédure de
fabrication d'un coulis (Norme P18-357) est la suivante (tableau 13):
101
Fig. 63. Malaxeur de mortier
E/C=0,4
Temps d'écoulement (s)
200
150
100
50
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
Dosage en superplastifiant (%)
Fig. 64. Variation de la fluidité d’un coulis en fonction de son dosage en superplastifiant
102
Le temps d’écoulement au cône de Marsh diminue d’autant moins rapidement en
fonction du dosage en superplastifiant.
La courbe obtenue nous renseigne sur deux points essentiels qui gouvernent le
comportement rhéologique de la combinaison ciment-superplastifiant étudiée: (1) le
dosage critique correspondant au point de saturation (cassure dans la courbe de
fluidité/dosage en superplastifiant) est de l'ordre de 1%; (2) le degré de fluidité pour
ce dosage critique est de l'ordre de 22 secondes.
En outre, la fluidité du liant est très influencée par la quantité d’eau de gâchage, pour
cela on a pris le même dosage de superplastifiant (1%) en faisant varier le rapport
E/C de 0,3 à 0,5.
103
1% Superplastifiant
140
120
Temps d'écoulement (s)
100
80
60
40
20
0
0,3 0,35 0,4 0,45 0,5
E/C
Lorsqu’on substitue le ciment par le filler calcaire ou par la fumée de silice, la fluidité
du liant obtenu avec le superplastifiant est très influencée par le taux et le type de
l’ajout utilisé.
Pour un taux de substitution de 10, 20, 30, 40 et 50% (par rapport à la masse de
ciment), l'évolution de temps d’écoulement est présentée dans la figure 67 et le
tableau 14.
104
1% de superplastifiant E/C=0,4
250
200
temps d'écoulement (s)
150
100
50
0
0 10 20 30 40 50
% Fumée de silice % Filler calcaire
Taux de substitution en %
0 10 20 30 40 50
Temps (s)
Fumée de silice 24,5 44,5 55 86,5 132,7 179,5
105
En conclusion, cette approche est un outil efficace pour caractériser la fluidité relative
des pâtes de ciment. En plus, l'utilisation du canal horizontal en plexiglas permet de
décrire rapidement le profil d'écoulement et donc donner une idée sur la capacité de
remplissage de mélange. D'une manière générale, il existe d'autres essais qui
permettent d'analyser la fluidité relative des liants, mais notre procédure a un effet
visuel et pratique (pédagogique) sur l'évolution des résultats. En outre, les résultats
trouvés restent un exemple général et, donc, on ne va pas les utiliser dans notre
étude.
Il devient possible de définir des objectifs de durabilité et de choisir avec précision les
caractéristiques du béton en fonction de l'agressivité du milieu dans lequel se trouve
l'ouvrage et d'optimiser ses caractéristiques afin de les adapter à la durée d'utilisation
souhaitée.
En outre, les bétons autoplaçants proposent des solutions adaptées à chaque type
d'ouvrage, à la nature du chantier, aux conditions de mise en œuvre et aux
exigences esthétiques. Ces bétons disposent d'une composition granulométrique
étudiée et présentent une excellente ouvrabilité grâce à l'ajout de superplastifiants.
La méthode de formulation que nous proposons dans ce travail est basée sur la
norme Européenne EN 206-1.
Notre objectif est de proposer une méthode simple qui s'appuie sur les
caractéristiques physico-chimiques des constituants et sur le cahier des charges en
termes notamment de :
106
- consistance adaptée à sa destination, généralement définie par l’étalement au
cône d’Abrams ;
- qualités de résistance à différentes échéances, le plus souvent à 28 jours ;
- qualités de durabilité qui conduisent à imposer une résistance caractéristique
minimum, un dosage minimum en liant équivalent (C+kA) et un rapport
maximum E / (C+kA) selon la classe d’exposition, comme indiqué à l’annexe
5 : Valeurs limites vis-à-vis de la durabilité).
L'exposition des bétons aux environnements agressifs a fait l'objet d'une réflexion
normative. Le fascicule de documentation P 18-011 (bétons : classification des
Environnements agressifs) fournit des recommandations complémentaires aux
exigences de la norme NF EN 206-1 pour les bétons soumis à des environnements
chimiques agressifs. Il recommande en particulier des mesures préventives pour la
formulation des bétons (dosage minimal en ciment, valeur maximale du rapport E/C)
afin d'assurer leur durabilité (tableau 15).
A2 A3 A4
Niveau d’agressivité Remarques
Moyennement Fortement Très fortement
agressif agressif agressif
Fonction de la dimension
Dosage minimal en
550 / 5 D 700 / 5 D 700 / 5 D maximale en mm des
-3
ciment (Kg.m ) éventuellement
granulats (D).
107
III.2 Estimation de la résistance cible [184]
f cm28 G c 28 (1 p ) 2 G c 28 c 2
Dans cette relation, est la classe vraie du ciment utilisé en MPa, p est la
porosité de la pâte au moment de la mise en place et c la compacité :
vc
c 1 p
vc ve vv
La résistance d’un béton sera d’autant plus élevée que le ciment utilisé sera plus
résistant. Cette résistance est définie par la classe vraie . Voir tableau 16 :
2
vc
f cm28 G c 28
vc ve vv
108
En fonction des masses de ciment C et d’eau E, la formule s’écrit :
G c 28
f cm28 2
E
1 c
C
C
f cm28 c 28 K b K v 0.5
E
Avec
D (mm)
Nature pétrographique des granulats 10 à 16 20 à 25 30à 40
Consistance S1 S2 S3 S4 S5
Kv 0.87 0.90 0.93 0.93 0.93
Pour leur assurer une maniabilité suffisante tout en limitant les risques de
ségrégation et de ressuage, les bétons autoplaçants contiennent une quantité de
fines, notée A, de l’ordre de 500 kg/m3 (selon les recommandations de l’AFGC).
109
Pour tenir compte, vis-à-vis de la durabilité, des additions associées à des CEM I, la
norme EN 206-1 introduit la notion de « liant équivalent L=C + k F». Le coefficient k
varie en fonction de la nature de l’addition F.
S = VGranulats S% s(S)
G = VGranulats G % s(G)
110
Une première opération consiste à augmenter progressivement le dosage en
superplastifiant pour chercher à fluidifier le béton. Si cette opération est insuffisante
ou non économique, on change alors le rapport E/C (tout en respectant la résistance)
et on reproduit les mesures de consistance.
Il est vrai que lorsque l’on entame un travail de formulation d’un béton autoplaçant,
on commence toujours par fixer le rapport (Fillers/Ciment + Fillers). Ce dernier qui
est généralement dicté par des considérations de résistance ciblée et aussi par les
considérations de durabilité.
Pour chaque mélange [filler calcaire + ciment] et un rapport [Eau / (Liant)] il existe un
dosage en superplastifiant (dosage de saturation) au-delà duquel aucun gain de
fluidité n’est possible.
Si les granulats utilisés ont une porosité négligeable, le plus simple est de les utiliser
secs, de manière à contrôler au mieux la quantité d’eau introduite dans le malaxeur.
Dans ce cas, si E est le dosage en eau efficace (tel qu’il a été déterminé par le calcul
préparatoire) ; si Ad est le dosage en extrait sec d’adjuvant ; si le pourcentage
d’extrait sec contenu dans l’adjuvant tel qu’il est commercialisé sous sa forme liquide
111
est désigné par « extrait sec (%) » ; Alors, il faut prévoir un dosage en adjuvant sous
sa forme liquide MAd et un dosage en eau d’apport Ea (eau ajoutée) tels que :
Lorsque les granulats ont une porosité non négligeable, ils doivent être introduits
humides dans le malaxeur de manière à ce qu’ils aient préalablement absorbé la
quantité d’eau correspondant à leur porosité. Sinon cette absorption se produira au
cours du malaxage et la consistance du matériau pourra en être très modifiée. Le
dosage en eau d’apport devient alors :
Avec :
Dans cette partie, nous avons présenté un travail de formulation des bétons
autoplaçants en se basant sur les approches récurrentes citées dans la littérature et
sur les normes: EN 206-1 et P 18-011. Nous proposons, alors, la démarche
suivante:
G c 28
E 1 C c
f cm28
- dosage en filler calcaire F : la quantité de fines (F+C) est fixée à 520 Kg/m3.
112
- dosage des granulats : Ils se partagent en proportion volumique égale entre le
sable et les gravillons. VGranulats = 1000 – Vpâte
- dosage en superplastifiant : Détermination du degré de saturation en utilisant
le cône de Marsh.
- eau introduite dans le malaxeur :
La classe d’exposition XF3: Voir la carte des zones de gel et des niveaux de salage
(fig. 68) : Milieu moyennement agressif.
113
III.8.1 Détermination de la quantité de ciment : Voir tableau 15
Pour s’assurer une marge de sécurité et compte tenu des résultats de la littérature on
a imposé un dosage C=350 Kg/m3.
Pour leur assurer une maniabilité suffisante tout en limitant les risques de
ségrégation et de ressuage, les BAP contiennent une quantité de fines, notée A, de
l’ordre de 500 kg/m3 (selon les recommandations de l’AFGC). On prend A=F+C=
520 Kg/m3 F=170 Kg/m3.
114
III.8.4 Dosage des granulats
Les rapports F/F+C et E/L adoptés sont respectivement 0,326 et 0,37. Ces rapports
qui permettent, sans adjuvant, l’obtention d’une pâte homogène et stable.
Le dosage de saturation est déterminé sur des coulis confectionnés par le mélange
(ciment + filler calcaire). Les résultats obtenus sont représentés sur la figure
suivante :
120
Temps d'écoulement en s
100
80
60
40
20
0
0 0,15 0,3 0,45 0,6 0,75 0,9 1,05 1,2 1,35 1,5 1,65 1,8 1,95
Dosage en Superplastifiant en % / (C+A)
115
Sur la figure 69, on peut déterminer le dosage de saturation du coulis. On remarque
que ce dernier est de l’ordre de 0,45% par rapport à la masse de [ciment + filler
calcaire].
Filler
superplastifiant Ciment Eau Sable 0/2 Gravier 5/10 E/L
BAP calcaire
3 3 3 3 3 3
SP%/L SP (Kg/m ) (Kg/m ) (l/m ) (Kg/m ) (Kg/m ) (Kg/m ) -
- 0.45 9.75 350 147 890 900 170 0.37
Sur la base des résultats obtenus par les études élaborées sur les bétons
autoplaçants, cette démarche permet de définir plus rapidement des compositions
qui répondent aux exigences de fluidité, de stabilité et de résistance nécessaires
pour un béton autoplaçant normalisé.
116
Pour le BFUP, la formulation de référence est celle dérivée de la meilleure
formulation des BHP.
(a) (b)
117
Figure 71 : temps de malaxage
Le malaxage du béton de fibres est important. En effet, il faut veiller à obtenir une
bonne dispersion des fibres dans le mélange et éviter la formation de boules de
fibres. Le Comité 544 de l’ACI [114] recommande plusieurs méthodes suivant la
nature des fibres utilisées et les matériaux recherchés :
- mélanger les fibres et les granulats avant l’introduction dans le malaxeur (par
exemple ajouter les fibres sur le tapis roulant d’alimentation des granulats) ;
- mélanger d’abord les gravillons et le sable, ajouter les fibres, puis le ciment et
l’eau. Cette méthode est recommandée pour les fibres de polypropylène, de
façon à les défibriller [115].
Dans ce travail, on a mélangé d’abord les granulats et le sable, puis les fibres et
enfin le ciment, les additions minérales, l’eau et le superplastifiant.
Une fois le béton formulé et fabriqué, il reste à le mettre en œuvre. Cette opération
est fondamentale car elle conditionne les caractéristiques mécaniques du matériau
[109-113].
118
V. Caractérisation d’écoulement des bétons : Nouvelle
approche
Dans le cas de cet essai, si on change l’opérateur, le fait d’utiliser un seau peut
perturber la vitesse ainsi que la manière d’écoulement de béton.
119
Outre les moyens expérimentaux classiques, dans notre étude on a utilisé un autre
moyen de caractérisation rhéologique : c’est l’écoulement de béton dans un V-
Funnel puis dans un canal horizontal en plexiglas (fig. 73).
V-Funnel
Par rapport à l’essai Boite LCPC, notre dispositif montre que : (1) quel que soit le
comportement rhéologique de béton considéré, la vitesse d’écoulement reste la
même (utilisation d’un V-Funnel normalisé); (2) quel que soit l’opérateur, la manière
d’écoulement de béton reste aussi la même.
En outre, les essais rhéologiques les plus couramment utilisés pour caractériser le
béton autoplaçant donnent une seule indication sur le comportement du béton, par
exemple, le test de la boite en L caractérise la capacité d'un béton frais à remplir un
coffrage, l’essai d’étalement caractérise la capacité de remplissage du béton dans un
milieu non ferraillé et le V-Funnel nous donne une indication sur la viscosité du béton
en calculant le temps d'écoulement. L'avantage de notre test est donc de donner
plusieurs indications en même temps : le temps d'écoulement dans le V-Funnel et
dans le canal horizontal et la capacité de remplissage de béton tout en visualisant le
profil d'écoulement. De plus, à chaque instant, nous pouvons déterminer le temps et
le profil d'écoulement (fig. 74).
120
Le dispositif expérimental utilisé est un canal horizontal en plexiglas de longueur
Lmax = 0.90 m, de largeur 0.20 m et de hauteur 0.16 m. Un volume de 12 litres de
matériau est vidé dans un V-Funnel, puis dans un canal horizontal. Une minute
environ après l’arrêt de l’écoulement, des photos sont prises à travers une des parois
latérales du canal (fig. 75).
Par la suite, nous proposons une corrélation théorique entre la viscosité plastique du
béton frais et le temps d’écoulement dans le V-Funnel et une corrélation entre la
viscosité plastique et les caractéristiques du profil d’écoulement dans le canal
horizontal en plexiglas, puis nous comparons cette solution théorique avec des
mesures expérimentales et des mesures rapportées dans la littérature.
121
D’où S1 2( z. tan d ).e
1 1
P1 gz1 12 P0 gz0 02 P H (1)
2 2
Pendant l’ouverture de la trappe : P1 P0 ; z 0 0
1 1
L’équation (1) devient : gz 12 02 P H (2)
2 2
Où
1
ΔH : les pertes singulières H 12 ; Avec est le coefficient de pertes
2
Pour un fluide de type Bingham le débit total (décrit par l’équation de Buckingham-
Reiner), en utilisant l’approche de Kaplan, 2000 [151], s’écrit:
PR 4 4 2 H 0
Q 1
8H p 3 PR
D’où
8H p Q 8H 0 1
P
R4 3 R
Avec R
Area
z tan d .e et Q S.v S1v1 v1 .2z tan d .e
perimeter 2z tan d e
Posant :
R
z tan d .e a Et Q 2.a.v1
2 z tan d e b
122
16H p b 4 8H 0 b
Alors : P 3 v1
a 3 a
1 2 S1 16H p b 4 8H b
2
gz 1 1 3 v1 0
0
a
0
2 S a 3
1 z tan d 2 16 H p b4 8H 0 b
D’où: 2
1 3 v1 gz 0
2
1
d
a 3 a
(3)
Avec
1 z tan d
2
16H p 2z tan d e4 8H 0 2z tan d e
x 1 ; y z gz
2 d
z tan d .e 3
;
3 z tan d .e
16 H p 2 z tan d e4 z tan d .e3 4.
1
2 d
z tan d .e3 8H 0 2 z tan d e
gz
dz 3 z tan d .e
1
dt z tan d
2
1
d
123
La résolution de cette équation différentielle nécessite l’utilisation d’un logiciel de
calcul : dans notre cas on a utilisé le programme MATLAB, Méthode de Runge-Kutta
d’ordre 4 appropriée. La figure 77 montre un exemple de calcul.
Matériaux M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8 M9 M10
3
(Kg/m )
Ciment 517 517 517 517 517 517 258.5 310.2 361.9 413.6
Eau 258 258 258 258 258 258 258 258 258 258
Sable normalisé 1522 1522 1522 1522 1522 1522 1522 1522 1522 1522
Superplastifiant - 2.15 4.30 6.45 8.60 10.75 1.075 1.075 1.075 1.075
124
Mesures
Masse volumique 2290 2180.2 2145.4 2160 2135 2208.6 2199.7 2202 2250 2263
Mesure
rhéologiques
Seuil de
cisaillement - 77.02 22.82 20.83 13.72 0 115.76 117.21 118.69 132.94
Viscosité-
rhéomètre 19.39 6.20 4.34 3.66 2.58 1.43 10.39 10.60 11.26 11.97
Viscosité-
théorique - 6.39 4.35 3.56 3.17 1.44 11.01 11.56 12.28 13.48
Le rhéomètre utilisé dans nos travaux est un rhéomètre R/S (fig. 81) fabriqué par
Brookfield. Il fonctionne à la fois en vitesse imposée (Rate, en tr/min) et en contrainte
imposée (Stress).
125
16
Fig. 78. La relation entre la viscosité théorique et la viscosité mesurée à l’aide du rhéomètre
Les premiers résultats montrent que les valeurs de la viscosité plastique calculées
par notre approche (équation 4) et celles mesurées par un rhéomètre R/S sont très
proches, comme le montre la figure 78. Ces résultats montrent qu’on peut utiliser le
V-Funnel pour caractériser d’une manière claire la viscosité plastique de mortier.
En plus, pour vérifier la validité de cette méthode dans le cas des bétons, nous
avons comparé les résultats obtenus par Chiara F. Ferraris et Lynn E. Brower [147]
avec la viscosité calculée par notre approche.
126
Tableau 18. Caractéristiques rhéologiques des bétons fabriqués par [147]
127
Tableau 19. Limite d'élasticité et viscosité plastique mesurés par trois types de viscosimètres
180
160
Viscosité plastique (Pa.s)
140 BML
120
BTRHEOM
100
80 Two-point
60
40 M.Benaicha
20
0
0 2 4 6 8 10
Temps d'écoulement en V-Funnel (s)
128
Le graphe montre que les valeurs de la viscosité calculées par notre approche, et
celles mesurées par Chiara F. Ferraris et Lynn E. Brower en utilisant le viscosimètre
BML sont très proches. Ces résultats montrent qu’on peut utiliser le V-Funnel pour
caractériser d’une manière claire la viscosité plastique de béton. La figure 80
présente la relation entre le temps V-funnel mesuré par [147] et le temps estimé par
notre approche.
9
C. F. Ferraris et al. & M. BENAICHA
8
Temps V-Funnel [14] en s
7
6
5
4
3
2
1
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Temps V-Funnel calculé en s
Fig. 80. Temps V-Funnel mesuré par Chiara F. Ferraris and Lynn E. Brower [147] et M.Benaicha et
al. [186].
Ces résultats montrent que les valeurs de temps V-funnel calculées par notre
approche, sont proches de celles mesurées par Chiara F. Ferraris et Lynn E. Brower
[147].
En outre, l’utilisation du canal horizontal en plexiglas nous donne une idée directe sur
la capacité de remplissage d’un coffrage tout en visualisant le profil d’écoulement. En
plus, on peut déterminer le seuil de cisaillement et la viscosité plastique du béton en
n’utilisant que les caractéristiques géométriques du profil d’écoulement et le temps
d’écoulement du béton dans le canal.
129
Cependant, comme il l'est mentionné ci-dessous, l’essai d’étalement présente
quelques défauts et c’est pour cette raison que N. Roussel [148] a proposé une autre
méthode pour déterminer le seuil d’écoulement de béton en fonction des
caractéristiques d’écoulement dans le canal horizontal en plexiglas : selon le volume
et le seuil d’écoulement du matériau testé, deux cas peuvent être observés : la
longueur de l’écoulement peut être inférieure (Fig. 81.a) ou égale à la longueur du
canal (Fig. 81.b). Le seuil de cisaillement est donné dans la figure 81.
Nous sommes arrivés à proposer une corrélation entre la viscosité plastique du béton
et le temps d’écoulement dans le V-Funnel. Par la suite, nous essaierons de trouver
une autre relation entre la viscosité plastique du béton et les caractéristiques
géométriques du profil d’écoulement et de temps d’écoulement dans un canal
horizontal.
130
Fig. 82. Le croquis du champ d'écoulement et le système de coordonnées
Avec le système de coordonnées esquissé dans la figure 82, la pression est donnée
par Huppert, H.E. [187]:
P P0 air g ( H h) g (h z ) (5)
P zx
0 (6)
x z
u
zx 0 (7)
z
131
u ( x, z h, t )
u( x, z 0, t ) 0 ; 0 (8)
z
h 2u
( air ) g 2 0 (9)
x z
1 ( air ) g h
(5) dans (6) : u ( x, z , t ) z ( 2h z ) (10)
2 x
La conservation de la masse (équation de continuité) prend la forme :
h h
t x 0
u ( z, t )dz 0 (11)
h 1 ( air ) g 3 h
(h )0 (12)
t 3 x x
Fig. 83. La forme d’écoulement visqueux en deux dimensions pour α = 0, 1 et 2. Les lignes
pointillées représentent les formes approximatives
132
1 / 5
1 ( ) g Q 3
air
xt (3 1) / 5 (13)
3 l 0
1/ 5
1 ( )g Q 3
L X N (t ) N air
t (3 1) / 5
3 l0
(14)
Où ӨN est la valeur de Ө en xN ;
3
Q
1
( air ) g Lt 4 / 5 5
(15)
3 l0
La validation pratique de cette équation est présentée par la suite : en tenant compte
des suggestions rapportées dans la littérature concernant la proportion de mélange
de béton autoplaçant [191,192], la phase préliminaire consiste à formuler des bétons
autoplaçants à partir de ciment CEM II/B LL 32,5 R tout en faisant varier le type de
superplastifiant et le dosage en filler calcaire et en fumée de silice. La quantité de
liant est de l’ordre de 470 Kg/m3. Les proportions des mélanges sont présentées
dans le tableau 20. Tous les bétons ont été préparés avec le même rapport E/L de
0,34.
133
Tableau 20 : Proportions des mélanges (en fonction du type de superplastifiant) pour 1 m3 de BAP.
Sable 0/2 876 870 870 874 868 870 870 864
Gravier 6,3/10 900 900 900 900 900 900 900 900
Essai d’étalement Øfin (mm) 615 740 617,5 620 700 555 690 700
Boite en L (H2/H1) ΔHfin (mm) 0,34 0,86 0,7 0,8 0,85 0,5 0,81 0,89
134
Longueur
d’écoulement 855 865 865 845 865 860 865 865
(mm)
Analyse de Canal
en plexiglas Hauteur 100 75 73 95 75 90 80 80
initiale (mm)
Hauteur finale 0 50 42 0 50 0 45 55
(mm)
BAP7 BAP8
La visualisation de profil d’écoulement nous donne une idée claire sur le seuil de
cisaillement des bétons autoplaçants. À titre comparatif, l’utilisation de ce test
permet de caractériser rhéologiquement les bétons considérés. La figure 89 montre
135
que les bétons BAP2, BAP3, BAP5, BAP7 et BAP8 possèdent une longueur
d’écoulement égale à Lmax, alors que les bétons BAP1, BAP4 et BAP6 présentent un
gradient de remplissage inférieur aux autres bétons. Cette remarque est confirmée
par les valeurs de seuil de cisaillement présentées dans le tableau suivant (tableau
22).
Le tableau 22 montre que les bétons BAP1, BAP4 et BAP6 possèdent des seuils de
cisaillement supérieurs à 66 Pa, alors que les seuils des autres bétons ne dépassent
pas 40 Pa. La figure suivante (fig. 86) présente les paramètres qui influencent le seuil
de cisaillement.
136
La figure 86 montre que le rapport Hf/Hi, la longueur d’écoulement et l’étalement
augmentent quand le seuil de cisaillement diminue.
En outre, les caractéristiques rhéologiques ci-dessus (tableau 22) montrent que les
BAP fabriqués avec la fumée de silice (BAP3 et BAP 6) possèdent une valeur de
viscosité supérieure à 150 Pa.s, alors que la viscosité des autres bétons ne dépasse
pas 96 Pa.s. Pour comprendre cette évolution, la figure suivante (fig. 87) montre la
variation de la viscosité en fonction du temps d’écoulement en V-Funnel.
0
BAP1 BAP2 BAP3 BAP4 BAP5 BAP6 BAP7 BAP8
Viscosité "V-Funnel" (en Pa.s) Viscosité "Canal horizontal en plexiglas" (en Pa.s)
Fig. 88. Comparaison entre la viscosité calculée dans le V-Funnel et la viscosité calculée dans le
canal horizontal
137
La figure 88 montre que les valeurs de deux viscosités sont très proches. La
différence entre les deux valeurs ne dépasse pas 9 Pa.s sauf pour le BAP 3 où la
différence entre les deux viscosités dépasse 14 Pa.s (ce béton présente un temps
d’écoulement en V-Funnel de l’ordre de 29 secondes). D'une manière générale, pour
les bétons autoplaçants qui représentent un temps d’écoulement dans le V-Funnel
inférieur à 25 secondes nous avons presque les mêmes valeurs de viscosité pour
les deux méthodes de calcul.
D’une manière pratique et pour les bétons qui satisfont aux conditions requises pour
être qualifiés de béton autoplaçant, on peut généraliser la méthode de détermination
des valeurs du seuil de l’écoulement et de la viscosité plastique dans les abaques
suivants (fig. 89 et 91) :
3
Masse volumique = 2400 Kg/m
D’une manière générale le seuil τ0 s’écrit : τ0= τ0i+ x. Pour déterminer le coefficient
« x » on utilise le graphe suivant :
138
Fig. 90. Valeurs de « x » en fonction de la masse volumique
Hi-Hf
3
Masse volumique = 2400 Kg/m
139
Fig. 92. Valeurs de « y » en fonction de la masse volumique
Sous la lumière des résultats des essais que nous avons réalisés selon notre
procédure sur un ensemble de plus de 20 compositions différentes on peut conclure
que :
- les abaques proposés sont des moyens très simples qui permettent la
détermination directe de la viscosité plastique des BAP.
140
À partir du mélange obtenu, ses propriétés rhéologiques devraient répondre, en
même temps, à la demande d'ouvrabilité suffisante et aucune ségrégation. Comparé
à ceux des bétons conventionnels, les propriétés rhéologiques des nouveaux bétons
(BAP, BTHP fluide, BFUP) ont des valeurs, pour la limite d'élasticité et la viscosité
plastique, inférieures. Il faut procéder alors à différents essais afin de caractériser
ces bétons confectionnés et de vérifier qu'il n'y a pas une hétérogénéité ou un
ressuage des bétons. Pour cela, nous utilisons les tests suivants.
Parmi les formes les plus courantes de ségrégation, il faut mentionner : les «nids de
gravier» : concentrations locales de gros granulats et les «remontées d’eau» : eau
séparée ou excédentaire remontant le long des faces verticales.
Dans le deuxième cas, les grains ont un mouvement d’ensemble vers le bas. Ce
mouvement force l’eau intergranulaire à percoler vers le haut. Ainsi, une fois le béton
mis en place dans son coffrage, une pellicule d’eau claire apparaît progressivement à
sa surface. La sédimentation des grains est très lente, par conséquent le débit d’eau
ressuée est modeste.
Dans nos travaux on s'intéresse à la mesure directe du volume d'eau ressuée (fig.
93).
141
Béton homogène Béton ressué
La première idée est soit de mesurer le volume d’eau ressuée en place, ce qui n’est
pas toujours évident, soit d’effectuer un prélèvement pour le mesurer à part. Ce type
de mesure est plutôt destiné au laboratoire. En effet, il n’est pas très facile de
mesurer le volume d’eau ressuée d’un voile de béton de 3 ou 4 mètres de longueur.
En fait, si l’on sait prédire correctement les effets d’échelle, la mesure du ressuage
dans un moule de dimension réduite permettra la prédiction du ressuage à l’échelle
réelle. La méthodologie proposée et utilisée pour l’étude des différents mélanges
présentés dans ce travail est inspirée de la méthode ASTM C232 [198]. Les
différentes étapes de l’essai proposé sont présentées dans ce qui suit et sont
illustrés par la figure 94:
142
Seringue
Règle
Au niveau visuel, le ressuage s’observe par une mince pellicule d’eau à la surface du
béton, mais ce protocole ne peut donner qu’un ordre de grandeur du ressuage
obtenu.
Par la suite, et entre plusieurs bétons, on recherchera si l’air occlus, mesuré par un
aéromètre, n’aurait pas un rôle majeur dans l’explication de cette différence.
Dans nos travaux on s'intéresse à la mesure directe du volume d'eau ressuée, puis
on mesure l’indice de ressuage « IR=Ve/Vt ». L’évolution du « IR » en fonction de la
résistance à la compression, à 1 jour, à précisée afin de mieux comprendre
l’influence du ressuage sur l’aspect mécanique de béton.
143
Canal vertical en plexiglas pour la mesure du ressuage
Film en plastique
Volume total
Fig. 95. Procédure expérimentale : Accumulation d’eau due au ressuage dans le béton
144
Pour chaque mélange étudié, lors des différents essais, des appréciations visuelles
de la stabilité du béton sont notées.
Un exemple d'appréciation visuelle est donné par la figure suivante (fig. 96):
145
BAP R1 BAP réf. BAP R6
En premier lieu, tous les bétons étudiés ont présenté des étalements supérieurs à 60
cm et des temps V-Funnel inférieurs à 14 (sauf le BAP R1). Ce qui permet de
constater que l’ensemble de ces bétons présente une fluidité acceptable et ne
présente pas de risque de blocage. Le point essentiel donc à vérifier pour l’ensemble
de ces bétons est le ressuage et la ségrégation statique.
On peut prétendre alors que quand la différence dans les volumes dans le canal
vertical ne varie pas de plus de 0,38%, le béton peut être considéré comme
acceptable.
146
Tous les bétons situés dans le rectangle (voir figure 97) délimité par une stabilité au
tamis de 15% et un indice de ressuage IR de 0,38 sont des BAP de bonne qualité.
55
50
45
Stabilité au tamis (%)
40
35
30
25
20
15
10
5
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8 0,85 0,9
Indice de ressuage IR (%)
Sur la figure 98, on peut voir que l’essai V-Funnel ne permet pas de juger de la
tendance au ressuage des BAP. On peut voir sur la figure que pour un temps
inférieur à 14 secondes l’IR peut varier de 0 à 0,85%. Par contre, il est toujours utile
de noter que quand le temps est supérieur à 14 secondes, le risque de ressuage est
minime car le béton devient visqueux.
40
36
32
Temps V-Funnel (s)
28
24
20
16
12
8
4
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8 0,85 0,9
Indice de ressuage IR (%)
147
En analysant les résultats représentés sur la figure 99, on peut noter que le risque de
ressuage commence à devenir important quand l’étalement dépasse les 75 cm.
Ainsi on peut admettre qu’il n’est pas nécessaire de procéder à des essais de
détermination de l’indice de ressuage si les bétons confectionnés présentent des
étalements inférieurs ou égaux à 74 cm.
85
80
75
70
Etalement (cm)
65
60
55
50
45
40
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8 0,85 0,9
Indice de ressuage IR (%)
La teneur en air est un autre paramètre qui influence le ressuage du béton. Plus un
mélange contient un volume d'air important, moins il est visqueux car le volume de
pâte disponible pour fluidifier un mélange est aussi fonction de la teneur en air [117].
Par conséquent le BAP qui contient une valeur de l’air occlus supérieure à 0,9 %
d'air est très peu visqueux comparativement aux autres mélanges et représente un
indice de ressuage IR trop petit.
En analysant les résultats représentés sur la figure 100, on peut noter que le risque
de ressuage augmente lorsque la teneur en air diminue.
148
2
1,8
1,6
1,4
Teneau en air (%)
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8 0,85 0,9
Indice de ressuage IR (%)
En ce qui concerne la résistance à jeune âge, 1 jour, on remarque que quand l’indice
IR diminue la résistance à la compression augmente (fig. 101) sauf pour le BAP
R1 qui représente un autre genre de l’instabilité c’est la ségrégation statique, voir la
figure 96.
45
Résistance en compression (MPa)
40
35
30
25
20
15
10
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8 0,85 0,9
Indice de ressuage IR (%)
149
Sous la lumière des résultats des essais que nous avons réalisés selon notre
procédure sur un ensemble de 7 compositions différentes on peut conclure que
l’essai proposé est un essai très simple qui permet l’appréciation directe du ressuage
dans les bétons. Il ressort des résultats obtenus que la limite de l’IR pour obtenir un
béton stable est de l’ordre de 0,38%. Toutefois, il va falloir procéder à d’autres essais
complémentaires en adoptant d’autres paramètres pour pouvoir conclure sur la limite
de l’IR. En plus, au niveau résistance, la distribution non uniforme des granulats dans
la masse se traduit directement par une résistance différentielle (par exemple le BAP
R1).
Vu la fluidité importante des BAP, le risque de ségrégation statique n’est pas des
moindres. Ainsi, il est très important de vérifier la stabilité du système de granulats
dans la masse du béton. Plusieurs auteurs ont publié des essais plus ou moins
simples pour la caractérisation de la ségrégabilité des bétons. On peut citer les
travaux de V.K. BUI et al [200], qui ont proposé un essai de mesure d'une profondeur
de pénétration d'une sonde dans une masse de béton.
D’une manière générale, le béton est un matériau multiphasique. Les densités des
nombreux composants de béton varient entre 1000 kg/m3 (eau) et 3200 kg/m3
(ciment). Avec un tel mélange, la gravité devient rapidement l'ennemi de
l'homogénéité. Les hétérogénéités induites par la gravité sont divisés en deux
catégories: ressuage et ségrégation. Les deux sont induites par la différence de
densité entre les composants, mais le phénomène de ressuage, comme expliqué
précédemment, est concerné par la migration de l'eau tandis que la ségrégation est
souvent associée à la sédimentation statique. Les particules se déposent dans un
échantillon donné ou dans le coffrage car leur densité est plus élevée que la densité
du fluide de suspension.
En outre, la prise et le durcissement du béton sont les phases les plus critiques
pendant les travaux de construction. Dans les premières heures, après la mise en
œuvre, la microstructure du béton frais reste très fragile. Contrairement aux
méthodes de test conventionnelles, les ondes ultrasonores ne peuvent pas perturber
la microstructure. Par la suite, on va utiliser un autre outil qui permet de caractériser
d’une manière claire l’homogénéité de béton dans le canal vertical en plexiglas. C'est
l'auscultation sonique de béton frais.
150
VII. Auscultation sonique du béton frais
La ségrégation est une séparation des constituants du béton frais qui peut se
produire chaque fois que celui-ci est transporté ou mis en mouvement (mise en
place, compactage) ou simplement sous l’effet gravitaire quand le béton est en
repos. Les causes principales des divers types de ségrégation sont les suivantes :
En outre, l’étude de la propagation d’ondes dans le béton est complexe car elle met
en jeu divers phénomènes couplés : porosité, hétérogénéités de différentes natures
(ciment, sable, granulats, fibres) et dont les dimensions vont du nanomètre au
centimètre.
L’étude expérimentale proposée (fig. 102) s'intéresse aux relations entre la vitesse
des ultrasons, mesurée par des capteurs de 50 mm de diamètre et de 54 kHz de
fréquence, et la homogénéité (ou stabilité) de béton frais. Les mesures de variation
de vitesse de propagation des ondes sont réalisées toutes les demi-heures sur des
poteaux verticaux en plexiglas dont les dimensions (en mm) sont 160 x160 x 700.
Les mesures de vitesses ultrasonores ont été déterminées : (1) de chaque côté du
matériau, l’épaisseur doit alors être connue, et il faut avoir accès aux deux faces du
matériau (mode de transmission direct, fig.103a et mode de transmission semi direct,
fig. 103b); et (2) par mesure sur une seule face du matériau (mode de transmission
indirect, fig. 103c).
151
Fig.102. Auscultation sonique des bétons frais : Outil expérimental
a) b) c)
152
Fig. 104. Canal vertical en plexiglas utilisé pour l’auscultation sonique à l’état frais
Réf. transmission
transmission direct transmission indirect semi direct
Côté A-B Côté B
153
60 min après le coulage
Réf. transmission
transmission direct transmission indirect semi direct
Côté A-B Côté B
Réf. transmission
transmission direct transmission indirect semi direct
Côté A-B Côté B
Réf. transmission
transmission direct transmission indirect semi direct
Côté A-B Côté B
154
150 min après le coulage
Réf. transmission
transmission direct transmission indirect semi direct
Côté A-B Côté B
Réf. transmission
transmission direct transmission indirect semi direct
Côté A-B Côté B
1600
Transmission direct - 30 minutes
1400
Vitesse sonore (m/s)
1200
1000
1*1
-
800
-
2*2
600
-
3*3
400
-
4*4
200
0
BAP R1 BAP réf. BAP R3
155
1800
Transmission direct - 180 minutes
Vitesse sonore (m/s) 1600
1400
1200
1000 j-j-
800 -
k-k
600 l-l-
400 -
m-m
200
0
BAP R1 BAP réf. BAP R3
En analysant les résultats représentés sur le tableau 25, il est possible de faire des
comparaisons qualitatives de béton (l'étude de l'homogénéité et de la qualité du
béton) en se basant sur l’auscultation sonique à l’état frais. Les résultats obtenus,
lors de notre travail, permettent de vérifier, pour le même béton, l’évolution de la
vitesse sonore en fonction du temps (fig. 105 et 106). On peut noter aussi que le
risque de l’instabilité de béton, avec le même temps d’analyse, se manifeste par
l’évolution de sa vitesse sonore, par exemple le BAP réf. est très stable par rapport
aux autres bétons parce que sa vitesse sonore, mode de transmission direct, reste
constante quel que soient le point de mesure et le temps d’auscultation.
En résumé, la ségrégation est une séparation des constituants du béton frais qui
peut se produire chaque fois que celui-ci est transporté ou mis en place ou
simplement sous l’effet gravitaire quand le béton est en repos. Dans ces cas l’essai
156
proposé, avec le mode de transmission direct, peut être utilisé pour vérifier
l'homogénéité du béton et contrôler sa qualité.
D’autre part, pendant la mise en œuvre du béton dans le coffrage, il faut respecter
les hauteurs de chute et longueurs de cheminement retenues pour éviter la
ségrégation et le ressuage de béton. Dans le cas contraire, il faut avoir vérifié, lors
d’essais préalables, l’absence de ségrégation dommageable sur le type d’élément
bétonné.
157
AXE 3
158
I. Analyse des bétons autoplaçants
Les dernières décennies ont connu une évolution remarquable des performances
des bétons, tant sur le plan de leur comportement rhéologique que vis-à-vis de leur
comportement mécanique. Ces progrès techniques sont le résultat du couplage entre
des principes de formulations qui doivent satisfaire des cahiers des charges dont les
impératifs vont souvent au-delà des traditionnelles obligations de résultat en termes
de fluidité à la mise en œuvre et de résistance du béton durci.
Superplastifiant
Ciment Eau Sable Gravier Filler
3 3 3 3
BAP Nat SP%/L SP (Kg/m ) (l/m ) (Kg/m ) (Kg/m ) calcaire E/L
3
(Kg/m )
159
En conclusion, huit différentes compositions (tableau 26) sont mises en place afin de
montrer l’efficacité de la formulation adoptée et sont obtenues en variant le type de
superplastifiant, la quantité des fines et le rapport E/C.
Dans un premier temps, les propriétés du béton frais autre que d'affaissement ont
été évaluées selon les recommandations de l’AFGC 2008 [12], puisque dans ce cas,
la valeur d'affaissement n'est pas pertinente en raison du béton très fluide. Par
conséquent, l'attention s'est focalisée sur la mesure de l'étalement, qui est le
diamètre moyen (Øfin) du béton affaissé. Puis, le temps d’écoulement pour obtenir le
diamètre moyen de 500 mm (t500) a été mesuré. Les valeurs de l’étalement pour les
différents bétons obtenues immédiatement après le processus de malaxage sont
présentées sur la fig. 107.
Afin d'évaluer la capacité de remplissage des éléments structuraux d'autres tests ont
été effectués à l'aide de la Boite en L. La différence dans le niveau de béton entre le
début et la fin de la boite (Hf/Hi) a été mesurée. Il y a généralement un risque de
blocage du mélange lorsque le rapport de blocage est inférieur à 0,8. Les rapports de
blocage des BAP sont indiqués dans la figure 108. La ségrégation statique,
caractérisée par l’essai de la stabilité au tamis, est indiquée dans la figure 110.
160
Tableau 27 : Caractéristiques rhéologiques des BAP à l’état frais
800
700
Limite inférieure
étalement (mm)
600
500
400
300
200
100
0
BAP 0 BAP 1 BAP 2 BAP 3 BAP 4 BAP5 BAP6 BAP7
1,2
1
ΔH fin (Hf/Hi)
0,8
0,6
0,2
0
BAP0 BAP1 BAP2 BAP3 BAP4 BAP5 BAP6 BAP7
161
40
38
36
34
32
30
28
Temps V-Funnel (s)
26
24
22
20
18
16 Limite supérieure
14
12
10
8
6
4
2
0
BAP0 BAP1 BAP2 BAP3 BAP4 BAP5 BAP6 BAP7
20
18
Limite supérieure
Stabilité au tamis (%)
16
14
12
10
8
6
4
2
0
BAP 0 BAP 1 BAP 2 BAP 3 BAP 4 BAP5 BAP6 BAP7
162
La caractérisation de la capacité à s'écouler des bétons à l'état frais afin de prédire la
mise en œuvre du matériau sur chantier ou en usine de préfabrication a fait l’objet de
nombreuses études durant la dernière décennie. En effet, lorsque la contrainte de
cisaillement devient égale ou inférieure à la valeur de seuil du matériau, le béton
s’arrête de s'écouler dans le coffrage.
Les réponses des tests de caractérisation rhéologique, en utilisant V-Funnel & canal
horizontal en plexiglas, réalisés sur les bétons confectionnés sont présentées dans
le tableau 28. Les valeurs du seuil de cisaillement et de la viscosité sont présentées
dans le tableau 29 et la figure 111.
163
Tableau 29. Valeurs du seuil de cisaillement et de la viscosité des BAP
445,48
150,44
149,91
94,29 93,51 84,09 86,1 97,52
96,69 84,99 86,88
57,85 58,16 71,71 76,62
La figure 111 montre que les valeurs de deux viscosités sont très proches. La
différence entre les deux valeurs ne dépasse pas 9 Pa.s sauf pour le BAP 5 où la
différence entre les deux viscosités dépasse 100 Pa.s (ce béton présente un temps
d’écoulement en V-Funnel de l’ordre de 40 secondes).
164
D’une manière pratique, pour les bétons autoplaçants qui représentent un temps
d’écoulement dans le V-Funnel de l’ordre de 25 secondes nous avons presque les
mêmes valeurs de viscosité pour les deux méthodes de calcul.
En comparaison avec les bétons ordinaires les BAP doivent avoir un seuil
d’écoulement faible pour que l’écoulement s’amorce rapidement et leur viscosité doit
être modérée pour limiter le temps d’écoulement.
Nos résultats montrent que les BAP qui respectent les recommandations de l’AFGC
et les normes NF EN 12350 possèdent des seuils de cisaillement inférieurs à 35 Pa
et des viscosités inférieures à 85 Pa.s.
Trois échantillons cylindriques, 16x32 cm, ont été utilisés pour chaque mélange de
béton pour des essais de compression, selon les normes européennes EN 12390-3
(tableau 30).
Trois échantillons cylindriques, 16x32 cm, ont été utilisés pour chaque mélange de
béton pour des essais de traction par fendage appelé également « l’essai Brésilien »,
selon les normes européennes EN 12390-6 (tableau 30).
Trois éprouvettes cylindriques 16x32 cm, pour chaque mélange de béton ont été
fabriquées pour l'évaluation de module d'élasticité en compression et coefficient de
Poisson selon les normes ASTM C469-02e1 (tableau 30).
165
Tableau 30: caractérisation mécanique des BAP
Résistance à la
Résistance Module Coefficient
compression (MPa)
BAP à la traction d’Young de Poisson
1 jour 7 jours 28 jours
(MPa) (GPa)
Les réponses des tests de la résistance à la compression réalisés sur les bétons
confectionnés sont présentées dans l’organigramme suivant (fig.112):
75
70
65
60
55
50 Rc à 1j (MPa)
45
40 Rc à 7j (MPa)
35
30 Rc à 28j (MPa)
25
20
15
10
BAP0 BAP1 BAP2 BAP3 BAP4 BAP5 BAP6 BAP7
D’après la figure 112, on remarque que le BAP7 est le plus satisfaisant au niveau
des caractéristiques mécaniques. Le BAP7 présente une amélioration de la
résistance à la compression sur éprouvettes 16 x 32 cm de 40%, 35% et 27% par
rapport à celui de BAP 0 (par exemple) à 1, 7 et 28 jours respectivement. Le BAP 7
possède une résistance à la compression, à 1 jour, de l’ordre de 46MPa et de 70
MPa à 28 jours. Pour les autres paramètres le BAP 7 présente un coefficient de
Poisson de l’ordre de 0.311 et un module d’élasticité d’environ 48 GPa.
166
De plus, on remarque que pour le BAP7 le rapport RC1j / RC28j est de l’ordre de
65% ce qui montre que plus de la moitié de la résistance à la compression de ces
bétons autoplaçants est acquise pendant les premiers jours, de coup, ces bétons
présentent des améliorations notables à jeune âge.
En outre, comme on le constate sur le tableau 27, le BAP7 satisfait aux conditions
requises pour être qualifiées de béton autoplaçant, en plus, son seuil de cisaillement
est de l’ordre de 25 Pa < 35 MPa et sa viscosité est d’environ 85 Pa.s. Pour cela on
l’adopte, par la suite, comme bétons de référence pour les bétons autoplaçants
fibrés.
Pour bien appréhender le béton fibré. Il faut bien connaître ses spécificités par
rapport à sa mise en œuvre. La plus importante particularité concerne l’orientation
préférentielle des fibres qui dépend de deux paramètres, les techniques de mise en
œuvre et le fait que le béton ait à s’écouler ou non dans les coffrages.
Si l’on souhaite que les fibres soient actives au niveau structurel, cela veut dire que
le domaine d’application des bétons de fibres concerne les structures de dimensions
modestes (poutrelles, coques minces...). Il est aussi très intéressant de penser au
couplage du BAP et des fibres. Les BAP sont fragiles et nécessitent l’apport de
renforts pour la durabilité. Les fibres de leur côté ont besoin d’une matrice très
adhérente pour fonctionner au mieux. La logique de ces deux matériaux conduit
naturellement à les marier.
167
modifier la formulation en faisant varier le squelette granulaire par l’ajout des fibres
métalliques ou polymériques.
Avec la présence des fibres dans la matrice, le béton devient plus ductile et les fibres
offrent la résistance contre la propagation des fissures. Cependant, l'effet des fibres
dépend fortement du type de fibre utilisée, la taille et les propriétés de la fibre, la
fraction de volume ajouté et les propriétés de la matrice.
Les dosages retenus du béton autoplaçant fibré à la suite des essais préliminaires
que nous avons expérimentés sont montrés dans le tableau 31. Après plusieurs
essais rhéologiques, nous sommes alors arrêtés sur quatre formulations. Tous les
bétons ont été préparés avec le même rapport E/L de 0,37 et le même dosage en
superplastifiant TEMPO16 (0,45% /L).
Tableau 31: Composition des BAP avec des fibres métalliques et synthétiques
Compositions
BAP FM1 ESF 25 100 350 147 870 880 170 0,37
BAP FM2 RC 80/50 100 350 147 840 850 170 0,37
BAP FM3 RC 80/50 50 350 147 875 885 170 0,37
168
Le développement des BAPF augmente le besoin de caractériser encore mieux le
comportement du béton lors de l’écoulement. Les réponses des tests de
caractérisation rhéologique réalisés sur les bétons confectionnés sont présentées
dans le tableau 32.
Caractérisations rhéologiques
Temps Stabilité au
Etalement Boite en L V-Funnel
BAP-F d’étalement tamis
(mm) (H2/H1) (s)
(s) (%)
BAP 7 725 4 0,92 8,88 13
En général, les fibres les plus utilisées sont les fibres droites et c’est l’adhérence de
ces fibres avec la matrice cimentaire qui diminue la fragilité du béton par amélioration
du comportement post fissuration (exemple : BAP FM1). On trouve aussi des fibres à
crochets. Leurs extrémités recourbées développent un ancrage et dissipent une
énergie de fissuration par plastification de la fibre [204] et par frottement à l’interface
avec la matrice. L’avantage des fibres à crochets est qu’elles développent un
ancrage supplémentaire en plus de l’adhérence avec la matrice les rendant plus
169
efficaces que les fibres droites. Cependant, ce type de fibres peut engendrer la
formation d’oursins durant la fabrication entrainant une répartition non homogène
dans le béton (exemple : BAP FM2). Voir figure 113. Les fibres synthétiques sont
généralement utilisées pour pallier à ce problème mais, ne fonctionnant que par
adhérence avec la matrice, leur efficacité s’en ressent (exemple : BAP FS7).
170
Tableau 33: Caractéristiques mécaniques des BAP fibrés
Caractérisations mécaniques
Résistance à la
Résistance
compression (MPa) Module Coefficient Masse
flexion
Formulation d’Young de Poisson Volumique
1 jour 7 jours 28 jours 7 jours 3
(GPa) (Kg/m )
(MPa)
Le comportement en compression n’est que peu influencé par la présence des fibres.
Les fissures créées ne permettent pas aux fibres d’être sollicitées suffisamment pour
améliorer significativement le comportement du béton. Par contre les fibres à
crochets développent un ancrage supplémentaire en plus de l’adhérence avec la
matrice ce qui explique l’augmentation de 8 % de la résistance à la compression de
BAP FM1 par rapport à BAP7 à 7 jours.
171
BAP FM1 BAP FM3 BAP FS6 BAP FS7
Fig. 114. Répartition des fibres dans l’éprouvette après l’essai de compression.
L’effet des fibres est donc surtout perceptible en traction. Un béton sans renforts, une
fois fissuré, n’est capable de supporter que de faibles efforts par endommagement et
ponts de matière. Ceci se traduit par une chute brutale de contraintes reprises. Avec
un renfort de fibres, les contraintes dans la fissure sont transmises au béton. Les
fibres, en cousant la fissure, assurent une continuité structurale et permettent au
béton d’avoir un comportement ductile en lui conférant une capacité portante post-
fissuration.
172
Résistance à la flexion (MPa)
15 à 7 jours
10
0
BAP 7 BAPFM 1 BAPFM 3 BAPFS 5 BAPFS 6 BAPFS 7
Nous constatons que la résistance maximale en flexion de béton de fibres BAP FS7
sur éprouvettes prismatiques 10x10x40 cm est plus grande que celle du béton
témoin BAP7. Cette augmentation est de l’ordre de 45%. Il est d’usage à relier cette
valeur de résistance à l’utilisation des fibres macro-synthétiques.
Avec un choix approprié du type de fibres, de leur taille ainsi que de leur dosage, il
est possible d’inhiber la propagation des premières microfissures. Les fibres, en
assurant le transfert de contraintes à travers la fissure, limitent son ouverture et sa
propagation. La localisation de la macro fissuration est ainsi retardée, limitant ainsi la
fragilité du matériau.
Par contre, plusieurs auteurs ont montré que la résistance à la flexion augmente
d’une manière remarquable lorsqu’on utilise les fibres métalliques, mais pour
atteindre cette amélioration il faut un dosage en fibres plus adapté. Par exemple,
K.ABDOU, H. HOUARI 2007 [206] ont montré qu’un dosage de 2% en fibres
métalliques améliore la valeur de la résistance à la flexion de 31%, mais le fait
d’augmenter le dosage en fibres métalliques perturbe les caractéristiques
rhéologiques de béton.
173
Dans notre cas, avec un dosage en fibres métalliques qui respecte les
caractéristiques rhéologiques d’un BAP, la résistance en flexion n’est que peu
influencé.
BAP FS6
BAP7
BAP FS7
Les fibres macro-synthétiques facilitent la mise en place du produit fibré, par rapport
à des fibres métalliques. Sa flexibilité rend le malaxage et l’écoulement du mélange
fibré beaucoup plus faciles, sans risque d’endommagement ou de blocage de
l’équipement et sa finesse procure un renforcement efficace, dense et homogène.
174
BAP 7
BAP FM1
BAP FM3
175
BAP FS6
BAP FS7
En conclusion, cette partie permet de montrer qu’il est possible de fabriquer un béton
autoplaçant fibré avec les matériaux locaux présentant les mêmes composants de
base qu'un béton autoplaçant et permettant ainsi d'obtenir les mêmes
caractéristiques que celles connues à l'échelle internationale.
176
Notre travail a donc consisté, en premier lieu, à mettre en évidence, à partir d’essais
expérimentaux, l’influence de fibres métalliques et synthétiques sur la fluidité et la
résistance du béton autoplaçant. Puis, la visualisation de fissures développées a été
effectuée dans le but de valider une formulation optimisée.
En outre, l'action mécanique des fibres est fortement liée à leur distribution. Alors
qu'elles ont été introduites avec la volonté d'assurer au béton un renforcement
homogène, on constate en fait que la mise en œuvre introduit une anisotropie qui ne
peut être négligée.
Nos résultats montrent que (1) avec un dosage en fibres métalliques qui respecte
les caractéristiques rhéologiques d’un BAP, la résistance en flexion n’est que peu
influencé; (2) grâce à l’excellente capacité des fibres macro-synthétiques à se
répartir dans la matrice cimentaire (nombre élevé de fibres par kg), la résistance en
flexion est grandement améliorée; (3) l’utilisation d’une grande quantité des fibres
micro-synthétiques augmente l’agglomération des fibres dans le béton frais ce qui
perturbe les caractéristiques autoplaçantes.
La caractéristique mécanique par le module d’Young est aussi importante car elle
conditionne la rigidité des structures. En comparant un béton autoplaçant à des
bétons autoplaçants fibrés, on note une augmentation du module avec la teneur en
fibres. À titre d’exemple le BAP 7 possède un module d’élasticité de 48,02 GPa, alors
que pour le BAP FM1 ce module et de l’ordre de 52 GPa.
La présente partie va nous montrer qu’il est possible de fabriquer un béton à haute
performance avec les matériaux locaux présentant les mêmes composants de base
qu'un béton autoplaçant et permettant ainsi d'obtenir les mêmes caractéristiques que
celles connues à l'échelle internationale.
Les bétons qui ont fait l'objet de la présente étude sont des bétons à base de
matériaux locaux. Le ciment utilisé est du type CEM I 52,5 R et le superplastifiant est
de type KRONO 20.
Ce qu'il fallait respecter en premier lieu est de travailler sur des bétons à haute
performance qui répondent aux exigences de l'AFGC [12] et au guide Européen pour
les BAP [11]. La composition des bétons conçus est rassemblée dans le tableau 38.
Compositions
Sable (Kg / Gravier Fumée de
BHP Ciment Eau
Superplastifiant (0/2) (3/6) (5/10) silice E/L
(Kg / (l /
%/L Kg / (Kg / (Kg /
BHP 1 1 12,07 450 145,8 734 326 798 45 0,27
BHP 2 0,8 12,73 450 162,5 710 300 710 100 0,25
BHP 3 0,77 9,77 450 147,5 890 - 900 70 0,28
BHP 4 0,6 8,34 500 147,2 730 300 730 70 0,23
178
- résistance à la compression à 7, 14 et 28 jours;
- évolution de la température en fonction du temps : Maturométrie.
Nous présenterons dans ce qui suit, les différentes étapes suivies et respectées pour
la réalisation des essais sur les différentes compositions retenues.
Caractérisations rhéologiques
Temps Stabilité au
Etalement Boite en L V-Funnel
Bétons d’étalement tamis
(mm) (H2/H1) (s)
(s) (%)
BAP 7 725 4 0,92 8,8 13
179
850
800
Limite supérieure = 750 mm
750
700
Limite inférieure = 650 mm
650
600
550
500
BAP 7 BHP1 BHP2 BHP3 BHP4
étalement en mm
30
28
26
24
22
20
18 Limite supérieure = 14 s
16
14
12
10 Limite inférieure = 8 s
8
6
4
BAP7 BHP1 BHP2 BHP3 BHP4
V-Funnel (s)
180
30
28
26
24
22
20
18
16 Limite supérieure = 15%
14
12
10
8
6
4
2
0
BAP7 BHP1 BHP2 BHP3 BHP4
1
0,9
Limite inférieure = 0.8
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
BAP7 BHP1 BHP2 BHP3 BHP4
Boite en L H2/H1
Les réponses des tests de caractérisation rhéologique, en utilisant V-Funnel & canal
horizontal en plexiglas, réalisés sur les bétons confectionnés sont présentées dans le
181
tableau 40. Les valeurs du seuil de cisaillement et de la viscosité sont présentées
dans le tableau 41.
Tableau 40 : Caractérisation rhéologiques des BHP
Seuil de Viscosité
BAP cisaillement plastique
τ0 (Pa) (Pa.s)
Comme on a mentionné dans la partie c'est-à-dire : les BAP qui respectent les
recommandations de l’AFGC et les normes NF EN 12350 possèdent des seuils de
cisaillement inférieurs à 35 Pa et des viscosités inférieures à 85 Pa.s. Cette
remarque est bien respectée dans le cas de BHP 4 (τ0=11.18 Pa et = 81.18 Pa.s).
182
III.2 Caractéristiques mécaniques des BHP à l’état durci
Trois éprouvettes cylindriques 16x32 cm, pour chaque mélange de béton ont été
fabriquées pour l'évaluation de module d'élasticité en compression et coefficient de
Poisson selon les normes ASTM C469-02e1 (tableau 42).
Résistance à la
compression (MPa)
Coefficient Masse
Résistance Résistance Module
de volumique
Bétons 1 7 28 à la traction à la flexion d’Young 3
Poisson (Kg/m )
jour jours jours (MPa) (MPa) (GPa)
Les réponses des tests de la résistance à la compression réalisés sur les bétons
confectionnés sont présentées dans l’organigramme suivant :
140
130
120
110
100 Rc à 1j (MPa)
90
80 Rc à 7j (MPa)
70
60 Rc à 28j (MPa)
50
40
BAP7 BHP1 BHP2 BHP3 BHP4
183
D’après la figure 122, on remarque que le BHP4 est le plus satisfaisant au niveau
des caractéristiques mécaniques. Le BHP4 présente une amélioration de la
résistance à la compression sur éprouvettes 16 x 32 cm de 37%, 30% et 46% par
rapport à celui de BAP7 à 1, 7 et 28 jours respectivement. Le BHP4 possède une
résistance à la compression, à 1 jour, de l’ordre de 73 MPa et de 130 MPa à 28
jours. Pour les autres paramètres le BHP4 présente un coefficient de Poisson de
l’ordre de 0.310 et un module d’élasticité d’environ 58 GPa.
De plus, on remarque que pour le BHP4 le rapport RC1j / RC28j est de l’ordre de
56% ce qui montre que plus de la moitié de la résistance à la compression de ces
bétons est acquise pendant les premiers jours, de coup, ces bétons présentent des
améliorations notables à jeune âge. En outre, comme on le constate sur le tableau
39, le BHP4 satisfait aux conditions requises pour être qualifiées de béton
autoplaçant pour cela on l’adopte, par la suite, comme bétons de référence pour les
bétons fibrés à haute performance.
Généralement, le béton fibré est utilisable dans tous les domaines du génie civil. Les
fibres de différentes compositions incorporées au béton ont pour effet d’augmenter la
résistance résiduelle du béton. Dans certains cas, l’utilisation de fibres permet de
renforcer la structure. En général, les fibres permettent une meilleure répartition des
contraintes mécaniques.
Les bétons qui ont fait l'objet de la présente étude sont des bétons à base de
matériaux locaux. Le ciment utilisé est du type CEM I 52,5 R et le superplastifiant est
de type KRONO 20. La conception de tous les bétons et tous les essais ont été
réalisés au sein du laboratoire Génie civil de Polytech’ Marseille. La formulation de
184
référence est celle dérivée de la meilleure formulation des BHP (BHP4). La
composition ainsi que les notations des bétons conçus sont rassemblées dans le
tableau 43.
Temps Stabilité au
Etalement Boite en L V-Funnel
BHP-F d’étalement tamis
(mm) (H2/H1) (s)
(s) (%)
BHP4 725 4 0,92 8,8 14
185
Les essais d'étalement, à la boite en L, au V-funnel et de ségrégation (stabilité au
tamis) ont été conduits selon les recommandations de l'AFGC- Bétons autoplaçants.
- l'étalement est diminué parce que les fibres, de part leur élancement, bloquent
le système lors de son étalement (fig.123);
BHPF3 BHPF4
186
IV.2 Performances mécaniques des BHPF
Trois éprouvettes 16x32 cm sont testés pour chaque échéance d'essais. Les effets
du type des fibres sur le béton peuvent être quantifiés. Les résultats obtenus sont
rassemblés dans le tableau 46.
Caractérisations mécaniques
Résistance à la
compression (MPa)
Coefficient Masse
Résistance Résistance Module
de volumique
Bétons 1 7 28 à la traction à la flexion d’Young 3
Poisson (Kg/m )
jour jours jours (MPa) (MPa) (GPa)
187
140
120
Rc en MPa 100
80
60
40
BHP4 BHPF1 BHPF2 BHPF3 BHPF4
20
0
1 7 28
Age en jours
Le comportement en compression n’est que peu influencé par la présence des fibres
métalliques. Les fissures créées ne permettent pas aux fibres d’être sollicitées
suffisamment pour améliorer significativement le comportement du béton.
Pour tous les bétons présentés dans le tableau 46, le rapport RC1j / RC28j est de
l’ordre de 56% ce qui montre que plus de la moitié de la résistance à la compression
de ces bétons est acquise pendant les premiers jours, de coup, ces bétons
présentent des améliorations notables à jeune âge.
Par contre les fibres micro et macro synthétiques présentent les faibles résistances,
surtout au jeune âge, dû à la manque de cohésion entre la fibre et la matrice
cimentaire (fig. 125). Par exemple, pour le BHPF (avec des fibres synthétiques) la
résistance, à un jour, est de l’ordre de 50 MPa, alors que pour le BHP (sans fibres) et
le BHPF (avec des fibres métalliques), la résistance, à un jour, dépasse 70 MPa (fig.
126).
188
140
BHP4 BHPF1 BHPF2
120
100
RC en MPa
80
60
40
20
0
1 jour 7 jours 28 jours
140
BHP4 BHPF3 BHPF4
120
100
RC en MPa
80
60
40
20
0
1 jour 7 jours 28 jours
Sur la figure 126 on peut remarquer que l'introduction de fibres métalliques n'affecte
pas beaucoup la résistance à la compression des BAP, et cela est vrai quel que soit
l'âge du béton.
189
Résistance à la flexion (MPa)
20
15
10
0
BHP4 BHPF1 BHPF2 BHPF3 BHPF4
En outre, le béton est un matériau vieillissant, ce qui signifie que ses propriétés
mécaniques (module d’élasticité, résistance) évoluent en fonction de l’avancement
de la réaction d’hydratation du ciment (réaction exothermique).
190
Au cours de la partie suivante, nous étudions l’évolution physico-chimique et
mécanique des bétons étudiés (BAP, BHP et BHPF). Nous avons mesuré le
dégagement de chaleur d’hydratation et les propriétés mécaniques (résistance à la
compression) au jeune âge. Pour chaque essai, nous analysons l’influence de la
composition sur l’évolution de la température des bétons : BAP7, BHP4, BHPF1
(avec des fibres synthétiques), BHPF4 (avec des fibres métalliques).
V. Maturométrie
L’hydratation commence dès que le ciment entre en contact avec l’eau. Chaque
phase pure du ciment a une chaleur d’hydratation bien définie, donnée dans le
tableau 47.
191
Température en °C Température en °C
10
15
20
25
30
35
40
45
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
0
5
figure 129.
0 0
50 50
95 95
125 125
155 155
BHP4
180 180
BAP7
205 205
230 230
255 255
280 280
305 305
330 330
355 355
380 380
405 405
449 449
Temps en minutes
599 599
749 749
Temps en minutes
899 899
1049 1049
1199 1199
1349 1349
1610 1610
1910 1910
2661 2661
3561 3561
4461 4461
Les courbes d’échauffement obtenues pour les bétons étudiés sont tracées sur la
192
Température en °C Température en °C Température en °C
10
15
20
25
30
35
40
45
10
15
20
25
30
35
40
45
50
0
5
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
0
5
0 0
0
30 50 50
65 95 95
110 125 125
130 155 155
155
BHPF1
180 180
BHPF4
175
195 205 205
215 230 230
BHP4
235 255 255
255 280 280
275 305 305
295
330 330
315
355 355
BAP7
335
355 380 380
375 405 405
395 449 449
Temps en minutes
Temps en minutes
415
599 599
479
Temps en minutes
749 749
BHPF4
599
719 899 899
839 1049 1049
959 1199 1199
1079 1349 1349
1199
1610 1610
193
3381
4101
La figure 129 montre l’évolution de la température au cours des trois jours des
bétons BAP7, BHP4, BHPF1 et BHPF4. On peut constater que le dégagement de
chaleur du BAP7 est plus lent et moins intense que celui du BHP4, BHAPF1 et
BHPF4, même si la température initiale est différente de 3°C environ (par rapport à
BHP4).
Sur ces figures, pour le BAP7, on constate qu’au bout de 6 heures d’essai, la chaleur
d’hydratation commence à augmenter, alors que pour le BHP4, BHPF1 et BHPF4 la
température augmente au bout de 2 heures, 4 heures et 3 heures, respectivement.
Cela vient du fait que pour les bétons autoplaçants la prise étant plus lente grâce à
l’ajout de filler calcaire et donc le dégagement de chaleur est également plus lent.
Par contre l’ajout de la fumée de silice dans le cas de béton à haute performance
accélère les réactions d’hydratation grâce à son effet pouzzolanique.
194
Tableau 48. Evolution de la résistance en fonction de la température
1j 3j 7j 1j 3j 7j 1j 3j 7j 1j 3j 7j
BAP7 46,0 52,1 64,0 46,3 55,5 65,0 49,2 57,0 65,7 50,6 60,0 66,5
BHP4 73,8 80,5 92,6 74,0 84,1 95,2 76,1 80,8 93,7 81,0 80,3 86,6
BHPF1 54,2 60,4 73,4 58,8 66,9 77,9 62,3 60,2 62,6 60,2 70,1 64,9
BHPF4 75,7 80,8 88,1 76,2 84,3 92,3 77,6 73,7 78,2 78,2 68,4 74,6
Dans les premières heures qui suivent la fabrication des pâtes de ciment, on observe
qu’un accroissement de la température de cure se traduit par une résistance à la
compression plus élevée. L’augmentation de la température de cure est seulement
bénéfique pour la résistance au très jeune âge. Ensuite il se produit un effet de
croisement des courbes de résistance (fig. 130). Ces croisements de courbe
indiquent que la température n’a pas simplement un effet d’accélération des
propriétés mais provoque également une modification des propriétés intrinsèques, de
la morphologie et de l’agencement des hydrates formés. Voir les travaux de Verbeck
et al., 1968 [211] ; Kjellsen et al., 1991 [212], Barnett et al., 2006 [172].
195
70
BAP7
60
50
Rc (MPa)
40
30
20
20 °C 30 °C 35°C 40°C
10
0
0 1 3 7
Age (Jours)
100
90 BHP4
80
70
Rc (MPa)
60
50
40
30
20
20 °C 30 °C 35°C 40°C
10
0
0 1 3 7
Age (Jours)
90
80 BHPF1
70
60
Rc (MPa)
50
40
30
20
20 °C 30 °C 35°C 40°C
10
0
0 1 3 7
Age (Jours)
196
100
90 BHPF4
80
70
60
Rc (MPa)
50
40
30
20 °C 30 °C 35°C 40°C
20
10
0
0 1 3 7
Age (Jours)
100
90
Rc à 7 jours (MPa)
80
70
60
50
BAP7 BHP4 BHPF1 BHPF4
40
20 30 35 40
Température en °C
Fig. 131. Evolution de la résistance à la compression à 7 jours en fonction de la température de
cure.
La fonction la plus utilisée est celle basée sur la loi générale d’accélération des
réactions chimiques en fonction de la température proposée par Arrhenius. Cette
fonction a l’avantage d’être très performante mais nécessite la connaissance d’un
autre paramètre : « l’énergie d’activation du béton ».
Comme mentionné dans la partie, l’équation suivante (équation V.2) décrit l’évolution
de la résistance à la compression en fonction du temps :
197
Ru .k (t t 0 )
R(t )
1 k (t t 0 )
t (h) 56 40 32 21,6
BAP7 K (1/h) 0,0500 0,0817 0,1202 0,2137
198
-1
-1,5
40 °C y = -6319,7x + 18,475
-2
R² = 0,9517
ln (k)
35 °C
-2,5
30 °C
-3
20 °C
-3,5
0,00315 0,0032 0,00325 0,0033 0,00335 0,0034 0,00345
1/Température (1/K)
-1
-1,5
-2
y = -2115,2x + 3,8136
ln (k)
-2,5
R² = 0,7555
-3
40 °C
35 °C 30 °C
-3,5 20 °C
-4
0,00315 0,0032 0,00325 0,0033 0,00335 0,0034 0,00345
1/Température (1/K)
199
-1
-1,5 40 °C
35 °C y = -7358,7x + 22,246
ln (k)
-2
R² = 0,9062
-2,5
30 °C
20 °C
-3
0,00315 0,0032 0,00325 0,0033 0,00335 0,0034 0,00345
1/Température (1/K)
-1
-1,5
-2 y = -1710x + 2,6125
ln (k)
R² = 0,8151
-2,5
30 °C
-3 40 °C
35 °C 20 °C
-3,5
0,00315 0,0032 0,00325 0,0033 0,00335 0,0034 0,00345
1/Température (1/K)
200
Le tableau 50 récapitule les valeurs des énergies d’activation obtenues avec les
essais de résistance en compression.
Tableau 50. Récapitulatif des énergies d’activation pour les différentes compositions
Ea 1 1
ti ti 1
n
teqn exp
T Ti 1 293
i 1
R 273 i
2
201
Le tableau suivant résumé un exemple de calcul maturométrique :
Tableau 51. Calcul de l’âge équivalent : suivi thermique des bétons étudiés à 5 heures
Données Calculs
Timoy (K)
Bétons Age
Ti (°C) ti (h) exp[…] * ti (h)
ti (h) T T teq (h)
273 i i 1
2
0 27,2 - - - 0
BAP7
1,77 * 5 0 + 8,85
5 28,7 300,95 5–0=5
= 8,85 = 8,85
0 24,9 - - - 0
BHP4
1,29 * 5 0 + 6,45
5 36,6 303,75 5–0=5
= 6,45 = 6,45
0 27,3 - - - 0
BHPF1
2,22 * 5 0 + 11,1
5 31,9 302,6 5–0=5
= 11,1 = 11,1
0 27,7 - - - 0
BHPF4
1,23 * 5 0 + 6,15
5 33,8 303,75 5–0=5
= 6,15 = 6,15
202
Connaissant le temps équivalent, on peut déterminer la résistance du béton à
n’importe quel âge en se référant à la courbe de référence qui doit être déjà établie
La « courbe de référence d’un béton » est une courbe qui présente l’évolution des
résistances à la compression d’un béton aux jeunes âges en fonction de son âge
équivalent à 20°C. Cette courbe est réalisée à partir de casses d’éprouvettes
conservées en général à 20°C (Rc=f(4h, 8h, 12h, 24h, 32h, 48h, 72h, 28jours)). Voir
figures 136-139.
70
Résistance en compression (MPa)
60
50
40
30
20
10
8,85h
0
0 4 6 8 12 16 24 48 72
Age équivalent (heures)
100
Résistance en compression (MPa)
90
80
70
60
50
40
30
20
10
6,45h
0
0 4 6 8 12 16 24 48 72
Age équivalent (heures)
203
80
70
Résistance en compression (MPa)
60
50
40
30
20
10 11,1h
0
0 4 6 8 12 16 24 48 72
Age équivalent (heures)
100
90
Résistance en compression (MPa)
80
70
60
50
40
30
20
10 6,15h
0
0 4 6 8 12 16 24 48 72
Age équivalent (heures)
Connaissant l’histoire de température vécue par le béton, on peut convertir l’âge réel
en âge équivalent à 20°C, et donc exprimer les résistances à la compression du
béton en fonction de son âge équivalent.
204
Conclusion générale
La composition du mélange, le rapport E/C, la nature du ciment et du superplastifiant
affectent le comportement rhéologique du béton. En isolant chacun de ces facteurs, il
est possible de distinguer des tendances générales à savoir quel sera leur effet sur
le seuil de cisaillement ou sur la viscosité plastique (en utilisant le cône de Marsh et
le canal horizontal en plexiglas). Cependant, ces facteurs ne sont pas indépendants
les uns par rapport aux autres et la prédiction du seuil de cisaillement et/ou de la
viscosité devient relativement compliquée quand tous les facteurs sont considérés.
En comparaison avec les bétons ordinaires les bétons fluides doivent avoir un seuil
d’écoulement faible pour que l’écoulement s’amorce rapidement et leur viscosité doit
être modérée pour limiter le temps d’écoulement. C’est pourquoi il est nécessaire :
(1) de remplacer une partie du ciment par des additions minérales qui engendrent
une diminution du seuil de cisaillement; (2) d’utiliser un superplastifiant pour
augmenter significativement la fluidité des bétons que ce soit du point de vue de leur
étalement ou du point de vue de leur seuil d’écoulement.
D’une manière pratique, il est possible de fabriquer des bétons fluides avec les
matériaux locaux présentant les mêmes composants de base qu'un béton normal et
permettant ainsi d'obtenir les mêmes caractéristiques que celles recommandées par
les normes européennes. Cependant les exigences que doit satisfaire un béton
autoplaçant par rapport à un béton vibré sont sensiblement plus élevées en ce qui
concerne sa caractérisation rhéologique.
À l’état frais, pour évaluer la viscosité des bétons fluides, plus précisément les
BAP, plusieurs essais normalisés sont recommandés. Mais, les essais rhéologiques
les plus couramment utilisés pour caractériser le béton autoplaçant donnent une
seule indication sur le comportement du béton, par exemple : le test de la boite en L
caractérise la capacité d'un béton frais à remplir un coffrage ferraillé, le test de la
stabilité au tamis indique la ségrégation statique du béton, l’essai d’étalement
caractérise la capacité de remplissage du béton dans un milieu non ferraillé et le V-
Funnel donne une indication sur la viscosité du béton en calculant le temps
d'écoulement. Par contre, l'avantage principal de notre outil
expérimental (écoulement de béton dans un V-Funnel couplé à un canal horizontal
en plexiglas) est de donner plusieurs indications en même temps : (1) le temps
205
d'écoulement dans le V-Funnel ; (2) le temps de remplissage du canal horizontal ; et
(3) la capacité de remplissage de béton tout en visualisant le profil d'écoulement.
En outre, l'approche la plus adoptée pour quantifier ces propriétés rhéologiques est
de mesurer expérimentalement la contrainte de cisaillement par rapport au taux de
contrainte de cisaillement en utilisant un rhéomètre béton. Dans ce travail nous
avons trouvé d’autres corrélations entre les différentes mesures rhéologiques et
d’ouvrabilité. Une corrélation parfaite entre deux grandeurs différentes par exemple,
permet de faciliter la caractérisation d’un béton autoplaçant en n’en mesurant qu’une
seule, et d’en déduire la seconde.
Nous sommes arrivés alors à proposer une corrélation entre la viscosité plastique du
béton et le temps d’écoulement dans le V-Funnel et les caractéristiques rhéologiques
du profil d’écoulement dans le canal horizontal. L’approche proposée a été vérifiée
par des résultats expérimentaux. Nous disposons maintenant d’un outil expérimental
permettant de caractériser de mieux en mieux l’écoulement du béton à partir de ses
caractéristiques rhéologiques (ex. temps V-Funnel, longueur d’écoulement, etc.).
Sous la lumière des résultats des essais que nous avons réalisés selon notre
procédure sur un ensemble de plus de 20 compositions différentes, les abaques
proposés sont des moyens très simples qui permettent de déterminer d’une manière
directe la viscosité plastique et le seuil d’écoulement des BAP. Les bétons dont les
valeurs de seuils de cisaillement inférieurs à 35 Pa et des viscosités inférieures à 85
Pa.s satisfont aux conditions requises pour être qualifiés de béton autoplaçant.
206
La ségrégation est une séparation des constituants du béton frais qui peut se
produire chaque fois que celui-ci est transporté ou mis en place ou simplement sous
l’effet gravitaire quand le béton est en repos. Dans ces cas l’essai proposé,
auscultation sonique avec mode de transmission direct, peut être utilisé pour vérifier
l'homogénéité du béton et contrôler sa qualité.
D’une manière générale, à partir des résultats des essais que nous avons réalisés on
peut conclure que l’utilisation du canal vertical en plexiglas nous a permet d’apprécier
à la fois : (1) le ressuage en utilisant le seringue ou la règle pour mesure le volume
d’eau ségrégée; (2) la ségrégation en utilisant l’auscultation sonique à l’état frais. Cet
essai est très facile à réaliser en chantier et ne nécessite qu’un petit échantillon (12
litres) de béton.
À l’état durci, notre travail a donc consisté, en premier lieu, à mettre en évidence,
à partir d’essais expérimentaux, l’influence de fibres métalliques et synthétiques sur
la fluidité, la stabilité et la résistance du béton. Puis, une vérification des propriétés
mécaniques et des fissures développées a été effectuée dans le but de valider une
formulation finale optimisée. Pour cela on a essayé d’améliorer les propriétés
mécaniques du béton autoplaçant par l’ajout des fibres, sans modifier notablement
ses performances rhéologiques, en partant de la formulation d’un BAP qui respecte
tous les critères rhéologiques et mécaniques fixés par les normes, nous avons
cherché à modifier la formulation en faisant varier le squelette granulaire par l’ajout
des quatre types de fibres.
Nos résultats montrent alors que : (1) avec un dosage en fibres métalliques, le béton
qui respecte les caractéristiques rhéologiques d’un BAP, la résistance en flexion
n’est que peu influencée; (2) grâce à l’excellente capacité des fibres macro-
synthétiques à se répartir dans la matrice cimentaire (nombre élevé de fibres par kg),
la résistance en flexion est grandement améliorée; (3) l’utilisation d’une grande
quantité des fibres micro-synthétiques augmente l’agglomération des fibres dans le
béton frais ce qui perturbe les caractéristiques autoplaçantes ; et (4) la
caractéristique mécanique par la mesure du module d’Young est aussi importante
car elle conditionne la rigidité des structures. En comparant un béton autoplaçant à
des bétons autoplaçants fibrés, on note une augmentation du module avec la teneur
en fibres.
207
Au cours de nos travaux, nous avons étudié l’évolution physico-chimique et
mécanique des bétons BAP, BHP et BHPF. Pour le BAP, la prise étant plus lente
grâce à l’ajout de filler calcaire et donc le dégagement de chaleur est également plus
lent (au bout de 6 heures d’essai, la chaleur d’hydratation commence à augmenter).
Par contre l’ajout de la fumée de silice dans le cas de BHP accélère les réactions
d’hydratation grâce à son effet pouzzolanique (au bout de 2 heures d’essai, la
chaleur d’hydratation commence à augmenter).
Perspectives
Ensuite, dans le travail présenté dans cette thèse, on s'est intéressé à la formulation,
la caractérisation et aux propriétés des bétons sans agents de viscosité. En effet, des
essais ont montré que le comportement des pâtes contenant un dosage en agent de
viscosité élevé se différenciait de celui des autres pâtes. L’étude de l’influence des
agents de viscosité associée à celle de superplastifiant doit être poursuivie afin de
comprendre les interactions entre ces deux adjuvants, le plus souvent utilisés
simultanément. Il serait intéressant de pouvoir étudier l'applicabilité de la démarche
de formulation proposée ainsi que la procédure expérimentale caractérisant la
résistance à la ségrégation verticale aux bétons avec agent de viscosité. Il serait
208
aussi intéressant de conduire les mêmes études sur d'autres types de matériaux
(d'autres sources de granulats, de ciment, d'adjuvants…).
Enfin, la méthode de formulation que nous avons proposés, en utilisant les matériaux
locaux, doit faire l'objet de confrontation à des expérimentations en vraie grandeur,
dans lesquelles la ségrégation éventuelle serait observée.
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ANNEXES
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ANNEXE 1 :
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