Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Chapitre1 Topologie SMA5

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 11

Université Mohammed V-Rabat

Faculté des sciences


Département de mathématiques

Filière SMA
Module de topologie
Semestre 5

Hamza BOUJEMAA

1
Introduction

Le contenu du module de topologie enseigné en semestre 5 ne peut constituer un ex-


posé complet étant donné le nombre d’heures de cours alloué. Cependant, il constitue
une introduction à la topologie générale. Avant de définir les espaces topologiques, on se
place dans un cadre particulier important qui est celui des espaces métriques où les ouverts
et les voisinages peuvent être mieux intégrés grâce à la notion de distances et de boules.
Vu le temps imparti, les semi normes ainsi que les topologies associées n’apparaissent pas
dans cet exposé. Par contre, avant de parler des espaces métriques, on introduit un cas
particulier important qui est celui des espaces vectoriels normés. Cela permettra aussi
de définir les espaces de Banach qui seront utiles notamment pour le module de calcul
différentiel.
La continuité des applications, les espaces compacts ainsi que le théorème de Bolzano
Weierstrass constituent l’essentiel de l’exposé. Il se termine par deux théorèmes impor-
tants et très utiles en analyse fonctionnelle: Le théorème d’Ascoli et le théorème de
Stone-Weierstrass.
Mis à part le premier chapitre, tous les autres s’inspirent du livre "Topologie" de G.
Chirstol, A. Cot et C-M. Marle qui contient aussi un bon nombre d’exercices dont une
partie sera traitée en travaux dirigés.

2
Chapitre 1 Rappels et compléments.

I. Espaces vectoriels normés. Espaces de Banach.

Dans tout ce qui suit E désigne un espace vectoriel sur IR ou C


I muni d’une norme
c’est à dire d’une application notée

k.k : E → IR+ ,

et vérifiant:
a. kxk = 0 si et seulement si x = 0.
b. kkxk = |k|kxk pour tout k ∈ IR ou C
I et tout x ∈ E.
c. kx + yk ≤ kxk + kyk pour tous x et y ∈ E.
qP
Exercices: 1. Vérifier que, dans IRn , l’expression k(x1 , ..., xn )k1 = n 2
i=1 xi définit
bien une norme. Faire de même pour les deux autres normes de IRn , k(x1 , ..., xn )k2 =
Pn
i=1 |xi | et k(x1 , ..., xn )k∞ = supi=1,...,n |xi |.
2. E = C([0, 1], IR) désigne l’espace vectoriel des applications définies, continues sur [0, 1]
et à valeurs réelles. Pour tout f ∈ E, on pose kf k = supx∈E |f (x)|. Vérifier qu’il s’agit
bien d’une norme.

Nous pouvons alors associer une application appelée distance notée d et définie par

d(x, y) = kx − yk pour tous x et y ∈ E.

Nous considérerons qu’une application f de E vers F (F étant un autre espace vectoriel


normé) est continue quand d(f (x), f (y)) tend vers 0 lorsque d(x, y) tend vers 0.

La définition d’une suite de Cauchy dans E est la même que dans l’espace vectoriel
normé IR c.a.d. qu’une suite d’éléments (xn )n de E est dite de Cauchy si

∀ > 0 , ∃N ∈ IN tel que ∀n ≥ N et p ≥ 0, d(xn , xn+p ) < .

On dira que E est un espace de Banach (ou un espace vectoriel normé complet) si toute
suite de Cauchy dans E est convergente dans E.

Exemples

-IR muni de la norme valeur absolue est un espace de Banach.(On rappelle qu’on dé-
montre que toute suite de Cauchy est bornée puis qu’elle possède forcément une seule
valeur d’adhérence et qu’enfin la suite est convergente vers cette valeur qui est par con-
séquent sa limite.)

3
qP
-IRn muni de la norme euclidienne kxk = n 2
i=1 xi est un espace de Banach. (On
vérifie que si (xn )n est de Cauchy dans IRn , alors pour tout 0 ≤ i ≤ n, la suite formée
par la ieme composante notée (xi n )n est de Cauchy dans IR et par conséquent convergente
dans IR. On déduit alors aisément que (xn )n est convergente dans IRn .
- On note E = C([a, b], IR) l’espace vectoriel des fonctions définies et continues sur
l’intervalle fermé, borné [a, b] et à valeurs dans IR. On le munit de la norme du sup:

kf k = supx∈[a,b] |f (x)|.

On remarquera qu’elle est bien définie et que c’est bien une norme. On peut montrer que
cet espace est complet, voir exercie 1 série 1.

- On peut généraliser en posant E = Cb (X, IR), espace des fonctions définies, bornées
et continues sur X, espace vectoriel normé quelconque, à valeurs réelles et

kf k = supx∈E |f (x)|.

-On peut se placer dans un cadre plus général en considérant E = Cb (X, F ) où F est
un espace de Banach. (Ce qui garantira l’existence d’une limite pour toute suite (fn (x))n
lorsque que x est un élément quelconque fixé dans X et l’idée de la démonstration est
analogue à la pécédente.)
On notera que les derniers exemples donnés sont des espaces de Banach de dimension
infinie.

A présent, nous allons étudier la continuité des applications linéaires entre espaces de
Banach.

II. Applications linéaires continues.

Théorème Soient E et F deux espaces vectoriels normés et f : E → F une applica-


tion donnée. Les trois affirmations suivantes sont équivalentes:
a. f est continue.
b. f est continue en 0.
c. Il existe une constante M strictement positive telle que

kf (x)k ≤ M pour tout x ∈ E vérifiantkxk ≤ 1.

Autrement dit, f est bornée sur la boule unité. Cette propriété est équivalente à

∃M > 0, telle que ∀x ∈ E ; kf (x)k ≤ M kxk.

Démonstration Il est clair que a) implique b). Montrons que b) implique c).

4
Pour  > 0 donné, il existe δ > 0 tel que pour kxk < δ on a kf (x)k < .
En particulier, pour  = 1, si kxk < r alors kf (x)k < 1. On aura donc kf (x)k < 1r si
kxk < 1. Ainsi, f est bornée sur la boule unité.
Pour l’implication de c) vers a), on remarque d’abord que si x ∈ E est non nul, alors
x
kxk
est de norme 1, par suite, en utilisant c) et la linéarité de f , on aura kf (x)k ≤ M kxk.
A nouveau, via l’argument de linéarité, on aura

kf (x) − f (y)k = kf (x − y)k < M kx − yk.

Ce qui signifie la continuité de f en tout x.

On note L(E, F ) l’espace vectoriel des applications linéaires continues de E vers F et


on le munit de la norme
kf k = supkxk≤1 kf (x)k.
On a la proposition suivante dont la démonstration est facile et laissée en exercice:

Proposition 1. Pour tout f ∈ L(E, F ), kf k vérifie kf (x)k ≤ kf kkxk et c’est le plus


petit des réels M vérifiant kf (x)k ≤ M kxk.
2. Il s’agit bien d’une norme!

Théorème Si F est un espace de Banach, alors L(E, F ) est un espace de Banach.

Démonstration On se place sur la boule Br fermée de E de centre 0 et de rayon r > 0


et on considère Cb (Br , F ). Nous avons vu que c’est un espace de Banach, par conséquent,
si (fn )n est une suite de Cauchy dans L(E, F ) et si (gn )n désigne la suite des restrictions
des fn à Br , (gn ) est une suite de Cauchy dans l’espace complet Cb (Br , F ) (muni de la
norme du sup), elle converge donc vers une certaine limite g appartenant à Cb (Br , F ), ceci
étant vrai pour tout r > 0. Cette limite est linéaire et continue. Ceci étant vrai pour tout
r > 0, on a alors l’existence d’une limite notée f dans L(E, F ) et telle que la restriction
de f à B est g.

Isomorphismes d’espaces vectoriels normés.

Définition. Un isomorphisme d’un espace vectoriel normé E dans un espace vecto-


riel normé F est une application linéaire, bijective, continue dont l’inverse est également
linéaire et continue.

Remarques 1. Si une application est bijective est linéaire, alors son inverse est
également linéaire.

5
2. Si une application est un homéomorphisme linéaire, alors c’est un isomorphisme
linéaire.

Les deux points sont faciles à établir. Par contre, une autre implication résulte d’un
théorème beaucoup plus difficile à démontrer que nous allons simplement énoncer:

Théorème Si f : E → F est une application entre deux espaces de Banach linéaire,


bijective et continue, alors c’est un isomorphisme d’espaces de Banach.

Définition On appelle isométrie toute application bijective, linéaire f vérifiant

kf (x)k = kxk.

Conséquence Toute isométrie est continue et est un isomorphisme.

La réciproque est évidemment fausse. Il suffit de considérer les homothéties.

III. Normes équivalentes.

Définition ρ1 et ρ2 désignent deux normes sur un espace vectoriel normé E. Elles


sont dites équivalentes si l’application

Id : (E, ρ1 ) → (E, ρ2 ) est bicontinue.

Comme conséquence directe de la caractérisation de la continuité d’une application


linéaire, on a le résultat suivant:

Proposition Elles sont équivalentes si et seulement si il existe deux constantes m et


M strictement positives telles que

mρ1 (x) ≤ ρ2 (x) ≤ M ρ1 (x), pour tout x ∈ E.

Il s’avère qu’en dimension finie, toute les normes sont équivalentes. Pour cela, nous
allons d’abord établir ce résultat dans le cas de IRn .

Proposition Dans IRn , toutes les normes sont équivalentes.

Démonstration Nous allons montrer que toute norme ρ sur IRn est équivalente à la
norme euclidienne. Si ρ est une norme sur IRn , alors elle est continue. En effet, d’après
l’inégalité triangulaire, on a

|ρ(x) − ρ(y)| ≤ ρ(x − y),

6
Pn Pn
et en posant x = i=1 xi ei et y = i=1 yi ei , on aura d’après les propriétés d’une norme
n
X
ρ(x − y) ≤ |xi − yi |ρ(ei ).
i=1

Ainsi, quand x tend vers y, alors les xi tendent vers les yi et par suite |ρ(x) − ρ(y)| tend
vers 0. Ceci signifie que ρ est continue et que par suite elle est bornée sur la sphère unité
fermée. Il existe donc deux constantes strictement positives m et M vérifiant

m ≤ ρ(x) ≤ M.

On aura donc bien


mkxk ≤ ρ(x) ≤ M kxk pour toutx ∈ E,
ρ et k.k sont bien équivalentes.

Nous déduisons le résultat suivant

Corollaire Soit E un espace vectoriel normé et f : IRn → E une application linéaire


et bijective, alors f est un isomorphisme.

Démonstration Si ρ désigne la norme sur E, ρ ◦ f est une norme sur IRn (à vérifier!).
Puisque toutes les normes sur IRn sont équivalentes, il existe donc deux constantes m et
M strictement positives telles que

mkxk ≤ ρ ◦ f (x) ≤ M kxk.

Une des inégalités précédentes prouve que f est continue, l’autre montre que f −1 l’est
aussi.

Nous pouvons à présent énoncer le résultat qui règle la question de la continuité des
applications linéaires quand la dimension est finie.

Théorème Soit E un espace vectoriel normé de dimension finie, alors E est un espace
de Banach et toute application linéaire f : E → F , où F est un espace vectoriel normé
est continue.

Démonstration Montrons d’abord que E est complet et considérons une suite de


Cauchy (xn )n dans E. La dimension étant finie, il existe une application linéaire bijective
g : IRn → E, et d’après ce qui précède, g est un isomorphisme d’espaces vectoriels normés.
Il admet donc une application réciproque linéaire et continue h : E → IRn . Il existe alors
une constante M strictement positive telle que

kh(xn ) − h(xp )k ≤ M kxn − xp k.

7
Ceci justifie que la suite (h(xn ))n est de Cauchy dans IRn , elle converge donc vers une
certaine limite l, et la continuité de g prouve que xn = g ◦ h(xn ) converge vers g(l). Par
suite, E est un espace de Banach.
Soit maintenant f : E → F une application linéaire, si on montre que ϕ = f ◦ g est
continue, alors f = ϕ ◦ g −1 sera continue. Or, l’application ϕ est continue car elle est
continue en 0. En effet, si (x1 , ..., xn ) désigne un élément quelconque de IRn , et {e1 , ..., en }
la base canonique de IRn , alors ϕ(x1 , ..., xn ) = ni=1 xi ϕ(ei ) et ceci explique que quand
P

(x1 , ..., xn ) tend vers 0 alors ϕ(x1 , ..., xn ) tend aussi vers 0.

Deux cas particuliers de L(E, F )

- Si E est IR, alors L(IR, F ) s’identifie à F par un isomorphisme naturel qui est
une isométrie de la manière suivante: A tout élément y ∈ F , on associe l’application
ϕy ∈ L(IR, F ) définie par
ϕy : IR → F
λ 7→ λy.
Il est alors facile de se convaincre qu’on a kϕy k = kyk.
On a donc une application
φ : L(IR, F ) → F
ϕ 7→ ϕ(1),
ou ce qui revient au même une application

ψ = ϕ−1 : F → L(IR, F )

y 7→ ϕy ,
et φ vérifie kφk = 1.( ψ aussi!)
- Si F est IR, L(E, IR) est l’espace des formes linéaires continues appelé aussi dual
topologique.

IV. Le groupe Iso(E, E) et l’application u 7→ u−1 .

Dans l’optique d’étudier l’existence de certains inverses, nous avons besoin de rappeler
des résultats sur les séries convergentes dans les espaces de Banach.

Définition Soit (un )n une suite dans un espace de Banach E. On dit que la série
un est normalement convergente si la série kun k est convergente dans IR.
P P

Théorème Si une série est normalement convergente, alors elle est convergente.

8
Démonstration Ceci se justifie par l’inégalité
X X
k un k ≤ kun k.

et donc le fait d’être de Cauchy pour l’une dans IR implique que l’autre est aussi de
Cauchy mais cette fois-ci dans l’espace E qui est de Banach.

Nous avons les deux propositions suivantes

Proposition Si E est un espace de Banach, alors L(E, E) est de Banach et si


u ∈ L(E, E) est tel que kuk < 1, alors 1 − u est inversible.

Démonstration Le premier point a déja été établi précédemment.


Soit u tel que kuk < 1. La série un où un = un = u ◦ u ◦ ... ◦ u, n fois, est convergente
P

car elle est normalement convergente. Cela résulte de l’inégalité

kun k ≤ kukn
P∞
et si on pose v = n=0 un alors v vérifie

un .
X
uv = vu =
n=1

Par suite, Id = v − uv = (Id − u)v = u = v − vu = v(Id − u) ce qui prouve que 1 − u est


inversible.

Prpoposition 1. Iso(E, E) est un ouvert de L(E, E). (E est supposé de Banach)


2. L’application u 7→ u−1 est continue.

Démonstration Pour montrer qu’il s’agit d’un ouvert, il suffit de montrer que u−1 0 u
est un inversible si u est proche de u0 ∈ Iso(E, E). D’après le résultat précédent, il suffit
de vérifier que k1 − u−1
0 uk < 1 si u est suffisamment proche de u0 .
−1 −1
Or 1 − u0 u = u0 (u0 − u), d’où en passant aux normes

k1 − u−1 −1
0 uk ≤ ku0 kku0 − uk.

Ainsi si on suppose ku0 −uk < 1


ku−1
, alors on aura u−1
0 u inversible et par suite u inversible.
0 k
Pour l’autre point, on pose u = u0 (1 − v) avec kvk < 1. On a u−1 = (1 − v)−1 u−1
0 , d’où
on déduit
kvk
ku−1 −1
0 −u k ≤ (∗)
1 − kvk
et quand u tend vers u0 , v tend vers 0 (v = 1 − u−1 −1
0 u donc kvk ≤ ku0 kku0 − uk) et, en
vertu de (*), u−1 tend vers u−1
0 . D’où la continuité.

9
On montre, dans un cours de calcul différentiel, que cette application est même C ∞ et
on peut donner sa différentielle en tout point de Iso(E, E).

Pour finir ces rappels et compléments, nous allons étendre des notions vues dans le
cadre linéaire au cadre multilinéaire.

V. Applications multilinéaires continues

Dans ce qui va suivre E1 , ..., En , F sont des espaces vectoriels normés et une appli-
cation f : E1 x...xEn → F est dite multilinéaire si elle est linéaire par rapport à chaque
variable. Nous allons caractériser les applications multilinéaires continues.

Proposition Il y a équivalence entre les trois affirmations suivantes:


a) f est continue.
b) f est continue en zéro.
c) f est bornée sur le produit des boules unités, c’est à dire, il existe une constante M
strictement positive telle que kf (x1 , ..., xn )k ≤ M pour tous kx1 k ≤ 1,...,kxn k ≤ 1.

La démonstration est similaire à celle établie dans le cas linéaire en apportant les tra-
ductions qui s’imposent.

Si on pose kf k = supkx1 k≤1,...,kxn k≤1 kf (x1 , ..., xn )k, on vérifie que kf k est le plus petit
des réels positifs M vérifiant kf (x1 , ..., xn )k ≤ M pour tous kx1 k ≤ 1,...,kxn k ≤ 1 et on
vérifie que ceci définit une norme sur L(E1 x...xEn , F ) (ensemble des applications multil-
inéaires continues)

Exemple d’applications bilinéaires: La composée..

On considère l’application

φ : L(F, G)xL(E, F ) → L(E, G)

(g, f ) 7→ g ◦ f.
Comme kφ(g, f )k = kg ◦ f k ≤ kgkkf k, φ est donc continue et sa norme est inférieure ou
égale à 1.

L’isométrie naturelle L(ExF, G) ' L(E, L(F, G)).

L’isométrie est donnée par

ψ : L(ExF, G) → L(E, L(F, G))

10
f 7→ ψ(f )
avec ψ(f )(x), pour x ∈ E, est l’élément de L(F, G)) défini pour tout y ∈ F par ψ(f )(x)(y) =
f (x, y). Il est facile de vérifier que kψ(f )k = kf k et que par suite, kψk = 1.

11

Vous aimerez peut-être aussi