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Chapitre 2

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Chapitre II Techniques de diagnostic

II- Techniques de diagnostic :

Le diagnostic d’un ouvrage est une étape importante dans le processus de sa


réhabilitation. Il permet avant tout de se prononcer son état de sante et de voir quelles sont les
éventuelles pathologies ainsi que leur ampleur. Généralement lorsque l’on effectue un
diagnostic, c’est quand un client à découvert quelque chose qui n’allait pas dans le
fonctionnement de l’ouvrage ou bien l’apparition de désordres.

Le diagnostic peut avoir principalement deux finalités. Dans un premier temps, il peut être
demande de suivre l’évolution des différentes pathologies dans le temps, que ce soit a court,
moyen ou long terme. Cela permet d’évaluer le comportement de l’ouvrage sous l’effet de ces
troubles, de voir s’il y a une stagnation du phénomène ou s’il y a une dégénérescence, auquel cas
il est important de prévoir des réparations. L’autre finalité d’un diagnostic c’est de répertorier
tous les désordres, mais aussi la constitution de chaque élément, en vue d’un traitement
immédiat. [1]

Pour répondre à la demande du client, il est nécessaire de comprendre le plus précisément


possible ses besoins et les caractéristiques de l’ouvrage à diagnostiquer. Pour cela, on effectue
une visite sur site ou, à défaut de pouvoir s’y rendre, l’analyse de photos et de plans agrémentés
de toutes les observations du client.

Cette phase est primordiale pour préparer au mieux le futur diagnostic. Il s’agit de :

 Connaître le type d’ouvrage sur lequel on va réaliser le diagnostic et l’environnement


dans lequel il se trouve ;
 Relever les principales dimensions de l’ouvrage et ses matériaux constitutifs ;
 Noter les principaux types de désordres et estimer leur quantité.
Lorsque l’ensemble de ces données sont recueillies, un document contractuel permettant de
matérialiser l’offre de l’entreprise au client est rédigé : le devis.

II.1- Choix des investigations :


Le choix des investigations dans un diagnostic d’ouvrage dépend de plusieurs paramètres. Il est
primordial de les évaluer afin de mettre en œuvre mission. Ces différents paramètres sont les
suivants :

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Chapitre II Techniques de diagnostic

Type de
mission à
réaliser

Nature des Type de


matériaux structure

Choix des
investigations
dans un
diagnostic
d'ouvrage

Environnement
de l'ouvrage Etat de
l'ouvrage

Figure II.1 : Schéma du choix d’investigation

Le choix des investigations dépend de : [Net.3]


 Type de mission à réaliser :
Diagnostic de maintenance en vue d’éventuelles réparations, diagnostic structure pour un calcul
de résistance ou encore évaluation des risques vis-à-vis des biens et des personnes.
 Nature des matériaux :
Les matériels et techniques utilisés pour réaliser le diagnostic ne sont pas les mêmes si l’on a à
faire à du béton, de l’acier, du bois ou encore de la pierre.
 Type de structure :
Géométrie et taille de l’ouvrage.
 Etat de l’ouvrage :
Les investigations dépendent des désordres qui affectent l’ouvrage. On aura par exemple recours
à un matériel particulier en présence de fissures ou d’armatures corrodées dans le béton.

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Chapitre II Techniques de diagnostic

 Environnement de l’ouvrage :
L’étude porte également sur l’environnement dans lequel se trouve l’ouvrage car certains
désordres y sont parfois directement liés. C’est ainsi fréquemment le cas pour les structures
soumises à des attaques chimiques.
De plus, les accès limités voire impossibles sur une partie de la structure peuvent être un frein à
la réalisation d’investigations et nécessiter l’utilisation de moyens spécifiques (nacelle,
échafaudages, etc.).

II.2- Types d'investigations :

Il est possible de classer les différentes investigations en deux catégories : soit les méthodes non
destructives, soit les méthodes destructives. Les principales méthodes rencontrées lors de
diagnostics sont décrites dans la suite.
II.2.1. Investigations non destructives :
Le principe des investigations non destructives réside dans le fait qu’on ne touche pas
directement à la structure. Pour les ouvrages en béton armé, il existe différentes méthodes
permettant d’effectuer un diagnostic sans risques de porter atteinte à son intégrité.

Scléromètre Relevé visuel

Investigations
non
destructives

L'auscultation L'analyse du
sonique ferraillage

Figure II.2 : Schéma des investigations non destructives

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Chapitre II Techniques de diagnostic

II.2.1.1. Relevé visuel :


Le principe du diagnostic visuel est d’aller sur le site et de répertorier les différents défauts que
présentent les structures. Ces défauts, pour les ouvrages en béton armé peuvent être très
nombreux.
Les principaux désordres sont les suivants :
- Les fissures avec leur ouverture et leur longueur.
- Les fractures avec leur ouverture, décalage ou rejet.
- La présence de coulures de calcite.
- Les zones d’altération superficielles et profondes.
- Les zones humides ainsi que les zones de mousses ou de végétation.
- Les zones de faïençage.
- Les éclats de béton en formation ou profonds ainsi que la présence d’aciers apparents.
- Les zones de ségrégation.
Tous ces éléments doivent être répertoriés sur des plans, accompagnés d’un reportage
photographique des principaux désordres. Cette première étape permet de définir la gravité des
troubles mais aussi de permettre de classer les différents éléments selon leur priorité.

II.2.1.2. L'analyse du ferraillage :


Les mesures de reconnaissance du ferraillage (position et enrobage) peuvent se faire à l’aide
d’un pachomètre. La profondeur d’auscultation de cet appareil est de l’ordre de 10cm suivant le
béton et le réseau d’armature. Il existe deux types de mesures : soit par détection linéaire,
consistant à détecter les aciers perpendiculaires à la trajectoire du pachomètre, soit par imagerie,
permettant de détecter les aciers présents dans un carré de soixante centimètres de côté. [Net.3]
La première méthode permet par exemple de connaitre l’espacement des cadres d’une poutre.
Alors que la deuxième permet de déterminer le clavetage des aciers au niveau d’une jonction
poteau/poutre. Cependant, pour les deux types de mesure, les résultats donnent les enrobages et
l’espacement du ferraillage. Il peut être utile, lorsque cela est possible, de dégager quelques
armatures afin de calibrer l’appareil. L’inspection des armatures dégagées permet de confirmer
leur nature, et de mettre en évidence d’éventuels désordres ou pertes de section en zone altérée.

II.2.1.3. L’auscultation sonique :


L’auscultation sonique est une méthode utilisée pour caractériser la qualité du béton. Le principe
de l’essai repose sur la mesure de la vitesse de propagation du son dans le matériau. On mesure
la propagation d’une première impulsion d’un train d’ondes généré par un transducteur, entre

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deux points déterminés du béton. On peut, à partir du temps de propagation mesuré, exprimer
une vitesse conventionnelle de propagation : c’est le quotient de la distance entre les deux
transducteurs par le temps mesuré.
Deux méthodes de mesure sont possibles : soit la mesure en transparence, qui fournit une
information sur la qualité du béton « à cœur », soit la mesure en surface, qui concerne la couche
externe, sur une épaisseur de 6 à 8 cm de béton environ.
Pour les mesures en transparence, le principe est que la vitesse de propagation du son est
moindre dans le vide. Si le béton est poreux ou de mauvaise qualité, il y aura plus d’air dans le
matériau. Ainsi la vitesse de propagation mesurée sera plus faible. Pour ce qui est des mesures en
surface, elles permettent de déterminer la présence d’une bicouche ou bien la profondeur d’une
fissure.

Figure II.3 : L’auscultation sonique des bétons

II.2.1.4. Scléromètre :

Le principe de l’essai scléromètrique repose sur la corrélation entre la dureté d’un matériau et sa
résistance a la compression. Pour déterminer la dureté du béton, une bille d’acier est projetée sur
une sonde en contact avec l’ouvrage à inspecter. Lors de son rebond, la bille entraine un index
coulissant sur une règle de mesure. Plus le rebond sera important, plus le matériau sera dur.

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Chapitre II Techniques de diagnostic

Figure II.4 : Scléromètre

II.2.2. Investigations destructives :


Lorsque cela est possible, il peut s’avérer utile d’avoir recours à des essais destructifs. Ces
méthodes permettent généralement de faire des prélèvements et de connaitre la nature des
matériaux présents, leurs caractéristiques mécaniques et chimiques ainsi que leur état
d’altération.

Test à la Carottage
carbonatation d'éléments
sss

Investigations
destructives

Potentiel de Prélèvement
corrosion d'aciers

Figure II.5: Schéma des investigations destructives

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Chapitre II Techniques de diagnostic

II.2.2.1 Test à la carbonatation :


Le dioxyde de carbone atmosphérique qui pénètre à travers la porosité du béton, depuis la
surface du parement, réagit avec les constituants alcalins contenus dans le béton. Au fur et à
mesure de sa pénétration, ce processus conduit à une réduction de la valeur du pH d’une valeur
de 13 à une valeur inférieure à 9. Ceci a pour effet de diminuer voir supprimer l’effet de
passivation de l’acier qui lui assurait une protection naturelle contre la corrosion. [3]
Le degré d’avancement de la carbonatation (profondeur de carbonatation) de la matrice
cimentaire est directement lié aux caractéristiques intrinsèques des matériaux (porosité, âge,…)
ainsi qu’aux conditions environnementales (humidité, température,…)
Une des méthodes d’essai existante consiste à pulvériser un colorant sensible au pH (solution de
phénolphtaléine) sur une coupe fraiche de béton. La partie non colorée indiquant la zone
carbonatée (pH < 9).

II.2.2.2 Carottage :

Le carottage d’éléments en béton armé peut avoir différentes utilités. On y a recours


principalement pour effectuer des essais de résistance à la compression sur les carottes prélevées,
afin de déterminer les caractéristiques mécaniques des éléments. Il est aussi possible d’analyser
chimiquement le prélèvement afin de connaitre les constituants du béton tels que le type de
ciment utilisé, le rapport E/C estimé, la taille des granulats. En ce qui concerne les dallages, il est
parfois nécessaire de devoir carotter l’élément afin de réaliser des essais géotechniques tels que
le pénétromètre dynamique ou bien un prélèvement de sol en vue de déterminer les
caractéristiques mécaniques du sol en place. Cela à lieu généralement lorsque l’ouvrage change
de destination, quand les charges d’exploitation changent ou si une restructuration du bâtiment
est envisagée.

II.2.2.3 Prélèvement d’acier :

En cas de re-calcul d’une structure, il est important de connaitre les aciers présents dans un
ouvrage.
Le prélèvement d’acier permet de déterminer le type d’acier (HA, lisse, TOR, etc.) ainsi que
leurs caractéristiques mécaniques telles que la limite d’élasticité. [2]

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Figure II.6 : Prélèvement d’acier.

II.2.2.4 Mesure du potentiel de corrosion :

La mesure du potentiel de corrosion ne peut se faire que sur des ouvrages ayant un ferraillage
continu et n’ayant pas de revêtement de surface pouvant agir comme isolant.
Le principe de l’essai est de mettre à nu une armature puis la connecter à une borne d’un
millivoltmètre à haute impédance. Une électrode de référence est placée sur le parement étant
elle-même reliée à une autre borne du millivoltmètre. Elle est dite de référence car elle a un
potentiel constant du à un équilibre électrochimique. Les résultats obtenus permettent de
déterminer la probabilité de corrosion des armatures.

Figure II.7 : Mesure du potentiel de corrosion

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Chapitre II Techniques de diagnostic

Conclusion :
Dans cette partie nous avons vu l’importance du diagnostic dans l’opération de réhabilitation
d’un ouvrage ainsi que des différents moyens disponibles pour le réaliser. C’est l’étape clé qui
permet de déterminer les types de pathologies dont souffre l’ouvrage ainsi que leur ampleur.
Cela permet aussi de faire des prévisions quant à l’évolution de ces troubles. Mais c’est avant
toute chose, l'étape qui va permettre de mettre en œuvre la méthode de réparation la plus
adaptée. Cela permet aussi d’évaluer la cause de ces problèmes. Cette cause peut être tout
simplement le vieillissement naturel de la structure, mais cela peut aussi être à cause de
l’environnement alentours. Afin de rendre les réparations pérennes, il est nécessaire de mettre en
œuvre des travaux de réparation et de protection adaptées, mais aussi de travailler sur l’origine
du problème afin d’éviter l’apparition rapide de nouvelles pathologies semblables.

Le diagnostic est donc un outil d’aide à la décision au maitre d’ouvrage pour la pérennité de son
ouvrage. Deux choix sont possibles : [6]
 Maintien de l’ouvrage avec ou sans mesures conservatoires pour une utilisation «
normale ».
 Déconstruction dans le cas où le coût des réparations ne justifie pas le maintien.

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