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Chapitre 3-MIP

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Cours d’algèbre 1 (M.I.

P)
Chapitre 3 : Applications et Relations binaires

(Ce document ne peut en aucun cas remplacer les séances de cours en présentiel)

Pr. EL MEHDI BOUBA

Année universitaire :2023–2024


3. Applications et Relations binaires
3.1. Applications.
3.1.1. Correspondances.
Dénition 3.1. Soient E et F deux ensembles. On appelle correspondance de E vers
F tout triplet (Γ, E, F ), où Γ est un graphe de E vers F . E est alors appelé ensemble
de départ et F ensemble d'arrivée de la correspondance.
Dénition 3.2. Soit f = (Γ, E, F ) une correspondance de E vers F .
1. On appelle ensemble de dénition de f , et on note Df , l'ensemble
Df = {x ∈ E | ∃y ∈ F tel que (x, y) ∈ Γ}.
2. On appelle ensemble image de f , et on note Im(f ), l'ensemble
Im(f ) = {y ∈ F | ∃x ∈ E tel que (x, y) ∈ Γ}.
Dénition 3.3. Soit f = (Γ, E, F ) une correspondance de E vers F .
1. On dit que Γ est un graphe fonctionnel si et seulement si ∀x ∈ E , l'ensemble {y ∈
F tel que (x, y) ∈ Γ} est vide ou réduit à un seul élément. Dans ce cas, on dit que f
est une fonction de E vers F.
2. Si, de plus, Df = E , c-à-d ∀x ∈ E, ∃!y ∈ F ; (x, y) ∈ Γ, alors on dit que f est une
application de E vers F.
Γ est dit le graphe de l'application (resp. fonction).
Remarque 3.4.
1. Une fonction de E vers F associe à chaque élément x de E au plus un élément y de
F.
2. Une application de E vers F associe à tout élément x de E un et un seul élément y
de F .
Remarques 3.5. Soit f = (Γ, E, F ) une application.
1. Si (x, y) ∈ Γ, on dit que y est l'image (unique) de x par f et que x est un antécédent
de y par f et on écrit f (x) = y .
2. L'ensemble E s'appelle l'ensemble de départ et l'ensemble F s'appelle l'ensemble
d'arrivée de f . On note souvent une application par f : E → F ou, si les ensembles
E et F sont sous-entendus, x 7→ f (x).
Si par exemple E = {a, b, c, d} et F = {1, 2, 3, 4, 5}, l'application f est représenté
par le diagramme suivant

20
f

a 1
b 2
3
c 4
E d 5 F

Figure 1. Diagramme d'une application

Remarques 3.6. Soit f = (Γ, E, F ) une application.


1. Le graphe Γ de l'application f est donc l'ensemble des couples {(x, f (x))| x ∈ E}.
2. L'application x 7→ x de E dans E est dite application identique de E ; elle se note
idE .
3. Si A ⊂ E , alors l'application x 7→ x de A dans E est appelée l'injection canonique
de A dans E , et est notée iA .
4. Toute application est une fonction, mais l'inverse n'est pas vrai.
5. L'ensemble des applications de E vers F est noté F(E, F ) ou F E .
6. L'application f : E −→ F est dite constante si l'on a f (x) = f (y) quels que soient
x, y dans E .
7. Soit E un ensemble. On appelle application caractéristique de E , l'application
1 si x ∈ E

χE : E −→ R à valeurs réelles dénie par : χE (x) =
0 si x ̸∈ E.
χE est aussi dite application indicatrice de E .
8. Soient E et F deux ensembles. Les applications
E × F −→ E , (x, y) 7−→ x,
E × F −→ F , (x, y) 7−→ y
s'appellent la première et la deuxième projection respectivement.

Exemples 9. On donne dans ce qui suit quelques exemples des applications :


1. f : N −→ N le graphe de f est Γ = {(n, 2n + 1)| n ∈ N}.
n 7−→ f (n) = 2n + 1

2. f : N −→ R √ le graphe de f est Γ = {(n, n + 1)| n ∈ N}.
n 7−→ f (n) = n + 1
3. f : N −→ R √
n 7−→ f (n) = n − 1
f n'est pas une application mais est une fonction, car 0 n'a pas d'image dans R, et
on a ; Df = N∗ .
4. f : Q −→ R le graphe de f est Γ = {(x, f (x))| x ∈ Q}.
x2 +3x−7
x 7−→ f (x) = x2 +6
21
5. f : R −→ R
x2 +3x−7
x 7−→ f (x) = |x|−2
f n'est pas une application car −2 et 2 n'ont pas d'images dans R. Mais f est une
fonction telle que Df = R − {−2, 2}.
Exercice. Soit l'application f : N2 −→ N
(x, y) 7−→ f (x, y) = x + y
1. Déterminer les antécédents de 0 par f .
2. Déterminer l'ensemble des antécédents de 3 par f .
3. L'implication suivante est elle juste : f (a, b) = f (a′ , b′ ) ⇒ (a, b) = (a′ , b′ ) ?
Dénition 3.7. Soient E , G, F et H des ensembles. On dit que deux applications
f : E → F et g : G → H sont égales si et seulement si E = G, F = H et leur graphe
sont égaux, c'est-à-dire ∀x ∈ E , f (x) = g(x).
3.1.2. Les familles.
Dénition 3.8. On appelle famille indexée par un ensemble I , une application de I
dans un ensemble A. On note l'image de i ∈ I par ai , et la famille est noté par (ai )i∈I . Il
est possible bien sûr que les ai soient eux-mêmes des ensembles. Si I est ni, la famille
sera dite nie.
Exemples 10.
1. Une suite (un )n∈N réelle est une famille de nombres réels indexée par N.
2. Si I = {1, · · · , n}, la famille indexée par I est le n-uplet (a1 , · · · , an ), où ai ∈ A,
∀i ∈ I .
Dénition 3.9. Soit (ASi )i∈I une famille d'ensembles, on appelle réunion de la famille
(Ai )i∈I l'ensemble A = i∈I Ai = {x | ∃i ∈ I, x ∈ Ai }. Il est caractérisé par :
a ∈ A ⇐⇒ ∃i ∈ I, a ∈ Ai .
Si I = {i1 , i2 }, on retrouve la réunion traditionnelle de deux ensembles. Si I est vide,
la réunion est vide.
Dénition 3.10. Soient I un ensemble non vide et (Ai )T
i∈I une famille d'ensembles, on
appelle intersection de la famille (Ai )i∈I l'ensemble B = i∈I Ai = {x | ∀i ∈ I, x ∈ Ai }.
Il est caractérisé par :
a ∈ B ⇐⇒ ∀i ∈ I, a ∈ Ai .
B est vide si l'un des Ai est vide.
Exemples 11. Soient
\ E un ensemble non vide.
1. {x} = E , et
{x} = ∅ si E a au moins deux éléments.
[

x∈E x∈E
2. P(E)∗ = P(E) − {∅} est non vide, on a : A = E , et A = ∅ si E a au
[ \

A∈P(E)∗ A∈P(E)∗
moins deux éléments.
Remarque 3.11. La commutativité, l'associativité et la distribution (de ∩ par rapport
à ∪, et de ∪ par rapport à ∩) se généralisent considérablement.
22
3.1.3. Restriction et prolongement.
Dénition 3.12. Soient f : E → F et g : A → F deux applications. On dit que l'ap-
plication g est une restriction de f à A si A ⊂ E et ∀x ∈ A, f (x) = g(x). L'application
g est souvent notée fA .
Exemple 3.13. Soit l'application f : R −→ R
x 7−→ f (x) = |x − 2|,
l'application g : [2, +∞[−→ R est la restriction de f à [2, +∞[.
x 7−→ g(x) = x − 2
Dénition 3.14. Soient f : E → G et g : F → G deux applications. On dit que
l'application g est un prolongement de f à F si E ⊂ F et ∀x ∈ E, f (x) = g(x).
Exemple 3.15. L'application g : R −→ R
x 7−→ g(x) = |x − 2|,
est un prolongement de l'application f : [2, +∞[−→ R
x 7−→ f (x) = x − 2.
3.1.4. Composition des applications.
Dénition 3.16. Soient f : E → F et g : F → G deux applications. L'application
h : E → G dénie par
∀ x ∈ E h(x) = g(f (x))
est dite application composée de f et g , et est notée g ◦ f .
Exemple 3.17. Soient les deux applications f (x) = x + 1 et g(x) = x2 dénies de R
dans R. On a
g ◦ f (x) = g(f (x)) = (x + 1)2 et
f ◦ g(x) = f (g(x)) = x2 + 1.
On voit que f ◦ g ̸= g ◦ f en général.
Généralisation de la composition.
1. Soient les applications f1 : E1 → E2 , f2 : E2 → E3 , ..., fn : En → En+1 , on peut
former l'application composée fn ◦ fn−1 ◦ ... ◦ f2 ◦ f1 : E1 → En+1 .
2. Soit f : E → E une application d'un ensemble E dans lui même. Les applications
composées f ◦ f , f ◦ f ◦ f , f ◦ f ◦ f ◦ f , ... ; se notent f 2 , f 3 , f 4 , ....
Proposition 3.1. Soient f : E → F , g : F → G et h : G → H des applications, on a :
1. h ◦ (g ◦ f ) = (h ◦ g) ◦ f (associativité de la composition).
2. idF ◦ f = f et f ◦ idE = f .
Preuve. Simple à vérier. □
3.1.5. Image directe et image réciproque.
Dénition 3.18. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F . Alors
1. On appelle image directe de A par f , et on note f (A), l'ensemble
{f (a) | a ∈ A} = {y ∈ F | ∃a ∈ A, y = f (a)}.
23
2. On appelle image réciproque de B par f , et on note f −1 (B), l'ensemble des x ∈ E
tels que f (x) ∈ B , on a : f −1 (B) = {x ∈ E | f (x) ∈ B}.
Attention. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F .
1. f (A) est un sous-ensemble de F , tandis que f −1 (B) est un sous-ensemble de E .
2. L'image directe d'un singleton f ({x}) = {f (x)} est un singleton. Par contre l'image
réciproque d'un singleton f −1 ({y}) dépend de f . Cela peut être un singleton, un
ensemble à plusieurs éléments ; mais cela peut-être E tout entier (si f est une fonction
constante) ou même l'ensemble vide (si aucune image par f ne vaut y ).
Remarques 3.19. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F .
1. L'image f (E) de E s'appelle l'image de f et se note Im(f ).
2. Si f (A) ⊂ A, alors l'ensemble A est dit stable par f .
3. Si f (A) = A, alors l'ensemble A est dit invariant par f .
4. Si pour un x ∈ E , f (x) = x, alors l'élément x est dit un point xe.
5. L'application g : A → B , où B ⊂ F , telle que ∀x ∈ A, g(x) = f (x) est appelée
l'application induite par f sur A.

Exemple 3.20. Pour l'application f : R → R dénie par x 7→ x2 . Représenter


et calculer les ensembles suivants : f ([0,1[), f (R), f (] − 1,2[), f −1 ([1,2[), f −1 ([−1, 1]),
f −1 ({3}), f −1 (R\N).
3.1.6. La bijection.
Dénition 3.21. Soit f : E → F une application. On dit que :
1. f est injective si ∀ x, x′ ∈ E , f (x) = f (x′ ) ⇒ x = x′ ,
ou encore par contraposé x ̸= x′ =⇒ f (x) ̸= f (x′ ).
2. f est surjective si ∀ y ∈ F , ∃ x ∈ E tel que y = f (x).
3. f est bijective si f est à la fois injective et surjective.
En termes d'antécédents on a :
Remarques 3.22. Soit f : E → F une application.
1. f est injective si chaque élément y ∈ F admet au plus un antécédent dans E .
2. f est surjective si chaque élément y ∈ F admet au moins un antécédent dans E ,
c'est-à-dire que Imf = f (E) = F .
3. f est bijective si chaque élément y ∈ F admet un et un seul antécédent dans E .
Exemples 12.
1. x 7→ 5x est injective non surjective de N vers N.
2. x 7→ x2 est surjective non injective de R vers R+ .
3. x 7→ ex est une bijection de R vers R∗+ .
4. L'application f : R −→ R, x 7−→ |x| n'est ni injective ni surjective tandis que
g : R −→ R+ , x 7−→ |x| est surjective.
Remarque 3.23. Une bijection d'un ensemble E sur lui même est parfois appelée
une permutation de E . L'ensemble des permutations de E se note S(E). Si E =
{1, 2, · · · , n}, on écrit Sn au lieu de S(E).
24
Proposition 3.2. La composée de deux injections (resp. surjections, bijections) est une
injection (resp. surjection, bijection).
Preuve. Soient f : E → F et g : F → G deux applications.
Supposons que f et g sont injectives, donc ∀x, x′ ∈ E on a :
g ◦ f (x) = g ◦ f (x′ ) ⇒ g(f (x)) = g(f (x′ ))
⇒ f (x) = f (x′ ), car g est injective
⇒ x = x′ , car f est injective.
Par suite g ◦ f est injective.
Supposons que f et g sont surjectives. Soit y ∈ G, il existe donc x′ ∈ F tel que
g(x′ ) = y , puisque g est surjective. Et comme f est aussi surjective, il existe x ∈ E tel
que f (x) = x′ . D'où g(f (x)) = g(x′ ) = y c'est-à-dire g ◦ f (x) = y , par suite g ◦ f est
surjective.
Si f et g sont bijectives, alors elles sont injectives et surjectives. D'où g◦f est injective
et surjective, par suite g ◦ f est bijective. □
Proposition 3.3. Soient f : E → F et g : F → G deux applications.
1. Si g ◦ f est injective, alors f est injective.
2. Si g ◦ f est surjective, alors g est surjective.
Preuve. 1. Supposons que g ◦ f est injective. Soient x et x′ ∈ E avec f (x) = f (x′ ), alors
g(f (x)) = g(f (x′ )), car g est une application, ainsi g ◦ f (x) = g ◦ f (x′ ) ; et comme g ◦ f
est injective, alors on a x = x′ . C'est-à-dire que f est injective.
2. Supposons que g ◦ f est surjective, alors ∀ z ∈ G, ∃ x ∈ E tel que g ◦ f (x) = z . Posons
y = f (x), donc g(y) = z , ceci entraîne que g est surjective. □
Théorème 3.4. Soit f : E → F une application. Pour que f soit bijective, il faut et il
sut qu'il existe une application g : F → E vériant
g ◦ f = idE et f ◦ g = idF . (3)
Lorsqu'elle existe, l'application g vériant (3) est unique ; elle est bijective, on l'appelle
l'application réciproque de f , et on la note f −1 . De plus (f −1 )−1 = f
Preuve. Supposons que f est bijective, alors ∀ y ∈ F , ∃! x ∈ E tel que y = f (x). Soit g
la relation dénie de F dans E par :
g : F −→ E
y 7−→ g(y) = x,
il est simple de vérier que g est une application, et que ∀ x ∈ E , g ◦ f (x) = x ; et
∀ y ∈ F , f ◦ g(y) = y , c'est-à-dire que g ◦ f = idE et f ◦ g = idF .
Inversement, supposons qu'il existe une application g : F −→ E telle que
g ◦ f = idE et f ◦ g = idF ,
alors la Proposition 3.3 entraîne que f est surjective et injective (idE est injective et
idF est surjective). D'où f est bijective. □
Exemples 13.
25
1. x 7→ ex est une bijection de R vers R∗+ et son application réciproque est l'application
x 7→ ln(x) dénie de R∗+ vers R.
2. x 7→ x√2 est une
√ bijection de R+ vers R+ et son application réciproque est l'application
x 7→ 2 x = x. √
3. x 7→ x3 est une bijection
√ de R vers R et son application réciproque est noté x 7→ 3 x.

Alors ( 3 x)3 = x et 3 x3 = x.
Corollaire 3.5. Soient f : E → F et g : F → G deux applications. Si f et g sont
bijectives alors g ◦ f est bijective et son application réciproque (g ◦ f )−1 = f −1 ◦ g −1 .
Preuve. D'après le Théorème 3.4, il existe u : F → E tel que u ◦ f = idE et f ◦ u = idF .
Il existe aussi v : G → F tel que v ◦ g = idF et g ◦ v = idG .
On a alors (g ◦ f ) ◦ (u ◦ v) = g ◦ (f ◦ u) ◦ v = g ◦ idF ◦ v = g ◦ v = idG .
Et (u ◦ v) ◦ (g ◦ f ) = u ◦ (v ◦ g) ◦ f = u ◦ idF ◦ f = u ◦ f = idE . Donc g ◦ f est bijective
et son inverse est u ◦ v . Comme u est la bijection réciproque de f et v celle de g alors :
u ◦ v = f −1 ◦ g −1 . □
Remarques 3.24. Soit f : E → F une application.
1. f est surjective si et seulement si f (E) = F .
2. Toute application f : E → E telle que f of = IdE est bijective et f −1 = f . Une telle
bijection s'appelle une involution de E .
3. Nous avons utilisé la notation f −1 dans deux contextes diérents : l'applications
réciproque et l'image réciproque. Si f n'est pas bijective, f −1 n'a pas de sens en tant
qu'application de F vers E , mais f −1 peut être vu comme une application de P(F )
vers P(E).
Proposition 3.6. Soient E , F deux ensembles nis et f : E → F une application.
1. Si f est injective alors card(E) ≤ card(F ).
2. Si f est surjective alors card(E) ≥ card(F ).
3. Si f est bijective alors card(E) = card(F ).
Preuve. 1. Supposons f injective. Supposons aussi que E est de cardinal n ∈ N∗ , alors
on peut l'écrire sous la forme E = {x1 , . . . , xn }, où les xi sont deux à deux distincts. En
notant yi = f (xi ) on a donc F ′ = f (E) = {y1 , . . . , yn }. Comme f est injective, alors les
yi sont deux à deux distincts, donc F ′ = f (E) a n éléments et card(f (E)) = card(E).
D'autre part, f (E) ⊂ F , alors card(f (E)) ≤ card(F ). Donc card(E) = card(F ′ ) ≤
card(F ).
2. Supposons f surjective. Posons F = {y1 , . . . , ym }, donc pour tout élément yi ∈ F ,
il existe au moins un élément xi de E tel que yi = f (xi ). Par suite E ′ = f −1 (F )
contient au moins m éléments c-à-d card(E ′ ) ≥ card(F ). De plus on a E ′ ⊂ E , donc
card(E) ≥ card(E ′ ). Par suite card(E) ≥ card(F ).
3. Cela découle de 1. et 2. □
Théorème 3.7. Soient E , F deux ensembles nis et f : E → F une application. Si
card(E) = card(F ), alors les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est injective,
2. f est surjective,
26
3. f est bijective.
Preuve. 1. ⇒ 2. Supposons f injective. Alors card(f (E)) = card(E) = card(F ). Ainsi
f (E) est un sous-ensemble de F ayant le même cardinal que F ; cela entraîne f (E) = F
et donc f est surjective.
2. ⇒ 3. Supposons f surjective. Pour montrer que f est bijective, il reste à mon-
trer que f est injective. Raisonnons par l'absurde et supposons f non injective. Alors
card(f (E)) < card(E) (car au moins 2 éléments ont la même image). Or f (E) = F
car f surjective, donc card(F ) < card(E). C'est une contradiction, donc f doit être
injective et ainsi f est bijective.
3. ⇒ 1. C'est clair : une fonction bijective est en particulier injective. □
3.2. Relations binaires.
3.2.1. Dénitions.
Dénition 3.25. Soient E et F deux ensembles. On appelle relation binaire de E vers
F , et on note R, une correspondence R de E vers F , i.e. un triplet R = (Γ, E, F ), où
Γ est un graphe de E vers F .
Considérons un couple (x, y) de E × F vériant (x, y) ∈ Γ. On dit que l'élément x de
E est en relation par R avec l'élément y de F , ce que l'on note xRy .
Dénition 3.26. Soit E un ensemble. Une relation binaire R de E vers E est appelée
une relation binaire sur E .
Exemples 14.
1. La relation d'égalité a = b sur un ensemble E est une relation binaire dont le graphe
est la diagonale de E 2 , c'est-à-dire l'ensemble des couples (x, x) quand x parcourt
E . Les ensembles de dénition et image de cette relation coïncident avec E .
2. Soient E un ensemble, A et B deux parties de E . La relations d'inclusion A ⊂ B
est une relation binaire dans P(E). Les ensembles de dénition et image de cette
relation coïncident avec P(E) tout entier.
3. L'inégalité ≤ est une relation sur N, Z ou R.
4. Le parallélisme et l'orthogonalité sont des relations sur l'ensemble des droites du
plan ou de l'espace.
5. Soit n un entier naturel. On dénit sur Z la relation binaire R par son graphe
Γ = {(p, q) ∈ Z2 | ∃k ∈ Z, p−q = kn}. La relation ainsi dénie est appelée congruence
modulo n. Au lieu d'écrire (p, q) ∈ Γ ou encore pRq , on écrit p ≡ q (mod n), et on
lit p congru à q modulo n.
6. Soit f : E −→ F une application d'un ensemble E vers un ensemble F . On dénit
sur E la relation binaire R par
aRb ⇐⇒ f (a) = f (b).
Cette relation est dite relation binaire associée à f .
Dénition 3.27. Soit R une relation binaire sur ensemble E . R est dite :
1. réexive si : ∀x ∈ E, xRx,
2. symétrique si : ∀(x, y) ∈ E 2 , (xRy ⇒ yRx),
27
3. antisymétrique si : ∀(x, y) ∈ E 2 , ((xRy et yRx) ⇒ x = y),
4. transitive si : ∀(x, y, z) ∈ E 3 , ((xRy et yRz) ⇒ xRz).
Exemples 15.
1. La relation d'égalité dans un ensemble quelconque est réexive, symétrique et tran-
sitive.
2. L'inclusion dans P(E) est réexive, non symétrique, antisymétrique et transitive.
3. L'intersection vide dans P(E) est symétrique, mais n'est ni réexive, ni antisymé-
trique, ni transitive.
4. Dans Z∗ , la relation xRy ⇐⇒ x divise y est reexive et transitive mais elle n'est ni
symétrique ni antisymétrique, ce qui montre au passage que la propriété d'anti-
symétrie n'est pas la négation de la propriété de symétrie.
5. Dans N∗ , la relation xRy ⇐⇒ x divise y est reexive, transitive et antisymétrique,
mais elle n'est pas symétrique.
6. Dans l'ensemble des droites du plan ane euclidien :
a. la relation ⊥ d'orthogonalité est symétrique, mais n'est ni réexive, ni antisymé-
trique, ni transitive. Une droite n'est en eet pas perpendiculaire à elle-même et,
d'autre part, D⊥D′ et D′ ⊥D′′ entraînent D||D′′ (D parallèle à D′′ ),
b. le parallélisme est une relation réexive, symétrique et transitive ; mais elle n'est
pas antisymétrique.
7. La congruence modulo un entier naturel n est une relation, sur Z, réexive, symé-
trique et transitive ; mais elle n'est pas antisymétrique.
8. Soit f : E −→ F une application d'un ensemble E vers un ensemble F . La relation
binaire associée à f est une relation sur E réexive, symétrique et transitive ; mais
elle n'est pas antisymétrique.
Dénition 3.28. Soient E un ensemble, R une relation binaire sur E et A une partie
de E . La relation binaire sur A, notée RA , dénie par :
∀(x, y) ∈ A2 , (xRA y ⇔ xRy),

est appelée relation induite par R sur A.


3.2.2. Relations d'équivalence.
Dénition 3.29. Soit R une relation binaire dans un ensemble E . On dit que R est
une relation d'équivalence si elle est réexive, symétrique et transitive.
On note xRy ou x ≡ y (modR) et on lit : x est équivalent à y modulo R.
Exemples 16. Nous donnons quelques exemples de relations d'equivalence.
1. La relation d'égalité dans un ensemble E quelconque est une relation d'équivalence,
puisque elle est réexive, symétrique et transitive.
2. Soit n ∈ N, la congruence modulo n est une relation d'équivalence dans Z. En eet :
- elle est réexive, car ∀x ∈ Z, on a x − x = n · 0 ⇔ x ≡ x (mod n),
- elle est symétrique, car ∀(x, y) ∈ Z2 , x ≡ y (mod n) ⇔ x − y = nk, k ∈ Z ceci est
équivalent à y − x = n(−k), d'où y ≡ x (mod n),
28
-
elle est transitive, en eet
 ∀(x, y, z) ∈ Z , on a :
3

x ≡ y (mod n), x − y = nk,


⇔ ⇒ x − z = n(k + k ′ ).
y ≡ z (mod n), y − z = nk ′ ,
D'où x ≡ z (mod n).
3. Soit f : E −→ F une application d'un ensemble E vers un ensemble F . La relation
binaire R associée à f est une relation d'équivalence sur E . En eet,
- R est réexive, puisque ∀x ∈ E, f (x) = f (x),
- R est symétrique, puisque si pour x, y ∈ E, f (x) = f (y), alors f (y) = f (x),
- R est transitive, puisque si pour x, y, z ∈ E, f (x) = f (y) et f (y) = f (z), alors
f (x) = f (z).
Étant donnée une relation d'équivalence, on identie les éléments qui sont en relation
en introduisant les classes d'équivalence.
Dénition 3.30. Soit R une relation d'équivalence sur un ensemble E . Pour chaque
x ∈ E , on appelle classe d'équivalence de x (modulo R) le sous-ensemble de E déni
par les éléments qui sont en relation avec x, on le note C(x) ou x. On a :
C(x) = x = {y ∈ E | xRy}
Tout élément de x est appelé un représentant de la classe x. L'ensemble des classes
d'équivalence modulo R se nomme ensemble quotient de E par R et se note E/R.
On a
E/R = {x | x ∈ E}.
Exemples 17. 1. Comme nous l'avons déjà vu, la relation d'égalité dans un ensemble
E quelconque est une relation d'équivalence, d'ensemble quotient {{x} | x ∈ E}.
2. La congruence modulo un entier naturel n est une relation d'équivalence dans Z, la
classe d'équivalence d'un entier a est :
a = {b ∈ Z| a ≡ b (mod n)}.
Comme un tel b s'écrit b = a + nk , pour un certain k ∈ Z alors c'est aussi exactement
a = {a + nk| k ∈ Z}.
Comme aussi n ≡ 0 (mod n), alors
pour tout k ∈ Z, n + k ≡ k (mod n).
Donc pour tout k ∈ Z, n + k = k modulo n, c-à-d
n = 0, n + 1 = 1, n + 2 = 2, ....
donc l'ensemble quotient qu'on note Z/nZ ou Zn est :
Z/nZ = {0, 1, 2, ..., n − 2, n − 1},
avec a = {a + nk | k ∈ Z}, 0 ≤ i ≤ n − 1.
• Par exemple dans Z, la congruence modulo 2 est une relation d'équivalence R
dénie par :
mRn ⇐⇒ m − n est pair ⇐⇒ m ≡ n (mod 2).
L'ensemble quotient est Z/R = {0, 1} = Z/2Z.
29
3. Dans l'ensemble des droites d'un plan ane, la relation de parallélisme ∥ est une
relation d'équivalence. Pour toute droite D, la classe de D modulo ∥ est appelée la
direction D.
4. Voici un exemple important qui nous dénit l'ensemble des rationnels.
Dénissons sur E = Z × Z∗ la relation R par
(p, q)R(p′ , q ′ ) ⇐⇒ pq ′ = p′ q.
Tout d'abord R est une relation d'équivalence :
• R est réexive : pour tout (p, q) on a bien pq = pq et donc (p, q)R(p, q).
• R est symétrique : pour tout (p, q), (p′ , q ′ ) tels que (p, q)R(p′ , q ′ ) on a donc
pq ′ = p′ q et donc p′ q = pq ′ d'où (p′ , q ′ )R(p, q).
• R est transitive : pour tout (p, q), (p′ , q ′ ), (p′′ ,q ′′ ) tels que (p, q)R(p′ , q ′ ) et
(p′ , q ′ )R(p′′ , q ′′ ) on a donc pq ′ = p′ q et p′ q ′′ = p′′ q ′ . Alors (pq ′ )q ′′ = (p′ q)q ′′ =
q(p′ q ′′ ) = q(p′′ q ′ ). En divisant par q ′ ̸= 0 on obtient pq ′′ = qp′′ et donc (p, q)R(p′′ , q ′′ ).
La classe d'équivalence d'un couple (p, q) ∈ Z×Z∗ sera noter (p, q) = pq . Par exemple,
comme (2,3)R(4,6) (car 2 × 6 = 3 × 4) alors les classes de (2,3) et (4,6) sont égales :
avec cette notation ces classes s'écrivent : 32 = 46 .
C'est ainsi que l'on dénit les rationnels :
l'ensemble des classes d'équivalence de la relation R est noté Q, et est
appelé l'ensemble des rationnels.
Les nombres 23 = 46 sont bien égaux (ce sont les mêmes classes) mais les écritures
sont diérentes (les représentants sont distincts).
Proposition 3.8. Soit R une relation d'équivalence sur un ensemble E . Alors
1. ∀x, y ∈ E, xRy ⇔ x = y .
2. ∀x ∈ E , x ̸= ∅, (car x ∈ x).
3. ∀x, y ∈ E , on a : x = y ou bien x ∩ y = ∅.
Preuve.
1. Soient x et y dans E tels que xRy , montrons que x = y . Si a ∈ x, alors aRx ; comme
xRy , alors aRy . D'où a ∈ y . Par suite x ⊂ y . De la même façon on montre que y ⊂ x,
ce qui implique x = y .
2. Ce point est banal, car x ∈ x.
3. Soient x et y dans E . Supposons que x ∩ y ̸= ∅, alors il existe a ∈ x ∩ y ; donc xRa
et aRy . D'où x = a = y . □
Proposition 3.9. Soient E un ensemble et R une relation d'équivalence sur E. Les
diérentes classes d'équivalence de E/R forment une partition de E.
Preuve.
- ∀a ∈ E , a ̸= ∅ voir Proposition 3.8.
- Soient a, b ∈ E et supposons que a ∩ b ̸= ∅.
Soit x ∈ a ∩ b ; donc on a : x ∈ a implique que xRa et aRx,
x ∈ b implique que xRb.
Donc par transitivité on obtient que : aRb, c'est-à-dire a = b. Les classes sont donc bien
disjointes.
30
- On a ∀a S
∈ E, {a} ⊂ a ⊂ ES. Alors a ⊂ E . Or E ⊂ , par
S S S
a∈E {a} ⊂ a∈E a∈E {a}
suite E ⊂ a∈E a, d'où E = a∈E a. □

Remarque 3.31. Soit R une relation d'équivalence sur un ensemble E . L'application


p : E −→ E/R
x 7−→ x

est surjective appelée la surjection canonique.


Proposition 3.10. Soient R une relation d'équivalence sur un ensemble E , p : E −→ E/R
la surjection canonique et f : E −→ F une application.
Si f est constante sur les classes d'équivalence modulo R, alors il existe une application
f : E/R −→ F unique telle que f ◦ p = f .

Preuve. Soit x ∈ E/R, alors pour tous x, y dans x on a f (x) = f (y), car f est constante
sur x. Posons
f : E/R −→ F
x 7−→ f (x)

donc f est bien dénie, car si x = y , alors f (x) = f (y) ; de plus pour tout x ∈ E on a
f (p(x)) = f (x) = f (x), c-à-d, f ◦ p = f .
S'il existait une autre application g : E/R −→ F telle que g ◦ p = f , alors on aurait
pour tout x ∈ E , f (x) = f (p(x)) = f (x) = g(p(x)) = g(x), d'où g = f . □

Théorème 3.11 (Décomposition canonique d'une application).


Soit f : E −→ F une application.
1. La relation binaire R dénie sur E par :

xRy ⇐⇒ f (x) = f (y)

est une relation d'équivalence, on l'appelle la relation d'équivalence associé à f .


2. Soient i : Im(f ) = f (E) −→ F l'injection canonique, et p : E −→ E/R la surjec-
tion canonique. Alors il existe une application bijective unique f : E/R −→ Im(f )
telle que i ◦ f ◦ p = f .
p f i
E E/R Im(f ) F

Dénition 3.32. La décomposition i ◦ f ◦ p = f s'appelle la décomposition cano-


nique ou la factorisation canonique de l'application f .
La bijection f s'appelle l'application induite par f ou encore l'application dé-
duite de f par passage au quotient.
Cette décomposition est visualisé par le diagramme carré suivant :
31
f
E F

i
p

f
E/R f (E)
On exprime la relation i ◦ f ◦ p = f en disant que le diagramme est commutatif (i.e.,
on peut suivre les èches que l'on veut pour aller de E à F ).
Preuve. (du théorème)
a. Nous avons déjà vérier que R est une relation d'équivalence.
b. L'existence et l'unicité de l'application f sont assurés par la Proposition 3.10.
c. Remarquons que f ◦p coincide avec f dans E , puisque ∀x ∈ E, f ◦p(x) = f (x) = f (x).
Donc f ◦ p est surjective, d'où f est aussi surjective. Montrons enn que f est
injective ; soit x et y deux éléments de E/R tels que f (x) = f (y), d'où f (x) =
f (x) = f (y) = f (y). Par suite xRy , ce qui implique que x = y .

3.2.3. Relations d'ordre.
Dénition 3.33. Une relation binaire R sur un ensemble E est dite relation d'ordre
si elle est réexive, antisymétrique et transitive.
Notation. En général, une relation d'ordre sera notée ⪯.
Dénition 3.34. Un ensemble E muni d'une relation d'ordre ⪯ est appelé un en-
semble ordonné.
L'ordre est dit total si ∀x, y ∈ E , on a soit x ⪯ y soit y ⪯ x. Il est dit partiel dans
le cas contraire.
Dénition 3.35. Deux éléments x et y d'un ensemble ordonné E sont dits compa-
rables si on a : x ⪯ y ou y ⪯ x.
Remarques 3.36. Soit un ensemble E muni d'une relation d'ordre ⪯.
1. L'ordre est total si et seulement si tous les éléments sont comparables entre eux.
2. L'ordre strict associé à l'ordre ⪯ est la relation binaire, notée ≺ dénie sur E par :
∀x, y ∈ E , (x ≺ y ⇐⇒ x ⪯ y et x ̸= y).
3. Une relation binaire sur E qui est réexive et transitive et dite un préordre sur E .
Exemples 18.
1. Soit E un ensemble, l'inclusion est une relation d'ordre partiel sur P(E).
2. L'ordre usuel ≤ est une relation d'ordre total sur N, Z, Q et R.
3. Dans N∗ , la relation de divisibilité est une relation d'ordre partiel. Par exemple 2 ne
divise pas 7 et 7 ne divise pas 2. Par contre, dans Z∗ la relation de divisibilité n'est
pas une relation d'ordre, c'est un préordre.
32
4. Dans C, la relation R dénie par zRz ′ si |z| ≤ |z ′ | est un préordre.
Exercice.
Soit R un préordre sur un ensemble E . On considère la relation ⊥ dénie sur E par :
x ⊥ y ⇐⇒ xRy et yRx.
Montrer que ⊥ est une relation d'équivalence sur E .
Dénition 3.37. Soit (E, ⪯) un ensemble ordonné et soit A une partie de E . La
relation x ⪯ y entre éléments de A est évidemment une relation d'ordre sur A, appelée
relation d'ordre induite sur A par celle de E .
Éléments remarquables d'un ensemble ordonné
Dénition 3.38. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. Un élément M ∈ A est appelé un plus grand élément de A si ∀a ∈ A, a ⪯ M.
2. Un élément m ∈ A est appelé plus petit élément de A si ∀a ∈ A, m ⪯ a.
Exemple 3.39. Soit A = {1, 2, 3, 4, 6, 12} ⊂ N, sur N on dénit la relation R par
xRy ⇐⇒ x divise y;
R est une relation d'ordre. On a ∀x ∈ A, 1Rx et xR12. Donc 12 est le plus grand
élément de A, par contre 1 est le plus petit élément de A.
Remarque 3.40. Si une partie A ⊂ E admet un plus grand (ou un plus petit) élément,
alors celui-ci est unique. En eet, si a, a′ ∈ E sont tels que x ⪯ a et x ⪯ a′ quel que
soit x ∈ E , alors, en particulier, on a : a ⪯ a′ et a′ ⪯ a, d'où a = a′ . On pourra donc
parler du plus grand (ou du plus petit) élément de E lorsqu'il existe.
Dénition 3.41. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. Un élément M ∈ A est dit élément maximal de A si a ∈ A et M ⪯ a ⇒ M = a.
2. Un élément m ∈ A est dit élément minimal de A si a ∈ A et a ⪯ m ⇒ m = a.
Remarque 3.42. Si E est totalement ordonné les notions de plus grand élément et
élément maximal (resp. plus petit élément et élément minimal) coincident.
Exemples 19.
1. Soit l'ensemble E = N − {0, 1}. On dénit sur E la relation R par :
xRy ⇐⇒ x divise y,
R est une relation d'ordre.
- E n'a pas de plus petit élément (car le nombre qui divise tous les entiers est 1).
- E a une innité d'éléments minimaux, qui sont les nombres premiers de E . En eet,
soit p un nombre premier de E ; pour tout x ∈ E ,
xRp ⇐⇒ x divise p =⇒ x = p.
De même E n'a ni élément maximal ni plus grand élément.
2. Dans l'ensemble totalement ordonné (R, ≤) on a :
• R+ n'a pas d'élément maximal.
33
• [0, 1] admet un élément maximal et un seul, qui est 1. C'est aussi le plus grand
élément de [0, 1].
Remarque 3.43. Notez que l'élément maximal (resp. minimal) n'existe pas toujours.
Notez aussi qu'un plus grand élément (resp. petit élément) est un élément maximal
(resp. minimal), mais que la réciproque est fausse : par exemple, dans (N∗ , |), 3 est
élément minimal, mais ce n'est pas un plus petit élément.
Dénition 3.44. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. Un élément M ∈ E est appelé un majorant de A dans E si ∀a ∈ A, a ⪯ M . A est
dite majorée si elle admet au moins un majorant.
2. Un élément m ∈ E est appelé un minorant de A dans E si ∀a ∈ A, m ⪯ a. A est
dite minorée si elle admet au moins un minorant.
3. Si A est majorée et minorée, on dit que A est une partie bornée.
Exemple 3.45. Dans l'ensemble totalement ordonné (R, ≤) on a :
• la partie R+ est minorée, mais elle n'est pas majorée.
• la partie [0, 1] est bornée.
• La partie A =]0, 1[ de R ordonné par l'ordre usuel est une partie majorée et
minorée de R, mais n'admet ni un plus grand élément ni un plus petit élément.
• Dans (P(E), ⊂), si X, Y ∈ P(E), la partie A = {X, Y } est minorée et majorée
dans P(E). En eet, X ∩ Y (resp. X ∪ Y ) est un minorant (resp. un majorant)
de A dans P(E).
Dénition 3.46. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. La borne supérieure de A dans E (s'il existe) est le plus petit élément des majo-
rants de A dans E , on la note sup(A).
2. La borne inférieure de A dans E (s'il existe) est le plus grand élément des minorants
de A dans E , on la note inf(A).
Voici une caractérisation des bornes inf et sup d'une partie A d'un ensemble E .
Théorème 3.12. Soient (E, ⪯) un ensemble totalement ordonné, et A une partie de
E . Pour qu'un élément M de E soit la borne supérieure de A, il faut et il sut que M
vérie les deux conditions.
1. Pour tout x ∈ A, on a : x ⪯ M .
2. Pour tout élément c ∈ E tel que c ≺ M , il existe x ∈ A tel que c ≺ x.
Preuve. Si M est la borne supérieure de A, alors M est un majorant de A. La condition
2. est vériée car sinon c serait un majorant de A strictement inférieur à M .
Réciproquement, si les deux conditions sont vériées, alors M est un majorant de A
et tout élément de E strictement inférieur à M n'est pas un majorant de A. Donc M
est le plus petit des majorants de A, i.e., la borne supérieure de A. □
Théorème 3.13. Soient (E, ⪯) un ensemble totalement ordonné, et A une partie de
E . Pour qu'un élément m de E soit la borne inférieure de A, il faut et il sut que m
vérie les deux conditions.
1. Pour tout x ∈ A, on a : m ⪯ x.
34
2. Pour tout élément c ∈ E tel que m ≺ c, il existe x ∈ A tel que x ≺ c.
Preuve. Démonstration analogue à celle du théorème précédent. □
Exemples 20.
1. Dans R muni de l'ordre usuel,
- N ne possède pas de borne supérieure.
- [0, 1[ possède une borne supérieure égale à 1 et une borne inférieure égale à 0.
2. Dans Q muni de l'ordre usuel, on considère

A = {x ∈ Q∗+ | x2 < 2} = {x ∈ Q∗+ | x < 2}.
- 0 est bien la borne inférieure de A mais A n'admet pas de plus petit élément.
- L'ensemble des majorants de A dans Q est

{a ∈ Q∗+ | a2 ≥ 2} = {a ∈ Q∗+ | a2 > 2} = {a ∈ Q∗+ | a > 2},

qui n'a pas de plus petit élément (cela revient à 2 ̸∈ Q), A n'admet donc pas
√ de
borne supérieure dans Q. Mais A admet une borne supérieure dans R qui est 2.
Remarque 3.47. Si une partie A d'un ensemble E possède un plus grand (resp. un
plus petit) élément a, alors a, qui appartient à A, est la borne supérieure (resp. la borne
inférieure) de A. Soit en eet a le plus grand élément de A ; alors a est un majorant de
A et si a′ est un autre majorant de A, on a : a ≤ a′ car a ∈ A. Donc a est le plus petit
des majorants de A, c'est-à-dire la borne supérieure de A.
Dénition 3.48. Soit f une application d'un ensemble A dans un ensemble ordonné
E.
1. On dit que f est majorée (resp. minorée) si f (A) est une partie majorée (resp.
minorée) dans E . Si f est majorée et minorée dans A, on dit que f est bornée dans
A.
2. On appelle borne supérieure (resp. borne inférieure) de f dans A la borne supérieure
(resp. la borne inférieure) dans E (si elle existe) de l'ensemble f (A). On les note
respectivement sup f (x) et inf f (x).
x∈A x∈A

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