Chapitre 3-MIP
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P)
Chapitre 3 : Applications et Relations binaires
(Ce document ne peut en aucun cas remplacer les séances de cours en présentiel)
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f
a 1
b 2
3
c 4
E d 5 F
x∈E x∈E
2. P(E)∗ = P(E) − {∅} est non vide, on a : A = E , et A = ∅ si E a au
[ \
A∈P(E)∗ A∈P(E)∗
moins deux éléments.
Remarque 3.11. La commutativité, l'associativité et la distribution (de ∩ par rapport
à ∪, et de ∪ par rapport à ∩) se généralisent considérablement.
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3.1.3. Restriction et prolongement.
Dénition 3.12. Soient f : E → F et g : A → F deux applications. On dit que l'ap-
plication g est une restriction de f à A si A ⊂ E et ∀x ∈ A, f (x) = g(x). L'application
g est souvent notée fA .
Exemple 3.13. Soit l'application f : R −→ R
x 7−→ f (x) = |x − 2|,
l'application g : [2, +∞[−→ R est la restriction de f à [2, +∞[.
x 7−→ g(x) = x − 2
Dénition 3.14. Soient f : E → G et g : F → G deux applications. On dit que
l'application g est un prolongement de f à F si E ⊂ F et ∀x ∈ E, f (x) = g(x).
Exemple 3.15. L'application g : R −→ R
x 7−→ g(x) = |x − 2|,
est un prolongement de l'application f : [2, +∞[−→ R
x 7−→ f (x) = x − 2.
3.1.4. Composition des applications.
Dénition 3.16. Soient f : E → F et g : F → G deux applications. L'application
h : E → G dénie par
∀ x ∈ E h(x) = g(f (x))
est dite application composée de f et g , et est notée g ◦ f .
Exemple 3.17. Soient les deux applications f (x) = x + 1 et g(x) = x2 dénies de R
dans R. On a
g ◦ f (x) = g(f (x)) = (x + 1)2 et
f ◦ g(x) = f (g(x)) = x2 + 1.
On voit que f ◦ g ̸= g ◦ f en général.
Généralisation de la composition.
1. Soient les applications f1 : E1 → E2 , f2 : E2 → E3 , ..., fn : En → En+1 , on peut
former l'application composée fn ◦ fn−1 ◦ ... ◦ f2 ◦ f1 : E1 → En+1 .
2. Soit f : E → E une application d'un ensemble E dans lui même. Les applications
composées f ◦ f , f ◦ f ◦ f , f ◦ f ◦ f ◦ f , ... ; se notent f 2 , f 3 , f 4 , ....
Proposition 3.1. Soient f : E → F , g : F → G et h : G → H des applications, on a :
1. h ◦ (g ◦ f ) = (h ◦ g) ◦ f (associativité de la composition).
2. idF ◦ f = f et f ◦ idE = f .
Preuve. Simple à vérier. □
3.1.5. Image directe et image réciproque.
Dénition 3.18. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F . Alors
1. On appelle image directe de A par f , et on note f (A), l'ensemble
{f (a) | a ∈ A} = {y ∈ F | ∃a ∈ A, y = f (a)}.
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2. On appelle image réciproque de B par f , et on note f −1 (B), l'ensemble des x ∈ E
tels que f (x) ∈ B , on a : f −1 (B) = {x ∈ E | f (x) ∈ B}.
Attention. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F .
1. f (A) est un sous-ensemble de F , tandis que f −1 (B) est un sous-ensemble de E .
2. L'image directe d'un singleton f ({x}) = {f (x)} est un singleton. Par contre l'image
réciproque d'un singleton f −1 ({y}) dépend de f . Cela peut être un singleton, un
ensemble à plusieurs éléments ; mais cela peut-être E tout entier (si f est une fonction
constante) ou même l'ensemble vide (si aucune image par f ne vaut y ).
Remarques 3.19. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F .
1. L'image f (E) de E s'appelle l'image de f et se note Im(f ).
2. Si f (A) ⊂ A, alors l'ensemble A est dit stable par f .
3. Si f (A) = A, alors l'ensemble A est dit invariant par f .
4. Si pour un x ∈ E , f (x) = x, alors l'élément x est dit un point xe.
5. L'application g : A → B , où B ⊂ F , telle que ∀x ∈ A, g(x) = f (x) est appelée
l'application induite par f sur A.
Preuve. Soit x ∈ E/R, alors pour tous x, y dans x on a f (x) = f (y), car f est constante
sur x. Posons
f : E/R −→ F
x 7−→ f (x)
donc f est bien dénie, car si x = y , alors f (x) = f (y) ; de plus pour tout x ∈ E on a
f (p(x)) = f (x) = f (x), c-à-d, f ◦ p = f .
S'il existait une autre application g : E/R −→ F telle que g ◦ p = f , alors on aurait
pour tout x ∈ E , f (x) = f (p(x)) = f (x) = g(p(x)) = g(x), d'où g = f . □
i
p
f
E/R f (E)
On exprime la relation i ◦ f ◦ p = f en disant que le diagramme est commutatif (i.e.,
on peut suivre les èches que l'on veut pour aller de E à F ).
Preuve. (du théorème)
a. Nous avons déjà vérier que R est une relation d'équivalence.
b. L'existence et l'unicité de l'application f sont assurés par la Proposition 3.10.
c. Remarquons que f ◦p coincide avec f dans E , puisque ∀x ∈ E, f ◦p(x) = f (x) = f (x).
Donc f ◦ p est surjective, d'où f est aussi surjective. Montrons enn que f est
injective ; soit x et y deux éléments de E/R tels que f (x) = f (y), d'où f (x) =
f (x) = f (y) = f (y). Par suite xRy , ce qui implique que x = y .
□
3.2.3. Relations d'ordre.
Dénition 3.33. Une relation binaire R sur un ensemble E est dite relation d'ordre
si elle est réexive, antisymétrique et transitive.
Notation. En général, une relation d'ordre sera notée ⪯.
Dénition 3.34. Un ensemble E muni d'une relation d'ordre ⪯ est appelé un en-
semble ordonné.
L'ordre est dit total si ∀x, y ∈ E , on a soit x ⪯ y soit y ⪯ x. Il est dit partiel dans
le cas contraire.
Dénition 3.35. Deux éléments x et y d'un ensemble ordonné E sont dits compa-
rables si on a : x ⪯ y ou y ⪯ x.
Remarques 3.36. Soit un ensemble E muni d'une relation d'ordre ⪯.
1. L'ordre est total si et seulement si tous les éléments sont comparables entre eux.
2. L'ordre strict associé à l'ordre ⪯ est la relation binaire, notée ≺ dénie sur E par :
∀x, y ∈ E , (x ≺ y ⇐⇒ x ⪯ y et x ̸= y).
3. Une relation binaire sur E qui est réexive et transitive et dite un préordre sur E .
Exemples 18.
1. Soit E un ensemble, l'inclusion est une relation d'ordre partiel sur P(E).
2. L'ordre usuel ≤ est une relation d'ordre total sur N, Z, Q et R.
3. Dans N∗ , la relation de divisibilité est une relation d'ordre partiel. Par exemple 2 ne
divise pas 7 et 7 ne divise pas 2. Par contre, dans Z∗ la relation de divisibilité n'est
pas une relation d'ordre, c'est un préordre.
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4. Dans C, la relation R dénie par zRz ′ si |z| ≤ |z ′ | est un préordre.
Exercice.
Soit R un préordre sur un ensemble E . On considère la relation ⊥ dénie sur E par :
x ⊥ y ⇐⇒ xRy et yRx.
Montrer que ⊥ est une relation d'équivalence sur E .
Dénition 3.37. Soit (E, ⪯) un ensemble ordonné et soit A une partie de E . La
relation x ⪯ y entre éléments de A est évidemment une relation d'ordre sur A, appelée
relation d'ordre induite sur A par celle de E .
Éléments remarquables d'un ensemble ordonné
Dénition 3.38. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. Un élément M ∈ A est appelé un plus grand élément de A si ∀a ∈ A, a ⪯ M.
2. Un élément m ∈ A est appelé plus petit élément de A si ∀a ∈ A, m ⪯ a.
Exemple 3.39. Soit A = {1, 2, 3, 4, 6, 12} ⊂ N, sur N on dénit la relation R par
xRy ⇐⇒ x divise y;
R est une relation d'ordre. On a ∀x ∈ A, 1Rx et xR12. Donc 12 est le plus grand
élément de A, par contre 1 est le plus petit élément de A.
Remarque 3.40. Si une partie A ⊂ E admet un plus grand (ou un plus petit) élément,
alors celui-ci est unique. En eet, si a, a′ ∈ E sont tels que x ⪯ a et x ⪯ a′ quel que
soit x ∈ E , alors, en particulier, on a : a ⪯ a′ et a′ ⪯ a, d'où a = a′ . On pourra donc
parler du plus grand (ou du plus petit) élément de E lorsqu'il existe.
Dénition 3.41. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. Un élément M ∈ A est dit élément maximal de A si a ∈ A et M ⪯ a ⇒ M = a.
2. Un élément m ∈ A est dit élément minimal de A si a ∈ A et a ⪯ m ⇒ m = a.
Remarque 3.42. Si E est totalement ordonné les notions de plus grand élément et
élément maximal (resp. plus petit élément et élément minimal) coincident.
Exemples 19.
1. Soit l'ensemble E = N − {0, 1}. On dénit sur E la relation R par :
xRy ⇐⇒ x divise y,
R est une relation d'ordre.
- E n'a pas de plus petit élément (car le nombre qui divise tous les entiers est 1).
- E a une innité d'éléments minimaux, qui sont les nombres premiers de E . En eet,
soit p un nombre premier de E ; pour tout x ∈ E ,
xRp ⇐⇒ x divise p =⇒ x = p.
De même E n'a ni élément maximal ni plus grand élément.
2. Dans l'ensemble totalement ordonné (R, ≤) on a :
• R+ n'a pas d'élément maximal.
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• [0, 1] admet un élément maximal et un seul, qui est 1. C'est aussi le plus grand
élément de [0, 1].
Remarque 3.43. Notez que l'élément maximal (resp. minimal) n'existe pas toujours.
Notez aussi qu'un plus grand élément (resp. petit élément) est un élément maximal
(resp. minimal), mais que la réciproque est fausse : par exemple, dans (N∗ , |), 3 est
élément minimal, mais ce n'est pas un plus petit élément.
Dénition 3.44. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. Un élément M ∈ E est appelé un majorant de A dans E si ∀a ∈ A, a ⪯ M . A est
dite majorée si elle admet au moins un majorant.
2. Un élément m ∈ E est appelé un minorant de A dans E si ∀a ∈ A, m ⪯ a. A est
dite minorée si elle admet au moins un minorant.
3. Si A est majorée et minorée, on dit que A est une partie bornée.
Exemple 3.45. Dans l'ensemble totalement ordonné (R, ≤) on a :
• la partie R+ est minorée, mais elle n'est pas majorée.
• la partie [0, 1] est bornée.
• La partie A =]0, 1[ de R ordonné par l'ordre usuel est une partie majorée et
minorée de R, mais n'admet ni un plus grand élément ni un plus petit élément.
• Dans (P(E), ⊂), si X, Y ∈ P(E), la partie A = {X, Y } est minorée et majorée
dans P(E). En eet, X ∩ Y (resp. X ∪ Y ) est un minorant (resp. un majorant)
de A dans P(E).
Dénition 3.46. Soient (E, ⪯) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1. La borne supérieure de A dans E (s'il existe) est le plus petit élément des majo-
rants de A dans E , on la note sup(A).
2. La borne inférieure de A dans E (s'il existe) est le plus grand élément des minorants
de A dans E , on la note inf(A).
Voici une caractérisation des bornes inf et sup d'une partie A d'un ensemble E .
Théorème 3.12. Soient (E, ⪯) un ensemble totalement ordonné, et A une partie de
E . Pour qu'un élément M de E soit la borne supérieure de A, il faut et il sut que M
vérie les deux conditions.
1. Pour tout x ∈ A, on a : x ⪯ M .
2. Pour tout élément c ∈ E tel que c ≺ M , il existe x ∈ A tel que c ≺ x.
Preuve. Si M est la borne supérieure de A, alors M est un majorant de A. La condition
2. est vériée car sinon c serait un majorant de A strictement inférieur à M .
Réciproquement, si les deux conditions sont vériées, alors M est un majorant de A
et tout élément de E strictement inférieur à M n'est pas un majorant de A. Donc M
est le plus petit des majorants de A, i.e., la borne supérieure de A. □
Théorème 3.13. Soient (E, ⪯) un ensemble totalement ordonné, et A une partie de
E . Pour qu'un élément m de E soit la borne inférieure de A, il faut et il sut que m
vérie les deux conditions.
1. Pour tout x ∈ A, on a : m ⪯ x.
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2. Pour tout élément c ∈ E tel que m ≺ c, il existe x ∈ A tel que x ≺ c.
Preuve. Démonstration analogue à celle du théorème précédent. □
Exemples 20.
1. Dans R muni de l'ordre usuel,
- N ne possède pas de borne supérieure.
- [0, 1[ possède une borne supérieure égale à 1 et une borne inférieure égale à 0.
2. Dans Q muni de l'ordre usuel, on considère
√
A = {x ∈ Q∗+ | x2 < 2} = {x ∈ Q∗+ | x < 2}.
- 0 est bien la borne inférieure de A mais A n'admet pas de plus petit élément.
- L'ensemble des majorants de A dans Q est
√
{a ∈ Q∗+ | a2 ≥ 2} = {a ∈ Q∗+ | a2 > 2} = {a ∈ Q∗+ | a > 2},
√
qui n'a pas de plus petit élément (cela revient à 2 ̸∈ Q), A n'admet donc pas
√ de
borne supérieure dans Q. Mais A admet une borne supérieure dans R qui est 2.
Remarque 3.47. Si une partie A d'un ensemble E possède un plus grand (resp. un
plus petit) élément a, alors a, qui appartient à A, est la borne supérieure (resp. la borne
inférieure) de A. Soit en eet a le plus grand élément de A ; alors a est un majorant de
A et si a′ est un autre majorant de A, on a : a ≤ a′ car a ∈ A. Donc a est le plus petit
des majorants de A, c'est-à-dire la borne supérieure de A.
Dénition 3.48. Soit f une application d'un ensemble A dans un ensemble ordonné
E.
1. On dit que f est majorée (resp. minorée) si f (A) est une partie majorée (resp.
minorée) dans E . Si f est majorée et minorée dans A, on dit que f est bornée dans
A.
2. On appelle borne supérieure (resp. borne inférieure) de f dans A la borne supérieure
(resp. la borne inférieure) dans E (si elle existe) de l'ensemble f (A). On les note
respectivement sup f (x) et inf f (x).
x∈A x∈A
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