Foudre Et Tensiondepas
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Frédéric Elie
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novembre 2005
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mentionner clairement l’auteur et la référence de l’article.
« Si vous de dites rien à votre brouillon, votre brouillon ne vous dira rien ! »
Jacques Breuneval, mathématicien, professeur à l’université Aix-Marseille I, 1980
Abstract : La foudre est dangereuse non seulement parce qu’elle risque de tomber directement sur un
individu ou une installation, mais aussi parce que, lorsqu’elle tombe au voisinage d’une personne celle-ci
peut être électrisée par la tension de pas que la foudre engendre. La tension de pas existe aussi
lorsqu’un conducteur sous tension est tombé à terre. Elle est liée au fait qu’une source de courant créée
en un point d’impact est responsable d’un champ électrique au sol, donc d’une tension, qui varie en
fonction de la distance à la source : entre deux points différents en contact avec le sol, séparés d’une
distance appelée pas, existe donc une différence de potentiel, ou tension de pas, d’autant plus élevée
que le pas est important. Lors d’un foudroiement la tension de pas peut atteindre plusieurs milliers de
volts et donc être dangereuse pour le corps humain par suite du courant électrique dont il devient le
siège. Dans cet article, je présente succinctement le phénomène de la foudre, ses effets et les
protections requises, ainsi qu’une expérience pour mettre en évidence la tension de pas, dont le principe
est très simple mais la mise en œuvre délicate…
SOMMAIRE
1 – La foudre
1-1 – Configuration orageuse
1-2 – Mécanisme de la foudre
2 – Tension de pas
2-1 – Origine et valeur de la tension de pas
2-2 – Tentative d’une expérience
3 – Application de la tension de pas à la prospection électrique des sols
4 – Recommandations en présence d’orage et de foudre
4-1 - Si l’on se trouve à terrain découvert, dans un champ
4-2 - Dans les maisons
4-3 - En montagne
4-4 - En mer ou sur un lac
5 – Effets de la foudre sur les installations électriques
5-1 – Effets de surtension conduite (coup de foudre direct)
5.2 – Effets de surtension induite (coup de foudre indirect)
Annexe 1 : loi de Child-Langmuir
Annexe 2 : distance d’amorçage
Annexe 3 : calcul de la tension de pas
Annexe 4 – modèle simplifié de propagation d’une surtension dans une ligne électrique
NOTES
Bibliographie
E= εσ =130 V /m
0
où e0 = 8,854.10-12 F/m est la permittivité du vide. Le sol est également une surface
équipotentielle (le potentiel étant négatif). Pour un homme debout de 1,80m de taille il existe
donc entre le sommet de sa tête et ses pieds une différence de potentiel de 230V. A cette
tension, la résistance du corps humain, à sec, est d’environ 1500 W, donc le corps humain est
assez bon conducteur, suffisamment en tous cas pour que chacun de ses points soit au même
potentiel électrique (celui de la terre): en conséquence, le corps humain déforme les lignes
équipotentielles du champ électrique atmosphérique et ne peut donc pas être le siège
d’électrisation.
Ainsi, heureusement, les 230V de différence de potentiel d’origine atmosphérique sont sans
danger pour l’homme. Attention ! ceci ne veut pas dire que lorsque le corps humain est au
contact d’une source de 230V cela est sans danger pour lui : la situation est différente parce
que, dans ce cas, la source et le corps humain sont à des potentiels différents. Un courant
d’intensité égale à 230/1500 = 153 mA traverse le corps humain et cette valeur est du même
ordre que celle provoquant la fibrillation cardiaque ! (cf ; mon article sur la sécurité électrique,
référence A).
Remarquons qu’un individu qui descend du sommet de la Tour Eiffel jusqu’au rez-de-chaussée
connaît une variation de potentiel électrique valant 130x300 = 39 kV. Comme il est relativement
conducteur il reste au potentiel du sol tout au long de sa descente et ne ressent donc rien à
l’arrivée. Sauf s’il est vêtu de façon à être un isolant (chaussures, vêtements synthétiques) :
dans ce cas il peut ressentir une petite secousse électrique, surtout s’il est descendu
rapidement par un ascenseur.
S’il s’agit d’un parachutiste relativement conducteur, il sera à chaque instant de sa descente au
potentiel correspondant à l’altitude où il se trouve, et il atteindra le sol sans secousses
électriques.
Cette distribution résulte d’un mécanisme que décrit assez bien le modèle de Wilson :
- Dans un nuage les gouttes d’eau coexistent avec les ions libres (particules chargées, y
compris des électrons). Le déplacement des gouttes est plus lent que celui des ions. Les ions
forment des noyaux de condensation pour la vapeur d’eau du fait de la polarité des molécules
d’eau : ils vont donc devenir plus lourds car associés à ces molécules d’eau, formant ainsi des
gouttelettes. Au final, ces gouttelettes, formées à partir des ions et des molécules d’eau, sont
plus lentes que les gouttes d’eau ordinaires.
- Par influence électrique, les gouttes d’eau se chargent positivement sur leurs faces
inférieures, dirigées vers la terre de charge négative, et par suite, négativement sur leurs faces
supérieures.
- Comme elles tombent plus vite que les gouttelettes formées des ions associées aux
molécules d’eau, les gouttes d’eau vont repousser par leurs faces inférieures les gouttelettes de
charge positive et attirer celles de charge négative.
- Il en résulte que les gouttes d’eau se chargent négativement de plus en plus au cours de leur
descente vers la terre. A la partie inférieure du nuage on trouve alors une grande concentration
de gouttes négatives, tandis que les ions positifs restent dans la zone située au-dessus.
Ainsi, si deux conducteurs sont au même potentiel V c’est celui possédant le rayon de courbure
le plus petit (donc plus pointu) qui développera un champ électrique plus intense. Entre un objet
de rayon R = 10 cm et un autre de rayon R’ = 1 mm soumis au même potentiel, il existera un
rapport 100 entre les champs électriques développés en leurs voisinages ! C’est le pouvoir des
pointes : il explique que la foudre tombe préférentiellement sur les objets pointus (clochers,
arbres, mâts…) puisqu’en leur voisinage le champ électrique dépasse largement le champ de
rupture diélectrique de l’air. Si de plus les pointes sont portées à un potentiel important, le
champ électrique peut entraîner l’ionisation de l’air environnant, accompagné de crépitements
et d’effluves lumineuses bleutées : c’est l’effet de couronne. Un exemple typique est le feu de
Saint-Elme au sommet des mâts de navires.
Il se déroule en plusieurs étapes. On suppose que la base du nuage est de charge négative et
que la terre est chargée positivement (80 à 90% des éclairs sont négatifs, cf référence B).
1 - Le processus commence par une première décharge, appelée précurseur, par laquelle les
charges de mobilité élevée (comme les électrons) s’écoulent. Avec l’hypothèse adoptée ci-
dessus (nuage chargé négativement), les charges négatives libres proviennent du nuage et
s’écoulent dans la direction de la terre dans ce premier précurseur : le processus est
descendant. Le précurseur a la forme d’un canal d’air ionisé par le passage des électrons qui
avance à la vitesse d’environ c/5 (c est la vitesse de la lumière). Sa progression s’arrête au bout
2 – Comme le canal du précurseur contient de l’air fortement ionisé, celui-ci est un excellent
conducteur qui permet à de nouvelles charges libres issues du nuage de circuler. Le précurseur
progresse alors de nouveau et atteint 50 m en tendant vers des points situés au sol où le
champ électrique est le plus intense.
3 – Le canal du précurseur restant fortement ionisé donc bon conducteur, de nouvelles charges
issues du nuage y circulent, la précurseur progressant vers le sol encore un peu plus. Lorsque
le précurseur est assez proche du sol, le champ électrique qu’il crée est suffisamment intense
pour faire apparaître, par l’effet du pouvoir des pointes, des étincelles partant du sol (effluves).
Et ainsi de suite jusqu’à ce que la distance entre le précurseur et le sol permette la rencontre
entre les effluves issues de la terre et le précurseur issu du nuage. Cette distance est appelée
distance d’amorçage, on montre qu’elle est liée à l’intensité du courant parcourant le précurseur
selon la formule :
2 /3 , où D est en m et I en kA
D=10 I
(voir annexe 2). Par exemple : pour I = 30 kA, on a D = 94m. Entre le nuage et la terre un canal
continu et conducteur est alors formé.
4 – La décharge entre la terre et le nuage s’effectue alors par le dernier précurseur qui les relie
(ou traceur continu). Les charges du nuage et celles du sol situé sous lui se rencontrent et se
neutralisent. La décharge s’arrête quelques millisecondes (plus de charges) puis reprend parce
que la base du nuage et le sol se sont rechargées par apport de charges des zones
avoisinantes. La décharge recommence, et cette succession d’échanges se réalise plusieurs
fois jusqu’à décharge complète du nuage (la terre est alors devenue chargée négativement).
On compte jusqu’à 8 décharges par 100 ms pour les coups de foudres les plus intenses.
3/ 2
I =a V
où a est une constante. Cette loi est de la même forme que celle de Child-Langmuir obtenue
pour les décharges électroniques dans un tube à vide (voir une démonstration en annexe 1
pour un tube de décharge à vide).
On trouvera en référence B une description plus détaillée de la connexion de l’éclair au sol, et
en référence C un excellent article de l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et
des Risques) traitant du risque de la foudre et des moyens pour s’en prémunir.
Q=ε0 E S =4 π R 2 ε0 E
où S = 4pR² est la surface de la Terre de rayon R = 6400 km. On obtient Q = 592000 C. Sur
tout le pourtour de la Terre des décharges électriques (foudres) se produisent avec une
intensité moyenne I. Celle-ci est égale au taux de variation de charges par unité de temps (1
seconde) : I = dQ/dt. Or on connaît la densité surfacique du courant de décharge moyen au
niveau du sol : J = 3,5.10-12 A/m². Celle-ci est définie par :
Sachant qu’un coup de foudre en moyenne véhicule une charge de 20 C on en déduit que, par
seconde il y a un nombre de coups de foudre égal à 1801,5/20 = 90.
Conclusion : chaque seconde, dans le monde, il y a 90 coups de foudre en moyenne. Ils
contribuent à équilibrer les charges entre la terre et l’électrosphère. En leur absence le potentiel
électrique entre ces deux armatures augmenterait indéfiniment (sous l’action du rayonnement
cosmique) et la vie finirait par être impossible à la surface de la Terre.
2 – Tension de pas
Lors de l’impact de la foudre sur un objet c’est l’intensité du courant I qui est imposée, et la
tension U qui se développe à ses bornes dépend de sa résistance R selon U = RI. L’énergie
reçue par l’objet lors du coup de foudre est W = RI²t : elle est d’autant plus élevée (donc
destructrice) que la résistance est élevée et la durée allongée. Un objet bon conducteur de
l’électricité (R faible) ne subira donc pas de dégâts importants lors du coup de foudre. C’est le
cas des paratonnerres, des plantes riches en sève, habitats et installations bien mis à la terre
ou construits sur un sol de faible résistivité (fondations non empierrées), etc. Pour des
résistances élevées le coup de foudre peut provoquer des incendies et des brisures par
électrostriction (l’électrostriction est l’apparition de contraintes mécaniques élevées sous l’action
d’un champ électrique intense : pour un isolant la contraction relative en volume DV/V est
proportionnelle au carré de l’amplitude du champ électrique ~ eE²).
A l’inverse, lorsque c’est la tension qui est imposée aux bornes d’un objet, l’intensité qui le
En effet, au voisinage d’un point frappé par la foudre se développe dans le sol un champ
électrique dont les équipotentielles sont des sphères concentriques centrées sur le point
d’impact. C’est du moins une approximation sous l’hypothèse que le sol délimite un demi-
espace de résistivité homogène (en réalité c’est plus compliqué si la terre est constituée de
couches ou d’inclusions rocheuses de natures différentes : voir référence D).
On montre (voir annexe 3) que la différence de potentiel U p (en volts) entre les pieds d’une
personne distants d’un pas p (en m), et située à la distance r (en m) du point d’impact de la
foudre, est :
ρI p
U p ( r )=
2πr r+ p
où r est la résistivité de la terre (50 Wm pour terres arables, 500 Wm pour terrains maigres,
graviers, 3000 Wm pour sols pierreux, sablonneux, roches perméables), et I l’intensité du
courant de foudre (10 kA à 75 kA).
La présence de tensions de pas incite alors, en cas d’orage, d’éviter de faire des pas
importants (ne pas courir, se déplacer par petits pas) et ne pas rester au voisinage d’objets
susceptibles d’attirer la foudre par pouvoir des pointes (s’éloigner des arbres, clochers, pitons
rocheux, poteaux, antennes…) Il est également recommandé de ne pas rester debout dans un
endroit dégagé : en effet un homme isolé de 1,80m représente une pointe qui pourrait attirer le
précurseur lors de ses bonds successifs (en moyenne un précurseur croît par bonds successifs
de 50m). Il faut chercher à offrir le moins de surface au sol et à l’atmosphère, tout en étant
éloigné des protubérances : la meilleure méthode est de se réfugier dans un espace creux.
J’ai essayé par une expérience de mettre en évidence la tension de pas et son évolution en
fonction de la distance à un point de décharge électrique, et du pas. Le principe est fort simple
mais délicat à mettre en œuvre :
- J’ai utilisé une plaque assez isolante pour ne pas déformer les équipotentielles générées par
Deux séries de « mesures » ont été effectuées : l’une en faisant varier le pas p à distance r
constante (pour deux valeurs r = 2 cm et r’ = 8 cm), l’autre en faisant varier la distance r à pas
constant p (pour deux valeurs du pas p = 2 cm et p = 8 cm). Après des manipulations très
laborieuses j’ai obtenu les courbes suivantes (c’est le plaisir mais aussi l’inconvénient de faire
des expériences sur « un coin de table », avec les moyens du bord !):
- à pas fixé, lorsque la distance augmente, la tension de pas décroît comme prévu par la
théorie.
- A distance fixée, la tension de pas augmente avec le pas et semble converger vers une valeur
asymptotique. Pour deux distances fixées différentes r et r’ la théorie prévoit que les
asymptotes sont dans un rapport Up(r)/Up(r’) = r’/r. Pour r = 2 cm l’asymptote est environ 8,5 V,
et pour r’ = 8 cm, elle est environ 2 V, soit un rapport mesuré de 8,5/2 = 4,25 alors que le
rapport théorique est de 8/2 = 4, ce qui est assez satisfaisant compte tenu des difficultés
pratiques.
- Les valeurs obtenues par mon montage semblent donc montrer que la tension de pas suit une
loi radiale sphérique
- Les fluctuations des valeurs de tension sont probablement imputables au fait que le courant
de décharge n’était pas rigoureusement le même d’une décharge à l’autre (paramètre difficile à
maîtriser).. Mais les tendances d’évolution en fonction de p ou de r vont dans le sens de la
théorie.
Remarque :
Puisque la loi qui donne la tension de pas semble vérifiée par mes valeurs, on peut admettre
que les asymptotes obtenues à distance r fixée sont données par :
ρI
U p∞ ( r )=
2πr
L’existence d’une tension de pas qui apparaît suite à une source de courant au sol peut être
exploitée pour déterminer expérimentalement la résistivité des sols. Une des méthodes, la
méthode de Wenner, est présentée ci-après (voir aussi références D et E).
Supposons que les propriétés électriques du sol soient homogènes et isotropes. En présence
des deux sources (points de contact) C et D, le potentiel mesuré en A est la somme algébrique
des potentiels issus de C à la distance r = a et de D à la distance r = b + c. Si, au cours d’une
alternance du courant, les charges arrivent par C, elles sortiront par D : ainsi l’intensité sera
comptée positivement pour le potentiel issu de C, et négativement pour le potentiel issu de D,
on aura donc en A :
ρI 1
V A=
(−
1
2 π a b+ c )
De la même manière, pour B :
ρI
V B=
(1
−
2 π a+ b c
1
)
La différence de potentiel V entre A et B est donc V A – VB mesurée par le voltmètre. Si on
choisit a = b = c (électrodes équidistantes) on obtient :
ρI
V =V A−V B =
2πa
Lorsqu’une personne est au contact direct avec une pièce nue sous tension U, de résistance R,
elle est traversée par un courant dit de défaut I d qui dépend de la résistance du corps Rh :
U
I d=
R+ Rh
Le corps est alors soumis à une différence de potentiel entre le conducteur et le sol appelée
tension de contact :
R U
U c= h
R+ Rh
pratiquement égale à la tension d’origine (R étant faible). Si, au lieu d’être direct, le contact a
lieu via les masses de l’appareil mises sous tension accidentellement parce qu’elles touchent
des conducteurs (défaut d’isolement), la personne s’exposera au même danger que si elle
touchait les conducteurs eux-mêmes. Pour protéger les personnes des défauts d’isolement il
faut que le courant puisse s’évacuer par un chemin dont la résistance est beaucoup plus faible
que celle du corps humain.
C’est la mise à la terre : les masses métalliques des appareils électriques doivent être reliées à
un conducteur de protection électrique (PE) dont la résistance Rt (résistance de terre) est la
plus faible possible. La résistance de terre est la résistance du conducteur compris entre la
prise de terre à laquelle est branché l’appareil et un point du sol T suffisamment éloigné pour
être à un potentiel indépendant des courants de défaut.
Les qualités requises d’un conducteur PE sont :
- avoir une résistance très faible. Elle tient compte de la résistivité du sous-sol. Elle dépend du
calibre du disjoncteur installé et de la tension de contact de sécurité U L à ne pas dépasser aux
- la résistance doit rester stable dans le temps (ne pas évoluer suite à divers effets : corrosion,
etc.)
- supporter sans détérioration les courants de défaut
- ne pas présenter de risque de contact avec d’autres installations avoisinantes.
- par boucle à fond de fouille : le conducteur qui fait le pourtour de l’habitat est noyé dans les
fondations en béton, enfoui à 1 m de profondeur minimale. Si L est la longueur totale du
conducteur, et r la résistivité du sol, la résistance de terre est donnée par R = 2r/L.
- par conducteur en tranchée : le conducteur est noyé dans une tranchée à 1 m minimal de
profondeur et doit être éloigné d’au moins 20 cm de toute canalisation. La résistance de terre
est donnée par : R = 2r/L, avec r résistivité du sol et L longueur du conducteur.
- Par piquet de terre : le piquet conducteur (acier, cuivre…) est enfoncé d’une hauteur H
minimale de 2 m dans le sol. Résistance de terre : R = r/H, avec r résistivité du sol.
- Par plaque verticale : une plaque rectangulaire de 1 m² de surface, ou une grille en métal
déployé, épaisses de 3mm minimal (pour l’acier), est enfouie dans le sol à une profondeur
minimale de 1 m. Si le terrain est très peu conducteur (par gel ou sécheresse), cette profondeur
doit être de 2m. Résistance de terre : R = 0,8 r/L, avec r résistivité du sol et L périmètre de la
plaque.
- la résistance la plus faible est obtenue avec la boucle de fond, et la plus élevée avec le piquet
- la stabilité dans le temps est excellente avec la boucle de fond, mauvaise avec le piquet en
terre
- la transmission du courant de défaut est la mieux assurée avec la boucle de fond, et mauvaise
avec le piquet en terre
- mais la zone perturbée est la plus grande avec la boucle de fond et la plus réduite avec le
piquet.
- Ne pas se mettre à l’abri sous un arbre, de manière générale sous aucun objet ou édifice
présentant un risque d’attirer la foudre par pouvoir des pointes. Sinon, la probabilité d’être
foudroyé est 50 fois plus élevée que si l’on reste à terrain découvert et debout !
- Ne pas porter d’objet pointu dont la pointe dépasse la hauteur de la personne (parapluie, outil,
canne, etc). Il est démontré que la probabilité d’être atteint par la foudre est proportionnelle à
H², où H est la hauteur d’un objet. Ainsi entre un enfant de 1,40 m et un adulte de 1,80 m le
risque de foudroiement augmente de 65% !
- Rester à l’écart (plusieurs mètres) des objets, animaux et personnes, afin que, s’ils sont
foudroyés, l’on ne risque pas soi-même d’être dans la zone d’amorçage d’un éclair se
propageant sur le côté. Pour cette raison, il ne faut pas rester groupé lors d’un orage violent.
- Ne pas téléphoner par temps d’orage si la liaison passe par des lignes téléphoniques
aériennes : si la foudre tombe sur celles-ci elle génère une surtension qui se propage sur la
ligne jusqu’au poste téléphonique.
- Tenir compte de la tension de pas : ne pas courir, marcher par petits pas.
- Rester dans une automobile si sa carcasse est métallique : elle protège par effet de cage de
Faraday (les lois de l’électrostatique montrent qu’à l’intérieur d’une surface conductrice creuse
il n’y ni charge ni champ électrique).
- Ne pas s’abriter dans un édifice dont le toit est conducteur et les murs isolants (hangar par
exemple) : on serait à l’intérieur d’un champ électrique intense entre le sol et le toit si celui-ci
était atteint par le foudre. Le champ peut être suffisamment puissant pour dépasser la limite de
rupture diélectrique de l’air (30 kV/cm) et donc provoquer l’apparition d’un traceur électrique.
Par contre si le toit est relié au sol via des conducteurs ceux-ci permettent l’écoulement du
courant : il n’y a pas de danger.
- Si la mise à la terre ou la protection contre la foudre sont douteuses, s’abstenir de tout contact
avec les conducteurs de la maison (conduites, canalisations, robinetterie…) et ne pas utiliser
l’eau.
- Débrancher la prise d’antenne du téléviseur si elle est reliée à un aerial : un coup de foudre
sur celui-ci créerait une surtension jusqu’au téléviseur qui alors imploserait (s’il s’agit d’une TV à
tubes cathodiques). Pour la raison citée plus haut débrancher aussi les prises téléphoniques si
elles sont reliées à des lignes aériennes.
- Fermer les courants d’air dans la maison : les variations de pression, si faibles soient-elles,
sont des facteurs favorables aux traceurs. On montre aussi que le champ critique dépend de la
température ambiante (voir Note 1).
4-3 - En montagne
- Éviter de se déplacer avec le piolet proéminent : comme indiqué plus haut il attire la foudre par
pouvoir des pointes et peut être le siège d’effet couronne (feu de Saint-Elme).
- Rester situé à au moins 50 mètres au-dessous d’un sommet pointu. Lorsque l’orage
s’annonce et que le champ électrique atmosphérique s’intensifie, le sommet est le siège de
l’effet couronne caractérisé par un ronronnement annonciateur.
- On a déjà vu qu’il faut se protéger dans un creux, celui-ci pouvant être dominé par une
corniche. La corniche doit être toutefois à une hauteur suffisante (au moins 20 m). Si l’on se
réfugie dans une grotte, éviter de rester debout à l’entrée (amorçage possible entre la voûte et
le sol) et contre les parois : mieux vaut se tenir abaissé au milieu.
- Pour les mêmes raisons que plus haut, ne pas se plaquer aux parois : entre la tête et les pieds
elles peuvent représenter une différence de potentiel élevée, surtout si l’on est près du sommet.
- Le mât de l’embarcation peut faire paratonnerre et l’eau est la « masse » par laquelle le
courant s’évacue, si une liaison conductrice existe entre le mât et l’eau. En l’absence de mât le
danger est important.
- Dans tous les cas les mêmes recommandations citées plus haut en (a) s’appliquent.
- De manière directe (surtension conduite), lorsque la foudre tombe sur une ligne conductrice
ou une installation électrique,
- De manière indirecte (surtension induite) lorsque la foudre tombe au voisinage d’une ligne
conductrice ou d’une installation électrique.
- En mode commun si elles affectent toutes les parties conductrices de l’installation (par
exemple la phase et le neutre d’une ligne): ces parties présentent alors un potentiel très élevé
(surtension) par rapport à la terre. Les éléments dont les masses sont reliées à la terre risquent
un claquage diélectrique de leurs composants isolants.
- En mode différentiel si elles affectent seulement quelques parties conductrices de
l’installation (par exemple la phase ou bien le neutre d’une ligne): dans ce cas celles-ci
présentent un potentiel élevé (surtension) par rapport aux autres éléments conducteurs non
affectés.
Si la longueur d’onde de la perturbation est grande devant les dimensions du circuit on peut
admettre que sa propagation est instantanée, dans ce cas la ligne peut être modélisée avec
des composantes ponctuelles. A l’inverse, si la longueur d’onde est très courte devant les
dimensions du circuit (cas des hautes fréquences), la propagation de la perturbation se fait par
propagation progressive (à vitesse finie), et la ligne doit être modélisée à composants répartis.
A ces effets s’ajoutent ceux dus aux rayonnements (induction électromagnétique, ou choc en
retour) et ceux dus aux inductions électrostatiques.
Lorsque le foudre, d’intensité I, frappe une ligne électrique, celle-ci propage une surtension
dans les deux directions de part et d’autre du point d’impact et véhicule un courant d’intensité
I/2 dans chacune de ses deux branches. Si la ligne est reliée au primaire d’un transformateur, la
surtension va affecter le secondaire par couplage mais avec un courant d’intensité nettement
Exemple : foudre d’intensité 20 kA, ligne d’impédance 100 W, montée du front d’onde 10 ms.
Comme le courant se coupe en deux dans des sens opposés sur le ligne, l’intensité parcourant
celle-ci est 10 kA. La tension vaut donc U = 100 x 10 = 1 MV, avec un gradient de montée 1
MV/10 ms = 100 kV/ms.
- Provoquer le coup de foudre sur un endroit choisi, et le faire évacuer par la terre, de manière à
le détourner des installations, lignes ou constructions que l’on veut protéger : c’est le rôle des
protections primaires telles que le paratonnerre, les fils tendus (ou fils de garde) et la cage de
Faraday (ou cage maillée).
- Limiter ou supprimer les contraintes de surtension dans les installations : c’est le rôle du
parafoudre (à éclateur ou à varistances).
a) Paratonnerre :
x=PK =H 2
√ D
H
−1
b) Cage de Faraday
c) Fils de garde :
Montés sur les lignes HT, ce sont des fils conducteurs tendus au-dessus des lignes de phase.
Ils sont reliés à la terre par l’intermédiaire des pylones. Ils forment un écran protecteur des
lignes de phase en recevant à leur place la foudre au-dessus (voir figure).
Lorsque la foudre d’intensité i frappe une ligne de garde celle-ci va véhiculer dans une des
directions l’intensité i/2. Le fil de garde est relié à la terre via un câble d’inductance L traversant
le pylône et une résistance en série R de valeur très faible (R < 50 W environ). Une fraction xi/2
du courant traverse cette liaison pour s’écouler à la terre, tandis que l’autre partie (1/2 – x)i
continue de se propager dans le fil de garde. La traversée du courant par la liaison à la terre va
créer à ses bornes (entre la tête du pylône et la terre) une différence de potentiel U telle que :
di
U =x (R i+ L )
dt
Cette tension peut être très élevée, par effet inductif, au point de créer aux bornes des
isolateurs un champ électrique supérieur à la valeur critique de rupture diélectrique. Quand cela
arrive une décharge peut s’effectuer entre le fil de garde et les lignes de phase, avec
transmission d’une surtension dans celles-ci. On montre que la valeur de cette surtension est
supérieure à celle d’une surtension due à un coup de foudre direct sur les phases. C’est le
phénomène d’amorçage en retour.
Le remède semblerait pire que le mal. Heureusement il n’en est rien en haute tension (> 90 kV)
où les isolateurs ont des champs d’amorçage très élevés.
Le parafoudre sert à écouler les surtensions transitoires à travers une liaison à la terre capable
de supporter des courants d’intensité élevée pendant des durées très courtes. Cette dérivation
à la terre se fait de deux façons : par amorçage à l’aide d’un parafoudre à éclateur (presque
abandonné aujourd’hui) ou par conduction à l’aide d’un parafoudre à varistance.
● Les éclateurs, montés en dérivation vers la terre du circuit principal, utilisent la surtension
pour générer entre leurs électrodes une étincelle de décharge dont la longueur du trajet
augmente jusqu’à ce que la décharge ne soit plus possible. Les deux électrodes à la base de
l’éclateur sont espacées de manière à ce que le champ de rupture diélectrique de l’air soit
obtenu. Lorsque l’étincelle apparaît l’air compris entre elles s’échauffe et crée un courant d’air
chaud ascendant qui déforme et allonge l’étincelle en arc de cercle. Lorsque le chemin est trop
long pour que le champ disruptif existe, la décharge n’est plus possible et l’étincelle s’éteint. La
durée totale de décharge est en général suffisante pour permettre l’évacuation complète de la
surtension vers la terre. Dans le cas contraire, une nouvelle étincelle jaillit à la base de
l’éclateur et le processus recommence.
parafoudre modulaire à varistances (source : M. Vial, électricité professionnelle, ed. Nathan 1996)
- les impulsions rapides (dI/dt élevée) bien que de niveau faible peuvent détériorer certains
semi-conducteurs
- les valeurs crêtes de la tension peuvent provoquer le claquage des composants par
dépassement du champ de rupture diélectrique
- les impulsions à descente lente conservent une énergie élevée qui peut détériorer les
composants par effet Joule.
Tous ces effets élémentaires peuvent entraîner au niveau d’un ensemble complexe des signaux
parasites, des perturbations de mémoire, des transmissions erronées ou des commutations
inattendues.
Il n’est pas possible ici de développer la problématique et les techniques traitant de l’influence
des ondes électromagnétiques sur les dispositifs électriques, électromécaniques ou
électroniques, issues d’une source de perturbation extérieure (telle la foudre) ou entre elles. Ce
domaine est celui de la compatibilité électromagnétique (CEM) qui peut être définie comme
suit (définition normalisée): la compatibilité électromagnétique est « l’aptitude d’un dispositif,
d’un appareil, ou d’un système à fonctionner dans son environnement électromagnétique de
façon satisfaisante et sans produire lui-même des perturbations électromagnétiques de nature à
créer des troubles graves dans le fonctionnement des appareils ou des systèmes situés dans
son environnement ».
Une perturbation électromagnétique peut se transmettre à un circuit ou un appareil par
différents modes de couplage :
dont les définitions sont les suivantes, sans entrer dans les détails :
Lorsque deux circuits sont mis à la même terre mais par une résistance commune non nulle (ce
qui correspond toujours à la réalité), un courant circulant dans le premier va créer un courant
dans le deuxième. Soit r la résistance commune, R celle du second circuit et I le courant
traversant le premier. Le courant traversant R est :
r
I '= I
R
Solution : pour éviter l’apparition d’un courant non désiré dans le deuxième circuit on cherche à
diminuer la résistance commune r, en augmentant sa section par exemple.
Couplage capacitif :
Il apparaît lorsque deux conducteurs proches (comme l’âme centrale d’un câble et son
conducteur périphérique) sont proches et séparés par un isolant, formant ainsi un
condensateur. Comme un condensateur laisse passer facilement les signaux de fréquences f
élevées (impédance 1/C2pf faible) le couplage capacitif sera important aux signaux hautes
fréquences (variations très rapides de la tension). Il sera également important si l’impédance
qu’alimente la ligne est élevée : en effet, on a vu que, dans ce cas, l’onde de tension réfléchie
vers la ligne est importante.
Solution : mise en place d’un écran électrostatique entre les conducteurs (conducteur interposé
relié à la masse) ou d’une tresse, ce qui a pour effet de diminuer la permittivité relative du
diélectrique, donc la capacité.
Couplage inductif :
L’écoulement d’un courant électrique variable I(t) est la source d’un champ magnétique H qui, à
une distance r de la source, vaut (loi d’Ampère):
I
H= (en A/m)
2πr
Lorsque ce champ coupe un circuit conducteur fermé il crée à ses bornes une tension induite e
égale au taux de variation dans le temps du flux F du champ H à travers la surface du circuit S
dΦ
(loi de Faraday) : e=− (F flux en Weber) avec Φ=μ H S , où m est la perméabilité
dt
μS d I
e=−
2π r d t
La tension induite dans le circuit dépend donc du courant perturbateur par l’intermédiaire de
dI/dt. Ceci correspond à ce qui fut dit plus haut : les décharges atmosphériques aux fronts très
raides sont les plus dangereuses. D’où l’importance de connaître la forme du courant de
décharge dans le temps. La théorie montre, et l’expérience vérifie, que le courant de décharge
a une évolution temporelle de la forme :
Exemple : un circuit fermé de surface S = 1 m² situé à une distance r = 100 m du point d’impact
de la foudre (I = 30 kA) est le siège d’une tension induite de 60V.
A son tour le circuit va véhiculer un courant i(t) sous l’effet de la tension induite e(t). Si on
assimile le conducteur à une composante selfique L en série avec une composante ohmique de
résistance équivalente R, le courant induit est celui créé par une source de tension e(t) aux
bornes du circuit (voir schéma plus haut) :
d i (t) μI S
R i(t )+ L =e(t )=− 0 (βexp (−βt )−α exp (−α t))
dt 2π r
par un calcul similaire à celui de l’annexe 4 (exercice !), cette équation s’intègre en :
μI0S
i (t )=
2πr [( β
− α
R−β L R−α L )R
exp(− t )+ α exp(−α t )−
L R−α L
β
R−β L
exp(−βt)
]
©Frédéric Élie, novembre 2005 - http://fred.elie.free.fr - page 21/31
Remarque : si le circuit est constitué d’une ligne conductrice avec retour par la terre, la hauteur
de la ligne h intervient par l’intermédiaire de la surface définie par la longueur a de la ligne et sa
hauteur : S = ah. Les lignes les plus hautes sont les plus exposées à des tensions induites
élevées.
Solutions pour le couplage inductif : elles consistent principalement à réduire le flux du champ
magnétique inducteur (donc minimiser la surface exposée du circuit fermé, ou « boucle ») ou à
créer un champ magnétique compensateur du premier. Pour cela :
- limitation des boucles et de leurs dimensions dans les circuits susceptibles d’être perturbés ;
- présentation au champ incident une boucle suivie d’une boucle identique mais orientée en
sens inverse : ainsi les flux qui les traversent sont opposés et s’annulent. Pratiquement cela
consiste à donnée uns structure torsadée aux lignes (câblage en paires torsadées)
- blindage des parties du circuit à protéger. Les blindages sont de deux types : magnétiques et
amagnétiques. Le blindage magnétique consiste à disposer au voisinage du dispositif à
protéger un matériau qui va modifier le champ magnétique induit par diminution de ses lignes
de champ et donc de son intensité (effet de réluctance). Le blindage amagnétique consiste à
entourer l’élément à protéger d’une cage qui servira non seulement de cage de Faraday (contre
les champs électriques) mais aussi et surtout qui devient le siège d’un champ magnétique
opposé à celui inducteur qui le crée.
Couplage électromagnétique :
Il concerne le cas d’émissions d’ondes électromagnétiques (par des antennes, des radars, ou
toute source électromagnétique) et leurs effets dans les circuits. Le champ est ondulatoire et
non pas impulsionnel comme pour la foudre. Il ne sera donc pas abordé ici, et relève du
problème de la CEM à proprement parler.
On considère un tube à vide que l’on suppose assimilable à un condensateur plan dont le
diélectrique est l’espace vide et les armatures parallèles sont les électrodes entre lesquelles
circule un courant d’électrons. Le courant I est supposé constant et uniforme. L’application du
théorème de l’énergie cinétique à un électron de vitesse v, de masse m et de charge
élémentaire e, se déplaçant du nuage vers la terre sous l’action d’une ddp V, conduit à :
1 /2
v=
( )
2e V
m
On calcule V à l’aide du théorème de Gauss appliqué à la surface formée des deux armatures
et de celle s’appuyant sur leurs pourtours, et en admettant que V dépende seulement de
l’altitude z, ce qui donne pour l’expression locale de ce théorème (équation de Poisson) :
ne d2V ne
2 V =− ε → =− ε
0 2 0
dz
qui est une constante puisque I est constant (S est la surface des armatures). L’équation de
2
d V
dz 2
=−
b
√V
, b=
I
ε0 S √ m
2e
4 3/ 4
V =2 h √b
3
I =a V 3/ 2
avec
4 ε0 S
(relation de Child-Langmuir).
a=
9 h2 √ 2e
m
v= A √V pour la vitesse
I
ρ=B pour la densité des charges
V
2
d V
=−C ρ pour l’équation de Poisson,
d z2
d2V BC I
et donc : 2
= qui s’intègre en :
dz A √V
3/ 2
I =a V
Dans l’espace compris entre A et B, par contre, le champ électrique E n’évolue pas comme
dans le précurseur et est supposé être celui compris dans le diélectrique d’un condensateur
plan dont les armatures sont situées en A et B : il vaut donc
V
E=
z
Il atteint la valeur de rupture diélectrique E max = 30kV/cm pour une distance D limite entre le
précurseur et le sol telle que : V = DE, ce qui donne, compte tenu de la relation plus haut, la
condition cherchée :
I 2/ 3
D= E max
a()
Annexe 3 : calcul de la tension de pas
On suppose qu’au point d’impact de la foudre la source de courant est ponctuelle et qu’à partir
d’elle les charges électriques s’écoulent au sol , avec une intensité supposée constante I, dans
toutes les directions, donc selon une symétrie sphérique. Entre un point distant de r de l’impact
et un point distant de r + dr, la différence de potentiel dU = U(r+dr) – U(r) est liée à l’intensité
par la loi d’Ohm :
d U =I d R
dR étant la résistance élémentaire du sol rencontrée sur le parcours dr. Elle vaut :
r est la résistivité du sol (en Wm), S est la section de la résistance à la distance r, par symétrie
sphérique et compte tenu que les équipotentielles sont des demi-sphères centrées sur l’impact,
cette surface est S = 2pr². Il vient donc :
ρI dr
d U=
2π r2
r+ p
ρI dr ρI p
U p ( r )=U (r + p)−U (r )=
2π
∫ 2
=
2πr r+ p
r r
Remarques :
- Pour un pas fixé p plus on s’éloigne de la source plus la tension de pas diminue et tend vers 0
quand tend vers l’infini. On n’a plus rien à craindre à partir d’une distance où la tension de pas
devient inférieure à 30V (tension de sécurité avec peau mouillée).
- Pour une distance r fixée, lorsque le pas augmente, la tension de pas augmente : lorsque le
pas tend vers l’infini, elle tend vers une valeur asymptotique qui est le potentiel du champ en r :
ρI
lim U p ( r )=
p→ ∞ 2πr
Si Rc est la résistance électrique du corps, celui-ci est traversé par un courant corporel I c dû à
la tension de pas, d’autant plus élevé que le corps est conducteur :
U p (r)
I c=
Rc
où v est la vitesse moyenne des charges, n leur densité numérique par unité de volume. La loi
d’Ohm énonce que la vitesse de déplacement des charges est proportionnelle au champ
électrique E :
v=μ E
où m est la mobilité des charges et
dU
E=−
dr
On a donc :
dU I
μ =
d r neS
or les charges se déplaçant de manière radiale depuis la source, la section S est l’aire de la
demi-sphère de rayon r, soit S = 2pr². D’autre part, la résistivité du milieu est liée à la mobilité et
à la densité de charge par : r = 1/mne. L’équation précédente se réécrit donc :
ρI dr
d U=
2π r2
dont l’intégration entre deux points distants d’un pas p donne la tension de pas.
Annexe 4 – modèle simplifié de propagation d’une surtension dans une ligne électrique
∂i ∂u
− =G ' u (x ,t)+C '
∂t ∂t
∂u ∂i
− =R' i( x , t)+ L '
∂t ∂t
que l’on peut rassembler en l’une ou l’autre expression de l’équation dite des télégraphistes :
∂2 u ∂2 u ∂u
−L ' C ' −( R ' C ' + L ' G ') −R' G ' u=0
∂ x2 2 ∂t
∂t
2
∂ i ∂2 i ∂i
−L ' C ' −( R ' C ' + L ' G' ) −R ' G ' i=0
2 2 ∂ t
∂x ∂t
Cherchons à résoudre l’équation en u(x,t) en supposant que l’onde est quasi stationnaire, c’est-
à-dire ses parties spatiale et temporelle sont séparées et le comportement temporel suit une loi
sinusoïdale de fréquence f = w/2p (le même raisonnement s’applique aussi au courant i(x,t)) :
u ( x , t)=U ( x) exp j ω t
dont l’injection dans l’équation différentielle ci-dessus donne l’équation de l’amplitude complexe
de la tension U(x) :
2
d U ( x)
+ [ L' C ' ω 2− j ω(R ' C ' + L ' G ' )−R' G ' ] U ( x)=0
2
dx
On cherche des solutions de la forme : U(x) = U0 exp sx, où s est un nombre complexe. D’où
l’équation caractéristique en s :
2
s =( R ' + j L' ω)(G ' + j C ' ω)
(c’est une forme de relation de dispersion F(K,w) = 0 entre le terme de propagation spatiale et
la fréquence du signal). En utilisant les parties réelle et imaginaire de K, la solution générale
s’écrit donc :
u ( x ,t)=U +0 exp (−k ' x )exp ( j ω t− j k x)+U -0 exp( k ' x)exp( j ω t+ j k x )
- d’une onde progressive qui se propage dans le sens des x croissants avec amortissement
(terme en exp-k’x) :
u + (x , t)=U +0 exp (−α x)exp j(ω t−k x )
Le même type de résultat est obtenu pour le courant avec les notations correspondantes.
Des expressions de u(x,t) et i(x,t) on déduit l’impédance caractéristique de la ligne qui est le
rapport des composantes progressives de la tension u + (x,t) et du courant i+ (x,t) :
+
u ( x , t)
Zc=
i + ( x , t)
Zc=
R' + j L ' ω
j ̄k
=
√
R'+ j L'ω
G'+ jC ' ω
Remarque : pour une ligne sans perte R’ = 0 et G’ = 0 et l’impédance caractéristique est réelle
et indépendante de la fréquence :
l’onde se propage alors dans une ligne sans perte avec la célérité :
1
v=
√L'C '
Les amplitudes U0+ et U0- sont obtenues par les conditions aux limites x = 0 et x = L (extrémité
de la ligne où se trouve l’impédance de charge Z L) sur u(x,t) et i(x,t). Une fois connues elles
permettent de calculer l’impédance de ligne en un point quelconque x :
U -0 exp(α+ j k ) x U -0 U -0
r ( x)= = exp 2(α+ j k ) x= + exp 2 j ̄k x
U 0+ exp(−(α+ j k ) x ) U +0 U0
Le coefficient de réflexion en un point x est le rapport de l’onde rétrograde (réfléchie) sur l’onde
progressive : r(x) = u-(x)/u+(x).
On définit également le coefficient de transmission en chaque point comme le rapport de
l’onde totale sur sa composante progressive : t(x) = u(x)/u+(x) = 1 + r(x). Il vaut 1 s’il n’y a pas
d’onde réfléchie (toute l’onde est transmise), 0 si les ondes progressive et rétrograde sont en
1+ r (0) Z + j Z c tan ̄ kL 1+ r ( L)
Z ( 0)=Z c =Z c L , Z L =Z ( L)=Z c
1−r (0) Z c + j Z L tan ̄
kL 1−r ( L)
Z L−Z c Z L−Z c
r (0)= exp(−2 j ̄k L) , r (L)=
Z L+ Z c Z L+ Z c
et l'on pose :
2 ZL
τ(0)=1+r (0) , τ( L)=
Z L+ Z c
Ces relations montrent que l’impédance de charge sur laquelle se ferme le circuit impose
l’impédance d’entrée. Ainsi par exemple :
Z 0 = j Z c tan ̄k L
La puissance transmise par la ligne est maximale lorsque circule uniquement l’onde
progressive, donc lorsque r(x) = 0 en tous points. Lorsque cette condition est réalisée on dit qu’il
y a adaptation d’impédance : l’impédance de ligne est constante en tous points et est égale à
l’impédance caractéristique : Z(x) = Zc. Le taux d’onde stationnaire (TOS) permet d’évaluer
l’écart à l’adaptation d’impédance et l’aptitude de la ligne à transmettre la puissance maximale :
De façon générale si dans le circuit il y a des impédances de charge dans les zones de
NOTES :
E c (T , P , m)=b(T , P , m) E c0
avec :
P
b=0,386 m
T
(2) - La puissance moyenne véhiculée par la ligne subit donc une atténuation
U +0 2
̄=
P exp(−μ x )
2Zc
(3) - En utilisant -¶u/¶z = R’i +L’¶i/¶t, on obtient immédiatement l’expression du courant à partir
de celle de la tension u(x,t) :
1 dU α+ j k
i( x , t)=− = [
R' + j L ' ω d x R ' + j L' ω 0 ]
U + exp(−(α + j k ) x)−U -0 exp(α+ j k ) x exp j ω t
1 | u+ ( L)|2
P= u( L)(u + (L)−u - ( L))= (1−r 2 )
Zc Zc
| u ( L)| 2
P=
ZL
ZL
2 2
τ =ζ (1−r ) avec ζ=
Zc
Bibliographie
(A) Frédéric Élie : article « sécurité électrique », site fred.elie.free.fr, septembre 2004
(B) Pierre Laroche : Phénoménologie de la connexion d’un éclair – Revue Scientifique et
Technique de la Défense, 1996-1, p.77.
(C) P. Druet : Le risque foudre et les installations classées pour la protection de
l’environnement (ICPE) – INERIS-DRA, septembre 2001.
(D) D. Chapellier : Prospection électrique de surface – cours on-line de géophysique,
Université de lausanne – Institut Français du Pétrole, 2000.
(E) B. F. Howell : Introduction à la géophysique, avec le concours de Haroun Tazieff – Masson
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(F) Benoit De Metz-Noblat : La foudre et les installations électriques HT – cahier technique
Merlin-Gerin n° 168, juillet 1993