Droit International Public - Notes
Droit International Public - Notes
Droit International Public - Notes
Les branches de droit ont leur équivalent au niveau international (lorsque minimum 2 Etats sont
concernés) :
Droit international privé = droit qui concerne les particuliers mais où il y a un élément
d’extranéité (extérieur). Exemple : un italien qui épouse une belge ; l’élément
d’extranéité est le mariage entre 2 nationalités différentes.
Droit international public = droit qui concerne des sujets de droit international
(principalement les Etats entre eux), mais également les relations entre un Etat et un citoyen
d’un autre Etat.
Le droit international public est le droit qui régit les relations entre les Etats. Il s’intéresse aussi aux
nouveaux sujets de droit international tels que sont les organisations internationales ou les
personnes privées. Exemple : un individu qui se fait juger devant la cour pénale internationale pour
un crime commis OU une multinationale en litige avec un Etat. Concrètement, cela ne s’applique pas
entre personnes privées.
Il est véritablement apparu lors de la naissance des premiers Etats (après le Moyen-Age). Les
monarchies féodales sont devenues de véritables Etats.
Les 4 premiers Etats étaient la France (+ Belgique), l’Angleterre, la Suisse et le Danemark. Cette
évolution a pris de l’ampleur car au 19ème siècle, une quinzaine d’Etats et 16 000 traités avaient vu le
jour. Ce fut le début des traités entre plusieurs Etats (multipartites). Ces traités traitaient
principalement sur les frontières et l’attribution des territoires. Exemple : le Congrès de Berlin
(1884/1885) qui a conduit au partage de l’Afrique.
Cela a évolué vers l’institutionnalisation à partir de la fin de la 1ère Guerre mondiale. Les institutions
qui regroupaient plusieurs Etats ont décidé de regrouper leurs forces. La 1 ère institution
internationale fut la Société des Nations (SN) (1919). Son but était de maintenir la paix, pour ne pas
revivre une guerre comme celle vécue. Malheureusement, la SN n’a pas fonctionné comme espéré.
Pourquoi ? Les Etats-Unis n’en faisaient pas partie ; la SN n’avait pas de pouvoir contraignant par
rapport aux Etats qui en faisaient partie ; elle ne pouvait pas sanctionner si elle faisait face à une
agression d’un Etat tiers ; dès qu’un Etat n’était pas d’accord, il démissionnait (Japon + Allemagne).
Après la seconde Guerre mondiale, les vainqueurs se sont réunis et ont créé l’ONU en essayant de
tirer les leçons de l’échec de la SN. Depuis, on assiste à une véritable expansion de la société
internationale et donc du droit international public. De nombreuses organisations internationales
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(ONU) et régionales (UE + Conseil de l’Europe = Convention des droits de l’Homme) ont vu le jour. Le
nombre de sujets de droit international augmente (ONG, individus, etc.). Il y a une
juridictionnalisation du droit international : des juridictions de droit international sont créées
(Exemple : Tribunal de Nuremberg). Le cours portera principalement sur les acteurs, les juridictions et
les organisations du droit international public.
Le processus pour accéder à l’indépendance pour un Etat varie d’une situation à une autre. Il
peut s’étaler de plusieurs siècles ou ne prendre que quelques années. Cela peut concerner
des territoires immenses (USA) ou très exigus (Monaco). Quatre processus sont possibles :
- La création d’un Etat sur un territoire sans maître (terra nullius), mais pas sans peuple !
Quand une terre n’appartenait à personne, on pouvait s’approprier cette terre et en faire
un Etat. C’est malheureusement ce concept qui a permis l’appropriation de terres qui
étaient occupées mais non réglementées. En d’autres termes, cela a permis la
colonisation. Les aborigènes vivaient sur des terres sans y avoir mis un gouvernement,
donc d’autres Etats sont venus s’imposer. Cette colonisation a perduré jusqu’au Traité de
St Germain-en-Laye en 1919. Dans ce traité, il a été prévu le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes. Actuellement, ce moyen d’accession ne concerne plus la même chose
(plus de colonisation), mais cela pourrait encore être utilisé : une partie de l’Antarctique
n’a toujours pas été attribuée. La Terre Marie Byrd n’est revendiquée par aucun Etat. Il y
avait aussi la terre Bir Tawil qui est une région désertique de 2060km2 située à la
frontière entre l’Egypte et le Soudan et qui n’est revendiquée par aucun Etat, ils se
disputent une autre partie d’un territoire. Autre exemple : le Liberland (un territoire le
long du Danube, près de la Croatie et Serbie). La Croatie estime que c’est à la Croatie et
la Serbie estime que c’est à la Serbie. Donc un Homme a fondé une micro-nation, le
Liberland, où tout est permis. Cet Etat n’est reconnu que par un seul Etat, le Somaliland
lui-même reconnu par un seul Etat, le Liberland. Ces Etats n’ont pas de reconnaissance
internationale, la Serbie et la Croatie s’accordent pour dire que ce n’est pas une terra
nullius. Actuellement, il n’existe plus vraiment de terra nullius. Cependant, ce qu’il
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pourrait se passer c’est que l’on découvre des corps célestes que l’on n’avait pas encore
découverts et que des Etats ou autres organisations essaient de prendre le dessus
Exemple : étoiles, planète Mars. Dans ce cas, il faut s’organiser pour voir qui va gérer une
planète sur laquelle il n’y a pas encore d’appropriation.
- La fusion de plusieurs Etats. Exemple : les Etats-Unis d’Amérique. Ils étaient 13 Etats
devenus indépendants suite à la guerre d’indépendance entre la Grande-Bretagne et ses
13 colonies (1776). Quelques années plus tard, en 1787, ils ont décidé de se réunir
ensemble pour former les USA. Autre exemple : la République du Yemen qui a été
constituée du Yemen du Nord et du Yemen du Sud. Souvent, la fusion ne pose pas de
souci car elle est faite volontairement. Le but de cette fusion pour des Etats est d’être
plus puissants.
- La scission. C’est lorsqu’un Etat se divise en plusieurs. Généralement, c’est dans un
contexte politique particulier. Exemple : l’Allemagne qui a été divisée (1949) en
République fédérale (Ouest) et République démocratique (Est) jusque 1990 car elle était
partagée aux vainqueurs de la 2ème Guerre mondiale.
- La sécession. Cela se passe dans un contexte politique tendu. C’est lorsqu’une partie de
la population existante décide de se séparer de l’Etat existant et de former un nouvel
Etat. Exemple : la Catalogne. C’est généralement le mode de création des Etats colonisés.
Exemple : URSS éclaté. La Russie est restée en tant qu’ancien Etat et puis, toutes les
autres parties qui ont vu le jour (Arménie, Biélorussie, Estonie, Géorgie etc). Autre
exemple : nouvelle république du Sud Soudan (2011) cependant, ça ne s’est pas passé
dans la violence car ce fut à la suite d’un referendum. Autre exemple : la Belgique a
acquis sa souveraineté suite à une sécession ; après avoir appartenu à la France, la
Belgique appartenait aux Pays-Bas et le futur peuple belge s’est rebellé pour obtenir son
indépendance.
Les conditions juridiques représentent les raisons pour laquelle le Liberland et le Marie Byrd
ne peuvent pas être considérés comme Etats. Il existe 3 éléments objectifs : territoire,
population, gouvernement. Il faut aussi un élément subjectif : la reconnaissance par la
société internationale de cette entité comme étant un Etat.
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mois sont d’office autorisés au sein de l’espace Schengen (libre-circulation). Le
traité de St Germain prévoit que chaque peuple a le droit de disposer de lui-
même, donc dès qu’il y a un peuple stable sur un territoire, aucune autre grande
puissance ne peut venir coloniser cette population. L’ONU autorise le recours à la
force pour sauver une population de la colonisation.
Le gouvernement. Un pouvoir politique doit être organisé et doit exercer
effectivement son pouvoir. Peu importe la forme de ce pouvoir politique
(république, royauté, etc.), des règles doivent s’appliquer à cette population.
Exemple : à Kaboul, différents gouvernements se succèdent depuis 25 ans mais
n’exercent un pouvoir que sur un rayon limité, ils n’ont pas possession de
l’entièreté du territoire. Cela ne peut donc pas être considéré comme système
politique organisé.
Remarque : les Etats fantoches. C’est lorsqu’un autre pays tire les ficelles de
l’Etat fantoche. Exemples : il y a longtemps la Russie tirait les ficelles de la
République des Ouïghours. Chypre est divisé en 2 (Etat chypriote + République
turque de chypre du Nord = république dont les ficelles sont tirées par le pouvoir
Turc), Chypre n’a donc pas de gouvernement propre.
Express = résulte d’un traité (c’est écrit noir sur blanc qu’un Etat en est un).
Tacite = résulte de comportements d’autres états (après avoir conclu un accord
international avec cette entité, on la considère comme un Etat).
Mission diplomatique qui a lieu = si un chef d’Etat se déplace sur un territoire, il
admet que ce territoire est un Etat.
L’Etat est souverain, il n’est soumis à aucune autorité supérieure. Il est au-dessus de la pyramide,
sauf si lui-même désire autre chose (notamment l’adhésion aux organisations internationales).
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Il a la plénitude de compétences. L’Etat a l’ensemble des pouvoirs, il peut l’appliquer
sur tout son territoire. Il décide de l’étendue de ses prérogatives. Il pourra
éventuellement accepter des limites et restreindre sa souveraineté (Exemple :
adhésion à des organisations internationales). C’est le seul sujet de droit
international qui a cette plénitude de compétences.
Il a l’autonomie de sa compétence. Il n’est soumis à aucune autorité extérieure, sauf
s’il a accepté d’y être soumis. Chaque Etat est autonome par rapport à un autre Etat,
ils sont égaux entre eux, peu importe leur taille. Ils ont tous la même souveraineté, la
même autonomie les uns par rapport aux autres. Cependant, à l’intérieur de l’ONU, 5
grandes puissances ont un droit de véto qui fait qu’elles sont légèrement
supérieures. L’autonomie de chaque Etat signifie aussi qu’aucun autre ne peut
intervenir dans les affaires internes d’un autre Etat. C’est le principe de non-
ingérence.
Il a l’exclusivité de sa compétence. Seules les autorités d’un pays peuvent engager
cet Etat, peuvent prendre des décisions. Ne peuvent être reconnus
internationalement que les actes posés par les autorités internes d’un Etat,
également sur le plan international.
Un Etat est souverain mais il peut accepter de restreindre ses compétences. Il est le seul
à pouvoir restreindre son pouvoir et à accepter de limiter sa souveraineté. Il le fait
toujours, évidemment, dans un but de récolter des bénéfices pour lui. Ces limites
peuvent résulter de la conclusion d’un traité par l’Etat ou de l’adhésion de l’Etat à une
organisation internationale. La Belgique, en tant que membre de l’ONU, doit respecter
les principes contenus dans la charte, doit prévoir qu’un enfant doit être entendu par le
juge dès 12 ans. Pourquoi ? Elle a été d’accord de rejoindre l’ONU et, par conséquent, est
d’accord avec les décisions de l’ONU. C’est bien parce que la Belgique l’a décidé ; on ne
peut jamais forcer un pays à adhérer à quelque chose qu’il ne souhaite pas. C’est aussi
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l’adhésion de la Belgique à l’UE. Ce n’est plus elle qui décide le nombre minimal de
nombre de congés par an, le nombre d’ondes pour les GSM, les ingrédients dans les
produits. Elle est tenue par ce que décide l’UE. Mais, ceux qui ne voulaient pas l’Euro
n’ont pas accepté l’Euro, ils n’y étaient pas forcés. Pourquoi les Etats adhèrent-ils à ces
organisations ? C’est pour être plus forts à plusieurs.
La diplomatie peut se définir comme étant l’ensemble des moyens par lesquels les
Etats établissent des relations mutuelles au sein de la société internationale. C’est
notamment une façon de résoudre les conflits de manière pacifique. Exemple : quand
la Première Ministre va en République démocratique du Congo, c’est également pour
s’excuser du passé, c’est de la diplomatie. C’est une façon de renouer, de pacifier
lorsqu’il y avait tension. Elle est exercée le plus souvent par les gouvernants d’un
Etat. Souvent, ils veulent faire passer un message à la communauté internationale
(Exemple : faire fi du passé et repartir sur des bonnes bases, un accord a été conclu,
etc.).
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I. L’établissement et la rupture des relations diplomatiques
Chaque Etat a un droit de légation, c’est le droit d’aller dans un autre pays, d’y
envoyer des représentants ou d’accepter sur son territoire les représentants
d’un autre pays. Il n’est imposé par personne, il se fait généralement de
consentement mutuel entre plusieurs pays qui veulent faire passer un message.
Son but est vraiment de négocier, représenter, protéger les intérêts, informer,
entretenir et développer des relations entre ces Etats.
Qui dit diplomatie, dit immunité diplomatique. Cela veut dire que les
diplomates, dans le cadre de leur travail, ont une immunité diplomatique. Elle
leur permet d’être libre dans leur mouvement ; ils ont une liberté de
communication, sans contrôle de l’Etat qui les reçoit ; leur personnel et leur
famille sont inviolables, ils ne peuvent être ni arrêtés, ni détenus ; les locaux
diplomatiques sont inviolables, les locaux de l’ambassade ne peuvent être
fouillés, envahis par les autorités de l’Etat qui accueille. Ils ont également une
immunité juridictionnelle : les membres de l’ambassade vont être jugés par
l’ambassade et pas par le pays qui les reçoit. Cette immunité est absolue ; peu
importe qu’elle s’exerce dans l’exercice de ses fonctions ou non. Par contre, en
contrepartie de ces immunités, les agents diplomatiques ont l’obligation de
respecter les lois et de ne pas intervenir dans les affaires intérieures de l’Etat qui
les accueille. Si un agent ne respecte pas cela, il pourrait être déclaré comme
persona non grata sur le territoire, et on pourrait lui ordonner de quitter le
territoire.
Le consul a lui un rôle plus administratif, il peut également être envoyé dans un pays
comme une ambassade. Son rôle administratif, contrairement à l’ambassadeur, est
également lié au commerce, mais ce ne sont pas des fonctions politiques. Exemple : il
délivre les passeports, VISA, protège les ressortissants d’un pays. Le consul est là
pour aider d’un point de vue administratif. Comme pour les relations diplomatiques,
les relations consulaires sont de commun accord. Un Etat accepte qu’un autre mette
un consulat sur son territoire, par contre, c’est indépendant de la mission
diplomatique. Il peut y avoir un consulat et pas d’ambassade. Il y a également des
immunités consulaires, mais contrairement aux immunités diplomatiques, elles sont
purement fonctionnelles ; elles ne portent que sur les actes accomplis dans le cadre
de leur mission. Il y a aussi une inviolabilité des bâtiments et des correspondances,
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mais de nouveau, uniquement réduites aux nécessités de la fonction, ce n’est pas de
manière générale.
Dès qu’un sujet de droit international public cause un dommage à un autre sujet de droit
international public, sa responsabilité va être engagée. Il faut la présence d’un élément
extérieur au pays. Il ne faut pas que ce soit entre 2 individus. Ici, on va se consacrer à la
responsabilité de l’Etat. Dès qu’un Etat va commettre un dommage, sa responsabilité
sera engagée au plan international. Cela évite certains Etats de commettre des
dommages internes. Cette responsabilité date du 19ème siècle mais n’a jamais été écrite.
Elle repose sur des jurisprudences, sur des règles coutumières, des principes de droit
international public mais pas forcément écrits. Contrairement au droit interne, les
sources se mélangent et se valent toutes.
a) Le fait générateur
I. L’origine de la responsabilité
L’illicéité de l’acte
Le fait doit être illicite, c’est-à-dire qu’il doit constituer une violation d’une
obligation en vertu du droit international. On prend les règles de droit
international (orales), s’il y a une violation, la responsabilité de l’Etat est
engagée. On ne peut pas dire « Moi dans mon pays cette norme n’existe
pas ». Tous les Etats doivent les respecter. Cela peut aussi être une
abstention fautive, le fait de ne pas faire, de ne pas réagir. Exemple :
personnel consulaire pris en otage à Téhéran. Les USA ont saisi la cour
internationale de justice qui a avoué la faute. L’Iran a violé cette règle
envers les USA. Par ses abstentions, l’Iran a eu sa responsabilité engagée.
L’auteur de l’acte
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d’expulsion arbitraire, alors que ce n’est pas l’Etat en tant que tel qui va
commettre ces traitements. L’Etat est juste en charge de ses policiers, etc.
Il va aussi être responsable des actes commis par des autorités militaires
en temps de guerre ou de paix. Il sera aussi responsable des agissements
de ses services secrets. Exemple : Rainbow Warrior. Les services secrets
français ont fait exploser un navire de Green Peace. La France a été
reconnue responsable des agissements des services secrets français.
L’Etat est aussi responsable de l’activité juridictionnelle (déni de justice =
ne pas juger). En revanche, l’Etat n’aura pas sa responsabilité engagée
pour des actes commis par des particuliers, sauf s’il n’a pas agi pour
réprimer ces comportements.
Il existe parfois des circonstances qui font que, même s’il y a un fait illicite, il
n’est pas considéré comme illicite. Vu les circonstances, on excuse cet acte
illicite, il devient licite. Ces circonstances sont :
Il faut qu’un droit ait été violé pour qu’une action puisse être faite. Il faut qu’il
y ait un intérêt. L’intérêt personnel doit être pris au sens large, il peut protéger
la communauté internationale. Si la norme résulte d’un traité, seuls les Etats
partis à ce traité pourront remettre en cause la responsabilité de l’Etat. Par
contre, si c’est une norme internationale, alors tous les Etats qui auraient un
intérêt juridique pourraient agir en responsabilité contre un autre Etat.
Exemple : génocide.
b) Le dommage
Pour qu’il y ait responsabilité, il faut un fait fautif et un dommage. Sans dommage, on
n’engage pas la responsabilité d’un Etat. L’Etat qui met en œuvre la responsabilité
d’un autre doit prouver que le dommage a bien été provoqué par le fait fautif (lien de
causalité).
I. Les caractéristiques
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Conditions relatives au dommage
Une organisation internationale peut être définie comme une association d’Etats constituée par
traités, dotée d’une constitution (de règles propres) et d’organes propres, et possédant une
personnalité juridique différente de celle de ses membres. Si on doit mettre la responsabilité de
l’UE en cause, ce sera celle de l’UE et pas celle de tous ses membres. C’est un sujet dérivé de
droit international car c’est un sujet qui n’existe que parce qu’il a été créé par un autre sujet de
droit international. À l’heure actuelle, c’est un sujet de droit international, mais qui n’a pas la
plénitude de compétences dont dispose l’Etat, elle a seulement les compétences qui sont
autorisées par les Etats qui l’ont créée.
Certaines ont des champs d’application internationaux, universels qui peuvent accueillir tous les
Etats (ONU). D’autres sont plutôt régionales, limitées à un territoire, tous les pays du monde ne
peuvent pas y adhérer (UE).
Les organisations internationales ont des compétences différentes. Certaines ont des objets
sociaux larges (ONU, la paix), d’autres ont des vocations plus restreintes (IRENA, l’agence
internationale des énergies renouvelables, le développement des énergies renouvelables). Elles
sont ensuite divisées entre les organisations internationales de coopération et d’intégration.
Celle de coopération va favoriser la coopération, la coordination entre les actions menées entre
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les Etats, mais sans abandon de souveraineté. Elle n’imposera pas de décisions aux Etats.
L’organisation internationale d’intégration, au contraire, va prendre la place des Etats dans les
domaines dans lesquels elle œuvre, va prendre des décisions qui vont s’imposer aux Etats. Les
Etats vont devoir abandonner une partie de leurs compétences en faveur de cette organisation.
Mais on ne peut forcer aucun Etat à le faire ! L’Etat a accepté cela au départ (l’UE). L’UE est
supérieure dans certains domaines par rapport à la loi belge, mais uniquement parce que la
Belgique a donné son accord au préalable.
2. L’ONU
A. Historique
Avant l’ONU, il y avait la Société des Nations, créée après la 1ère Guerre Mondiale car les Etats
s’étaient rendus compte que, seul, on ne peut pas faire face aux grandes puissances, il faut
s’unir pour être plus fort. La Société des Nations avait plusieurs problèmes, notamment, les
pays pouvaient en sortir trop facilement. Pendant la 2ème Guerre Mondiale, les Etats se sont
dit qu’il fallait titrer des leçons de la SN et ils ont donc créé l’ONU. Les prémices de l’ONU
remontent à 1941 (en pleine guerre), à ce moment, la déclaration du palais St James a été
signée. Presque tous les pays d’Europe songent à s’unir contre l’Allemagne et songent déjà à
l’après-guerre.
Ensuite, la déclaration des Nations unies fut signée en 1942. Elle fut d’abord signée par
Roosevelt et Churchill mais également par l’Union soviétique et par la Chine. C’est dans ce
document que l’on retrouve pour la première fois les termes « Nations unies ». Par la suite,
22 autres Etats vont signer ce document. C’est une très courte déclaration.
En 1943 eut lieu la conférence de Moscou, regroupant la Chine, les USA, l’URSS, le Royaume-
Uni, qui préconise la création d’une organisation internationale, chargée du maintien de la
paix et de la sécurité. C’est réaffirmé quelques mois plus tard lors de la conférence de
Téhéran, où on décide de réaffirmer cette nécessité de créer une organisation internationale.
Là, y prendront part le Royaume-Uni, les USA et l’URSS. Les années suivantes, on va agrandir
et aller dans le concret.
En 1944, la conférence de Dumbarton Oaks a permis à la Chine, aux USA, au Royaume Uni et
à l’URSS de rédiger les prémices de l’ONU actuelle. Ils se sont mis d’accord sur les objectifs, la
structure et le fonctionnement de cette organisation internationale. C’est une conférence qui
apporte un côté pratique, concret. À la suite de cette conférence, il y aura un projet écrit qui
sera soumis aux Etats qui avaient lutté contre la guerre avec eux. Ce projet prévoit 4 organes,
définit le rôle et la responsabilité de ces organes, on dit aussi que les Etats doivent mettre à
disposition des forces armées. Les militaires ne sont pas des militaires, ils ne font pas la
guerre, ils veulent des cessez-le-feu. C’est un des constats négatifs de la SN, elle n’avait pas
fonctionné parce qu’il n’y avait pas d’armée commune.
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La conférence de Yalta de 1945 va dans le concret et prévoit la procédure de vote au sein de
l’organisation internationale. C’est entre les USA, le Royaume Uni et l’URSS. Elle prévoit aussi
la convocation de la conférence de San Francisco, au cours de laquelle l’ONU sera créée.
C’est l’invitation aux autres Etats de rejoindre ce projet qui s’est concrétisé.
Le 24 octobre 1945, l’ONU est créée, c’est le jour de la signature de la charte. À la base, ils
étaient 50 + 1 (50 membres fondateurs + La Pologne qui n’était pas là lors de la conférence),
maintenant ils sont 193 membres + des Etats observateurs. Le siège de l’ONU est à New York.
Le budget ordinaire de l’ONU est de 5 milliards de dollars chaque année. Il y a aussi un
budget extraordinaire (opérations du maintien de la paix et du fonctionnement des tribunaux
présents temporairement) chiffré à environ 7 milliards de dollars par an. Ce budget est divisé
entre les Etats. Les Etats-Unis donnent 22%, la France en dessous de 5%.
B. Organes
1°. L’Assemblée générale
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Le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale sur recommandation du
Conseil de sécurité pour une durée de 5 ans. Le nombre de mandats n’est pas limité dans
le temps, mais jusqu’à présent, il n’y a jamais eu plus de 2 mandats d’affilée.
Actuellement, le Secrétaire général est le portugais António Guterres. En 2001, c’était
Kofi Annan qui a reçu le prix Nobel de la Paix. C’est l’incarnation des idéaux, il représente
les idéaux des Nations unies, il fait aussi attirer l’attention du conseil de sécurité. Il a une
marge d’action assez importante, tout en respectant les valeurs des Etats, il va toujours
agir dans le respect de l’Etat, tout en respectant les idéaux de l’ONU. Il va jouer un rôle
de bon office (rôle de médiateur qui va proposer une solution). Il peut prendre la parole
publiquement pour faire connaître la position des Nations unies dans les conflits
internationaux.
C’est l’organe judiciaire principal des Nations unies qui fonctionne depuis 1946. Elle
remplace la Cour permanente de justice internationale qui avait été créée par la Société
des Nations. Elle siège à La Haye. Elle est composée de 15 juges élus pour 9 ans (5
nouveaux tous les 3 ans) par l’assemblée générale et le conseil de sécurité. Parmi ces
juges, il y toujours un juge ayant la nationalité des 5 Etats permanents. Lorsqu’il était
question d’un dossier pouvant être sensible, s’il n’y avait pas un juge qui pouvait aider
parmi les 15 juges, on peut désigner un juge ad hoc. C’est un juge susceptible de
connaître la réalité de cet Etat. Le juge ad hoc va éclairer, apporter un point de vue
concret sur la situation de cet Etat. Il peut avoir la même nationalité, religion, ethnie, que
l’Etat.
La Cour a 2 missions :
Il avait été constitué lorsqu’il y avait encore des territoires colonisés et il avait été créé
pour sortir 11 territoires de la colonisation et pour les mener à l’indépendance. Il était
composé d’un représentant des 5 membres permanents. Depuis 1994, plus aucun de ces
territoires n’est colonisé, donc le Conseil de tutelle ne fonctionne plus actuellement.
On ne s’attardera plus sur les organes de l’ONU mais plutôt sur des autres institutions,
organes, fonds, qui dépendent de l’ONU sans être pour autant des organes principaux.
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1°. Le maintien de la paix et de la sécurité internationale
Rôle de prévention : on aura recours à la diplomatie, aux bons offices (aller sur
place et prendre un rôle actif, apporter des solutions pratiques dans des
négociations), ou à la médiation (aller sur place, écouter et tenter de dégager
une solution, un accord avec les partis). L’organisation privilégiera des envoyés
spéciaux (sur place) avec des missions politiques sur le terrain.
Rôle de maintien de la paix : ça inclut la protection des civils, l’aide à la remise
en place d’un pouvoir politique (après une dictature, un coup d’Etat), l’aide au
désarmement, l’aide à la réintégration d’ex-soldats, l’instauration d’un Etat de
droit (démocratie), l’extension d’une autorité légitime d’un Etat (reconnaître un
Etat en tant que tel). Il y a des opérations de maintien de la paix qui sont menées
dans les pays, elles doivent toujours être autorisées par le Conseil de sécurité de
l’ONU parce qu’elles vont souvent à l’encontre du principe d’ingérence d’un Etat.
Parfois, les Etats demandent eux-mêmes une intervention, mais la plupart du
temps, c’est l’ONU qui décide sans avoir reçu l’accord de l’Etat. Dans ce cas, on
peut passer outre le droit de non-ingérence, mais il faut que ce soit consenti par
le Conseil de sécurité de l’ONU.
Comment se passent les opérations de maintien de la paix ? Il y a l’intervention
des casques bleus. Ce ne sont pas des soldats, ils n’interviennent pas pour se
battre, pour prendre parti, ils agissent pour essayer de maintenir ou de restaurer
une paix, et pour obtenir un cessez-le-feu. Ces casques bleus sont des forces de
l’ordre envoyées par chaque Etat membre qui le décide. Ce n’est pas une réelle
armée commune, mais bien des soldats de la paix. Il y a actuellement 13
opérations de maintien de la paix sur un total de 71 depuis 1948.
Rôle de consolidation de la paix : cela vise à aider les pays qui viennent de sortir
d’un conflit, à leur éviter de replonger dedans. Ça les aide à leur organiser une
paix durable. Cette consolidation de la paix est prise en charge par la Commission
de consolidation de la paix, par le Fonds pour la consolidation de la paix, et par le
Bureau d’appui à la consolidation de la paix. Il y a également la lutte contre le
terrorisme. Des textes ont été élaborés par l’ONU, notamment le dernier en
2006 « La stratégie anti-terroriste mondiale des Nations unies ». C’est la
première fois que les Etats membres conviennent ensemble d’un cadre commun
dans la lutte contre le terrorisme. Il y a aussi le désarmement, c’est l’Assemblée
générale, avec le soutien du bureau des affaires de désarmement, qui travaille
sur le désarmement et sur la non-prolifération des armes (nucléaires, chimiques,
biologiques, ainsi que toute autre arme de destruction massive). Ceci est fait
toujours dans le but de promouvoir cet objectif de paix et de sécurité.
Elle est, depuis le début, un des objectifs principaux. Elle est remplie par deux types
d’action :
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3 autres textes : la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif
aux droits économiques, sociaux et culturels.
Le travail de terrain : il est fait par le Haut-Commissariat des Nations unies aux
droits de l’Homme. Il a pour rôle de se prononcer sur des situations des droits de
l’Homme dans le monde, et surtout lorsqu’il y a des violations, il va examiner ces
violations et présenter des rapports sur ces violations.
Il y a également le Conseiller spécial pour la prévention du génocide qui va être
chargé d’apporter des informations sur les causes d’un génocide, d’alerter
lorsqu’il y aurait un risque qu’un génocide se déroule et de mobiliser des
ressources pour éviter qu’un génocide n’arrive et ne perdure.
Il y a aussi le Conseil des droits de l’Homme qui a été créé en 2006. Il remplace la
Commission des droits de l’Homme. C’est un organe inter-gouvernemental des
Nations unies qui agit de façon indépendante dans le domaine des droits de
l’Homme. Il y a, au sein de ce conseil, des experts indépendants qui examinent
des situations problématiques pour les droits de l’Homme, qui vont alerter,
rendre des rapports (publics) et donner des recommandations. Il y a 47 membres
et 15 ont été élus récemment. On en a parlé car la Russie a été réélue et la Chine
également. Or, la Chine fait subir aux Ouïghours des horreurs, et donc ça remet
en cause sa place au sein de cet organe, étant donné qu’elle viole elle-même les
droits de l’Homme. Cela peut paraître choquant, mais c’est réellement pour que
le dialogue ne soit pas coupé.
L’ONU a été créé après la 2ème Guerre Mondiale avec pour but, notamment, d’aider à la
reconstruction de tout ce qui avait été ravagé. L’idée est la même actuellement : l’ONU
vient en aide à des pays, des régions qui ont été dévastés. Il intervient que ce soit pour
cause de conflit mais également pour les catastrophes naturelles. Le Bureau de la
coordination des affaires humanitaires est le responsable de la coordination de l’action
humanitaire.
Il y a également le Fonds central d’intervention d’urgence, qui est le mécanisme de
financement lors des situations de crise (pour recueillir de l’argent et le remettre à profit
pour les Etats impactés). Il va aussi aider financièrement les agences humanitaires sur
place, sans attendre les contributions des donateurs.
Pour l’assistance humanitaire, il y a également : l’Agence des Nations unies pour les
réfugiés, l’UNICEF (enfance), l’OMS (action sanitaire d’urgence).
Ce n’est pas un objectif qui existait au moment de la création de l’ONU, il est arrivé au fil
des années. Les Etats reconnaissent aujourd’hui que le développement durable doit avoir
sa place dans l’amélioration des vies humaines. L’ONU adopte des programmes, le
dernier avec des ambitions pour 2030. Il y a différents fonds, organismes qui travaillent
pour le développement durable : le programme des Nations unies pour le
développement, qui travaille avec les populations pour aider à faire face aux crises et
pour améliorer la vie de la population. Il y a aussi l’OMS, l’UNICEF, l’UNESCO (éducation,
science et culture).
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Les Nations unies font l’objet de beaucoup de réactions négatives. On reproche les 5 grandes
puissances. On reproche que certains Etats membres ne respectent pas les droits de l’Homme
mais font quand même partie de l’ONU. Aussi, on reproche que l’ONU ne puisse rien faire dans le
conflit israélo-palestinien. On reproche également le fait de prévoir le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes, alors que certains pays au sein de l’ONU ont le pouvoir sur une minorité
ethnique de leur pays. N’oublions pas que si l’ONU n’existait pas, ce serait encore pire.
3. L’Union européenne
A. Historique de l’UE
L’UE a été créée suite à la 2ème Guerre Mondiale dans l’idée de dire ensemble on est plus
forts. C’est dans le but d’éviter de nouvelles atrocités, de faire bloc contre les grandes
puissances et de se mettre ensemble pour reconstruire. Elle est fondée sur des Etats de droit,
c’est-à-dire que toutes les compétences de l’UE reposent sur l’accord des Etats membres. Ils
acceptent de rentrer dans l’UE, ils n’y sont pas forcés. C’est une organisation de coopération,
c’est-à-dire qu’elle va prendre la place des Etats membres pour décider. Elle a de nombreux
domaines de compétence. Dans ce domaines-là, les Etats vont accepter de restreindre leur
pouvoir au profit de l’UE. C’est vraiment une volonté des Etats de céder une partie de leur
pouvoir, une partie de leur souveraineté, dans l’idée de collaborer ensemble. Elle n’a que les
compétences qu’on lui donne. Elle est en évolution depuis sa création (beaucoup plus de
pays en font partie). Elle a une assez grande influence, elle gère de nombreux domaines dont
on ne se rend pas compte.
Le projet débute après la fin de la 2ème Guerre Mondiale. Il faut reconstruire l’Europe sur les
plans économique et humain. C’est ce qui conduit Robert Schuman, le ministre français des
affaires étrangères, à prononcer le 9 mai 1950 la déclaration de Schuman. Par cette
déclaration, il appelle d’autres pays européens à collaborer avec lui. Pour lui, la collaboration
doit avoir lieu, à ce moment-là, dans 2 domaines : l’acier (fabrication d’armes) et le charbon
(pour reconstruire ce qui a été détruit).
En 1957, les 6 pays souhaitent une collaboration plus forte. Ils vont donc étendre leur
pouvoir à d’autres domaines et signer 2 nouveaux traités. D’abord, le traité de la
Communauté économique européenne (CEE). C’est la première fois que les pays vont dire
qu’il faudrait une économie commune, à côté de leurs économies propres. Il va aussi
agrandir la coopération dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, de la politique
portuaire et du transport. Le 2ème traité c’est le traité Euratom. Il s’agit d’une collaboration
dans le domaine de l’énergie atomique.
Dans les années 60, il y aura un double constat. D’un côté, il y a un constat de succès. De
l’autre, ces 6 pays ne souhaitent plus restreindre leur souveraineté. Ils ne veulent plus
diminuer leurs compétences au profit de l’organisation.
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En 1979, les citoyens des communautés européennes votent pour la première fois pour les
membres du Parlement européen. C’est fait dans le but que les citoyens des Etats membres
se sentent également citoyens européens.
En 1986, l’Acte unique européen est créé en vue de créer un marché unique d’ici 1992-1993.
C’est-à-dire que les 12 Etats membres décident de créer un marché unique. Ils décident que
les frontières seront abrogées pour la circulation liée au commerce. Une autre collaboration
est mise en place en ce qui concerne la politique environnementale et scientifique.
En 1992, c’est la première fois que l’on désigne cette communauté par le terme « Union
européenne », par le traité de Maastricht. À ce moment, les Etats décident de collaborer
davantage sur les plans économique et politique. Ils décident d’une collaboration
économique renforcée et décident de travailler pour adopter une devise commune, ce qui
mènera à l’Euro.
En 1993, il y a l’ouverture des frontières intérieures au sein de l’UE. Cela ne concerne plus
uniquement les marchandises mais également les personnes. Un citoyen de l’UE ne se fera
pas contrôler s’il voyage au sein de celle-ci. Si un étranger à l’UE y rentre, il sera contrôlé
lorsqu’il rentrera dans l’UE mais plus au sein de celle-ci par la suite. Il est possible de
réinstaurer des contrôles aux frontières, mais uniquement pour des raisons graves
(terrorisme, protection sanitaire).
En 1995, 3 nouveaux pays rejoignent l’UE : la Suède, la Finlande et l’Autriche. L’UE compte 15
Etats membres. La Norvège tente une seconde tentative mais les citoyens s’y opposent
encore.
En 1997, le Traité d’Amsterdam est conclu entre les membres de l’UE. C’est un traité qui a
été mis en place en se disant que l’UE allait encore s’agrandir et que donc, il fallait qu’il y ait
une réforme au niveau des votes. Jusque-là, c’était l’unanimité qui était souvent requise. Ce
fut une réforme pour essayer changer ce processus décisionnel, mais qui n’a pu aboutir.
En 2002, l’Euro est introduit. Le système bancaire avait déjà intégré l’Euro depuis 1999 mais
la monnaie fut utilisée pour la première fois le 1er janvier 2002. La Banque européenne fut
mise en place. Elle est chargée d’éditer et de surveiller l’Euro. Certains Etats avaient choisi de
ne pas adhérer à l’Euro (Royaume-Uni, Danemark, Suède).
En 2004, il y eut une grande explosion de nouveaux pays : 10 pays ont été admis au sein de
l’UE : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, la
Hongrie, la Slovénie, Malte et Chypre. On compte alors 25 membres.
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En 2004, il y a une 3ème tentative de Constitution européenne, par laquelle les Etats membres
vont essayer de mettre en place une Constitution européenne, notamment avec la réforme
du processus décisionnel, mais pas seulement. Cette constitution va encore plus loin au
niveau de l’abandon des pouvoirs au profit de l’UE, donc les Etats membres voulaient
l’adhésion de leurs citoyens sur cette constitution. Les Etats ont souvent fait des
referendums. La France et les Pays-Bas ont voté contre, donc elle n’a pas pu être mise en
place. Cela a mené à une crise de l’UE.
En 2007, la Bulgarie et le Roumanie rejoignent l’UE. Il y a aussi le Traité de Lisbonne qui met
fin à la crise. Les partis arrivent enfin à se mettre d’accord sur le fonctionnement des
institutions de l’UE, et donc sur le processus décisionnel. Le Traité de Lisbonne a créé l’UE
telle qu’on la connaît aujourd’hui.
De nouveaux candidats sont déjà prêts à rentrer dans l’UE, mais l’ancien président de la
Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait dit, au moment de son mandat, qu’il n’y
aurait pas de nouvelles adhésions. Ce n’est plus lui depuis 2019, donc il devrait y avoir de
nouveaux membres d’ici 2025. Les candidats officiels sont : la Turquie (qui ne répondrait plus
aux conditions, donc ce n’est pas sûr qu’elle puisse rentrer), la Serbie, la Macédoine, le
Monténégro et l’Albanie. D’ici 2025, ce serait à priori la Serbie et le Monténégro qui
rejoindraient l’UE. D’autres pays ont dit qu’ils souhaitaient rejoindre l’UE mais pour lesquels
les négociations n’ont pas commencé : la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo.
Petit quizz :
B. Compétences de l’UE
L’UE a vraiment changé nos vies, a eu un impact plus grand que ce que l’on pense. Exemples :
les normes de sécurité des smartphones, la garantie minimale de 2 ans sur les objets, les frais
de roaming, la sécurité sociale (impose qu’un travailleur qui travaille à temps plein doit avoir
minimum 20 jours de congés payés par an), la composition des aliments et des produits de
beauté, etc.
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L’ouverture des frontières : le marché unique a été créé et les frontières entre
les pays de l’UE ont été ouvertes le 1er janvier 1993. On parle bien de la libre-
circulation des marchandises, des travailleurs, des services, des capitaux, tout ce
qui concerne le monde commercial (pas besoin de permis de travail, taxes
harmonisées des services par l’UE).
L’espace Schengen : il est entré en vigueur en 1995, c’est la libre-circulation des
personnes, pas dans un cadre de travail. On peut se déplacer librement au sein
de l’espace Schengen quand on est citoyen d’un pays de l’UE. Un étranger à l’UE
peut également voyager librement au sein de l’UE lorsqu’il obtient un visa pour
un pays de l’espace Schengen. Cet espace correspond en grande majorité aux
Etats de l’UE mais pas seulement et pas dans l’entièreté : l’Irlande et la Grande-
Bretagne ne faisaient pas partie de l’Espace Schengen. Au contraire, la Suisse, la
Norvège et le Lichtenstein ne font pas partie de l’UE mais adhèrent à l’espace
Schengen.
L’Euro : il est rentré en fonction le 1er janvier 2002.
La question se pose toujours pour savoir si une décision doit venir de l’UE ou d’un Etat
membre, si c’est lui qui est plus à même de prendre cette décision. Il faut savoir que si
l’UE prend une décision dans un domaine, la Belgique doit s’y soumettre. Voici les
domaines dont l’UE se charge :
C. Institutions de l’UE
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européen et la Cour de justice de l’UE. Les 3 premières s’occupent du processus décisionnel.
Le Conseil européen est l’organe directionnel. La Cour de justice de l’UE est la gardienne
juridique de ce droit européen. Il existe une 6ème institution qui est un peu à part car elle n’a
rien avoir avec les décisions, c’est la Banque centrale européenne. Il y a aussi 2 organes
spécialisés : l’un représente les régions, les particularités locales ; l’autre regroupe des
personnes spécialisées dans ces 2 matières (économique et sociale).
Il est co-législateur = il crée les lois avec le Conseil des ministres sur base des
propositions de lois de la Commission européenne.
Il représente avec le Conseil des ministres l’autorité budgétaire de l’UE et à ce
titre il va participer à l’élaboration du budget.
Il contrôle la Commission européenne pour voir si elle exécute correctement ses
missions.
Les parlementaires siègent non pas par pays mais par parti politique. Ils vont prendre des
décisions sur base de leur parti et pas sur base de leur pays. Quand on vote tous les 5
ans, on vote pour les parlementaires européens. Ils se réunissent une semaine par mois à
Strasbourg pour la séance plénière et, le reste du temps, ils se réunissent à Bruxelles,
pour d’autres séances plénières ou pour des commissions (groupes de travail,
thématiques) (Exemple : commission agriculture, commission transport). Le secrétariat
se situe au Luxembourg.
Il regroupe les ministres des différents Etats membres (1 par Etat), le ministre sera
toujours le plus concerné en la matière (Exemple : ministre du transport, de
l’environnement, etc.). Pour un pays comme la Belgique, il y a plusieurs ministres pour
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l’enseignement par exemple, donc ils doivent choisir et n’en envoyer qu’un seul (tour de
rôles). Le Conseil est divisé en formations (affaire étrangères, enseignement, jeunesse,
culture, etc.) qui se réunissent en fonction de la décision à prendre. Il effectue deux
tâches importantes :
Elle compte aujourd’hui 27 commissaires, un par Etat membre. Ce sont des commissaires
constamment en train de travailler pour l’UE, chacun est responsable d’un domaine
particulier. Par analogie, on peut dire que la Commission européenne est comme le
« gouvernement » de l’UE.
Elle a un droit d’initiative, elle peut faire des propositions de loi (soumises au Parlement
et au Conseil de ministres), elle est à l’origine d’une loi.
Elle a un pouvoir exécutif, c’est elle qui va exécuter les décisions du Conseil des ministres
et du Parlement européen. Elle est à l’initiative des lois et les fait exécuter par la suite. À
ce titre, on peut dire qu’elle assure la gestion quotidienne de l’Union.
Elle dispose d’un droit de contrôle, elle pourra contrôler si les Etats membres et si les
entreprises figurant dans ces Etats respectent les règles européennes.
Elle représente l’UE dans des institutions internationales (comme l’organisation mondiale
du commerce). Ses commissaires ne représentent ni leur pays, ni leur couleur politique,
mais bien l’intérêt de l’UE. La Commission prendra des décisions conformément aux
grands principes que souhaite défendre l’UE. C’est un organe neutre.
Elle compte 27 juges, un par Etat membre, et des avocats généraux, qui n’ont pas le
même sens que les avocats généraux en Belgique. Ici, ils aident à préparer les dossiers
alors qu’en Belgique, ils sont des représentants du parquet, substituts du procureur du
roi. Elle a deux rôles :
Un rôle consultatif : les organes de l’UE peuvent la consulter pour demander une
interprétation sur des traités, des textes européens, des choses qui ne seraient
pas claires.
Un rôle juridictionnel : là, elle peut être saisie par les institutions, par les Etats
membres ou même par des citoyens de l’UE.
21
Elle a rendu d’importantes décisions. Exemple : le droit aux congés payés est un droit et
même si le travailleur ne le sollicitait pas, l’employeur devrait d’office lui donner. Elle a
également annulé un monopole étatique en Hongrie, pour le système de paiement
mobile.
En abrégé on l’appelle aussi BCE. Attention, en Belgique on parle aussi de la BCE mais
cela signifie « Banque carrefour des entreprises ». Elle est responsable de la politique
économique et monétaire de l’UE. Elle va déterminer les grandes lignes directrices au
niveau monétaire et de la gestion de l’Euro. Elle va veiller à la stabilité des prix dans la
zone Euro. Elle va aussi vérifier l’évolution des prix, elle va émettre les Euros, elle va
déterminer le taux d’intérêt commun à l’UE et elle va également exercer une tâche de
contrôle des banques. Elle a ce rôle de contrôle indépendant des grandes banques qui se
situent au sein de l’UE. Elle est complètement indépendante, elle n’agit pas dans l’intérêt
de partis politiques ou d’Etat, mais elle intervient dans l’intérêt de l’UE.
La Commission européenne soumet une proposition de loi, soit de sa propre initiative, soit à
la demande du Parlement européen, du Conseil européen ou du Conseil des ministres, ou
cela peut aussi émaner d’une initiative citoyenne (il faut qu’il y ait plus d’1 million de citoyens
provenant d’au moins 7 pays de l’UE, un pays détermine un nombre de votes nécessaire pour
faire partie d’un de ces 7 pays). La Commission décide si elle accepte la proposition de loi.
Cette proposition va ensuite passer au Conseil des ministres et au Parlement européen.
Ceux-ci vont éventuellement l’amender, l’adapter et la voter. Si elle est votée, la loi est
créée. Finalement, ça retourne à la Commission européenne, pour qu’elle veille à l’exécution
de cette loi. La Cour de justice intervient aussi : elle peut interpréter la loi et on peut la saisir
si on voit que la loi européenne n’est pas respectée.
Il y a deux types de lois qui sont créés par l’UE : les règlements et les directives.
Les règlements : ils s’appliquent directement dans la législation des Etats membres,
recopiés dans le droit national, sans aucun changement, pas de transposition.
Les directives : ce sont des lois qui sont votées au niveau européen mais pour
lesquelles on demande qu’elles soient transposées au niveau de la loi nationale. Il
doit y avoir une nouvelle loi au niveau national, qui se base sur la directive et
l’appliquant dans le droit de l’Etat membre. La directive laisse la possibilité de
l’amender. Elle ne doit pas être adoptée en tant que telle.
4. Le conseil de l’Europe
A. Notions
Il a été créé après la 2ème Guerre Mondiale et c’est parti de la même impulsion que l’UE. Il a
été créé le 5 mai 1959. Il siège à Strasbourg. On y compte 47 membres. Il y a aussi 6 Etats
observateurs. Ses objectifs sont de favoriser la démocratie, le respect des droits
fondamentaux, la défense du patrimoine culturel et de sa diversité. Pour qu’un Etat y soit
admis, il doit respecter les Droits de l’Homme. Par exemple, le Portugal et l’Espagne n’ont
pas pu en faire partie lorsque c’étaient des dictatures. D’autres pays sont interpelés quand ils
ne respectent pas ces droits. Il y a plusieurs organes :
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Le Comité des ministres : c’est l’organe décisionnel, il est composé des 47 ministres
des Etats membres. Il y a toujours le Conseil de ministre qui travaille constamment
(les ambassadeurs et les délégués). Les ministres, eux, n’y vont que pour des
réunions spéciales.
L’Assemblée parlementaire : elle regroupe des parlementaires de chaque Etat
membre, ils sont plus de 600 parlementaires (nationaux). Elle est responsable de la
coopération européenne, elle donne les lignes directrices et établit les marches de
conduite du Conseil de l’Europe.
Le Secrétariat général : il regroupe des fonctionnaires (+ de 1800), il fait tourner, il
fait l’intendance, l’administratif du conseil de l’Europe. Il a à sa tête le Secrétaire
général (un Croate actuellement), élu pour 5 ans. Celui-ci représente vraiment le
Conseil de l’Europe, il est le porte-parole, l’image médiatique.
Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux : le congrès est responsable de
l’objectif de garder la diversité culturelle, de mettre en valeur cette diversité, il sera
le porte-parole des régions, des particularités culturelles.
D’autres organismes ont aussi été créés dans des domaines spécifiques :
La Cour européenne des droits de l’Homme a pour mission de faire respecter la Convention
européenne des droits de l’Homme ainsi que ses protocoles additionnels. Elle peut être saisie
par un Etat, un individu, un groupe d’individus et une ONG. La Cour est compétente que les
individus qui la saisissent soient ressortissants des Etats membres ou non, si est mise en
cause une prétendue violation d’un Etat parti. Elle siège à Strasbourg de manière
permanente depuis 1968.
B. Quelques droits défendus par la Convention européenne des Droits de l’Homme et des
libertés fondamentales et interprétés par la cour européenne des Droits de l’Homme
Article 2 : Le droit à la vie. Le droit à la vie est un droit fondamental qui ne peut
subir d’exceptions même en cas de situation exceptionnelle. Cependant, elle
n’interdit pas la peine de mort. La mort ne peut être infligée que si elle résulte de
la légitime défense, pour une arrestation régulière ou pour empêcher l’évasion
d’une personne régulièrement détenue, ou pour réprimer une émeute. Les Etats
doivent tout faire en amont pour sauvegarder ce droit à la vie. Elle envisage
cependant la peine de mort. Cela doit être à l’issue d’un procès et la législation
d’un pays doit avoir prévu cette sentence pour le crime commis. La Convention
n’a pas été changée. Toutefois, le but de la Convention est qu’un maximum
23
d’Etats y adhèrent, donc quand ce sont pour des sujets sensibles, la Convention
renvoie aux législations des Etats ou alors elle propose des protocoles
additionnels, dans ce cas-ci, qui interdisent la peine de mort. Tous les Etats ne
vont pas forcément adhérer aux protocoles.
Un premier protocole prévoit, en 1983, l’abolition de la peine de mort (sauf en
temps de guerre) (il n’a pas été signé par la Russie), et un second a été signé en
2002 en réaffirmant l’abolition de la peine de mort et ce en tout temps.
Par rapport au droit à la vie, on avait abordé la question de l’avortement. La
convention ne se positionne pas par rapport au début de la vie. Si l’embryon est
vivant et viable, alors c’est difficilement compatible. Parfois, on dit que la vie
commence à la conception, mais la Convention ne se positionne pas là-dessus.
Elle n’a pas précisé à partir de quand la vie existait. Elle s’abstient de répondre et
renvoie aux législations des pays. C’est un sujet propre aux religions, aux mœurs
de chaque pays. Si la législation du pays le permet, l’avortement doit être
effectué. Si ce n’est pas le cas, la Convention condamne l’Etat qui n’a pas su
protéger ce droit à l’avortement.
Qu’en est-il de la question de l’euthanasie ? La Cour a déjà été saisie d’un arrêt :
le droit à la vie entraîne-t-il le corolaire du droit à la mort ? La Cour dit que le
droit à la vie n’implique pas le droit à la mort. Elle a refusé l’euthanasie d’une
dame souffrante. C’est pareil que pour l’avortement, elle renvoie aux législations
nationales. La Cour peut cependant interdire l’acharnement thérapeutique,
notamment nourrir et hydrater artificiellement, si la personne le désire.
Article 3 : L’interdiction de la torture. Il interdit la torture, les peines inhumaines.
C’est un arrêt de la Cour de 1978 qui précise les notions de traitement
inhumain/dégradant et de torture. Un traitement, pour qu’il soit pris en compte
par l’article 3, ça doit être un mauvais traitement qui atteint un certain degré de
gravité. On va tenir compte au cas par cas d’un ensemble de choses. Pour une
gifle, cela dépend du contexte, elle peut être considérée comme traitement
dégradant ou non. On tient compte de l’âge de la personne, de l’auteur (lien de
supériorité de l’auteur, à école par exemple, en milieu carcéral ou policier), la
personnalité de la victime, le sexe, l’état de santé. Ces éléments permettront de
décider si le traitement a atteint un certain niveau de gravité pour être qualifié
d’inhumain/dégradant ou pas. Une peine d’emprisonnement à perpétuité en
excluant toute possibilité de sortir avant, sans qu’il soit possible dans la
législation, cela peut être considéré comme traitement inhumain.
Il fait la différence entre traitement inhumain et dégradant. Le traitement
inhumain est un traitement qui va créer de véritables lésions (physiques ou
morales) voire des troubles psychiques. Le traitement dégradant est un
traitement qui crée des sentiments de peur, d’angoisse et surtout d’infériorité,
un traitement donné dans le but d’humilier une personne. La torture, ça doit
être un traitement inhumain ou dégradant mais d’une intensité encore plus
forte.
Article 4 : L’interdiction de l’esclavage et du travail forcé. Lorsque quelqu’un est
soumis sans avoir la possibilité de changer sa condition. On peut également
considérer des mariages forcés comme de l’esclavage, du travail forcé. Il faut
aussi des contraintes physiques ou morales. Des stages peu ou non rémunérés
ne sont pas considérés comme travail forcé.
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Article 5 : Le droit à la liberté et à la sûreté. Le droit à la sûreté c’est le droit de ne
pas être arrêté et détenu arbitrairement. Des conditions légales doivent être
respectées pour pouvoir mettre quelqu’un en prison. La personne doit avoir la
possibilité de faire un recours. Il y a quand même des exceptions, lorsque la
sécurité publique le justifie. La durée de la garde à vue ne doit pas être excessive,
4 jours et 6h c’est beaucoup trop long. La détention provisoire ne peut pas durer
au-delà de la stricte nécessité (2 ans est une période beaucoup trop longue).
Quand on est privé de sa liberté, on doit toujours pouvoir être informé des
raisons de son arrestation et des accusations portées contre nous dans une
langue que l’on comprend. On doit avoir la possibilité de toujours contester cette
mesure de privation de liberté.
Le droit à la liberté sous-entend la liberté d’aller et venir. Une personne qui se
trouve sur le territoire d’un Etat membre de la Convention peut circuler
librement et peut choisir de s’établir dans n’importe quel pays. C’est aussi prévu
par l’espace Schengen. Cette liberté peut quand même être soumise à des
restrictions, pour autant qu’elle soit nécessaire à la sécurité, limites prévues pour
les étrangers (non-nationaux de l’Europe) : les Etats ne doivent pas forcément
pouvoir les accueillir et leur permettre de rester sur le territoire (raisons de
surpopulation). La Cour laisse décider l’Etat de sa politique d’accueil des
étrangers. Une mesure d’expulsion est une mesure qui ne peut être prise qu’en
dernier recours après que la personne étrangère a pu faire valoir ses arguments.
L’expulsion doit toujours être prise au cas par cas.
Article 6 : Le droit à un procès équitable. Ça implique que chaque personne a la
possibilité de préparer sa défense et de savoir ce qu’on lui reproche pour la
préparer adéquatement, de présenter sa défense, d’être entendue. Cela
implique la publicité des débats et de la prononciation du verdict. Il implique
d’être jugé dans un délai raisonnable. L’impartialité des juges est nécessaire !
Cela implique le droit d’accès à un tribunal, qu’on soit national ou pas, et le coût
de la procédure ne doit pas être excessif. Ça implique aussi le droit à la
présomption d’innocence et le droit à l’assistance d’un interprète.
Article 8 : Le droit au respect de la vie privée et familiale. Cela inclut également le
droit au respect de son domicile et de sa correspondance. Cela concerne la vie
privée personnelle, le respect du domicile (les expulsions doivent être
exceptionnelles). Maintenant, il y a aussi le droit à vivre dans un environnement
sain. Cela implique une collecte des déchets, des mesures contre la pollution,
contre des usines. Ça inclut le secret des correspondances, c’est-à-dire tout
moyen de communication (lettre, téléphone, courriel, etc.) ainsi que le secret des
correspondances des détenus (conversations orales secrètes au parloir et
communication écrite avec contrôle léger).
Concernant le droit à l’image : les Etats doivent sanctionner les violations à ce
droit, la violation des personnes même si elles ont des métiers publics.
Concernant le droit au respect de ses données personnelles : la communication
des données personnelles doit être limitée.
À côté de la vie privée personnelle, il y a la vie privée en relation avec les autres,
sociale, élargie. Ça implique la liberté de la vie et de l’identité sexuelle, la liberté
du choix et de l’orientation sexuelle. Elle imposait la rectification de l’identité
civile.
Concernant le droit au mariage, il existe un délai par rapport à un divorce et un
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second mariage mais un délai de 3 ans est considéré comme trop long.
Le droit à une vie familiale : les enfants nés hors-mariage et les enfants nés d’un
mariage n’avaient pas les mêmes droits.
La vie familiale des étrangers : pouvoir être regroupé, fonder un noyau familial
dans un pays de la Convention.
Droit de gestation pour autrui.
Droits sociaux (congé parental).
Article 9 : La liberté de penser, de conscience et de religion. Nul ne peut être
inquiété pour ses opinions. Tout le monde a le droit d’agir en fonction de ses
opinions, notamment, les pays dans lesquels le service militaire est encore
obligatoire doivent prévoir quelque chose de similaire, un service civil pour les
personnes dont ce n’est pas les convictions de faire partie de l’armée. Il y a le
droit de choisir sa religion, la liberté de la religion. Ça implique le droit d’avoir ou
pas une religion, de changer de religion, le droit de manifester sa religion et ça
inclut notamment le droit à porter des signes religieux sur son lieu de travail, en
sachant quand même que la Cour dit que ça doit être compatible avec les
conditions de travail. Exemple : le port d’une croix est compatible avec la
profession d’hôtesse de l’air, mais est incompatible avec celle d’infirmière pour
des raisons d’hygiène et de sécurité dans un hôpital. Par rapport au port du voile,
la Cour laisse une marge d’appréciation importante aux Etats, tout en leur
permettant d’interdire le port du voile dans les établissements scolaires, sur base
du principe de laïcité. Par exemple, en France, des élèves refusaient de retirer
leur voile pendant le cours d’éducation physique, et ils ont été renvoyés de
l’école. Ils sont allés devant la Cour pour dénoncer une entrave à leur liberté de
religion. Mais la Cour a estimé qu’il n’y avait pas de violation de l’article 9, qu’il
était possible d’interdire le port du voile, notamment dans le cadre du cours
d’éducation physique. Il peut y avoir néanmoins des limites à la liberté de
religion quand c’est nécessaire pour la sécurité ou la santé publique. Par
exemple, l’interdiction de l’abattage rituel des animaux (en France), ou encore
les lieux de culte fermés en raison du Coronavirus.
Article 10 : La liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion, la
liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées. Cela inclut
que le public peut recevoir des informations, les informations peuvent être
communiquées au nom de l’intérêt public, notamment les journalistes ont le
droit à la liberté d’expression, et pour la sauvegarder, ils ont droit à la protection
des sources journalistiques. Il est aussi prévu que les organes de presse ne
peuvent jamais subir des ingérences de l’Etat. Certains pays demandent de lire
les informations avant qu’elles soient publiées, mais ça, la Cour n’autorise pas. La
Cour a aussi dit que dans le cadre de l’Assemblé parlementaire, la liberté
d’expression des élus était très élargie. La Cour prévoit tout de même des
limitations, pour toujours sauvegarder un autre intérêt. Par exemple, pour la
sécurité nationale, on peut limiter la liberté d’expression si quelqu’un profère
des propos injurieux contre une personne, des propos qui incitent à la violence.
Dans ce cas, on pourrait condamner cette personne à quitter son compte ou à
supprimer ses propos car c’est une invitation à la haine contre une personne. On
peut aussi la limiter pour protéger la morale, par exemple ce fut le cas quand un
livre pour enfants fut interdit à la vente car on considérait qu’il y avait des scènes
qui étaient obscènes. La Cour a condamné l’Irlande d’avoir refusé à certaines
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associations de manifester contre l’avortement, dans ce cas, c’était une violation
de la liberté d’expression. On peut aussi la limiter pour la protection des droits et
la réputation d’autrui. C’est difficile de protéger ce droit lorsqu’on est une
personne de notoriété publique. Cependant, c’est plus strict lorsqu’il s’agit d’une
atteinte à la vie privée par des photographies. Une autre limitation est possible,
celle pour garder l’impartialité du pouvoir judiciaire. C’est-à-dire qu’il est interdit
de publier des articles de presse sur des procès en cours, de communiquer des
informations confidentielles. Les journalistes ont quand même le droit à la liberté
d’expression, et s’ils obtiennent des informations, on ne sait comment, ils
pourront le publier. Mais les membres faisant partie de l’affaire (avocats, juges
etc.) n’ont le droit de rien divulguer, tant que le procès n’est pas clôturé. La
liberté d’expression inclut aussi la liberté de communication, c’est le fait que la
liberté d’expression s’exprime via un média. Il ne peut pas y avoir d’ingérence
d’un Etat dans ces médias. Les médias sont libres d’écrire ce qu’ils veulent.
Article 11 : Liberté de réunion et d’association. Toute personne a droit à la liberté
de réunion pacifique et à la liberté d’association, sachant qu’il peut y avoir des
restrictions. C’est un principe mais il peut y avoir des limites (toujours pour la
même chose) et dans ces cas-là, les forces de l’ordre peuvent venir aider pour
que ces limites soient fixées. Cela inclut aussi la liberté de manifester. Sur base
de cet article, peuvent aussi se rassembler les partis politiques et les syndicats,
avec notamment le droit de grève, qui est confirmé par la Cour, tout en
prévoyant qu’il faut un service minimum.
On constate que les ONG sont très variées, elles peuvent intervenir dans de nombreux domaines
différents, elles peuvent aussi varier par la taille (2 pays ou tous les pays du monde), certaines sont
subventionnées par l’Etat, d’autres pas, certaines auront une influence médiatique importante,
d’autres pas, etc. Il y a tout de même certains points communs : elles doivent être non-
gouvernementales (un Etat ne peut pas être membre d’une ONG), elles doivent intervenir dans un
but non-lucratif, elles regroupent des personnes privées et ce regroupement est relativement
permanent (pas à un moment donné comme une manifestation), elles ont un espace d’action
autonome par rapport aux Etats, elles reposent sur un engagement librement consenti (volontariat).
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En matière humanitaire (le + nombreuses) (Ex : Médecins sans frontières, CICR, Oxfam).
Dans la défense des droits de la personne (Ex : Amnesty International, La ligue des droits
humains).
Dans un domaine religieux, politique, scientifique, économique, écologique (Greenpeace,
WWF), sportif, etc.
Elles sont limitées à leur propre objet social. C’est dans l’action humanitaire que les ONG sont les
plus développées, les plus nombreuses et ont le plus de poids sur la scène médiatique.
Elles ont différents modes d’action. Dans l’aide humanitaire, dans un contexte d’urgence
(catastrophe naturelle, guerre, génocide), elles peuvent venir en aide aux populations. Elles peuvent
aussi intervenir sur du plus long terme dans le cadre de projets de développement par exemple, où
elles vont former, instruire la population ou lui apprendre une technique agricole, etc. Elles vont
construire des écoles, des hôpitaux, projets à plus long terme. En dehors d’actes sur le terrain, elles
peuvent aussi agir sur la scène internationale et faire du lobbying (exercer un moyen de pression sur
une Organisation internationale ou sur un Etat), c’est un rôle important qu’elles ont pu obtenir en
devenant un acteur de droit international.
Quelles sont les relations entre les ONG et les Etats ? Les ONG font souvent pression sur les Etats, en
dénonçant des choses qui se passent dans certains pays mais aussi pour qu’ils viennent en aide à des
populations civiles victimes d’un conflit armé dans un autre Etat. Elles sont des contre-pouvoir par
rapport aux Etats, ce sont des pouvoirs qui viennent bousculer, faire bouger les Etats. En matière
humanitaire, quand il y a une catastrophe humanitaire, les premiers à agir sont souvent les ONG,
avant les Etats, ce sont elles qui alertent sur la situation, sur les besoins des populations civiles. Elles
sont souvent reconnues pour cette rapidité d’action, contrairement aux Etats et aux Organisations
internationales. C’est aussi sous la pression d’ONG qu’on a interdit les mines anti-personnelles, par
un traité. Elles ont aussi joué un rôle important en matière environnementale, elles ont permis une
prise de conscience écologique et ont permis que les Etats acceptent de prendre des décisions
ensemble pour que ça bouge au niveau environnemental. Grâce à leur médiatisation, elles arrivent à
leur but. Elles font le lien avec les populations civiles, elles sont souvent sur les lieux en premier.
Le point négatif : (ça dépend des pays) il y a des ONG qui sont subventionnées en grande partie par
les Etats et donc sont plutôt présentées comme des instruments au service de l’Etat, au contraire de
l’impartialité qu’une ONG est censée avoir.
Quelles sont les relations entre les ONG et les Organisations internationales ? Les Organisations
internationales reconnaissent certaines ONG, ils font souvent un travail de consultation. Les ONG
sont consultées par les Organisations internationales pour donner un éclairage sur une situation.
Cependant, il y a quelques tensions entre certaines Organisations internationales et certaines ONG,
lorsque les organisations internationales sont critiquées, qu’on leur reproche d’être beaucoup moins
rapides que les ONG. Les ONG ont parfois l’impression de faire le travail à leur place, du moins au
niveau de ce qui paraît dans les médias. Parfois les Organisations internationales sont « frustrées »
car les ONG sont fort mises en avant, en valeur pour leur rapidité, c’est parce qu’elles sont
complètement indépendantes et ne demandent l’accord de « personne ».
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Les individus sont les derniers sujets de droit international. Ils n’étaient pas prévus à la base. De
base, c’était uniquement les Etats. Ils jouent un rôle passif car ils sont protégés, on les protège
par des droits, des instruments internationaux, mais ils ont aussi un rôle actif, car c’est de leurs
agissements que pourrait découler leur responsabilité, s’ils sont impunis dans leur Etat.
La protection internationale des droits de la personne humaine : elle a des droits et la société
internationale va mettre des moyens pour énoncer et protéger ces droits. Ce sont des droits qui
sont vraiment inhérents à la personne humaine, ces droits sont automatiques, s’acquièrent dès la
naissance. Ils sont protégés par le droit national et par le droit international. Il y a des droits
plutôt individuels (le droit à la vie) et des droits plus collectifs (droit des rassemblements). Tout
être humain, peu importe son pays d’origine, jouit de ces droits, considérés comme universels,
même si ces droits ne sont pas prévus sans sa législation nationale.
Les droits primaires, fondamentaux (Exemples : droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes, droit à la vie, à la dignité).
Les droits « d’ouverture sur le monde (Exemples : droit à l’éducation, droit au travail,
droit de se rassembler, droit de religion).
Les droits de 3ème génération, de confort (Exemples : droit de vivre dans un
environnement sain).
Le premier combat est de sauvegarder les droits primaires, fondamentaux. Puis, on a évolué vers
des droits qui apportaient une ouverture sur le monde (droits civils et politiques). Les droits de
confort sont parfois contestés par certains Etats.
A. La protection universelle
C’est la charte des Nations Unies qui a posé les premiers fondements de la protection
internationale des droits de l’Homme en 1945. La charte ne va pas détailler les droits qui
doivent concrètement être protégés, elle ne va pas énoncer les droits qu’a chaque être
humain et qui doivent être protégés mais va faire un principe général instaurant une
obligation pour chaque Etat de favoriser le respect effectif et universel des droits de
l’Homme.
C’est la Déclaration universelle des droits de l’Homme (qui émane aussi de l’ONU) de 1948
qui va énoncer et détailler les droits fondamentaux de la personne humaine. Cette
déclaration n’est pas contraignante, pas obligatoire pour les Etats, elle a plutôt une valeur
morale.
D’autres textes sont venus la compléter par la suite et ont, eux, une valeur obligatoire,
notamment les pactes : le Pacte relatif aux droits civils et politiques et le Pacte relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels. Ces pactes datent de 1966, mais ne sont rentrés en
vigueur qu’en 1976 lorsqu’un nombre suffisant de pays les a ratifiés. La Belgique ne les a
ratifiés qu’en 1983, la France en 1980.
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dégradants de 1984 ; la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989 qui prévoit
notamment que tout enfant qui est concerné par un procès doit être entendu dans le cadre
de ce procès).
La protection internationale est notamment faite par la Charte internationale des droits de
l’Homme. La plupart de ces déclarations, conventions, vont prévoir dans leur texte un organe
de contrôle, de surveillance de respect de ces droits. Pour le Pacte relatif aux droit civils et
politiques, il y a le Comité des droits de l’homme qui est là pour surveiller que les droits
prévus dans ce pacte sont bien appliqués. Pour la Convention relative aux droits de l’enfant,
c’est le Comité des droits de l’enfant qui est chargé de surveiller le respect de ces droits. Ces
comités sont composés d’experts indépendants, pas liés au pouvoir politique ni à un Etat et
exercent une surveillance sur les Etats par des rapports. Ils vérifient la législation ainsi que
son application. Ils vont rendre des rapports et sur base de ces rapports, ils vont émettre des
avis pour que les Etats améliorent leurs droits ou ce qui se passe en pratique. Les avis ne sont
pas contraignants, c’est plutôt l’idée d’ouvrir un dialogue entre les comités et les Etats, dans
le but de remédier au non-respect des droits. Les comités peuvent être saisis par les
individus. Les individus peuvent alerter les comités et après avoir été alertés, les comités
peuvent décider de mener un examen dans le pays concerné.
B. La protection régionale
Même si la protection est universelle, il existe aussi des instruments régionaux de protection
des droits de l’Homme dans le but de renforcer certains principes. Ça s’additionne à la
protection universelle, ce n’est pas l’un ou l’autre. Il y a, par exemple, la Charte africaine des
droits de l’Homme et des peuples de 1981, la Déclaration américaine des droits et devoirs de
l’Homme de 1848.
Les individus ont non seulement des droits, mais ils peuvent aussi voir leur responsabilité
engagée d’un point de vue international. C’est lorsque le pays de l’individu ne va pas
suffisamment engager sa responsabilité, à ce moment-là, c’est l’international qui s’en chargera.
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La première fois que la responsabilité internationale des individus a été mise en cause, c’était par
le tribunal de Nuremberg pour juger les atrocités commises durant la 2ème Guerre Mondiale
puisque les juridictions nationales n’avaient pas jugé ces personnes.
Dans les années 50, l’ONU a essayé de mettre en place une juridiction, un ancêtre de la Cour
pénale internationale, mais elle n’a pas abouti. Il a finalement fallu attendre les tribunaux pénaux
internationaux : le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, créé par une résolution de
l’ONU de 1993 et le tribunal pénal international pour le Rwanda, créée par une résolution de
l’ONU de 1994. Ces tribunaux avaient quand même des limites, puisqu’ils n’ont été créés que
pour juger des crimes commis sur le territoire de l’ex-Yougoslavie ou du Rwanda, ou
éventuellement par des nationaux aux alentours, mais ça n’avait pas de vocation internationale,
et ça ne concernait que les agissements durant une période limitée. Aujourd’hui ils ont d’ailleurs
pris fin, celui pour l’ex-Yougoslavie a été dissout en 2017 et celui pour le Rwanda en 2015.
Même si c’était les prémices d’une justice internationale, ça ne permettait pas encore une
responsabilité de manière générale. Ces tribunaux pénaux internationaux ont conduit à d’autres
tribunaux, créés +/- sur le même modèle, par exemple pour le Liban, le Cambodge, la Sierra
Leone.
Il a vraiment fallu attendre la création de la Cour pénale internationale, qui n’a pas été créée par
une résolution de l’ONU mais a été adoptée par le statut de Rome en 1998 et a commencé à
s’appliquer en 2002. Cette première juridiction permanente a été créée pour engager la
responsabilité internationale des personnes qui commettent des crimes contre l’humanité, et
sans qu’il puisse y avoir aucune immunité du chef de l’Etat. Il y a 123 Etats qui ont adhéré au
statut de la Cour permanente de justice, toujours pas les Etats-Unis. Ces Etats forment une
grande assemblée, administrent la Cour, désignent les juges. Elle est compétente pour juger les
crimes de guerre, les crimes contre l’humanité de manière internationale, ne juge que les
personnes physiques, pas les Etats, et peu importe leur rôle (auteur, co-auteur, complice,
témoin, etc.). Son inconvénient, c’est qu’elle n’intervient que pour des actes commis depuis son
entrée en vigueur donc uniquement pour des faits commis après le 1er janvier 2002.
Sa compétence est subsidiaire par rapport aux juridictions nationales, c’est-à-dire qu’il est de la
compétence des juridictions nationales de sanctionner ces crimes, mais si ces juridictions ne le
font pas, la Cour pénale internationale va s’en charger. Souvent, ça se passe dans des pays où ce
sont les dirigeants qui commettent ces crimes ou en tout cas qu’ils les tolèrent.
Pour quels Etats est-elle compétente ? Si elle est saisie par le Conseil de sécurité des Nations
unies, elle peut juger des personnes issues de tous les Etats, même issues d’Etats n’ayant pas
adhéré à son statut. Par contre, si elle est saisie par un Etat ou par le Procureur, elle ne pourra
juger que les faits commis par un Etat qui fait partie de la Cour pénale ou éventuellement par
une personne qui a la nationalité d’un Etat qui a adhéré à la Cour.
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1. Le fait générateur
Il ne faut pas que ce soit forcément un acte positif, pas forcément avoir commis quelque chose,
ça peut être parce qu’on s’est abstenu ou qu’on a omis de faire quelque chose qu’on aurait dû
faire. C’est pour ça qu’on ne parle pas de fautes. Ce fait générateur doit être illicite
internationalement. Il doit donc être illicite au regard des lois internationales, même si ce droit
est licite dans la législation de l’Etat mis en cause. Exemple : l’annexion du Koweït par l’Irak.
Pour pouvoir engager la responsabilité de l’Etat, il faut normalement que ce fait illicite soit
commis par le comportement d’un organe de l’Etat, peu importe la fonction de cet organe
(juridique, politique, etc.). Par exemple, en cas d’arrestation arbitraire, en cas d’arrestation suivie
de mauvais traitement, en cas d’expulsion arbitraire d’étrangers (décisions non justifiées par le
droit). Ça peut être aussi parce qu’un Etat prend une loi qui est en complète contradiction avec
ses engagements internationaux, au niveau de la fonction législative. Au niveau de la fonction
judiciaire, ça peut être aussi s’il y a un déni de justice, donc que l’Etat ne laisse pas l’accès aux
juridictions pour les étrangers. Même quand c’est par d’autres personnes qu’un organe de l’Etat
(ONG, individu, groupe d’individus), si ces personnes ont commis un crime et n’ont pas été
jugées par l’Etat, alors sa responsabilité pourra être engagée.
Le consentement de la victime.
La légitime défense = répondre de manière proportionnée à une agression.
La force majeure = quand l’Etat n’est pas au courant, qu’il n’a pas pu remplir son
obligation.
La détresse = quand on commet quelque chose d’illicite mais pour empêcher quelque
chose d’encore plus grave et plus illicite.
Toutes ces circonstances ne pourront être invoquées que si ça ne résulte pas de la violation
d’une norme impérative (Exemple : jamais le droit de s’en prendre aux populations civiles).
2. Le dommage
C’est le dégât qui a été créé. Il faut qu’un dommage ait été créé pour entraîner la responsabilité
de l’Etat. Il doit exister et être direct (Exemple : les destructions causées par les invasions du
territoire koweitien). Il peut être matériel (choses qu’on constate, destruction, décès) et moral
(atteinte à l’honneur d’un Etat).
3. Le lien de causalité
Il faut démontrer que, sans ce fait illicite, le dommage n’aurait pas été causé. Quand l’acte illicite
résulte d’un acte positif, un acte qui a été fait, c’est plus facile. Les invasions du Koweït par l’Irak
ont causé les destructions : le dommage c’est les destructions, le fait illicite c’est les invasions.
Donc c’est clair que ce sont les invasions qui ont causé les destructions. Par contre, c’est plus
délicat quand le fait illicite c’est une omission ou abstention, c’est plus difficile de démontrer
quand ça n’a pas été fait.
4. La réparation
Comment réparer le dommage causé ? La réparation ne va pas viser à sanctionner l’Etat fautif.
C’est surtout l’idée de dédommager la victime, réparer le dommage pour la victime, pas
sanctionner le responsable. Il existe différents moyens de réparer :
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Respecter la règle qui a été violée.
Mettre fin au fait illicite.
Offrir une garantie de non-répétition = s’engager à ne plus violer la règle.
La restitution = le fait de remettre les choses dans l’état dans lequel elles étaient avant
que le dommage se produise. Exemple : si des maisons ont été détruites, il faut
reconstruire les maisons, comme si le dommage n’était pas survenu. Il faut savoir quand
même que la jurisprudence dit que ça ne doit pas être hors proportion. Quand la
restitution n’est pas possible ou pas totalement, il y aura une indemnisation (mode le
plus fréquent), c’est-à-dire qu’il faudra verser une somme d’argent en dédommagement
du dommage total.
La satisfaction, qui est le mode de réparation pour les dommages moraux, elle peut être
demandée seule ou combinée à d’autres modes lorsqu’il y a des dommages matériels et
moraux (à l’indemnisation par exemple). Ce sera donc, par exemple, la reconnaissance
publique qu’on est responsable pour ce qui s’est passé, présenter ses excuses,
cérémonie au drapeau du pays victime.
La négociation : les Etats acceptent une rencontre, dans le but de trouver une solution à
leur litige.
Les bons offices : on demande à un tiers d’organiser une rencontre (éventuellement de la
débuter) et puis ce tiers va se retirer.
La médiation : ça va plus loin, c’est un tiers qui décide de réunir les Etats en conflit mais il
va aller plus loin, en essayant de dégager lui-même la solution avec les Etats, que les
Etats acceptent si c’est possible.
L’enquête : avec l’accord de l’Etat en cause, on envoie une commission d’enquête dans
le(s) pays sur les faits à l’origine du différend, suite à cette enquête, un rapport sera
rendu. Ce rapport n’est pas obligatoire, mais les Etats acceptent souvent.
La conciliation : ça commence par une enquête, il y aura un rapport mais en plus, sur
base de ce rapport, le conciliateur réunira les parties et essayera de trouver une solution.
Cette solution proposée n’est pas obligatoire, mais comme les parties doivent participer
à cette solution négociée entre tous, généralement les parties acceptent de s’y
conformer.
Ces différents modes peuvent notamment être joués par l’ONU, le Conseil de sécurité de
l’ONU va pouvoir faire une enquête sur un différend et pourrait aller jusqu’à la conciliation.
Le Secrétariat général de l’ONU peut aussi prendre le rôle de médiateur et de bons offices.
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On va résoudre le conflit par une décision d’une juridiction, elle s’imposera donc aux Etats et
aura un caractère obligatoire. Ça peut prendre la forme de l’arbitrage ou la forme du recours à
une juridiction internationale.
L’arbitrage : les Etats qui sont en différend vont demander à un tiers de jouer le rôle
d’arbitre. Ce sont les Etats qui choisissent qui est cet arbitre. Ça peut être un autre Etat,
un diplomate mais c’est souvent un collège arbitral (donc composé de plusieurs chefs
d’Etats par exemple). Et c’est un arbitre qui est créé uniquement pour ce conflit-là, sur
base de la ou des personnes choisies par les parties. La décision prise sera obligatoire
mais uniquement pour les Etats concernés par le différend, elle ne servira pas de
jurisprudence pour d’autres Etats.
La juridiction internationale : elle existe de base, elle n’est pas créée pour ce différend-
là, les Etats ne choisissent pas la composition. Souvent, c’est un Etat qui met l’autre en
cause. Elle va rendre une décision qui s’imposera aux Etats et qui fera jurisprudence pour
les autres, c’est-à-dire qu’un Etat qui n’a rien avoir pourrait se servir de cette décision
pour un cas qui le concerne.
C’est la Charte des nations unies qui prévoit l’interdiction du recours à la force et de la menace
du recours à la force. Il existe d’autres mesures plutôt que recourir à la force (contre-mesures
étatiques) :
Les rétorsions : mesures licites prises en réaction à l’agression (Exemple : rappel d’un
ambassadeur).
Les représailles : mesures illicites en réaction à l’agression (Exemple : mettre en œuvre
un embargo commercial, c’est illicite mais comme il est pour répondre à un fait illicite, on
va le considérer comme licite. Plutôt que recourir à la force, on préfère qu’un pays fasse
face à un autre par un embargo commercial).
En principe, le recours à la force existe, parfois il est malheureusement nécessaire pour protéger
des civils. Cependant, comme il ne peut pas être totalement évité, il doit au moins être
réglementé. Le recours à la force réglementé a été élaboré pour la première fois par la
convention de La Haye (fin 19ème, début 20ème). Il va réglementer la conduite des hostilités, de la
riposte par la force. Il indique qu’il faut la nécessité de déclaration de guerre préalable, ce droit
limite le choix des armes (interdiction de recourir aux mines anti-personnelles, interdiction
d’armes chimiques).
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Le droit de La Haye va réglementer la conduite des conflits armés ; quelles armes peut-on avoir ;
quelles armes sont interdites ; comment peut-on atteindre l’ennemi ; qu’est-ce qui est permis ou
non ; etc. Il y a aussi le droit de Genève (après 2ème GM) à l’initiative d’Henri Dunan (fondateur de
la croix rouge) et il constitue vraiment les bases du droit humanitaire, c’est-à-dire l’ensemble des
règles pour protéger les victimes des conflits armés
Le système du Conseil de sécurité fonctionne mais il y a le problème du droit de veto. Si le veto est
mis en œuvre, ça va coincer. Exemple : si un pays a un intérêt à ne pas envoyer quelqu’un, le Conseil
sera totalement bloqué. C’est pour ça qu’il y a eu l’adoption de la résolution 377 permet à
l’Assemblée générale des Nations unies d’agir en cas de défaillance du Conseil de sécurité.
Ces opérations du maintien de la paix n’ont pas de caractère coercitif (obligatoire). Ils ne vont pas
faire pression sur un pays. Ils vont essayer que la paix se rétablisse. C’est dans ce cadre-là que l’ONU
va envoyer les casques bleus qui ne vont pas sortir les armes. Ces opérations peuvent prendre
différentes formes :
L’interposition = les casques bleus se mettent à une frontière, imposer un cessez-le-feu, vont
aller à l’endroit géographique où il y a les conflits.
La surveillance d’élections = elles viennent aussi dans des pays où il y a eu des conflits par le
passé, dans le but de reconstruire, pour aider une population qui était colonisée, pour aider à
mettre en place des nouvelles élections, des nouveaux organes, des nouvelles juridictions,
des nouvelles institutions politiques.
Faire des choses pour protéger les populations civiles, mettre en place des couloirs
humanitaires pour sortir un civil touché et l’amener à un endroit où il sera soigné.
Aider à reconstruire, à apprendre à des populations à s’autogérer.
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