Memoire La Poe 5 V Finale
Memoire La Poe 5 V Finale
Memoire La Poe 5 V Finale
Lieu de stage : AFPA, Campus de Créteil, ligne métier Exploitation, service Formation
Année 2011/2012
TABLE DES MATIERES
PREFACE III
INTRODUCTION GENERALE 1
Les différentes dimensions du problème de l’accompagnement à l’emploi.
Les questions qui se posent.
Comment les traiter ?
I
2. Etude théorique du dispositif d’une POE collective « Support à l’entreprise » 29
2.1 Les cinq phases du dispositif conçu par l’AFPA 29
2.2 Les prestations d’accompagnement jusqu’à l’insertion dans l’emploi 31
2.3 Le contenu des référentiels de formation 32
2.4 Les conditions de réalisation des formations : formation des intervenants 34
2.5 Les ressources pédagogiques : vade-mecum du formateur 35
3. Etude empirique : observation des pratiques pédagogiques de la POE suivie 36
3.1 Les deux premières parties de la formation (9 premières semaines) 37
3.1.1 Le profil des stagiaires participants
3.1.2 Le profil du formateur et son approche pédagogique
3.1.3 Les outils et supports à disposition
3.1.4 L’accompagnement des stagiaires
3.2 La dernière partie de la formation (10ème semaine) 48
4. L’évaluation de l’action de formation 49
4.1 Au regard des besoins des stagiaires 49
4.1.1 Questionnaire de satisfaction des stagiaires
4.1.2 Enquête de satisfaction réalisée par l’AFPA auprès des stagiaires
4.2 Au regard des besoins des entreprises adhérentes aux AGEFOS PME 56
4.2.1 Job dating : rencontres des entreprises avec les stagiaires
4.2.2 Enquête AFPA sur le devenir des stagiaires après leur sortie de POE
Conclusion 58
CONCLUSION GENERALE 84
BIBLIOGRAPHIE 88
ANNEXES
II
PREFACE
J’ai effectué mon stage de Master 1 IPFA au sein de l’AFPA (l’Association Nationale pour
la Formation des Adultes) et plus particulièrement sur le campus de Créteil, du 9 janvier au
13 mars 2012, à raison de deux jours par semaine (soit un total de 20 jours). Durant cette
période j’ai eu l’occasion de suivre une action de POE (préparation opérationnelle à
l’emploi) collective dédiée « aux supports aux entreprises ».
Ma mission porte sur l’étude et l’analyse des ressources théoriques et pratiques relatives à
cette POE et mises à ma disposition. L’objectif est de diagnostiquer si ce nouveau type de
dispositif pédagogique (conçu par le bureau d’études de l’AFPA en réponse à la commande
de l’OPCA AGEFOS PME) ainsi que sa mise en œuvre répondent ou non au développement
des compétences visées. Celles-ci sont de deux types : les compétences clés communes à
tous métiers et les compétences professionnelles socles de la famille de métiers « Support à
l’entreprise »
Tout d’abord la structure d’accueil, en l’occurrence l’AFPA, constitue une réelle opportunité
pour découvrir et appréhender le monde de la formation. Créée en 1949 sous la forme d’une
Association loi 1901 à but non lucratif, l’AFPA fait figure de référence. De par ses 60
années d’expérience dans le secteur de la formation et d’engagement au service des
politiques d’emploi de notre pays ainsi que par sa capacité historique à s’adapter aux
évolutions du marché du travail, elle se positionne encore aujourd’hui comme le 1er
organisme de formation qualifiante à l’échelle nationale et un des plus gros organismes de
formation au niveau européen.
Par ailleurs, cette organisation vit une période charnière de son histoire. Sa raison d’être et
son financement sont en lien depuis toujours avec la politique de l’emploi de l’Etat. Or le
retrait progressif de ce dernier conduit l’AFPA à diversifier ses sources de commandes et de
financement pour continuer à fonctionner normalement et à équilibrer son budget. Ainsi,
l’ouverture du marché de l’AFPA à la concurrence remet en question son organisation, sa
gestion et impacte bien évidemment sa culture d’entreprise. Cette mutation en cours n’est
sans doute pas sans incidence sur le contexte de ses relations internes à l’échelle de son
réseau national mais également au sein même des campus. Il a donc été intéressant pour moi
d’appréhender de l’intérieur cette situation car elle s’inscrit notamment dans une
III
transformation de dimension plus large. Cette redistribution « des cartes » modifie la
configuration du secteur de la formation tout entier et le positionnement de ses acteurs.
Cette mission de stage m’a permis également de visualiser et mieux intégrer les différents
supports des étapes d’un process de formation :
- cahier des charges émanant d’une OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé)
- dispositif pédagogique réalisé par le service d’ingénierie de l’AFPA
- séances de formation mises en œuvre.
Ainsi cette expérience sur le terrain a été riche d’enseignements en termes d’analyse de
toutes les ressources mises à disposition pour développer les compétences visées des
stagiaires mais également d’observation des pratiques.
De plus, la mission même de mon stage a été l’occasion de confronter une production
théorique (dispositif conçu pour cette POE) à une réalité pratique. J’ai ainsi été en mesure
d’observer et d’étudier les éléments qui se sont trouvés en adéquation ou pas, pour dans une
ultime étape, proposer des préconisations d’amélioration de l’efficacité des objectifs
recherchés initialement : accompagnement vers l’emploi.
Enfin, de par le thème de cette mission qui porte sur les compétences transversales, domaine
de compétences qui m’intéresse tout particulièrement, ma motivation s’en est trouvée
d’autant plus dynamisée.
IV
INTRODUCTION GENERALE
1
Rapport reprenant les conclusions d’un groupe de travail, réuni entre octobre et mi-décembre 2009, composé
des acteurs de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi (Etat, Pôle emploi, Association des
Régions de France, des OPCA, Fongecif Ile de France, FUP, Fédération de la Formation professionnelle et
AFPA) et rédigé par son président Jean-Marie MARX (Directeur de l’OPCA-AGEFAFORIA). p10
2
Frédéric Lainé « Compétences transversales » et « compétences transférables » : des compétences qui
facilitent les mobilités professionnelles, LA NOTE D’ANALYSE. Travail-Emploi, Avril 2011 n°219 sur
www.strategie.gouv.fr, rubrique publications
3
Pôle emploi, Présentation au Conseil d’Orientation de l’Emploi, 9 juillet 2009
1
1.2 La dimension conventionnelle et législative
Conscients que l’acquisition et l’actualisation de ces savoirs de base sont une réelle
nécessité, à la fois pour les entreprises et les individus, les parties signataires de l’ANI
(Accord National Interprofessionnel) du 7 janvier 20094, ont estimé que ce socle
fondamental devait être précisé et pris en compte « dans les programmes de formation
continue, et en priorité dans ceux qui concernent les salariés les moins qualifiés et les
demandeurs d’emploi,… »5.
Ainsi, l’ANI a prévu la mise en place d’une Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE),
reprise dans la loi relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la
vie (novembre 2009). L’objectif de ce nouveau dispositif est de permettre aux demandeurs
d’emploi de bénéficier d’une formation courte (400h maximum) mais non validée par un
titre professionnel. Elle est dédiée d’une part à l’acquisition d’un socle de compétences
mobilisables dans différentes situations de travail et complémentaire de celui de l’Education
Nationale, et d’autre part, à l’apprentissage ou au développement de compétences
essentielles pour occuper un emploi, à savoir les compétences dites transverses qui assurent
un atout pour l’employabilité des demandeurs d’emploi. Les partenaires sociaux ont ainsi
identifié dans certaines branches des compétences transverses qui peuvent être mobilisées
dans différents métiers. Les métiers du secteur tertiaire étant prédominants aujourd’hui, on
peut effectivement noter, à titre d’exemple, que la maitrise de l’outil informatique et des
logiciels de bureautique se révèle indispensable, même pour les métiers qui demandent le
moins de qualification.
L’objectif social poursuivi par les acteurs politiques et sociaux, à travers ces POE est de
donner aux moins armés les moyens de réussir leur insertion professionnelle.
En effet, il a été constaté que le socle de connaissances et de compétences dispensé par la
formation initiale n’est pas maîtrisé par l’ensemble des jeunes, alors même qu’il permet,
4
Il porte sur le développement de la formation tout au long de la vie professionnelle, la professionnalisation et
la sécurisation des parcours professionnels et fait suite aux négociations engagées par les partenaires sociaux
depuis fin septembre dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle. Il s’inscrit dans la continuité
de l’accord du 20 septembre 2003 et de celui du 11 janvier 2008 relatif à la modernisation du marché du
travail. Une des nouveautés de cet accord porte sur la qualification et la requalification notamment des
demandeurs d'emploi. L’objectif est de parvenir à former chaque année 200 000 demandeurs d’emploi
supplémentaires parmi les moins qualifiés et donc les plus fragilisés.
5
ANI du 7 janvier 2009 consulté le 08/01/2012 sur l’URL www.centre-inffo.fr/IMG/pdf/ANI_7_janvier.pdf
2
notamment, de s’insérer dans la vie professionnelle et conditionne la capacité à s’orienter et
à se professionnaliser tout au long de la vie. En outre, dans un contexte d’augmentation des
licenciements, une logique d’accompagnement des ruptures de parcours professionnels se
justifie pour favoriser les reconversions et les mobilités des métiers en repli vers les secteurs
exprimant des besoins de recrutement.
Par ailleurs, comme le note le rapport Marx de janvier 2010 précité, le système de formation
professionnelle doit satisfaire les besoins de recrutement des entreprises pour ne pas
contribuer à la destruction d’emplois ou limiter leurs créations. Compte tenu d’un niveau
élevé du chômage et de baisse de recrutements depuis la crise de 2008, un ajustement rapide
entre l’offre et la demande est déterminant. Une offre d’emploi restée trop longtemps non
satisfaite contraint l’entreprise à modifier son organisation et à retirer l’offre d’emploi non
pourvue.
Ainsi, l’enjeu de ces actions de formation ciblant notamment les compétences transversales,
est de renforcer la qualification ou la requalification des demandeurs d’emploi (indemnisés
ou non) pour lesquels une formation s’avèrerait nécessaire pour favoriser leur accès ou leur
retour à l’emploi. Cela concerne tout particulièrement ceux qui alternent fréquemment des
périodes de travail et de chômage, ceux qui ont besoin d’une formation courte et rapide
pour accéder à un emploi ainsi que les personnes éloignées de l’emploi. Parallèlement une
autre priorité est de satisfaire les besoins des entreprises en termes de recrutement puisque
celles-ci manifestent une forte demande pour des compétences clés qui seraient la base de
l’employabilité des individus.
Dans un contexte économique qui s’enfonce dans la crise, les politiques de l’emploi coûtent
de plus en plus cher. Aussi, alors que l’AFPA a longtemps été le pivot de la formation
professionnelle publique, l’Etat se désengage de son financement progressivement depuis
2004, et ce au profit des régions. Par ailleurs, le retrait de l’Etat du marché de la formation
des chômeurs s’illustre par un accès aux formations longues de plus en plus limité. Ainsi, la
courte durée des POE (10 semaines de formation), se justifie-t-elle en partie par cette
restriction financière.
Instituée par la loi de 1971, la formation professionnelle, portée par les pouvoirs politiques
nationaux et européens, est devenue un droit à part entière et n’a cessé de prendre de
l’ampleur, représentant aujourd’hui un marché global de 30 milliards d’euros. Toutefois,
ainsi que l’a souligné P. Carré dans sa rétrospective sur la formation, lors de la première
3
séance du séminaire semestriel de notre master portant sur La connaissance des milieux
professionnels de la formation, force est de constater que l’accès à la formation au niveau
formel reste encore inégalitaire eu égard aux facteurs socio-structurels et
sociodémographiques.
Initiée dans le but de régler les dysfonctionnements du secteur de la formation, comme
l’inégalité de l’accès, mais aussi, le coût de gestion élevé, la qualité discutable des
formations dispensées, ses financements opaques, etc., la nouvelle réforme de novembre
2009 a accéléré la mutation en cours de celui-ci.
Ainsi que l’ont souligné les différents professionnels de la formation qui sont intervenus tout
au long de ce séminaire, en devenant un secteur marchand, le secteur de la formation
n’échappe désormais ni à l’ouverture à la concurrence, ni à une pression d’évaluation et
d’obligation de résultats (retour sur investissement-formation). Aussi, certains de ses acteurs
(comme l’AFPA), protégés jusqu’alors par des pré-carrés et des financements assurés,
doivent trouver de nouveaux marchés et de nouveaux financeurs, bouleversant ainsi leur
culture d’entreprise et leur organisation interne, comme nous le verrons, plus en avant de
notre étude, dans notre présentation de l’AFPA.
Cependant, il est à noter que les nouveaux enjeux auxquels le secteur de la formation se voit
confronté, tels que le repositionnement des OPCA et l’intermédiation des régions, devraient
permettre de mieux coordonner initiatives publiques et privées, donnant ainsi un accès à « la
formation professionnelle tout au long de la vie » à un grand nombre de personnes et
d’entreprises jusque-là exclues.
Bien que le nouvel enjeu majeur de la formation tout au long de la vie professionnelle ait fait
triompher, à la fin des années quatre-vingt-dix, les approches compétences (savoir, savoir-
faire et savoir-être), celles-ci se sont révélées restrictives quant à leur caractère de non-
transférabilité, d’un secteur à l’autre, voire d’une entreprise à une autre. Partant du constat
de cette lacune limitant la lisibilité des capacités de mobilité d’une personne et de sa
dimension individuelle, est apparue la nécessité, des compétences transversales (par
définition communes à l’ensemble des emplois de l’entreprise : les savoir-faire relationnels,
les savoir-faire liés à tout type d’organisation,…) et des compétences du savoir-être, en
complément des compétences initialement requises. De cette nouvelle approche des
compétences ont découlé des conceptions de nouveaux types de dispositifs pédagogiques
4
valorisant le développement des aptitudes personnelles ainsi que celui des compétences clés
en situations professionnelles nécessaires à l’employabilité et la mobilité professionnelle.
Le rapport Marx précité, indique lui-même que les actions concernant les salariés peu
qualifiés et portant sur le développement des compétences clés (dont font partie les savoirs
généraux comme savoir lire, écrire, s’exprimer à l’oral, à l’écrit, calculer, se repérer dans
l’espace-temps) appliquées à des situations de travail et des savoirs transverses à
l’environnement professionnel (lexique professionnel, informatique, attitudes et
comportements à adopter dans un environnement professionnel, etc.) assurent des
progressions pédagogiques réelles ainsi qu’une motivation et une efficacité plus grandes.
C’est pourquoi, toujours selon cette même source, pour certaines catégories de chômeurs, la
satisfaction des besoins du socle de compétences des métiers visés (compétences clés et
comportements et savoir-faire professionnels) s’avère d’autant plus nécessaire qu’en général
les situations de chômage sont moins formatrices que les situations d’emploi.
5
elles répondre aux missions et objectifs qui lui sont assignés ? Les leviers que forment les
compétences transversales contenues dans la conception du programme de la formation
sont-ils pertinents ou suffisants pour répondre aux besoins des entreprises porteuses
d’emploi - relevant du secteur de l’OPCA qui a passé la commande de cette formation - et
des stagiaires demandeurs d’emploi ?
Compte tenu d’une part, de l’enjeu de ma mission, qui est, rappelons-le, d’évaluer le
dispositif pédagogique d’une action POE collective, ciblé sur les besoins du domaine métier
« support à l’entreprise » et d’autre part, de mon questionnement sur la pertinence d’une
action de formation de courte durée, axée sur les compétences transversales, en vue d’une
insertion professionnelle réussie de demandeurs d’emploi aux profils fragilisés, je
développerai mon étude et ma réflexion en trois parties.
En premier lieu, je présenterai le contexte dans lequel s’inscrit ma mission de stage : le cadre
législatif de la POE, les opérateurs et institutions concernés, la présentation de l’AFPA et
son rapport avec la POE et enfin les caractéristiques de mon stage.
Puis, après une description du dispositif POE conçu par le bureau d’ingénierie de l’AFPA, je
dégagerai les constats que j’ai pu observer au travers d’un rapprochement entre le dispositif
pédagogique prévu et la mise en pratique d’une POE dédiée au secteur «Support à
l’entreprise», que j’ai eu l’occasion de suivre dans le cadre de mon stage.
Enfin, à partir de cette étude au plan théorique et pratique, je présenterai ma réflexion sur la
question énoncée précédemment, à savoir la pertinence des compétences transversales
comme levier d’insertion professionnelle dans le cadre d’une action de formation POE
collective. Mon analyse s’inscrira dans un cadre théorique étayé par des références puisées
dans la littérature scientifique ainsi que dans le contenu de mes cours de Master 1 IPFA.
6
PARTIE 1 : LE CONTEXTE DE MON STAGE
6
Rapport reprenant les conclusions d’un groupe de travail, réuni entre octobre et mi-décembre 2009, composé
des acteurs de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi (Etat, Pôle emploi, Association des
Régions de France, des OPCA, Fongecif Ile de France, FUP, Fédération de la Formation professionnelle et
AFPA) et rédigé par son président Jean-Marie MARX (Directeur de l’OPCA-AGEFAFORIA).
7
DARES (2006) Premières Informations Premières synthèses n°29-2, juillet 2006.
8
Cour des Comptes (2008) La formation professionnelle tout au long de la vie, Rapport public thématique,
p. 37.
7
branche, ou à défaut, par le conseil d’administration d’un OPCA agréé ». Par ailleurs, aux
contrats pouvant faire suite à une POE (CDI et contrat de professionnalisation d’une durée
minimale de 12 mois), s’ajoute la possibilité d’un contrat d’apprentissage.
Le public visé par cette POE concerne tout demandeur d’emploi inscrit à Pôle emploi,
indemnisé ou non dans le but de lui permettre d’acquérir ou renforcer le socle de
compétences transversales, bases fondamentales pour s’adapter aux situations de travail du
ou des métiers visés.
Cette action de formation répond à des besoins de recrutement des branches professionnelles
et ce sont les OPCA qui en sont les commanditaires.
C’est dans cette logique de facilitation d’employabilité que le Conseil d’Administration
d’AGFOS PME a décidé en septembre 2011 de déclencher, dès le mois de novembre, un
programme national de 3000 POE collectives dans le cadre des projets bénéficiant de
financement du Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels (FPSPP). La
formation est financée par Pôle emploi (indemnités de formation des stagiaires) et par les
OPCA (coûts pédagogiques et frais annexes).dans la limite de 400 heures.
L’OPCA AGEFOS PME propose aux demandeurs d’emploi sélectionnés une action de
formation POE collective, tandis que le conseiller AGEFOS PME informe les entreprises
adhérentes des POE engagées et des dates de sortie des participants afin de préparer leur
embauche.
La finalité de ce type d’actions, rappelée par l’AFPA dans sa réponse à l’appel d’offre
national lancé par l’OPCA, est de « répondre aux besoins de recrutement, avérés ou
potentiels, exprimés par les entreprises adhérentes d’AGEFOS PME en préparant, par la
formation et l’accompagnement individualisé, des demandeurs d’emploi à un niveau
d’employabilité en rapport avec les compétences de base requises sur les familles de métiers
repérés préalablement par les conseillers d’AGEFOS PME. »
Ainsi, l’objectif général de la mission de formation, tel qu’il est indiqué dans la proposition
de l’AFPA, est précisément « de travailler sur l’employabilité des personnes, non sur
l’acquisition des gestes professionnels techniques constitutifs de l’acquisition d’une
qualification. » Il n’exclut pas toutefois la construction d’un parcours de qualification via le
contrat de professionnalisation ou l’accès à un stage qualifiant à l’issue de la POE, dans la
mesure où celle-ci n’aurait pas débouché sur un emploi ou si les conditions d’embauche
l’exigeaient.
8
En déclinaison d’une convention nationale entre l’AFPA et AGEFOS PME, des conventions
ont été signées entre les AGEFOS PME et les directions AFPA au niveau régional,
formalisant le volume, les territoires, la programmation et les cibles métiers des actions
engagées.
Issue de l’histoire de la formation, dont le processus a été initié en 1935 par les industries
mécaniques puis métallurgiques et minières avec la création du premier centre de formation
pour les jeunes chômeurs (CFPJC), l’association pour la formation professionnelle de la
main d’œuvre (AFPMO) prend son appellation définitive en 1966 : AFPA
A partir de cette date, l’Etat reconnaît à l’AFPA un triple rôle, de formation, de reconversion
professionnelle et de perfectionnement. Dès les années 70, elle devient l’instrument
privilégié de l’Etat pour répondre aux évolutions économiques et résoudre les problèmes
conjoncturels, comme le chômage des jeunes. La loi de 1971 sur la formation
professionnelle continue, élargi le public de l’AFPA et ses perspectives, l’obligeant à
décentraliser sa gestion et ses services techniques au sein des sept centres pédagogiques et
techniques régionaux (CPTR). Depuis, elle n’a cessé d’adapter ses structures et sa pédagogie
à ses nouveaux publics (de plus en plus de femmes, de chômeurs longue durée), à
l’évolution des métiers et des secteurs (développement du secteur tertiaire) et à une
détérioration du marché de l’emploi (précarisation et exclusion sociale d’une population de
plus en plus nombreuse).
9
http://www.afpa.fr/l-afpa/l-afpa-la-formation-professionnelle/un-reseau-national-une-proximite-
regionale.html
9
● l’insertion dans l’emploi à travers l’apprentissage d’un métier (jeunes et adultes sans
formation, seniors en reconversion)
● le maintien dans l’emploi par le perfectionnement des salariés en les accompagnant dans
la gestion de leur emploi et de leurs compétences (dans le cadre des DIF ou des CIF, ou à
l’initiative de leur employeur dans le cadre du plan de formation de l’entreprise)
● la contribution à la promotion sociale en permettant l’acquisition d’une qualification
supérieure (VAE, remise à niveau,…).
Ainsi, les formations de l’AFPA sont ouvertes à tous : demandeurs d’emploi et salariés.
10
La formation des adultes (centres de formation)
170 000 stagiaires ont été formés en 2011 par l’AFPA, dont 100 000 demandeurs d’emploi
et 70 000 salariés. L’Association se positionne sur la formation continue des salariés, le
marché de l’alternance, la VAE, la formation professionnelle diplômante (2 personnes sur 3
détenant un titre professionnel sont passées par l’AFPA) et le stage de perfectionnement.
Le conseil et l’accompagnement
Créée en 2009, l’AFPA Transitions (professionnelles et économiques) conseille et
accompagne les organisations, les territoires et les individus. Son expertise est donc
l’orientation et la sécurisation des trajectoires professionnelles.
Par ailleurs, l’AFPA est également très présente au niveau européen et participe notamment
à différents projets de conception de référentiels de formation.
11
3.2 Son organisation
3.2.1 Sa structure
Direction Générale
Technostructure et Support
Directions centrales
logistique
AFPA Ingénierie missions Direction juridique
Campus C6 stratégiques Direction communication
Exploitation Direction RH
Marketing Direction Informatique
Transverse Direction
AFPA Transitions Développement
e.managers
22 Directions régionales
AFPA Office
Supervisent et contrôlent
Directions territoriales :
Commercial & Développement, Relation
clients stagiaires, Exploitation
Commercial
Schéma 1 : Les 5 éléments de base de l’organisation de l’AFPA
(selon l’approche globale des organisations définie par Henry Mintzberg)
12
Le 27 janvier 2011, l’assemblée générale a voté une restructuration managériale en adoptant
de nouveaux statuts dans le but de préserver le rôle d’acteur majeur de l’institution dans le
secteur de la formation et d’assurer sa pérennité.
● Les 22 régions deviennent membres de l'Association. L’Etat ne dispose plus quant à lui
de pouvoirs spécifiques et devient l’un des 4 partenaires (cf. Annexes).
● Une nouvelle organisation de la gouvernance autour de deux nouvelles instances
→ Le Conseil d'orientation : organe suprême correspondant à l’ancienne Assemblée
Générale de l’Association, est représentatif des membres de l’association regroupés en
collèges (cf. Annexes).
→ Le Conseil d'administration : remplit, par délégation du Conseil d’orientation, la fonction
de contrôle de la gestion de l’association et de l’action de la Direction Générale.
Ainsi, l’AFPA est soumise au contrôle d’Etat (Cour des Comptes,…) et sa gestion paritaire,
est assurée désormais par des représentants des 4 acteurs majeurs de la formation : Etat,
régions, organisations professionnelles d’employeurs et syndicats de salariés, afin de relever
les nouveaux défis de la formation professionnelle.
● Son organisation territoriale est désormais simplifiée et se décline sur deux niveaux :
→ La Direction Générale et les directions centrales assurent une mission essentiellement
stratégique.
→ Les 22 directions régionales avec leurs campus assurent la production et la vente des
services de formation aux clients de l’AFPA. Les campus sont des lieux d’accueil et de
formation. Leur objectif est d’être plus proche de leurs clients et prescripteurs.
Implantée sur l’ensemble du territoire métropolitain grâce à son réseau national qui assure
un maillage territorial unique, l’AFPA est présente dans les 22 régions de France,
regroupées en territoires. Cette proximité région s’appuie sur 186 campus dont 15 dans la
région Ile de France.
● La technostructure de l’AFPA est composée notamment du bureau d’ingénierie qui est la
source principale de la standardisation du travail et du pôle Qualité chargé de réaliser, à la
demande des directions régionales, tout le process qualité, en vue d’obtenir la certification
qualité des normes iso 9001 et d’assurer une harmonisation des pratiques de tous les campus.
● Le support logistique assuré par AFPA Office, fournit les différents services internes tels
que les fonctions transversales de l’approvisionnement et l’entretien et la maintenance des
locaux.
13
3.2.2 Les flux de contrôle et de travail
Si l’on considère les cinq éléments de base de la structure globale de l’AFPA, présentés ci-
dessus (cf. schéma 1) selon le modèle de Mintzberg10, nous pouvons imaginer que ces
derniers sont articulés entre eux par des flux variés et complexes (hiérarchiques,
décisionnels et relationnels).
Compte tenu de sa dimension nationale et de sa taille importante, la nouvelle physionomie
de l’AFPA, affiche une hiérarchie pyramidale, faisant apparaître, comme le montre
l’organigramme ci-dessus, une succession de strates de différentes autorités assurant des
missions stratégiques dont la ligne hiérarchique s’élargit à partir des 22 directions régionales
qui représentent l’interface entre le sommet intermédiaire (directions centrales et générale,
conseil d’administration) et les directeurs territoriaux qui assurent la gestion de leurs centres
opérationnels (campus regroupés en territoire). Au niveau décisionnel et relationnel, chaque
Direction régionale convoque de façon hebdomadaire tous les acteurs des Directions
territoriales. Les directives et les informations circulent donc de façon régulière et fréquente.
Toutefois il n’y a pas de mutualisation des informations entre les régions.
D’après le principal représentant du courant de la sociologie des organisations (appelée
école de la contingence), H. Mintzberg, la régulation des flux d’une organisation est assurée
par des mécanismes de coordination entre les différentes tâches et personnes. Selon les
modes définis par le théoricien, le mode de coordination des opérateurs de l’AFPA
correspond au mode de standardisation des procédés émanant de la technostructure dont
deux entités ont un rôle majeur :
AFPA Ingénierie qui, à travers sa nouvelle méthode de conception/ingénierie des
formations (appelée RSF : Référentiel Service Formation), conçoit et diffuse une matrice
d’ordonnancement des normes et des standards matérialisant un parcours-type et les
ressources associées, mais aussi des méthodes et des documents de référence pour les
formateurs, des fiches métier, des fiches de fonction, des unités élémentaires d’apprentissage
(« briques » additionnables/ « recombinables ») qui permettent de répondre avec réactivité et
à juste coût aux sollicitations multiples des clients sur chacun des segments de marché de
l’AFPA. L’AFPA Ingénierie, assure également un lien relationnel d’échange avec les
différentes entités opérationnelles pour les aider à assumer leur mission.
10
Cours de « Sociologie des organisation » Master 1 IPFA sous la direction de S.Oudet.
14
l’entité Qualité que nous avons présentée ci-dessus participe aussi à la
standardisation des procédés.11
Mais l’organisation de l’AFPA intègre également le mode de standardisation des résultats
assuré par le Contrôle de production (émanant lui aussi de la technostructure), pour la
mesure de spécification précise de la production (exploitation) en termes d’objectifs réalisés
par exemple.
11
L'AFPA Languedoc-Roussillon est la 1ère région à avoir obtenu la certification ISO 9001 pour la totalité de
ses 7 campus en mars 2010.
15
partie sur les dispositifs pédagogiques conçus par les ingénieurs, cette compétence
professionnelle leur assure une certaine autonomie quant à la technostructure (division
verticale moyenne), la hiérarchie et leurs collègues, restant proches uniquement de leurs
clients (stagiaires). Par ailleurs, le formateur assurant généralement une formation dans un
domaine bien spécifique, on peut effectivement parler de division horizontale forte tel que
cela apparait dans une organisation professionnelle.
Toutefois, depuis son importante restructuration stratégique imposée par l’évolution de son
environnement économique et financier, l’association nationale est peut-être en train de
s’éloigner de sa configuration missionnaire pour se muter en organisation adhocratique. En
effet, les salariés travaillent dorénavant en groupes de projet pour répondre aux besoins
spécifiques des clients. Ainsi, depuis la mise en place du plan stratégique en 2009,
l’organisation au niveau des régions est de type matriciel avec un découpage en ligne métier.
Chaque directeur régional supervise une Direction Commerciale, une Direction de la
Relation Clients Stagiaires et une Direction Exploitation (cf. organigramme en annexe).
Cette organisation est dupliquée au niveau des territoires et des centres de formation. La
situation nouvelle dans laquelle se trouve l’AFPA depuis plus deux ans, l’obligeant à trouver
de nouveaux clients et à satisfaire leurs besoins, donne aujourd’hui aux activités
« Commercial et Développement » et « Relation Clients-Stagiaires » un poids tout aussi
important qu’à celles de l’Exploitation (formation) et de l’Ingénierie pédagogique et de
formation. Les interactions entre ces différents pôles d’activité sont plus que nécessaires
pour assurer la réalisation des objectifs de chiffre d’affaires fixés par le sommet hiérarchique
et équilibrer les comptes de l’association. Par ailleurs, la mise en concurrence de l’AFPA
avec les autres organismes de formation publics et privés rend son marché de plus en plus
imprévisible et instable et la conduit à élargir ses compétences sur d’autres segments de
marché, complexifiant davantage les tâches de ses ingénieurs et de ses formateurs. En effet,
la diversification des demandes avec la variété nouvelle des clients, génère une multiplicité
des offres de formation et un élargissement des compétences des ingénieurs de formation
(nouvelles ingénieries : parcours et « pré-ingénierie » avec la décomposition par éléments
standards des Blocs Métiers et des Situations Professionnelles de Référence qui permettent
de construire des modèles locaux par assemblage, conception de nouveaux dispositifs
pédagogiques comme les actions POE).
Mais parallèlement, l’AFPA conserve son organisation professionnelle. En effet, le marché
exigeant une meilleure qualité des formations assurées par le secteur et le sommet
hiérarchique fixant à sa ligne hiérarchique des objectifs pour sécuriser le CA et maîtriser les
16
risques et les charges, ces injonctions internes et externes impliquent une plus grande
expertise de tous les professionnels de l’organisation, notamment des trois lignes métiers qui
assurent l’activité opérationnelle de l’association nationale à travers ses offres de services.
Ainsi, depuis 2009, l’AFPA est mise en concurrence avec les 48 000 organismes de
formation publics et privés. Ce changement de financement, jusqu’ici entièrement assuré par
les subventions de l’Etat, diminue d’environ 50% le CA de l’AFPA, obligeant cette dernière
à trouver de nouveaux marchés et de nouvelles sources de financement. Les campus
régionaux se positionnent désormais sur les appels d’offre lancés par les collectivités
territoriales et les organismes publics mais répondent également à ceux des entreprises du
secteur privé. Ainsi, ses partenaires sont aujourd’hui multiples : les ministères, les conseils
régionaux et départementaux, Pôle emploi, Adecco (accords avec le numéro 1 du
recrutement pour les apprentissages intérimaires), les branches professionnelles, les
organismes collecteurs (OPCA), les entreprises et les universités.
Cette démarche devrait lui permettre ainsi de compenser la perte financière générée par le
retrait de l’Etat et de pourvoir aux dépenses de fonctionnement qui, elles, ne peuvent être
comprimées.
Elle se trouve ainsi assujettie, au même titre que les autres opérateurs, au critère de sélection
que sont le positionnement et les performances. Ses principaux concurrents sont la CEGOS
17
pour les formations courtes, le GRETA pour les formations longues et les Chambres des
métiers et du commerce pour l’alternance.12
Impactés par le changement de son modèle économique, les résultats de l’année 2011,
publiés au printemps dernier, révèlent la poursuite d’une dégradation de la situation
financière. Entre 2008 et 2011 le chiffre d’affaires est passé de 1 milliard d’euros à
868 millions d’euros (940,8 millions en 2010) et accuse une perte de 53 millions d’euros13.
Par ailleurs, les difficultés de trésorerie de l’association confirment également les graves
difficultés financières que traverse celle-ci. Bien que la situation financière de l’AFPA
semble s’enfoncer dans la crise, au vu de son CA et de ses pertes, nous n’avons pas à ce jour
le détail des résultats de l’exercice 2011. En conséquence, les éléments chiffrés que nous
avons pu rassembler portent essentiellement sur l’exercice 2010.
Ainsi que l’indique le tableau ci-dessous reprenant les chiffres communiqués par l’AFPA,
ses ressources financières pour l’exercice 2010 proviennent à 50% des régions (en recul de
6% en raison des nouvelles modalités d’achat) et autres collectivités locales. Bien que les
ressources financières provenant des Fonds européens ne soient pas disponibles, elles sont
encore peu significatives sur la totalité du CA. Quant à la part des entreprises représentant
25% du CA, elle dépasse de 1% l’objectif fixé.
Alors que la participation financière de l’Etat s’élevait à 750 millions d’euros il y a moins de
10 ans, elle n’a cessé de diminuer année après année. Et bien que le DG de l’AFPA,
M. Caïla, confirme que la commande publique continue de baisser, sans vouloir donner de
chiffres plus précis, (Le Monde, Op. cit.), elle serait tombée en 2011 à 15 millions et
12
Informations recueillies lors de l’intervention de J.P. Mondou, Dir. De l’Ingénierie de formation à l’AFPA
au séminaire organisé dans le cadre de l’EC « Connaissance des milieux professionnels de la formation»
composant le S1 du Master 1 IPFA
13
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/07/l-afpa-en-crise-appelle-l-etat-au-secours_1714822_3234.html
18
70 millions par le biais du FSPP (Fonds de Sécurisation des Parcours Professionnels). 14
Sa part en 2011 ne représenterait donc plus qu’à peine 10% du chiffre d’affaires total.
En termes de marchés15, l’AFPA a consolidé en 2010 ses positions fortes sur le marché
public. Elle a répondu à 3033 appels d’offres en 2010, soit 3 fois plus qu’en 2009 avec un
taux de transformation positive de quasi 1 appel d’offre sur 2. Elle a remporté la plupart des
appels d’offres des formations pour demandeurs d’emploi avec les Conseils régionaux et
87% portaient sur des prestations de formation. Quant au marché privé, elle a continué sa
progression sur le marché de la formation continue des salariés.
3.3.2 Ses enjeux organisationnels
Ainsi, la modification du modèle économique de l’AFPA a déstabilisé son organisation
interne. Mais à cela s’est rajoutée la décision du Gouvernement de transférer à Pôle emploi,
le 1er avril 2010, l’activité d’orientation des demandeurs d’emploi vers la formation, assurée
jusque-là par les personnels d’orientation de l’AFPA. Ce transfert de 913 personnes (sur
1200), dont 600 psychologues d’orientation, a conduit l’association à reconstruire un
système de recrutement de ses stagiaires Aujourd’hui, seuls 300 conseillers d’orientation
(psychologues non détachés et chargés de recrutement et d’accompagnement), répartis sur
tout le territoire, assurent cette mission.
Depuis peu, l’AFPA a également perdu un autre marché de formation, celui des travailleurs
handicapés sur lequel elle était positionnée, en cohérence avec sa mission de service public.
Celui-ci a été transféré, sans contrepartie financière, à l’AGEFIPH (l’association chargée de
gérer le fonds de développement pour l’insertion professionnelle des personnes
handicapées), qui était jusque-là un de ses partenaires. En 2010, l’association avait accueilli
11 528 personnes handicapées.
Par ailleurs, l’AFPA se doit désormais de créer une ingénierie de parcours qui anticipe
l’évolution des métiers et donc réexaminer le contenu des programmes de formation censé
correspondre aux titres professionnels proposés par l’AFPA, délivrés par le ministère de
l’emploi et reconnus par les employeurs (titres également accessibles depuis 2002 par la
Validation des Acquis de l’Expérience).
Enfin, les conditions favorables de travail dans lesquelles s’effectuent les formations
d’apprentissage de l’AFPA, en offrant une globalité de services intégrés (spécialité majeure
14
http://www.pourseformer.fr/pros/marche-de-la-formation-continue/formation-continue/h/8aa396e9dc/a/formation-
des-chomeursnbsp-lafpa-a-t-elle-un-avenirnbsp.html
15
http://www.afpa.fr/l-afpa/espace-presse/details-archive/article/lafpa-reste-la-premiere-. (27/02/2012)
19
de cet organisme), sont conditionnées par la politique de financement des pouvoirs publics
de plus en plus restrictive. A ce jour, cet ensemble de ressources, qui assure de plus grandes
chances de succès pour les stagiaires en formation, est donc fragilisé par cette incertitude.
16
http://sudfpa.lautre.net/IMG/pdf/LIVRE_NOIR_DES_CONDITIONS_DE_TRAVAIL_21_04_2012_def.pdf
Commission des Conditions de Travail du CCE-Avril 2012- Livre noir des conditions de travail à l’AFPA
20
financiers qui s’enfoncent dans le rouge, aucun de ces éléments n’incite les salariés de
l’AFPA à retrouver confiance et mobilisation.
Lassé du statut « ambigu » de l’association dans le pilotage de la formation des demandeurs
d’emploi et de sa situation financière désastreuse, le président de l’AFPA, Jean-Luc Vergne
a voulu provoquer un électrochoc en démissionnant, le 6 juin dernier, de son poste occupé
depuis 2008. Son successeur, Yves Barou (ex DRH de Thalès pendant 10 ans et conseiller
social du Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) en 2010) reconnait que son changement
de « business model » n’a pas été anticipé et qu’une mauvaise organisation de l’AFPA
faisait qu’elle remplissait de moins en moins ses sessions de formation. Il va donc
s’employer à « fluidifier et mieux réguler le système, revoir la gouvernance et
professionnaliser l’organisation »17.
3.4 Le campus de Créteil (ma structure de rattachement) et son rapport avec la POE
L’organisation d’AFPA Créteil se situe autour de quatre lignes métier, dont le rôle et la
mission de chacun d’eux sont restitués et développés dans des tableaux insérés en annexes.
Ses formations dispensées répondent aux trois missions de l’AFPA citées précédemment, à
savoir l’insertion dans l’emploi par l’apprentissage d’un métier, le perfectionnement des
salariés, la contribution à la promotion sociale. Elles sont toutes basées sur des mises en
situations professionnelles : des stages en entreprise ou des formations en alternance pour les
contrats de professionnalisation, analyses des pratiques professionnelles et enfin des POE.
Le campus est spécialisé sur les formations qui correspondent aux métiers appartenant au
secteur tertiaire contrairement à d’autres campus, comme Meaux ou Champs sur Marne
spécialisés plus particulièrement sur le BTP. C’est un avantage puisqu’il peut ainsi répondre
plus facilement aux appels d’offres, de plus en plus orientés sur ce secteur économique.
Les qualifications s’échelonnent du niveau II pour la formation de Concepteur-Développeur
en Informatique au niveau V.
17
http://www.lefigaro.fr/formation/2012/07/13/09006-20120713ARTFIG00546-l-afpa-en-sursis-jusqu-a-la-
fin-de-l-annee.php
21
Quant à la durée des formations, elles sont généralement d’une durée plus longue que la
moyenne. Les plus courtes sont d’environ 4 mois et concernent les services à la personne
alors que les plus longues peuvent aller jusqu’à 7 à 8 mois pour le secteur informatique.
Toutefois les actions POE, assurées dorénavant par l’AFPA sont de 10 et 11 semaines.
22
14,90% Collectivités
territoriales
67,70% Etat
13,2% Part en %
Tertiaire (HTS)
Part en % BTP
25% (HTS)
61,8%
part en %
Industrie (HTS)
Conclusion
Comme nous venons de le voir dans cette première partie, l’Etat est passé d’une logique de
formation à une logique d’insertion. La suspension de ses subventions pour l’AFPA conduit
celle-ci à répondre désormais aux appels d’offre des régions mais aussi à ceux lancés par le
secteur privé à travers les OPCA. Ainsi, afin de répondre à ses nouveaux enjeux, elle doit se
positionner sur des marchés où elle n’était pas et assurer des formations dont elle n’est pas
spécialiste, comme les actions courtes de POE.
23
PARTIE 2 : MA MISSION ET MON STAGE
Dans le cadre de mon stage, j’ai été rattachée à l’un des trois services de formation du
campus de Créteil, appartenant à la ligne métier : Exploitation (cf. organigramme campus
Créteil en annexe).
24
1.1.2 Les flux de contrôle et de travail
Ligne métier Exploitation
Flux hiérarchiques : Directeur Régional Adjoint/Directeur Régional
d’exploitation
Contrôle de
Directeur territorial Production
d’Exploitation
Gestion,prod. et
rémunération
stagiaires
Ligne métier Ligne métier Manageur 4 personnes
Commercial & Relation Clients Stagiaires de
Développement : Recrutemenent/ formation
Chargés clientèle Accompagnement Jamila
3 personnes 5 personnes Benhamida
Assistante
technique +
Formateurs
GRN 159 : 5
GRN 160 :7
GRN 161 :1
25
formateurs) doivent apporter leur expertise à la ligne Commercial et Développement pour la
réponse aux appels d’offre et la conception de réponses spécifiques. Ils doivent également
coopérer avec les équipes de la ligne Relation Clients Stagiaires pour traiter et arbitrer des
problématiques stagiaires et assurer la sécurisation des parcours de ces derniers.
Par ailleurs, après avoir collecté auprès de leurs formateurs les éléments de « reporting »
relatifs aux stagiaires, les manageurs de formation sont en charge de diffuser ces données au
service Gestion et production qui assure entre autre la rémunération des stagiaires.
J. Benhamida, à l’instar de ses collègues manageurs de formation, organise également tous
les mois une réunion avec un GRN de sa responsabilité concernant les entrées/sorties des
stagiaires, les entretiens mensuels avec les stagiaires, les questions pédagogiques et
techniques, les projets en cours. Elle anime également une réunion collective mensuelle avec
l’ensemble de ses formateurs pour diffuser les consignes stratégiques et économiques de
l’institution et du Conseil régional, contrôler le respect des consignes du Référentiel Service
Formation dans la démarche qualité mais aussi faire le point sur les objectifs. (J. Benhamida
insiste sur le fait qu’il s’agit d’un véritable travail d’équipe entre les manageurs et leur
équipe de formateurs).
Le Contrôle de production centralise, quant à lui, les rapports hebdomadaires des manageurs
de formation et consolide les budgets prévisionnels estimés par ces derniers.
D’une manière générale, bien qu’il y ait des procédures de liaison, la coordination, à
l’intérieur et entre les équipes, fonctionne beaucoup par ajustement mutuel.
Mais d’autres caractéristiques relevant d’une structure adhocatrique, se retrouvent également
dans les campus de formation de l’AFPA. En effet, compte tenu d’un marché de la
formation de plus en plus complexe et de plus en plus instable, les professionnels de l’AFPA
doivent s’acquitter de savoir-faire élevés et de plus en plus variés (« spécialisation des
tâches horizontales extensive basée sur une formation bien établie ») mais aussi faire preuve
d’une constante adaptation des compétences et des organisations aux demandes des clients
(ex : action POE : préformation sur compétences transversales, etc.), des financeurs et des
bénéficiaires (comme une demande de parcours individualisés). Par ailleurs, s’agissant des
formateurs, une part croissante des tâches administratives relatives à la progression
pédagogique des stagiaires (comptes rendus de suivi individuel des stagiaires : livrets
stagiaires et de leur bilan pédagogique) et au contrôle quotidien de la feuille d’émargement
incombe à ces professionnels, les éloignant de la spécificité de leur tâche. Par conséquent, la
division du travail est de moins en moins forte sur le plan horizontal (tel qu’on peut
l’observer au sein d’une structure dite adhocratique) mais reste encore moyenne sur le plan
26
vertical car les formateurs semblent conserver encore à ce jour une certaine latitude quant à
l’application des dispositifs pédagogiques de plus en plus standardisés.
Ma directrice de stage ayant intégré l’AFPA il y a tout juste un an, il m’est difficile de
déterminer si l’organisation informelle du campus décrite par cette manageure de formation,
provient :
de la réorganisation profonde de l’AFPA qui implique des ajustements pendant une
période d’adaptation et de « rodage » qui peut effectivement s’échelonner sur quelques
années (le plan stratégique mis en place a été prévu pour une période de 5 ans),
du travail collaboratif entre les lignes métier,
de la position centrale au sein du campus des salles de formation et de leur proximité
avec les bureaux des manageurs de formation et des formateurs qui de fait résolvent
certains problèmes liés aux stagiaires qui ne sont pas de leur ressort,
ou si elle résulte de la bonne volonté de chacun dans un environnement bouleversé qui
n’arrive pas à trouver une organisation efficace et efficiente, imposant à la fois un process
de plus en plus normé dans un souci de rentabilité et de performance et une certaine
autonomie des équipes qui doivent résoudre les problèmes.
En effet, par exemple, les assistantes techniques assurent dorénavant leur fonction pour deux
services et leur nouvelle polyvalence n’est pas sans créer de problème au sein des différents
services concernés compte tenu de cette incohérence sur le plan opérationnel.
Ponctuellement certains manageurs de formateurs, comme J. Benhamida, réalisent
volontairement des tâches incombant aux services fonctionnels avec qui ils sont en liaison
de travail, afin d’assurer le process lorsqu’il y a défaillance par manque de personnel. Enfin,
compte tenu de ce type d’organisation, il parait évident que la communication se fait à la
fois de façon formelle mais aussi informelle entre les différentes lignes métiers et au sein
même des équipes, du fait de la taille humaine du campus et des petites unités que représente
chaque ligne métier.
27
1.2 Le contexte de ma mission
Le service auquel je suis rattachée dans le cadre de ma mission (dont la responsable est
J. Benhamida) étant en charge des formations « Secrétariat-Assistanat » (GRN 159), celui-ci
s’est vu confier de fait la mise en place et le pilotage des POE collectives dédiées au secteur
« Support à l’entreprise », commandées par les AGEFOS PME.
La première POE a démarré en novembre 2011. Ces actions étant limitées à une par mois
par territoire, depuis cette date deux autres ont été organisées (janvier et mai).
28
notamment le contenu des séances pour chaque module, assorties des scenarii pédagogiques
très détaillés à l’intention du formateur. En outre, j’ai pu assister comme convenu aux
séances de formation d’une POE collective dédiée au secteur « Support à l’entreprise » deux
jours par semaine sur toute la période de celle-ci, soit 10 semaines.
Les moyens d’actions qui m’ont été proposés pour remplir mon dernier sous-objectif
sont d’une part, l’étude de la proposition de l’AFPA faite à AGEFOS PME en réponse à sa
commande (en remplacement du cahier des charges réalisé par AGEFOS, initialement
proposé et finalement non communiqué pour des raisons de confidentialité) ainsi que le
power point de présentation des POE (très détaillé : 24 diapos), utilisé par les chargés de
recrutement lors des réunions d’information collectives ; et d’autre part, ma mise en contact
avec des personnes chargées d’organiser les job dating avec les entreprises qui recrutent
auprès des stagiaires à l’issue de la POE, en partenariat avec l’AGEFOS PME.
Enfin, l’accès aux résultats de l’enquête à 3 mois sur le devenir des bénéficiaires de ces
actions s’est avérée plus difficile que prévu pour des raisons de disponibilité des personnes
responsables du suivi des placements.
A partir de la proposition faite par l’AFPA, pour les POE ciblées sur les besoins d’emploi
des adhérents d’AGEFOS PME - qui m’a été communiquée sur fichier informatique
(113 pages) - j’ai pu prendre connaissances du dispositif global et du contenu pédagogique
de la POE suivie, tels qu’ils ont été conçus par les ingénieurs de l’AFPA.
Dans un premier temps nous allons présenter rapidement le process du dispositif dans sa
globalité puis nous nous attarderons plus en détails sur les référentiels de formation, à savoir
le contenu du programme, puisque c’est ce sur quoi porte l’objet de notre mission, mais
également sur les conditions de réalisation des formations (formations des intervenants) et
les ressources pédagogiques (formateur, logistique et supports), ces deux aspects
conditionnant la réussite de la mise en œuvre de l’action de formation.
29
organisées dans les campus toutes les semaines, les plaquettes disponibles sur place, les
forums emplois organisés par les AGEFOS PME et l’AFPA sur les territoires concernés.
Après inscriptions sur le site internet et dépôts des candidatures traités par le Centre Relation
Clients et les équipes du service Relation Clients Stagiaires, l’AFPA invite les candidats à la
réunion hebdomadaire d’information collective, animée par les chargés de recrutement et
d’accompagnement de l’AFPA (CRA). Celle-ci a pour but d’expliquer aux candidats
potentiels l’intérêt pour ces derniers d’une formation POE ainsi que son déroulement et son
objectif principal : « permettre après 10 semaines de vous préparer à rencontrer dans les
meilleures conditions possibles de futurs employeurs ». L’animateur attire toutefois
l’attention sur le fait que la démarche du candidat est volontaire et que son implication est
essentielle. Son inscription effective dépendra de sa motivation. Il est également spécifié que
la formation ne débouche pas automatiquement sur un emploi, mais que si la POE a été mise
en place dans la région, c’est que des intentions de recrutement sont identifiées dans les
secteurs économiques présentés.
2) Le recrutement et le positionnement des DE. Les modalités d’entrée en formation
s’effectuent par la passation de tests sur les compétences clefs (épreuves écrites
d’arithmétique de base et rédactionnelles) et par des questionnaires (« profil
d’employabilité » et positionnement des candidats sur ces compétences communes de base
dans le but de les aider à mieux identifier leurs besoins et attentes de la formation). Dans un
deuxième temps (suite aux résultats des tests et du questionnaire de positionnement ainsi que
du diagramme d’employabilité), un entretien individuel avec les candidats, effectué
également par un CRA, permet de préciser le projet et de procéder à la construction du
parcours de formation en POE en fonction des métiers ciblés et des prérequis.
L’ensemble de ce module de positionnement permet de cerner le niveau du stagiaire et
d’établir une prescription de formation individualisée par un choix cohérent de modules.
3) L’entrée des DE en formation
Le programme de formation s’échelonne sur 10 semaines de formation à raison de 35heures
par semaine et ne comprend pas de stage en entreprise. Il se décompose en trois parties dont
les deux premières proposent de développer un socle de compétences transversales:
4 semaines (140 heures) consacrées au développement des compétences clés qui regroupe
un socle de base indispensable dans la vie personnelle et professionnelle et un socle
« comportement professionnel » qui repose sur des compétences mobilisables en contexte
professionnel et communes à tous les métiers. Il est défini de manière individualisée autour
d’une combinatoire de modules courts couvrant 273 heures au total.
30
5 semaines (175 heures) dédiées à un socle « efficacité professionnels » qui repose sur des
compétences communes à une famille de métiers, en l’occurrence « Support à l’entreprise ».
1 semaine (35 heures) réservée aux techniques de recherche d’emploi. Ce dernier module
commun à tous les parcours métiers vise à finaliser le projet professionnel du stagiaire.
4) L’accès à l’emploi ou à une qualification à la sortie de la POE.
Intégré à la dernière semaine de formation, ce module vise à assurer un accompagnement du
stagiaire personnalisé dans sa recherche d’emploi jusqu’à 15 jours après la fin de la POE.
5) Le bilan des actions.
La dernière étape de la formation POE collective correspond à l’évaluation des actions
31
Stagiaires), qui anime l’atelier débutant la dernière semaine de la POE. Ce suivi personnalisé
du stagiaire représente 5 heures, au gré de l’avancement de ses démarches et au regard du
plan d’action sur lequel il s’est engagé pour sa recherche d’emploi. Cette prestation d’appui
à la recherche d’emploi qui pouvait s’échelonner durant six mois suivant la fin de la POE, a
été réduit à 15 jours pour les POE 2012 en raison d’une renégociation du contrat de
l’AGEFOS PME passé avec l’AFPA.
18
Afin d’avoir une vue d’ensemble plus détaillée des objectifs pédagogiques de chacun de ces modules, nous
les avons construit un tableau inséré en annexes.
32
Selon la proposition de l’AFPA, l’intérêt supplémentaire de l’acquisition ou du
renforcement de ces compétences clés (et tout aussi fondamental à mon sens) est de
permettre aux stagiaires de reprendre confiance en eux, ce qui me semble être effectivement
un gage de renforcement de leurs possibilités d’insertion et d’un accroissement de leurs
chances de retrouver un emploi.
19
Nous avons recensé dans un tableau incorporé aux annexes les modules proposés aux stagiaires, leur objectif
et durée respective ainsi que les contenus de chacun d’eux.
33
prendre en compte ses besoins et attentes et recueillir ses explications sur son projet
personnel et professionnel.
. Construire sa stratégie de recherche d’emploi et son plan d’action personnalisé : 14h. Il
s’agit de contractualiser l’accompagnement et de recueillir la signature du stagiaire sur son
contrat d’engagement quant au plan d’actions à mener. Il devra participer à quatre ateliers
collectifs incontournables (se mettre dans une dynamique de recherche d’emploi, comment
mieux connaitre le métier, comment se présenter aux employeurs, comment organiser les
recherches).
. Acquérir les techniques et les outils de la recherche d’emploi en choisissant des modules
parmi les ateliers facultatifs : 4h30/19h (construire un CV, rédiger une LM, spontanée et en
réponse à une offre, utiliser le téléphone pour communiquer avec l’entreprise, préparer son
entretien de recrutement).
. Conduire et mettre en œuvre sa stratégie de recherche d’emploi : 14h de travail en
autonomie guidée.
. Le suivi personnalisé : 5h tutorées par l’animateur en entretien en face à face sur le temps
libre d’accès, en entretien téléphonique ou par mail en fonction des besoins.
S’agissant des formateurs POE (10 par régions), repérés par la direction RH et la direction
d’Exploitation, ceux-ci sont particulièrement sensibilisés à la connaissance des publics
34
ciblés par ce type d’action, aux choix pédagogiques à opérer et aux notions de compétences
transversales de base et spécifiques au secteur d’activité de la POE pilotée.
Compte-tenu de l’hétérogénéité des formateurs mobilisés, ce programme est modulable en
fonction des besoins de ces derniers et se répartit sur 4,5 jours avec une journée en
autonomie pour l’appropriation des supports.
Par ailleurs, un accompagnement à la conduite de projet peut être proposé à ces derniers afin
d’assurer la réussite de parcours spécifiques et individualisés du public visé.
35
Les fournitures indispensables concernent les consommables informatiques (cartouches,
papier) qui servent notamment à imprimer les supports qui font partie des ressources (KIT)
distribuées à chaque stagiaire et dont une liste est prévue à cet effet.
J’ai donc procédé par une prise de notes sur les activités proposées par le formateur, les
remarques que je pouvais tirer du choix des contenus et de la pédagogie employée ainsi que
sur les observations faites par les stagiaires lors des débriefings du début et fin de séance
(il y en a eu de moins en moins, puis plus du tout) et lors de la présentation au groupe de
leur projet professionnel respectif. Il me fallait souvent réclamer au premier formateur les
supports pédagogiques papier distribués aux participants. Quant aux séances auxquelles je
n’assistais pas, je récupérais après la séance du lundi le cahier soigneusement écrit d’une des
stagiaires pour photocopier son contenu à mon domicile et le lui rendre le lendemain matin.
Enfin, j’échangeais régulièrement de façon informelle avec les stagiaires pendant les pauses
ou parfois lors du déjeuner ce qui m’a permis de considérer leur perception au fur et à
mesure de l’avancée des séances. J’ai pu également m’entretenir rapidement à l’issue de
chacune des deux parties de la formation (acquisition des compétences clés et
professionnelles et module d’insertion dans l’emploi) avec les deux formateurs respectifs.
36
Toutefois plusieurs mois après, je me suis à nouveau entretenue avec ces derniers ainsi
qu’avec un autre formateur recruté en CDD pour assurer plusieurs POE. Ces derniers
échanges m’ont permis d’évaluer la façon dont avait évolué le contexte.
La confrontation aux réalités du terrain, nous amènera à nous interroger sur les difficultés à
exploiter les ressources réellement disponibles et les variables humaines. En effet, ces
contraintes contextuelles difficilement évaluables sont bien souvent sous-estimées dans les
considérations théoriques des ingénieurs pédagogiques.
Ainsi, ces observations permettront de faire le lien avec une quatrième sous-partie consacrée
à l’évaluation du dispositif par les stagiaires et par l’AFPA à la demande de son client.
15 femmes et un seul homme ont participé à cette formation. Bien que cette répartition
s’accorde avec les statistiques qui mettent en avant le fait que la population féminine soit
davantage impactée par le chômage et le manque de qualification, cette sous-représentation
masculine s’explique peut-être davantage par le secteur d’activité ciblé par cette POE.
Je n’ai pas pu travailler à partir du document qui a servi à positionner les 16 candidats qui
ont intégré cette POE pour des raisons de confidentialité comme précisé supra. Toutefois,
une présentation interactive des candidats réalisée en binôme lors de la première séance
(chacun devant présenter l’autre au groupe après un temps d’échanges entre les deux
protagonistes), ainsi que le questionnaire (cf. en annexes) que j’ai établi et distribué en fin de
formation, m’ont permis de recueillir des informations sur le profil des stagiaires et de les
regrouper dans le tableau ci-dessous.
37
Age Date Formation Expé- Dernier Métier
du rience
chômage initiale pro. poste occupé visé
43 sept-11 CAP Comptabilité 24 ans Assistance maternelle Comptable ou
BEP Agent services admin. après 20 ans en compta. assistante paie
50 1 an Bac + 2 20 ans Mandataire assurances Comptable paie
Chargé de clientèle Gestionnaire
31 2 ans Deug Maths/informatique 9 ans Vendeuse boulangerie Agent administratif
35 8 Marketing produits et 8 ans Responsable magasin Adjointe commerciale
jours services (Pologne) et administrative
50 6 ans Hôtesse standardiste 18 ans Hôtesse d'accueil Agent administratif
trilingue sécurité Secrétaire
23 4 mois Hôtesse standardiste 2 ans Hôtesse-standardiste Agent administratif
hôtel hôtel Secrétaire
23 1 an Niv. Bac Santé Médicosocial 2 ans Agent hôtelier hôpital Secrétaire, hôtesse
35 NC Master gestion 1 an Agent de propreté Agent compta. tiers
(Finance, Comptabilité) + 9 ans ou comptabilité
(Madagascar) générale
39 sept-11 Licence LCE Anglais 18 ans Accueil/Vente tourisme Assistante
administrative
33 NC Licenciée en Droit en Clerc de notaire NC
Algérie
37 NC Maîtrise éco NC Assistante RH Assistante RH
22 juil-10 Bac pro secrétariat NC Préparatrice commandes Secrétariat
36 NC Formation cpta-finance Maroc Bénévole pour assos. Assistante comptable
24 NC Bac ES NC NC Secrétariat
28 années Bac techno NC NC NC
21 NC NC NC Agent d'accueil
Ainsi que l’indique celui-ci, la moyenne d’âge du public était d’environ 33 ans (les 2 plus
âgés ayant 50 ans et la plus jeune 21 ans ; rappelons qu’il n’y a aucune limite d’âge pour
accéder à une POE) avec un niveau de qualification et un nombre d’années d’expériences
professionnelles assez disparates.
On peut noter d’une part, que parmi les diplômes les plus élevés (DEUG, Master),
certains ont été obtenus à l’étranger et que les personnes n’ont généralement pas essayé
d’obtenir leur équivalence, et d’autre part, les quelques expériences professionnelles à
l’étranger de certains participants semblent difficilement validées par les employeurs
français, selon les stagiaires concernés.
38
Par ailleurs, la durée d’inscription à Pôle Emploi est également très variable, mais peu
significative compte tenu du peu de nombre de réponses, insuffisantes pour être
exploitables.
Nous pouvons remarquer également que les objectifs de ces participants, demandeurs
d’emploi recherchant un emploi dans le secrétariat administratif ou l’assistanat comptable,
rejoignent effectivement ceux notifiés dans la fiche module sectoriel « supports aux
entreprises », qui compose le référentiel des prestations de cette POE élaboré par l’AFPA et
étudié précédemment. En effet, si je me réfère aux informations recueillies auprès de ces
derniers à partir, à la fois d’un questionnaire que j’ai élaboré, et des fiches d’évaluation à
chaud distribuées en fin de parcours par l’AFPA (cf. en annexes), leurs besoins et attentes
concernaient trois domaines distincts : l’administratif, la comptabilité et la bureautique.
Quant aux niveaux recherchés, ils sont également différents mais s’insèrent tout à fait dans
la démarche de la POE décrite au préalable : acquisition des connaissances de base dans
cette discipline, remise à niveau ou développement des connaissances acquises.
Le profil des stagiaires positionnés sur cette offre étant assez hétérogène, il n’est pas
étonnant de constater une disparité des besoins et objectifs des participants à cette POE.
Cette observation soulève toutefois un problème qui sera abordé dans plusieurs autres sous-
parties en raison de son lien direct avec la difficulté pour le formateur à gérer cette
hétérogénéité des besoins et attentes des stagiaires, la déception de ces derniers évoquée
lors des questionnaires d’évaluation du dispositif, mais aussi comme point de
questionnement quant à l’efficacité et l’efficience d’un dispositif à la fois collectif,
individualisé et personnalisé et qui sera traité dans notre dernières partie.
39
POE, n’ont pas toujours permis d’assurer l’animation des premières POE par des formateurs
extérieurs dont l’expérience correspondait entièrement au profil spécifique requis. En outre,
l’urgence des recrutements a souvent limité la possibilité de recruter deux formateurs (telle
qu’envisagée initialement par la réponse de l’AFPA à son commanditaire), l’un pour
l’animation du socle de compétences clefs et l’autre pour assurer l’apprentissage des
compétences de base professionnelles. Malheureusement la POE suivie s’est trouvée dans ce
cas de figure : d’une part, un seul formateur a été missionné pour les deux premières parties
de la formation, et d’autre part, expert professionnel de la comptabilité (ex chef comptable)
reconverti dans la formation professionnelle pour adultes depuis trois ans, nous verrons
ultérieurement en quoi la spécialité de ce dernier n’a pas eu que des avantages.
Par ailleurs, le retard engendré par cette procédure imprévue n’a pas permis de former les
recrutés des premières POE aux particularités de la POE, ce qui fut le cas du formateur
précité, compte tenu de son embauche deux jours avant le début de l’action. Mais bien que
depuis cette POE, ma directrice de stage, manageure de formation et responsable de la POE
que j’ai suivie, m’ait informée que les formateurs peuvent être dorénavant recrutés 8 jours
avant le début de la POE, elle m’a par ailleurs confirmé que leurs formations ne sont
toujours pas assurées par les formateurs relais, avant et encore moins pendant l’action,
malgré l’accompagnement prévu. Cette situation m’a d’ailleurs été confirmée par les deux
formateurs CDD que j’ai pu contacter plusieurs mois après mon stage.
Malgré cette absence d’accompagnement, le formateur recruté en CDD était censé pouvoir
accéder aux ressources pédagogiques mises à la disposition de tous les formateurs sur
l’intranet de l’AFPA. Mais là encore, la restitution des codes et habilitations donnant accès à
cet espace, n’a été effective, pour le formateur de la POE suivie, que 3 à 4 semaines après le
début de la POE (l’autre formateur CDD interrogé m’a confirmé avoir eu les mêmes
difficultés). Aussi, pour pallier à cet inconvénient, sa responsable a dû donner un CD Rom
comprenant les ressources pédagogiques de l’AFPA.
Après ces premières remarques sur l’organisation préalable, l’autre constat que je tire des
séances auxquelles j’ai pu assister, relève tout d’abord de la désorganisation de la
composition des plannings hebdomadaires (cf. en annexes). En effet, ainsi que l’ont noté
deux participants lors des tours de table de fin journée des premiers jours : « J’ai du mal à
comprendre l’articulation entre les différents exercices », « cours déstructuré », un
40
enchaînement logique dans la construction des séances parait pourtant nécessaire pour
assurer une fluidité de la formation et donner un sens à la progression de celle-ci.
Par ailleurs, au cours de la semaine, le contenu de ce qui était indiqué sur le planning
hebdomadaire (distribué chaque fin de semaine pour la semaine suivante) était parfois
modifié sans raison particulière. Ces variations ne manquaient bien évidemment pas de
désorienter quelque peu les stagiaires qui ne comprenaient pas le motif de ces changements
de programme. Par ailleurs, les travaux ou exercices qui n’étaient pas terminés le matin ou
l’après-midi n’étaient pas forcément repris la demi-journée suivante, malgré la demande des
participants et leur implication, ce qui générait dans le groupe un sentiment de frustration
manifeste, tel que l’a fait observer un des stagiaires : « Le travail sur Excel entamé en fin de
matinée aurait dû être repris».
Concernant le contenu de l’action suivie, mes observations ont été confirmées par la
répartition des 315 heures effectuées au cours des 9 semaines de formation relatives aux
deux premiers socles de compétences transversales (de base et professionnelles). Les deux
tableaux construits ci-après présentent un comparatif entre la répartition des heures
effectuées et celle des heures prescrites par le dispositif pédagogique de la POE conçu par
l’AFPA.
41
Les savoirs à travailler Effectuées Prévues par l’AFPA
Professionnalisation 16 heures
Paie 20 heures
Force est de constater que la répartition des 315 heures, s’apparente davantage à une
formation dédiée à la comptabilité et non à une initiation tel que le prescrit le module
comptabilité.
En effet, alors que cette POE prévoit « d’aborder les notions de budget et les concepts de
base de la comptabilité », j’ai pu noter que la comptabilité générale et toutes les spécialités
de la comptabilité ont été passées en revue (comptabilité fiscalité, comptabilité analytique,
analyse financière, contrôle de gestion, gestion de trésorerie, comptabilité anglo-saxonne),
totalisant 74 heures + 20 heures de Paie par rapport aux 29 heures prévues. La disproportion
en termes d’heures consacrées à cette compétence clé dans le secteur d’activité visé par cette
POE et son approfondissement trop poussé, se sont faits au détriment de la bureautique,
pourtant centrale dans les compétences de base et professionnelles (la transversalité la plus
évidente) et des tâches administratives, tout autant prescrites dans la plupart des parcours de
formation établis pour les stagiaires participants au vu des métiers visés (cf. tableau 3).
42
destinées à faire prendre conscience à chacun de ses propres acquis, comme de ses besoins
en matière de connaissances et d’apprentissage en lien direct avec la formation
professionnelle envisagée ». Or, si il est légitime pour un animateur de s’adapter à son
public, les personnes qui se destinaient au secteur de la comptabilité (Tableau 3 : 4 sur 16)
ne visaient qu’un poste d’assistante comptable, compte tenu de leur formation et expérience
passée et du caractère non diplômant de la POE. En outre, s’agissant des autres stagiaires,
dont la prescription de parcours actait d’avantage une initiation aux tâches administratives,
(majoritaires dans le groupe, ainsi que le restitue ce même tableau) aucune activité en sous
équipes n’a été proposée en parallèle, telle que l’organisation de cette action personnalisée et
individualisée le conçoit.
S’agissant de la bureautique, ainsi qu’il avait été pourtant identifié par l’animateur, une
majorité des stagiaires avaient conscience du caractère indispensable de cette initiation quel
que soit le métier visé (comptabilité, secrétariat ou accueil). Le peu d’heures qui y ont été
dédiées (30 heures contre 88 heures prévues au total sur les 9 premières semaines) ne répond
pas à un niveau de maîtrise suffisant de la part des bénéficiaires mais à un choix du
formateur qui n’avait sans doute ni les outils adéquats ni la formation requise. Par ailleurs,
parmi ces heures effectuées, il est à noter qu’une partie a été consacrée à la présentation
théorique de l’informatique, certes indispensable mais qui réduit d’autant la pratique des
logiciels de bureautiques et des moteurs de recherche.
Enfin, de nombreuses heures ont également été consacrées au CV, lettre de motivation,
préparation à l’entretien, alors que ces formations ne sont pas prévues dans cette partie du
programme mais lors de la dernière semaine par un second formateur, spécialiste des
méthodes et outils de l’insertion dans l’emploi. Cette redondance a donc également réduit le
temps qui aurait pu être consacré au véritable contenu des 9 premières semaines.
43
Malheureusement, ces mises en situations, particulièrement représentées dans les scenarii
pédagogiques, proposées par l’AFPA comme support au formateur pour chacune des étapes
du module sectoriel, n’ont quasiment pas été exploitées dans cette partie du programme.
L’excès d’heures en comptabilité en est une des raisons. Cela a par ailleurs limité les travaux
collectifs ou en binôme, souvent proposés par ces supports. Ainsi, l’enquête en entreprise
prévue par le dispositif pédagogique n’a pas été mise en pratique pour des raisons
fonctionnelles. Son intérêt est pourtant triple : elle donne du sens au contenu en
réinvestissant les acquis théoriques, elle permet de valoriser les savoir-faire et savoir-être et
renforce le sentiment d’efficacité personnelle de ces stagiaires, bien souvent en perte de
confiance.
Enfin, le vocabulaire utilisé à l’écrit et à l’oral m’a paru souvent trop élaboré et
inapproprié au regard du niveau de formation d’une majorité des bénéficiaires. Je ferais la
même observation quant à l’utilisation de certains supports sélectionnés dans les propres
ressources du formateur pour animer ses modules de consolidation de l’expression écrite ou
orale. En effet, certains textes littéraires et économiques choisis pour travailler le
vocabulaire, la grammaire et la syntaxe m’ont paru véritablement ardus compte tenu du
profil des stagiaires, rendant le contenu de certaines séances abstrait, voire ésotérique et
démotivant pour certains d’entre eux.
Par ailleurs, le vidéoprojecteur présent dans la salle et devant servir à filmer les stagiaires
lors des mises en situations professionnelles et des jeux de rôles, n’a jamais été utilisé en
raison de son caractère défectueux. Il s’est avéré toutefois que la manageure de formation
responsable n’en a pas été informée par le formateur. Outil pourtant bien utile pour analyser
et améliorer ses défauts, notamment au niveau de la communication gestuelle et verbale et
de l’image que l’on renvoie à travers sa présentation, le formateur n’a pas cherché à le faire
44
fonctionner pour l’animation de sa deuxième POE. Un autre formateur en CDD animant des
POE sur le secteur « Commerce/distribution », et avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger, ne
disposait quant à lui d’aucun vidéoprojecteur dans sa salle. Ce qui là encore aurait pourtant
été un outil utile lors de mises en situations commerciales.
S’agissant des PC, en place au sein même de la salle de formation, ils étaient en nombre
suffisant mais ont nécessité pour plusieurs d’entre eux des interventions de techniciens les
premiers jours de leur utilisation car ils n’étaient pas tous mis en réseau ou configurés
correctement pour un accès internet.
Enfin, l’étape concernant « l’appropriation et l’utilisation des fonctions de base des outils de
communication et de transmission de l’information dans l’entreprise » consacre 8 heures à
l’utilisation des différentes fonctions du téléphone dans différentes situations. Le but de ce
module est d’exercer les stagiaires qui se destinent aux postes de secrétariat à : entrer en
contact avec un ou plusieurs interlocuteurs, répondre oralement à une question, enregistrer
un message d’accueil, laisser un message sur répondeur, interroger un interlocuteur et
vérifier sa compréhension de l’information donnée, donner à des interlocuteurs des
informations administratives sans les interpréter, argumenter oralement pour obtenir le
résultat attendu. Or, alors que la maitrise de ce moyen de communication et de transmission
de l’information, est indispensable en entreprise, particulièrement pour des postes d’accueil,
d’assistanat administratif, ou comptable, j’ai pu observer que cet outil était inexistant (les
moyens requis étant deux postes téléphoniques connectés sur une ligne intérieure et un
magnétophone).
Il n’a donc pas été possible au formateur de répondre aux objectifs pédagogiques de cet
atelier et aux stagiaires de s’essayer aux exercices pratiques prévus dans différentes
situations professionnelles. J’ai pu faire la même observation avec les scans et
photocopieuses dont une assistante est censée savoir se servir et qui n’ont pourtant jamais
fait l’objet d’un quelconque apprentissage voire d’une démonstration, les machines étant
disposées dans une salle dédiée au matériel de fonctionnement et non comme outils de
formation pratique. Quant aux cartes magnétiques d’accès, seul les formateurs en
disposaient pour photocopier les supports pédagogiques individuels.
45
mission incombe aux chargés de recrutement et d’orientation référents pour chacun des
stagiaires mais également aux formateurs, ces deux intervenants devant travailler en binôme.
Toutefois, s’il est prévu dans le dispositif que le formateur puisse avoir accès, par le biais de
la plateforme intranet de l’AFPA, aux fiches de positionnement des stagiaires, précisant le
profil et les particularités repérées de ces derniers ainsi que la spécificité de leur parcours
respectif, ce ne fut que théorique, tout au moins les premiers mois de la mise en route des
POE. Selon les informations recueillies, plusieurs raisons expliquent cette situation de
l’époque. D’une part, le dysfonctionnement administratif et logistique lié à la mise en route
des POE n’a pas permis l’entrée des informations sur la base de données par les chargés de
recrutement et d’accompagnement (normalement assurée par des assistantes techniques)
dans les délais impartis. D’autre part, les deux formateurs interrogés n’avaient ni
connaissances de ces fiches de positionnement et de parcours, ni de l’existence et du nom du
chargé de recrutement et d’accompagnement sur le campus qui auraient pu, d’une manière
ou d’une autre, leur donner des éléments pour mieux préparer l’accompagnement de leurs
stagiaires. En effet, tant soit peu que les informations aient été disponibles, comme nous
l’avons vu précédemment, les formateurs recrutés en CDD pour animer les POE n’ont eu
accès à leur code d’habilitation que plusieurs semaines après le début de l’action, leur
rendant difficile une rapide prise en compte du profil et des attentes précises de chacun
d’eux afin de construire et organiser au préalable le plan d’action de ses séances de
formation, tel qu’il se doit dans une formation modulable individualisée.
46
des difficultés avec les apprenants mais directement par ces derniers (qu’elle avait elle-
même recrutés) et davantage pour des raisons matérielles ou financières qui « polluent » leur
motivation et leur engagement dans la formation. Sa formation en psychologie, lui
permettait dans ce cas, d’apporter son aide et son soutien tel que prévu par sa mission.
En effet, il m’a été indiqué à plusieurs reprises que les stagiaires inscrites en POE recevaient
leurs indemnités de Pôle emploi 3 à 4 semaines après le début de la formation, ce qui
pouvait créer un véritable problème de subsistance pour certaines.
Mais avant tout, une des missions du formateur d’action POE est de réaliser un
accompagnement adapté aux situations des personnes et à l’emploi visé. Comme nous
l’avons souligné au vu de nos observations, ce rôle n’a pas toujours été rempli au cours de la
POE suivie. Ainsi que nous l’avons relevé, le formateur a rencontré certaines difficultés à se
centrer sur les besoins individuels de chaque participant et à organiser ses activités autour
des différentes modalités de formation dans le suivi des apprentissages et le travail en
équipes pluridisciplinaires, du fait des différents niveaux de formation et d’attente en termes
de métier ciblé. Ce fut d’ailleurs un élément verbalisé en début de formation par l’une des
stagiaires, au cours d’un exercice de positionnement individuel sur les attentes et les craintes
par rapport à cette formation : « crainte que les différents niveaux et expériences soient
difficiles à gérer pour le formateur ».
Par ailleurs, malgré les remarques fréquentes des stagiaires sur la rapidité du cours et le
caractère beaucoup trop scolaire (trop d’écrit et de recopiage de ce qu’inscrivait le formateur
au tableau) : « on a l’impression d’être à l’école », il ne lui a pas été facile d’accompagner
les personnes en difficulté dans leur apprentissage et de faciliter une relation d’aide. Enfin,
si l’entraide au sein du groupe a relativement bien fonctionné, notamment pour l’utilisation
des PC, l’animateur est rarement intervenu malgré le blocage de certains stagiaires devant
leur écran.
En résumé, le manque d’écoute quant aux réclamations des stagiaires de plus en plus
découragés n’a pas contribué à maintenir l’attention et l’implication de ces derniers, de
moins en moins motivés. Les tours de table réalisés lors des premières séances ont
rapidement disparu. Ils permettaient pourtant au formateur de mesurer le moral des
apprenants et leur ressenti quant aux types d’apprentissage utilisés. Quant aux stagiaires,
cela leur donnait la possibilité de faire le point sur la progression de l’acquisition de leurs
compétences mais également de verbaliser les points forts et les points faibles de la
formation quant à leur attente de la POE.
47
3.2 La dernière semaine de formation dédiée à l’insertion dans l’emploi.
20
Le cinquième jour étant réservé à mes cours de Master à Paris X.
21
Pédagogie élaborée par le sociologue canadien Jacques Limoges de l’Université de Sherbrooke au
Québec.Le pied représente l’environnement socio-politico-économique auquel doit s’adapter la personne en
insertion socio professionnelle. Les trois feuilles sont les trois dimensions qui doivent être travaillées dans un
sens particulier : le Soi (connaissance de son profil, de ses ressources pour une meilleure adaptation au
contexte , apprentissage relevant également du module relatif aux compétences transverses), puis la Méthode
(les moyens pour trouver un emploi ou une formation : choix adapté aux stratégies et au contexte) et enfin le
Lieu (lieux intermédiaires et stratégiques pour consulter les offres d’emploi et déposer sa candidature :
territoire de la recherche adapté à la demande du marché du travail).
48
avant tout de valoriser ce que les stagiaires font eux-mêmes dans le cadre de cet atelier, à
savoir la construction de leur CV et de leur lettre de motivation et la préparation aux
entretiens, afin de les placer dans une position dynamique et positive dans leur recherche
d’emploi et de démarchage des entreprises. Pour cet animateur, la réussite d’une insertion
socioprofessionnelle passe avant tout par une autonomie guidée qui permettra à ces
demandeurs d’emploi de prendre confiance en leurs propres capacités à retrouver un emploi.
Ainsi, en se préparant eux-mêmes, tout en étant accompagnés, ces derniers se mobilisent
davantage pour décrocher un travail. Leur attitude et leur discours lors des entretiens
obtenus se trouvent également plus convaincants et en accord avec les CV et LM en
possession des recruteurs.
Quant au suivi personnalisé des stagiaires qui débute durant cette dernière semaine de POE,
il a malheureusement été réduit de 6 mois à 15 jours après la fin de la formation en raison
d’une renégociation du contrat entre l’AGEFOS PME et l’AFPA.
Sur les 16 stagiaires présents en début de formation, 12 sont allés jusqu’à la fin de la
formation. Les mêmes chiffres ressortent de la précédente POE dédiée au même secteur,
dont j’ai pu étudier les documents d’évaluation.
49
4.1.1 Questionnaire de satisfaction des stagiaires (cf. exemplaire en annexes)
Le questionnaire que j’ai distribué aux stagiaires au milieu de la dernière semaine de
formation m’a permis d’établir le profil des participants de cette POE mais également de
sonder leur opinion sur ce parcours découvertes qui se terminait.
Je dois préciser que sur les 12 personnes qui sont allées jusqu’à la fin de la formation, seules
9 étaient présentes lorsque j’ai remis le questionnaire et n’ai donc pu avoir les réponses des
3 autres. Toutefois, les présents m’ont tous rendu le document renseigné.
Bien que les informations soient de fait incomplètes, les résultats obtenus à partir de
l’exploitation des 9 questionnaires confirment les commentaires recueillis au cours des
échanges informels que j’ai pu avoir tout au long du stage avec les apprenants.
Ainsi, après avoir rassemblé les réponses dans le tableau 6 présenté ci-après, il ressort que
sur les 9 personnes interrogées, 5 disent que cette action de formation ne leur a pas permis
d’atteindre leurs objectifs et 3 en sont partiellement satisfaites. Seul un membre du groupe se
dit entièrement satisfait à l’issue de cette POE.
Les raisons évoquées sont variées mais dans l’ensemble, quelles que soient les attentes au
départ, les stagiaires mettent en avant leur déception quant au caractère trop ciblé du module
consacré au secteur famille de métiers qui aurait dû être davantage pluridisciplinaire, comme
annoncé lors de la réunion d’informations présentant la POE « supports aux entreprises ».
Certains regrettent également la forme trop scolaire du déroulement des séances et leur
allure trop rapide.
La non réponse à l’attente de la majorité des stagiaires se traduit par les réponses de la
dernière colonne du tableau 6. En effet, seuls 4 stagiaires envisageaient de se positionner sur
le marché du travail à l’issue de cette POE. Nous pouvons poser l’hypothèse que, soit le
parcours découvertes du secteur professionnel les a confortés dans leur choix de métier, soit
ils se sentaient mieux préparés pour démarcher les entreprises et réussir leurs entretiens,
suite à leur remise à niveau ou à la réactualisation de leurs compétences professionnelles et à
l’acquisition des techniques de recherche d’emploi. En revanche, 2 stagiaires s’orientent
vers la recherche d’une formation qualifiante, 2 vers un contrat de professionnalisation dont
1 s’est entre temps présenté à un concours administratif, et 1 autre hésite entre une recherche
d’emploi ou un contrat de professionnalisation.
Ces réponses cohérentes avec celles faites aux autres questions déjà étudiées, renforcent
l’idée que cette POE ne semble pas avoir sécurisée suffisamment l’employabilité des sondés
puisque plus de la moitié souhaite compléter cette action suivie par une autre formation.
50
Age Formation Attente Atteinte Métier Visée à
initiale de la des Pourquoi visé à l'issue
POE objectifs de la POE
Comptabilité Remise à niveau en OUI Confiance en soi Comptable paie Emploi
43
comptabilité
Bac + 2 Actualisation Trop scolaire Formateur peu Comptable Contrat de
OUI/NON
50 comptabilité
Chargé de clientèle et bureautique compréhensif Gestionnaire professionnalisation
Deug Maths/ Compétences clef et Pas assez de temps Agent administratif Emploi
NON
31 celles d’assistante
Informatique comptable
Marketing produits et Connaissance Hétérogénéité des Assistante Emploi
NON
35 services de base en
(Pologne) comptabilité niveaux comptable
Hôtesse-standardiste Compétences en NON Trop de comptabilité Agent administratif Formation
50
trilingue bureautique et de gestion Secrétaire qualifiante
Hôtesse-standardiste Agent administratif NON Trop de comptabilité Agent administratif Contrat pro.
23
hôtel et secrétariat et de gestion Secrétaire Concours
BEP, niv bac Santé Comptabilité/paie/ OUI/NON Pas assez approfondi Secrétaire, hôtesse Emploi
23
Médico Social bureautique
35 Master Gestion : Etre opérationnelle OUI/NON MAJ en comptabilité, Comptabilité tiers Emploi ou
finance, comptabilité Pas assez bureautique ou assistante contrat de
(Madagascar) Aucun logiciel de comptable professionnalisation
comptabilité.
Licence LCE Anglais Compétences clef, NON trop ciblée Assistante Formation
38,5
secrétariat, bureautique comptabilité administrative qualifiante
Afin de dépouiller les informations et les restituer pour une lecture analytique, j’ai procédé
en deux étapes. Dans un premier temps, j’ai construit le tableau 7 en classant les
commentaires manuscrits des stagiaires dans deux colonnes (satisfactions et insatisfactions)
Dans une troisième colonne, j’ai relevé leur choix de réponse et remarques à la dernière
question, quant à la facilitation ou non de cette formation pour leur retour à l’emploi. Cette
présentation m’a permis de faire une première lecture de cette évaluation et de voir s’il y
51
avait des recoupements entre les remarques exprimées par les stagiaires. Dans un deuxième
temps, j’ai élaboré le tableau 8 synthétisant en nombre les réponses proposées à chacune des
questions. De ces résultats j’ai dégagé une conclusion générale sur l’orientation du ressenti
des bénéficiaires quant à la POE suivie et à son efficience.
Je relève tout d’abord que les commentaires sont plus nombreux que pour la POE
précédente dont j’ai eu l’occasion d’analyser également les fiches d’évaluation à chaud
remplies par les bénéficiaires.
Parmi les commentaires d’insatisfaction, nous pouvons faire plusieurs remarques. Ainsi,
alors qu’une stagiaire dénonce l’insuffisante d’heures de comptabilité, de nombreuses
personnes sont déçues par le peu d’heures accordées à la bureautique « qui est un des
critères essentiels dans une offre d’emploi » (écrit l’une d’entre elles) et aux activités
relatives au secrétariat.
Une stagiaire précise que la diversité du contenu aurait nécessité plusieurs formateurs
spécialisés. En effet, la bureautique et le secrétariat ne faisaient pas partie des compétences
du formateur de cette POE, ce qui explique certainement le peu d’heures consacrées à ces
deux domaines de compétences.
Plusieurs stagiaires regrettent le manque d’écoute de la part du formateur qui n’a pas su
adapter sa pédagogie et le contenu du programme aux requêtes des stagiaires. D’autres
personnes mettent en avant le fait que les séances de formation sont trop scolaires, trop
magistrales et trop rapides et regrettent le manque de pratique.
En revanche, parmi les remarques de satisfaction, deux stagiaires reconnaissent une remise à
niveau de leurs connaissances en comptabilité et la découverte des domaines comme la paie,
la professionnalisation, la TVA intracommunautaire. Deux stagiaires précisent que cette
formation leur a permis de reprendre confiance en elles, ce qui a d’ailleurs été également le
cas pour deux participantes à la POE précédente avec un autre formateur. Toutefois, une
autre personne de ce groupe a, quant à elle, signalé sa démotivation et son découragement.
52
Stagiaire Satisfaction Insatisfactions Facilitation de retour à
l'emploi
Remise à niveau et élargissement connaissances compta. Pas assez polyvalent comme prévu : pas de logiciel compta, (+) En comptabilité
1 Pratique de l'oral : beaucoup de jeu de rôle et pas assez de bureautique qui est un élément important dans (-) aucune pratique d'un
participation des candidats une offre d'emploi, pas de secrétariat. logiciel de comptabilité
Méthode recherche d'emploi et amélioration CV et LM Pas de secrétariat ni assez de bureautique comme prévu Pas le niveau pour
2 poste de secrétariat
Bureautique et secrétariat pas enseignés comme prévu Aucune prise de poste
Plusieurs formateurs spécialisés aurait été plus judicieux possible
3 Pédagogie et écoute à revoir sérieusement. Trop de cours Peu satisfaite
magistraux et pas assez de pratique
Tableau 7 Restitution des commentaires des stagiaires relevés dans les fiches d’évaluation
53
12
Pas le sentiment d'avoir appris grand-chose malgré
volonté
Nous pouvons souligner, par ailleurs, plusieurs commentaires très positifs en faveur de
l’animateur de la dernière semaine dédiée aux techniques de recherche d’emploi. Nous
retrouvons le même sentiment de la part de plusieurs stagiaires de la première POE qui
relèvent la pertinence du contenu de la dernière semaine et les compétences du formateur en
charge de cet atelier. Deux de ces personnes regrettent d’ailleurs que la période de ce
module ne soit pas plus longue.
Le tableau suivant nous permet de vérifier les constats réalisés à partir des commentaires
exprimés par les stagiaires à l’issue de leur formation.
Nous pouvons noter un consensus quant aux compétences très efficaces du formateur
intervenu la dernière semaine mais également un consensus sur le manque de pédagogie et
d’écoute du formateur principal des 9 premières semaines. Cela explique pourquoi il y a
parfois deux réponses pour une même question, les commentaires justifiant le double choix,
mais également le poids négatif des neuf premières semaines qui oriente dans le même sens
54
l’évaluation de l’ensemble de la formation, malgré une remarque positive (voire très
positive) sur la dernière semaine.
D’une manière générale, une partie des stagiaires trouve que trop d’heures ont été
consacrées à la comptabilité et pas assez au secrétariat et à la bureautique, domaines relevant
du secteur « support aux entreprises » et présentés comme tels lors de la construction des
parcours avec les chargés de recrutement en amont de la POE.
Ainsi, au vu de ces résultats, nous pouvons noter la position centrale du formateur au sein du
dispositif pédagogique. Néanmoins, la déception des stagiaires de la POE suivie quant au
contenu de la formation relève également des informations qui leur ont été communiquées
lors de leur recrutement et positionnement. En effet, ces informations inappropriées et très
différentes d’une personne à l’autre dont m’ont fait part certains participants ainsi que les
nouvelles situations de certains stagiaires sortants ne découlant pas d’un parcours post POE,
résulteraient, d’après certains commentaires recueillis auprès de professionnels de l’AFPA,
d’un double dysfonctionnement des premières POE mises en place. D’une part, de
nombreuses candidatures aux POE auraient été prescrites par Pôle emploi ou par les
missions locales en attendant le démarrage de formations prescrites par ces deux entités et
réellement adaptées aux besoins et attentes des postulants. D’autre part, des plaquettes
d’information trop floues et le discours peu clair de certains chargés de recrutement, lors des
premières réunions d’informations collectives, ont contribué à véhiculer de fausses
informations sur les caractéristiques de la POE et leur contenu (formation en alternance,
formation en comptabilité, gestion et finance, formation qualifiante, ou encore un CDI
assuré à la fin de la formation). Enfin, l’urgence dans laquelle les premières actions de POE
ont dû être mises en place dès la fin d’année 2011, n’a pas œuvré pour une sélection
55
rigoureuse des candidatures et a ainsi contribué également à une orientation inadéquate des
bénéficiaires.
En conclusion, je constate que les résultats de ces deux outils de sondage et d’évaluation que
nous venons de présenter, corroborent les discussions informelles que j’ai pu avoir avec les
stagiaires tout au long de mon stage, ainsi que mes observations quant à l’implication et la
motivation de ceux-ci. Enfin, les raisons d’abandon au cours de la formation de 4 stagiaires
sont inconnues, l’association n’ayant aucun retour de leur part. Aussi, le motif d’abandon
qui a été retenu dans les registres de l’AFPA est celui de perte de motivation. Mais selon ma
directrice de stage, responsable de cette POE, et la chargée de recrutement et d’orientation
avec qui j’ai pu m’entretenir, de nombreux abandons des stagiaires de POE relèveraient, non
pas du découragement ou de la démotivation de ces derniers, mais comme nous l’avons déjà
évoqué, plutôt de problème de non-paiement de leurs indemnités de demandeur d’emploi en
formation qui entrave la sécurisation de leur parcours de formation (les frais inhérents à leur
formation comme le transport pour se rendre sur le campus, les frais de restauration) ou
encore de problèmes de garde d’enfants.
4.2 Au regard des besoins des entreprises adhérentes aux AGEFOS PME
4.2.1 Job dating : rencontres des entreprises avec les stagiaires à l’issue de la POE
Des rencontres entre les entreprises adhérentes de l’OPCA et des stagiaires ayant suivi une
POE sont organisées, une fois par mois en moyenne, par le conseiller d’AGEFOS PME sur
le territoire et le chef de projet AFPA responsable du rapprochement des entreprises et des
candidats. Les animateurs de la dernière semaine de l’action POE dédiée aux techniques de
recherche d’emploi établissent une liste des candidats potentiels au regard des offres des
entreprises qui se sont inscrites au job dating.
Toutefois la rencontre organisée est dédiée à un seul secteur à la fois. En outre, selon les
informations recueillies auprès de l’animateur ERE (Espace Ressources Emploi) il semble
que ces job dating ne soient pas réservés uniquement aux stagiaires sortant de POE. Les
offres ne correspondant pas forcément aux emplois du niveau des stagiaires des POE, la liste
56
des candidats peut être élargie à des stagiaires suivant d’autres types de formation. Par
ailleurs, il peut arriver qu’une rencontre soit annulée par défaut de candidats potentiels.
Ainsi, pour toutes ces raisons, la participation des stagiaires à un job dating en fin de
parcours ou à l’issue de l’action comme le prévoit le dispositif est loin d’être possible.
4.2.2 Enquête AFPA sur le devenir des stagiaires après leur sortie de POE
Dans le cadre du suivi personnalisé, le formateur ERE reprend contact avec les bénéficiaires
15 jours après la fin de la formation. Il s’agit de réaliser un bilan de situation de chacun des
stagiaires à l’issue de la POE et d’évaluer la performance de l’action de formation en termes
d’insertion professionnelle.
Un tableau nominatif par action est restitué à la Direction de la Relation Clients Stagiaires.
Le tableau concernant les 12 ex stagiaires de la POE suivie m’a été communiqué mais celui-
ci ne figurera pas en annexes pour des raisons de confidentialité.
Les résultats des informations recueillies montrent que si le dernier jour de l’action de
formation les 12 participants étaient toujours en position de demandeur d’emploi, deux
semaines plus tard les situations de certains d’entre eux avaient évolué. En effet, alors que
1 personne était toujours en recherche d’emploi, 2 cherchaient une formation qualifiante et
1 un contrat Pro, en revanche 5 personnes avaient passé un entretien d’embauche dans le
métier visé, 2 ont signé un contrat professionnel dont 1 de Secrétaire médicale et 1 a passé
l’écrit d’un concours administratif.
Toutefois aucune indication ne permet de savoir d’une part, si les entretiens des 5 stagiaires
sortant ont été obtenus grâce à la mise en ligne de leur CV sur le site de l’AFPA et donc que
les entreprises concernées sont adhérentes de l’AGEFOS PME (commanditaire de la POE
suivie) et d’autre part, si les rendez-vous ont débouché sur un recrutement effectif.
Par ailleurs, il est à noter que l’un des contrats professionnels signés ne relève pas du secteur
d’activité visé par la POE « support aux entreprises » et que l’administration qui a peut-être
recruté la stagiaire suite à sa réussite au concours ne fait bien évidemment pas partie des
adhérents de l’OPCA qui finance cette POE.
Là encore, pour des raisons de confidentialité je présume, bien que cela ne m’ait pas été
présenté sous cet angle, les personnes centralisant les résultats d’enquête de devenir des
stagiaires menée 3 mois après la fin de la formation à la demande de l’OPCA commanditaire
57
ne m’ont pas fourni les éléments demandés. De fait, la performance du dispositif par la
mesure du taux d’accès à l’emploi ou à la formation suite à l’action réalisée est indisponible.
Il faut souligner que l’information ne remonte pas au niveau des manageurs de formation, ce
qui ne leur laisse aucun droit de regard sur l’efficience de la POE dans sa globalité et celle
de leur équipe de formateurs.
Conclusion :
A l’issue de notre deuxième partie, nous pouvons constater que dans la pratique l’ensemble
du process de la POE ne correspond pas, à plusieurs égards, à celui élaboré par l’AFPA et
présenté aux stagiaires lors de la réunion d’information et de l’entretien de positionnement.
A l’issue de la formation, des rencontres avec des entreprises devaient être organisées.
S’agissant des stagiaires participant à la session que j’ai suivie, il semble qu’aucun job
dating les concernant n’ait été organisé. L’accompagnement à la sortie de la POE ayant été
58
réduit à 15 jours au lieu des 6 mois initialement annoncés, ils n’ont eu que peu de chance
d’être recontactés par la suite.
Si l’action répond normalement à une demande des entreprises locales sur cette famille de
métiers, comme nous l’avons précisé supra, nous ne disposons à l’issue de cette étude
d’aucun élément pour valider l’efficience de ce dispositif à l’égard des besoins des
entreprises adhérentes.
Comme le souligne Le Boterf (2010)22, « Des discours à la réalité, la distance est souvent
considérable ». En effet, comme nous venons de le voir dans notre deuxième partie, la
conception d’un dispositif de formation peut être de grande qualité mais l’efficacité et
l’efficience de sa mise en pratique dépendront de l’application des conditions prévues et
précisées initialement. Par ailleurs, la conception d’un dispositif de formation peut reposer
sur « des raisonnements qui ne sont pas justes » et déboucher ainsi sur une mise en œuvre
non pragmatique et partiellement non réalisable.
22
LE BOTERF G. (2010. 2e édit.) Repenser la compétence. Pour dépasser les idées reçues : 15 propositions.
2008. Eyrolles. Editions d’Organisation, Coll. Ressources humaines. P 11
59
PARTIE 3. MES ANALYSES : INGENIERIE PEDAGOGIQUE ET POE
Après avoir posé l’état des lieux théorique du dispositif puis celui de sa mise en pratique,
une question centrale émerge de ce parallèle : quelle est la pertinence d’un dispositif de
formation construit autour de compétences transversales, et ce, dans le but de faciliter
l’accès ou le retour à l’emploi de manière durable ? La réponse, que nous allons tenter
d’apporter s’appuiera sur un cadre conceptuel et théorique permettant de définir plusieurs
notions qui seront les points d’ancrage de notre analyse et d’identifier les modèles
d’apprentissage de référence qui sous-tendent les pratiques pédagogiques les plus
appropriées à ce nouveau dispositif d’insertion professionnelle. Cette analyse permettra de
mettre en exergue les forces et faiblesses du dispositif conçu par l’AFPA et de proposer dans
notre conclusion, au vu de ce constat, quelques préconisations.
Prêtant parfois à confusion, il parait opportun en amont de cette analyse, de préciser les
notions de compétences de base et de compétences clés qui constituent une partie du socle
de compétences transversales proposées par l’AFPA dans son programme pédagogique
conçu pour les POE.
En fait, la notion de compétences de base23construite autour d’un noyau traditionnel qui
regroupe les compétences linguistiques (communication orale, lecture et écriture) ainsi que
les compétences en mathématiques et les compétences cognitives (raisonnement logique,
repérage dans l’espace et dans le temps, capacité à apprendre…), s’élargit avec les
évolutions de la société : les compétences en TIC, les langues étrangères, la culture
technologique, l’esprit d’entreprise et les aptitudes sociales. Ainsi, les capacités à
communiquer, à coopérer et à résoudre des problèmes sont aujourd’hui elles-mêmes sur le
point d’être intégrées à cette catégorie de compétences qui constituent le socle fonctionnel
nécessaire à la vie quotidienne, personnelle, sociale ou professionnelle.
En décembre 2006, le Parlement européen et le Conseil ont identifié une liste de 8
compétences clés nécessaires à « chaque personne pour obtenir un emploi et parvenir à la
23
ANLCI (Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme) 2003 « Lutter ensemble contre l’illettrisme, cadre
national de référence. P 74-75
60
satisfaction personnelle, …dans le mode actuel axé sur la connaissance »24: la
communication dans la langue maternelle, la communication en langues étrangères, la
compétence mathématique et les compétences de base en sciences et technologies,
apprendre à apprendre, les compétences sociales et civiques, l’esprit d’initiative et
d’entreprise, la sensibilité et l’expression culturelles. Quelles que soient les compétences
clés retenues par les diverses institutions (Ministère de l’économie, des finances et de
l’emploi, Parlement européen et OCDE) qui se sont attachées à définir une liste de ces
compétences indispensables à une bonne intégration dans la société de la connaissance
(française, européenne ou mondiale), elles englobent toujours les compétences de base telles
que définis dans le référentiel de l’ANLCI qui constituent une sorte de noyau dur puisque
toutes les compétences clés y font implicitement référence. Globalement se sont des
compétences interprofessionnelles, interculturelles, sociales et civiques. 25
Le programme POE de l’AFPA recouvre en partie le référentiel des Compétences Clés en
Situation Professionnel (CCSP) bâti par l’ANLCI, qui identifie les compétences clés en
situation professionnelle. Dans ce cadre, elles sont essentielles en raison de leur valeur
ajoutée pour l’emploi en assurant une capacité d’adaptation et d’insertion, notamment par
leur caractère transversal.
1.2 L’employabilité
Alors que ces compétences clés sont identifiées comme étant nécessaires pour assurer
l’employabilité des personnes, il est important de revenir sur ce concept.
En premier lieu, rappelons la finalité du programme ainsi que ses objectifs afin de restituer
précisément la commande de l’AGEFOS PME.
La visée de ces actions de formation est de « répondre aux besoins de recrutement avérés ou
potentiels exprimés par les entreprises adhérentes de l’OPCA en préparant, par la formation
et l’accompagnement individualisé, des demandeurs d’emploi à un niveau d’employabilité
en rapport avec les compétences de base requises sur les familles de métiers repérés
préalablement par les conseillers d’AGEFOS PME ». S’agissant des demandeurs d’emploi,
le cahier des charges stipule que leur objectif est d’acquérir ou d’élargir « le socle de
compétences de base pour s’adapter aux situations du travail ou des métiers visés
24
« Savoirs de base, compétences pro ? Les situations d’illettrisme au travail, comprendre pour agir ». GARF.
Mars 2009. p. 11-12
25
Ibid. p. 13-14
61
(compétences clés et comportements professionnels) ». Ainsi, comme le précise l’AFPA
dans sa description du dispositif : « l’objectif de la formation, dans le cadre de la POE, est
de travailler sur l’employabilité des personnes et non sur l’acquisition des gestes
professionnels techniques constitutifs de l’acquisition d’une qualification ».
Il apparait clairement que la finalité de cette action de formation et les objectifs des deux
bénéficiaires (entreprises et demandeurs d’emploi) convergent dans le même sens :
permettre à ces derniers d’être en capacité de s’adapter aux évolutions permanentes des
situations de travail et de répondre ainsi aux exigences du marché du travail et de
l’environnement professionnel, d’aujourd’hui et demain. Comme nous avons pu
l’appréhender au travers des motifs d’engagement dans la POE des stagiaires suivis,
l’objectif pour certains était d’accéder à un emploi direct après une actualisation de leurs
compétences professionnelles et/ou un renforcement de leurs compétences de base, dont ils
ont pris conscience du caractère fondamental et indispensable aujourd’hui pour une insertion
professionnelle. Pour d’autres, il s’agissait d’accéder à un parcours découverte de différents
domaines d’un même secteur d’activité, qui leur permettrait de s’orienter vers une formation
complémentaire qualifiante à l’issue de la POE. Mais quelle que soit leur visée à l’issue de
la POE, tous recherchaient les moyens de renforcer leurs capacités à être employables après
cette action ou la formation qualifiante recherchée.
Mais avant de poursuivre notre analyse il convient de préciser ici la définition du concept
d’employabilité. Selon Le Boterf26, il s’agit pour le salarié « d’avoir la capacité à
s’employer » : « …plus seulement d’être capable de tenir un emploi déterminé mais d’avoir
la capacité de s’adapter à son évolution, de le faire évoluer et éventuellement d’en
changer. ». Pour S. Enlart Bellier27, « L’employabilité devient alors synonyme d’adaptation
des salariés sur le marché du travail ». Nous pouvons compléter ces définitions par celle de
J. Igalens28, qui se situe davantage au niveau des personnes en situation de recherche
d’emploi et pour qui « l’employabilité » est conçue comme l’aptitude à trouver du travail et
à en retrouver en cas de départ. En effet, si comme le souligne S. Enlart Bellier, le terme
d’employabilité a évolué dans le temps et selon les pays, pour devenir un concept large qui
désigne l’ensemble des atouts et faiblesses d’un chômeur face à l’emploi (apparition des
26
LE BOTERF G. (2010) Op.cit. p. 87
27
BELLIER S.( 2008) ; « Le savoir être dans l’entreprise », Paris ; Edition Vuibert 2e édition
28
IGALENS J. (2011) « Gestion des ressources humaines » Chap. 4 In Traité des sciences et techniques de la
Formation. Paris. Dunod 3e édition.
62
bilans de compétences pour mesurer cette employabilité et les difficultés de reclassement),
le contexte actuel d’une crise structurelle de l’emploi place aujourd’hui le concept au statut
de norme en soi. Aussi, bien souvent, l’institution ne va plus traiter le retour à l’emploi mais
l’amélioration de l‘employabilité.
Le Boterf précise que « du côté des entreprises, des collectivités territoriales et des pouvoirs
publics, il s’agit d’offrir des possibilités d’emploi ».
De ces raisons sur l’origine de la notion d’employabilité, émerge une autre notion de la
sociologie de la formation, particulièrement liée à cette première. Il s’agit de la mobilité
professionnelle.
63
En effet, le message énoncé par l’AFPA, lors des réunions collectives de présentation de la
POE dédiées aux candidats contactés, propose précisément « une réponse opérationnelle
pour une préparation efficace et durable à l’insertion et à la mobilité ».
Ainsi que l’indique le groupe de travail Prospective des métiers et des qualifications29, « les
évolutions rapides de l’environnement économique, réglementaire et technique induisent des
changements importants des besoins en ressources humaines des entreprises ». La mobilité
devient ainsi un élément clé de la stratégie des branches et des entreprises en réponse à
l’évolution des métiers. Leurs préoccupations portent sur la mobilité relative à l’ensemble
des métiers constituant leur secteur d’activité et sur le processus de développement des
compétences pour appréhender leur impact sur la mobilité.
Quant à ces demandeurs d’emploi candidats aux POE, si leur objectif premier est d’accéder
à un poste à court ou moyen terme, il s’agira également de le préserver malgré ses
évolutions possibles ou encore de pouvoir répondre aux exigences de mobilités internes ou
externes, contraintes ou volontaires. C’est donc dans cette perspective que les actions de
préparation opérationnelle à l’emploi sont mises en œuvre. Mieux armés pour une insertion
professionnelle et pour s’adapter à l’environnement de mobilité dans lequel les individus
sont désormais immergés, les bénéficiaires seront à même de construire leur parcours
professionnel, de rebondir plus facilement, voire d’anticiper et prendre eux-mêmes les
décisions qui s’imposent. C Glée30, souligne en effet l’idée que les restructurations
généralisées des entreprises liées au contexte de mondialisation, conduisent les individus à
appréhender leur vie professionnelle en parcours à construire, davantage qu’en termes de
plans de carrière prédéfinis.
29
AFRIAT C. , GAY C., LOISIL F. « Mobilités professionnelles et compétences transversales ». Paris Edition
La Documentation Française. Collection « Qualifications & Prospective » Juillet 2006
30
GLEE C. « Un accompagnement de type partenarial pour des parcours professionnels durables », Education
permanente n°181/2009-4
31
BOUTINET J.P. « Vie adulte et formation permanente : de la notion au concept » In Traité des sciences et
techniques.de la Formation. Chap. 9 p 206
64
potentiels quant à leur capacité d’adaptabilité et de mobilité vers de nouveaux rôles, vers de
nouvelles compétences au fur et à mesure des mutations internes de l’organisation.
Aussi, à ce stade de notre analyse, nous pouvons nous interroger sur le bien-fondé d’un
dispositif pédagogique construit autour de compétences particulières, qui se distinguent de
celles développant les savoirs académiques et les savoir-faire techniques d’un secteur
d’activité, assurant ainsi l’employabilité et une mobilité professionnelle durable.
Bien que les compétences transversales fassent débat en France depuis les années 90
(B. Rey.199633), S. Enlart Bellier34 fait remarquer qu’elles suscitent une demande à la fois
des entreprises et des individus.
32
DUBAR C. et GADEA C. « Sociologie de la formation post-scolaire » In Traité des sciences et
techniques.de la Formation. Chap. 6 p127-143.
33
REY B. (1996) « Les compétences transversales en question » Paris ; ESF Collection Pédagogie
34
BELLIER S. « La compétence est-elle un concept nouveau ? » In Traité des sciences et techniques de la
Formation. Op. cit. p. 252-253
65
Ainsi que le rappelle cette auteure, alors que les premiers travaux sur les compétences
transversales sont liés aux thèmes de l’insertion des jeunes non qualifiés (Bertrand Schwartz.
1978), ce n’est qu’à partir de la fin des années 80, suite aux vagues de plans sociaux et à
l’essor du secteur tertiaire, que se développe dans le monde de l’entreprise l’intérêt pour des
parcours de formation qui intègrent des compétences particulières favorisant des itinéraires
de mobilité au sein des organisations. Ainsi, les limites de l’approche savoirs, savoir-faire et
savoir-être quant à leur non-transversalité, ont transformé la trilogie habituelle des
dispositifs de formation en substituant le savoir-être (qui constitueraient 75% des
compétences transversales) par les capacités transversales, sortes de « métacompétences ».
En effet, il est à noter que si les méthodes de sélection en France ont accordé un poids de
plus en plus prépondérant aux diplômes (ou aux certificats), comme l’attestent les résultats
d’une étude comparative conduite en 200335, l’analyse montre également que la prise en
compte des qualités personnelles et potentielles entre 1960 et 2000 est en augmentation
régulière dans le temps. En partant du postulat que certaines constantes peuvent être
identifiées dans la mesure où un système de contraintes propres à un contexte se retrouve
dans un autre contexte, d’autres travaux36 ont également fait valoir que les entreprises
verraient dans la transférabilité des compétences en leur sein ou dans leur branche, voire
d’une branche à l’autre, la possibilité de favoriser la mobilité des individus à s’adapter à de
nouvelles situations professionnelles, éventuellement dans un autre métier, voir dans un
autre secteur d’activité. Tout comme le fait remarquer S.Bellier37, le développement des
compétences transférables s’inscrit donc pour les organisations dans une perspective de
gestion prévisionnelle des ressources humaines.
Or, il semble que ce mouvement se soit intensifié ces dernières années. Dans la situation
évoquée précédemment de concurrence accrue entre les postulants pour un même poste et de
la difficulté de choix des recruteurs qui en découle, l’auteure38 rapporte que de nombreux
professionnels travaillant dans le domaine de l’emploi, de la DRH et de la formation,
constatent que l’employabilité ne se résume plus à la maitrise de savoir-faire, de diplômes,
35
CEE, rapport de recherche n°3 2002, MARCHAL E. et TOMY D. et n°12 2003. In « Mobilités
professionnelles et compétences transversales ». Op.cit. Op.ci. p. 38.
36
LIAROUTZOS O., SULZER E., BESSUCO N. et LOZIER F. 2002. « La validation des compétences au
cœur d’une nouvelle problématique de la mobilité » CEREQ rapport final.
37
BELLIER S. (2008) « Le savoir-être dans l’entreprise » Op. cit. p.86.
38
Ibid. p.103.
66
ni même du cursus professionnel. La personnalité et le comportement occupent désormais
une place cruciale et de nombreuses formations ont intégré des notions de savoir-être.
Nous retiendrons les définitions exposées par F. Lainé dans sa note d’analyse d’avril 201142.
S’agissant des compétences transversales, appelées également génériques, elles sont
mobilisables dans diverses situations professionnelles, mais pas dans toutes, et sont
directement liées à :
39
REY B. (1996) Op. cit.
40
Le chercheur considère qu’une compétence est toujours spécifique même si le champ auquel elle s’applique
peut s’élargir mais que cela ne signifie ni transversalité ni transférabilité, seules les intentions du sujet
permettant la prise de conscience.
41
BELLIER S. (2008) op.cit., p.90-91
42
LAINE F. « Compétences transversales et compétences transférables : des compétences qui facilitent les
mobilités professionnelles». Centre d’analyse stratégique. Département Travail-Emploi. La note d’analyse
Avril 2011 n° 219. http://www.strategie.gouv.fr/system/files/2011-04-22_-na-competences-219.pdf
67
- des savoirs de base qui ne sont pas dépendants d’un contexte professionnel particulier
mais néanmoins indispensables pour l’exercice d’un grand nombre de métiers.
(ex : maîtrise de la langue, de l’écriture, des opérations arithmétiques, des bases de la
bureautique)
- des savoirs généraux communs aux métiers ou aux situations professionnelles (ex : la
maîtrise d’une langue étrangère ou des principaux logiciels de bureautique)
- des aptitudes comportementales (savoir-être) mobilisables dans diverses situations
professionnelles (ex : aptitude à gérer la relation client, capacité à travailler en équipe,
savoir écouter un interlocuteur dont on ne partage pas les idées, oser parler en public,…)
- des compétences cognitives (opérations mentales, mécanismes intellectuels comme
synthétiser, comparer, transposer, évaluer) et organisationnelles (savoir-faire
méthodologiques comme savoir prendre des notes, structurer un discours,…) transverses
à plusieurs postes de travail.
Ainsi, dans le cadre des POE, c’est autour de ces compétences « génériques » que s’articule
le contenu de la première partie du dispositif pédagogique (compétences clés). Comme nous
l’avons évoqué supra, la constitution de ce bloc de compétences s’est justifiée à partir de
plusieurs constats. En 2015, 75% des emplois en Europe nécessiteront un niveau de
formation au moins égal au deuxième cycle du secondaire alors que 31% de la population
française a un niveau de formation inférieur (CEDEFOP 2008)43. En effet, avec la
tertiairisation de notre économie, les emplois qui ne requièrent aucun savoir de base en
écriture ou en lecture se raréfient. Les compétences comme celles liées à la maitrise des
technologies de l’information et de la communication (TIC) sont également de plus en plus
mobilisées, même dans le secteur de la production. Par ailleurs, ainsi que le souligne Le
Boterf 44, dans une économie de services le comportement professionnel qui doit être mis en
œuvre dans des situations de travail est devenu une partie importante de la performance d’une
entreprise. Il ne s’agit plus uniquement de vendre des produits de qualité mais également de
savoir les proposer et les faire acheter. En outre, cette qualité relationnelle avec le client, doit
aussi être exercée entre les membres d’une équipe de travail pour assurer une qualité de
coopération tout aussi nécessaire pour un résultat efficient dans une situation de travail.
43
« Les interventions en matière de formation professionnelle en 2010 » In Annexe au projet de loi de finances
2012. Formation professionnelle. http://www.performance-
publique.budget.gouv.fr/farandole/2012/pap/pdf/Jaune2012_formation_professionnelle.pdf
44
LE BOTERF G. “Repenser la compétence” Op. cit. p. 18
68
S. Bellier45 fait également remarquer que si les propos concernant l’importance du savoir
communiquer et de la capacité à coopérer ne sont pas nouveaux, ces exigences relèvent
également aujourd’hui de la sphère des gestionnaires des ressources humaines.
Compte tenu des débats autour de leur statut de « compétence », vérifions si ces définitions
suffisent à confirmer qu’elles possèdent les caractéristiques d’une compétence. Compte tenu
du nombre important de définitions de ce concept, nous présenterons ici la définition de
S.Oudet47, synthétisant celles généralement admises : « la compétence permet d’agir et/ou
de résoudre des problèmes professionnels de manière satisfaisante, dans un contexte
particulier en mobilisant des ressources (incorporées à l’individu et non incorporées).
45
BELLIER S. (2008)“Le savoir- être dans l’entreprise”. Op. cit. p. 11
46
Rappelons les compétences de ce type prévues dans cette partie de la formation : appréhender les services
d’une entreprise et les relations internes, s’approprier et utiliser les fonctions de base des outils de
communication et de transmission, réaliser des tâches administratives liées aux activités du service commercial
d’une entreprise, ou encore acquérir les notions de budget et les concepts de base de la comptabilité.
47
OUDET S. « Qualification, Emploi, Formation » Cours en e-learning de L3 Sciences Humaines et Sociales
Mention Sciences de l’Education, parcours Formation des adultes
69
De par leur caractère spécifique de transversalité et de transférabilité, il apparait, comme le
souligne F. Tilman48, que ces compétences permettent « d’adopter des comportements
efficients, connus», dans de nouvelles situations, dans des contextes non familiers, donc
dans des contextes donnés mais différents de ceux dans lesquels ils ont été construits ou
pour lesquels ils ont été produits, en repérant des similitudes avec des situations connues. Il
s’agit donc bien de « savoir-agir » (transférer) qui mobilise des ressources apportées par la
personne et par l’organisation dans laquelle elle exerce sa compétence.
Ainsi que le note le chercheur, ce type de compétences est « applicable à diverses situations
parce que ces situations présentent des analogies, …des traits communs ».
Considérant ainsi que la définition des compétences s’est élargie aux compétences
transversales49, nous pouvons nous demander à quelles conditions sont-elles transposables
d’un contexte professionnel à l’autre ?
L’économiste F. Lainé nous indique dans son étude50, le fait qu’il n’existe pas en France,
d’enquêtes relevant de statistiques publiques permettant de repérer les compétences
transversales et transférables mobilisées dans les situations professionnelles. Par conséquent
il est difficile de vérifier de façon empirique le postulat selon lequel celles-ci favoriseraient
la mobilité professionnelle. Toutefois, l’auteur cite de nombreuses enquêtes réalisées sur des
champs partiels permettant de disposer d’informations qui mettent en évidence des
processus de transferts de compétences spécifiques entre métiers. Pour n’en nommer que
quelques-unes : l’enquête « Conditions de travail » permet de repérer quelques compétences
transversales en situation de travail à travers des questions sur l’utilisation des TIC, la
nécessité de lire ou encore de remplir des documents écrits, le degré d’autonomie dans le
travail; l’enquête « Génération » du Céreq, sur la situation, sept ans après, des jeunes ayant
terminé leur formation initiale en 1998 comprend des questions sur l’utilisation de
l’informatique ou des langues étrangères dans le cadre du travail.
48
TILMAN F. (2006), « Définir les compétences transversales pour les enseigner »,
http://www.legrainasbl.org/index.php?option=com_content&view=article&id=137:definir-les-competences-
transversales-pour-les-enseigner&catid=54:analyses
49
BELLIER S. (2011) “La compétence est-elle un concept nouveau?” In Traité des sciences et des techniques
de Formation Op. cit. p. 255
50
LAINER F. (Avril 2011) Op. cit.
70
51
Par ailleurs, F. Lainé relève également que des analyses statistiques menées sur le lien
entre la spécialité de formation détenue et le métier exercé renseignent sur la dimension
technique du métier. Il en ressort trois groupes de métiers.
Dans le premier, où l’on trouve par exemple le métier de coiffeur, les compétences
spécifiques jouent un rôle essentiel alors que les compétences transversales ne sont pas
suffisantes.
Dans le second, pour lesquels les métiers ne requièrent aucune spécialité de formation
particulière, mais qui sont exercés plutôt par des salariés expérimentés, comme les employés
de maison, les compétences transversales et l’expérience représentent des critères de
recrutement.
Dans le dernier groupe, dont les métiers ne représentent aucune spécialité de formation
particulière et s’adressent également aux jeunes débutants, comme le métier de serveur, là
encore le recrutement se fera à partir des compétences transversales.
Cette analyse des spécialités de formation par métier détenues par les jeunes met en
évidence par ailleurs les compétences transférables, en repérant les compétences les plus
répandues pour un métier donné qui correspondent à des acquis de formation transférés.
Ainsi par exemple, la formation de mécanique automobile dispensée à de nombreux
conducteurs de véhicules, n’est pourtant pas un savoir mobilisé directement dans ce métier
mais peut être transféré dans ce métier en rapport avec la mécanique.
S’il existe bien un lien entre mobilité professionnelle et les compétences transversales et
transférables, leur identification s’avère indispensable pour assurer une lisibilité de
l’information permettant l’adéquation entre l’offre et la demande de travail.
51
CHARDON O. (2005) “La spécialité de formation joue un rôle secondaire pour accéder à la plupart des
métiers », Economie et Statistiques, n° 388-389
71
(secteur de la grande distribution, de l’industrie, du bâtiment ou de l’hôtellerie-restauration),
les entretiens professionnels et les bilans de compétences.
D’autres ont été élaborés pour que les individus renseignent eux-mêmes leurs
compétences transversales. Il s’agit des formations à la recherche d’emploi, du « portefeuille
de compétences », du « livret de compétences pour les jeunes », lancé pour 16000 jeunes à
la rentrée de 2010 et conçu pour enregistrer les compétences acquises dans le cadre scolaire
et extrascolaire, le CV Europass développé par l’Union européenne qui met en valeur les
compétences techniques mais aussi les compétences sociales et organisationnelles.
Enfin, des outils ont été mis en place pour objectiver ces compétences transverses
mobilisées en situation de travail. Sept exemples français ou étrangers sont présentés dans la
note d’analyse de F. Lainé52.
Parmi les exemples français, nous citerons celui de Pôle emploi qui développe un outil
reliant 87 compétences transversales à des métiers référencés selon la nomenclature ROME
(Répertoire opérationnel des métiers et des emplois) qui permet au demandeur d’emploi de
se voir proposer une liste de métiers possibles après qu’il ait précisé pour chacune des
compétences son degré de maitrise et son niveau d’appétence. Comme nous l’avons indiqué
dans notre introduction générale, ainsi que nous l’avons vu d’autres entités comme l’ANLCI
mais aussi l’Education nationale ont élaboré des référentiels de « compétences clés » avec
différents niveaux de maîtrise.
Au Québec et aux Etats-Unis, des logiciels et des sites internet mettent à disposition du
grand public des informations sur les compétences transversales.
Si la MRS permet d’objectiver les besoins des employeurs par leur implication dans son
élaboration, il en va de même avec la construction de référentiels de compétences par métier
ou par situation professionnelle évoqués ci-dessus, au travers des questions posées aux
entreprises, de la participation d’experts et de vérifications sur le terrain.
Toutefois si ces outils ont le mérite d’identifier les compétences transversales ils n’assurent
pas pour autant une efficacité en termes de mise en relation de l’offre et de la demande de
travail. En effet, il s’avère que ces compétences bien que nécessaires ne sont pas suffisantes,
les entreprises n’identifient pas toujours correctement les raisons de leur difficulté de
52
LAINE F. (Avril 2011) Op. cit.
72
recrutement, des compétences transversales apparaissent moins transversales que prévu.
Enfin, une utilisation appropriée des informations demande un accompagnement.
73
3.1 Faire prendre consciente de l’intérêt de maîtriser ces compétences
Comme pour toute action de formation il nous parait fondamental en préambule de préciser
la finalité de celle-ci et de mettre en évidence la pertinence de son objet, à savoir en
l’espèce : les compétences transversales en situation professionnelle. Cette prise de
conscience est nécessaire pour une implication des sujets apprenants et une meilleure
imprégnation des apprentissages qui vont en découler. Avant d’aborder le comment, il est
important de présenter le pourquoi de cette formation.
Ainsi, l’objectif d’un dispositif pédagogique dont le contenu est centré sur l’apprentissage
des compétences transversales n’est, de toute évidence, pas de se contenter de faire acquérir
certaines d’entre elles ou d’améliorer leur maitrise mais également de donner un sens à cet
apprentissage : quel est son intérêt dans le monde professionnel, la raison pour laquelle il
faut apprendre à développer ces ressources.
La finalité de l’action sera donc en premier lieu de faire prendre conscience aux apprenants
en quoi leur acquisition est utile : maîtriser pour transférer et transférer pour assurer son
employabilité et sa mobilité professionnelle. Il en va effectivement de même pour tout
apprentissage dans une formation pour adultes53 : faire le lien entre l’objet de la formation et
les situations professionnelles est essentiel pour démontrer l’utilité de ces acquisitions.
Ainsi, les compétences clés, comme celle de la communication orale, que l’on maîtrise tous
plus ou moins, sont souvent insoupçonnées comme étant des compétences transférables sur
lesquelles on peut s’appuyer pour avancer ou changer de direction. La formation permettra
de les acquérir ou de les développer. Mais avant d’apprendre à développer des compétences
qui sont présentées comme génériques à plusieurs domaines et/ou transférables, une
introduction sur ce type de compétences, claire et explicite, avec de nombreuses situations
citées en exemple, parait primordiale en première séance d’une action de POE54.
L’implication et la motivation des stagiaires n’en seront que plus grandes et ils chercheront
davantage à exploiter et valoriser ces nouvelles compétences. Notre réflexion nous renvoie
ici à la mobilisation par le sujet de sa ressource « vouloir-agir » appartenant à la trilogie
53
…mais aussi concernant les plus jeunes, qui à mon sens seraient plus motivés et plus ouverts aux savoirs
qu’on leur enseigne, si l’utilité et les applications pratiques étaient davantage mises en évidence.
54
A ce propos, les supports vidéo réalisés par l’AFPA afin de présenter les compétences transversales, le socle
de base de la formation et les 7 compétences de clés qui s’y rapportent, sont très didactiques et auraient gagné à
être exploités comme prévu.
74
conceptualisée par G. Le Boterf55 et indispensable dans le processus de développement
d’une compétence.
55
Cette trilogie : savoir-agir, pouvoir-agir et vouloir-agir est une approche des compétences en termes de
processus (agir avec compétence en situation) et en termes de mobilisation d’une combinatoire de ces trois
ressources. Elle est compatible avec le modèle sociocognitif de la « causalité tripartite réciproque »
conceptualisée par le psychologue nord-américain Albert Bandura.
56
Pour des raisons de clarté nous adopterons uniquement le terme de compétences transversales dans sa
version « synthétique » telle qu’utilisée par les auteurs sur lesquels nous allons appuyer nos propos.
57
TILMAN F. (2006), « Définir les compétences transversales pour les enseigner ». Sa méthodologie est
exposée sur le site : http://www.legrainasbl.org/index.php?option=com_content&view=article&id=137:definir-
les-competences-transversales-pour-les-enseigner&catid=54:analyses
58
LE BOTERF G. (2010) Op. cit p. 74
75
d’un contexte familier en formalisant les comportements qui la caractérisent (rechercher les
mots clés, établir les liens entre les idées).
L’activité étant modélisée, le principe suivant est de repérer dans de nouveaux domaines,
non familiers, des situations qui peuvent être lues comme similaires (résumer un compte
rendu de réunion, une note de service, une circulaire administrative, un rapport de résultats
d’activité, un article de jurisprudence, etc.).
Enfin, l’apprenant pourra appliquer ses acquis à cette nouvelle situation, en transposant sa
méthode du résumé à des productions écrites relevant d’un autre secteur d’activité ou d’un
autre poste de travail. En proposant à l’apprenant de s’exercer à cette capacité de transfert,
celui-ci développera une compétence qui en devenant familière sera intégrée par le sujet qui
pourra dès lors opérer de manière automatique.
Ainsi dans l’exemple qui a été cité, nous pouvons constater que même si le vocable diffère
d’un secteur à un autre (juridique, économique, administratif), les principaux mécanismes à
l’œuvre pour résumer un support écrit familier sont d’application pour ces autres types de
texte.
Ce procédé est également présenté par G. Le Boterf59 qui, pour illustrer le processus de
transfert, cite en exemple la méthode de Léonard de Vinci qui utilisait une méthode tout à
fait similaire. En effet, l’auteur nous explique que l’inventeur/ingénieur italien partait du
particulier pour arriver au général et revenir au particulier. Ainsi, ce n’est qu’après avoir
observé de façon extrêmement précise une machine particulière, qu’il en dégageait des
principes élémentaires de fonctionnement, à partir des connaissances théoriques et
technologiques de son époque. Ce travail d’abstraction effectué, il cherchait à transférer ces
principes dans des champs d’application très divers, comme la défense militaire ou les
moyens de transport.
Mais si l’auteur met en avant le bienfondé de cette méthodologie du transfert, il cite
également un autre expert du transfert exerçant à l’université canadienne de Sherbroock,
Jacques Tardif60, pour qui « la particularisation doit précéder la généralisation. Savoir
transférer suppose de savoir se dégager de l’effet de contexte ». Et G. Le Boterf de
compléter, savoir transférer « C’est recontextualiser ce qui a été appris dans un contexte
spécifique ». Ce qui fait selon ce dernier que « tout transfert est un nouvel apprentissage ».
59
LE BOTERF G. (2010) Op. cit p. 75-76
60
TARDIF J. (1999) « Le transfert des apprentissages » , Editions Logiques
76
3.3 Apprendre à transférer les compétences transversales.
Mais si l’on examine de plus près le raisonnement de F. Tilman61, on peut le rapprocher de
celui de S. Bellier qui écrit62 : « une compétence n’est transférable que si l’on sait déjà
transférer ». En effet, après avoir sélectionné une liste de compétences professionnelles
identifiées comme génériques ou spécifiques transférables, la formation relative à une POE
ne doit pas se limiter à l’acquisition ou au développement de leur maitrise dans leur finalité
première mais bien dans le but de rendre capables les apprenants de transposer celles-ci dans
divers postes de travail.
3.3.1 Le savoir-agir
Cette observation nous renvoie à une autre des ressources de la compétence conceptualisée
par Le Boterf : le savoir-agir. Ce dernier considère, en effet, que l’important est de savoir ce
que signifie une compétence : comment en situation de travail une personne s’y prend-elle
pour agir avec pertinence et compétence ? Par conséquent, s’il s’agirait dans le cadre de
l’apprentissage de notre objet d’étude, d’apprendre à repérer à travers une situation nouvelle
des situations analogiques connues, puis à réaliser le transfert des compétences déjà
acquises. Autrement dit, comme le précise F. Tilman, le fondement de cette didactique est
« de construire une métacognition à partir de l’exercice efficace d’une compétence dans une
situation donnée ». Ainsi, après une première étape consistant à faire prendre conscience à
l’apprenant d’une part de l’intérêt de ces compétences et d’autre part de la capacité de tout
un chacun de développer ce fonctionnement intellectuel, l’étape suivante sera d’acquérir par
la pratique cette capacité de transfert. Dans notre exemple, l’apprentissage du stagiaire en
formation ne serait pas tant à ce niveau de savoir résumer un texte mais plutôt de savoir
résumer différents types de texte à partir de la procédure de base qu’il aurait acquise
initialement et qu’il adapterait à un autre écrit. L’activité reste la même mais le domaine
auquel il l’applique diffère. Ainsi que le distingue G. Le Boterf, l’important n’est pas tant
d’avoir des compétences, en l’occurrence transversales ou transférables pour ce qui nous
intéresse, mais d’être compétent : « savoir agir en compétence ». Il s’agit d’apprendre à
résoudre un problème : réaliser une activité connue dans une situation nouvelle en
mobilisant un ensemble de ressources. Ainsi, à partir de la combinaison de ses savoirs (dans
notre exemple : la grammaire, le vocabulaire, la syntaxe, la lecture, etc.) et de ses savoir-
61
Rappelons que pour l’auteur la compétence transversale est la capacité à établir un diagnostic face à des
situations nouvelles pour mobiliser des procédures connues qui seront appropriées au diagnostic initial.
62
BELLIER S.(2008) ”Le savoir-être dans l’entreprise” Op.cit p. 89.
77
faire (savoir résumer), le sujet apprenant développe une capacité de transfert. Il s’agit d’une
compétence métacognitive : un mode de raisonnement. L’auteur explique la compétence en
termes de processus. Aussi, pour que les apprenants puissent reconnaitre les situations
analogues et réaliser le transfert, Le Boterf préconise que le formateur particularise les
apprentissages et multiplie les exemples et les problèmes à traiter qui favoriseraient le
transfert. Il souligne par ailleurs l’attention toute particulière que l’animateur devra accorder
aux contextes des situations d’apprentissage et favoriser la préoccupation du transfert des
apprenants dès le début de l’apprentissage, comme nous l’avons évoqué supra. En
multipliant les exercices et les situations de transfert, en faisant travailler les apprenants sur
les contextes possibles dans lesquels les acquis pourraient être transférés, l’apprenant
apprendra à repérer des compétences qu’il maitrise et qui sont réutilisables en les adaptant à
la nouvelle situation qui se présente et pour laquelle il lui est demandé d’agir avec
pertinence. Ce dernier terme est fondamental car il s’agit bien sûr d’apporter les ajustements
nécessaires pour que l’action soit efficiente et devienne par là-même une véritable
compétence.
3.3.2 Le savoir-y-faire
Cette précision nous amène à une autre dimension de ce savoir-faire (dans notre exemple :
savoir transférer) que Le Boterf nomme le « savoir-y-faire »63 c’est-à-dire savoir agir en
compétence. Ces savoirs qui ne sont pas référençables car ils sont difficilement
verbalisables. Ils correspondent à des savoirs acquis avec la pratique professionnelle, la
résolution de situations problèmes, les observations, les traitements de retour d’expérience,
sont en fait des ressources propres à l’individu. Par conséquent, elles ne pourront être
intégrées à la formation mais se développeront avec le temps.
Toutefois, nous verrons ultérieurement qu’à partir de certaines méthodes d’apprentissage,
comme l’analyse des pratiques, les leçons tirées de l’expérience peuvent être transmises à
d’autres et placent les sujets dans de véritables situations apprenantes.
63
LE BOTERF (2010) Op. cit p. 30-31
78
compétence (ce savoir-agir), il s’agira de bien discerner son fonctionnement pour « pouvoir
agir » (autre dimension de la trilogie de la compétence développée par G. Le Boterf).
Selon l’auteur, ce « savoir-agir » fait appel à des ressources personnelles comme celle de
« comprendre » qui proviennent notamment d’opérations intellectuelles, tel que le
raisonnement analogique. Précisément, ce processus cognitif permet de repérer, dans des
champs différents, ce qui peut être commun.
Aussi, le rôle du formateur sera de mettre en évidence les schèmes opératoires qui sont
généralement utilisés afin que ces derniers puissent s’en saisir. En effet, n’étant pas
directement observables ils devront être explicités pour être appréhendés. Cette notion
souvent évoquée par l’expert, nous parait essentielle dans le développement de la capacité
de transfert. En effet, rappelons que cette compétence cognitive consiste à établir des liens, à
construire des connexions entre deux ou plusieurs situations. Il faut donc vouloir, savoir et
pouvoir reconnaitre des situations proches pour lesquelles les ressources acquises et
maitrisées dans des situations connues pourront être transférées. Ainsi que le formalise
G. Le Boterf,64 « la capacité de transfert est liée à celle de mettre en œuvre un raisonnement
analogique. ». Or les schèmes opératoires « ont une fonction de guidage dans la sélection et
la construction des combinatoires de ressources à mobiliser dans des types de situations »65
Ces « ressources pour comprendre » sont des opérations intellectuelles qui « consistent à
repérer dans des champs différents ce qui peut être commun ». Les apprenants les
transformeront en fonction des objectifs et enjeux qui ont du sens pour eux.
Ainsi, selon le chercheur, la compétence est « une construction singulière » propre à chaque
individu. Par conséquent le professionnel, nous pouvons tout aussi bien transposer le rôle à
un formateur, ne peut que favoriser chez le sujet apprenant la création d’un processus à
partir de celui que le formateur lui aura explicité et montré en guise d’illustration.
Mais l’intervenant pourra également proposer aux stagiaires d’examiner leurs propres modes
opératoires afin qu’ils s’approprient véritablement le processus cognitif par un renforcement
de leur propre démarche de construction. Ils expliciteront et conceptualiseront à leur tour ce
qui oriente leurs pratiques.
64
LE BOTERF (2010) Op. cit p. 41
65
Ibid p. 36
79
3.4 Apprendre la réflexivité
Ainsi l’apprentissage de cette démarche de la pensée nous conduit vers un autre point qui est
celui de l’analyse des pratiques, ou ce que nomme Le Boterf le recul réflexif. En effet, dans
le cadre d’un dispositif pédagogique d’une POE, cette modalité66, axée sur des mises en
situation centrées sur l’activité individuelle (tel l’entretien d’explication) ou sur des travaux
de groupe/collectif centré sur l’activité (tels les échanges de pratiques) parait
particulièrement appropriée au renforcement de l’apprentissage du transfert de compétences
génériques et spécifiques transférables. Cette méthode pédagogique qui a fait ses preuves,
permettra aux participants dont l’activité professionnelle relève d’une même famille métier
(comme « support à l’entreprise »), de réaliser, par le biais de leurs verbalisations
individuelles mais aussi interactives au sein du groupe, qu’ils pratiquent à partir de postes de
travail différents certaines compétences identiques qui peuvent donc être transférables d’un
poste professionnel à un autre. D’autre part, de par l’analyse de leurs propres pratiques et de
celles des autres membres du groupe, ils pourront se découvrir de nouvelles compétences
transversales mais également exploiter davantage celles qu’ils se connaissaient déjà mais
cette fois dans des situations professionnelles très différentes de celles déjà vécues. Ces
compétences auront ainsi plus de sens et prendront toute leur potentialité. Des situations
professionnelles qui auront pu sembler difficiles, pourront ainsi trouver des solutions par la
prise de conscience de ces possibilités révélées par les retours d’expérience des membres du
collectif mais aussi de l’apprenant lui-même. L’analyse des pratiques permet ainsi à
l’individu, dans un premier temps, d’apprendre sur lui-même et sur les autres et dans un
deuxième temps de progresser et d’améliorer ses pratiques professionnelles grâce à la prise
de conscience de certains éléments mis en relief par la mise à distance de la situation qui a
été vécue. Qu’il s’agisse, d’entretien d’explicitation, d’échanges de pratiques, d’entretien
d’auto confrontation croisée, quel que soit le type d’exercice choisi par l’intervenant de la
formation, le travail de réflexivité à partir de la confrontation de savoir-faire est riche
d’enseignements. Ce type d’apprentissage est véritablement constructif et place les stagiaires
dans une situation apprenante voire professionnalisante.
Au-delà de faire progresser les pratiques de ceux qui y participent et de leur permettre de
67
mieux connaitre leurs schèmes opératoires, G. Le Boterf prête au recul réflexif bien
66
Expérimentée cette année dans le cadre d’un EC « Analyse des pratiques » de notre master IPF, animé par
B. Alix.
67
LE BOTERF G. 2010 « Repenser la compétence » Op. cit. p56-60
80
d’autres avantages encore. Parmi eux, il voit l’intérêt pour le sujet de gérer son patrimoine
de ressources. L’auteur explique qu’en sondant celles-ci l’apprenant pourra davantage « en
connaitre les limites et leurs champs d’application et en tirer des conclusions sur leurs
besoins d’actualisation, d’approfondissement ou d’extension ».
L’état d’esprit bienveillant, c’est-à-dire sans jugement extérieur, est garanti par
l’intervenant, dont le rôle de superviseur et de facilitateur dans ce type de démarche a pour
but de conduire les participants à faire un travail sur soi mais également un travail collectif.
Il accompagne dans l’identification du problème de la situation et de ses composants, jusque
dans la recherche dynamique de stratégies et de comportements plus appropriés pour des
propositions concrètes, en prenant toujours soin de reprendre et synthétiser chaque étape et
chaque idée émergeant du dispositif et des participants eux-mêmes.
Ainsi, nous pouvons résumer l’intérêt de l’analyse des pratiques dans sa dimension à la fois
individuelle et collective, par son caractère constructif, porteur de sens et de sentiment
d’efficacité personnelle mais également enrichissant pour le développement des
compétences professionnelles. Il s’agit en fait d’une sorte de cercle vertueux.
Mais toute compétence doit pouvoir être évaluée afin d’en vérifier sa portée et la réussite de
l’action de formation. 75% de ces compétences étant des « savoir-être », le premier principe
proposé par G. Le Boterf, sera d’évaluer les compétences transversales qui peuvent être
formulées en termes opératoires : savoir-faire, le seul à pouvoir faire l’objet d’un
68
Ibid. p. 58
69
BANDURA A. (2010). Traduction LECOMTE J. « Auto-efficacité. Le sentiment d’efficacité
personnelle ». Bruxelles. De Boeck. 2ième édition.
81
apprentissage et donc d’une évaluation. Ainsi l’initiative sera traduite par « savoir
entreprendre », l’esprit d’équipe sera transformé en « savoir coopérer », etc.
Le deuxième principe sera de construire des indicateurs qui permettront d’évaluer ces
compétences. S’agissant du premier exemple cela pourra être : les preuves d’engagement et
d’implication, et dans le deuxième exemple : les efforts fournis aux côtés de ses collègues
pour atteindre le but commun.
Le dernier principe sera de les considérer comme des exigences professionnelles relatives à
une situation de travail : une assistante de direction doit savoir faire preuve d’autonomie et
d’initiative, un expert au sein d’une équipe doit savoir coopérer dans une conduite de projet.
70
Théories abordées à travers l’UE intitulée « La motivation » sous la direction de F. Fenouillet et composant
le cursus de notre Master 1 IPFA.
71
LECOMTE J. (2004) « Les applications du sentiment d’efficacité personnelle ». In De l’apprentissage
social au sentiment d’efficacité personnelle. Autour de l’œuvre d’Albert Bandura. Savoirs. Hors-série ; Paris.
L’Harmattan.. p. 76.
82
Conclusion.
Bien qu’il y ait débat sur la question, nous avons pu nous rendre compte que de nombreuses
études attestent que les compétences transversales, véritables compétences, sont
indispensables dans un monde économique mouvant et rapidement évolutif. L’acquisition ou
le renforcement de celles-ci permet d’une part, de combler les lacunes de la formation
initiale des demandeurs d’emploi, en termes de compétences clés indispensables pour une
insertion sociale et professionnelle, et d’autre part, de sécuriser leur parcours professionnel
en développant les compétences transverses à la famille de métiers visés mobilisables dans
des situations professionnelles variées. La pensée de Pasteur, souvent citée par A.
Bandura72, et que nous avons-nous même choisi de reprendre, révèle tout son sens : La
chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés.
Par conséquent, l’objet des actions de formation POE a réellement du sens, d’autant que le
public ciblé représente les adultes les plus vulnérables. La valorisation de ces compétences
par le formateur, comme atout majeur pour une insertion dans le monde professionnel, leur
permettra de se sentir mieux armés et plus confiants en leur capacité à retrouver un emploi
ou à entamer une formation qualifiante avec plus de conviction et de motivation sur la
réussite de leur parcours.
A l’issue de notre étude, nous pouvons nous demander toutefois, comme le souligne S.
Bellier-Enlart73, si l’acquisition ou le renforcement de ces compétences transversales est
suffisant pour réussir une insertion professionnelle ?
72
BANDURA A. (2010). Opus cit.. Préface p. V
73
BELLIER S. Chap. 11 p. 253 In Traité des sciences et techniques de la Formation. Op. cit.
83
CONCLUSION GENERALE
Partant du constat d’une évolution des exigences des entreprises quant à la nature des
compétences requises, l’OPCA AGEFOS PME, a lancé en 2011 un appel d’offres national
pour la mise en œuvre, dans les régions concernées, d’actions de formation « Préparation
Opérationnelle à l’Emploi » (POE), répondant aux besoins des entreprises adhérentes
appartenant aux secteurs recruteurs. L’AFPA ayant remporté le marché, elle s’est trouvée en
charge d’assurer toute la procédure de ce nouveau dispositif mis en place par les pouvoirs
publics dans le cadre de la priorité à l’emploi. Tel que prévu par l’ANI du 7 janvier 2009 et
la loi de novembre 2009, relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au
long de la vie, le bureau d’études de l’AFPA a construit un contenu pédagogique visant à
l’acquisition et à l’actualisation des compétences transversales, fondamentales pour exercer
la plupart des métiers, hormis les plus techniques. Dans le cadre de cette opération, le
campus de Créteil dans lequel j’ai effectué mon stage, a été mobilisé pour mettre en place
les POE des familles métiers « Support à l’entreprise » et « Commerce ». Dans ce contexte,
il m’a été confié la mission d’une évaluation de POE à travers diverses ressources mises à
ma disposition, telle que la proposition de l’AFPA faite en réponse à l’appel d’offres de
l’AGEFOS PME et l’observation d’une action « Support à l’entreprise ».
Ma question de recherche s’est donc portée sur la pertinence et la pérennité des effets d’un
tel dispositif pédagogique, quant à sa durée (deux mois et demi) et le cœur de son contenu
centré sur des compétences transversales devant assurer l’employabilité et la mobilité des
demandeurs d’emploi, bénéficiaires de ces actions. En quoi le dispositif pédagogique est-il
véritablement efficace eu égard aux besoins des entreprises porteuses d’emploi, relevant du
secteur de l’OPCA qui a commandé et financé cette formation ?
Mon analyse du dispositif « POE » est impactée par une masse critique d’informations très
insuffisante, compte tenu des éléments recueillis auprès de la seule POE suivie et de la non
communication des données relatives aux job dating et de celles résultant des enquêtes sur le
devenir des stagiaires (proposées initialement). Toutefois, les dysfonctionnements constatés
mettent en évidence les difficultés potentielles de la mise en œuvre d’une telle action de
formation ainsi que ses faiblesses, particulièrement lorsque l’organisme de formation
missionné se trouve dans une phase de restructuration profonde.
Au vu de mon étude des diverses ressources théoriques conçues par l’AFPA et de mes
observations empiriques, il apparait que, si les dispositifs de POE ont pour finalité
l’insertion professionnelle durable d’un public vulnérable, c’est la cohérence de l’ensemble
84
du processus mis en place qui assurera la réussite du programme. L’enjeu est d’organiser de
façon rigoureuse et pragmatique, le recrutement, l’orientation et le positionnement des
candidats, l’accompagnement des stagiaires durant la formation et ce jusqu’à l’insertion
dans l’emploi ou l’accès à une formation complémentaire qualifiante. Nous avons pu noter
par ailleurs l’importance de l’expérience et de la formation spécifique des formateurs pour
ce type d’apprentissage et de public. Ainsi dans la pratique, une pédagogie des choix autour
de modules (prévue par le dispositif) mieux organisée et plus opérationnelle, aurait donné
les moyens aux demandeurs d’emploi sélectionnés de se sentir autonomes en devenant
acteurs de leur formation. De fait, une plus grande souplesse en termes de modalités de
recrutement des formateurs s’avère indispensable. Enfin, une évaluation de l’efficacité de
retour à l’emploi et de l’accompagnement constitue la dernière étape à ne pas négliger car
elle s’avère indispensable pour améliorer le process et le contenu du dispositif des actions de
POE.
Notre réflexion sur la pertinence d’une action de formation centrée sur les compétences
transversales en vue d’une insertion professionnelle, nous a conduits à la conclusion que
dans un contexte économique et social en mutation, celles-ci constituent dans l’absolu un
atout véritable. Reconnus aujourd’hui indispensables par la sphère professionnelle et les
pouvoirs politiques européens et nationaux, les programmes de formation doivent tenir
compte de cette évolution sociétale où la compétence exigée repose désormais davantage sur
des capacités cognitives et métacognitives, sociales et relationnelles (toutes ces compétences
parmi lesquelles se trouvent des compétences transversales).
Toutefois, s’agissant de la POE, celle-ci recèle une injonction paradoxale liée à ses
caractéristiques. En effet, compte tenu de l’étendue du programme et du profil du public
ciblé, la trop courte durée semble évidente pour exploiter comme il se doit les compétences
visées et les appliquer dans un environnement de travail simulé ou réel. Dans de telles
conditions et en dépit de l’expertise de l’AFPA, la garantie de l’employabilité et de la
mobilité professionnelle des bénéficiaires me parait difficilement réalisable malgré le peu
d’éléments recueillis pour en évaluer les résultats escomptés. Toutefois, rappelons ici que la
POE a une vocation alternative puisque son objectif n’est pas forcément d’assurer aux
stagiaires un emploi direct mais également de leur donner la possibilité d’accéder à une
formation complémentaire qualifiante. Encore faut-il assurer ce service tel que l’organisme
s’y est engagé.
85
Les points d’amélioration du dispositif pédagogique et des conditions de sa mise en œuvre
que nous venons de suggérer, nous conduisent à de nouveaux sujets de réflexion. Si comme
l’écrit P. Carré74, « il est urgent de s’autoformer », A.Bandura75, souligne quant à lui :
« ceux qui seront lents à changer seront vite perdus ». Ainsi, alors que la compétence
transversale « savoir apprendre par soi-même » figure parmi l’ensemble des listes des
compétences clés, l’acquisition d’une méthodologie d’apprentissage autodirigé ne serait-elle
pas le levier majeur de l’insertion durable et de la mobilité professionnelle ? Le nouveau défi
de la formation ne serait-il pas désormais d’apprendre à apprendre pour assurer le
développement de l’autonomie des individus, ainsi que le défend G. Le Boterf ?
Mais encore, si comme l’écrit P. Carré, « le rapport au savoir devient l’instrument de la
performance »76, et place ainsi l’individu comme « auteur de sa propre formation»77, la
question se pose de la posture du formateur. En effet, si les référentiels pédagogiques de
formations ne sont pas la panacée, comme le démontre G. Le Boterf78, le résultat d’une
action de formation ne dépend-il pas en grande partie du positionnement de l’intervenant et
de la façon dont il va se saisir du dispositif proposé ? Sa capacité à faire évoluer ses
pratiques professionnelles vers des méthodes d’apprentissage, reconnues aujourd’hui comme
plus efficientes, n’est-elle pas une des clés de la réussite de la formation ?
74
CARRE P. (2005) « L’Apprenance. Vers un nouveau rapport au savoir ». Paris. Dunod. p. 191
75
Ibid. p. 192
76
Ibid. p. 104
77
Ibid. p. 93
78
LE BOTERF G. (2010) Op. cit
86
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier :
Les intervenants de l’AFPA qui m’ont accordé de leur temps pour répondre à mes
questions,
Philippe Carré, mon directeur de mémoire, qui m’a aidée dans mes recherches de stage et
m’a guidée dans la construction de ce mémoire,
Ma famille pour sa patience et son soutien moral tout au long de cette année universitaire,
87
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
BELLIER S. (2008) ; « Le savoir être dans l’entreprise », Paris ; Edition Vuibert 2ème
édition. 204 p.
Revues et périodiques
CHARDON O. (2005) “La spécialité de formation joue un rôle secondaire pour accéder à la
plupart des métiers », Economie et Statistiques, n° 388-389
88
DARES (2006) « Premières Informations Premières synthèses » n°29-2, juillet 2006.
GARF « Savoirs de base, compétences pro ? Les situations d’illettrisme au travail,
comprendre pour agir ». Mars 2009.
Rapports :
ANLCI (Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme) 2003 « Lutter ensemble contre
l’illettrisme, cadre national de référence.
Cour des Comptes (2008) La formation professionnelle tout au long de la vie, Rapport
public thématique.
SITOGRAPHIE
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facilitent les mobilités professionnelles». Centre d’analyse stratégique. Département Travail-
Emploi. La note d’analyse Avril 2011 n° 219.
http://www.strategie.gouv.fr/system/files/2011-04-22_-na-competences-219.pdf (consulté le
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89
http://www.pourseformer.fr/pros/marche-de-la-formation-continue/formation-
continue/h/8aa396e9dc/a/formation-des-chomeursnbsp-lafpa-a-t-elle-un-avenirnbsp.html
http://www.afpa.fr/l-afpa/espace-presse/details-archive/article/lafpa-reste-la-premiere-.
(Consulté 27/02/2012)
http://sudfpa.lautre.net/IMG/pdf/LIVRE_NOIR_DES_CONDITIONS_DE_TRAVAIL_21_
04_2012_def.pdf Commission des Conditions de Travail du CCE-Avril 2012- Livre noir des
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