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Sene Maty
Université du Québec à Trois-Rivières
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All content following this page was uploaded by Sene Maty on 30 May 2014.
Maty Sene
Ph.D student
Research Fellow at the Banque Populaire Chair in Microfinance
AUDENCIA
Ecole de Management Nantes
8 route de la Jonelière, 44312 Nantes, Cedex 3, France
Tel 0669633780
Mots Clefs: Micro finance, viabilité financière, portefeuille a risque, taux d’intérêt,
management et portée
JEL Classification : C22 G21, I30, R00
Les crises économiques et financières des années 80 et la mauvaise gestion des
de la pauvreté. Cette situation a accentué l’état d’éviction, des petits opérateurs économiques
et le monde rural des structures de financement classiques. Pour éviter de reproduire les
erreurs du passé, la microfinance est alors apparue comme une solution, pour les petits
opérateurs économiques du monde rural et des villes qui ont été évincé des structures de
financement classiques ainsi que pour tous les démunis susceptibles de développer une
activité économique génératrice d’un revenu pouvant accroître leur bien-être ainsi que celui
de leur famille immédiate. Dès lors, le champ de la microfinance s’est répandu dans des pays
peu bancarisés comme la plupart des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine et d’Europe
de l’Est ou parfois moins de 20% la population dispose d’un compte bancaire. Tirant les
leçons des échecs des structures de développement antérieures, l’accent a été porté sur la
viabilité financière pérenne des IMFs. Mais, pour éviter que la micro finance ne dévie de sa
mission originelle de faciliter l’accès aux pauvres à des services financiers, une attention
particulière est portée sur la capacité des IMFs à faciliter durablement l’accès aux services
financiers pour les exclus en vue de l’amélioration de leur bien-être et d’évaluer celle-ci par
L’objectif de cet article est de mettre en évidence les facteurs déterminants de la viabilité
financière pérenne des IMFs. La viabilité financière est très importante car les donateurs ne
seront pas là de façon permanente, et comme le dit le proverbe : il vaut mieux apprendre à
quelqu’un à pêcher que de lui donner du poisson. En outre, la viabilité permet d’accroître
durablement l’accès aux services financiers aux pauvres et à tous les exclus du secteur
2
pauvreté. Ce qui leur permettra de contribuer au développement économique et social en
octroyant des services financiers de qualité aux populations défavorisées. Par ailleurs, pour
que la microfinance soit un outil de développement, il faut qu’elle se passe de l’aide, dans la
Pour tester nos hypothèses, nous avons constitué, à partir de la base de données de Mix
Market, un échantillon de 217 IMFs sur une période 9 ans (1998-2006). Les résultats de notre
qualité, sont des éléments indispensables pour la viabilité financière des IMFs. Par ailleurs
nos résultats montrent aussi que le pourcentage de femmes parmi les clients a une influence
IMFs. En outre, nous avons trouvé que la portée des programmes de microfinance et l’âge
des IMFs ont un impact positif mais de moindre envergure pour l’atteinte de l’autosuffisance
financière.
Le reste de l’article est structuré comme suit. La section II porte sur les problèmes et les
description des données. La Section IV porte sur les résultats des déterminants de la viabilité
financière. La section V porte sur l’analyse selon la zone géographique le statut juridique et
La viabilité financière d’une IMF peut être définie comme sa capacité à couvrir par ses
produits, l’ensemble de ses charges et dégager une marge pour financer sa croissance. En
d’autres termes, c’est la capacité qu’a une IMF de mener ses activités, en se passant des
3
subventions sous forme de prêts concessionnels ou de dons1. Cependant, une étude du CGAP
(1995)2 souligne que la microfinance est une activité qui ne peut être financièrement viable3.
En effet, selon l’opinion générale, les petits prêts sont trop coûteux à mettre en œuvre et les
profits qui en découlent sont insignifiants pour permettre à l’opération d’être rentable. Brau
établissements financiers du secteur formel, la plupart des IMFs ne sont pas viables
financièrement. Selon eux, beaucoup d’IMFs ne fonctionneraient pas sans les subventions
qu’ils reçoivent de la part des gouvernements et d’autres bailleurs de fonds4. Cette idée est
également défendue par Hermes et Lensink (2007) qui soutiennent que, du fait que les coûts
inhérents à l’octroi de produits et services de la micro finance sont très élevés, la plupart des
IMFs ne sont pas viables financièrement et dépendent des subventions des donateurs.
Toutefois, Littlefield et Rosenberg (2004) soulignent que les IMFs peuvent couvrir
l’intégralité de leurs charges, si elles offrent leurs services avec des marges d’intérêts
des prêts. Ainsi, Morduch (2000) insiste sur la nécessité de continuer à servir les « pauvres »
le domaine de la microfinance. Gebons et Meehan (2000) estiment que les IMFs doivent
adopter les stratégies du modèle commercial à but lucratif parce que, à mesure que les IMFs
1
Définition de MicroBanking Bultin (2005).
2
D’après cette étude, par le passé, le recours aux crédits subventionnés ou ciblés a entraîné des échecs fulgurants
donnant naissance à une génération de sceptiques. On note trois raisons à ces échecs. Premièrement, les IMFs
n’étaient pas autonomes financièrement, ce qui a entraîné leur décapitalisation. Deuxièmement, les fonds
n’arrivaient pas aux populations ciblées. Enfin, ces IMFs ont déformé les marchés financiers de telle sorte qu’ils
ont entravé la bonne marche du financement d’importants secteurs de l’économie.
3
Morduch (1999) souligne que la question des subventions engendre des positionnements divergents
déterminants pour la pérennisation des IMFs à cause des échecs avérés des politiques de crédits subventionnés
par des Etats pour favoriser l’émergence d’institutions viables financièrement.
4
Ils expliquent que Morduch (2000) estime à 1% le nombre d’IMFs autosuffisantes financièrement et 5% qui le
seront dans un avenir proche.
4
aux normes bancaires sérieuses, elles se verront dans l’obligation de contenir leurs coûts. Cela
va entraîner non seulement une meilleure qualité des prestations pour les emprunteurs, mais
C’est dans cette même veine que Von Pischke (1996) note qu’un compromis entre la viabilité
financière, la portée et l’impact social auprès des pauvres est possible. A cet égard Navajas
et al (2000) soulignent que les IMFs qui ont une autosuffisance financière véritable auront
tendance à cibler d’avantage des clients qui sont légèrement au-dessus de la pauvreté et
d’autres qui sont légèrement en dessous de la pauvreté, car ces IMFs seront en mesure de
bénéficier des économies d’échelle en étendant leurs prêts au clients marginalement pauvres
et aux non-pauvres. Par ailleurs, Holis et Sweetman (2001) ont montré que les institutions de
micro crédits en Irlande au 18ème et 19ème siècle ont été viables financièrement pendant plus
celle du secteur bancaire formel pendant la crise financière de l’Est Asiatique, ont montré que
la performance de l’IMF Rakyat était meilleure si l’on compare les taux de remboursement
Il existe globalement trois écoles qui s’accordent difficilement sur les niveaux des taux
nord et de leur partenaires du sud, défend le principe que les pauvres ne peuvent pas payer des
taux d’intérêts au prix du marché, et qu’en conséquence, il faut prêter à des taux d’intérêt très
bas (de 1 à 3%, quelque soit l’inflation). Un tel modèle ne peut fonctionner qu’avec l’aide
extérieure. La deuxième école est celles des mutuelles et des caisses d’épargne et de crédit
qui adoptent des taux d’intérêts légèrement en dessous de ceux des banques commerciales.
5
Elles le peuvent car, elles rétribuent peu ou pas du tout l’épargne collectée, ou alors
école est celle des organisations qui veulent gérer les micros crédits en parvenant à couvrir les
taux effectifs pour atteindre l’autosuffisance financière et pérenniser leurs actions car le plus
important pour elles, est de sortir les pauvres de l’exclusion bancaire même s’ils doivent
supporter des coûts élevés en matière d’intérêts. C’est dans cette même veine que Morduch
(2000) fait remarquer que le niveau élevé des taux d’intérêt est dû au fait que la demande de
crédit n’est pas très élastique pour des populations jusqu’à présent rationnées.
En effet, il ne faut pas confondre jugement moral et économique car pour ouvrir le crédit à
un grand nombre d’acteurs, il faut suivre une logique financière. Donc couvrir ses coûts et
fixer le niveau des taux pour y parvenir. Et comme le montant des prêts reste faible et leur
durée courte, cela ne pose pas de problèmes aux micro-entrepreneurs. Ceci est encore plus
vrai dans les pays en développement ou le micro crédit permet d’échapper aux usuriers qui
eux, imposent des taux insupportables de 100 à 400%. C’est cette logique financière qui
entraîne l’application de taux d’intérêts élevés, adoptés par un certain nombre d’IMFs à
travers le monde. A cet égard, Acclassato, (2006) rapporte qu’ en Afrique de l’ouest, des
IMFs viables financièrement ont eu à appliquer des taux d’intérêt de l’ordre de 84% et qu’en
Indonésie, la Bri Unit Desa a des taux compris entre 35% à 60%. C’est dans cette même
veine, qu’en Bolivie, la Banco Sol. Corposol a eu à appliquer un taux effectif de 52% pour
d’avoir un rendement réel de 4,9% sur le total de son actif (CGAP, 1995).
octroyés dans les IMFs doit comprendre : le taux d’intérêt qui est le loyer de l’argent, la
D’après le CGAP (2004), l’ensemble de ces éléments justifie les niveaux de taux d’intérêts
généralement plus élevés que ceux du secteur bancaire, mais en dessous des taux des prêteurs
6
informels comme les usuriers. Ainsi, pour atteindre la viabilité financière, les IMFs sont
obligées d’appliquer des taux d’intérêt élevés mais non exorbitants. Ceci est conforté par
Cull, Kunt et Morduch (2007) qui montrent que pour les IMFs qui octroient des prêts
individuels, lorsque les taux d’intérêt appliqués dépassent le seuil de 60% les IMFs ne sont
plus rentables car cela s’accompagne d’une baisse de la demande de crédit. Par ailleurs, les
IMFs qui appliquent les taux d’intérêts les plus élevés sont celles qui sont les plus
performantes, les plus efficaces et les plus viables financièrement. Ceci est conforté par des
études empiriques (Robinson (1996) et Conning (1999)) qui montrent que seules les IMFs
qui génèrent des profits sont capables d’accumuler des fonds propres – ce qui est une source
de financement- pour assurer leur pérennité afin d’augmenter leur portée auprès des pauvres.
A mesure qu’augmentent les fonds propres des IMFs, elles peuvent aussi augmenter leur
plus importants de la part de leur clientèle, ceci entraîne une nouvelle progression de la
portée de leur action, avec comme conséquence la viabilité financière. Il s’ensuit que pour
atteindre la viabilité financière, une IMF doit fixer des taux d’intérêts suffisamment élevés
pour couvrir ses charges car un taux d’intérêt trop faible la condamnerait au déficit. Par
contre, un taux d’intérêt inutilement élevé pénaliserait ses clients, qu’elle pourrait perdre, ce
des IMFs. Nous nous attendons à une relation directe entre le taux et l’autosuffisance
financière.
7
2.3 Viabilité financière et qualité du portefeuille de crédit
informations financières et comptables fiables aux IMFs. Ainsi, la discrimination entre les
contraintes très fortes au remboursement, sont des problèmes cruciaux auxquels les IMFs
doivent faire face pour atteindre la viabilité financière. Par conséquent, les IMFs doivent
inventer des mécanismes d’incitation spécifiques pour distinguer les bons micro-
entrepreneurs des mauvais. Un des mécanismes est le prêt séquentiel (Chowdhury, (2007)).
En effet, l’espoir d’obtenir au cours des périodes subséquentes de nouveaux crédits, pour
soutenir la croissance de son micro entreprise, et donc par ricochet à l’amélioration de son
bien-être social, est un mécanisme qui permet non seulement de séparer les micro-
entrepreneurs aux possibilités de remboursement douteux des bons, mais aussi d’améliorer la
le phénomène de contagion perverse qui pourrait se répandre chez les emprunteurs à risque
faible qui trouveront qu’il est stupide de rembourser leur crédit alors que les autres ne le font
Outre les prêts dynamiques, plusieurs méthodes de gestion des risques sont de mise. Entre
autre, le crédit scoring5 (Schreiner, 20003) et la pré défaillance6 (Lanha, 2004) qui est basée
sur les possibilités d’échelonnement dans le remboursement du micro crédit. Pour Gebons et
Meehan (2000) c’est le portefeuille à risque et non le taux de remboursement des prêts qu’il
faut d’avantage maîtriser pour améliorer la qualité du portefeuille des IMFs car le classement
5
Le crédit scoring utilise des mesures quantitatives de performance et les caractéristiques des prêts précédents pour prédire la performance
des prêts futurs avec des caractéristiques similaires. Le crédit scoring n’approuve ni ne rejette une demande de prêt, il peut plutôt prédire la
probabilité d’occurrence de mauvaise performance (défaut) telle que définie par le prêteur .Le crédit scoring est un moyen de réduire les
asymétries d’information et les coûts de transaction.
6
La pré-défaillance permet de détecter à temps les difficultés de l’emprunteur et de prévenir la défaillance définitive (Lanha, 2004).
8
chronologique des arriérés de paiement permet de classer les prêts du portefeuille selon
différents niveaux de risque pour le calcul des provisions pour pertes sur prêts des IMFs. De
connaissance de cause, notamment en ce qui concerne les points faibles de leur institution qui
peuvent entraîner une situation de crise si l’on n’effectue pas les corrections indispensables.
Par ailleurs, les prêts de groupes avec caution solidaire sont souvent utilisés comme
portefeuilles des IMFs pour atteindre la viabilité financière (entre autres : Pitt and Khandker
Nguessam (2000), Casar et al (2007)). Hermes, Lensink et Mehrteab (2006) notent que la
joue un rôle déterminant dans l’amélioration des taux de remboursement. Ahlin et Townsend
(2007), et Casar et al (2007) notent que les sanctions sociales sont également des moyens de
prévenir les défauts de remboursement dus à une mauvaise volonté de certains membres du
groupe, pour contribuer à la viabilité financière des IMFs. C’est dans cette même veine que
Cull, Kunt et Morduch (2007) notent que les prêts de groupe ont un impact positif sur la
qualité du portefeuille de crédit des IMFs. En effet, ils montrent que le portefeuille à risque
augmente en fonction du taux d’intérêt appliqué, pour la plupart des IMFs utilisant les prêts
individuels, et qu’au-delà du seuil de 60%, une augmentation de ces taux n’est pas associée à
des profits dans la durée pour ces dernières, ce qui n’est pas le cas pour les IMF qui
s’appuient sur la méthodologie de prêt à des groupes solidaires. Ces résultats renforcent
l’idée selon laquelle la surveillance et le contrôle des pairs pour minimiser l’aléas moral7 et
l’étendue des relations sociales parmi les membres du groupe et du personnel de l’IMF
7
L’une des conséquences néfastes de l’aléa moral est la détérioration de la qualité du portefeuille :
9
HYPOTHESE 2 : Une bonne maîtrise du portefeuille à risque i.e. sa réduction de façon
significative dans le portefeuille global de l’IMF rendrait les profits des IMFs plus
significatifs et par conséquent avoir un impact positif sur la viabilité financière des IMFs.
Nous nous attendons à une relation inverse entre le portefeuille à risque et l’autosuffisance
financière.
La recherche de la viabilité financière impose aux IMFs d’avoir une gestion moderne et
efficace de leur personnel et l’intégrer dans leur management des nouvelles technologies
d’information qui leur permettront de contrôler leurs coûts opératoires et par ricochet leurs
contrôle des activités. Un système d’informations générant des données exactes en temps utile
besoins de liquidités, de les anticiper et de faire face aux crises avec célérité. L’utilisation de
ces nouvelles technologies d’information adaptées aux besoins spécifiques des IMFs, leur
permettra aussi d’offrir des services financiers à des coûts réduits à leurs clients. Par
exemple, grâce à son système d’informations, l’IMF indienne Spandana a pu compiler des
(Mishra 1994). C’est également dans cet objectif que 62 banques et IMFs ont indiqué qu’elles
utilisaient des guichets automatiques de TPV et de téléphones portables pour fournir leurs
services, en vue de réduire leurs coûts d’octroi du crédit (CGAP (2005)). Par ailleurs,
l’utilisation des nouvelles technologies d’information permet non seulement de réduire les
coûts d’octroi du crédit mais aussi d’augmenter la productivité des agents de crédit, d’offrir
10
des prestations de qualité aux populations les plus pauvres et de contribuer à l’accroissement
personnel par le truchement de formations continues pour le doter d’une expertise technique
avérée dans le domaine de la microfinance. En effet, un personnel bien formé, des agents de
crédit motivés par des incitations financières avec des systèmes de primes bien adaptés sont
résultats obtenus (CGAP, 2005). Un personnel doté d’une expertise technique prouvée dans le
domaine de la micro finance est également une condition préalable pour le choix et le suivi
moyens en vue d’atteindre la viabilité financière, les IMFs devraient de plus en plus se doter
performantes existantes au niveau des banques, en insistant d’avantage sur la relation avec la
clientèle et la loyauté envers cette dernière (Churchill (2000), Shreiner (2000), Norell
(2001)).
d’audit et d’identification des risques par la mise en place d’un système de contrôle interne
adjoint à une gestion efficace des ressources humaines devrait se traduire par une réduction
significative des charges du personnel. Ce qui nous amène à notre troisième hypothèse.
qualité et la rentabilité des agents de crédit, contribuer à la baisse des charges du personnel
11
mais aussi à l’accroissement de la productivité des agents de crédit. Par conséquent, nous
nous attendons à une relation inverse entre le ratio des charges du personnelle et
l’autosuffisance financière mais à une relation directe entre le nombre d’emprunteurs par
Par ailleurs, étant donné que la majorité des clients des IMFs sont des femmes, et que
l’expérience acquise par les IMFs au fil des années peuvent leur permettre d’affiner leurs
stratégies de sélection des clients et de gestion du portefeuille à risque, nous avons décidé
d’évaluer l’impact de ces différents éléments sur la viabilité financière des IMFs par
qui est actuellement la base de données recueillant des informations sur les IMFs. Créé en juin
2002, en tant qu’organisme privé à but non lucratif, le MIX (Microfinance Information
finance. La mission du MIX est d’aider à créer un marché de la microfinance, en offrant des
Pour avoir des informations, le MIX a adopté un système de contrôle de qualité par diamant
sur l’échelle de 1 à 5. Ainsi, une IMF à 5 diamants est une IMF dont les états financiers sont
audités sur plusieurs années et son information ajustée par une troisième partie (tel que les
8
Veuillez noter que le ratio du nombre d’emprunteurs par crédit est une variable qui nous renseigne sur la
productivité de l’agent de crédit. Par conséquent, son augmentation d’une période à l’autre indique un
accroissement positif de la productivité de l’agent de crédit.
12
agences de cotation/évaluation, de surveillance et d’autres études ou rapports d’évaluation de
benchmarking)9.
Pour les besoins de ce travail nous avons constitué, une base de données de 233 IMFs à 5
diamants dont nous avons exclu les IMFs sur lesquelles il manquait certaines informations
concernant les variables de notre étude. Ainsi, à la date du 6 août 2007, nous avons un
échantillon de 217 IMFs de 101 pays sur une période de 9 ans (1998-2006). Notre échantillon
50
40
Banque
Nombre d'IMFs
20
10
0
Afrique
sub Asie du sud-est Amérique latine Europe de l'est Moyen orient
Sahaeienne Pacifique Caraibe Asie centrale Afrique du nord
Le graphique montre que c’est dans la région Amérique Latine-Caraïbes qu’on a le plus d’
enfin du Moyen Orient-Afrique du Nord (6,45%). Cette situation peut s’expliquer par le fait
que c’est dans la région Amérique Latine-Caraibes, qu’on a une plus grande
9
Une IMF a un diamant est une IMF sur laquelle on a que des informations générales.
13
institutionnalisation de la microfinance et que beaucoup d’IMFs y ont adopté les règles de
fonctionnement des banques. Par contre, le faible niveau de transparence observé dans la
région Moyen Orient-Afrique du Nord s’expliquerait par l’état de balbutiement dans lequel se
Par ailleurs, ce sont les ONGs qui sont les IMFs de cinq diamants les plus nombreuses
(39,91%), suivies respectivement par les IFNBs (38,62%), par les banques (9,87%), les
coopératives d’épargne et de crédit (7,72%), les autres (3%) et enfin des banques rurales
(0,88%). Ceci s’explique par le fait que, les ONGs qui ont été des précurseurs dans
rendre crédible au prêt des bailleurs de fonds (donateurs, agences gouvernementales etc..) et
surtout de montrer que l’argent est bien utilisé pour la réduction de la pauvreté ; ce qui
Pour nos analyses nous allons utiliser comme variable dépendante l’autosuffisance financière
(AUTSUFFIN). Elle nous permet d’évaluer la performance financière de l’IMF dans le temps,
dans la mesure où, lorsque les produits financiers l’emportent sur le total des charges,
(AUTSUFFIN f 100), de façon pérenne, on peut déduire que l’IMF peut se passer des
subventions et recourir aux marchés financiers si besoin est. Les IMFs obtiennent des produits
financiers sur les prêts et autres services financiers sous forme d’intérêts, de pénalités et de
commissions. Les produits financiers comprennent également les revenus d’autres actifs
financiers, tel que le revenu d’investissement. En ce qui concerne les diverses charges, elles
englobent les charges d’exploitation,t les coûts des emprunts et les provisions pour pertes
14
Morduch (2007) qui en plus de l’autosuffisance financière ont utilisé l’autosuffisance
opérationnelle (OSS) et le rendement sur actif (ROA) ajusté, nous nous sommes uniquement
centrés sur l’autosuffisance financière parce que notre objectif est d’étudier la viabilité
de risque et liquidité permet de mesurer l’impact d’un portefeuille à risque mesuré à une
fonctionnement des IMFs est caractérisé par une logique de crédits rotatifs, i.e. que les fonds
prêtables sont reconstitués presque totalement par les crédits. Dans ces conditions, on s’attend
termes, les IMFs enregistrant des portefeuilles à risques élevés sur une période auraient moins
de fonds à prêter à l’avenir et seraient donc obligées de rationner le crédit, ce qui aurait une
influence négative sur leurs performances financières. Pour les fins de notre analyse, nous
est un autre ratio de risque et liquidité afin de voir lequel des deux (PAR>30 et
En ce qui concerne notre deuxième variable indépendante i.e. le taux d’intérêt appliqué par
les IMFs, nous avons utilisé le ratio des produits financiers (RAPRODFIN) et le rendement
nominal du portefeuille (RENDNOMPORT). Ces deux ratios qui découlent des produits
d’exploitation, nous permettent de tenir compte des taux d’intérêt appliqués, dans la mesure
10
Par ailleurs, le fait que les corrélations entre ces trois variables sont positives et significatives, mais non
parfaites (Cull, Deminrgüç-Kunt et Morduch (2007)) est une autre raison supplémentaire qui nous pousse à
nous focaliser sur le choix de notre variable dépendante pour les fins de notre article.
15
où les produits financiers des IMFs sont essentiellement constitués des intérêts retirés des
Par ailleurs, étant donné qu’un bon management peut positivement contribuer à l’amélioration
et à une croissance durable de l’autosuffisance financière des IMFs, nous avons choisi
le ratio des charges de personnel (RACHAPERP) qui sont des ratios susceptibles de saisir un
bon management. En effet, on peut penser qu’une IMF bien gérée et qui applique les
meilleures pratiques bancaires sera plus à même de maîtriser ces charges d’exploitation. De
plus, le ratio des charges du personnel peut aussi nous renseigner sur la gestion des ressources
humaines en matière de formation, des relations avec la clientèle et leur motivation. Tout ceci
peut jouer un rôle important pour la performance financière des IMFs. Etant donné qu’un bon
viabilité financière, nous avons choisi comme quatrième variable indépendante les trois ratio
nombre de prêts par rapport au nombre d’agents de crédits (PREAGCRED) afin de voir lequel
des trois contribuerait de façon significative à la viabilité financière. Enfin, pour capter
l’impact des indicateurs institutionnels et de portée sur la viabilité financière des IMFs, avons
(EFFECTPERS), et l’âge des IMFs (AGEIMF). Pour la suite de notre travail, nous avons
procédé à l’épuration et à la qualité des données afin de ne retenir que les variables
16
3.3.3 Statistiques descriptives
A partir du cadre théorique développé et de la disponibilité des données, nous avons identifié et
collecté des données sur 15 variables dont les définitions et les statistiques descriptives sont
consignées dans le tableau I.
Tableau I : définition des variables et statiques descriptives.
variable définition Nbre moy Ecart- min max skewness kurtosis
d’obs. type
Autosuffin* produits 1930 106,12 17,6474 68 144 - 0, 38 2,41
financiers/ total
charges ajustés
Par f 30* Capital restant dû 1930 2,46 1,74 0,1 7,2 0,61 2, 54
pour des montants
échus supérieurs à
30 jours / encours
brut de prêt ajusté
Raprodfin* Produits financiers 1930 27,50 7,18 13 44,8 0,53 2,76
ajustés / Actif
moyen
Rachaexp Charges 1930 18,03 6,08 10 33,8 1,05 3,33
d’exploitation/actif
moyen
Rachaperp* Charges de 1930 10,25 3, 38 5,1 18,7 0 ,57 2,41
personnel/actif
moyen
Ageimf* Age des IMF 1930 9,64 3,32 5 18 0,5 2,31
Effectpers Le nombre 1899 159,17 162,69 21 933 2,70 11,83
d’employés des
IMFs
Soldpremoy* Encours brut de 1760 385,16 280,16 71 993 0, 55 2,01
prêts ajusté/ le
nombre de prêts
encours ajusté
Pourcfemme* Nombre 1930 69,19 16,60 39,1 100 0,23 2,00
d’emprunteurs
actifs femmes/
nombre
d’emprunteurs
actifs ajusté
Margbenef Résultats 1892 16,09 10,55 -0,87 86 2,14 11,70
opérationnels
ajustés/produits
financiers ajustés
Preteffpers Nombre de prêts 1929 127,79 44,15 45 256 0,35 3,12
encours ajusté/
l’effectif du
personnel
Empagcred* Nombre 1929 227,55 66,84 81 394 -0,11 2,54
d’emprunteurs
actifs
ajusté/nombre
d’agents de crédit
Preagcred Nombre de prêts 1929 231,87 71,69 81 453 0,17 3,14
encours ajusté/
Nombre d’agents
de crédits
Rendnomport Produits sur les 1922 34,40 8,07 21 562 0,81 3,09
prêts/encours brut
moyen de prêts
ajusté
Tcouvrisq Provisions pour 1899 1,13 0,57 0,5 3,4 1,93 7,30
prêts
irrécouvrables
ajustés / par f 30
17
3. 3.4 Epuration et qualité des données
vérifier s’il y a des anomalies qui pourraient biaiser la validité de nos estimateurs. Pour ce
faire, nous avons analysé chaque variable sous l’angle de sa dispersion et de sa normalité.
Pour la normalité, nous avons évalué pour chaque variable le skewness11, et le kurtosis12.
Pour les besoins de notre analyse, nous avons retenu les variables qui respectent
simultanément les deux critères de normalité (voir note de bas de page 10 et 11). Ces
variables sont celles qui sont marquées d’une étoile dans le tableau I dans le tableau 1. D’une
façon générale, on peut dire que la distribution de chacune de ces variables est symétrique
par rapport à sa dispersion. Par ailleurs, le test de normalité de Kolmogorov Smirnov effectué
avec le logiciel STATA9, et dont les résultats ne sont pas présentés dans l’article, confirme le
choix des variables que nous avons retenues sur la base du skewness et du kurtosis. Pour
l’ensemble des variables retenues nous avons procédé à l’analyse des autres statistiques
descriptives.
Ainsi, pour la variable AUTSUFFIN, la moyenne de 106,12 supérieure à 100 montre que
le minimum qui est de 68 montre qu’il y a des IMFs qui tout en étant transparentes sont en
deçà de l’autosuffisance financière. Pour ce qui est de la variable PAR f 30, plus sa valeur est
élevée, plus le portefeuille de crédits est risqué et peut alors avoir une influence négative sur
maximum de 7,2 font penser que le portefeuille de crédits de certaines IMFs de l’échantillon
est assez risqué. Pour la variable RAPRODFIN, plus il est élevé, plus l’IMF gagne sur les
produits et services qu’elle offre à ses clients. Pour l’échantillon, la moyenne est de 27,42
11
La distribution est normale si la valeur du skewness inférieure a un et ne dépasser pas 2 fois l’erreur
standard i.e. σ n
12
La distribution normale si est la valeur absolue du kurtosis est inférieure à 3.
18
avec un maximum de 44,8 qui est 3,8 fois le minimum, ce qui illustre très bien la disparité des
Quant à la variable RACHAPERP, plus sa valeur est élevée, plus les charges de personnel
sont élevées, et cela peut avoir une incidence négative sur la performance financière des
IMFs, s’il n’y a pas une amélioration de la productivité. On note une certaine différence dans
la maîtrise des charges de personnel au niveau des IMFs de notre échantillon, le maximum
étant de 18,70 et le minimum de 5,10 avec une moyenne de 10,19. La variable AGEIMF
montre que les IMFs de notre échantillon ont en moyenne 10 années d’existence et montre
également une certaine disparité au niveau de l’expérience des IMFs dans le secteur, le
Par ailleurs, la variable SOLDPRETMOY montre une grande disparité au niveau des valeurs
de 100, montre que les IMFs de notre échantillon prêtent plus aux femmes qu’aux hommes.
Enfin, quant à la variable EMPAGCRED, les valeurs obtenues illustrent une diversité dans
le niveau de productivité des IMFs de notre échantillon. Mais, avant de commencer nos
voir si elle est suffisamment stable afin d’éviter des biais d’hétérogénéité.
Pour les besoins de l’analyse, nous avons divisé notre échantillon sur la base des trois critères
différentes IMFs. Le Tableau II montre que globalement la variable dépendante est assez
stable. En effet si l’on considère les trois groupes, nous avons partout une moyenne supérieure
19
à 100. De plus, les écarts-types sont relativement faibles part rapport aux moyennes, ce qui
Par ailleurs, le Tableau II montre que la stabilité de l’autosuffisance financière ne varie pas
tellement en fonction du type d’IMF (l’étendue est de (117 – 101) =16). Nous notons que les
banques rurales semblent mieux assurer leur autosuffisance financière que les coopératives
avons moins de variances (l’étendue est de (116-105) = 11) de l’autosuffisance financière que
par rapport à celle du statut juridique. Ici, l’autosuffisance financière est mieux assurée par
les IMFs octroyant exclusivement des crédits individuels que par rapport à celles qui
proposent les autres méthodologies de crédit. Ceci peut être expliqué par le fait que,
individuellement, il y a plus de motivations à rembourser les micros crédits, alors que pour les
groupes, certains membres peuvent faire preuve de mauvaise volonté. L’explication peut
également résulter des garanties qui sont exigées en cas de prêts individuels. Enfin, pour ce
qui est de la répartition selon la région géographique, les résultats nous montrent que
l’autosuffisance financière est moins stable par rapport à celle du statut juridique et de la
méthodologie du crédit. La zone Moyen-Orient semble abriter les IMFs qui ont les meilleures
autosuffisances financières alors que l’Afrique est loin derrière avec une moyenne inférieure à
100.
20
Tableau II : Moyenne de la variable dépendante selon le statut juridique, la
méthodologie de crédit et la région géographique des IMFs.
Section IV: Les résultats sur les déterminants de la viabilité financière des IMFs
Avant d’entreprendre l’étude des liens entre l’autosuffisance financière et les différentes
variables explicatives, il convient de vérifier que les liens entre l’ensemble des variables
retenues ne sont pas trop forts, ou déséquilibrés (par exemple, deux variables très fortement
mesure où l’application des taux d’intérêts qui incluent les coûts réels et une marge
bénéficiaire qui reflète le coût des services fournis ne peuvent avoir qu’un impact positif sur
21
adéquation avec l’argument selon laquelle l’accroissement du volume des prêts impayés au
fil des jours est préjudiciable à la viabilité financière des IMFs. L’autosuffisance financière
est négativement corrélée avec le ratio des charges du personnel mais positivement corrélé
avec l’âge des IMFs et le nombre d’emprunteurs par rapport au nombre d’agents de crédits.
financière mais non statistiquement significative. Au demeurant du fait que les femmes sont
de loin les premières clientes du microcrédit, la nature des activités quelles entreprennent
(activités de satisfaction des besoin primaires à petite échelle) ne permettent pas de générer
des profits substantiels pour permettre aux IMFs d’appliquer un taux d’intérêt qui pourrait
statistiquement significative du solde de prêt moyen, qui est une variable de portée avec
microcredit peut concourir à la viabilité financière des IMFs (Ayayi, (2007)). Le ratio des
produits financiers est positivement corrélé avec le ratio des charges du personnel et
statistiquement significatif. Ceci est en adéquation avec la notion de salaire incitatif qui
découle du fait que l’accroissement des produits financiers est le reflet de l’accroissement de
la productivité des employés et que ceci devrait se traduire par une augmentation de leurs
Par ailleurs, les corrélations positives et négatives entre les variables indépendantes prises
deux à deux sont faibles. On ne note donc pas de phénomènes de colinéarité entre les
22
Tableau III: Cœfficients de corrélation entre les différentes variables.
Autosuffin= produits financiers/ total charges ajustés; Par f 30*= Capital restant dû pour des montants échus supérieurs à
30 jours / encours brut de prêt ajusté ; Raprodfin= Produits financiers ajustés / Actif moyen; Rachaperp= Charges de
personnel/actif moyen; Ageimf= Age des IMF; Soldpremoy= Encours brut de prêts ajusté/ le nombre de prêts encours
ajusté; Pourcfemme= Nombre d’emprunteurs actifs femmes/ nombre d’emprunteurs actifs ajusté; Empagcred= Nombre
d’emprunteurs actifs ajusté/nombre d’agents de crédit.
23
4.2 Modèle de régression et analyse des résultats
Rappelons que le modèle retenu vise à estimer l’impact du portefeuille à risque, du ratio des
produits financiers, du ratio des charges de personnel, de l’âge des IMFs, du solde de prêt
moyen, du pourcentage de femmes parmi les clients et du nombre d’emprunteurs par agent de
crédit exercent sur l’autosuffisance financière des IMFs. Le modèle empirique pour estimer
Les résultats obtenus suite à la première régression du modèle nous font penser que nous
avons une bonne spécification de notre modèle. Cependant, pour en être certain, il faut affiner
l’analyse en examinant les résidus pour voir s’il n’y a pas de problèmes d’endogénéité et
d’héthéroscédasticité. Les résultats sur le test d’ endogénéité 13 montrent qu’il n’y a pas de
corrélation significative entre le terme d’erreur et les variables explicatives. Par conséquent,
Apres tous ces tests concluants, nous pouvons considérer que les coefficients obtenus après
nos différentes régressions sont non biaisés. Le tableau IV présente les résultats de la
ligne du tableau.
13
Les résultats du test d’endogénéité ne sont pas présentés ici dans le papier mais pourront être fourni sur
demande du réviseur pour vérification
14
Le test de Breusch Pagen n’est pas lui aussi présenté ici dans le papier mais pourra être fourni sur demande du
réviseur pour vérification
24
Tableau IV : Résultats des tests du modèle
Modèle estimé par la méthode MCO avec le test de robustesse de White-Eicker
.Heteroskedasticity –consistent t-statistics sont entre parenthèses
.
.
Coef. 99.29*** -7.02*** 1.20*** -2.67*** 0.842*** 0.005** -0.041 0.046***
Number of
observations 1736
R-squared
Ajusté 0.5840
Les résultats du tableau 4 montrent que nous avons une bonne spécification de notre modèle
avec des coefficients non biaisés .En effet, Le F de Fischer = 529.33 avec la prob f F = 0,00
signifie que nous avons une bonne significativité globale de notre modèle. Ce résultat est
conforté par le R2 ajusté qui est de 58,40 %, ce qui signifie que 58,40 % de la variance de la
significatif. Ceci confirme notre deuxième hypothèse selon laquelle une réduction
significative du portefeuille à risque à 30 jours dans le portefeuille global des IMFs devrait
25
avoir un impact positif sur leur viabilité financière. En d’autres termes, un portefeuille à
risque élevé aurait comme conséquence de limiter les produits tirés des activités du
qualité à leur clientèle et par conséquent avoir un impact négatif sur leurs résultats financiers
risque est qu’une baisse de l’autosuffisance financière dont découle un rationnement de crédit
des IMFs est néfaste à l’objectif d’accroissement de la portée qui résulte de la massification
risque est encore maîtrisable à notre modèle, fort nous a été donné de constater qu’au seuil
ce qui est substantielle. Il apparaît alors, que des mesures de redressement doivent être prises,
sinon au-delà de cette situation préoccupante si la détresse financière devrait être persistante,
cela pourrait déboucher sur la faillite et par conséquent sur la cessation d’activités de l’ IMF.
le plus élevé en valeur absolue. Il s’ensuit que le portefeuille à risque (PAR f 30) est
l’indicateur le plus déterminant de la viabilité financière des IMFs. Ce constat renforce notre
déterminant de la viabilité financière des IMFs. Cela veut dire que pour être autosuffisante
financièrement, les IMFs doivent privilégier la gestion préventive des risques pour avoir un
portefeuille de crédit de qualité. Il apparaît alors, que pour accroître leurs autosuffisances
financières, les IMFs doivent recourir à la gestion prévisionnelle des risques, en considérant
26
leur capacité à anticiper les problèmes de recouvrement des crédits en cours afin de prévenir
les risques de contagion perverse parmi les emprunteurs. Car, dans un contexte de sous-
une PAR f 30 faible sous-tend l’autosuffisance de l’IMF. Ceci doit pousser à une
professionnalisation des IMFs pour faire preuve d’une gestion relativement efficace de leurs
risques de crédit.
Pour faire face à toutes ces difficultés et dans le cadre d’une bonne gestion des risques de
crédits, les IMFs peuvent se regrouper pour créer un bureau de crédits (centrale des risques)
afin de permettre l’échange et une meilleure circulation de l’information sur la solvabilité des
clientèle, le taux de défaut de remboursement s’élève rapidement si elles n’ont pas accès à une
Par ailleurs, en l’absence du bureau de crédit, un contrôle beaucoup plus accru des IMFs sur
les prêts individuels et les prêts de groupe avec la caution solidaire des membres du groupe
(entre autre Conning (1999), Laffont et Nguessam (2000), Couchouro et Rakatoa, (2006),
Ahlin et Townsend (2007) et Casar et al (2007)) devrait jouer un rôle prépondérant dans
certains environnements marqués par une solidarité de ses membres comme en Afrique et en
Asie par exemple. La caution solidaire est à la fois une garantie ex ante et ex post pour lutter
contre le risque de défaut (entre autres: Stiglitz, (1990) Gatak, (1999) et Morduch, (1999)).
De ce fait, une bonne gestion des risques de crédit entraînant un bon taux de remboursement
des crédits permettra aux IMFs d’accroître leur portefeuille moyen de crédit pour un niveau
27
4-2 Les autres variables indépendantes
significatif. Ceci est en adéquation avec notre hypothèse 1 et l’argument selon laquelle plus
les taux d’intérêt seront élevés, plus les IMFs auront des chances d’atteindre l’autosuffisance
financière. Par ailleurs, le fait que le coefficient est statistiquement significatif indique que
les IMFs devraient appliquer des taux d’intérêt suffisamment élevés dans le but de générer des
produits financiers qui leur permettent de couvrir l’ensemble de leurs charges mais aussi de
Les variables de management et de productivité ont les signes attendus et sont statistiquement
qui est compatible avec l’argument selon laquelle l’accroissement des charges de personnel
ceteris paribus entraîne une baise de l’autosuffisance financière. Ce qui veut dire que pour
atteindre cette autosuffisance, les IMFs devront maîtriser les charges de personnel en essayant
de les diminuer de manière significative. Ceci ne pourra se faire qu’en mettant un accent
particulier sur la formation de leur personnel et les motivations financières afin d’accroître
leur productivité. A cela, il faudrait ajouter la mise en place et l’usage judicieux des nouvelles
l’autosuffisance financière.
résultat est en adéquation avec l’argument selon lequel, plus la productivité des travailleurs
est élevée, plus l’IMF aura des chances d’atteindre l’autosuffisance financière. Cependant, la
valeur faible du coefficient montre que les gains de productivité ne sont pas proportionnels à
crédit. Ce résultat indique également qu’au-delà de la viabilité financière, les IMFs seraient
28
beaucoup plus tournées vers l’octroi de microcrédités à un grand nombre de pauvres afin
En ce qui concerne les autres variables, le coefficient de l’âge des IMFs (AGEIMF) est positif
et significatif. Ce qui signifie que plus les IMFs deviennent matures, et donc acquièrent de
l’expérience dans leurs secteurs d’activité, plus elles auront de chances à atteindre
l’autosuffisance financière. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’avec l’expérience, les IMFs
maîtrisent d’avantage l’ensemble des opérations relatives à l’octroi des microcrédits. Cela
veut dire que les IMFs qui ont une longue durée de vie dans le secteur de la microfinance ont
eu à faire des efforts en matière de gestion des risques de crédit et de leur management pour
que la portée de l’action des IMFs n’est pas une variable majeure pour l’autosuffisance
financière comme nous l’avons déjà expliqué en ce qui concerne l’accroissement du nombre
d’emprunteurs.
non significatif et donc contraire à notre hypothèse. Ce résultat nous amène à mettre un
bémol sur l’idée bien répandue selon laquelle les femmes sont plus diligentes, plus fiables, et
rembourseraient mieux les microcrédits que les hommes. Cette idée trouve son origine dans
l’argument selon laquelle les femmes sont majoritaire dans la frange la plus défavorisée des
milieux d’intervention des IMFs par conséquent il faut les aider à avoir des activités
génératrices de revenus pour la substance des familles si l’on veut avoir un impact direct sur
la réduction de la pauvreté. Par ailleurs, étant donné que la majorité des activités des femmes
sont généralement de petites activités destinées à générer des revenus pour satisfaire
29
l’autosuffisance alimentaire, et donc ne permettant pas l’accumulation de richesses pour
servir d’épargne, il est tout à fait normal que le pourcentage des femmes ait un impact négatif
sur l’autosuffisance financière à cause de possible faillites répétées de ces micro activités.
Suite à la présentation et à l’analyse d’ensemble des résultats de notre modèle, nous allons
juridique et de la méthode d’octroi de crédits afin de faire ressortir les similarité et les
statistique entre parenthèses en bas des coefficients pour la zone géographique Tout comme
les résultats du modèle d’ensemble, les résultats de nos régressions montrent que la qualité du
portefeuille, le ratio des produits financiers et les charges du personnel sont de loin les trois
variables qui affectent de manière significative l’autosuffisance financière si l’on tient compte
de la région d’implantation des IMFs. Par ailleurs, le coefficient de l’âge des IMFs et celui
des emprunteurs par agent de crédit sont positifs et statistiquement significatifs pour toutes les
zones géographiques sauf l’Afrique subsaharienne où ils sont positifs mais statistiquement
non-significatifs.
de prêt moyen est positif et statistiquement significatif. Dans les autres régions
géographiques, les coefficients des soldes de prêt moyen sont d’une part positifs mais très
faibles par rapport à celui de la région Amérique Latine-Caraïbes et d’autre part non
statistiquement significatifs. Enfin, pour toutes les zones géographiques, les coefficients du
30
pourcentage de femmes sont négatifs et non statistiquement significatifs. Ce résultat confirme
celui trouvé dans les régressions du modèle général, à savoir que le pourcentage des femmes
parmi les clients des IMFs n’explique pas leur autosuffisance financière.
31
5.2 Analyse selon le statut juridique
statistique entre parenthèses en des coefficients selon le statut juridique. Les régressions en
fonction du statut juridique confirment les résultats obtenus précédemment. En effet, pour
tous les types d’ IMFs, le coefficient le plus élevé en valeur absolue est celui du portefeuille à
risque confirmant le fait qu’un portefeuille de crédit de qualité est l’élément déterminant de la
viabilité financière des IMFs. En outre ce coefficient est significatif statistiquement quelque
soit le statut juridique de l’IMF. Il en va de même pour les coefficients des variables
d’intérêt adéquats, une bonne gestion entraînant la maîtrise des charges du personnel,
l’atteinte de la viabilité financière des IMFs. Ces résultats montrent également que la portée
des programmes des IMFs et le pourcentage de femmes parmi les clients ne sont pas des
32
Tableau VI : Résultats des tests du modèle selon le statut juridique
statistique entre parenthèses en bas des coefficients selon la méthodologie de crédit. Ici
également, les résultats montrent que le coefficient le plus élevé en valeur absolue est celui
33
du portefeuille à risque qui est statistiquement significatif. Il en va de même pour ceux des
lesquelles le coefficient de l’âge des IMFs est positif mais statistiquement non significatif.
Pour ce qui est des caisses villageoises, le manque de formation de ses dirigeants qui sont en
général du village même, pourrait expliquer le fait que l’expérience acquise par l’IMF
n’influe pas de façon significative sur sa viabilité financière. De même, on constate également
que les variables Pourcfemme et Soldpretmoy n’ont pas de coefficients significatifs. Donc, là
d’intérêt appropriés permettant de couvrir les charges relatives à l’octroi de micros crédits
sont les facteurs les plus déterminants pour l’atteinte de l’autosuffisance financière des IMFs.
34
Tableau VII : Résultats des tests du modèle selon la méthodologie de crédit
Section VI : CONCLUSION
La microfinance est souvent abordée dans la littérature comme un outil qui permet aux exclus
du système financier formel d’avoir accès à des sources de financement en constituant ainsi
d’étudier le management des IMFs sous l’angle de leur viabilité financière. La détermination
35
des indicateurs les plus pertinents de la viabilité financière des IMFs a été le principal objectif
de cet article.
Pour atteindre cet objectif, nous avons d’abord fait une revue de littérature qui nous a permis
empiriques. Ces dernières ont été collectionnées sur le site de Mix Market avec la constitution
d’un échantillon de base de 217 IMFs de 101 pays sur une période de 9 ans (1998-2006).
Ensuite, le traitement et l’analyse des données ainsi recueillies, nous ont permis de tester
notre modèle pour mettre en évidence les déterminants de l’autosuffisance financière des
IMFs.
Les résultats montrent que la qualité du portefeuille de crédit résultant d’une bonne gestion
des risques de crédit est l’élément déterminant de l’autosuffisance financière des IMFs. En
effet, dans toutes nos régressions, c’est la variable PAR> 30 qui a le coefficient le plus élevé
en valeur absolue, confirmant ainsi notre hypothèse à savoir que la gestion du risque de crédit
IMFs.
Nos résultats montrent également que l’application des taux d’intérêt suffisamment élevés qui
permettent de dégager un profit de même qu’un management de qualité intégrant une bonne
maîtrise des charges, l’application des bonnes pratiques bancaires et la mise en place d’un
système d’information adéquat sont indispensables pour l’autosuffisance financière des IMFs.
De même, nos résultats montrent également que la portée des programmes de microfinance,
l’âge des IMFs et le pourcentage de femmes parmi les clients n’influent pas de façon
déterminante sur l’atteinte de l’autosuffisance financière des IMFs. Pour ce qui est de cette
dernière variable, son coefficient n’est significatif dans un aucun cas. Enfin, les résultats sont
obtenus selon la zone géographique, la méthode de crédit et le statut juridique des IMFs vont
36
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