Marc Grodwohl

Le patrimoine est omnipresent dans le discours du developpement economique local, via ses effets induits sur le tourisme et l'activite des entreprises. Du point de vue des politiques culturelles, le patrimoine est d'autant moins remis en questionnement, que des gages sont simultanement donnes a la modernite, en termes de creation et de diffusion artistiques ; on peut soupconner que ces derniers sont une redondance des efforts publics consentis en faveur du patrimoine. Ils montreraient « en creux » la preeminence de ce dernier, en lui opposant une replique sur un terrain plus propice a la contemplation qu'au frottement. Dans les faits, une fois sortis des lieux consacres de la culture institutionnelle, nous ne voyons guere de resultats probants de ce qui semble faire consensus autour des lieux communs « conserver le passe » et « creer car on ne peut pas vivre seulement dans le passe ». Cet immobilisme est emblematique d'une societe de l'instant, en difficulte de rever la forme vivante dans laquelle s'incarnera son projet d'avenir. L'appareil normatif qui s'instaure sous la banniere du developpement durable semble s'accommoder de l'absence d'imaginaires representes d'architecture, d'urbanisme et de paysage. Les reponses culturelles a des contraintes fonctionnelles, d'une pregnance admise par tous, tardent a prendre forme de proposition dans l'espace public. Pourtant, les individus expriment des attentes fortes dans certains lieux propices a la stimulation des imaginaires. Ce sont ces attentes que je vais m'efforcer de cerner a travers trois projets regionaux.

La categorisation des formes et fonctions des constructions rurales, produites entre le milieu du XVe s. et le debut du XXe s. est confrontee a une difficulte majeure : la difficulte a saisir la pensee constructive des maitres d'ouvrage et des artisans, necessaire a une apprehension de la maison depuis l'"interieur" de la societe qui la produit. Trois contrats, de 1489 a 1554, concernant la construction de maisons et de charpentes en Alsace, autorisent la comparaison des sytemes descriptifs et les informations livrees par les bâtiments contemporains. Quoique ordonnees par des maitres d'ouvrages urbains, les constructions rurales etudiees se conforment aux usages locaux. Elles temoignent du glissement de la preponderance technique au XVe siecle a celle de la representation au XVIe siecle.

L’Écomusée d’Alsace a constitué une importante collection de céramiques de poêle, provenant majoritairement du Sundgau. La provenance des carreaux de poêle est diverse : ils ont pu être découverts lors de la dépose de murs qui les réutilisaient à des fins décoratives, fonctionnelles (parois chauffantes) ou plus simplement en réemploi ; il était aussi courant qu’au moment du remplacement d’un poêle, les carreaux restés en bon état soient gardés et remisés au grenier ; ..

Arte culinario podria ser patrimonio mundial de la humanidad. Pero que se puede decir de la alimentacion ? Una experimentacion que fue conducida durante veinte anos por el Ecomusee d’Alsace nos ensena posibilidades y limitaciones de una presentacion museografica permanente de maneras de producir, consumir, representar a la comida en la sociedad antigua. Esta experimentacion relaciona un «etnoecosistema» tradicional con la diversidad de las culturas y representaciones simbolicas de visitantes que vienen de todas partes. Inscribe la museografia de la alimentacion en el conjunto de los instrumentos de desarrollo social sostenible.

La maison, notion que Claude Levi-Strauss explicite ici dans un entretien - se comprend non seulement comme un habitat, mais aussi comme une institution sociale: dimension historique d'une maison familiale en Languedoc, fonction domestique et architecture des maisons rurales, solidarité des "castors" d'Angers... G. Lenclud interroge par ailleurs les notions de "tradition" et de "société traditionnelle" si chères aux ethnologues

Sous ce titre sont réunis quatre articles abordant chacun un aspect particulier du chauffage des maisons paysannes : place et fonctions
des foyers dans l'organisation de l'espace domestique, dispositifs d'économie de combustible, stylistique.

Nous réunissons ici les textes que nous avons consacrés à Burghard Bigenwald, un des plus riches habitants de Lutter (Jura alsacien) jusqu'à son suicide en 1582, suite à des spéculations malheureuses. Ce drame nous vaut un copieux dossier judiciaire documentant avec précision l'inventaire des biens et du train de culture et d'exploitant forestier de ce personnage. Le dossier fut la base d'une première analyse publiée en 2015, avec proposition de reconstitution de l’espace domestique de Burghard Bigenwald. Toutefois, nous n'avions pu rapprocher ces documents d'une maison précise parmi la trentaine identifiées à Lutter comme habitées à cette époque.  L'exploitation de sources écrites découvertes entre-temps a permis de préciser davantage la personnalité et la fortune de ce paysan aisé, et surtout d’identifier sa demeure, toujours debout dans le village de Lutter (Haut-Rhin).

Cette étude de morphologie agraire est basée sur l’exploitation systématique des terriers des propriétaires de biens-fonds à Lutter aux XVe s. et au XVIe s. Elle est extraite d’une série de travaux que j’ai consacrés de 2013 à 2020 au terroir, au bâti et aux habitants du village de Lutter dans le Jura alsacien.

Cette table ronde, tenue à Montbéliard (Doubs) les 23 et 24 mars 1995, clôt les travaux du Projet collectif de recherche sur la céramique médiévale et moderne en Franche-Comté, coordonné par Jean-Olivier Guilhot, durant les années 1992-1994. En complément de l’exposition avec catalogue intitulée « Ex Pots, céramiques médiévales et modernes en Franche-Comté », la table ronde aborde pour la première fois, dans une réunion scientifique internationale, le thème du chauffage au poêle en réunissant les meilleurs spécialistes archéologues, historiens et historiens de l’art allemands, français, suisses, polonais et tchèques. Elle a été conçue à la fois comme un bilan des connaissances et une réflexion sur les investigations encore à mener. La céramique de poêle est, en effet, à l’archéologie médiévale des régions impliquées ce que le silex est aux fouilles préhistoriques : un objet complexe qui sert de traceur chronologique, technique, socio-économique et artistique. C’est ainsi qu’ont été principalement abordées les questions des origines, des techniques de montage, du fonctionnement, de l’extrême diversité des décors et de leurs sources d’inspiration de l’époque médiévale aux XVIe-XVIIIe siècles. Ce volume, abondamment illustré, complété par la transcription des débats suscités par chacun des thèmes et par une proposition de programme de recherche international, fera date dans son domaine, en dépassant pour la première fois le catalogue des sources pour aborder les questions majeures qui animent les chercheurs à l’heure actuelle

La categorisation des formes et fonctions des constructions rurales, produites entre le milieu du XVe s. et le debut du XXe s. est confrontee a une difficulte majeure : la difficulte a saisir la pensee constructive des maitres d'ouvrage et des artisans, necessaire a une apprehension de la maison depuis l'"interieur" de la societe qui la produit. Trois contrats, de 1489 a 1554, concernant la construction de maisons et de charpentes en Alsace, autorisent la comparaison des sytemes descriptifs et les informations livrees par les bâtiments contemporains. Quoique ordonnees par des maitres d'ouvrages urbains, les constructions rurales etudiees se conforment aux usages locaux. Elles temoignent du glissement de la preponderance technique au XVe siecle a celle de la representation au XVIe siecle.

Analyse architecturale dune maison paysanne mixte a pans-de-bois, situee a Artolsheim, et dune grande maison en bois commandee pour une ferme dun chapitre strasbourgeois, a Stutzheim. L\'etude de la premiere maison et de ses sols lidentifie comme une ferme bloc ou personnes, animaux et recoltes sont reunis sous le meme toit. La deuxieme maison est connue par un contrat passe en 1498 entre les chanoines de Saint-Pierre-le-Jeune et un charpentier de Saverne stipulant la construction dune maison pour leur ferme.

Depuis la decennie 1970, qui a vu la publication de La maison alsacienne a colombage (Maurice Ruch, 1977) et du volume Alsace du Corpus d’architecture rurale (Marie-Noele Denis et Marie-Claude Groshens, 1978), aucun auteur n’avait pris le risque de consacrer a l’habitat en Alsace une vue generale. La parution de ce manuel correspond a un regain d’interet pour le sujet, en une periode ou le rythme des demolitions s’accelere. Ces dernieres trahissent une rupture generationnelle consommee, la po...

La transition energetique, politique d’Etat dont le succes conditionne la vie materielle a venir, voire la stabilite sociale, ouvre un nouveau champ de prerogatives aux techniciens en alourdissant les normes et contraintes pesant sur l’habitat, avec l’ambition de « changer les modes de vie ». Cette posture autoritaire pose question a qui se soucie du droit de chacun d’habiter, de faconner son milieu, suivant sa propre maniere d’etre au monde et d’en enrichir la diversite. Il convient alors de porter attention aux lieux ou la transition energetique n’est pas l’administration mecanique de directives d’austerite, mais se pose en projet revelant les cultures habitantes, les reconnaissant comme ressources durables. La commune d’Ungersheim en Alsace s’est engagee dans cette voie, et offre un terrain ou les sciences humaines et sociales peuvent soutenir une pertinence et une ethique de projet, sous la reserve d’interroger chemin faisant la notion de « vernaculaire ».

Le patrimoine est omnipresent dans le discours du developpement economique local, via ses effets induits sur le tourisme et l'activite des entreprises. Du point de vue des politiques culturelles, le patrimoine est d'autant moins remis en questionnement, que des gages sont simultanement donnes a la modernite, en termes de creation et de diffusion artistiques ; on peut soupconner que ces derniers sont une redondance des efforts publics consentis en faveur du patrimoine. Ils montreraient « en creux » la preeminence de ce dernier, en lui opposant une replique sur un terrain plus propice a la contemplation qu'au frottement. Dans les faits, une fois sortis des lieux consacres de la culture institutionnelle, nous ne voyons guere de resultats probants de ce qui semble faire consensus autour des lieux communs « conserver le passe » et « creer car on ne peut pas vivre seulement dans le passe ». Cet immobilisme est emblematique d'une societe de l'instant, en difficulte de r...

... 57Dans le cas de cette coopération universitaire, l'enjeu est la place des ... Le patrimoine vernaculaire, bastion nostalgique ou laboratoire de nouveaux imaginaires partagés ? Le développement culturel : un avenir pour les territoires ?, Université de Nîmes, Colloque, avril ...