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Mireille Brangé
  • Université Paris 13 Nord
    UFR LSHS
    99 av. Jean-Baptiste Clément
    93430 Villetaneuse, France
Pourquoi publier des scénarios ? L’essentiel, le but véritable n’est-il pas le film auquel ils ont donné vie ? Publie-t-on un scénario par défaut, lorsqu’un film est resté à l’état de projet, afin que le désir de cinéma dont il était... more
Pourquoi publier des scénarios ? L’essentiel, le but véritable n’est-il pas le film auquel ils ont donné vie ? Publie-t-on un scénario par défaut, lorsqu’un film est resté à l’état de projet, afin que le désir de cinéma dont il était porteur ne tombe pas dans l’oubli ? Et lorsque le film a bien été réalisé puis diffusé, quel scénario publie-t-on, autrement dit quelle version ? Certains se demanderont même quel intérêt on trouve à lire un scénario : s’agit-il de retrouver le souvenir d’un film aimé, de comprendre « comment ça marche », d’apprendre à écrire d’autres scénarios, ou d’imaginer des films qu’on n’a pas vus, certains parce qu’ils n’ont pas été tournés ?

Décidément, il n’y a rien d’évident à la publication de scénarios de films. Pourtant, presque depuis l’origine du cinéma, ils ont été lus sous diverses formes (du traitement au découpage, ou du ciné-roman à la novellisation) et dans des buts très différents. C’est autour de cette question peu étudiée que se sont réunis des scénaristes et des chercheurs. Autour de Louis Delluc, Jean Renoir, Marcel Pagnol, Sergueï Eisenstein, Bruno Dumont, Olivier Assayas, Jacques Rivette, Bertrand Bonello, c’est tout une autre expérience du cinéma qui se déploie ici.
Actrice, réalisatrice, femme engagée, Delphine Seyrig (1932-1990) refuse toute sa vie de se laisser enfermer dans un rôle ou une image. S'inventer, se trouver, se réinventer fut sa raison de vivre. Egérie de Resnais, reine du théâtre... more
Actrice, réalisatrice, femme engagée, Delphine Seyrig (1932-1990) refuse toute sa vie de se laisser enfermer dans un rôle ou une image. S'inventer, se trouver, se réinventer fut sa raison de vivre. Egérie de Resnais, reine du théâtre parisien dans les années soixante, admirée de Truffaut comme de Duras, fée des Lilas dans Peau d'âne de Demy ou Jeanne Dielman d'Akerman, Delphine Seyrig a un parcours hors du commun. Au faîte de sa gloire, elle s'engage dans les luttes féministes. Digne d'une héroïne de Stendhal, prête à toutes les aventures, son goût de la liberté, son audace, son refus du tiède, son exigence et son élégance donnent à sa vie tout son romanesque. C'est cette vie riche et inspirante que retrace, pour la première fois, cette biographie passionnante et richement documentée, qui a pour fond la vie sociale, intellectuelle, théâtrale et cinématographique de son époque. (Présentation de l'éditeur)
Quelle approche critique pour aborder les « innombrables récits » (Barthes) qui traversent et construisent notre imaginaire social ? Prise en tenailles entre le storytelling et le grand roman social, la notion de récit de société... more
Quelle approche critique pour aborder les « innombrables récits » (Barthes) qui traversent et construisent notre imaginaire social ? Prise en tenailles entre le storytelling et le grand roman social, la notion de récit de société peut-elle réconcilier la littérature avec les usages communs de la narration, de l’anecdote au journalisme littéraire ? Dans l’optique d’un rapprochement disciplinaire entre histoire, littérature et sciences de l’information, ce volume interroge les formes que peut prendre le récit littéraire dans son amplitude à la fois générique et thématique. Il aborde d’abord l’idée de « récit de société » en la confrontant à des contre-modèles comme les mythes ou le storytelling, tout en intégrant la possibilité d’une approche transmédiale. Dans un second temps, le récit de société est travaillé comme un outil qui dépasse et transcende les genres littéraires, pour enfin agir comme un révélateur de désordres sociaux. La fiction narrative endosse alors un rôle de contre-pouvoir régulateur qui permet de reconfigurer les imaginaires, les repolitiser ou en faire apparaître les tabous. Le dossier est complété par une sélection de varia portant sur le Québec entrant en résonance avec le thème principal du volume avec un accent particulier mis sur les performances, les légendes et les pratiques musicales des Premières Nations.
Research Interests:
Hommes de théâtre dont le rôle fut majeur dans les réformes et les révolutions du théâtre au XXe siècle, Pirandello, Artaud et Brecht furent aussi séduits par le cinéma qu’ils aimèrent en spectateurs et pratiquèrent en scénaristes et... more
Hommes de théâtre dont le rôle fut majeur dans les réformes et les révolutions du théâtre au XXe siècle, Pirandello, Artaud et Brecht furent aussi séduits par le cinéma qu’ils aimèrent en spectateurs et pratiquèrent en scénaristes et critiques. Ils eurent l’am-bition de passer derrière la caméra pour filmer et parfois jouer leurs scénarios. Emblématiques d’une passion unissant bon nombre d’écrivains dans l’entre-deux guerres, ils le sont aussi des bouleversements que cet art des masses industriel et mondialisé fit subir au statut des créateurs comme à leur manière d’écrire. Si le passage au cinéma parlant et le poids de l’industrie contribuè-rent à les éloigner de leurs espoirs cinématographiques au tour-nant des années Trente, les trois auteurs ne se replièrent qu’en apparence sur le théâtre. Car même quand ils feignaient de l’igno-rer, le cinéma était encore toujours là, disséminé dans leurs textes, dans leurs mises en scène et dans leurs ambitions com-munes de révolutionner le drame traditionnel.
International audiencePourquoi publier des scénarios ? L’essentiel, le but véritable n’est-il pas le film auquel ils ont donné vie ? Publie-t-on un scénario par défaut, lorsqu’un film est resté à l’état de projet, afin que le désir de... more
International audiencePourquoi publier des scénarios ? L’essentiel, le but véritable n’est-il pas le film auquel ils ont donné vie ? Publie-t-on un scénario par défaut, lorsqu’un film est resté à l’état de projet, afin que le désir de cinéma dont il était porteur ne tombe pas dans l’oubli ? Et lorsque le film a bien été réalisé puis diffusé, quel scénario publie-t-on, autrement dit quelle version ? Certains se demanderont même quel intérêt on trouve à lire un scénario : s’agit-il de retrouver le souvenir d’un film aimé, de comprendre « comment ça marche », d’apprendre à écrire d’autres scénarios, ou d’imaginer des films qu’on n’a pas vus, certains parce qu’ils n’ont pas été tournés ?Décidément, il n’y a rien d’évident à la publication de scénarios de films. Pourtant, presque depuis l’origine du cinéma, ils ont été lus sous diverses formes (du traitement au découpage, ou du ciné-roman à la novellisation) et dans des buts très différents. C’est autour de cette question peu étudiée que...
Colette, en train d’écrire, a été saisie de manière multiple : par la photographie, le cinéma, la télévision. Peu d’écrivains ont aussi fait l’objet d’autant de biopics (trois en trente ans), jusqu’à tout récemment Colette. Une jeune... more
Colette, en train d’écrire, a été saisie de manière multiple : par la photographie, le cinéma, la télévision. Peu d’écrivains ont aussi fait l’objet d’autant de biopics (trois en trente ans), jusqu’à tout récemment Colette. Une jeune femme moderne de Wash Westmoreland (2019), des films qui représentent non toute sa vie mais l’accomplissement progressif de sa vocation jusqu’à la gloire, éclosion d’un auteur, pareille à la sortie d’une chrysalide, ou à son extraction de voiles comme symboliquement dans le film de Huston. Par ces biopics, Colette est ainsi reconnue de manière de plus en plus affirmée au gré des années, à la fois en écrivain de rang mondial et en figure exemplaire : comme une femme écrivain. Mais avant eux, en 1951, elle a aussi fait l’objet d’un documentaire de la cinéaste Yannick Bellon (1924-2019), inscrit dans une série voulue par la direction des Relations culturelles du Ministère des Affaires Étrangères, et destinée à promouvoir Colette, Gide et Claudel, comme les grands écrivains français et emblématiques du rayonnement de la culture française dans le monde entier. À la fin de sa vie, consacrée par tous, Colette est en effet devenue la « grande Colette ». Or, ce portrait de 29 minutes, commandé à la réalisatrice novice Yannick Bellon, est paradoxal : il s’applique à jouer sur un horizon d’attente pour les lecteurs de Colette (Colette la Bonne Dame du Palais-Royal, Colette la gourmande) mais pour prendre le contrepied de la figure de grand écrivain qu’il prétend illustrer, en retraçant, dans sa vie, des épisodes qui l’en éloignent. Documentaire hétérogène, mêlant la fiction et la vie saisie à l’improviste, l’archive et l’art, il est aussi une cocréation de Colette, « célébrité multimédiatique », qui en est autant l’auteur que la comédienne, puisqu’elle l’écrit au moins en partie et qu’elle s’y met en scène.
Peu d’écrivains comme Colette ont eu droit à autant de biopics, ces biographies filmées. Trois ont retracé sa vie depuis trente ans: Devenir Colette de Danny Huston (1991), Colette. Une femme libre de Nadine Trintignant (2004) et Colette.... more
Peu d’écrivains comme Colette ont eu droit à autant de biopics, ces biographies filmées. Trois ont retracé sa vie depuis trente ans: Devenir Colette de Danny Huston (1991), Colette. Une femme libre de Nadine Trintignant (2004) et Colette. Une jeune femme moderne de Wash Westmoreland (2019). Seuls rivalisent avec elle Oscar Wilde , Truman Capote , et, côté féminin, les sœurs Brönte  ou, dans une moindre mesure, Jane Austen . Ces films s’inscrivent dans la veine des biographies filmées d’écrivains, jamais certes tarie, mais qui connaît un véritable revival dans une époque où manifestement littérature et cinéma connaissent conjointement un tropisme biographique voire un „biographical turn“ (Renders 2016). Par ailleurs, le nombre croissant de biopics d’écrivains depuis les années 1990 ressort d’une stratégie commerciale (Buchanan 2013): s’appuyant sur un personnage connu et sa persona, le biopic représente une valeur économiquement sûre pour le cinéma.
Pourtant, dans cette liste, si Colette a certes fait l’objet de deux adaptations cinématographiques importantes (Gigi, film aux 9 Oscars, de Vincente Minelli en 1958 et Chéri de Stephen Frears en 2008), elle est sans doute la moins mondialement connue. Or deux des réalisateurs sont anglo-saxons et se saisissent de cette exception française parmi les écrivains élus dans des coproductions internationales en langue anglaise. Par ces biopics, une valeur d’autrice de rang mondial est reconnue à Colette doublée, de manière de plus en plus lisible, d’une valeur mondiale comme figure exemplaire du rapport des écrivains avec les médias, de l’émancipation des femmes et des questions de genre. Trois angles, qui, à l’exception sans doute du premier, auraient fort étonné Colette.
C’est cette évolution de la représentation de Colette au travers de ces trois biopics que nous souhaitons observer.
En 2016, Ivo Van Hove met en scène à la Comédie française le scénario des Damnés, le film de Luchino Visconti (1969). Ce faisant, il poursuit sa pratique originale du traitement d’un scénario de cinéma comme texte théâtral. Sur scène, il... more
En 2016, Ivo Van Hove met en scène à la Comédie française le scénario des Damnés, le film de Luchino Visconti (1969). Ce faisant, il poursuit sa pratique originale du traitement d’un scénario de cinéma comme texte théâtral. Sur scène, il utilise aussi la vidéo, subvertit des moyens apparemment cinématographiques et accomplit la remédiation du cinéma par le théâtre. Mais cette indéfinition réussie se heurte à une ambiguïté politique non assumée.
Durant les 25 dernières années, la représentation des scénaristes dans le paysage cinématographique français se modifie, allant vers une reconnaissance de l’importance de leur rôle, la revendication d’une évolution de leur statut et une... more
Durant les 25 dernières années, la représentation des scénaristes dans le paysage cinématographique français se modifie, allant vers une reconnaissance de l’importance de leur rôle, la revendication d’une évolution de leur statut et une professionnalisation de leur formation. Cette évolution tranche avec la conception française des scénaristes jusque-là comme collaborateurs occasionnels, parfois écrivains, et plus largement avec l’idée française de l’écriture, liée à l’inspiration et ne nécessitant donc pas d’apprentissage, sinon par la pratique elle-même. L’article se propose d’étudier les étapes de cette évolution des représentations et son contexte, durant les 25 dernières années, entre discours de sous-efficacité des scénarios français, transformation du paysage, fortement concurrentiel, de la formation aux métiers de l’image. On les mettra en parallèle avec le discours tenu dans les méthodes d’écriture de scénarios dont le marché a explosé en France, inspiré des États-Unis, mais tentant de proposer aussi un discours plus spécifiquement français où se lit la persistance d’une tension avec l’ancienne représentation du scénariste.
Le séminaire « Cinéma, théâtre et littérature au XXe siècle. Spécificités italiennes et contexte international», organisé dans le cadre des départements « histoire et théorie des arts » et « littérature et langages » de l'École Normale... more
Le séminaire « Cinéma, théâtre et littérature au XXe siècle. Spécificités italiennes et contexte international», organisé dans le cadre des départements « histoire et  théorie des arts » et « littérature et langages » de l'École Normale Supérieure.

Nous nous proposons d'y explorer la conjonction de la littérature, du cinéma et du théâtre au XXè siècle, prioritairement en Italie, où le cinéma a bénéficié intérêt très précoce, et où, dès ses origines, il a figuré comme la possibilité d'une « bible du pauvre » et de ciment culturel d'une nation récemment unifiée. Comme ailleurs, le transfert d'auteurs, d'acteurs, de metteurs en scènes de théâtre a contribué à  une collaboration et à une concurrence des deux arts, et, de ce fait, à la nécessité de les définir distinctement. Plus qu'ailleurs peut-être, avec la ruine économique du monde cinématographique italien au début des années vingt et le désintérêt initial du régime fasciste, ses meilleurs ouvriers ont été conduits à s'exiler avant de pouvoir revenir faire germer ce qui, peu à peu, allait donner naissance au néo-réalisme.

La figure de Pirandello sera l'un des fils continus du séminaire : il fut à la fois le premier auteur à avoir écrit une fiction sur le monde du cinéma en 1904, un écrivain qui se fit scénariste en quête de gain puis un grand auteur courtisé par Hollywood, mais aussi homme de théâtre, amoureux dans le cinéma d'un art sans mot, brassant dans ses scénarios aussi bien les références aux avant-gardes cinématographiques que les éléments annonciateurs du néo-réalisme. L'autre figure privilégiée est celle, dans le second demi-siècle, de Pier Paolo Pasolini, scénariste, réalisateur, critique et théoricien du cinéma, parallèlement à son intense activité théâtrale, poétique, romanesque. D'autres personnalités, telles que Giorgio Strehler et Visconti seront évoquées.

Pour autant, fidèles à l'évidence que le cinéma fut le premier art mondialisé, nous avons choisi de faire des excursus vers d'autres horizons. Nous irons du côté de Beckett, qui tressa pratique du théâtre, de l'écrit, du cinéma et du film pour la télévision, ou encore du côté des réalisateurs espagnols Carlos Saura et Pedro Almodóvar dont l'oeuvre cinématographique est irriguée de références littéraires et de figurations du théâtre ; nous interrogerons aussi le rapport avec le cinéma d'un grand metteur en scène de théâtre actuel, Claude Régy.

Le sujet du séminaire est précisément l'hybridation des arts : nous avons donc voulu décloisonner les approches. Il sera ouvert aussi bien à l'étude des textes, qu'à l'histoire intellectuelle, à la pratique culturelle, et à la réflexion sur des figures emblématiques d'artistes. Des spécialistes de littérature comparée, d'esthétique, d'études cinématographiques et théâtrales, mais aussi des praticiens, viendront y confronter leur réflexion sur le croisement d'arts rivaux et partenaires tout au long du XXè siècle.

Il comptera 12 séances, ayant lieu 2 fois par mois, le mercredi de 17 à 19h, salle Weil.
Colloque organisé par Mireille Brangé (Paris 13) et Jean-Louis Jeannelle (Univ. de Rouen) Colloque 13-14 octobre 2016 Paris / Rouen « Des scénarios et des livres » est organisé en partenariat avec le colloque « Des livres aux scénarios... more
Colloque organisé par Mireille Brangé (Paris 13) et Jean-Louis Jeannelle (Univ. de Rouen)
Colloque 13-14 octobre 2016 Paris / Rouen
« Des scénarios et des livres » est organisé en partenariat avec le colloque « Des livres aux scénarios », organisé par Alain Boillat, Gilles Philippe et Vincent Verselle, les 10-11 octobre 2016, à Lausanne.

Au regard du nombre de films produits, et plus encore du nombre de films imaginés mais jamais réalisés, le nombre de scénarios publiés est dérisoire, en France tout particulièrement. Quelques collections existent et les projets avortés des plus grands réalisateurs nous sont, pour certains, accessibles, mais il ne s'agit là, à chaque fois, que d'exceptions à une règle tacite selon laquelle la lecture d'un scénario ne se justifie qu'en référence au film existant ou avorté. Cette situation ne tient pas uniquement à la culture du secret qui entoure les scénarios, protégés pour des raisons juridiques et financières. Elle tient également au fait que ces textes sont jugés difficilement lisibles, réservés aux professionnels capables de les décoder dans la perspective d'une réalisation à venir – autrement dit « avec les yeux du cinéma », de la même manière que Molière, conseillait dans l'adresse au lecteur de L'Amour Médecin la découverte individuelle de sa pièce « aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre ». Pourtant, le cinéma existe, ou plus précisément co-existe sous une forme écrite, sans que l'on en tienne véritablement compte, en dehors de quelques travaux autour de ce que Lise Gauvin et ses collaborateurs ont nommé les « scénarios fictifs » dans un numéro de Cinémas (vol. IX, n° 2-3, printemps 1999). Et ces scénarios édités n'ont pas pour seule fonction de compléter le plaisir procuré par le spectacle du film ou de compenser son impossibilité. Aussi nous proposons-nous de nous intéresser à cette dimension en grande partie invisible – non parce qu'elle serait cachée, mais simplement parce peu de spécialistes de la littérature ou du cinéma y prêtent attention –, sous ses différents aspects.
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Les Mythologies de Roland Barthes ont ouvert la voie d’une nouvelle forme de littérarité de l’espace social. Fragments critiques sur le monde contemporain, ils donnent corps à des petits récits de société, même s’ils sont constitués pour... more
Les Mythologies de Roland Barthes ont ouvert la voie d’une nouvelle forme de littérarité de l’espace social. Fragments critiques sur le monde contemporain, ils donnent corps à des petits récits de société, même s’ils sont constitués pour être immédiatement disséqués, déconstruits, démystifiés. Depuis le narrative turn, l’essor du storytelling commercial ou politique, les récits se fabriquent avec des bribes éparses de manière archipélique, de façon répétitive et variante à la fois (rumeurs), à travers des supports transmédiatiques (presse écrite ou orale, discours, vidéos, films), de sorte que l’identification d’une structure narrative en est rendue difficile, malgré la sensation claire qu’un récit s’est bel et bien déployé, même de façon intermittente. « Récit de société » est donc à entendre comme une masse confuse et diffuse d’une multitude de petites formes narratives qui habitent notre quotidien, le fictionnalisent et lui donnent chaque jour un peu de sens. C’est le grand récit du progrès industriel contre celui de la décroissance, c’est la petite histoire exemplaire d’un everyday hero, c’est l’institutionnalisation du récit de soi en tant qu’injonction sociale, c’est la légende urbaine qui réveille la part d’irrationnel dans la croyance, c’est le fait divers qui plonge la communauté dans l’effroi, c’est enfin une fiction économique et politique qui indique le sens de l’Histoire.

Toutes ces formes de récits sont évidemment considérées avant tout dans le champ disciplinaire dont elles ressortissent, et elles ont (comme Frédérique Aït-Touati l’a montré pour les sciences humanistes avec Contes de la lune. Essai sur la fiction et la science modernes, Gallimard, 2011) depuis longtemps eu une fonction heuristique qui structure notre rapport au réel. Aujourd’hui, micro ou macro-fictions se mettent en place autour d’items symboliques variés (image, récit oral, personnages modèles, allégories et métaphores récurrentes, fétiches, …) qui fabriquent des récits utilitaires et symptomatiques de l’état de la pensée contemporaine.

Quel regard littéraire peut-on porter sur ces récits évanescents ? Quel dispositif interprétatif poser sur ces formes narratives transmédiatiques ? Quelles représentations de notre espace de sociabilité peut-on en dégager ? Réciproquement, comment penser la littérature avec des corpus inattendus (on pourra considérer le rôle du récit accordé par Judith Schlanger dans Présence des œuvres perdues ; ou encore, dans d’autres domaines, dans les interprétations précinématographiques de la littérature, voire les récits de la culture populaire) qui reposent sur des mises en récit ? Comment la théorie littéraire peut-elle considérer ces formes narratives ? comment les mettre en corpus ?

À l’horizon de cette réflexion, il s’agit d’avoir une posture réflexive sur les procédés de lecture littéraire et sur le fonctionnement du système interprétatif des études littéraires actuelles. On pourra ainsi se demander quel usage les critiques littéraires et historiques contemporains font de ces mises en récit ? Vies possibles, démarches contrefactuelles, recours au als ob sont autant d’approches critiques vivaces dans l’espace contemporain qui repose sur des procédés fictionnels divers, des formes de mentir-vrai dotées d’une valeur heuristique. Quelle nouvelle critique littéraire peut naître de ces comparaisons et dispositifs en perspective ? On pourra s’intéresser à la formation de ces pistes interprétatives, à leur généalogie ou encore à des parentés disciplinaires.

Contacts :

Mireille Brangé : mireille.brange@univ-paris13.fr
Magali Nachtergael : nachtergael@univ-paris13.fr
"La revue Itinéraires LTC, publiée à l'Université Paris 13, passe en 2014 sur la plateforme revues.org : http://www.openedition.org/11985 Itinéraires. Littérature, textes, cultures étudie la littérature et ses marges en favorisant le... more
"La revue Itinéraires LTC, publiée à l'Université Paris 13, passe en 2014 sur la plateforme revues.org : http://www.openedition.org/11985  Itinéraires. Littérature, textes, cultures étudie la littérature et ses marges en favorisant le contact entre cultures et disciplines. D’héritage francophoniste, elle publie des numéros thématiques représentatifs des différentes perspectives auxquelles le Centre d’étude des nouveaux espaces littéraires de l’université Paris 13 s'est historiquement ouvert : littératures francophones et postcoloniales, écritures de soi, approches théoriques des études littéraires, aspects littéraires de l’analyse du discours, réflexions sur les genres (sexués, grammaticaux, littéraires), exploration des modernités et ruptures, repérage des phénomènes d’émergence littéraires et culturels. Elle encourage les intersections disciplinaires, l'interculturalité (littératures étrangères) et l'intersémioticité (croisement entre les arts).  Prochains numéros : - Sade et les femmes (Anne Coudreuse et Stéphanie Genand dir.) - Espaces numériques : textualités (Marie Anne Paveau dir.) - Tisseurs (TranstextualISationS & intErcUltuRalitéS) (Laïla Ghermani, Céline Murillo et Agathe Torti dir.) - European Crime Fiction / le Polar européen (Véronique Desnain dir.) - Récits de société (Mireille Brangé et Magali Nachtergael dir.)  Des contributions sur le genre, l'autofiction, l'autobiographie, les croisements texte / image / cinéma / théatre, la francophonie et les débats postcoloniaux, l'intersectionnalité et les minorités, sont particulièrement bienvenues.  Son équipe éditoriale vous invite à nous faire parvenir vos projets de publication (dossiers), mais aussi d'éventuels articles pouvant entrer dans les "varia" : itineraires-lct@univ-paris13.fr ou nachtergael@univ-paris13.fr
Research Interests:
Dans le cadre des « Nouveaux Espaces Littéraires » et de la volonté de rapprochement disciplinaire du CENEL autour de problématique transversales telles que le récit, la journée d’études "Récits de société : quelles approches critiques ?"... more
Dans le cadre des « Nouveaux Espaces Littéraires » et de la volonté de rapprochement disciplinaire du CENEL autour de problématique transversales telles que le récit, la journée d’études "Récits de société : quelles approches critiques ?" propose de faire se rencontrer les chercheurs en narratologie, en histoire et en sciences sociales et de la communication autour de la notion novatrice de « récit de société ». Cette journée d’études est donc pluridisciplinaire tout en abordant un phénomène contemporain de la narrativité élargie : les récits et leur construction dans l’espace social.
Le public visé sont les chercheurs et doctorants, travaillant principalement en histoire, littérature, mais aussi linguistique et sciences de la communication. Les participants venus d’Europe et du Canada nous permettront de croiser les approches disciplinaires et les méthodes.
Le but de la journée d’études est d’ouvrir le champ des études littéraires à des récits qui ne sont pas forcément considérés comme de la littérature : journalisme littéraire, micro-récits, fictions politiques ou économiques, aspects narratologiques et transmédiatiques.
"PROGRAMME PRÉVISIONNEL

Matinée

Construction d’une notion (histoire, communication, anthropologie)

François Dingremont – EPHE (postdoctorant) : Sous les concepts, le récit. Pour une conception non utilitariste du « storytelling »
Phuong N’goc Nguyen U. Aix Marseille (CNRS) : Les rois Hùng, ancêtres légendaires du Vietnam. Récits d’origine pour une nation multiethnique
Ambre Abid d’Alençon – U. Paris 4 – (GRIPIC - doctorante) :  « Récits de société » : quels récits pour quelle société ?
Imaginaire du (dés)ordre social

Dominique Kalifa (sous réserve) –  U. Paris 1 (Centre d'histoire du XIXe s.) : Imaginaires de l’« underworld » (titre provisoire)
Véronique Desnain  – U. d’Edimbourg (Royaume-Uni) : Polar et société : la position du tireur caché (autour de Jean Patrick Manchette)
Après-midi

Traversée des genres

Sophie Létourneau – U. Laval (Canada) : Joan Didion, activiste littéraire
Pascal Gin – U. Carleton (Canada) : Souci narratif et enjeux de mobilité : le récit de société à l’épreuve du reportage littéraire
Thomas Vuong – U. Paris 13 (CENEL) : Vie sociale et vie intérieure : la position lyrique dans les sonnets de Gwendolyn Brooks, Pier Paolo Pasolini et Tony Harrison
Traversée des médias

Sabrina Parent – FNRS Université Libre de Bruxelles (Belgique)  – Fables « intermédiales » du temps, entre « mémoire du présent » et « mémoire de l’oubli » : My Name is Time de Myriam Hornard et L’Énigme du retour de Dany Laferrière
Jacqueline Guittard – U. Picardie Jules Verne : La transparence et l'ombre : l'autopsie dans les séries télévisées (Dexter, Bones)
Discussion et conclusion de la journée par Anne Larue, Paris 13.""