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Fabrice Guilbaud
  • Université de Picardie Jules Verne
    UFR Sciences Humaines, Sociales et Philosophie
    CURAPP-ESS (UMR 7319 CNRS/UPJV)
    Campus Citadelle, bâtiment H
    10, rue des Français libres
    80080 Amiens

Fabrice Guilbaud

Après un premier bilan effectué par l'OFDT en 2013, ce numéro de Tendances dresse un nouvel état des lieux de la réponse pénale aux infractions liées à la conduite sous l'empire d'un état alcoolique ou après usage de stupéfiants depuis... more
Après un premier bilan effectué par l'OFDT en 2013, ce numéro de Tendances dresse un nouvel état des lieux de la réponse pénale aux infractions liées à la conduite sous l'empire d'un état alcoolique ou après usage de stupéfiants depuis les années 1990. Sur la base d'une exploitation secondaire des données produites par les ministères de l'Intérieur et de la Justice, il s'agit d'étudier l'évolution des dépistages et du nombre d'infractions à la conduite impliquant l'usage d'alcool ou de stupéfiants, ainsi que la nature des suites pénales qui sont données.
Fondé sur une enquête qualitative menée auprès d'intervenants en addictologie, ce numéro de Tendances montre d'abord que, au-delà des identités professionnelles et des mandats des structures, les interventions auprès des usagers placent... more
Fondé sur une enquête qualitative menée auprès d'intervenants en addictologie, ce numéro de Tendances montre d'abord que, au-delà des identités professionnelles et des mandats des structures, les interventions auprès des usagers placent l'impératif d'adaptation à l'usager au coeur d'une activité de soutien. Celle-ci est pensée comme un accompagnement de la personne au jour le jour dans la gestion de ses difficultés relationnelles, émotionnelles et dans son rapport aux produits consommés. Ensuite, ce numéro met au jour des divergences entre les intervenants et entre les structures concernant l'accueil et le suivi d'usagers parfois perçus comme « non conformes ». Ces divergences mettent en lumière des seuils variables à partir desquels les intervenants estiment que l'accompagnement doit être limité ou suspendu.
https://en.ofdt.fr/BDD/publications/docs/In-a-glimpse-professional-practices-T150.pdf
La sixième édition de l’enquête nationale auprès des usagers des CAARUD, ENa-CAARUD mise en place par l’OFDT en 2006, s’est déroulée en 2019. Les principales conclusions sont présentées dans le numéro 142 de Tendances. Elles permettent de... more
La sixième édition de l’enquête nationale auprès des usagers des CAARUD, ENa-CAARUD mise en place par l’OFDT en 2006, s’est déroulée en 2019. Les principales conclusions sont présentées dans le numéro 142 de Tendances. Elles permettent de décrire les évolutions de la population observée, de ses usages et des comportements à risque. Le vieillissement des usagers des CAARUD est constant depuis la première enquête : ils ont désormais 41 ans en moyenne contre 33 ans en 2006. L’enquête souligne également la détérioration de leurs conditions de vie et leur précarisation. Concernant les substances les plus souvent consommées, l’édition 2019 témoigne de la place importante des usages de cocaïne et de la progression de la cocaïne basée. S’agissant des pratiques d’injection, l’enquête fait apparaître de fortes disparités générationnelles : si 62 % des moins de 25 ans n’ont jamais pratiqué l’injection, 52 % des plus de 35 ans signalent une injection récente et dans certains cas on note des primo injections tardives. Par ailleurs, après le recul observé entre 2012 et 2015, les résultats de l’enquête montrent le retour à une évolution positive de la proportion de la pratique de dépistage du VIH et du VHC chez les usagers des CAARUD, surtout les plus âgés.
Cet article propose une synthèse de 20 années d’observation réalisées au sein d’événements festifs par le dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (Trend). La première partie est consacrée aux free-parties et aux effets de la... more
Cet article propose une synthèse de 20 années d’observation réalisées au sein d’événements festifs par le dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (Trend). La première partie est consacrée aux free-parties et aux effets de la politique de répression de ce type de fêtes sur leur forme, leur organisation, les évolutions des usages de drogues qui y ont cours ainsi que la présence d’acteurs de la politique de réduction des risques et des dommages. Si le caractère permissif des usages de drogues en free-parties est observé, il s’accompagne de limites sociales exprimées par les fêtards à l’égard de certains usages ou substances. La seconde partie rend compte d’observations dans des lieux festifs commerciaux (festivals, boîtes de nuits, bars et clubs, etc.) en pointant une contradiction contemporaine : en dépit des limites consécutives à la répression d’événements comme les free-parties, la politique de réduction des risques a pu s’y déployer ; paradoxalement, et malgré leur cadre légal, cela a moins été le cas dans les établissements et événements légaux.
À partir d’enquêtes de terrain dans sept prisons, l’article porte sur la critique sociale formulée par des détenus (femmes et hommes) au sujet de leurs conditions d’emploi et de salaire. Le décalage entre leurs conditions et le droit... more
À partir d’enquêtes de terrain dans sept prisons, l’article porte sur la critique sociale formulée par des détenus (femmes et hommes) au sujet de leurs conditions d’emploi et de salaire. Le décalage entre leurs conditions et le droit commun (absences de contrat de travail et de protection sociale, salaire à la pièce), l’expérience vécue du travail (en prison et avant) et la connaissance de l’actualité sociale sont au fondement de répertoires d’actions concentrés sur la faiblesse des salaires et le niveau des cadences. Malgré l’interdiction du droit de grève, la critique
sociale peut se transformer en action collective. Les détenus sont conscients de subir un déni de droit ; leurs discours et leurs pratiques montrent qu’ils se considèrent comme des travailleurs salariés et qu’ils agissent comme tels.
[“Somewhere between Normalization and Differentiation, Prisoner’s Work in the Nineteenth-century”, in J-M Andrieu and R. Eckert (ed.), Prison Labor. A Historical Perspective on a Contemporary Problem] In the Nineteenth century, the... more
[“Somewhere between Normalization and Differentiation, Prisoner’s Work in the Nineteenth-century”, in J-M Andrieu and R. Eckert (ed.), Prison Labor. A Historical Perspective on a Contemporary Problem]
In the Nineteenth century, the French state must provide work for prisoners while allowing the interests of various industrial sectors and the claims made by the labour movement. In this chapter, we first analyze the centrality of work in the prison project at the beginning of the century, and how the presence of prison labour becomes a social and political issue: the competition between free labour and prison labour is debated and solutions are recommended by various reformers. Throughout the Nineteenth century make the prisoners work complies with a moral imperative, but an ambivalent one: between normalization and differentiation. The will to fight crime by normalizing power of labour was offset by maintaining a distinction between forced-prisoners workers and free workers.
Based on fieldwork conducted in seven French prisons, this paper examines the social criticism expressed by inmates (both male and female) about their employment conditions and wages. The gaps among their conditions and the common law... more
Based on fieldwork conducted in seven French prisons, this paper examines the social criticism expressed by inmates (both male and female) about their employment conditions and wages. The gaps among their conditions and the common law (including absence of employment contracts and social protection and piecework wages), the inmates’ experience of work (in prison as well as before incarceration), and their knowledge of social issues give rise to repertoires of contention focused on low wages and production rates. Despite the prohibition of the right to strike, social criticism can turn into collective action. Inmates are aware that they suffer the denial of rights. Their speech and practices show that they consider themselves as employees and act as such.
The practical and symbolic social effects of work on how imprisoned persons experience time are studied here from a sociology of work perspective. In the thinking of Donald Clemmer and Erving Goffman, two classic sociologists of the... more
The practical and symbolic social effects of work on how imprisoned persons experience time are studied here from a sociology of work perspective. In the thinking of Donald Clemmer and Erving Goffman, two classic sociologists of the prison, the unity of the self-contained prison space goes together with a unity of time. In direct opposition to these approaches, the findings of a field study conducted in five French prisons suggest that the private life/work life split characteristic of paid labor is also relevant to the lives of incarcerated workers. Having inmates work improves prison security. For working inmates, meanwhile, work is a major means of re-appropriating space and time in a context of freedom deprivation. Prison labor is analyzed as an agency of socialization that connects inmates’ present lives with their past work lives.
The Privatization of Prisons: somewhere between the Market and the Security Dogma. This chapter focuses on the privatization of prisons in France, presenting the major events from 1987 to the present. Organizing inmate work in prison... more
The Privatization of Prisons: somewhere between the Market and the Security Dogma.
This chapter focuses on the privatization of prisons in France, presenting the major events from 1987 to the present. Organizing inmate work in prison workshops is one of the tasks that has been delegated to the prison management companies. Prison is a space of forced confinement where the overriding concern is security. The fact is that at several levels, and depending on type of prison (high security or not), production logic clashes with security logic. I examine the structural limitations of production in a prison setting and how they restrict private companies’ profit-taking capacities. On the basis of a field study conducted in 2004 and 2005 in five prisons chosen by prison and management type, I show that the intensity of the tension between production and security, and the various ways this tension arises and is handled, vary by type of prison (short-stay, for convicts awaiting sentence, or relatively long-stay for sentence-serving inmates) and type of management. The production/security tension seems better integrated in public-sector prisons than in those managed by the private sector in the sense that it produces fewer conflicts in them. This result runs counter to the widespread understanding that shaped the 1987 reform, the idea that introducing private enterprise and the professionalism associated with it into prisons would improve inmate employment and prison operation.
Forty Years of Prison Employment: Towards Legislation for Inmate-Workers. Since 1970, the detained population has more than doubled, and the activity rate of detainees has halved. Prison employment, referring to all paid activities... more
Forty Years of Prison Employment: Towards Legislation for Inmate-Workers.
Since 1970, the detained population has more than doubled, and the activity rate of detainees has halved. Prison employment, referring to all paid activities during detention, has been privatised, and professional training has increased. Excluded from work legislation, work in prison could be subjected to a legislation adapted to the prison environment. The authors are exploring tracks favourable to the introduction of a prison employment agreement.
Dans une perspective de sociologie du travail sont analysées les incidences sociales (pratiques et symboliques) de l’exercice d’une activité de travail sur le rapport au temps des personnes détenues. À l’unité du lieu clos, Donald Clemmer... more
Dans une perspective de sociologie du travail sont analysées les incidences sociales (pratiques et symboliques) de l’exercice d’une activité de travail sur le rapport au temps des personnes détenues. À l’unité du lieu clos, Donald Clemmer et Erving Goffman (deux auteurs classiques de sociologie de la prison) font correspondre une unité de temps. À l’encontre de ces approches et à partir d’une enquête de terrain menée dans cinq prisons françaises, il apparaît que le clivage vie privée/vie professionnelle (caractéristique du travail salarié) se retrouve aussi chez les travailleurs incarcérés. Le travail contribue à la sécurité de la prison. Pour les détenus, il est une ressource forte de réappropriation spatiale et temporelle dans un contexte de privation de liberté. Le travail pénitentiaire est analysé comme une instance de socialisation dans un continuum des vies de travail passées des détenus.
“When work frees men: remarks on the subjectivity of inmate workers”, in D. Linhart (ed.) Why Are We Working? A Sociological Approach of Subjectivity at Work
“Constraints, Law and Ambivalence in connection with Work: the Case of Prison Labor Workshops”, in F. Abbaléa and M. Lallement (ed.) Relationships at Work, Work Relations
Le métier de surveillant est globalement invisibilisé, il reste dans l’ombre des professions judiciaires et de leurs institutions. Pourtant, en France, le corps des surveillants pénitentiaires est de loin le plus important au sein du... more
Le métier de surveillant est globalement invisibilisé, il reste dans l’ombre des professions judiciaires et de leurs institutions. Pourtant, en France, le corps des surveillants pénitentiaires est de loin le plus important au sein du ministère de la Justice, avec près de 28 000 agents sur 83 000 (soit un sur trois). Ce rapport présente les résultats d’un suivi de cohorte qui a débuté en 1993.
La 130e promotion des surveillants de l’Énap a été interrogée six fois en 25 ans via un questionnaire (N=214 en 2018 ; 445 en 1993), réparties en quatre grands moments de la carrière : la formation (à l’entrée et à la fin en 1993) ; l’entrée dans le métier (titularisation en 1994, première affectation en 1995) ; le milieu de carrière (en 2007) ; la fin de carrière (à 25 ans d’ancienneté en 2017-2018). L’évolution des réponses sur le temps long a été complétée d’une analyse de l’état actuel du groupe (et ses différences) élaborée à partir d’une articulation entre une méthode statistique d’analyse de correspondances multiples (ACM) et la collecte de 12 entretiens approfondis.
Un des éléments de la socialisation professionnelle des surveillants consiste d’abord en une reconstruction de leur passé repérable dans l’évolution des raisons du choix d’entrer dans l’administration pénitentiaire (AP). C’est la sécurité de l’emploi qui rassemble d’emblée sept surveillants sur dix au début de la carrière. Les raisons de type professionnel sont toujours peu choisies, mais une partie de l’effectif maintient la contribution au maintien de l’ordre ou à l’utilité du métier comme motif d’entrer. En revanche, le « hasard » a quadruplé en 25 ans : 37% déclarent être entrés dans ce métier par hasard en 2018, ce qui peut s’interpréter comme un signe de déception. En 25 ans, la satisfaction au travail s’est effondrée au point qu’une majorité des surveillants est devenue pleinement insatisfaite. L’usure professionnelle au travail est assez progressive. L’insatisfaction se réfracte sur l’opinion concernant l’image de l’AP : les insatisfaits considèrent majoritairement que l’image de l’AP se dégrade (62%), les peu satisfaits sont un sur deux tandis que les satisfaits sont presque un sur deux à considérer que l’image s’améliore.
Quelques autres éléments saillants : on n’entre pas dans l’AP par vocation (80%) ; d’ailleurs, les surveillants ne conseillent pas à leurs amis ou proches d’entrer dans l’AP (71%), s’ils avaient pu, ils auraient choisi un autre emploi (69%). Ces aspects correspondent à une dynamique d’insatisfaction au travail qui concerne trois surveillants sur quatre en 2018. Parmi les membres de la 130e promotion, 75% ont le statut de surveillant et n’ont pas connu de promotion ; ils travaillent en détention pour 72% d’entre eux. Ils considèrent que la prison est un lieu dangereux (88%) dans lequel ils jugent avoir suffisamment d’autonomie (77%) mais ils attendent à 78% un soutien sur le terrain de la part de la hiérarchie plutôt qu’un dialogue, attente qui devient plus forte avec le temps.
Pour trois surveillants sur quatre, ce qui est le plus important dans le métier c’est de pouvoir compter sur les collègues ou de travailler dans une bonne ambiance professionnelle. Les jugements portés sur le métier et son groupe professionnel ne sont pas dénués de critique puisque 70% des surveillants estiment que leurs pairs manquent de motivation dans leur travail et 72% considèrent que la formation « laisse à désirer » (en progression de 47 points en 25 ans), ce qui peut aussi s’interpréter comme un jugement négatif porté sur la pratique du métier des plus jeunes.
En 2007, il semblait que sécurité de l’emploi, salaire net et statut protecteur contrebalançaient une satisfaction professionnelle en nette dégradation. Mais au bout de 25 ans de carrière, ces éléments ne suffisent plus. Aucun des surveillants rencontrés en entretien n’évoque les éléments statutaires ou salariaux parmi les évolutions législatives ou réglementaires qui ont « changé les choses » au cours de leur carrière.
Le rapport à la loi et aux règles professionnelles des surveillants, l’appréciation qu’ils portent sur l’administration pénitentiaire, son image, leur métier, montrent une pluralité qui révèle des oppositions de styles normatifs dans un rapport au travail polarisé, comme beaucoup d’activités professionnelles, par la dimension satisfaction-insatisfaction au travail d’une part et un rapport pluriel à la règle et envers les personnes détenues d’autre part (qui opposent les plus légalistes et les plus pragmatiques par rapport à la règle et les relations à avoir avec les détenus). C’est ce que l’analyse en correspondance multiple (ACM) fait apparaître.
Progressivement, il semblerait que la segmentation du métier de surveillant (politique de spécialisation : Eris, Prej, moniteur de sports, etc.) tende à placer le travail de base, dans les coursives et aux étages, comme étant le moins souhaitable, le moins valorisable, le plus dangereux et difficile, autrement dit à le constituer, dans la division morale du travail, en « sale boulot ». Non pas qu’il soit entaché d’une indélébile trace qui le discréditerait intrinsèquement mais parce que les spécialités ont été vues comme des bifurcations positives dans les parcours professionnels et valorisées dans les carrières. Maintenant que la diversification du métier est institutionnalisée dès le recrutement, se posent sans doute davantage les questions de la polyvalence et de l’évolution des carrières professionnelles dans diverses tâches et postes.
Une des voies pour limiter l’insatisfaction professionnelle graduelle d’une vie de surveillant pourrait peut-être consister à mieux prendre en compte la pénibilité de certains postes afin de mieux penser les cycles des carrières, sans oublier qu’il y aura toujours et d’abord besoin de surveillants placés au contact des détenus au sein des détentions. La possibilité d’assortir l’accès à certains postes fixes ou spécialisés à une condition d’ancienneté dans les fonctions de base mériterait d’être examinée.
L’objet principal de la recherche est le travail des femmes détenues. Ce rapport est fondé sur une enquête de terrain menée en 2010 dans deux prisons : la Maison d’Arrêt des Femmes à Fleury-Mérogis, qui accueille 240 détenues prévenues ou... more
L’objet principal de la recherche est le travail des femmes détenues. Ce rapport est fondé sur une enquête de terrain menée en 2010 dans deux prisons : la Maison d’Arrêt des Femmes à Fleury-Mérogis, qui accueille 240 détenues prévenues ou condamnées dont près de sept sur dix travaillent ; et le Centre de Détention de Rennes, qui compte 190 condamnées à de longues peines dont six sur dix sont occupées. Cette recherche fait suite à une première enquête menée en 2005 dans cinq prisons pour hommes (pour courtes et longues peines).

L’enquête de terrain faite de recueil documentaire, d’observations des ateliers et d’entretiens auprès de détenues (n=41) et des personnels d’encadrement (n=19) est problématisée dans une perspective de sociologie du travail comparée nourrie des études sur le genre : analyser ce qu’est le travail des détenues en terme d’organisation de la production et de vécu du côté des femmes détenues, en le rapportant aux résultats trouvés auprès des hommes.

Les monographies des deux prisons décrivent les travaux productifs et les niveaux de salaire. À Fleury, trois ateliers occupent 85 détenues à des travaux manuels. La moyenne générale des salaires mensuels est de 147 €. À Rennes, plus de 80 détenues sont employées à des activités de couture, de conditionnement, de restauration d’archives audiovisuelles et dans un centre d’appels. Leur salaire moyen est de 387 €. Les emplois proposés en prison correspondent pour une large majorité à des emplois non-qualifiés ; alors qu’ils sont de même nature dans les prisons pour hommes et pour femmes (surtout dans les maisons d’arrêt), les salaires, eux, diffèrent. Dans les prisons pour longues peines, les moyennes comparées (2005 et 2010) font apparaître un écart compris entre 13% et 30% de salaire mensuel en faveur des hommes détenus. À la Maison d’arrêt de Fleury, en comparant les salaires 2010 des hommes et des femmes, une inégalité de 11% du salaire horaire, en défaveur des femmes, est constatée.

La division sexuée du travail se retrouve dans les formules naturalisantes utilisées par les contremaîtres à propos des femmes. Les qualificatifs de « minutieuse », « pointilleuse » sont vite associés à une docilité appréciée et opposée au comportement des détenus qui sont présentés comme n’écoutant pas les consignes et fautifs de plus de malfaçons que les femmes. La surveillance du « bavardage » est intégrée à la routine de l’encadrement bien davantage que dans les ateliers d’hommes. Ce qui était dicible pour quelques hommes détenus : « à la limite même si j’étais pas payé, j’irais travailler » ne se retrouve pas auprès des femmes. Le travail en soi et pour soi n’est jamais évoqué. Plus instrumental, il est davantage orienté vers l’extérieur que pour les hommes : toutes celles qui expliquent leur engagement dans le travail par un motif financier envoient de l’argent pour soutenir leur famille.

Pour simplifier, on peut dire qu’au niveau subjectif les hommes détenus s’inscrivent dans des relations binaires avec le travail : travail/occupation-normalisation ; tandis que les femmes détenues entretiennent des relations ternaires avec le travail qui sont très largement médiées par la famille (enfants, parents et conjoints) : travail/occupation-argent-normalisation/famille. Si les femmes détenues se distinguent des hommes par les raisons de leur engagement dans le travail, elles les rejoignent dans la dénonciation de leurs conditions de travail. La force de la critique dépend principalement du niveau de salaire. Les mots « esclavage » et « exploitation » sont très utilisés. La revendication d’une égalité salariale a plus souvent été rencontrée que parmi les hommes surtout au sujet du travail de ménage fait dans le cadre du service général ; les détenues considèrent que c’est un travail dur qu’il faudrait bien mieux rémunérer, revendication inexistante chez les hommes où cela est déconsidéré parce qu’assimilé à du « travail de femmes ». Un ensemble de données sont rassemblées sous la problématique du care, laquelle permet de présenter des pratiques de soin de soi, des activités de soin des autres et d’y inclure les situations de vulnérabilité dans lesquelles se trouvent les femmes détenues. Le poids de l’incarcération menace ces pratiques ; si bien qu’un ensemble d’actions visent à résister aux conséquences de l’incarcération sur les corps (contrôle du poids, coiffure, hygiène corporelle, discussions sur l’habillement, la beauté). Surtout, la séparation d’avec les enfants est source de souffrances. Mais le manque des proches et le fait de ne plus pouvoir s’occuper des autres ne sont pas le monopole des mères. L’inquiétude du devenir des frères et sœurs ou de l’état de santé des parents est largement partagée. Dans les discours des femmes détenues sur la douleur produite par l’absence des proches, aucune ne dit regretter les corvées domestiques ni les contraintes temporelles imposées par la disponibilité permanente pour les enfants ou les conjoints. Le travail domestique, invisibilisé par le travail salarié et disqualifié en tant que travail, n’est pas enchanté par celles qui le font. Mais il s’exprime autrement, non pas tant dans l’action que dans l’état : parce que le travail de care qu’elles souffrent de ne plus faire, correspond à un ensemble « d’états physiques ou mentaux et d’activités laborieuses » qui sont mis en récit à partir de ce que les femmes détenues ressentent et des socialisations sexuées qui les ont construites.
Fin 1997 était remis à la « Mission de recherche Droit et Justice » le rapport final d’une recherche intitulé « La socialisation professionnelle des surveillants de l’administration pénitentiaire » fondée sur les résultats obtenus à... more
Fin 1997 était remis à la « Mission de recherche Droit et Justice » le rapport final d’une recherche intitulé « La socialisation professionnelle des surveillants de l’administration pénitentiaire » fondée sur les résultats obtenus à partir des réponses d’une promotion d’élèves surveillants, la 130e, à quatre questionnaires : à l’entrée à l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP), à la sortie de l’ENAP, un an plus tard à la titularisation et un an plus tard. L’hypothèse centrale de ce travail était qu’avec le temps on assisterait à une convergence des réponses qui mettrait sur la voie de la culture du groupe surveillant.



Dix ans après le quatrième questionnaire une nouvelle étape dans le suivi de cette promotion a été réalisée en 2007, soit 14 ans après son entrée à l’école avec un cinquième questionnaire. Quand cela a été possible une comparaison a été tentée avec les résultats du suivi de la 157e promotion (entrée en 2003) réalisé par l’ENAP qui a suivi sur 4 ans cette promotion à l’aide d’un questionnaire inspiré du nôtre mais court et parfois modifié, ce qui ne facilite pas les comparaisons. Aux seuls membres de la 130e promotion qui avaient déjà répondu a nos quatre premiers un cinquième questionnaire a donc été proposé en août 2007 : 226 personnes ont répondu, soit 70% de celles à qui le questionnaire avait été expédié. D’un point de vue statistique ce taux de retour est très satisfaisant. En 2007 l’âge moyen de la 130e est de 40 ans. Les surveillants sont d’origine plutôt modeste, massivement masculins et un peu moins d’un tiers est titulaire du baccalauréat, ce qui est faible par rapport aux promotions récentes. Ils sont entrés dans l’AP massivement pour des raisons utilitaires (la sécurité d’emploi), et non pas par vocation mais au 5e questionnaire apparait un phénomène nouveau : 31 % des répondants déclarent être entrés « par hasard ». On a là le signe d’une déception, la plupart d’entre eux ont des vues négatives sur un grand nombre de questions et sont plutôt insatisfaits. Aux yeux de la majorité la prison a pour but de protéger la société et non pas de s’occuper des individus (à punir et/ou à réinsérer). L’image qu’ils ont personnellement de l’AP va se dégradant. Leur métier n’est pas un métier comme un autre et on observe un écart entre les missions qu’ils pensent que leur attribue l’AP et celles qu’ils s’attribuent : au cinquième questionnaire ils déclarent notamment à 56 % que l’AP est intéressée d’abord par le maintien du calme dans les établissements et qu’elle se désintéresse de la discipline, ce qui sous-entend qu’on peut obtenir le calme par d’autres moyens que la discipline. Il faut ajouter qu’à leurs yeux les surveillants ne sont pas bien formés. On constate chez les surveillants un retrait progressif au détriment du contenu intrinsèque du travail. Bien que la prison soit censée être gouvernée par la loi, la majorité des répondants n’est pas strictement légaliste mais possède une conception contractuelle de la loi avec référence à l’intérêt général. En revanche ils sont plutôt favorables à l’application de la règle qui est un instrument pour l’action. Cependant on constate une lente érosion à ce sujet et on voit apparaitre des règles informelles en contradiction avec les textes officiels. Cela étant si la majorité attend de la hiérarchie qu’elle les soutienne sur le terrain, ce n’est pas à elle qu’on s’adresserait en cas de problème. Par contre les relations avec les conseillers d’insertion et de probation s’améliorent. L’hypothèse de départ se vérifie : on constate une convergence des réponses. Se dessine ainsi certains éléments de la culture du groupe surveillant.
Le taux de dépôt de demandes de PEDR très faible de la section 19 du CNU méritait une réflexion sur la manière d’amener les professeurs et maîtres de conférences à déposer une candidature. Un groupe de travail a donc été constitué, qui a... more
Le taux de dépôt de demandes de PEDR très faible de la section 19 du CNU méritait une réflexion sur la manière d’amener les professeurs et maîtres
de conférences à déposer une candidature. Un groupe de travail a donc été constitué, qui a abouti à l’adoption de deux principes qui ont été mis en application. Résultat: en trois ans, le CNU 19 a rattrapé les proportions mesurées dans les disciplines des sciences dures.
La section 19 du CNU (sociologie et démographie) se compose de 36 membres. La profession de foi de 2015 mettait l’accent sur un fonctionnement transparent et des engagements forts, notamment ceux (tenus) de ne promouvoir aucun membre de... more
La section 19 du CNU (sociologie et démographie) se compose de 36 membres. La profession de foi de 2015 mettait l’accent sur un fonctionnement transparent et des engagements forts, notamment ceux (tenus) de ne promouvoir aucun membre de la section, et de ne pas leur accorder de CRCT.
Bilan synthétique sur la qualification, l'avancement de grade et la PEDR.
Une pensée critique se caractérise par une contestation globale de l'ordre établi. Les pensées critiques contemporaines ont évolué : héritées du marxisme et du cycle politique des années 1960-1970, elles sont produites par des auteur.e.s... more
Une pensée critique se caractérise par une contestation globale de l'ordre établi. Les pensées critiques contemporaines ont évolué : héritées du marxisme et du cycle politique des années 1960-1970, elles sont produites par des auteur.e.s qui ont séparé théorie et pratique, se situent davantage hors de l'Europe et se renouvellent en intégrant de nouveaux objets.
Drôle de marché économique que celui de l’édition scientifique à l’ère du numérique : les auteurs payent pour publier, les évaluateurs sont bénévoles, et les éditeurs (surtout cinq entreprises) ramassent la double mise des frais de... more
Drôle de marché économique que celui de l’édition scientifique à l’ère du numérique : les auteurs payent pour publier, les évaluateurs sont bénévoles, et les éditeurs (surtout cinq entreprises) ramassent la double mise des frais de soumission d’articles et de la vente d’abonnements de plus en plus chers.
Le Snesup, Mensuel n°635, mai 2015, p. 20
Research Interests:
À la figure du sociologue intellectuel qui prévalait dans les années 1950-1960 a succédé celle de l’expert. Sa fonction de chasseur de mythes laisse place à celle d’organisateur. Ce changement s’opère à partir du tournant amorcé au début... more
À la figure du sociologue intellectuel qui prévalait dans les
années 1950-1960 a succédé celle de l’expert. Sa fonction de
chasseur de mythes laisse place à celle d’organisateur.
Ce changement s’opère à partir du tournant amorcé au début
des années 1980. Une mutation qui a donné lieu à un regain
d’interdisciplinarité mais aussi au risque d’une perte de
capacité critique.
Research Interests: