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  • Yves Meessen est Maître de Conférences HDR à l’Université de Lorraine, à Metz. Il exerce dans le département de théol... moreedit
La critique heideggérienne de l’onto-théologie lance un défi à la théologie. L’identité de Dieu et l’Être est-elle encore pertinente pour engager un dialogue entre la philosophie et la théologie ? Ne vaut-il pas mieux opter pour une... more
La critique heideggérienne de l’onto-théologie lance un défi à la théologie. L’identité de Dieu et l’Être est-elle encore pertinente pour engager un dialogue entre la philosophie et la théologie ? Ne vaut-il pas mieux opter pour une pensée du Bien au-delà de l’être ? Pour clarifier ce débat, une relecture phénoménologique des grands moments de l’articulation de l’Être et du Bien dans la pensée théologique s’avère nécessaire : saint Augustin, Denys l’Aréopagite, saint Thomas et Maître Eckhart. Confrontée à l’interprétation de Heidegger,  cette relecture fait apparaître une contre-épreuve de la déconstruction. Dans cette confrontation, des phénoménologues tels que Paul Ricoeur, Jean-Luc Marion et Michel Henry stimulent la théologie à mettre au jour sa propre phénoménologie. Le résultat est surprenant : là où l’Être est identique au Bien, il n’a pas besoin du retrait pour se donner.
Le « transcendantal », c'est quoi au juste? Est-ce une chose, un fait, une idée, une méthode, une structure psychique, un état mental? Cette notion semble au premier abord abstraite et insaisissable, difficile à cerner avec... more
Le « transcendantal », c'est quoi au juste? Est-ce une chose, un fait, une idée, une méthode, une structure psychique, un état mental? Cette notion semble au premier abord abstraite et insaisissable, difficile à cerner avec précision. Elle joue pourtant un rôle majeur dans la philosophie contemporaine, au moins dans son versant hérité du kantisme. Depuis Kant, elle se trouve au cœur de problématiques philosophiques qui sont toujours débattues aujourd'hui. Nos représentations et notre connaissance des objets se suffisent-elles à elles-mêmes, ou dépendent-elles de « formes » de notre esprit plus ou moins conscientes, qui méritent d’être élucidées? Ce livre s’attache à retracer certains aspects de l’histoire de la notion, de sa réception et de ses mutations, à partir de l’examen des problématiques les plus importantes qu’elle suscite.
Cet article est le fruit d’une étude des manuscrits henryens portant la trace de la lecture consciencieuse et approfondie de l’unique ouvrage eckhartien dont M. Henry disposait, à savoir Traités et Sermons, traduits de l’allemand par... more
Cet article est le fruit d’une étude des manuscrits henryens portant la trace de la lecture consciencieuse et approfondie de l’unique ouvrage eckhartien dont M. Henry disposait, à savoir Traités et Sermons, traduits de l’allemand par Ferdinand Aubier et Jacques Molitor, avec une introduction de Maurice de Gandillac. Yves Meessen s’attache à montrer en quoi ces textes inédits permettent d’expliciter le sens de l’œuvre effectivement publiée : les notes manuscrites de M. Henry sur Maître Eckhart font état du changement de perspective entre Philosophie et phénoménologie du corps et L’essence de la manifestation. Cet article tâche en somme de répondre à la question suivante : plutôt que de quitter Biran pour Eckhart, M. Henry ne disposait-il pas d’un matériau apte à établir leur affinité pour une authentique « philosophie du christianisme » ?
Alors que l’opinion courante l’associe spontanement a l’irrationnel, le « mystique » est presente ici comme appartenant a une rationalite elargie. Irrecuperable par le langage speculatif, il est precisement ce qui le conditionne a titre... more
Alors que l’opinion courante l’associe spontanement a l’irrationnel, le « mystique » est presente ici comme appartenant a une rationalite elargie. Irrecuperable par le langage speculatif, il est precisement ce qui le conditionne a titre d’une operation intuitive. Le cas de Maitre Eckhart (XIIIe-XIVe s.) permet de rendre compte d’une metaphysique rebelle a la modalite representative. Le rapport entre la cause et l’effet ne peut etre considere ailleurs que dans une participation effective et affective. Cette donation originaire hors langage est le moment mystique qui assure la veracite des propositions semantiques. Celles-ci fonctionnent comme un cadre formel en attente de remplissement. L’abstrait est atteste sur base de l’experience concrete qui lui est inseparable. Il y va d’une scientificite de la theologie comme cadre speculatif d’une ethique.
Pour Maître Eckhart (1260-1328), le rôle du théologien ou du prédicateur consiste à conduire autrui là où Dieu s'engendre lui-même en proférant son Verbe dans l'intime de l'âme. À l'instar de la démarche socratique, il déploie une... more
Pour Maître Eckhart (1260-1328), le rôle du théologien ou du prédicateur consiste à conduire autrui là où Dieu s'engendre lui-même en proférant son Verbe dans l'intime de l'âme. À l'instar de la démarche socratique, il déploie une activité maïeutique. Discourir sur Dieu consiste à offrir un cadre théorique pour une théologie pratiquée. Cette radicalité théologique est une option qui est loin d'être partagée par tous ses contemporains. En effet, au début du XIVe siècle, souffle un vent de sémantisation du langage théologique. Désormais, le locuteur signifie, à savoir qu'il suscite une intellection chez son allocutaire. Il en résulte une autonomie du langage vis-à-vis de la chose à traiter. Ne choisissant pas entre Pierre Abélard et Bernard de Clairvaux, Maître Eckhart s'engage dans une voie nouvelle qui déjoue par avance la distinction entre « théologie scolastique » et « théologie monastique ». Découvrir que le Thuringien ne dit pas autre chose que les maîtres parisiens, mais qu'il se permet de traiter autrement de Dieu, nécessite une approche de son oeuvre par l'analyse des actes de langage. Cette méthode jette un regard nouveau sur l'ensemble de ses écrits latins et allemands. Mieux entendre que la mystique eckhartienne est spéculative, comme le disait Fernand Brunner, revient à découvrir combien la démonstration ne nous dispense ni de la décision ni de l'engagement. Au contraire, elle les convie comme lieu de vérifiabilité du discours. Voilà ce que Jean Ladrière a mis en lumière chez Maître Eckhart en y percevant la voie d'une nouvelle scientificité de la théologie. Yves Meessen est maître de conférences en théologie à l'Université de Lorraine, à Metz. Membre du centre de recherche « Ecritures », il s'intéresse à la réception des études antiques et médiévales dans la philosophie actuelle. Il est l'auteur de deux ouvrages : L'être et le bien. Relectures phénoménologiques (Cerf, 2011), Percée de l'ego. Maître Eckhart en phénoménologie (Hermann, 2016).
Que l’expérience religieuse nécessite l’usage du langage indirect ne l’isole pas des autres modes de communication. Au contraire, il y va de la révélation de l’essence même du langage. Socrate reconnaît qu’il n’a pas le pouvoir de... more
Que l’expérience religieuse nécessite l’usage du langage indirect ne l’isole pas
des autres modes de communication. Au contraire, il y va de la révélation de
l’essence même du langage. Socrate reconnaît qu’il n’a pas le pouvoir de faire
passer un concept de son esprit à celui d’autrui via l’énonciation d’un mot qui
en serait le véhicule transparent. Simultanément, il s’acquitte de sa tâche en
conduisant son interlocuteur à une transformation intérieure sans laquelle ce
dernier ne peut percevoir la chose dont on parle. Kierkegaard s’appuie sur cet
« astucieux petit mystère socratique » pour aller plus loin. Mettant en relief la
contrariété interne à l’action, par la passion subie en contrecoup, il manifeste
la nécessité la voie religieuse comme seule issue possible dans le dévoilement
du sujet à lui-même.
The fact that religious experience requires the use of indirect language does
not isolate it from other modes of communication. On the contrary, it reveals
the very essence of language. Socrates acknowledges that he does not have
the power to transmit ideas from his own mind to others’ simply through the
transparent vehicle of words. At the same time, he fulfils his task by leading
his interlocutor toward an inner transformation, without which this latter
would not be able to comprehend the object of their conversation. On the basis
of this “clever little Socratic mystery,” Kierkegaard goes one step further.
Highlighting the inherent opposition of the Socratic method through the
passion experienced as a backlash, he manifests the need for the religious path
as the only possible solution of the unveiling of the subject to him or herself.
Comment parler de l’expérience religieuse sinon en s’exprimant « en première personne » ? Cela ne veut pas dire que cette expérience soit purement et simplement subjective puisque la religion concerne la sphère sociale. Pourtant,... more
Comment parler de l’expérience religieuse sinon en s’exprimant « en première personne » ? Cela ne veut pas dire que cette expérience soit purement et simplement subjective puisque la religion concerne la sphère sociale. Pourtant, emprunter la voie du sujet permet d’éviter l’écueil de l’objectivisme. Le domaine religieux n’entre dans la catégorie des faits observables que par ses épiphénomènes : les pratiques, les rites et les espaces sacrés. Il est constatable socialement par le nombre d’adhérents qui se rassemblent ici plutôt que là. Mais ce type d’expertise manque ce qui caractérise fondamentalement l’expérience religieuse : une transformation, une métamorphose. La chose même du religieux est une réalité en train d’advenir. La découvrir nécessite de se situer au cœur même de cet avènement, là où l’action modifie la réalité. C’est pourquoi mon approche couple deux méthodes : la phénoménologie et la pragmatique.
Préambule Lorsque Pierre Abélard invente la science théologique, Bernard de Clairvaux ironise en traitant cette theologia de « stupidologie » (stultilogia). La logique et l'expérience religieuse semblaient prendre des voies divergentes.... more
Préambule Lorsque Pierre Abélard invente la science théologique, Bernard de Clairvaux ironise en traitant cette theologia de « stupidologie » (stultilogia). La logique et l'expérience religieuse semblaient prendre des voies divergentes. On aurait d'un côté, une recherche grammaticale, logique et rhétorique basée sur le trivium et de l'autre, un désir ardent de rencontrer Dieu dans la prière. Mais, est-ce vraiment le cas ? Le christianisme devait-il se satisfaire d'une distinction entre « théologie scolastique » et « théologie monastique » ? Science et sagesse n'ont-elles pas toujours été de pair ? Avec vous je voudrais explorer une voie qui consiste à envisager la scientificité de la théologie en tant, non pas qu'elle délaisse, mais, au contraire, prend en compte l'expérience religieuse.
En soulignant la corrélativité de l’âme et de Dieu, Jung a mis le doigt sur un point fondamental de la mystique de Maître Eckhart. Le choix de maintenir le lien entre psychologie et logique permet à Eckhart de résister à la sémantisation... more
En soulignant la corrélativité de l’âme et de Dieu, Jung a mis le doigt sur un point fondamental de la mystique de Maître Eckhart. Le choix de maintenir le lien entre psychologie et logique permet à Eckhart de résister à la sémantisation de la théologie. Le discours sur Dieu est performatif. Ces sermons sont construits comme une invitation à expérimenter l’opérativité divine, laquelle est irréductible à toute représentation.  Via la distinction eckhartienne entre Dieu et la Déité, Jung reconnait que toute production psychologique d’une personnification de Dieu est déjà dérivée d’une activité inconsciente dans laquelle l’âme puise à la source de son dynamisme. Il s’en dégage une voie éthique du devenir-soi. Là où Jung parle d’individuation, il faudra plutôt parler de personnalisation chez Eckhart, car le devenir passe par un dédevenir, en tant que conformation au Christ. Entre les deux, il y va de l’enjeu de reconnaître si la disposition originelle de l’esprit en sa conception primitive énergétique s’oppose d’emblée à une révélation historique ou si, au contraire, l’une peut corroborer l’autre.
Les textes présentés dans ce recueil ont été publiés sur une période d’une quinzaine d’années (2002-2017). Outre le fait qu’ils portent tous sur l’œuvre augustinienne, ils ont également en commun une certaine manière de lire ce corpus.... more
Les textes présentés dans ce recueil ont été publiés sur une période d’une quinzaine d’années (2002-2017). Outre le fait qu’ils portent tous sur l’œuvre augustinienne, ils ont également en commun une certaine manière de lire ce corpus. Cette méthode de lecture est due à Augustin lui-même. Sa distinction entre la « voix » (vox) et le « verbe » (verbum) peut être appliquée aujourd’hui comme méthode de lecture. Lorsque nous lisons un mot, ce dernier ne nous communique pas directement le concept qui se trouve dans celui qui l’a émis. Cela signifie qu’entre l’écrivain et son lecteur, une coupure s’est définitivement introduite . Cependant, cette rupture herméneutique, qui nécessite le long détour de la médiation, est en même temps fondée dans une parole qui agit immédiatement à la fois dans l’écrivain et le lecteur. Et c’est là que se situe l’originalité de notre méthode de lecture phénoménologique. Cela signifie qu’il est possible d’aller aux choses mêmes visées par Augustin à travers les mots qu’il prononce.
Rethinking theology in religious pluralism requires a new articulation of language and faith experience. The etiolation of belief networks means that theology, unless it remains a theology established by a given institution, can no longer... more
Rethinking theology in religious pluralism requires a new articulation of language and faith experience. The etiolation of belief networks means that theology, unless it remains a theology established by a given institution, can no longer refer to a single historical site of what one is allowed to think 1. If theological rationality can no longer be based on a set of authorities unanimously or almost unanimously accepted, it means that truth can no longer be identified with a corpus of proposals. It must move towards a broader reception modality based on plausible proposals. This plausibility is based on a current fact: the belief of the ones and the others within the same public space. It is then necessary to rationally receive a plurality of "articles of faith" that transgress the logic of non-contradiction. By convention, these articles may be received as hypothetical proposals. These are only accredited as true by some of the networks involved. In other words, the transition from possibility to effectiveness, for a proposal, depends only on the faith of the members of a network. This new theological rationality is therefore no longer based on the scholastic process of the Sic et Non. It requires rereading the semantic mode in relation to the pragmatic mode. Statements will be considered constative only if they are performative, that is, if they have an impact on those who adhere to them 2. This theology highlights the need for practical engagement. Without such "self-involvement" 3 , the veracity of the theological statements cannot be proven. Nothing more or less is at stake than the very scientificity of theology. Methodologically, because the real tradition is to take something new out of the old, I will go back to antiquity and the medieval period. I will identify a specific turn of phrase that can be transposed, through a transformation, in the current context. From the context of post-modernity, or ultra-modernity, I will focus on three essential elements for my point: deconstruction, pragmatism and pluralism. The strategy will be to inhabit this triad and push it to the limit rather than oppose it head-on. 1. Deconstruction: from representation to experience One of the major problems encountered by contemporary theology is the "representativist" conception of language 4. As long as we continue to remain in the dualism between body and mind, stemming from Platonism and taken up-even amplified-by Cartesianism, we conceive faith as a mental representation. We think it should correspond to an object that can be described. As a result, we fall into the trap of having to account for invisible and imperceptible objects in the face of empiricists and neo-positivists. They laugh at us because we are unable to show them how these theological objects fit into an experience. Theology is then associated with a metaphysics, identified unduly and in a simplified way with a Platonism of ideas. Yet, as soon as metaphysics appeared, Aristotle himself clearly distinguished his theology from Platonic dialectics. In Aristotle, dialectics does not reach the first principle because it is known not in a demonstrative or discursive mode but by an intellectual intuition: 1 Certeau M. (de), « Le croyable ou l'institution du croire
Partout où nous affirmons quelque chose, nous devons être capables, au moins en principe, de dire comment la vérité de notre affirmation peut être testée, sans quoi nous ne savons pas de quoi nous parlons 1. Pour Dieu, dire, c'est faire :... more
Partout où nous affirmons quelque chose, nous devons être capables, au moins en principe, de dire comment la vérité de notre affirmation peut être testée, sans quoi nous ne savons pas de quoi nous parlons 1. Pour Dieu, dire, c'est faire : dei dicere est suum facere. Cette affirmation ne vient assurément pas de John L. Austin mais de Maître Eckhart. Comme Irène Rosier-Catach l'a montré, les auteurs médiévaux n'ont pas attendu les théories analytiques du langage pour mettre en oeuvre une efficacité de la parole basée sur l'entrecroisement de l'usage du signe et de la causalité. Or, Eckhart fait précisément le choix d'un discours théologique qui interdit au signe de renvoyer directement à Dieu via un concept identifiable. Il mobilise les signes en vue d'un schème opératif. La théologie dont Jean Ladrière tente de brosser le portrait type dans L'articulation du sen existe déjà. Cependant, si elle est derrière nous, elle nécessite un regard neuf afin de la voir surgir devant nous.
La « réalité » en question. Phénoménologie entre physique et théologie Paru dans F. Faul (dir.), Théologie et sciences. Compréhension du monde et de l'homme, regards croisés. Hommage à Jacques Fantino, Paris, Cerf, Coll. Patrimoines,... more
La « réalité » en question. Phénoménologie entre physique et théologie Paru dans F. Faul (dir.), Théologie et sciences. Compréhension du monde et de l'homme, regards croisés. Hommage à Jacques Fantino, Paris, Cerf, Coll. Patrimoines, 2017, p. 79-92. La physique ne fonce plus sur l'objet, sans s'étonner de le rencontrer, mais, au contraire, elle ne cesse de s'étonner de son So sein [être-tel]. « Pourquoi le monde est-il ce qu'il est plutôt qu'autre chose ? » est une question qui est à l'ordre du jour depuis le début du (XXe) siècle. Maurice Merleau-Ponty 1. Les découvertes de la physique contemporaine viennent bouleverser notre vision du monde. Nous sommes habitués à considérer que nous évoluons dans un monde d'objets fixes qui peuvent se déplacer, de position en position. Or, ce schéma, s'il se trouve correspondre à ce que nous vivons à notre échelle quotidienne (macroscopique), est désormais invalidé à l'échelle étudiée dans les laboratoires de la nouvelle physique (microscopique). Il n'y est désormais plus possible de connaître ni la position d'un corpuscule à chaque instant, ni la trajectoire qu'il emprunte pour aller d'un point à l'autre. Ce n'est pas seulement la localisation qui fait problème, mais le fait même de parler encore d'éléments identifiables. Bref, c'est la notion même de « réalité » qui est remise en question. Par son ampleur, un tel questionnement dépasse largement le cadre des laboratoires. Certains physiciens, comme Werner Heisenberg, Niels Bohr et Erwin Schrödinger, se sont très tôt essayés à une présentation philosophique de leurs recherches 2. Si un dialogue fécond s'est établi entre
Les sermons en langue vernaculaire de Maître Eckhart peuvent être étudiés sous l’angle de leur « performance communicative ». Il est possible d’y déceler une étroite solidarité entre la « cohérence thématique » et la « cohérence... more
Les sermons en langue vernaculaire de Maître Eckhart peuvent être étudiés sous l’angle de leur « performance communicative ». Il est possible d’y déceler une étroite solidarité entre la « cohérence thématique » et la « cohérence pragmatique » (Hasebrink, Formen inzitativer Rede bei Meister Eckhart, 1992). Sur base du sermon 48(116), nous montrerons qu’il n’y a pas lieu de séparer ce qui est énoncé de son acte d’énonciation. Dans le sillage des travaux d’Irène Rosier-Catach et d’autres médiévistes, notre étude consiste à mettre en évidence l’incidence de la performativité du langage sur la sémantique dans l’écriture eckhartienne.
Alors que l'opinion courante l'associe spontanément à l'irrationnel, le « mystique » est présenté ici comme appartenant à une rationalité élargie. Irrécupérable par le langage spéculatif, il est précisément ce qui le conditionne à titre... more
Alors que l'opinion courante l'associe spontanément à l'irrationnel, le « mystique » est présenté ici comme appartenant à une rationalité élargie. Irrécupérable par le langage spéculatif, il est précisément ce qui le conditionne à titre d'une opération intuitive. Le cas de Maître Eckhart (XIII e-XIV e s.) permet de rendre compte d'une métaphysique rebelle à la modalité représentative. Le rapport entre la cause et l'effet ne peut être considéré ailleurs que dans une participation effective et affective. Cette donation originaire hors langage est le moment mystique qui assure la véracité des propositions sémantiques. Celles-ci fonctionnent comme un cadre formel en attente de remplissement. L'abstrait est attesté sur base de l'expérience concrète qui lui est inséparable. Il y va d'une scientificité de la théologie comme cadre spéculatif d'une éthique.
Abstract While prevailing opinion associates it spontaneously with the irrational, "mysticism" is presented here as a wider form of rationality. Beyond the repair of speculative language, this is exactly what determines it as an intuitive operation. The case of Master Eckhart (thirteenth-fourteenth century) allows us to summarize a metaphysics that rebels against conventional methods. The link between causes and effects cannot be considered outside the context of an effective and affective participation. This original donation beyond language is the mystical moment that ensures the truthfulness of the semantic propositions. These function as formal settings awaiting fulfillment. The abstract is confirmed on the basis of the concrete experience that is inherent to it. A scientificity of theology as the speculative setting of an ethics is at stake. 1
Research Interests:
Maître Eckhart a donné à penser à trois grands ténors de la phénoménologie : Heidegger, Derrida et Michel Henry. Cette présence d’un penseur médiéval, philosophe et théologien, n’est pas sans poser question dans un contexte contemporain.... more
Maître Eckhart a donné à penser à trois grands ténors de la phénoménologie : Heidegger, Derrida et Michel Henry. Cette présence d’un penseur médiéval, philosophe et théologien, n’est pas sans poser question dans un contexte contemporain. Elle conduit à une double constatation : son influence est à la fois décisive et divergente. Loin d’être anecdotique, le recours à Eckhart concerne la méthode phénoménologique elle-même. Il surgit là où le pouvoir constituant de l’ego devient problématique. Les solutions apportées par Heidegger et par Henry sont antinomiques, tandis que Derrida reste dans une ambiguïté voulue. Ce conflit d’interprétations ne peut être démêlé qu’en revenant aux principes herméneutiques mis en œuvre par Eckhart. Grâce à sa « mystique spéculative », il est possible de penser un contrecoup théologal sur la phénoménologie de Husserl. Encore faut-il accepter la percée de l’ego.
Research Interests:
« Eckhart et Kierkegaard : la Percée et l’Instant », dans J. Hernandez-Dispaux, G. Jean, J. Leclercq (éd.), Kierkegaard et la philosophie française. Figures et réceptions, Louvain-La-Neuve, Presses universitaires de Louvain, coll. «... more
« Eckhart et Kierkegaard : la Percée et l’Instant », dans J. Hernandez-Dispaux, G. Jean, J. Leclercq (éd.), Kierkegaard et la philosophie française. Figures et réceptions, Louvain-La-Neuve, Presses universitaires de Louvain, coll. « Empreintes philosophiques », 2014, p. 11-22.
Research Interests:
« L’influence dionysienne sur la philosophie et la mystique de Maître Eckhart », in : Mystique et philosophie dans les trois monothéismes. Actes du colloque international, 23-26 mai 2011, Institut Universitaire Européen Rachi, Troyes.... more
« L’influence dionysienne sur la philosophie et la mystique de Maître Eckhart », in : Mystique et philosophie dans les trois monothéismes. Actes du colloque international, 23-26 mai 2011, Institut Universitaire Européen  Rachi, Troyes. Edités par Danielle Cohen-Levinas, Géraldine Roux et Meryem Sebti, Paris, Hermann, coll. « Rue de la Sorbonne », 2015, p. 127-137.
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While suggesting to bring nearer the search about intersubjectivity and the mystery of the Trinity, M. Nédoncelle opened a new track, still to be cleared. Contemporary phenomenology is impeded by an evidence criterion leading to a... more
While suggesting to bring nearer the search about intersubjectivity and the mystery of the Trinity, M. Nédoncelle opened a new track, still to be cleared. Contemporary phenomenology is impeded by an evidence criterion leading to a dichotomy between identity and alterity, which can be questioned by a survey of Augustine's linking between the building of the subject and the Trinitarian life. Transcending himself towards the divine "you", the human 'T'enters into the dynamic of "relinquishing" (dessaisissement) that makes the three Persons One. That "relinquishing" occurs, in the human subject, through a conversion of memory, intelligence and will. While unifying his three faculties, the subjects opens himself to a non monadological intersubjectivity where, in the likeness of the Trinity, he experiences a "never the one without the other". Résumé En proposant de rapprocher la recherche sur l' intersubjectivité du mystère trinitaire, Maurice Nédoncelle a ouvert une voie nouvelle qui reste à défricher. La dichotomie entre identité et altérité, provenant d'un critère d'évidence qui limite la phénoménologie contemporaine, peut être remise en question en voyant comment s'articulent, chez Augustin, la constitution du sujet et la vie trinitaire. En se dépassant lui-même vers le « toi » divin, le « je » humain entre dans la dynamique de dessaisissement par laquelle les trois Personnes sont Un. Ce dessaisissement s'effectue chez le sujet humain par une conversion de la mémoire, de l'intelligence et de la volonté. Par l'unification de ses trois facultés, il s'ouvre simultanément à une intersubjectivité non monadologique où, à l'image de la Trinité, il expérimente le «jamais l'un sans l'autre ».
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La critique heideggérienne de l’onto-théologie lance un défi à la théologie. L’identité de Dieu et l’Être est-elle encore pertinente pour engager un dialogue entre la philosophie et la théologie ? Ne vaut-il pas mieux opter pour une... more
La critique heideggérienne de l’onto-théologie lance un défi à la théologie. L’identité de Dieu et l’Être est-elle encore pertinente pour engager un dialogue entre la philosophie et la théologie ? Ne vaut-il pas mieux opter pour une pensée du Bien au-delà de l’être ? Pour clarifier ce débat, une relecture phénoménologique des grands moments de l’articulation de l’Être et du Bien dans la pensée théologique s’avère nécessaire : saint Augustin, Denys l’Aréopagite, saint Thomas et Maître Eckhart. Confrontée à l’interprétation de Heidegger,  cette relecture fait apparaître une contre-épreuve de la déconstruction. Dans cette confrontation, des phénoménologues tels que Paul Ricoeur, Jean-Luc Marion et Michel Henry stimulent la théologie à mettre au jour sa propre phénoménologie. Le résultat est surprenant : là où l’Être est identique au Bien, il n’a pas besoin du retrait pour se donner.
Research Interests:
Le texte présent est l'étude proposée pour une Habilitation à Diriger les Recherches, soutenue à l'E.P.H.E., en juin 2019, avant le Prof. Olivier Boulnois comme garant. Ce texte a été publié sous le titre: Opérativité du langage chez... more
Le texte présent est l'étude proposée pour une Habilitation à Diriger les Recherches, soutenue à l'E.P.H.E., en juin 2019, avant le Prof. Olivier Boulnois comme garant.
Ce texte a été publié sous le titre:
Opérativité du langage chez Maître Eckhart. ‘Obstetricandi scientia’, Louvain-La-Neuve, Ed. Peeters, coll. « Philosophes médiévaux », Tome LXXII, 2021.
Le texte publié chez Peeters présente des notes réduites par rapport à l'HDR. Les extraits eckhartiens y sont cités en français uniquement. Le texte PDF présent contient des notes plus détaillées avec la version originale (latin, moyen haut-allemand) des extraits cités. La numérotation des notes est conservée entre les deux textes.
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Alors que la laïcité irrigue toujours de nombreux débats dans la sphère publique et que les notions de croyances et de rationalité sont souvent renvoyées dos à dos, cet ouvrage collectif s’intéresse aux rapports et à l’intrication entre... more
Alors que la laïcité irrigue toujours de nombreux débats dans la sphère
publique et que les notions de croyances et de rationalité sont souvent
renvoyées dos à dos, cet ouvrage collectif s’intéresse aux rapports et à
l’intrication entre la philosophie et la religion en en montrant la richesse.
Ces rapports sont d’abord éclairés à la lumière de certains grands
penseurs (principalement Nietzsche mais aussi Marx, Freud,
Schopenhauer, Feuerbach...) qui ont largement contribué à instaurer
des ruptures fondamentales dans la pensée philosophique en général
et sur la question religieuse en particulier. Ici, les auteurs examinent la
religion chrétienne comme structure qui a façonné l’individu occidental
d’aujourd’hui (croyant ou non) et montrent que la pensée contemporaine
aurait sans doute beaucoup à perdre en récusant purement et
simplement cet héritage religieux.
La dernière partie de l’ouvrage prend le contrepied de l’une des critiques
principales de Nietzsche à l’égard du christianisme en en exposant la
vitalité actuelle dans les rapports entre philosophie et religion (lien
personnel à Dieu comme expérience vécue directement, recherche d’une
définition fonctionnelle de la religion contemporaine applicable à toutes
ses formes, convergences entre éthique du christianisme et éthique
du care).
Lexique de théologie Ressourcements La théologie chrétienne use de termes qu'elle reçoit d'un entrelacs de traditions juives, chrétiennes et musulmanes, et d'un dialogue constant avec la philosophie. Le poids de tout ce passé reçu risque... more
Lexique de théologie Ressourcements La théologie chrétienne use de termes qu'elle reçoit d'un entrelacs de traditions juives, chrétiennes et musulmanes, et d'un dialogue constant avec la philosophie. Le poids de tout ce passé reçu risque de rendre ces mots muets : qu'ont-ils à nous dire aujourd'hui ? Ils sont comme de vieux portraits accrochés au mur que plus personne ne regarde mais que tout le monde pense connaître. Et si l'on regardait de plus près, ne nous surprendraient-ils pas ? Qu'ont-ils encore à voir avec notre compréhension du monde et nos expériences spirituelles ? Ce lexique a pour ambition de définir certains de ces termes et de les rendre accessibles, mais avec un objectif bien précis. Il ne s'agit pas de définir historiquement les termes de la théologie chrétienne, ni de proposer un outil de travail neutre, mais de montrer comment ils peuvent aujourd'hui résonner au-delà de ce qui semble leur domaine réservé. À travers une trentaine d'entrées, ce lexique propose d'ouvrir les termes de la théologie pour les regarder, tenter de percevoir leur capacité à nous mettre en mouvement. Il en va de la possibilité d'un renouvellement du regard sur la théologie. N'étant pas un domaine clos sur lui-même mais, au contraire, s'étant élaborée de manière interactive, elle est intrinsèquement constituée pour faire aujourd'hui place à des rencontres avec les autres traditions religieuses, ainsi qu'avec les sciences humaines.
présence d'un penseur médiéval, philosophe et théologien, n'est pas sans poser question dans un contexte contemporain. Elle conduit à une double constatation : son influence est à la fois décisive et divergente. Loin d'être anecdotique,... more
présence d'un penseur médiéval, philosophe et théologien, n'est pas sans poser question dans un contexte contemporain. Elle conduit à une double constatation : son influence est à la fois décisive et divergente. Loin d'être anecdotique, le recours à Eckhart concerne la méthode phénoménologique elle-même. Il surgit là où le pouvoir constituant de l'ego devient problématique. Les solutions apportées par Heidegger et Henry sont antinomiques, tandis que Derrida reste dans une ambiguïté voulue. Ce conflit d'interprétations ne peut être démêlé qu'en revenant aux principes herméneutiques mis en oeuvre par Eckhart. Grâce à sa « mystique spéculative », il est possible de penser un contrecoup théologal sur la phénoménologie de Husserl. Encore faut-il accepter la percée de l'ego. Yves Meessen enseigne la philosophie et la théologie à l'université de Lorraine (Metz). Il a participé à l'Encyclopédie des mystiques rhénans (2011) et a publié L'être et le bien. Relecture phénoménologique (2011).
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Pour Maître Eckhart (1260-1328), le rôle du théologien ou du prédicateur consiste à conduire autrui là où Dieu s'engendre lui-même en proférant son Verbe dans l'intime de l'âme. À l'instar de la démarche socratique, il déploie une... more
Pour Maître Eckhart (1260-1328), le rôle du théologien ou du prédicateur consiste à conduire autrui là où Dieu s'engendre lui-même en proférant son Verbe dans l'intime de l'âme. À l'instar de la démarche socratique, il déploie une activité maïeutique. Discourir sur Dieu consiste à offrir un cadre théorique pour une théologie pratiquée. Cette radicalité théologique est une option qui est loin d'être partagée par tous ses contemporains. En effet, au début du XIVe siècle, souffle un vent de sémantisation du langage théologique. Désormais, le locuteur signifie, à savoir qu'il suscite une intellection chez son allocutaire. Il en résulte une autonomie du langage vis-à-vis de la chose à traiter. Ne choisissant pas entre Pierre Abélard et Bernard de Clairvaux, Maître Eckhart s'engage dans une voie nouvelle qui déjoue par avance la distinction entre « théologie scolastique » et « théologie monastique ». Découvrir que le Thuringien ne dit pas autre chose que les maîtres parisiens, mais qu'il se permet de traiter autrement de Dieu, nécessite une approche de son oeuvre par l'analyse des actes de langage. Cette méthode jette un regard nouveau sur l'ensemble de ses écrits latins et allemands. Mieux entendre que la mystique eckhartienne est spéculative, comme le disait Fernand Brunner, revient à découvrir combien la démonstration ne nous dispense ni de la décision ni de l'engagement. Au contraire, elle les convie comme lieu de vérifiabilité du discours. Voilà ce que Jean Ladrière a mis en lumière chez Maître Eckhart en y percevant la voie d'une nouvelle scientificité de la théologie. Yves Meessen est maître de conférences en théologie à l'Université de Lorraine, à Metz. Membre du centre de recherche « Ecritures », il s'intéresse à la réception des études antiques et médiévales dans la philosophie actuelle. Il est l'auteur de deux ouvrages : L'être et le bien. Relectures phénoménologiques (Cerf, 2011), Percée de l'ego. Maître Eckhart en phénoménologie (Hermann, 2016).
Se basant sur l’architectonique proposée par Eugen Fink, le dernier assistant de Husserl, cet essai fait le pari d’exposer la phénoménologie transcendantale en dix thèses qui s’enchaînent les unes aux autres. L’architectonique mis en... more
Se basant sur l’architectonique proposée par Eugen Fink, le dernier assistant de Husserl, cet essai fait le pari d’exposer la phénoménologie transcendantale en dix thèses qui s’enchaînent les unes aux autres. L’architectonique mis en œuvre vise à souligner combien la « corrélation », qui est la percée décisive de la phénoménologie, modifie radicalement le mode de penser par représentation, prévalant dans la modernité. Héritier de Kant ainsi que de l’idéalisme allemand, Husserl opère lui aussi un bouleversement de la révolution copernicienne, en n’admettant plus la distinction entre phénomène et chose en soi. Le rejet du dualisme entre nature et esprit (thèse 1) instaure une nouvelle vision du monde. Il est possible de la développer pas à pas jusqu’à une téléologie (thèse 9), laquelle laisse elle-même entrevoir une théologie (thèse 10).