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31 SPRENDIMAI Béatrice Boufoy-Bastick Department of Modern Languages and Linguistics University of the West Indies St. Augustine Trinidad and Tobago Tel. 868 – 662 2002 ext. 83034 Email: Beatrice.boufoy-bastick@sta.uwi.edu C hamps de recherche : Culturométrie; langue et culture; politiques linguistiques LA CREOLISATION LINGUISTIQUE: UNE REVENDICATION IDENTITAIRE AUX ANTILLES Cet article discute du rôle des Créoles comme marqueur identitaire des Etats post-coloniaux des Antilles. Nombre d’Etats revendiquent une identité spécifique en se détachant de la langue coloniale et en forgeant leur propre identité linguistique dans une créolisation anti-hégémonique féconde et séditieuse. A cet effet, dans une dynamique de créolisation modérée, une reconceptualisation de la langue coloniale comme instrument d’affirmation culturelle évoquant la mixité ethnique inhérente aux sociétés antillaises post-coloniales s’attache à authentifier sa spécificité culturelle. Le constat d’une reconnaissance socio-politique croissante de la langue coloniale créolisée depuis la deuxième moitié du XXe siècle, répond à trois exigences, à savoir sociale confirmant le créole comme marqueur identitaire, économique fournissant une source de revenus et politique consolidant la cohésion sociale et l’unité nationale. Cet article brosse un état des lieux du paysage linguistique antillais et fournit un éclairage sur les politiques linguistiques sous-jacentes de revendication linguistique anti-hégémonique, fondées prudemment sur une créolisation modérée cautionnant la langue coloniale comme support incontesté de communication internationale dans une économie mondialisée. MoTS CLéS : créolisation, identité linguistique, diglossie, politique linguistique. Introduction Le développement linguistique aux Antilles est un produit de son passé colonial. Le contexte diglossique trans-caribéen est mis en évidence à la fois par le maintien des langues coloniales porteuses de progrès économique et l’émergence de langues créolisées comme marqueurs d’identité culturelle. Dans une perspective socio-historique, cet article examine le capital bilingue des Etats antillais et son utilisation sociale et éco- nomique dans un contexte mondialisé. Il décrit brièvement le processus linguistique de créolisation trans-caribéenne tout en soulignant des différences dans le degré d’acceptation, puis discute de l’importance du Créole et de la re-créolisation dans un contexte mondialisé porteur d’une insidieuse américanisation culturelle et linguistique initiant l’anglais comme première lingua franca. Nonobstant le prestige particulier de l’anglais que lui confère son statut de 32 I . KALBOTYRA langue de communication internationale, les trois autres langues coloniales, à savoir le français, l’espagnol et en moindre mesure le néerlandais, perdurent comme langues officielles des Etats antillais. Toutefois, à cette acculturation linguistique soutenant le développement économique s’associent des spécificités culturelles de créolisation émanant de caractéristiques socio-ethniques particulières à chacun des États. Cet article revisite le paysage linguistique et examine les changements dans les perceptions et représentations des créoles dans les Etats insulaires des Antilles. 1. Dynamique linguistique différentielle de la créolisation trans-caribéenne: un bref tour d’horizon La créolisation linguistique est ancrée dans un contexte socio-historique de migration de main d’ uvre des XVIIIe et XIXe siècles, legs de l’esclavage africain et du travail sous-contrat indien et source de la diversité linguistique des Antilles. Elle est le produit de la colonisation imposant la langue des administrations coloniales comme langues officielles auxquelles se sont greffées les langues ethniques et d’où a émergé une multiplicité de créoles vernaculaires forgeant l’identité linguistique des Antilles, une identité multiforme reflétant les caractéristiques socio-historiques spécifiques à chaque Etat. Ces spécificités, liées à facteurs historiques et économiques divers, expliquent les différents degrés d’imprégnation créole sur la langue acrolectale coloniale, une mutation linguistique que de nombreux linguistes et créolistes ont dûment documenté (Arends 1995, Bickerton 1973, Chaudenson 1992, 2003a, 2003, 2006, Knepper 2006, Mufwe- ne 2001, 2005 ; Sidbury 2007). Certes, convient-il de se pencher sur la dynamique linguistique consubstantielle à la construction identitaire de chaque État caribéen et de noter des divergences marquantes de leur disposition diglossique, partant du constat que les langues créolisées sont devenues les langues maternelles de nombreux locuteurs, notamment en Haïti et en Jamaïque dans les Grandes Antilles, et dans une moindre mesure aux Petites Antilles. L’appropriation de langues créolisées aux Grandes Antilles : le cas d’Haïti et de la Jamaïque Le cas le plus extrême est indéniablement celui de la créolophonie haïtienne où la pénétration et vigueur communicatives du Créole ne peuvent être guère plus prononcées. L’institutionnalisation du Créole comme langue nationale (Ans,1987, Spears et Berotte 2010, St-Germain 1988 ; Thibault, 2012) atteste une rupture diglossique reconnaissant la langue coloniale, le français, comme langue seconde de l’élite haïtienne trans-nationale bilingue et le Créole, Kreyol, comme langue intra-communautaire dotée de son propre registre lexical (DeGraff 2002, p. 323), d’une orthographe normalisée depuis 1979, et présentant des particularités syntactiques et stylistiques dont la complexité formelle et structurelle la rende comparable à d’autres langues (Crystal 1991, p. 89). Force est-il toutefois, d’une part de convenir de la force politique du Kreyol comme instrument revendicateur de la souveraineté haïtienne, et d’autre part d’un attachement continu à la langue coloniale porteuse de progrès économique, une position équivoque reflétée dans les politiques éducatives où l’accès à l’enseignement su- B. Boufoy-Bastick. LA CREOLISATION LINGUISTIQUE: UNE REVENDICATION IDENTITAIRE AUX ANTILLES 33 SPRENDIMAI périeur est manifestement contingent de la maîtrise du français, ce qui inévitablement a pour résultat de perpétrer les divisions sociales associées à la langue (Bourdieu, 1982). Assurément, le français, langue hégémonique d’une minorité bilingue, reste la langue de l’élite, de l’intelligentsia et de l’internationalisation, et le Créole, langue unificatrice fondatrice d’une identité haïtienne, reste l’unique outil communicationnel d’une majorité monolingue moins instruite. Notons, à cet effet, un phénomène sociolinguistique intéressant, que Chamoiseau (1997) a nommé « la Créolisation dans le Monde-Relié », et qui est notoire parmi les immigrants cultivés de la diaspora haïtienne à la recherche de leur patrimoine culturel, qui symboliquement s’arrogent le Créole comme marqueur linguistique de leur identité haïtienne. Telle appropriation est significative de leur oblitération du colonialisme français passé comme, d’ailleurs, d’un rejet d’un insidieux impérialisme américain (Ans 1987, pp. 301-313). Dans une même logique de valorisation du Kreyol, Jean Previllon a même suggéré (1993) la suppression du concept de Créole et de renommer la langue ‘Haïtien’. Ce même sentiment de responsabilisation politique sous-tend l’acceptation sociale accrue du « Patwa » (patois) jamaïquain, qui, préalablement était la langue des ghettos. Effectivement, ce qui est particulier à la Jamaïque actuellement, est l’appui fervent pour une reconnaissance du Patwa et la de-stigmatisation de ses locuteurs. Exprimant cette même volonté d’acceptation, les universitaires jamaïcains, notamment, y ont trouvé un nouveau champ de recherche linguistique et se sont engagés ardemment dans la normalisation des patois, fondamentalement des langues orales non-standard identifiant une collectivité déterminée. Socialement, ces intentions linguistiques prétendent atténuer la discrimination linguistique envers le nombre substantiel de locuteurs monolingues de Patwa. Commercialement, elles sont censées appuyer une reconnaissance du Patwa comme artefact générateur de revenus. Prenons l’exemple du Dance Hall, musique jamaïcaine dont la popularité internationale a sanctionné l’acceptation des paroles lubriques de ses chansons écrites dans un anglais à peine reconnaissable, assurant de ce fait au Patwa un statut réformé d’identificateur linguistique jamaïcain (Nakamura, Mahimoto et Tojo 2003). Force est de reconnaitre, néanmoins, que cette valorisation d’une langue non-standard ne porte nullement atteinte au prestige incontesté de la langue coloniale, mais en revanche tend à favoriser une diglossie Patwa-Anglais, le Patwa, pour inclusion sociale, et l’anglais, pour participation dans une économie mondialisée. Cette brève vue d’ensemble de deux Etats-nations des Grandes Antilles nous permet de mettre en évidence l’engagement socio-politique sous-jacent aux politiques linguistiques diglossiques. A contrario, un portrait certes fort laconique du paysage linguistique des Petites Antilles décèle un soutien mitigé porté aux Créoles. Le Créole aux Petites Antilles : un paysage linguistique contrasté Des positions divergentes s’affirment aux Petites Antilles envers le Créole. Si l’on note un soutien, certes mitigé, pour le développement d’une langue créolisée dans la Caraïbe anglophone un mouvement de ‘revitalisation’ du Créole se manifeste et se renforce dans la Caraïbe francophone (Calvet 1998, Chaudenson 1992, 2003a, 2003b). 34 I . KALBOTYRA Dans une recherche d’autonomie culturelle (Schnepel 2004), les départements français d’Amérique (DFA) de la Martinique et de la Guadeloupe militent pour une reconnaissance du Créole ayant abouti à l’application de la circulaire Savary de 1982 sanctionnant l’enseignement du Créole dans les écoles, et qui fut suivi deux décennies plus tard par la création du CAPES de Langues et Cultures régionales – option créole, le 18 octobre 2001 (Kapes Kreyol) (Bernabé, 2001, Chaudenson et Prudent, 2001, Confiant, 2001) puis par l’introduction de la licence Lettres et Sciences Humaines – mention créole en 2006. Si tant est que le Créole ait acquis un statut linguistique reconnu dans les DFA, ce processus dynamique de créolisation manifeste une recherche identitaire consentie, infléchie par une urgence communicative approuvée (Bernabé, 2011). Prenons d’autre part l’exemple de Grenade, qui, entre autres, souscrit au Kriol comme langue communautaire dans la mesure où elle n’interfère pas avec l’acquisition de l’anglais standard. La prétention d’une noninterférence Kriol dans l’anglais repose sur la conviction qu’un idiome créolisé de base lexicale français ne peut empreindre une langue linguistiquement distincte (Collins, 1998, p. 91). Au demeurant, signalons que les créoles de base lexicale française de la Dominique et de Ste. Lucie connaissent un soutien décroissant (Robertson 1996, p. 112). L’attrition du Kewyol saint Lucien (Nwenmly, 1994, 1999) et du Patwa dominicain (Paugh, 1999) fait état d’un processus de décréolisation que Carrington (1980) a attribué à la non-acceptation des locuteurs de Créole. Louisy (2001) a affirmé que la décréolisation reflète « the stout resistance to the idea of Creole literacy in and out of school » (la résistance résolue à l’idée d’alphabétisation créole, que ce soit dans et hors de l’école), mouvement qui de par ailleurs, a participé à l’émergence d’un vernaculaire de base anglaise prétendu être « largely acquired via direct teaching » (largement acquis par enseignement direct) (Christie 1983, p. 2) permettant une communication intelligible dans une économie mondialisée. La diglossie aux Antilles apparait comme expression linguistique d’aspirations conflictuelles des populations antillaises. D’une part, elle participe à la lutte des Antillais pour le progrès économique assisté par l’utilisation d’une langue de communication internationale, notamment l’anglais, l’espagnol ou le français, et d’autre part à la construction d’une identité antillaise culturellement spécifique au travers de langues créolisées. 2. Les précurseurs socio-économiques de l’élévation du statut des Créoles caribéens Les Créoles comme marqueurs identitaires dans une culture mondialisée La perception des créoles comme moyen de communication socialement et professionnellement acceptables s’est renforcée au cours de ces dernières décennies. Cette acceptabilité fait preuve d’un compromis entre le maintien linguistique communautaire authentificateur de l’antillanité et l’utilisation des langues coloniales de communication internationale porteuse d’une identité mondialisée. Notons à cet égard qu’une telle mixité linguistique rappelle la reconnaissance socio-politique dans les pays métropolitains de caractéristiques de citoyenneté plus diverses, celle de la popu- B. Boufoy-Bastick. LA CREOLISATION LINGUISTIQUE: UNE REVENDICATION IDENTITAIRE AUX ANTILLES 35 SPRENDIMAI lation native mais aussi celle des citoyens des minorités ethniques ou culturelles, locuteurs de vernaculaires dialectaux ou créoles. En cela, citons en exemple la BBC qui depuis la fin du XXe siècle se targue d’employer des commentateurs aux forts accents régionaux avalisant l’utilisation des World Englishes au côté du Received English dans la présentation des journaux télévisés et des programmes culturels. Les attitudes sociétales envers les Créoles ont assurément changé et les Créoles sont reconnus comme vernaculaires identifiant un groupe socio-ethnique souvent issu de l’immigration. Tel un jargon académique ou commercial ou bien encore un argot ou un verlan, les Créoles sont revalorisés dans une logique de justice sociale non discriminatoire, légitimée par les gains économiques résultants. Ainsi en Jamaïque, comme nous l’avons précédemment précisé, le Patwa vernaculaire, medium linguistique de la musique en vogue de portée internationale, et de fait source de revenus est ainsi promulgué langue jamaïcaine, et marqueur identitaire recherché dans une culture de plus en plus mondialisée. Notons à cet effet que ce parler contextualisé du ervir ‘ici et maintenant’ favorise l’interaction sociale et l’intégration nationale ainsi qu’une reconnaissance internationale. Dans les DFA où la créolisation est significativement plus atténuée, les particularismes linguistiques s’expriment moins par la musique que par les proverbes évidente dans leur contextualisation sémiotique, comme le montrent les exemples suivants : Balé nef, balé bien (Les balais neufs balaient bien). Tout beau, tout nouveau. An chandèl kabrit ka sanb ti fi (A la chandelle, la chèvre ressemble à une demoiselle). La nuit, tous les chats sont gris. Il convient toutefois de reconnaître qu’une traduction littérale des proverbes en langue standard n’a guère de sens mais qu’ils expriment les mêmes valeurs sociales sousjacentes attestant d’un démarquage plus linguistique que culturel comme en témoigne l’émergence de la littérature francophone antillaise au travers d’une langue expertement créolisée. L’art de la créolisation a pour fin identitaire d’entrelacer sélectivement des termes locaux intelligibles au lectorat métropolitain conférant aux uvres littéraires martiniquaises et guadeloupéennes un caractère distinctif que Thibault (2012) nomme « antillanisme ». En d’autres mots, le mouvement de (re)créolisation sélective conforte le capital linguistique et culturel de la Caraïbe transnationale. Justification pour une re-créolisation dans un monde globalisé: un changement modéré Le Créole est devenu marqueur d’antillanité linguistique acceptable dans un monde de plus en plus interconnecté et transnational. Cette mutation vers une re-créolisation soutient l’idée d’un continuum post-créole (Crystal 1991) fondée sur la centralité de la langue dans la formation identitaire (Yelvington 2000). Toutefois, partant du constat que la mondialisation exige l’appropriation d’une langue de communication internationale, le degré d’acceptabilité de créolisation reste modéré dans une logique de communication dans une économie globalisée. Alors que jusqu’à récemment l’éducation formelle dans de nombreux Etats antillais s’efforçait de dé-créoliser les enfants et 36 I . KALBOTYRA éradiquer le vernaculaire socio-familial en leur enseignant la langue standard (Sato 1994 ; 2010) un mouvement inverse de re-créolisation s’affirme ayant pour objet d’institutionnaliser le Créole comme langue identitaire antillaise. Ce recadrage linguistique vise donc un élargissement linguistique des langues de communication internationale plutôt qu’une normalisation des langues vernaculaires locales difficilement compréhensibles hors de la Caraibe. En d’autres mots, les intrusions créoles dans la langue standard indiquent un changement dans l’utilisation, fonction et négociations du Créole (Muhleisen 2003) et manifestent un sentiment de revendication et d’appropriation linguistique. Il convient donc de s’interroger sur la dimension diglossique des États antillais, revisiter l’idée d’un continuum post-créole (Bickerton 1973, 1975, 1980 ; DeCamp 1971) et, de par la valorisation d’intrusions créoles dans la langue standard, suggérer un continuum post-diglossique. Conclusion Cet article a mis en exergue les changements linguistiques dans la Caraïbe depuis la moitié du XXe siècle. Il a examiné le degré d’imprégnation des Créoles dans divers Etats caribéens et contrasté la portée de leurs différentes politiques linguistiques envers l’utilisation des langues vernaculaires. Plus spécifiquement, cet article a décrit un changement de politique, partant d’une politique de dé-créolisation à des fins de participation à l’économie mondiale et aboutissant à une politique de re-créolisation à des fins socioculturelles, et ce dans un contexte transnational et mondialisé. Il a mis en exergue, à cet égard, la résistance à l’uniformité inhérente à la mondialisation par le biais de l’émergence de langues créolisées, transnationales et mondialisées, témoignant d’une revendication identitaire et d’une volonté de reconnaissance géopolitique. Il a permis d‘exposer comment un bricolage linguistique façonne de nouvelles langues intégratives vecteurs de cohésion sociale, d’unité nationale et de participation internationale. Références ANS, A-M., d’, 1987. Haïti: Paysage et société. Paris: Editions Karthala. ARENDS, J., 1995. The Early Stages of Creolization. Amsterdam: John Benjamins. BERNABÉ, J., 2001. La Fable Créole. Coll. Guide du CAPE de créole. 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The increasing sociopolitical recognition of creolized colonial languages since the second half of the 20th century has responded to three requirements: namely, to social confirmation of creoles as identity markers, to economic income generation, and to political strengthening of social cohesion and national unity. Within this space, a moderate creolisation dynamic both reconceptualizises the colonial language as a tool for cultural affirmation expressing the ethnic mix inherent to post-colonial Caribbean societies and seeks to authenticate its cultural specificity. This article exposes the neoliberal dynamic underlying the anti-hegemonic linguistic policies within the Caribbean linguistic landscape that aim at the creolisation of the colonial languages as support of international communication within a globalized economy. KEY WORDS: creolisation, linguistic identity, diglossia, language policy. University of the West Indies, Trinidad and Tobago Research interests: foreign language didactics, Creole language, Culturometrics LINGUISTIC CREOLISATION: ASSERTIONS OF IDENTITY IN THE ISLANDS OF THE CARIBBEAN Summary This article discusses the cultural and economic space in which Creoles act as identity markers in Caribbean post-colonial states. Caribbean states claim a specific identity by breaking away from the colonial language and forging their own linguistic identity via an anti-hegemonic, fecund yet Įteikta 2012 m. liepos 15 d.