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Ville et nat ure, un rendez-vous manqué ?
par Thierry PAQUOT
| Pr esses Univer sit air es de Fr ance | Diogène
2004/ 3 - N° 207
ISSN 0419-1633 | ISBN 2-13-054719-8 | pages 83 à 94
Pour cit er cet art icle :
— Paquot T. , Ville et nat ure, un rendez-vous manqué ?, Di ogène 2004/ 3, N° 207, p. 83-94.
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VILLE ET NATURE, UN RENDEZ-VOUS MANQUÉ ?
par
THIERRY PAQUOT
La ville se présente comme une construction, un artefact,
quelque chose non seulement d’artificiel mais qui bride le naturel.
En effet, de nombreuses villes s’imposent à leur site, dont elles
n’hésitent pas à modifier le relief et les plantations ou déplacer le
fleuve qui la traverse, à tourner le dos à la mer et à remblayer un
lac. Pourtant, les villes les plus flamboyantes de l’épopée urbaine –
vieille seulement de sept à neuf mille ans selon les estimations les
plus fiables… – se parent de parcs et de jardins. Songeons à
Babylone, Bagdad, Grenade, Samarkand et plus près de nous, New
York et Central Park ou encore New Delhi, ville-parc imaginée par
Edwin Landseer Lutyens et la paysagiste Gertrude Jekyll, sans
oublier Londres et ses nombreux espaces verts. Contrairement à
une idée reçue particulièrement tenace, la « demande de verdure »,
la « démarche paysagère », la « défense de l’arbre dans la ville », ne
sont pas des phénomènes récents, liés à une prise de conscience des
enjeux écologiques ou à une volonté de mettre en place un
urbanisme de « développement durable », ils appartiennent à une
sorte de « subconscient collectif » ancien – c’est une image, bien sûr
–, qui de manière récurrente se manifeste, certainement lors de
« crises », perçues comme telles ou non.
Ainsi, par exemple, l’industrialisation qui chamboule de nombreux territoires, provoque des migrations impressionnantes de
populations, densifie des cités déjà tassées et asphyxiées, édifie des
cités ouvrières imbriquées aux fabriques et entrepôts et ne se
soucie guère de Dame Nature. Celle-ci apparaît sur le rebord d’une
fenêtre sous la forme d’un géranium planté dans une boîte de
conserve ou bien encore le long des boulevards, avec les platanes
fièrement alignés. Émile Zola constate bien ce manque physique,
sensible, chez les citadins de la grande métropole de la modernité.
Il note : « Les Parisiens montrent aujourd’hui un goût immodéré
pour la campagne. À mesure que Paris s’est agrandi, les arbres ont
reculé et les habitants, sevrés de verdure, ont vécu dans le
continuel rêve de posséder, quelque part, un bout de champ à eux.
Les plus pauvres trouvent le moyen d’installer un jardin sur leurs
fenêtres ; ce sont quelques pots de fleurs qu’une planche retient ;
des pois de senteur et des haricots d’Espagne font un berceau. On
loge ainsi le printemps chez soi, à peu de frais1. » Harassés par une
1. Émile ZOLA, Le Capitaine Burle et autres contes (1882), Genève, Famot 1983,
Diogène n° 207, juillet-septembre 2004.
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THIERRY PAQUOT
dure semaine de labeur, les travailleurs aspirent, le dimanche, à se
reposer en canotant sur une rivière, en flirtant dans une
guinguette ou bien encore en se promenant dans une forêt ; pour
cela ils prennent le train et quittent la ville. La campagne – la
banlieue d’alors – est réparatrice et compensatrice, ce qui
n’échappe pas aux concepteurs de ville, on ne les appelle pas encore
« urbanistes », qui souhaitent associer, combiner, entremêler la
ville et la campagne, du moins l’idée que l’on se fait de ces deux
réalités sociales et culturelles. Certains en viennent même à
idéaliser quelque peu la période médiévale ou la Renaissance
italienne, qui ménageaient, selon eux, la nature et l’accueillait
aimablement dans les murs de leurs villes. D’autres, comme
Ebenezer Howard (1850-1928), préconisent la fondation de « citésjardins » afin non seulement de dépasser l’opposition ville/campagne, dénoncée tout au long du XIXe siècle par la plupart des
réformateurs sociaux, mais surtout pour offrir à tous des
conditions de vie agréables, n’empruntant à la ville et à la
campagne que leurs seules qualités. Ainsi, la cité-jardin est
entourée d’une « ceinture rurale » avec des champs et des
pâturages et abrite en son sein des parcs publics et des jardins
privatifs. Au-delà d’un urbanisme qui fond le bâti dans la
végétation, ce qui caractérise la cité-jardin c’est l’esprit coopérateur
de ses habitants. Ce que vise Howard n’est pas un contenant
« naturel », un cadre bucolique, mais un contenu social qui confère
à la cité-jardin sa valeur de « bien commun », et par « commun », il
convient d’entendre ce qui engage les uns envers les autres et non
pas ce qu’on partage entre soi. Autant avouer que la plupart du
temps, la cité-jardin se borne à être une banlieue-jardin, un
lotissement amélioré, un îlot verdoyant, sans la richesse associative qu’imaginait Howard…
Pourtant, l’incroyable popularisation du modèle urbanistique de
cité-jardin a l’incontestable mérite d’obliger les habitants, les élus,
les concepteurs à se préoccuper des relations de la ville avec la
nature. La spéculation foncière, la marchandisation du sol, la
rentabilité du moindre m2 (d’où un indigne entassement), provoquent des réactions politiques, comme la municipalisation du sol,
l’obligation juridique de réserver tant de mètres carrés libres au
prorata de tant de mètres carrés construits, d’ouvrir les jardins de
certaines propriétés, d’installer des espaces verts… Derrière ces
mesures l’on retrouve les hygiénistes, mais aussi les partisans
d’une « esthétique urbaine » et ceux qui militent pour la protection
des paysages, ces « monuments naturels ». Ensemble hétéroclite,
parfois en discorde, qui néanmoins, conteste la minéralisation
excessive des établissements humains. À la suite de Camillo Sitte
(1843-1903), architecte viennois, auteur de Der Städtebau nach
________________________
p. 225.
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seinen künstlerischen Grundsäten, Charles Buls (1837-1914), maire
de Bruxelles féru d’art urbain, Jean-Claude Nicolas Forestier
(1861-1930), qui publie Grandes villes et systèmes de parcs
(Hachette, 1908) grandement inspiré des réalisations de Frederick
Law Olmsted et de l’œuvre de Eugène Alphand, à qui il succède au
Service autonome des promenades et plantations de la ville de
Paris, l’écossais Patrick Geddes (1854-1932) chantre de l’observatoire de la ville (« Outlook Tower »), des expositions des projets
urbains et des études régionales, et bien d’autres, vont théoriser,
expérimenter, propager le salutaire mariage de l’urbanisme et du
paysagisme.
Penser la ville avec la nature
Lors du Premier Congrès International des Villes, à Gand, en
1913, le botaniste allemand, Hugo Conwentz (1855-1922) prononce
une conférence intitulée « Les Villes et la Nature2 », dans laquelle,
il invite les édiles à acquérir des forêts, des « espaces verts » (c’est
l’expression utilisée, qui ne pénétrera dans le vocabulaire français
banal qu’au cours des années soixante…), des réserves pour « la
nature spontanée », des promenades plantées et des « jardins scolaires ». Dès l’école, selon lui, il faut inculquer aux futurs citoyens
le respect des « monuments naturels » tout autant que celui des
monuments de pierre et la connaissance du paysage. La même
année, Robert de Souza, poète post-mallarméen et co-fondateur
avec Jean Lahor (de son vrai nom, Henri Cazalis, 1840-1909) de la
Société pour la protection des Paysages, fait paraître une
remarquable étude urbaine, Nice capitale d’hiver3. Ce texte
présente une monographie de la ville de Nice, son histoire, sa
population, ses atouts économiques, ses fêtes et ses activités
saisonnières, mais il offre également une bonne synthèse de la
pensée urbaine contemporaine (Sitte, Buls, Stübben, Hénard,
Risler, Unwin…) et des réalisations les plus intéressantes, à ses
yeux, en Angleterre, Allemagne, Espagne et États-Unis. Bien sûr
sa conviction, quant aux extensions obligatoires de la ville de Nice,
est de magnifier le site. Son approche est résolument paysagère et
il dénonce les malveillances de quelques propriétaires et d’une
poignée de responsables municipaux qui refusent de comprendre à
quel point leur ville fait corps avec son territoire. Il indique comme
« bon exemple » à méditer, le plan de Léon Jaussely pour
Barcelone, avec ses percées plantées, ses réseaux verts qui
articulent les quartiers entre eux.
Léon Jaussely (1875-1933) rédige l’Avertissement à la
2. H. CONVENTZ, « Les Villes et la Nature », Gand, Publication du Premier
Congrès international des Villes, 27 juillet-2 août 1913, p.1-10.
3. Robert DE SOUZA, BERGER-LEVRAULT, Nice capitale d’hiver, Paris-Nancy,
1913, 518 pages, nombreux plans et cartes et quelques photographies.
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THIERRY PAQUOT
traduction française du manuel de urban planning confectionné
par Raymond Unwin4 où il affirme : « S’il est possible, réaliser le
mélange intime du cadre naturel et du milieu urbain, ou, si le
cadre ne s’y prête pas, ramener la nature dans ce milieu par
l’énorme développement des plantations. Rapprocher la vie de
l’homme urbain de la Nature, tel est le deuxième principe directeur
dont toute la nouvelle théorie de l’urbanisme moderne découle,
dans ses effets pratiques comme dans son esthétique. » Plus loin, il
salue la « cité-jardin » (« on ne doit pas douter qu’elle est le fait
urbanistique le plus important de notre époque »), mais toutefois il
ne croit pas en sa multiplication sur des terrains vierges, aussi
souhaite-t-il qu’on s’inspire de ses principes pour embellir
l’ancienne cité. Il conjugue la « cité-jardin » au « système de parcs »
afin de réaliser une ville débordante de plantations, d’espaces
« libres », de pauses verdoyantes, de boulevards ombragés, de
jardins publics… Sa conception organiciste de la ville, partagée par
ses contemporains (comme Marcel Poëte, par exemple) colle bien à
cette association entre le végétal et le bâti, tous les deux, chacun à
leur rythme, ne cessant de se renouveler, de se métamorphoser, de
se transformer en une morphogenèse sans ni véritable origine ni
fin. Mais, il faut le reconnaître, la réalité est moins idyllique. Les
espaces verts sont accaparés par les spéculateurs, la nature est
dégradée, avilie, aliénée, les immeubles et les pavillons sans grâce
contredisent le paysage et le sabotent allégrement. Les pouvoirs
publics ne se pressent pas pour délimiter de nouveaux parcs,
ouvrir un zoo, redessiner un cimetière, aménager les berges d’un
fleuve, concevoir un stade et des pelouses d’entraînement, ils
évoquent dans de beaux discours l’importance du « poumon vert »
qui permet à la ville de respirer, mais pratiquent un urbanisme de
dérogation qui accroît la population et les inadmissibles
embouteillages !
Certes, à la suite de la Section d’hygiène urbaine et rurale mise
en place par le Musée Social, dès 1908, les membres de la Ligue
urbaine, créée par Jean Giraudoux, en 1928 – qui deviendra, en
1943, la Ligue urbaine et rurale – dénoncent la ville sclérosée,
macadamisée et déshumanisée5. Le jardin, les arbres, les terrains
4. Léon JAUSSELY, « Avertissement », dans Raymond UNWIN, L’Étude pratique
des plans de villes. Introduction à l’art de dessiner les plans d’aménagement et
d’extension, Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts, s.d (certainement 1923, la
première édition anglaise date de 1909). On lira également Jean-Yves PUYO,
« L’Urbanisme selon Léon Jaussely », dans Vincent BERDOULAY et Paul CLAVAL
(éds), Aux débuts de l’urbanisme français, Paris, L’Harmattan 2001, p.119-132, et
Vincent BERDOULAY et Olivier SOUBEYRAN, L’Écologie urbaine et l’urbanisme. Aux
fondements des enjeux actuels, Paris, La Découverte 2002.
5. « Regards sur la Ligue et ses Cahiers », Les Cahiers de la Ligue Urbaine et
Rurale, 100, 1988, et Cahiers Jean Giraudoux, sous la direction de Cécile
CHOMBARD-GAUDIN, Paris, Grasset, 22, 1993, qui rassemble des études savantes
sur l’œuvre urbaine de l’écrivain ainsi que plusieurs de ses articles.
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vacants sont indispensables pour la détente, le repos, la rêverie.
Pas de vie urbaine satisfaisante sans la beauté des bâtiments et de
la nature. Nulle trace de passéisme dans ces revendications ; tout
comme Ebenezer Howard est un partisan du tramway électrique et
du train, qui dessert ses cités-jardins, Giraudoux et ses amis ne
pleurnichent pas sur une ville dépendante de la machine qui aurait
perdu son âme, non, ils sont persuadés que le progrès technique
doit servir le renouveau des villes et les ouvrir davantage encore à
la nature. Admirateur de Le Corbusier, il préface la première
édition de La charte d’Athènes, en 1943, et convie les « audacieux »
à refuser « la banalité et l’insensibilité universelles » et à mieux
s’accorder à leur époque, à adopter les valeurs portées par la
civilisation machiniste, sous-entendant que la nature, elle-même,
participe pleinement des progrès techniques… Le Corbusier entend
par « conditions de la nature », le trio : soleil, espace, verdure6. Le
soleil a sa préférence, d’où les baies vitrées, les toits terrasses et
l’horizontalité des « cellules » de ses unités d’habitations. La
verdure – vision bien réductrice de la nature… – occupe le sol
laissé libre grâce aux pilotis et constitue les « écrins » dans lesquels
il place les « monuments historiques » qu’il sauve de la destruction.
Avec le zonage, les thuriféraires des congrès internationaux d’architecture moderne (CIAM) attribuent à la nature une fonction,
alors même qu’elle échappe – heureusement ! – à toute visée
strictement utilisatrice.
Face aux « modernes », les « modernisateurs » regroupés
derrière l’étendard que représente la revue Urbanisme (née en
1932) défendent une autre idée de la ville et par conséquent une
autre manière de faire de l’urbanisme7. Dès son premier numéro, et
pratiquement dans chaque livraison, le thème de la nature en ville
est abordé, il le sera moins au cours des années cinquante, et à
nouveau depuis les années soixante, avec des paysagistes comme
auteurs des articles (Jacques Simon, Jacques Sgard, Bernard
Lassus…). Dans les premiers numéros, ce sont plutôt des publicistes ou écrivains, qui s’emparent de ce sujet, Léandre Viallat ou
encore André Véra (1881-1971). Ce dernier8, qui a néanmoins
réalisé des jardins, publie un article au titre explicite, « Nature et
6. LE CORBUSIER, La Charte d’Athènes, Paris, Éd. de Minuit 1957. Pour une
lecture plutôt hagiographique du maître, voir Le Corbusier et la nature, Paris , Les
Rencontres de la Fondation Le Corbusier 1991, et pour un regard davantage
critique : « La Charte d’Athènes, et après ? », Urbanisme, 330, mai/juin 2003 et
Adolf Max VOGT, Le Corbusier, le bon sauvage. Vers une archéologie de la
modernité, infolio, Gollion-CH 2003.
7. Hélène VACHER, « La Naissance d’Urbanisme ou “l’art du stratège” »,
Urbanisme, 306, mai/juin 1999, p.27-31.
8. André VÉRA, « Nature et urbanisme », Urbanisme, 68, 1939 ; André VÉRA,
L’Urbanisme ou la vie heureuse, Paris, Corréa 1936 et Jean-Pierre LE DANTEC, Le
e
Sauvage et le Régulier. Arts des jardins et paysagisme en France au XX siècle, Paris,
Le Moniteur 2002, p. 87 et s. et p. 140 et s.
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THIERRY PAQUOT
Urbanisme », dans lequel il s’adresse à l’homme de l’art : « La
conservation et la reconstitution des paysages ne sont pas des
entreprises suffisantes pour retenir l’homme près de la nature.
L’urbaniste doit organiser des rencontres de l’un avec l’autre,
décidant des plantations sur des terrains nus, assignant aux
arbres une place sur ses plans. » Il préconise de planter des espèces
variées et adaptées aux différents sites et climats, de reboiser,
d’encourager les jardiniers du dimanche, de valoriser le travail des
horticulteurs et de mieux entretenir la moindre parcelle d’herbe.
La dernière phrase de son recueil d’articles L’urbanisme ou la vie
heureuse (tout un programme…) se déploie comme un slogan : « La
France par l’urbanisme, devient un jardin. » Il adhérera, sans trop
de difficultés semble-t-il, à l’idéologie pétainiste du « retour à la
terre », qu’il imagine aussi en banlieue et en ville !
C’est pendant la guerre que Urbain Cassan (1890-1979) rédige
Hommes Maisons Paysages. Essai sur l’environnement humain9
dans lequel il examine les interrelations des hommes avec leur
milieu et élabore une doctrine pour l’urbanisme. Celle-ci conjugue
plusieurs savoirs, dont la géographie humaine, ce qui permet à
l’urbaniste d’observer les lois de la nature et d’y puiser une sorte de
postulat, à appliquer dans les plans d’urbanisme : « Ordre, Harmonie, Beauté ». Tout cela n’est guère neuf et finalement ne s’oppose
pas vraiment à l’esprit de La charte d’Athènes. La « nature » ( ?)
est là, elle préexiste à l’homme qui la domestique dans le
« respect » ( ?) des « lois organiques » ( ?) qui expliquent ses
« évolutions » ( ?). Discours certes généreux mais surtout naïf qui
laisse croire que l’homme saura maîtriser le déploiement des
techniques et sauvegarder la nature…Une telle vision de la
« nature » n’est pas partagée par tous les architectes et urbanistes,
certains dans la lignée de Howard et de Geddes, ne méconnaissent
pas les dynamiques propres à la « nature » et ne sous-estiment pas
la marque culturelle qui les activent.
Les architectes Henry Wright (1878-1936) et Clarence Stein
(1882-1975), proches de Lewis Mumford, vont réaliser une ville,
sur bien des points expérimentale, Radburn, dans le New Jersey10.
9. Hommes Maisons Paysages. Essai sur l’environnement humain, Paris, Plon
1946. L’auteur dans une « Postface », curieusement placée au début du livre,
explique que « pendant les heures sombres de l’occupation », il rencontrait
régulièrement des amis dans une salle du Touring Club de France et ensemble, ils
imaginaient la reconstruction et la valorisation des « beautés » nationales.
Ingénieur et architecte – on lui doit la gare maritime du Havre, l’hôpital Beaujon et
l’opération Maine-Montparnasse – il est aussi très impliqué dans la vie de la
profession.
10. C. S. STEIN, Toward New towns for America, Cambridge, MIT Press, 1973 ;
Eugenie LADNER BIRCH, « Radburn and the American planning Movement. The
Persistance of an Idea », Journal of The American Planning Association, 46, 4, 1980,
p. 424-439 et Robert WOJTOWICZ, Lewis Mumford and Amercan modernism,
Cambridge University Press 1996.
VILLE ET NATURE, UN RENDEZ-VOUS MANQUÉ ?
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Les maisons et leurs jardins entourent un parc central, les
pelouses fusionnent en des coulées vertes et la nature unifie les
constructions au paysage. La voirie est hiérarchisée et
monofonctionnelle, les voitures, les vélos et les piétons possèdent
leur réseau : ainsi, par exemple, les enfants se rendent à l’école en
bicyclette sans craindre d’être renversés par une automobile. De
même, l’environnement sonore est gradué ; plus l’on s’éloigne des
routes goudronnées et des parkings, plus le silence s’épaissit et
révèle les chants des oiseaux, le bruissement du vent dans les
branches, le bruit irrégulier des outils domestiques… Cette petite
ville dissimulée dans la campagne est riche en associations et en
« unités de voisinage » et se refuse à n’être qu’un cadre luxueux
pour familles aisées. Elle ambitionne d’inventer une alternative au
modèle du lotissement pavillonnaire banal, où chacun s’enferme
dans un chez soi coupé égoïstement des autres ou encore du
quartier dense, propice à l’isolement mais pas à la solitude. La
nature, terrain d’aventures pour les enfants, est aussi un lieu
d’apprentissage et de connaissance et exerce une action apaisante
sur tous. Le citadin y marche, fait de l’exercice, ressent son corps,
excite ses sens, prend la mesure des variations climatiques, des
changements de saison, du temps cosmique, des tonalités
polychromes des arbres, des plantes et des fleurs, bref, ce contact
permanent avec la nature lui rappelle combien est fragile
l’existence humaine, combien est décisive son alliance avec la
Terre.
Un admirateur français de Lewis Mumford, Gaston Bardet11, va
lui aussi partir en guerre contre le fonctionnalisme – le Corbusier
sera une de ses cibles privilégiées – et revendiquer l’héritage de
Ebenezer Howard et les garden-city, de Frank Lloyd Wright et
Broadacre-city des Neighbourhood units, en invoquant un nouvel
urbanisme – ou aménagement du territoire – dont la mission
consiste à réaliser la « ville-fédération » regroupant des « quartiersjardins ». « Le nouvel urbanisme, affirme-t-il, non sans emphase,
doit être biologique ; en ce sens, il accordera la primauté à la
femme et à l’enfant. Il doit “féminiser” le cadre urbain pour y
réintégrer la nature, le renouvellement ; il doit satisfaire aux
besoins de l’enfance, besoins d’expansion, d’éclatement, qui ne sont
pas ceux des adultes. » Plus loin, toujours lyrique il déclare que « la
mission fondamentale de l’urbaniste est d’être un appeleur
d’âmes »… Seul, en 1959, le maire du village de Rheu, près de
Rennes, lui fait confiance et lui demande un plan de « ruralisme ».
Gaston Bardet confectionne un cocktail de Letchworth et de Rad11. Jean-Louis COHEN, « Gaston Bardet, un humanisme à visage urbain », AMC,
44, février 1978, p. 74-84 ; Jean-Pierre FREY, « Gaston Bardet, théoricien de
l’urbanisme “culturaliste” », Urbanisme, 319, juillet/août 2001, p. 32-36. Dans
l’œuvre abondante de Gaston BARDET, citons, Mission de l’urbanisme, Paris,
Éditions ouvrières/Économie et Humanisme 1949.
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THIERRY PAQUOT
burn, avec des rues sinueuses, des impasses, des placettes, des
terrains libres, des passages couverts, des jardins privés qui
épousent le parc public, des clôtures discrètes et des pavillons aux
architectures relativement parentes (toiture en ardoise) et à la
dispersion territoriale calculée afin d’éviter l’alignement. Il
faudrait visiter ces tentatives d’un urbanisme solidaire de la
nature, questionner les habitants, apprécier son vieillissement…
Après la guerre, on reconstruit les villes détruites et sinistrées,
et surtout on lance de vastes chantiers de tours et de barres, les
« grands ensembles » édifiés sur des terrains excentrés, selon le
principe du chemin de grue. Ceux-ci possèdent des « espaces verts »
mais pas des jardins, pensés, plantés, appréciés ! Des petits bouts
de verdure, peu entretenus, lépreux, mal aimés, fréquemment
occupés par des automobiles, jonchés de détritus et de déjections
canines. Ils sont pourtant prévus dans la grille d’équipement d’un
grand ensemble d’habitation dite « grille Dupont » (1958), ils
figurent dans les plans-masses, mais ce sont bien souvent les
cache-misère d’une non-ville de plus en plus inhabitable. « Pour
assurer le succès de ces espaces verts, note la paysagiste Isabelle
Auricoste, il aurait peut être fallu concevoir dès le début leur
colonisation par une population végétale évolutive et adaptée à ces
espaces difficiles, tel qu’on le fait actuellement pour les talus
d’autoroute par exemple. Une politique de reconquête végétale
suivie d’une gestion attentive aurait sans doute été plus fidèle aux
intentions de rapprochement de la nature et de la ville12. » Les
quartiers de logements sociaux des communes de banlieue
manquent cruellement de parcs conçus comme partie prenante de
l’habitat. La verdure dont ils disposent est celle des jardins bricolés
des pavillons voisins, des rares jardins ouvriers ou familiaux
encore en activité et ceux des équipements municipaux. Certaines
réhabilitations de grands ensembles ne se contentent pas de
repeindre les cages d’escalier et d’installer des digicodes, elles
repensent entièrement la disposition des bâtiments, redessinent
leur silhouette et surtout entremêlent le bâti et le végétal. L’espace
vert n’est plus un alibi d’une quelconque esthétique, mais un
élément constitutif du projet urbain.
Quelle nature urbaine ?
Depuis quelques années en France, mais pas seulement13, les
professionnels de l’urbain (architectes, urbanistes, paysagistes)
12. « Le Vert dans la cité », Informations Sociales, 33, 1994, p. 47-53.
13. Ariella MASBOUNGI (éd.), Penser la ville par le paysage, Paris, Projet urbain/
Éditions de La Villette 2002 ; Augustin BERQUE, « Ville et Architecture, années
2000 : quelle cosmicité ? », dans Chris YOUNÈS (éd.), Ville contre-nature. Philosophie
et architecture, Paris, La Découverte 1999 ; Didier REBOIS, « La Nature dans le
projet urbano-architectural », ibid. ; Gilles CLÉMENT, « Le Jardin pour la maison de
l’homme », ibid. ; Chris YOUNÈS, « Natures et Villes en mouvement », Urbanisme,
dossier « Europe : ville et nature », 314, septembre/octobre 2000, p. 68-74.
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coopèrent dès la mise au point du programme et tentent de
combiner leur savoir-faire et surtout de les penser ensemble. Il ne
faut pas rêver et imaginer que dorénavant ces compétences
s’enrichissent les unes les autres. Non ! Les « enclaves résidentielles » offrent un décor végétal standardisé à leur public principalement intéressé par la sécurité. La maison de maçon, sans style,
bêtement posée sur une butte-garage, ne fait pas corps avec le
jardin, celui-ci est du reste limité à une sorte de pelouse facile à
entretenir et sur laquelle on place le portique pour les enfants, le
barbecue et la niche du chien. L’urbain diffus et généralisé14 dans
lequel la majorité des citadins réside méprise souverainement la
nature. Celle-ci est consommée, c’est-à-dire subordonnée aux
seules exigences des habitants/prédateurs. Elle apparaît comme un
stock disponible : de bois pour la cheminée, de sentiers pour la
promenade, de fleurs à cueillir, de mûres à ramasser, etc. Il faut un
événement grave pour modifier le regard de l’habitant lambda visà-vis de la nature, une tempête, une sécheresse, des inondations,
un feu… Il faut un tout autre état d’esprit pour considérer
l’humain comme appartenant à la nature, au monde vivant.
Nature que l’on environne avec nos technologies, que l’on épuise,
que l’on gaspille, que l’on ne respecte pas. Et qui parfois se rebelle !
Les auteurs de science-fiction et les dessinateurs de BD à caractère
prospectif se régalent à « naturaliser » les villes, à faire croître
démesurément les racines des arbres au point où les gratte-ciel se
fendillent, éclatent, s’écroulent ; le fleuve sort de son lit, submerge
les quais, noie des quartiers entiers ; les animaux sauvages
pénètrent en ville et attaquent les animaux domestiqués et leurs
propriétaires ! À cette vision apocalyptique – et guère réjouissante ! – l’on peut mentionner d’autres réactions.
À New York, au début des années 1960, des associations
renouent avec les « jardins de poche » de Jacob Riis, mis en place
en 189715 et transforment une « dent creuse », un minuscule terrain
vacant, une parcelle abandonnée, un coin de rue inhospitalier en
jardins provisoires ou en aires de jeux pour les enfants et de repos
pour les vieilles personnes. En France, Jean-Pierre Charbonneau
crée des « jardins de proximité » à Lyon et des Parisiens ouvrent
des « jardins partagés ». En 2004, on en compte douze, gérés par
des associations avec le soutien de la mairie : ce sont des
interstices urbains, momentanément « libres », qui sont cultivés
(fleurs et légumes) souvent en liaison avec une école du quartier.
Paris possède 426 jardins et parcs publics, deux bois (Boulogne et
Vincennes) et 1 000 « espaces verts intérieurs à protéger » – ce sont
14. Thierry PAQUOT, « Que savons-nous de la ville et de l’urbain ? », De la ville et
du citadin, Marseille, Parenthèses 2003, p. 15-32.
15. Whitney NORTH SEYMOUR Jr, (éd.), Small Urban Spaces. The Philosophy,
Design, Sociology and politics of Vest-Pocket Parks and Other Small Urban Open
Spaces, New York, New York University Press 1969.
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des parcelles d’au moins 500 m2, inaccessibles au public, comme
des cours d’école, des jardins d’hôpitaux, de ministères, de
congrégations religieuses ou encore de particuliers.
Chaque année, les capitales rivalisent dans le calcul – quelque
peu dérisoire – de leurs mètres carrés d’espaces verts par habitant… Tokyo caracole en tête, talonnée par Madrid, Berlin sans
son mur additionne ses parcs, Londres cultive dans le respect de la
tradition ses huit parcs et Paris lance la rénovation de son zoo…
Partout dans le monde, les joggeurs envahissent les parcs, plus
préoccupés par le chronométrage de leur parcours ou les kilos enfin
perdus que par le calme ambiant, la beauté du cèdre caressé par
les rayons du soleil couchant, l’odeur de l’herbe qui vient d’être
fauchée, le couple d’amoureux enlacés assis sur le banc ou cet
enfant intrigué par la marche obstinée d’une armée de fourmis à la
queue leu leu. Il est vrai que la nature urbaine est dopée (engrais
chimiques, arrosage automatique, sélection draconienne…), qu’elle
est aussi artificielle que la ville et que le joggeur se satisfait d’une
piste au revêtement traité de telle manière que la pluie est vite
absorbée ! Le rapport ville/nature est fondamentalement culturel,
donc historique et par conséquent changeant. L’opération « Paris
plage » fait l’unanimité alors même qu’elle est anti-naturelle. Cette
reconstitution scénographiée d’un bord de mer abstrait est amusante et plaît à de nombreux badauds, mais pouvoir se baigner
dans la Seine et y canoter serait un autre signe d’amitié envers la
nature, non ?
Que retenir de ce rapide et incomplet voyage au pays des
urbanistes ? La conviction que leur conception de la ville associe
toujours la nature. En effet, la ville de la modernité, celle de tous
les flux – dont on pourrait dater la naissance avec l’haussmannisation – attribue à la nature une place de choix. Il est vrai
que l’on est encore dans la ville-spectacle – on y déambule pour se
montrer et aussi pour voir les autres, qu’on jalouse ou dont on se
moque ! –et que son embellissement passe par la multiplication des
squares, des jardins, des promenades plantées et des parcs et bois.
Le futur Napoléon III, dont le rôle est décisif dans la transformation de la capitale, a apprécié, lors de ses exils en Angleterre
et aux États-Unis, l’abondance des espaces verts et insiste auprès
du baron Haussmann pour que Paris ait de nombreux parcs. Ce
qui fût fait : le parc Monceau, le parc Montsouris, les ButtesChaumont et d’autres plus petits, aèrent la grande ville et y
introduisent une respiration silencieuse… Par la suite, parmi les
anti-Haussmann, tels Robert de Souza ou Charles Buls, qui
fustigent les grandes percées rectilignes et plébiscitent les ruelles
méandreuses, tout comme parmi les hygiénistes rationalistes favorables aux larges avenues, nombreux sont ceux qui s’accordent sur
la présence des arbres en ville et la généralisation des jardins de
poche. De même, quelques décennies plus tard, certains adeptes de
VILLE ET NATURE, UN RENDEZ-VOUS MANQUÉ ?
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La charte d’Athènes, tout comme quelques-uns de ses opposants, se
retrouvent pour combiner bâti et verdure. Et à présent encore, le
« tout-paysage » (autre manière de conjuguer ville et nature) tend
de plus en plus à s’imposer dans le discours « urbanistiquement
correct », d’autant que ce dernier se réfère au « développement
durable ». Y aurait-il une sorte de sensibilité à la nature en ville,
invariante, qui traverserait les âges, et revêtirait ici les habits de
la cité-jardin et là, ceux du quartier écologique avec des immeubles
herbeux et fleuris ? Répondre à cette interrogation exigerait une
géohistoire comparée des modèles urbains et des idées sur la ville
et la nature, afin de pister les filiations, de saisir les transferts,
d’interpréter les ressemblances comme les contradictions…
Constatons l’existence de cette revendication d’une ville-nature
et tâchons d’en comprendre la signification en ce début de XXIe
siècle qui voit triompher les mégapoles bétonnées entièrement
soumises aux flux des automobiles et les formes d’urbanisation
diffuse qui brouillent les frontières entre le bâti et le naturel plus
qu’elles ne les marient. Il y a plus d’un siècle et demi, en Europe et
aux États-Unis, l’urbanisation accompagnait l’industrialisation et
s’évertuait d’en réduire les méfaits. La « cité-jardin » apparaît
comme un antidote à la pollution générée par les usines. Vivre
sainement exige un cadre le plus naturel possible, d’où le recours à
la campagne et à un certain zonage des activités. Les promoteurs
européens de la « cité-jardin » sont souvent des eugénistes (on
songe évidemment à Theodor Fritsch -1852-1933-, antisémite
notoire et théoricien allemand de la Garten-Stadt, mais aussi au
socialiste français Henri Sellier -1883-1943-, maire de Suresnes et
ministre de la santé du Front populaire…) sans nécessairement
s’afficher comme des urbanophobes et des technophobes. Aux
États-Unis, le mythe de la « petite maison dans la prairie » cultivé
par Thomas Jefferson se retrouve chez Frank Lloyd Wright, mais
sans la diabolisation de la grande ville et le refus des progrès
techniques. Entre les deux, un Ralph Emerson ou un David
Thoreau ont réintroduit l’humain dans le vivant et fait de la
Nature, un ensemble complexe les solidarisant à jamais. Ce n’est
pas à cette conception américaine de la nature que les Européens
souscrivent. D’où d’autres formes d’urbanisation, qui possèdent
parfois des traits semblables – mais pas identiques ! –, comme la
diffusion de l’habitat dans le territoire. Si l’urbain contemporain
européen a des airs de famille avec l’urbain contemporain nordaméricain, il ne partage ni la même échelle territoriale ni la même
perception de l’espace vécu. Ce qui fait « paysage » aux États-Unis,
par exemple, ne le produit pas dans la vieille Europe… Ces écarts
culturels, inscrits dans la géographie, se creusent davantage
encore à l’heure où l’urbain, en Europe, s’approprie le rural et
submerge les villes. Cet urbain sans ruralité et sans ville-àl’ancienne, impose l’uniformité des modes de vie et la suprématie
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de la mobilité sur l’enracinement. La Nature est dépendante de
l’urbain, de ses réseaux qui la traversent en tous sens et des
usages qu’il favorise (tourisme, patrimoine, agriculture…). On le
voit, le même mot (« nature ») ne désigne pas les mêmes réalités à
l’époque du baron Haussmann et à celle de Rem Koolhaas. Il va de
soi que la « demande de nature » formulée par les personnages de
Zola n’a strictement rien à voir avec celle du consommateur actuel,
qu’il loge dans un pavillon à moins de dix minutes d’une rocade
autoroutière ou au centre ancien d’une ville moyenne. Pourtant, un
fait anthropologique perdure encore : l’habiter de l’homme
(« habiter » voulant dire « être-présent-au-monde-et-à-autrui »)
réclame pour se déployer, à la fois, l’« avec » et le « parmi » la
nature16. La ville a rendez-vous avec la nature, comme la lune avec
le soleil, mais elle ne le sait pas ! Affaire classée ? Non, affaire à
suivre !
Thierry PAQUOT.
(Institut d’urbanisme de Paris, Paris XII-Val-de-Marne.)
16. Augustin BERQUE, Ecoumène. Introduction à l’étude des milieux humains,
Paris, Belin 2000 ; Augustin BERQUE avec Maurice SAUZET, Le Sens de l’espace au
Japon. Vivre, penser, bâtir, Paris, Arguments 2004, et Thierry PAQUOT, Demeure
terrestre. Enquête vagabonde sur l’« habiter », Paris, Éditions de l’Imprimeur [2005].