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² Dans le Souffle de Comenius, Pédagogie et Spiritualité 1 Notre tâche actuelle Exergues Dans la fumée, l'agitation et le bruit, Nous sommes un îlot de paix et de lumière, Sourires hypocrites, mensonges et visages prêts à S'entredévorer, au fond une Etincelle de lumière divine doit être gardée Et révélée. Bazar de la Vie. Chaque petit homme animal Trotte vers le destin qu'il s'est lui même construit. Et je sens l'Esprit qui souffle sur ces âmes, Apparemment mortes. Les flammes m'entourent et entourent mes frères humains. Le feu durcit et solidifie la Pierre. Mais brûle le bois, le réduit en cendres. La braise pourtant ne couve-t-elle pas dessous 2 Panorthosia, traduction libre de la version anglaise de Dobbie ... 5. Si nous postulons que nous devons accomplir notre devoir et servir Dieu en coopérant à sa tâche, et mettre la main au renversement rapide de la Babylone des confusions (afin que toutes choses puisse redevenir " Sion "), Je propose de suggérer la méthode plausible d'un processus , dont je traiterai de façon générale dans ce chapitre, et plus détaillée dans les chapitres suivants. 6. La procédure générale sera expliquée en examinant l'idée d'Exécution, sa définition, son agent et sa méthode. 7. L'Exécution est la mise en action par certaines personnes d'un mode d'action délibérément décidé. L'exécution légitime requiert donc une combinaison des éléments suivants : a). Une décision préliminaire à propos de la tâche à exécuter. Car une action entreprise 3 sans décision antérieure est sans espoir ; b) des personnes précises responsables de l'action à accomplir ; car si personne n'est rendu responsable, le résultat est soit une action sans but ou pas d'action du tout ; c) L'action, l'exécution elle-même, entreprise, continuée, et achevée selon les lois de la sagesse. Les tâches entreprises, continuées et achevées sans sagesse sont fautives dans leur exécution. 8. C'est pourquoi l'exécution d'un programme de réformes a aussi trois exigences : elle doit, en tant qu'entreprise universelle, être accomplie a) Par tous en même temps b) sous tous ses aspects c) de toutes les façons possibles. ... Ces quelques mots introductifs tirés du début de la Panorthosia1 de J.A.Comenius semblent évidents mais ils décrivent très bien l’idée de processus, aussi bien sur le plan individuel que collectif, et mettent à néant ceux qui voudraient encore nous faire croire qu’il suffit d’une orientation vague pour accomplir quoi que ce soit. Avec une orientation vague, on n’accomplit que des choses vagues, même si, au début de l’activité pédagothérapeutique, cela est presque inévitable pour celui qui cherche. ... P.24 (tiré d’Unum Necessarium , de Comenius) 2 “...apprendre à maîtriser son petit monde en tant que Dieu en petit, comme le disait un sage : "Si tu veux être un roi je vais te donner un royaume. Gouverne-toi toi-même". ... , l'homme doit être capable de s'utiliser à bon escient et savoir jouir de lui-même; il ne doit faire confiance à aucune autre créature comme il se fait confiance lui-même, il ne doit chercher en aucune autre créature le bonheur, comme il le chercherait en lui-même. "En toi se trouve un monde, ne le cherche donc pas hors de toi". J’ aimerais commencer cette exploration de la pédagothérapie biospychospirituelle par l’avant-propos du livre DEI GLORIA INTACTA, de Mr Jan van Rijckenborgh3 (Editions du Septénaire, Tantonville), que je reprends, à mon tout petit niveau, entièrement à mon compte: Attendu que le seul Dieu sage et miséricor5 dieux... Non seulement nous pouvons en toute justice témoigner des temps heureux pendant laquelle la moitié du monde restée jusque là inconnue et cachée nous fut dévoilée ... Il a de plus fait apparaître des hommes doués d’une grande sagesse, qui, dans nos temps corrompus et imparfaits, renouvelleront et porteront à la perfection une partie des arts nobles ... Raffermissez les mains défaillantes et les genoux chancelants; faites suivre à vos pieds le chemin droit ... Recherchez la paix avec tous les hommes et la sanctification ... Que ceux qui ont part au Royaume Immuable soient reconnaissants et servent de tout coeur le Seigneur et Sa Fraternité. Nous souhaitons et prions que vous ayez à coeur de réfléchir soigneusement à notre offre et d’approfondir minutieusement notre art, ... A l’ombre de tes ailes , O Jehovah! Dans un autre registre, voici quelques paroles de Victor Hugo sur la liberté de l'enseignement, qu’il faut à mon avis appliquer de nos jours à toutes les formes d’enseignement, publiques, 6 laïques, ou privées, ou presque, existant actuellement. Tiré de l'Avenir du dimanche 9 octobre 1904 Extrait : ... La création s'offre à l'étude de l'homme. Le prêtre déteste cette étude et tient la création pour suspecte. La vérité latente dont le prêtre dispose contredit la vérité patente que l'univers propose. De là un conflit entre la foi et la raison. De là si le clergé est le plus fort, une voie de fait du fanatisme sur l'intelligence. S'emparer de l'éducation, saisir l'enfant, lui remanier l'esprit, lui repétrir le cerveau, tel est le procédé ; il est fort redoutable. Toutes les religions ont ce but : prendre de force l'âme humaine. C'est à cette tentative de viol que la France est livrée aujourd'hui. Essai de fécondation qui est une souillure. Faire à la France un faux avenir : quoi de plus terrible ? L'intelligence nationale en péril ; telle est la situation actuelle. L'enseignement des mosquées, des synagogues, des presbytères est le même ; il a l'identité de l'affirmation dans la chimère ; il substitue 7 le dogme, cet empirique, à la conscience, cet avertisseur. Il verse l'imposture dans la candeur de la jeunesse, et, si on le laisse faire, il en arrive à ce résultat de créer chez l'enfant une épouvantable bonne foi dans l'erreur. Abrutir est un art. Les prêtres des divers cultes appellent cet art liberté d'enseignement. Ayant été eux-mêmes soumis à la mutilation de l'intelligence, ils voudraient pratiquer cette mutilation après l'avoir subie. Un castrat faisant l'eunuque : cela s'appelle l'enseignement libre. ---Victor Hugo Nous pouvons maintenant malheureusement étendre ce texte à l’ensemble de l’éducation en France, en général, une nouvelle religion, celle de la laïcité mal comprise, ayant surgi. Et nous aimerions aussi citer ce qui pourrait aussi être une approche de la laïcité plus ouverte. Introduction aux journées de la spiritualité laïque à Tours, le 5 Avril 2009 : “A bien des signes, on peut percevoir qu’une mutation, l’apparition d’un nouveau paradigme se prépare. Le mythe du progrès et les promes8 ses de lendemains qui chantent ont fait leur temps. Certes, en politique comme dans les medias, les idées propagées n’ont guère évolué. Mais les initiatives privées se multiplient pour redonner leur importance vitale à l’Écologie et à la Spiritualité. Les religions ont déçu, au moins dans l’ensemble. Mais la soif d’une autre dimension de l’existence ne cesse de grandir et ceci dans tous les milieux sociaux et professionnels, y compris ceux qui paraissent les plus inféodés au matérialisme ou au consumérisme. Historiquement, la division et les conflits ont discrédité les messages des différentes religions ou des différents enseignements ésotériques. C’est pourquoi, toute tentative de rencontres, de compréhension mutuelle et de témoignages communs est précieuse ; je dirais même « vitalement nécessaire ». Face à la demande consciente ou latente d’un nouveau sens du sacré, les valeurs essentielles communes à toutes les sagesses doivent dominer les dissensions et les concurrences 9 indignes. C’est pourquoi, la vaste ouverture qui préside aux Journées Internationales de la spiritualité laïque revêt à mes yeux comme à ceux de vous tous, une grandeur et une noblesse particulières. Les différences sont une richesse, une occasion de partage, de fraternité, une possibilité de rendre nos cœurs et nos esprits toujours plus vastes et accueillants....Parmi ceux et celles qui vont intervenir au cours de ces journées, beaucoup sont des amis très chers depuis longtemps et je veux aussi saluer celles et ceux que je n’ai pas la joie de connaître personnellement. Que la paix soit dans tous les cœurs. Arnaud DESJARDINS” ( je ne cautionne pas complètement cette citation ..., mais son texte me semble convenir ici ...) --------------Comenius d’autre part, précise dans la Via 10 Lucis : “La Révélation sacrée précise, et nous apprend de plus que le monde n’a pas d’autre sens, d’autre but que de préparer l’homme à entrer dans l’éternité” Ce qui n’a rien à voir avec quelque religion existante que ce soit. Citons aussi Jan Van Rijckenborgh, dans le petit livre issu d’une conférence donnée pour des jeunes de 15 à 18 ans, Réveil, IMAGINEZ 1000 jeunes… (Réveil) “IMAGINEZ vous un millier de jeunes qui décident de prendre les nouveaux critères pour les plus importants de leur vie. ils décident de vivre ces choses et de les soutenir de tout leur être. En même temps ils accomplissent leur tâche sociale, leur fonction sociale. Ils ont une profonde pitié pour tous ceux qui ont oublié leur véritable nature et destination, ils vivent et agissent en conséquence. Ces jeunes, selon les nouvelles valeurs, s’adonnent avec leur juvénile enthousiasme à leur tâche magnifique. Ils remplissent nos temples. Nous vous conseillons cela avant tout chers 11 amis, d’assister aux services de temples et aux conférences. Soyez présents aux réunions du parvis!...faites voir et ressentir autour de vous combien nos groupes de jeunes sont actifs, vivants, rayonnants.… Ainsi, nos mille jeunes amis attireront l’attention de l’unique et juste manière. non par un aspect extérieur excesssif, non par un comportement extérieur, mais vivant selon l’Esprit, travaillant véritablement à l’accomplissement de l’unique but de la vie de tout homme, et cela avec vitalité, dynamisme et enthousiasme, jeunesse et dévouement. Cela attire l’attention! Ces jeunes n’ont pas besoin de démonstrations extérieures...Ils ont les deux pieds sur terre, et vont par conséquent, à la rencontre de l’état d’âme vivante.... Lorsque ces jeunes vont mettre à exécution notre proposition aux Pays Bas, en Allemagne, en France, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Belgique, en Angleterre, et dans tous les autres pays d’Europe, où habitent peut-être bien (maintenant, nda) 3000 jeunes de la Rose-Croix, cela va faire quelque chose dans ce monde! ...Si vous vous orientez et agissez ainsi, tous ceux avec qui vous entrez en contact en cueilleront les plus beaux fruits.(Réveil. J.V.R. Editions du Septénaire-Tantonville, 54).4..” 12 Mais, dira-t-on, ces jeunes passent actuellement une grande partie de leur temps à L'école de type pédagogique ordinaire. Comment faire en sorte que ce temps ne soit pas destructeur, qu'au contraire il soit envisagé comme le travail d'une terre à labourer, bientôt ensemencée. C'est la tout le but de l'Alchimie de l'Eveil, de la Pédagothérapie biopsychospirituelle et de la déclaration éducative que constitue ce livre, que l’on peut consulter sur une autre forme dans le site www.rosecroix-education.fr Quel est le contenu de cette déclaration ? De plus en plus nombreux sont les pédagogues, les thérapeutes et les Pédagothérapeutes Biopsychospirituels qui réalisent et disent HAUT ET FORT, et expliquent souvent de façon très claire, croient-ils, que l'Education actuelle rend parfois malade. Et il ne suffit pas qu'ils le disent, ils le prouvent par l'exposé de cas précis, soit dans le contexte pédagogique institutionnel, soit dans le contexte familial, soit dans le contexte purement thérapeutique. Des praticiens tels que Carl Rogers, Monroe, le Pr Mahé, et bien d'autres, 13 proposent des remèdes multiples et variés ( renvoyons ici à leurs oeuvres) plus ou moins bien intégrées à ce jours dans la pratique pédagogique. On constate cependant toujours une limite, où les problèmes recommencent et parfois s’aggravent. Plaçons ici une sorte de “plan” qui pourra donner déjà une idée des lignes directrices de cette déclaration - Ce travail éducatif a une orientation essentiellement libératrice Il comporte des exigences et correspond à une nécessité au stade actuel de développement du travail spirituel pour l’ère à venir. Principes Orientation et pistes : devenir humain véritable, éveil spirituel et psychique, biosophie, etc... Champ de construction, cosmos : inclusion dans le champ de force Fraternel des âmes vivantes, etc ... Directions et thèmes : parents, famille et atmosphères , le triangle pédagogique, parents ou aînés, jeunes et moins jeunes, et éducateurs; Importance d’un maximum d’harmonie au sein des familles, etc... 14 Méthodes d’éducation à relier au devenir humain véritable et à la biosophie. Nouvelles bases de l’éducation. Formation des maîtres,des parents et des futurs parents. Tout en réalisant bien qu’aucune directive ne remplacera jamais le travail direct sur le terrain. Donc aucune réponse ne peut être donnée, celles-ci doivent être trouvées en situation sur la base de l’être profond des éducateurs et des principes fondamentaux ici énoncés. Principes essentiels - Confiance, imagination : Le plan de développement sur les plans de l’esprit,de l’âme et du corps est inscrit en chacun. C’est donc avec grande confiance que l’éducateur éveillé, tenant compte de ces réalités, accomplira sa tâche. Et il devra faire preuve d’imagination pour faire face aux difficultés inévitables, de façon à la fois spontanée et en transformant ces “difficultés” en pierres de construction. - Raison et maturation : La haute Raison ne sera jamais absente de la pratique éducative, même si le jeune ne s’en rend pas toujours compte de façon explicite et consciente. Mais celui-ci, comme l’adulte d’ailleurs, passera par des phases de connaissance de soi, du monde et de la vie, plus ou moins faciles et douloureuses, 15 qui détermineront un état de maturation de plus en plus conscient sur les plans psychiques et spirituels. Responsabilité : Le jeune comme le groupe dans lequel il se situe acquerra une structure assez solide, même si celle-ci devra plus tard être brisée, par la vie spirituelle elle-même (sinon il s’agit de brisement du “Toi” et non de brisement du Moi). Eduquer et s’éduquer, c’est entre autres, au départ, chercher son chemin, puis s’approcher d’une connaissance des principes fonctionnels et fondamentaux de la Nature, et donc du principe de séparation du juste et de l’injuste, du vrai et du faux, du pur et de l’impur, etc... Discernement, contrôle, expression et animation : De ce qui précède découle tout naturellement l’exigence et la pratique du discernement (et non du jugement), face à toute situation, et donc de son contrôle, dans la mesure où le critère est le suivant : Ceci ou cela facilite-til l’émergence de la libération de l’homme spirituel face à l’homme naturel ? Ceci ou cela apporte-t-il quelque chose à la libération selon l’esprit, l’âme et le corps ? Alors cela est “bon” et acceptable. Dans le cas contraire, cela pourra tout au mieux être considéré comme une phase, une étape vers Cela. Et quand toutes ces choses 16 seront clarifiées, alors l’expression et l’animation permettront de les partager, de les dynamiser, pour tous. Force et pouvoir, conscience et “parole” : le plus grand pouvoir est celui du silence, le vrai silence, celui qui facilite la compréhension et non celui, contraint, incompris, ressenti comme un carcan, une contrainte inutile qu’on a envie de faire voler en éclats. Celui qui facilite la prise de conscience profonde et incite à celle-ci. Dans certains de ses instants-joyaux, il permet d’entrevoir le saut qualitatif auquel nous sommes tous appelés. Il constitue aussi la matrice nourricière universelle, manifestée sur tous les plans, toujours à l’arrière-plan du “bruit”. Et ainsi peut naître la parole en tant que médiation, s’effaçant entre le maître et l’élève, où le maître est aussi élève et l’élève maître, chacun étant celui qui perçoit, génère, et mûrit. Phénomènes et activités Les causes cachées des phénomènes se trouvent dans le monde de l’âme et de l’esprit. La vision et la compréhension de la vie devient de plus plus énergétique, vitale, et moins “matérielle”. On peut de plus en plus vivre et apprendre une connaissance “de l’intérieur”. Faire un avec le tout n’est pas un but en soi, mais se découvre sur le chemin éducatif et auto-éduca17 tif. Ainsi l’appréhension et l’être deviennent-ils d’une vibration de plus en plus élevée. Pouvoir mental, intellect et corps du penser Il est dit par Comenius que de nombreux parents peuvent être considérés comme les ennemis de leurs enfants, ceci souvent parce qu’ils considèrent du devoir de l’éducateur de leur bourrer le crâne, pour avoir une “situation”, c’est à dire développer un intellect à la mémoire pleine et bien adaptée à la lutte pour la vie, oubliant qu’il n’y a là rien que de très animal. Citons ici le passage du “Témoignage de la Fraternité” (commentaires de Mr Jan van Rijckenborgh)5 dont il est question ici : “De même que la réalité d’Uranus inspire, entre autres, le féminisme, Neptune nous place devant un autre système d’éducation, devant la manifestation d’une nouvelle école de pensée qui s’exprime de nos jours dans les écoles de la Rose-Croix. La Nouvelle Ecole conduira les adolescents suivant les lignes que les anciens frères ont montrées à l’humanité, afin que toutes les forces supérieures de l’homme puissent se développer et qu’il soit conduit à sa véritable destinée dans l’ère du Verseau, à savoir, l’unité de l’esprit, de l’âme et du corps. 18 Nous vivons un temps où le système d’enseignement s’adapte totalement aux exigences de cette nature. Les garçons et les filles sont dressés à devenir complices de la corruption instituée. La frénésie des diplômes est cause d’une immense souffrance pour les jeunes. Les meilleurs menteurs et les plus habiles mystificateurs vivent bien matériellement en ce monde, et leurs situations sont présentées à la jeunesse comme le but de la vie humaine. Et vous, parents qui, en raison de votre orgueil et de votre atavisme, envoyez vos enfants dans les écoles secondaires et les universités, savez-vous bien ce qui les y menace ? Savez-vous comme ces enseignements sont vides de valeurs d’éternité ? Savez-vous à quel point vous abandonnez vos enfants au lent et sinistre processus d’empoisonnement ? Vous le faites parce qu’on exige des diplômes, chiffons sans valeur, comme la pratique l’a démontré bien des fois, et vous vous abritez derrière votre angoisse. N’est-il pas évident que, comme l’a écrit un grand pédagogue (Comenius), les parents peuvent être les pires ennemis de leurs enfants ? Nous le constatons tous suffisamment, mais nous ne pouvons nous en tenir à cette constatation ... Le nouveau système d’enseignement s’harmonisera à l’unique but de l’existence et donnera une éducation 19 conforme à la vocation de l’humanité, dépourvue des mensonges sociaux de notre temps et des influences abrutissantes de la décadence.” (Témoignage de la Fraternité, p.49-50, J.van Rijckenborgh, Editions du Septénaire)5 Il est bien évident que cette vision radicale implique de nombreuses conséquences pratiques et une orientation totalement nouvelle et révolutionnaire. Ainsi le jeune sera petit à petit amené à passer de l’affirmation naturelle de l’ego, à une conception où l’Autre (en lui et hors de lui) passera toujours avant, où l’idée et la pratique d’une vie dans le sacrifice joyeux deviendra toute naturelle, et où la découverte des trois aspects cardinaux de la vie spirituelle, sur la base de l’âme éveillée, connaissance de soi, maîtrise de soi, et victoire sur soi, deviendra l’essentiel d’une pratique éducative et auto-éducative digne de ce nom. ... En tout cas mon expérience personnelle et celle de nombreux autres éducateurs permet de l’affirmer : - les trois dernières générations d’élèves des école ordinaires démontrent une dégénerescen20 ce telle qu’il serait parfois insultant de les comparer aux animaux ... pour les animaux. Mr JVR avait déjà, dans “le Remède Universel”6, paru au cours des années 60, prévu et expliqué cet état de fait : ‘Car il s’agit d’un champ de respiration infernal,dans lequel toutes sortes de forces provenant de la sphère “réflectrice” se déchaînent...’ ‘Tout ceci cause, dans les jeunes générations, une perturbation psychique très nette et très dangereuse.... Personne n’évite les dommages psychiques qui touchent surtout les jeunes générations et les perturberont toujours plus. Finalement paraîtra une génération au comportement tel que la comparer même aux lémuriens de la protohistoire serait une offense pour ces derniers.’ Dans de nombreuses banlieues, il est de plus en plus difficile d’obtenir un silence dépassant deux à cinq minutes (sic). Les actes de violence verbales et physiques, à connotation sexuelles sinon bestiales, sont très rapides à se déclencher, la concentration est rare et la dispersion de règle, le respect mutuel inexistant... et ceci malgré des professeurs d’une qualité et d’une compétence indéniables! 21 Bien sûr, on observe pas toujours ces attitudes dans les lycées du XVIe arrondissement de Paris, mais on y arrivera si l’on ne met pas l’éducation sur des rails positifs en vue d’un devenir humain véritable et non d’une rentabilité stupide. Voyons plus précisément de quoi il s’agit. 22 Introduction Quelle beauté, quels diamants, tant de pierres précieuses Etincellent au cœur de tous ces enfants. Tant de soleils en devenir, Partent parfois dans tous les sens, Débordent, recouvrent les rives, Replongent dans le lit du fleuve. Tant de couleurs et de rires, Tant de spontanéité. Ici pas de faux-semblants, D'hypocrisie. Parfois implacable Parfois si doux, vraiment toi-même Bas les masques, ou tu tombes Et te relèves… Vois ces visages si changeants Ces esprits si appliqués, ces âmes assoiffées De vrai, source de vie, permet que nombreux Soient ceux qui s'abreuvent à ton flot. 23 Il existe de nombreux contes et légendes, histoires pour la jeunesse, où figurent manteaux et vêtements, anciens ou nouveaux, ou armures et montures, en tant que symboles de l’état, ou même de l’existence, du corps de l’âme. Pensons ici à la toison d’or d’Héraklès, au roi nu de l’histoire du tailleur merveilleux, à toutes les histoires du roi Arthur et des Chevaliers de la table ronde, tout ce qui touche à l’amour courtois , etc...etc.. Et les enfants auront très vite fait de comprendre qu’il y a là tout autre chose qu’une histoire pure et simple. Le manteau de l’âme est une notion du domaine public, mais le public l’ignore! Tout ce qui précède, dans les histoires abordables à tout âge, comme pour notre vie, revient à poser la nécessité d’un processus. D’un devenir sans hâte, ni impatience, et précipitation, mais le plus vite possible. Je, comme vous, comme nous, dois m’inscrire dans le courant de la vie véritable actuelle. Et non dans une opposition inconsciente et stérile. La révolution atmosphérique, induisant un changement de composition de l’atmosphère, est maintenant suffisamment avancée pour qu’il puisse être dit : “Possédons nous un corps âme, ou non? Si oui, tout va bien,même si tout n’est pas gagné d’avance, car les éons ne lâcheront pas leur proie si facilement. Il faudra, conscient et décidé, poursuivre sans relâche sur tous les fronts; Non, il s’agit là d’une condition de base indispensable à la vie spirituelle psychique et corporelle des temps présents. On peut déjà largement en déceler les signes avant-coureurs, et les conséquences dans la situation mondiale. Sinon, si nous voulons accomplir notre tâche vraiment humaine pour le temps présent, il devient urgent de se “mettre à tisser”!” 24 Notre point de départ est double : comment approcher le monde en tant qu “école d’expérience” et en même temps comment l’approcher en tant que “appprendre à le quitter, maison de transit.” Le monde est une Ecole et finalement un laboratoire alchimique. Dieu a donné cette possibilité à l’homme : ses trois livres en sont les livres sacrés, le livre de l’homme et le livre du monde. Cela pour acquérir la sagesse l’amour et la force de Dieu. Qu’est-ce qu’une Ecole? Elle se définit comme une communauté d’hommes ou de jeunes qui s’occupent de comprendre et d’apprendre les choses vraiment utiles. Voici ce qu’en dit Comenius (à replacer dans le contexte historique du XVIIe siècle): Ceci est un extrait de la fin du livre de Comenius : “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Coeur”7 ... On doit apprendre à connaître Christ seul - La Bible Tu as observé comme les érudits essayaient de comprendre toutes choses. Que le sommet de ton étude soit de m'étudier dans mes actes, et d'admirer comme toutes choses sont gouvernées par moi, et toi aussi tu trouveras là bien plus matière à réflexion que tous ces érudits, et cela dans un bonheur ineffable. A la place de toutes les bibliothèques, dont la lecture procure un travail sans fin, de peu de profit, et bien souvent du mal, toujours de la lassitude et de la perplexité, je te donne ce livre unique dans lequel sont déposés tous les arts libéraux. Là ta grammaire consistera en une contemplation de mes paroles; ta dialectique sera ta foi en elles; ta rhétorique, prières et soupirs; tes sciences, l'examen de mes œuvres; 25 ta métaphysique, la délectation en moi et en les choses éternelles; ta mathématique, le compte, la pesée et la mesure de mes bénédictions, et d'autre part, de l'ingratitude du monde; ton éthique, mon amour qui doit être la règle de ton entière conduite envers moi et envers ton prochain. Mais cherche en tous ces arts, non à être vu des hommes, mais à te rapprocher de moi. Car ma lumière n'illumine que les cœurs humbles. Christ, le meilleur médecin, Tu as observé parmi les médecins leur quête de remèdes divers pour la préservation de la santé et la prolongation de la vie. Mais pourquoi devrais-tu t'inquiéter de la durée de ta vie? Demeure-t-elle en ton pouvoir? Tu n'es pas entré dans le monde à volonté, et ce n'est pas toi qui décidera de le quitter, car ma providence détermine ces choses. Assure-toi donc que tu vis bien, et je m'occuperai de la durée de ta vie. Vis seul et sincèrement selon ma volonté, et je serai ton médecin, en vérité je serai ta vie et la longueur de tes jours. Car sans moi, la guérison même est un poison, et quand je le commande, le poison même doit servir de remède. C'est pourquoi recommande moi ta vie et ta santé et n'y consacre plus aucune pensée. Voici quelles doivent être tes maximes de loi : n'envie la propriété de quiconque, mais laisse à chacun la sienne et partage avec ceux qui en ont besoin; satisfais à toutes tes obligations matérielles, rends service à autrui et considère ce service comme une dette; pour maintenir la paix abandonne tout, même toi-même; si quelqu'un veut prendre ton manteau, abandonne lui aussi ta tunique, et s'il veut te frapper sur une joue, tend lui aussi l'autre. Voilà mes textes de loi. Si tu les obser- 26 ves, tu es certain de préserver la paix. La religion du Christ Tu as observé dans le monde comme les hommes s'agrippent à leurs cérémonies religieuses et se querellent à leur sujet. Que ta religion consiste à me servir paisiblement, libre des cérémonies, car je ne les exige pas de toi. Quand tu me sers comme je te l'enseigne, en esprit et en vérité, ne te dispute avec personne à propos de religion, même si on te traite d'hypocrite, d'hérétique, ou d'autre chose. Attache toi tranquillement à moi et persévère dans mon service. L'autorité du royaume de Christ Parmi les dirigeants et administrateurs des sociétés humaines tu as observé comme les hommes aiment à se pousser en avant aux premières places et à diriger les autres. Mais toi, mon fils, tant que tu vis, cherche la place la moins élevée et désire obéir, non commander. Il est plus facile, plus tranquille et plus confortable de rester à la dernière place qu'à la première. Si tu souhaite diriger et commander, dirige-toi toi-même : A toi je confie ton corps et ton âme, au lieu d'un royaume. Tu as là autant de sujets qu'il y a de membres du corps et d'impulsions de l'âme; cherche à les contrôler afin que tout soit bien. Mais si par dessus cela ma providence se plaît à te confier quelque chose de plus, soit obéissant et fais fidèlement ce que je te commande, non en vertu de ta propre inclination, mais de mon appel. Essaie maintenant essaie de prouver ton héroïsme dans ta lutte contre eux : c'est à dire le démon, le monde, et tes propres désirs charnels. Garde toi contre ceux-ci du mieux que tu le pourras; écarte les deux premiers et 27 frappe et tue le dernier. Si tu t'acquittes vaillamment de cette guerre, je te promets en vérité que tu obtiendras une couronne plus glorieuse que le monde ne peut t'en offrir. Pourquoi chercherais-tu d'abondantes richesses? Pourquoi les désirerais tu? Les besoins de la vie sont peu nombreux, et c'est moi qui m'occupe d'y subvenir pour tous ceux qui me servent. Par conséquent cherche plutôt à rassembler les trésors intérieurs, l'illumination et la piété, et toutes ces autres choses, je te les donnerai par surcroît. Car les cieux et la terre seront tiens par droit d'héritage, je te l'assure. Et ces plaisirs ne pourriront pas et ne t'opprimeront pas, mais te procureront un bonheur ineffable. L'unité la plus chère En ce monde, les hommes cherchent de la compagnie; mais toi, évite toute agitation, et cultive la solitude. La compagnie n'est qu'une incitation, soit au péché, ou aux choses superflues, à l'oisiveté ou au gaspillage d'énergie. Car ne crains point, tu n'es pas seul, même si tu devais être seul. Car … je suis avec toi, et tu peux communier avec moi et la Fraternité. De plus, si à de certains moments tu désires une compagnie visible, sois sûr que tu t'associes avec gens du même esprit, afin que votre conversation contribue à votre confirmation mutuelle en Dieu. Que tes délices s'accomplissent en jeûnant, par la soif et les larmes, si nécessaire, et en supportant les coups et toute autre affliction, pour moi et avec moi. Mais si je t'accorde un peu de confort, tu peux te réjouir en lui, non pas pour ce confort lui-même, mais pour moi et en moi. 28 Que les hommes disent du bien ou du mal de toi, que cela ne te préoccupe pas, pourvu que je sois satisfait de toi. Sachant que tu m'es agréable, ne t'occupe pas de plaire aux hommes. Car leur faveur est changeante, imparfaite et perverse. Ils aiment souvent ce qui est digne de haine et haïssent ce qui est digne d'amour. Et il n'est pas possible de plaire à tous : en cherchant à plaire à l'un, tu déplais à d'autres. C'est pourquoi, il serait préférable de les laisser tous et de t'attacher à moi seul. Si nous demeurons en accord mutuel, les langues des hommes n'ajouteront ni ne retrancheront rien, ni à toi ni à moi. Ne cherche pas à être connu du grand nombre, mon fils; que l'humilité soit ta gloire, afin que si possible le monde ne sache rien de toi. C'est là le chemin le meilleur et le plus tranquille. … Là sont les choses suprêmes Et enfin, mon fils, en somme : si tu possèdes la richesse, l'érudition, une belle apparence, du talent, la faveur des hommes, ou quelque autre chose estimée excellente dans le monde, ne te pense pas supérieur pour autant; ou si tu n'a rien de tout cela, ne t'en inquiète pas ; mais laisse toutes ces choses, qu'il s'agisse de toi ou d'autrui, pour ce qu'elle sont, et n'ai affaire qu'avec moi, ici, intérieurement, en toi. Ainsi en te libérant de toutes créatures et en t'abandonnant et en renonçant même à toi-même, je te le promets, tu me trouveras, et en moi, tu auras la plénitude de la paix." Se dédier tout entier à Dieu est le summum des béatitudes Alors je m'exclamais : "Seigneur mon Dieu, maintenant je comprends que toi seul est tout. Celui en qui tu vis peut facilement se dispenser du monde. Car en Toi il 29 possède plus qu'il ne peut demander. Maintenant je comprends que j'étais perdu dans l'illusion quand j'errais dans le monde, en cherchant la consolation dans les choses créées. Dès aujourd'hui, je ne désire d'autre consolation que Toi, et je me rends maintenant entièrement à Toi. Fortifie moi, de peur que je ne retombe loin de Toi dans les choses créées, commettant encore la même folie insensée dont regorge le monde. Puisse Ta grâce me protéger, car je me confie en elle seule.” Et voilà ce qui fut et est toujours le summum de tout éveil, de toute pédagothérapie. Et nous allons, contrairement à beaucoup, partir de “l’HOMME PARFAIT”, pour mieux comprendre le but ici défini. Nous voulons ici montrer la réalité de l’homme parfait transfiguriste, même si nous, avorton, en sommes bien loin! Et quel est donc le sens de la vie? Tous les problèmes ci-dessus évoqués nous montrent bien l’ignorance quasi totale de ce sens profond. Quand chacun aura fait un pas vers cette compréhension, il n’y aura plus besoin de prisons ni de camps de redressement. C’est là qu’il est question d’enseignement universel, trésor matériel de tous ceux qui guident puisqu’ils ont déjà vaincu en la matière. Nous devrons approfondir cette notion d’enseignement. Car dogma en grec est enseignement, mais nous nous élevons fermement contre toute forme de dogmatisme et de fanatisme. Quel est donc ici le piège. Eh! bien nous connaissons les intellectuels. Ils appréhendent tout ce qu’ils ne vivent pas. Et celui qui ne vit pas et parle de ce qu’il n’a pas accompli, ou bien est honnête et le dit, utilisant un champ de force ou la force d’un groupe libéré pour démontrer la valeur d’un enseignement, ou bien ne peut qu’être désigné 30 comme un menteur dangereux. Rappelons notre entrée en matière : Notre point de départ est double. Comment approcher le monde en tant que l’école d’expérience et en même temps comment l’approcher en tant que “appprendre à le quitter, maison de transit”. Le monde est une école et finalement un laboratoire alchimique. Dieu a donné cette possibilité à l’homme et les trois livres sont les livres sacrés, le livre de l’homme et le livre du monde. Cela pour acquérir la sagesse l’amour et la force de Dieu. Qu’est-ce qu’une école? Elle se définit comme une communauté d’hommes ou de jeunes qui s’occupent de comprendre et d’apprendre les choses utiles. Comenius, dans sa Pampaedie en particulier, a bien des choses à nous dire à ce sujet. Si nous partons de l'idée de l'homme parfait, divers problèmes vont se poser, et nous devons tout d'abord aborder certains thèmes. Le principe de base, qu'il s'agisse de pédagothérapie pure ou du trésor matériel des fraternités spirituelles, est celui de la découverte. Comenius le formule de la façon suivante : autopsie, autopraxie, etc.. : Voici de quoi il s’agit, tiré de la “Pampaedie, ou éducation universelle” : en voici un extrait court et qui démontre parfaitement le caractère révolutionnaire de ce travail, écrit à la suite de son expérience de SarosPatak (en Hongrie), les trois principes de base de sa didactique. Il faut : 31 1) Procéder par étapes 2) Tout examiner par soi-même, sans abdication devant quelque autorité que ce soit, et surtout pas devant l'autorité adulte. (C'est, étymologiquement, l'autopsie) 3) Agir par soi-même (autopraxie). Cela exige, pour tout ce qui sera présenté à l'intellect, à la mémoire, à la langue, et à la main, que les élèves eux-mêmes le cherchent, le découvrent, le discutent, le fassent, le répètent, sans se relâcher, par leur effort propre - ne laissant au pédagogue que le rôle de contrôler si ce qui doit se faire se fait, de la façon adéquate. Or qui dit découverte perpétuelle, et ceci est aussi valable pour l’adulte qui ne veut pas voir mourir son âme, (contrairement à ce que l’on pense couramment, l’âme dans son état actuel est mortelle) signifie bien entendu chemin de développement, percée, connaissance de soi, maîtrise de soi et victoire sur soi. Beaucoup parlent d’unité à reconquérir. Cela n’est envisageable que par la connaissance, donc la découverte, de notre mémoire inconsciente, qu’il s’agisse de celle de cette incarnation ou des autres, à beaucoup plus long terme. C’est ce que l’enseignement universel appelle l’être aural. Et cette découverte n’est possible que dans un champ de force, de lumière particulier, domaine que possèdent uniquement les fraternités de la lumière, en particulier pour notre temps en Occident, la Fraternité de la Rose Croix d’Or. Les évènements de notre vie sont évidemment la première piste nous permettant de plonger dans l’inconnu. Et c’est au service de l’Absolu, du Parfait, de l’Eternel et/ou pour parvenir à ce service qu’une véritable alchimie de l’éveil ou Pédagothérapie spirituelle 32 s’impose. Il est ni plus ni moins question de préparer le jeune et le moins jeune à concevoir l’idée qu’il pourrait bien être capable, le moment venu, de construire et de laisser intervenir dans les meilleures conditions possibles, l’éternité dans le temps. L’Homme-personnalité actuel, avec sa conscience moi, est donc malgré tout l’instrument de la reconstruction de l’Homme. Au début, nous n’avons que cela! Et le jeune devra aussi devenir sensible à la notion de l’importance de son corps et de sa pensée pour conquérir au cours de sa vie la conscience du Microcosme. Le jeune comprend très vite l’importance de son”véhicule”, et alors il n’est plus question pour lui de malmener celuici. Disparaissent alors tous les problèmes “actuels” de drogue , d’alcoolisme”, de” “violence”, etc... Le pédagothérapeute est alors confronté à des problèmes tels que : comment faciliter l’accès à la “conscience de la limite”. L’enfant lui en donne souvent l’occasion. Oui Monsieur c’est vrai, mais je n’y arrive pas, je suis toujours mauvais, etc... Oui Monsieur, mais comment peut on être à plusieurs endroits à la fois. Oui Monsieur, mais avec mon corps et ma pensée, je dois manger boire et dormir, que se passe-t-il quand je dors, je ne contrôle plus rien alors, etc... L’adolescent pose souvent une multiplicité de questions amenant l’éducateur à guider vers la compréhension de la conscience de la limite, et ... alors tout commence. Quand un élève me dit : Oui, c’est vrai, je ramène tout à moi, et pourtant dans l’histoire, j’ai bien vu que de grands hommes démontraient un sens du sacrifice intense et j’ai même cru qu’ils étaient autre chose que des hommes. La stupidité de l’esprit de vénération 33 absurde et destructrice, des idoles (chanteurs ou sportifs), peut se transformer en puissance de vision du héros, comme chez les Grecs, le “demi-dieu”, comme Héraclès. C’est alors que le pédagothérapeute pourra faire appel aux mythes de tous les temps. Il montrera comment il est raconté, dans les mythes, légendes, contes et histoires le passage de l’état de consciencemoi à l’état psychique spirituel au service du Tout, et les prémisses de cet état psycho-spirituel présentes en chacun de nous. Là il faut encore laisser découvrir l’intérieur de chacun par l’intérieur, même si des éléments extérieurs, plus apparents, pourront mener à cet “intérieur” Les histoires et l’introspection montrereront alors les problèmes afférents à la conscience de la limite et parfois des moyens de les résoudre, moyens toujours situés dans la sphère de l’âme et de l’esprit, intervenant jusque dans la matière. Tout cela modifiera considérablement notre conception de l’Orientation sociale et pédagogique, le travail intérieur primant sur tout, et toute forme de métier ou d’apprentissage ne pouvant être alors qu’un élément de plus dans l’apprentissage de l’éternité. Il deviendra clair alors qu’il n’est plus question de croire, mais de savoir par expérience vécue. On en arrive à des notions de la possession de laforce de la foi, au même titre que la force de l’amour : il ne s’agit plus de croire au sens habituel du terme ! Nous avons dit que nous voulions partir de l’homme parfait : De tout temps, il a existé des hommes qualifiés d’hommes parfaits, d’envoyés, d’hommes-dieux, ou 34 d’autres noms suivant les époques, les civilisations. Par exemple les parfaits Cathares ou Moraves, les “Pater”chez les Mithriaques, etc... Ils nous semblent peu nombreux, mais nous ne connaissons pas tout. Leur caractère principal est en effet la discrétion. Ils ne se font connaître que lorsque cela est jugé bon, indispensable. Et cela correspond à un plan universel. Les libérés selon l’âme, cela est certain, ceux qui ont accompli le processus de la guérison authentique, régénération sur le plan psychospirituel, utilisent souvent des véhicules dont le plus bas niveau de densité s’apparente à ce que nous appelons énergie, ou vitalité. A moins qu’il soit jugé bon, dans le cadre d’un plan cyclique universel pour la guérison de l’humanité, qu’un ou plusieurs d’entre eux s’incarnent, adoptent un corps de chair et de sang, ce qui correspond à un inexprimable rétrécissement de conscience, sacrifice incommensurable au service du tout. Ils naissent alors d’un homme et d’une femme, et après avoir rapidement effectué une percée de conscience, enseignent à l’humanité le chemin de la guérison absolue. Bien entendu ils descendent en “équipe”, des domaines de l’éternité. Dans les domaines de l’espace-temps, ils peuvent être dispersés ou concentrés. Et ils forment euxmêmes des “hommes parfaits”. Car la première étape pour chacun d’entre nous c’est de parvenir à cet état de conscience, afin nous mêmes de participer au grand plan. Et le jeune comprend cela très vite! Donc l’homme parfait s’organise de façon à être le plus efficace pour collaborer au plan, afin de toucher le maximum d’individus. Il tente ainsi de créer les meilleures conditions pour une libération finale de l’humanité entière. L’homme parfait utilisera les moyens 35 mis à sa disposition dans le temps en question. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les enfants comprennent ces choses et cherchent, plein d’enthousiasme, comment ils pourraient aider. Il faudra rapidement leur montrer qu’en plus de tout ce qu’ils peuvent imaginer, le meilleur moyen est encore pour eux de devenir Parfait! Cette éducation à la guérison ne date pas d’hier. La maladie originelle de l’humanité s’apparente à ce que nous appelons l’égoisme, l’égocentrisme. Et encore cet égoisme fut-il nécessaire pour parvenir à un certain état de développement. Vouloir pour soi, pour sa famille, pour son peuple, pour l’humanité terrestre, pour notre Univers espace-temps sont, ont toujours été et seront source de conflits, de misère et de mort. Précisons que cela n’empêcha pas Comenius d’enseigner à ses élèves toutes les “matières nécessaires à la vie ordinaire”, et plus encore, mais dans l’esprit de parvenir à une “nouvelle conscience”. Nous pouvons parfaitement comprendre que l’expérience d’un métier, de relations familiales et sociales intelligentes, soient formatrices sur le plan psychique autant que matériel. La partie de l’humanité se voyant infectée de cette maladie, appelée la chute, (dont l’état de santé préliminaire pourrait être nommé amour parfait, don de soi et abnégation totale au tout universel) posait un grave problème. Et là aussi nous voyons les histoires et légendes venir à notre secours. Tout nous parle de cette “catastrophe”. Et l’enfant voit très vite en quoi cet évènement lointain le concerne très personnellement. Il fallait faire comprendre à l’homme-enfant de ce temps l’erreur commise; un vaste plan de secours se 36 déclencha, impliquant de nombreuse hiérarchies et vagues de vie. L’involution et l’évolution furent mises en place. Le chemin pédagothérapeutique fut ouvert pour de plus en plus d’individus. En fait il fut toujours ouvert à tous mais tous n’en firent pas usage. A l’époque actuelle l’humanité dans son ensemble a déjà atteint le point le plus bas de l’involution, de la densification. On ne peut aller plus loin. On voit bien ici l’enfant poser des limites et dire “pas plus loin ou tu tombes”. Il comprend bien mieux : il voit, il sent l’importance de l’enjeu! Ce que nous appelons involution et évolution constitue un aspect de ce plan. Le chemin pédagothérapeutique fut toujours ouvert et de plus en plus nombreux sont ceux qui le parcourent Les adolescents comprendront ainsi de mieux en mieux le sens profond de leur vie. D’ailleurs, Jan Van Rijckenborgh, dans le livre “Les secrets de la Fraternité de la Rose-Croix”9, explique très clairement que les lignes de forces de l’enseignement universel actuel seront la base de la scolarité des adolescents dans un futur relativement proche. A l’époque actuelle l’humanité a atteint le point où elle n’a plus qu’une seule issue. Redevenir l’être âme esprit conscient sur le plan microcosmique. Puis, prouvant ainsi la réalité de l’apprentissage de la grande leçon, quitter cet ordre de nature, ce monde. Il est clair que cela doit modifier complètement notre vision de toute forme d’éducation ou de guérison. L’humanité actuelle possède une individualité marquée et un mental embryonnaire, tous deux fortement égocentriques. De ce fait elle pose déjà de nombreux problèmes à elle-même, à la terre, et même au système solaire. De nombreuses activités planétaires et interplanétaires 37 s’expliquent par ce cancer!Pour l’occidental, il est quasiment impossible d’agir sans avoir intellectuellement “compris”. L’exercice du mental doit cependant changer radicalement. Il ne doit plus se limiter à la zone cérébrale, mais englober le corps entier. Pour les chinois, le mot “inconscient” se dit “intelligence du corps”. Ce qui montre bien qu’une conscience complète englobe tout le corps. Seul ce nouveau corps, ou corps de l’âme, pourra permettre une conscience psycho-spirituelle. C’est ce “véhicule”, ce “manteau” dont il est question dans les contes et légendes où il est question de char, de carrosse, de toison, ou de vêtement miraculeux. Mais la représentation intellectuelle, même parfaite, peut être dangereuse pour la guérison et pour le monde lui-même. Elle peut même devenir, si l’on n’y prend garde, un obstacle majeur, au processus pédagothérapeutique. L’intellect est un don divin, mais il faut apprendre à en faire un usage correct. Voici ce que Comenius en dit dans la “Via Lucis”: “Nous voulons nous interroger plus précisément sur ce que signifie pour nous “comprendre toute choses sous tout ses aspects... Quand nous disons tout, nous pensons à tout ce que Dieu a déjà enseigné à l’homme dans le passé et à tout ce qu’il lui enseignera encore à l’avenir dans l’école qu’est notre monde terrestre : Que ce soit au sujet de l’éternité ou du temporel, du spirituel ou du charnel, du céleste ou du terrestre, du naturel ou de ce qui relève des arts, des choses théologiques ou philosophiques, du bien ou du mal, du général ou du particulier. 38 Car les hommes doivent apprendre les choses qui concernent l’éternité. Ils sont destinés à entrer dans l’éternité et s’ils ne comprennent pas leur but, ils risquent de perdre l’éternité. Mais il faut aussi leur parler du temporel, car c’est à travers le temporel qu’on peut atteindre l’éternité. Les hommes doivent apprendre les choses qui concernent le divin. Puisque le meilleur aspect d’euxmêmes est leur aspect divin et il ne faudrait pas qu’ils le méconnaissent car ils sont d’essence divine. Mais nous habitons un corps et dans ce monde, nous ne pouvons nous manifester qu’à travers un corps : nous devons aussi connaître les objets qui nous entourent et que nous utilisons. Sinon nous risquons d’être déçus par quelque chose que nous sommes obligés d’utiliser et que nous ne connaissons pas. ... Ils doivent aussi apprendre les choses qui concernent le céleste. Car c’est des cieux que nous venons et notre Père nous a préparé une place dans ses nombreuses demeures. Nous devons donc bien connaître toutes ces choses...” 39 Pourquoi prononcer tant de paroles, Tant de réparties et de confrontations, Explications et différends. Un lac d'eau pure et des roseaux, Une rose trémière, un chat et des oiseaux, Musique de fond, extinction, rires Diffus, échos, s'apaise la mélodie. Directions et lignes de force notre époque, nous pensons que des lignes de forces projetées au XVIIe siècle par des esprits tels que Valentin Andreae10, Tobias Hesse11, Christophe Besold12 et Comenius s'actualisent à grande vitesse, dans la continuité des Ecoles des mystères Egyptiennes et Grecques, en particulier dans le domaine éducatif. Il ne se passe pas un jour sans que nous en voyions les preuves évidentes. Ce ne sont déjà plus des signes avant-coureurs, mais des réalisations concrètes pénétrant les esprits. Elle opèrent une nette démarcation entre la tromperie et la vérité, l'esclavage et l'autonomie. Ceux qui y aspirent encore trouvent les chemins de leur être intérieur. Les autres réclament à cor et à cri ou plus d'esclavage ou le droit d'avoir, eux aussi, une part de l'exploitation de leurs semblables. Certains encore sont dans un état intermédiaire qui pourrait faire A 40 d'eux des candidats à la libération. On parle beaucoup d’éducation et d’enseignement de notre temps, alors qu’on fait en vérité allusion à l’accumulation de connaissances plus ou moins intellectuelles et de schémas de comportement, allant parfois jusqu’à la névrose et à “l’indigestion mentale”.Tout ceci afin d’occuper une bonne petite place au soleil (mais à quel prix !), de préférence meilleure que le voisin (esprit de compétition, de lutte pour la vie, de “loi de la jungle” caractéristique de l’animal plus que de l’être humain).Il est évident que ma conception de l’éducation n’a rien à voir avec ces tendances contorsionistes, bien souvent causes d’intenses souffrances chez les jeunes, et les moins jeunes. Reconnaissons que de nombreux travailleurs au cours des derniers siècles, avec plus ou moins d’inspiration et de bonheur, ont donné leur vie pour que l’aspect éducatif préparant les individus à l’état d’homme ou de femme digne de ce nom retrouve la place d’honneur qui lui est dû. Il est cependant dramatique de constater à quel point des jeunes de 16 ans réclament un enseignement médiocre et demandent quasiment qu'on les emprisonne sous prétexte d'obtenir des examens sans valeur. Et si vous commencez à entrer dans le compromis à ce sujet, vous êtes fichus car sur cette pente-là vous tombez dans un rôle diabolique où vous devenez à la fois le maître et l'esclave et ne pouvez vous arrêter dans les concessions. Les jeunes, à moins d'un long travail en profondeur, sont complètement formatés dès leur plus jeune âge. Et c'est pour cela que nous allons consacrer une grande part de ce travail à l'explication de l'œuvre de Comenius, le grand prophète de la spiritualité et de l'é- 41 ducation,au XVIIe siècle, dont le travail se projette, inachevé pour cause d’immaturité de l’humanité, jusque dans notre siècle si sombre, après avoir jeté un oeil sur l’éducation en Egypte et en Grèce. Ce qui a été réveillé ici ne mourra jamais…Voici maintenant un travail qui va sembler un peu patchwork, mais il ne peut en être autrement. Voici quelques idées qui seront ici abordées, dans le désordre probablement. Advienne que pourra. Notre orientation spirituelle impliquera bien entendu une vision spirituelle (et non religieuse) de l’éducation. Divers problèmes et visions peuvent se comprendre à différents niveau, selon l’âge, la maturité et la conscience. Si l’on parle des planètes des mystères et de notre unique nécessaire, cela pourra sembler rébarbatif. Mais, à notre époque de rayonnements et d’énergie, les jeunes adolescents comprendront très vite l’utilisation à faire d’une force et les conséquences de cette utilisation. Ainsi l’explication sur les fonctions positives et négatives de l’usage fait des rayonnements émis par Uranus, Neptune et PLUTON, en fonction de ce qui est utile et de ce qui ne l’est pas, du nécessaire et du superflu, du bénéfique et du nocif, sera non seulement accessible aux adolescents, mais encore aux tout petits, sous forme de contes ou d’explications imagées et simples. Et les adultes recevront, selon leur compréhension, le lait ou la nourriture solide, développeront dans leur vie pratique les Axiomes et les Problèmes en relation avec tout type de sujet. Nous allons voir d’ailleurs à quel point l’explication brève de mythes ou de système d’accès aux mythes peut 42 s’adapter de multiples façons. Voici un passage d’un texte sur la Grèce “secrète”, autrement dit la Grèce intelligente et utile pour notre propos. Soyons clairs, quelle que soit la maturité envisagée, il s’agit d’abord d’apprendre à intelligemment diriger l’âme naturelle. L’autre face des Charites, c’est Hécate, le monde invisible, et Hermès, vécu comme force et promptitude dans l’action. La Beauté absolue est d’abord en germe dans l’invisible grâce à la force-Hécate, soutenant et participant de l’invisible au mystère des Charites. L’Initié grec sait que les figure divines vivent en lui, en particulier Hermès (assimilé ici à Pluton), force promotrice de genèse et de Vie. Pour le Grec, tout est mythe et langage. (Comme le Rose-Croix) il sait que le jeu des formes qui se manifestent en lui est un message précieux. S’il en pénètre intuitivement la sagesse et se laisse transformer par la force spirituelle présente, là, à l’arrière-plan, une nouvelle dimension s’ouvre à lui. Les Grecs savent aussi cela : dans la nature existent des images épiphaniques guidant et informant son esprit. S’il cède à cet appel intérieur spirituel, elles le mèneront à la fontaine de Vie. (inspiré du livre “Une Grèce Secrète”, de R. Godel.) On ne peut être plus clair : le monde peut être vu et considéré, avec tous ses éléments “naturels”, comme une école d’éternité, un laboratoire alchimique où l’homme se transforme en Dieu. Cela est encore plus 43 clair dans le mythe de Déméter et de Démophon. Nous le verrons plus loin au cours de ces pages. Ainsi nous voyons l’histoire se dérouler devant nous d’une manière toute différente de nos habitudes . De l'Homme à l'Universel, en Egypte et en Grèce, des voies furent pratiquées, démontrées et vécues par des milliers d’individus. Ils transforment le monde de l’intérieur, montrent comment on le quitte et comment on y revient pour le quitter à nouveau, quand cela est jugé nécessaire au grand plan. Comenius et nous (en tant qu’élève d’une Ecole Spirituelle) avons fait et ferons de même. L'adieu à la ronde en circuit fermé méne à l'Humain véritable (l' “Etre Humain” des indiens). Les mystères grecs le démontrent d’une façon si claire ! On se demande pourquoi nos professeurs ne nous l’ont pas dit, au lieu de nous faire apprendre les dates des batailles, et comment Darius fut au Granique. Divers aspects de la réalité vivante vont alors petit à petit se dévoiler à nos yeux ébahis, comme à ceux de nos condisciples et élèves. Nous comprendrons en particulier que Dualisme et Unité du tout sont parfaitement complémentaires et absolument pas contradictoires. En ce sens, comme nous l’avons vu de façon assez claire jusqu’ici et le verrons encore de nombreuses fois, au cours de ce panorama de l’alchimie pédagothérapeutique biopsychospirituelle (ouf !... mais les longueurs et les complexités du vocabulaire arrivent à peine à approcher les choses de l’âme et de l’esprit), nous sommes confrontés à l’ Auto-libération microcosmique et macrocosmique. Le "problème" du mal devient alors d’une clarté limpide : s’opposer au plan de sauvetage 44 relève du mal et y participer du Bien! Et cette lutte sans lutte est partie pour durer très longtemps, à notre échelle, même si, pour l’Universel Divin, il s’agit d’un clin d’oeil de Brahma. D’ailleurs, le “Mal” n’est pas appelé à disparaître, mais toute la “Lumière ”présente dans le monde du mélange, devra être séparée de ce “mal”. L'arbre de vie n’est évidemment pas, dans ce contexte, un arbre au bord de quelque rivière ou dans quelque paradis que ce soit. L’arbre de Vie est le feu cérébro-spinal où le système sympathique est “réveillé”. L’arbre du bien et du mal reflète le conflit entre le droit et le gauche manifesté par un chaos dans le feu du serpent. Nous y reviendrons de façon détaillée. De nombreuses histoires ou légendes prendront ici tout leursens, à différents niveaux, pour les jeunes comme pour les moins jeunes.Quand Comenius parle des querelles qui doivent être chassées de l’église, où toute forme d’accusation doit cesser, il nous est fort clair que le système nerveux et cérébro-spinal, perturbé, s’exprime par le chaos. De même les tribunaux et les cours de justice ne doivent pas tolérer la fraude et la violence. Nous voyons ici les effets émotionnels intérieurs ou chacun se comporte comme un tribunal pour lui-même et les autres, ou mensonge, donc fraude, et façade, donc violence règnent en maître. Si personne ne doit être oisif, cela signifie aussi : 1) la nécessité pour tous, jeunes et vieux d’agir dans le grand laboratoire alchimique de la nature, et 2) l’exigence intérieure de faire fonctionner les organes de façon active dans un sens nouveau. Chacun doit en effet “pouvoir procurer à lui-même et à sa famille de quoi vivre par son travail. Bien des désordres seraient ainsi évités” Pourquoi vouloir limiter tout cela à des éléments pour45 tants importants tels que la nourriture. Il est vrai que Comenius tenait absolument à ce que tout le monde dans la communauté subvienne à ses besoins, y compris les hommes investis du sacerdoce! Mais il faut aussi voir ici, en plus du fait que le “métier” peut aussi être formateur sur le plan biopsychospirituel, la nécessité de l’activité positive et intérieure. La voie de reconstruction amène le jeune et le moins jeune à entrer dans un domaine de vie nouveau, à construire le champ de vie et la manifestation intégrée et incarnée actuelle. De façon intégrée, que vivons-nous? Krisnamurti précise que tout professeur devrait être un “Homme Intégré”. Qu’entend-il par là? Si l’on pousse un peu dans ses retranchements les textes qu’il nous a laissé, on voit l’exigence : être un homme libre, éveillé! On retrouve là la “noblesse” du métier d’ “enseignant”. Manéisme et Hermétisme. Supprimer la corruption de la procédure légale, l’abus d’éloquence montre une conception ou le juste n’a pas besoin de loi, où le monde revu et corrigé est compris comme facilitant l’accès à la libération, même si la religion de la Pensée n’est encore accessible qu’à un petit nombre. S’ il faut d’abord supprimer intérieurement tout ce qui pourrait gêner la paix et la sécurité, condition sine qua non de l’utilisation du monde pour une reconstruction, si tous se doivent d’accomplir comme en un corps ce qu’ils sont capable de faire, la question demeure : Le Mal est-il consubstantiel à la manifestation humaine, et pourquoi? Ceci devient net dans le schéma où chaque groupe d’homme, comme chez Platon ou les Hindous, représente une fonction et un état de conscience: 46 Nutrition Artisans Vitalité, Médecins Intelligence Philosophes et professeurs Don de Vie -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Locomotion Commerçants, transporteurs, messagers --------------------------------------------------------------------------------------------------------------Oratoire et Juges Orateurs ------------------------------------------------------------------------------------------------------------Protection Magistrats ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Régénération Théologiens On ne voit apparemment pas de lignes hiérarchiques claires dans ce tableau, mais cela devient plus clair dans le commentaire que Comenius en fait. Tout d’abord remarquons les catégories traitées dans ce commentaire: Les philosophes, les docteurs, les hommes de lois, et les théologiens. Nous voyons bien l’implication : dans le travail de l’Ecole des Mystères, nous prenons surtout en compte quatre catégories supérieures, le restant de la 47 population représentant, sans jugement de valeur, l’homme pas encore prêt. Notons la place prédominante des philosophes, comme chez Platon. L’Appel Réaliste de l’Eternité dans le temps implique un Abandon au présent absolu, et le respect et la compréhension des lignes de forces pour l'ère nouvelle. Et en effet, Les Philosophes doivent enseigner à contempler la vérité certaine et non à disputer, à spéculer. Les Docteurs doivent enseigner à éviter les excès et à pratiquer un mode de Vie adéquat. Cette vision peut s’étendre de façon tellement vaste qu’il nous faudrait y revenir. Les Hommes de Loi doivent enseigner à pratiquer une vie juste et en paix et non à débattre constamment du “tien et du mien”. Dans l’homme individuel, on voit à quel point une harmonie, en fonction du chemin libérateur, est importante. Tête-penser, Coeur-désir et sentir, bassin-volonté et actes se devront de devenir en harmonie. Les Théologiens doivent nous apprendre à persévérer constamment par la charité et la foi, et non à retomber constamment dans la repentance et l’absolution. (Naturall Philosophye-Comenius)13 Comment comprendre tout cela? Nous pourrions y consacrer un livre, mais il me semble que le lecteur pourra méditer ces choses avec fruit, sans nos commentaires!----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------48 -----------------------------Divers axiomes guideront notre travail, il devront nous devenir de plus en plus intégrés, jusque dans notre sang, notre compréhension profonde ; il s’agit de compréhension universelle. Deux ordres de nature gouvernent notre monde, dans son état actuel, ainsi pourra se résorber le cancer que constitue notre ordre de nature. Tout est un, vu d'en haut, Dualisme absolu, vu d'en bas. La clé de l'univers, pour nous, c'est l'Homme et nous devrons rappeler : Jesu mihi omnia. Deus ex Homo. C’est par l’endoura, et l’abnégation que l’homme devient dieu, au sens, comme dans la gnose hermétique égyptienne, où “les hommes sont des dieux mortels, et les dieux des hommes immortels”. Le point focal du cœur et de la tête correspond au cœur du Macrocosme, et donc redresser (le coeur entre autres), c'est Vivre selon le Droit. Tat Vam Asi, toi aussi tu es cela, tu es le Microcosme et le Macrocosme, la rose du coeur et la couronne. Pas ceci, pas cela, ce qui signifie que nous ne sommes pas que “ quelques kilos de chair et de sang”. La simplicité est le secret de l'accomplissement et nous trouvons cela dans notre vie aussi bien que chez Jacob Boehme 14, Von Eckharsthausen15, Jan Van Rijckenborgh16, et tous les grands en esprit. Le pardon, c'est par le don. Se donner totalement à la manifestation universelle du salut divin, oublier tout ce qui n’est pas la participation au plan en soi et en tout, s’oublier même soi-même, se faire passer en dernier pour “Cela”. La sagesse, c'est l'abandon à la lumière et l'alchimie spirituelle. 49 “Se dédier tout entier à Dieu est le summum des béatitudes” Alors je m'exclamais : "Seigneur mon Dieu, maintenant je comprends que toi seul est tout. Celui en qui tu vis peut facilement se dispenser du monde. Car en Toi il possède plus qu'il ne peut demander. Maintenant je comprends que j'étais perdu dans l'illusion quand j'errais dans le monde, en cherchant la consolation dans les choses créées. Dès aujourd'hui, je ne désire d'autre consolation que Toi, et je me rends maintenant entièrement à Toi. Fortifie moi, de peur que je ne retombe loin de Toi dans les choses créées, commettant encore la même folie insensée dont regorge le monde. Puisse Ta grâce me protéger, car je me confie en elle seule.” Voilà ce que Comenius écrit à ce sujet, dans la partie “Paradis du Coeur”, du livre “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Coeur”. A nos yeux, se dessine alors une progression infinie de force en force et de gloire en gloire. Il est vrai qu’ aux yeux de Dieu, existe et existera toujours une parfaite immuabilité. Tout cela implique un certain nombre de problèmes auxquels nous allons être confrontés : Comment l'homme est-il appelé à la Vie ? Et nous comprendrons bien sûr qu’il ne s’agit pas de cours d’obstétrique! Qu'est-ce que la vie? Réponse simple des Egyptiens : la faculté de réaction. Réponse complexe: - l'unification de l'homme triple, esprit, âme, et corps, son ouverture à la triple conscien50 ce hiérarchisée authentique, et La réalisation dans le présent de l'incarnation du plan Humain. C’est par la pénétration biopsychospirituelle positive que cela se réalise; mais en quoi consiste cette pénétration ? - Les Circuits de force à découvrir dans l’Homme, et à mettre au service du plan individuel et collectif. Alors prend toute sa valeur la notion de tempérance, la sagesse de la modération, l’alliance de la Sagesse, de l'Amour, et de la Volonté. - L’Acceptation de soi et des autres constitue, quoiqu’on dise et qu’on pense, un vrai problème. L’ Intégration au sens gnostique n’a rien à voir avec l’intégration sociale, même si un “libéré” sera toujours très discret, et, dans la mesure ou cela ne gêne pas son travail de “diffusion de la Lumière”, bien souvent plus intégré à la société où il vit que divers autres types de “révolutionnaires”. Cela implique une Non-violence absolue. Dans la nouvelle sphère de vie, toute imprécision, toute inadéquacité, est immédiatement rectifiée, selon l'esprit, l’âme et le corps. D’ou la nécessité de Conscience, garde et veille. Foi, spontanéité et vigilance. L'homme nonuple et le chemin : Le trois fois trois homme réalisé est le but de la vie; Il s’agit de remettre les trois sanctuaires de la tête, du coeur et du bassin, à leur juste place, dans leur juste ordre (cf. Platon). - Forces de réalisation, séparation et rassemblement des âmes. Universalité des forces libératrices et régénératrices, de la force créatrice sainte en chacun. Ce qui implique un redressement du feu du serpent, du Djed, des égyptiens. Dans le corps humain, la sainte force créatrice s’exprime en particulier par le chakra de la 51 gorge au niveau du larynx, et le “sacrum”, sanctifiant quasi final, porte de la régénération, lieu où le “dragon” est vaincu. - Immuabilité, éternelle stabilité, et mouvement métabolique parfait. Le secret de toute guérison. L'erreur de la confusion entre la pensée et l'intellect. Sur le plan éducatif, il sera fondamental de comprendre la différence entre le “bourrage de cerveau” et le développement psychospirituel de l’être profond,? Ceci est l’unique but valable de l’éducation, l’apprentissage socioprofessionnel devant être vu comme une partie de ce développement. - L'activité et la nouvelle volonté : non pas ma volonté, mais la tienne, ô seigneur. L’abdication, la reddition de la volonté, et la naissance, sur la base du nouveau penser et du nouveau sentir, de la nouvelle volonté, grand prêtre en l’homme. Les planètes des mystères. Chaque “planète des mystères”, c’est à dire Uranus, Neptune, et Pluton, pour l’instant, car d’autres planètes sont découvertes, est de grande importance dans le développement de l’humanité, en particulier pour les glandes à sécrétion internes dans le sanctuaire de la tête. La glande pinéale, la glande pituitaire, ou épiphyse et l’hypophyse, la glande thyroïde et le thymus, jouent un rôle primordial dans le processus initiatique. Et ces fragiles organes ne doivent pas être détruits par une éducation bornée. D’autre part, Uranus a une affinité avec le sanctuaire du coeur, Neptune avec le sanctuaire de la tête, et Pluton avec le sanctaire de la tête et de la vie. Pluton, en particulier est chargé du renouvellement des facultés créatrices, ou d’un sévère “redressement” de la Vie 52 Comment le l'Homme Nouveau doit-il être offert ? sacrifice de - Quelle est l'exigence des temps ? La compréhension, fruit de la raison, de la foi, et de la joie, d'une intense attention authentique, doit tout d’abord être développée. Il ne s’agit pas uniquement, répétonsle, du mental ordinaire. Le piège de l'angoisse doit être surmonté. La magie de l'unité du groupe du nouveau Shamballa, constitué de pierres vivantes, ou en voie précise de guérison est capable de tout surmonter, de tout vaincre, même dans notre société si complexe et conditionnante, où les valeurs de rentabilité matérialiste règnent encore. La guérison devient donc là une tâche individuelle et collective. - Dans le contexte de stabilité et de mouvement qu'impliquent les puissants influx de l'ère nouvelle, quelle est l'orientation, la réalisation, et quels sont les pièges à éviter pour tout candidat aux mystères…. ? Ces questions ne sont pas inutiles. Nous essaierons d’aborder, parfois d’effleurer ou d’indiquer ces questions de façon la plus concrète et la plus précise possible, avec autant de prudence et de dynamisme qu’il nous sera donné de le faire. Clarté est fruit de patience. Patience est prudence. - La Cuirasse dont parle Paul dans son épitre représente en fait, comme le bouclier et le casque, des parties anatomiques et spirituelles précises du corps humain. Offrande, paix, stratégie d'attente et d'offrande. L'expression, le développement des qualités en tant que vivification des lignes de force du travail spirituel et non en tant qu'exutoire aux champs de tension. 53 - Nous partons d'ici, mais, jusqu'à l'extrême limite de nos possibilités présentes en ce monde, nous servirons la Gnose de tout notre cœur, de toute notre pensée, de toute notre âme et de tout notre esprit. La pensée abstraite doit prendre forme mais surtout pas devenir sujet de conflit intérieur ou dans le groupe. Allusions aux phénomènes de la pensée, et définition de l'illusion en tant que pensée en circuit fermé non équilibrée pas le silence. - Assimilation et Compréhension, reviennent à service constant et universel. L'unité du tout doit se manifester en nous par le tranchant du fil de l'épée, dans l’équilibre des trois sanctuaires. La nature du silence, plein de la vie hors du mélange doit être découverte de l’intérieur. Comment notre conscience et notre compréhension vécues des lois spirituelles, alliées à un travail intelligent, libre de tout conflit et de toute violence, peuvent-elles nous extraire de la vie dans le mélange ? Ainsi chacune de nos respirations contribue, à l'humble mesure de notre conscience présente, au souffle divin. Nous devrons tenter de comprendre les phénomènes psychospirituels et démontrer l'unique possibilité, la pratique d'une psychologie où n'existe plus cette fâcheuse tendance humaine : celle du vouloir accompagné immédiatement du non-vouloir, autrement dit la dialectique. L'homme véritable ne se pose pas de questions, il agit selon sa conscience. Corollaire : dans ce sens, agir présuppose réfléchir avant d'agir, selon la soif du cœur purifié. Agir n'a rien à voir avec quelque impulsion issue de la prison humaine, aussi dorée soit-elle. L'erreur à ne pas commettre ici consiste à partir des représentations, des reflets de pensées, que l'on peut reconnaître à leur vio54 lence ou à leur tendance à repousser à plus tard. Subtilité du "processus dans le temps" qui doit être accepté comme facteur de maturation, et du " dès le début de la quête du chercheur de lumière, le soleil vivant est présent et l'accompagnera toujours". - Energie, concentration, organisation, et abandon. Les causes de la lutte sont toujours à trouver dans le désir horizontal, dans la liaison à ce monde, dans le vouloir des biens terrestres, de la reconnaissance, et du pouvoir, pièges subtils où l’ego pointe délicatement son nez. Alors, quand nous voulons et faisons, la sanctification, donc la coïncidence des temps, espace-temps et énergie, peut s’accomplir. Car en définitive, c’est nous qui décidons de qui ou de quoi nous nous rendons “esclaves”, comme le dit Paul. Une Orientation positive, une aspiration conséquente fera que la fameuse endura si mal comprise ne pourra que s’accomplir dans le bonheur. L’Intuition reprendra son sens véritable et l’incarnation en ce monde prendra sa signification pleine et entière. L'homme peut passer toutes les portes, mais ne doit s'arrêter à aucune. La nouvelle atmosphère est l'unique possibilité de guérison. - La perception et la maturation dans le nouveau champ de vie, dans la nouvelle atmosphère pourtant présente en ce monde, sont comme une transfusion totale de tous les organes. Paradis du cœur et Gnose Universelle ne sont plus alors de doux rêves. Une conscience absolument présente, simple, directe d'où tout ce qui n'est pas Dieu est exclu, ou enveloppé et compris, car ce que l'on appelle Dieu est perfection indicible, omniprésence, et se développe maintenant. Cela est compassion et douceur, 55 générosité, exigence intelligente et justifiée de victoire. La stratégie mise en place maintenant est unité dans la diversité, et ne vise à aucune ruse tordue que nous avons pourtant tant expérimentée en ce monde. Ethnosophie, cosmosophie, et astrosophie. - Uranus, c’est l'Amour qui ne blesse jamais - Neptune, c’est le développement de La Sagesse - Pluton c’est L'acte libérateur, le flambeau de la Paix et de l'offrande absolue. - L'exigence astrosophique présente, c’est la réalité des rayonnements actuels avec lesquels il faut se mettre en harmonie, l’adaptation de la tradition au moment présent. - Notre Tâche : - Comment vivre en facilitant l'accès de l'incarnation triple, Esprit, âme, et corps nouveau, pour l'avènement de l'Homme du Verseau. Et maintenant que nous avons établi ce “programme”, nous ne sommes pas tellement plus avancé. Disons que nous avons évoqué une atmosphère générale. Nous n’avons cependant pas la prétention de traiter tous ces aspects de façon exhaustive. 56 Préambule Autour du feu, de l'eau vive Ciel, Astres Etoiles, Rota. Ensemble dans les grottes, la lumière noire. Un grand silence descend et les roses rayonnent Vivifiées. Energie dynamique, force sidérale Envahit jusqu'aux plus infimes recoins Elevons, élevons-nous, élevons tout. Ciel terre nouveaux. Notre temps est un passage crucial, comme toutes les périodes analogues de fin et de renouvellement. Un moment ou amour et espoir se manifestent pour tous. Une moisson se rassemble. Les soubresauts de la bête blessée ne sont que les symptômes d'une guérison générale de l'humanité, contrainte de réagir positivement ou de disparaître, ou de retourner à l’état préhistorique, selon l'état de conscience où la trouve la faux qui coupe les gerbes. Nous avons la responsabilité de garder lucidité, clarté, et paix intérieure authentique dans la tourmente du cosmos et de la terre. A notre minuscule échelle, ces convulsions nous semblent terribles, mais il ne s'agit que de l'inexorable marche du Logos : il appelle à la résurrection l'humanité entière et le macrocosme dans son ensemble. 57 Chacun, à la mesure de sa conscience, porte la responsabilité individuelle de cet accomplissement, aidé et propulsé qu'il est par les forces gnostiques à l'œuvre. - Les planètes des mystères et notre unique nécessaire : Aucune tension, aucun conflit ne peuvent subsister longtemps dans l'empire d'Amour. Chaque participant de cette moisson des temps porte la responsabilité individuelle du travail universel, à son humble mesure. Comme à chaque intervention libératrice, une partie des hommes s'enivre dans sa tente, et l'autre, malheureusement la moins grande, se retire dans une solitude où elle sait qu'elle est une avec le noyau du tout. Confronté à l'exigence absolue d'un travail impersonnel au service du maître intérieur, chacun est ici docile au non-manifesté. Aucun égoïsme, aucune ambition personnelle, aucun orgueil, aucune avarice ni amour propre, aucune colère ni légèreté, aucune gourmandise ni ivrognerie, aucune envie, aucune paresse n'ont de place chez l'homme qui aspire à répondre de façon parfaitement positive à l'appel du Verseau. Il laisse alors mûrir les fruits du travail intérieur. Il est bien évident que tout ceci réprésente un travail sur soi, devant mener à la victoire sur soi ! Personne n’est spontanément parfait ! Au fond, qu'est-ce qu'un conflit. Une explication biologique ne nous serait ici d'aucun secours, même si elle permet de nous éclairer sur des sensations. Non, nous devons comprendre ici le phénomène ressenti-mentalimaginaire. Il nous incite à faire valoir notre représentation de la réalité et non à agir selon ce qui EST, au sens le plus absolu du terme. L'homme, est une structure 58 complexe d'esprit, de psychisme, ou d'âme, et de corps. La qualité de la nourriture qu'il fournit à ces trois aspects, selon les principes axiomatiques de l'immunologie biopsychospirituelle, détermine s'il vit dans le monde du conflit ou dans celui de l'Amour. Et pourquoi faire tant de bruit ? La parole est si peu utile, ou alors il s'agit de la Parole. "Si ce que tu vas dire, (ou écrire) est plus beau que le silence, alors parle", dit un proverbe arabe. Précisons : Les champs vibratoires, qui vont de l'absolu, de l'éternité, au monde densifié ou nous vivons, mathématiquement parlant, ne comportent pas de "séparation" entre eux, dans le sens où l'énergie peut s'exprimer en vibrations par secondes. (Cf. GNOSE ORIGINELLE EGYPTIENNE (1)17. Pour l'efficacité de notre travail, nous avons cependant adopté le concept fondamental des deux ordres de nature. Et la question est de savoir si nous avons nos racines dans l'ordre de nature du silence ou dans celui du bruit, du conflit, ce monde donc, cette prison. Celui ou celle qui comprend la nature de la prison et, comme le pèlerin dans le paradis du cœur de Comenius, voit à travers sa fenêtre Christ venir à sa rencontre se rappelle immédiatement toutes les occasions où il a été placé devant la porte et n'a pas osé entrer. Alors commence en vérité la grande transfusion, transfiguration de l'être entier par l'élixir de vie. Dans l'abandon total, le pardon (par le don) l'homme, après une rétrospection de toute son existence, se rend compte qu'il fut le jouet du destin, car il se nourrissait encore de ce champ "dialectique". Il remplace maintenant dans une incarnation parfaite tout l'ancien, à condition qu'il sache tirer la leçon du passé. Au moment crucial de la décision, il décide alors avec fruit 59 de résister coûte que coûte à la tentation d'utiliser l'ancien mode de vie et d'être. D'un tranchant harmonieux il se détache de la construction qu'il accomplit. Il se libère alors de tout l'imbroglio karmico-psychique dans lequel il était retenu sans en avoir toujours bien conscience. Ce qu'Apollonius de Thyane18 appelle : retourner des tombeaux. Il est peut- être intéressant de citer ici les sept exigences pour l'accomplissement de la voie de lumière posées au chapitre XXI de "la Voie de Lumière"19 de Comenius. Tout en insistant très nettement : Comenius n'a jamais eu en vue l'utilisation des idées dont il n'était que le dépositaire, interprète de la tradition éternelle, pour l'instauration ou la préservation de quelque forme d'Eldorado, ce dont ses détracteurs l’ont plus ou moins accusé, et l’accusent encore quand ils ne limitent pas sa philosophie à une partie, la moins importante,de sa pédagogie! Cf . La “Voie de Lumière”: “ Nous savons très bien ce qu’il faut attendre du renouveau si ardement désiré; Nous prendront donc très justement la décision de nous occuper de la réalisation du plan, prêtant ainsi main-forte à la Bonté divine. A cet effet nous aurons besoin : I) D’un coeur rempli d’une très grande confiance II) De la plus fervente des prières à Dieu III)Du zèle et des efforts soutenus de nombreux hommes sages IV) De la faveur des hommes haut placés 60 V) D’intelligence et d’ordre méticuleux de la part des travailleurs. VI) D’une utilisation rapide de ce qui aura été élaboré VII) D’une rapide propagation d’un groupe à l’autre jusqu’à arriver à l’universalité tant désirée.” lors ceci nous devient clair : toute forme de conflit, de dialectique conflictuelle, est un poison violent. Mais ceci ne signifie absolument pas la passivité et le refus de l’action. Wei-wu-wei, signifie en chinois, l’agir dans le non-agir. La force du groupe des rachetés de la terre réside en ce qu'il possède la puissance de l'Amour. Et nous trouvons alors la force de résister à la tentation qui nous guette à chaque pas. Et notre unique force, force de guérison, de paix, et de renouvellement, est nettement résumée dans les quelques lignes de Jacob Boehme (De l'incarnation de Jésus Christ, Chapitre IX 2, 3, 4 : De la virginité de Marie, ce qu'elle fut avant la bénédiction, et ce qu'elle devint par la bénédiction.)20 : A " Car toute notre religion consiste en trois points, que nous pratiquons et enseignons ; savoir, premièrement, de la création ; de quelle essence, substance et qualité l'homme est ; s'il est éternel ou non, et comment cela se peut ; quelle est proprement l'origine de l'homme, d'où il est provenu au commencement. Secondement, puisqu'on parle et enseigne tant de sa chute, que nous sommes mortels et sous le joug de la méchanceté et de la source furieuse, - ce qu'a donc été sa chute. 61 Et, en troisième lieu, puisque Dieu veut de nouveau nous recevoir en grâce, à quelle fin il a donné des limites, pour anéantir le mur qui nous empêche d'entrer dans la patrie originelle.” Ainsi notre lutte doit posséder les qualités nécessaires, c”est à.dire. la force de ne pas lutter. C'est comme si un filet descendait pour saisir les microcosmes mûrs pour cela, des domaines vibratoires de l'éternité. Cela implique aussi un état de “non-moi”, vécu de façon progressive, consciente et intelligente. omment réagit l'humanité, en général. De l'incréé, de l'immuable émanent des rayons de force venant incorporer les soleils latents, les microcosmes humains. Une véritable transfusion de lumière peut ici avoir lieu, l'intégration au nouveau champ de vie. Pour cela la reddition endouristique indiquée ci-dessus est fondamentale Mais que se passe-t-il parfois, et c'est d'ailleurs la cause de bien des maladies contemporaines ? On observe une réaction de l'ombre face à la lumière, qui se défend pied à pied jusqu'au dernier moment. La phrase classique de l'évangile de Jean, "La lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont point reçue" est ici au plus haut point à méditer. Chacun pourra ainsi déterminer à quel stade il se situe encore dans le phénomène de résistance, où dans celui de l'endura, du processus transfiguristique. On trouve déjà dans les Psaumes l'avertissement suivant : C “Pourquoi tout ce tumulte parmi les nations, ces vaines pensées parmi les peuples ? 62 Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils ? Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l'Eternel et contre son oint ? Brisons leurs liens, Délivrons-nous de leurs chaînes.” Et cela n'est pas sans conséquence. Car toute forme de résistance, consciente ou inconsciente, aux forces dématérialisatrices positives de Pluton est ou sera balayée comme un fétu de paille. La responsabilité de chacun est ici claire : ou participer consciemment et avec enthousiasme à cette auto-révolution et à l'intervention du Verseau, en chemin vers une absolue nonviolence, et un détachement sans faille auquel s'intègre alchimiquement l'être entier ; ou résister et être balayé. Comme moyen terme, il n'y a que la bonté de l'Amour qui puisse intervenir. Mais cette bonté, à laquelle recourt celui qui est dans la lumière, implique une réaction positive. L'amour ne croît pas sur un sol souillé. Il exige, il suscite de celui qui en est l'objet qu'il fasse tout pour garder la tête et le cœur dans la lumière. Cela ne se développe pas par une volonté de domination ou de puissance, ce n'est au contraire que par l'effacement, le silence issu du brisement, la disparition intelligente qui ne cherche pas à obtenir la libération mais s'abandonne sans chercher à saisir, sans vouloir pour soi, mais vraiment pour tous. Il est ici intéressant de citer les réactions négatives, que l'on pourra expliquer grâce aux dernières découvertes de la science biologique moderne, telles qu'elles furent exprimées déjà au XIXe siècle par Karl von Eckhartshausen : 63 Nuée sur le sanctuaire (Karl von Eckhartshausen) p.126-21 " Le gluten, matière du péché, peut être modifié différemment par des excitations sensibles ; et d'après l'espèce de modification de cette matière du péché, se distinguent les mauvaises inclinations au péché. Dans son plus haut état d'expansion, cette matière opère la présomption, l'orgueil ; dans son plus haut état de contraction, l'avarice, l'amour-propre, l'égoïsme ; Dans l'état de répulsion, la rage, la colère ; dans le mouvement circulaire, la légèreté, l'incontinence ; Dans son excentricité, la gourmandise, l'ivrognerie ; Dans sa concentricité, l'envie ; Dans son essentialité, la paresse. " Citons ici encore un passage du " Dei Gloria Intacta ": “Et nous voyons aussi que la transfiguration, incorporation dans le champ de vie de la lumière, comprend la régénération. Mais la régénération n'est pas encore la transfiguration. Mieux, l'incorporation dans le champ de vie de la lumière nécessite l'abandon total, c’est à dire de laisser derrière soi, le moment venu, toute forme.” Problème : Pourquoi, alors que toutes les forces aidantes, démasquantes, et brisantes, sont à l'œuvre, mettons-nous parfois aussi longtemps à comprendre l'exigence des temps, et surtout comment se fait-il, qu'au lieu de nous poser tant de questions, nous ne consa64 crions pas nous-mêmes tout l'enjeu de notre être à Cela. Pourquoi démontrons-nous tant d'impuissance à réaliser en nous-mêmes et autour de nous la révélation qui nous est si généreusement accordée. Comment parer à et prévenir ces difficultés ? On peut expliquer tout cela, mais à quoi bon e qui compte c'est notre unité intérieure et extérieure, et la mise en application de nos possibilités, malgré les difficultés. Obéir à la loi du cœur, est-ce donc si difficile que cela ? Oui, si l'on écoute en même temps la voix du mélange ; non, si l'on développe un discernement suffisant pour démasquer cette voix et lui opposer une fin de nonrecevoir absolue, même progressive.Toute forme d'hésitation à agir alors que l'on a bien écouté et compris, ne fait qu'augmenter tensions et malaises. Le tranchant de l'épée effilé sépare le juste de l'injuste, le pur de l'impur. Cela n'exclut pas, bien au contraire, la juste réflexion. Mais une fois la décision prise, l'intuition juste doit être mise en œuvre, sinon c'est tension et folie. C'est fermer la porte à l'expérience au sens où celle-ci est acte irréfléchi. C En bref, nous pouvons observer que l'unique nécessaire est simple obéissance au plan inscrit en chacun de ceux qui participent au groupe de la libération, tout en s'assurant à chaque pas de la bonne coordination de l'ensemble, et en gardant sa propre autonomie en éveil. En effet, ne perdons pas ceci de vue qu'un jour arrivera ou, le groupe se détachant de ces lieux de mort, l'enveloppe extérieure se videra de son contenu et chacun sera confronté à son propre discernement. A ce moment, et même avant, il n'est pas exclu qu'un seul, ou peu, puis- 65 sent, alors qu'ils conservent la liaison intérieure, être repoussés par la majorité du groupe, pourtant coupée de la source véritable. C’est ce qui se passa entre les gnostiques du début de l’ère chrétienne et ce qui allait devenir le catholicisme Romain. Voyons maintenant comment était approchée la notion d’éducation en Egypte, et il deviendra clair que, quel que soit le niveau de connaissances intellectuelles (et pourtant les Egyptiens en avaient beaucoup), l’essentiel se retrouve de tout temps. 66 Pédagogie : Tout vient d’Egypte Maintenant il ou elle s'ouvre au monde Et découvre la Vie Tout d’abord quelques généralités : La pédagogie C'est l'Art d'instruire et d'élever" les enfants. Et surtout de les amener à l’éveil psychobiospirituel. C'est un savoir-faire qui sous-entend une méthode pour une acquisition de savoirs, mais surtout un chemin parcouru à la fois par le guide, l’éducateur, et l’apprenant." Théorie de l'éducation, normative et critique, d'une part et d'autre part, art et sciences de l'éducation dans la pratique ". (Lexique des sciences sociales) C'est un art sur lequel on réfléchit car on doit pouvoir apprécier ses actions, voir ce qu'elles valent, pour les réajuster. Cela s’appelle en philosophie spirituelle la connaissance de soi, sans laquelle rien n’est possible. Si cela provoque une démarche scientifique d'observation, la créativité qui permet d'adapter ses observations à la réalité éducative, relève plus de l'art. Des questions se posent : comment cela fonctionnet-il? Quel en est le résultat ? Quelles conditions font varier les résultats? Tout ceci reste au niveau de la spé67 culation. Dans la réalité pratique le déroulement risque d'être différent de ce qui a été prévu. Il y a une caractéristique d'empirisme. Et surtout quel est le but fondamental de la pédagogie? S’agit il d’adapter l’individu à un existant ou de lui faire concevoir ce monde comme une “maison de transit?” Les théoriciens ne sont pas forcément les cliniciens et réciproquement. C'est ainsi qu'il y a deux actions bien différentes: - Celle du pédagogue de laboratoire qui conçoit des méthodes théoriques, isole des phénomènes, essaie de mettre à jour des lois. - Celle du praticien confronté à des situations singulières et menant une recherche. Par exemple c'est la différence entre J. J. Rousseau et J. Pestalozzi22.. Certains, comme Comenius, ont exploré les deux aspects. Donc la pédagogie n'est pas seulement la didactique, c'est à dire tout ouvrage dont le but est d'instruire, mais c'est aussi l'explication méthodique des procédés d'un art, d'une discipline et l'ensemble des méthodes qui recherchent les conditions optimales d'enseignement. Elle est surtout le développement de lignes de forces qui accompagneront l’homme tout au long de sa vie, lui donnant un sens profond. Ceci sous-entend l'étude et la connaissance d'autres disciplines comme la psychologie, la sociologie, l'histoire, l'anthropologie, l'économie. D'après Durkheim23: " Il faut savoir mesurer, former l'esprit en même temps. La pédagogie a surtout une théorie qui se réfère à la pratique et à son observation, c'est pourquoi elle est toujours remise en cause." 68 LES COMPOSANTES DE LA SITUATION ÉDUCATIVE. Elles sont multiples et complexes, imbriquées les unes aux autres. Nous présentons celles qui nous paraissent essentielles. - Les personnes: L'enfant, ou l'éduqué, qui peut-être aussi un adulte et l'éducateur. Leur passé, leur être profond, psychique, karmique et microcosmique. Leurs sentiments, La connaissance qu'ils ont d'eux même, de leurs possibilités et de leurs limites. Leur connaissance, l’écoute et l’attention réciproque, la motivation, l'aspiration à participer à l’apprentissage sous toutes ses formes, qu’il s’agisse du soi-disant “maître” ou de l’élève. La perception qu'ils ont l'un de l'autre. Voilà quelques composantes de base, de ce que l’on pourrait appeler la “situation pédagogique”, de ce que l'on appelle habituellement la relation pédagogique. Il y a des contradictions possibles au niveau de : La méthode, Est-elle un appui ou un enfermement ? Une possibilité de création ou ne s'adresse t-elle qu'aux possibilités d'obéissance, que ce soit pour l'enseigné ou l'enseignant…La méthode, si méthode il y a, doit toujours être remise en question et fondée sur l’observation et l’efficacité dans les domaines principaux du devenir humain, donc des progrès en matière de maturité, de responsabilité, et d’autonomie. 69 La place de l'attente ou de l'immédiateté, Dans l'acquisition : de toutes façons, l’apprenant se retrouvera toujours placé dans les mêmes situations d’apprentissage tant que son être profond n’aura pas assimilé la quintessence de l'expérience. Ce qui fait qu’attente ou immédiateté seront liés aux progrès de la compréhension. Les sentiments entre les personnes qui composent la situation pédagogique dynamisent ou étouffent. Il est bien clair qu’une atmosphère de coopération, de compréhension mutuelle, et d'enthousiasme sincère devront être à tout prix instaurés. Quelle est la place de l'intuition ou de la démarche rationnelle, organisée et méthodique ? Le savoir est-il pouvoir ou humilité ? Il faut savoir attendre : faire à la place est une intervention abusive. Le but étant l’autonomie, l’éducateur placera devant des situations ou des exercices et laissera l’apprenant le plus possible maître du jeu. Ce qui implique que la pseudo-frustration de l’enseignant devra laisser la place à une relation intelligente avec le jeune (ou le moins jeune). Il n’y aura ni maître ni élèves, mais des élèves plus ou moins avancés sur le chemin. La frustration, quelle est la part entre le"trop ou le trop peu"? L'autorité étouffante ou l’attitude libertaire ? Voyons de plus près certaines données qui entrent en jeu au niveau de l'élève Qui est -il? C'est un tout, c'est à dire qu'on ne s'adresse pas seulement à son intelligence, mais aussi à son corps, à son âme, à son microcosme. De plus, il a une histoire ; c'est 70 à dire qu'il a déjà des connaissances et aussi des intérêts, mais cette histoire peut-être aussi marquée par des échecs, facteurs d’éveil ou de blocage ! Il faudra apprendre à l’élève, quel que soit son âge, à ne plus être victime, esclave du succès ou de l’échec. On peut apprendre des deux, peut-être d’ailleurs plus de l’échec. Si c'est un adulte, a-t-il eu des échecs ou aborde-t-il ces apprentissages pour la première fois? Quelles sont ses capacités? Son système nerveux fonctionne-t-il bien? Pour un enfant ce peut être une question de maturation. Pour un adulte ce sont des habitudes mentales, une façon d'écouter, de percevoir et d'utiliser ses sens. (l'enfant aussi d'ailleurs). Rien qu'un contrôle à ce sujet peut dévoiler des faiblesses qu’il est nécessaire de connaître. Par exemple, comment gère t-il ses hémisphères droit et gauche, c'est à dire sa perception globale ou linéaire. Les origines de la dyslexie peuvent être diverses, on parle quelques fois d'atteinte organique des hémisphères, d'autres y trouvent des origines psychologiques. Et voici maintenant la simplicité pédagogique égyptienne : Qu'y a t il de commun entre un pois chiche et un faucon ? La Mère originelle engendre les deux et leur donne une similitude d'apparence qui donne la puissance d'évocation de l'accomplissement du nom " Her Bak ", Face de Faucon ou Pois Chiche. On y retrouve aussi Horus, le fils de la veuve. L'accomplissement du Nom, c'est la manifestation et la réalisation du nouvel état véhiculaire quadruple, quintuple, puis progressivement septuple du " Fils ". 71 Car le Nouveau Penser, s'il constitue l'expression du quatrième véhicule encore embryonnaire enfin réalisé de façon concentrique, se développe en un corps de feu qui donnera naissance au cinquième véhicule de l'Intelligence, puis deux autres " Corps " perfectionneront et démontreront la perfection du Fils de l'Homme, de l'Homme Dieu. Car, comme le dit Hermès, les dieux sont des hommes immortels et les hommes (actuels) des dieux mortels. Et tout cela commence par des choses très naïves, très simples. Celui qui parle aujourd'hui d'ouverture du cœur prête plutôt à sourire, et pourtant, c'est par là que tout commence, et cela le plus tôt possible, dès la prime jeunesse. Et qu'on ne nous rebatte pas encore les oreilles à nous dire que certains y sont prêts et d'autres non ! Qui décidera de qui est prêt, si ce n'est justement la voix du cœur ? Tous doivent recevoir les possibilités de tous, et rien ni personne ne doit être laissé à l'écart. Toute semence porte ou portera son fruit, et celui ou celle qui ne jette pas la semence dans le sillon alors qu'il peut le faire se charge d'une lourde faute. Et nous voyons un énorme mastodonte, immonde reptile, machine rouillée lentement s'effondrer, l'Education Nationale en France, qui continue cependant à perpétrer des meurtres d'âmes par une " école des egos " qui incite à et entretient l'état de guerre économique, politique et intellectuel ; ce qui est la meilleure façon d'empêcher la sérénité nécessaire au passage de l'humanité à une spirale supérieure, même si, au pire, on peut considérer que même une situation d'humiliation et de tension révoltante possède sa part de dose formatrice. Oui, mais à quel prix ! ? 72 Revenons quelques instants à l'Egypte et considérons la façon dont y était conçue l'élévation, l'éducation (élève, e-ducere). Pour ce faire, jetons un œil dans ce merveilleux petit livre que tout éducateur devrait lire et relire, Her-Bak Pois Chiche, de Schwaller de Lubicz.23 On y voit au début un " petit insolent ", fils de paysan, voué probablement à succéder à son père à la tête de la ferme, s'y ennuyer ferme. Et si un pédagogue de premier ordre, qui se trouve en même temps être un sage de son temps ne l'avait pas remarqué à la suite d'une incartade pendable sa vie aurait été une suite d'humiliations et d'incompréhensions, la mort d'une âme pourtant si sensible. Et ne voit-on pas tous les jours se reproduire ce drame dans nos écoles et nos cités.(voir Tokyo Sonata, de Kurozawa, où c’est une pédagogue, professeur de musique, qui sauve l’âme en question contre son père) Il est vrai que dans l'ancienne Egypte, toute la structure de la société, autour de l'axe du temple, tendait à vraiment, par l'exercice de la Maat, justice-véritéamour, à permettre l'émergence de cette ouverture du cœur et son épanouissement, et donc à donner à tous ce qui lui permettrait d'exercer au mieux son métier d'homme en chemin vers la manifestation du Dieu en lui. Ecoutons : " - Est-ce bien le chemin, ô mon âne ? … Tu as perdu ta route ? Moi aussi !Ce pays est nouveau pour nous deux : autant de sable que de champs ! Et ce long mur qui ne veut pas finir… " Her-bak, jeune garçon qui vient juste de recevoir son pagne, de nouer sa ceinture, s'est égaré ; mais n'avons nous pas nous aussi perdu notre route, et ne nous trouvons nous pas dans un pays nouveau, derrière un long 73 mur … ? Le char ailé du Phèdre de Platon est devenu un âne ignorant et perdu. " Ciel Lumineux jusqu'à la blancheur aveuglante ! Sur l'horizon d'Orient, un profil de cimes arides borne l'étendue désertique. Le sable caillouteux s'approche jusqu'aux bords de la terre vivante…Deux puissances rivales : un Soleil et un fleuve, dont l'épouse commune espère la fécondation ou doit subir la consomption, l'une et l'autre sans concession, sans artifice, sans excuse. Sans excuse…, Ô Egypte, ô terre des Neter ! " Ne voyons nous pas ici la rigueur de la responsabilité de l'homme, car celui qui souffre ou qui fait souffrir, c'est sans excuse que chaque homme éveillé s'en juge le co-responsable. Il y aurait encore tant à dire sur ces quelques mots d'introduction qu'il est préférable de se taire. " Sur le bord du chemin qui longe les cultures, une haute muraille arrête la vue, au grand dépit d'un enfant curieux qui chevauche son âne en poursuivant son rêve. - C'est une montagne ce mur ! Que peut-il entourer ? (montagne symbole de l'initiation N. D. A.) Pour être si haut, il doit cacher quelque chose … quelque chose d'immense ! …(en effet, il s’agit du temple… - Mon père est grand cultivateur …je ne serai pas cultivateur…Arrête toi, fais halte, je veux savoir ce que cache ce mur. " Et c'est ainsi que le jeune curieux, sans le savoir, va découvrir l'existence du temple, car son cœur assoiffé (ab, en égyptien de l’époque) l'y appelle. Ce jeune étourdi ne sait pas qu'il scellera ici bientôt un destin 74 d'exception. …Au pied d'un sycomore, l'âne, docile, stationne sous la plus basse branche. Alerte comme un singe, l'enfant s'agrippe ; il parvient peu à peu à se hisser jusqu'au faîte de l'arbre. Mais la hauteur du mur défie l'œil indiscret. " Et l'âne n'est pas si docile que cela puisque le voilà qui a filé ! L'enfant cherche l'issue qui ouvrira la porte… " Soudain, un cri de joie, une porte dans la muraille !… il se hisse sur une borne, il agrippe ses doigts aux portants… - Hé, fripouille! Si tu ne descends pas sur tes pieds je te fais redescendre sur la tête…D'où sors-tu vadrouilleur, né d'hier ? Sûrement tu es fils de ton âne ! - Je ne suis pas né d'hier, j'ai noué ma ceinture ; traite moi comme un homme, je ne suis plus un moutard !” Combien se croient des hommes et ne sont que des moutards, et combien sont prêts à humilier ces jeunes impatients, alors qu'ils valent bien moins qu'eux ! " - La grosse patte noire empoigne la " ceinture nouée d'hier ", le renverse tête en bas… et d'une magistrale volée, le remets sur ses pieds … le cachesexe déchiré reste aux mains du gardien. - Fils de singe, rends moi mon daïou ! Rends le moi !… - …- Alors un grand sanglot secoue le petit homme " Il ne sait pas encore que son apprentissage commence. Il devra apprendre à reconnaître un pédagogue chez son pire ennemi, il devra savoir et comprendre, et cela 75 ne viendra pas forcément sans mal, que tout est source de connaissance pour celui qui deviendra responsable de tous et d'abord de lui-même. Car l'intégration à la chaîne passe par la victoire sur soi et l'abandon de toute lutte. Et en effet, le sage n'est pas loin … " Que t'as fait cet enfant ! Sous le regard hautain, la brute s'affaisse, domptée, et vient lécher les pieds du maître en tremblant. - Que t'as fait cet enfant !(…) - Que ta grandeur l'apprenne : ce pou a voulu forcer cette porte… -… - Il m'a volé mon cache-sexe : je ne peux plus retourner chez mon père ! Le Maître, amusé observe en silence ; l'enfant, honteux, renifle et boit ses larmes… …- Que va dire mon père ? Ce matin je me suis levé comme un homme fier … et voilà : je suis nu … nu… nu ! - Et avant-hier, tu ne l'étais pas, nu ? L'enfant, interdit, hésite : - Je… je ne savais pas ! Un large sourire sur la face grave ; la grande main entraîne la petite main … la petite main…Quelques pas… et l'enfant, suffoqué, voit s'ouvrir la porte du mystère. " Et voilà la première leçon de connaissance, ou plutôt 76 d'ignorance que reçoit Her-bak, Pois Chiche, face de Faucon d'Horus en devenir. Il découvre l'immensité de son ignorance. Souvenons-nous du jour ou nous avons nous aussi découvert l'abîme qui nous séparait de la connaissance, du jour ou nous avons, reconnaissant pourtant, pris conscience de notre triste état et des immenses possibilités auxquelles nous pouvions cependant, grâce à l'immense amour des sages, aspirer si nous étions prêt en toute innocence à passer la petite porte. Et comprenons, après cette magistrale leçon de pédagogie, que malgré tous les gardiens prétentieux, nous devons veiller en toute circonstance à préserver à tout prix et chez le plus inattendu de nos frères, le feu latent, oui, même à souffler discrètement dessus, pour qu'il puisse lui-même, en toute autonomie, en faire un flamboiement intense. Car la patience dont on a fait preuve envers nous, nous devons maintenant en faire preuve vis a vis de tous. En chacun gît un " Her-bak ". Ah, la force, la puissance et l'inéluctabilité du feu !La douceur de la combustion ! Seul un feu pur et équilibré, maîtrisé, a la faculté de se frayer un chemin à travers tous les obstacles. Face au chaos et à la misère des déchaînements qui s'affrontent, feu d'enfer qui fait rage, seule une magie du feu libre de pathos peut sauver et préserver, protéger, et faire vraiment vivre. Nous en trouvons le témoignage dans la Gnose Egyptienne : " Les corps des êtres célestes gardent l'ordre unique que le Père leur a donné dès l'origine ; et cet ordre est maintenu indestructible par le retour de chacun d'eux à l'état de perfection " 77 Ecoutons ici les commentaires de JVR : " Celui qui apprend à dominer le feu, celui qui ne se donne pas à l'activité explosive, tient en son pouvoir la force opposée. L'équilibre entre ce qui est centrifuge et ce qui est centripète, entre chaleur et froid, les forces jumelées de la nature, a pour conséquence l'harmonie véritable, le métabolisme idéal, la transfiguration. Si vous vivez ainsi, le classique péché de Lucifer est supprimé. Tel est le secret de la magie gnostique. " (G.O.E. t II p. 266)24 Et au fond, tout ce que nous avons pu vivre ou expérimenter d'une façon ou d'une autre ne fut il pas une préparation au grand œuvre de détachement, une préparation qui comportait déjà des éléments de cette cessation des désirs dont parlait déjà le Bouddha. Tout homme dont l'aspiration est authentique est placé devant cet accomplissement, quelle que soit sa place dans une soidisant hiérarchie intérieure ou extérieure. Chaque jour nous confronte à cette exigence, qu'en faisons nous ? Bien sûr, nous trouvons toujours des moyens de nous arranger avec. Nous savons bien que ce qui nous retient encore devra se détacher de nous. Chaque jour, chaque heure, est pour nous l'occasion d'aller encore plus loin dans ce processus radical, sans évolution. C'est l'éveil et la disparition de la souffrance, ou bien le massacre de Dogville. La relation avec l'autre, n'importe quel autre, est parfois tellement complexe et incompréhensible, qu'il est souvent préférable de ne pas trop " chercher à approfondir " certaines attitudes qui nous échappent. Ce qui compte au fond, n'est-ce pas de rester sans trop de réaction sur le plan de la personnalité. Et une attitude fran78 chement désagréable d'un " autre " ne doit surtout pas être encouragée par une demande d'explication qui serait ici intempestive. Il est un fait que l'expérience démontre qu'une attitude " désagréable " s'effondre d'elle-même si on ne la nourrit pas par un questionnement qui ne fait que souligner et renforcer le sentiment négatif qui est à l'arrière plan de cette attitude. Imaginez un monde ou jamais au grand jamais On n'oserait rabaisser , diminuer quiconque. Imaginez un monde ou la moindre moquerie Comparaison compétition, serait inimaginable ; Ou il serait impossible de penser même : Regarde le voisin prend exemple sur lui. Imaginez alors plus jamais de rancune Et d'énergie perdue à esquiver l'ignorant(e) Encore à ce niveau de relation inhumaine. Mais ce monde existe, dépend de toi, de moi. Il attend que nous le fassions naître. Car il n'existe pas de toi de moi, mais un Nous plein d'Amour qui veut nous embrasser. Et au lieu de dire : " qu'est-ce qui ne va pas, quel est ou quels sont les problèmes ", on dirait alors : " que puis-je, que pouvons nous faire, comment pouvons nous aider, faire avancer la situation ; oui, là il y a un travail, 79 quelque chose à faire ! " Et ceci est valable sur tous les plans de la matière et de l'esprit. Une image me revient : une classe où la parole se dilue dans le groupe, une préparation est en cours, ambiance de salle de rédaction. Je laisse faire. C'est la meilleure solution pour l'instant. Soudain un élève a une demande particulière, veut que je lui lise et explique un passage d'Harry Potter, dont nous parlions auparavant. Immédiatement, mon attention se porte sur lui, et deux ou trois élèves embrayent. Ce qui fut expliqué cette fois là fut compris et intégré ! Nous devons tout le temps être à l'affût de la meilleure façon d'aider ceux qui nous sont confiés, en fait par notre simple présence, par notre attention silencieuse et sans artifice. Cela est infiniment simple, c'est une exigence dont on ne peut se passer ; il est peut-être superflu de trop en parler… Et comment agit donc le “Maître” avec Her-Bak : ... - Petit, quel est ce signe? - C’est un oeil. ... - C’est un pied. - Dis ce que tu comprends. - L’oeil me regarde, et le pied ...est posé. Oh! Celui là veut marcher. Quelle simplicité, n’est-ce pas! Nous en sommes presque dérouté, cet enfant ne semble pas bien malin... Et pourtant, écoutons la suite. 80 Le prêtre triomphait (Ne sommes nous pas souvent, trop souvent ce prêtre) : - Ta Grandeur daigne le constater, il ne sait rien -Et toi, dis lui ce que tu sais. Dédaigneuses, les lèvres prononcèrent : - Ce divin caractère, qui est l’image d’un oeil, se lit àr ; c’est un signe horizontal. Cet autre se lit b ; c’est le signe du pied vertical, relatif quand à sa hauteur, affectant forme de pied quoique jambe, et supposant la jambe quoique pied. Entre autres acceptions canoniques ... - Cela suffit pour aujourd’hui : mais si Râ pouvait effacer de mon cycle cinquante de ses circuits, je sais fort bien lequel des deux savoirs je choisirais. - Oserai-je espérer l’entendre de ta bouche, O Maître de Sagesse? - Certes, ce ne serait pas le tien. ... Et la parole continue dans sa simplicité, cette fois adressée à Her-bak : - ... un autre maître t’attend pour éveiller ton coeur. - Où m’attend-il? - Dans ton jardin, dans ton champ d’orge... - Je ne l’ai jamais rencontré. ...Et la parole continue dans sa simplicité, cette fois adressée à Her-bak : 81 - ... un autre maître t’attend pour éveiller ton coeur. - Où m’attend-il? - Dans ton jardin, dans ton champ d’orge... - Je ne l’ai jamais rencontré. - Tu ne savais pas le chercher. Il aime les questions d’enfant ; demande au grain comment il s’ouvre, compte les pousses du palmier, apprend l’heure avec les oiseaux ; demande au vent du Nord d’où vient son souffle vivifiant, au vent du Sud d’où vient son feu. - Qui répondra? - Celui dont tu porte le nom. Quand donc chaque enseignant, devenu un Maître de Sagesse, pourra-t-il répondre avec autant de simplicité et de pertinence?... Comment le Sage essaie-t-il de dompter ce qu’il faut bien appeler l’insolence d’Her-Bak (qui veut dire à la fois pois chiche et faucon, le symbole d’Horus)? Nous le voyons un peu plus loin quand celui-ci est invité à l’école des scribes, où il commence à se gonfler d’importance ! Et d’abord comment se passe son arrivée à l’école des scribes : Accablant est le soleil; somnolent est le portier affalé sur le seuil. Une galopade de pieds nus le réveille en sursaut : - C’est toi, Pois Chiche? - Moi-même en vérité! Salut portier, fils de portier, qui engendrera des portiers jusque dans l’éternité! 82 - Salut voyou, fils de voyou, qui engendrera des voyous aussi mal lavés que leur père. - Répète ce que tu as dit! - C’est ton maître qui te le répétera. Va donc le voir dans cette tenue, barbouillé ... Va, cours, il a déjà demandé ses sandales (NDA : le maître Menkh a choisi Her-Bak comme porteur de sandales, ce qui constitue pour HB un insigne honneur). ... -Tu me dois le respect, je viens de l’école - J’aurais du le deviner à ton insolence. ... Et ainsi HB va se présenter devant celui qui est chargé de le guider dans son apprentissage, dans tous les sens du terme. Et comment va-t-il “châtier” HB ? ...Menkh présente un miroir devant la face tachetée d’HB. -Admire ton visage, ô Her Bak ! Thot enseignera-t-il son singe maladroit, qui ne sait même pas maîtriser son calame ? Devant son image grotesque, la honte de Pois Chiche se change en décision soudaine : - Ô Menkh, que ta justice châtie ces doigts coupables, mais que ton mépris n’écrase pas ton serviteur : il n’avait pas compris ! - L’ignorance n’est pas une excuse, Pois Chiche. Si les premières leçons ne m’avaient point appris l’impor83 tance du geste parfait, jamais on ne m’eut introduit dans les secrets des techniciens dont je suis le chef aujourd’hui. Ces douze mois d’école, que t’ont-ils appris ? - Je connais les hiéroglyphes et je sais les transposer en cursive. - Montre moi ton travail. ... - Le travail vaut les mains de l’ouvrier. Le scribe, ton maître, est-il satisfait de ces chefs d’oeuvre? - Sans doute, il ne m’a fait aucun reproche. - Quelle place te donne-t-il à l’école? - Dès le premier jour, il me fit asseoir à ses pieds; il ne m’a jamais enlevé cette faveur -N’as-tu point honte d’usurper la place d’un bon élève... Ton coeur serait-il souillé comme tes doigts? Pois Chiche pleure, vaincu... Menkh déchiffre les tessons apportés par HB. - Le noble scribe royal, Pois Chiche,...Celui dont on apprécie tout ce qui sort de sa bouche, Pois Chiche, ... Celui qui connaît tous les secrets du Ciel et la Terre, Pois Chiche, ... -Qui t’a dicté ces textes admirables ... Et quelle sera la décision de Menkh ? Eh bien il va confier Pois Chiche à ce que nous appellerons “l’enseignement professionnel et technique”. Et non pas pour 84 l’humilier en le renvoyant à des tâches subalternes ! Non ! Pour lui apprendre l’importance du geste et de la parole justes et réfléchis, pour lui donner quelques notions d’humilité et de courage, en bref pour le faire “mûrir” au contact des maîtres-artisans, à la parole rare et au compliment parcimonieux. En cette période si particulière, où la possibilité est offerte à tout chercheur sérieux de devenir parfait en tant qu'homme, essayons d'examiner les obstacles à la réalisation de l’ unique nécessaire. Cela a déjà été fait, par exemple sur les plans sociaux, philosophiques, religieux, mais on se plaçait surtout dans l'optique de l'amélioration de notre monde ou de l'espoir d'une réalisation dans un au-delà futur. Or nous aimerions placer ce problème sous l'angle de vision du rétablissement, de l'incarnation de la lumière, autrement dit des forces de rayonnement supérieures présentes au cœur de chacun, mais enfouies, non encore révélées. Chacun de nous pressent la possibilité d'une telle réalisation. Et s'il est parfois étreint par le désespoir face à l'état lamentable de notre planète, et par conséquent face à son propre état, c'est bien parce qu'il ignore le chemin qui pourrait lui permettre l'accomplissement. On pourrait partir de l'image suivante du prologue de l'évangile de Jean : "La Lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont point reçue". Si nous voyons clairement ce qui s'oppose à notre développement en tant qu'homme parfait, nous pourrons plus facilement nous orienter dans ce monde où les idées fourmillent, où les luttes et les tensions se multiplient, prenant au piège les meilleures intentions pour les diriger vers ce monde dévoyé et son continuel tournoiement sans fin. 85 L'homme qui prend conscience de son emprisonnement aspire déjà à briser les murs de sa prison. Au fond cet emprisonnement est une illusion, illusion entretenue par tous ceux qui y ont intérêt. Nous aimerions nous attaquer à l'un des obstaclesillusions les plus subtils, après quoi le reste nous semblera d'autant plus évident. De nombreux être humains le voient d'ailleurs, mais ne savent pas trop comment s'y attaquer. Cet obstacle touche surtout les pays et les classes de la population que l'on a coutume de qualifier de "favorisés", puisqu'ils sont plus à même de subvenir à leurs besoins que les autres. Rien ne dit que cela durera d'ailleurs. La conscience sous-jacente de cette impermanence, la multiplication des maladies dites "de civilisation", et la révolte que l'intervention vigoureuse de Pluton provoque, nous permettent d'affirmer que le terrain est prêt pour la compréhension de ces choses et leur acceptation par le plus grand nombre. Celui qui va vraiment le chemin de la perfection, contribue d'autre part, par sa respiration même, et son existence dynamique quoique discrète, au processus général de guérison. 86 Changement de paradigme Ce matin le temps se couvre par ma gauche Le grillon est là et me parle de toi A l'est rougeoiement de l'aube Bosquet d'arbres, éveille toi de ton sommeil ! Quand je rentre de ma journée Les canards cancanent Les gosses crient c'est la récré Et sur mon lit je pense à toi ; Je déracine la souche Elle ne s'envolera pas, elle attendra demain, La ratatouille, elle, n'attend pas, C'est aussi pour toi que je cuisine. D e quelle nature est donc cet obstacle. Nous aimerions l'appeler complexification, multiplication des besoins artificiels, recherche des causes en dehors de soi. Le problème n'est pas en fait l'ignorance de cet obstacle, (de nombreux chercheurs en sont conscients) mais la minimisation de l'urgence à l'éliminer. Essayons d'imaginer un homme dont les besoins seraient réduits au minimum, à un minimum intelligent, un minimum biologique acceptable par tous. Tout d'abord insistons une fois de plus : l'objectif n'est pas ici de poser les bases d'un état idéal. Indirectement, la multiplication des individus qui perceront à travers tous les obstacles mènera indubitablement, à plus ou moins long terme, à cet état 87 idéal. Non, ce qui nous intéresse ici c'est de mettre en relief de façon claire la folie consistant à explorer le monde qualifié d'objectif, dans l'espoir de trouver un remède à la maladie fondamentale de l'humanité. Il est aussi important de démontrer l'urgence à retourner à une simplicité de bon aloi. La simplicité en question ici n'est pas celle dont tout le monde se moque, à tort d'ailleurs. Les manipulateurs du sermon sur la montagne ont voulu nous faire croire que ce type de simplicité d'esprit constituait une des conditions de la béatitude, alors qu'il s'agit de l'aspiration à l'esprit. C'est l'état d'être de celui ou de celle qui concentre son énergie sur l'unique nécessaire et la détourne de moins en moins sur le plan horizontal. On parle beaucoup de morale et d'éthique, mais quel est l'unique critère d'un comportement juste si ce n'est celui-ci : consacrer toute notre énergie à la réalisation de l'homme parfait, conscients de nos besoins, mais conscients aussi de l'exagération que nous en avons fait. Une autre nécessité se fera alors sentir, celle d'une autre nourriture, plus subtile, et donc de la réduction progressive, propre à chacun, de ces besoins qualifiés un peu trop vite de "naturels". Nous aimerions ici analyser le processus qui est la cause de cet obstacle. Il s'agit en fait d'un mécanisme de défense. L'homme moderne est attaqué par une exigence intransigeante, l'appel impérieux au retour à l'harmonie avec la vibration universelle libératrice. Et une des façons de se protéger (cf. Démasqué, de Jan van Rijckenborgh, éditions du Septénaire, à Tantonville54)25 de cette attaque consiste à projeter cette nécessité ultime sur le plan horizontal, et donc à chercher dans les recoins mal connus de notre prison vibratoire des nourritures qui nous permettraient de subsister encore un peu 88 des pots de viande d'Egypte, car ces pots de viande ont aussi des aspects subtils. Cette trahison, qui est psychologiquement tout à fait compréhensible, doit être démasquée de nos jours comme elle le fut de tout temps. L'appel à la raison n'est pas celui qui consiste à prolonger un statu quo, d'ailleurs voué à la disparition, mais celui de l'arrêt conscient du plus grand nombre possible d'hommes, et du retour qu'ils effectuent sur eux-mêmes, tranchant impitoyablement, sans lutte ni tensions, dans le cancer que représentent toutes les évocations, les dénaturations, les détournements et les artifices protecteurs L'heure n'est plus aux grands discours, aussi enthousiastes soient-ils. Au fond, une grande partie de notre civilisation est bâtie sur l'animalité. Or il s'agit justement d'en sortir, tout en reconnaissant l'utilité de notre véhicule actuel pour en tirer le meilleur parti, mais sans s'y attacher. Ici nous devons être à la fois prudents et nuancés. Se libérer de l'animalité constitue un processus progressif de maturation qui exige de tenir compte du corps et de" l'état d'être de départ". Vouloir, de façon artificielle et contrainte, se libérer de l'animalité ne conduirait qu'à des excès et à des explosions, donc à des résultats contraires à l'objectif visé. Ce n'est pas en luttant contre l'animalité qu'on arrive à la vaincre, mais en vivant et en vivifiant d'autres forces, en déplaçant son orientation vers l'utilisation positive de la nouvelle force créatrice, en désirant et en mettant en œuvre ce nouvel agir, puis en cessant même de le désirer, suite logique de son intégration. Ceci constitue tout un programme, très réaliste, qui commence par une connaissance lucide de son propre état et la mise en œuvre d'une vraie maîtrise. Nous le répétons, celle-ci n’a n'a rien à voir avec la contrainte. 89 Notre psychobiologie est pétrie de très anciens réflexes, et, tant que la reproduction de l'espèce, telle que nous la connaissons, est nécessaire, ils doivent être acceptés. Mais dès que nous avons décidé de sortir du cadre de la lutte pour la vie, dès que nous avons compris les exigences de la vie de l'être humain pris dans son sens supérieur, tout change. Nous n'obéissons donc plus aux même lois. Notre Unique Nécessaire n'est donc plus constitué par la perpétuation ou l'amélioration de la race, mais bien plutôt par un réel changement de nature prenant pour support le corps dans son état actuel tout en incarnant progressivement un véhicule libre de la sphère matérielle de l'existence que nous connaissons, et de sa sphère subtile. Et là se posent de multiples problèmes que chacun devra résoudre pour lui-même, et qui se résument à la question : jusqu'où puis-je me permettre de participer à cet ordre de nature sans nuire au processus de changement évoqué ? Cela est très simple. Diminution jusqu'à disparition, en même temps que croissance des nouveaux véhicules. Un point cependant mérite notre attention. Tant que l'harmonie avec les nouvelles forces n'est pas réellement installée, nous avons besoin des anciennes forces. Ici rien ne sert de se suggérer quoi que ce soit. Cette harmonie, quoique possédant divers degrés, doit être construite non par une quelconque culture, mais parce que cela va de soit, parce que l'âme y est vraiment prête, en a besoin et non seulement y aspire, mais s'y trouve comme par une nouvelle naissance, même dans un corps malade. Pour parvenir à cet état d'être intégralement vécu, un courage à toute épreuve, et une lucidité sans faille, accompagnés d'une exploration de la complexité 90 menant à la simplicité, sont absolument nécessaires. Les recherches en matière de psychologie cherchent à comprendre le phénomène humain de façon scientifique. L'homo scientificus a pour caractéristique de tout vouloir saisir avec son intellect, pensant que les frontières de la connaissance seront repoussées jusqu'à ce que l'homme puisse appréhender l'univers, en connaître les lois, et pouvoir ainsi déterminer la conduite de sa vie en conséquence, pour le bien du tout. Ceci est bien entendu le cas le plus séduisant, le cas le plus courant étant celui d'une humanité cherchant à préserver son territoire, comme si elle constituait un immense corps devant se défendre contre des ennemis, dont la nature reste à déterminer(cf. " La planète des singes "). La première hypothèse semble la plus raisonnable, mais elle possède cependant une faille. Si on peut raisonnablement penser que l'Homme parviendra un jour à une perception telle qu'il devienne en mesure d'explorer les confins de l'Univers, par le retour à l'unité, il nous faut ici être d'une précision telle qu'elle ne laisse aucune place à des conceptions anthropomorphiques, au sens où nous projetterions dans cet état d'être à réaliser, celui qui est le nôtre actuellement. A l'heure actuelle, en tout cas dans les pays soi-disant civilisés, le développement intellectuel est parvenu à un point tel qu'il est possible de déceler les signes avantcoureurs d'une révolte de la nature. Ce développement provoque des maladies mentales, qui sont en croissance sur toute la planète. Aller faire une psychothérapie ou être suivi par un psychiatre devient chose courante et facilement acceptée. Toutes sortes de méthodes de guérison voient le jour. On pourrait se poser la question : quel est le prix, hors de toute rémunération monnayable, 91 que doit payer le patient pour sa guérison ? Nous reviendrons sur ce sujet. Il est évident qu'une maladie déclarée doit être soignée. De même, la tentative de guérir les multiples maux psychiques qui déferlent sur l'humanité est louable et se doit d'être encouragée. Mais, si nous voulons cesser de tourner en rond dans le sempiternel circuit de la vie et de la mort, il nous faut essayer de comprendre la cause de ce déferlement de maladies incurables, touchant plus particulièrement le système nerveux. Essayons d'aborder le problème de façon intuitive, axiomatique, par images. Du point de vue des échanges de rayonnement, ce n'est plus un secret pour la recherche de pointe, que les circuits neuronaux sont potentiellement à même de capter l'univers entier. Ceci ne possède d'ailleurs qu'un intérêt limité. Or la cristallisation, la concentration excessive d'énergie en un point doit toujours être arrêtée, et cela se produit par tous les champs de tension intérieurs et extérieurs auxquels nous participons, et dans lesquels nous nous sommes mis nous-mêmes. La circulation, la fluidité, le métabolisme "sain" exige une inversion totale de la vision générale actuelle. De nos jours l'intensification des forces de rayonnement révèle, démasque. Et l'intellectualité excessive pourrait être comparée à un excès de gourmandise, qu'Hermès, dans le “Corpus Hermeticum” qualifie de "délices impies". " L'homo scientificus " veut saisir avec son intellect comparatif, déductif, mesurable. Précisons ici que nous n'attaquons personne, et que, heureusement, la conscience de nombreux scientifiques leur permettra de rejoindre cette vision qui en appelle tout simplement au bon sens et à la sagesse. 92 Or l'intellect est localisé dans la tête, et ne comprend que les fonctions binaires ou au mieux ternaires. Mais qu'est-ce qui exprime la réalité ? L'expérience démontre qu'une thérapie efficace est celle qui permet un vécu authentique et non abstrait, qui inscrit dans le corps les "symptômes" et les met en relation avec l'homme dans sa totalité, leur donnant un sens, et induisant progressivement une liberté conquise sans violence et sans opposition systématique. Comme il existe différents degrés de taux vibratoires, il existe divers degrés de conscience. La non-lutte qui accompagne la recherche de la vérité et surtout sa mise en application dans la vie quotidienne, permet seule de passer d'un champ vibratoire dans un autre. (CF. ; Gnose Originelle Egyptienne tome I, Chap.XVIII, la réalité de la libération, p.149 à 152 Ed. Rozekruis Pers, 1978)26 es milieux religieux dissertent souvent sur la maison du Père. Mais ce que serait cette maison du Père n'est jamais sérieusement examiné, ou alors de façon théologique. Cela est pire que tout, car le théologien possède rarement l'état de conscience correspondant à son discours. C'est là la grande trahison classique, qui fait prendre la carte pour le territoire, la photo pour la réalité, le discours pour le réel. C'est pourquoi tous les discours, toutes les suppositions ou explorations mentales, reflets d'une réalité non-vécue, sont renvoyés à leurs auteurs sous formes d'anormalités de toutes sortes ou de pouvoirs tous plus dangereux les uns que les autres. L Celui ou celle qui développe une recherche ne correspondant pas à son état d'être réel est poussé à une 93 limite : Soit il abandonne toute prétention à saisir et à accumuler avec son intellect des réalités ne lui appartenant pas et franchit alors la limite devant laquelle est placée l'humanité entière, soit il sombre dans la folie, même si celle-ci n'est pas officiellement reconnue. Tout dictateur porte en lui de cette folie là, ainsi d'ailleurs que tout être humain cherchant à imposer de force quoi que ce soit. Ou bien l'homme se situe avant cette limite, vit encore dans le monde du mélange, et cherche à saisir, à expérimenter, avec les outils qu'il connaît, ou bien il vit et s'intègre progressivement dans le monde de l'absolu. Il est de plus en plus facile à tout homme de savoir, en ce qui le concerne, où il en est à ce sujet. Il peut donc en toute conscience prendre la décision de s'orienter vers le monde de l'absolu. Cela semble un peu schématique, mais un saut qualitatif doit de nos jours être accompli, et cela non pas en pensée, mais "en esprit et en vérité", incarné dans un système de véhicules nouveaux prenant pour support l’ancien, limité au maximum. Ici un arrêt s'impose, et quelques explications ou rappels. Au cours des siècles de multiples conceptions du monde se sont affrontées. Elles n'ont pas fait avancer l'homme d'un pas sur le chemin de la réalisation vraiment Humaine. Aussi semble-t-il vain de rappeler les oppositions entre monistes et dualistes. Nous tenterons de démontrer que toutes ces oppositions ou courses folles ne sont que l'exacerbation d'une incompréhension, d'un non-vécu, où l'explication et le développement intellectuel prend le pas sur la réalité. La logorrhée dialectique y développe la primauté sur la réalisation intérieure authentique. 94 Et cela n'est pas simple, comme le dit Mme Catharose de Petri dans "La Parole Vivante"27 : "Il n'est pas simple pour un homme né de la matière de vivre dans cette vérité universelle unique, dans cette unique lumière, car dans la nature inférieure ou matérielle, la Vérité Unique créé une sorte d'ombre. Autrement dit : le raisonnement intellectuel ordinaire de ceux qui vivent toujours de la matière et en elle est quasiment en opposition constante et presque sans cesse en conflit avec l'unique vérité de l'âme esprit." Notre mode de travail : la main qui ne tremble pas, le fil de l'épée, la simplicité et l'évidence, tests de notre orientation. Qu'est-ce que la psychologie, à l'origine ? Quel est le sens profond de cette science ? A l'origine c'est une science sacrée, la science de l'âme, connue depuis la nuit des temps. L'homme désorienté essaie, à l'aide de quelques bribes, de garder le cap dans la tempête qui déferle sur lui. Or la nouvelle psychologie de l'ère du Verseau est non-dialectique. Elle tranche très nettement dans toute forme d'explication ayant recours à des causes héréditaires, ancestrales ou karmiques, dont sont friandes les tendances New Age. A l'heure actuelle, les forces à l'œuvre permettent à celui ou à celle qui est bien déterminé de surmonter tout ce complexe imbroglio. Il est en effet bien facile de s'y perdre. Il peut être intéressant, dans un premier temps, de comprendre ce qui nous a amenés à notre triste état. Mais il est bien plus important de collaborer, en tant que pur canal de ces forces, à l'intégration du plus grand nombre possible dans ce nouveau champ de vie (domaine vibratoire supérieur, échelle de Jacob, nouveau Shamballa) qui aspire à une vitesse de plus en plus gran- 95 de tous ceux qui le désirent vraiment. Une connaissance de soi très lucide prenant en compte toutes les dimensions humaines, esprit, âme et corps, est bien entendu indispensable. Remises en questions et effondrement de toutes les illusions se multiplient heureusement à notre époque révolutionnaire. Cependant la "voie droite" celle qui permettra de franchir la limite à laquelle se heurtent tant de chercheurs à notre époque, exige le recours à une toute autre problématique. On peut passer sa vie à expliquer les comportements par des causes biologiques, neuronales ou psychiques, d'ailleurs en interaction, sans faire un pas dans la résolution du problème fondamental : entrer dans le juste comportement, découvrir la Vie par l'abandon de soi, maîtriser et contrôler sans contrainte son système entier à partir d'un état de vie issu du plus profond de l'être. Le centre mathématique, le cœur du rayonnement de l'être humain peut être mis progressivement en relation avec les champs de rayonnement directs et non transformés. Dès lors un processus permet à l'intuition véritable de s'éveiller, et à l'enseignement universel d'être reçu toujours plus directement. Le comportement juste consiste alors à suivre cette voix intérieure, et comme le dit l'évangile, à y demeurer fidèle jusqu'à la révélation d'une vérité plus élevée. Cela ne peut s'accomplir que par un travail libérateur pour le monde et l'humanité, sachant que ce travail restera vain tant que la compréhension ne sera pas suffisamment mûre.Alors viendra le moment où la priorité des priorités sera : la mise en pratique du travail sur soi, avec le moins de mots possible, donc le comportement pratique et évident que dicte la voix intérieure, avec toute la circonspection et la prudence que cela implique. 96 otre champ de vie actuel, tant microcosmique, cosmique, que macrocosmique, constitue en lui-même comme un cancer, au vu de la parfaite manifestation originelle. Notre unique nécessaire, dans ce contexte, vise au rétablissement, à la guérison. Mais qu'est-ce que la guérison ? Qui dit guérison dit hygiène, en particulier hygiène mentale. Et donc conception juste de l'objectif poursuivi, autrement dit du but assigné au champ de vie où nous vivons. Mais qu'est-ce qui "vit" vraiment? En fait, du point de vue purement biologique, dès notre naissance, nous cheminons déjà vers la mort. Notre corps physique dans son état actuel est voué à la disparition. Nous pourrions même dire, heureusement qu'il en est ainsi, au vu des dégâts qu'un tel corps, mal dirigé, occasionne autour de lui. Et qu'est-ce qu'une vie qui est vouée à la mort ? La Vie, encore latente en nous, est immortelle, éternelle, indestructible. Si elle se situe dans une dimension très présente, elle est insaisissable par notre compréhension purement intellectuelle. Comprendre, vivre cette vie représente un changement de nature radical. Et c'est ce changement de nature qui constitue la guérison. Ce changement de nature est notre unique nécessaire. N Cette auto-révolution est bien entendu le produit des multiples expériences individuelles et collectives que les siècles ont accumulées en nous. Mais c'est surtout le résultat de cette fameuse "hygiène", qui envisage l'être dans sa totalité. Et celle-ci n'est pas le résultat de l'accomplissement d'une loi issue de l'expérience millénaire de l'humanité. Elle ne dépend pas du temps, mais de la mise en œuvre de l'intuition vraie. L'homme et sa personnalité ont un rôle à jouer dans ce processus de guérison, un rôle très important, celui de serviteur dans la maison de son propre petit mopnde, ou microcosme. 97 La personnalité actuelle, encore incomplète dans la plupart des cas, doit, par le service et le sacrifice, constituer le support transmutateur d'une autre personnalité, d'un autre corps quadruple, personnalité transfigurée. C'est cela la guérison. Cela commence par l'Amour, l'accueil et la vivification intérieure, l'intégration de la force d'Uranus. C'est vivre le nouvel affect qui ne blesse jamais. La vie véritable passe de façon inéluctable, non pas par la sentimentalité bourgeoise, mais par la puissante force de la douceur qui vainc toute force brute. Cette force-là se démontre. Intégrer et actualiser cette force-là constitue la première exigence pour celui ou celle qui veut devenir vraiment humain. Ce travail, cette hygiène émotionnelle-là doit se manifester jusque dans les moindres nuances du comportement, au cours d'un processus sans compromis. Les tensions constituées par l'incomplétude de l'intégration de cette force, les éventuelles résistances dues au passé et à l'éducation, devront céder si nous voulons accomplir notre tâche d'homme. Au fond l'expression "le droit chemin", démontre l'exigence ici posée, exigence où l'éthique est évidence, et non hypocrisie morale. Tant qu'il restera ne serait-ce qu'une once d'illusion sur cette force, tant que nous nous accrocherons encore à notre survie ou à notre auto-conservation, tant que, comme le dit la bible, l'amour ne sera pas parfait en nous, nous rencontrerons difficultés sur difficultés, et nous baptiserons celles-ci du pompeux nom d'expériences, sans voir que nous en sommes les uniques responsables. 98 ous voyons autour de nous conflits, lutte et guerres se développer au nom de cet amour, problèmes multiples qui découlent de l'ignorance et non de la méchanceté, ignorance de l'unique chemin universel qui est de nos jours ouvert à tous et à chacun, dans la mesure où il se sent prêt à y consacrer sa vie. L'homme sur ce chemin de guérison devra traverser tout son enfer personnel, démasquer illusions et tentations qui ne le lâcheront en fait jamais, tant qu'il possédera un pied dans ce monde. Mais il est possible que se développe une sagesse qui permette de s'élever au-dessus de toute cette folie. Et là intervient la force de Neptune. Nous n'avons pas besoin de décrire les réactions négatives aux forces de Neptune. Elles sont le lot quotidien des hôpitaux psychiatriques. La maladie est ici évidente. Le remède l'est moins. Il implique une orientation révolutionnaire, et découle logiquement de la réaction positive aux forces d'Uranus. N Qu'est-ce que la sagesse ? C'est avant tout un état d'être vécu, un processus aussi, une conscience, un courage. Le courage d'agir selon ce que l'Amour nous montre, sans activités explosives, sans faux-fuyants ni excès, et sans tomber dans le piège classique de la trahison intellectuelle qui mène à l'établissement de lois, de contraintes. Cela doit naître du respect, de la compréhension et de la mise en œuvre de cet "unique nécessaire", et non d'une complexification croissante, cancer destructeur qui a assez duré, né de l'illusion qu'il faut chercher loin pour comprendre ce qui est en nous. Comenius disait que l'homme devait mettre en œuvre ces trois facultés "Savoir, Vouloir, et Pouvoir". La sagesse doit s'actualiser en "Savoir, Oser, Vouloir, et Agir." 99 Il ne nous serait pas de grande utilité de disserter sur la sagesse, mais bien plutôt d'y parvenir. Toute représentation non réalisée constitue le début d'une indigestion mentale. Ce n'est pas ce qui est mangé qui nourrit, mais ce qui est digéré. Il en est de même pour l'homme dans son ensemble, et en particulier pour la pensée. Le renouvellement, donc la sagesse, passe par la transmutation en actes justes. Un des facteurs d'anxiété est l'inertie. La sagesse consiste, une fois l'orientation définie, à permettre l'assimilation par l'action. Toute hésitation, à moins qu’elle ne soit le résultat des justes principes "réfléchir avant d'agir" et "tirer la leçon du passé", toute tergiversation, ne fait que se renforcer elle-même. Elle est issue de la "mauvaise éducation" qui fait de nous des êtres tiraillés. Nous pouvons observer bien souvent qu'une direction prise évoque bien souvent son contraire. Nous devons donc de plus vaincre cette résistance si nous voulons parvenir à quoi que ce soit. Nous avons le pouvoir de neutraliser ces "mouvements d'humeur" et l'expérience nous a montré qu'une pratique en la matière est nécessaire, car en général l'éducation actuelle n'y fait pas assez appel. Mais neutraliser signifie réaliser, sans prendre parti. De même que le travail essentiel de l'enfant est la construction de son être, le travail essentiel de l'homme est la construction, la réalisation de son être profond, aussi bien sur le plan de la personnalité que sur le plan de notre “petit monde”, notre microcosme. Et ce travail ne peut se faire qu'en prenant la plus grande distance possible avec toute forme d'attraction ou de répulsion, nœud infernal qui empoisonne tout. 100 Voici ce qu’en dit M. J.V. Rijckenborgh, dans ses commentaires du “Nuctéméron” d’Apollonius de Thyane.28 "Un feu intense brûle dans le champ sidéral de la naissance naturelle. C'est le feu de la convoitise qui se manifeste sous trois aspects différents : attirant, répulsif, neutre. L'homme s'accorde à ces trois états : il en vit. Plus l'homme dialectique est individualisé plus le feu sidéral brûle, jusqu'à devenir un feu d'enfer. Bien que tous les hommes convoitent, ils ne poursuivent pas tous le même but. Le feu que l'un attire, qu'il rend donc vivant, l'autre peut le repousser, l'éteindre, ou y rester indifférent. Ainsi indifférenciés, nous devenons les uns pour les autres un enfer. Nous nous brûlons mutuellement sans pourtant le désirer. Nous activons ainsi la géhenne commune. Dès lors l'incessante alternance des oppositions nous devient logique et explicable. Compris selon la nature, les hommes se repoussent mutuellement dans l'enfer du feu sidéral ou s'y retiennent prisonniers, la convoitise appelant la discorde." Et l’apaisement de ce champ sidéral personnel est à la fois le début et la fin de toute éducation qui va au fond des choses. orgeons, sur la base d'une unité intérieure conquise de haute lutte, une cuirasse sur laquelle vienne se briser toute forme d'attraction et de répulsion par rapport à cette nature, si nous voulons accomplir quelque progrès essentiel que ce soit”. Belle phrase, bel objectif, mais nous devons ici veiller à ne pas en rester à des déclarations d'intention. Chaque mouvement émotif perturbateur peut être l'oc- F 101 casion d'une observation. Bien entendu, pour cela, il faut une sorte d' " entraînement ", en tout cas de vigilance non forcée. En effet, quand je suis dans le mouvement infernal décrit plus haut, il m'est difficile de l'arrêter, car ce mouvement se nourrit de lui-même. Pourtant, je peux intervenir, non en luttant contre, mais en faisant appel à la force active d'observation-neutralisation, par amour pour le tout, conscient de ma responsabilité face à ce tout, même si je n'en suis qu'une infime partie. Et à partir du moment où je vois cette possibilité, j'ai le devoir de la mettre en pratique, non par désir d'amélioration morale, ou aspiration à un bien relatif, mais spontanément, par compréhension intérieure, et surtout sans en attendre de résultat. En agissant ainsi, je ne fais rien d'autre que de ne pas m'opposer à la manifestation du Logos, je n'y puise aucune autosatisfaction, et n'ai d'ailleurs aucun mérite puisque je ne fais qu'agir selon mon état de conscience. Tout ce que je peux faire en l'occurrence, c'est de ne pas relâcher mon attention, car l'expérience m'a appris que d'autres situations se présenteront, et que je devrais longtemps faire preuve de persévérance avant que le grand souffle puisse s'exprimer librement en moi. Au point où j'en suis de ce travail, je suis d'ailleurs tenté de suivre le raisonnement suivant : " mieux vaut vivre qu'écrire, j'arrête donc d'écrire ". Et il est vrai que cela fait au moins deux mois que j'ai arrêté ce travail. Mais qu'est-ce que " vivre " ? Est-ce reprendre la vie animale ordinaire en attendant que des expériences me ramènent à la souffrance de l'âme ? Est-ce vivre de cette nouvelle force atmosphérique christique tout en veillant au minimum biologique ? Et qu'est-ce que le minimum biologique en ce qui me concerne. Il est vrai que je me sens parfois dans des situations telle102 ment explosives, qui impliquent un comportement parfois si aberrant, que je me dis : dois-je y céder ? Et puis, je crois nécessaire d’expliquer la pensée de Comenius, car il ne suffit pas de traduire trois livres de bases de ce géant de l’esprit(voir Editions Ebookslib pour “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Coeur”, et Editions de l’Harmattan pour “l’Unique Nécessaire” et [je l’espère]“la Voie de Lumière” )29, mais il faut essayer d’en montrer l’aspect actuel et le “dire” en un langage le plus simple possible, accessible à l’honnête homme d’aujourd’hui. Ces problèmes ne sont pas anodins, et ils impliquent aussi tout un mode de relations aux autres et au monde, à remettre en question dans un sens ou dans l'autre. Si l'orientation de ma vie est en principe d'une clarté limpide, je ne peux faire l'économie de ma " vie ordinaire ", et de mes caractéristiques particulières, même si chaque occasion est bonne en principe pour aller contre mes tendances spécifiques. Ma pratique pédagothérapeutique démontre de toutes façons mon choix. Je peux avoir les meilleures intentions du monde, si ma pratique de vie les contredit, cela n'a pas de sens. La question devient donc : " jusqu'où accepterai-je de collaborer à ce monde ? " ou bien dans certains cas : " jusqu'où lâcherai-je la bride à mes instincts naturels animaux ? ". Cela est bien difficile à accepter pour le candidat qui cherche la perfection. Cela est même presque insupportable. Cependant c'est probablement l'unique solution. Nous devons développer ici un grand discernement de ce qui est de l'âme et de ce qui est de la personnalité. Ou plus précisément comment permettre à l'âme-esprit de s'exprimer tout en ne contrariant pas trop la person103 nalité. Cela semble apparemment simple. Prenons un exemple courant, celui de la sexualité. En théorie, le candidat désire de tout son être vivre d'une toute autre force créatrice. Mais la vie le sollicite et de multiples tentations l'assaillent. Le jeu classique de la séduction se déploie. Le regard, de même que le corps entier, joue ici un grand rôle. Et il faut bien dire que notre société entière semble tout mettre en jeu pour faire "chuter" le candidat sur ce chemin. Il est presque impensable d'oser espérer y arriver. Et pourtant nous ne pouvons nous empêcher d'y croire, d'y accorder foi, sur la base de l'âme nouvelle en croissance. Car nous savons, nous avons expérimenté une nouvelle force atmosphérique, la force christique, et nous avons pu nous apercevoir qu'elle est capable d'accomplir des miracles. Face au jeu de la séduction, nous connaissons la puissance de la force positive qui englobe les êtres et les situations. Et pourtant ce regard qui se glisse vers nous et émane pourtant d'une candidate au chemin, comment y résister ? Tout un monde de désir et de promesses y est inclus. Mais je ne veux pas y céder ! Tout cela devient fantasme, et je rêve de ce regard ou de ce corps offert. Comment sortir de là ? Des images envahissent mon esprit. Et pourtant je fais face. Chaque jour je vois, lors de mes cours, des dizaines de jeunes filles et elles ne voient rien. Ou peut-être ne sont-elles pas dupes ? Peutêtre au fond suis-je comme un livre ouvert pour tous ceux qui peuvent voir ? Or qu'est ce qui importe ? C'est bien entendu la véritable réalité d'être et sa transformation positive grâce à l'âme nouvelle. D'un coté cela s'inscrit dans le 104 temps, et donc dans la progression, ce qui incite à un certain réalisme, d'autre part la force christique atmosphérique n'a rien a voir avec le temps. Vivre selon les lois de l'esprit implique de vivre uniquement et exclusivement de la force christique. Or qui de nous en est actuellement capable ? Nous devons et pouvons, il est vrai, admettre comme jumeau divin notre être-âme qui, lui, vit complètement des nourritures de l'âme. Mais nous possédons aussi une personnalité qui a besoin des nourritures de ce monde, tant que la nouvelle personnalité n'est pas une réalité vivante et autonome. omment adapter notre comportement ? Prenons un autre exemple : la relation simple entre deux aspirants conscients à l’esprit, deux candidats, et la relation avec un groupe.de ceux-ci Il est clair que la relation peut être de qualité diverse. On peut toujours croire être dans l'amour alors qu'on est dans la rivalité et dans la mise en valeur de soi. Je fais face à l'autre comme je fais face au groupe et je cherche des sympathies, des affinités. Je déclenche automatiquement ricanements de biais et de connivences, car qui dit sympathie dit antipathie et arrivisme. Je vais vers l'autre ou vers le groupe plein de bonnes intentions, avec tout l'amour de mon âme, et immédiatement se dresse l'être aural, et l'homme animal qui lutte et qui cherche le point faible de l'autre. Prenons le cas de deux femmes : elles vont immédiatement chercher à attirer le regard des hommes tout en diminuant l'autre, sa sœur en la gnose.Alors qu’un homme va aller vers, et développer sa mise en valeur, parfois tout en étant silencieux, car il se sait ou se croit peut-être admiré. Que cela ne nous choque pas, c'est tout à fait humain, et nous n’en som- C 105 mes pas exclu à priori ! Mais alors où est l'amour de l'âme ? Qu'est-il devenu ? En retrait alors qu'il devrait être au premier plan, le jumeau divin se contente de chuchoter. Comment lui donner la direction du complexe humain? Je crois qu'un des points essentiels est, quelle que soit l'attitude intérieure que l'on observe en soi ou chez autrui, le maintien de cet élan qui répand la force d'amour christique, même si d'autre part le comportement est en dessous de tout. Un jour ou l'autre, et le plus tôt sera le mieux, la force gnostique, le jumeau divin aura le dessus. Mais nous voulons faciliter les choses, aller le plus vite possible. Cela ne serait pas un problème, au contraire, si nous mettions l'âme en avant dans ce désir de " raccourci ". Mais…cela n'est que très rarement le cas. Nous nous promettons de toujours faire tout ce que nous pouvons pour faciliter l'expression et la maturation de l'âme ; mais ce faisant nous mettons en avant la personnalité et nous jouons des coudes. Or ce n'est que l'abattement et le lâcher-prise qui peuvent nous aider. Et cela n'est pas toujours aussi simple que cela en a l'air. L'objectif est un radical changement de caractère. Maintenant que nous avons abordé ces problèmes sous un angle concret, nous aimerions envisager la façon de présenter les planètes des mystères de M. Jan Van Rijckenborgh. Nous en trouvons de fréquentes mentions, en particulier dans le " Témoignage de la Fraternité ", dont nous citerons pêle-mêle divers passages, afin d'en faire un tout. Il y parle des planètes Uranus, Neptune et Pluton, idées sublimes et surtout puissantes lois, principes primordiaux qui pénètrent le corrompu, le dégénéré et le 106 criminel. Uranus renouvelle le cœur, Neptune renouvelle la tête, Pluton est celui qui propulse, qui dynamise, celui qui frappe et qui brise. Et nous sommes en pleine période spécifiquement plutonienne. Les forces d'Uranus sont appelées à faire du cœur un muscle volontaire, notion difficile à comprendre et purement ésotérique, ce qui pourra permettre au candidat l'entrée consciente dans les domaines intérieurs quand cela sera nécessaire. Cela implique que nous parvenions à dominer consciemment nos sentiments, à les diriger. C'est ce qui s'appelle penser avec le cœur, manier le feu d'amour qui ne créé pas de conflit mais rend tout beau et merveilleux, sans avoir recours à la notion “tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil”. Ces formidables forces d'Uranus ne sont pas anodines, elles sont redoutables, car très dynamiques à notre époque. Elles sont aussi à l'origine de l'intuition, commerce journalier avec Dieu. Uranus est comme un feu, c'est la force de Christ qui revient vers nous sur les nuées. Et lorsque la sainte loi d'Uranus s'accomplit en nous, la conséquence inévitable en est un formidable revirement. Cette tempête de feu atteint tout d'abord la vague de vie féminine, du fait de la polarisation positive de son corps vital et négative de son corps physique. Elle peut donc plus facilement recevoir les vibrations d'Uranus et manifester leur dynamisme en ce monde. Il s'agit donc de transformer la brutalité de l'homme et sa pseudosupériorité intellectuelle et de réprimer la bestialité martienne. Uranus renouvelle le cœur mais Neptune renouvelle la tête. Le message d'Uranus, c'est Christ. Pour 107 aller à Neptune, nous devons passer par les portes d'Uranus en écartant les voiles d'Isis. Dans la prière du soir nous nous relions à Christ et l'hypophyse est portée à une vibration supérieure. Devenu des aides, nous portons la croix dans la nuit. Et le matin, le divin Neptune vient à nous et laisse ses traces dans la glande pinéale. Et là, sur le lieu du crâne la mort sur la croix s'accomplit, et nous nous élevons ressuscités vers le zénith où les forces de l'Esprit Saint, où Pluton célèbre son triomphe. Neptune est le rénovateur de la tête, et cela seulement si Uranus a accompli son travail de la juste manière. Si nous réagissons négativement à Uranus, c'est l'empoisonnement et la division de Neptune qui nous guette inéluctablement. La splendeur lumineuse de Neptune ne peut se manifester que par le renouvellement du cœur. luton survient ensuite, l'emprise vigoureuse, le porteur de flambeau jette sa torche enflammée dans la maison vermoulue et détériorée. Le problème est de savoir comment nous faisons les choses, comment nous les réalisons, et non comment nous en parlons. Pluton correspond à la phrase classique : " Ce que vous avez fait pour le moindre de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." Pluton exécute, brise, recrée. Pluton régénère le saint pouvoir créateur de l'homme. P Or ce qui se passe fréquemment, c'est que le candidat aux mystères détourne la force s'adressant à l'âme ou plus exactement qu'il oublie que la perfection exigée s'adresse à l'âme. Et il est complètement désorienté, se dit qu'il n'y arrivera jamais, qu'il est indigne, etc. Et il 108 est vrai que sur le plan de la personnalité dialectique, il est bien à plaindre, débile et impuissant. Le chaos l'entoure, il a bien du mal a accepter ce qu'il croit une situation impossible. Par exemple, quelqu'un aura pour tendance la minutie et ne supportera pas de vivre dans le désordre, surtout lorsque ce désordre ne dépend pas de lui et qu'il n'a aucun pouvoir sur lui. C'est une propriété typiquement dialectique de son caractère particulier. Cela pourra même aller jusqu'à des problèmes de digestion, car ce type de situation se révèle parfois très " difficile à avaler ".Il est bien évident que ce n'est pas en se plaçant sur le plan de cette personnalité dialectique que l'on pourra trouver une solution à ce problème. L'unique solution sera de lâcher prise, de laisser l'âme s'exprimer, ce qui aura pour conséquence la " remise des choses à leur juste place " et par la même occasion une amélioration qui se manifestera jusque dans les aspects physiques de la personnalité. Nous sommes donc placés, sur le plan de l'âme, devant le comportement de l'homme parfait. I) Axiomes : Deux ordres de nature gouvernent notre monde, dans son état actuel . Ainsi pourra se résorber le cancer que constitue notre ordre de nature. Tout est un, vu d'en haut. .La clé de l'univers, pour nous, c'est l'Homme. Rappel : Jesu mihi omnia. Deus ex Homo Le point focal du cœur et de la tête cor109 respond au cœur du Macrocosme. Redresser, c'est Vivre selon le Droit. Tat Vam Asi. Pas ceci, pas cela. La simplicité est le secret de l'accomplissement. Le pardon, c'est par le don. La sagesse, c'est l'abandon à la lumière et l'alchimie spirituelle. A nos yeux, une progression infinie de force en force et de gloire en gloire, aux yeux de Dieu, une parfaite immuabilité. 110 DE L'HOMME À L'UNIVERSEL. COMENIUS ET NOTRE TÂCHE ACTUELLE ne des tentatives constantes au cours de l'histoire tient à la fois de l'encyclopédisme et du spirituel. Il s'agit de montrer, de la pierre à Dieu, la continuité de la manifestation. Et l'individu, que devient-il dans tout cela ? Eh ! bien il prend conscience de son insignifiance. Et ceci de plus en plus nettement dans tous les aspects de sa vie quotidienne. Il s'aperçoit qu'il est continuellement attaqué dans sa personnalité, éprouvé à chaque " coin de rue ". Il doit faire face à des injustices, à des décisions absurdes et ineptes, moments où il devra prouver qu'il laisse la place à l'âme et ne permet pas à l'homme-moi de relever la tête. U Nous avons souvent tendance à vouloir projeter une image de la perfection en dehors de nous mêmes. Or l'Univers entier est inscrit en nous, avec sa perfection. Il est hors de question ici de faire preuve de connaissances que nous ne possédons pas. Il y faudrait la vie de plusieurs scientifiques de haut niveau. Mais la simple appréhension de l'immensité de la chaîne qui va de l'atome à l'univers, cette immense chaîne elle-même, si merveilleuse que 'elle paraisse, n'étant que la partie la plus visible d'un septénaire cosmique dont nous pouvons difficilement nous faire une idée, est déjà en soi 111 d'une très grande utilité afin de consacrer tout notre être au " chemin des étoiles " dont parlaient et que vivaient les Cathares. Les plus grandes découvertes scientifiques rejoignent d'ailleurs les premiers éléments de la science sacrée. De nombreux scientifiques en ont le pressentiment de plus en plus explicite. Les travaux sur la nature de la lumière en particulier rejoignent les explications de Jacob Boehme et de Jan Van Rijckenborgh. (voir le travail de Pierre Gohar sur " l'homme de matière et l'homme de lumière ") Ce qui différencie le candidat authentique de ce que nous pourrions appeler le chercheur de vérité " extérieur ", ce n'est pas sa valeur morale ou intellectuelle, ce n'est pas sa perfection sur le plan de la personnalité, c'est plutôt la conscience de l'exigence de la vie de l'âme, avec toutes les imperfections de la personnalité sur laquelle il travaille. Et les problèmes de " lumière " rejoignent ceux d'" éclairage ", et donc de conscience. Il est ici intéressant de citer Jan Amos Comenius, dans sa " Voie de Lumière " 30 (Chapitre 13 : " Nous avons progressivement vu le chemin de développement de la lumière. Elle est allumée, elle brille et elle devient un feu. Lorsque le soleil est occupé à faire briller sa lumière sur les pays de la terre, il arrive aussi qu'il fasse poindre de pâles lueurs des profondeurs. Puis, il envoie le premier éclat de l'aube et on voit apparaître son corps resplendissant d'or à l'horizon et sa luminosité se voit partout. Plus le soleil monte dans le ciel, plus ses rayons tombent verticalement et dispensent lumière et chaleur. Cependant, il peut arriver qu'il y ait du brouillard et de la pluie le matin et le soleil doit 112 faire plus d'efforts et réduire sa vitesse pour briser l'obscurité des nuages. Dans ce cas, ce n'est souvent que le soir qu'il lui est possible de faire briller ses rayons victorieux et de permettre aux habitants de la terre d'admirer l'astre solaire. Il en va sensiblement de même avec la lumière raisonnable de l'esprit, de la sagesse. Pendant toute cette ère (il est vrai que le courant des siècles est, pour l'humanité vraie, la même chose qu'un seul jour), elle ne put dispenser sa force pour l'illumination des esprits que parce qu'elle suivit elle aussi un processus par étapes. " Nous voyons ici, dans cette citation apparemment simple et naïve, une richesse de sens inouïe, dont nous n'épuiserons pas l'ampleur en quelques jours. Mais nous pouvons d'ores et déjà souligner l'analogie entre l'époque de Comenius et la nôtre. En effet nous sommes l'objet de grands bouleversements, plus encore qu’ au XVIIe siècle, pourtant si fécond en transformations. Le processus par étapes a duré bien longtemps et il durera encore longtemps sur les plans individuels. La lumière ne se dévoile que très progressivement. Cependant sur un plan général, nous pouvons dire que la révolution atmosphérique est en plein déroulement et qu'elle a atteint un point critique où tout est démasqué et où la conscience véritable de chacun se manifeste au grand jour. Cela est inéluctable, ne serait-ce que dans l'intérêt des personnes elles-mêmes. Elles ne peuvent plus éviter une réelle connaissance de soi, au moins dans leur for intérieur. Nous pouvons dire sans hésitation : le temps est venu où ce fameux soleil de l'esprit et de la sagesse opère un démasqué total. Il n'est que de constater à quel point la corruption se dévoile au grand jour, de même que toutes les formes de désintérêt de la vie politique, dont le jeu n'est que trop bien connu. 113 Il est du plus grand intérêt que chacun se sente directement concerné par ce démasqué, car l'exigence est maintenant claire : ou bien entrer dans la réalité de la lumière et l'intégrer en tant qu'âme vivante ou bien être balayé dans la violence des événements de nature plutonienne en cours. Pluton n'agit en tant que re-créateur que si la maison du microcosme répond à un minimum d'exigences. Autrement la maison vermoulue s'écroule, pour être reconstruite, dans cette vie … ou dans une autre. Or nous avons décidé, en tant que personnalité, de tout mettre en jeu pour que Cela se passe en cette vie. Et cela est possible, justement du fait de cette révolution, qui doit maintenant avoir lieu dans notre propre être intérieur. Relisons ici encore un passage de Comenius, qui s'applique encore plus à notre époque. " Il semble que l'état actuel du monde tende vers ce but, c'est à dire qu'il se prépare à une sorte de renaissance. Si Dieu a noyé dans le déluge (ici déluge de feu, d’éthers supérieurs, dont parle Mirdad, dans le livre de Mikhaïl Naïmy31) la méchanceté des hommes, poussée à son paroxysme, et s'il a répandu sur eux son juste courroux, s'il permet que les hommes se détruisent entre eux, alors il prépare, avec la déchéance universelle des choses, la transmutation universelle des choses." Il est peut-être aussi intéressant d'y adjoindre ces trois paroles : Le seul temple digne de Dieu, c'est l'intelligence du sage.(Porphyre - Lettre à Marcella). L'homme est le miroir que Dieu tient devant Lui,l'organe qui Lui sert à appréhender Son être. (C.G.Jung). 114 L'univers est une machine à créer de la conscience. (Bergson). ssayons d'en tirer l'essence. Ce qui peut permettre la transmutation universelle, c'est bien entendu l'intelligence du sage. Mais qu'est-ce qu'un sage ? Un sage ne répondrait pas à cette question. Et pour pouvoir y répondre, il faudrait cependant être un sage. Ce que nous pouvons en tout cas tirer de cela, c'est que la seule chance pour l'humanité, c'est la "multiplication des sages", multiplication qui est possible puisque la conscience est la mesure de la sagesse et que "l'univers est une machine à créer de la conscience". Or nous devons ici faire très attention : de quelle conscience parlons-nous ? E La phrase : Le seul temple de Dieu, c'est l'intelligence du sage, est à rapprocher de la célèbre phrase de Faustus de Carthage," C'est moi-même, qui, si j'en suis digne, suis le temple de Dieu" et de la parole de Paul : " Ne savez vous pas que vous êtes le temple de l'esprit, et que vous ne vous appartenez point à vous mêmes ". Cela a prêté à de regrettables confusions. La conscience qu'abrite le temple de Dieu, c'est la conscience de l'âme-esprit, la conscience qui est dès le début perfection et absolu, même si l'acquisition et la maturation de cette conscience prend du temps et nécessite un processus s'inscrivant lui aussi dans le temps. Il est difficile par des mots de rendre la différence entre la conscience de l'âme et la conscience de la personnalité, puisqu'en fait il n'y en a pas, dans la mesure où la conscience de l'âmeesprit englobe celle de la personnalité .Celle-ci doit d'ailleurs se mettre à son service dans le grand travail de transmutation. Celui qui possède la conscience de l'âme 115 comprend celui qui ne la possède pas encore, mais celui qui ne possède que la conscience de la personnalité se trouve placé devant un mystère indéchiffrable, sans même s'en apercevoir parfois, quand il est confronté à la conscience de l'âme. C'est pourquoi il est clair que celui qui parle ne sait pas. Celui qui écrit ces lignes doit avouer son ignorance, et reconnaître, placé devant le sage, qu'il est totalement perdu ; ainsi seul le silence peut permettre une petite appréhension de cette nouvelle conscience. Tant qu'il n'y a pas une réelle stabilité émotionnelle, tant qu'un éclair astral peut encore susciter dans les relations d'un individu un véritable chaos émotionnel, alors tout ce qu'il pourra dire ou raconter de la libération ne restera que puanteur aux yeux du sage. Il suffit parfois de peu de choses, d'une simple sensation d'impuissance ou d'échec, pour rendre un individu pire qu'un animal, prêt à bondir à la moindre attaque ou prétendue telle. Or ce n'est pas ainsi que l'on permet l'expression de la vie de l'âme, la croissance et la maturité de la conscience-âme. L'exigence est donc purification, détachement, silence. Et c'est dans cet état d'esprit qu'il peut y avoir prise de conscience de l'universel, à partir de la "matière première", le " Noun " des égyptiens, donc à partir de la lumière même, de l'indifférencié, présent dans toutes les formes de matière. Nous avons parlé de "résorber le cancer que constitue notre ordre de nature ". Cela implique non seulement les aspects soi-disant nocifs ou démoniaques, mais aussi tout le macrocosme dégénéré. Ceci pourrait paraître un peu trop radical, mais cela correspond pourtant à la sagesse de tous les temps. Nous avons par exemple la 116 parole de Jacob Boehme qui dit en substance que Dieu a saisi dans le cœur tout le macrocosme dégénéré de l'atome le plus infime à la partie de l'Univers la plus éloignée. Précisons que les Galaxies, les zodiaques, les immensités les plus inconcevables, tant qu'elles sont perceptibles ou concevable par notre esprit limité, ne font pas partie du macrocosme divin. Comment donc le plan pour résorber ce macrocosme pourrait-il se dérouler si ce n'est en effectuant le chemin inverse qui lui a donné naissance ? Or quel fut ce chemin ? Nous pouvons assez facilement nous en faire une idée approximative en observant notre propre vie. Nous passons en effet notre temps à basculer d'une passion à un désir terrestre, à attirer ce que nous voulons et à repousser ce que nous refusons. Notre vie consiste à nous créer un petit monde égoïste et personnel, en perdant de vue le tout et l'intérêt général. Or l'enseignement universel (cf. “Le Mystère de la vie et de la mort” de Mr Jan Van Rijckenborgh 32) nous explique qu'à l'origine, avant la chute, l'homme était une sphère de conscience positivement gouvernée au service du tout, composée du point de vue nucléaire de trois noyaux, travaillant de concert à la glorification du tout, tout du moins en apprentissage pour cela. Les deux noyaux centraux étaient dans un rapport positif-négatif, et le troisième, neutre constituait le facteur d'apport et d'échange avec le milieu. Et ce n'est qu'en étant au service du tout en parfaite abnégation que l'homme de l'origine pouvait se manifester en pleine gloire. Et il faudra bien revenir à cette attitude si nous voulons retourner à l’homme originel, ce qui commence par l’éducation pédagothérapeutique biopsychospirituelle. 117 a clé de l'Univers, pour nous, c'est l'homme. Et c'est pourquoi, j'ose à peine le dire, en un souffle doucement proféré, aujourd'hui j'ai vraiment compris l'exigence, la nécessité de vivre, par l'expression de la vie de l'âme, la perfection malgré mon insignifiance. Autrement dit de me détacher vraiment, en actes intérieurs et extérieurs, de tout désir, et de la vie des sens. Mais comprendre n'est qu'un début. Constamment celui qui a compris l'exigence est assailli, agressé par de multiples sollicitations spécifiques à sa propre personnalité. Il faut longtemps d'ailleurs avant d'accepter qu'il ne s'agit là que de l'épreuve qui confirmera la compréhension. L Et les mouches bourdonnent, s'agitent, les collègues papotent de sujets puérils et superficiels, disent du mal de tout et de tous, et surtout de leurs élèves, démontrant par là leur propre ignorance des fondements de l’éducation. Il faut se préserver et rester constamment orienté. Rester positif, construire. Résister à la passion, trouver l'apaisement, n'exclut d'ailleurs certainement pas la tendresse et la "caresse" de la vie à deux. Ce qui compte, c'est l'harmonie de la relation. Et c'est dans la pratique de la vie "ordinaire" que l'on se découvre. Ce que des instructeurs comme Apollonius de Thyane préconisent, ce n'est ni plus ni moins que l'entraînement , la pratique de la magie gnostique, magie qu'il dénomme celle des " quatre lumières ". De quoi s'agit-il ? Les quatre lanternes magiques peuvent être expliquées de la façon suivante, en fait de deux façons : - Tout d'abord le carré magique du tapis : l'unité de groupe des candidats à la libération, l'orientation unique 118 sur le but libérateur, la non-lutte, ou non-violence absolue, et l'harmonie dans le changement de nos activités. Cela peut sembler dogmatique et artificiel, mais tout dépend de la façon dont cela est vécu. Il s'agit de polir la personnalité de telle façon, que l'âme s'exprime et prenne la direction du système . - Ensuite, il s'agit de pratiquer la magie du jugement autonome, ce qui inclut l'exercice de la raison pure, de la volonté pure, de la pure émotion, ou du cœur pur, et des pures actions. Là aussi, nous nous heurterons à des obstacles, mais nous apprendrons ainsi, par l'exercice, l'approche et la réalisation de l'âme-esprit incarnée dans l'homme. …Vaincre chaque obstacle, triompher de chaque résistance… Il s'agit de vivre grâce à la force d'amour à l'œuvre en chacun de nous, lorsque nous avons décidé d'aller le chemin libérateur. Ainsi sommes-nous confrontés progressivement, chacun à notre niveau, à la connaissance des rayonnements magnétiques. On pourrait parler de la perception des atmosphères, ce qui mène au discernement des esprits. Et là se situe l’essence de la véritable éducation de l’esprit, de l’âme, et du corps. A ce sujet il est utile d’aborder la notion de silence. Le candidat à la libération doit posséder une force, celle de l'acte de se taire. Et cela n'est pas si simple ; Au début, il y faut quand même l'intervention de l'ancienne volonté. Mais bien vite, c'est l'âme, qui, dans ce silence, prend la parole. Que se passe-t-il alors ? L'homme devient capable de ne plus être victime de la sphère astrale. Et cela est un pas très important. 119 En fait, nous disons souvent que nous avons été débordé, que nous n'avons pas pu nous empêcher de faire ceci ou cela, que nous n'avons pas pu faire autrement. C'est alors que nous avons été victime de la sphère astrale. Et cela ne peut être vaincu que par la force du silence. u'est-ce que cette force du silence ? Elle implique déjà que l'homme en question puisse passer une grande partie de ses heures de sommeil dans le nouveau champ astral. (voir Gnose Egyptienne et son appel dans l’éternel présent, ch.XXIII, 33 “ledéveloppement de la conscience dans le nouveau champ astral”) Il est aussi de la plus haute importance que, suite à ce bain de lumière nocturne, la vie diurne puisse permettre une constante élévation de la vie de l'âme. On comprend donc mieux ici l'importance du comportement, sur la base de l'âme en croissance. Et c’est là que l’on trouve le secret de la liberté, inséparable de l’unité et de l’amour.Avant d’en arriver là, aura eu lieu la traversée de notre propre enfer. Q Qu’est-ce donc que la liberté en matière d'’'éducation :"quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie"J. Prévert Ce qui va être présenté maintenant ne représente pas toujours mon point de vue, mais le point de vue “de pointe” de l’éducation actuelle, dans le meilleur des cas : cette présentation-ci n'aborde pas toutes les dimensions de la liberté, il n'est pas question non plus de nier leurs contradictions possibles. Que le lecteur ici relativise certaines idées. Ceci d’ailleurs est indispensable car sans cette démarche, il n'y a pas de liberté. 120 - Qu’est-ce qui nous intéresse en fait ? Est-ce la liberté dans l'éducation ou l'éducation à la liberté"? Il n'y a pas d'éducation sans réflexion philosophique. Pas forcément celle qui fait référence aux auteurs ou philosophes, mais celle qui remet en cause sa propre démarche et qui est faite de questionnements. On ne peut avoir l'audace de s'occuper d'éducation sans avoir fait une tentative d'éclaircissement de certains sujets parce qu'ils représentent ce qu'il y a d'essentiel dans la vie. Par rapport à cela, la notion de liberté nous concerne, elle marque nos attitudes, nos choix pédagogiques, nos tolérances... Que faisons nous entre nos idées sur le sujet et la réalité à laquelle nous sommes confrontés ? Cela n’est pas anodin de savoir si notre théorie correspond vraiment à notre pratique! Comment pouvons nous parler de liberté si nous ne considérons pas nos élèves comme des êtres humains véritables en devenir, et ceci jusque dans les plus extrêmes conséquences. Ainsi imposer des règles sans en exposer le bien fondé et être capable soimême de remise en question, même pour ces règles si nécessaires, infantilise les jeunes et les pousse à devenir de bons consommateurs passifs, sans autonomie ni responsabilité. La liberté est-elle un moyen ou un but à atteindre? Ici nous retrouvons de classiques préoccupations. La liberté s’accorde-t-elle ou se prend-elle? En tout cas elle fait l’objet d’une appropriation très personnelle. Les reproches faits par les anarchistes aux communistes étaient de cet ordre : les seconds affirmaient, il faut d’abord une dictature, pour ensuite, très progressivement et beau121 coup plus tard, parvenir à une sorte d’Eldorado, le communisme. On a vu le résultat : les camps, le Goulag, la censure, la corruption, etc...Et cela est parfaitement compréhensible, on ne peut pousser à la liberté en privant de liberté, c’est dès le début qu’il doit y avoir pratique active de la liberté. Mais à cela faut-il encore ajouter quelques éléments de compréhension sur le monde, le cosmos, l’univers, et nous-mêmes. La liberté c’est en quelque sorte la dissolution. On ne peut être libre en oppressant, en réclamant le pouvoir, en accaparant. Il y a là une contradiction qui rattrape toujours l’homme égocentrique. Et justement la première étape de l’acquisition de la liberté, ou plutôt de l’ ”être-libre”, c’est l'anéantissement de l’ego, la mise au service du tout de la psychobiologie avec ses multiples facettes, l’être devenant alors libre au service de l’universel, et ne pouvant l’être par affirmation de soi. 122 Liberté Le diamant de l'Amour. Phénix, Chaque pierre précieuse ! Je suis tout seul dans la voiture J'ai à me plaindre de vous Je n'entends pas votre voix, ! Elle m'est bien plus précieuse Que l'univers entier Je le dépose à vos pieds… Je voudrais être avec toi, mon frère, ma soeur Même si parfois tu me rabroues Reposons la question précédente : Quelle est la place de la liberté dans nos attitudes éducatives? Commençons par des choses simples : ayons la correction de nous expliquer face aux jeunes quand nous sommes en retard ou quand nous avons été absents alors que nous exigeons de leur part mots d’absences et justification des parents. Par expérience, nous pouvons affirmer : cette fameuse “liberté” est difficile à cerner, un peu comme la vérité pour laquelle Platon disait que c'était un "vagabondage divin". C'est à dire quelque chose que l'on n'atteint jamais complètement, en tout cas pas dans notre état d’être habituel. Le vagabondage divin prend cependant ses racines dans le coeur, dans la petite voix intérieure 123 que tout le monde peut apprendre à connaître, à écouter, et ce n’est qu’à la mesure où nous devenons conscients de ce rayonnement lumineux intérieur que nous pouvons aimer la liberté et la vérité plus que nous même et en trouver la confirmation de première main, en nousmême. La liberté existe t-elle en tant que telle? Nous pensons qu’il existe une “Maat”, comme le disaient les Egyptiens, une balance intérieure qui nous permet de faire des choix en fonction de la sagesse universelle et donc de connaître, en tous cas de progressivement découvrir une Liberté qui n’a pas d’ombre, c’est à dire qui ne produit ni conséquences emprisonnantes ni oppositions. Choisissons nous vraiment, ou somme nous choisis? En tout cas notre attitude intérieure peut permettre à notre être spirituel intérieur de se manifester, de s’exprimer, de jouer sa note dans le concert divin. Et rien que cela est déjà énorme. Faire percevoir ces choses aux jeunes, puis leur faciliter l’accès à la conscience correspondante, constitue un point fondamental de la pédagothérapie biopsychospirituelle. Tout s’apprend, donc se décide, il faut vouloir être libre, et pour cela commencer par avoir conscience de son esclavage. La liberté n'est pas un objet, elle ne peut être saisie mais uniquement vécue Ce n'est pas un produit donné qui est là à notre disposition. On n’"a" pas la liberté, elle ne se possède pas, on "est" libre, ou non, ou en voie de le devenir. Elle se vit, se construit, se conquiert et se dévoile peu à peu. Impossible de l’isoler de la structure totale de la personne, intrinsèque, elle n'existe pas abstraitement hors de celui qui se sent libre ou pas. Partie intégrante 124 de de l'être global, elle se vit, et ne se voit pas. Elle est dans l'énigme des forces naturelles, réservée à l'initiative irremplaçable de la personne. La personne se fait libre, choisit de l'être. Ce n'est pas non plus une nécessité absolue ,je peux la refuser. C'est justement parce que je peux la refuser qu'elle garde sa qualité. Mais refuser le processus menant à la liberté constitue en quelque sorte un suicide. Elle transfigure les données, l'homme est libre intérieurement quand il l'a décidé et qu’il accomplit les exigences afférentes à cet accomplissement. C'est une démarche de l'esprit. Comme le jeu, qui n'existe que parce qu'on a désiré qu'il soit. D’ailleurs liberté vient du latin, liber, libertinus, “esclave “affranchi”, ce qui montre bien l’effort et le changement de statut intérieur nécessaire pour parvenir à la liberté. Mais aussi de libet (ad libitum), qui implique les notions de “il plait” et de volonté. On en parle beaucoup, de cette fameuse liberté, savons nous ce que c'est ? ? ? Est-ce faire tout ce que l'on veut ? “Faire ce que l’on veut”, comme Rabelais le disait : “Fais ce que vouldras”, s’adresse à des être conscients de leur profonde appartenance et obéissance à l’universel divin. Dans tout autre cas, il faudra expliquer, faire comprendre, démontrer, aussi par l’exemple bien entendu, les postulats d’obéissance et de conscience intérieures spontanées préalable à “faire ce que l’on veut”. C'est notre grande angoisse, que celle de la perdre! Et celui qui est dans l’angoisse n’est pas dans la liberté ! En voici une définition : 125 "La liberté est le pouvoir réel qu'a chacun d'accepter ou de refuser les sollicitations du dehors et aussi celles qui viennent de lui même, donc de répondre de ses actes." On voit par là que liberté=responsabilité=conscience. La liberté procède donc d’un choix en harmonie avec l’universel divin. La liberté se définit aussi par la négative comme l'absence de contraintes et comme l'état de celui qui fait ce qu'il veut. On pourrait dire en tout cas de l'état de conscience de celui qui est sans contraintes et qui fait ce qu’il veut On a envie de dire: mais où est-elle? Prenons une situation où on a en général l’impression d’être libre (“Homme libre toujours tu chériras la mer”):Nous nous attarderons à l'évocation de l'image d'une promenade au bord de la mer, où l'espace donne l'impression d'être illimité, où aucune contrainte ne pèse, avec la possibilité de faire ce que l'on veut, comme on veut et quand on veut, où l'on est seul, loin de tous. Nous en extrairons quatre thèmes qui sont: -1) La possibilité d'évoquer un ailleurs, -2) Les limites, - 3)L'intériorité, -4) Le choix et l'activité libre, 1)La possibilité d'évoquer un ailleurs ! "Et si..." On peut extraire un élément essentiel de la liberté, qui est celui de pouvoir évoquer un autre lieu, un autre 126 temps que celui vécu dans le présent, une sorte de demande d'impossible au-delà de la réalité à laquelle on est confronté, qui commence par: " et si"... et qui en l'occurrence est à la base de la création. C'est une des fonctions du jeu d'ailleurs que de proposer des situations hors de la réalité avec lesquelles on peut jouer sans danger et qui va aider à dominer les difficultés de la réalité. En effet la possibilité de pouvoir envisager un "autre part" se réalise dans le jeu grâce au "on pourrait" phrase magique de l'ouverture vers le "hors ordinaire". Cet espace-temps particulier qui permet de s'approprier et de dominer des situations vécues par ailleurs. Etre un autre personnage, découvrir une autre façon d'être sans danger est un acte indispensable, surtout chez l’enfant, que ce soit par l'intermédiaire du jeu symbolique ou du théâtre ou autre possibilité de rêverie. Le sport, dans la mesure où il est gratuit, permet à celui qui le pratique, d'aller au delà de ses limites, de dépasser ses compétences, et même celles d'une autre équipe, ceci tout en utilisant une règle. De même pour le créateur qui se sert d'une technique pour agir dans une sphère là aussi hors de l'ordinaire. Certains font ces démarches d'eux-mêmes, d'autres ont besoin d'y être introduits. 2)Les limites Mais pour cela il est nécessaire que les notions de limites aient été amorcées. Ce "et si" évoqué plus haut, ne peut exister qu'à partir d'une situation précise, si cette promenade au bord de la mer donne une impression de liberté c'est surtout parce qu'il y a en référence une situation où il y a des obligations. Il n'y a effectivement pas de liberté sans limites. Elle même a des limites et 127 existe dans ces limites. La liberté absolue est un mythe et cela est bon car ce mythe ne peut se réaliser que par un tout autre état d’être. Si elle surgit avec nous ce n'est pas une réinvention de nous mêmes sans références extérieures. Elle a des racines. Elle est donc liée à une situation concrète et a besoin d'être reliée à d'autres réalités. Etre libre c'est accepter une condition pour y prendre appui. Les limites sont une force. Reconnaître que tout n'est pas possible n'est pas forcément de la soumission, c'est le début de la liberté. Par ailleurs on ne peut considérer n'importe quelle situation en dehors d'autres réalités, au contraire, une des démarche de liberté consiste à prendre en considération les autres données possibles. La notion de limites sans laquelle on ne peut connaître, grandir, créer apprend à assumer un élément important par rapport à notre sujet: la réalité.. Liée à une situation concrète, cela sous entend l'acceptation des conditions qui la composent pour y prendre appui. La"Conscience de la nécessité" est citée par Marx, précédé par J. J. Rousseau qui en parle dans "l'Emile ou de l'éducation" où le parfait ne serait plus alors que dans le possible.. "être libre ce n'est pas désirer plus que ce que je peux obtenir". Ceci ne contredit pas ce dont nous avons parlé plus haut sur la nécessité d'un "ailleurs possible"qui est indispensable dans toute situation. Pour en revenir à la confrontation avec la réalité, nous rappellerons ici la loi de la prise de conscience (voir Claparède) où cette dernière naît lorsque l'adaptation de l'individu ne se fait pas automatiquement, un effort à ce moment est demandé, surtout une attention, une mentalisation, qui va permettre le réajustement de l'action et où à ce moment le sujet va devenir acteur et 128 non l'objet d'une situation qu'il ne domine pas. Non seulement on ne naît pas dans un monde isolé, où il y a les données du moment, mais aussi le monde actuel est déjà le fruit de toute une histoire. Connaître cette dernière, s'en servir pour relativiser le sens des situations est aussi indispensable. Les régimes totalitaires n'ont-ils pas tendance à supprimer ou modifier l'histoire? Mais il manquerait une dimension essentielle à préservation de la liberté si nous ne parlions pas des limites intérieures de chacun et qui se construisent à partir du moment où le tout petit enfant dit "non", terme qu'il est nécessaire de savoir dire de temps en temps de façon opportune tout au long de la vie: 3)L'intériorité (voir les ouvrages d'A de La Garanderie où il est question d’évocation et de silence) Si l'on reprend l'image de la promenade au bord de la mer, loin de tout, cette recherche de solitude ou d'isolement peut être interprétée comme étant celle de retrouver un espace de pensée, de retour sur soi, d'intériorité. La demande de se retrouver seul habitée par une certaine curiosité vis à vis de soi-même est une attitude constructive de ressourcement ou d'assimilation des connaissances. Ne pas avoir peur de la solitude, n'est ce pas un signe de liberté? Avoir continuellement besoin d'être en compagnie peut en l'occurrence peser sur les autres, avec l' incapacité de s'assumer. Ne pas toujours être dans le faire, savoir s'arrêter, savoir se concentrer, cela s’apprend ! L'enfant qui s'isole en suçant son pouce après une activité qui lui a demandé beaucoup de concentration 129 n'a t-il pas une attitude pleine de sagesse? C'est une condition de la liberté intérieure qui relève de la domination et surtout de l'amour de soi même. Laisser un enfant rêver, traîner, recommencer une activité plusieurs fois, prendre son temps pour la mener jusqu'au bout, alors que tout le monde a déjà fini, donne l'occasion à l'enfant de découvrir, habiter, et pourquoi pas aimer ce qu'il va appeler:"moi-même". "Me reconnaissant toujours pour la cause principale de tous les malheurs qui me sont arrivés, je me suis vu avec plaisir en état d'être l'écolier de moi-même,” disait un auteur du XVIII° siècle: G. Casanova. Le libre choix et l'action libre. L'expression qui consiste à dire: "Je veux faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux, où je veux" peut se définir comme un désir d'absence de contraintes. Si cette phrase n'est pas vraiment réaliste, celui qui la dit se berne t-il tant que cela? en règle générale il sait que c'est impossible. Cela peut se comprendre aussi comme étant un désir de prendre ses décisions par soi même qui peut-être une demande indirecte d'apprentissage du choix. Liberté et pouvoir de choix opérant les ressources profondes de la personnalité, ne vont-ils pas ensemble ? Le langage de l'action libre est liée à" projet"," motif", "décision"," raison d'agir"," responsable".Apprendre à choisir c'est aussi apprendre à faire des projets et prendre une décision à la suite d'une évaluation. Cela sous entend de savoir analyser une situation, ce qui oblige à faire certains apprentissages comme de savoir observer, juger, connaître les valeurs auxquelles on se réfère. On retrouve là l'importance de la connaissance et surtout du discernement qui 130 est une condition essentielle de la liberté.Tout s'équilibre: projet et motif, décision et raisonnement pratique. Dans un discours sur l'action, les projets se développent à partir des motifs, les décisions se prennent sur la base de déductions, de raisonnements. On décide quelque chose "parce que." Connaître le sens, le pour quoi, la raison, est important. Le principal est la raison et non la cause, disons plutôt, le sens. Cette signification est susceptible d'être communiquée à autrui, elle est rattachée à un ordre de choses psychologiques, morales, sociales, culturelles. Ce n'est pas l'arbitraire qui décide puisque le désir n'est plus une simple impression, il est mis à distance et peut servir de moteur. Cette démarche permet de se situer au coeur d'un ensemble où on va être le maître. Le choix fait, les fins et les moyens susciteront, construiront l'oeuvre libre. Agir est différent de percevoir, connaître, comprendre, décrire, différent du mouvement observé dans la nature. Pour ce qui est du choix et de l'activité libre, choisir demande de savoir faire l'inventaire de ses ressources, de ses différences et de ses particularités. Une sorte d'analyse de ses richesses, et ensuite on se met en projet. Mais pour cela il faut savoir anticiper à partir de ses expériences. A partir de cette démarche l'on ose risquer, apprendre à voir, à imaginer le cheminement, à prévoir. Si j'invente, quelle est la part de mon passé, de ma culture, que je vais avoir à prendre en considération? "Se décider" implique l'agent de l'action : C’est un trait fondamental de l'action humaine. C'est aussi une condition de la responsabilité, cette liberté de se prendre en charge et de répondre de soi. "Si cela arrive c'est qu'on l'a voulu". Il y a différence entre constatation et 131 action. Faire, c'est organiser, être efficace, agir sur l'extérieur et faire oeuvre de soi même en même temps. Mais pour que cette dernière soit réellement possible il faut pouvoir intervenir à échelle humaine, ne pas être loin de ce qui nous touche. (voir la loi de la proximité de J. Pestalozzi 34) Actuellement l'action est bien souvent à distance dans le temps et l'espace, ou alors on est dans l'immédiat , dans le magique. Nous sommes dépassés par nos nouveaux moyens techniques qui donnent une illusion de pouvoir. L'univers est de nouveau un abîme. Ce n'est pas comme l'artisan qui fait son oeuvre d'un bout à l'autre et est maître de la succession des différentes étapes ; là sa responsabilité est directement engagée. Si la liberté est de savoir affronter la réalité, celle-ci doit être constituée de façon à permettre à l'homme d'être un agent responsable en fonction de ses moyens. Attention à l'obligation de choisir!!!, on peut être dégoûté de choisir quand on a pas les moyens!.Mais on peut avoir une illusion de pouvoir et être l'objet de ses pulsions. A ce sujet il est important d'être à jour sur la signification de: désir, intérêt, motif..."Etre sire de soi même", est une expression viking. Quand ne sommes nous pas sire de nous même ? : Quand...nous ne nous sentons pas libres? Si nous ne comprenons pas ce qui se passe et que nous ne pouvons pas décider ? Si nous ne (pré)voyons pas l'aboutissement de nos actions ? Obligés de choisir alors qu'on a pas les éléments pour le faire ? Confrontés à des ruptures dans l'organisation de son temps ? Lorsqu'on doit agir dans l'immédiateté.? Si on se sent “acculé à...”sans 132 possibilité de repli. Surpris, sans maîtrise sur l’évènement Quand on ne peut pas se situer dans un ensemble cohérent. Quand nous avons peur, que nous nous sentons menacés, quand nous n'avons pas confiance, que nous ressentons le pouvoir des autres, que nous avons à faire à quelqu'un qui fait preuve de superficialité, de rigidité, d'indifférence. Confrontés à des multiplicités de possibles sans pouvoir choisir.Dans l’obligation de trop prendre en compte la nécessité ou le rentable, enfermés dans des obligations qui n'ont pas de sens pour nous. Il est intéressant de noter que l'on peut regrouper beaucoup d'éléments autour des ruptures dans notre espace temps, surtout quand elles nous sont imposées ! On est souvent impuissant face au manque d'information et de sens par rapport à une situation dont on ne connaît ni l'origine ni l'aboutissement. Il y a aussi le manque de confiance et la pesanteur de l'environnement. Donc, comment la réalité pourrait-elle être constituée pour permettre à l'homme et aussi à l'enfant d'être, ou de devenir libres? Il est important d' avoir des repères dans l'espace et le temps, mais aussi d'avoir un temps et un espace à gérer. C'est à dire avoir un endroit à soi et des moments à soi ! Apprendre à voir, à prévoir, à imaginer un cheminement, à saisir des rapports. Avoir des activités qui donnent la possibilité de découvrir des liens. Etre acteur dans une action globale, diverse, visible, où il y a des liens. Si l'éducateur donne toujours des conseils, l'enfant essaie de les suivre et ne prend pas l'habitude d'habiter sa pensée, son intériorité. La liberté se construit conti133 nuellement dans l'espace propre à chacun et avec de multiples outils. Un des buts de l'éducation est de les faire acquérir. Il parait évident que la première démarche de l'éducateur est la reconnaissance de la liberté non seulement chez l'autre mais en soi. En effet il y a des chances pour que l'éducation se fasse en fonction de l'expérience de l'éducateur par rapport à ce sujet et de ce qu'il en pense. Ce n'est pas simple car s’il parait évident de dire que l'éducation à la liberté ne peut-être le fruit d'un dressage, d'une manipulation ou d'un conditionnement, n'arrive t-il pas quelquefois, ou même fréquemment, que ces différentes attitudes soient employées. Ne font-elles pas partie de certaines démarches éducatives, au moins comme étape ! Les ruses, les stratégies, que ce soit sous forme de séduction, d'idées pédagogiques, d'arguments, de références aux principes, de bons droits, sont -ils toujours en harmonie avec la construction et l'expérience de la liberté? Il est difficile ! même avec une bonne expérience, de bons principes éducatifs de laisser l'espace à l'enfant pour qu'il puisse apprendre la liberté et ses exigences ! Une des fonctions de l'éducation serait aussi dans la retenue de ce que l'éducateur doit pouvoir ne pas dire, ne pas faire, afin de laisser la place à son interlocuteur. Savoir attendre, regarder, laisser prendre quelques risques, laisser l'autre réaliser à son rythme ce que l'on aurait fait plus vite, différemment et mieux. Ne pas vouloir combler, ne pas envahir l'autre avec des émotions, des sensations, alors "qu'on est là pour apprendre, pour montrer, pour faire faire."Sinon! comment l'éduqué va til pouvoir donner son propre sens à un espace qu'il n'a pas construit lui même ? D’ailleurs le pédagogue n’est pas là pour “apprendre” aux élèves, non, mille fois non ! 134 Il doit progressivement permettre au jeune (ou au moins jeune) de s’approprier, par lui-même, dans la plus grande autonomie de découverte et de recherche, les outils permettant un apprentissage signifiant; Pour comprendre l’idée d’apprentissage signifiant, prenons un exemple simple : le langage, quelqu’il soit. Sa fonction est la communication et l’expression. Et donc, en dehors de la syntaxe et du vocabulaire, que l’on peut faire découvrir en pure autonomie, on orientera bien évidemment l’expression vers le partage des découvertes importantes pour la personne qui s’exprime. Ainsi on évitera les pénibles et malheureusement classiques : “John fume la pipe dans son fauteuil en lisant son journal”et “Votre terrain est plus grand que le casque de mon neveu”. La liberté peut-elle se concevoir dans le mensonge ? La liberté intérieure ne va pas sans vérité. En effet le mensonge et aussi les situations floues, ce qui est caché, le non-dit, désamorcent la confiance, faussent la connaissance d'une situation et enlèvent les moyens d'agir librement. Toute situation mensongère est hors liberté. L’acquisition de l’autonomie constitue un des pivots du “devenir humain”. Dans son activité, apprendre à compter sur soi même, ne sera pas le fruit de l'évitement des difficultés, ni même de l'échec. L'éducation n'est pas d'éliminer le difficile mais de faire qu'il soit accessible. Il faut apprendre à l'enfant à travailler, à s'occuper seul. à développer ses potentialités à partir de son propre intérieur et non d’un a-priori sur le “normal”. La mémoire a été glorifiée de façon quasi maniaque. L’hyper-développement de celle-ci est à l’origine de nombreux dérangements mentaux se révélant plus tard. Mais “avec modération”, elle constitue un autre outil 135 qui donne confiance et permet d'élaborer son propre espace et le discernement. Elle peut constituer le support de notre monde intérieur. Il est bon d'apprendre à l'enfant à se souvenir, à faire l'inventaire de ses ressources, de ses différences, à faire l'analyse de ses propres richesses. A faire un retour sur soi pour donner sens à sa vie. Mais il ne faudra pas confondre la mémoire avec l’intelligence, et il faudra à tout prix éviter “l’indigestion mémorielle”, dont sont friands nos Diafoirus de l’apprentissage socio-professionnel. Citons ici une phrase à méditer : “le cerveau bruyant n’est pas intelligent” Pour moi, la notion d’histoire se situe à deux niveaux - Mon histoire et celle de ma famille, ce qui m’a constitué,- Et l’histoire de l’humanité en tant que des êtres ont pu se libérer de ce monde, et dans quelle situation , l’influence qu’ils ont eu sur le développement des civilisations et comment, quel type de civilisation induite par les “hommes libres” peut finalement bénéficier à l’humanité entière. Cette connaissance va peu à peu prendre place dans le temps, c'est à dire la connaissance de la propre histoire, de celle de la famille, de son pays mais aussi, la découverte d'autres lieux va donner la possibilité de prendre du recul, par rapport à sa propre façon de penser, de relativiser, pour ne pas se mettre au service de quelqu'un ou d'une idéologie aveuglément et là aussi de savoir prendre ses responsabilités. Il est évident que cette démarche est facilitée par une confiance entre les interlocuteurs. On doit arriver à penser présent, avec des références du passé réactualisé. Le premier degré de la liberté est de pouvoir porter ses désirs au langage. C'est pourquoi les acquisitions 136 dites scolaires sont des outils indispensables. Mais elles ne sont vraiment utiles que lorsqu'elles ne servent pas seulement à savoir ce que les autres pensent mais à apprendre à exprimer ce que l'on pense. Apprendre à exprimer ce que l’on a découvert. Le pédagogue doit absolument laisser l’enfant aller jusqu'au bout de sa phrase sans l'interrompre ! Est-ce si facile que cela ? Même si c'est simple ! Ecouter, du début à la fin, doit être appris et pratiqué par tous les membres du champ éducatif ! Permettre à l'enfant de développer son imagination et s'exprimer avec des mots précis, c'est lui donner deux outils indispensables pour acquérir sa liberté. Lui apprendre à dire ce qu'il ressent et à argumenter, l'aider à repousser ses propres limites, qui pourraient l'enfermer, se situer par rapport à la projection de l'éducateur, l'aider éventuellement à parler sur sa souffrance est aussi une possibilité de la gérer. Répondre à ce type de situation par le développement de la confiance en soi ! Pour cela, tous les moyens de développement des capacités d’expression, de développement des facultés créatrices, peuvent et doivent être proposés très tôt : , faire de l'art, du théâtre, de la poésie, de la danse, etc... Comment se développe la confiance en soi et en ce monde, en tant qu’école de l’humanité? Cela sous entend dans un premier temps une certaine connaissance de soi, de sa propre valeur qui ne peut exister que si on a eu l'impression d'être aimé. On est libre par la foi en soi, la confiance, quand on a quelqu'un à aimer, et que l'on s'en sent responsable. Ceci est lié à l'amour et à l 'impression d'exister qui commence à se construire avec le regard de la mère pour son enfant. 137 Elle prendra un autre sens lors des interdictions maternelles et l'ouverture sur l'ensemble de la famille. (voir la 13ième lettre de Pestalozzi 35) Etre attendu, avoir des obligations, se confronter, facilite aussi une “position de confiance” La connaissance de soi, des autres, de l'environnement se construit dans les limites et grâce à la confrontation avec elles. Entre le désir de les dépasser et celui de les accepter se situe la liberté. Quand l’on donne sa confiance, ce doit être avec une juste mesure en fonction des possibilités de l'enfant. Si l’on analyse les échecs, il faut apprendre à ne pas en faire un drame ; et que l'enfant ait des activités qui ont un sens, qui servent à quelqu'un, à quelque chose Dans ce contexte quel est le rôle de “La loi”? Si le monde est constitué à l'intérieur de limites, il offre de multiples possibles. Mais ces derniers doivent faire l'objet d'une certaine protection et organisation et c'est ainsi que la morale politique entre en jeu dans la sauvegarde de la liberté. Il faut qu'il y ait un minimum de loi pour qu'il y ait liberté et initiative. De même que l’homme est appelé à passer de la loi de l’ancien testament à la “loi d’amour”, Le jeune devra (très peu) être soumis à un “cadre facilitant relatif” avant de s’en libérer. Mais je préfèrerai toujours la vision “anarchiste” à la vision “communiste” Une bonne hygiène de vie, hygiène matérielle, vitale, émotionnelle et mentale s’imposera progressivement pour faciliter toute forme d’éducation. Mais n’oublions jamais que 4/5 de l’humanité n’a pas à manger à sa faim et que nombre d’entre eux démontre un “pouvoir” de liberté bien plus avancé que nous. 138 Est-on libre quand on a pas assez dormi et que la mémoire fait défaut ? Ou que nous n'avons pas assez ou trop mangé? Que nous avons froid. Enfin un minimum de bonnes conditions corporelles sont souhaitables, mais un certain détachement aussi, là encore il est nécessaire de dire non pour faire son espace! Conclusions... Suivant les époques, la conception de la liberté varie. L'histoire de la subjectivité est profondément liée à celle de la liberté. Son surgissement en est un bouleversement. Après "l’infinitude" apportée par le christianisme, c'est le pouvoir de se détourner de Dieu. "Le cogito", de Descartes est le pouvoir du oui et du non, c'est la libre pensée au sens littéral du mot. Tout est dans l'action intentionnelle de la vie quotidienne ainsi qu'une recherche d'une action sensée au plan éthique et politique. Sur le plan de la société c'est une valeur qui a ses variables et qui change de lieu politique ou social, tel ou tel a le flambeau de la liberté. Elle se dévoile peu à peu dans l'homme. Rien ne l'assure, on doit toujours la conquérir. En bref, aider l'enfant à trouver les chemins de la liberté est essentiel en éducation. Enrichie de réflexions issues de mon expérience personnelle, Voici la vision de QUELQUES GRANDS PÉDAGOGUES, comme en une transversale brève à grande vitesse, de quelques-uns de ces "pionniers" (liste non exhaustive bien entendu!) 139 Ovide Decroly ---------------------------------- Decroly naît en Belgique, à Renaix en 1871. Son père, d'origine française est un industriel. Sa mère est musicienne et lui donne une éducation musicale. Il reçoit une éducation teintée de rousseauisme, près de la nature. Son père lui apprend à travailler de ses mains, mais Decroly aura du mal à supporter l'éducation autoritaire de son père et l'école. On a ici déjà des éléments qui le pousseront à chercher “autre chose” au cours de sa vie, et en feront un chercheur authentique.Médecin, il se spécialise dans les maladies mentales. Il étudie en Allemagne avec Mendel et Langerhauss (neurologues) et en France avec Raymond et Geoffroy. Il a de l'intérêt pour les enfants arriérés, les malades l'intéressent plus que la maladie. Et comme nous sommes tous plus ou moins malades, de par notre présence même à ce monde, on voit ici tout l’intérêt d’une recherche axée sur “l’homme malade”, et non sur la maladie, car la liste inépuisable des maladies encore non répertoriée peut se décliner sans fin et selon tous les noms imaginables. Dès 1901 il fonde la " Société pour la protection de l'enfance anormale " et un Institut, avec sa femme, pour les enfants déficients. C'est l'" Institut pour les enfants irréguliers". En 1904 il est nommé inspecteur des classes spéciales de la ville de Bruxelles. Il fonde une société de "Pédotechnie" avec des instituteurs. Il s'intéresse aux travaux d'A. Binet sur les tests (donc aux débuts de la création de la psychologie). Il a donc la chance d’attaquer la maladie à sa racine. ¨Puis En 1907 il fonde l'Hermitage, pour enfants normaux, où il élabore sa méthode. Il y observe les enfants. 140 Il a beaucoup souffert à l'école, surtout parce qu'on y découpait l'enseignement en différentes disciplines. Cela n’a malheureusement pas beaucoup changé, et les vagues tentatives de PPCP ou autres ne sont pas vraiment prises en main de façon sérieuse par les enseignants. De toutes façons toutes les tentatives intéressantes y sont muselées pour d’illusoires raisons de sécurité. Il va donc y rechercher un moyen d'enseigner qui sera plus cohérent. Il y échange beaucoup avec ses collaborateurs, sa femme et ses enfants vont participer à l'élaboration de sa pédagogie. 1911: Il préside à Bruxelles le premier congrès international de pédologie. En 1920 il est professeur de psychologie à l'université de Bruxelles et en 1921 est chargé d'une chaire d'hygiène éducative à la faculté de médecine. Il entretient une consultation pour enfants anormaux et participe à de nombreux congrès internationaux sur l'éducation. En 1922 il est membre de la "Ligue Internationale pour l'Education Nouvelle".et se rend aux Etats Unis où il rencontre J.Dewey. Il traduit son livre "Comment nous pensons" en 1935 et va en Colombie où il travaille avec Niéto Caballero36 En Espagne il est amené a collaborer à "l'enfance délinquante". Il est intéressé par les réalisations de Cousinet, Freinet... C’est en 1927 que l' "Hermitage" déménage, sous la direction de Mlle Hamaide ; il devient de plus en plus le rendez-vous de pédagogues. En 1930 Decroly élabore sa méthode qui peut servir jusqu'à l'université. et il meurt à 60 ans, en 1932 Il n'aura rien voulu écrire, car pour lui, sa méthode doit bouger, évoluer, il a peur qu'elle soit prise à la lettre. 141 Il travaille avec de nombreux collaborateurs dont Mlle Hamaide qui elle, va le publier. Decroly pense que l'enfant a une représentation globale des objets en vue d'un certain usage, sa définition d'un objet est " ceci c'est pour… ". Donc le processus part de la vision de l’environnement. L’objet se distingue d'un ensemble dont il fait partie. Souvent l'enfant confond l'objet avec son support. Les parties d'un objet sont prises pour le tout. Par la suite il décompose et reconstruit avec un certain ordre. (C'est à partir de là qu'il a créé la méthode globale de lecture.) Autrement dit, Decroly découvre intuitivement l’éveil de la conscience individualisée chez l’enfant, conscience qu’il devra dépasser plus tard s’il veut s’éveiller à la conscience de l’âme, dont les caractérisitiques sont de dépasser l’espace-temps et l’individu. Donc on doit aider les enfants à sortir de la confusion et à distinguer les différentes qualités des objets. On le guide en lui laissant prendre les initiatives. Ceci est d’une infinie importance. En effet, la conquête de l’environnement exige une libre appréhension de l’espace-temps. Des influences affectives entrent aussi en jeu. Le fait de donner le mot correspondant à l’objet ou au phénomène découvert est une étape importante. C’est d’ailleurs, parait-il, ce que fit l’homme originel. Decroly, ainsi que les anciens, égyptiens ou grecs, l’avaient parfaitement compris, pense que l'enfant revit les différentes périodes de l'histoire de l'humanité, au cours de son développement par les différentes phases de croissance. La Rose-Croix, comme tout ésotérisme profond et sérieux, dit qu’il revit aussi les 4 phases de développement de la création, minérale, végétale, ani- 142 male, et humaine. Ceci confirme absolument les recherches de Steiner qui démontre que la période de 1 à 7 ans correspond à une phase à associer au minéral, la période de 7 à 14 ans au végétal, celle de 14 à 21 ans à l'animal, puis celle de 21 à 28 ans à un développement spécifiquement humain. On peut aussi associer ces mêmes périodes successivement au matériel, à l'éthérique ou vital-énergétique, à l'astral, sidéral, émotionnel-mental, et au mental associé au véritable pouvoir de penser, examiné plus loin. Au cours de son développement préhistorique et historique, l'homme fut confronté à diverses éducations, incarnatrices-matérielle (correspondant au centre du bassin), vitale-énergétique, astrale-émotionnelle (sanctuaire du cœur), et finalement de nos jours, correspondant à une époque de dématérialisation, une éducation plus orientée vers le mental, plus structurée (sanctuaire de la tête), d'ailleurs en train de se dépasser elle-même. - Mais, partir des besoins de l'enfant n'est-ce pas le limiter à ces propres besoins alors qu'il faut l'en sortir!? La guerre de 1914 va remettre en cause toute la société, et la psychanalyse, véritable tourmente intellectuelle, influencera la vison de Decroly. Sa perception est essentiellement contraire à celle de Montessori. Elle isole chaque sens en les stimulant avec du matériel tout prêt. Sa démarche éducative se décompose en trois étapes : - L'observation - L 'association - L'expression. Il y a donc pour lui trois temps dans le processus d'apprentissage mais son but sert aussi à "apprendre à 143 apprendre". Et une chose est certaine, celui ou celle qui aura vécu le processus de liberté guidée préconisé par Decroly, jamais ne criera dans un parc à son chien, “au pied, assis, debout”, comme je viens de l’entendre à l’instant,car il comprendra avec humilité l’ensemble de la création. - L'observation: On met l'enfant en contact avec des matériaux, des objets et des faits. Il est même préférable qu'il propose lui-même le support de l'observation. On regarde ensemble, on en extrait les propriétés. Pour cela on organise des excursions, des visites. On fait des croquis, on prend des notes, des photos. On apprend à regarder. On extrait les mots nouveaux, on précise. A partir de ces mots nouveaux on approche la lecture et l'écriture ou on perfectionne le français. On accumule, on fait des collections. On compare et on mesure, on classe, c'est l'approche du calcul et des mathématiques. On détermine les diverses qualités des objets, on cherche ce qu'il y a de semblable et de différents dans d'autres objets. On compare les volumes, les formes, les couleurs, l'odeur, le goût... On classe ces différentes propriétés et c'est l'occasion de faire des sériations. Tout ceci rentre dans le cadre de la “Biosophie”, sagesse de la Vie, Connaissance et compréhension de soi, du monde, de la Vie, pilier très important de l’éducation telle que la conçoivent les Ecoles J.V. Rijckenborgh, en Hollande, à l’heure actuelle. A partir des sciences d'observation on s'approche peu à peu de la biologie, de la physique et la chimie. La Biosophie englobe celles-ci, les dépasse et les rend aussi plus simples d’accès. 144 - L'association: C'est déjà la mise en rapport avec ce que l'on sait déjà. On confronte les connaissances acquises avec des données plus abstraites. On tire de ses observations des idées générales, des concepts, par exemple sur la manière de vivre des hommes. On cherche les cause et les effets, on voit les différentes appartenances. On va voir ce qui se passe plus loin: c'est la géographie, et ce qui s'est passé avant: c'est l'histoire. Pour cette dernière pas de nomenclatures d'hommes, d'événements, de dates. Peu de récits mythiques, de héros, mais des documents réels. On veut des faits! L'enfant accumule des documents et en fait la synthèse. - L'expression : C'est la traduction des idées, des sensations, par des textes comme de la poésie, par le langage, des dessins, des créations artistiques. Le développement des capacités d’expression dépasse donc largement la simple écriture ou parole. Toute cette élaboration peut se terminer par un exposé, c'est à dire que tout ce qui a été appris puisse être représenté, écrit ou on fait du travail manuel, on élabore des dossiers. Ce travail autour d'un même objet s'appellera : "Le centre d'intérêt". Je dois ici préciser, que même dans ma façon d’apprendre l’anglais à des jeunes de 15 /16 ans, souvent peu motivé pour cet apprentissage au départ, la seule et unique bonne façon de les amener à trouver un réel intéret à leurs progrès linguistiques, c’est ce que j’ai appelé le “written masterpiece”, ou chef d’oeuvre écrit, où le jeune va développer une recherche 145 sur le thème qui le motive vraiment, en anglais, et de la façon qu’il juge bonne et à sa portée, avec mon aide bien entendu. Les progrès réalisés sont alors totalement inattendus et inespérés. On peut commencer cette façon de faire dès 6/7 ans et dans toutes les “matières”. Quels objets, quelles idées propose t-on? Decroly et d'autres comme Claparède ont élaboré un programme basé sur les intérêts de l'enfant qu'ils ont délimité ainsi: Ce sont les besoins principaux et leur satisfaction. J. J. Rousseau en a déjà parlé, dans "l'Emile ou de l'éducation". Il s'agit de...se nourrir, c'est à dire l'alimentation, se reproduire, lutter contre les intempéries, se protéger, se défendre contre ses ennemis, travailler, se reposer, se récréer, (par exemple quels sont les progrès de l'industrie au cours des âges). L'étude du milieu humain: sa famille, son école, la société les animaux, les végétaux, la nature...Le matériel qui nous entoure. Par rapport aux facultés de compréhension de l'enfant on va de ce qui lui est proche au plus lointain. Plus l'enfant est petit et plus on part de lui même et de ce qui l'entoure directement. Sont élaborées plusieurs évolutions. C'est ainsi que l'on va: - du simple au complexe - du concret à l'abstrait - de la réceptivité passive à la spontanéité 146 - de l'indétermination à la spécialisation - de la subjectivité à l'objectivité - du principe de jouissance au principe de réalité - de l'immédiat à la médiateté - du présent au futur, - du proche au lointain - de l'éparpillement à l'unité. Cela rappelle les différentes lois de Pestalozzi! On fait le "cahier de vie", qui est un dossier propre où l'enfant accumule toutes ses acquisitions, sous formes de fiches, de dessins, cela dépend de son âge. La classe est un atelier. Les murs appartiennent à l'enfant. On peut déplacer le mobilier, les tables sont plates pour pouvoir travailler. "Le banc pupitre est bon pour les clercs de notaire". "La classe est partout, à la cuisine, au jardin, aux champs, à la ferme, à l'atelier, à la carrière, aux magasins, aux musées, aux expositions..."On voit ici à quel point nos écoles sont encore rétrogrades, surtout dans le second degré. Essayez donc de rendre aux élèves les murs et l’espace de la “classe”, donc son mobilier. Essayez de faire comprendre aux directeurs et même aux collègues, que “l’école est partout, à la cuisine, aux champs, à la ferme, à l’atelier, etc...” Donc l'enfant est actif dans sa propre éducation. Il se fait une opinion personnelle. On retrouve ici les souhaits de J.J. Rousseau et de Jan Amos Comenius Ainsi l'enfant travaille de façon autonome, mais il est soutenu 147 dans ses projets, il est encouragé. Son sens critique (au sens positif) s'affirme, son habileté se développe, sa personnalité s'affirme. Ses intérêts s'étendent avec la compréhension et la connaissance. Le jeu sert surtout dans les premières années, à asseoir ses connaissances. Plus tard ce sera le jeu collectif. L'éducation morale: L'école est un milieu social, c'est une société en petit. Elle est mixte de 4 à 18 ans. Les élèves sont amenés à prendre conscience de la valeur de leurs actes, se jugent, se critiquent, élaborent des règles de vie. Ils ont des responsabilités dans la marche de l'école. Ils peuvent prendre des initiatives. Il y a des comités d'enfants, les décisions sont votées aux "états généraux". O quel rêve encore malheureusement, quel retard dans nos écoles, où les initiatives et les responsabilités confiées aux élèves sont parfaitement illusoires. Responsabilités collectives pour le jardin, le matériel, le poulailler! Comme nous serons heureux quand la cuisine et la confection des plats donc le jardin, seront ouverts aux jeunes. Du sport et des jeux : On fait du théâtre et on organise un orchestre. On peut toujours, en France, en tout cas, constater l’inculture musicale et théâtrale de nottre jeunesse. Et quand l’un d’entre nous fait entrer le théâtre au Lycée, cette initiative est bien rapidement dénaturée et on la retire à celui qui l’a eu, de peur qu’un travail libérateur en profondeur soit accompli. J’ai bel et bien essayé de faire connaître les oeuvres des enfants. Jusqu’ici, mépris profond des soi-disants 148 pédagogues. Or, déjà, chez Decroly, l'imprimerie publie les œuvres des enfants. On y imprime des invitations pour une fête organisée par les enfants... Il y a des contacts avec les familles. Il est important, et nous devrions en prendre de la graine, que l'institution et les familles travaillent ensemble. Comment peut-on espérer des contacts fructueux avec les familles, si, et c’est toujours ou presque le cas, le groupe des éducateurs n’est pas capable de présenter aux parents, au-delà des programmes si éloignés de la réalité et en retard de 20 ans, une plate-forme d’orientation détaillée du travail pratiqué dans l’établissement d’enseignement. Pour l’instant et dans la majorité des cas, on constate que la pratique des “non-relations” entre parents et professeurs consiste en ceci : une fois ou deux par an, les parents sont invités à venir voir les professeurs (1 par 1, de façon complètement clientélisée) pour leur demander si leur progéniture travaille bien. En général ceux qui viennent sont ceux qui n’auraient pas besoin d’être là (dans ce contexte), puisqu’ils ne rencontrent pas de réelles difficultés. Et quand vous commencez à présenter aux parent des méthodes un peu “audacieuses”, ceux ci prennent peur et parlent d’examen et de contrôle. En bref, l’école, et cela devra changer au plus vite, reste pour le parent, et de façon limitative, le lieu où l’enfant doit apprendre à 1) lire, écrire, et compter, et 2) développer des capacités purement socio-professionnelles, pratiques, utiles et rentables. Or ceci représente à peine 1/4 du réel travail éducatif, comme toutes les approches ici indiquées, celle de Comenius et celle de Mr Jan Van Rijckenborgh, et donc la mienne puisque je me réclame de ces deux “grands”, l’indique depuis la naissance des siècles. 149 L'école est ouverte. "L'école par la vie, pour la vie" résume l'essentiel de sa méthode. C’est bien entendu vers cette ouverture que nous tendons, et à cause de cette volonté d’éveil de l’homme vrai chez le jeune et le moins jeune que nous nous battons. C. Freinet et d'autres vont s'inspirer de ses idées et de sa méthode. Voyons maintenant : John Dewey --------------------------Il est né dans le Vermont aux Etats Unis en 1859. L'œuvre de John Dewey a marqué, pendant la première moitié du XXe siècle, non seulement la vie scolaire des Etats-Unis, mais aussi la pensée pédagogique de la plupart des pays. Après avoir exercé les fonctions de professeur de lycée et de professeur d'université, John Dewey fonde une école-laboratoire en 1896 et publie ses premières œuvres importantes : Mon Credo pédagogique (My Pedagogic Creed , 1897) et L'école et la société (School and Society, 1899). Il enseigne ensuite à l'université Columbia jusqu'à sa retraite (1930). Il approfondit et précise sa doctrine dans de nouveaux ouvrages, parmi lesquels Comment nous pensons (How We Think, 1909 37 ) et Démocratie et éducation (Democracy and Education. An Introduction to the Philosophy of Education , 1917). Au cours des années 1950, les 150 conceptions de Dewey tombent en discrédit. Ses compatriotes lui imputent, entre autres, l'échec de certaines innovations scolaires et le retard dans la conquête de l'espace, sa conception pédagogique ne préparant guère les jeunes à la compétition scientifique et technique internationale. On s'aperçoit ici de la faculté illimitée de ne pas voir plus loin que le bout de son nez d'un grand nombre d'éducateurs, pour ces fameux prétextes fallacieux de compétition et de scientificité. " Un peu moins de science, un peu plus d'art ", une devise d'un médecin d'une des œuvres de Marcel Proust, pourrait ici être utilement méditée. Accentuons ici cette véhémente protestation! Tout ce qui n’est pas estampillé de la marque de fabrique passe-partout “scientifique, et rentable” est de nos jours méprisé et regardé de haut, alors que là peut-être se trouve l’unique chance de salut de notre époque, l’inconnu, l’inconnaissable, et le “gratuit”. Avec Stanley Hall et B. S. Morris il approfondit la philosophie et la pédagogie.En 1896, il fonde la première école expérimentale rattachée à une université. Connu et reconnu dans le monde entier, où il fait des conférences d’un retentissement universel, il meurt en 1952 à New York. - Dewey insiste sur l'importance de l'expérience. Mais celle-ci doit avoir deux qualités: Le plaisir immédiat et un aspect ultérieur relatif à son influence sur l'expérience suivante. L'enfant doit donc apprendre à dégager de l'expérience ce qu'elle a de positif. Ce qui implique l'importance de faire un plan, un projet, une construction logique dans la continuité. Ces opérations permettent au jeune d'apprendre à prévoir les conséquences, à observer pour prendre les conditions 151 environnantes en considération, à donner une signification à ce que l'on observe. Le gros problème actuel du sens, la jeunesse refusant tout ce qui ne fait pas sens de façon irréfutable et profonde, ou refusant tout en bloc, est déjà mis en place et traité à sa juste valeur. Le sens essentiel des choses peut et doit être appréhendé depuis le plus jeune âge, grâce aux outils dont dispose le jeune et le “fonds universel” dont dispose l’éducateur. On cherche les causes, par quoi, pour quoi...on fait une sélection des moyens,( l'analyse) on les arrange ( la synthèse). Ensuite il faut garder des traces des idées. Dans l'éducation traditionnelle il y a aussi un cheminement mais il est apporté tout prêt à l'enfant qui n'en fait pas le tour. Ce n'est pas lui qui le construit. Il y a 5 étapes dans l'organisation de l'expérience: 1) La reconnaissance d'un problème 2) La définition de ce problème 3) Les solutions possibles 4) Les résultats possibles 5)La mise à l'épreuve. Ici est mis en relief l'importance de la relation dans la pensée. "Penser est une démarche intentionnelle pour découvrir les liens spécifiques entre ce que nous faisons et les conséquences qui en résultent" L'éducateur peut aussi observer l'enfant pendant l'expérience et mieux le connaître, voir quelles aptitudes il développe. A la démarche rationnelle ici proposée, il est 152 rajouté cet indéfini puissant de l’observation de l’inobservable, de la connaissance par l’observation en présence, où le tout de l’être fluctue de l’un à l’autre ou aux autres. Sa fonction est de préparer la situation où l'enfant sera acteur: - la classe, - son rangement, - les outils pédagogiques. Dewey mériterait une étude plus approfondie, mais nous devons ici nous conformer à l’idée de panorama annoncée. ...Quoi qu'il en soit, l'un des meilleurs commentateurs de la pensée du grand pédagogue, Ou Zuizhen, considère "qu'en dépit des critiques et des attaques, la pédagogie de Dewey continuera à dominer la pratique de l'éducation en Amérique, car elle est dans la droite ligne de l'éducation moderne et correspond à la culture et à la société américaines" (1961). 153 CØlestin Freinet... Célestin Freinet est né en 1896 dans les Alpes maritimes. et meurt à Vence en 1966. Son enfance à la campagne laissera des traces profondes en toute sa vie d’où l'importance accordée chez lui à la société traditionnelle et à certaines valeurs transmises. Ce qui expliquera une pensée très concrète et en même temps en révolte contre toute forme d’absurdité, de manque de bon sens, etc... et donc logiquement ses démélés avec la hiérachie et les inspecteurs. On retrouve cet intérêt dans "Les dits de Mathieu" où il fait parler un berger qui partage ses réflexions...entre la poésie et le bon sens...Paysan, philosophe, poète, Freinet va lutter de toutes ses forces pour l'éducation. Très éprouvé par la guerre de 1914, il en reviendra blessé. Il est nommé instituteur en 1920 à Bar-surLoup, où des difficultés se font jour du fait de l'atmosphère qui y règne. Mais il est en recherche par rapport à la pédagogie. Il découvre Ferrer et d'autres pédagogues comme M.Montessori, O. Decroly, R. Cousinet... Les écoles anarchistes en Allemagne, bien qu’il les visite, n’éveillent pas vraiment son intérêt. En 1923 il va en Suisse au 2e Congrès de la Ligue Internationale de l'Education Nouvelle, y rencontre Claparède, Ferrière, Bovet, Coué, mais il est déçu par le fossé entre ce qui s'y dit et les possibilités réelles d'un instituteur. 154 Etant instituteur il emmène les enfants dans la campagne faire des observations, organise des enquêtes, crée une coopérative de vente des produits locaux et s'intéresse à la vie économique de sa région. Il organise une correspondance avec une autre école, envoie un journal fait avec son imprimerie, dans sa classe avec les élèves. Il ne va jamais hésiter à introduire la vie, de même que les nouvelles techniques, à l'école. On retrouve ici les idées de Decroly, de même que celles de tous les pédagothérapeutes authentiques contemporains. En 1924 il introduit le cinéma, le travail de groupe, et se sert de l'environnement rural pour faire faire des observations qui seront le point de départ d'apprentissages. Il édite: "L'imprimerie à école", "La gerbe", la "Corevue des enfants", "Les enfantines". A Tours, Congrès de "L'imprimerie à l'école". Il crée une cinémathèque coopérative. Il publie des manuels scolaires. En 1929: C'est la création du fichier scolaire, très riche documentation pour les élèves qui désirent apprendre sur un sujet particulier. Il doit s'affirmer devant les éditeurs classiques. Son troisième Congrès est ignoré par l'Education Nationale. En 1930 des centaines de journaux scolaires circulent. En 1935 il ouvre une école à lui, du fait de ses nombreuses difficultés avec l'Education Nationale. Il crée une organisation très militante: le "Front de l'enfance" cherche à rassembler ceux qui, intéressés par l'enfant, sont au delà de la politique ou de la religion. Mais ce mouvement sera rejeté par tous... Il écrit des articles dans la revue d'Henri Barbusse: "Clarté". Un ensemble d'instituteurs s'y intéressent, 155 ainsi que d'autres pays d'Europe. "L'imprimerie à l'école" s'ouvre à d'autres sujets (comme les soins).Il créé d'autres outils pédagogiques: - fiches mathématiques - Un dictionnaire - Clarification de l'étude grammaticale - Séries de notes sur le dessin. "L'imprimerie à l'école " devient" l'éducateur prolétarien". En 1933, une cabale est montée contre lui à St Paul, on ne supporte pas ses initiatives pédagogiques, alors que sa notoriété dépasse les frontières. (Je veux signaler qu’à part la notoriété, je vis la même expérience de cabbale, d’incompréhension, et de calomnie, ce qui me rassure en un sens, car tout ce qui s’est toujours fait de libérateur en ce monde rencontre inévitablement ces écueils). En 1935 il ouvre sa propre école à Vence. En 1936 il prend part à la constitution du Front de l'enfance plus ou moins soutenu par le groupe français de L'Education Nouvelle et démissionne en 1939 de la Fonction Publique. Cette démission vient après de désastreuses inspections et une incompréhension totale de la partie réactionnaire et “muselée” de l’éducation nationale. Une fois de plus, tous ceux qui vivent la recherche libératrice en pédagothérapie retrouvent, en cette période de “tunnel” oppressant vécu par nombre d’entre nous, les mêmes expériences. Mais il faut savoir qu’après le tunnel, le soleil luit, et le travailleur de la lumière sait que, 156 dès le début, la victoire lui appartient comme à toute la légion des exécutants créateurs du plan de l’accomplissment de l’homme et du monde. Son organisme, la Coopérative de l'Enseignement Laïc : "CEL" subit des variations, a des problèmes avec les politiques et les syndicats, et est démantelé pendant la guerre de 1939. Freinet est fait prisonnier, il écrit: "Conseils aux parents", "Essai de psychologie sensible adapté à l'éducation" "L'école moderne française". En 1945, il remonte la "CEL". En 1947, rouvre son école et transforme la CEL en Institut coopératif de l'Ecole moderne. Il fait faillite et hypothèque sa maison pour la conserver.De 1945 à 1952 il continue à éditer des brochures d'éducation nouvelle, et des fascicules à la Bibliothèque de l'école moderne. A partir de1960 il crée des dossiers pédagogiques Le 20° congrès de l'Ecole Moderne a lieu à Brest en 1965 Il meurt le 8 Octobre 1966. Toute sa vie Freinet s'est réellement battu pour la recherche pédagogique confrontée à un milieu qui ne le comprenait pas et où il était considéré comme gênant. Par contre il a rencontré de l'intérêt de la part de nombreux instituteurs. Il se voulait libre et laïque, en un sens positif, au delà du politique et du religieux, mais respectueux de toutes tendances libératrices. Marqué par la philosophie et l'idéologie communiste, contre le capitalisme, il désire préparer les jeunes travailleurs. Les termes "populaires, travail, prolétaires" font partie de son vocabulaire habituel. Il est, pour d'autres raisons que M. Montessori, méfiant vis à vis du jeu 157 et préfère le mot travail, sauf pour les tout petits. Mais il est éducateur avant tout, instituteur praticien, poète, réaliste. "Nous sommes des pédagogues et non des politiciens". Il part des motivations profondes de l'enfant, fait une analyse de la façon dont il s'engage dans un processus d'apprentissage et ensuite crée des situations où chacun retrouvera des motivations. Pour lui il faut que l'enfant voie l'utilité de travailler. - La nature et le dynamisme vital, jouent un rôle prépondérant, dans les "Dits de Matthieu"en particulier, recueil d'idées de bon sens s'inspirant de la tradition et de la façon d'élever les animaux. Il n'est pas contre la religion, dans la mesure où elle ne se pratique pas par soumission; "c'est une vie conforme aux prescriptions des grands sages, sommets splendides de l'humanité". Là est la marque d’un grand esprit. Même si Freinet ne se relie pars à une forme de pensée religieuse, il reconnait la valeur des grandes écoles spirituelles,. Nous en donneront une rapide vision, laissant le lecteur poursuivre par lui-même ses recherches, sachant qu’elles possèdent une force pédagogique inouïe. Citons la tradition égyptienne, grecque, gnostique chrétienne, Manichéenne, bogomile, cathare, Hussite, Morave, Rose-Croix, etc...Les écrits de Theillard de Chardin l'intéressent. Il est très observateur des enfants par rapport à leur mode d'acquisition. Tout compte fait, il est très proche des idées de Decroly qu'il critique, ainsi que Montessori, et Dewey. Il admire A. Ferrière, Francisco Ferrer, et Pestalozzi mais s'élève contre les applications rigides et scolastiques, par exemple critique la Russie qui fait pourtant 158 d'apparentes innovations (à part Makarenko). Il est intéressé par la non directivité de Carl Rogers. On retrouve chez lui la personnalité de la plupart des pédagogues : innovateur, futuriste, personnel. Il est dans son temps et hors de son temps. Son imprimerie est dépassée par l'informatique en même temps qu'elle lui donne une autre dimension. Sa pédagogie est basée sur : la créativité, l'esprit d'initiative, la coopération entre enfants... Est-il périmé? Nous croyons en tout cas qu'il a contribué à faire connaître divers aspects très importants de la " tâche pédagogique ", et que les éléments cités impliquant le réveil de l’enfant puis de l’homme par rapport à toutes ses qualités corporelles, psychiques et spirituelles ne seront périmées que lorsque tout être humain aura retrouvé l’entière possession de ses qualités biopsychospirituelles, et nous en sommes loin, à tel point que ce que je viens d’écrire représente soit une absurdité à condamner de façon véhémente et violente, soit une folie douce ou dangereuse, soit quelque chose de totalement abscons et dogmatique, alors que cette vision exclut absolument toute forme de dogmatisme. Mais nous vivons un temps où le dogmatisme est devenu celui des soi-disants laïques et pseudo-scientifiques. Il fait beaucoup de matériel pédagogique: fichiers, imprimerie, films... Ce matériel est bien entendu transitoire, temporaire, puisqu'il constitue un élément " dégradable " du fait des progrès de la science et des techniques au service de la pédagogie, ce qui ne retire rien à l'essentiel de sa " vision " pédagogique. Il met l'accent sur la responsabilité individuelle et collective, sur la coopération et l'entraide et utilise, comme le fai159 sait déjà Comenius, l'actualité comme support d'enseignement. Précisons ici l’imprtance de l’utilisation et de la confection autonome de nombreux matériels “pédagogiques” par les élèves eux-mêmes, ce qui rencontre bien entendu une opposition furieuse dela part des fabricants de manuels homologués, et donc des intérêts économique gouvernant notre pauvre éducation nationale. Freinet, par ailleurs, suscite l'apprentissage de l'utilisation d'outils divers. Voici une journée dans une classe... La journée commence par un entretien où les enfants apportent quelque chose au groupe ; les élèves font des récits, posent des questions, apportent des documents, des objets. L'emploi du temps s'organise, on s'adapte suivant les événements, chacun fait évoluer les activités. Les matières sont:le français, les maths, l'éveil scientifique et artistique, les activités physiques, l'histoire et la géographie. Mais toutes ces matières reprennent un “sens”. Une fois de plus, nous voyons ici l’amorce de la “Biosophie” développée par J.V. Rijckenborgh dans les années 1950/1960. Chez Freinet, chacun participe à la définition de ce “sens”, de son “sens”. L’esprit de recherche et de découverte s’installe et se développe. Les moyens pédagogiques développent l'imprimerie, le fichier scolaire coopératif, du cours élémentaire au cours moyen 2, fait par des instituteurs, le calcul autocorrectif avec les 4 opérations graduées, les expériences à partir de l'artisanat, la bibliothèques de travail, la bande enseignante. Il y aurait là bien sûr, beaucoup à dire et à développer; on s’apercoit que, malgré leur différence d’”idéologie”, Freinet et Comenius sont très proches... 160 Sur le plan individuel, le plan de travail, le projet et sa réalisation appartirennent tout entiers à l’individu. Il bénéficie bien entendu de l’aide du pédagothérapeute, szuffisamment intelligent pour susciter des directions tout en respectant la liberté la plus entière du jeune. Les ateliers: maçonnerie, cuisine, jardinage, lingerie, buanderie, élevage, mécanique représentent des aspects matériels où le jeune peut tester et rencontrer la réalité avec sa réalité. Les notions d’utilité et d’unique nécessaire se rencontrent en confrontation avec ces ateliers. La classe a une organisation coopérative avec des tâches à accomplir; l'évaluation reste comme toujours et partout un problème tant qu’on n’a pas décidé de tout mettre en oeuvre pour une réelle autoévaluation intelligente. Le maître est là, on se réunit le matin, on voit comment aider les plus faibles, on prend des décisions. On régule la prise de parole. La notion de parole intelligente et vivante prend une place positive. Le samedi on prépare la semaine suivante. Il y aurait encore beaucoup à dire, mais il faut ici renvoyer aux textes Voici ensuite une brève approche de FrØdØric Frbel aît à Thuringe, en Allemagne en 1782. Il perd sa mère très tôt, à quelques mois, et est élevé par sa belle-mère. Son père, pasteur, aime la nature et initie son fils au jardinage. Mais Fröbel sera surtout élevé par un oncle, Hoffman, qui saura lui faire confiance, alors que son père était assez rigide. Chez lui N 161 il va aller à l'école, mais ce sont surtout ses deux frères qui vont s'occuper de lui. Il est forestier durant deux ans et apprend la sylviculture, la géométrie et l'arpentage. La nature aura toujours de l'importance pour lui. Elle lui servira de ressourcement dans les moments difficiles de sa vie. Il aime les mathématiques, ce que l'on retrouvera plus tard dans l'organisation de ses jeux.En 1799 il va à l'université d'Iéna pour étudier le droit et la philosophie. Il y sera incarcéré comme insolvable, et retourne chez son père où il écrit beaucoup. Il étudie la minéralogie, la physique, la chimie, est intéressé par l'architecture et les philosophes,et découvre J.Pestalozzi grâce au pédagogue Grüner. En 1805, il devient instituteur, séjourne à Yverdon pendant 15 jours, où il trouve l'enseignement de Pestalozzi trop morcelé. Il est initié à J .A. Comenius, un des premiers pédagogues à avoir parlé des petits enfants (grâce au philosophe Kraus). A Guttingen en 1811, il apprend le sanscrit, l'hébreu et le grec et est intéressé par les phénomènes astrologiques. Dans les années 1813 et 1814, il fait la guerre contre Napoléon, et en revient ulcéré. Il y a rencontré deux de ses futurs collaborateurs. La nature.lui procure une fois de plus la paix. En 1816, il travaille au musée minéralogique. Il réfléchit à une pédagogie liée à une philosophie où le matériel que les enfants manipulent a un sens. Il fait une étude sur les lettres à qui il va donner un sens et une valeur dans leur prononciation. Il se marie en 1818,avec une femme divorcée qui a 162 une fille adoptive, et fonde un institut d'éducation où il réalise les idées de Pestalozzi. Il n'y a que 13 élèves dont ses neveux. Ses collaborateurs, rencontrés à la guerre, sont Langethal et Middendorf. On y fait beaucoup de sports, de nombreuses promenades à la campagne, on s'identifie aux chevaliers teutoniques, l'éducation est libre, on suscite l'activité de l'enfant, plutôt que de tenter de lui faire accumuler des connaissances. On mène de front l'éducation physique intellectuelle et morale. La vie est pauvre. Son frère, industriel vend tout et vient s'installer avec lui.Malgré un petit développement, il a 56 élèves en 1826, on calomnie son école (ce qui attend tout novateur), il doit la fermer. Il va en Suisse, où, aidé par un ami, il ouvre une école. Mais il est attaqué par le parti clérical. En1826, il produit "L'éducation de l'homme", ouvrage à dimension philosophique dans lequel il présente entre autre, sa théorie du jeu. Il fonde une revue: "Les familles éducatrices". En 1833, il ouvre un institut à Willis où les élèves ont du succès à l'examen. Il donne des cours à l'école normale. En 1834, on lui confie un orphelinat à Burgdorf en Suisse. Il s'intéresse surtout aux petits, passe des heures à observer les bébés. Il pense qu'il faut régénérer l'humanité en commençant par la base. De plus en plus, il accorde de l’importance à l’observation des enfants, les regarde jouer et conçoit peu à peu sa pédagogie. En 1838, il fonde le premier " kindergarten " (ou jardin d'enfants) à Blankenburg. Il crée son matériel, invente des jeux et des chants. En 1840 il donne le nom réel, qui restera, de " Jardin d'enfants "; il fonde un autre journal "Venez, vivons pour nos enfants". 163 En 1843, il publie " les chants de la mère", recueil de 7 chansons, emprunte à "celles qui savent" et complète. Ce sont des jeux, des comptines, des récits, de la gymnastique, des berceuses que la mère chante aux nouveaux nés. Il y a des chants de gymnastique pour développer le corps de l'enfant, lui donner de bonnes impressions, des chants pour l'ouvrir à son père et son entourage, d'autres pour l'ouvrir à la nature, aux autres hommes et à Dieu. Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827) Pendant des décennies Pestalozzi fut considéré comme le fondateur de la pédagogie et comme promoteur d'une formation culturelle générale pour l'homme. La commémoration de son 250ième anniversaire en 1996, en même temps que celle des 400 ans de la naissance de Comenius, a placé le "mythe"de Pestalozzi, ainsi que la réception de celui-ci, au centre d'un débat scientifique critique. Depuis lors, Pestalozzi, en tant que personnage historique, nous apparaît plutôt comme un penseur tourné vers le passé. Or l'édition critique complète de ses oeuvres et de ses correspondances, enfin achevée après 70 ans, nous suggère une nouvelle appro164 che de la pensée et des idées de l'auteur, afin d'arriver à une distinction entre ce qui est lié à une époque donnée et ce qui la transcende pour appartenir au monde des principes, et afin d'attribuer sa juste place à l'apport de Pestalozzi à la génèse et au développement de la pensée pédagogique. Voici quelques approches: - Sur les pas de Pestalozzi - Qui êtes-vous, Monsieur Pestalozzi ? de J. Cornaz-Besson - Pestalozzi, de Michel Soëtard Tout est résumé par la phrase : en pédagogie, ce qui compte c’est l’homme, c’est le seul livre que j’ai étudié toutes ces années. C’est évidemment la même orientation que Comenius et que Jan van Rijckenborgh. Le 12 janvier 1746, il nait à Zurich, puis y fait ses études : après l’école primaire, le Collegium Carolinum, puis la théologie, et le droit. C’est un étudiant agité. Il lit Rousseau, et a de nombreuses amitiés. De 1767 à 1768 il effectue un apprentissage agricole chez Tschiffeli à Kirchberg. Puis en 1769, après des fiançailles mouvementées et une grande correspondance, il se marie avec Anna Schulthess, jeune femme fort instruite de Zurich. En 1770, c’est la naissance de leur fils unique, Jakob, élevé selon les principes de Rousseau ( Emile ou de l'éducation ). De 1770 à 1773, il pratique des activités 165 agricoles sur son domaine du Neuhof à Birr. De 1773 à 1780, il créé un institut pour enfants pauvres et orphelins au Neuhof. Entre 1781 et 1798 il entame des activités littéraires, (Léonard et Gertrude, notamment). Il reçoit en 1792, de l’Assemblée nationale de Paris, le titre de « Citoyen d’honneur de la République française ». 1797, Gottlieb Pestalozzi naît. Il demeurera leur unique petit-fils. 1798, fin décembre, il se rend à Stans pour s’occuper des orphelins de guerre. et doit quitter Stans dès juin 1799 , d’où la Lettre de Stans. De 1799 à 1804, il enseigne à Burgdorf. Il y est le fondateur de l’école populaire, de l’école des pauvres, l’école des bourgeois; il tient le premier séminaire pédagogique au château de Burgdorf. Jakob, son fils, meurt à l’âge de 31 ans. Il avait toujours été maladif. En 1804, il est invité par la ville d’Yverdon. 18051809 l’Institut au château rencontre un franc succès, complété par un séminaire pédagogique. En 1806 il créé un Institut pour jeunes filles, à l’Hôtel de Ville. La directrice en est Rosette Kasthofer. Mais en 1810, le Père Girard de Fribourg, à la demande du gouvernement Suisse, se révèle très critique.1813 Il fonde un Institut spécialisé pour enfants sourds-muets, le premier en Suisse, avec son collaborateur Johann Konrad Naef. Il en est le premier directeur. En 1815, c’est la mort d’Anna Pestalozzi-Schulthess. Elle sera ensevelie à Yverdon. 1818 il fait ouvrir la Maison des pauvres à Clendy, près d’Yverdon. De 1815 à 1823, il reçoit la visite et le grand intérêt de nombreux Anglais. Mais de 1821 à 1825 les difficultés s’amoncellent. Les départs de colla166 borateurs se multiplient En 1825 Pestalozzi Quitte Yverdon après 20 ans d'intenses activités et regagne sa maison du Neuhof, auprès de son petit-fils Gottlieb. Il meurt à Brugg le 17 février 1827 ; il est enseveli à Birr. Ecrits sur l'expérience du Neuhof. Sous forme de lettres, ces écrits de Pestalozzi s'enracinent dans une expérience fondatrice menée entre 1774 et 1780 sur son domaine du Neuhof. Il y accueille des enfants pauvres des campagnes qu'il fait travailler au filage et au tissage du coton, tandis qu'il assure avec sa femme leur formation humaine. Edité par le Conseil scientifique du CDRPY, traduit par P.-G. Martin et suivi de quatre études de P.- Ph. Bugnard, D. Tröhler, M. Soëtard et L. Chalmel. Avant-propos de Ph. Meirieu.Format 15/21, 160 pp. Ed. Peter Lang, Berne, 2001. Lettre de Stans. Sous forme de lettre à son ami Gessner, Pestalozzi résume ici son expérience capitale faite à Stans en 1798 avec des orphelins de guerre. Nouvelle traduction et introduction par Michel Soëtard, spécialiste de Pestalozzi en langue française.- Format 12/16, 64 pp. Ed. CDRP, Yverdon,1985. Fables. Des 240 fables environ, écrites dans les années 1797, en voici un choix intéressant. Choisies et traduites par Jean Moser, édité en 1946 à Fribourg.Format 12/16, 136 pp. Rééditées par le CDRP, Yverdon, 1983. Mes recherches sur la marche de la nature dans l'évolution du genre humain. Œuvre philosophique majeure de Pestalozzi qui pose les fondements d'une véritable philosophie de l'éducation. Traduction, introduction et 167 commentaires de Michel Soëtard.- Format 14/22, 290 pp. Ed. Payot, Lausanne, 1994. Comment Gertrude instruit ses enfants. 1801, Pestalozzi a voulu décrire sa "méthode" sous forme de lettres. Par une nouvelle traduction et une excellente introduction, Michel Soëtard fait ressortir l'étonnante actualité de la démarche pédagogique de l'auteur.- Format 16/24, 240 pp. Ed. Castella, Albeuve, 1985. Esquisses de la Révolution. Texte paru dans le Journal du peuple helvétique en 1797 et par lequel Pestalozzi expose les idées nouvelles en forme de dialogue. Il y souligne l'importance de la prise de conscience collective pour améliorer le sort du peuple. Traduction et introduction de Ph. Henry, P. Marc et I. Keller.- Ed. Université, Neuchâtel, 1991. (Dans "Vous avez dit…pédagogie", cahier no 23). Léonard et Gertrude. Textes de 1781 à 1783. Roman campagnard populaire, dans lequel chaque personnage a un rôle précis à jouer pour la reconstruction d'un village idéal où règne l'esprit démocratique. Œuvre importante où Pestalozzi développe sa vision communautaire et sociale. Traduction de L. Vassenhove. Il est peut-être aussi intéressant de donner quelques grandes lignes concernant Rudolf Steiner Celui-ci fut, en son temps (début du 20e siècle), un pionnier de l’éducation, et sa vision préfigure la nôtre, 168 puisqu’il parlait de pédagogie curative, ce que j’appris bien après de lancer le terme de pédagothérapie psychospirituelle. Rudolf Steiner développa des méthodes employées de nos jours pour les enfants handicapés Avant de développer plus avant les idées et les réalisations dues à Rudolf Steiner, et même, disons le “au nom” de Rudolf Steiner, car nous croyons que ses idées de départ n’ont pas pris le chemin qu’il aurait voulu, et donc, à mon avis, on peut parler de trahison des impulsions de départ de Rudolf Steiner, notons un peu pêle mêle quelques idées et réactions à la recherche et à l’actualité d’un groupe de pédagogues connus sur internet comme “Le Café Pédagogique”. Et nous verrons que même les idées de Steiner, et à fortiori celles de Comenius et de J.V. Rijckenborgh sont loin d’avoir encore été comprises , encore moins mises en pratique. Nous y voyons les choses poussées à une telle absurdité pathologique, induisant si elle était mise en pratique des troublres mentaux et de comportement. Nous savons en effet que l’excès, l’indigestion, n’est pas seulement gastrique, mais peut aussi être mentale et entraîner de graves troubles: Voici quelques extraits du “Café pédagogique”, ils rapportent de façon assez intéressante à notre propos : “Si vous n'avez pas encore pris connaissance du " socle commun " que le ministre de l'Education nationale veut que tout élève maîtrise en sortant de l'école obligatoire, hâtez-vous. Le tableau frise le panégyrique de l'homme moderne : maîtrisant évidemment la grammaire, l'orthographe, la règle de trois, les proportionnalités, les formules de calculs de volumes, les théorèmes 169 principaux de la géométrie plane, les équations du premier degré, la démonstration, la structure micro et macro de l'Univers. Il sait s'émouvoir devant la beauté de la Bible ou du récit de la fondation de Rome, fondements de l'art en Europe, maîtrise l'histoire de l'Europe dont il parle une langue couramment, loue la culture d'entreprise, sait utiliser l'informatique pour s'informer avec discernement, sait prendre l'avis des autres avant d'agir en conséquence, respecte le bien d'autrui et sait que tous sont égaux devant la loi (surtout Guy Drut…). Toutes ces citations sont évidemment extraites du discours de présentation fait par l'édile (sauf la dernière). D'ailleurs, l'homme sait qu'il joue sa peau puisqu'il revendique " l'obligation de résultat " de la nouvelle gestion publique induite par la LOLF : " le ministre de l'Education nationale en sera directement comptable ! " Evidemment, l'intention populiste n'échappe à personne. Il s'agit de montrer la volonté de l'Etat de vaincre les dérives libertaires et soixante-huitardes qui ont "miné" l'école depuis 30 ans. Davantage que le projet de décret, c'est le discours d'accompagnement qui donne les clés de la pensée robienne : " Il ne saurait être question de sortir du CP sans savoir lire " exhorte Robien. " Je suis si surprise, dans l'image qu'on donne aujourd'hui publiquement aux parents, selon laquelle cette lecture courante devait êtreacquise à la fin du cours préparatoire. Mais ce n'est pas possible ! " oppose Anne-Marie Chartier, une des meilleures connaisseuses de l'histoire de l'Ecole en France, qui explique au contraire que " notre système a été ces dernières années dans une augmentation de la productivité à la japonaise, il faut oser le dire... " 170 Et nous voyons là ce que nous dénoncions plus haut, la mentalité de compétitivité, de lutte pour gagner, et écraser l’autre, idées économistes en porte à faux appelées à disparaître, et le plus tôt sera le mieux! La lecture des instructions officielles de 1923 lui donne pourtant raison : à l'époque, on souhaite ne pas s'engager dans le choix d'une méthode, mais on précise que " grâce à l'entraînement intensif auquel ils auront été soumis pendant trois années, nos élèves, dès le début du cours moyen, posséderont le mécanisme de la lecture. (…) Par suite, on peut exiger de lui qu'il prouve par sa manière de lire, qu'il comprend ce qu'il lit. (…) C'est dès le début du cours moyen, à neuf ans, que l'écolier doit lire avec expression. " Toujours Robien : " Si l'on ne maîtrise pas bien les conjonctions de coordination, si l'on n'en connaît pas le sens, il y a fort à parier que l'on aura du mal à développer des raisonnements logiques les plus courants. (…) Bref, il faut apprendre les règles au cours de leçons, pratiquer des exercices et consacrer à cela des séquences particulières ", et dans la même veine, " la connaissance parfaite des quatre opérations et de la règle de trois rend possible la résolution de problèmes et l'exercice du raisonnement. Sans revenir ici sur la pauvreté intellectuelle de ce type de raisonnement, citons à nouveau les instructions de 1923 : " L'enseignement grammatical doit être concret. (…) Il ne s'agit pas de formuler des définitions abstraites dont une connaissance plus approfondie de la langue ferait vite apparaître le caractère artificiel. Il s'a171 git d'amener les enfants, par la pratique du langage parlé ou écrit, à classer avec une suffisante précision les formes verbales sous les rubriques que les grammairiens ont imaginées pour mettre un peu d'ordre dans le chaos des réalités linguistiques. " En confisquant ainsi le débat sur le socle commun, Robien est très efficace pour renvoyer chacun à la place qui est la sienne dans le débat public : les syndicats fustigent la " baisse d'exigence " ( !), les lobbies réactionnaires demandent qu'on aille jusqu'au bout de la purge, les parents ne comprendront pas que ça ne prenne pas corps dans la réalité… Et la seule question qui vaille ( comment on fait pour progresser ?) sera renvoyée, sempiternellement, à la seule responsabilité des acteurs de terrain. Meirieu peut continuer à réclamer des indicateurs de réussite (mesurer les taux de passage de classe ne dit rien sur ce que savent les élèves), Thélot verra ses prédictions réalisées : " Le risque le plus grand du Grand Débat était d'en rester au niveau du Café du Commerce " disait-il il y a deux ans. Enterrée, la réflexion engagée depuis dix ans pour outiller les enseignants à construire, à partir du résultat des évaluations CE2-6e, des démarches d'enseignement cherchant à comprendre les difficultés des élèves à partir de leurs productions. Désormais, l'enseignant subit la nouvelle injonction du " programme personnalisé ", de la " remédiation " (remédication ?) individuelle quand tous les savoirs disponibles montrent que c'est bien dans le social que l'élève en difficulté peut inscrire progressivement son rapport au savoir. Politiquement incorrect ? Pourtant, Robien aurait pu 172 relire les instructions de 1882 :" La seule méthode qui convienne à l'enseignement primaire est celle qui fait intervenir tour à tour le maître et les élèves, qui entretient pour ainsi dire entre eux et lui un continuel échange d'idées sous des formes variées, souples et ingénieusement graduées (…): il forme le jugement en amenant l'enfant à juger, l'esprit d'observation en faisant beaucoup observer, le raisonnement en aidant l'enfant à raisonner de lui-même et sans règles de logique". Dans son apologie de l'apprentissage des conjonctions de coordination comme préalable au développement de la pensée, Robien a dû faire un glissement sémantique. La locution renvoie en effet à l'idée de deux groupes distincts, d'égale valeur, réunis pour concourir à un but, à un effet précis. Copulative (qui unit) ou adversative (qui oppose), la conjonction de coordination impliquerait qu'une fois le but commun établi (la réussite de tous), la Nation mette au travail les différents groupes qui la composent pour définir comment chacun peut concourir au progrès. Et comme dirait C. Lelièvre, les profs doivent aussi parfois être amenés à reconnaître que leurs intérêts personnels ne coïncident pas exactement avec ceux des élèves. Un véritable débat devrait permettre d'en convenir, qui réinterroge l'articulation entre le primaire et le secondaire, et tout ce qu'il y aurait à gagner à tisser une culture commune entre les différents niveaux des ordres d'enseignement, chacun étant en mesure d'enrichir l'autre de ses savoirs. C'est bien au contraire à une relation de subordination que nous renvoie le texte du ministre : subordonner l'action à l'injonction, la pensée à l'ordre établi, le sens à 173 la règle, le collectif à la hiérarchie, la savoir à la raideur formelle des grammaires. Si les mots ont un sens, Robien n'en a pas. Patrick Picard Croissance économique et éducation Une main d'œuvre plus éduquée est plus mobile et plus adaptable, elle peut apprendre de nouvelles tâches plus facilement… Elle est plus autonome… Tout ceci permet à une entreprise qui emploi une main d'œuvre plus instruite de s'organiser différemment, d'être dirigée différemment, d'avoir des équipements différents". Alors que le scepticisme sur la rentabilité de l'effort éducatif se fait jour, trois économistes de The Brookings Institution, un institut de recherche indépendant situé à Washington, montre l'intérêt économique de cet investissement pour l'éducation de base. Pour eux, il contribue pour 13 à 30% à la croissance de la productivité durant ces 40 dernières années. http://www.brookings.edu/views/papers/200604dickenssawhill.htm Absentéisme et sens de l'Ecole "La question de l'absentéisme en général, est de plus en plus prégnante dans le système éducatif actuel, un réflexe de banalisation accompagne trop souvent nos comportements : "de toute façon c'est une tendance générale, on n'y peut rien… ". De temps à autre on décide de se saisir vigoureusement et, croit-on, définitivement, de la question, alors un radicalisme se met en 174 place souvent encouragé par la "réaction" des enseignants devant l'inadmissible. On se met alors à exclure à tout va. Le mal disparaît-il ? Si un certain nombre d'absents par laxisme modifie son comportement le noyau dur subsiste car les raisons de l'absentéisme sont liées à la capacité du système à intégrer des jeunes que leurs conditions de vie sur le plan économique ou (et) familial rend réfractaires aux apports de l'école. Un travail d'approche individualisé, de " mise en liens " doit être mis en œuvre." Yves Rollin, secrétaire national d'Education et Devenir analyse les motifs de l'absentéisme lourd propose des réponses : relation de confiance avec un adulte, climat d'établissement, suivi individuel, etc. Pour Y. Rollin, "le traitement de l'absentéisme lourd permet non seulement de remettre en route un certain nombre d'élèves, Il impose au système scolaire de s'interroger sur son sens et donc sa légitimité". Tribune http://education.devenir.free.fr/Tribune.htm” Quittons le “Café Pédagogique” et Revenons à la PÉDAGOGIE CURATIVE de Rudolf Steiner. (Nous voyons ici que sans que nous le sachions, notre terme de pédagothérapie n’était pas si nouveau) Nous laisserons à la réflexion de chacun les conclusions 175 à tirer des pages précédentes et suivantes aussi d’ailleurs. Précisons que j’ai largement écourté !... Enfants Que l'on visite un centre de pédagogie curative (école, institut) en Irlande, en Suède, en Italie ou dans tout autre pays, on est toujours frappé par le fait que le cadre est déterminé par des matériaux, des couleurs et des formes à caractère naturel. Dans certains instituts, éducateurs et enfants habitent ensemble comme dans une famille élargie. Chaque jour a son rythme propre. Pour les enfants, les enseignements scolaires et les différentes thérapies jalonnent le déroulement de la journée. Le but est de stimuler le développement des enfants. La vie culturelle occupe une place primordiale dans le quotidien. Les activités musicales, les pièces de théâtre, la cé1ébration des fêtes en commun tout au long de l’année créent un environnement stimulant, structurant, favorisant l’inscription dans le temps. Jusque là je serais assez partant pour ce type d’approche, à part le fait, et il est d’importance, que nous avons là affaire à des soins de l’âme et absolument pas à une école de l’esprit... L'école Steiner-Waldorf prétend prendre la suite de la réflexion de Steiner. Or je n’en suis pas si sûr... Elle en est à l’étape de réflexion suivante, entre autres : La transmission des savoirs ne suffit pas. La crise de l'école montre partout la limite des systèmes d'enseignement qui visent exclusivement l'entraînement de l'intellect et la transmission des savoirs abstraits. L'absence d'un pluralisme pédagogique véritable prive notre pays 176 des expériences et de l'émulation qui pourraient le conduire à considérer des voies de changement insuffisamment explorées jusque-là. L'école Steiner-Waldorf, depuis 75 ans, est fondée sur l'idée de la liberté de l'homme, convaincue que l'amour, la confiance et l'enthousiasme, aux lieu et place de l'ambition, la crainte et la compétition, dotent les enfants de la sérénité et des forces qui leur seront indispensables pour avancer dans un monde incertain, y réaliser leur projet d'existence, en contribuant au progrès de l'homme. Rien que ces approches sont déjà très intéressantes,même si, à mon avis, elles sont notoirement parcellaires et insuffisantes. Il est nécessaire de croire en chaque enfant, au lieu de le considérer comme bien souvent moins que rien. Accueillir l'enfant à l'école, cela signifie le reconnaître dans sa personne individuelle, établir avec lui une relation de confiance et de responsabilité dans la continuité. Lorsque ces bases sont posées, l'école peut alors répondre aux besoins fondamentaux de l'être humain en développement qui lui est confié. La tâche de l'enseignant devient alors de favoriser l'épanouissement de chaque enfant dont il a la charge, de l'accompagner vers la découverte de sa voie originale. Voilà de bien intéressantes choses, mais où est ce qui permet à l’enfant de différencier l’horizontal du vertical, le spirituel du psychique et du matériel. Cela est possible et nécessaire, même un enfant de 6 ans peut le comprendre, mais il faut l’orienter vers “cela”. L'école Steiner-Waldorf s’adresse donc à tous âges, de la maternelle au Lycée, mais dans un esprit radicalement différent des systèmes d’enseignement actuels. Une école complète, pratiquant la pédagogie Steiner177 Waldorf est un établissement intégré : maternelle, primaire et secondaire, accueillant des élèves du jardin d'enfants (trois ans environ) aux classes de lycée. Elle reste à taille humaine : 400 à 450 élèves, 25 à 30 élèves par classe. Les classes primaires Les apprentissages proprement scolaires commencent à l'âge de sept ans environ. Un même professeur principal, assisté de professeurs spécialisés (langues, art, activités manuelles, sport), prend en charge une classe d'âge pendant toute la durée du cycle primaire. L'enseignement procède par images vivantes. L'enfant fait d'abord les choses avant de les aborder par l'abstraction. Le secondaire Disposant d'une meilleure maîtrise du principe de causalité, l'adolescent peut progresser maintenant vers l'abstraction et développer un jugement réellement autonome. Toutes les matières sont enseignées dans l'optique d'un éveil aux problèmes du monde actuel et à la responsabilité de l'homme en tant qu'acteur dans le monde. L'enseignement est confié à une équipe de professeurs spécialistes de leur discipline qui interviennent dans les différentes classes du collège et du lycée pour garantir la cohérence de l'accompagnement des élèves et de leur progression. Des méthodes originales L'intégration sociale L'un des objectifs de l'école est de former de futurs citoyens qui trouveront leur place dans la société et de 178 les préparer à enrichir la vie sociale de leurs potentialités et aspirations individuelles. Le respect de chaque enfant doit permettre aux moins doués intellectuellement d'accéder à un niveau de culture générale satisfaisant, cependant que les moins manuels trouvent une stimulation dans l'exercice des activités pratiques et artistiques. Les stages en troisième dans le monde agricole, en seconde et en première dans le monde industriel et social, ancrent leurs connaissances théoriques dans la réalité. Le fait que ces enfants grandissent ensemble pendant plusieurs années permet d'insister sur l'attention aux autres et offre l'avantage de les sensibiliser aux règles qui régissent la vie en société. L'ouverture sur le monde Notre société est ouverte sur le monde. Dans la pédagogie Steiner-Waldorf, l'apprentissage de deux langues vivantes commence dès le cours préparatoire. De nombreux échanges avec d'autres écoles Steiner-Waldorf à l'étranger (Allemagne, Angleterre, Canada, États-Unis, etc.) favorisent la consolidation des acquis. Mais la compréhension d'autres cultures commence par l'apprentissage de la nôtre. L'éducation civique et l'histoire de notre civilisation ou celle des religions sont des bases indispensables à l'ouverture d'esprit. Travail de fin d'étude ("chef-d'œuvre") Pendant la durée de sa douzième classe (1re des lycées), chaque élève est invité à produire un travail individuel sur un sujet original de son choix : réalisation manuelle ou artistique, littéraire, scientifique, technique ou sociale. Ce chef-d'œuvre comporte une partie pra179 tique, une étude théorique et une présentation orale devant l'ensemble de l'école : invités, professeurs, parents et camarades. Là encore l'élève est amené à montrer les degrés de maîtrise et d'autonomie qu'il a atteints et à témoigner de ses aptitudes et résultats. Citons ici, à ce propos, un passage intéressant : Les mutations que connaît notre société sont telles que le 21ème siècle sera nécessairement différent du précédent. C'est la définition même de l'être humain qui est en cause. Il nous faut comprendre que l'essentiel de notre patrimoine n'est pas dans ce que la nature nous apporte mais dans ce que nous nous apportons les uns aux autres. L'urgence est donc de passer d'une culture de compétition à une culture d'émulation.Cela suppose une véritable révolution. Nous irons ici plus loin que cette péremptoire affirmation : toute forme de “lutte pour la vie”ravalant l’homme au niveau de l’animal devra disparaître, et c’est la “non-lutte dans l’action” qui devra devenir la règle. Ceci implique évidemment et de façon radicale une absolue révolution intérieure et extérieure. Elle ne pourra être pacifique que si elle est provoquée par l'Ecole. Albert JACQUARD message adressé à l'école anthroposophiquede Lyon, à l'occasion de son 21ème anniversaire. 180 Voici une position intéressante sur Rudolf Steiner: Le programme politique de « liberté de la vie spirituelle » et « d’économie associative » défini par Steiner a échoué ; ses écoles en revanche ont été une réussite, dans une certaine mesure. Mais nous voulons ici préciser que la volonté de Steiner était de créer une véritable “Ecole spirituelle intérieure”. Il ne put le faire, et ses écoles s’en ressentirent évidemment. Lorsqu’il meurt à Dornach, le 30 mars 1925, en laissant inachevée la rédaction de son autobiographie, la première promotion d’élèves de l’École Waldorf prépare le baccalauréat. Le « Goethéanisme » La perception intérieure du monde spirituel et la spiritualisation de tous les domaines de la vie constituent le thème central de l’œuvre de Steiner. A dix-neuf ans déjà, Steiner souffre de la démythification du monde due à l’économie, la technique, les sciences naturelles et la philosophie critique. Au plus profond de son être persiste au contraire la certitude, courante en d’autre temps, de l’existence d’un univers spirituel. Au début de ses études, censément en sciences naturelles, il écrit à un ami : « L’année dernière je me suis efforcé de comprendre si Schelling a raison de dire qu’il existe en chacun d’entre nous ‘une merveilleuse faculté cachée, au-delà de l’instabilité du moment, de se retirer au plus profond de soi-même pour y observer ce qu’il y a d’éternel en nous dans sa forme immuable’. Je pensais et pense encore avoir indubitablement découvert en moi cette faculté intérieure. Il y a d’ailleurs longtemps déjà que je l’avais pressentie ». 181 Dans ses œuvres préthéosophiques Steiner, réfutant délibérément le criticisme de Kant, qui limite l’expérience objective, s’efforce de justifier par la théorie de la connaissance cette expérience mystique solitaire. Il part au contraire du principe que par-delà les limites de la connaissance définies par Kant, tout ce qui est nécessaire à « l’explication du monde » est accessible à la pensée humaine, car il est convaincu que la pensée est, sous la forme des idées, l’essence du monde. La connaissance de soi permet de « pénétrer progressivement les fondements de l’univers ». Le spirituel s’incarne dans l’ « organisme universel » ; sa manifestation la plus haute et la plus achevée est la pensée humaine car l’homme exprime le contenu de la pensée, c’est-à-dire les idées éternelles. La « perception intellectuelle » permet à l’homme de faire l’expérience directe des idées et de fusionner ainsi (à nouveau) de manière altruiste avec les fondements de l’univers. La théorie de la connaissance du jeune Steiner est donc à la fois une ontologie et une cosmogonie - un retour à la doctrine prémoderne, à la fois naïve et réaliste, du réalisme des Universaux : elle a pour but de montrer à l’homme sa mission et sa place dans le monde par le biais de la réflexion sur soi et doit lui permettre de « conquérir par le travail de la pensée ce que l’on obtenait naguère par la foi en la révélation : la satisfaction de l’esprit ». Le désir de réhabiliter une vision du monde objective et idéaliste explique aussi l’intérêt de Steiner pour les recherches de Goethe sur la nature : contrairement aux sciences naturelles expérimentales, basées sur l’analyse de causalité, Goethe était, dans sa morphologie idéaliste, à la recherche de l’unité universelle de la nature ; il découvrit dans ses phénomènes primitifs ou dans les archétypes du règne végétal et animal, les manifesta182 tions graduelles du spirituel qui est susceptible de s’exprimer consciemment dans le microcosme que constitue l’homme. Ce « goethéanisme » métaphysique, avec son anthropomorphisme implicite, est la première réponse de Steiner à la question romantique fondamentale qu’il se posait : comment est-il possible de transcender intellectuellement l’intellect afin d’exprimer l’invisible dimension spirituelle ? Comme les premiers romantiques, Steiner cherche dans sa critique de la modernité, à réconcilier la science, la religion et l’art, c’est-à-dire à remythifier la culture en faisant accéder la pensée à l’expérience intuitive du « savoir originel ». Sa deuxième réponse, qui est moins philosophique et systématique que théosophique et ésotérique est « la science spirituelle anthroposophique » sur laquelle repose aussi pour l’essentiel son anthropologie pédagogique. Il existe en chaque homme un noyau spirituel qui descend des mondes spirituels avant la naissance pour s’unir à son « enveloppe » physique et psychique ; il s’en sépare à nouveau au moment de la mort pour se réincarner dans une autre vie terrestre. Lors de sa réincarnation suivante, et du fait de son karma, c’est-à-dire l’enchaînement des vies successives, âme fait l’expérience de la récompense ou de la punition pour les pensées et les actes de la vie antérieure, tout comme dans la doctrine boudhiste de la sagesse. Dans l’anthroposophie de Steiner, la loi de la réincarnation entraîne une compréhension radicalement différente de la mort et de la naissance et de l’expérience historique et sociale. Chez le nouveau-né, nous rencontrons, en tant que parents un être primitif et unique doté 183 de dispositions innées encore inconnues, qu’il n’est pas encore capable de manifester sous sa nouvelle forme physique. L’éducation devient un moyen d’aider à l’incarnation, de soutenir et d’harmoniser la croissance de l’être spirituel pour qu’il prenne sa forme physique qui est génétiquement et spirituellement déterminée et qui porte dès avant la naissance l’empreinte du karma. Là où l’on parlait jusqu’alors de « hasard » pour expliquer les événements de la vie, existe en réalité un réseau de « dettes » non acquittées et de relations remontant à des existences antérieures. La deuxième loi du monde spirituel est pour lui l’analogie microcosmique : l’homme est le monde à échelle réduite, un microcosme, et le monde est l’homme à grande échelle, le « macroanthrope ». La hiérarchie des divisions de la nature - règne minéral, règne végétal, règne animal et espèce humaine – représente un ordre ascendant vers la spiritualité ; l’être humain, qui est le couronnement de la création, réunit en soi les quatre formes d’existence ou « forces cosmiques actives ». De la doctrine de l’être découle également une doctrine de l’évolution (ou plus exactement de l’émanation) : animaux, plantes, minéraux se sont progressivement séparés de l’être humain avec lequel ils ne faisaient qu’un ; ils lui demeurent cependant étroitement apparentés. Le monde minéral est pour ainsi dire la partie solide de l’homme qui est restée au stade saturnien de développement de la terre ; les plantes proviennent de la partie végétative éthérique de l’homme, qui est restée au stade solaire, et les animaux enfin du corps humain du stade lunaire, déjà doté d’une âme animale, mais qui n’est pas parvenu à aller plus loin dans le processus d’incarnation de l’esprit . 184 Ces différents règnes de la nature qui ont été éliminés du processus d’évolution de l’homme se retrouvent aujourd’hui face à lui - non pas comme des éléments étrangers, mais comme des êtres étroitement apparentés. La médecine homéopathique et la thérapeutique naturelle de Steiner, ainsi que l’enseignement scientifique et écologique des écoles Steiner, se fondent sur cette doctrine primitive, prémoderne, de l’unité du Cosmos. Dans l’optique anthroposophique, la nature de l’homme est présentée comme la combinaison génétique de quatre sortes de forces ou éléments cosmiques : le « corps physique », seul visible, soumis aux lois mécaniques du règne minéral ; deuxièmement, le corps « surnaturel » ou corps de vie, caché, dans lequel opèrent les forces de la croissance et de la reproduction, comme dans le règne végétal ; troisièmement, le corps « astral » occulte, ou corps sensible, qui recèle les forces animales que sont les pulsions, les désirs, et les passions, et quatrièmement, le corps humain individuel qui se réincarne, et qui ennoblit et purifie les trois autres éléments. Les fondements anthropologiques de l’éducation Steiner définit les grands principes de sa théorie de l’éducation entre 1906 et 1909 sur un mode qui semble de prime abord naturaliste : « C’est de la nature de l’être humain en devenir que se dégageront comme d’eux-mêmes les points de vue à partir desquels on peut éduquer ». Cependant, au lieu de fonder, comme Dewey et Montessori par exemple, sa nouvelle pédagogie sur la psychologie empirique de l’enfant, qui venait tout juste de voir le jour, Steiner la bâtit entièrement sur son anthropologie spiritualiste cosmique : « Pour connaître la nature de l’homme en devenir, il faut avant tout se fonder sur l’observation de la nature cachée de l’être 185 humain ». Pour Steiner le « goethéaniste », l’homme est un microcosme au sein duquel opèrent toutes les forces ou idées qui déterminent les degrés ascendants de la nature. Il considère le développement de l’enfant et de l’adolescent comme un processus de croissance et de métamorphose au cours duquel se développent progressivement et successivement les forces cosmiques végétatives d’abord, puis les forces animales et enfin les forces intellectuelles. Selon Steiner, le drame de la crise, de la métamorphose et de la renaissance se reflète dans la transformation physique de l’enfant qui obéit au rythme cosmique de sept ans. Précisons clairement que ce rythme est théorique, et qu’à l’heure actuelle les périodes ont tendances à se raccourcir dangereusement! A la fin de la première période de sept ans, les forces « surnaturelles » de croissance ont achevé de construire l’organisme de l’enfant, depuis la pointe des pieds jusqu’à la nouvelle dentition ; ces forces physiques sont désormais « nées », c’est-à-dire qu’elles se métamorphosent en forces d’apprentissage, et l’enfant développe ses sens intérieurs - il est prêt à aller à l’école. Au cours des sept années suivantes, les forces « astrales » encore cachées de l’âme modèlent le monde des pulsions, des passions et des sentiments. Celles-ci se libèrent au moment de la puberté et se métamorphosent en capacité de pensée abstraite et de jugement. Elles aident les forces cachées du moi à atteindre la maturité intellectuelle et sociale qui intervient à la fin de la troisième période de sept ans, au moment de la naissance du moi. C’est donc dans cette perspective que Steiner conçoit l’évolution au sens platonicien de processus d’ascension rigoureusement continu : les sens extérieurs se forment en premier grâce aux activités d’imitation, puis les sens 186 intérieurs grâce à l’imagination créatrice et les différentes catégories du jugement grâce à la pensée propre, enfin une vision du monde grâce à la réflexion sur soi-même. Pour Steiner le théosophe, la formation de l’élève est en même temps un processus de réincarnation. Un « moi » spirituel éternel descend prendre possession de son nouveau corps et le modèle, également selon un rythme de sept ans, depuis la tête jusqu’aux mains en passant par le cœur. Au début de la troisième période du cycle de sept ans, le « moi » spirituel a ainsi pris possession du tout corps entier, jusqu’aux extrémités. La spiritualisation de l’âme et du monde conceptuel peut alors commencer. Les concepts d’évolution et de personnalité sont les deux piliers de l’anthropologie pédagogique de Steiner. Sa conception de la personnalité est, elle aussi, en opposition avec la recherche en psychologie de l’époque qui suivait une voie empirique : il renouvelle, sur fond de spiritualisme, la vieille doctrine européenne des quatre tempéraments. Selon lui, on doit pouvoir classer le caractère particulier de chaque être dans l’un des types de tempérament définis dans l’Antiquité par Galien : mélancolique, flegmatique, sanguin et colérique. Chacun de ces quatre tempéraments représente un type psychophysique complet que l’on reconnaît psychologiquement par le type de stimuli auquel chaque individu est le plus réceptif, et physiquement par la forme ducorps. Pour Steiner, un tempérament donné tient à la prépondérance de l’une des quatre forces cosmiques (physique, surnaturel, astrale ou spirituelle) au cours de la réincarnation. L’une des tâches essentielles de l’éducation consiste donc à équilibrer harmonieusement les ten187 dances du tempérament en évitant que l’une d’elles ne prédomine. L’architecture des écoles Rudolf Steiner qui évite l’angle droit, crée un monde en miniature dont l’organisation reflète la structure cosmique de l’univers. Les élèves et les enseignants pénètrent dans l’école, comme dans un lieu de culte, par un hall grandiose ; là ils se réunissent sous un même toit pour former une congrégation qui se rassemble dans la salle de cérémonie pour les fêtes selon le rythme cyclique des quatre saisons. Comme une cathédrale du Moyen-Âge, le bâtiment scolaire doit, par son plan, ses proportions, son acoustique, ses coloris, ses motifs picturaux, l’incidence de la lumière et son orientation par rapport aux points cardinaux, s’efforcer de favoriser l’élévation de l’âme. Dans les salles de classe, par exemple, la couleur murs se « développe » de la première à la huitième année de scolarité en suivant les couleurs du spectre, passant ainsi du rouge au jaune, puis au vert, au bleu et au violet ; de même, les éléments qui décorent les classes suivent, eux aussi, l’évolution du matériel de lecture utilisé dans les programmes scolaires des écoles Waldorf, depuis les contes de fées jusqu’à la littérature moderne. (Contrairement à son modèle Comenius, Steiner subdivise en outre chaque période de sept ans en trois périodes de deux années et un tiers chacune). Pendant l’année, le début des quatre saisons est souligné par des fêtes particulières concordant avec les grands moments de l’année religieuse(chrétienne), auxquelles on se prépare en classe en étudiant les légendes correspondantes. Le rythme mensuel est créé par le découpage des matières principales en période de quatre semaines et par des fêtes ou cérémonies au cours desquelles les élèves pré188 sentent à toute l’école rassemblée les résultats de leur apprentissage. Le rythme de la semaine est ponctué par le retour de la récitation du verset que le maître rédige à l’intention de chaque élève des petites classes (de la première à la huitième année) et inscrit dans son « témoignage » (bulletin) et que chacun d’entre eux doit réciter le matin au début des cours, le jour de la semaine où il est né ; en outre, les cours de dessin et de peinture ont toujours lieu le samedi et les réunions pédagogiques le jeudi après-midi et soir. Nous voyons ici la tendance très “naturelle”de l’enseignement. L’enseignement des sciences naturelles dans les écoles Rudolf Steiner est donc en même temps une éducation environnementale « globale » Il constitue une tentative pour préserver aussi longtemps que possible chez l’élève le sentiment du lien entre l’homme et la nature ou, de le restaurer par un savoir acquis lorsqu’il parvient aux stades ultérieurs de la réflexion. Compte tenu de ces objectifs, il a indubitablement des points communs systématiques avec les actuelles contributions de la philosophie de la nature au problème de l’éducation environnementale. Contrairement à ce qui se passe dans le monde largement démythifié et pluraliste de l’école publique, l’éducation et l’enseignement y retrouvent une dimension culturelle, c’est-à-dire à la fois esthétique, morale et enfin religieuse. Cette orientation métaphysique de la pédagogie steinérienne découle directement de la vision antimoderniste du monde qui caractérise l’anthroposophie. Ce panorama de Steiner et de sa conception de l’éducation, nous montre en tout cas une chose : Rudolf Steiner a été absolument trahi par le mouvement anthroposophique, de même qu’à une plus grande échelle, 189 Jésus a été complètement trahi par toutes les églises. Rudolf Steiner n’a jamais oublié l’esprit, alors que l’anthroposophie et sa fameuse eurythmie se placent au niveau d’une “école de l’âme ayant oublié l’esprit”. 190 Pistes de recherches et Ecole Spirituelle Moderne Il m’a paru important de faire figurer pour le lecteur sérieusement intéressé par ces problèmes, des pistes de recherches intéressantes, établies par des chercheurs dont l’objectivité peut difficilement être mise en doute La conclusion me semble intéressante, car je la reprend entièrement à mon compte, dans le sens suivant : tous les aspects psychospirituels doivent être remis à l’honneur, tels qu’ils l’étaient d’ailleurs par Steiner luimême, et effectivement imprégner le domaine des arts, des travaux manuels et de jardinage, des tâches communautaires, et de nombreuses autres activités développant et privilégiant l’aspect humain sous ses trois aspects : Esprit, Ame et Corps. Des circonstances particulières peuvent favoriser l'expression de ce qui " travaille notre intérieur " et empêche parfois notre épanouissement spirituel. Par exemple l'expression théâtrale ou toute forme d'expression artistique, à condition qu'elle ne demeure pas une fin en soi, mais se fasse l'interprète de la flamme de l'âme. Que signifie cela? Malheureusement on observe de nos jours un malaise dans l’art dramatique. Il n’a plus rien de “pédagogique”, ou pédagothérapeutique. Or c’est la fonction première du théâtre que de “guérir”. Précisons que le théâtre était utilisé par les médecins initiés à Epidaure. Pergame fonctionnait de la même façon. En fait les grecs alliaient théâtre et pédagothéra191 pie biopsychospirituelle. A Delphes le temple jouxtait le stade et le théâtre. Voici maintenant, car, malgré certaines incompréhensions à propos de Rudolf Steiner, il est important de le comprendre pour mieux comprendre le concept de pédagothérapie, une biographie sommaire de ce grand penseur et pédagogue: En 1861, le 2 Février, il naît à Donji Kraljevec , dans la region de Medjimurje , en Croatie, entre la Hongrie et la Slovénie, fils d’un employé des chemins de fer. Ses parents venaient d’Autriche. Il passa son enfance et sa jeunesse entre diverses régions de ce pays. De1872 à 1879 il suit une scolarité régulière à Wiener-Neustadt (près de Vienne). De 1875à 1889 Il travaille comme professeur, donnant des leçons particulières, souvent à des camarades de classe plus particulièrement en Math et sciences. Entre 1879 et 1883 Il achève ses études de second cycle à l’ Institut Technique supérieur de Vienne (Wiener Technische Hoschschule). Il étudie aussi Goethe de façon approfondie; De 1882 à 1897 Il publie les ouvrages scientifiques de Goethe pour la "Deutsche National Literatur" edition de J.Kürschner's. 1884-1890 Il devient tuteur de 4 enfants d’une famille Viennoise. L’un d’eux était hydrocéphale , soidisant incapable d’apprendre. Il arrive cependant à lui faire terminer ses études primaires, et secondaires, puis entrer à la Faculté de médecine. Cet élève mourut pendant la 1e guerre mondiale. Il mène à bien en 1886 l’édition complète de la "Duchesse Sophie" des écrits de Goethe. En 1888 , il fait paraître le Deutsche Wochenschrift, magazine hebdomadaire. 192 Il travaille à Weimar, de 1890 à 1897 aux Archives Schiller-Goethe, pour l’Edition des oeuvres scientifiques de Goethe. En 1891 il passe son Doctorat de Philosophie à l’Université de Rostock, en Allemagne. En 1894 il rencontre Haeckel et commence une correspondance avec lui. En 1897 il déménage à Berlin. Il y édite le “Magazin für Literatur”, où il prend ouvertement position contre l’antisémitisme, et le “Dramaturgische Blätter” avec O.E.Hartleben. Il participe aux activités de la société d’art dramatique “Freien dramatischen Gesellschaft”, à la Ligue Giordano Bruno, et d’autres encore. De 1899 à 1904 il enseigne à l’école d’éducation “Arbeiter-Bildungsschule”. Il commence en 1900 ses activités de conférencier sur divers thèmes anthroposophiques à l’invitation de la société théosophique de Berlin. Il y présente le résultat de ses recherches personnelles en ésotérisme. En 1902 il est nommé Secrétaire Général de la Société Théosophique. Il développe une activité intense de conférencier en Allemagne et dans toute l’Europe. Marie von Sievers devient sa fidèle collaboratrice. En 1903 il fonde le “Luzifer journal”, plus tard “Luzifer-Gnosis”. En 1905 Il écrit ses premiers textes sur la triple organisation sociale. Il rencontre Edouard Schuré en 1906 ; Marie von Sievers a déjà traduit certaines de ses oeuvres. Il organise la conférence mondiale de la Société Théosophique en 1907 , à Munich, où, pour la première fois, il introduit les activités artistiques. De 1910 à 1913 il écrit et dirige la représentation de ses 4 drames des mystères, un par an, à Munich. En 1912, il introduit l’art de l’ Eurythmie et la Formation 193 du langage. Il se sépare de la Société Théosophique en 1913 et fonde la Société Anthroposophique. De 1913 à 1923 il construit le premier Goetheanum à Dornach, en Suisse, véritable chef d’oeuvre en bois. Il se marie en 1914 avec Marie von Sievers (devenue ainsi Marie Steiner). Dans des conférences à Dornach, Berlin, et bien d’autres villes en Europe, de 1914 à 1924, il trace des voies pour le renouvellement de nombreux secteurs d’activités. Ainsi l’art, l’education, les sciences, la vie sociale, la médecine, la pharmacologie, la thérapie, l’agriculture, l’architecture et la théologie. En 1919 Rudolf Steiner multiplie et intensifie ses activités d’écrivain et de conférencier, à propos de ses idées sur le renouvellement social, le triple Commonwealth, principalement en allemagne du sud. En 1920 c’est le premier cours pour médecins , amorce de l’ application de ce qui devint la médecine anthroposophique. En 1921, fondation de l’hebdomadaire "Das Goetheanum", auquel il contribue régulièrement; ce journal continue à être édité. Création de la première clinique Anthroposophique à Arlesheim, près de Dornach, par Ita Wegman; cette clinique continue à opérer : la “ Ita Wegman Klinik”. 1922 Le mouvement de renouvellement religieux "La Communauté Chrétienne ", est mis en place par des ecclésiastiques d’après son orientation. A la veille du nouvel an, le Goetheanum est victime d’un incendie criminel. Le jour suivant, Rudolf Steiner continue son cycle de conférences ... En 1923 est mis à l’étude le plan du deuxième Goetheanum, en gypse, réalisé entre 1925 et 1928, après 194 sa mort. Il est maintenant en béton renforcé). Pendant la conférence de Noël fut créée la nouvelle Société Anthroposophique. Entre1923 et 1925 il publie chaque semaine son autobiographie dans le “Das Goetheanum”. Elle demeurera inachevée. En cooperation avec Dr. Ita Wegman, il écrit le livre de Médecine Anthroposophique. 1924 C’est le cours d’agriculture à Koberwitz , d’où est issue la culture bio-dynamique. Puis un cours sur la pédagogie curative, base de ce champ d’application de l’ Anthroposophie. Après une intense activité de conférences et de cours dans les derniers mois, sa dernière conférence le 9 Septembre devant les membres de la Societé, c’est le début de la maladie qui allait le terrasser. 1925 Il meurt à Dornach le 30 Mars . Son oeuvre comprend plus de 350 titres. ------------------------------------------------------------------------------Il est intéressant de remarquer la séparation d’avec la théosophie, à l’instar de Krisnamurti, qui dut de plus dissoudre l’ordre de l’étoile pour commencer son oeuvre spirituelle. ------------------------------------------------------------------------------Il y a des instants, dans l’histoire du monde, où les temps sont mûrs et où il est possible d’oeuvrer avec fruit et de tendre une main secourable à une multitude de gens. A certains tournants, le long des siècles, des pos195 sibilités sont mises en œuvre pour que l’homme réponde à l’appel qui lui vient de l’Absolu et suive sa véritable vocation. Ainsi l’Ecole Spirituelle Gnostique de la Rose-Croix d’Or commença son travail dans les domaines du temps le 24 Août 1924, au cours d’une première sobre et modeste réunion. Les deux frères, Jan Leene et Z.W. Leene, acceptèrent de s’atteler à la tâche. Ainsi, parmi la multitude des systèmes occultes et mystiques, une orientation indéfectible sur le but unique leur fut nécessaire pour marcher dans la seule bonne direction, devant un groupe d’élèves restreint mais sans cesse croissant, en s’attachant aux possibilités présentes en l’homme. Il parut alors inévitable que l’Ecole Spirituelle passe par une phase occulte. Dans un don total d’eux-mêmes et guidés par l’amour du prochain, ils étudièrent les lois cachées de la vie. Beaucoup, en particulier ceux qui venaient de divers milieux religieux, durent établir en eux des bases de réflexion plus vastes. D’autres, venant de milieux occultes, durent associer leurs possibilités à une vision de la vie centrée sur le Christ. “Au cours de sa grande marche évolutive, l’humanité a toujours été accompagnée, stimulée et aidée, afin de s’épanouir en harmonie avec le but, (extraits de “La Rose-Croix Vivante” 24 Août 1989, Rozekruis Pers Haarlem - Pays Bas 38) raison fondamentale de son existence. Une chaîne de Fraternités a toujours assisté l’homme à n’importe quelle phase de sa manifestation et quelle que soit l’époque où il vivait, croissait et développait sa conscience. Le Lectorium Rosicrucianum ou Ecole Internationale de la Rose-Croix d’Or, débuta à Haarlem, 196 aux Pays-Bas, où se trouve actuellement son quartier général. Ses origines remontent bien à l’année 1924, quand les frères Leene (Z.W. Leene 1892 - 1938) et Jan Leene (1896 - 1968) adhérèrent à la section hollandaise de la “Rosicrucian Fellowship” de Max Heindel (luimême élève de Rudolf Steiner), fondée en 1909 à Oceanside en Californie, et déjà en son déclin. Les deux frères devinrent rapidement des figures de premier plan et en 1929 dirigeaient la section hollandaise. Ils forment un groupe indépendant : La Société Rosicrucienne. Dès 1930 Catharose de Petri -1902/1990-(Mme StokHuyser) se joindra à ce travail purement spirituel. J. van Rijckenborgh et Catharose de Petri, dès 1935, fondèrent un mouvement Rosicrucien indépendant. Z W Leene mourut en 1938, mais J Leene and H. StokHuyzer continuèrent le travail spirituel entrepris. Pendant la deuxième guerre mondiale, les activités de l’école spirituelle furent interdites mais ne s’arrétèrent jamais, quoique sous une autre forme. Après la guerre, le travail devint purement “gnostique”, et prit donc un chemin spirituellement beaucoup plus radical. C’est au cours de cette période d’après guerre que les écoles J.V.R. (1960 à peu près) se développèrent aux Pays-Bas Une abondante littérature vit le jour dès 1946 à commencer par les textes de “la pierre angulaire”, c’est à dire “Dei Gloria Intacta, La Fraternité de Shamballa, La Gnose Universelle, Un Homme Nouveau Vient”,et le Nouveau Signe. 39 L’Ecole spirituelle Gnostique, dès 1945, émerge donc de l’après-guerre grandie et purifiée. Les activités de l’école se répandent rapidement dans le monde 197 entier, bien au-delà de la frontière hollandaise. A l’heure actuelle, on trouve des centres de l’école aussi bien en Afrique (Cameroun surtout), qu’en Amérique du Nord et du Sud (surtout), en presque tous les pays Européens, en Russie, en Australie, et en Nouvelle Zélande. Depuis la mort des envoyés, le Lectorium Rosicrucianum est dirigé par une Direction Spirituelle Internationale de douze membres, et l’organisation est divisée en plusieurs “régions”, dirigées par un Praesidium Dès les années 1955/56, les fondateurs de l’ecole montrèrent l’importance qu’ils accordaient au travail pour la jeunesse, celui-ci étant directement relié au coeur spirituel du travail, au Rozenhof à Santpoort, aux Pays-Bas. (Jardin des roses, comme à Albi, pour les Cathares) Dautre part un chapitre entier du livre prophétique “Démasqué” 40, leur est consacré. Nous aimerions ici en restituer l’essentiel : Il s’est formé deux sphères d’activité, en cette période du monde: la sophère d’activité de la Gnose, et la sphère d’activité des auteurs du “Grand Jeu” (la tromperie, la contrefaçon). Ces deux sphères d’activité agissent fortement sur la jeunesse En ce qui concerne l’enfant, il est question d’une quadruple naissance, cv celle-ci s’opérant jusqu’il y a peu en 4 fois 7 ans(naissance matérielle, énergétique, astrale et mentale), est maintenant considérablement écourtée. Au début l’enfant est donc extrêmement fragile et incomplet. L’enfant ne dispose pas encore de ses trois corps (vital, astral, et mental). Le corps sidéral de la mère, en particulier, aide l’enfant dans les premières années de sa vie. 198 L’enfant est donc en grande partie en contact avec ce qui est “dans l’air”, sur les plans éthériques et sidéraux. Ceci explique de nombreux comportement animaux et anti-humains. Les parents, éducateurs et guides de la jeunesse doivent combattre pour le salut de l’enfant.Il ne suffit plus maintenant de s’occuper pour les jeunes déjà nés mais il est absolument nécessaire de s’occuper des parents avant la naissance des enfants pour les aider en la tâche surhumaine qui les attend.. C’est en effet au stade prénatal que les auteurs de la grande illusion cherchent à se saisir de l’enfant. Car la matrice de la manifestation de vie, plus ou moins en accord avec le karma microcosmique, et avec la force vitale et les tendances de vie des parents, constitue une faible protection. Dans tous les facteurs indiqués ici, tant d’incertitude (par exemple la force vitale et les penchants des parents) existe, en particulier la plus ou moins grande conscience des parents.et leur volonté ou non de guider les enfants vers la libération spirituelle. Si les parents, avec les educateurs et guides pedagospirituels luttent véritablement pour l’âme de chaque enfant, alors on pourra encore les préserver ! Ce qui est important est la qualité de l’atmosphère dont nous entourons les jeunes dans les premières années de leur existence. Tous les fluides de l’âme pourront s’adapter, soit au champ libérateur, soit au champ de l’illusion.. Ce qui construit dans les premières années de la vie ne se modifie plus tard que difficilement. C’est déjà vers la cinquième ou sixième année que les dés sont joués. Il sera alors possible de parler d’une jeunesse perdue pour la gnose. Nous voulons insister ici 199 sur l’énorme importance du travail pour la jeunesse, pour que se multiplient les guides pédagospirituels qui approfondisent et élargissent ce travail. La “jeunesse perdue” n’est pas une jeunesse sombrant dans le péché, dans la misère morale, mais une jeunesse qui ne peut pas entrer dans le nouvel état d’être de l’humanité-âme. Le “Grand Adversaire n’a rien à voir avec la mêlée morbide des maudits qui écument les égouts de la vie. Non il s’agit là des hiérarchies de la sphère réflectrice, des esprits lumineux de l’autre côté du voileLes humanitaristes remplis de bonnes intentions,, de religiosité, qui ne parlent que de Christ et sont souvent sincères, qui veulent plonger l’humanité dans une mer de bonté. C’est Judas qui s’assied à la table du Seigneur et le trahit. Un groupe envahit la scène du monde, (apparemmen,t en ordre dispersé, mais il va se regrouper)Nous assistons à une sorte de “retour de christ” sournois et anti-spirituel. C’est pourquoi la jeunesse est en danger d’être, avec ses tendances idéalistes, perdue pour la Gnose, l’esprit Donc que nous reste-t il à faire : travailler en étroite collaboration, sous la direction de la Gnose, avec les éducateurs pédagospirituels, les parentys et tous ceux qui ont encore conscience de leurs responsabilités en la matière, pour permettre à la jeunesse de trouver le chemin de l’être psycho-spirituel divin.” Dès le début des Ecoles J.V.R., ses fondateurs suggérerent bien peu de choses dans le domaine éducatif. Quelques allusions à la pédagogie parsèment leurs oeuvres. Si l’on veut des détails plus précis concernant le développement de l’Ecole Internationale de la Rose200 Croix d’Or et donc de la vie des envoyés, je renverrai par contre au livre “Le triomphe de la Gnose” 41, paru aux éditions du Pélican. Ceux qu’ils avaient choisi pour mener à bien cette tâche étaient à la hauteur de la réalisation à accomplir. Ils développèrent une réflexion sur la base des “Quatre piliers de l’éducation”, dénommés brièvement, développement des capacités d’expression, biosophie, devenir humain véritable, et développement des capacités (lire écrire, compter, etc...). Ces aspects sont développés, à divers endroits de ce livre, puisque je les ai pratiqués et adaptés à des classes plus âgées que celles pour lesquelles elles étaient prévues. On peut aussi relire avec fruit quelques articles de la revue éditée avant le “Pentagramme” 41, autrement dit “La pierre du sommet” consacrés à ces écoles J.V.R, le pentagramme n°6 de l’année 1999 et quelques articles de l’année1982. Tout ceci touche aux problèmes de l'éducation dans leur ensemble. Revenons à Comenius Nous avons déjà fait quelques citations. Nous aimerions approfondir un peu et développer les conceptions et la vie de ce grand philosophe, pédagogue et spirituel. Plaçons tout de suite notre travail sur le haut plan spirituel où voulait se situer l’auteur lui-même. Dans le livre " Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur ", il met l'accent sur la nécessité et la douceur de l'ouverture du cœur, et touche à la fois à la vie intérieure et extérieure du “vrai chrétien”, et donc indirectement à l’éducation en tant que chemin vers l’état d’être décrit (à propos de la loi intérieure des chrétiens ; chap.44 du livre “Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur”) : 201 " Tout est lumineux et facile pour ceux dont le cœur est ouvert à Dieu Ils ne trouvent pas qu'il soit difficile de se conformer à une telle règle; au contraire c'est pour eux un plaisir et une joie, alors que dans le monde, les hommes ne s'y conforment qu'à contre cœur puisqu'ils y sont contraints. Car en ses serviteurs Dieu a changé leur cœur de pierre en cœur de chair, docile et parfaitement soumis à sa volonté. Tous les obstacles que le diable a mis sur leur chemin avec ses suggestions rusées, avec le monde et ses exemples de corruption, avec la chair et sa propension naturelle à se détourner du bien, ils ne s'en occupent pas; et ils éloignent le malin par leurs prières continues, ils se protègent du monde avec le bouclier de leur ferme détermination, et ils imposent à leur corps obéissance avec le fouet de la discipline. Et c'est avec joie qu'ils continuent d'accomplir leurs devoirs. L'Esprit du Christ qui habite en eux renouvelle leurs forces afin que la bonne volonté ne leur fasse pas défaut et qu'ils ne manquent pas à l'accomplissement de leurs tâches (dans les limites de leurs possibilités). J'ai vu qu'en réalité servir Dieu de tout son cœur n'était pas une corvée mais une joie; et j'ai compris que ceux qui trop souvent invoquaient l'excuse de la faiblesse humaine, n'appréciaient pas la puissance et la force que donne la nouvelle naissance, et sans doute n'en avaient-ils jamais fait l'expérience; mais c'est leur affaire. Parmi les Chrétiens, je n'en ai trouvé aucun qui défende ses péchés en alléguant la faiblesse de la chair, ou qui excuse une action vile en invoquant la bassesse de sa nature humaine. Mais là j'ai observé que qui202 conque avait totalement réduit son cœur à celui qui l'a créé, racheté, et sanctifié pour son Temple, retrouvait peu à peu la liberté de tous ses membres pour suivre et aller dans la direction indiquée par Dieu. Ô, Chrétiens, qui que vous soyez, libérez-vous des entraves de la chair; découvrez, expérimentez, et apprenez que les obstacles nés de votre imagination ne peuvent s'opposer à votre volonté, pour peu que vous soyez sincères." Comment concilier les exigences de l'éducation avec une telle vision de la vie ? omenius est né au sein de la communauté des Frères Moraves, à la fin du XVIe siècle, dans un monde où, comme de nos jours, de plus en plus de protestations s'élevaient contre la corruption. L'Ordre de L'Unité, autre nom de cette communauté, avait atteint un niveau culturel inégalé pour l'époque. Chaque paroisse possédait une école, et les imprimeries y étaient plus nombreuses que partout ailleurs en Europe. En témoigne une des premières bibles en langue vernaculaire, la Bible de Kralicka. C Approche de Comenius: Dans la plus pure tradition classique, Comenius est né en 1592, à Uhersky-brod, d'autres disent à Niwnice, au sein de la communauté des Frères Moraves, ou Frères de L'Unité. Depuis le 13é siècle un courant spirituel authentique était à l'œuvre en nos contrées. Après une "courte période d'obscurcissement", (Rudolf Steiner y fait allusion dans son allocution du 27/9/1911), une loge spirituelle s'était constituée au cœur de l'Europe. Ce Cercle rassemblait la synthèse des sagesses Atlantéennes et post-Atlantéennes, et la sagesse plus spécifiquement "scientifique"(appelée à l'époque 203 philosophie ou connaissance naturelle). Alors eut lieu un événement qui ne pouvait avoir lieu qu'une fois dans l'histoire : le treizième, une individualité (précise Steiner), qui avait été en incarnation au temps du Mystère du Golgotha, reçut la somme de toute cette connaissance et la redistribua à tous les autres sous la forme d'un "christianisme vécu". Son corps s'amplifia en transparence et disparut au yeux des hommes. Simultanément et progressivement, souvent attaquée, resurgissant chaque fois avec plus d'intensité, cette nouvelle force commença à se dévoiler à l'Europe (prudemment, vu le danger de l'inquisition qui planait toujours). Elle se déploie aujourd'hui au grand jour... La Rose-Croix, déjà active du temps des Cathares, bien que de façon très discrète, commença à se manifester dans des groupes tels que les Vaudois, les Patarins, et les Fidèles d'Amour. En Allemagne, en Suisse, en Lorraine, et en Franche-Comté, c'étaient les Vaudois qui tenaient le flambeau de la spiritualité renaissante. Les Frères du Libre Esprit, comme tous ces pionniers, étaient justifiés par une haute moralité et des exigences sur eux-mêmes qui primaient toutes les apparences. Maître Eckhart nous a laissé de très beaux textes, en particulier sur le détachement, qui s'adressent à ceux qui désirent sincèrement retrouver l'état d'homme vrai :"Deus ex Homo". La Bohême était, au XIV-XVe siècle, imprégnée de cette auto-révolte, de cette recherche de la liberté spirituelle en dehors de l'orthodoxie romaine, en quête de la vérité d'un état d'être vécu, absolu. 204 Charles IV, dès son avènement en tant que roi des Romains, renforça ce pays jaloux de son autonomie. La pensée put commencer à s'y exprimer dans des conditions meilleures que dans bien des endroits d'Europe. Bientôt le nominalisme parisien y subissait les attaques du réalisme de Wycliff. Ce fut la crise du grand schisme. Scandalisé par les contradictions entre les discours et les comportements des prêtres, Jean Hus osa exprimer la voix d'un christianisme véritablement évangélique, de façon très discrète et prudente. Il prit le parti des pauvres, prônant le retour aux purs principes évangéliques et de comportement du début du christianisme. C'est de la branche pacifiste des disciples de Jean Hus que naquit la communauté des Frères Moraves, sous l'inspiration de Chelcicky, lui même Vaudois. Ce fut bientôt L'Unité des Frères, qui fit sentir son influence sur toute la BohêmeMoravie. Vers la fin du XVe siècle, L'Unité comptait près de quatre cent communautés et plus de cent mille fidèles. Ce sont eux qui composèrent la "Bible de Kralice", en tchèque, en 1582, une des premièrs bibles officiellement traduite du latin, dont on retrouva un exemplaire au XXe siècle, sous les décombres d'une église. Comenius vécut une enfance heureuse et paisible. La répression qui accompagna la "recatholicisation", dans cette région, dangereux bastion de liberté pour l'autorité romaine, obligea la communauté à émigrer en Pologne. Jan Amos fut rapidement remarqué par les Frères et Sœurs (Parfaits) de la Fraternité et reconnu, bien après ses études (et sa rencontre avec un évêque Vaudois qui scella sa mission universelle), vers 1630, comme l'envoyé qui devait prendre la suite de la "première vague" de la Rose-Croix. 205 Sa vie fut d'abord, jusqu'en 1628-29, recherche et approfondissement, de même qu'expérience et apprentissage. Au cours de ses études, il rencontra les œuvres de Jean Valentin Andreae. Il eut connaissance de l'existence de la Fraternité de la Rose-Croix dès 1613-1614, à Marbourg ou à Heidelberg. Il a dans ses écrits rendu hommage à des "frères en esprit", tels que Théodore Zwinger, Francis Bacon, Alsted, Johannes Arndt, Campanella, ou Wolfgang Ratichius. Mais Comenius désigna Andreae comme première source inspiratrice de ses "Considérations sur la Pansophie" 42. Citons ici quelques passages de l'avertissement aux lecteurs de "La Grande Didactique" 43 , et du "De l'utilité de l'art d'enseigner" de J.V. Andreae, qui se trouve placé immédiatement après : " … 9) Mais dans ce siècle naissant, Dieu a envoyé récemment la promesse d'une aurore qui a poussé en Allemagne quelques hommes de bien, dégoûtés par les méthodes utilisées dans les écoles, à rechercher une voie plus rapide et plus aisée pour enseigner les langues et les arts. D'autres ont suivi, à leur tour suivis par d'autres qui ont obtenu de bons résultats … 10) J'entends ceux de Ratke (Ratichius), Lubin, Helwig, Ritter, Bodin, Glaum, Vogel, Wolfstirn, Mais surtout de Jean Valentin d'Andréa qu'il aurait fallu citer en premier, lui qui perçut aussi bien les maux de l'Eglise et de l'état que ceux des écoles et qui, çà et là, proposa des remèdes. … 13) Aussi, désireux de me renseigner plus complètement et plus précisément, j'écrivis à un, puis deux, puis tous les auteurs précités. Ce fut en vain.… 14) Seul l'éminent Jean Valentin d'Andréa me répon206 dit. Il me donnait quelques éclaircissements et il m'encourageait même dans la hardiesse de mon entreprise. Ainsi stimulé, … un ardent désir du progrès de tous me contraignit à tenter l'aventure… et " … Le fait qu'une didactique soit correctement établie importe : 1) Aux parents qui jusqu'à présent ne savaient pas ce qu'ils devraient espérer de leurs enfants. Ils les guidaient, les fléchissaient par des prières, les charmaient par des cadeaux, les transformaient même totalement, le plus souvent sans fruit. … 2) Aux maîtres dont la plupart n'ont pas eu une claire connaissance de l'art d'enseigner et, pour cette raison, malgré leur bonne volonté, se minaient et épuisaient leurs forces dans un zèle laborieux pendant que d'autres changeaient de méthode au hasard des résultats non sans perte fastidieuse de temps et d'efforts. 3) Aux élèves, pour qu'il puissent atteindre le sommet des sciences sans difficultés, ennuis, cris et coups, mais comme par jeu et plaisanterie. 4) Aux Ecoles qui, une fois leur méthode réformée, pourront non seulement se maintenir vigoureuses mais s'accroître à l'infini. Car ce seront véritablement des écoles, demeure remplies d'attrait. Et lorsque (parce que la méthode est infaillible), on fera de n'importe quel élève qui le veut un docteur … les directeurs compétents ne pourront faire défauts, … 5) A la République, suivant le témoignage de Cicéron …et de Diogène le Pythagoricien : "Quel est le fonde207 ment de toute République? L'éducation des jeunes gens, car jamais n'ont produit de fruits utiles les vignes qui n'ont pas été cultivées avec soin". (…) On retrouve ici à peu près le schéma de la "Consultation Universelle…" dont nous parlerons plus loin, puisqu'il continue en parlant de la réforme de l'Eglise en tant qu'Ecclesia Universelle. n 1629, à la suite d'un échange épistolaire où Andreae se montre peu désireux de retourner "dans l'arène du combat", celui-ci propose de lui transmettre le flambeau de l'ordre tout entier. Il l'accepte. Parallèlement à ses activités d'enseignement au service de la Communauté des Frères Moraves, prélude à sa conception universelle d'une éducation libératrice, il peut approfondir les idées de la Fraternité. En 1633, l'enseignement de l'Ame du Monde et des trois composantes de l'homme (corps, âme, esprit) est utilisé dans son "Synopsis d'une physique réformée à la lumière divine", comme Paracelse l'avait fait auparavant. On retrouve là les idées de Robert Fludd (la lumière comme troisième principe cosmique à côté de la matière et de l'esprit). Il fut toute sa vie en butte aux critiques et persécutions, et préféra ne pas se poser ouvertement comme le chef de l'ordre, après l'échec de la tentative Londonienne. E La souffrance de l'homme-microcosme ne provient pas de la personnalité dans son état actuel. Notre souffrance, quand elle n'est pas la douleur animale, est la perception, consciente ou inconsciente de cette souffrance microcosmique qui dure depuis si longtemps. A quoi est dû cet état de fait. Eh! bien, on peut facilement retrouver cette réalité dans tout l'enseignement univer- 208 sel, en particulier chez Comenius, parce que, dans un lointain passé, l'homme microcosme, l'homme véritable d'antan qui nous appelle à la reconstruction de l'homme originel, a mésusé de sa liberté, par un comportement égocentrique. Il a ainsi provoqué une catastrophe aux multiples conséquences. En particulier, pour sa propre protection et celle du tout, ce fut la privation des véhicules qui lui permettaient d'évoluer dans les domaines cosmiques supérieurs. Précisons ici que ce que l'on appelle couramment conscience cosmique n'est que la conscience se rapportant au mieux aux domaines supérieurs limites du septième domaine cosmique. Cette catastrophe est décrite en termes modernes dans "Le Mystère de la Vie et de la Mort", par Jan Van Rijckenborgh, héritier de cette tradition gnostique, dont voici le résumé d'un extrait : "… La structure du microcosme est semblable à celle d'un atome (…) dans son centre, deux noyaux (ou âmes) tournaient l'un autour de l'autre à grande vitesse, le troisième tournait en décrivant un large cercle autour des deux autres. (…)Les deux noyaux centraux sont dans un rapport positif-négatif, masculin-féminin. Le troisième est neutre, c'est le facteur de liaison et d'apport dans le microcosme. Sur cette trame se forme un système, un petit cosmos. Celui-ci pouvait vivre et se manifester en harmonie avec le tout grâce à son orientation en triunité, centrifuge et non pas centripète. C'est grâce au non-être, grâce à un service impersonnel, à un oubli de soi dans la manifestation que toutes limitations étaient transcendées. Mais un certain nombre de ces hommes-microcosmes tournèrent leur regard vers l'intérieur. Les rapports magnétiques furent déséquilibrés. Une explosion cos209 mique s'ensuivit, qui fit que l'un des deux noyaux fut expulsé et périt dans l'espace. Ce fut la séparation des sexes. Les conséquences de cette catastrophe furent tragiques. A force de vouloir réaliser notre propre royaume, nous sommes ainsi tombés dans l'espace-temps, et ce que nous voulions tant conserver pour nous, par cela même nous fut retiré." Et nous nous retrouvons, à cette aube du XXIe siècle, à un "moment" bien particulier de la chute dans l'espace-temps, chute qui pourrait se transformer en remontée pour ceux et celles qui le désirent vraiment. Cette " partie " du plan doit nous aider à opérer la reconstitution de ce microcosme vidé. En effet, après avoir travaillé pendant des millions d'années directement à la constitution d'un univers et de personnalités qui pourraient collaborer à ce travail, les forces universelles à l'arrière-plan de notre monde vont, et cela est déjà un fait depuis le début du XXe siècle, commencer à se retirer et laisser l'humanité à elle-même, quelles que soient les souffrances que cela pourra impliquer. En effet, on apprend seulement par le développement progressif de l'autonomie, et nous possédons, comme le disaient déjà les grands en esprit au XVIIe siècle, s'adressant à un public choisi, tous les éléments en nous-mêmes, bien qu'ils soient plus ou moins latents. Ils ne pourront se manifester de façon positive que par la pratique. Un des aspects de la tâche de l'humanité actuelle est donc de parvenir (et un nombre non négligeable d'entre nous en sont déjà là) à cet état d'être limite (en liaison directe avec l'humanité-âme du sixième domaine cosmique, et non avec les sphères limites supérieures du septième, extrêmement piégeantes, où nous pouvons comprendre ces choses : 210 1) Je suis incomplet, inachevé, inaccompli par rapport à l'état d'être humain véritable. 2) Avec les organes dont je dispose dans leur état actuel de développement, il m'est impossible de passer "de l'autre côté de la frontière" 3) Seule une révolution intérieure et extérieure me permettra d'accomplir, après un temps de préparation, la "réformation", puis la "transformation" de mon être entier, comme le formulaient les Cathares. La question lancinante qui nous reste est donc : "Comment réaliser ces choses?" Et c'est à cette question que Comenius et ses amis tentent et tenteront de répondre jusqu' à ce fameux règne des mille ans, double métaphore indiquant soit une civilisation gnostique, soit l'état de l'humanité au moment où tous et toutes auront compris et réaliseront concrètement ce travail universel. Et pour préparer l’homme à ce travail à la fois très simple et titanesque, une éducation appropriée est nécessaire. On retrouve, dans les grandes lignes de force de son travail, projetées pour l'humanité présente et à venir, tous ces aspects. Dans l'introduction à son œuvre capitale, la "Consultation Universelle pour l'Amendement des choses Humaines" 44 [toutes les citations formulées dans ce travail sont provisoires, seules"La grande didactique ", “Le Labyrinthe... (Editions Ebookslib), et l’Unique Nécessaire,( éditions l’Harmattan) étant disponibles en librairie ], qui constitue une "adresse aux Lumières de l'Europe, hommes savants, pieux, éminents" , nous pouvons lire : 211 "…demeurent les confusions liées à la vie du monde, comme toujours… 4 - Qu'est-ce qui nous empêche donc de tenter de savoir si vraiment des énormités aussi diverses, aussi absurdes, aussi funestes, peuvent en général être corrigées par quelque moyen et enfin, à la fin des fins, enlevées un jour ou l'autre du genre humain, de façon universelle et définitive… 6 - …ce qui vient à la compréhension … et du désir que nous avons de cet amendement. Le problème est de parvenir soi-même à l'accomplissement de cette tâche et de guider en même temps autrui, en toute discrétion, sans se sous-estimer ni se surestimer. En effet, quand un être humain est parvenu à se rapprocher du but ici entrevu, il s'intègre logiquement à une chaîne de la libération, où chacun est non seulement tenu, mais ne peut faire autrement que d'apporter sa contribution au "grand œuvre alchimique". Ainsi ce n'est que si nous nous élevons au-dessus de ce monde, en ne lui appartenant plus, que son ordre originel pourra être rétabli, puisque l'ordre espace-temps ne fut créé que pour remédier à la situation engendrée par la catastrophe évoquée dans les principaux mythes fondateurs de l’humanité. Il s'agit donc de modifier notre attitude face à ce monde, de nous en détacher, de le vaincre, de la façon la plus radicale qui soit, en ne le désirant plus, en plaçant notre aspiration dans la réalisation de cet état d'être qui nous permettra de quitter ces ternes champs de la mort et de réintégrer les domaines de l'humanité véritable. Il n'est donc pas question de lutter contre ce monde, ni de prendre parti pour tel ou tel système d'organisation de 212 celui-ci, non, comme disent les soufis "il est temps de quitter ce monde", ou dans la Bible : "levez-vous, partons d'ici". Et nous devons ici être très vigilants, faire très attention à ne pas demeurer dans la théorie et le dogmatisme, si séduisants qu'ils soient. La maîtrise de soi et la victoire sur soi ne pourront être atteints qu'en commençant par une lucide et positive connaissance de soi. Il s'agit de laisser surgir une nouvelle volonté, un nouveau désir, une nouvelle pensée orientés exclusivement sur le but libérateur. Pour l'ancienne conscience, cela se traduira par un non-désir, un non-vouloir, et une non-pensée. Nous deviendrons progressivement neutre par rapport à ce monde, repoussant naturellement et sans forcer tout ce qui pourrait entraver le processus libérateur, et attirant les nourritures adaptées à la croissance psychique et spirituelle qui permettra le changement de nature envisagé par Comenius et ses amis. Cela a l'air très simple, en effet. Mais notre sang, notre être tout entier, du plus dense au plus subtil, comme notre champ de vie actuel, est tellement imprégné de l'esprit de la lutte pour la vie et de l'auto-conservation qu'il va falloir procéder de façon très radicale quoique prudente, à commencer par nous même, pour ne pas tomber dans l'imitation et dans l'artifice. Il est vrai que cela est probablement inévitable quand le changement de notre nature n'est pas encore suffisamment avancé, mais nous devrons développer le discernement nécessaire et le dynamisme qui nous permettrons de surmonter les obstacles. Nous possédons, il est vrai, cette petite voix, ce libre-arbitre dont nous avons fait un usage si funeste, mais il s'agit de développer la capacité d'écoute, de conscience et de responsabilité, suivant le principe qui 213 reviendra encore à plusieurs reprises "Savoir, Oser, Vouloir, Agir." Nous voyons que nous nous trouvons placés devant une tâche ardue. Comment faire donc, quel combat mener, sans lutte ni héroïsme déplacé ? Comment la foi suffisante, nos possibilités latentes, non encore manifestées et la maturité d'âme capable de déceler, de discerner en nous-mêmes et autour de nous pourront-elles se développer. Il va bien falloir apprendre, non seulement à écouter la petite voix intérieure, mais aussi à lui être fidèle, car si nous lui obéissons, elle nous servira de compas infaillible. 214 Contexte historique Lignée spirituelle récisons tout d'abord que nous sommes au commencement de notre travail. Nous n'avons pu prendre connaissance de l'œuvre de Comenius que de façon très parcellaire, puisque seuls "La Grande Didactique 45", "Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur" 46, et "L’Unique Nécessaire" 47 sont disponibles en librairie. Nous avons achevé la traduction de la “Voie de Lumière”. En ce qui concerne la "Consultation Universelle pour l'Amélioration des Choses Humaines", on attend de courageuses bonnes volontés.Ceci dit tous ceux qui perçoivent la voix intérieure et décident de faire de la petite étincelle qui gît au cœur de tout être humain une flamme, sont appelés à reprendre le flambeau du chemin qui mène à l'état humain divin. Ainsi ils sont appelés à comprendre de l'intérieur le projet révolutionnaire de tout travailleur spirituel authentique, par delà les siècles, donc en particulier celui de Comenius et de ses amis. P Essayons tout d'abord de mettre en relief le courant de pensée et de vie dans lequel s'inscrit notre héros. Nous pourrons réaliser par la même occasion à quel point la philosophie,(théophilosophie, biosophie) ou pansophie, selon l'expression même de Comenius, sont et resteront encore longtemps d'une brûlante actualité. Ce travail, au fond n'a pas eu de commencement, et n'aura donc pas de fin. Il se situe à la fois dans l'espacetemps et hors de l'espace-temps. 215 Il s'agit bien d'une révolution intemporelle, d'ordre purement spirituel. C'est pourquoi elle comporte tant d'aspects concrets et la réalisation logique, par voie de conséquence indirecte, d'une société radicalement autre que celle dans laquelle nous vivons. Car c'est là un des critères secondaires de ce type de travail : à partir du moment où un nombre relativement restreint d'individus décident de mener à bien cette révolution, manifestée tout d'abord de l'intérieur et ensuite dans l'entourage proche, une réaction en chaîne scientifiquement explicable se déclenche et donne naissance aux plus belles civilisations de l'histoire. Nous trouvons une approche d’explication de ces phenomènes qu’explique la science sacrée dans le livre de Jan van Rijckenborgh, “La Gnose Originelle Egyptienne et son Appel dans l’eternel Present”. En efet, se deploie indirectement sur les contrées animées de suffisamment d’hommes et de femmes eveillés et en chemin, une sorte de “nouvelle atmosphère” d’une toute autre nature que celle que nous connaissons ordinairement. C’est un Nouveau Champ Astral; “Vous pouvez donc comprendre ce que représente le nouveau champ astral de l’Ecole spirituelle. C’est un champ de concentration de substance astrale où sont maintenues des vibrations dont la limite inférieure dépasse 800 quintillions de vibrations par seconde, et dont la longueur d’ondes la plus courte confine à quatre centimètres. Si, en pensée, vous diminuez plus encore la longueur d’onde et augmentez le nombre de vibrations, vous pouvez vous faire une représentation desz domaines cosmiques qui s’élevent au dessus du sixième. A un moment donné, dans ces domaines, le facteur temps cesse d’exister. Un nouvel état se développe, que 216 l’on peut approcher par la notion d’éternité.“ -cf. J.V.Rijckenborgh. Gnose Originelle Egyptienne T.1.ch.XVIII 48 out vient d'Egypte pour nous, issus de la civilisation Européenne ou occidentale,( Une bonne partie de la civilisation africaine, en particulier le peuple Peul, y trouve aussi certaines racines et influences). Et ce n'est pas un hasard si les gnostiques, véritables chrétiens, vivaient en Egypte ou à proximité, au début de l'ère des Poissons. Par la rupture avec la source, avec le pneuma ou souffle spirituel, un de ces groupes se coupa, se détacha du tronc-mère. Pour ce groupe, la seule solution devint alors la recherche de pouvoir pour asseoir une autorité extérieure. Et les persécutions commencèrent. "Par amour", on pourchassa, détruisit, en utilisant les techniques raffinées et barbares de l'inquisition. T Mais les Marcionites, les Sethiens, les Valentiniens et tous leurs frères, dont on commence à connaître la vie et la doctrine grâce aux textes découverts à Nag Hammadi (cf. Wautier), réussirent à maintenir la tradition révolutionnaire suffisamment longtemps pour qu'apparaisse Mani, le" sceau des prophètes". Il réussit, après maintes pérégrinations, à instaurer une unité de recherche, d'orientation, et d’éveil absolu très structurée, qui se répandit de l'Afrique à la Chine, touchant plus d'un million d'individus, sur une durée de presque 1000 ans. Là aussi, l'occultisme d'état des mages persans fut fatal. Celui que les orientaux appelaient le Bouddha de Lumière fut tué dans des circonstances atroces. Il est à noter que quelques textes qui nous restent ont été traduits en Français (surtout les Psaumes et 217 les Kephalaia), sous la direction de Mr François Favre, et ont paru, avec des commentaires, aux éditions du Septénaire, sous le titre : " Mani, Bouddha d'Occident ou Christ d'Orient ? 49". Les manichéens, tels Faustus de Milève, continuèrent encore le Saint Travail, et furent également combattus par l'église qui usurpa le nom de "catholique" (universel). L'intégriste Augustin créa le concept de guerre sainte, commettant la même erreur que les intégristes musulmans contemporains avec le concept de "Djihad". Tous ceux qui cherchent vraiment ont bien entendu compris l'erreur : "Celui qui se vainc lui-même est plus fort que celui qui prend une ville". Cet adage ne peut pas être plus clair. La guerre sainte est évidemment l'auto-révolution qui nous permet de nous vaincre nous-mêmes et non pas un type de folie convertisseuse violente et ne reculant malheureusement devant aucun "sacrifice" - cf. Saint Augustin et le manichéisme, au vu des gnostiques des temps présents. Patrick Texier. Cercle Ernest Renan et Cahier d'études Cathares. 50 Puis, le manichéisme s'éteignit (selon les notions espace-temps) et s'éleva dans l'absolu, quittant ce monde, qu'il avait tant contribué à réveiller par son énergique cosmologie. Les manichéens étaient extérieurement dualistes. Mais à l'intérieur, dans le groupe des "élus", on savait que dualisme et monisme ne sont pas contradictoires. De la même façon la gnose hermétique est extérieurement moniste, mais elle comporte des éléments parfaitement dualistes. Les bogomiles purent ensuite établir une liaison directe avec ce domaine de l'absolu. Ils organisèrent une vie communautaire en Bulgarie, puis émigrèrent vers 218 l'Est. Ils avaient un mode de vie parfaitement autonome. Ceci, une fois encore, les obligea eux aussi à fuir les persécutions. On a retrouvé la trace de certains d'entre eux en Alaska. Mais, vers les années 1100 le patriarche Nicétas avait pu transmettre le sceau de cette tradition spirituelle révolutionnaire aux chefs de l'église Cathare, dont la doctrine différait grandement de celle des manichéens. Tout le monde connaît l'épopée cathare, mais il sera peut-être bon d'en avoir une vision plus intérieure en lisant les ouvrages d' Antonin Gadal, en particulier "De l'héritage des Cathares" 51, ouvrage historique, philosophique, et spirituel, et "Sur le chemin du Saint Graal"52qui relate l'aventure d'un jeune homme qui suit ce chemin jusqu'à "Bethléhem". Ces deux ouvrages, réunis, sont disponibles aux éditions du Septénaire. Montségur, et le cortège de persécutions, apparemment inévitable, vu l'état de conscience général de l'humanité, de l'intervention de l'Esprit parmi les hommes qui ne veulent pas lâcher leur motte de pain et leur croûte de terre, s'ensuivit alors, mais …et ici nous nous excusons de quelques redites, mais nous allons devoir développer certains éléments déjà présentés Au 13e siècle , un collège de sages, une loge spirituelle se réunissait en Europe 53 - Allocution "du Professeur Rudolf Steiner, le 27 Septembre 1911. "Ils étaient douze. Sept étaient les dépositaires des restes de la sagesse Atlantéennes. Les cinq autres possédaient la ressouvenance des diverses sagesses de notre période, la sagesse hindoue, la sagesse Zoroastrienne-persane, la sagesse chaldéo-égyptienne, et la sagesse gréco-latine. Le dernier représentait l'aspect "scientifique" naissant. Un treizième se joint à eux, qui reçut toute cette sages219 se et la transmuta : Un événement particulier eut lieu, qui ne pouvait s'accomplir qu'une fois dans l'histoire. C'était un de ces événements qui peuvent s'accomplir lorsque des forces macrocosmiques se mettent à œuvrer ensemble par amour pour les fruits qu'un tel événement fait mûrir". Une toute nouvelle naissance des douze sagesses se fit jour, fut recréé sous une forme entièrement autre. Ce qui fut manifesté "les Douze l'appelèrent le Vrai Christianisme, la synthèse de toute religion. Et ils firent une distinction entre le christianisme de leur temps et ce véritable Christianisme Vécu". Cette loge donna d'abord naissance ésotériquement au courant de la Rose-Croix, ce qui se manifesta extérieurement au 14e siècle, puisqu'on peut lire dans la Fama Fraternitatis (1614) 53: "Cela vaudrait la peine d'examiner la période qui s'est écoulée de l'année 1378, année de naissance de notre Père Christian Rose-Croix, à maintenant, et de considérer les changements de la voûte céleste qu'il a vus lui-même, durant les cent six ans de sa vie, ainsi que les sujets d'expérience qu'il nous a laissés ainsi qu'à nos prédécesseurs, après sa mort bienheureuse. Mais la concision à laquelle nous sommes astreints, nous oblige à différer cela. Il suffira à ceux qui ne méprisent pas nos exhortations, que nous ayons effleuré ces choses. Ils pourront ainsi se préparer à établir une liaison plus étroite avec nous. Celui à qui il a été donné de contempler les grands caractères que Dieu a inscrit dans la dispensation du monde et qu'il répète à travers les changements de période de manifestation, de comprendre leur relation et ainsi de s'élever, est déjà l'un des nôtres, même s'il n'en est pas encore conscient." - "Témoignage de la 220 Fraternité", J.V. Rijckenborgh, Editions du Septénaire, Tantonville. 55 Et que s'est-il donc passé entre le 14e siècle et l'apparition de Johan Amos Comenius, qui vécut de l'année 1592 à l'année 1670. Nous n'allons pas ici entrer dans des détails historiques trop poussés, là n'est pas notre objectif. Ce que nous pouvons dire, c’est que le “Réveil” européen s’accomplit progressivement. En 1369, Jean Hus naquit en Bohême, à Husinec. Très vite doyen de la faculté de théologie, puis recteur de l'Université de Prague, il osa s'opposer à l'autorité du pape, sur le problème des indulgences, de la corruption et bien d'autres sujets liés au manque d'unité entre la vie et les paroles de ceux qui avaient perdu depuis longtemps tout lien avec l'Esprit. A propos de la question de l'immortalité de l'âme, l'existence de l'Esprit fut même niée au cours du concile de Constantinople. Johan Amos Comenius, de même que Jean Hus, étaient des élèves de l'Eglise de l'Esprit. A ce sujet, il est bon de rappeler ici une des origines de nombreuses dictatures : "Si l'église des éons ("naturelle") révélait et acceptait l'unique Vérité qui est à la base de son existence, elle aurait à reconnaître l'existence au-dessus d'elle de l'Esprit et de l'Homme-Esprit. Il lui faudrait alors tout simplement subordonner son enseignement à l'Enseignement de l'Esprit, ce qui signifierait son déclin, sa mort et sa désagrégation. De part son essence même elle ne peut accepter la mort spontanée d'Abel, c'est à dire une mort provoquée par la création de nouvelles conditions atmosphériques vivifiées par l'Eglise de 221 l'Esprit.C'est par cette volonté d'exister que l'Esprit est trahi et l'Eglise de l'Esprit détruite partout où elle apparaît; que l'Homme-Esprit de l'origine est persécuté et assassiné sur toute la terre. Comment trahit-on l'Esprit? En mutilant, par exemple, l'Enseignement de l'Esprit par l'intermédiaire des vassaux de la théologie; en présentant L'Ordre de Dieu comme ayant un but et une nécessité purement naturels. Bref en poursuivant des desseins purement terrestres sous couvert d'un enseignement spirituel volé et mutilé. Car, une fois l'Esprit trahi et caricaturé, il devient facile de passer à la persécution de l'Eglise de l'Esprit et de l'Homme-Esprit. Songez à la grande trahison à l'égard de l'Eglise des Cathares, ainsi qu'à la persécution des Rose-Croix à travers les siècles, sous prétexte d'une intervention en vue de protéger l'Esprit et la gloire de Dieu. Si les forces dictatoriales, (N.D.A. : trouvant un terrain nourricier dans toutes les recherches de pouvoir), de droite ou de gauche reprenaient les choses en main en Europe occidentale, immédiatement l'Eglise de la Gnose, l'Eglise de l'Esprit serait encore une fois persécutée. C'est à cette lumière qu'il faut considérer le trop célèbre Concile de Constantinople. Lors de cette assemblée, l'église rejeta officiellement l'Esprit sous prétexte d'être déjà en possession de l'Esprit. Ce Concile eut lieu en l'an 381. Si vous voulez l'étudier, vous trouverez la documentation nécessaire dans les bibliothèques." On y procéda donc à la "réglementation de l'Esprit Saint"! "Il faut ajouter que l'Eglise orthodoxe ne l'a jamais reconnu". Toute la responsabilité incombe ici à l'Eglise Romaine. Ceci n'a apparemment pas été suffi- 222 sant "puisque, soixante-dix ans plus tard, en 451, cette église réunit de nouveau un concile connu sous le nom de Concile de Chalcédoine. C'est là que fut décidée officiellement l'unité de la nature divine et de la nature humaine". Gnose Originelle Egyptienne t.III, p.242243, Jan Van Rijckenborgh, Editions du SepténaireTantonville 56 Approfondissons maintenant un peu la relation entre la période de Comenius et la nôtre... omenius est né dans une atmosphère pure et paisible, celle d'une communauté dont les membres vivaient selon des principes très élevés, et qui faisaient vraiment ce qu'ils disaient. Mais des ombres menaçantes s'accumulèrent bien vite. Les bruits de guerre, en partie économique, en partie de "recatholicisation" se firent entendre dès sa jeunesse. La Bohême était bien le cœur, le bastion, de la réforme. Les armées de la coalition ne s'y trompèrent pas, et ce n'est pas un hasard si la bataille qui mit fin aux rêves de bien des frères de L'Unité eut lieu à La Montagne Blanche, non loin de Prague. Prague et la Bohême étaient un foyer, un carrefour de la recherche spirituelle, alchimique et culturelle. Non loin du monde musulman, au carrefour de l'Orient et de l'Occident, ce lieu privilégié reçut au cours de l'histoire des influences venues du Nord, de l'Egypte, par la Grèce, et de l'Orient, musulman ou Persan-Indien. C a nature humaine démasquée réagit souvent de façon très dangereuse, comme une bête blessée, comme les insectes pris de panique au fond d'un puits quand le couvercle en est soulevé et que la lumière en touche le fond. L 223 Dans le même chaos de relations humaines, à l'image de l'état d'être intérieur de bien de nos contemporains, qui ne savent plus à quel saint se vouer, chacun est de nouveau confronté aux résultats de son comportement, aux conséquences de ses actes. Il ne se passe pas un jour sans que pédagogues, philosophes, ou chercheurs spirituels soient confrontés à des façons de vivre et d'agir relevant plutôt du grand singe ou de l'homme des cavernes que d'un être, d'un individu dont les aspects supérieurs sont en voie de développement. Tout le problème de l'approche de la prise de conscience est ici posé. Nous espérons que tous les hommes de bonne volonté se consacreront à trouver, après en avoir eux-mêmes vu la nécessité, les moyens de faciliter la démarche de chacun, afin de prendre librement, la décision d'entrer dans l'auto-révolution libératrice. Tout est en train de s'effriter, de s'effondrer. Nous entrons dans une nouvelle période de l'humanité que l'on appelle astrosophiquement l'ère du Verseau. Tout apparaît au grand jour. Les scandales succèdent aux scandales. Toutes les tentatives horizontales qui ont pour but d'endormir la conscience de l'humanité en lui faisant miroiter une prison dorée, qu'elles soient d'ordre politique, social, économique ou religieux, sont progressivement démasquées et chacun est renvoyé à lui-même, à l'unique nécessaire. Les désillusions succèdent aux souffrances, mais la révolution du Verseau est en marche, et rien ne l'arrêtera. ersonne ne croît plus aux dogmes vides d'esprit. Tout le monde, d'une façon ou d'une autre cherche une réalisation concrète de son être profond. A l'appui de cette affirmation, nous aimerions ici citer un passage du livre " Le Nouveau Signe " P 224 de Jan Van Rijckenborgh (p. 39, ed.1965) 57: " …A travers les voiles que nous avons nous-mêmes tissés, trois rayons se fraient un chemin dans le cœur de notre système ; trois influences fortement magnétiques nous approchent, venant du sanctuaire caché. Elles nous éveillent à la connaissance de Dieu, à la connaissance de nous-mêmes et à la transfiguration future. Et cette triple activité de la Gnose touche tout enfant des hommes, de même que la lumière solaire influence tout être vivant….Toute religiosité naturelle, toute forme d'humanitarisme, tout effort humain dialectique, du plus grossier au plus raffiné, est une réponse aux : " D'où viens-je ? ", que suis-je ? ", " où vais-je ? "…Et l'homme moderne, qui amasse argent et richesse à ne savoir qu'en faire, agit ainsi par suite de la même poussée… L'instinct de possession et ses conséquences, comme l'instinct de liberté répondent aux notions relatives à notre origine, à notre nature et à notre destination. " De bizarres chemins sont explorés, mais ce qui compte c'est l'intensité et la plus grande liberté possible de la recherche. Bien sûr l'état doit accomplir son travail régulateur, et il ne le fera que mieux si ses serviteurs sont conscients de la signification profonde des temps à venir et se mettent eux-mêmes au service de cette grande révolution universelle, n'écoutant que leur voix intérieure et délaissant les multiples tentations qui accompagnent le pouvoir. Toute l'éducation devra être retournée dans le même sens. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle et devrons reconsidérer toutes nos valeurs. De nombreux hommes et femmes sont conscients des changements en cours et s'efforcent de se préparer au grandiose travail auquel nous sommes tous appelés. L'accomplissement 225 du plan de manifestation pour le monde et l'humanité se fera, avec nous ou sans nous, mais de toute façon pour nous. Mais le grand problème se situe entre le plan, ses exécutants, et tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre ne sont pas encore conscients de la noblesse de l'homme, et s'opposent par ignorance. Notre société démontre chaque jour sa corruption, tout développement supérieur semble impossible dans le cadre actuel. Bien peu voient et reconnaissent la véracité des faits, et sont prêts à en tirer les conséquences. Que va-t-il donc se passer? Il est inéluctable que de grands bouleversements aient lieu. C'est le chemin le plus court, et bien que ceux qui travaillent d'arrache-pied au renouvellement intérieur et extérieur de l'humanité ne le souhaitent évidemment pas, l'état de conscience actuel de l'humanité l'obligera probablement à passer par les douleurs de l'enfantement pour accoucher du nouvel état d'être latent en chacun de nous. Mais plus nombreux seront ces pionniers, moins dures seront les souffrances de l'humanité pour "passer le cap". Il est donc du devoir de tous les individus conscients de consacrer leur vie à ce travail. Car tout est là, il faut seulement le mettre en œuvre. Quelquefois certains élèves ou pédagogues, dans le cadre scolaire, posent la question : "Que faire pour vivre heureux ensemble dans ce monde de violence?" On en arrive alors à des réponses, à des réflexions d'élèves même telle que : "il faut respecter ce qui, en chacun, est vrai, juste, et bon, et le reste, il faut l'englober, et viser à l'élévation du niveau de conscience général et particulier, pour l'autre en priorité. 226 Il faut distinguer l'amour ordinaire de l'Amour force et racine de l'Univers qui n'exclut rien ni personne, rétablir l'équilibre hiérarchique entre tête, cœur et bassin, pensée-esprit, émotion-âme et acte réalisateur. Accepter l'autre dans sa différence car c'est aussi un aspect qui nous concerne, même si cela est parfois trop bien caché, accepter l'état d'être de l'autre tout en vivant, conséquent avec ce que nous avons pu découvrir sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure." Quand on observe ces choses, on est rempli de joie et on se dit que "les moyens de guérison sont là". Cette joie, Comenius l'a certainement éprouvé, car celui-ci a posé, en opposition avec les principes généralement admis de son temps, que l'enfant avait en lui les germes d'un développement harmonieux dont il fallait permettre l'épanouissement, et non pas un démon qu'il fallait extirper par la discipline et les verges. On doit tenter de présenter dans les écoles d'aujourd'hui comme dans celles dirigées au XVIIe siècle par notre "homme-universel Bohémien", les réponses, corroborées par la science la plus avancée, aux questions, ou en tout cas le développement d'un questionnement sur : qu'est-ce que le monde, qu'est-ce que l'homme? Eh! bien, la science, excellent art d'analyse, découvre, dans la Fama Fraternitatis comme de nos jours, que l'homme est un Microcosme. Et comme pourraient le dire tous les pionniers de la science et de l'Esprit : "Si les plus modestes parmi les savants veulent accepter notre invitation, ils trouveront chez nous des choses tout autres et plus étonnantes encore que celles qu'ils ont jusqu'à maintenant crues et à propos desquelles ils se sont étonnés ou entretenus" 227 Et on pourrait aussi se demander à quoi correspond cette tendance contemporaine du rejet de toute forme d'autorité, de la déliquescence de la famille et de l'inexistence parentale. Il est un fait que si, en une centaine d'années, l'humanité semble avoir plus "progressé" qu'au cours des mille années passées, le tableau général, l'état des lieux n'est pas très brillant. Deux guerres, dont une fut capable (la première !) de tuer plus de 200 000 individus en moins d'une semaine (Craonne), et l'autre d'exterminer par millions des individus dont le seul tort était d'être soi-disant "différents". Une capacité à détruire la planète et la vie sur celle-ci que l'on n'avait pas vu depuis longtemps, tous les totalitarismes, la pensée unique déferlante, tout cela ne semble pas être très réjouissant. Si l'on réfléchit un peu, cependant, il n'y a rien là que de très logique, ou du moins de compréhensible. On peut accepter l'idée que l'humanité doit "grandir", donc devenir individuellement autonome et responsable, aussi bien sur les plans de la pensée, des émotions, que sur le plan matériel. Tout se passe comme si l'homme avait reçu, au cours des siècles, la totalité de ce qui lui serait nécessaire dans l'avenir, grâce à des êtres plus accomplis que d'autres, plus " avancés ", comme il y en eut de tout temps. Ceux-ci apportèrent les éléments permettant de développer, cette fois par auto-réalisation, en parfaite liberté, ce qui pourrait maintenant faire de lui un individu conscient, responsable, et vraiment libre, en tant que connaissant les lois biologiques et pansophiques pour s'inscrire dans un plan de développement général de notre planète. Le niveau moyen de conscience pourrait de nos jours 228 s'élever à une allure vertigineuse, si chacun de ceux qui, parmi nous, réalise ces choses, agissait vraiment en fonction de ses découvertes personnelles intérieures. Et là, aucun totalitarisme, aucun gouvernement ne pourrait s'opposer à un tel renouvellement. En ce sens, mais tout reste à faire, notre temps est une période formidable. Le gouvernement est toujours, même si cela semble dur à entendre, le reflet de l'état d'être moyen du peuple, chaque peuple a le gouvernement qu'il mérite. En fait, mais cela représente déjà un travail colossal, il suffirait que 2% de la population agisse en accord avec son être essentiel le plus intérieur, pour qu'en moins de dix ans, la face du monde soit changée. Ce travail avait déjà été prévu par le cercle de Tübingen 58 et J.A. Comenius. Celui-ci, en particulier dans la "Consultation Universelle sur l'Amendement des Choses Humaines", posa les grandes lignes de forces de ce développement qui pourrait de nos jours se réaliser, et qui se trouve entre nos mains. ous les hommes qui se sont inspirés, consciemment ou non, d'un Enseignement Universel, se sont confrontés, soit ouvertement dans leurs paroles ou écrits, soit à titre de prise de conscience personnelle, au problème des deux intelligences, qui renvoient chacun à deux ordres de réalité, que l'on retrouve en tout être humain, même s'il ne le sait pas. Ainsi la puissance de la parole au service d'une vie universelle, d'une biosophie universelle, n'est pas tant liée au choix des mots et à l'harmonie poétique des phrases, mais à la force, au type d'intelligence, à la qualité vibratoire qui n'est pas articulée dans le langage, mais est pourtant plus présente que celui-ci. Tout le monde sait que le mot est réducteur. T 229 Ainsi les Egyptiens, prévoyant le moment où se réveillerait l'essentiel en nous, introduisirent en Grèce par Pythagore et Platon, les germes de cette aspiration à l'absolu non-verbal (monde des idées au-delà de la voûte céleste, de Platon). Les groupes gnostiques (cf. librairie de Nag Hammadi) furent les dépositaires de cette sagesse immémoriale. Il est d'usage, quand on ne vit pas l'expérience intérieure d'un chercheur spirituel, d'accoler l'épithète d'Utopiste, parfois avec les meilleures intentions du monde, à des philosophes révolutionnaires qui présentent un puissant panorama du travail à accomplir par l'homme véritable. En ce sens, il faut bien comprendre que ces précurseurs, comme Comenius, ou de nos jours Jan Van Rijckenborgh, tracent tout simplement les lignes de forces pour leur époque et les temps à venir. Ils ancrent dans la matière, par leur propre travail, leurs propres réalisations, les prémisses de ces lignes de forces, puis ils s'effacent, afin que les réalisations amorcées soient prises en charge par ceux qui comprennent et qui réalisent. Et c'est pour cela qu'il est bon que toute autorité abusive soit actuellement rejetée, afin que chacun puisse découvrir, même si cela ne se fait pas sans douleur, la véritable "soi-autorité" qui lui permettra de devenir un être autonome. u début du XVIIe siècle se constitua le Cercle de Tübingen 59 dont les chercheurs connaissent surtout Jean Valentin Andreae, auteur des trois textes fondamentaux de la Rose Croix classique. Les deux autres fondateurs de ce Cercle en étaient en vérité les instigateurs et les inspirateurs véri- A 230 tables. Il s'agit bien entendu de Tobias Hesse 60 et de Christophe Besold 61. Comme à toute autre période de l'histoire, il fut là aussi, comme de nos jours d'ailleurs, possible de se relier par l'abnégation et la disparition du moi, à ce qui est véritablement l'essence de l'homme et à la fois le transcende. Ces textes bouleversèrent le monde européen de l'époque (on dénombre plus de trois cents livres écrits en réponse à ces manifestes, ce qui est proprement inimaginable pour un temps où l'imprimerie ne connaissait pas le développement actuel. Même aujourd'hui, ce serait déjà le symptôme d'un franc succès de librairie). La puissante force spirituelle qui prit forme à ce moment avait été depuis longtemps préparée, s'inscrivant dans la lignée du Gnosticisme, du Manichéisme et du Catharisme. Le Manichéisme toucha des millions de gens, de l'Afrique à la Chine, civilisa des tribus quasi barbares (peuple Ouïgour) en moins de 80 ans, le Catharisme permit à une civilisation fantastique, où la place de la femme était l'égale de celle de l'homme (et cela est bien souvent le critère de l'évolution d'une société), de se développer au sud de la France. Il essaima dans l'Europe entière. Les Templiers, de leur côté, tentèrent d'opérer la synthèse de l'Orient et de l'Occident. Comenius eut très tôt connaissance des manifestes publiés entre 1614 et 1616, probablement à Heidelberg ou à Herborn, au cours de ses études en Allemagne. Connu surtout comme pédagogue, il était de la même trempe que ces instructeurs spirituels. Il reçut de la plume même de Jean Valentin Andreae le flambeau qui faisait de lui le continuateur de la Fraternité de la Rose Croix pour cette époque. Et les projets de la Fama Fraternitatis, l'Appel de la Fraternité, faillirent d'ailleurs 231 se réaliser sous la forme d'un Collège d'hommes illuminés. Comenius, par le biais de la Royal Society, rêvait d'en faire le point de départ d'une véritable révolution non-violente à l'échelle Mondiale. Mais il savait que la réalisation de cet éveil généralisé attendrait encore longtemps avant de s’ancrer dans tous les aspects de ce monde Nous allons essayer, au cours de ce travail, de montrer les aspects spirituels et les péripéties qui menèrent à l'accomplissement d'un grand nombre d'individus de cette époque. Car nous savons que de nos jours nous sommes tous appelés à collaborer à la mise en place d'une véritable éducation de l'être Humain, dans un absolu renversement des valeurs, parce que c'est là le sens de la vraie évolution / révolution humaine. En effet, au 16e-17e siècle, la tâche particulière du Cercle de Tübingen, et donc aussi de Comenius, était, en opérant une refonte universelle de la Connaissance aussi bien analytique que synthétique, de tracer les grandes lignes de forces, de revivifier cet "essentiel", cet “Unique Nécessaire” en montrant comment chacun, par une pensée autonome, serait appelé à comprendre et à réaliser l'état de conscience de l'être vrai, en particulier à notre époque. C'est pourquoi le travail fondamental de notre ami Bohémien fut-il pédagogique, dans le sens où l'éducation se doit de permettre l'auto-formation, l'auto-réalisation de l'être vrai. Il fut aussi biosophique et pansophique, théophilosophique et métaphilosophique, dans la mesure où la découverte du monde, de la Vie et de ses lois implique une prise de conscience et une réalisation de l'absolu en soi, une compréhension de l'Homme en tant que Microcosme, petit monde résumé de l'Univers. Il manifesta aussi un aspect purement spirituel, puisque, 232 comme il l'écrivit lui-même dans "Via Lucis", cette éducation n'a de sens, au fond, que pour nous faire parvenir à "l'Académie Céleste". Qu'est-ce, en fait, que l'autonomie? Nous aurons bien du mal à répondre à cette question si nous n’avons pas une connaissance de l’homme nettement plus complète que celle communément admise. Ce qui crée l’autonomie c’est la pensée, et donc le corps du penser autonome. Pour faire bref disons que l’homme actuel possède parfois une autonomie émotionnelle, mais pas mentale. Et il s’agit là de tout autre chose que des circonvolutions cérébrales. Nous connaissons le corps physique, le corps énergétique, et le corps astral ou émotionnel. Mais il existe un quatrième corps, le corps mental ou corps du penser. Celui-ci est encore embryonnaire chez l’écrasante majorité de nos congénères, un léger halo autour de la tête. Or il est appelé à entourer les 3 autres corps; là seulement on pourra parler d’autonomie... Au fond, on pourrait poser la question : puisque Komensky prône une orientation surtout intérieure et n'attribue pas à l'éducation une valeur exclusivement horizontale et terrestre, mais qu'il propose au travail éducatif comme à la société toute entière de consacrer tous leurs efforts à la re-formation d'un être vrai, humain-divin, n'est-il pas lui aussi un de ces doux rêveurs mystiques, millénariste par surcroît, par dessus le marché utopiste. Eh! Bien, Non, mille fois non! Il suffit de se pencher un peu sur la Pampaedie 62, (troisième livre de l'œuvre majeure de Comenius, " La Consultation Universelle pour l'amélioration des choses humaines ") pour découvrir qu'il allie une conception absolument 233 réaliste et pratique de l'autonomie, avec une orientation purement spirituelle. omenius désire que soit enseignée dans les écoles, non seulement l'autonomie de la pensée, mais celle des émotions et de la réalisation, des actes. Chacun, comme c'était d'ailleurs le cas dans la communauté de L'Unité des Frères de Bohême-Moravie, devra avoir un métier, afin de subvenir à ses propres besoins. Il faut ici souligner que, dans L'Unité, aucun pasteur n'était nourri par la communauté et il devait donc participer à la vie socioprofessionnelle du groupe, ce qui était très nouveau pour l'époque. Il est intéressant de dégager ici les douze points que l'on retrouve dans la Pampaedie : C 1) Les traits qui caractérisent l'essence humaine décrivent les rapports que l'homme entretient avec son milieu. L'homme vit dans et doit s'adapter à une "réalité". Il interagit avec toute la Nature, dont l'homme et les quatre règnes font partie, ainsi que l'absolu, le parfait, le dieu qui est aussi en lui. Toute créature humaine pense désire, veut, et cherche à savoir. 2) L'être vrai, l'humain en chemin, cherche à vivre pleinement, en bonne santé, et à représenter quelque chose. 3) Il veut et cherche à être informé de tout ce qui existe dans le monde, car les richesses du monde, si elles sont utilisées intelligemment, c’est à dire sans chercher le profit égoïste, mais l'épanouissement du tout, sont destinées à notre apprentissage de l'abnégation et de la relation à partir de l'autre en nous. 4) Il lui faut comprendre toutes choses, leurs 234 mécanismes, leur fonctionnement, et surtout la relation de tout avec tout. En comprenant de toutes petites choses, par le biais des correspondances, il peut arriver à comprendre le tout. 5) Vivre librement, c.à.d. vouloir et choisir les choses que l’on a trouvé bonnes, par son propre discernement aiguisé par l’éducation nouvelle, ne pas vouloir et refuser les choses mauvaises, et disposer de tout, autant que possible, selon sa propre volonté (Pampaedia, III,11). 6) Non seulement l'Homme devra apprendre à penser et à sentir juste. Puisqu'il aura développé un discernement lui permettant de savoir ce qui va dans le sens du plan de développement pour le Monde et ce qui le contrecarre, il devra être mis en mesure de traduire en actes ce qu'il a conçu, et produire des biens et des services. Ceci uniquement dans la mesure où il n'exploitera pas ses frères pour un profit excessif. Chacun pourra donc s'inscrire dans ce plan de développement, sans chercher à tirer son épingle du jeu, mais en cherchant vraiment l'intérêt commun. Comme le dit Jan Van Rijckenborgh dans le Mystère de la Vie et de la Mort, " Le Royaume intérieur ne peut se manifester que si l'Homme-dieu sait, et agit en conséquence, que son être Microcosmique appartient à un tout plus grand, à la manière dont un cosmos n'existe pas par lui seul, mais appartient à un macrocosme, à un rassemblement de cosmos. Son orientation doit donc être de nature centrifuge et non plus centripète, s'élevant à la manifestation Universelle, se vouant en parfaite abnégation, et, grâce à cette façon de servir impersonnelle, se manifestant lui aussi". (Jan Van Rijckenborgh, le Mystère de la Vie et de la Mort, Editions du Septénaire, Tantonville) 63 235 7) Il peut alors désirer posséder l'aisance matérielle, à condition de satisfaire au prérequis précédent. 8) Il est pour lui parfaitement souhaitable et légitime de désirer vivre en paix et dans la sécurité, ce qui ne manquera absolument pas de se produire, si l'éducation préconisée par notre héros se répand, grâce à la paix civile et sociale. Il peut espérer que ses biens ne seront ni convoités ni volés. Cela sera aussi une conséquence logique du nouvel état de vie qui se démontrera alors. (N'oublions pas que ceux que visent ici Comenius, ce sont les soldats et les seigneurs qui dépouillaient les paysans de leurs maigres ressources). 9) De là ne peut découler qu'une vie honnête et donc une bonne réputation. 10) Puisque l'Ecole formera tous, pauvres comme riches, hommes comme femmes, sans aucune distinction, quelle qu'elle soit, à la lecture, à l'écriture et l'éloquence, c'est à dire à l'art de prendre la parole de façon efficace, tous pourront communiquer de façon valable avec tous en maîtrisant le langage. 11) Et tous voudront ainsi et pourront entretenir des relations humaines dignes de ce nom, pacifiques et bienveillantes, chacun se soutenant en vue du but commun. 12) Donc l'aspiration la plus élevée, le "but suprême", ira de soit et tout sera orienté dans ce sens. Nous voyons ici un retournement complet envisageable aussi bien sur le plan individuel que sur le plan social ! 236 ette acquisition de l'autonomie doit être totale et s'incarner dans la matière, sinon elle n'a pas de sens; que la dépendance soit psychique, émotionnelle, ou matérielle, elle n'en reste pas moins emprisonnement et esclavage. Pour Comenius, le Monde entier est un Labyrinthe, un asile de fous, une prison plus ou moins subtile.Permettons nous ici d'enfoncer le clou : par notre propre expérience (Comenius ne faisant ici que confirmer ce que nous pouvons facilement découvrir par nous-mêmes), nous reconnaissons qu'une éducation philosophique et spirituelle digne de ce nom doit permettre d'acquérir l'autonomie de la pensée. Ceci est loin d'être évident, en notre siècle où des instituts de conditionnement président à la publicité et à la TV. Cela doit se traduire par ou être le résultat d'un équilibre émotionnel lui-même libre de tout conditionnement et se manifester par des actes conscients et libres, dans un sens très particulier. Pour Komensky, la liberté revient à la connaissance des lois du monde et de l'Univers, lois supérieures de développement pour l'humanité et à l'obéissance librement consentie à ces lois. Et ceci n’a rien à voir avec les lois de nos sociétés actuelles, basées sur la lutte pour la vie. C e projet spirituel autant que pédagogique, l'indispensable aspect d'éveil à la vie véritable, ou éveil de la conscience supérieure latente en tout être humain, doit faire partie de toute éducation digne de ce nom. A l'époque de Comenius, ceci était si révolutionnaire que ces idées furent à la fois sournoisement copiées et dénigrées par les Jésuites, que les grands ministres de l'Europe entière, de Richelieu à Oxenstiern en Suède s'arrachèrent ses services pour réformer le système éducatif de leur pays respectif, de même qu'il fut constamment persécuté et dénigré par les L 237 "Desmarets". Les contemporains qui ne comprirent pas la portée de ce travail portent, Samuel Desmarets en particulier, l'écrasante responsabilité d'avoir orienté l'opinion de Bayle dans une direction complètement fausse, ce qui fit que, lisant son dictionnaire, les philosophes du XVIIIe siècle passeront à côté d'un bond philosophique, pédagogique et spirituel notable. Et pourtant, si ce projet était révolutionnaire, au moins autant que ceux des Ferrer, des Fresnay et des La Garanderie, il se situait dans la grande tradition hermétique, berceau de la civilisation Européenne Nous avons déjà commencé à voir plus haut que les points clés, qui n'ont pas encore trouvé leur accomplissement dans l'éducation Européenne contemporaine, loin de là, sont : - l'acquisition de la véritable autonomie et en particulier de l'autonomie de la pensée renouvelée, car, Platon l'avait déjà parfaitement expliqué en long et en large, en particulier dans" la République "63 : un homme véritable possède un penser spirituel commandant à ses émotions et à ses instincts. Donc les actes(épithumia)et les mouvements du cœur, (thumos) doivent être au service du Noûs (penser spirituel). Or, au départ, l'homme "ordinaire", "marche sur la tête ", c'est à dire que ses pensées et ses émotions sont auservice de ses instincts et de "son animal". - La nécessité de développer, par des moyens agréables et positifs, le goût de la recherche et de l'effort par l'exploration du champ de vie humain et la compréhension des lois harmoniques à l'arrière plan de notre "Univers de secours", donc la propension au travail sur soi et à la connaissance de soi, car l'homme est un 238 microcosme, un résumé de l'Univers. Ici aussi Comenius n'a rien inventé et le fronton de Delphes, diton, stipulait clairement la même chose, et en tout cas cette sentence a profondément imprégné le monde grec : " Connais-toi toi-même et tu connaîtras la Nature et les Dieux", c'est à dire les forces à l'arrière plan de l'Univers. Car les grecs, de même que les égyptiens, au niveau du temple intérieur, n'ont jamais été polythéistes : par une pensée synthétique et imagée, ils amenaient progressivement tous ceux qui étaient mûrs pour cela à la compréhension des principes spirituels et métaphysiques. S'ensuivait la conception solaire donc christique qu'ils préparaient consciemment, puisqu'ils savaient qu'elle suivrait. - Puis, entre autres points dont la nécessité se fait encore grandement sentir, tous les aspects de la maturité psychique, spirituelle et matérielle, constituaient pour Comenius des fondements indispensables à une société qui voudrait dépasser le stade de la horde animale, ce qu'elle n'a pas encore fait, hors les cas d'un nombre proportionnellement très restreint de nos congénères. a vision universelle de notre infatigable héros, sa préoccupation plus que démocratique, dans le sens noble du terme se révèle à l'évidence dans la "Consultation Universelle sur l'Amendement des Choses Humaines" 64, à notre sens son œuvre capitale. Les sept éléments ou parties de cette somme portent le préfixe grec pan, ce qui implique une idée d'universalité; Panégersie, Pampaedie, Pansophie, etc. … Mais nous y reviendrons en détail dans la dernière partie de notre étude. L Deux objectifs sont évidents et fondent la recherche 239 pansophique : la maîtrise de soi et la victoire sur soi, chapitres "incontournables" pour employer la langue de bois audiovisuelle, de toute pédagogie libératrice, aussi bien pour l'aspirant que pour l'instructeur. Nous aimerions ici commenter quelque peu la " Prière au Père des Lumières " . Nous pourrons y observer les implications inimaginables d'une véritable Haute Raison par laquelle ce lutteur, héros de l'expérience intérieure et extérieure vécue jusque dans ses plus extrêmes conséquences, put en quelques dizaines d'années, abattre pour longtemps des pans entiers d'une poussiéreuse mentalité scolastique qui se perpétuait encore de façon virulente. L'orientation de Comenius est bien entendu purement spirituelle, et non religieuse ou mystique. Il s'agit d'emblée du problème de l'illumination des hommes. Tout homme doit devenir éclairé, ce qui comporte le développement d'une haute raison par l'instauration "d'écoles chez tous les peuples, des maisons d'enseignement pour tous", ce qui pour l'époque était plus que nouveau, l'enseignement restant l'apanage d'un petit nombre de privilégiés. Pourquoi parlons nous d'une "haute raison"? Eh bien tout simplement parce qu'il s'agit de faire en sorte que l'homme comprenne progressivement tous les aspects de la réalité et donc de la raison, c’est à dire d’une raison immanente et transcendante,d’une raison qui ne se limite pas à des petits numéros où on voudrait faire entrer l’univers entier. Ainsi seulement une véritable autonomie, sur les plans spirituel, psychique ou matériel, basée sur la conscience de la raison pure et une pensée vraiment libre, pourrait se développer, ce qui n'est le cas pratiquement pour personne à l'heure actuelle. Nous posons ici 240 comme principe de base que ces aspects, le spirituel, le psychique, et le matériel, dont l'humanité ordinaire n'a exploré, compris et vécu, qu'une toute petite partie, peuvent tous être expérimentés, et qu’ils le sont ou le seront. Personne ne niera ici que l'état général du monde, à part quelques progrès "scientifiques", qui n'en sont pas vraiment pour nous, puisqu'ils correspondent à une vue parcellaire de la raison et de la connaissance, est, en un certain sens, encore bien pire que celui qui existait du temps de Comenius. Ces "progrès " ne sont d'ailleurs jamais des éléments "de première main ". C'est pourquoi l'introduction de cette "Prière au Père des Lumières" ne surprendra personne : "Voici, les ténèbres recouvrent la terre et l'obscurité les peuples." Ici nous voulons placer un point de vue que nous avons déjà esquissé en ce qui concerne l'aspect éducatif, très spécifique chez Jan Amos. L'erreur, d'après l'étude que nous avons pu faire, aussi bien sur le terrain, de nos jours, que dans les livres de notre héros, se situe sur le plan pédagogique fondamental. Si l'on se reporte à notre époque, on voit que le moment n'est pas loin, si ce n'est déjà fait, où on fixera des objectifs socio-économiques, moraux et culturels mondiaux, sans changer de fond en comble la nature humaine. Et l'on parlera de " paix et d'harmonie " ! Déjà des hommes de bonne volonté pourtant, comme Mr Artus Bertrand, font allusion, au cours d’émissions radiophoniques, à la nécessité d’un “gouvernement mondial”, d’ou sortira, à notre avis, le plus grand piège,le plus subtil, celui d’une fausse paix, où l’homme 241 ne fonctionnera que sur le mode de l’obligation et de la peur. Or toute "autolibération", qui implique une "autorévolution", nécessite un travail éducatif en profondeur qui balaye, à plus ou moins brève échéance, sans violence, les racines du mal que sont l'égoïsme, la lutte pour la vie, et autres fléaux qui relèvent plus de l'animal que de l'homme mais, malheureusement, sont encore implicitement les piliers de notre société. Or, on veut créer une unité artificielle extérieure, sans s'attaquer vraiment à la racine du problème, racine qui ne peut être arrachée que par l'individu lui-même. C'est la difficulté à laquelle furent confrontés tous ceux qui voulaient enseigner quelque chose d'essentiel depuis l'Egypte et même bien avant. L'Egypte avait résolu le problème grâce à son système éducatif relié au temple et qui constituait la base de la société. L'organisation du temple et de l'accès à "la sagesse" permettait à l'individu qui en montrait les aptitudes d'être plus ou moins attiré, guidé vers le temple, grâce à la triple configuration suivante : A partir de la vie "ordinaire", ceux qui étaient " ouverts de cœur " pouvaient déceler l'âme d'exception qui ensuite était guidée vers le péristyle, puis vers le temple intérieur, lui-même comprenant plusieurs aspects. A notre époque, de même qu'à celle de Comenius quoique à un moindre degré, l'homme a en principe tous les éléments qui lui permettraient de prendre son destin en main. C'est pourquoi les anciennes méthodes ne peuvent plus fonctionner. L'objectif de Comenius, comme celui de tout éducateur contemporain, se doit d'être universel. L'illumination, telle que la présente Comenius dans sa 242 prière au Père des Lumières, peut très bien s'expliquer raisonnablement. Mais ceci à condition d'accepter que notre connaissance de l'homme est encore parcellaire, et qu'il existe donc une raison qui englobe la raison "ordinaire", raison hélas bien souvent orientée souvent sur des principes qui commencent heureusement à s'effondrer, les principes de rentabilité et d'exploitation entre autres. Non seulement exploitation les uns des autres, mais encore et surtout, et cela est une conséquence logique de l'inconscience et de la courte vue puérile de nos pseudo scientifiques, économistes, religieux et autres hommes de pouvoir, exploitation destructrice de notre planète. Il est évident qu'il ne s'agit pas de retourner à l'âge des cavernes. Comme le dit notre héros, en particulier dans la Pampaedie, il est urgent de faire en sorte que tous aient les moyens d'agir, de penser et de réaliser dans le sens d'une véritable révolution intérieure, d'un absolu retournement des valeurs où presque tout sera utilisé, mais avec un maximum d'intelligence et de prévoyance. A l'exclusion toutefois de l'énergie atomique, même utilisée pacifiquement et sans accident, déséquilibrant déjà à elle seule, de façon très subtile, l'équilibre de notre planète.(ce que certains auteurs de science fiction, souvent eux-mêmes de formation scientifique très pointue, ont très bien vu : dans un univers bien plus “occupé” de vie humaine que le nôtre, une seule énergie serait interdite, l’énergie nucléaire) Comme l'a très bien vu Olivier Cauly 65, la recherche de Comenius en matière de "science" se place sur le terrain d'un vivant universel, d'une échelle de la vie qui va de la pierre aux anges et au-delà, en passant par l'homme. C'est pour cela qu'il ne pouvait accepter les conceptions purement mathématiques de Descartes ou de Copernic. Pour lui, le sens des êtres et des choses prime. 243 La méthode qu'il introduit pour "rassembler la vérité partout dispersée" révèle une unité universelle qui se manifeste grâce à trois principes fondamentaux (la lumière, l'esprit et la matière) et par sept degrés (ou espèces) de substances. On retrouve ces aspects dans l'enseignement universel. Il s'agit bien là d'une conception dynamique, vivante et en devenir, qui s'apparente à la philosophie spirituelle de la nature que l'on peut retrouver chez Paracelse. Cela vit, est, progresse, se manifeste et vise à l'accomplissement et au perfectionnement harmonieux du tout. Ainsi tout ne s'explique pas par les oppositions, tout ne se réduit pas à un éternel recommencement, l'univers a un sens. Tous les êtres sont des combinaisons des trois principes dans les quatre éléments, et "le monde est une pure harmonie" où, du plus inerte à Dieu, il y a possibilité de l'éveil de la conscience et de sa manifestation au service du tout. Dans ce contexte, l'éducation est un des piliers fondamentaux du travail de notre héros, mais cette éducation, nous l'avons vu, englobe largement ce que nous avons l'habitude d'entendre par-là. Par son objectif universel, elle retrouve le sens premier de la philosophie, quête de la sagesse, et la transcende même par ses aspects métaphysiques. Cette façon de vivre et d'éduquer aussi bien la jeunesse que l'âge adulte, comme Jan Amos l'avait très bien compris, ne manquera pas de manifester ses résultats, de façon universelle, car elle induira une vraie compréhension du monde et de la vie. Et c'est là un des points originaux et remarquables de l'activité spirituelle, éducative et politico-philosophique en ce XVIIe siècle si perturbé, 244 où les armées catholiques soutenues par le pape dévastèrent toute l'Europe Centrale pour des raisons au fond assez évidentes, mais qui se réduisent toutes à une volonté de pouvoir, temporel ou pseudo-spirituel. Cette universalité démontrée par Comenius, le fut aussi par de nombreux autres travailleurs spirituels que nous évoquerons ici. Nous nous apercevrons par exemple que Comenius fut non seulement un grand pédagogue, comme tous les chercheurs avertis dans le domaine de l'éducation se plaisent à le reconnaître aujourd'hui, mais aussi et surtout un immense philosophe et un puissant spirituel du XVIIe siècle. ans la prière au Père des Lumières, les points sur lesquels il insiste, par images et métaphores, sont les suivants : 1. il s'agit d'illuminer, cad d'ouvrir les yeux et les oreilles de tout le genre humain, 2. de faire en sorte que le goût et l'aspiration à la recherche de l'essentiel se généralise de façon universelle, 3. de développer la compréhension du monde et de la vie et de ce qui se situe à l'arrière plan des choses. D Il faut que la multiplication d'écoles permette d'effacer l'erreur et le tâtonnement et de favoriser l'arrivée à une réelle maturité, à une réelle autonomie de tous et de toutes : "Ô Dieu, emplis la terre de ta connaissance, comme la mer est recouverte d'eau ; Fais se lever des hommes qui écrivent ta volonté dans des livres que tu puisses cependant imprimer toi-même dans le cœur des hommes. Veille à ce que des écoles s'ouvrent chez tous les peuples, des maisons d'enseignement pour tes enfants !" 245 Il s'agit donc de favoriser l'éclosion de ceux qui guideront les autres, mais aussi de susciter l'autonomie de la compréhension et de la pensée. Nous insistons car c'est là un point capital sur lequel nous reviendrons "Edifie toi-même ta propre école dans le cœur des hommes ! Inspire les esprits des sages dans le monde entier", ce qui signifie une fois de plus la conjonction de l'autonomie de l'individu et de la formation de sages et de guides. Son projet éducatif, qu'il essaya à plusieurs reprises de concrétiser, en particulier à "Saros Patak", en Hongrie, faisait partie d'un projet beaucoup plus vaste de "réforme générale des affaires humaines", dont des bribes ont d'ailleurs été récupérées, quoique très mal comprises, dans des institutions telles que l'O.N.U. et l'U.N.E.S.C.O. L'objectif de Comenius est et demeure universel : il s'agit du "rétablissement de tout ce qui concerne l'homme, pour tous et partout". En ce sens il devance largement les idées sociales les plus hardies de notre temps, mais là n'est pas le plus important. Pour lui l'éducation se doit d'être permanente et doit nous permettre de retrouver à plus ou moins long terme l'état d'homme vrai, à l'image du créateur. Par ailleurs, il montre bien qu'elle n'est plus qu'un pieux rêve idéal. (Cf. Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur) Et c'est pour lui une chose essentielle, incontournable, que de viser à un rétablissement qui soit réellement universel : "Si nous n'y arrivons pas, nos efforts individuels resteront vains" 246 Par-là même nous comprenons immédiatement que Comenius a une vision à long terme du plan qu'il propose. Il est avant tout réaliste et n'a rien, contrairement à ce que certains chercheurs ont l'air decroire, d'un doux illuminé utopiste, Il est donc parfaitement conscient que cette "illumination du genre humain" prendra du temps. Combien, il l'ignore : Mais tout ce qu'il sait c'est que ce travail doit, par delà les siècles, être entrepris et mené à bien. C'est pourquoi il le commence et accomplit ce qu'il est en mesure d'accomplir. Trois principes de base, que nous trouvons énoncés, en particulier dans le "Via Lucis", gisent latents, quoique bien souvent très mal employés, à l'intérieur de chaque homme : Savoir, Vouloir et Pouvoir. Ces trois facultés sont présentes en chacun, plus ou moins actives, conscientes ou efficaces. On peut les voir aussi comme les normes générales sur lesquelles le savoir peut s'articuler, l'aspiration à la réalisation intérieure et extérieure, et les capacités générales qui permettront cette réalisation. Pour Johan Amos, il est question de ramener à la source ces canaux élémentaires de la sagesse et de leur donner l'unique orientation positive nécessaire, que chacun de nous pressent intérieurement. Il est impossible, selon lui, qu'il n'y ait rien dans les hommes qui corresponde à ces racines de la sagesse universelle humaine. Nos tentatives d'interdisciplinarité paraissent ici bien pâles, au regard du projet universel pansophique. La pansophie est en effet un système de sagesse universelle 247 humaine. Car grâce à la compréhension universelle induite par l'exercice bien orienté de ces trois facultés de base, on peut rectifier tout ce qui dévie du plan universel de manifestation. On retrouve là cette idée qu'appréhendent de nos jours les scientifiques de pointe (Ex : Dambricourt Malassay) : le hasard n'a aucun rôle à jouer dans la manifestation du monde, mais un plan gît à l'arrière plan de tous les phénomènes manifestés. ette fameuse pansophie, est en fait tout ce qu'il est donné à l'homme de savoir, de vouloir et de pouvoir. Nous voyons déjà que le projet encyclopédique du siècle appelé celui des lumières est bien petit, comparé au grand projet de "réforme universelle pansophique". Voltaire, Diderot et Rousseau, ont d'ailleurs largement été inspirés, quoique indirectement, par Bacon et Comenius, et il est regrettable que Bayle aie malencontreusement et un peu trop vite repris à son compte, sans les examiner de très près, les attaques calomnieuses et furieuses de Desmarets contre Comenius, ce qui détermina une attitude négative vis à vis de ce dernier, et pour longtemps. Et ceci quoique, nous le répétons, beaucoup de grands esprits aient été influencés par ses idées, le plus souvent à leur corps défendant. Comenius a d'ailleurs écrit la première encyclopédie tchèque, mais il n'a pas eu le temps de s'y consacrer comme il l'aurait voulu. Ce projet encyclopédiste existait donc bien avant les célèbres "Encyclopédistes", et l'englobait d'ailleurs largement, puisque, pour Comenius, il s'agissait d'un travail qui avait un "sens", qui répondait à la nécessaire compréhension du plan pour le monde. Nous sommes donc obligés de dire que, pour nous, malgré l'immense valeur que nous reconnaissons à ces grands esprits du XVIIIe siècle, leur travail fut limité et parcellaire, constituant C 248 presque une trahison des avancées philosophiques, spirituelles et intellectuelles du XVIIe, ce qui ne fut pas sans conséquences sur l'histoire des idées de l'Occident européen. Ce projet pansophique consistait entre autres en la description, "comme en une chaîne ininterrompue et dans un ordre inattaquable, de toutes choses visibles et cachées aussi bien de cette période que de la période suivante, selon une seule méthode”. Ainsi, personne, étudiant et observant avec attention, ne pourrait éviter de comprendre et donc de réaliser avec enthousiasme ce qui convient à tout homme digne de ce nom." Pour ce grand pédagogue, philosophe et spirituel, il était important de rechercher des voies et des moyens par lesquels offrir, sans aucune contrainte, si ce n'est celle de l'attrait que l'on peut donner à l'enseignement, en parfaite liberté donc, cette sagesse universelle à tout être humain, "de sorte qu'aucun être, d'une intelligence même moyenne, ne demeurât sans culture ou fut en désaccord avec l'harmonie commune, non par contrainte, mais par une sagesse retrouvée, harmonie supérieure de la lumière pansophique. Que si un désaccord se manifestait, dû à un manque de compréhension, il fut corrigé avec patience, et non réprimé." Nous insistons ici : contrairement à l'accent porté par beaucoup de chercheurs, bien intentionnés par ailleurs, ce projet éducatif n'est pas uniquement axé sur une formation du citoyen ou de l'individu, en tant que membre d'une société à laquelle il doit s'intégrer, (société le plus souvent orientée sur le profit, et tout ce qui tourne autour de l'aspect matériel élémentaire). Pour Comenius, l'enseignement, l'éducation est une partie 249 d'un plus vaste projet qui vise à faire de l'homme un "homme-dieu", autrement dit qu'il soit mis en mesure de devenir réellement humain, c'est-à-dire autonome en ce qui concerne la pensée, les émotions et la manifestation concrète des choses. Toute l'organisation de la société doit concourir à cet objectif essentiel, s'incliner devant lui. Ce vaste projet a été mis en forme et développé en détail dans la "Consultation Universelle sur l'amendement des choses humaines", qui comporte sept parties : - La Panegersie : qui se propose de traiter de ce qui existe, de ce qui advient, de ce que sont les choses humaines, de la corruption générale de l'état du monde, de la nécessité de rechercher partout et par tous les moyens une solution à cet état de choses, sans avoir de cesse ni de repos. Que tout ceci doit se faire de manière universelle, et amener à l'établissement de règles et de lois qui nous permettront de réaliser le but de la vie humaine-divine. Cette partie se termine par une invitation à tous à se joindre à cette nécessaire recherche. Notons que nous trouvons ici ni plus ni moins que le programme de la Fama Fraternitatis 66 et du Confessio Fraternitatis, ce qui confirme, si cela était encore nécessaire, la continuité entre le Cercle de Tübingen et Comenius. Mais nous reviendrons sur ce point. - La deuxième partie porte sur la "Panaugia". Elle concerne la nécessité d'éclairer l'humanité grâce à la Lumière Universelle, par les moyens dont dispose cette humanité et en les développant, en l'espèce : les sens, première approche d'un réel bien plus vaste que ce qui peut être appréhendé par eux, mais voie qui permet 250 parfois aussi un contrôle plus ou moins efficace et évite nombre d'illusions de type mystique ou occulte. La Raison, à laquelle Comenius met évidemment un R majuscule, ce qui montre bien qu'il s'agit de la haute raison basée sur une pensée dépassant de loin la pensée discursive et "rationaliste" au sens limité, que nous connaissons tous. La foi est aussi pour notre héros un outil de connaissance intérieure parfois plus efficace que les cinq sens, même si le garde fou de la raison et de l'expérience, intérieure comme extérieure, peut et doit souvent intervenir. Il s'agit en fin de compte de parvenir à une réelle "Panharmonie". Là tout homme peut contempler, vivre, et expérimenter par lui-même la vérité absolue de façon autonome, vérité sur laquelle il sera possible de se mettre vraiment d'accord, grâce au développement dont nous verrons que la Pansophie et la Pampaedie nous donnent les clés. - Dans la troisième partie, il est question de la Pansophie, ou sagesse universelle, sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir. Comenius part de la nature humaine elle-même. Or nous remarquerons qu'il y a déjà là un postulat. Celui-ci, qui semblait évident pour l'époque de Jan Amos, ne l'est plus tellement pour nous. Il s'agit tout simplement de l'implicite suivant : il existe une nature humaine. Or depuis le siècle dernier, cela est bien souvent remis en question. Examinons les divers points de vue. Certains posent l'idée suivante : il y a peut-être une nature humaine, mais celle-ci n'a rien d'absolu ni de définitif, elle est sujette aux influences du milieu, elle s'adapte aux "circonstances" et se modifie avec le temps (air connu). En particulier beaucoup maintiennent que, si l'on change l'environnement de l'homme, la "nature", si l'homme lui-même intervient en ce sens, il opère en même temps un changement de 251 sa propre nature. L'environnement, malgré les derniers développements de la science moderne, est pour beaucoup le principe de toute explication de la nature humaine. Ce qui implique, en ce qui concerne l'éducation, que l'éducateur ne se base pas sur une nature en développement, mais est un véritable créateur, fabricant d'individus suivant un objectif donné. On voit tout de suite les dangers d'une telle conception. Dans cette optique, c'est l'environnement, social ou autre, qui détermine l'homme et sa nature, donc c'est le changement de société qui détermine le changement de l'homme (l'histoire ne dit pas par qui et en fonction de quels critères la société est modifiée). C’est le germe de tous les totalitarismes. On a aussi fréquemment rencontré, surtout depuis l'après-guerre l'idée que c'est l'homme lui-même qui se construit, par sa pensée et ses actes, et détermine sa propre nature. Notons ici que sa pensée, ses émotions, ses actes, son fonctionnement d'homme constituent peutêtre en fait déjà un élément de la nature humaine. Dire que l'homme se constitue, s'auto-réalise, n'est en fait absolument pas contradictoire avec l'idée d'une nature humaine. En effet, il lui faut pour cela des matériaux de base. On ne crée pas à partir de rien. Et c'est justement grâce au bon fonctionnement de tous les éléments de la nature humaine que peut se réaliser l'homme vrai. Ce bon fonctionnement est un des objets essentiels de l'éducation coménienne. Une autre tendance, en mettant en relief les multiples aspects des diverses cultures et sociétés, a cru par-là montrer l'inexistence de la nature humaine. Dans cette optique, c'est l'environnement, social ou autre, qui détermine l'homme et sa nature, donc c'est le changement de société qui détermine le changement de l'homme (l'histoire ne dit pas par qui et en fonction de quels critères la société est modifiée). 252 C’est le germe de tous les totalitarismes. On a aussi fréquemment rencontré, surtout depuis l'après-guerre l'idée que c'est l'homme lui-même qui se construit, par sa pensée et ses actes, et détermine sa propre nature. Notons ici que sa pensée, ses émotions, ses actes, son fonctionnement d'homme constituent peut-être en fait déjà un élément de la nature humaine. Dire que l'homme se constitue, s'auto-réalise, n'est en fait absolument pas contradictoire avec l'idée d'une nature humaine. En effet, il lui faut pour cela des matériaux de base. On ne crée pas à partir de rien. Et c'est justement grâce au bon fonctionnement de tous les éléments de la nature humaine que peut se réaliser l'homme vrai. Ce bon fonctionnement est un des objets essentiels de l'éducation coménienne. Une autre tendance, en mettant en relief les multiples aspects des diverses cultures et sociétés, a cru par-là montrer l'inexistence de la nature humaine. Mais la recherche ethnologique moderne montre clairement, en particulier l'étude des mythes dans des cultures n'ayant pas communiqué entre elles, que de nombreux invariants et de multiples constantes, même s'ils prennent des colorations spécifiques, révèlent une nature humaine fondamentale. r s’il est exact que l'embryon n'est pas l'homme adulte, il en possède cependant déjà toutes les potentialités. De même l'homme des cavernes n'a apparemment rien à voir avec l'homme actuel, qui se vante tant de son intellect, si destructeur, car il l'utilise à tort et à travers. Eh ! Bien la transformation qui a amené l'homme actuel, la réalisation par lui-même de son autonomie relative, toutes ces modifications sont bien entendu, et cela est une évidence pour tout le monde, accomplies par lui-même face à la nature. L'homme est en constant développement et O 253 doit réaliser son être essentiel. Cela a pour point de départ une structure générale, des tendances, par exemple à la liberté et à la raison, entre autres, et cela, et bien d'autres choses, constitue sa nature d'être véritablement humain. L'homme n'est pas un simple animal ou alors ce n'est plus un homme. Pour Comenius, il existe donc bien une nature humaine spécifique. Mais cela ne justifie absolument pas pour lui toutes les dérives de cette idée. Ainsi, pour lui, il n'existe absolument pas d'individus dont c'est la "nature" de diriger ou d'obéir. Notre héros a trop connu la folie humaine pour ne pas avoir compris qu'il est hors de question de justifier par quelque prédisposition une tendance naturelle prolongeant un statu quo social ou des différences de statut pouvant permettre d'affirmer une supériorité "naturelle". Non, pour lui non plus "nous ne sommes pas programmés". Pour notre pédagogue philosophe et spirituel, non seulement il existe de façon innée et générale, certaines dispositions, tels le désir inné du Bien, la Volonté encore à naître et les moyens qui doivent être développés d'y atteindre en parfaite liberté et autonomie, non seulement le discernement latent en chacun peut et doit être aiguisé, mais ces éléments sont indispensables et afférents à la nature humaine véritable. Là est le sens ou un des sens fondamentaux de toute sagesse. Notons ici qu'il est question du Bien, c'est à dire du bien absolu. Nous aurons l'occasion d'y revenir. uivent - la Panglottia, description d’une méthode pour devenir polyglotte et d’une langue universelle nouvelle, qui ne soit pas le latin (ni pour nous aujourd’hui l’anglais). Pour lui, il y avait donc une priorité, qui consistait en la création d'une langue universelle, qui ne soit pas le latin. Malgré la tentative de l'espéranto, nous pouvons remarquer que la S 254 langue de communication est plutôt l'anglais actuellement, et donc qu'une véritable langue universelle n'existe encore pas. Et la Pampaedia, à laquelle nous avons déjà fait allusion, méthode “imparable” et détaillée d’éducation renouvelant tout le système de vie et d’orientation de la société, par le changement intrinsèque des hommes des familles, etc... a Panorthosia confirme cette révolution spirituelle par une organisation de la famille, de la cité, des pays et du monde sur la base de la naissance et de la maturité de l’homme vrai, nouvel et éternel projet de l’humanité.Un point important, travail de pionnier reconnu, fut celui de la connaissance mutuelle internationale des divers peuples et nations, au moins au niveau Européen (mais des allusions fréquentes montrent que Comenius, même s'il était trop tôt à son époque pour que cela connaisse un début de réalisation, concevait cette nécessité comme mondiale et universelle). Ces ouvertures dans la pensée ont fait que, sans que quiconque connaisse vraiment la pensée de J.A. Comenius, on parle en éducation de "Projet Comenius", au niveau européen, pour désigner des projets d'échanges culturels et linguistiques regroupant des établissements d'enseignement de 3 ou 4 pays. Il est d'ailleurs intéressant et pour le moins révélateur de la "pensée unique de notre temps" que, 4 siècles après la naissance de notre héros, il soit toujours très difficile de faire admettre, accepter, et mettre en œuvre de tels projets. En effet tout ce qui dévie d'une "norme" imposée par la pensée dominante de l'Education Nationale est plus ou moins étouffé et ses promoteurs neutralisés par mille moyens qui relèvent parfois des pratiques de l'an- L 255 tique inquisition. Ce chercheur infatigable a d'ailleurs lui-même écrit des méthodes d'enseignement des langues vivantes pour les écoles qu'il dirigea. Notons qu'existe encore en Pologne un établissement par lui fondé, à Leszno, dont il fut responsable quelque temps. "Tout doit commencer par apparaître avec l'expérience personnelle" car "la connaissance de deuxième main n'est pas la connaissance mais seulement une croyance, et en ce sens beaucoup sont croyants qui se disent raisonnables, rationnels et scientifiques" (Via Lucis); et dans le "Confessio Fraternitatis" 66, la vérité de l'expérience authentique est opposée à "la renommée des philosophes" de sorte que "notre siècle peut être qualifié d'heureux." (Après ces citations quelque peu difficiles à entendre pour nos oreilles contemporaines, nous sommes cependant mieux à même de comprendre tel qu'il doit l'être le projet coménien.) Il existe, en notre époque de redécouverte du XVIIe siècle, où il est de plus en plus difficile d'imposer à l'homme qui cherche vraiment des conceptions qu'il n'a pas librement compris, quelques spécialistes de Comenius. Le problème est que, malgré la valeur de leurs travaux, ils n'accordent pas assez d'attention à l'essentiel, c'est à dire l'éveil de l'homme véritable, éveil aux conséquences incalculables. Marcelle Denis, dans ses remarquables travaux de recherche sur Comenius, aidée de Patocka, escamote malheureusement une grande partie de son travail spirituel et n'en extrait quasiment que l'aspect purement pédagogique, ou même politique, situant les conceptions libératrices de celui-ci dans le contexte historique 256 du XVIIe siècle et les limitant à un simple arrière plan de réforme religieuse . Olivier Cauly, lui, reconnaît que le travail spirituel, dans la pensée de Comenius, est inséparable de toute l'aventure pédagogique et politico-religieuse de notre héros. Mais il ne comprend pas, d'après nous, la portée radicale et applicable à notre époque de ce travail, et le conçoit plutôt comme une utopie dynamisante. l est donc nécessaire que le plus grand nombre posible de nos contemporains comprennent ce message dans son essence et se mettent courageusement à l’oeuvre pour le réaliser en eux-mêmes et autour d’eux, provoquant ainsi par là même un profond revirement de l’humanité entière. I Si nous étudions un peu "Via Lucis" et la "Consultation universelle" nous nous apercevrons bien vite que le projet coménien rejoignait de très près celui du Cercle de Tübingen. Cela est très naturel puisqu'il ressort clairement de la correspondance entre J.V. Andreae et Comenius que celui-ci devait reprendre le flambeau que J.V.Andreae, fatigué et usé par l'âge et les persécutions, acceptait de lui transmettre. J. Amos entendit parler de la Fama Fraternitatis certainement avant sa parution. Il date lui-même la parution de celle-ci de 1612. Il connut donc certainement son existence au cours de son séjour à Marbourg ou à Heidelberg (1613-1614). De toute façon, il y avait déjà suffisamment de force dans les écrits de jeunesse de J.V.Andreae pour stimuler la réforme pansophique de notre héros. Celui-ci a d'ailleurs rendu hommage à son 257 prédécesseur, le désignant comme l'inspirateur de ses "Considérations Pansophiques". Dans une lettre personnelle datant de 1629, Andréa est touché par le zèle de son jeune admirateur et lui fait parvenir son "Imago Societatis Christianae" et les "Leges", qui y sont inclu(s)es. Au cours d'un premier échange épistolaire en 1628, Comenius lui demandait quels étaient ses projets, et se pésentait à lui comme disciple et élève. Mais dans sa réponse, Andréa se révèle fatigué, découragé, et argue de son âge (42 ans,c’était beaucoup pour l’époque) pour ne pas personnellement reprendre la combat. Il accepte l'amitié de J.A. Komensky et le soumet à une sorte de "test" en lui demandant s'il est bien vrai "... qu'il se tient loin de toute partialité et de tout fanatisme, qu'il ne croit qu'à la vérité, qu'il ne reculera que devant celle-ci et qu'il embrassera la liberté chrétienne sous la bannière de l'amour". Dans une deuxième lettre, écrite au nom de quelques amis, Comenius rappelle, de même que cela est écrit dans la "Fama" qu'il "appartient à la nature d'un guerrier courageux de ne quitter l'arène qu'au moment où son remplacement est assuré en la personne de lutteurs plus jeunes profitant de l'expérience du vétéran pour éviter les erreurs du débutant". C'est alors que, se rendant à ces arguments, J.V. Andreae fait parvenir son "Imago Societatis Christianae" et les "Leges", lui confirmant l'existence et l'activité de cette société. Précisons que le “Leges” constituent l’héritage” de l’ordre, et confèrent à son possesseur la direction de celui-ci. Et il précise : "Libre à Comenius et à ses amis de lire et de corriger si nécessaire les tables de ce naufrage. 258 Rien que de savoir que le navire n'avait pas sombré corps et biens lui procurerait la joie du marin qui, malgré toutes ses errances, avait ouvert la voie vers de nouveaux rivages pour ses heureux successeurs, car le but avait été de faire tomber les idoles de leur piédestal, aussi bien celles de la religion que celles de la science, et de rendre sa place au Christ" Ce qui ressort clairement de tous ces échanges épistolaires, c'est que Comenius fut chargé de reprendre le flambeau de l'ordre entier, recevant la liberté d'établir de nouvelles lois, dans le combat le plus radical qui soit, proposant à l'homme, non pas de lutter pour ou contre telle ou telle idéologie, religion, politique ou système, qu'il soit scientifique ou non. Ce combat se situe pleinement dans le monde, au service de la libération du monde et de l'humanité, sans toutefois, pourrait-on dire, en faire réellement partie. Il s'agit de ce monde de corruption, de rentabilité pourrie, d'égoïsme animal fondamental et de lutte pour la vie, autrement dit de ce que la "Fama" appelle "Aristote, le Pape, Galien, Mahomet, et la même ritournelle". Précisons que Mahomet, de même que le Pape désigne ici tous les intégrismes et tous les dogmatismes irréfléchis, malsains, hypocrites et exploiteurs. La nécessité de reprendre ce travail sur des bases nouvelles provenait entre autres du fait que la publication prématurée des trois manifestes de la Rose-Croix, si elle avait eu pour résultat ce "franc succès de librairie" dont nous avons parlé plus haut, avait provoqué oppositions et persécutions. Notons d'ailleurs que ce n'est pas J.V.Andreae. qui choisit d'agir si tôt, et que celui-ci a toujours dénoncé les excès juvéniles de certains de ses admirateurs. 259 omenius va donc constituer une Fraternité de combattants qui ne luttent pas au sens habituel du terme. Ce mode de travail universel, que nous pourrions nommer non-lutte dans l'action, se retrouve dans toutes les entreprises de diffusion de "l'enseignement universel". Nous pensons ici en particulier au "wei-wu-wei" chinois. Nous comprendrons facilement que tout individu ou groupe qui cherche à diffuser la sagesse n'entreprendra aucune lutte contre qui que ce soit, même si sa vie entière est un combat de chaque seconde, ce combat, djihad au sens originel du terme, étant dirigé contre lui-même. C Cette Fraternité existait. J.Amos le savait, qui, citant "Christianopolis" dans "Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur", précise : "Pourquoi attendre plus longtemps une telle Fraternité ? Entreprenons plutôt une tentative de mettre en pratique la Fama". De même J.V. Andreae, dans son écrit à la mémoire de Wense, en 1642, affirme en résumant le but du travail en question :"En tant qu'adepte d'un Christianisme non seulement confessé par la bouche mais d'une piété effective comme celle de Joseph Arndt (soit dit en passant, un des précurseurs du travail philosophico-pédagogique de Comenius), Wense essaya de rassembler un certain nombre d'hommes qui avaient le désir, la capacité et la volonté de se consacrer à l'amélioration de leur temps, en formant entre eux comme une alliance. Dispersés aux quatre coins de l'Allemagne, ils devaient établir une sorte d'échange de pensées et, comme de fidèles amis, délibérer de la science qui se trouvait dans un si triste état, et en particulier de la vie chrétienne, et chercher la manière dont ils pourraient changer la situation". 260 Comment ne pas reconnaître là, une fois de plus, le plan des collèges illuminés, proposition que l'on retrouve dans la "Via Lucis" et de cette fameuse "Réflexion sur l'amendement des choses humaines", par un groupe d'hommes appelés à cela et formés en conséquence, que ne cessa de prôner, de défendre et de pratiquer notre héros. Sans nommément désigner, à cette époque (1622), la Rose-Croix, il utilisait, citait et se basait sur les idées reconnues officiellement comme caractéristiques de l'hermétisme rosicrucien (L'Anima Mundi, la triple composition de l'homme, corps, âme, esprit, etc …). En 1639, il reprit même textuellement dans "Pansophiae Prodromus et Dilucidatio", des passages de la Fama Fraternitatis, ou s'y référa, y glissant une importante petite phrase tirée du Confessio Fraternitatis R.C. : "Notre science consiste dans les capacités spirituelles de l'homme et dans une sagesse supérieure certaine. Elle comporte beaucoup de théologie, de médecine, mais peu de jurisprudence". On dit d'ailleurs de la "Via Lucis" que ce fut en fait la "Fama" de Comenius. Cela serait d'ailleurs logique puisque la rédaction de ce texte en 1641-1642, avait été précédée de vingt années à peu près lui permettant d'édifier et de constituer le travail qui lui avait été confié au cours des échanges épistolaires avec J.V. Andreae en 1620. "Via Lucis" fut d'ailleurs, à la mode developpée du temps, traduit en néerlandais de la façon suivante : "La voie vers la lumière, explorée et encore à explorer, ou la recherche sensée de la manière dont la Lumière intellectuelle de l'esprit, la sagesse, peut être 261 répandue favorablement, au crépuscule qui commence maintenant à tomber sur le monde, et cela d'une manière compréhensible pour l'intelligence de tous les hommes et de tous les peuples. " Il s'agit donc bien ici, entre autres, et d'une façon bien spécifique, d'éducation. Le premier titre en était d'ailleurs : "Didactica Magna oder Via Lucis". Il faut dire que l'éducation avait aussi été une importante préoccupation, non seulement de Wolfgang Ratichius, mais aussi de J.V. Andreae. A deux reprises, celui-ci avait abordé le thème du "Collegium Fraternitatis" ou "Demeure Sancti Spiritus", ainsi que du "Collegium Christianum" d'où la Lumière (Crucis Lucisque verbum, la parole de la Croix et de la Lumière) devait émaner, provoquant une "réforme générale du divin et de l'humain". Joseph Arndt connaissait et admirait Comenius et Andreae, considérait aussi l'éducation comme un point fondamental et générateur. Comenius lui a d'ailleurs emprunté de larges fragments, en particulier des extraits du "Viertes Buch van wahren Christentum". Le problème étant ici aussi : "Quelle est la voie où séjourne la lumière et par quelle voie la lumière se divise-t-elle", c'est-à-dire comment celle-ci pourrait-elle éclairer jusqu'au tréfonds de notre monde de folie. Les livres principaux de cette école que constitue le monde entier, école préparatoire , école de la sagesse divine, qui doit amener l'être humain à "l'académie céleste", sont au nombre de trois : - Le livre du monde visible - Le livre de l'homme crée à l'image de Dieu ou le livre de la conscience 262 - L'écriture sainte, qui permet de déchiffrer le livre de la conscience et de commenter celui de l'Homme, écrit "ésotérique" qui fait comprendre, comme un véritable manuel d'initiation, le chemin que doit parcourir l'homme pour redevenir "à l'image de Dieu", ou "homme véritable". Examinons d'un tout petit peu plus près ce que propose cette "Voie de la Lumière": "Le problème de cette école qu'est le monde c'est qu'il s'y est introduit une grave confusion, un triste spectacle. Le meilleur service qui pourrait donc être rendu à l'humanité serait donc, par l'éducation à la lumière de tout le genre humain, de trouver un moyen efficace pour chasser l'obscurité née de l'ignorance, pour répandre la lumière de la sagesse sur le monde entier." On trouve d'ailleurs dans le "Véritable Christianisme" de Joseph Arndt des titres de “livres" (au sens où l’on parle du “livre de la vie”, par exemple), analogues à ceux proposés par Comenius : "Liber scripturae, liber conscientiae, liber naturae" ; Dès 1612, Arndt est régulièrement cité par Andreae. Besold, en la même année, rassemble l'essentiel de ces citations : "Le monde entier est un magisterium (livre d'enseignement) où se reflète la sagesse du créateur". La Bible est d'ailleurs, en tant que livre d'initiation intérieure, décrit ainsi (Confessio Fraternitatis R.C.) : " Ceux qui s'en tenaient fermement à considérer la Bible comme le fil conducteur de leur vie, le but et le sens de toute étude, le manuel d'instruction et la conception centrale du monde entier, étaient par là-même très proches et très semblables aux Frères de la Rose-Croix". De même : 263 "Béni soit celui qui la possède, plus encore celui qui la lit, et bien plus celui qui l'étudie, mais celui qui la comprend est le plus près de Dieu et celui qui lui obéit est le plus semblable à Dieu". Le Labyrinthe du Monde décrit en détail la folie des hommes, le droit injuste, la médecine meurtrière, la vie familiale inepte, l'exploitation éhontée du travail, la religion corrompue et licencieuse, quand elle n'est pas meurtrière, la science ignorante et la vanité du monde. Sans faire ici une étude approfondie de cet ouvrage, puisqu'il est paru aux éditions Ebookslib et est donc maintenant disponible en Français, rappelons qu'il fut écrit pendant la période de persécutions que vécut J.A. Comenius au début de sa vie. Il comporte deux parties. Au cours de la première, le pélerin cherche son chemin dans le monde, symbolisé par une ville apparemment très bien organisée en classes et dirigée par la Reine Sagesse, que certains appellent Vanité. Deux guides se présentent à lui, "Passe-Partout", que l'on pourrait aussi traduire par "Qui-sait-tout et voit tout", représentant à peine voilé de l'inquisition, et "Illusion". Ceux-ci, voyant qu'il est un peu récalcitrant, lui mettent des lunettes spéciales qui font voir le faux vrai et le vrai faux, etc.. et lui font visiter, tout en les lui vantant, toutes les couches de la société. Heureusement les lunettes ne sont pas très bien ajustées et notre pélerin peut quand même voir la réalité telle qu'elle est. A chaque étape du voyage, il démasque la folie du monde pour finalement en arriver à la deuxième étape de son voyage : "Le Paradis du cœur", au cours duquel il répond à l'appel le plus intérieur de son être. 264 e la même façon, J.V. Andreae décrivait aussi le mal qu'il faut attaquer, dans "Menippus Mythologia Christiana", et au commencement de la "Fama Fraternitatis" : "Le monde inconsidéré sera toutefois peu servi par cela et c'est pourquoi la médisance et la raillerie iront toujours en augmentant. Chez les savants aussi la fierté et l'orgueil sont si grands qu'ils ne peuvent s'assembler pour, à partir de tout ce que Dieu a si abondamment répandu en notre siècle, compiler et produire de concert un Librum Naturae ou règle de tous les arts; mais chaque parti s'oppose tant à l'autre et se tient en telle aversion que l'on en reste toujours à la même ritournelle : le Pape, Aristote, Galien, oui, tout ce qui ressemble à un codex doit être pris pour la claire lumière manifestée, alors qu'ils auraient sans doute, s'ils vivaient encore, grande joie à se réorienter. Mais on est encore ici trop faible pour un si grand travail. Et bien qu'en Théologie, Physique et Mathématiques, la vérité lui soit opposée, l'adversaire classique démontre toujours amplement sa malice et sa fureur, freinant par des belliqueux et des vagabonds une si belle évolution et la rendant détestable. C'est dans une telle intention de réforme générale que feu notre bien-aimé Père spirituel très illuminé Frère Christian Rose-Croix, chef et fondateur de notre fraternité, a consacré pendant longtemps beaucoup de peines et d'efforts". D Ce qui n'empêche pas l'espoir d'une réforme générale et la ferme conviction que partagent Comenius et l'auteur des Manifestes des Rose-Croix que "le conseil divin envisage toujours un remède universel". De même, " il n'y a pas de doute que la Lumière universelle rayonnera avant la fin du monde" (Via Lucis), ce qui répond au "Confessio Fraternitatis", "Savez-vous, mor265 tels, que Dieu a décidé de rendre au monde prêt à périr la Vérité, la Lumière et la Dignité qu'Adam a perdues dans le Jardin d'Eden, ce qui a fait naître la détresse des hommes ?" Cette foi inébranlable dans le progrès, en tant que passage de spirale de conscience en spirale de conscience, échelle "signifiante" de la conscience de l'homme, fonde tout le travail de la "Via Lucis". D'ailleurs, aussi bien " Via Lucis " que la " Fama " mettent la science expérimentale et la pratique personnelle au-dessus des autorités scientifiques. Vie et Oeuvre de Comenius 266 Education et autoRévolution Actualité La vie de Comenius est tellement liée à son œuvre que les deux s'entremêlent. La rigueur de ses conceptions morales et de sa pratique de vie absolument irréprochable, doit tout à son éducation, dans le milieu de l'Unité des Frères Moraves. Cette communauté, née à la suite de la révolte hussite en Europe centrale, avait pour règle de vie une pureté de mœurs et une aspiration à la perfection qui ne pouvaient qu'entrer en conflit avec le catholicisme corrompu, inquiet de cet exemple. Dans cette communauté, il était important que tous sachent lire et s'instruisent mutuellement, car l'esprit d'entraide y régnait. Les contemporains, même ceux qui ne partageaient pas leur recherche, ou même qui y étaient opposés, ont volontiers reconnu la réalité de la pratique fraternelle vécue par les membres de L'Unité. La société des frères était divisée en trois classes : - 1) les débutants (ou pénitents) - 2) les avancés - 3) les Frères et Soeurs .(On retrouve cette division tripartite dans toutes les fraternités spirituelles. Chez les Cathares, après une préparation, un travail de réformation, appelé aussi endura était mené à bien dans une "école intérieure". Puis l'accomplissement, la transformation, métamorphose de la chrysalide en papillon, faisait du candidat un "parfait") Dans cette communauté des frères moraves, comme dans toute communauté dont le but est l'éveil de la conscience supérieure de ses 267 membres, ceux qui sont plus avancés ont le devoir d'instruire les autres. Tous étaient éduqués par tous. Ainsi, vers 1550, on comptait déjà au moins une vingtaine d'écoles de la communauté. Il n'est un secret pour personne que Comenius fut un éternel exilé. Cependant, il est remarquable que des catholiques comme Richelieu aient pu faire appel à lui. Il s'en est d'ailleurs fallu de peu que Comenius accepte de venir en France pour réformer le système éducatif, disons tout simplement pour le créer, ce qui aurait complètement changé la face de notre pays, vu les conceptions révolutionnaires de notre héros. Nous ne verrions pas un système éducatif orienté sur une société en décomposition s'écrouler lamentablement, puisque toute la réflexion pédagogique du professeur de SarosPatak vise à une libération de l'homme vrai, et que la conséquence de cette formation aurait d'emblée pour conséquence une société elle aussi orientée sur ce même but. En effet qu'est-ce que l'éducation, si ce n'est l'éveil de la conscience dans le monde, qui permet de se libérer de celui-ci. Quand on parle d'orientation de nos jours, on pense quasi exclusivement à l'orientation professionnelle. Or on voit ici que la véritable orientation a un tout autre sens. Cette orientation fut, comme nous l'avons déjà dit, longuement développée et explicitée dans son œuvre maîtresse : "Consultation Universelle pour l'Amendement des choses humaines". Ce travail, et nous insistons sur ce point, exige tout de nous, à partir du moment où nous avons décidé de ne plus être hypocrite, c’est à dire d'agir en fonction de ce que nous avons découvert être juste, vrai et bon. De même, toute l'œuv- 268 re et toute la vie de Comenius pose les bases concrètes, à long terme, sans aucune visée idéaliste, utopiste, ou imaginaire, mais avec une logique intuitive implacable, d'une société où tout serait orienté sur la formation et la maturité d'un "Homo Pansophicus" dont un des prototypes pourrait bien être Al Hallaj 67, quand il disait, "Je suis la Vérité (que ses détracteurs ont transformé en “je suis Dieu"). On trouve d'ailleurs à la fin de la "Consultation...", dans le 7e livre intitulé "Panorthosia", l'esquisse détaillée d'organismes mondiaux de gouvernement, qui s'apparentent (bien qu'il y ait encore beaucoup à faire pour que la nature de ces organismes répondent réellement aux objectifs premiers posés dans la "Panorthosie") à l'U.N.E.S.C.O. et à L'O.N.U.(Il devient de plus en plus clair que des organismes comme l'O.N.U. ne pèsent pas lourd devant le pouvoir de certains pays qui s'arrogent le rôle de gendarmes du monde). Ainsi est-il proposé, à la fin de cette somme universelle de la connaissance et de la remédiation, pour consolider tout ce qui a été esquissé en matière d'éducation et de réformes diverses, de créer un "Conseil de la Lumière" (chargé de rassembler, de surveiller et d'organiser tout ce qui touche à l'éducation, à la culture et à la science), véritable Collège international de sages, qui devront tout d'abord être eux-mêmes impeccables, contrôler le "Conseil de la Paix", et le "Consistoire Mondial", de même qu’ils seront contrôlés par eux, et veiller à la bonne marche des affaires humaines dans le monde. Toute une structure régionale, nationale, et internationale, partant de la base et révocable à tout instant, comme l'aurait proposé et mis à exécution un 269 Makhno68 ou un Kropotkine69, s'ils avaient été plus loin dans leur recherche, est développée dans cette Panorthosia. Tout ceci pourrait d’ailleurs nous faire comprendre pourquoi, à la fin de sa vie, dans l’Unique Nécessaire, Comenius s’excuse de s’être immiscé dans les affaires du monde. Il faut bien comprendre que le monde conçu comme une école pansophique, vu l'approche systématique de notre héros, et sa rigueur intellectuelle, nécessitait une étude approfondie, basée sur son expérience pédagogique personnelle. Johan Amos travaillait, écrivait, parlait comme les sages de tous les temps, comme s'il allait mourir demain. Il construisait pour l'éternité, abolissant par là-même pour lui et ceux qui le comprennent l'espace-temps, réalisant l'éveil de la conscience et guidant par une éducation appropriée, du moins à plus ou moins brève échéance, l'élève, à la maturité de la conscience, la maturité de l'Esprit. Adaptation à notre temps: "Le temps presse : en effet, nous arrivons à un tournant de l'humanité, qui peut se révéler être une " fin des siècles " pour ceux qui se détacheront de l'espace-temps. Cela n'ira pas sans mal, car le résultat de tout le développement accompli par chacun se révélera, et cela ne sera pas toujours agréable à voir. Il faut sauver ce qui peut encore être sauvé, à ce changement d'ère, si nous voulons que le plus grand nombre d'hommes et de femmes puissent passer à une spirale supérieure. " Et voici “le discours de Comenius”, quelques commentaires de " l'Ecole Pansophique " "Le Christ a enseigné la loi d'Amour et les études 270 pansophiques se proposent donc le bien de l'humanité " Il faut à notre avis comprendre que la prise de conscience est urgente, qu'il est impératif de réaliser la nécessité de l'accomplissement d'une force intérieure, racine de l'Univers, d'un état d'être complet qui ne blesse jamais, ce qui bien sûr hâtera la manifestation consciente de l'être vrai. ous possédons toutes les capacités, plus ou moins latentes en nous, pour savoir, vouloir et pouvoir au sens profond du terme, c'est à dire s'approcher du non-savoir, du non-vouloir et du non-pouvoir. Nous manifesterons ces capacités au mieux en créant des écoles en langue nationale (rappelons ici qu'à l'époque presque toutes les écoles sauf rares exceptions, en particulier en Bohême-Moravie, prodiguaient leur enseignement en latin) ; transformant l'école en laboratoire de connaissance mais aussi en jeu, palais, communauté et paradis, c'est à dire lieu harmonieux ou le développement se fera, non sous la contrainte, mais avec plaisir et enthousiasme. Et cela pour procurer aux enfants une méthode qui rende agréable l'enseignement, des maîtres avancés sur le chemin de la sagesse, capables de guider sur le chemin de la sagesse et de la réalisation à l'aide de beaux petits livres, résumés de l'œuvre universelle et conçus en harmonie avec cette sagesse et ce plan universel (et non en fonction de critères de rentabilité, comme c’est actuellement le cas). Il est question d'organiser sérieusement et intelligemment tous ces domaines : la formation des maîtres et leur emploi du temps ainsi que tout ce qui peut, à eux aussi rendre l'exécution de leur tâche plus facile. De même les femmes doivent pouvoir être préparées à tous les états comme celui des rois et des princes, exercer la N 271 médecine, ou d'autres métiers utiles à l'humanité, remplir la fonction de prophète et surveiller les personnes qui guident vers la libération, et leurs chefs. Pourquoi voudrions-nous n'enseigner aux femmes que l'abc pour les éloigner ensuite des livres". etc… Nous allons maintenant passer en revue les principes énoncés dans la Pampaedie, et quelques aspects supplémentaires, avant de voir la structure générale de l'œuvre majeure de Johan Amos, pour parvenir, comme lui, à une "Admonestation" aux hommes et aux femmes de bonne volonté de notre temps.” Reprenons brièvement la composition de la "Consultation…", œuvre majeure de Comenius, tout en rappelant que l'aspect familial est plutôt développé dans "l'Ecole de l'enfance", au début destiné aux mères, mais qui explique très clairement les grandes lignes directrices de la pédagogie spirituelle de Comenius. Nous y reviendrons éventuellement. Etant donné que nous ne sommes pas en possession de la totalité de cet ouvrage, rappelons que nous travaillons ici de seconde main, et excusons-nous par avance: nous ne ferons pas que le compte rendu du travail de Comenius, mais nous avancerons aussi une réflexion personnelle sur les thèmes développés. Comenius, comme nous l'avons effleuré plus haut, développe ici les lignes de forces universelles pour le monde et l'humanité, sous tous les aspects. Comme de nos jours, nous pouvons le faire entre nous, il incite à un accomplissement possible, et remet entre nos mains le flambeau de cette réalisation. Par-delà les siècles, nous sommes placés devant de nécessaires étapes de formation individuelle et collective. 272 Johan Amos a pourtant, nous l'avons vu, tenté au maximum de mener à bien l'accomplissement du plan dont il est un des exécutants. Cette révolution intemporelle s'articule de la manière décrite ci-après : Tout d'abord, un "état des lieux", lucide et objectif. Nous aussi nous pourrions partir du constat suivant, car malgré de nombreuses différences, de nombreux points communs rapprochent le XVIIe et le XXe siècle : "Tout va de travers. L'état général des affaires de l'humanité, sous quelque latitude qu'elle vive, sous toutes ses formes socio-économiques, est corrompu. Il est urgent de réfléchir objectivement à la situation pour y remédier, mais sur des bases absolument nouvelles et révolutionnaires. Quand un mur n'est pas d'équerre, il faut l'abattre, sinon la construction de tout l'ensemble peut en souffrir. Là on invite tous les hommes à rassembler leurs esprits, leurs facultés, tout ce dont ils sont capables pour s'attaquer aux problèmes qui les concerne tous. C'est la "Panegersia". Il s'agit maintenant d'éclairer l'humanité de la Lumière universelle (Panaugeia : Lumière Universelle), par les moyens naturels à notre disposition, d'apporter un nouvel éclairage, grâce aux facultés de savoir, oser, vouloir, agir, ou, dans le vocabulaire du XVIIe, savoir vouloir et pouvoir, et adhérer d'enthousiasme à cette entreprise de libération. Ainsi, une Panharmonie pourra progressivement s'établir, dans la contemplation et la mise en pratique d'une seule et même vérité, en parfaite liberté. C'est la Panaugia. Nous avons déjà abordé la "Pansophie". C'est la sagesse universelle, encyclopédique et qui englobe tout, même ce que nous ne comprenons pas encore avec nos 273 sens limités. Elle est justifiée par la nature humaine ellemême. Puisque de façon quasi innée, sont inscrits dans l'homme des idées innées, c'est à dire des germes de développement selon le même plan, il est clair que l'aspiration à la bonté, la vérité et la justice doit être suscitée et encouragée. De même la volonté présente de réaliser ce plan et les moyens de les atteindre en parfaite connaissance directe, si possible, jusque dans la poursuite des moindres détails, permettent à tous les hommes d'aiguiser suffisamment leur discernement pour tenir le gouvernail de leur vie. La Pampaedie, ou éducation universelle : voici un court extrait, qui démontre parfaitement le caractère révolutionnaire de ce travail, écrit à la suite de son expérience de Saros-Patak , les trois principes de base de sa didactique. Il faut : 1) Procéder par étapes 2) Tout examiner par soi-même, sans abdication devant quelque autorité que ce soit, et surtout pas devant l'autorité adulte. (C'est, étymologiquement, l'autopsie) 3) Agir par soi-même (autopraxie). Cela exige, pour tout ce qui sera présenté à l'intellect, à la mémoire, à la langue, et à la main, que les élèves eux-mêmes le cherchent, le découvrent, le discutent, le fassent, le répètent, sans se relâcher, par leur effort propre - ne laissant au pédagogue que le rôle de contrôler si ce qui doit se faire se fait, de la façon adéquate. Ce n'est donc rien d'autre que l'exposé d'un système éducatif mondial, et universel, la définition et la proposition de nouveaux types d'écoles, de livres et de pédagogues. Et là aussi nous reconnaissons l'attitude et 274 le discours humaniste, dans le sens où l'éducation permanente est prônée de sorte de préparer à l'académie céleste. C'est là pour Jan Amos tout le sens de la vie de l'homme. Puis c'est la Panglottie, tentative et proposition précise et développée d'une langue universelle qui ne soit pas le Latin, qui pourrait permettre une meilleure compréhension et un déblocage des relations entre les hommes. Toutes les lignes de forces qui furent projetées par J.A. Comenius, responsable de la grande impulsion révolutionnaire qui lui fut transmise par le Cercle de Tübingen, ont marqué aussi notre siècle, mais n'ont pas encore été menées positivement à l’accomplissement : L'ONU, caricature du "Conseil de la Paix" préconisé dans la Panorthosie, aurait besoin d'hommes et de femmes formés selon les principes authentiques de la Pampaedie, et devrait être un véritable organe de contrôle des gouvernements au lieu d'être contrôlé par eux. Mais où trouver ces sages? L'UNESCO ne peut accomplir valablement sa tâche dans son état actuel, est pourtant formé d'hommes et de femmes de bonnes volonté. Eux aussi soumis au contrôle des états, au lieu d'avoir entière liberté d'exercer une veille perpétuelle sur l'état de l'éducation, de la culture et des sciences, Ne parlons pas du "Consistoire Mondial", qui dans l'état actuel des divisions dans la recherche spirituelle, n'est qu'un pieux rêve. Et pourtant, ne nous fions pas aux apparences, une sorte de rassemblement des groupes et diverses églises se prépare. Malheureusement nous aurons probablement à passer par une tentative de fascisme théocratique mondial avant que ne se réalise le plan pour l'ère nouvelle dont parle Comenius. 275 Pour se donner une idée du travail qui reste à accomplir, parcourons rapidement le synopsis de la Panorthosie, ou traité du bon ordre universel, avant dernier chapitre de la Consultation Universelle. Le plan prévoit une réforme, au moyen des outils pansophiques et éducatifs, de l'état public de la Culture, de la Religion, et des Gouvernements. Mais dans quelle orientation, dans quel but, et pour réaliser quoi? Puisque l'état des choses est déplorable, il est nécessaire de démolir de fond en comble "la Babylone de nos errements", c'est à dire toutes les conceptions tournée vers l'ego, vers l'auto-conservation de la conscience-moi, et tous les aspects publics qui en résultent. Ce n'est qu'en passant par ce préalable que l'apparition d'un éclairage accordé à la manifestation d'hommes et de femmes capables de porter l'absolu et de le manifester harmonieusement sera possible, et qu'ils pourront le présenter à toutes les nations, dans la "sublime clarté de la divine Sion". Nous avons d'abord le développement de la théorie : - en quoi consiste la réforme universelle, qui sera de toutes façons exécutée et menée à bien pour l'accomplissement de tous. C'est cela qui est appelé dans la tradition "la fin du monde", c’est à dire la fin d'un monde dont la tâche était le rétablissement de l'Homme Parfait, et le retour au monde où l'homme Microcosme participe en perfection au devenir de la manifestation Universelle. Cette œuvre requiert bien entendu la collaboration de tous, même si de nombreux pionniers aideront toujours l'humanité à la réaliser, et si toutes les forces libératrices de l'univers y participent. Cette conception de la 276 Réforme Universelle doit être sondée et approfondie, et sa source se trouve dans la synthèse à laquelle il a été fait allusion dans ce travail. Puis la mise en pratique est décrite dans ses grandes lignes : Tout d'abord il faut éliminer les facteurs de corruption, que Comenius réunit sous trois rubriques : - l'opposition au plan de développement inscrit au cœur de l'homme lui-même, il le nomme "l'impiété, ou les actions téméraires envers Dieu". Car au cœur de l'homme est le germe de l'absolu, la semence d'éternité, la graine de la Rose qui, colorée du sang de l'abnégation et du Service, pourra prendre les teintes d'or violet de l'accomplissement. - L'inhumanité, et tous les comportement d'autoconservation animaux de lutte pour la vie, qui provoquent méfiance, haine, et agressions mutuelles. - Et l'incertitude dans l'exécution de tous les actes de la vie privée et sociale, due à l'ignorance, donc à une formation déficiente .Rappelons que les trois facultés naturelles que l'homme est appelé à utiliser pour son accomplissement dans le système pansophique sont : SAVOIR, VOULOIR, POUVOIR. Nous pouvons moderniser cette triade de la façon suivante : SAVOIR, OSER, VOULOIR, AGIR. Comenius présente cette incertitude comme ce qu'il appelle la philosophie païenne, mais il faut bien comprendre qu'à cette époque tout ce qui était douteux et incertain était qualifié de païen. La réforme de cette corruption ne peut, bien entendu s'accomplir que par l'application d'une philosophie universelle ou pansophie, une religion universelle, au sens authentiquement spirituel du terme, cad se relier à l'ab277 solu, une politique universelle, où tout sera orienté sur la manifestation et l'harmonie d'hommes en chemin vers cette auto-réalisation, où des instances de contrôle veilleront à l'exécution de ce programme, et une langue universelle, un "espéranto" vraiment devenu langue de communication internationale dans tous les domaines. Cette réforme sera rendue définitive par la mise en place d'un Collège de Lumière, qui veillera à tout ce qui concerne la Science, l'éducation et la Culture, un consistoire de Sainteté, dont la tâche sera de veiller au bon déroulement de l'instruction libératrice. Et un Tribunal de Paix qui veillera à l'harmonie et à la paix entre tous. Ainsi, dans l'incendie et la folie de la période de mutation où nous nous trouvons, il est de toute première urgence qu'une réflexion sérieuse soit effectuée sur ces choses et qu'un nombre croissant d'hommes et de femmes décidés prennent en main leur destin et le destin du monde, dans le sens et en suivant les lignes de force tracées par tous les interprètes du plan de développement universel. Tous et toutes sont appelés à réaliser ces choses, le plus vite possible. Il est maintenant nécessaire de nous attacher à des aspects plus pratiques et contemporains. Ainsi pourrons-nous toucher à des points plus spécifiquement pédagogiques. Histoire et civilisation : pistes concrètes ans ce contexte, jetons ici pêle-mêle quelques pistes de recherche pour un enseignement orienté de façon libératrice. L'étude de l'histoire devra être complètement revue. Elle devra avoir pour axe principal, toujours présent à l'arriè- D 278 re plan de tout fait signifiant, l'étude de l'orientation des sociétés en fonction des "groupes de pionniers", qui sont toujours le fondement plus ou moins évident des civilisations avancées. Citons rapidement l'Egypte, avec sa société bâtie autour du temple et des mystères des temples intérieurs, civilisation qui remonte en fait à plus de 10 000 ans, et qui, grâce à la direction d'un noyau de sages qui ne se démentit presque jamais jusqu'au début de l'ère chrétienne, est l'exemple type de ce que peut réaliser un système éducatif adapté à son époque (rappelons qu'à cette période de l'histoire, vu le degré d'autonomie moyen de l'humanité et l'impossibilité d'une éducation pour tous, tout individu réellement mûr pour cela pouvait en fait avoir accès à l'enseignement du temple) et un groupe constant de pionniers qui inspire et dirige un groupe humain. De même, la Grèce et les Mystères, les Cathares et les Bogomiles au moyen âge, les Manichéens qui civilisèrent un peuple de barbares en 80 ans (région Ouïgour), etc...Cette connaissance intérieure dont le reflet peut se déchiffrer dans le grand livre de la nature, et qui peut facilement affleurer dans des matières telles que l'histoire et la géographie, la biologie et l'astronomie, l'expression française et l'étude des langues vivantes, les mathématiques ou toutes autres formes de science soit disant "dure ou molle" en fait toutes les matières à partir du moment où on les envisage selon le point de vue du devenir humain, de la recherche et de la découverte du véritable sens de la vie, cette vision pénétrante a de tout temps été enseignée. Il sera aussi certainement très intéressant de s'apesantir sur la vision de l'éducation de Platon-Socrate telle qu'elle émane des mystères grecs, mystères que l'on retrouve de nos jours de façon parfaitement actualisée à notre temps dans la Rose-Croix d'Or, en particulier dans 279 la progression hiérarchique qui va du parvis du temple à l’intérieur des grades intérieurs. Reportons nous à un texte du 17e siècle significatif et hautement actuel :"Lorsqu'il arriva là-bas, il n'avait que seize ans mais possédait déjà une forte constitution allemande (il s'agit bien entendu d'une image pour indiquer qu'il s'agit là d'un occidental arrivé à une certaine plénitude). Ainsi qu'il en témoigna lui-même, les sages le reçurent non pas en tant qu'étranger, mais comme celui qu'ils avaient depuis longtemps attendu (...) Il y appris à mieux connaître la langue arabe, au point de traduire en bon latin, dans l'année suivante (ici aussi ces langues ont un sens symbolique) déjà, le Librum M. et de l'emporter avec lui. C'est de ce lieu qu'il a tiré sa métaphysique et sa mathématique, ce dont le monde aurait pu justement se réjouir s'il avait eu plus d'amour et moins d'envie." Etudions quelques commentaires de cette Fama, par Jan Van Rijckenborgh, qui fut à l'origine desécoles JVR, malheureusement encore limitées au niveau primaire, aux Pays-Bas. (Nous reviendrons sur les détails et plans de cette école-phare, reconnue et encouragée par l'état hollandais ). Il faut bien comprendre ici que le livre M ne pourra jamais se trouver dans aucune bibliothèque. "Damcar est l'esprit dans lequel celui qui cherche, le pédagogue ou l'élève, embrasse le monde en une profonde et intense aspiration, afin d'ériger les murs d'une nouvelle citadelle de la vérité". Et il s'agit bien de cela, en nos temps troublés. Faire en sorte qu'un groupe suffisamment important de pédagogues avec leurs élèves constituent une telle citadelle autour de la forteresse de l'initiation, phare qui pourra accueillir et montrer à tous 280 ceux qui sont l’objet de l’attaque des courants négatifs dont nostre époque est prolifique, un chemin de régénération et une orientation de vie positive et dynamique, par l'obéissance aux lignes de forces libératrices de notre temps. "Damcar, c'est le droit absolu, sublime, qui lance son appel et supplie afin d'être entendu." Le droit, c'est à dire la compréhension de la vocation humaine dans ce monde, dans cet ordre de nature, maison de transit et école préparatoire pour un autre ordre de nature, dont le germe est déjà présent en nous. Faire en sorte que tous ceux qui lui sont confiés comprennent ce qui doit être découvert et accompli, et suivant quelles orientations, suivant quel processus déjà inscrit dans le corps, donc "naturel", n'est-ce pas là le rêve de tout éducateur sérieux. Nous retrouverons plus loin tout cela chez Comenius, qui fut le continuateur du Cercle de Tübingen. "Damcar - c'est le cœur de la force planétaire, le fondement de la genèse du monde." Il est un fait certain, nous connaissons très mal les couches intérieures de notre globe terrestre, et ne réalisons même pas que nos archétypes, donc une vie d'un très haut niveau, sous la direction de la force planétaire, peuplent une certaine couche de notre globe. Nous ne réalisons pas que le cœur de la Terre, comme notre cœur, est le lieu central, noyau atomique où des échanges de rayonnement très complexes et d'une très haute vibration constituent le fondement de toute vie sur notre planète. Et ces choses doivent de nouveau être apprises et comprises par notre humanité si celle-ci veut être mise à même de collaborer au formidable tournant auquel nous prenons de toute façon part, pour une élévation positive à l'état humain véritable, ou pour un retour à l'état pré-humain. Nous en voyons déjà les signes avant-coureurs chez bon nombre d'individus, jeunes ou vieux. La géologie doit 281 être étudiée sous cet aspect d'utilité publique pour un rétablissement de ce qui PEUT ENCORE ÊTRE RÉTABLI! Car il est possible de beaucoup adoucir cette époque de troubles et de bouleversements, beaucoup de jeunes en particulier sont encore en mesure de comprendre et de vivre ces choses. " Le mot "Arabie" doit être ici compris comme la demeure du Lion. Damcar, l'idée de la libération, doit provenir de la demeure du Lion, du Lion de Juda, le grand réalisateur universel, l'éducateur par excellence : le Lion - Léo - le signe de libération du Verseau. Là, auprès de la source des mystères, il resta trois ans, et il traduisit le livre M." Revenons aux commentaires de Mr Jan Van Rijckenborgh, qui éclaireront l'exigence qui devrait être posée en objectif à réaliser le plus vite possible à tout pédagogue digne de ce nom, et constituer l'orientation de toute éducation, à plus ou moins long terme : "Lorsque ce héros légendaire a célébré l'accomplissement du réalisme universel, et qu'en abnégation il s'est donné entièrement, autrement dit qu'il a intégré dans sa vie l'enseignement de bonté (cœur), vérité (tête) et justice (bassin, acte), et qu'il s'est levé comme une flamboyante lumière universelle dans les ténèbres de notre époque, il s'approche de l'essence des choses, bien qu'il soit épuisé, ne prêtant aucune attention à la haine, à l'opposition et aux persécutions." Il est un fait que tout éducateur sérieux arrivé à ce point de son développement verra tout le vermoulu, tout le corrompu à la lumière de l'essence des choses, et qu'il 282 agira concrètement pour redresser, relever et faire comprendre. Ce faisant, il est manifeste qu'il se fera beaucoup d'ennemis, mais, persévérant, il visera à l'élévation de conscience de ses ennemis mêmes, il respectera ce qui est respectable, et le reste, il l'englobera de la nouvelle force qu'il a acquise, afin d'élever et de sauver . "Il arrive à Damas, le parvis de Damcar, d'où il veut continuer son voyage jusqu'à Jérusalem. Là, à Damcar, il démontre sa grande capacité en physique et en sciences naturelles, cad que les voiles qui cachent l'essence des choses commencent à tomber" (Il faut préciser ici que, si ce langage est symbolique, il est possible et même nécessaire d'enseigner la physique et les sciences naturelles de façon qu'elles révèlent plus ou moins l'essence des choses, ou en tout cas qu'elles orientent dans cette direction. La science biosophique répondra à cette attente. Pour Comenius, il avait trouvé un autre concept qui recouvrait toute la connaissance : la Pansophie)... Le grec et le latin des mystères, tout d'abord compris partiellement, sont maintenant complètement maîtrisés, grâce à l'acte. ... A Damcar, l'instructeur, le pédagogue, l'éducateur arrivé à cette si importante étape de sa formation, "est reçu comme quelqu'un de connu; là est célébrée la fête de la communauté de vie,..., l'homme supérieur est né, remonté du nadir, grâce à l'acte." Il est bien évident que si l'éducateur veut être à même de guider le jeune vers cette humanité véritable, il doit pour le moins être parvenu à cet état d'être, ou en tout cas être plus ou moins avancé sur ce chemin de connaissance et de maîtrise de soi, qui mène à l'acte libérateur et en est le résultat. 283 ...Admis à la fête de la communauté de vie avec la force universelle, vous apprenez la langue arabe mieux que jamais auparavant. La physique est devenue néant auprès de la gloire débordante du livre M. La langue vivante vous entoure de ses merveilleux caractères;... Le livre M est le livre de l'humanité, la cosmologie intégrale de la mémoire de la nature (...) c'est la synthèse de toute sagesse depuis la création du monde jusqu'à nos jours. Le livre M est la connaissance abstraite de tout ce qui fut qui est et qui sera, connaissance qui ne peut être interceptée par aucun homme de ce monde et que rien ne peut corrompre... Le livre M est une force colossale, supérieure à tout..." Il est intéressant de constater ce qui va se passer quand notre héros arrive en "Espagne"(sens évidemment symbolique), porte de l'Europe, au retour de son voyage: "Quand une harmonieuse préparation a fait que pour l'individu comme pour l'humanité de son temps, les temps sont mûrs, l'esprit véritablement humain, et sa force brisante et régénératrice, symbolisé par l'Espagne, commence son travail. A l'adresse de tous les érudits et de tous les chefs d'états d'Europe en particulier, cet esprit, qui peut émaner de n'importe lequel d'entre nous, à condition qu'il exécute le travail sur lui-même et au service de tous, selon les lignes de force directrices pour le temps présent, s'adresse en ces termes : " ...espérant voir, puisqu'il avait tiré pour lui-même tant de profit de son voyage, les savants d'Europe se 284 réjouir grandement avec lui ...il s'entretint avec les savants d'Espagne, quant à ce qui manquait à nos arts, quant à la façon de les aider ; d'où l'on pouvait tirer des indices certains sur les siècles suivants et en quoi ils devaient concorder avec les siècles passés ; comment réformer les défauts ... (de la science) et de toute la philosophie morale. Il leur montra de nouvelles plantes, de nouveaux fruits et animaux qui ne suivaient pas les lois de l'ancienne philosophie et il leur communiqua de nouveaux axiomes qui pouvaient tout résoudre parfaitement. ( tout ceci a bien entendu un sens symbolique, même si à cette époque cela pouvait être pris à la lettre). Mais tout cela leur parut risible et, comme c'était encore nouveau, ils craignaient que leur grand nom en souffre, puisqu'ils devraient d'abord se remettre à l'étude et confesser leur égarement datant de nombreuses années. Ils y étaient du reste fort bien accoutumés et en avaient tiré assez de profit. Un autre, auquel l'inquiétude est agréable, pourra bien tenter une réforme! Cette ritournelle lui fut aussi chantée par d'autres nations. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ces quelques lignes. Tout d'abord que la vraie connaissance, bien qu'il soit indispensable d'utiliser des livres pour s'en approcher, ne se trouve pas et ne se trouvera jamais dans des livres. Cela montre peut-être aussi que ce travail est une sorte de coup de dés à risque calculé, qui sait très bien qu'il fournit peut-être à ceux qui le lisent ou le liront un bâton pour qu'on lui tape dessus, même et surtout aux pseudo-spirituels. Mais peut-être est-ce le moment... Il faut préciser que ce 17e siècle si fécond et si méconnu offre des clés qui peuvent et doivent être réali285 sées de nos jours, alors qu'en leur temps cela était encore prématuré. 286 Synthèse : Du Paradis du Cœur à la Voie de Lumière Réflexions sur l'Utopie La Jeunesse de Comenius Parcours intérieur (Du Labyrinthe du Monde au Paradis du Cœur) Quand un chercheur passe par l'épreuve de la désillusion et en sort victorieux, il se "retourne" vers le paradis de son cœur. Ce fut le cas de Comenius au XVIIe siècle, comme cela peut être le cas de chacun d'entre nous. Il dut affronter la tempête des événements qui amenèrent l'Europe à la catastrophe de la défaite de la "Montagne blanche". Il naquit en 1592 à Niwnice, ( certains disent Uhersky-Brod, mais cela n’a pas grande importance) en Bohème, carrefour de la pensée spirituelle révolutionnaire de l'époque. Le berceau de son enfance, qui détermina sa vie entière, fut la communauté des frères Moraves, issue elle-même de la branche pacifiste, quoique non "aristocratique" des hussites, premiers Européens à mettre en cause ouvertement la corruption du catholicisme, ouvrant ainsi la porte à ce que Valentin Andréa appellera plus tard "une véritable réforme du genre humain". 287 S'il faut absolument parler d'utopie à propos de Comenius, nous préférerions parler d'utopie réaliste. Comenius lui même utilise les termes de réforme, de redressement, d'amélioration. Mais, nous distinguerons ici deux types d'utopie, tout en constatant que les autorités actuelles tendent malheureusement à se diriger, par ignorance, vers le premier type. Tout d'abord l'Utopie en tant que maîtrise factice, illusoire, et vouée à l'échec de la vie et de la mort. J'appellerai cela l'utopie-piège : c'est en fait une illusion, un faux bonheur de surface. L'organisation sociale y joue un grand rôle, dans le but d'une prolongation artificielle de la vie dans des conditions pseudo-idéales. Et l'on constate déjà en de nombreux pays, dont les EtatsUnis, la volonté d'ignorer la mort, de faire comme si elle n'existait pas, de la camoufler ou de l'embellir. Dans ce type d'utopie, on assiste à une régulation quasi-scientifique de tous les rapports humains. On confond bonheur et plaisir. On se libère de façon apparente de tous les anciens tabous (ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose), qui se trouvent remplacés par une obéissance absolue (nouveau dogmatisme très étouffant puisque contre-nature) à quelques règles relevant du consensus quasi-implicite tournant autour du point fondamental : "Le but de la vie humaine véritable se trouve de toute façon en ce monde, qu'il s'agisse de sa partie visible ou invisible." Il est peut-être nécessaire de donner ici quelques explications. Nous n'avons rien contre un ordre du monde où règne la paix, au contraire, mais il faut éviter toute équivoque en ce qui concerne notre vision du monde en tant qu'ordre de secours. L'éducation, la 288 science, la culture, la vie sociale, la politique et la religion, tant qu'elles s'orientent, consciemment ou inconsciemment vers une telle tentative exclusivement terrestre (qu'il s'agisse de la partie visible ou invisible de notre monde), auront toujours un parfum d'imitation, de caricature. Elles pourraient pourtant jouer un rôle important dans les processus d'approche du véritable travail intérieur. Elles pourraient être l'occasion de manifester, de rayonner, sans faire quoi que ce soit pour, spontanément, de façon impersonnelle, comme une enclave en ce monde, les forces lumières dont vivent ceux et celles qui accomplissent ce travail. Mais, par eux-mêmes, ces champs de recherche et d'activités ne possèdent aucune valeur libératrice pratique. L'objectif de notre présence en ce monde ne peut d'ailleurs pas être de créer un monde dialectique parfait. Il ne s'agit pas de rester dans la caverne, même si les ombres portées sont très belles. Il ne s'agit pas même, en dernier recours, de contempler les reflets de la lumière dans un lac ou même dans les corps célestes. Non, le problème est : comment sortir de tout ce jeu d'illusions et de mensonges et se libérer des chaînes de l'espace et du temps? D'ailleurs tous les textes sacrés le précisent bien, et en particulier, celui que notre culture occidentale connaît le mieux : "Mon Royaume n'est pas de ce monde" et "Laissez les morts enterrer les morts". Notre monde et les forces visibles et invisibles qui sont à l'arrière-plan et gouvernent notre ordre de nature, présidant à son fonctionnement ont en effet pour "tâche" une sorte d'auto-entretien, d'auto-conservation, afin que toutes les entités qui peuvent être prises en compte pour 289 se libérer de l'espace et du temps puissent s'épanouir dans un champ de développement. Mais, en retour chaque entité qui, ce faisant , quitte ou menace de quitter ce champ de vie affaiblit ces forces, en un certain sens les attaque, et à long terme menace de les anéantir. Car ces forces font partie de l'espace et du temps; et devront, à très long terme, elles aussi, subir la transmutation qui les fera s'échapper de ce domaine de vie. Mais cela pas avant que leur tâche ne soit accomplie, pas avant que la dernière entité n'aie quitté cet ordre de secours pour réintégrer la véritable évolution originelle. Donc ces forces feront tout pour nous retenir, en vain puisque le taux vibratoire auquel nous nous intégrerons alors est largement supérieur au leur. Et donc toutes les tentatives explicites ou implicites de créer une sorte de "Paradis sur terre", chose impossible et qui restera toujours du domaine du rêve malsain, font partie de cette "grande tentation". En ce sens toute forme d'Utopie qui n'a pas pour base l'inéluctable libération de ce champ de vie, qui n'est pas la conséquence de la percée de conscience d'une proportion significative de la population, ne peut être qu'une trahison, une contrefaçon, et s'oppose aux lois supérieures naturelles du développement humain. C'est en particulier le problème de l'interprétation d'œuvres telles que celle de Bacon, Comenius, Campanella, ou d'autres travailleurs spirituels comme J.V. Andreae, Ch. Besold, ou Tobias Hesse. La tendance à ramener et à utiliser leur travail visionnaire et/ou symbolique est malheureusement une des armes de l'auto-conservation du monde. Après le voyage de Christian Rose-Croix autour de la 290 Méditerranée, il proposa une nouvelle vision révolutionnaire du monde aux savants en Espagne; elle était cependant si radicale qu'elle ne put, dans un premier temps, qu'être purement et simplement rejetée dans les termes suivants : "(Nous reprenons ici la citation de la Fama du chapitre précédent)" “Deux ans plus tard, frère RC quitta Fez pour l’Espagne, porteur de nombreux et précieux éléments, espérant voir, puisqu’il avait tiré pour lui-même” tant de profit de son voyage, les savants d’Europe se réjouir grandement avec lui et régler désormais toutes leurs études sur des fondements aussi assurés. C’est pourquoi il s’entretint avec les savants d’Espagne, quant à ce qui manquait de nos arts et quant à la façon de les aider ; d’où l’on pouvait tirer des indices certains sur les siècles suivants et en quoi ils devaient concorder avec les siècles passés ; comment réformer les défauts de l’Eglise et de toute la philosophie morale. Il leur montra de nouvelles plantes, de nouveaux fruits et animaux qui ne suivaient pas les lois de l’ancienne philosophie et il leur communiqua de nouveaux axiomes qui pouvaient résoudre tout parfaitement. Mais tout cela leur parut risible et, comme c’était encore nouveau, ils craignirent que leur grand nom en souffre, puisqu’ils devraient d’abord se remettre à l’étude et confesser leur égarement datant de nombreuses années. Ils y étaient d’ailleurs fort bien accoutumés et en avaient tirés assez de profit. Un autre, auquel l’inquiétude est agréable, pourra bien faire une réforme ! Cette ritournelle lui fut aussi chantée par d’autres nations. Cela l’affecta d’autant plus qu’il ne s’y était 291 nullement préparé et qu’il était donc disposé à communiquer charitablement aux savants tous ses arts, s’ils voulaient bien se donner la peine d’oser puiser à certains Axiomes infaillibles, en dehors de toutes les facultés, sciences, arts et de la nature entière. Car il était persuadé que ces Axiomes s’orienteraient comme dans une sphère vers le centre unique, et, comme cela se passait chez les Arabes, ne devaient servir de ligne directrice qu’aux sages ; afin qu’alors on ait aussi en Europe une société qui possédat assez d’or et de pierres précieuses et qui le fasse savoir aux rois en leur suggérant respectueusement de faire instruire les souverains par cette société, de façons qu’ils sachent tout ce que Dieu permet aux hommes de savoir et qu’en cas de besoin des directives puissent leur être demandées ...” Mais la "Demeure Sancti Spiritus", champ de travail de tous les Rose-Croix du XVIIe siècle en Europe, orientés précisément sur le travail libérateur pour le monde et l'humanité auquel nous avons jusqu'ici fait allusion, se développa dans le secret; Avec l'initiative de Comenius et de ses amis, furent précisées les conséquences à long terme du travail spirituel authentique. Et il était inévitable que s'insinuent dès lors, malgré une réelle bonne volonté du monde, les germes de la trahison décrite. Nous préférerons donc l'utopie réaliste, comme celle de Comenius (et d'autres), qui se présente de la façon suivante : l'humanité est appelée à l'autoréalisation de son être essentiel, qui n'appartient pas à notre ordre de nature. Et nous espérons que ces visions, que ces lignes de forces proposées pour un développement de l'humanité dont l'orientation, la trame est purement spirituelle, 292 ne seront pas à nouveau utilisées à des fins autoconservatrices. Ce monde a bien un but, un sens, et il est très important de bien le comprendre. C'est l'école de la vraie vie qui nous permettra, si nous acceptons de soumettre toute notre vie à ce but, d'accéder à ce que Comenius appelle l'Académie de l'Ame, porte d'entrée du véritable domaine de vie de l'homme-microcosme, qui n'a alors plus rien à voir avec l'espace-temps. Si cette façon de voir implique à long terme des modifications de la structure sociale, ce sera la conséquence d'un travail sur soi du plus grand nombre possible d'individus semblablement orientés dans ce sens. L'organisation sociale, telle que la propose par exemple un Comenius, considérée encore de nos jours comme "utopique", non réalisée, découle donc purement et simplement d'une nouvelle éducation qui vise à la réalisation universelle de ce but de vie. C'est cette autorévolution, la plus radicale qui soit, qui pourrait déterminer l'élaboration d'une société libératrice, gnostique, orientée exclusivement sur la formation d'hommes et de femmes dignes de ce nom, sur les plans spirituel, psychique et matériel. L'homme actuel a en effet reçu au cours des siècles tous les éléments qui lui permettent ce pas en avant, malgré les résistances auto-conservatrices des groupes de pouvoir. Pourquoi ces résistances? Tout simplement parce que l'inversion des valeurs qu'implique une telle orientation signifierait à plus ou moins brève échéance leur disparition ou en tout cas au moins une transformation radicale de leurs objectifs, et non un renforcement de leurs prérogatives destructrices. Par exemple, aucune violence ne pourra plus être faite à la Nature, et rien ne pourra 293 plus se faire sans que l'on tienne réellement compte de l'intérêt de tous, en toutes circonstances. La nouvelle société gnostique naîtra dès qu'un nombre suffisamment important d'hommes et de femmes auront compris ce sens général des choses. L'éducation est donc chez Comenius un élément essentiel de sa réforme, qui découle à la fois de sa pratique personnelle en la matière et du respect des lignes de forces universelles qu'il a su interpréter. Dans la fin de la Panorthosie, où Comenius révèle ce que l'on pourrait appeler son "plan pour une civilisation gnostique", on décèle de nombreux emprunts à More 70, Campanella 71, Patrizi 72 et Doni 73. Mais ce qui fait la spécificité de Comenius, c'est qu'il cherche à réformer la société de façon universelle. Il faut ici préciser que ce plan n'a de sens que s'il découle du véritable être intérieur d'un nombre suffisant d'individus, créant ainsi une orientation générale authentique et concrète sur des valeurs essentielles. C'est de la prise de conscience de l'illusion et de la vanité du monde (qu'il a bien connus et qui se manifeste encore de nos jours sous bien des aspects), en tant qu'expression de la volonté de pouvoir et manifestation de l'égocentricité animale, sous toutes leurs formes, que naquirent toutes les tentatives de réforme, toutes les utopies, toutes les recherches plus ou moins efficaces pour retrouver une harmonie de l'homme et de la société avec l'Universel. Nous retrouvons le cheminement de Comenius dans l'adresse au lecteur du "Labyrinthe …", une des œuvres les plus connues de Comenius 294 "…dans l'ensemble, toutes les pensées des hommes se sont orientées vers la découverte de la perfection et du chemin qui y mène. On découvre par là que pratiquement tous les hommes se fuient, comme si de cette façon ils pouvaient calmer et apaiser le désir de leur cœur. Inlassablement ils cherchent la perfection dans le monde : l'un dans les possessions, l'autre dans les satisfactions et les voluptés, le troisième dans les honneurs et la renommée, le quatrième dans l'art et la science, un autre dans une compagnie agréable, etc... Bref, tous dirigent leurs regards sur de vaines choses et cherchent leur salut en dehors d'eux-mêmes . Ils ne le trouvent pas, comme en témoigne Salomon, le plus sage des hommes, qui chercha également la paix de son âme. Après maints voyages et recherches dans le monde entier, il dut pour finir reconnaître: "C'est pourquoi je détestai cette vie; car tout ce qui se fait sous le soleil m'a déplu, tout est vanité et poursuite du vent.(Ecclésiaste 2:17). La véritable paix de l'âme, explique-t-il - après l'avoir trouvée lui-même - tient en ce que l'homme abandonne le monde et se confie à Dieu seul, l'adore et suive ses commandements. "Car, continue-t-il, tout se résume à cela". Parallèlement, David concluait que l'homme le plus heureux est celui dont la vision et l'esprit abandonnent le monde, qui ouvre la porte de son cœur à Dieu seul et se relie à lui pour l'éternité, l'adore et suit ses commandements. Louée soit la miséricorde divine d'avoir aussi ouvert mes yeux. Ainsi je peux percevoir les multiples vanités de ce monde prétentieux, comme l'erreur partout cachée sous le masque de l'éclat visible. Grâce à cela, j'ai appris à rechercher ailleurs la paix et la sécurité d'esprit . 295 (…) Mes guides, qui sont malheureusement les guides de tout homme qui cherche à faire son chemin en ce monde sont en vérité les suivants : l'avidité d'esprit, qui met son nez partout, et la force de l'habitude, qui prête un ton de vérité à toutes les erreurs du monde. Néanmoins, si tu te sers de ta raison, tu verras, comme je l'ai fait, la misérable confusion de notre espèce. Si cela ne t'apparaissait pas, tu peux être sûr que ce sont les lunettes de la tromperie qui en sont la cause, en te faisant tout voir à l'envers. En ce qui concerne la description du bonheur des cœurs voués à Dieu, je confesse qu'il s'agit plutôt d'une esquisse de leur état idéal, plus qu'une description du véritable état d'être des élus. Mais le Seigneur ne manque pas de tels esprits parfaits et toute personne vraiment pieuse qui lit ce livre a le devoir d'aspirer à un tel état de perfection. Porte toi bien, cher ami Chrétien, et que le guide de la Lumière, le Saint Esprit, te révèle, mieux que je ne suis capable de le faire, la vanité du monde, de même que la vraie gloire, la consolation, et la joie des élus et des cœurs unis à Dieu. Amen. " près la presque éradication violente des groupes spirituels et gnostiques, (dont le manichéisme,qui toucha l'humanité à une échelle mondiale, de l'Afrique à la Chine en passant par l'Europe), racines de tout le christianisme, l'oppression romaine se faisait sentir depuis à peu près mille ans, Dès le 11e/12e siècle, les Cathares, les Templiers, les Vaudois et bien d'autres, firent renaître de façon déjà perceptible au quatorzième siècle, malgré le génocide des Cathares, de tout autres modes de vie et de pensée. A 296 Tout en mettant la réalisation spirituelle au premier plan, ils impliquaient tout naturellement aussi bien une haute éthique et de sévères règles de vie, (en tout cas pour ceux qui décidaient effectivement de poser le pied sur le chemin libérateur) qu'une liberté de vie et de conscience en relation avec la recherche intérieure. Comenius naquit dans une telle communauté, issue elle-même de la branche pacifiste des groupes hussites. Ces hommes ne renièrent jamais devant les pires ruses ou tortures de l'inquisition. A l'instar de leur prédécesseur Jean Husinec 74, ils furent persécutés parce qu'ils avaient compris et voulaient accomplir le sens de la vie humaine en notre monde. Ils attaquèrent de la sorte l'ordre dialectique et ses tendances auto-conservatrices. Ils furent les premiers, depuis les gnostiques, les cathares et les manichéens à remettre officiellement en cause le dogme vide d'esprit, jusqu'à faire trembler les racines du pouvoir Romain. Et ceci à tel point qu'il fallut près de 200 ans pour apparemment, permettre un triomphe temporaire et extérieur du catholicisme en Europe. La Réforme de Luther, Zwingli 75 et Calvin ne fit d'ailleurs que prendre la suite de cette révolution spirituelle intemporelle, en la trahissant d'ailleurs quelque peu. Les Frères Moraves vivaient en communauté de biens. Ils cantonnèrent tout d'abord leurs activités, comme l'avaient fait auparavant les Bogomiles pour les mêmes raisons, à l'agriculture et au culte. Puis ils diversifièrent très progressivement leurs travaux. Petit à petit l'éducation prit une place prépondérante, car ils en avaient bien compris le sens : permettre à tous l'accès à une maturité de conscience suffisante pour prendre en main l'auto-révolution de l'âme au service de l'Esprit. Au début confinée à des conseils de comportement aux 297 jeunes, aux parents et à la communauté, et au minimum nécessaire pour accomplir la vie matérielle, psychique et spirituelle et la mener à une bonne fin. Tous ces aspects furent reconnus importants, mais, comme dans l'ordre platonicien dans l'ordre hiérarchique inverse. Plusieurs membres de la communauté suivirent des études supérieures et une "éducation de tous par tous" se développa. La Bohême Moravie devint le pays où, à l'époque, en Europe, le nombre d'écoles était le plus important et où tout ce que l'on pouvait connaître était traité. Revenons un peu sur la vie de Jan Amos Comenius La première partie de sa vie fut toute entière consacrée à sa communauté. Lui-même reçut tout d'abord son éducation scolaire dans les écoles de l'Unité. C'est à Prerov, à l'Ecole latine, qu'il eut le bonheur d'être remarqué par un directeur, lui-même membre respecté de la fraternité. Celui-ci fut assez perspicace pour remarquer ses talents et l'encouragea à poursuivre ses études. Jan Amos se souviendra plus tard de la piètre qualité des méthodes scolaires de cet établissement, mais il fut bon élève et fit des progrès fulgurants . Il fut ainsi remarqué par Lasicki 76, un des membres les plus importants, évêque de L'Unité. Envoyé en Allemagne, à Herborn, Université Calviniste, et à Heidelberg, pour y poursuivre ses études, il y rencontra Arndt 77, Alsted 78 ,et Ratichius. Il découvrit l'œuvre de Bacon, qui le familiarisa avec l'approche scientifique des problèmes humains, et la "Fama Fraternitatis Rosae Crucis", de Jean Valentin Andreae. L'univers se révéla à lui comme son livre d'ap298 prentissage. Il cherchait déjà à comprendre l'unité de toutes choses. Ainsi son deuxième livre était le livre de l'homme ou livre de la conscience, et son troisième, comme commentaire du premier et mode d'emploi du deuxième, les livres sacrés, pour lui, occidental européen du XVIIe siècle, la Bible De retour en Bohême, il enseigna dans l'école où il avait été élève. Il fut ordonné prêtre à l'âge de vingtquatre ans. Deux ans plus tard, on le retrouve à Fulnek, où il exerce son ministère, combinant l'activité sacerdotale avec celle de pédagogue, pour lui inséparables. Il prit très au sérieux ses responsabilités envers la population. Son enseignement ne se limitait pas à des aspects théoriques puisque, par exemple, il apprenait aux jeunes à percer les secrets de la nature par le biais, par exemple de l'apiculture pratique. L'Utopie réaliste Coménienne embrasse tous les aspects de la Vie. Science, éducation, culture, vie sociale, religion et politique. Il s'agit de joindre tous les hommes dans un effort général pour élever le niveau de conscience de tous, jusqu'à la libération de ce monde, que Comenius assimile à l'entrée dans l'académie de l'âme, si possible au cours de cette vie même. Grâce à une vision universelle des choses et à partir de la sagesse divine chacun devra s'appliquer à vivre et à être de cette sagesse et à l'accomplir dans sa vie. Cette réalisation, c'est une évidence, prendra du temps, et Comenius, à plusieurs reprises, indique que l'état de l'humanité idéal qu'il propose correspond à un accomplissement qui approche de la "fin des temps", où l'humanité aura déjà compris bien des choses. En même temps, les éléments qu'il propose, et rappelons que nous sommes au XVIIe siècle, sont fait pour hâter cette fin des temps, où l'hom299 me sera de nouveau" à l'image de Dieu", nous dirions de nos jours, où l'humanité véritable se manifestera. Pour nous il est cair que Comenius et se’s amis connaissaient les cycles de développement de l’humanité. Ils visaient précisément, par-delà les siècles, tout en la préparant en incarnant ses prémisses dans la matière, notre époque de fin de cycle (ère des Poissons), et de début d’un autre cycle (ère du Verseau). Et permettons nous ici une brève parenthèse, tout le fatras millénariste de notre temps, avec des dates mal comprises comme 2001 ou 2012, est à balayer d’un revers de la main. Il s’agitr bien d’une fin des temps, des temps de la dépendance grégaire, de l’intellectualisme inique et de la brutalité destructrice, de l’égoïsme et de l’affiramtion de soi; Ce qui signifie bien sûr la naissance d’un tout-autre à découvrir. Bien entendu ici ausi les choses sont déjà en marche, de façon progressive, comme un lever de soleil, en un lent “fondu-enchaîné”. La situation politique en ce début du XVIIe siècle était encore indécise. Les princes protestants préparaient un jeu d'alliances qui leur permettrait de nourrir l'espoir de contrebalancer la réaction romaine. Des courants culturels et spirituels incarnant la liberté sillonnaient déjà l'Europe. John Dee 79 était venu d'Angleterre en Bohême, foyer de la communauté Morave - Giordano Bruno perçait l'infini des Mondes - Copernic et Kepler avaient démystifié l'Univers. Francis Bacon opérait une synthèse de la connaissance et Robert Fludd 80 tentait de faire de même. C'est dans ce contexte que, comme nous l'avons vu, Comenius vécut deux événements qui influencèrent profondément le cours de sa vie. Au cours de ses études, 300 soit à Marbourg, soit à Heidelberg (1613-1614), il apprit l'existence de la Rose-Croix et eut en tout cas certainement connaissance de la Fama Fraternitatis avant sa parution. Puis, quelques années plus tard, il vécut de façon intense les persécutions dirigées contre l'Unité des Frères, et finalement, la défaite de la Montagne blanche, fin de l'aventure Bohémienne de la reine Elisabeth et du roi Frédéric. Nous sommes en 1620. Pour sa communauté, c'est l'exil en Pologne, à Leszno. C'est aussi l'époque (1628-1629) où il reçoit réellement sa mission, qui consistera à incarner et à manifester autant que possible les grandes lignes de force du développement de l'humanité pour les siècles à venir. Visionnaire donc, il tracera toute sa vie les plans d'une organisation universelle du monde qui devra permettre l'avènement progressif d'une humanité digne de ce nom. Ce qu'il exprime dans le langage de son époque par l'expression : une humanité à l'image de Dieu, de l'homme-dieu. Pour ce faire, le levier principal lui semble être l'éducation, non pas en tant que recherche de "pouvoir" extérieur, mais en tant que moyen d'accès, à long terme, à une participation effective et consciente à la manifestation universelle. Au cours de son exil au château des Zerotin, protecteurs de l'Unité, et en pleine époque de persécutions, Comenius écrit "le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur" . a première partie, le Labyrinthe, est consacrée à une exploration systématique du monde dans toute sa vanité et sa folie, son illusion et son grand piège de kermesse grouillante. Le L 301 Labyrinthe est en fait symbolisé par une ville où toutes les activités humaines, tous les états ou situations où un homme prisonnier de ce monde se retrouve sont représentés. Le héros est incité de façon plus ou moins honnête à visiter, et même à participer à ce monde par ses deux guides, dont nous avons déjà fait mention: ces pseudo-mentors, Passe-partout et Illusion, aimeraient bien récupérer cet homme qui se révèle bien vite être un outsider, un trouble-fête, pour leur "supérieur hiérarchique", la "Reine du Monde", appelée aussi "Vanité". Tout le monde y porte un masque en société, qu'il retire dès qu'il se retrouve seul, dans une gymnastique acrobatique que met à jour le narrateur : "Je les examinai donc de plus près, et j'observai, en premier lieu, que tous ceux qui grouillaient dans la foule portaient un masque sur leur visage, mais quand ils se retrouvaient seuls ou avec leurs pairs, le retiraient, l'ajustant sur leur visage dès qu'ils rejoignaient la foule. Je me renseignai sur la signification de cette procédure. Mon guide répondit: "C'est, mon fils, de la prudence humaine, de ne pas paraître à tous tel que l'on est réellement. Seul, on n'a pas besoin de se contraindre, mais parmi les gens il est de notre intérêt de faire bonne figure et de donner une apparence convenable à ses affaires." (…)"…Je regardai à nouveau autour de moi et remarquai que beaucoup étaient très habiles à se servir de leur masque, les escamotant rapidement et les remettant, de sorte qu'en un instant ils pouvaient prendre l'aspect qui leur convenait. Alors je commençai à comprendre la marche du monde." 302 Sous leur masque, les hommes se révèlent en fait être des animaux, ce qui montre bien que, comme nous l'avons vu, les hommes usurpent ce noble nom tant qu'ils ne sont pas libérés de leur dépendance du monde. "…En regardant attentivement, je découvris qu'ils étaient tous défigurés de diverses façons, non seulement dans leurs traits, mais aussi dans leur corps. La plupart étaient boutonneux, croûteux ou lépreux. En outre, ils avaient soit des lèvres de cochon, soit des dents de chien, soit une queue de renard, soit des cornes de bœuf, soit des oreilles d'âne, soit des yeux de basilic, soit des pattes de loup. J'en observai de plus avec un cou de paon fièrement dressé, d'autres avec une crête de vanneau dressée, d'autres avec des sabots de cheval, et ainsi de suite. Le plus grand nombre ressemblait à des singes. Horrifié, je m'exclamai: "Mais je vois des monstres ici!" La confusion des langues y est à son comble, personne n'écoute l'autre, ni ne cherche à le comprendre "…De la même façon, j'observai et entendis que la plupart d'entre eux se parlaient dans des langues différentes. Ce qui fait qu'ils ne se comprenaient pas les uns les autres, et donc, soit ils ne se répondaient pas, soit ils donnaient une réponse complètement inadéquate. En certains endroits, ils faisaient foule, tous parlant en même temps et chacun pour soi, personne ne faisant attention aux autres, malgré leurs efforts pour capter l'écoute en tirant les autres vers eux. Mais ils n'y arrivaient pas, ce qui le plus souvent dégénérait en luttes et bagarres. " 303 Or nous vivons la même chose tous les jours. Et pour éviter cela, un travail structurel doit commencer très tôt. Si le travail d'ouverture du cœur et de liaison avec l'absolu n'a pas été fait dans les premières années, que ce soit dans le contexte familial ou scolaire, (mais alors il faudrait tout démolir et tout reconstruire sur des bases nouvelles), les miasmes du passé égocentrique seront déjà transmis dans la cellule familiale, avant même la scolarisation, par les parents, avec les meilleures intentions et la meilleure volonté du monde! Nous comprenons pourquoi Comenius pouvait à juste titre dire que les parents peuvent être les pires ennemis de leurs enfants. Et nous réalisons aussi maintenant de façon plus claire : 1) La cause profonde du monde de violence dans lequel baigne une grande partie des jeunes d'aujourd'hui, même si beaucoup "jouent" ce rôle qui n'est pas vraiment le leur. 2) A quel point une éducation des parents et des futurs parents est primordiale, et ce sur des bases absolument inverses du peu qui se fait à ce sujet. 3) A quel point il est absurde, délirant et incroyable de proposer, ce qui est actuellement fait par de soi-disant autorités en la matière, des insanités tendant à transférer les responsabilités parentales aux éducateurs. On voit, sans être grand prophète, la dérive totalitaire se profiler à l'horizon. 304 Mais nous devons nous attarder ici sur les phénomènes de croissance et sur l'évolution du système des glandes à sécrétion interne du jeune, en liaison avec le système nerveux, entre 4 et 11 ans. Nous allons voir le rôle prépondérant des ces deux transformateurs de force, non seulement sur la croissance physique, mais aussi sur une éventuelle et future possibilité de croissance psychospirituelle. L'éveil de conscience se traduit en effet par un changement structurel qui modifie ou utilise en tout cas le système nerveux et les glandes à sécrétion interne. Voici les propositions de Comenius : "(Amener à l'instruction universelle) dans toutes les choses, cad dans tout ce qui peut rendre l'homme sage et heureux. … Mais encore? Ce sont les quatre choses que le sage Salomon recommande, en citant quatre petits animaux, les plus sages : - Préoccupation des choses futures, qu'il loue chez les fourmis. - Sagesse dans les choses présentes, qu'il fait remarquer chez les gerboises. - Penchant à la concorde sans contrainte, qu'il vante chez les sauterelles. - Nécessité de l'harmonie, de la régularité et de la méthode, dans nos actions même indifférentes, comme on les trouve dans le travail de l'araignée. e ces quatre petites propositions, si elles sont approfondies jusque dans les moindres détails, on peut déduire une atmosphère favorable à l'ouverture de la conscience et à son élévation. Si l'orientation générale du système nerveux et des glandes à sécrétions internes ne répond pas à des critères D 305 élevés, il sera impossible de réaliser, face aux sollicitations de toutes sortes auxquelles sont soumis les jeunes enfants, un état de conscience, un état de vie qui pourra servir de base à une future maturité psychospirituelle. On s'en convaincra facilement quand on examinera les pathologies du système nerveux et des glandes à sécrétions internes, par exemple la maniaco-dépressivité. Ce cas particulier, très fréquent chez des hommes par ailleurs d'une grande intelligence et créativité, inclut des problèmes ou les deux systèmes sont impliqués, et montre jusqu'où l'excès irraisonné peut mener. Il serait d'ailleurs intéressant de faire une étude du système nerveux en relation avec le système des glandes à sécrétion interne, dans le cadre de l'éducation des mentalités et du comportement. Eduquer, qu'est-ce à dire? Ne nous retrouvons-nous pas souvent en position d'invoquer l'alibi pédagogique pour justifier nos exigences, pas toujours libres de motivations et d'intérêts conservateurs ? Le concept de "pédagothérapie"me semble digne d'être remis à l'honneur. En effet, il n'est pas nouveau, car toute éducation qui cherche à aller un peu en profondeur se heurte à un moment ou à un autre à tous nos conditionnements, à tous ces schémas contraignants qui imprègnent l'atmosphère psychique de nos contrées. Et là intervient la nécessité d'un "auto-déblayage guidé", sur la base d'une conscience menant à des actes libres d'une volonté conservatrice. Ce travail laboure l'être entier, car nos conditionnements ont laissé des traces jusque dans notre corps, et en particulier dans le système nerveux et le système des glandes à sécrétion interne. On recherchera donc comment le processus pédagothérapeutique facilite une véritable renaissance psychospirituelle, ou renaissance de l'âme.Voyons maintenant la guérison dans le corps et le processus de renaissance de l'âme. 306 Le trigono igneo, appelé ainsi de par la position respective de trois glandes à sécrétion interne dans le sanctuaire de la tête, supporte le feu de la nouvelle conscience et contribue à sa régulation et à sa circulation dans le corps ; Il s'agit de la thyroïde, de l'épiphyse, et de l'hypophyse. Nous retrouvons ici le triangle du penser, du désir et de la volonté. L'épiphyse a plutôt une affinité avec le penser, la thyroïde avec la volonté, et l'hypophyse avec le désir. Mais cela est beaucoup plus complexe en fait. L'équilibre et la bonne coordination de ces trois aspects, unis dans l'orientation spirituelle de service, sont aussi favorables à la santé physique et psychique qu'au bon déroulement du processus de renaissance de l'âme. Cette orientation doit bien entendu occuper une place importante dans tous les processus éducatifs, elle doit même imprégner toute l'éducation du jeune, et du moins jeune. L'acceptation et la mise en œuvre consciente des phénomènes corporels dans un sens libérateur, en liaison avec la répercussion des fonctions biologiques sur le comportement occupera une grande place dans la conception psychospirituelle de l'éducation, le comportement influant sur les modifications du métabolisme et le métabolisme dépendant lui-même du renouvelllement de la conscience. Une nouvelle forme de pensée, du désir, et de la volonté, orientée vers l'éveil et la maturité d’une conscience sans égoïsme ne pourra mener qu'à des actes et un métabolisme nouveau. Le phénomène de guérison qu'implique une telle forme d'éducation passe bien entendu par la trilogie : comprendre, intégrer, transmuter. Comprendre soimême et le monde qui nous entoure afin de mieux collaborer à la reconstitution du microcosme, intégrer 307 les forces libératrices à l'œuvre en nous et autour de nous, et en permettre la transmutation jusque dans le corps, voilà ce à quoi le jeune doit être mis en mesure d'aspirer.afin de pouvoir réaliser ce renouvellement de la vie dès que possible. La conscience de tous, maîtres et élèves s'oriente alors vers le vrai sens de la vie. La connaissance de soi, qui doit absolument être remise en valeur, de sorte que les jeunes, aussi conditionnés que leurs parents, ne puissent plus avoir de réactions de peur phobique quand il s'agit de "psychologie", de "philosophie", ou de ce que l'on nomme tel et qui n'est en fait que la découverte des divers aspects corporels, vitaux, émotionnels, mentaux, et psychique-spirituels dans leur interdépendance. Le jeune, comme celui qui aspire à une réelle éducation permanente de la conscience, pourra ainsi acquérir un discernement de l'âme et du cœur. C'est alors qu'une éthique libre de toute règle et loi extérieure, une éthique gnostique, pourra de nouveau voir le jour . Les chakras modifieront leur sens de rotation en relation avec le système nerveux et les glandes endocrines. Même si le jeune n'a pas encore la possibilité de réaliser cette mutation, il est possible de lui faciliter l'accès à ce travail alchimique, quand le moment sera venu. Le premier rayon de la lumière prânique originelle, si tout le travail préparatoire d'ouverture du cœur et de préparation des glandes à sécrétion interne a pu être effectué dans les années de pré-puberté, va pouvoir faciliter le réfléchissement du premier rayon par le plexus sacré. C'est pourquoi, la vibration rénovatriceexplosive, tempête vibratoire, tension du système nerveux ne pourra être supportée que si le jeune a pu 308 préserver ses capacités de maîtrise et de sérénité, qui ne peuvent se manifester que si l'éducation a pu entretenir un comportement où prédominent le don et le service en oubli de soi. (Gnose Originelle J V Rijckenborgh, Editions du Septénaire, Tantonville, http://www.septenaire.com/) 81 Pour avancer sur le chemin de la guérison biopsychospirituelle, un pouvoir de discernement va devoir être développé, qui va permettre l'isolation des plexus de la gorge des points de vue spirituel, moral et biologique. Pourquoi cette isolation? Tout simplement parce que le monde dans son état actuel comporte justement tant de miasmes perceptibles par les plexus de la gorge. Comment ce discernement, qui donnera progressivement lieu à détachement et liberté à la mesure de l'assimilation dans le corps tout entier des nouvelles forces supérieures, pourra-t-il naître en nous? Nous devrons éviter toute lutte, tout refus systématique de ce qui cherche à pénétrer dans notre sphère, car si c'est le cas, c'est qu'il y a quelque peu affinité entre nous et cet "invité", que nous jugeons parfois indésirable. C'est en acceptant ce qui vient à nous, en l'observant de la façon la plus objective possible, en faisant appel à notre pouvoir de neutralité, que nous pourrons nous en libérer. Nous possédons tous trois pouvoir dans notre cours de vie : celui d'attirer, de repousser, mais aussi de rester neutre. Le problème est que notre éducation nous apprend à développer les deux premiers, mais pas le troisième. En conséquence nous l'ignorons, et nous débattons dans mille liens que nous tissons nous-mêmes, plus ou moins consciemment. Une éducation libératrice remettra évidemment à l'honneur cette troisième faculté. Notre système nerveux en ressentira les bienfaits, et donc notre être tout entier. 309 Il est ainsi clair qu'il existe une relation entre les systèmes de plexus, nœuds du système nerveux, et les glandes à sécrétion interne au cours de toutes les étapes du phénomène de transmutation alchimique qui accompagne inéluctablement l'éveil et la maturation de conscience psychospirituelle. Chaque rayon modifiera ensuite les circuits de plexus et les chakras concernés, effectuant un travail au cours d'une septuple ronde, utilisant le circuit du sympathique avant que puisse avoir lieu "le grand ébranlement" du système nerveux central, du "feu du serpent" ou moelle épinière, ce qui pourra provoquer "la véritable adéquacité". Dans le processus d'éveil et de maturité psychospirituelle, le Cortex, et le Néo-Cortex en particulier, l'intelligence émotionnelle jouant ici le rôle d'intermédiaire, se retrouvent en position de transformateurs, de capteurs et de traducteurs, des impulsions spirituelles d'une vibration bien plus élevée que celles que la science actuelle officielle connaît. Qu'est-ce que la conscience? On peut distinguer divers types de conscience, conscience du moi, de l'âme, ou de l'âme-esprit, biologique, psychique (au sens supérieur), ou spirituelle. Elle s'entremêlent au cours du processus pédagothérapeutique. Là est le problème, celui qui aspire à la liberté cherchant justement à sortir du mélange, du monde de la dualité où nous nous trouvons. Voici la vision d'un scientifique contemporain, qui ne manque pas d'intérêt : "Les difficultés du problème des rapports de la conscience et du cerveau sont celles des rapports de la matière et de l'esprit. Elles sont insurmontables dès que 310 l'on confond conscience, cerveau, et spiritualité. L'être conscient possède une multiplicité de structures et une organisation dynamique (...) Le cerveau n'est ni un objet, ni une machine. Il est lui-même animé par la finalité de l'être qu'il contrôle. La conscience, en tant que structure hiérarchisée de l'être conscient est aussi une réflexion réciproque du supérieur sur l'inférieur." " Pour H. Jackson 82, le modèle du système nerveux était constitué par une série verticale de centres superposés, dont chacun contrôlerait les centres inférieurs (cf. cercles de plexus nerveux Gn. Un. p. 135, 136, Ces sept groupes de sept plexus...directement la base sanguine.). Ainsi par exemple, chez les grecs, trois foyers de conscience peuvent être distingués : le Nous, le thumos, et l’epitumia. Nous parlerons en language moderne des trois sanctuaires, du coeur, de la tête et du bassin. Et nous dirons que la tête est ou doit redevenir, le sanctuaire de l’Esprit, le coeur, le sanctuaire de l’âme, et le bassin le sanctuaire de la Vie. Et bien entendu, nous prônons l’ordre hierarchique ou l’esprit et l’âme determine le corps et le régissent, l’esprit étant l’élément directeur.(voir aussi encore Gnose Universelle, p. 115...par exemple ceux des pieds et des mains)... Jackson en est arrivé à considérer les centres du lobe pré-frontal comme les "highest levels" de l'activité nerveuse( car ils se trouvent en fin, à l'extrémité supérieure de l'axe cérébro-spinal). Ces centres étaient pour lui "for the mind", et ces "highest cerebral centers" n'avaient pourtant rien de spirituel, ne constituaient pas l'esprit, ni la conscience d'ailleurs, qui n'est pas, pour lui, une fonction du cerveau. Pourtant l'activité corticale et néocorticale du cerveau est considérée comme l'activité supérieure du cerveau." 311 "Les activités de la conscience passent bien par les structures cérébrales, et en particulier par l'écorce cérébrale, car l'organisation du cerveau culmine dans les "centre d'indétermination", ou " de complexification maximale". Là se développent les mouvements facultatifs ou créateurs de la pensée. C'est, dans le néo-cortex, l'immense réseau neuronal, le "magic loom" des milliards de connexions synaptiques. L'écorce cérébrale fonctionne quasiment comme une machine électronique hyper-perfectionnée où circule l'information et où s'élabore la résolution des problèmes. "Mais ce "highest level" de la pensée n'est pas la structure fondamentale de la conscience. Car les mouvements de la pensée réflexive sont facultatifs, ils n'ajoutent aux structures de l'être conscient qu'une différenciation qui ne requiert le réseau neuronal cortical que comme l'instrument de sa virtuosité, et l'organisation du conscient est axée par la motivation et enracinée dans la sphère de l'instinct. Le fonctionnement logico-mathématique du cerveau télencéphalique dépend de la constitution du champ de la personne mais ne les commande pas. Le cortex n'est donc pas le centre de la conscience, mais en est plutôt l'instrument."(...) Les premiers vertébrés marins dépendaient surtout de leur sens olfactif. Or les nerfs olfactifs, première paire de nerfs crâniens, vont directement des narines au télencencéphale, lequel, en se différenciant,(paleocortex), permet une analyse plus précise et complexe des signaux. Au fur et à mesure que l'on monte dans l'échelle phylogénétique, de plus en plus de signaux extraolfactifs arrivent au niveau du télencéphale. Chez les mammifères se différencie un nouveau cortex, le néocortex, entièrement indépendant de toute influence 312 olfactive. Une fissure rhinale sépare le cortex primitif ou rhinencéphale du néo-cortex. Chez l'Homme et les primates, le néo-cortex s'est accru à tel point qu'il refoule et cache la plus grande partie du paleocortex rhinencéphalique. La plus grande des commissures du télencéphale (chez l'homme) est le corps calleux, reliant en général des points analogues du néo-cortex de l'hémisphère gauche et de l'hémisphère droit.(...) Nous pourrions simplifier tout ceci en insistant sur ce passage : "le cortex n'est pas le centre de la conscience, mais en est plutôt l'instrument". Ce qui nous rend bien plus palpable, si nous voulons mettre l'accent, dans une vraie éducation de l'Homme, sur l'éveil, puis la maturation de la conscience psychospirituelle, l'importance de ne pas mettre au premier plan les fonctions de la mémoire et toutes celles généreusement attribuées à l'intellect "pur", que l'on retrouve dans le cortex et le néocortex. Les Egyptiens allaient plus loin dans leur symbolique puisqu'ils représentaient l'homme originel de façon cachée et symbolique, (dans le temple de Louxor, le saint des saints représente la tête, sans y faire figurer la partie supérieure du cerveau. Le système nerveux dans son ensemble joue bien entendu un rôle primordial et devra être préservé par tous les moyens à la disposition de l'éducateur, comme nous le disions plus haut Le système nerveux principal est composé de la moelle épinière, des nerfs rachidiens, et des douze paires de nerfs crâniens. D'autre part plusieurs groupes de plexus sont situés à plusieurs endroits importants : 313 Le plexus pharyngien, le plexus pulmonaire, le plexus cardiaque, le plexus de l'abdomen, le plexus solaire et le plexus sacré. Ces "nœuds de force" jouent un rôle capital, aussi bien dans les processus naturels que dans le processus de libération gnostique. Tous ces aspects concernent l'activité consciente. Le grand sympathique est composé d'une succession de ganglions nerveux. Dans le processus d’éveil, par résonance vibratoire, la nouvelle vibration qui a pris possession du 4e chandelier ( 4e cavité cérébrale) se propage à travers le bulbe rachidien jusqu'au sympathique. Il constitue à lui seul un "second feu du serpent", qui n'est pas sous l'emprise de la conscience. Ceci permet à la force gnostique, dans un premier temps, d'employer ce canal afin d'investir le système en entourant la moelle épinière. Quand le circuit du sympathique aura été consolidé, il isolera progressivement l'ancien feu du serpent, jusqu'à ce que celui-ci soit finalement conquis par la nouvelle force. Le système nerveux est le réseau de communication du corps. Les nerfs parcourent le corps, transportant par la moelle épinière entre autres des messages du cerveau, lui même intermédiaire des forces éthériques et astrales, et centre de contrôle du corps. Inversement, le cerveau reçoit les informations de l'extérieur grâce aux nerfs. Il sélectionne les informations et décide de la réaction du corps, et donc aussi de l'âme naturelle, celle ci constituant un tout entre les différents systèmes, et aussi les corps subtils. Quand l'âme est renée, tout le système est court-circuité, et en tout cas au service de l'esprit, et alors c'est le nouveau 314 penser qui dirige le système, et fait exécuter l'idée microcosmique, monadique, au service du tout divin. Les informations circulent en tout cas par les fibres nerveuses sous formes de signaux électriques, et l'homme, plongé dans un nouveau complexe ou champ électromagnétique, peut, par induction, modifier complètement son être. Les informations sont captées par les organes des sept sens, la peau, la langue, le nez, les yeux et les oreilles, et l'hypophyse et l'épiphyse, les deux sens supérieurs qui se développent au cours du processus de renaissance de l'âme. L'encéphale est composé de trois parties, le cervelet, le cerveau, et le bulbe rachidien. Le bulbe rachidien contrôle les actions involontaires comme les battements du cœur et la respiration. Le cervelet coordonne les mouvements des muscles, muscles très nombreux et qui contrôlent bien plus que les activités purement motrices du corps. Le système nerveux envoie des messages à une vitesse de 300 km/h, dans certains cas d'urgence (Notons ici que le thymus est beaucoup plus rapide, puisqu'il est conscient, "en temps réel", cad à peu près à la vitesse de la lumière, de tout ce qui entre ou sort dans la sphère électromagnétique de l'homme). Le cerveau est la plus grande partie de l'encéphale et est divisé en deux moitiés, les hémisphères. La couche extérieure du cerveau comporte des zones spéciales qui reçoivent des messages concernant les cinq sens. D'autres zones contrôlent le mouvement, certains phénomènes qualifiés d'intelligence (mémoire, etc... ou nœuds et relais synaptiques -> cf. néo-cortex), et divers aspects que l'on appelle "personnalité" (les deux derniers aspects localisés surtout dans le lobe frontal -> 6e 315 chakra, hypophyse) Les douze paires de nerfs crâniens dirigent tous les aspects de la personnalité, et il va nous falloir apprendre à décrypter l'usage que l'âme fera de ce système, à travers les utilisations classiques ci-dessous indiquées: - 1) Le nerf olfactif est un faisceau de l'encéphale, pas un nerf au sens strict. Il transmet les informations de l'épithélium olfactif. - 2) Le nerf optique transmet de même les influx des récepteurs de l'œil. - 3) Le nerf moteur oculaire commun innerve les muscles qui bougent le globe oculaire, et qui élèvent la paupière supérieure, ceux qui contractent la pupille et modifient la forme du cristallin pour la vision rapprochée et la vision éloignée. Il transmet l'information des récepteurs dans les muscles oculaires. - 4) Le nerf pathétique :il innerve les muscles squelettiques qui bougent le globe oculaire vers le bas et latéralement et transmet l'information provenant des propriocepteurs musculaires. - 5) Le nerf trijumeau contrôle les muscles masticateurs. il transmet l'information provenant des récepteurs de la peau et des muscles faciaux, du nez et de la bouche, de même que des alvéoles dentaires. - 6) Le nerf oculomoteur externe contrôle les muscles qui bougent le globe oculaire latéralement, et transmet l'information provenant des propriocepteurs musculaires. - 7) Le nerf facial contrôle les muscles responsables de l'expression faciale et de la déglutition ainsi que des 316 glandes nasales, palatines et lacrymales et salivaires. Il transmet l'information des papilles gustatives de la partie antérieure de la langue. - 8) Le nerf auditif : Transmet l'information. des récepteurs de l'oreille. - 9) Le nerf glosso-pharyngien contrôle les muscles de la déglutition et des glandes salivaires parotides et transmet les informations des papilles gustatives de la partie postérieure de la langue et des récepteurs cutanés du tube auditif. - 10) Le nerf vague (pneumogastrique) contrôle les muscles du pharynx et du larynx et les muscles lisses, de même que les glandes du thorax et de l'abdomen. Il transmet les informations des récepteurs du thorax et de l'abdomen. - 11) Le nerf spinal contrôle les muscles du cou. - 12) Le nerf grand hypoglosse fait de même pour les muscles de la langue. Les relations thalamo-corticales permettent, grâce à des contrôles cortico-thalamiques, par des interneurones, aux messages sensoriels qui parviennent au cortex primaire, d'arriver par des fibres aux régions corticales des aires visuelles, auditives et somesthésiques. Par résonance, les vibrations gnostiques investissent ainsi les cavités cérébrales, puis le système nerveux sympathique. Le système endocrinien se compose de toutes les glandes à sécrétion interne. Les hormones sont les messagers chimiques véhiculés par le sang. Le rôle de l'épiphyse est assez mal connu. On peut cependant être 317 sûr que les égyptiens et les grecs connaissaient déjà cette glande, vu la représentation imagée qu'ils en ont fait (la pomme de pin étant bien la forme de la glande qu'on appelle aussi "pinéale), et qui correspond en tout point à la réalité. Ce que l'on peut observer cependant est qu'elle joue un rôle important dans le processus de renaissance de l'âme. La glande pinéale est souvent représentée comme la torche, le flambeau de l'illumination. Et, en fait de nombreux scientifiques lui attribuent empiriquement la faculté de percevoir de multiples forces de rayonnement. Pour la science sacrée hindoue, elle correspond au 7e chakra, le chakra couronne, qui inverse son sens de rotation en dernier, au moment où les forces spirituelles investissent tout le système cérébro-spinal. C'est la porte d'entrée du prâna originel, qui permet de transformer complètement jusqu'au plexus sacré, selon le processus que nous allons essayer d'évoquer ici : Ce processus commence tout d'abord dans le cœur. Puis, après une période d'accoutumance et d'inversion des polarités, le prâna originel investit la tête, puis tous les aspects de l'âme.Le fluide astral entre dans le système par le pouvoir magnétique de notre cerveau et remplit de son feu les sept cavités cérébrales, le septuple chandelier. C'est le noyau de la conscience, et les quatre autres fluides s'expliquent par lui. Il vitalise les douze paires de nerfs crâniens. Le fluide nerveux est transmis par les douze paires de nerfs crâniens : ce sont douze pouvoirs, douze propriétés, nommés les douze disciples, les douze aeons de l'homme. Ils font vivre l'homme organiquement. Dès 318 que ces douze se rendent au processus, passage que l'épopée biblique appelle le choix des douze disciples, le sort de l'ancienne nature est fixé, et la régénération de la nature entière commence. Le feu du serpent, dans le canal intérieur de la colonne vertébrale, est le troisième fluide de l'âme. Il relie le septuple chandelier de la tête au plexus sacré, situé à la base de la colonne vertébrale. Chandelier de la tête et plexus sacré constituent les deux pôles magnétiques de notre personnalité; le plexus sacré remplit la même fonction que le pôle sud de notre planète. Dans le feu du serpent - axe de notre personnalité - s'expriment à la fois le feu astral direct, actuel, et toutes les impulsions karmiques magnétiques du microcosme. Le feu du serpent est un mélange du passé et du présent. Cette essence est également communiquée au système par les nerfs de la moelle épinière, afin qu'il se comporte en accord avec le tout électromagnétique. Quand, dans ce que les soufis appellent "le grand ébranlement", cette partie centrale et vitale du système est investie par la force prânique, l'homme est changé à un point tel que, à l'instar des disciples à la Pentecôte, leurs proches ne les reconnaissent plus. Le Cerveau s'est développé, historiquement, au fur et à mesure que le système génital prenait moins d'importance. Et le système du feu du serpent est le "Djed", le pilier central des égyptiens sur lequel tout s'articule. Il est entouré d'un système de ganglions sympathiques, qui n'est pas sous le contrôle de la volonté-moi, et est donc utilisé au départ du processus de renaissance de l'âme. Quasiment tous les nerfs en sont issus, si ce n'est les 319 nerfs crâniens. C'est donc de là que sont retransmis tous les ordres conscients (moelle épinière) ou inconscients (système sympathique et parasympathique) provenant du cerveau qui lui-même est un instrument de la conscience et devrait être le relais de l'âme. Les nerfs commandent tous les organes, de façon automatique ou consciente. Le fluide hormonal, quatrième fluide de l'âme, provient des glandes à sécrétion interne. Nous pouvons considérer ces glandes comme les transformateurs du fluide électromagnétique, chargées chacune d'un feu magnétique, et d'une tâche déterminée. Elles produisent chacune une hormone différente qui est transmise au cinquième fluide de l'âme, le sang. Dans le sang parle, travaille, et témoigne l'être entier. L'âme, dans sa totalité, se révèle par le sang. Tel sang, tel homme. L'état du sang est déterminé par l'état de conscience, et, par le sang, l'état de conscience détermine l'état de la vie. Si nous voulons libérer l'âme, nous devons posséder une certitude du sang, car c'est grâce à lui que s'extériorise la totalité de l'âme quintuple(feu-du-serpent, fluide astral de la conscience, système nerveux, système hormonal, et sang sont les véhicules de l’âme devant être totalement retournés, renouvelés). Et ce processus commence dans le cœur, influençant progressivement tous les aspects de l'âme. Le sanctuaire du cœur, (de même que le sanctuaire de la tête) a sept cavités, sept chambres. Le sanctuaire du cœur a quatre cavités inférieures, et trois principes supérieurs. Les quatre cavités inférieures 320 forment le carré de construction. Si tout va bien, trois flammes, trois flambeaux éthériques dirigent et activent les processus inférieurs qui doivent se dérouler au cours du processus de renaissance Le processus de renaissance de l'âme est en fait le même que celui de la fonte de la coupe du Graal, qui se retrouve logiquement dans le corps humain. Anatomiquement, la coupe du Graal peut être indiquée par ces trois circuits de plexus : celui du larynx, celui ces poumons, et celui du cœur. La partie supérieure de la coupe sacrée correspond au système du larynx; la tige du calice, (la trachée artère), est dressée dans les poumons et le pied de la coupe de cristal est dans l'orifice cardiaque.(Gnose Universelle JV Rijckenborgh Editions du Septénaire, Tantonville, 54 - www.septénaire) 83 Le premier acte libérateur ferme l'élève aux influences de la nature dialectique, dans la mesure où il s'agit des effets de la lumière, du son, et de l'atmosphère. Ce premier acte ramène ces influences à un minimum biologique. Nous vivons, nous avons déjà pu nous en apercevoir, au milieu de tout un système d'influences qui, de par leur nature même, cherchent à nous maintenir dans un état de dépendance. Il faut donc tout d'abord nous en détacher quelque peu. Trois actes libérateurs nouveaux vont suivre : celui qui aspire à la libération devra commencer à réagir aux forces éthériques du Royaume immuable, aux trois Saintes Nourritures qui, semblables à trois cordes, descendent pour l'aider à sortir du puits de la mort. Il doit ensuite rendre le sanctuaire de son cœur apte à la conservation de ces forces. C'est ainsi que, par l'utilisa- 321 tion des possibilités présentes, le Graal s'élabore. (Gnose Universelle) Nous avons déjà vu, mais nous allons le voir de façon encore plus nette que tout l'instrumentarium corporel, et en particulier le système nerveux et hormonal, aura donc du être non seulement préparé, mais qu'il sera de la plus haute importance de ne pas l'endommager dans les années de croissance, entre 4 et 11 ans. Lorsque l'homme en chemin devient accessible aux éthers nouveaux, ceux-ci lui parviennent à travers l'ethmoïde. Par le premier acte libérateur, l'ethmoïde a reçu cette aptitude et il a plus ou moins été fermé en même temps aux influences des forces dialectiques. Il existe donc bien une étroite relation analysable entre le système nerveux et le système endocrinien, qui joue un rôle important dans le processus de renaissance de l'âme La nouvelle respiration magnétique s’instaure par l'os ethmoïde, en relation avec le nez et les 2 chakras supérieurs, correspondant à l'épiphyse et à l'hypophyse. On retrouve bien dans la structure du squelette les huit os du crâne: frontal - deux pariétaux - occipital - deux temporaux, le sphénoïde et l'ethmoïde Les cellules ethmoïdiennes permettent le passage de l'air vers l'hypophyse immédiatement derrière l'os ethmoïde, "encastrée" par le sphénoïde. Le nerf olfactif passe d'ailleurs à travers l'ethmoïde. Le système génital est bien entendu étroitement 322 relié avec le système endocrinien. Ex. de relation entre le système nerveux et le système endocrinien : - La libération d'adrénaline et de noradrénaline par la médullo-surrénale est déclenchée, au moyen d'une impulsion purement nerveuse, par les centres hypothalamiques du système nerveux autonome, le ganglion cœliaque servant de relais nerveux. Une fois libérées dans le sang, ces deux hormones agissent, et les modifications qui en découlent ont une action en retour sur les centres hypothalamiques. Elles diminuent la stimulation que ceux-ci exerçaient sur la médullo-surrénale. Action exercée par les hormones sur le système nerveux : les hormones thyroïdiennes jouent un grand rôle dans le développement dans le développement du cerveau. Par la post-hypophyse et la médullo-surrénale il y a émanation d'ébauches nerveuses embryonnaires. Le système nerveux central dépend de l'antéhypophyse et des glandes qui sont sous sa dépendance. La région ventrale du diencéphale est l'hypothalamus par lequel passent les régulations des sécrétions de l'hypophyse, et par l'intermédiaire de celle-ci, des sécrétions de la thyroïde, des surrénales et des glandes génitales. Chaque plexus nerveux, et en particulier le plexus sacré, est relié à l'activité des chakras, et du grand sympathique. Le phénomène du langage gravite autour du plexus pharyngien, où se trouve le larynx, situé à la partie supérieure de la trachée artère. C'est une formation car323 tilagineuse sur laquelle sont tendues les cordes vocales. Au moyen d'un flot d'air, chassé vers le haut, par le rétrécissement de la cavité thoracique.les cordes vocales se mettent à vibrer. Le son est nuancé par les organes de la voix, la cavité buccale, le nez, la langue et les joues. Dans le cas où il s'agit d'un larynx où circulent de nouvelles forces prâniques, les éthers nouveaux passent le long de la trachée artère, remplissant toutes les cavités pulmonaires, atteignent ainsi l'orifice cardiaque, et après avoir accompli leur travail, ils retournent en partie à l'extérieur par le mouvement de l'expiration.Par l'inspiration, le lobe gauche de la thyroïde reçoit l'influence; par l'expiration, le lobe droit est influencé et c'est ainsi que les contours, les lignes de force de la coupe du Graal sont gravées dans le sanctuaire du cœur. Le burinage de cette structure, la préparation organique par les nouveaux éthers est désignée par Paul comme la circoncision du cœur Ce travail préparatoire anatomique se réalise au moyen de l'éther chimique nouveau, de l'éther vital nouveau, et de l'éther lumière nouveau. L'éther chimique a produit la forme de la coupe du Graal, il a coulé le vase. L'éther vital nouveau a rendu la coupe apte à recevoir le pain de Vie et le nouvel éther-lumière l'a préparée à recueillir le vin de l'Esprit. L'éther chimique se manifeste surtout au moyen du larynx, l'éther vital par celui des poumons et l'éther lumière par celui de l'orifice cardiaque. A la question "êtes-vous prêts?", la lumière et la force du nouveau Royaume montent (diaphragme) du cœur et des chambres des poumons vers le haut de la cavité thoracique. Et là où la cavité thoracique se rétrécit et se ferme par le 324 larynx, il se forme un son nouveau. Le "sang du crucifié”, la kundalini, doit descendre du sanctuaire de la tête jusqu'au plexus sacré, et remonter ensuite vers le haut. C'est ainsi qu'une goutte après l'autre tombe dans le Graal. Celui-ci doit être correctement taillé dans le sanctuaire du cœur. Il s'agit d'employer de nouveau le larynx et le pouvoir auditif dans un sens véritablement créateur. Chaque être humain est, au sens naturel, bisexué : par le larynx en tant qu'organe créateur positif, et par le pouvoir sensoriel en tant qu'organe récepteur, négatif. Nous sommes ainsi bisexués. Mais, quand nous vivons la renaissance de l'âme, nous n'avons plus besoin de la procréation naturelle. Car nous acquerrons le pouvoir de procréation supérieur, par une parole et une écoute sanctifiés. Nous n'abusons alors plus de la fonction créatrice supérieure du larynx et de l'ouïe. Nous avons déjà fait allusion aux plexus nerveux, et nous en profitons pour faire remarquer que le si minutieux système ici décrit ne pourra jamais jouer son rôle s'il est déjà surmené et presque annihilé chez le jeune enfant, comme c'est souvent le cas de nos jours. Un réseau extrêmement fin de filets nerveux se ramifie dans tout le corps. Les plexus sont des enchevêtrements de filets nerveux formant des sortes de nœuds ou ganglions. Ce sont des centres de transformation de la force nerveuse. Le fluide nerveux peut être considéré comme le fluide de la conscience. Le fluide de la conscience influence la sécrétion interne qui, à son tour influence la base du sang. Si la conscience change, le 325 sang s'y conforme. C'est donc au départ par le fluide nerveux que le changement de vie peut s'opérer. Le Grand œuvre doit commencer par la conscience. Il est donc primordial de libérer notre système nerveux grâce à l'attouchement de la nouvelle force, qui ne pourra intervenir que si le système y est préparé. Le serpent de feu représente le noyau du système nerveux et la base de ce feu se trouve dans le plexus sacré. Quand cette base est ouverte, la lumière libératrice peut rayonner sur tout le système. La tête du serpent s'ouvre au feu nouveau. Ce feu se précipite vers le bas et, réfléchi par le plexus sacré, le nouveau fluide d'or se répand dans tout le système nerveux, influençant l'un après l'autre tous les circuits des plexus. Les douze paire de nerfs crâniens , qui dirigent le système corporel entier, sont donnés à la Gnose. Le circuit des plexus de l'estomac permet à l'élève de conduire tous les nouveaux éléments nutritifs des nourritures saintes et du feu de la conscience dans la circulation sanguine. Par la nouvelle activité de ce circuit de plexus, par sa collaboration avec les reins et son influence sur eux, les déchets et les forces de cristallisation, qui dans l'homme dialectique ordinaire, entrent dans la voie sanguine et sont responsable de la formation du fameux gluten, sont séparés du sang et éliminés. Quand le circuit des plexus de l'estomac fonctionne correctement, l'énergie vitale peut en même temps être répartie et utilisée efficacement. Un épuisement et une consommation excessive d'énergie peuvent alors être prévenus. Les deux reins se trouvent à gauche et à droite de 326 la colonne vertébrale du feu-du-serpent, entre la première et troisième vertèbre lombaire. Chaque rein est coiffé d’une capsule surrénale. Ces organes à sécrétion interne émettent une hormone qui nous approvisionne en énergie. Si tout le système formé par l'estomac, les reins, les capsules surrénales d'une part, et le transformateur de force nerveuse qui lui correspond, d'autre part, ne fonctionne pas correctement, tout contact avec la force extra-naturelle aura pour conséquence un acte faux, et le gluten s'accroîtra dans le sang. (...) Mais, si tout va bien, le fluide de conscience, la sécrétion interne, et le sang sont conduits à un équilibre parfait. (...) Et l'on assiste à un changement de direction de la force créatrice. Voici donc une représentation schématique du processus de la Sainte-Cène: 1°) L'immunisation contre les forces dialectiques réduites à un minimum biologique, le franchissement du seuil. 2°) La fonte de la coupe du Graal à l'aide des éthers nouveaux. 3°) Le changement structurel du sang, la réalisation de l'équilibre de l'énergie et l'assurance de l'élimination des déchets dialectiques du sang. 4°) Le changement de direction de la force créatrice, de telle sorte que l'élève en obtienne le contrôle sous toutes ses formes. Ceindre ses reins de la vérité équivaut à une possession intérieure du sang.Il s'agit en fait du système foie-rate (pancréas-reins), dont le centre est dans le plexus solaire. Ce système est la centrale par excellence (à part la moelle des os) de la production du sang et du 327 contrôle du sang et se trouve à la hauteur des reins. Par conséquent, se ceindre, dans ce sens, signifie se baser sur une certitude intérieure du sang. Cet état influence les activités de l'individu.Tout part donc du sang et est contrôlé par lui. Il existe aussi une claire relation entre le sang et les pensées . Les nouvelles pensées orientées sur la libération se produisent à la suite de la sécrétion de la nouvelle hormone du thymus dans le sang. Celle-ci survient suite à l'appel magnétique du sternum. Le sang, par la petite circulation (carotide), irrigue diverses parties latentes du cerveau (hypophyse, épiphyse), et de nouvelles pensées surgissent et deviennent actives. En résumé les glandes à sécrétion interne permettent le bon fonctionnement du corps, et aussi les transformations induites par le processus de renaissance de l'âme. Elles envoient des messagers chimiques, des hormones, dans le sang, sous l'influence de, et en interaction avec, le système nerveux, astral, et éthérique. L'hypophyse contrôle entre autres la proportion d'eau du corps et influence la croissance. La glande thyroïde contrôle entre autres l'énergie (donc affinité avec l'éthérique), alors que les glandes surrénales jouent, entre autres un rôle important dans le stress. Le thymus, surtout actif avant la puberté, participe à l'installation des phénomènes immunitaires et de croissance. Il joue les mêmes rôles, mais à un niveau supérieur, au cours du processus de renaissance de l'âme.( sécrétion de la thymuline dans le sang, nouvellement polarisée. Quand elle se dirige vers la tête par la circulation céphalique, elle permet toute une modification du sanctuaire de la tête.; naissance de la foi dans le sang, participation à la croissance et au développement des fonctions de l'âme nouvelle; 328 "immunisation contre la dialectique"). Les ovaires féminins et les testicules masculins fabriquent des hormones qui provoquent les changements sexuels du corps.( A un moment avancé du processus, elles participent indirectement à l'inversion de la force créatrice). D'après Platon et aussi d'après l'enseignement universel, l'œil, miroir de l'âme, ne fait pas que capter, mais il émet aussi de la lumière, de la force, il est en relation avec le "filet aural". COEUR ET APPAREIL CIRCULATOIRE L'irrigation artérielle cérébrale est assurée pour 90 p. 100 par le système carotidien. Le débit sanguin cérébral représente normalement 15 p. 100 du débit cardiaque. Juste au dessus du cœur se trouve un os fortement magnétique, le sternum. Le cœur pompe le sang dans les poumons. Cœur et poumons, tout proches, sont intimement liés et respiration et sang font l'homme. L'homme est ce qu'il respire et cela se manifeste dans l'état de son sang. Cela est valable aussi bien sur le plan matériel que subtil et spirituel car nous ne respirons pas que de l'air. Plongés dans un champ magnétique différent nous nous transformerons donc si nous pouvons supporter le taux vibratoire de ce champ. Le sang "livre" l'oxygène dans tout le corps et y récupère certains déchets. Chargé des déchets qui proviennent des cellules, il circule dans les veines caves, puis arrive dans le côté droit du cœur. Ensuite les artères pulmonaires le propulsent aux poumons où il se charge d'oxygène en expulsant du gaz carbonique. Les 329 veines pulmonaires l'amènent au côté gauche du cœur. Celui-ci envoie le sang riche en oxygène dans l'aorte, puis dans le corps entier. Le sang transporte de nombreux éléments très important pour le processus d’éveil, en particulier les hormones. LE SYSTEME RESPIRATOIRE Il est composé de : l'épiglotte, l'os hyoïde, le larynx, le cartilage thyroïdien, la trachée, les bronches, et les poumons.(cf. Graal et sept actes libérateurs, Gnose Universelle p.167, etc...) En étroite liaison avec le système circulatoire du sang, les poumons fournissent le corps en oxygène, ainsi qu'en d'autres gaz (azote, carbone en très faible quantité, et hydrogène, de même que quelques gaz "rares"), auxquels il est fait allusion dans "l'Alchimie divine et nous", chapitre de "l'Homme Nouveau Vient"(écrit par Jan van Rijckenborgh - Editions du Septénaire) 85 Par contact ondulatoire, le canal de l'épendyme et tout le système nerveux automatique, puis plus tard tout l'axe cérébro-spinal est envahi par la nouvelle force. Le diaphragme, voûte fibro-musculaire insérée sur le bas du thorax, s'élève dans la cage thoracique, et est composée de deux coupoles, séparées par un centre tendineux. Elles s'élèvent à l'expiration, s'abaissent à l'inspiration. Le sommet de la coupole droite se trouve 330 au niveau du 4e espace intercostal droit, le sommet de la coupole gauche près de la 5e côte gauche. Le sommet tendineux est à la base de l’appendice xiphoïde. Le diaphragme est dirigé vers l'abdomen. Il se moule sur le foie à droite, sur la rate et l'estomac à gauche. Il est innervé par le nerf phrénique droit et gauche. Le diaphragme “s’attache” en divers points : vertébrales, costales, sternales. Insertions vertébrales: piliers, lames fibreuses solides -> 2de vertèbre lombaire. Sous leur entrecroisement (12e vert. dors.):aorte et canal thoracique.(10e: œsophage) Fibres du diaphragme. -> cavité thoracique, et -> centre tendineux : lame fibreuse, trois folioles, perforée par la veine cave inférieure. Le Diaphragme joue un rôle important dans le processus respiratoire, et marque la limite entre le sanctuaire du coeur et le sanctuaire du bassin FOIE-RATE-PANCRÉAS Le rôle du pancréas. C'est une glande "endocrine-exocrine", sur le plan glucidique. Elle assure l'équilibre insuline - glucagon, par la somatostatine, sécrétée par l'hypophyse. (Elle est donc responsable en partie de l'équilibre énergétique, (et est donc certainement un intermédiaire privilégié de l'équilibre éthérique)). Elle interagit aussi avec le foie,(vésicule biliai331 re) (avec lequel elle concourt à épurer le sang). Les sucs pancréatiques participent aussi à la digestion, après l'estomac (neutralisation de l'acidité gastrique). La rate soulage le foie. Elle permet une meilleure élimination des déchets globulaires. Elle concourt à une meilleure régénération des globules blancs(rôle immunitaire). Donc, ce que le cerveau ne supporte pas est pris en charge par le foie, et ce que le foie ne supporte pas est pris en charge par la rate. (mental - astral éthérique). Le foie a plusieurs actions. Il était considéré comme un reflet de l'état d'être de l'homme. Il est la porte des nourritures subtiles, éthériques et astrales. Il purifie le sang et la lymphe. Il joue un rôle important dans la régulation de la glycémie (donc rôle énergétique-éthérique). Il peut arrêter les glucides circulant (glycogéno-formation), restituer des glucides (glycogénolyse), et fabriquer des glucides par interconversion (néoglucogénèse). Platon indique que le foie “ramasse” tout ce que le cerveau ne peut “dissoudre”. Les reins filtrent le sang (renvoient au sang les éléments épurés). Par l'action combinée du foie et des reins, l'organisme se débarrasse de ce qui lui est "étranger". Ils procèdent à l'extraction de l'urée et à son élimination par les urètres. Les glandes surrénales jouent un rôle extrêmement important, en relation avec l'hypophyse. Elles sont en principe le garant d'un certain équilibre. Les corticosurrénales participent, par les glucocorticoïdes, à l'équilibre glycémique et à la production 332 hépatique du glucose. L'aldostérone influe sur le rythme cardiaque. (l'équilibre sodium-potassium). L'androgène est en relation avec le système sexuel (système pileux). Les médullo-surrénales ont une action sanguine (adrénaline). Elles sont quasiment l'équivalent d'un ganglion du sympathique. Elles sont en relation avec les émotions.(sang, cœur). Vasoconstriction -> répartition du sang. L'ESTOMAC ET LE SYSTeME DIGESTIF Le système digestif décompose la nourriture dont le corps a besoin pour fonctionner. Alchimiquement, le système de l'âme humaine utilise les éthers et les fluides astraux, dont la nourriture est le support, pour permettre la vie. L'âme renée dans le microcosme divin utilise la nouvelle personnalité pour une alchimie toute autre, qui transmute directement la materia magica universelle pour, à divers degrés de transformation et selon un plan parfaitement coordonné, collaborer à la manifestation universelle. La nourriture matérielle doit être transformée pour être absorbée dans le sang et emmenée vers les cellules du corps. De même, la rate, le foie et le pancréas, ainsi que le cerveau, collaborent avec l'estomac à une nourriture subtile, éthérique, astrale et spirituelle de l'être-âme embryonnaire. Le système digestif est en fait un long tube musculeux qui va de la bouche à l'anus. le circuit est en gros le suivant : bouche, œsophage, estomac, intestin grêle. A la sortie de l'estomac des sucs sont reçus, issus du pancréas et de la vésicule biliaire, qui s'ajoutent aux sucs gastriques pour collaborer à la diges333 tion. Là les substances utiles sont emportées dans le sang et emmenées au foie où une partie est stockée. Le reste continue dans le gros intestin où l'eau passe dans le sang. Ce qui n'a pas été digéré, ce qui ne peut s'adapter à ce corps, est ensuite expulsé. Et c'est ainsi que ce qui ne correspond pas à l'état intérieur véritable de l'homme est par ailleurs aussi repoussé du système par le foie et les reins. LES REINS ET LES CAPSULES SURRÉNALES (MEDULLO- ET CORTICO-) Le corps produit des déchets d'ordre éthériques et astraux. Ils peuvent aussi bien être des déchets classiques que la vibration gnostique elle-même si le système ne l’accepte pas. On distingue donc trois sortes de déchets (solides, liquides et gazeux). L'urée, qui s'accumule dans le foie, est nocive et le corps doit s'en débarrasser. Le sang transporte l'urée du foie aux reins. Les reins filtrent l'eau et l'urée du sang et les rejettent sous forme d'urine, par les uretères. Les “déchets” d’ordre supérieurs, cad ce que le corps au sens large ne peut assimiler, sont éliminés par les reins, par le même chemin. LE SYSTeME GENITAL (MASCULIN ET FÉMININ) Directement relié au plexus sacré, lié à la survie et à la reproduction de l'espèce, de même qu'aux stades 334 les plus avancés du processus, il est aussi relié au noeud, au noyau du système corporel transfiguristique. L’hormone androgène provient des surrénales Voici le système de commande de la production d'hormones sexuelles: Testostérone (masculin) et œstrogène (féminin).(fem. aussi testostérone en faible quantité): Le juste dosage de ces hormones concourt à un comportement "normal" ou "anormal". Le système génital correspond dans la partie supérieure avec le cerveau, ce qui explique que l'intellect se développe au détriment d'une activité excessive du système génital. Le rôle spécifique de l'homme et de la femme se manifeste dans tout le corps et les corps subtils, mais les phénomènes hormonaux en sont le juste reflet. Base et racine du sanctuaire du bassin, c'est lui qui est "attaqué en dernier "par le fluide gnostique. Nous voyons, dans cette étude sommaire, l'importance des glandes à sécrétion interne et du système nerveux, (ainsi que de tous le corps d'ailleurs) pour les processus pédagothérapiques biopsychospirituels. Il est donc de nos jours nécessaire d'opérer en soi-même, et donc en chacun (chez le jeune en ce qui nous concerne ici), de faciliter l'opération jusque dans le corps de cette fameuse "percée de conscience", si nécessaire si nous voulons permettre l'accès du jeune à un stade vraiment humain. Ce n'est qu'ainsi, par une auto-révolution intérieure prise en main par chacun, que la face du monde pourra être éventuellement changée. 335 Commentaires Extraits signifiants Reprenons la fin du dernier chapitre : Il est de nos jours nécessaire d'opérer en soi-même, et donc en chacun (chez le jeune et le moins jeune ), et de faciliter l'opération de cette fameuse "percée de conscience", si nécessaire si nous voulons permettre l'accès de l’homme à un stade vraiment humain. Ce n'est qu'ainsi, par une auto-révolution intérieure prise en main par chacun, que la face du monde pourra être éventuellement changée, dans la mesure où elle doit l’être. Là commencent à se poser les vrais problèmes. Quand nous sommes confrontés, en tant qu'éducateurs, à la nécessité intérieure de cette auto-révolution, et que nous effectuons les premiers pas dans cette direction, il est inévitable qu'au début nous soyons tentés, dans le jeune enthousiasme de notre découverte, de partager ce que nous venons à peine d'entrevoir au lieu de le consolider. Heureusement qu'existe cette sacro-sainte laïcité, qui n'est bien souvent que la possibilité laissée à l'idéologie dominante de s'exprimer au détriment de tout ce qui n'entre pas "dans le moule". Oui, car il faut bien que le pédagogue comprenne que, plus l'individu en formation est jeune, plus il est sensible à l'aspect subtil des choses, à ce qui est "dans l'air", dans l'atmosphère. Le jeune enfant, avant cinq ans, considère la mort comme une absurdité (et, dans un certain sens, peut-être a-t-il raison). L'essentiel, l'absolu, 336 l'éternel, ont pour lui bien plus de réalité que pour nous qui vivons dans un monde bien souvent orienté sur la pratique quotidienne que nous appelons concrète. Et, nous insistons, ici les parents ont une grande responsabilité. Il fut un temps où les parents (les futurs grands parents) enseignaient aux futurs parents la signification de la venue au monde d'un enfant. Il était clair pour les deux membres du couple, quand ils voulaient bien écouter les conseils des grands-parents, ou des plus sages parmi les membres de la communauté familiale, qu'une âme allait leur être confiée, et que l'aspect visible de l'enfant à naître, quoique important en tant que support pour la reconstruction de l'être humain véritable, n'était pas un but en soi. Et les contes, l'orientation intérieure de la "couverture familiale", ainsi que divers autres moyens, auxquels fait allusion Comenius dans "l'Ecole de l'Enfance", permettaient de maintenir vivace et de faciliter l'épanouissement de ce germe d'éternité. Quand on étudie la vison supérieure d'un homme comme Comenius en ce qui concerne l'enseignement, tout en replaçant dans son contexte socioculturel le vocabulaire du XVIIe siècle employé par celui-ci, on observe à tous les instants qu'il allie l'aspect spirituel à l'aspect psychique-matériel, car l'homme est, à part entière et quoique de façon quasi latente, corps, âme, et esprit. Et ceci aussi bien dans les objectifs que dans les applications. Reprenons certains aspects déjà vus plus haut. Ex : "Ce qu'il faut avoir en vue, c'est d'éclairer les hommes par la vraie sagesse, ( qui équivaut plus ou moins à la conquête d'une réelle maturité, d'une autonomie biopsychospirituelle réalisée dans sa vie et dans son 337 environnement) de les organiser par une parfaite administration civile, de les rattacher à Dieu par la vraie religion, (qui consiste à se relier et à relier au parfait, à l'absolu, à l'esprit, au non-spatio-temporel et à faciliter cette liaison de façon autonome) pour que personne ne puisse faillir à sa mission ici-bas. On obtiendra ce résultat si tout le monde apprend : a) A connaître tout ce qui est nécessaire en gardant toujours les yeux ouverts (l'œil est le miroir de l'âme).Ce qui implique bien entendu positive vigilance dans l'acquisition et la pratique de la neutralité et de l'objectivité b) A choisir ce qu'il y a de meilleur, à agir partout dans un esprit de perfection, à jouir de chaque chose tout en limitant ses besoins; où l'on voit que le pouvoir de discernement dont l'exercice fait partie d'une éducation bien comprise passe par la non Lutte, la liberté d'expérience, dans une orientation consciente. c) A rechercher le bien suprême, à ne s'unir indissolublement qu'à ce bien et à atteindre ainsi la béatitude. En résumé, il faut être raisonnable pour l'éternité et ne pas être déraisonnable pour le monde. Ce sont par conséquent trois choses que nous recommandons : Il faut amener à l'instruction universelle : 1) tous les hommes 2) dans toutes les choses 3) pour qu'ils soient universellement instruits. - Tous les hommes, cad tous les peuples, états, familles et personnes, sans exception aucune car ils sont tous des hommes qui ont la même vocation à une vie suivant les voies indiquées par Dieu, mais qui est semée de trappes et obstruée de divers obstacles. Il sera donc 338 nécessaire d'éclairer judicieusement tous les hommes, et de les écarter, si possible, de toute folie pour qu'à l'avenir on n'entende plus les lamentations bien connues qui disent que partout il n'y a que des fous (…) etc…" Je dois bien préciser que mon expérience pédagogique de 37 ans m'a montré effectivement,( même si je n'ai pas encore atteint, il s'en faut, à la parfaite sagesse) que nous pouvons toujours observer qu'il n'y a que des fous" et ce à de multiples niveaux. Le problème va donc être maintenant de déceler cette folie en chacun d'entre nous, puis de mettre énergiquement la main à la charrue pour redresser la situation, car aucun dieu, aucun maître, aucun pédagogue ne pourra jamais le faire pour nous. "Celui qui connaît sa folie est déjà moins fou", mais cela ne suffit pas. La grâce divine n'intervient qu'envers celui qui se met énergiquement à l'œuvre. Nous contemplons des hiérarchies avides de pouvoir et malades d'autorité factice, incapables de fédérer des équipes pédagogiques quasiment inexistantes qui cherchent péniblement à transmettre des connaissances ne présentant aucune valeur d'éternité, pour la plupart ineptes et inutiles en ce qui concerne l'essentiel, ou bien présentées de façon à dégoûter l'élève le plus enthousiaste. En tout cas, aucun projet sérieux prenant en compte une orientation positive de base telle que nous tentons ici de l'esquisser. Cela peut sembler dur et désagréable à nos oreilles mais il n'est pas question ici de se complaire dans un confort intellectuel stérile. Tout "honnête homme" sait qu'il est incomplet, imparfait. Et si "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles", comme le dit Leibniz, nous sommes cependant à chaque instant de notre vie placé devant des choix, poussés au "choix éternel". Si nous ne faisons pas 339 ce choix et nous complaisons dans l'illusion, alors bien entendu les tensions s'accumulent, qui devront un jour se décharger. On pourra alors à juste raison dire : "il fallait que ces tensions se déchargent pour que l'homme prennent conscience de son erreur, c'est une bonne chose que l'humanité soit broyée ainsi et souffre afin de comprendre. Apparemment insensé, ce monde est régi par des lois qui le protègent, etc". Et tout cela est vrai. Le problème est le suivant : Comment "limiter les dégâts". Comment l'humanité peut-elle parvenir le plus vite possible à ce "choix éternel" indispensable, après une période de régénération, à son "auto-réalisation"? Et cela peut se préparer par une éducation adéquate. Si l'ouverture du cœur n'est pas suscitée, encouragée, protégée, choyée, en un mot considérée comme l'axe essentiel du travail entre 4 et 11 ans, les forces et pulsions individuelles et collectives, cet inconscient, ces forces du passé qui ne demandent qu'à essayer de resurgir si on leur en laisse la possibilité, auront le champ libre chez le jeune, donc plus tard chez l'adolescent et l'adulte, quand celles ci réclameront leur droit de façon plus concrète. Quand on étudie les comportements de masse induits par un Etat basé sur la corruption, la rentabilité et la compétitivité égoïstes, on s'aperçoit que ces comportements tendent à se niveler par le bas, et que la foule a de sérieuses tendances à devenir criminelle (La foule criminelle - Scipio Scighele). Certains psychanalystes disent que l'homme ressent la relation avec l'autre comme une agression. Nos relations seraient alors cannibalistes. Ceci mérite réflexion. Tout d'abord nous aimerions préciser qu'il s'agit de l'homme dans son état actuel. Une éducation adéquate devrait permettre de dépasser ce stade animal. De plus quelle est la cause de cet état-d'être. J'aimerais, sans l'appro340 fondir, avancer ici une hypothèse : l'autre symbolise plus ou moins consciemment l'inconnu. Or l'inconnu est aussi l'absolu, le parfait, ce qui est libre de l'espace et du temps. Et le microcosme, qui porte la responsabilité de la chute connaît la perfection de l'état d'être ou tout est don. Mais il connaît aussi le refus de cela et a pu, par incompréhension, et comme on s'obstine dans l'erreur, ressentir sa rupture d'avec le monde de l'unité comme une agression. Un renversement de vision est donc nécessaire pour lui faire comprendre la nécessité, comme le fils prodigue, d'une décision ferme et constante d'un retour à l'état originel. Nous allons maintenant revenir, tout en gardant en réserve le développement de ces points pour plus tard, à un aspect plus philosophique et intemporel. Ce faisant nous reviendrons de façon plus précise à notre sujet, cad le courant de pensée spirituel, culturel et civilisateur dans lequel se situe Johan Amos Comenius. Ce courant a pour objet principal, en ce qui nous concerne, l'accomplissement de l'humanité véritable, ou autrement dit la reconstruction de l'homme originel est le chemin qui permet de passer de l'état d'être, de l'état de conscience spatio-temporel, à un état de vie humain divin. Comenius, qui connaissait et appréciait certainement à sa juste valeur l'œuvre de Jacob Boehme, du "Philosophe Teutonique", et bien d'autres avant ou après lui, parlait d'hommes à l'image de Dieu, de l'absolu, du parfait. Il s'agit ici de l'homme créateur qui connaît et maîtrise les forces spirituelles, psychiques et matérielles (dans un tout autre sens que la matière que nous connaissons, cad à tous les niveaux vibratoires possibles et imaginables - en ce sens, ce que nous appellerons matière correspond à ce que l'on pourrait 341 appeler toute forme de manifestation allant du solide à la vibration émotionnelle et mentale inclue dans les domaines de l'espace-temps). Cet homme véritable que chacun de nous est appelé à devenir, utilise ces forces en parfaite connaissance de cause, car il connaît, de par sa nature même, les lois qui président au plan de manifestation universelle, et il sert consciemment ce plan. C'est tout un programme qui doit nous mener dans un premier temps et par étapes, selon l'expression même de Comenius, à l'Académie de l'Âme. Johan Amos n'est ici qu'un exemple, comme il y en eut tant d'autres, qui réalisèrent ces choses dans leur vie et tentèrent de trouver les moyens de faire partager cette auto-réalisation (un homme véritable ne peut pas faire autrement que d'élargir la percée de conscience qu'il a opérée sur le plan individuel à l'humanité entière. Cela d'ailleurs constitue un processus justement prévu par le plan de secours, à la base de notre domaine de vie. Mais nous y reviendrons). Dans un premier temps, nous pouvons donc dire que notre première tâche est de comprendre la nécessité d'une auto-réalisation, d'une reconstruction de notre être vrai, puis la deuxième d'accomplir ce travail, et parallèlement troisièmement de collaborer au travail de réaction en chaîne de cet accomplissement. Tout doit alors être mis en œuvre pour que tous puisent y avoir accès. Nous sommes tous appelés individuellement et en tant que groupe d'hommes et de femmes véritables, à reprendre en main le flambeau qui éclairera le Chemin Universel, comme l'implique le titre de son œuvre-clé : "Via Lucis" ou "La Voie de la Lumière" dont le "De Rerum Humanarum Emendatio Consultatio Catholica", "Consultation Universelle pour l'Amendement des Choses Humaines", sera le développement systématique. Et comprenons le bien, quitte à 342 nous redire : Comenius, quelle que puisse être sa valeur et le profond respect que nous pouvons avoir pour le travail qu'il a accompli, n'est ici qu'un prétexte. D'ailleurs aucun des grands en esprit n'a jamais souhaité que nous nous prosternions devant lui, mais bien plutôt que nous suivions le chemin qu'il montrait et audelà. Rappelons nous les paroles christiques : "Vous ferez de plus grandes choses que moi" "Vous êtes des dieux" et "Soyez mes imitateurs", ( précisons-le, en conscience et non de façon automatique et idolâtre). En fait, en tant qu'individu conscient de ces choses, que chercheur de vérité, si nous avons bien compris le sens de notre vie et sommes décidés à en faire une réalité vivante, si nous ne nous contentons plus de l'habituel et classique compromis avec le monde, nous n'avons plus le choix : il ne nous reste, sans fanatisme ni héroïsme déplacé, que le chemin de la Grande Révolution, dont le pivot est bien entendu l'auto-révolution. Voici quelques aspects propres à donner une idée de la vision de J.A. Comenius dans le "Labyrinthe..." "Finalement, je vis la Mort, qui portait une faux, un arc et des flèches, les plantant partout parmi eux, les avertissant tous d'une voix forte pour leur rappeler qu'ils sont mortels. Néanmoins, personne ne prenait garde à son avertissement, et l'on continuait cette folie et cette méchanceté. Elle sortait donc ses flèches et tirait sur eux dans toutes les directions. Celui qui était touché, qu'il soit jeune ou vieux, pauvre ou riche, lettré ou non, tombait immédiatement. Alors ceux qui avaient été frappé, les victimes, émettaient des cris plus ou moins perçants ou des hurlements ; les passants, à la vue de sa blessure, s'éloignaient vivement de lui, mais 343 peu de temps après l'ignoraient tout simplement. Certains s'approchaient près de lui, contemplaient l'homme gémissant et blessé, et quand ses membres se raidissaient et qu'il cessait de respirer, ils se rassemblaient autour de lui et chantaient ; ceci fait, ils festoyaient, faisaient ribote, et criaient bien que quelques-uns d'entre eux fassent quelque peu triste figure. Puis ils se saisissaient du corps, le tiraient vers l'extérieur, et le jetaient dans l'abîme qui entoure le monde. De retour chez eux, ils se remettaient à leur débauche, et personne ne cherchait à éviter la Mort, mais ils ne faisaient qu'éviter de la regarder même si elle les effleurait. J'observais aussi que tous ceux qui avaient été touchés par les flèches de la Mort ne succombaient pas immédiatement : certains n'étaient que blessés, mutilés, assommés, rendus aveugles ou muets. Après avoir été frappés, certains enflaient comme des bulles, d'autres séchaient comme des esquilles, alors que d'autres tremblaient comme des feuilles. Ainsi il y avait plus de blessés aux membres putrides et pourrissants, que de blessés sains. De plus, j'observais qu'un bon nombre couraient çà et là vendant des plâtres, des pommades, et des potions pour les blessures. Tout le monde les achetait, se réjouissant bruyamment et s'imaginant que la Mort avait ainsi été jouée. Mais elle n'en avait cure, et continuait de jeter ses traits et de faire mouche, y compris parmi les vendeurs. Je trouvais cela un spectacle digne de pitié que d'être le témoin de cela : à quel point la créature prévue pour être immortelle était la proie de morts si misérables, si soudaines et si multiformes. Cela plus particulièrement quand je m'apercevais que presque toujours quand on projette de vivre une longue vie, qu'on 344 rassemble des amis autour de soi, qu'on s'établit dans les affaires, qu'on construit des maisons, qu'on amasse des richesses, et se démène de toutes les façons pour améliorer son confort, alors soudain la flèche de la mort mettait fin à tout cela. Et celui qui avait fait son nid, en est arraché, et tous ses efforts sont perdus. De plus, son héritier, de même que le troisième, le dixième, et le centième, sont logés à la même enseigne. Considérant donc que personne ne va volontiers prendre en compte et prendre à cœur l'incertitude de la vie, mais qu'au contraire tous agissent devant la mort même comme s'ils étaient certains de leur immortalité ( et pour cela mon cœur déborde presque de pitié), j'allais élever la voix en guise d'avertissement et de supplication afin que les hommes ouvrent les yeux et prennent garde aux flèches de la Mort afin de les éviter. Mais quand je réalisais que, puisque la Mort avec ses avertissements répétés et ses efforts constants pour les effrayer par son apparence hideuse n'avait pas été capable d'accomplir quoi que ce soit, j'en conclus que mes faibles exhortations seraient de même futiles. C'est pourquoi je chuchotais doucement. "Qu'il est dommage, Dieu éternel, que nous, hommes misérables et mortels, soyons si aveugles concernant nos propres malheurs" On voit ici la famille et le mariage, où des chaînes matérielles soudées unissent ceux qui, tant bien que mal ont été décidés assortis, l'argent ou la réputation aidant bien un peu quelquefois, et la misère qui découle de ces unions soit irréfléchies, soit forcées, et en tout cas ne faisant en aucune façon intervenir un véritable librearbitre. 345 " Et voyez ! Là se tenait une porte, qui, d'après le guide, s'appelait Fiançailles. Devant cette porte s'étendait une grande place pleine de gens des deux sexes qui allaient et venaient tout en se regardant dans les yeux d'un air interrogateur, et en s'examinant les oreilles; le nez, les dents, le cou, la langue, les mains, les pieds et d'autres parties du corps. De la même façon, ils jaugeaient la taille, la corpulence, l'énergie, ou la minceur des autres. Ils s'approchaient ou se reculaient, s'examinant soigneusement les uns les autres, alternativement de face, de profil (droit ou gauche), et évaluant ce qu'ils voyaient. Ils étaient plus particulièrement curieux (comme je pus le voir très fréquemment) des portesmonnaies les uns des autres, de leurs bourses, et de leurs portefeuilles, les pesant et les mesurant en longueur, largeur, épaisseur, finesse et étroitesse. Parfois plusieurs avaient des visées sur la même femme, parfois aucun. Si un homme essayait de chasser les autres, il s'ensuivait disputes, querelles et bagarres, et parfois même des meurtres, comme je pus l'observer. Parfois l'un chassait son rival, puis à son tour était lui-même chassé; un autre mettait en déroute un groupe de rivaux, finissait par fuir lui aussi. Certains ne perdaient pas de temps à s'examiner, mais se saisissaient du premier venu. Puis le couple s'en allait main dans la main vers la Porte ." (…)Puis : ""C'est l'accès aux fiançailles, à condition que toutes les conditions se révèlent favorables. Si la balance indique l'égalité et que tout semble favorable, ils sont admis à cet état, comme tu le vois; mais s'il y a inégalité, ils se séparent." 346 "Mais de quelle égalité s'agit-il ici?" m'exclamais-je. "Car je réalise clairement que certains sont égaux en âge, classe, et autres, selon la balance, et pourtant on permet à l'un d'entre eux de passer à travers le panier; d'autres, au contraire, extrêmement inégaux, comme quand un gâteux est accouplé à une petite jeune fille, ou un gringalet avec une vieille harpie - l'un se tient droit, l'autre est plié en deux - et cependant ils disent qu'une telle union est acceptable. Comment expliquer cela?" "Tu ne vois pas tout, répondit-il. Il est vrai que ces vieilles barbes et veilles dames ne pèseraient pas, par eux-mêmes, une livre de pois cassés secs; mais quand ils possèdent un portefeuille bien gras, ou un chapeau devant lequel d'autres chapeaux se lèvent, ou autre chose de ce genre (car de telles choses ont toujours leur poids), il arrive que le résultat n'est pas toujours ce à quoi on s'attendrait." Tout en suivant ceux qui étaient entrés par la porte, je vis alors entre les portes plusieurs forgerons qui enchaînaient chaque couple par d'effrayantes menottes : ainsi lié ensemble, le couple pouvait procéder plus avant. Bien des gens, invités pour la circonstance, me dit-on, étaient présents pour assister à la cérémonie où les chaînes étaient forgées. Ils jouaient et chantaient pour le couple et les exhortaient à la bonne humeur. En observant soigneusement tout cela, je réalisai que les menottes n'étaient pas cadenassées à la façon ordinaire des prisonniers, mais étaient forgées et soudées ensemble, afin d'empêcher le couple, sa vie durant, de jamais les casser ou les ouvrir. " L'activité des artisans démontre inanité, fatigue, inutilité et inconscience : 347 "En premier lieu, je vis que toute occupation humaine n'est que fatigue et tourment, (…) Deuxièmement, j'observais que les hommes trimaient uniquement afin de remplir leur bouche; car, quoi qu'ils se procurent par leurs efforts, tout était bourré dans leur propre gorge, ou celle de leur famille, si ce n'est dans de rares cas où ils se privaient pour entasser un trésor. Mais comme je m'en aperçus, soit leur sac était déchiré, de sorte que ce qui y avait été mis en retombait et que d'autres le ramassaient, ou un autre venait le leur subtiliser, ou eux mêmes trébuchaient, le laissait tomber ou le déchirait, ou de toute façon le perdait. Je vis donc clairement que ces efforts humains étaient comme de l'eau transvasée d'un verre dans l'autre : l'argent était gagné pour être dépensé aussitôt. La seule différence était qu'il était dépensé plus vite qu'il n'avait été gagné, peu importe qu'il ait été fourré dans la bouche ou stocké dans des coffres. Je vis en conséquence que le nombre des pauvres dépassait largement celui des riches. Troisièmement je me rendais compte que tout métier exigeait l'homme dans son entier. Si quiconque faisait mine de regarder en arrière ou prenait un tant soit peu de retard, il était bien vite laissé en arrière et tout lui tombait des mains. De plus, avant de s'en rendre compte, il était à sec En quatrième lieu, je remarquais partout bien des difficultés. Avant d'avoir bien démarré sa carrière, une grande partie de la vie était déjà passée. Et après son départ dans la vie active, il devait prendre un soin très attentif des ses affaires pour que tout ne tourne pas de travers. Car je remarquais que malgré cela, même les 348 plus sérieux parmi eux perdaient autant qu'ils ne gagnaient. Cinquièmement, je vis partout, plus particulièrement parmi ceux qui traitaient des affaires similaires, bien de l'envie et de la mauvaise volonté. Si quelqu'un avait plus de travail ou avait fait plus de ventes qu'un autre, ses voisins le fusillaient immédiatement du regard en grinçant des dents, et chaque fois qu'ils le pouvaient, portaient atteinte à ses affaires. Cela donnait lieu à querelles, mauvaise volonté, et à langage insultant. Certains, poussés par un pur désespoir, envoyaient promener leurs outils et tombaient dans l'oisiveté et la mendicité volontaire, par dépit envers les autres. Sixièmement je remarquais partout beaucoup de malhonnêteté et de fraude. Quoi que ce soit qui fut fait, en particulier pour un client, était mal fait, sans soin, alors que chacun portait aux nues et louait son propre travail autant qu'il était possible. Septièmement, j'ai trouvé là bien des efforts superflus, car j'en suis arrivé à la ferme conviction que la plupart des activités professionnelles n'étaient que pures futilités et sottise superflue. " Par ailleurs les lettrés, non seulement tirent vaines gloires de savoirs empruntés, mal digérés et purement intellectuels, mais ce sont là l'occasion de querelles sans fin, chacun voulant tirer la couverture à lui et avoir raison ou du moins tirer profit de ses soi-disant découvertes en méprisant les autres. "…Entre-temps j'en aperçois qui ne se souciaient pas même de porter les étuis dans leur poche, mais les engrangeaient dans leur cellule. Je les suivis et vis qu'ils 349 s'affairaient à les parer de beaux écrins, à les orner de diverses couleurs, les sertissant même d'or et d'argent; alors ils les posaient sur les étagères ou les en ressortaient, et prenaient plaisir rien qu'à les contempler ; Ils entretenaient l'habitude d'assembler et de sortir les livres, s'en approchaient ou s'en éloignaient et pouvaient ainsi montrer à leurs pairs comme à d'autres leur excellente apparence, mais seulement l'extérieur. Quelquesuns, afin d'en pouvoir dire le nom, regardaient de temps en temps le titre, afin de le mémoriser. Je fis la remarque :47/ "A quoi jouent donc ces gens-là?" "Mon cher ami," répliqua l'interprète, "c'est une chose déjà splendide que de posséder une bibliothèque bien fournie." "Même quand on ne s'en sert pas" continuai-je. "Même les amoureux des livres sont comptés parmi les érudits," répondit-il. A part moi je pensais : "C'est comme si on pouvait compter parmi les forgerons celui qui posséderait un tas de marteaux et de tenailles sans savoir s'en servir!" (…)Saisi du désir d'examiner comment ces choses que l'on appelait talents et sagesse étaient faites et confectionnées, j'observai les travailleurs. Ils collationnaient épices et herbes odorantes; puis ils s'occupaient à les couper, moudre, bouillir et distiller, préparant divers délicieuses médecines, extraits, sirops, et autres médicaments pour guérir le genre humain. D'autre part, j'en vis d'autres qui se contentaient de transvaser le contenu de certaines bouteilles dans les leurs. Il y avait des centai350 nes de ceux-ci. Je m'exclamai : "Ils ne font que de transvaser de l'eau d'une bouteille à l'autre!" " Même de cette façon on accroît le savoir," répliqua mon interprète. "N'est-ce pas possible de préparer la même substance de bien des manières différentes? De plus, on peut toujours ajouter quelque chose ou réarranger la substance première." "Et en gâter quelque chose également!" m'exclamaije avec colère, en voyant clairement qu'il s'agissait là de supercheries. Car certains saisissaient la bouteille d'un autre, et, afin d'en remplir plusieurs des leurs, en diluaient le contenu autant qu'ils le pouvaient, même avec de la camelote; D'autres l'épaississaient avec toute sorte de pâtée pour cochons, ou de la boue et des ordures, afin que cela ait l'air nouveau. De plus, ils étiquetaient leurs concoctions avec des titres bien plus alléchants que les originaux, et, sans honte, comme tout bon charlatan, faisaient l'article de leur propre camelote. J'étais à la fois frappé et irrité de remarquer (comme je l'ai auparavant mentionné) que comparativement peu se donnaient la peine d'examiner la valeur intrinsèque de telles substances, mais se saisissaient indistinctement de ce qui leur tombait sous la main. Ou si par aventure on tentait d'exercer un jugement sélectif, ce n'était que par l'apparence extérieure et l'étiquette. Je compris alors pourquoi si peu faisaient preuve de vigueur intellectuelle." (…)"…Il y avait là querelles, différents, luttes et tumulte. Rare en vérité était celui qui n'avait pas maille 351 à partir avec un autre. Car non seulement les jeunes (chez qui on aurait pu expliquer ce comportement par le manque de maturité) mais même les vieux s'agrippaient les uns aux autres. En fait, plus on se considérait érudit ou était-on considéré comme tel par les autres, plus on agitait de disputes et plus on attaquait son prochain du poing, de l'épée, du fouet ou du fusil, que c'en était horrible à voir. Et pourtant l'honneur et la réputation étaient à ce prix. Je m'exclamai: "Mais, au nom de Dieu, que signifie! Je m'attendai comme vous me l'aviez promis - à ce que cela soit la plus paisible des professions ! Et voilà ici tout n'est que bagarre !"... "…Il est vrai que leurs armes ne semblaient pas terrible à première vue, car les pointes, épées, et dagues dont ils se frappaient et piquaient étaient de cuir. Et ils ne les tenaient pas dans leurs mains , mais dans leur bouche. Leurs armes à feu consistaient en sable et en roseau, qu'ils chargeaient de poussière diluée d'eau, et ils se les jetaient en boulettes de papier. Observé superficiellememt, dis-je, il ne semblait y avoir là rien de terrible. Mais quand je vis à quel point un de ceux qui n'avait été que légèrement touché s'agitait, criait, se roulait par terre et filait, je compris aisément qu'il ne s'agissait pas là d'une plaisanterie, mais d'un vrai combat. …je remarquais ici une cruauté inouïe ailleurs, car ils n'épargnaient ni les battus ni les morts, mais s'acharnaient avec encore moins de pitié sur eux, les hachant et les frappant, chacun préférant prouver sa bravoure dans une escarmouche sans risque. Certains étaient plus modérés, mais n'évitaient de toute façon pas disputes et différents. Car dès que quelqu'un ouvrait la bouche, un autre se levait immédiatement pour le contredire, de 352 sorte que les disputes allaient fréquemment jusqu'à mettre en question la blancheur de la neige ou la chaleur du feu." Et les philosophes, malgré toute leur sagesse, se vautrent dans leurs opinions, et la satisfaction qu'ils tirent de leurs connaissances. Leur comportement est en tout cas rarement à la hauteur de leurs théories; "…quand il m'amena parmi eux, et que je vis une multitude de vieillards avec leur étrange attirail, je restais comme pétrifié. Car là, Bion se tenait immobile, assis, Anacharsis se promenait, Thalès volait, Hésiode labourait, Platon pourchassait ses idées dans les airs, Homère chantait, Aristote disputait, Pythagore se taisait, Epiménide dormait, Achimède déplaçait la terre, Solon composait des lois et Galien des ordonnances, Euclide mesurait la salle, Cléobule spéculait sur le futur, Périandre définissait les devoirs, Pittacus faisait la guerre, Bias mendiait, Epictète servait, Sénèque, sur des tonnes d'or, faisait l'éloge de la pauvreté, Socrate confiait à tous qu'il ne savait rien, Xénophon, au contraire, promettait de tout enseigner à tous, Diogène, sortant le nez de son tonneau, médisait de tous les passants, Timon maudissait tout, Démocrite s'en moquait, Héraclite, au contraire, pleurait, Zénon jeûnait, Epicure festoyait, Anaxarchus maintenait que tout cela n'est qu'apparence. Il y avait beaucoup d'autres philosophastres, qui faisait chacun quelque chose de remarquable; mais je ne m'en souviens ni ne désire le raconter. En observant tous ces gens, je remarquais : "Sont-ce là les sages, la lumière du monde? Hélas!Hélas! J'avais espéré mieux! Car ceux-ci agissent comme des rustres au bistrot; ils hurlent, et cha- 353 cun sur un air différent!"... ....Entendant qu'il était là question de mystères, je commençais à les observer avec soin, et mon interprète essaya de me les expliquer; A cet instant même, un homme, du nom de Paul de Tarse, habillé en philosophe, s'approcha de moi et me murmura à l'oreille : "Si quelqu'un parmi vous pense être sage en ce monde, qu'il devienne fou, afin qu'il devienne sage. Car la sagesse du monde est folie devant Dieu : car il est écrit, Le Seigneur connaît les pensées des sages, qui sont vaines." Remarquant que ce que mes yeux avaient vu et mes oreilles entendues s'accordait à ces paroles, j'acquiesçai volontiers et suggérais : "Allons ailleurs." Enfin tous les aspects de la science sont passés en revue, et le voyageur, par la bouche duquel s'exprime Comenius, n'y trouve rien qu'agitation et vaines disputes, plus ou moins ridicules. Les alchimistes eux-mêmes ne trouvent pas grâce à ses yeux. Il n'arrive à en rencontrer aucun qui ait pu fabriquer la pierre philosophale. Cependant, on peut comprendre qu'il n'a, au fond, rien contre eux, ni, nous l'allons voir contre les Rosicruciens qui sont l'objet du chapitre suivant. En effet, il est clair que les alchimistes ne sont pas tellement en odeur de sainteté et doivent rester à l'abri des regards indiscrets, en cette époque où l'inquisition fait ouvertement rage, alors que de nos jours elle est beaucoup plus sournoise et discrète. A l'instar de J.V. Andreae, qui fustigea luimême les fanatiques qui existent toujours, minoritaires certes, à la périphérie et même au sein des mouvements 354 libérateurs, dans la partie "extérieure" des Ecoles des Mystères, Comenius s'en prend plutôt aux esprits superficiels qui gravitent autour de la Rose-Croix. "Je vois bien des efforts inutiles, mais je n'en aperçois aucun qui réussisse à obtenir la pierre. J'observe aussi que ces gens bouillent et brûlent à la fois leur or et leur vie, et souvent gaspillent et consument les deux; mais où sont ceux qui ont trouvé les tas d'or et l'immortalité." (…) Naturellement, ils ne se révéleraient pas à vous, et je ne leur en donnerais d'ailleurs pas le conseil. Un bien si inestimable doit être gardé secret. Car si l'un des recteurs apprenait une telle découverte, il demanderait immédiatement qu'il se rende et il serait immédiatement emprisonné. Par conséquent, ils doivent rester reclus." A cet instant même, j'observais certains des écorchés qui se rassemblaient et , tendant mon oreille vers eux, je les entendis discuter des causes de leur échec. L'un blâmait les philosophes pour leur description trop vague de l'art; un autre se lamentait de la fragilité du matériel de verre; le troisième se plaignait de l'aspect défavorable et contraire des planètes; le quatrième était en colère après les impuretés du mercure; le cinquième se plaignait du manque de capital. En bref il y avait tant de causes à leur échec que je vis qu'ils ne savaient trop comment amender leur art." La religion est ensuite passée en revue. Tout y passe, la religion juive, chrétienne, musulmane y sont démasquées. On devine cependant qu'il existe de vrais chrétiens, mais notre pélerin passe à côté, et ne persévè355 re pas, à ce moment là, dans son désir d'aller dans cette direction. Nous avons tous, à un moment ou à un autre, eu un avant-goût du chemin libérateur, mais n'avons pas été jusqu'au bout de notre recherche. "…Pendant ce temps certains restaient à l'écart de tout ce tumulte. Ils allaient et venaient silencieusement et tranquillement, comme perdus dans leur méditation, levant les yeux vers le ciel et traitant tout le monde avec bienveillance. Mais leur apparence était insignifiante, ils étaient en haillons et le jeûne et la soif les desséchaient. Tous les autres les tournaient en dérision, se moquaient d'eux et les sifflaient, les poussaient et les harcelaient, les montraient du doigt avec mépris et les bousculaient, les accablant de malédictions. Cependant ils souffraient toutes ces choses comme s'ils eussent été aveugles, sourds et muets. " … "je laissais faire. Mais, ce faisant, je fis la pire des erreurs, trompé que je fus par ce compagnon de malheur, Illusion! Car là je manquai le centre du ciel et de la terre, un chemin qui menait à la plénitude de la joie, et je fus remis dans les détours du labyrinthe du monde, jusqu'à ce que mon Dieu m'en sorte par grâce et me ramène à cet endroit où j'avais perdu mon chemin. Comment et quand cela se passa-til, je le dirai plus tard. Mais à ce moment, je ne fus pas capable d'en juger correctement et dans ma quête de confort et de paix superficielle, je me hâtai d'aller baguenauder ailleurs. " L'horreur et l'absurdité de l'état de soldat y est décrite jusqu'à l'insoutenable. L'activité désordonnée et hasardeuse du commerce se termine par un naufrage. Nous pourrions reprendre chaque partie du 356 "Labyrinthe …", mais le schéma est toujours le même : démasquage de l'inanité des efforts humains et de l'incapacité générale à trouver une issue positive à cette conscience labyrinthique dans tous les domaines de l'activité humaine. Qu'il s'agisse d'art, de philosophie, de religion, les hommes cherchent richesse, gloire, bonheur et stabilité, mais ne les trouvent jamais. Pourquoi? Essayons de formuler le problème en termes contemporains. La vie humaine est un champ d'expérience destiné à nous pousser à la réorientation et à la reconstruction d'un psychisme, d'une âme, étape inéluctable du rétablissement de l'humanité véritable. Notre terre, et son univers environnant, est une véritable "école du retour", dans le sens d'élévation de conscience. Son objectif est de nous pousser à comprendre que toute forme d'expérience est une sorte d’attrape-nigaud. Quand nous sommes suffisamment prêts, nous sommes placés devant le choix : ou bien décorer notre prison, et encore, cette attitude montre que nous n'avons pas vraiment compris le sens de notre présence dans ce domaine de vie ; ou bien notre feu intérieur est suffisamment fort pour nous permettre de tout faire passer après le processus de réintégration progressif dans un domaine de vie qui n'est plus lié à l'espace et au temps. Nous ne pouvons sortir du Labyrinthe pour retrouver le Paradis de notre Cœur qu'après avoir été au bout de cette compréhension de l'inanité des efforts humains quand ils sont orientés sur la décoration de la prison. Ce n'est qu'alors que, nous attachant à l'Unique Nécessaire", nous pouvons parcourir la "Voie de Lumière" 87 357 Il s'agit de pénétrer par élévation de conscience et de vibration dans un nouvel état-d'être. La transmutation alchimique qui en résultera nous permettra de devenir libre de ce monde. Et si, après la mort, nous y revenons, ce sera afin d'y accomplir une tâche particulière au service de l'humanité, car nous aurons alors suffisamment compris l'origine des causes de la dialectique et auront reconstitué en nous l'homme véritable, Esprit, âme et Corps. La conscience de la limite constitue l'extrême pointe de la conscience labyrinthique. En ce cas, et même quand nous posséderons le nouveau corps, après le changement de nature vibratoire, conséquence de l'élévation de conscience et de vibration qui permet de réintégrer les domaines auxquels appartient l'hommemicrocosme, il n'est pas question de quitter ce monde spatio-temporel. Nous ressentons alors tout naturellement une responsabilité envers nos frères humains, et nous resterons donc le plus longtemps possible afin d'aider à leur libération. La conscience labyrinthique perdure tant que nous n'avons pas compris ce qui constitue l'unique nécessaire. Elle est déjà un détachement par rapport au labyrinthe, mais quand la conscience de la limite devient aiguë, nous mettons tout en œuvre pour accomplir ce changement de nature. C'est dans ce passage, dans ce renversement des valeurs, que nous découvrons le Paradis du Cœur. Il ne suffit pas de savoir théoriquement quel est le sens de la vie. Et ce n'est que si notre volonté s'accorde avec le sens du monde, avec ses lois de manifestation universelle, que notre acte deviendra libérateur. Celui qui parvient à la limite sait que le monde est 358 une école de l'éternité. Il a suffisamment fait d'expériences karmiques. Il lui reste maintenant à parcourir en vérité, par l'acte intérieur manifesté, le chemin que lui montre cette école. Son unique préoccupation devient : comment, grâce aux faculté latentes en nous tous, pourrons-nous faire cesser ce manège. L'univers est Un. En fait le problème de l'homme est de prendre conscience de notre appartenance universelle, qui englobe largement le spatio-temporel. Et nous le répétons, un certain type d’éducation peut détruire une âme, alors qu’un autre type d’éducation peut faciliter l’émergence de l’âme esprit L'expérience pousse au choix ultime, au choix éternel. Notre recherche commune nous mène à la conscience de L'Unité du Tout, avec ses divers champs vibratoires. Intuitivement nous pouvons alors percevoir que, dans cette unité, c'est un changement de nature vibratoire, accompagné d'un changement de point de vue, qui permet : 1) de transformer le Labyrinthe en lieu de travail temporaire. La conscience labyrinthique devient conscience de la limite. Une grance partie de l’éducation peut faciliter l’accès à cette conscience, puis 2) de quitter le labyrinthe et ainsi de se préparer à franchir la limite par un changement de conscience. Comme pour tout passage difficile dont nous ignorons la nature, comme par exemple en haute montagne, nous avons besoin d'entraînement et d'un guide. Il est aussi nécessaire d'apprendre à le suivre en appliquant concrètement ce qui est compris. Ce guide doit devenir intérieur, et ainsi la conscience de la limite devient cons359 cience de la nécessité, de l'urgence de la situation, et donc de la responsabilité. La liaison avec un champ de force libérateur est donc tout d'abord nécessaire.. Cette liaison, il y a là un phénomène d'attraction magnétique, s'opère tout naturellement quand les expériences ont mûri l'individu, quand l'éducation préalable lui a permis un premier éveil de la conscience, une ouverture vers la liberté. Et dans le travail éducatif qui pourra aider à franchir la limite, tout ce qui peut être fait doit l'être, sans contrainte, en faisant appel à l'exigence intérieure. Tout enseignement est, au départ, dogme, mais il est question de se libérer du dogme par l'accomplissement intérieur manifesté et d'adapter le témoignage de l'enseignant, du libéré, de l'envoyé, au temps présent, à notre vécu actuel, sans trahir les lignes de force du travail de libération universel. La liaison que d'aucuns cherchent à établir entre Leibniz et Comenius, Leibniz pour qui "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles", et pour qui les desseins de Dieu sont impénétrables, semble justifiée dans la mesure où Leibniz était secrétaire d'une association que d'aucuns prétendent rosicrucienne à Hesse, et où il est connu pour avoir été conservateur de la bibliothèque Wolffenbuttel, qui comportait des ouvrages de Comenius. Ainsi le dogme bien catholique de Leibniz serait étayé par la lecture des œuvres de Comenius: Unum Necessarium : "Car l'homme ne peut pas comprendre Dieu, il n'en voit ni le début ni la fin". Tout le monde est un pantin, ou presque, mais cela va ici plus loin, et il ne faut pas retirer la parole de Comenius 360 de son contexte. Tout ce qui est humain est terrestre et passager, etc… mais il s'agit de trouver un remède à tout ceci, remède à la vanité et à la souffrance. Et il nous est proposé quelque chose de mieux, et il faut faire confiance à cela, trouver le fil d'Ariane qui permet à chacun, en discernant et en changeant sous la pression des expériences, ou même avant, de connaître et d'agir afin de se transformer par autolibération. En chacun de nous, en chaque chercheur de vérité, il y a une présence, un autre encore latent, autre car non encore manifesté. La conscience de cette présence est déjà un état vibratoire où une transformation devient possible. Cette conscience de la limite nous fait reconnaître que la lumière nous cherche, nous le fait percevoir. Afin de faciliter et de permettre l’accès de ces choses au plus grand nombre possible d’individus, une toute nouvelle orientation doit impulser l'éducation dans son ensemble. Tout nous poussait jusqu'alors à développer ce qui n'était pas l'unique nécessaire. Il s'agit maintenant d'inverser la vapeur, et de développer le moteur essentiel de l'être humain, en tout cas ce qui est indispensable pour opérer une liaison consciente avec l'Esprit, c'est à dire le psychisme, l'âme, considérant qu'il s'agit d'un moyen et non d'un but. La véritable laïcité consiste à offrir la totalité de la connaissance afin qu'il y ait réellement choix. 361 Orientation Individuelle et Universelle Une toute nouvelle orientation doit impulser l'éducation dans son ensemble. Tout nous poussait jusqu'alors à développer ce qui n'était pas l'unique nécessaire. Il s'agit maintenant d'inverser la vapeur, et de développer le moteur essentiel de l'être humain, en tout cas ce qui est indispensable pour opérer une liaison consciente avec l'Esprit, c'est à dire le psychisme, l'âme, considérant qu'il s'agit d'un moyen et non d'un but. La véritable laïcité consiste à offrir la totalité de la connaissance afin qu'il y ait réellement choix. Il s'agit, sachant que les jeunes enfants sont encore très près de la conscience de l'absolu, d'unir les efforts des parents, des éducateurs, et des jeunes plus avancés, pour guider la jeunesse vers l'éveil de conscience, sans contrainte, avant que les rouages nivelants de la société n'aient eu le temps d'opérer leur œuvre destructrice, et que les conditionnements endormissants n'aient été mis en place. Une éducation appropriée, sans contrainte, doit donner la possibilité à tous de parvenir à la maturité de conscience, résultat et cause de l'acte libérateur. Par éducation, nous entendons tout ce qui concourt à l'éducation permanente de tous, partout. 362 L'unique nécessaire divin peut tout changer en nous, ou plutôt tout remettre en place, si nous gardons une attitude positive, constructive, non en vue de succès apparents, mais afin d'accomplir ce qui doit être accompli ici et maintenant pour le détachement et le retour à l'état d'être microcosmique originel. De même, l'intelligence de la tâche à exécuter de nos jours doit nous permettre de remettre les choses en place, et nous libérer de toute culpabilité déplacée. Le "Grand œuvre" se fera, individuellement et collectivement, il est libre de l'espace et du temps. Pourtant, cherchons toujours le chemin le plus court. La limitation spatio-temporelle, en ce qui concerne notre efficacité et notre perception des choses nous permet de mobiliser notre énergie, en nous libérant progressivement de toute peur et de tout attachement. Seul ce qui pousse à la limite, dans le sens ici suggéré, et permet de la franchir est bon. Les expériences, reflet d'un monde originel à découvrir, ne sont bonnes que dans la mesure où elles permettent d'amener à la perception du réel, de ce domaine vibratoire supérieur où l'espace-temps est transcendé. Le préalable à tout ceci est bien entendu la prise de conscience de tous nos conditionnements. Il s'agit de "mettre en marche" des processus authentiquement créateurs, libérateurs. Nous devons devenir conscients de nos facultés créatrices et accorder notre vouloir au principe essentiel, à la loi universelle. De la "Voie de Lumière" à la" Consultation Universelle…" - Actualité de "l'Utopie" Coménienne 363 De tout cela Comenius et ses amis étaient conscients, de même que les nombreux cercles de recherche spirituelle et scientifique de l'époque, et de notre temps aussi d’ailleurs. C'est de cette tentative de renouvellement général que naquirent aussi bien la Royal Society, avec laquelle Comenius entretiendra d'étroites relations, que la Rose-Croix classique, à l'origine de laquelle se trouvent Tobias Hesse, Christophe Besold, et J.V. Andreae. On pourrait dire d'ailleurs que Comenius fut amené à faire la liaison entre les collèges d'Oxford, La Royal Society, et la Fraternité de la Rose-Croix. C'est dans les années 1628-29, à la suite d'échanges épistolaires avec Jean Valentin Andreae, qu'il reçoit le flambeau de la lumière. Dans cet échange est déjà décrite la grande vision du rassemblement et de l'établissement du Collège de la lumière, comme cela avait été proclamé au début du 17e siècle dans la Fama Fraternitatis. On a dit de "Via Lucis" que c'était la "Fama de Comenius" et une tentative de réforme, qui, au fond, était semblable à celle des Rose Croix. Est-ce le cas? La traduction du titre de cet ouvrage, en Néerlandais, donnait à peu près ceci : "La voie vers la Lumière, explorée et encore à explorer, ou la recherche sensée de la manière dont la Lumière intellectuelle de l'esprit, la sagesse, peut être répandue favorablement, au crépuscule qui commence maintenant à tomber sur le monde, et cela d'une manière compréhensible pour l'intelligence de tous les hommes et de tous les peuples" Le "Labyrinthe" mène d’ailleurs directement au 364 "Paradis du Cœur”, en tant que prélude, signe avantcoureur de la "Via Lucis” ; il s'agit dans ce dernier ouvrage du logique désir de réaliser de façon universelle ce qui est décrit comme une vision personnelle dans le "Paradis du Cœur" Le cœur de son œuvre prophétique, qu'il développera, sans toutefois en terminer la rédaction complète( ce dont, comme nous le verrons plus loin, il s'explique par avance à la fin de son dernier livre "L'Unique Nécessaire"), est incontestablement La Voie de Lumière, ou Voie vers la Lumière. Cet ouvrage pansophique par excellence fut rédigé à Londres entre septembre 1641 et avril 1642. Komensky fut auparavant appelé en Angleterre par Samuel Hartlib, au cours des circonstances suivantes : [traduction française (extraits) de Claire LebrunGouanvic, des chapitres 47/50 de la “Continuatio admonitionis fraternae ... (1667), de Comenius, in “Canadian society of Comenian studies”] : ... Deux de nos jeunes gens, Daniel Erastus et Samuel Benedictus, que l’on avait envoyés en Angleterre pour étudier, munis de recommandations auprès des pasteurs de Londres. furent présentés à l’allemand Samuel Hartlib (précepteur de jeunes nobles); Comme ils mentionnaient qu’ils venaient de Pologne, on leur demanda s’ils connaissaient Comenius. Ils répondirent par l’affirmative. Et l’un rajouta : “j’aiété son secrétaire - Et à quoi travaille-t-il, maintenant que la porte des langues est terminée ? - Il écrit La porte des choses, répondit le jeune homme - De quoi s’agit-il ? - On pourrait également la nommer la Pansophie Chrétienne, qui montre l’ordonnance de toutes choses et leur véritable défini365 tion” Et Hartlib de demander : “Pourriez-vous lui faire parvenir une lettre de ma part ? - Oui, répondirent-ils ...(...)...puis il m’envoya, par lettre, quelque secours pour ma subsistance, avec la promesse d’une aide ultérieure si je consentais à un échange épistolaire avec lui. (...) ...Comme il me demandait (dans ses lettres, de façon répétées) de lui faire une présentation de ma Pansophie, je rédigeai quelque chose et le lui envoyai. ... Je finis par recevoir un gros paquet de livres, envoyé de Gdansk ! En l’ouvrant, je vois les Préludes au Projet Pansophique 86 de Comenius (des exemplaires de l’édition d’Oxford), avec une préface expliquant pourquoi le texte avait été édité : cet écrit avait été recherché si avidement par les savants que les copistes n’avaient pas suffi à la tâche, ...etc ... Il invoquait deux autres raisons : 1) En portant ce projet à la connaissance des savants, nous pourrions solliciter des commentaires, qui seraient utiles à plusieurs points de vue. 2) Nous pourrions également susciter la générosité de personnes susceptibles d’aider à l’accomplissement d’un si noble projet. Car des sages en étaient venus à cette réflexion qu’il ne devait pas être l’oeuvre d’un seul homme - (...) C’es pourquoi il faudrait, dans les circonstances, fonder, comme le souhaitait l’illustrissime Bacon, un collège voué aux études universelles, un collège d’hommes qui se consacreraient au progrès des sciences et des arts dignes du genre humain ... (suivent plusieurs échanges épistolaires où Comenius refuse de quitter Leszno et ses responsabilités pédagogiques et sacerdotales vis à vis de sa communauté)(...) 366 Enfin, en juillet 1641, je reçus trois lettres de lui (toute de même teneur, mais envoyées par trois voies différentes) dans lesquelles il me priait de venir immédiatement, et il terminait par cette phrase : “Venez, venez, venez, il en va de la gloire de Dieu ! Ne tergiversez pas plus longtemps avec la chair et le sang !” Que pouvais-je faire ? J’en informais mes collègues, chefs de l’Eglise de Bohême et de Pologne, .... Après délibération, il fut décidé que je partirais et que la direction de l’école serait confiée dans l’intervalle au pro-recteur et au recteur, ...” La situation avait donc été jugée favorable à l'établissement en Angleterre d'un collège universel d'hommes savants de tous les pays. Tout se présentait donc bien et les travaux commencèrent, on attendait le résultat de la décision parlementaire qui devait donner l’accord et les moyens d'accomplir cette tâche. Ce livre était donc destiné à ces hommes, qui prendraient en main l"amendement des affaires humaines". Il ne fut publié que 26 ans après, à Amsterdam, sur commande de la Royal Society formée entre-temps. La guerre civile devait faire avorter les projets anglais de Comenius. Permettons nous de placer ici quelques extraits de l'introduction de la "Via Lucis". … "ce qui est entièrement nouveau, c'est l'universalité de l'objectif, à savoir l'amélioration de tout ce qui concerne l'homme, pour tous et partout; et je montre que si nous n'y aspirons pas, nos efforts individuels resteront toujours et partout complètement vains. … ce qui est nouveau, c'est de montrer de nouvelles 367 voies pour atteindre cet objectif universel (…) et il est démontré qu'existent les trois principes de base nécessaires innés en chaque homme, pour toute forme d'acte, c’est à dire le savoir, le vouloir et le pouvoir ( que l'on pourrait actualiser en savoir, oser, vouloir, agir). Car chaque homme possède de façon innée les normes de tout ce qu'il doit savoir, ce qui le pousse vers ce à quoi il doit aspirer, et ce qui lui permet de réaliser ses capacités générales. (…) l'intention est de démontrer clairement qu'il est impossible qu'il n'y ait rien qui corresponde chez les hommes à ces racines de la sagesses universelle humaine. Par les trois principes de base, tout peut être sondé, et, lorsque quelque chose dévie du Plan divin, cela peut être rectifié (…) La Pansophie est donc un système unique de la Sagesse universelle humaine, c’est à dire de tout ce qu'il est donné à l'homme de savoir, de dire, et de faire sur terre (…) Ces trois principes (savoir, vouloir et pouvoir) sont présents de la même manière dans la nature humaine entière, parmi tous les peuples, à tous les âges et à tous les niveaux; Donc nous avons cherché à trouver des moyens par lesquels offrir cette sagesse universelle à tout être humain né sur terre, afin qu'il ne soit pas permis qu'un être intelligent demeure sans culture, mais que nous fassions en sorte que tous soient pénétrés de la même lumière pansophique. …Nous avons aussi cherché à donner des conseils nouveaux sur une meilleure utilisation de toutes les langues, et la possibilité de devenir facilement polyglotte. Nous avons aussi proposé la création d'une langue absolument nouvelle, parfaitement facile, absolument ration- 368 nelle et philosophique (oui, même pansophique) comme une porteuse universelle de la lumière … Dès que tout cela aura été rendu possible, nous oserons dire de quelle manière à notre avis remettre la Science, la Religion, et la Politique en meilleur état, conformément aux bases inébranlables données, afin que l'ignorance, le doute, la discorde, et les rumeurs de division, de conflits et de guerres cessent partout, que la Lumière, la Paix et le Salut reviennent dans le monde … Soyez convaincus, je vous le dis, qu'avec toute votre science, vous ne disposez que des premières bases de la sagesse de Dieu, et ne posez que les fondements du perfectionnement de la sagesse humaine. Si vous vous en teniez là… vous seriez atteints de cette maladie grecque, qui consiste (selon Sénèque) à être sage dans les détails insignifiants. Tout ce qui est corporel, sensoriel et temporel n'est, en effet, que détail en comparaison de l'intellect, du spirituel et de l'éternel… Il s'agit donc bien ici d'éducation. Dans deux écrits, Jean Valentin Andreae parle du Collegium Fraternitatis ou de la Demeure Sancti Spiritus, qui devait susciter "une réforme générale du divin et de l'humain", cad l'amélioration de la religion, de la société, de l'art et de la science. J. Arndt s'intéressait également à l'éducation. Comenius présente les choses de cette façon : le monde entier est l'école de la sagesse divine, que l'homme doit fréquenter avant d'être admis à l'académie céleste. Pour cela existent trois livres : le livre du monde, le livre de la conscience (homme créé à l'image de Dieu), et l'Ecriture Sainte, commentaire du premier et mode d'emploi du deuxième(on retrouve des formulations approchantes chez Arndt, Besold et Andreae). On pour369 rait y rajouter tous les écrits des sages initiés. Tous les hommes ont le premier sous les yeux, le deuxième est gravé dans leur cœur, espérons qu'ils gardent toujours le troisième à portée de la main, qu'ils le scrutent de leurs yeux et le portent dans leur cœur. Espérons qu'ils réussiront, grâce à ces trois livres, à atteindre la vraie lumière et la vraie sagesse. Mais cette école est devenue le jeu de la folie et de l'aveuglement. C'est un triste spectacle de voir comment tous, religions, nations, familles, groupes quelconques, se combattent. Aucun homme n'est prêt à changer d'opinion, même si celle-ci s'avère erronée. Partout confusion, luttes, guerres et meurtre. Le meilleur service à rendre à l'humanité est donc de trouver un moyen efficace pour chasser cette folie et répandre de nouveau la lumière de la sagesse sur le monde entier. De comparables descriptions du mal se trouvent dans "Menippus Mythologia Christiana" et au commencement de la "Fama Fraternitatis" : (…) "Le monde inconsidéré sera toutefois peu servi par cela et c'est pourquoi la médisance, le rire et la raillerie iront toujours en augmentant. Chez les savants aussi, la fierté et l'orgueil sont si grands qu'ils ne peuvent s'assembler pour, à partir de tout ce que Dieu a si abondamment répandu en notre siècle, colliger et produire de concert un Librum Naturae ou règle de tous les arts (ce dont Comenius a personnellement tenté une esquisse dans son "Naturall Philosophie reformed by Divine Light" ) ; mais chaque parti s'oppose tant à l'autre et se tient en telle aversion que l'on en reste encore à la même ritournelle : le Pape, Aristote, Galien, oui tout ce qui ne ressemble qu'à un codex doive de nouveau être 370 pris pour la claire lumière manifestée, alors qu'ils auraient sans doute, s'ils vivaient encore, grande joie à se réorienter. Mais on est ici trop faible pour un si grand travail. Et bien qu'en théologie, physique, et mathématique, la vérité lui soit opposée, l'adversaire classique démontre toujours amplement sa malice et sa fureur, freinant par des belliqueux et des vagabonds une si belle évolution et la rendant détestable. C'est dans une telle intention de réforme générale que feu notre bien aimé Père spirituel très illuminé Fr.C.R., allemand, chef et fondateur de notre fraternité, a consacré pendant longtemps beaucoup de peines et d'efforts." De la même manière on constate un parallélisme dans l'espoir d'une réforme générale, aussi bien chez J.V. Andreae que chez Comenius. " Via Lucis" : "Le Conseil divin envisage toujours une amélioration universelle" et " Il n'y a pas de doute que la Lumière universelle rayonnera avant la fin du monde", qui correspond au début du "Confessio Fraternitatis": "C'est pourquoi, ô mortels, nous devons déclarer ceci : Dieu a décidé de rendre au monde qui disparaîtra peu après, la Lumière, la Vérité, et la Dignité à qui il ordonna de quitter le paradis avec Adam, afin d'adoucir la misère humaine. C'est pourquoi il est maintenant nécessaire que cèdent toute erreur, ténèbres et servitude qui se sont progressivement emparés des sciences, des œuvres, et des gouvernements des humains, au cours de la progression de la révolution du grand globe, de sorte que la majorité des hommes se sont obscurcis", ce qui d'ailleurs est en fait le "programme" de la "Via Lucis". De plus La Fama et Via Lucis ont en commun de mettre la science expérimentale et la pratique personnel371 le au-dessus des autorités. "Tout doit commencer par apparaître avec l'expérience personnelle car la connaissance de deuxième main n'est pas connaissance mais en fait croyance" (Comenius, Via Lucis). La "vérité de l'expérience" est, dans le Confessio Fraternitatis, opposée à "la renommée des philosophes". Le Collegium Lucis proposé par Comenius n'est d'ailleurs rien d'autre qu'une réplique de la Demeure Sancti Spiritus de la Fama ou du Collegium sapientiae de "Imago Societatis Christiana", tous les deux de J.V. Andreae. Via Lucis ne montre pas seulement la voie de l'harmonie universelle, mais en décrit l'instrument adéquat (Lucis vehiculum universale) pour pouvoir progresser sur la voie de la sagesse universelle d'une manière ininterrompue. Comme il le formula au cours de sa mission, en 1668, auprès des membres de la "Royal Society", il s'agit de rendre les hommes conscients de toute leur grandeur et de leur montrer en même temps le chemin infaillible menant à la lumière, en sorte que leur vrai bonheur, leur rétablissement à l'image de Dieu, put se réaliser. La science, la religion et la politique pouvaient être remises en meilleur état conformément à leurs fondements inébranlables ; les bruits de guerre, les conflits et l'injustice cesseraient partout; la Lumière, la Paix, et le Salut reviendraient dans le monde et cette période pleine de lumière, de paix et de piété, tant espérée depuis des siècles s'épanouirait devant nos yeux. Via Lucis préfigure la "Consultation". l'Utopie Coménienne, comme toute utopie réaliste, est destinée à devenir universelle, et non destinée à une communauté fermée, avec évidemment les nuances que requièrent les 372 aspects locaux et temporels, dont il faut tenir compte au départ (Trésor spirituel et Trésor Matériel).Les trois aspects de la réforme à mener, peut-on constater de façon explicite dans la "Panorthosia", septième livre de la "Consultation…"sont les suivants : l'éducation, la spiritualité, et l'organisation sociale. Que les éducateurs, chercheurs et homme de science fassent tout leur possible pour éclairer eux-mêmes et l'humanité. Que les hommes d'église, pasteurs et spirituels allument le feu de l'âme-esprit dans les cœurs et les têtes; Que ceux qui organisent la société veillent à la paix, à la vraie justice en eux-mêmes et dans tout lieu public, cour de justice, ou lieu de réunion. Tout cela ne doit pas être laissé au hasard, mais être fait avec sérieux, persévérance et ordre. Ainsi le but suprême de la vie, qui est paix de l'âme et détachement de l'esprit, pourra être atteint. L'ordre à respecter sera le suivant : éclairer l'Esprit et la Pensée de tous, pour que chacun ait une vision correcte de lui-même et des choses, du bien et du mal. Chacun s'attachera ainsi au bien suprême qui est en Dieu. Tout passe par l'éducation afin que la vraie sagesse puisse être atteinte. Puis vient la réforme de la religion, et enfin de la politique. Nous avons donc un aspect qui touche à l'éducation : - Le but fondamental de toute éducation et de toute société qui accomplissent vraiment la tâche qui leur incombe est l'éveil de l'homme à son être essentiel. Ceci inclut l'accès pour tous à la connaissance nécessaire à la vie en ce monde, donc la compréhension des lois du monde et de la vie, et du sens de cette vie. Cette connaissance de la sagesse de la Vie, cette biosophie, cette pansophie, l'homme en devenir doit pouvoir apprendre à les exprimer, en peu de mots, en tant que 373 découvertes personnelles vécues et non comme des dogmes appris et répétés. C'est le "Conseil de la Lumière" qui veillera au bon fonctionnement de cet aspect ainsi que de la recherche scientifique, culturelle et artistique. - Un aspect purement spirituel, où la religion retrouve son sens originel de liaison intérieure avec l'être essentiel. L'utopie réaliste consiste ici à faire en sorte que l'Esprit soit réellement accepté et reconnu par tous comme directeur dans les affaires humaines, sans aucune violence, ni contrainte de quelque ordre que ce soit. Et ceci ne devra pas être nécessaire si le travail éducatif a vraiment été accompli de la bonne manière, puisque la hiérarchie "Esprit, Ame et Corps est "naturelle", dans tous les domaines de la matière et de l'Esprit. Donc nul ne doit être forcé. Cependant, ceux dont la tâche sera de guider de la religion extérieure vers la spiritualité intérieure devront rester soumis à "ceux de l'intérieur", dans la mesure où ceux-ci demeureront fidèles à la tâche qui leur a été confiée, et le démontreront par leur vie et leur être profond. Ici aucune relation de pouvoir, mais un service de tous par tous, ceux qui sont les plus avancés sur le chemin de la réalisation de l'Homme Ame Esprit étant vraiment les serviteurs de tous. - Et un aspect “politique”, au sens de “vie dans la cité”, chercher à vivre en paix au niveau individuel et de la communauté. Mais nous reviendrons plus loin sur cet aspect. Il est à noter que, dans la communauté des Frères Moraves, tout ministre du culte devait, en plus de son ministère, travailler au service de la communauté. Dans l'Utopie Coménienne il en est de même, tous doivent mériter une autonomie matérielle. Dans la vision uni- 374 verselle de Comenius se pose évidemment le problème de la rencontre et de la cohabitation des différentes religions extérieures, aucune difficulté sérieuse ne pouvant se manifester au niveau de l'aspect intérieur. L'objectif de Comenius étant l'élévation du genre humain dans sa totalité, il s'adresse à tous, pardelà les races et les peuples. Il voudrait que tous, à plus ou moins long terme, accèdent à une conscience universelle spirituelle. Mais il sait que la tradition se manifeste différemment selon les cultures et les civilisations. Il n'utilisera donc jamais, ni la contrainte, ni la violence, ni quelqu'autre moyen portant atteinte, à la liberté de conscience. Cependant il préconise un "Consistoire Mondial", au sein duquel les authentiques représentants de l'Eglise de l'Esprit du monde entier pourraient orienter positivement l'aspiration universelle de tout homme à une réalisation intérieure. Pour permettre le bon fonctionnement de cet édifice, il restait à concevoir un "Tribunal de la Paix". En effet, dans l'état actuel de conscience de l'humanité, et ne serait-ce que pour préparer les jeunes à la maturité, des règles sont nécessaires Donc, et nous reprenons ici en partie Comenius (Panorthosia ch. XV) 87: a) Le Conseil de Lumière veillera à ce que personne ne manque d'instruction, ou n'ignore une connaissance indispensable (c’est à dire une connaissance apparentée à la “connaissance du salut”), ce grâce à Dieu. Ce Conseil créera les conditions pour que les homme du monde entier tournent les yeux vers la lumière et voient 375 par eux-mêmes la vérité purgée de toute erreur et de toute chimère. b) Le Consistoire mondial veillera à ce que tous les grelots des chevaux et toutes les chaudières soient consacrées à l'Eternel et à ce que Jérusalem ne soit plus livrée à l'interdit, mais qu'y règne la sécurité (Zacharie, 14, 11, et 20). Toute la terre dans sa plénitude devra être consacrée à Dieu : écrits, gravures et peintures, dans la mesure où ils seraient objets de scandales devront être remplacés partout par des symboles saints pour que chacun, où qu'il aille, trouve matière à de saintes réflexions. Il faut évidemment replacer ces directives dans le contexte social, historique et culturel de l'époque. Cependant, il est un fait que si toutes les activités humaines étaient orientées sur un devenir humain authentiquement libérateur, de nombreuses productions n'auraient spontanément pas lieu, du fait du niveau de conscience général. En effet de nombreuses productions relevant de la révolte n’existeraient plus si la corruption généralisée n’existait pas. c) Le Tribunal de Paix veillera à ce qu'aucun peuple ne s'élève contre un autre peuple, où que personne n'ose se mettre à enseigner comment faire la guerre ou comment fabriquer des armes. Toutes les épées et les lances seront transformées en soc de charrue (Ezechiel 2, 4). Toutes les sociétés savantes devraient se fondre en un unique Conseil de Lumière. Le Père éternel des lumières les invite lui-même à former une communauté de la lumière. Dieu dit, en effet, que le jour où le Seigneur aura pansé les blessures de son peuple, l'éclat de la lune sera aussi brillant que celui du soleil et la lumière du soleil sept fois plus vive qu'aujourd'hui (Ezéchiel 30, 376 26). Tout ceci se produira au crépuscule du monde (Zacharie 14, 7) On voit par ces indications que Comenius propose un programme de réalisation à la fois très concret, surtout sur le plan pédagogique, mais qu'il est en même temps très réaliste en ce sens où il sait que toutes ces institutions mettront du temps, beaucoup de temps à s'instaurer. On pourrait croire que l'UNESCO est déjà une assez bonne préfiguration d'une telle institution, mais quand on y regarde d'un peu plus près, on s'aperçoit que son orientation générale n'a absolument rien à voir avec celle que suggère Comenius. Bien entendu, ce sont les hommes les plus sages et les plus pieux, en même temps que jouissant d'une autorité naturelle, qui feront partie de ces Conseils mondiaux. Ainsi les membres du Conseil de Lumière pourront devenir vraiment les éducateurs du genre humain, les membres du Consistoire mondial seront vraiment "la lumière du monde et le sel de la terre"; Et les princes seront véritablement les pavois et les défenseurs de la terre. Savoir, religion et vie sociale doivent à nouveau se concevoir, se développer et se réaliser selon le modèle des idées divines, et non selon d'arbitraires initiatives humaines, issues bien souvent de l'avidité et de l'orgueil, d'une volonté séparée du tout, et d'une ignorance des lois de manifestation universelles. Il est donc nécessaire que chacun retrouve l'usage des organes intérieurs qui lui permettent d'appréhender ces idées divines, et donc de connaître ces lois. On retrouve d'ailleurs déjà cette idée dans Platon : "Notre raisonnement(…)démontre que cette faculté de la connaissance est présente, avec 377 l'organe le plus approprié, dans l'âme de chacun" Dans la "Naturall Philosophie reformed by Divine Light", nous avons déjà une tentative de synthèse de ce que l'époque appelait la "Philosophie naturelle", avec des références à Bacon, Campanella, Vivès et des précisions concernant la Lumière de la nature et sa relation avec la Lumière de la foi. Les sens tels qu'ils sont actuellement nous trompent, mais sont nécessaire, en tant que contrôle. Cette œuvre est dédiée aux amoureux du savoir; il y est précisé qu'il n'est pas question d'une soumission quelconque à des autorités, celle d'Aristote en particulier, dont les assertions sont bien souvent éloignées de la vérité, et qui ne doit plus être toléré comme le seul maître. De même que son maître Alsted, il précise que la philosophie est infirme sans le secours de la révélation. il s'agit de se tourner vers le livre vivant du monde, sur la base du "sens" (et des sens)=Sense en anglais, de la raison, et des écritures. Sans nos propres expériences, la révélation divine, et l'onction divine, nous n'arrivons à rien. Comenius insiste beaucoup sur ce point : il n'est pas question de croire "à priori" tout ce qui vient d'un maître". Celui-ci doit démontrer en vérité et de façon claire ce qu'il affirme, car les instructeurs des hommes sont comme leurs pères et non des sculpteurs de statues. De plus, c'est l'impression de la vérité sur les sens et l'être profond qui induit la compréhension et non les arguments qui la lui font accepter. Les principes du monde sont : la Matière, l'Esprit et 378 la Lumière. Toutes choses créées naissent, vivent croissent et meurent, cela est dans la nature des choses. La connaissance de la Nature doit provenir de l'étude de la nature elle-même ; nous pouvons ainsi contempler comment et pourquoi toutes choses se font dans la Nature car celle-ci ne fait rien en vain. Notre étude doit se faire grâce à la Raison, au (Sense) et à la lumière de l'écriture. Il cite beaucoup Vivès 88, par exemple : "la Torche du Soleil que Christ a apporté dans l'obscurité du monde", pas de disputes, mais de la recherche. Ainsi : "Prenons donc cette résolution : nous qui observons les choses de la nature, de ne nous appuyer sur aucune autre autorité que celle du Créateur de la nature, et que celle de la nature elle-même (…)les Ecritures, le (Sense) et la raison seront nos Guides et Témoins - témoignage qu'il serait folie de récuser." Nous ne nous attarderons pas plus sur cet ouvrage, mais remarquons qu'il montre clairement la vision libératrice de Comenius. Ces choses nous semblent peut-être évidentes de nos jours, mais n'oublions pas que nous sommes en 1651 et que l'inquisition n'est pas très loin. L'orientation, déjà précise dans "Via Lucis, va maintenant se préciser dans la "Consultation…". Examinons quelques aspects de l'introduction. Il s'agit ni plus ni moins que de "Consulter de manière universelle à propos du redressement des destinées humaines". Se mettant sous la protection de la puissance divine, il est question de déterminer les moyens et les méthodes qui permettront ensuite, si nous le voulons vraiment, de "mettre la main à l'œuvre à laquelle l'Humain aspire depuis des siècles après avoir invoqué le secours divin. 379 Tout d'abord il s'agit de déterminer le rapport des hommes avec les choses, avec eux-mêmes et avec Dieu. En un mot, la science pratique, la vie civique et la religion doivent être examinés, car pour le moment ils sont en bien piteux état ; Nous devons stimuler le désir d'accomplir cette tâche : ce sera la "Panegersia" ou stimulation universelle. Alors nous rechercherons les chemins du possible, en présentant un nouvel éclairage des choses, celui de la lumière de l'esprit, qui est seule capable de secouer valablement les ténèbres de la confusion. Il s'agit là de la "Panaugia" ou voie de l'universelle lumière. A partir de là, comme cela avait déjà été fait (de façon plus succincte) dans la "Via Lucis", toutes choses sont examinées sous cette lumière, et Comenius présente ce qu'il appelle la "Chaîne perpétuelle de toutes choses, nulle part interrompue, offrant à l'examen tous les objets qui se présentent à l'observation, quels qu'ils soient". Il s'agit de la "Pantaxia"ou "Pansophia". Puis vient la façon de faire percevoir cette lumière à tous les êtres humains, afin que tous puissent comprendre les choses et tout ce qui se trouve sous le firmament. C'est la "Pampaedia". Pour faciliter cela, un moyen semble permettre que cette "Lumière puisse pénétrer puissamment le monde entier, à travers toutes les nations, tous les peuples, et toutes les langues" : c'est la création d'une langue universelle, appelée "Panglottia". C’est aussi, faute de mieux, la démonstration des moyens permettant de devenir polyglotte. Et maintenant il faut montrer de quelle manière on 380 peut améliorer le statut de la connaissance, de l'éducation, de la religion, et de la société civile, dans la mesure où un siècle de Lumière, de Religion, de Paix pourra être, sous le commandement divin, installé. Ceci est la "Panorthosia" ou Réforme Universelle. Il deviendra alors clair pour tous que ces choses sont possibles, et des exhortations seront adressées à vous tous, savants, hommes de foi, gens puissants de ce siècle, et à tous les chrétiens, finalement dans l'univers, de sorte que nous nous attaquions sérieusement à ces questions tant souhaitées et souhaitables. Cela constitue dans cet “opus magnum”, la Pannuthesia. Au chapitre X de la "Panorthosia", Comenius définit une orientation, pose dix conditions pour rendre universelle la reconstitution de ce Bien tant recherché, et que nous devons tous poursuivre. Ce Bien doit être absolu, entaché d'aucun mal, ne doit comporter ni confusion ni obscurité. Aucune contrainte ne doit y être liée : "…Amenons la nature humaine à la liberté. Libérons là des dogmes imposés, des faux cultes et de la soumission !". Il faut supprimer toutes rivalités de partis ou de sectes, sans violence, mais par l'éducation et la réforme : "Aucun peuple, langue, philosophie, religion ou politique ne doit être opprimé ou plongé dans les ténèbres ; mais il faut les inonder de lumière et les ramener à l'harmonie" … "Que toute les philosophies n'en fassent plus qu'une, parfaite, sous la parfaite autorité du Christ. Que toutes les religions n'en fassent plus qu'une, parfaite, sous le parfait pontificat du Christ. Que tous les gouvernements 381 n'en fassent plus qu'un sous la parfaite monarchie du Christ." Ici Christ doit s'entendre, non comme un individu, ni même un envoyé, à l'origine d'une religion, mais comme la force universelle qui agit dans l'Univers entier, poussant au retour à l'état originel, et ainsi à la redécouverte, à long terme, de la véritable "évolution" de l'homme (On retrouve mention de cette force universelle dans toutes les traditions ; par exemple Krsna dans la mythologie hindoue) Comenius, qui s'adresse d'abord à des Européens, précise : "On ne se dira plus Platonicien, Aristotélicien ou Stoïcien, mais philosophe. On ne se dira plus Calviniste, Luthérien, ou Catholique, mais Chrétien. On ne s'appellera plus Autrichien, Espagnol ou Français, mais citoyens égaux, et citoyens de la libre république du monde. Tous seront libres et égaux et tous seront au service de la Communauté. Désormais se déclarer Platonicien, Hussite, Luthérien, Grec ou Romain, ce sera confesser son imperfection." Comme notre héros le développera plus avant dans "Unum Necessarium", il faudra tout ramener au nécessaire, supprimer tout le superflu. La réforme universelle englobera par définition tout, tous et toutes, ce qui est logique, vu qu'il s'agit de retourner à l'état originel, au monde originel. Il n'existe d'ailleurs qu'un enseignement universel, même s'il prend des formes variées suivant les cultures Il faudra agir et enseigner à agir, nettoyer à fond la plaie. Accomplissons nos devoirs avec le moins de mots possibles, sans peur. Pour supprimer la peur : c'est d'abord le travail sur 382 soi qui amène l'individu, après un long chemin, à s'élever au-dessus de toute angoisse et de toute crainte. Déterminons les causes profondes, et tenons à l'écart tout ce qui n'est pas du Christ, c’est à dire tout ce qui n'obéit pas à la loi universelle de manifestation. Nous devrons aussi éliminer la confusion, en maintenant une nette séparation des prérogatives du savoir, de la religion et de la vie civique et sociale (la politique). Ces trois aspects, tout en étant distincts, sont complémentaires et interagissent les uns sur les autres : Il est évident que si toute une société s'oriente sur l'éveil de l'homme originel en chacun de ses membres, ses structures sociales, sa vie "politique" se rapprocheront d'un "idéal possible sur terre". De même si toute l'éducation et la science se donnent pour but de guider chacun vers une prise de conscience et une réalisation du but de la vie, la religion au sens originel du terme pourra se manifester beaucoup plus librement et avec une force qui rejaillira pour de bien de tous, le comportement de tous facilitant par ailleurs la vie sociale. Tous les organes du grand "Corps Universel" doivent bien évidemment fonctionner de concert. Il faudra aussi établir des normes universelles. Tout devra être soumis au Bien Universel, c'est à dire à l'absolu, au parfait, présent en chacun d'entre nous. Le Bien, en ce sens, sera bien entendu ce qui permet l'émergence de cette libération des chaînes du relatif, et le mal, ce qui s'y oppose. Tout, aussi bien dans la vie sociale, dans les sciences, le savoir, et l'éducation, que dans l'aspect religieux, devra, au vu de ces critères, être corrigé, parachevé, et rendu parfait, autant que la perfection puisse être réalisée en ce monde, et sans perdre de vue que tout ce travail se fait en vue de l'accès à l'Académie de l'âme". 383 "Cela sera accompli si les enseignants et les éducateurs s'enseignent et s'éduquent eux-mêmes, puis les religieux et les hommes de pouvoir, et terminent par l'ensemble des hommes. Ils éviteront ainsi de transférer une erreur d'une catégorie sur l'autre. - De même si les religieux pratiquent d'abord euxmêmes la piété avant que de veiller sur celle des lettrés, des hommes de pouvoir et des autres, et si les hommes de pouvoir font régner l'ordre sur eux-mêmes avant que de l'appliquer aux enseignants, aux religieux et enfin à tous les citoyens." etc... 384 Education pour L’Ere Nouvelle La vie des envoyés de la Rose-Croix d’Or pour notre temps se confond avec l’histoire de l’Ecole spirituelle moderne. Et- il va nous être facile de mettre en relief leur oeuvre, mais difficile de raconter leur vie. -----------------En tout cas une chose est certaine, ils accordaient une énorme importance au travail pour la jeunesse, et en particulier à la création d’écoles au sens scolaire. Ces écoles, les écoles J.V.Rijckenborgh, existent maintenant, mais il peut être intéressant de voir à quel point Mr Rijckenborgh voulait cette création. Voici un passage d’une des premières conférences “Aquarius”, à Calw (1964) 89 “...Ceci impliquera évidemment un enseignement totalement nouveau, totalement autre. Comprenez-vous maintenant l’initiative prise les deux dernières années par la Rose-Croix moderne, afin de fonder une toute autre sorte d’école pour instruire nos enfants? Comme nous pouvons l’espérer, maintenant que vous voyez clairement comment et par quelle cause 385 l’humanité entière menace de sombrer, donnerez-vous quand même, de bon coeur, vos enfants à des écoles accordées à une telle société? Pour les livrer dès l’âge de six ans, donc sans volonté sous ce rapport, à leur perte, et tout au moins, les conduire plus tard à une grande souffrance? Nous n’incriminons pas en cela le pouvoir intellectuel de l’homme car ce pouvoir est un privilège divin, un merveilleux privilège. Mais il faut faire de ce privilège un juste emploi! C’est pourquoi une école nouvelle est de nécessité urgente pour nos enfants, à qui vous tenez tant, que vous choyez tellement, ce que nous pouvons à chaque instant constater lorsque vous êtes occupés à jouer et à parler avec eux sur les pelouses de nos centres de conférences. Si vous aimez réellement vos enfants, comprenez ces choses et soutenez notre travail en vue de parvenir à un enseignement totalement nouveau.” Prenons l’exemple de la télévision, exemple largement utilisé par les fondateurs de l’Ecole Internationale de la Rose-Croix d’Or. Ceci nous permettra d’aborder le problème de l’éducation “de l’intérieur” et de voir que ce que l’on appelle en général éducation est très limité, parcellaire, et par là même dangereux. Dans les années cinquante, on utilisait, aux fins de vente à outrance, le slogan : “La télévision enrichit la vie familiale”. Et un comique hollandais rispostait du tac au tac :” la télévision appauvrit la vie familiale!” On a pu depuis largement s’apercevoir de la justesse de cette dernière phrase, les postes de télévision poursuivant chaque membre de la cellule familiale jusque dans 386 sa chambre même! La télévision a maintenant totalement envahi le monde, et vous passez pour un “extraterrestre” si vous n’en possédez pas une, ou plusieurs (quatre, chez la moitié de mes élèves), chez vous. Nous ne nous attarderons pas sur les influences nocives de cet appareil, tous les spécialistes n’étant pas encore parvenu à un accord entre eux. Mais certains points demeurent : Enfants et adultes ont souvent tendance à imiter les actes délinquants dont les programmes sont maintenant si pleins. Parents et éducateurs savent que les enfants apprennent pour une part importante par mimétisme. Mais la science officielle ne tient pas compte de ces faits avérés, dont les conséquences se confirment tous les jours. Des voix s’élèvent tous les jours pour dénoncer les méfaits de cette toile d’araignée immense, mais peu en tiennent réellement compte. Les pionniers du Lectorium Rosicrucianum, Mr Jan van Rijckenborgh et Mme Catharose de Petri, avaient prévu ces choses dès les années 50, et d’autres encore en matière d’éducation. Ils soulignaient, à l’époque, qu’une toute nouvelle forme d’éducation pouvait neutraliser l’influence de la télévision, qui, selon eux, refroidissait le coeur et tuait l’esprit. Le développement spirituel de plusieurs générations a ainsi été attaqué. Jan van Rijckenborgh, au cours d’une allocution lors de la fondation des Ecoles de la Rose-Croix d’Or, précisait bien : “Il faudra lutter pour chaque enfant!”Ainsi les Ecoles fondées à Haarlem et à Hilversum, se trouventelles baignées dans un champ de vie protecteur où les jeunes peuvent apprendre les leçons de l’existence, départ d’un devenir conscient. Au départ, une trentaine 387 d’élèves et deux enseignants, membres du Lectorium Rosicruciuanum, commencèrent le travail. Dans une lettre à la direction de l’Ecole, Catharose de Petri leur écrit : “Il est important que, très tôt dans la vie de l’enfant, deux états sensoriels se développent. D’une part, une orientation pure sur la future vie mentale qui doit se manifester en tant qu”âme” ou “conscience de l’âme”; d’autre part, la manifestation et l’activité de l’atome du coeur, ou atome originel. A partir d’une telle base, d’immenses possibilités peuvent surgir dans l’enfant.” Cette éducation envisage donc, en vérité, pour une fois, de garder ouverts, et au besoin de stimuler, mais sans exagération, ces pouvoirs et possibilités que sont la pensée et les sentiments vrais, l’intuition, la compréhension, le savoir, la sagesse surtout, et la liberté intérieure. Le programme des études obligatoires repose sur l’enseignement transmis dans l’ Ecole Spirituelle de la Rose-Croix d’Or. L’intention n’est certes pas de faire de chaque enfant un élève de l’Ecole Spirituelle. Mais le fait est que l’on tente de garder intacts la receptivité à l’appel intérieur et le désir de la vie supérieure, tandis que s’épanouit la personnalité et que le moi conscient en prend la direction. La voix de l’âme peut ainsi continuer à parler. Ce n’est pas une utopie et beaucoup de jeunes gens passés par l’Ecole Jan van Rijckenborgh encouragent maintenant chez leurs enfants ce désir intérieur de valeurs essentielles, de liberté spirituelle. “L’école Jan van Rijckenborgh a été pour moi le plus beau moment de ma jeunesse” dit un ancien élève lors d’une réunion. Tout cela n’est pas une tache facile et cela transparait 388 dans les questions que les enseignants ont posé à Jan van Rijckenborgh : “Ne pourriez vous décrire comment vous imaginez un tel enseignement? Il répondit “Si vous restez en liaison avec le champ de rayonnement magnétique du Lectorium Rosicrucianum, vous n’envisagerez jamais votre mission comme une tâche ordinaire. Nous ne voulons pas que nos paroles soient transformées en lois ou en schémas culturels. La conséquence en serait la sclérose. Essayez de créer une sphère où les véhicules supérieurs restent oujours actifs, jusqu’au jour où l’enfant peut déterminer sa vie de façon autonome. Utilisez comme fils conducteur les questions fondamentales que posera chaque enfant à un moment donné La façon d’envisager les matières à traiter dans une telle école dut être inventée : A côté des moyens éducatifs classiques ou en tout cas disponibles (le livre “Dit is je werereld, en hollandais” : “Ceci est ton monde”), un matériel spécifique fut mis au point. Dès le début début furent regroupés, à Hilversum, des matières telles que la biologie, l’histoire, la géographie les mathématiques et les langues, sous un titre unique : la biosophie. Il s’agit d’une approche universelle, dont le fondement ésotérique montre d’une façon inégalée les rapports existants entre tous les éléments de l’univers. Sens de l’effort et activité personnelle y sont spontanément de mise. Les enfants de ces écoles développent ici une grande “avance”utilisable dans l’enseignement secondaire. 389 Ceci nous amène à quelques pistes de réflexion : Qu’il s’agisse des parents ou des éducateurs, nous sommes surtout au départ confrontés à nous-même, car les questions des jeunes nous interpellent en particulier dans la mesure où nous ne savons pas vraiment y répondre en profondeur. Peut-on parler d’éducation sans connaissance de soi? Ici il n’est pas question de limiter ceci à une connaissance de soi d’ordre psychologique, mais d’une connaissance de soi totale au sens d’une découverte de la dimension microcosmique avec son principe central, et de son instrument, la personnalité. Tant que nous ne posséderons pas l’entendement de l’essence même de l’homme, impossible d’agir en tant qu’éducateur véritable. Car dans quelle direction guider l’enfant? Notre vision devra devenir, concernant ces choses, pénétrante et claire. Sinon nous ne pourrons dépasser les notions vagues, partielles, et, comme nous le savons, les aveugles ne peuvent guider les aveugles! Si nous ne connaissons que l’aspect “personnalité” de notre microcosme, nous ne pourrons nous situer que sur ce niveau et manquerons totalement de faciliter la perception et la compréhension de tout le côté psychospirituel. Or ce qui est personnel est partiel et la compréhension de ce niveau reste morcelée. La personnalité, imparfaite, commet des erreurs entraînant la souffrance. Il est donc insensé de lutter contre les fautes issues de notre compréhension partielle. Les fragments ne peuvent donner que des fragments. On n’a pas non plus à se demander si l’éducation donnée aux enfants est bonne, s’ils en garderont des traumatismes. Rien n’est bien, tout est bien, il y a ici impossibilité de faire autrement. Quand nous découvrons ces choses, en faisons 390 l’expérience profonde, notre lucidité nous permet une distance : jusque là, nous ne pouvions faire autrement. L’incertitude commence à se dissiper et la clarté à surgir. Dans cette clarté sont résolues toutes les questions, on ne s’écarte plus des faits concrets, et on ne maquille plus les faits. Toutes nos questions sur l’éducation ne témoignent elles pas de notre incertitude? Ne reculons nous pas ainsi devant une affirmation lucide ? Nous voulons éviter de nous démasquer et travestissons tout cela par de multiples questions, fuyant la vraie connaissance de soi! Tout le monde du bien et du mal va s’écrouler par la vraie connaissance de soi. Jusque là nous nous empêchions d’avoir une perception claire pour nous mêmes, pour nos enfants et nos élèves. Tout cela en passant notre temps à prouver nos bonnes intentions. L’éducation préoccupe les parents et les éducateurs, nous nous sentons appelés à faire quelque chose, à tout faire pour ceux qui nous sont confiés. Nous devons donc développer une grande clarté. A la clarté de la vie universelle, nous apprenons comment nous sommes structurés, quelles lois régissent notre domaine de vie, comment nous sommes manipulés et vécus par les forces astales de notre être profond et celles de la terre, renforcées et entretenues inconsciemment par nous-mêmes, quand nous ne leur servons pas d’intermédiaire et ne travaillons pas à leur service. Quand nous nous rendons compte de toutes ces choses, non parce qu’on nous l’a dit mais parce que nous le ressentons en profondeur, nous voyons que tous les jours, nous donnons de la tête contre ce mur invisible, nous réalisons vraiment que nous ne sommes qu’une 391 parcelle de la totalité, incapable de faire bien ou mal. Le bien provient uniquement de la totalité parce que celleci englobe tout et n’exclut rien ni personne. La totalité est l’universel. L’Universel est la Vie et seule la Vie nous dirige. La personnalité ignore la certitude. Elle reste toujours dans l’expérimental. Mais ces tentatives sont formatrices car faire expériences sur expériences, caractéristiques du manque de savoir et de connaissance, fait avancer la recherche et la conscience. C’est pourtant la marque de tout ce qui est temporel, partiel. Aussi longtemps que la forme ne comprend pas qu’elle n’est qu’une partie du tout, elle doit suivre la voie de l’expérimentation, qui est voie de la non-connaissance. Ce chemin conduit à la découverte et est absolument nécessaire pour tous ceux qui manquent de certitude, qui ne savent pas et sont brisés. On ne peut donc éviter le chemin de l’expérimentation. Il est l’unique possibilité de parvenir à la découverte de notre ignorance fondamentale. Toutes les méthodes proviennent d’un savoir partiel. Et tout cela est à un moment donné accepté ou remplacé, refusé ou non. Tous les problèmes d’éducation se situent au niveau du temporel, de l’expérimental, du partiel. Ils dénotent toujours ignorance et incertitude, et montrent clairement notre manque de clarté. Cette clarté, cette connaissance de soi ne peuvent être acquis de force. Il est impossible de l’acquérir autrement que par l’expérience. C’est un fait indéniable, brut et évident pour ceux qui l’éprouvent. Tout cela nous pousse à la reddition de nous même, cela est même déjà la 392 conséquence d’une telle reddition, accompagnée d’une re-connaissance, nouveau pouvoir de discernement. Il naît du contact intime entre la forme et la Vie. C’est le moment où le futur éducateur “voit”, moment court et fugitif mais suffisant pour être saisi. A partir de ce moment marquant, sa position est complètement modifiée. La personnalité prend la vraie place subordonnée qui est la sienne. Tout ce qu’il faut faire ou ne pas faire est perçu d’un tout autre point de vue. Ce qui, jusque là était perçu comme essentiel et de valeur est maintenant reconnu comme partiel et retrouve son vrai rôle.L’ensemble des rapports est changé, tout est remis à sa juste place. Si l’éducateur persévère dans cette reddition de soi, à la Vie Universelle Omniprésente, alors celle ci l’instruit et l’inspire d’une façon incomparable et sublime. Cette source universelle de sagesse émet sans cesse des rayonnements et transforme fondalement tous ceux qui se rendent à sa force et à sa lumière dans une ouverture qui ne se refermera jamais. Travailler à partir de la Vie, en Elle et par Elle, engendre la sagesse. De cet enseignement nait une certitude inébranlable. De la certitude naît l’être. L’incertitude engendre le chemin des expériences, c’est “ne pas être”. L’éducation est “être”. Eduquer c’est communiquer l’héritage de l’éternité, être orienté sur la totalité de la Vie. L’éducation authentique, veritable, n’est jamais partielle. Elle n’exclut pas la personnalité mais la guide vers la reconnaissance de sa fonction. L’éducation n’exige rien mais montre la cause de tout ce qui est à rejeter. Elle n’ignore rien car tout a une cause, une fonction. A tous ceux qui reconnaissent la Vie en eux et exercent l’activité grandiose de bâtisseur, est 393 confiée la tâche de servir et d’éduquer en toute certitude, sagesse et force. Eduquer, servir la Vie, éveille en nous tant de possibilités inconnues, comme par exemple chercher et trouver des paroles encourageantes, tout en restant lucide devant les faits et en gardant le courage de les assumer. La clarté ouvre. Qui s’ouvre voit. Qui voit sait discerner. Certitude et confiance naissant du discernement. C’est la libération de la Source. Alors la peur cesse, la rigidité disparait et la liberté de la vie parfaite resplendit. Laissez couler en vous la source de vie. Quel que soit le lieu où elle vous mènera, suivez là et annéantissez vous en elle. Elle est le seul guide. En elle la vie parfaite s’offre à chacun. Nous voyons donc que la véritable éducation consiste à montrer le sens de l’existence. Mais le fondement de toute existence véritable est “la Vie”, qui ne finit jamais.C’est un courant insaisissable, inconnaissable, inconcevable. La Vie englobe tout en tous. Nous pouvons penser aux formes qui émanent de la Vie, mais la Vie n’est pas seulement forme... elle est sans fin, sans espace, libre.. cette vie est en nous comme un soleil quand la pensée inférieure, liée à la forme, veut bien devenir silencieuse, tel un lac poli comme un miroir. Le plein rayonnement de la vie libre, illimitée, nous saisit quand nous sombrons en elle, que notre forme se dissout et que, libres, nous avons part à l’illimité... La Vie n’a pas de codes, de formules, de pour ni de contre. Ele ne pose aucune condition. Elle n’offre aucune prise. Elle ne bloque rien. Elle n’est ni positive ni négative, sans bornes ni divisions, elle ne laisse pas de traces, ne garde 394 rien, n’est ni dure ni tendre. La compréhension profonde est le pouvoir d’admettre la vie, de percevoir qu’elle est l’essence du tout, l’unique réalité. A cette lumière, l’éducation prend une toute autre direction. Elle commence donc par la compréhension profonde. Il est ici question de percevoir par soi même les données de n’importe quel problème : comment se déroule notre existence, complètement fermée à la vie immense et omniprésente. Il s’agit de s’abandonner au courant vivant du torrent de la vie. L’éducation donne le pouvoir de faire cela pour soimême et en même temps d’éveiller autrui à cette force d’abandon, de fluidité psychospirituelle. Elle pousse à la découverte de la Vie Universelle et absolue, vie qui englobe aussi le moi dans son infime insignifiance. L’éducation, donc aussi l’enseignement exige de tenter cette aventure pour aller jusqu’aux profondeurs de soi et de tout ce qui nous entoure, à la découverte de l’essence du tout. Cela change radicalement l’être de celui qui apprend et de celui qui enseigne, car tous deux apprennent. Cela ne va pas sans mal, cependant, et, à l’instar du prince venant délivrer la princesse-âme, nous aurons à franchir les nombreuses ronces de nos pensées fermées sur elles-mêmes. Un torrent est un courant puissant qui ne s’arrête pas sur son chemin, quelle que soit la douleur qu’il arrache aux rives, et pourtant il fascine. Nous serons nous aussi blessé et fasciné. Car nous voulons retenir ce qui ne peut l’être, nous voulons mettre en route nos vieux systèmes pour détruire les broussailles. Mais luttrer contre les obstacles ne les supprime pas. Il faut aller à la racine ! 395 Prêter attention à ces herbes malsaines, suffit déjà à les nourrir et à les favoriser. La pensée de l’homme, qu’il le veuille ou non, est créatrice, mais où le mène cette création? Si la pensée ne va pas dans le sens du courant de la vie absolue, alors les pires dégâts sont à prévoir : désirs sans intérêt, désordonnés de la structure illusoire du moi surgissent, font freiner le frêle esquif. Ainsi mouvements, ondes, précipices, et sillons creusent les circonvolutions du cerveau. Toutes les questions les plus intéressantes comme les plus saugrenues nous submergent. C’est une toile d’araignée confuse composées de projections et de conceptions dirigées sur l’extérieur et nous aveuglant complètement. Tout cela est le fondement, la racine de nos illusions. Et c’est ce mécanisme qu’il nous faut observer avec attention, de façon le plus neutre possible, et sans y rajouter d’autres enchevêtrements. Nous devons acquérir la vision pénétrante de nos propre déviations mentales, pour nous en libérer et ainsi entrer dans le silence. Sinon nous continuons de tourner en rond comme l’écureuil dans sa cage. Alors nous pourrons observer les phénomènes bien connus, tels que l’émotivité, la complexité, la crispation, la peur, l’angoisse, la contrainte, l’arrogance, la dissonnance, etc... Il est évident qu’un lac calme et d’eau pure reflètera mieux la lumière; de même une sphère de vie agitée et complexe telle que décrite plus haut ne pourra évidemment pas aller dans le sens du courant de la vraie vie, ne pourra évidemment pas refléter cette vie. Cet embrouillamini créé par nous-même nous empêchera même de nous apercevoir de cet écran de fumée, de percevoir, de reconnaître la vie gnostique et absolue. Nous serons alors en position de voir notre séparation de 396 façon suffisamment aigüe pour vouloir changer de fond en comble. Le poisson ne sait pas qu’il est dans l’eau, et de même nous ne savons pas que nous baignons dans la vie universelle. Et donc la nature et la qualité de notre sphère devra témoigner de notre nouvelle conscience, car les enfants en particulier sentent ces choses de façon claire et précise. Et leur parler de choses que nous ne vivons pas est à la fois un mensonge, une trahison, et un manque total d’efficacité. Il est évident que ce vers quoi nous portons nos regards, ce que nous vivifions par notre intérêt, va déterminer notre réalité. Alors nous devons choisir, soit notre petite vie mesquine, soit la Vie universelle omniprésente et rayonnante. Quelle est la nature de notre témoignage? Chaque jour doit etre l’occasion de nous poser cette question. L’homme peut faire “vivre “ses créations, mais aussi donner lieu à contorsions et mimiques, faire semblant. Ses mimes entretiennent alors ses illusions. Et il en devient bien vite victime. Il veut pourtant s’y soustraire, mais rien à faire! Même si l’on pense à autre chose, les images mentales créées ne cèdent pas si facilement, même d’autres images ne les remplacent pas. On essaie alors de refouler, les images semblent s’affadir, perdre de leur intensité, tout devient multiple et complexe, et, un jour ou l’autre tout cela ressort, encore plus fort. On veut saisir, accaparer, conserver, et finalement on se représente la vie de paix et d’harmonie, d’amour. Mais cela, vu l’état de l’homme, est impossible. Notre petite intelligence ne peut abriter l’universel. Nous pouvons cependant nous perdre dans l’univers, nous identifier à cet univers déchu, et là, nous en avons pour 397 tous les goûts et nous en avons pour longtemps avant de réaliser notre erreur. Tout ce que nous pouvons imaginer face à l’absolu est une erreur. Nous avons là une idée du bien et du mal, où il faut augmenter le bien pour repousser le mal. On veut prolonger sa vie, en bref multiplier tout ce qui augmente notre “bien”, notre “réputation”, et notre pouvoir. Nous voulons aussi transmettre notre “bien”, l’imposer, le répandre. Et toutes ces images tordues et déformées vont alors devenir la cause de l’enfer le plus noir. Il suffit de voir les totalitarismes et les intégrismes actuels pour comprendre... Normes et lois rigides et pourtant si vite renversées ou transformées, forment alors le noyau des intérêts à défendre. Coopération ou opposition renforcent ce noyau, et ce regroupement de forces prend de plus en plus d’importance, et, au fur et à mesure, affirme son pouvoir sur les individus, pour s’en nourrir, sans quoi, elles pourraient perdre de leur force. On voit là le cercle vicieux : nous créons une société sur la base de nos imaginations erronées, et ces imaginations se nourrissent de nous, etc... Nous voyons donc les apparences, les erreurs, la folie, l’illusion, s’entretenant elle-même, la société et les individus ou groupes d’individus collaborant bravement à cette mascarade. La racine de tout cela, c’est nous même. Il n’y a là ni bien ni mal mais ignorance. Se vaincre soi-même c’est l’unique solution. Chacun d’entre nous doit arrêter cette projection continuelle . Tous les moyens et médias modernes sont en plein essor et contribuent à cette folie. La mémoire élargie est devenue le seul critère de culture et de “niveau”, et donc le mental complexifié et distendu facilite ces projections. 398 Jamais nous ne percevons réellement la réalité de l’”autre”. Non, tout est toujours déformé par nos imaginations tordues. Nous voulons nous voir nous même en lui. Et cette existence apparente, où nous nous cherchons nous-mêmes, au lieu voir la réalité, ne nous rappelle pas le mythe de Narcisse. Notre monde est peuplé de tous ces labyrinthes, méandres fantasmagories, etc... On a en vérité bien du mal à s’y reconnaître. Doit on pourtant se laisser entraîner dans ce tourbillon? Alors nous sommes perdus, car nous confondons apparence et vérité, illusion et réalité, nous nous laissons enfermer dans la toile d’araignée pourtant si belle ... en apparence! Nous repoussons les murs de notre prison, comme ces cosmonautes qui, par leurs sauts de puce, explorent une infime partie de l’univers, mais ne connaissent rien de leur triste réalité. Et ainsi se constituent les familles, comme une fausse idée de “survie”. Au début tout est beau, nous aimons notre femme et nos enfants, nous croyons être bons et reconnaissants, pleins d’espérance et de grandes idées sur l’éducation. Et les enfants, souvent, marchent”, ils se confient à leurs éducateurs. Ils imitent et s’adaptent au monde, et voilà, le mal est fait! Les enfants vivent et travaillent selon ce que l’on montre comme étant “bien”. Mots, comportements, et voilà les sillons creusés, le monde défini, les lunettes posées. Si un homme ou une femme veut être vraiment réceptif à la vraie vie, il devra commencer par discerner en lui-même tous ces mécanismes, toute cette vie parcellaire, égoïste, etc... Ce discernement devra être minutieux et sans pitié, un véritable démasquage... Mémoire et mentalité spatio-temporelle règnent 399 actuellement. Pensée et connaissance, gérées par les émotions, remplissent ces domaines, colorées par la vie personnelle, limitée et corruptible. Peur, plaisir, souffrance, joie, dénaturent la réalité. La petite personne croit toujours être incomprise, alors qu’elle est si bonne, intelligente, etc...Le petit moi aspire à l’abslu, mais c’est une impossibilité quasiment risible. Et l’on assiste alors à de furieuses colères, car on se heurte à un mur infranchissable. Or Il faut accepter ce mur, reconnaître l’impossibilité, chercher “ailleurs”. Et tant que l’on refuce cette impossibilité, ce “mur”, espérance, désir et aspiration ne franchissent pas les limites de ce monde. Et nous sommes ainsi fait qu’un véritable pandémonium se déclare, que conflits, luttes et guerres envahissent notre horizon, jusqu’à ce que, même nous, ne voyions pas autre chose, que la guerre soit pour nous une évidence, ce qu’elle est en vérité, tant que la majorité des hommes n’aura pas compris la grande leçon de ces conflits. Non, il faut céder, arrêter de vouloir créer nous même les valeurs de la vraie vie, qui sont présentes. On ne peut demander au soleil de se lever ! Si nous établissons continuellement un rideau de fumée entre nous et l’absolu, nous ne franchirons jamais le mur. Et c’est ce que nous faisons continuellement par notre attachement au passé, et toutes nos influences, toutes nos préoccupation médiocres et sans intérêt. Non seulement nous nous empêchons nous-même de franchir ce mur, mais encore nous en empêchons les autres! Car nous voulons toujours plus, plus grand, plus beau, plus cher, etc... Et cela se fait dans le conflit avec autrui! On agrandit son moi aussi par son cercle d’amis, 400 par sa famille et son entreprise, etc... On veut plus pour soi, mais aussi pour son cercle d’amis, d’enfants, etc... Notre groupe social, notre pays nous en donne la possibilité, jusqu’à un certain point, et attend de nous en retour un certain nombre de “prestations”. Et ainsi comme nous l’avons vu plus haut, naît le conflit, l’opposition, la guerre incessante dans laquele nous sommes d’ailleurs baignés. On pourrait prendre l’hypothèse suivante : attendons un peu et tout cela va se calmer! Mais cela ne se passe pas comme çà. Il est naturel alors de rechercher comme un soutien intérieur et extérieur en dehors de soi-même, ne serait-ce que pour survivre émotionnellement. Nous sommes alors dans la peur de l’espoir déçu, et il l’est souvent. Notre désir trompé nous amène à la crainte de la vie, et nous refusons ce que nous sommes. Notre vision manque de largeur d’esprit, et donc nous tirons dans une seule direction, crispés et trendus. Nous devenons susceptibles, pleins de douleurs et de torsions. De tout cela nous devons devenir conscients, à un point tel que l’on ne pourra plus nous leurrer. La vie est fluctuante, fluide, et n’a ni codes ni modèles, elle exige que nous ne cherchions plus en dehors de nous-mêmes, mais à l’intérieur. Et la véritable éducation devra se conformer à ces caractérisiques; autrement dit elle se devra de posséder fluidité, adaptabilité, discrétion, et guider autant que possible vers une intériorisation, par l’exemple bien sûr. Autrement dit, le maître mot sera “découverte de soi et du monde, selon le principe, “connais-toi toi même et tu connaîtras la nature et les dieux”. La véritable éducation s’intéresse aux structures et aux lois de la vie tout en sachant que la vie absolue est insaisissable. 401 Celui ou celle qui prétend devenir un éducateur ou une éducatrice devra donc, sans peur, pratiquer la connaissance de soi, lâcher prise en vérité, sans rien chercher à retenir, et les principes sociaux ne sont plus ses hypothèses de base puisque qu’il agit selon l’universel. Que se passe-t-il en général? L’éducateur manque de compréhension profonde. Il s’oppose à la vie par lutte inconsciente contre la dualité. Mais notre premier pas vers la véritable éducation devra justement être d’accepter notre situation. Sans cela non luttons contre la dialectique et pas la même renforçons le monde de secours dont nous voulons nous éloigner. Nous devons nous plonger dans ce monde, car il est une projection de l’univers divin et une école de la véritable humanité. Joie et tristesse, bien et mal, même si leur alternance nous gêne plus d’une fois, doivent être acceptés car ils font partie de notre champ de vie. Il faut se situer sur un autre plan, et alors tout ceci n’a plus la même importance. La vie coule comme un fleuve, elle n’a pas de limites. Mais notre petite vie obscure s’oppose à tout cela, par peur le plus souvent. Quel sera notre choix? Alllons nous nous ouvrir à ce puissant courant de la vie universelle, où allons-nous continuer à nous terrer comme des taupes, dans l’obscurité et l’ignorance? Notre compréhension profonde déterminera notre témoignage, et donc l’exemple donné aux enfants. Notre façon de vivre ne trompe pas les enfants! L’âme du jeune est très sensible et son compas intérieur n’a rien d’intellectuel. Ce que nous rayonnons en vérité est capté par le jeune. Si la vie dans universalité se reflète 402 dans l’âme de l’éducateur, cela sera d’une grande aide pour le jeune. Le contraire sera aussi vrai. Si notre rayonnement est vraiment celui de l’universel, alors notre atmosphère en portera témoignage. Et toutes les tensions, oppositions, crispations, etc... disparaissent comme neige au soleil. Alors le passé est mort, et la tranquillité n’a plus de mesure. Quelle contingence pourrait ébranler un tel éducateur? Son simple état d’être représente pour son entourage une nourriture parfaite. Et alors nous évitons d’accorder une trop grande importance à l’extérieur des choses, aux apparences, et nous gardons notre attention dirigée vers notre intérieur profond, et nous nourrissons de la vraie nourriture tous les enfants qui sont confiés à notre soin. Tout dogmatisme est banni et notre éducation consiste à transmettre notre découverte de la vie. En vérité, par rapport à l’univers, nous sommes bien sûr de tous petits enfants. Nous sommes loin d’être adulte si l’on s’en réfère à l’universel, à l’absolu. Mais nous sommes en chemin. 403 Dans le Souffle de Comenius Que Faire ? Comment Faire ? Aujourd’hui - l'état des lieux Quid, Quando, Ubi, Quomodo ? Quelle est la racine du mal Humain ? Poutrquoi et comment s’attaquer à la racine du mal ? Est-ce possible, le pouvons-nous ? Nous aimerions ici explorer, bien que cela semble très prétentieux, une nouvelle "Voie de Lumière pour notre temps", à l'instar de celle que déploya Comenius au XVIIe siècle, mais bien entendu en tenant compte des réalités présentes. Pour cela nous partirons à la fois des lignes de forces éternelles adaptées pour notre période que la Rose-Croix classique et donc en particulier Comenius, tracèrent en leur temps, de notre propre réflexion et expérience personnelle et de recherches actuelles dans les domaines de l'éducation, de la philosophie et de la spiritualité. Nous constatons depuis les années 1920 l'émergence de ce qui fut appelé : "Le Nouveau Paradigme", ou la transdisciplinarité, avec des pionniers comme Basabar Nicolescu 90, Guy Michaud 91, et bien d'autres, 404 mit en relief une vision absolument bouleversante de la science, reprise par divers sociologues et philosophes comme Edgar Morin 92 et d'autres. Bouleversante parce que la science n'y était plus considérée comme l'objectivité déifiée : elle avouait enfin ses limites et son incertitude, tout en pressentant d'autres possibilités d'exploration et de compréhension du monde et de la vie. Dans le même temps, les recherches en éducation prenaient un tour double. La tradition "scolaire" s'acharnait à "faire passer les connaissances" de façon "rentable", au détriment des valeurs vraiment humaines. Une autre tendance regroupait tous ceux qui avaient enfin compris que l'éducation était la base de la société et non le contraire. Cette façon de voir, au début très minoritaire et marginale, prit de plus en plus d'importance et influença plus ou moins directement de nombreuses recherches "officielles", sans toutefois parvenir à l'impact général souhaitable. Il semble d'ailleurs que, même à l'heure actuelle, l'orientation générale moyenne de l'enseignement et de l'éducation, en France en tout cas, ne permette pas encore la concrétisation de ces recherches de pointe. L'arrière- plan éducatif et social dépend, c'est pour nous une évidence, non seulement de l'état de conscience psychospirituel des groupes de pointe, mais aussi de la compréhension minimum et de l'acceptation des lignes de travail permettant l'éducation positive proposée, par tous ceux qui possèdent le pouvoir de décision et/ou des responsabilités dans notre société. On voit donc bien que le rôle de l'éducation englobe largement la sacro-sainte "acquisition des connaissances", et que l'orientation à remettre à l'honneur est celle du devenir 405 humain universel et d'une vraie compréhension du monde et de la vie (ou biosophie) vue sous un angle beaucoup plus vaste et en même temps plus précise (en tant que très étroitement relié au devenir humain - par le biais des correspondances). Ce que propose donc le nouveau paradigme éducatif, c'est donc ni plus ni moins que l'accomplissement du monde, en tant que préparation à l'académie de l'âme, tel que le proposait d'ailleurs Comenius dans la "Via Lucis". Précisons dès à présent que ni Comenius, ni l'éducation révolutionnaire actuelle ne cherchent à "améliorer le monde", à "dorer la prison". Cependant, il est clair qu'une orientation auto-révolutionnnaire, au sens biopsychospirituel, qui vise à faire tout simplement de chacun de nous "quelque chose qui ressemble à un homme" aura indirectement des conséquences sur l'état du monde. C'est donc l'état possible du monde, en tant que cosmos libérateur, que réalisera la nouvelle éducation. Le sens de ce monde est justement de nous permettre de nous en libérer, ce qui fait qu'il est logique qu'aucune tentative de réforme sociale, totalitaire ou non, dont le but est l'amélioration du monde ne pourra jamais obtenir d'autre résultat que guerres, maux sociaux, maladies et tout le cortège connu des calamités sociales et humaines. De plus en plus de penseurs sérieux le reconnaissent, chacun avec leurs propres outils de pensée. En ce sens, et en ce sens seulement, l'éducateur pense le monde, et permet la réalisation de celui-ci, comme une perfection en devenir à réaliser. La fonction de l'éducation (e-ducere) est de mener d'un état d'être, d'un état de conscience, à un autre englobant le précédent, vers l'éveil et la maturité de conscience. 406 Qu'est-ce qui freine, qu'est-ce qui empêche ce processus, quelles sont les résistances à cet accomplissement? Elles sont avant tout d'ordre intérieur. Et nous aimerions en évoquer ici deux, qui sont la culpabilité et la peur. La culpabilité, quand l'homme en est encore au stade animal, dans un premier stade de conscience donc, peut encore être invoqué comme facteur structurant. On peut alors admettre que la conscience de la culpabilité soit un facteur de connaissance de soi, donc d'éveil. Mais il faut ici bien comprendre de quelle culpabilité il s'agit. De quoi, au fond, sommes nous fondamentalement coupables? En fait, surtout d'ignorance, d'inconscience, d'irresponsabilité. Les actes que nous posons, la vie que nous menons, sont la conséquence d'un état d'être, du sang et de la conscience, sur lesquels nous n'intervenons pas suffisamment et dont nous n'avons parfois pas même la notion que nous pourrions intervenir. Culpabilité implique jugement et bien souvent manque d'objectivité vis à vis de ce qui est, donc aussi de soi-même et de sa relation au monde. La norme, la règle, est bien souvent fondée sur la peur, donc sur la culpabilité. Or notre aspiration, l'aspiration de tout être humain en chemin, et aussi de tout éducateur est entre autres de se libérer de la peur, afin d'être en mesure d'aider à cette libération sur un plan universel. La règle, les normes découlent, doivent donc découler de tout autre chose que de la peur. Elles correspondent à des directives de vie qui peuvent aider dans un contexte spatio-temporel donné l'individu et le groupe humain à s'élever au-dessus de sa "condition" d'animal pensant, à parvenir donc en pre407 mier lieu à l'éveil et à la maturité de conscience. La culpabilité est une première prise de conscience : “jusque là, je tournai en rond, inconscient du sens de ma vie, dirigé par des pensées et des désirs égocentriques au service d'un instinct à peine cultivé et contenu par une morale plaquée par un conditionnement ancestral". Arrivé à ce point, ce qui doit progressivement remplacer la culpabilité, c'est l'Amour, en tant que force universelle, cet Amour qui englobe tout et tous. Et là, la culpabilité devient un des freins majeurs de l'éducation. L'éducation à réaliser relève donc en tout premier lieu de l'auto-révolution, menant à la révolution spirituelle intemporelle. Le problème est donc le suivant : comment susciter et aider ou permettre l'émergence du vrai, du conscient, de la connaissance "de l'intérieur", par l'intérieur. Cela semble évident, mais, en ce sens, malgré les simagrées hypocrites de nos dirigeants corrompus, en ce sens tout reste à faire, ou presque. Et il est clair qu'il n'y a pas lieu ici de parler de philosophie de l'éducation fumeuse, car l'éducation de l'intuition et de la Raison supérieure permettra de trouver une confirmation expérimentale, intelligente, de la vérité et de l'inéluctabilité de la voie éducative libératrice. Quelle Nouvelle Lumière va pouvoir nous aider? Le problème devient donc : comment permettre, dès les premières années de la vie, la vision, la perception et la connaissance progressive, comment faciliter le devenir de 'celui qui voit, qui vit, qui est, celui qui perçoit de façon consciente et aussi celui qui englobe, à l'arrière-plan, grâce à l'éducation élaborée de la conscience, qui déterminera la "science" '. Et se déve408 loppera alors petit à petit l'être en tant que présent au Tout et en tant que présent au Monde, l'homme alchimiste que pressent déjà le petit enfant de quatre à cinq ans. Un certains nombre d'objectifs, de points de départ, de modes d'approche et de réalisation en éducation se retrouvent donc aussi bien de nos jours qu'au XVIIe siècle, comme d'ailleurs de tous temps. Le but fondamental, connaissance de soi, maîtrise de soi, et victoire sur soi vise à faire de chacun plus un homme sage qu'un homme rentable, même si un homme sage détermine, presqu'à son corps défendant, la véritable rentabilité à long terme (point de vue écologique). La sagesse ou son obtention imprègne donc les lignes de force de l'éducation du siècle à venir. Quelle révolution ! Ce qui détermine les société ne sera plus l'état du compte en banque, mais l'état de conscience, le degré de sagesse de l'individu, sa faculté d'aimer tout et tous sans rien attendre en retour, libre d'attachement. Et cela va s'accomplir, grâce à une prise de conscience aussi bien des éducateurs que des parents, chacun d'entre nous étant appelé à devenir un "éducateur éduqué", dans le cadre de l'éducation de tous par tous. A force de mettre l'accent sur la démission du rôle parental, on oublie tous ceux qui, de toutes leurs forces, tracent le chemin pour leurs enfants et ceux des autres, qui veillent à ce que, dès la naissance et même avant, pendant la croissance et jusqu'aux différents stades de la maturation, les jeunes à eux confiés perçoivent et accomplissent le sens de leur présence en ce monde. La sagesse ne se trouve pas dans les livres, même si certains d'entre eux peuvent permettre une 409 orientation, une compréhension. C'est un état d'être où l'effacement mène à l'accomplissement, à une réalisation qui n'est en aucune façon une nouvelle arme pour survivre en ce monde. Une partie de ce travail devra inéluctablement étudier, même de façon sommaire, la naissance, la croissance, et le développement du psychisme, de l'âme dans le corps. C'est ce que j'appellerai la "Pédagothérapie biopsychospirituelle". Et pour mieux comprendre ces notions, il faudra avoir recours à la notion d'homme en tant que micro-univers, en tant que Microcosme. Il faudra donc explorer la notion d'homme de façon bien plus élargie que cela n'est fait dans la tradition de la recherche actuelle en éducation. Nous ne pourrons accomplir cela dans un livre que de façon très parcellaire mais nous tracerons les voies permettant de poursuivre par soi-même, le mieux étant de bénéficier de l’aide d’un champ de force gnostique. Ce champ de force existe et est à la disposition de tout homme de bonne volonté.(d’autre part d’autres livres existent aux éditions du Septénaire, déjà mentionnées). Ainsi bien des problèmes ne pourront s'expliquer et trouver de solutions que si l'on fait appel à des notions telles que la réincarnation au sens gnostique, et donc à une mémoire inconsciente, présente chez chacun et qui englobe, par le biais de l'inconscient collectif, la mémoire de l'humanité entière. Le microcosme, l'homme personnalité et la mémoire aurale constituent aussi bien un champ de guérison que d'apprentissage au sein du Cosmos et du Macrocosme. Toute une approche de la vie et de la connaissance, dont il faudra aussi se détacher, après l'avoir compris et intégré, se révèle ainsi à notre vision intérieure, et ouvre des champs éducatifs nouveaux et qui remettent en question le sens même de notre présen410 ce au monde. Ainsi bien des problèmes ne pourront s'expliquer et trouver de solutions que si l'on fait appel à des notions telles que la réincarnation au sens gnostique, et donc à une mémoire inconsciente, présente chez chacun et qui englobe, par le biais de l'inconscient collectif, la mémoire de l'humanité entière. Le microcosme, l'homme personnalité et la mémoire aurale constituent aussi bien un champ de guérison que d'apprentissage au sein du Cosmos et du Macrocosme. Toute une approche de la vie et de la connaissance, dont il faudra aussi se détacher, après l'avoir compris et intégré, se révèle ainsi à notre vision intérieure, et ouvre des champs éducatifs nouveaux et qui remettent en question le sens même de notre présence au monde. Beaucoup s'aperçoivent, dans tous les domaines, que notre siècle aura une approche des problèmes de l'énergie toute autre. Eh! bien nous voyons là qu'il nous faudra apprendre à discerner quelle est l'énergie qui nous gouverne, et comment nous pouvons à notre tour gouverner l'énergie, afin de la mettre au service du tout. Très tôt, grâce à un éveil intuitif de la conscience, le jeune sera mis en mesure de percevoir et d'assumer sa responsabilité et son autonomie sous cet aspect, car, comme ils le comprennent très bien mais comme on ne le leur laisse pas encore le réaliser, les jeunes sont responsables du monde, sans culpabilité mais en une conscience grandissante et lucide de l'interaction multiple des êtres et des choses. A l'heure actuelle, comme du temps de Comenius, ni notre société, ni notre école n'offrent au citoyen une cohérence d'orientation signifiante à moyen 411 et long terme, si ce n'est des perspectives liées à une dépendance apparemment de plus en plus forte des "réalités économiques" bien souvent de court terme, visant à inscrire chacun dans la compétition de la lutte pour la vie. Une toute Nouvelle éducation, connue de tout temps, visant à orienter toute la vie individuelle et collective vers l’émergence de l’homme véritable devra retrouver ses lettres de noblesse: Le propos de Comenius, de Steiner, de Jan Van Rijckenborgh passe par la définition d'une orientation de l'éducation dont nous avons tous besoin et dont nous espérons que tous ressentiront son caractère d'urgence. Bien entendu l'objectif à long terme de toute éducation est l'éveil et la maturité de la conscience. Dans la pratique, nous avons pu constater que ce n'est pas la recherche et l'application de méthodes pédagogiques en elles-mêmes qui peuvent contribuer de façon efficace à la réussite de cet objectif. C'est à chacun de découvrir ce qui convient, dans le cadre de l'objectif souhaité, et de développer dans un réel travail d'équipe ce qui, au moment et dans le lieu en question, sera le mieux adapté. Une grande souplesse est ici nécessaire, une faculté constante de remise en question de soi et de la façon de travailler. En la matière, il n'existe pas de recettes, et, ce qui est nécessaire c'est : a) des maîtres et des parents intégrés( c'est à dire possédant la maturité biopsychospirituelle), ou en voie de le devenir, qui cherchent à aider, à, montrer le chemin, de cette intégration b) une orientation cohérente avec le sens de la vie, dont la quête et la réalisation, même si chacun doit l'aborder en toute 412 liberté, représentent le premier pas vers l'accomplissement de l'homme vrai, c) un constant travail en équipe qui permet, sous la direction de ceux qui sont très rapidement et spontanément, dans ce contexte, considérés comme les "aînés en sagesse", de corriger, mettre au point, etc… tout en respectant l'orientation définie. De plus en plus d'individus comprennent en effet que la vie est une école, que toute situation est une situation d'éducation et que celui qui enseigne, en situation pédagogique comme ailleurs, apprend tout autant que celui qui "reçoit l'enseignement". Et comment quoi que ce soit pourrait-il être intégré si l'on n'y participe pas de façon libre, autonome, responsable. Le concept d'éducation doit reprendre le sens élargi qu'il a déjà eu, chez Comenius, entre autres, jusqu'à la compréhension de ce que devrait être une authentique "éducation de tous par tous". En effet, et on peut le dire à l’envers, la véritable école de la Vie, est la vie elle-même, le monde, et si on ne comprend rien au monde et à la vie, tous les dictionnaires et les livre sdu monde ne nous apprendront rien. On retrouve cela chez Comenius, qui parle de trois livres : le livre du monde, le livre de l’homme et les livres sacrés, modes d’emploi des deux précédents à conditions de les considérer comme des livres initiatiques et non des livres de belles histoires à prendre à la lettre. L'éducation doit retrouver un sens, un sens profond, vital, essentiel. Comme en tout ce qui concerne le devenir humain, il n'y a pas d'évolution. Encore plus de nos jours où références et autorités s'écroulent, rien n'est automatique dans ce domaine. Cela semble évident, mais la pratique montre la difficulté de la réalisation de ce préalable : aucun adulte, aucun jeune ne pourra réaliser les objectifs d'une éducation digne de ce nom s'il ne prend pas lui-même en main son propre projet, dès qu'il 413 en est capable. Voilà donc un des premiers pas : devenir capable de prendre ses affaires en mains. Ce qui donne, entre autres, un sens à l'éducation, c'est le devenir humain lui-même, ce que, dans son vocabulaire théologique, Comenius appelle, “redevenir un homme à l'image de Dieu”. Au sein de l'hommemicrocosme, résumé de l'univers, gît, endormi comme la belle au bois dormant et son château, tout un monde qui attend que nous lui permettions de s'exprimer. Soyons précis : les buts annexes développés dans le cadre des écoles primaires actuelles ou secondaires correspondent, ou devraient correspondre, à la formation de l'homme-citoyen, dans le cadre d'une société. Mais la société est composée d'individus, formés par une éducation. Nous accordons la primauté à l'éducation de l'homme et espérons qu'un tout autre type de société, par répercussion indirecte, pourra en naître. On remarquera malheureusement que dans les textes officiels, le mot éducation tend à être remplacée par le mot formation. Cela va dan le sens d'un système de "formatage" des individus, ainsi adaptés aux critères de rentabilité de l'entreprise. L'enseignement tend à devenir le nouveau marché du XXIe siècle. Il faut donc, dans un certain type de logique économique, le "marchandiser". Et la question est clairement posée : quel prix sommes-nous prêts à payer pour assurer à nos enfants une "formation" lui permettant d'avoir un travail…, au détriment d’un devenir humain véritable ? Il nous faut ici remettre les choses en place et opérer une véritable auto-révolution. La conséquence de tout ceci est en effet un renversement des valeurs, dans une non-violence intérieure vécue, à construire et à 414 manifester intelligemment. Comment? Bien des individus ont décidés, au delà de toutes les directives tendant à perpétuer un état de fait qu'ils jugent inacceptable, d'agir selon leur conscience. Ce qui manque, c'est une orientation conséquente, consciente, généralisée, qui rassemble, sans lutte, tous les gens de bonne volonté, selon une saine et haute raison. Car l'homme, dans un univers aux expressions variées qui peut l'aider à apprendre la grande leçon de la Vie, dont la maturité psychospirituelle constitue un des objectifs-clés, lit les livres placés devant lui. Le Livre de la Nature, reflet d'une sagesse immémoriale, accessible à tous, qui permet découverte sur découverte, le Livre de la Vie, qui permet une intériorisation progressive de ces découvertes, et tous les livres fondamentaux des traditions de sagesse. Un des moyens les plus efficaces pour remettre à l'honneur et développer le sens de la responsabilité est d'ailleurs une approche conséquente de l'écologie. Mais nous allons plus loin. Devenir une femme ou un homme digne de ce nom, c'est aussi devenir de plus en plus conscient de la sagesse de la Vie, ou Biosophie. Une compréhension du Monde et de la Vie, un regain de sens apporté par la prise de conscience ou la description, la vision, puis plus tard la réalisation intérieure et spontanée des relations et des lois qui régissent l'harmonie du et des mondes, peut, tout naturellement et petit à petit, se faire jour, dès les premières années de la vie. Ici l'acquisition progressive quoique parfois très spontanée d'un subtil discernement est de rigueur. Car l'harmonie qui tend à perpétuer l'esclavage est dangereuse. L'esprit de perpétuelle découverte, guidée de façon de plus en plus libre, consiste avant tout à éviter 415 que ne cristallise en clichés l'attitude dynamique d'ouverture et de discernement, d'apprentissage perpétuel, naturel chez les jeunes. Les justes correspondances entre le vécu essentiel et le perceptible doivent être mises à jour. Ce n'est qu'à ce prix que toute forme de pensée unique, et toute forme de conditionnement stérilisant auront le plus de chance d'être décelés à temps par le jeune lui-même, parfois avec l'aide du maître, et détruits dans la dynamique et dans la structure vivante, personnelle et collective, que le jeune sera amené à intégrer, et qui est déjà inscrite de façon latente dans l'homme même. Cet aspect biosophique fait partie d'une "tournure d'esprit" à remettre à l'honneur. Il imprègne à peu près toute la matière d'enseignement. Toutes les sciences, l'histoire et la géographie, la philosophie, langues vivantes et techniques, etc… trouvent leur place dans ce cadre "Naturel". Chacun peut y trouver support à découverte, à réflexion, à construction. La possibilité de l'approche d'une sagesse de la Vie facilite l'accès à une progressive maturité bio-psycho-spirituelle. Cette compréhension du monde et de la vie permettra à notre société de retrouver son rôle de cosmos vivant en chemin vers l'éveil absolu. Toute sa vie, l'adulte devra être encouragé à manifester et à approfondir cette intériorisation biosophique. Toute éducation se doit en effet d'être conçue comme auto-éducation et auto-formation permanente. Chaque jeune, qui possède presque naturellement ces qualités dans ses premières années, devra apprendre à garder toute sa vie son aptitude à la découverte et à la recherche, sans laquelle nous ne sommes que des mortsvivants au service d'un ordre fasciste plus ou moins théocratique qui n'ose pas dire son nom. 416 Dans cette nécessité du passage progressif à la réalisation consciente, intérieure et extérieure, depuis le plus jeune âge, en tant qu'effacement de soi, nous ne verrons certainement pas le but de créer "de force" une société idéale, mais nous irons dans le sens de la Vie, en accord avec la signification profonde de ce monde en tant qu'école. Il s'agit donc de permettre à la fois l'avènement de la conscience de l'unité de toutes choses et la prise en main de plus en plus autonome de l'objectif de la vie de l'homme, que la biosophie aidera à découvrir. Précisons ici que d'une certaine façon, on pourrait dire que la sagesse ne s'enseigne pas, elle se vit, ou non. Ce qu'il est possible de faire, cependant, c'est d'entretenir une orientation de découverte, de recherche et de liberté, ou la personnalité du jeune et du moins jeune puisse, dans un cadre défini, aspirer à et devenir capable de réaliser l'éveil et la maturité de conscience préalable à la sagesse vécue et authentique. L'éducation, non seulement prépare à l'entrée effective dans la société, mais surtout participe à la conception et à la vivification de cette société, au service de l'Homme et du Monde, en tant que celui-ci fait luimême partie d'un tout plus grand. L'élévation du niveau de conscience des individus et du groupe est l'échange, la communication, l'expression des découvertes personnelles. Le développement de ces capacités est donc bien entendu fondamental. Il s'agira de faire redécouvrir entre autres le sens sacré de la parole et de l'écoute, de faciliter toute forme d'expression artistique. Mais comment et Pourquoi échanger, sur quelles bases et à partir de quelles découvertes individuelles et 417 collectives ? La parole et l'écoute, de même que toute forme d'expression et de réception de sens doivent donc être revalorisés. Il ne s'agit pas uniquement d'apprendre à communiquer ou à s'exprimer pour savoir manier ces capacités dans notre société, même si ces aspects ne doivent pas être négligés, mais bien plutôt de mettre ces facultés d'expression, au fur et à mesure de leur développement, au service de la prise de conscience de l'Homme vrai, en tant que microcosme. Ainsi, dans tous les domaines de la connaissance et de l'apprentissage socioprofessionnel, qui prennent tout leur sens dans le contexte de cette orientation vraiment humaine, le jeune sera tout naturellement amené à prendre conscience de la nécessité d'une quadruple hygiène : mentale, émotionnelle, comportementale, et bien entendu, cela va alors de soi, physique. Toute forme de lutte pour la vie est donc appelée à disparaître devant la réalisation individuelle et collective du sens de la vie. L'apprentissage socioprofessionnel, tellement mis à l'honneur, a sa place bien entendu, de même que tout l'apprentissage des connaissances utiles à la vie en société, du type lecture, écriture, informatique, mathématiques, etc… mais son sens est à remettre en question. A quoi servirait-il en effet s'il n'aidait pas celui ou celle qui le vit à devenir un homme ou une femme digne de ce nom et à collaborer à l'œuvre commune. La notion du geste juste, du métier, la conscience de la responsabilité sont des apports inappréciables à l'autorévolution intemporelle vers laquelle toute éducation bien comprise est amenée à guider. 418 La relation entre parents, éducateurs, et jeunes mérite toute notre attention. Comenius y avait d'ailleurs consacré de nombreuses pages. Tout se résout, ici aussi, à établir une communauté d'objectifs, de points de vues réellement signifiants. Pour réaliser une éducation vraiment libératrice, une orientation cohérente entre parents, éducateurs et jeunes doit trouver le jour. Enseignement et éducation, en ce sens, doivent aller de pair, et recouvrer tous les aspects de la vie même. Les "nouvelles" orientations pédagogiques, de même que le "nouveau" projet de société qui en découle logiquement mettront du temps à se mettre en place, à se généraliser, mais elles finiront par triompher, même si le misonéisme, qui emprunte parfois des visages apparemment très attrayants, facteur de crises qui malheureusement semblent inévitables, est actuellement très puissant. Il devra être vaincu par les individus eux-mêmes. Il n'y a là rien de nouveau. On retrouve cela dans Platon, Jean Valentin Andreae, Jan Amos Comenius, en particulier dans la "Grande Didactique", dans la "Pampaedie" et la "Voie de Lumière", Rudolf Steiner, Jan Van Rijckenborgh, (par exemple dans le "Témoignage de la Fraternité"(ch. III, p. 49,50) la Gnose Originelle Egyptienne (ch. XV, p. 121,122) etc…. Ce qui compte , c'est de veiller à l'orientation de la recherche du jeune ou du moins jeune, afin de garder vivante son aspiration de plus en plus consciente à un devenir humain véritable. En ce sens nous pouvons essayer de réexaminer le problème de la règle (la "Maat" des égyptiens). La règle est au fond le compas intérieur qui nous guide. Au fur et 419 à mesure de l'éveil de notre conscience, nous devenons capable d'opérer le discernement entre cette impulsion à la réalisation libératrice et toute les autres influences vieilles d'éons qui nous poussent au compromis. En principe, si tout le monde avait une connaissance du sens de ce monde et la capacité de réalisation en la matière, si chacun cherchait honnêtement à vivre de façon conséquente avec les notions qu'il expérimente intérieurement, il n'y aurait presque plus besoin de "règles".au sens où on les conçoit actuellement. Non, la règle deviendrait exigence intérieure. Et c'est bien entendu cela qui doit être visé : faciliter la recherche et la réalisation individuelle et collective de l'état-d'être en question. Mais comment faire, ce qui est le plus souvent le cas, si le groupe "éducateurs-parents-élèves", au fur et à mesure de son passage à l'éveil, à l'autonomie et à la maturité de conscience, n'a pas encore atteint un minimum d'orientation consensuelle active et réaliste par rapport au sens de la vie? L'incohérence mène le plus souvent à la confusion, à la lutte et à la zizanie, et les comportements qui font sourire les professeurs quand il s'agit des élèves se retrouvent en conseil de classe ou en salle des professeurs. Un vrai consensus doit donc s'établir autour de la règle et de son sens, et celle-ci doit refléter une réelle communauté d'orientation. Et la question : comment et pourquoi l'individu est-il appelé à respecter la loi, avant de devenir à lui-même sa propre loi, quand il vivra réellement et spontanément, par compréhension intérieure, en harmonie avec les lois de notre ordre de secours, pourrait alors trouver tout son sens. Ce n'est en effet que sur la base d'une réelle aspiration à l'accomplis420 sement du sens de la vie que l'on peut éventuellement parler de règle ou de justice, et non dans un but de protection de soi ou du groupe auquel on appartient. Dans ce contexte, tous devront comprendre que ni la recherche de pouvoir ni la lutte pour la vie ne fondent le sens de notre présence en ce monde, mais bien plutôt la connaissance de soi, la maîtrise de soi, et la victoire sur soi. Il s'agit ni plus ni moins de l'acquisition de la sagesse, ce qui implique une conscience croissante de la responsabilité Liberté et responsabilité : il y a urgence ! : A peu de choses près, dans la "Panegersia", premier livre de la "Consultation Universelle pour le Redressement des Affaires Humaines", Comenius formule l'exigence d'intervention en vue de l'accomplissement de "l'homme à l'image de Dieu", la responsabilité humaine en la matière, de la façon suivante : Si les humains veulent que leur sagesse s'accomplisse à partir des dons de Dieu, il leur faut adopter le dur labeur et la prudence, et elle exercera son œuvre durant leur sommeil même (Hermès : le sommeil du corps est la lucidité de l'âme, l'occlusion des yeux la vision véritable). Dans l'âge mûr, qu'il a atteint maintenant (proposition qu'il faudrait peut-être nuancer en disant que tout est là pour qu'il atteigne la véritable maturité selon l'esprit, l'âme et le corps, mais que rien n'est joué en la matière), le genre humain doit être rempli d'une mûre sagesse; il ne s'endormira pas sans avoir mis tous ses soins à résoudre cette question ( qui est celle de la connaissance de la science spirituelle de la Rose-Croix). En effet, attendre des miracles, c'est tenter Dieu. 421 Ceci implique que nous devons apprendre à utiliser en un pur Amour les forces de l'âme et de l'Esprit, au service de tous et de tout, y compris et en particulier ce que nous appelons ennemi parce que nous ne percevons pas la lumière qui gît au cœur de tout homme. Au fond, pour nous, l'ennemi est ce qui fait œuvre de résistance, par ignorance, toutes les forces du passé, tout le monde de l'espace-temps, en fait pollué par ses habitants. Au cœur de tout cela, notre travail est de mettre en œuvre la lumière spirituelle, de fusionner avec elle et de la rayonner selon le plan, pour tous. Ici s'offre un vaste champ de travail, qui implique une connaissance qui ne nous sera accordée que lorsque les conditions intérieures en auront été réalisées. Car l'homme véritable, celui que Comenius appelle "à l'image de Dieu", et qui est redevenu en possession de son héritage, possède cette connaissance. "Car Dieu fait tout en tous à tel point qu'aucune créature n'est rien sans son concours. Sans lui la créature ne peut rien sinon se tromper, tomber dans l'erreur, périr. Mais Dieu, à compter de son premier acte créateur, n'accomplit rien dans les créatures de façon immédiate. Il permet à la créature divine de se gouverner, et d'apprendre à gouverner ce qui lui est confié, par elle-même. C’est ce que JVR appelle, dans Un Homme Nouveau Vient et dans l’Apocalypse de Renova(voir notes : éditions du Septénaire) le don de gouvernement, ou la capacité de gouverner. Nous accomplirons donc la volonté divine si nous permettons au Dieu en nous, à l'immortel en nous, 422 de prendre les commandes, afin de faciliter à partir des nouveaux éthers la construction du corps divin, et d'une nouvelle personnalité comportant en particulier le nouveau corps mental, concentrique au nouveau corps éthérique et au nouveau corps astral. S'il est permis au malade d'implorer par la prière : "Seigneur, guéris-moi", il lui est répondu : "Lève-toi et marche". il lui est de même conseillé de modifier régime, mode de vie, orientation, en bref de mener une vie droite et de ne plus pécher et parfois, d'utiliser certains éléments composés spécifiques, du règne végétal de préférence, afin d'agir sur son mal. Dans la prière : "Donne nous aujourd'hui notre pain sacré", c'est à dire les éléments qui permettront à notre nouveau corps de se reconstruire, il est sousentendu qu'un comportement adéquat va avec cette demande. Nous en trouvons la confirmation dans la suite de la prière : "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés", ou "Veuille effacer tout notre karma sur la base de notre nouveau comportement". Tout démontre donc ces deux choses : L'homme ne peut rien sans Dieu ( car, dans un certain sens, l'Homme Dieu en devenir est l'objet du plan de développement actuel. Hermès : l'homme est un Dieu mortel, et Dieu est un Homme immortel). Et Dieu ne veut rien sans l'Homme dans les choses qui concernent ce dernier. (de toute façon, qu’est-ce que Dieu [Dies = le jour, la lumière], si ce n’est la perfection de la lumière manifestée et non-manifestée) Car c'est à l'homme de s'empoigner, de prendre sa vie en main dans le sens où son comportement reflè423 te un réel détachement des choses de ce monde, qui n'a rien à voir avec l'indifférence. Tel est le sens de la formule des alchimistes : "Ora et Labora", "Prie et Travaille". Il s'agit ici essentiellement du travail sur soi. Sur le plan social, cela signifie aussi que la formule "Chacun pour soi et Dieu pour tous", soit remplacée par l'adage : "Un pour tous et tous pour un" qui correspond d'ailleurs à la vie de tout corps organisé sain. Si Dieu prend soin de toute créature, du fait que nous avons été créés à son image et que nous sommes appelés à le redevenir, nous devons aussi avoir cette orientation d'Amour pour tout et tous. Il est dans nos attributs et de notre choix d'être l'image vivante du Dieu vivant. “Tu constates la bonté et la miséricorde divine ! Si tu n'agis pas comme Dieu, dont tu portes l'image en ton cœur, tu n'es pas à l'image de Dieu, mais un cadavre d'image.” Tout est prévu et organisé pour la guérison de l'humanité entière, donc sa sanctification, et chacun de nous doit y aspirer et les réaliser, avec piété sérieux et constance, jusqu'à l'accomplissement. L'école doit donc redevenir une communauté active et vivante. Les élèves doivent y être progressivement amenés à y prendre les initiatives et les responsabilités dont ils sont capables. Si les élèves demandent la création d'un journal d'élèves "autonome", il est possible, soit de guider et d'encadrer de façon à susciter et développer cette autonomie et cette responsabilité demandée, ce qui serait hautement souhaitable; il est aussi possible de chercher à récupérer le projet en en faisant "l'organe de la direction”, de façon subtile et voilée, une sorte de "Journal d'entreprise". Et là nous disons : Non, mille fois non ! De qui se moque-t-on !? Cette pratique est 424 pourtant des plus fréquentes (expérience vécue et observée). Répétons le, ces choses ne pourront être prises en main par un nombre suffisamment important d'éducateurs, de jeunes, et de parents que si le caractère d'urgence en est reconnu, pour que les orientations libératrices de cette nouvelle façon d'aborder l'éducation puissent trouver leur application tant souhaitée et attendue dans les faits. Au fond, il s'agit de choses extrêmement simples quoique difficiles à réaliser, de choses extrêmement simples mais très exigeantes pour celui qui s'y attelle. Depuis trop longtemps, nous devons bien reconnaître que dans la plupart des cas, nous avons failli par ignorance ou négligence : Ce que Platon appelle "le meilleur" a été laissé de côté. Dans le domaine éducatif, qu'est-ce que ce "meilleur"? En quoi consiste donc cet objectif fondamental duquel découlerait tous les autres? Eh! bien c'est en fait si simple... Il s'agit tout d'abord de fournir la nourriture adaptée au principe de base de la racine de toute vie humaine. Une plante ne peut croître que si elle est semée dans une bonne terre, et qu'elle bénéficie de soins attentifs et réguliers du Jardinier, visant à lui fournir suffisamment d'air, de lumière et d'eau. Sommes nous véritablement des hommes et des femmes accomplis, dignes de ce nom? La réponse, si nous voulons bien être honnête avec nous mêmes, est bien évidemment, dans les 99% des cas, non. Mais savonsnous encore ce qu'est un Homme? Nous en avons bien souvent perdu la notion même, et ces questions ne nous sont pas familières. Nous possédons au mieux une ouverture, une ressouvenance d'un état pour nous 425 inaccessible dans ce présent, que nous reléguons dans l'armoire des mythes et légendes. Mais tous les psychologues sérieux savent que le jeune, lui, possède encore une sorte de compas intérieur inné latent, qui doit bien entendu être perfectionné et rendu conscient. Avant d'être laminé par notre culture de la rentabilité et de la compétition guerrière et "virile", il a la certitude de l'immortalité de l'homme vrai. La mort, pour lui, est une absurdité inconcevable. ` Voilà l'objectif fondamental de toute formation vraiment humaine : permettre le développement de ce qui est déjà inscrit, latent, au cœur de chaque cellule de notre corps et au cœur de notre être le plus profond, afin que le jeune forge les outils qui lui donneront accès à l'humanité véritable, à la conscience qui doit maintenant surgir, sur la base et grâce à la personnalité existante ou à développer, mais sans qu'un excessif accent sur celleci gêne l'épanouissement de cet inconnu à naître que nous pressentons et dont lui connaît la plupart du temps l'existence avec certitude, même s'il lui est quasiment impossible de l'exprimer, dès ses premières années. Et alors nait la conception d’une véritable Pansophie, ou Sagesse Universelle, de l’infime particule quantique, à la pierre, à L’Ange, et à Dieu. Et la boucle se boucle, chacun de nous est une parcelle de Dieu en devenir, si je suis la Vérité, je suis un élément de Dieu Vivant Pistes et questions - Sur ces bases nous pouvons et devons maintenant nous poser la question de façon plus concrète : qu'est-ce qui doit être enseigné et comment dans les écoles. Nous verrons que nous n'arrêterons pas de nous 426 la poser et de nous la reposer, car il y a tant à dire sur et à bouleverser dans les habitudes mentales auxquelles nous nous attaquons, que les aspects pratiques réclameront bien des mises au point; A vrai dire ce modeste mémoire, même s'il offre de temps en temps des perspectives et des propositions pratiques, n'est qu'un simple préambule à un travail de fond et à des réalisations pratiques qui devront être menées en parfaite liberté par les éducateurs de terrain eux-mêmes, en liaison avec parents et jeunes devenus conscients. Ceci semble de la plus élémentaire logique et le contraire serait parfaitement incohérent avec les idées de base ici exprimées. Nous pourrions commencer par donner une proposition qui a le mérite d'avoir été éprouvée avec une classe parfaitement "bloquée" et qui a fonctionné. Nous pensons qu'avec des variantes tenant compte du niveau, du contexte, et de la "matière" enseignée, ce "schéma" peut parfaitement être reproduit. Peut-être l'est il déjà couramment par certains pédagogues, auquel cas cela ne fera qu'une porte ouverte de plus d'enfoncée, mais il semble que de toute façon ce qui importe est l'esprit dans lequel ce travail est mené en équipe avec les jeunes et entre eux, afin de faciliter le développement des capacités d'expression et de créativité orale (ou autre), la compréhension du monde et de la vie et notre place au sein de celle-ci, et d'autres facultés qui tournent autour ou favorisent l'autonomie et la responsabilité. Il s'agit tout simplement de la période de silence créateur qui précède l'introduction d'une question, ainsi que de celle qui permet la maturation de celle-ci et la préparation éventuelle de pistes de réponses, seul ou en petit groupe. 427 Par exemple, après que les élèves se sont installés, un silence le plus "léger" possible, s'installe et est prolongé jusqu'à ce qu'une "soif" se produise; Alors il est précisé aux élèves que nous allons réfléchir silencieusement sur la question : "Comment peut-on faire pour vivre heureux ensemble?" (évidemment nous sommes en classe de français ou de langues étrangères, ou en classe primaire ou même maternelle, mais le même "problème" pourrait être abordé sous un angle historique, sociologique, géographique, mathématique, etc...) Quand la réflexion semble mûre et que des mouvements de quasi-malaise ou d'impatience à s'exprimer se manifeste (et cela dépend de multiples facteurs que seul le pédagogue sur le terrain sera à même d'apprécier), nous allons bien entendu laisser fuser les réponses et les faire noter par un ou plusieurs secrétaires, en une expression la plus libre possible, mais tout en essayant bien entendu de permettre l'expression de tous; Ceci, et même si cela semble évident,( cela ne l'est pas toujours en Lycée, quand on n'a que deux heures, en deux fois, chaque semaine) se fera sans forcer l'expression de ceux qui, au début, restent en retrait, ou ont du mal à exprimer ce qu'ils sont ou ce qu'ils sentent, pour des raisons qu'il faudra d'ailleurs élucider et qui surgiront parfois d'elles-mêmes au cours de ces échanges ou à leur suite. On rassemblera le tout de la façon qui semblera la plus adéquate, (tableau, magnétophone, vidéo, etc...), et on le retravaillera, soit immédiatement, soit au cours d'une prochaine séance, y mêlant peut-être musique et/ou expression graphique ou plastique. Le texte, ou quelle que soit la forme d'expres- 428 sion choisie, pourra être repris et traité sous un angle particulier, donnant naissance à document d'étude linguistique (ou autre). Au cours de l'expérience vécue, les sujets abordés sont notés au tableau: le respect, la violence et les règles. L'écoute et la compréhension mutuelles, l'attention portée activement et consciemment à l'autre, la possibilité de s'exprimer tel que l'on est sans perturber le groupe, l'entraide et la non-lutte, percevoir l'autre de l'intérieur et se "mettre à sa place", l'acceptation de l'autre tel qu'il est et l'exigence pour soi-même, la possibilité de découvrir les choses et les êtres en un éveil perpétuel, sans distinction d'âge ou de sexe etc... Toutes ces choses (et d'autres) furent évoquées, presque telles quelles, puis reformulées en un texte que chacun dut recopier ( en anglais puisque nous étions en classe d'Anglais), peu avant la fin de l'heure. Exemple d'échange : le respect. Il faut respecter les autres. Et soimême? oui bien entendu; est-ce si évident? Non, des fois on ne s'aime pas; respectez vous tout chez vous mêmes et chez vos amis? Ben, non, pas vraiment, il y a des choses qui ne sont pas respectables. Et quoi? La méchanceté, la trahison, l'injustice, etc...Et alors qu'estce que vous faites avec ce que vous ne respectez pas chez vous et chez l'autre (ce qui revient au même, le jeune le perçoit très vite)?... Après quelques tâtonnements et guidés par le professeur, nous en venons à la conclusion que si on aime vraiment, si on respecte vraiment (et on arrive rapidement, à propos d'”heureux ensemble", à la question d'”aimer" ou d'”être aimé"), on désirera "élever" ce qui doit l'être, c'est à dire que le respect de ce qui est vrai, juste, et bon, sera doublé d'une tendance continuelle à l'élévation de la conscience, par 429 rapport "au reste".(tout ceci dans un langage beaucoup plus simple, bien entendu, puisqu'en anglais, et en situation pédagogique). On retrouve la même idée chez JVR qui suggère d’entourer le foyer d’infection de toute notre sollicitude afin qu’il fonde comme neige au soleil (Mystère des béatitudes) 93. Le cours suivant un texte, élaboré par le pédagogue, intitulé : "Love and Rules" représente le même thème sous un angle particulier, qui donne lieu à commentaires linguistiques et de fond, de même que l'expression de problèmes particuliers d'étude de la langue, ou "esprit et structure de la langue", ce qui nous semble une expression beaucoup plus heureuse que "grammaire", terme à faire frémir. Parfois, une série de cinq questions est posée, et on traite seulement une, ou plusieurs d'entre elles. On peut ainsi aller de réflexion en expression, puis de compréhension en orientation, avec apport théorique et pratique concernant l'apprentissage au moment le plus convenable, inclus dans un tissu vivant d'expérience et de recherche. Une autre possibilité est de placer les jeunes devant des fiches d'exécution de tâches, différentes suivant la matière, qui devront être élaborées par l'éducateur lui-même; Si un des élèves a terminé,( mais pas avant), il peut aider un autre ou choisir un autre travail. Il est aussi possible et même souhaitable que chaque jeune puisse "apprendre à apprendre", cad participer à l'élaboration de fiches ou de sujets, et même "faire cours" sur un sujet qu'il aura préparé, ou en tout cas devenir capable de présenter de façon claire et explicite à ceux qui éventuellement n'auraient pas bien compris, ce que lui a 430 compris. Toutes ces "possibilités" sont bien entendu données à titre purement indicatif, et il est bien évident qu'une multiplicité quasi infinie de thèmes et de matières peuvent être abordées de cette façon. Et nous devons ici préciser que mes élèves ne sont en aucun cas privilégiés, mais sortent plutôt de milieux comme : cités, banlieues “défavorisées”, etc... D’autre part ce qu'on appelle pompeusement laïcité, n'est bien souvent encore que la meilleure façon qu'a trouvée l'idéologie dominante pour se faire valoir et, de façon rusée et pernicieuse, d'écraser avec plus ou moins de douceur tout ce qui ne rentre pas dans le moule. Et il n'est que de voir comment, indirectement ou directement, Le ministère de la jeunesse et des sports finance l'ADFI, instrument d'inquisition et de pression mentale d'une des trois sectes les plus connues et les plus reconnues au monde (à savoir le catholicisme, le bouddhisme tibétain et l'islam orthodoxe avec ses intégrismes, qui vont d'ailleurs bientôt, et on peut déjà clairement voir les prémisses de cette dictature du "bien", s'entendre pour tenter un gouvernement fasciste théocratique de la planète). Ceci dit, il est un problème fondamental, c'est que l'adulte, formateur ou parent, comprenne que les seuls critères de vérité qu'utilise le jeune ne sont pas ceux de l'adulte. Le pédagogue en particulier doit réaliser que, plus l'individu en formation est jeune, plus il est sensible à l'aspect subtil des choses, à ce qui est de la nécessité de cette hygiène quadruple qui envisage l'être personnel dans sa totalité. Cela n'est pas la solution facile, car elle implique l'inévitable travail de la connaissance de soi, et de la vigilance dans la maîtrise intelligente de 431 soi, qui n'a strictement et rigoureusement rien à voir avec le refoulement, mais il faudra bien qu'un jour ou l'autre on s'aperçoive que c'est l'unique solution. On doit au moins exiger des éducateurs et des parents qu'ils pratiquent le plus assidûment possible cette hygiène de vie. Il faut être cohérent. Pour prendre une image, il est impossible de dire à des jeunes, la cigarette à la main, qu'il ne faut pas fumer. L'illusion du bien. Qu'est-ce que l'éducation ? Dans quel but ? - Toutes ces choses sont vieilles comme le monde, mais la nécessité se fait sentir de façon urgente de nos jours, et chacun de nous est clairement renvoyé à lui-même. Actuellement, et c'est très bien ainsi, aucune autorité extérieure ne peut rien faire pour qui que ce soit, car chacun possède virtuellement toutes les potentialités qui lui permettent de devenir réellement autonome. Il est évident que l'éducation n'a pas pour objectif le "mal". De nos jours cependant, la tâche du pédagogue semble, de plus en plus souvent, de lutter contre le "mal". Il est confronté aux pouvoirs, aux puissances de ce monde, à un état, à des intérêts financiers et sociaux, à des églises emprisonnantes, qui, par ignorance du véritable sens de la vie, sont le jouet conscient ou inconscient de ce qu'il faut bien appeler le mal, cad de ce qui précisément empêche la réalisation de l'Homme, but de toute pédagogie. Et en cela gît un piège, un piège très subtil. Face à ce mal sournois qui s'attaque au point faible de la vague de vie humaine, c’est à dire à sa jeunesse, plus vulnérable, car non encore formée, l'éducateur, quel 432 qu'il soit, devra résister à la tentation de l'illusion du soit disant bien, du bien séduisant dont l'objectif serait, même si au départ nous ne le réalisons pas bien, d'orienter le devenir des jeunes uniquement vers l'élargissement de leur conscience, le développement de pouvoirs latents, de leur personnalité, au service d'un monde où le moi reste roi. ~L’elevation du niveau de conscience, répétons le, est possible aussi bien au niveau des individus que des groupes Echange et respect sont évidemment la base, mais surement pas sur la base de nos quatre aspects, physique, vital, emotionnel et mental, centrés sur euxmêmes. Le Non Agir, le Tao te King, le Wu Wei est une des reponses qui peut permettre de passer à la phase” “autorealisation, transfiguration libre de l’ego. Beaucoup cherchent dans l’amitié la solution à leurs impasses pedagogiques et spirituelles, il n’est que de voir le succès de sites comme facebook. Mais si nous voulons parler d’amitié, nous devons immédiatement préciser que l’amitié véritable, un des plus grands trésors que nous puissions partager dans la vie, relève de la diminution et non de l’agrandissement, de l’effacement et non de ce partage de sentiments qui ne va pas bien loin. Le respect et la communication, qu’il s’agisse de pédagogie ou de spiritualité, ou de pédagogie spirituelle ne suffisent donc pas à un réel progrès vraiment HUMAIN, au sens fort 433 Expliquons nous : nous pouvons parfaitement, et cela se fait bien souvent, avec la meilleure volonté du monde, dans la pédagogie quotidienne qu'il nous incombe de mettre en place, placer l'être-moi, avec la personnalité qui est habituellement à son service, et même le psychisme en croissance du jeune, avec ses émotions, son penser embryonnaire, au centre du travail éducatif. Nous nous orientons ainsi vers le développement de "belles âmes-moi". Ce faisant, nous passons à côté de l'essentiel. Il est vrai qu'il s'agit de travailler "de bas en haut", c'est à dire de fournir d'abord au jeune les "outils" qui lui permettront de s'éveiller. Mais il ne faut jamais oublier qu'il ne s'agit que d'outils. Des outils doivent servir à quelque chose, et c'est surtout cela qui est l'objet de notre recherche et de notre découverte constante. Des outils ne peuvent jamais et en aucune façon constituer en eux-mêmes une fin en soi. Or c'est bien malheureusement ce qui se passe, c'est bien là le drame de notre éducation et donc aussi de notre société. Marsile Ficin exprimait déjà ces choses à son ami Giovanni Cavalcanti, vers la fin du XVe siècle, en son vocabulaire typique de la "Renaissance". En réponse à des questions telles que : Que doit apprendre l'homme? Comment comprendre le caractère de la nature et de la nature humaine?, il plaçait le centre de gravité de toutes ces questions dans l'homme lui-même : "Oh ! Comme les hommes mortels sont pauvres ! Je dis qu'ils devraient être plein de honte, uniquement pour la chose suivante : ils se plaisent dans les choses passagères et ignorent le bien absolu, auquel toutes choses de ce monde empruntent la bonté. Toutes ces choses sont bonnes en elles-mêmes, 434 car elles proviennent du bien lui-même, et elles deviennent bonnes, quand nous les rapportons au bien luimême. Mais elles deviennent diaboliques et pleines d'épines quand nous les poursuivons de façon extrêmement présomptueuse parce qu'ainsi nous rejetons le bien dans lequel elles étaient comprises par nature et qui les entretenait. Comme il est surprenant, Giovanni, ou plutôt comme il est triste que ces choses nous séparent totalement du bien, alors qu'elles y sont elles-mêmes complètement reliées !" Et à propos du but de l'éducation, donc de l'existence humaine, la première phrase du "Traité sur la dignité humaine" de Pic de la Mirandole 93 est la suivante ( à 24 ans il fit placarder à Rome ses "900 thèses philosophiques, théologiques et cabalistiques" en invitant tous les savants d'Europe à se rendre dans l'a "ville éternelle" pour en discuter. Les frais de voyage étaient remboursés. Mais l'Eglise, bien entendu, s'y opposa et interdit ce rassemblement international) : "En vérité, l'homme est un grand miracle, ô Asclépios. Parce qu'il lui a été donné en partage toutes les propriétés de l'univers, il a le pouvoir et le devoir de parvenir au plus haut..." Et alors le cosmos individuel, familial et Universel retrouve son rôle positif d’ordre de secours inaliénable, avant la grande résurrection ! Quel est, quel devrait être le rôle de toute éducation comme de tout processus alchimique? Il s'agit ni plus ni moins, par toute sorte d'exercices appropriés permettant l'acquisition et l'exercice d'outils affectifs, 435 énergétiques, de pensée et de recherche de permettre à l'être qui va s'éveiller de supporter, de maîtriser, ou même de laisser la place à ce feu essentiel qui gît au cœur de chaque être humain, latent et inexprimé, et au cœur du Monde. Ceci non pour procéder aux habiles compromis si fréquents qui ne servent qu'à retarder la construction tant souhaitée de l'Homme, mais, au delà de la lutte pour la vie, (peut-être nécessaire dans le passé pour faire parvenir l'homme à un certain degré de maturité) uniquement pour apprendre à découvrir et à comprendre le but de la vie, et surtout à le réaliser en nous-mêmes et par nous-mêmes. L'éducation doit nous permettre d'acquérir, répétons le une fois de plus au risque de paraître ennuyeux, (car tout le monde ou presque croit posséder une pensée libre) une pensée vraiment libre, cad d'abord et avant tout libre de ce moi si envahissant qui "fourre son nez partout". Cela constitue déjà tout un processus de travail sur soi auquel le jeune sera progressivement préparé, qui implique l'acquisition d'un discernement en ce qui concerne ce qui permet cette réalisation et ce qui s'y oppose. Il est ici question de la connaissance de l'Homme et du Monde et de la mise en œuvre de cette connaissance au service du plan de développement qui doit permettre l'auto-réalisation d'hommes et de femmes dignes de ce nom. Donc, au fond, "enseigner quoi?" est une question que nous n'allons en fait qu'effleurer de temps en temps, puisqu'il devient de plus en plus clair pour nous que la vraie question est plutôt "enseigner pour quoi?", et donc comment, dans quelle orientation, dans quel but? Et nous verrons en passant qu'un grand pédagogue du 17e siècle comme J.A. Comenius est tou436 jours d'actualité, car il répond à ces questions, même s'il utilise un vocabulaire qui nous semble parfois un peu suranné. Et toutes nos élucubrations de progrès scientifiques échouent là, même si nous sommes pour tout progrès qui va dans le sens précité, et même si Comenius fut un des défenseurs de la science expérimentale, avec Bacon, dont il rencontra les héritiers spirituels en Angleterre. Pour déterminer ce qui est important pour la formation du jeune, il nous faut tout d'abord définir les objectifs de cette formation. Pour simplifier, nous regrouperons ceux-ci en deux groupes, l'un englobant l'autre et le déterminant. Et nous nous adressons ici à tous les "éducateurs", parents, et à tous les hommes de bonne volonté. Si nous reconnaissons que de multiples erreurs ont été commises (et il n'y a que ceux qui ne font rien qui n'en commettent pas, tout le monde est sujet à l'erreur, car c'est là le chemin de l'expérience), que l'institution éducative est construite de travers sur des fondations ineptes et branlantes, nous devons cependant avoir le courage de démolir et de reconstruire. Il est inadmissible que, quand il s'agit de l'essentiel, on recule devant l'ampleur de la tâche à accomplir, pour de pseudo-motifs économiques, ou tout simplement par peur, honte, ou autre culpabilité mal placée. Jusqu'à maintenant et depuis trop longtemps, nous devons bien reconnaître que dans la plupart des cas l'essentiel a été laissé de côté, par ignorance, négligence, ou égoïsme, ce qui revient au même. Dans le domaine éducatif, qu'est-ce que l'essentiel, en quoi consiste donc cet objectif fondamental 437 duquel découlerait tous les autres? Nous avons déjà plus ou moins répondu à cette question, mais nous serons encore amené, avant la fin de cette étude, à "enfoncer le clou", car nous avons souvent l'impression, au cours de nos rencontres et échanges, que nous avons affaire à des oreilles très distraites et à un entendement tellement conditionné que nous avons l'impression de parler une langue rare. Mais le jeune, lui, possède encore, avant que d'être laminé par notre culture de la rentabilité irrationnelle, la certitude de l'immortalité de l'homme vrai. Voilà l'objectif fondamental de toute formation vraiment humaine : - permettre le développement de ce qui est déjà inscrit dans chaque cellule de notre corps et en particulier au cœur du cœur de notre être, afin que le jeune forge les outils qui lui donneront accès à l'humanité véritable. Sur ces bases, nous devons maintenant reposer la question (à laquelle, nous l'avons vu, nous ne pourrons répondre que très partiellement), : qu'est-ce qui doit être enseigné dans les écoles? Nous avons établi que l'objectif essentiel de toute éducation est et sera toujours, tant qu'existera notre monde, même si cela doit prendre d'autres formes plus subtiles, de faire parvenir le jeune à la maturité physique, énergétique, affective et de la vraie pensée, et à l'autonomie suffisante pour qu'il se fixe et devienne progressivement en mesure de réaliser les objectifs suivants : 1) Parvenir à une connaissance de soi libératrice. 2) Par là même, l'homme étant un résumé de l'univers entier, comprendre le monde "de l'intérieur", sous 438 tous ses aspects, visibles ou plus subtils, ce qui n'empêche pas de "vérifier ses intuitions", grâce à une science expérimentale au service du tout. 3) Comprendre le plan qui est à la base du monde et la place actuelle et à venir de l'homme dans l'univers. 4) Développer un comportement en accord avec ce plan, donc une maîtrise de soi qui n'ait absolument rien à voir avec un quelconque refoulement ou une affirmation de soi déplacée. 5) Donc servir ce plan de développement, tout en tenant compte du fait que l'humanité actuelle possède de nos jours tous les éléments qui lui permettent de passer à une spirale ultérieure. Une nouvelle éducation adaptée à notre temps, de la maternelle à l'Université et au-delà - Qu'il ne s'agit donc plus de cultiver la psyché, mais de faire en sorte qu'elle devienne parfaitement autonome, au sens vrai du terme. Et cela n'est absolument pas incompatible avec quelque science que ce soit, on peut même dire que toute science humaine et expérimentale -"dure" trouve ici son unique justification, de même que toutes les sciences de la vie, l'apprentissage de la langue maternelle, et des langues vivantes et anciennes, les mathématiques (cf. Platon dans la République), et toute forme d'apprentissage technicoindustriel ou commercial qui respecte les orientations dont nous avons parlé (et cela est non seulement possible, mais souhaitable, et même indispensable si nous ne voulons pas sombrer dans le chaos le plus complet). Nous insistons sur le fait que, dans la période 439 actuelle, une culture limitée au psychisme et au corps seuls, agrémentée de tout ce qui a précédé cette forme d'éducation, ne produirait qu'une stagnation, une opposition aux processus actuellement en cours, dans la mesure où ils sont authentiques, de rétablissement d'une humanité véritable. Nous devons passer à une phase ultérieure, et c'est la seule et unique façon de consolider et de maintenir les pseudo "acquis", tout en les situant à leur juste place et en leur donnant leur vrai rôle. Que cela soit le feu de la conscience, le système nerveux avec l'axe cérébro-spinal et le sympathique, véritable arbre de vie et clé d'une nouvelle conscience, le système des glandes à sécrétions internes, ou le sang, "cette sève très particulière" dont parlait Gœthe et qui est le reflet de tout l'état d'être, la base de vie qui exprime, manifeste et à partir de laquelle tout commence, système "circulatoire, cette "psyché" n'est elle-même qu'un support, un intermédiaire. Dans un bien piteux état, elle est de nos jours tout à fait inapte à accomplir ce rôle de jonction, de transmission entre les forces supérieures,( du petit monde qu'est l'homme et du grand monde qu'est l'univers) et la manifestation, la création exprimée, le "corps" ou "personnalité" qui développe ce que devrait transmettre ce psychisme. Actuellement, ce psychisme est presque exclusivement tourné vers, au service d'une matière qui s'auto-détruit ; il doit redevenir le moyen qui, en se régénérant, pourra transmettre au corps, qui l'exécutera, le plan concernant l'essentiel des choses grâce à une personnalité toute nouvelle. Là et uniquement là est le sens de l'éducation contemporaine, en tout cas son premier pas. Un tel devenir et une découverte de l'univers, de l'infiniment 440 petit à l'infiniment grand, en passant par nous-mêmes, maillon de liaison qui réunit les deux, en commençant bien évidemment par ce qui est immédiatement perceptible, sont donc les éléments essentiels de toute éducation sérieuse. Nous ne devons pas oublier que le monde et l'humanité actuelle sont "en travail", et qu'il s'agit de devenir apte à servir ce travail, quelle que soit la place plus ou moins humble ou élevée qu'on y occupera. Pour cela, il est nécessaire d'apprendre progressivement à maîtriser tout moyen d'expression utile à l'orientation définie ou qui se définira, en commençant bien entendu pas le langage parlé et écrit, mais sans hésiter à y adjoindre toute forme d'expression artistique et/ou multimédia ou autre, qui pourrait entre temps être découverte. Il faut vivre avec son temps, et, malgré les oppositions et résistances dues aux conditionnements, à la peur, à l'inertie et à des "problèmes de budget" mal compris qui ne sont bien souvent que des alibis (voir les aventures de CRC plus haut), ces aspects modernes doivent être suscités et mis à l'honneur. La France est un des pays européens les plus en retard en ces domaines (êtes vous mélomane? ... non, madame, je suis Français!...). Lire, écrire, compter, toute forme d'expression artistique, poétique, théâtrale trouveront donc là tout naturellement leur place, et cela pas seulement dans les petites classes, car il s'agit de présenter l'expression comme un des éléments fondamentaux, distinct presque de l'apprentissage socioprofessionnel. Celui ou celle qui s'exprime dans un groupe, qui parvient à exprimer ce qu'il est vraiment, apporte une pierre au groupe, même 441 si au départ cette expression est un peu maladroite et à besoin d'être quelque peu affinée. On est bien loin ici de l'expression en tant que moyen rentable d'exploiter une situation. Bien entendu, l'apprentissage sérieux de la langue maternelle et de plusieurs langues vivantes est un des piliers, mais seulement dans la mesure où il répond à la nécessité esquissée plus haut : participer à la grande aventure humaine, à la naissance de l'inconnu, et bien sûr, comme le préconisait déjà Comenius, contribuer à la paix entre les peuples. Et c'est alors que nous ne verrons plus les adolescents "s'en foutre" et négliger tout ce qui n'est pas expression animale et brute des instincts les plus bas. Car il y aura là un sens aux choses et à l'être, et cela vaudra le coup de "l'ouvrir". Expérience faite, il n'y a que cela qui "marche" vraiment, et c'est très bien ainsi. Nous vivons dans un monde ou l'apprentissage scientifique et socioprofessionnel sont nécessaires pour vivre. Mais en ce sens nous ne leur attribuerons d'importance que dans la mesure ou ils soutiendront le tout. Leur valeur principale, en dehors de permettre une base matérielle, est de permettre une meilleure appréhension de la réalité, de redonner indirectement ses lettres de noblesse à des notions comme une haute raison, le service absolu et inconditionnel au tout, et l'oubli de soi, dans l'accomplissement des tâches les plus simples. Tout cela doit être réévalué et sérieusement remis à l'honneur (soit dit en passant, il n'est absolument pas certain que le "travail" tel que nous le connaissons aujourd'hui, soit une valeur immuable et on peut parfaitement imaginer, vu les données de la science, un monde ou la production n'est plus le fait de l'homme, où celle-ci est réglée de sorte que l'homme puisse se consacrer à toute forme d'activité utile ou créatrice de son 442 plein gré et parce qu'il l'a reconnu utile à la communauté, soutenant ainsi le grand travail de réédification de "l'homme inconnu" en lui qu'il pressent. Nous ne disons pas que là est la solution, mais nous voulons surtout faire sentir que tout change et que notre conception du monde sera peut-être totalement invalidée dans quelques années. Car de nos jours tout va très vite.). La notion de science devra être élargie à l'être entier, et non limitée à l'exercice des fonctions intellectuelles. Ainsi la base matérielle est acquise et consolidée, mais uniquement dans le but de servir la noble tâche de l'humanité actuelle. A partir de tout ce qui précède, nous allons essayer de tracer des pistes pour un programme éducatif d'enseignement non seulement non seulement interdisciplinaire, mais transdisciplinaire, car l'universalité de la connaissance doit être rétablie. Donc nous devons élaborer un art de l'enseignement où, bien que le développement de l'autonomie et de l'authentique liberté soit une exigence, aussi chez les pédagogues, le travail éducatif est basé sur des projets d'équipes pédagogiques, interclasses et d'écoles différentes, et ceci non pas tels que les fameux “projets Comenius” sont actuellement conçus (rentabilité, etc...), mais tels que les Frères aînés en sagesse l’ont toujours voulu Des projets "universels" pourront ainsi regrouper des éducateurs venus de tous horizons. Tous les projets d'établissement devront progressivement, à la mesure d'une nécessaire prise de conscience de tous, s'articuler autour de ces nécessités naturelles et 443 vitales. Naturelles et vitales car la croissance et la maturité intérieure du jeune (et de l'adulte) mènent tout naturellement, et de plus en plus spontanément, au fur et à mesure de l'abolition des "mauvaises habitudes" pédagogiques, à l'auto-réalisation. L'épanouissement de chacun se fait à un rythme qui lui est propre. Celui-ci devra être respecté. Cependant, on peut dessiner déjà les grandes lignes de cette nouvelle éducation, de la maternelle à l'Université, même si chaque jeune, et ceci est important, devra progressivement apprendre à s'orienter et à choisir avec un discernement lui même en formation, bien entendu au début guidé par le pédagogue, luimême en recherche et constamment à l'écoute, ce qui convient à sa nature et ce qui lui est utile pour devenir ce qu'il ne fait encore que pressentir. Nous savons qu'il existe de nombreux éducateurs qui, consciemment ou non, n'ont pas les mêmes objectifs que ceux qui sont actuellement fixés, en général, entre autres aux écoles maternelles, et nous nous adressons surtout à ceux-ci (ils sont heureusement nombreux). Mais nous espérons que la prise de conscience d'une nécessité d'un revirement absolu, quasi à 180°, d'une réorientation totale, d'une inversion complète , en bref d'une véritable révolution, au sens propre du terme (cad en fait d'une ré-harmonisation avec les lois universelles et donc avec le sens profond de l'éducation) se fera jour le plus rapidement possible de façon générale. Ainsi une élévation universelle du niveau de conscience pourrait-elle en résulter, avec toutes les fantastiques conséquences positives qui pourraient en résulter, bien plus efficaces que tous les programmes imaginables… 444 Si programme il devait encore y avoir, ce que nous ne pensons pas, (l'humanité actuelle est quand même moyennement beaucoup plus autonome que celle de l'époque de Comenius), en quoi devrait-il consister ?… Nous ne répondrons pas de façon exhaustive à cette question, d'autant plus que la réponse est implicite aussi bien dans "l'Ecole des Mères" 94 de Comenius, que dans l'ensemble de ce travail. Nous ne pouvons aborder ce sujet sans traiter, même brièvement, de l'éducation familiale et de la formation des maîtres, que nous avons déjà esquissés. Ce que nous disions sur l'enseignement primaire est bien entendu valable ici. Et rappelons que ce que nous appelons maintenant l'Ecole maternelle, était auparavant "l'Ecole des Mères", et que le jeune n'abordait l'école proprement dite et donc la séparation d'avec le milieu parental, qu'à l'âge approximatif de six ans. Je voudrais dire ici qu'il est encore plus important s'encadrer des petits avec des éducateurs suffisamment intégrés, alors que jusqu'il y a peu de temps, on considérait qu'il y avait, dans ce cas, "moindre mal". Que l'on n'objecte pas de pseudo-impératifs économiques ! Vers 21, 23 ans, ou 25 ans, âge où il arrive fréquemment de trouver des auxiliaires, des vacataires, ou même des titulaires de 25 ans ( je parle d'expérience puisque j'ai moi-même commencé à enseigner à peu près toutes les matières, y compris les mathématiques - rappelons que je suis de formation "anglo-américaine option arts"- à l'âge de 22 ans) en situation de responsabilité, que cela soit dans les classes primaires, maternelles, ou secondaires, face à des classes difficiles, on doit pouvoir placer des étudiants comme "stagiaires-assistés", jusqu'à 28 ans, tout en les payant, même de façon modique ( il 445 faut quand même qu'ils puissent vivre! Ce qui n'est de toute façon pas vraiment le cas pour un auxiliaire qui débute actuellement à des salaires dérisoires). Ainsi ils pourront continuer valablement leur formation jusqu'à l'âge requis. Un étudiant réellement désireux de parvenir à une formation humaine et pédagogique digne de ce nom accueillera certainement avec joie cette opportunité pratique avant la fin de sa formation, sinon, c'est qu'il n'est pas fait pour ce travail. Cette formation devra d'ailleurs être revue, bien entendu, de fond en comble, à partir des critères universels ici (et ailleurs) évoqués). Qui veut entamer une réflexion sur les classes maternelles est immédiatement confronté au problème des relations parents-enfants-éducateurs, triangle qui nexiste quasiment pas, à tous les niveaux. Parents, responsabilité, autorité. Pour une éducation libératrice : - Tout d'abord, c'est peut-être ici le lieu de revenir quelque peu sur la "formation", sur "l'apprentissage" de l'état de parent; Depuis la plus haute antiquité, en Inde, en Egypte, en Chaldée "et en Grèce, entre autres, un type d'initiation particulière était réservée aux femmes, en plus de l'initiation des mystères extérieurs et intérieurs. Par exemple, Sapho, la grande prêtresse initiée aux mystères d'Eleusis (dont bien peu ont compris le langage voilé), avait elle aussi reçu, dans sa jeunesse, cet apprentissage spécifique, qui fait que, comme de nombreuses autres, elle pouvait plus rapidement que les hommes accéder aux mystères intérieurs. Nous n'entrerons pas ici dans de stériles débats pro ou anti-féministes. Il est un fait que l'homme actuel, comme la femme et à égalité, portent leur part de 446 responsabilité dans cette si destructrice culture de la lutte pour la vie et de l'égoïsme, et que, si celle de l'homme est plus flagrante, c'est tout simplement parce que, de par la constitution naturelle de ses véhicules, celui-ci se manifeste en général de façon plus "positive" dans la matière (cad de façon plus expansive, plus visible, plus extérieure, et il n'y a là aucun jugement de valeur, ni dans un sens, ni dans l'autre). L'homme, s'il se manifeste de façon plus dynamique dans la matière, est par contre placé dans un rapport négatif en ce qui concerne la vitalité et l'énergie pure, avec la partie féminine de notre vague de vie, qui est et a toujours été la "gardienne du feu sacré", du "feu d'Héra", chez les Grecs, la gardienne de la vie sous tous ses aspects. Alors que sur le plan des émotions, l'homme est réputé plus "rayonnant" et la femme plus "réceptrice", les rapports s'inversent lorsqu'il s'agit du mental où , cela est bien connu, et cela a provoqué toute l'incompréhension et la mauvaise utilisation des facultés naturelles, la femme suggère et soutient, impulse de façon créatrice et dynamique les aspects de la pensée, l'homme, croyant inventer, ne faisant, qu'exécuter la plupart du temps ce qui lui a été "inspiré". Bien que cela ne soit pas exactement notre propos ici, mais cela y est très étroitement relié, nous voyons le rôle déterminant que la femme est appelée à jouer dans les années à venir, à condition qu'elle mette ses possibilités au service de la conquête universelle de la maturité psychospirituelle. Cela a d'ailleurs commencé, grâce à une conscience grandissante de quelques pionnières. 447 Education de l’âme Education Psychospirituelle On prépare ici l'approche d'une véritable éducation de l'âme, comme le suggérait déjà Socrate. Nous approfondirons plus en détail ces aspects concrets du travail, en particulier dans les écoles maternelles, bien que nous ne possédions pas d'expérience personnelle à ce sujet. Elles doivent être, comme Comenius le suggérait déjà de véritables "jardins d'enfants" où le jardinier doit veiller à ne pas "forcer" trop rapidement les plantes, afin qu'elles deviennent saines et vigoureuses. Cet apprentissage se faisait, au cours des siècles passés, et il se fait encore, quoique plus rarement, au sein des familles elles-mêmes. Nous n'insisterons jamais assez sur le rôle primordial, dans un sens négatif ou positif, suivant la compréhension, le niveau de conscience, (eux-mêmes modifiables par une éducation des parents et des futurs parents) de la structure familiale pendant les six premières années de la vie de l'enfant. L'exemple, la transmission de conseils, l'atmosphère et l'orientation générale de la famille en tant que cellule et en tant que composée d'individus plus ou moins conscients d'être en 448 chemin vers le même but sont absolument irremplaçables dans les premières années de la vie. Ce ne sont pas les pédagogues contemporains, confrontés quotidiennement à la carence parentale généralisée et à ses effets dévastateurs, qui me contrediront. Ceux que l'état d'être intérieur et le comportement fait réellement reconnaître comme des autorités, et non forcément ceux qui sont bardés de diplômes dénués de sens et de valeur par rapport à l'essentiel ici évoqué, ceux là doivent être recherchés dans les familles et hors d'elles pour tous ces conseils et guides, sans aucun "rapport d'autorité", ou de dépendance. Précisons ici : qu'il s'agisse du cadre familial ou du cadre scolaire, je suis absolument contre tout type de relation hiérarchique autoritaire et artificielle, telle qu'elle existe malheureusement dans presque tous nos établissements d'enseignement. Tout le monde accepte cette aberration, sans voir qu'aucune liberté authentique n'est possible dans ce contexte. Ce qui doit exister, dans tous les cas, c'est la réelle manifestation de l'autorité de ceux qui possèdent la supériorité intérieure, manifestée dans : un comportement absolument non-violent (intérieurement et extérieurement), une unité intérieure et avec tous ceux qui possèdent ou aspirent sérieusement à la possession de cet état-d'être, une harmonie dans toutes leurs extériorisations, et une orientation sans faille sur le devenir de l'Homme. Encore faut-il s'entendre sur ce que l'on exprime par "l'autorité". Une véritable "autorité" ne cherchera jamais à s'imposer. Elle rejettera toute "relation d'autorité" et renverra constamment à leur propre réalisation intérieure, ceux ou celles qui, bien souvent, se prosterneront devant lui ou elle au lieu de se mettre énergiquement au travail sur eux-mêmes. 449 Peut-être est-ce ici le lieu d'évoquer un problème sur lequel nous reviendrons. Celui de la sacro-sainte compétitivité, qui touche à celui de la rentabilité. Nous nous étonnons des guerres et conflits. Mais nous ne voyons pas que nous vivons dans un mensonge permanent, consciemment ou inconsciemment, la plupart du temps par ignorance, et que nous nourrissons nousmêmes ces guerres et conflits. Nous entretenons dans l'éducation actuelle, sous prétexte d'une émulation mal comprise, des notions élevées à l'état de vertu, comme la lutte pour la vie, la rivalité, l'ambition sociale, en bref ce que les Américains appellent le "rat-race". Et nous ne voyons pas que la conséquence directe et logique de cette éducation, basée sur un conflit intérieur entre le véritable sens de la vie et ce qui est réellement vécu, sur le conflit permanent avec soi-même (qui ne peut être positif qu'à condition de trouver une issue libératrice, qui est la victoire sur soi-même), sera inéluctablement la guerre et l'autodestruction de l'humanité. Elle débouche quasi-automatiquement sur le conflit avec autrui, sur un plan individuel et collectif. Il est donc temps de passer à une éducation par et pour le conflit (même si l'on ne s'en aperçoit pas toujours), à une éducation qui guide vers l'issue libératrice du conflit. Le système nerveux, en relation avec le système hormonal, a besoin, pour pouvoir être la base d'un développement complet et harmonieux, de cette atmosphère paisible et structurante à laquelle Comenius fait allusion à plusieurs reprises.. Et nous avons vu que tout le corps procède de, et participe à l'avènement de l'homme véritable. Les très délicates fonctions physiques en formation chez le jeune doivent donc être traitées avec grand soin, ce qui 450 n'est pas fait, loin s'en faut, dans les écoles actuelles. Nous avons montré l'ensemble du corps humain, de façon très sommaire bien entendu, afin de bien montrer que tout y est conçu pour cette éducation universelle libératrice, pour cette ouverture du cœur et cet épanouissement de l'âme, premier pas sur le chemin de la véritable Humanité. Et nous reprendrons ces paroles des fondateurs de la Rose-Croix classique, transmises par Jean Valentin Andreae dans la "Fama Fraternitatis". Je pense que ces paroles s'appliquent encore plus particulièrement à notre époque de transition. Elles marquent ainsi les immenses possibilités actuelles qui doivent être manifestées par des têtes, des cœurs et des mains d'hommes : "C'est pourquoi, ô mortels, nous devons déclarer ceci : Dieu a décidé de rendre au monde … la Vérité, la Lumière et la Dignité à qui il ordonna de quitter le Paradis avec Adam, afin d'adoucir la misère humaine. C'est pourquoi il est maintenant nécessaire que cèdent toute erreur, ténèbres et servitude qui se sont progressivement emparées des sciences, des œuvres et des gouvernements des humains, au cours de la progression de la révolution du grand globe, de sorte que la majorité des hommes se sont obscurcis. De là est née une infinie diversité d'opinions, des altérations, des errances, qui rendent le choix difficile, même aux hommes sages que la renommée des philosophes d'une part et la vérité de leur propre expérience d'autre part, plongent dans la confusion. Lorsque, comme nous en avons la certitude, toutes ces choses auront disparu, nous verrons à leur place une ligne de conduite qui demeurera éternellement la même Bien qu'il s'accomplisse grâce aux travailleurs, le 451 Grand œuvre dans toute son ampleur est du à l'instant spécifique de notre époque bénie. Et de même que nous reconnaissons que beaucoup d'esprits éminents ont contribué par leur réflexion à la future réformation, nous ne nous approprions nullement la gloire de ce qu'une telle tâche nous incombe, mais nous témoignons, par l'Esprit de Christ notre Sauveur, que les pierres se présenteraient plutôt que Son divin Plan ne manque d'exécutants. Dieu a envoyé des messagers de Sa volonté, des étoiles apparues dans le Serpentaire et dans le Cygne, les grands signes de son puissant Conseil, afin de nous apprendre que, si tout ce que le génie de l'homme a découvert était rassemblé, Il le ferait servir à son ordonnancement caché. Le Livre de la Nature est par conséquent dévoilé à tous les yeux, mais bien rares sont ceux qui peuvent le lire, plus rares encore ceux qui peuvent le comprendre. … Et dans très peu de temps viendra l'époque qui s'approche à grands pas, où la langue recevra l'honneur d'exprimer tout ce qui auparavant a été vu, entendu et senti dans les siècles passés. Après que le monde se sera éveillé de son sommeil d'ivresse bu à la coupe empoisonnée, l'homme ira à la rencontre du Soleil levant, tôt le matin, le cœur ouvert, la tête découverte et les pieds nus, jubilant et rempli d'allégresse." Nous le proclamons hautement : si nous ne constituons pas dans les plus brefs délais notre pensée autonome, libre et psycho-spirituellement mûre, nous aurons raté notre vocation humaine, en cette vie en tout cas. Et c'est toujours, comme chacun aura pu l'expérimenter dans sa vie personnelle, ici, maintenant, dans cette vie, que "cela" se passe! 452 Ce qui donne un sens, la racine même de la signification et du but de notre monde devront être à la base, à l'arrière plan de toute la vie sur cette planète (et d'ailleurs dans l'univers entier), dans un avenir plus ou moins proche. Car à quoi sert une éducation si elle ne donne pas un sens à la vie. A quoi sert la vie si elle ne s'accorde pas au sens qui est le cœur même de sa manifestation. L'orientation générale de l'éducation est primordiale et devrait donc pouvoir librement être déterminée par des hommes et des femmes qui ont compris ce sens et connaissent par expérience personnelle les problèmes du chemin libérateur, ou en tout cas y aspirent de tout leur être. Le principe qui devrait ici être de rigueur est le suivant : la plus grande unité dans la plus grande liberté. Par unité, il ne faut pas ici entendre ce qui malheureusement existe de nos jours. Le propos suivant n’apparait pas directement et apparemment à placer ici Mais Il y est très étroitement relié : nous voyons le rôle déterminant que la femme est appelée à jouer dans les années à venir, à condition qu'elle mette ses possibilités au service de la conquête universelle de la maturité psychospirituelle. Dans les Ecoles de Pythagore, pépinières d'Hommes et de Femmes pour l'époque grecque, une place particulière était réservée dans l'initiation féminine, à cette noble tâche de l'éducation des enfants et du rôle confirmé par l'expression, guidée par le maître, des liens et des affinités qui existent par exemple entre les pierres, les fleurs, les animaux et lui-même. Le jeune peut donc maintenant aussi découvrir progressivement, grâce à une approche et un vocabulaire 453 simple et imagé, les correspondances avec la Terre, la Lune, les planètes, l'Univers et ses lois universelles et méta-universelles. Une culture "encyclopédique" et "scientifique" pourra donc être "préparée", à condition de rester évocatrice et ludique. On prépare ici l'approche d'une véritable éducation de l'âme, comme le suggérait déjà Socrate. Nous approfondirons plus en détail ces aspects concrets du travail dans les écoles maternelles, bien que nous ne possédions pas d'expérience personnelle à ce sujet. Elles doivent être, selon nous, de véritables "jardins d'enfants" où le jardinier doit veiller à ne pas "forcer" trop rapidement les plantes, afin qu'elles deviennent saines et vigoureuses. Cet apprentissage se faisait, au cours des siècles passés, et il se fait encore, quoique plus rarement, au sein des familles elles-mêmes. Nous n'insisterons jamais assez sur le rôle primordial, dans un sens négatif ou positif, suivant la compréhension et le niveau de conscience, (eux-mêmes modifiables par une éducation des parents et des futurs parents) de la structure familiale pendant les six premières années de la vie de l'enfant. L'exemple, la transmission de conseils, l'atmosphère et l'orientation générale de la famille en tant que cellule et en tant que composée d'individus plus ou moins conscients d'être en chemin vers le même but sont absolument irremplaçables dans les premières années de la vie. Ce ne sont pas les pédagogues contemporains, confrontés quotidiennement à la carence parentale généralisée et à ses effets dévastateurs, qui me contrediront. Ceux que l'état d'être intérieur et le comportement fait réellement reconnaître comme des autorités, et non forcément ceux qui sont bardés de diplômes dénués de sens et de valeur par rapport à l'essentiel ici évoqué, ceux là doivent être recherchés dans les familles et hors d'elles pour tous ces 454 conseils et guides, sans aucun "rapport d'autorité", ou de dépendance. Précisons ici : qu'il s'agisse du cadre familial ou du cadre scolaire, je suis absolument contre tout type de relation hiérarchique autoritaire et artificielle, telle qu'elle existe malheureusement dans presque tous nos établissements d'enseignement. Tout le monde accepte cette aberration, sans voir qu'aucune liberté authentique n'est possible dans ce contexte. Ce qui doit exister, dans tous les cas, c'est la réelle manifestation de l'autorité de ceux qui possèdent la supériorité intérieure, manifestée dans : un comportement absolument non-violent (intérieurement et extérieurement), une unité intérieure avec tous ceux qui possèdent ou aspirent sérieusement à la possession de cet état-d'être, une harmonie dans toutes leurs extériorisations, et une orientation sans faille sur le devenir de l'Homme. Encore faut-il s'entendre sur ce que l'on exprime par "l'autorité". Une véritable "autorité" ne cherchera jamais à s'imposer. Elle rejettera toute "relation d'autorité" et renverra constamment à leur propre réalisation intérieure, ceux ou celles qui, bien souvent, se prosterneront devant lui ou elle au lieu de se mettre énergiquement au travail sur eux-mêmes. Peut-être est-ce ici le lieu d'évoquer un problème sur lequel nous reviendrons. Celui de la sacro-sainte compétitivité, qui touche à celui de la rentabilité. Nous nous étonnons des guerres et conflits. Mais nous ne voyons pas que nous vivons dans un mensonge permanent, consciemment ou inconsciemment, la plupart du temps par ignorance, et que nous nourrissons nousmêmes ces guerres et conflits. Nous entretenons dans 455 l'éducation actuelle, sous prétexte d'une émulation mal comprise, des notions élevées à l'état de vertu, comme la lutte pour la vie, la rivalité, l'ambition sociale, en bref ce que les Américains appellent le "rat-race". Et nous ne voyons pas que la conséquence directe et logique de cette éducation, basée sur un conflit intérieur entre le véritable sens de la vie et ce qui est réellement vécu, sur le conflit permanent avec soi-même (qui ne peut être positif qu'à condition de trouver une issue libératrice, qui est la victoire sur soi-même), sera inéluctablement la guerre et l'autodestruction de l'humanité. Elle débouche quasi-automatiquement sur le conflit avec autrui, sur un plan individuel et collectif. Il est donc temps de passer à une éducation par et pour le conflit (même si l'on ne s'en aperçoit pas toujours), à une éducation qui guide vers l'issue libératrice du conflit. Au fond, quel est le cœur du problème? On observe, soit par indolence, soit par "mauvaise éducation", ou les deux, un général et chronique "manque d'amour", qui fait bien souvent suite à une ouverture du cœur "incomplète". L'inconscience à ce sujet, le conditionnement général entretenant les valeurs soi-disant "viriles", dont il faut petit à petit prendre conscience pour s'en détacher grâce à une raison naissante, et la dévalorisation de cette valeur de l'amour, fondamentale( qui fait maintenant plutôt sourire), devront dans un proche avenir être progressivement éradiqués. On peut réaliser facilement que tout le travail serait beaucoup plus simple si, entre 4-6 ans et 9-11 ans, l'ouverture du cœur était consciemment et systématiquement entretenue, guidée par des maîtres la possédant déjà ou y aspirant avec grande intensité. Retenons ici qu'une plante a besoin d'air, d'eau et 456 de terre, d'énergie aussi (soleil et forces de rayonnements). L'animal a besoin aussi, en plus, d'énergie sidérale, affective, émotionnelle. L'homme a besoin de toutes ces choses, plus d'une énergie de nature mentale, qu'il pourra éventuellement développer, si tout se passe bien, de façon structurée et vraiment autonome, entre 19-28 ans. Et ce n'est que s'il parvient à l'autonomie du penser, qui pourrait s'élaborer à ce moment si tout était fait pour (et ce n'est actuellement pas du tout le cas) qu'il pourra réellement se différencier de l'animal. Il se reliera ainsi aux aspects métapsychiques, qui feront de lui un homme véritable. On ne devra jamais perdre ces choses de vue, même avant 15 ans. Cette liaison lui permettra de se relier véritablement au et de devenir véritablement conscient sur le plan universel et méta-universel. Et, nous le répétons, cette liaison existe déjà, latente, (de même que tout ce dont nous venons déjà de parler), et doit être soigneusement préservée et protégée, jusqu'à ce qu'elle s'épanouisse, se construise en tant que direction consciente du système. Société et Education Nous constatons donc que, sous de nombreux aspects, tout le corps est conçu pour servir ce grand processus auquel Comenius et ses amis nous convient. Nous pouvons ainsi toucher du doigt qu'un tel travail sur soi, auquel nous sommes tous appelés, ne peut être un simple travail intellectuel, et qu'il va nécessairement provoquer des modifications en profondeur jusque dans le système corporel lui-même. Il est de nos jours nécessaire d'opérer en soi457 même, et donc en chacun (chez le jeune en ce qui nous concerne ici), de faciliter l'opération de cette fameuse "percée de conscience", si nécessaire si nous voulons permettre l'accès du jeune à un stade vraiment humain. Ce n'est qu'ainsi, par une auto-révolution intérieure prise en main par chacun, que la face du monde pourra être éventuellement changée. Et là commencent à se poser les vrais problèmes. Quand nous sommes confrontés, en tant qu'éducateurs, à la nécessité intérieure de cette auto-révolution, et que nous effectuons les premiers pas dans cette direction, il est inévitable qu'au début nous soyons tentés, dans le jeune enthousiasme de notre découverte, de partager ce que nous venons à peine d'entrevoir au lieu de le consolider. Heureusement qu'existe cette sacro-sainte laïcité, qui n'est bien souvent que la possibilité laissée à l'idéologie dominante de s'exprimer au détriment de tout ce qui n'entre pas "dans le moule". Oui, car il faut bien que le pédagogue comprenne ceci : plus l'individu en formation est jeune, plus il est sensible à l'aspect subtil des choses, à ce qui est "dans l'air", dans l'atmosphère. Le jeune enfant, avant cinq ans, considère la mort comme une absurdité (et, dans un certain sens, peut-être a-t-il raison). L'essentiel, l'absolu, l'éternel, ont pour lui bien plus de réalité que pour nous qui vivons dans un monde bien souvent orienté sur la pratique quotidienne que nous appelons concrète. Et, nous insistons : ici les parents ont une grande responsabilité. Il fut un temps où les parents (les futurs grands parents) enseignaient aux futurs parents la signification de la venue au monde d'un enfant. Il était 458 clair pour les deux membres du couple, quand ils voulaient bien écouter les conseils des grands-parents, ou des plus sages parmi les membres de la communauté familiale, qu'une âme allait leur être confiée, et que l'aspect visible de l'enfant à naître, quoique important en tant que support pour la reconstruction de l'être humain véritable, n'était pas un but en soi. Et les contes, l'orientation intérieure de la "couverture familiale", ainsi que divers autres moyens, auxquels fait allusion Comenius dans "l'Ecole de l'Enfance", permettaient de maintenir vivace et de faciliter l'épanouissement de ce germe d'éternité. Quand on étudie la vison supérieure d'un homme comme Comenius en ce qui concerne l'enseignement, tout en replaçant dans son contexte socioculturel le vocabulaire du XVIIe siècle employé par celui-ci, on observe à tous les instants qu'il allie l'aspect spirituel à l'aspect psychique et matériel, car l'homme est, à part entière et quoique de façon quasi latente, corps, âme, et esprit. Et ceci aussi bien dans les objectifs que dans les applications. Ex : "Ce qu'il faut avoir en vue, c'est d'éclairer les hommes par la vraie sagesse; de les organiser par une parfaite administration civile, de les rattacher à Dieu par la vraie religion, pour que personne ne puisse faillir à sa mission ici-bas. On obtiendra ce résultat si tout le monde apprend : a) A connaître tout ce qui est nécessaire en gardant toujours les yeux ouverts (l'œil est le miroir de l'âme). b) A choisir ce qu'il y a de meilleur, à agir partout dans un esprit de perfection, à jouir de chaque chose tout en limitant ses besoins; 459 c) A rechercher le bien suprême, à ne s'unir indissolublement qu’à ce bien et à atteindre ainsi la béatitude. En résumé, il faut être raisonnable pour l'éternité et ne pas être déraisonnable pour le monde. Ce sont par conséquent trois choses que nous recommandons : Il faut amener à l'instruction universelle : 1) tous les hommes 2) dans toutes les choses 3) pour qu'ils soient universellement instruits. - Tous les hommes, cad tous les peuples, Etats, familles et personnes, sans exception aucune car ils sont tous des hommes qui ont la même vocation à une vie suivant les voies indiquées par Dieu, mais qui est semée de trappes et obstruée de divers obstacles. Il sera donc nécessaire d'éclairer judicieusement tous les hommes, si possible, de toute folie pour qu'à l'avenir on n'entende plus les lamentations bien connues qui disent que partout il n'y a que des fous (…) etc…" Je dois bien préciser que mon expérience pédagogique de 37 ans m'a montré effectivement, même si je n'ai pas encore atteint, il s'en faut, à la parfaite sagesse, que nous pouvons toujours observer que "il n'y a que des fous" et ce à de multiples niveaux, malgré le travail intérieur accompli par ceux qui entretiennent une nouvelle atmosphère à laquelle peuvent se relier tous ceux qui désirent devenir des guides, afin de redonner son vrai sens à ce monde. Et c'est à ces individus que se sont adressés Comenius et ses amis, C’est à eux que s'adressent tous ceux qui ont quelque peu pris conscience de la nécessité et de l'urgence de ces choses. Un des aspects de la tâche de l'humanité actuelle est donc de parvenir (et un nombre non négligeable d'entre nous en sont déjà là) à cet état d'être limite (mais 460 en liaison directe avec l'humanité-âme du sixième domaine cosmique, et non avec les sphères limites supérieures, extrêmement piégeantes, du septième), où nous pouvons comprendre ces choses : 1) Je suis incomplet, inachevé, inaccompli par rapport à l'état d'être humain véritable. 2) Avec les organes dont je dispose dans leur état actuel de développement, il m'est impossible de passer "de l'autre côté de la frontière" 3) Seule une révolution intérieure et extérieure me permettra d'accomplir la "réformation", puis la "transformation" de mon être entier, comme le formulaient les Cathares. La question lancinante qui nous reste est donc : "Comment réaliser ces choses?" Et c'est à cette question que Comenius et ses amis, (et, très modestement, je me compte parmi ses amis, à mon petit niveau) tentent et tenterons de répondre jusqu' ce fameux règne des mille ans, double métaphore indiquant soit une civilisation gnostique, soit l'état de l'humanité au moment où tous et toutes auront compris et réaliseront concrètement ce travail universel. On retrouve, dans les grandes lignes de force de son travail, projetées pour l'humanité présente et à venir, tous ces aspects. Dans l'introduction à son œuvre capitale, la "Consultation Universelle pour l'Amendement des choses Humaines" (toutes les citations formulées dans ce travail sont provisoires, notre équipe de traduction étant loin d'avoir achevé son travail, et seule "La grande didactique”, “Le labyrinthe...” et l’Unique Nécessaire étant disponibles en librairie ), "adresse aux 461 Lumières de l'Europe, hommes savants, pieux, éminents", nous pouvons lire : "…demeurent les confusions liées à la vie du monde, comme toujours… 4 - Qu'est-ce qui nous empêche donc de tenter de savoir si vraiment des énormités aussi diverses, aussi absurdes, aussi funestes, peuvent en général être corrigées par quelque moyen et enfin, à la fin des fins, enlevées un jour ou l'autre du genre humain, de façon universelle et définitive… 6) …ce qui vient à la compréhension … et du désir que nous avons de cet amendement. Le problème est de parvenir soi-même à l'accomplissement de cette tâche et de guider en même temps autrui, en toute discrétion, sans se sous-estimer ni se surestimer, En effet, quand un être humain est parvenu à se rapprocher du but ici entrevu, il s'intègre logiquement à une chaîne de la libération, où chacun est non seulement tenu, mais ne peut faire autrement, poussé par un grandissant sens de sa responsabilité vis à vis de la manifestation universelle, que d'apporter sa contribution au "grand œuvre alchimique" de rétablissement de notre domaine de vie par une élévation de niveau de conscience. Ainsi ce n'est que si nous nous élevons audessus de ce monde, en ne lui appartenant plus, que son ordre originel pourra être rétabli, puisque l'ordre espacetemps ne fut créé que pour pallier à la situation créée par la catastrophe évoquée plus haut. Il s'agit donc de modifier notre attitude face à ce monde, de nous en détacher, de le vaincre, de la façon la plus radicale qui soit, en ne le désirant plus, en plaçant 462 notre aspiration dans la réalisation de cet état d'être qui nous permettra de quitter ces ternes champs de la mort et de réintégrer les domaines de l'humanité véritable. Il n'est donc pas question de lutter contre ce monde, ni de prendre parti pour tel ou tel système d'organisation de celui-ci, non, comme disent les soufis "il est temps de quitter ce monde", ou dans la Bible : "levez-vous, partons d'ici". Cela a l'air très simple, en effet. Mais notre sang, notre être tout entier, du plus dense au plus subtil, comme notre champ de vie actuel, est tellement imprégné de l'esprit de la lutte pour la vie et de l'auto-conservation qu'il va falloir procéder à la foi avec grande prudence et en même temps de façon très radicale en ce qui concerne ce pour quoi nous pouvons avoir prise, à commencer par nous même, pour ne pas tomber dans l'imitation et dans l'artifice. Il est vrai que cela est probablement parfois inévitable quand le changement de notre nature n'est pas encore suffisamment avancé, mais nous devrons développer le discernement nécessaire et le dynamisme qui nous permettrons de surmonter les obstacles. Nous possédons, il est vrai, cette petite voix, ce libre-arbitre dont nous avons fait un usage si funeste, mais il s'agit de développer la capacité d'écoute, de conscience et de responsabilité, suivant le principe qui reviendra encore à plusieurs reprises "Savoir, Oser, Vouloir, Agir." Nous voyons que nous nous trouvons placés devant une tâche ardue. Comment faire donc, quel combat mener, sans lutte ni héroïsme. Comment la foi suffisante, nos possibilités latentes, non encore manifestées et la maturité d'âme capable de déceler, de discerner en nousmêmes et autour de nous pourront-elles se développer. Il va bien falloir apprendre, non seulement à écouter la 463 petite voix intérieure, mais aussi à lui être fidèle, car si nous lui obéissons, elle nous servira de compas infaillible. Quel est l'état actuel, selon ma propre expérience "sur le terrain", des problèmes dans le domaine éducatif, attribuant à ce terme un sens beaucoup plus vaste que celui couramment entendu ? 464 Recherche et éducation, notre responsabilité : - L'époque actuelle est caractérisée par une intense recherche. Ce travail sur soi, cette prise de conscience, cette aspiration à la réalisation en soi-même et par soi-même d'un état-d'être, d'une conscience radicalement différente de cette conscience-moi qu'on accepte si facilement par ignorance d'autre chose, sont les préalables par lesquels tout éducateur digne de ce nom doit passer. En quoi consiste-t-il? Quelles valeurs doiventelles être remises à l'honneur ? Nous devons avant tout nous libérer, nous détacher, en parfaite présence, de toute forme d'éducation conditionnante. Sans cela nous retomberons dans les mêmes travers, producteurs de tensions, de violences, de conflits et de guerres. Parallèlement, constatons qu'il existe deux tendances dans l'éducation, dont l'une englobe l'autre. Restons cependant conscients qu'il n'y a pas là dualité, mais passage progressif d'un état de conscience dans l'autre Nous distinguerons donc, pour les besoins de la 465 recherche, la voie dure, qui ne peut s'effectuer que sous un certain degré de contrainte, car elle ne recouvre qu'une partie de la réalité humaine. Elle correspond à un certain type d'homme, qui tend lentement à disparaître au cours de l'histoire. C'est l'homme de la masse, grégaire, victime d'autorités ignorantes et par là-même des puissances de ce monde. Et puis la voie libératrice, qui tend, elle, par une réelle connaissance de soi, du monde, de la vie et de leur signification profonde, à un devenir véritablement humain. Cette éducation peut, doit devenir, être l'affaire de tous. Elle est par nature hostile à toute contrainte, sans exclure l'usage de règles "naturelles", se doit de faciliter l'approche du jeune dans le contexte social, mais exclusivement dans le sens où le groupe "société" redevient ce qu'il n'aurait jamais du cesser d'être, c’est à dire un cosmos vivant de pont vers l'état humaindivin.Elle doit impliquer en une libre collaboration, parents et éducateurs, dès la naissance des enfants et même avant. Les jeunes, eux aussi, à partir du moment où ils deviennent capables d'assumer positivement des responsabilités peuvent et doivent être amenés à soutenir et à collaborer à cette révolution des mentalités. Dans ce processus éducatif s'instaure un échange où les protagonistes sont tous en perpétuelle situation d'apprentissage et de découverte, éducation de tous par tous. La construction d'une pensée libre en est à ses balbutiements chez un nombre croissant d'individus. La responsabilité des parents, des éducateurs, et des jeunes qui commencent à comprendre ces choses est ici immense. En effet tous peuvent et doivent collaborer harmonieusement à ce processus éducatif. 466 Discernement, et connaissance - Poésie, théâtre et histoire. : Là où il serait bon de faire preuve de plus de discernement, c'est quand on sépare les facultés de la tête de celle du cœur et des mains, le domaine de l'intuition et de la réalisation de celui de la raison. Il n'y a dans l'intuition rien d'irrationnel ni d'inexplicable, et donc une éducation de la véritable intuition doit être possible. Tout cela est connu et rabâché depuis de nombreuses années, mais est-ce vraiment appliqué? Nous disons : Non ! Tout reste à faire ! Rappelons que la science moderne a pu mettre en évidence que, d'une certaine façon, une cellule était consciente de l'univers entier. Pourquoi ne le deviendrions-nous pas? La connaissance véritable n'a rien à voir avec un quelconque savoir intellectuel. Celui-ci en est un aspect parcellaire. En ce sens, elle est intemporelle : on retrouve dans l'histoire, de l'intérieur d'abord, puis manifestées dans des textes identifiables, des traces de cette connaissance. Cela pourrait donner un tout autre sens à la pédagogie de l'histoire, à l'histoire de la pédagogie, et donc à l'histoire tout court, car qu'est-ce que l'histoire si ce n'est celle du progrès psychospirituel humain et donc de l'éducation. Encore faut-il s'entendre ici sur la notion de progrès. Le progrès ne se manifeste certainement pas en termes de produit national brut ou de moyens technologiques, mêmes si ceux-ci peuvent se révéler utiles, à condition de ne pas avoir de désastreuses conséquences pour la planète. Non, l'évolution de l'humanité se mesurerait plutôt, à notre avis, au pourcentage d'hommes psycho-spirituellement mûrs, ou en chemin vers cette 467 réalisation intérieure consciente. L'approche historique est un élément de l'approche universelle. Cependant, si l'on accepte la place de cette approche (que nous appellerions "transdisciplinaire" dans le langage moderne) dans le contexte du projet libérateur de Comenius et de ses amis, la perspective devient très intéressante. L'étude des documents n'est pas ici à remettre en question. Mais l'intérêt de l'étude et de la recherche historique ne se situe plus alors dans la description événementielle, ni dans l'interprétation, rarement libre, de présupposés idéologiques. L'apprentissage de l'histoire devient réflexion sur les conditions favorables à l'éveil de l'homme et à sa maturation psychospirituelle, et sur les réactions de l'humanité aux impulsions libératrices. Celui qui étudie les textes cherche à alors à comprendre de l'intérieur les causes et les conséquences de l'apparition des civilisations gnostiques, et celles des difficultés provoquées par les sociétés basées sur la tyrannie, qui prend de nos jours la forme du conditionnement. Le vrai pédagogue pourrait aussi avec profit être un poète et un homme de théâtre. Comenius a utilisé le théâtre à des fins pédagogiques. La poésie, la vraie, implique un effort d'élévation, une aspiration à un état de vie parfait, ou l'expression d'une réalisation de cet ordre. Elle peut aussi inciter à cette réalisation. Or l'éducation est au fond (ou doit redevenir) l'apprentissage et la reconnaissance intérieure d'un tout nouvel état de conscience, état dont la présouvenance existe encore de façon très vivace chez le jeune enfant (jusqu'à l'âge de quatre ou cinq ans l'immortalité est pour le jeune une évidence et la mort une absurdité). La poésie et le théâtre peuvent être de vivants moyens de préserver cette 468 ressouvenance, de la dynamiser et d'exprimer les conclusions expérimentales de chacun sur son chemin de découverte de lui-même, du monde et de la vie. Un grand réalisme est cependant ici nécessaire. Le poète doit être celui qui réalise et non celui qui rêve ou "poétise". Sa poésie doit être celle d'un individu au moins en chemin vers la perfection L'acte est ici fondamental, le comportement doit témoigner d'un état d'être constamment remis en question, sinon le danger guette, celui de se perdre dans les nuages et de passer à côté de la véritable réalisation intérieure. Il s'agit tout d'abord d'arriver à favoriser, à permettre la liaison avec la source intérieure de toute connaissance. Et toute éducation digne de ce nom se doit de faciliter, de préserver cette possibilité. En fait c'est cela qui lui confère un sens. Quand on en est arrivé là, on n'a pas besoin d'apprendre pour savoir, et il est possible de saisir le fil d'or des siècles qui permet de reconnaître à coup sûr, puis de vérifier de façon objective à partir de textes l'inspiration libératrice de tel ou tel travailleur. L'intérêt de faire surgir à la conscience contemporaine, de faire connaître à notre temps les travailleurs spirituels du passé réside en ce qu'il est là démontré la continuité d'un message. Au sujet de la laïcité, il est peut-être intéressant de citer cet article, tiré de la revue "Rencontre", même si je ne partage pas les vues idéologiques implicites de son auteur : "La laïcité républicaine, valeur fondamentale de la 469 vie collective en France est aujourd'hui insidieusement remise en cause, attaquée, menacée de nombreux côtés par des fanatismes de toutes sortes, et diverses formes d'intégrismes lesquels sourdent du racisme, de l'antisémitisme, du sectarisme … Certes, nous n'en sommes pas encore aux attentats des intégristes islamiques, Juifs, Palestiniens, Iraniens, Irlandais (catholiques et protestants, donc soi-disant chrétiens, NDA) , etc… , sans parler de tout ce qui fonctionne sur le schéma : nous sommes et possédons la vérité, et vous devez penser, agir, et vivre comme nous, que l'on retrouve aussi bien dans les partis de gauche que de droite, pensée qui cherche à devenir unique. Mais peut-être nous faut-il devenir plus vigilants; L'homme étant ce qu'il est, on peut s'attendre à tout de lui, même d'apparemment "bons pères de famille" à qui "on donnerait le bon dieu sans confession". (…) Le mot intégrisme, rappelons le, semble être apparu en Espagne en 1870, pour désigner un parti politique qui voulait restaurer l'intégrité des traditions catholiques, et rétablir la soumission de l'état à l'église, (…)Le pape Léon XIII tentera par tous les moyens de contrecarrer tous les mouvements libérateurs de la pensée, qui déstabilisent l'édifice romain. Il instaure alors une stricte discipline de pensée dogmatique contraignante qu'il veut voir appliquer à tous les besoins de la société, s'insinuant aussi dans la vie privée des individus, en fixant des règles de vie et des interdits, brandissant devant eux les affres de l'enfer s'ils venaient à y désobéir. Et même si, avec le temps, il y a eu quelques aménagements ici et là, ce "diktat intellectuel" est encore 470 appliqué dans la tête de certains. …libre à eux! Au nom de la plus stricte laïcité, charbonnier est maître chez lui ! Mais il est inconcevable qu'il puisse gérer, ou tenter de gérer, une société toute entière ! Or, voici que nous voyons surgir, dans nos hôpitaux, nos salles de spectacles, (nos écoles, nos lycées,…NDA) et jusqu'à l'Assemblée Nationale, des groupes d'inquisiteurs moyenâgeux derrière bannière et crucifix. Voici qu'à nouveau, nous entendons des imprécations lancées du haut de chaires et de podiums …et voici des projets de lois rétrogrades présentés à l'approbation de nos députés. Dans leurs circonscriptions, nos élus sont souvent pris à parti (ou manipulés, c'est selon) par des hordes bien pensantes (de droite comme de gauche , de toutes confessions et de toutes tendances…NDA) , ayant une sainte horreur de pas mal de choses (et surtout de leur corps ! ), l'I.V.G., le préservatif, la mixité, …etc…etc… Toutes œuvres diaboliques… Mais jamais on ne les voit s'enflammer tout autant pour les SDF, la misère, le chômage, la drogue, etc… la libération de la pensée et l'autonomie de l'homme …etc NDA …etc … " Nous sommes à un tournant de l'histoire de l'humanité… Mais l'histoire de l'humanité en est toujours plus ou moins à un "tournant". En tout cas, si ce n'est encore le cas, et si nous devons mériter le nom d'homme que nous nous attribuons si généreusement, nous devons remettre la Haute Raison du Cœur, qui est largement plus que l'intellect, "au programme", car nous souscri471 vons aux paroles d'Edgar Morin : "L'homme est un animal non seulement insuffisant en raison mais aussi doué en déraison." Et nous le proclamons hautement : si nous ne constituons pas dans les plus brefs délais notre pensée autonome, libre et psycho-spirituellement mûre, nous aurons raté notre vocation humaine, en cette vie en tout cas. Et c'est toujours, comme chacun aura pu l'expérimenter dans sa vie personnelle, ici, maintenant, dans cette vie, que "cela" se passe! Ce qui donne un sens, la racine même de la signification et du but de notre monde devront être à la base, à l'arrière plan de toute la vie sur cette planète (et d'ailleurs dans l'univers entier), dans un avenir plus ou moins proche. Car à quoi sert une éducation si elle ne donne pas un sens à la vie. A quoi sert la vie si elle ne s'accorde pas au sens qui est le cœur même de sa manifestation. L'orientation générale de l'éducation est primordiale et devrait donc pouvoir librement être déterminée par des hommes et des femmes qui ont compris ce sens et connaissent par expérience personnelle les problèmes du chemin libérateur, ou en tout cas y aspirent de tout leur être. Le principe qui devrait ici être de rigueur est le suivant : la plus grande unité dans la plus grande liberté. Par unité, il ne faut pas ici entendre ce qui malheureusement existe de nos jours. Ce autour de quoi on essaie d'instaurer une unité est en effet d'avance voué à l'échec. Puisqu'il n'y a là aucune valeur stable, aucun principe essentiel, il est normal que l'on ne puisse construire quelque chose de solide. Cette orientation devra librement imprégner toute la vie individuelle, familiale, 472 collective. En effet, en général, que se passe-t-il ? Nous avons déjà vu que le principe de rentabilité et d'exploitation est la plupart du temps à la base de l'unité que l'on tente de réaliser. Et l'on s'ingénie maintenant à mondialiser le problème. Les rivalités régionales et nationales peuvent être un obstacle à la rationalisation de l'exploitation des ressources, la nature humaine tendant, quand elle n'a pas appris (et nous verrons que nous donnons aux mots apprentissage et apprendre un sens beaucoup plus vaste et plus profond que celui qu'on lui attribue ordinairement) le sens de sa vocation, à vouloir accaparer pour soi, pour sa famille, son groupe ou son pays, ce qui fait que les intérêts locaux rentrent souvent en conflit les uns avec les autres. Nous disions plus haut que le problème devenait plus subtil. On pourrait facilement souscrire à une mondialisation de l'économie et de la culture si l'on n'en voyait pas l'arrière-plan. Ces choses sont connues et de nombreux chercheurs en font état. Mais le problème est : qu'en faisons-nous? L'inertie ne nous pousse-t-elle pas trop facilement à accepter des compromis avec l'état animal-humain, à considérer la lutte pour la vie comme un phénomène parfaitement acceptable pour l'homme. Il devrait pourtant consacrer son énergie à de plus nobles buts et à la réalisation de perspectives qui lui sont bien plus proches qu'il ne l'imagine. Mais tant que l'orientation générale ne change pas, et nous savons que, Dieu soit loué, ce processus de mutation est en marche, il est plus difficile de faciliter la pratique d'une vie de conscience plus élevée par : le détachement des choses de ce mondes, la limitation des besoins matériels au minimum biologique, éléments du chemin que tout homme est 473 appelé à parcourir. L'erreur se situe ici sur le plan fondamental. On fixera bientôt ouvertement, si ce n'est déjà fait, des objectifs socio-économiques mondiaux, sans changer de fond en comble la nature humaine. On veut donc créer une unité artificielle extérieure, sans s'attaquer à la racine même du problème, racine qui ne peut être arrachée que par l'individu lui-même. Ceci est le problème alchimique par excellence. Et il requiert une toute nouvelle façon d'aborder l'éducation, de même la vie individuelle, familiale et sociale. Il se pose aussi bien au niveau individuel qu'au niveau universel. L'unité intérieure, comme l'unité universelle, ne peuvent être fondés sur le monde tel que nous le percevons, qu'il s'agisse de l'aspect visible ou invisible, perçu par certains. L'erreur provient de ce que nous croyons trouver le but de la vie dans ce que nos sens actuels nous montrent. C'est le vieux mythe du Paradis sur terre, l'espérance qu'en changeant l'homme et le monde sur la base de notre conscience actuelle, conscience centripète, conscience du moi, nous allons réaliser et accomplir notre vocation. Or notre conscience actuelle, nous l'observons bien tous les jours, nous colle à la peau. Certains parmi nous sont bien conscients de l'erreur du "moi", ils n'en veulent plus. Pourquoi? C'est qu'à l'arrière-plan de leur conscience commence à naître quelque chose de tout-autre. Si la conscience du moi a été nécessaire pour la constitution d'un embryon de penser individuel, la réalisation d'une pensée vraiment autonome nécessite un changement radical, une révolution intérieure absolue. L'orientation, de centripète qu'elle était, doit devenir centrifuge. Nous devons comprendre la nécessité inéluctable, pour devenir des êtres humains dignes de 474 ce nom (ce qui est ou devrait redevenir le but de toute éducation véritable), de travailler pour la manifestation universelle, en commençant par un service impersonnel à notre entourage (et c'est uniquement là, rappelons-le, à part les impératifs de survie, que réside l'intérêt pédagogique de la vie socioprofessionnelle). N'hésitons pas à nous répéter, car il y a là quelque chose que l'homme à un mal infini à réellement intégrer et comprendre : ne perdons pas de vue, (cela conditionne toute l'orientation de notre travail) que le but n'est pas le monde que nous percevons, ni sa contrepartie invisible, même si ils ont un rôle important à jouer. Nous devons collaborer à la compréhension, par expérience personnelle, du monde en tant que "maison de transit", vaste école qui a une leçon à nous apprendre. La réalisation de la maturité psychospirituelle ne trouvera en effet son couronnement que dans un ordre de nature complètement différent. Pour paradoxal que cela puisse paraître, cet ordre de nature, dans certaines conditions, peut être appréhendé ici et maintenant. La plupart des parents, qui devraient être considérés, et surtout se considérer eux-mêmes, comme des éducateurs à part entière, même si leur rôle est quelque peu différent de l'éducateur "professionnel", sont en général maintenus, par un système de conditionnements complexes dont il leur est difficile de se libérer, dans l'ignorance et l'illusion concernant le Sens, donc le But et surtout la Réalisation de la Vie. Pourquoi? Pour la pure et simple raison, soit qu'ils en sont rarement conscients et donc bien entendu ne peuvent être convaincus de l'urgence et de la nécessité de s'en libérer, soit qu'ils considèrent ce conditionnement comme "naturel" , ce qui est un comble, ou "culturel", ce qui est donner un sens 475 bien limitatif à la culture. L'énergie est habituellement dirigée presque exclusivement sur le plan horizontal des choses, celui de la survie, vers la rentabilité et la consommation, et les valeurs révolutionnaires qui permettraient à l'homme d'entrevoir une issue libératrice sont noyées dans l'agitation et la peur, élevées au rang de vertus, ou au moins acceptées comme faisant partie de la "nature humaine". Et cela continue, de génération en génération en génération. Quelques éducateurs prennent conscience de ces choses. Mais, soit ils ne croient pas à la possibilité de rétablir une orientation positive et en harmonie avec le but fondamental de la Vie, et baissent les bras devant un système écrasant et stérilisant, soit ils font figure d'utopistes, de doux rêveurs, et quand ils veulent s'attaquer au problème en eux-mêmes, donc que cette connaissance d'eux-mêmes et du monde rejaillit sur leur enseignement, ils sont regardés de travers ou récupérés, sinon persécutés. Et les jeunes, sauf rares exceptions, suivent les rails qui leur ont été tracés par leurs aînés. Comment faire : formation des parents, des futurs parents et des maîtres : - Comment se libérer de ce cycle infernal? Où faire porter l'effort? Un nombre croissant d'hommes et de femmes doivent tout d'abord devenir conscients de ces choses, et se décider ensuite à les appliquer dans leur vie quotidienne. Ceci rejaillira à plus ou moins long terme, et le plus tôt sera le mieux, sur tous les aspects de la vie du groupe humain. Rappelons encore que l'objectif n'est 476 pas une lutte politico-sociale pour la réalisation d'un "royaume terrestre", car l'instauration d'un pseudo-paradis terrestre, prison dorée, ne correspond pas au sens, ni à la nature, de notre monde. Ainsi pourra se développer, telle une tache d'huile, au niveau individuel, familial, local, régional, interrégional, national, international, et universel, une toute nouvelle orientation, conséquence du travail intérieur des plus conscients d'entre nous, qui démontreront entre autres une serviabilité et un don total d'eux-mêmes au service de tous. Et, par bonheur, nous pouvons observer que les forces libératrices actuellement à l'œuvre en ce monde poussent à ce type de travail. Ce qui fait que de plus en plus comprennent : ils sont constamment renvoyés à eux-mêmes. Ils sont donc mûrs pour collaborer à l'orientation vers un réel devenir humain et vers une compréhension positive du monde et de la vie. Même s'ils sont peu nombreux, de plus en plus de parents ont des exigences convergentes pour leurs enfants. Ils accepteront de plus en plus difficilement que l'étincelle, le germe d'une vie qu'ils pressentent soit étouffé par une éducation trop normative, destructrice en ce qui concerne l'essentiel. Et cela continue, de génération en génération en génération. Quelques éducateurs prennent conscience de ces choses. Mais, soit ils ne croient pas à la possibilité de rétablir une orientation positive et en harmonie avec le but fondamental de la Vie, et baissent les bras devant un système écrasant et stérilisant, soit ils font figure d'utopistes, de doux rêveurs, et quand ils veulent s'attaquer au problème en eux-mêmes, donc que cette 477 connaissance d'eux-mêmes et du monde rejaillit sur leur enseignement, ils sont regardés de travers ou récupérés, sinon persécutés. Et les jeunes, sauf rares exceptions, suivent les rails qui leur ont été tracés par leurs aînés. Comment faire : formation des parents, des futurs parents et des maîtres : - Comment se libérer de ce cycle infernal? Où faire porter l'effort? Un nombre croissant d'hommes et de femmes doivent tout d'abord devenir conscients de ces choses, et se décider ensuite à les appliquer dans leur vie quotidienne. Ceci rejaillira à plus ou moins long terme, et le plus tôt sera le mieux, sur tous les aspects de la vie du groupe humain. Rappelons encore que l'objectif n'est pas une lutte politico-sociale pour la réalisation d'un "royaume terrestre", car l'instauration d'un pseudo-paradis terrestre, prison dorée, ne correspond pas au sens, ni à la nature, de notre monde. Ainsi pourra se développer, telle une tache d'huile, au niveau individuel, familial, local, régional, interrégional, national, international, et universel, une toute nouvelle orientation, conséquence du travail intérieur des plus conscients d'entre nous, qui démontreront entre autres une serviabilité et un don total d'eux-mêmes au service de tous. Et, par bonheur, nous pouvons observer que les forces libératrices actuellement à l'œuvre en ce monde poussent à ce type de travail. Ce qui fait que de plus en plus comprennent : ils sont constamment renvoyés à eux-mêmes. Ils sont donc mûrs pour collaborer à l'orientation vers un réel devenir humain et vers une 478 compréhension positive du monde et de la vie. Même s'ils sont peu nombreux, de plus en plus de parents ont des exigences convergentes pour leurs enfants. Ils accepteront de plus en plus difficilement que l'étincelle, le germe d'une vie qu'ils pressentent soit étouffé par une éducation trop normative, destructrice en ce qui concerne l'essentiel. L'effort doit porter sur les futurs parents. Comment ? Les éducateurs de l'enseignement supérieur et de fin de cycle secondaire ne doivent pas seulement expliquer les phénomènes vitaux, mais leur sens. La venue d'un enfant dans le monde doit être clairement montrée comme une chance, pour cet homme ou cette femme en devenir, de devenir en vérité libre. La nécessité d'attendre de posséder une maturité, une responsabilité suffisante pour collaborer à la naissance, à la croissance, à la maturité de cet être doit être soulignée (en principe tout devrait être fait pour qu'une naissance ne survienne pas avant que les deux parents n'aient au moins 28 ans, âge où, si tout se passe bien, il serait possible que les véhicules humains de base soient formés). De même la responsabilité de l'auto-préparation à cette venue doit être nettement pointée : les deux parents doivent être conscients de ce qu'ils devront assumer celle-ci sans compter sur qui que ce soit, tout en laissant la possibilité d'obtenir, conseil, guide et assistance, si cela se révélait nécessaire, auprès de ceux qui sont plus avancés qu'eux sur le chemin de la Vie. A propos de la préparation à la tâche de parent, précisons que nous sommes tous parents, dans la mesure ou nous sommes tous co-responsables, par nos pensées, nos émotions, notre comportement, de l'éducation (educere : guider hors de ce monde provisoire, non pas 479 par autodestruction, ni départ dans une partie quelconque de notre univers spatio-temporel, mais en échappant structurellement, en cette vie même, à la spatio-temporalité)Elle doit donc commencer le plus tôt possible, et ceci dans le sens ici esquissé. Toutes les perspectives affectives et socio-économiques bien souvent à l'arrière plan de la naissance sont ici à examiner avec la plus grande prudence. Cet événement doit retrouver son caractère sacré. Ce qui implique que les notions de respect de la vie, de responsabilité et d'autonomie doivent retrouver le premier plan, cela non pas seulement de façon théorique, mais dans tous les aspects de la vie de tous. De plus, aucune occasion ne devra être perdue, par exemple au cours de lectures ou d'explications de porter l'accent sur la merveille qu'est la vie. Il faudra montrer comment un être, qu'il s'agisse d'une pierre, d'un végétal, d'un animal, ou d'un être humain, se développe en harmonie avec sa nature propre s'il est placé dans des conditions qui y sont favorables. Le sens de la vie, de la naissance à l'épanouissement, devra être souligné dans son ensemble. Le maître ou la maîtresse devront donc déjà avoir une recherche personnelle avancée en la matière, et donc avoir reçu ce type d'éducation ou l'avoir acquis par euxmêmes. Ceci montre bien, soit dit en passant, et nous y reviendrons brièvement, que la formation initiale des maîtres doit au moins durer jusqu'à 28 ans. Les maîtres qui deviennent conscients de la nécessité de cette orientation, au cours de leur travail pédagogique, devront faire un effort supplémentaire pour redresser la barre, car nous ne nous libérons pas si facilement d'un système qui nous a broyés si longtemps. Mais "le temps ne fait rien à l'affaire", si l'orientation conséquente tend à être maintenue de façon constante. 480 Et dans cette tâche qui doit être accompagnée dès avant la naissance, parents et éducateurs doivent réellement collaborer. On assiste malheureusement, enseignants et parents conscients le savent bien, à une incompréhension mutuelle qui trouve sa source évidente dans l'ignorance relative des deux parties. Oui, parents et éducateurs doivent réellement travailler ensemble. Comme nous le disions plus haut, les tâches de parent et d'éducateur doit être revalorisées. Dans l'état actuel des choses, par quoi commencer ? VI) Formation et ouverture. Les piliers de l'éducation : - Dans une ville, il y a des écoles maternelles, primaires, secondaires, et parfois des Universités. Il est bien évident que le travail de sensibilisation des parents, surtout dans les villes ou la population est le plus en difficulté, doit commencer le plus tôt possible. Mais ne nous y trompons pas, le niveau de conscience n'est pas forcément plus élevé à Neuilly qu'à Goussainville, même si en moyenne le niveau culturel l'est. Et il est quelquefois plus difficile et plus subtil de comprendre qu'une idéologie très performante dans le domaine socioprofessionnel peut être catastrophique sur le plan pédagogique. Une façon de penser qui soutient et entretient un nombre de plus en plus important de foyers de guerre dans le monde, du fait des valeurs érigées au rang de vertus telles que la compétitivité et la lutte pour la vie, est terriblement destructrice pour l'éducation. Celle-ci doit viser à une nouvelle civilisation où les quatre piliers de base seront la non-violence, l'harmonie dans toutes les extériorisations, l'orientation parfaite vers l'auto-réalisation, autolibération de l'essentiel en l'homme, et l'unité véritable sur la base de ces 481 choses, pour tous ceux qui accepteront consciemment cette Révolution intérieure non-violente. Une éducation sérieuse doit soutenir cette orientation, sinon elle n'est pas digne de ce nom. Les plus jeunes enfants sont plus près des notions d'absolu et de liberté. Il faut donc veiller à ce que, dès la maternelle, l'ouverture aux choses essentielles de la vie soit maintenue et entretenue par des contes, la musique, les activités créatrices, l'observation du monde guidée intelligemment par les éducateurs, et surtout que l'on n'endommage pas les si délicates fonctions du cerveau, du système nerveux, et des glandes à sécrétion interne, par un entraînement intellectuel trop précoce ; Certains préconisent une préparation à l'apprentissage de la lecture dès la crèche ! Nous expliquerons plus loin en détail pourquoi il est d'une importance vitale que les apprentissages faisant intervenir un fonctionnement mental trop structuré n'ait pas lieu avant 5/6, 7 ans, si ce n'est sur le mode ludique. Ici se pose immédiatement le problème de la formation. Il faut être lucide. La société et son cortège d'impératifs " économiques” ne se laisseront pas faire. Les bouleversements qu'implique une telle conception révolutionnaire de l'éducation ne se feront pas sans mal. Il est question ici de balayer des préjugés millénaires qu'au cours des siècles bien peu d'hommes ont réussi à surmonter. Ce qui compte c'est, dans un premier temps, qu'un maximum de formateurs et d'étudiants soient tellement sensibilisés à ces choses qu'ils en viennent à les considérer comme si essentielles qu'ils n'hésitent pas à les mettre en pratique contre vents et marées. Car ce n'est que par la base, ce n'est que si un nombre croissant 482 d'individus se met réellement au travail alchimique sur lui-même, même s'il ne lui donne pas de satisfaction en ce monde, que les objectifs de l'éducation pourront être changés. Et alors on pourra espérer que la compréhension du monde et de la vie en tant qu'ordre de secours pourra à nouveau se répandre et être acceptée. Répétons le, ces choses ne pourront être prises en main par un nombre suffisamment important d'éducateurs, de jeunes, de parents, que si le caractère d'urgence en est reconnu. Et pour que les nouvelles orientations libératrices de l'éducation puissent trouver leur application dans les faits, il est indispensable qu'elles soient acceptées et donc reconnues comme fondamentales, une question de vie ou de mort. Et c'est bien de cela qu'il s'agit, d'accomplir ou non, au cours de cette vie, de réaliser ou non en nous, ce pour quoi nous vivons. Sinon, notre vie n'a aucun sens, et c'est une mort lente. De plus, il suffit d'ouvrir un peu les yeux pour constater que les valeurs en vogue sont celles de rentabilité, de compétitivité, qui n'ont d'autre sens que celui, animal, de profiter au maximum des ressources de la planète,( déjà bien abîmée : le cri d'alarme est déjà poussé depuis longtemps, mais les intérêts financiers et de pouvoir sont tellement forts qu'il est déjà très difficile de faire entendre raison.) L'exaltation du moi et du groupe auquel on appartient, même si ce groupe est celui de la population terrestre, manifeste l'emprise d'un énorme ego, à l'échelle terrestre, et même plus. Ces valeurs mènent l'homme à l'abîme, sans parler des violences endémiques et des guerres, des comportements déviants, presque considérés comme "normaux", à moins de passer pour un vieux réactionnaire rétrogra483 de etc... Mais n'est-il pas évident que le retardataire en la matière est celui qui accepte le retour à l'animalité de ses "congénères" ! Quand vous voyez quelqu'un se noyer, vous ne dites pas : c'est normal, vous lui tendez une perche ! Quand vous voyez quelqu'un patauger dans l'obscurité la plus noire, les tensions les plus effarantes, soit vous le laissez, car vous ne pouvez rien, soit vous allez vers lui avec le peu de lumière qui reste en vous, mais vous ne dites pas, c'est normal ! Tout cela n'est pas nouveau, et correspond à une fin de civilisation. Le problème est que ce cancer s'étend à la planète entière, et qu'il passe donc beaucoup plus facilement pour "normal"... Ce que peut faire l'éducateur n'est évident au début que pour l'éducateur, et le résultat en est un travail sur soi-même, mis au service de tous. Et si l'on considère que l'alchimie consiste d'abord en ce travail de connaissance de soi, puis de maîtrise de soi et de victoire sur soi, alors on peut affirmer que tout éducateur sérieux est par nature un alchimiste, car comment orienter, guider les jeunes qui lui sont confiés s'il ne vit pas le travail intérieur qui lui permet, à lui aussi, d'avancer sur le chemin du devenir humain. Les éducateurs sérieux doivent donc constituer comme un groupe ouvert d'hommes et de femmes qui savent vraiment ce qu'ils font et pourquoi ils le font. Que font-ils ? Leur tâche est, en collaboration avec les parents et les jeunes plus mûrs qui ont compris les objectifs et travaillent activement à les réaliser, de guider les jeunes dans quatre directions principales : le devenir humain, la biosophie ou compréhension du monde et de la vie dans toute sa sagesse, la faculté de 484 s'exprimer de façon correcte et efficace, et les "connaissances à usage socio professionnel". La première est le devenir humain véritable. Cette première orientation part du présupposé que l'homme dans son état actuel n'est pas achevé, accompli, qu'il est en chemin vers cet accomplissement, ce qui fonde d'ailleurs le projet éducatif. Le jeune comprendra facilement cela car il est luimême, dans le cadre de l'évolution "naturelle", en perpétuelle transformation. L'objectif qui lui est habituellement proposé est celui de devenir un "adulte", capable de subvenir à ses besoins, dans le cadre d'une société définie. Il faut montrer aux jeunes, dès leur plus jeune âge, par des contes, des poèmes, du théâtre, etc... qu'il ne s'agit là que d'une étape, nécessaire mais insuffisante, que le but de sa vie est beaucoup plus noble et digne d'accomplissement. Il doit être amené progressivement à découvrir en lui-même et par lui-même l'essence de cette Humanité. Le but de la vie de tout individu parvenu à une conscience relativement libre est cette réalisation. Car dès qu'un rayon de lumière luit dans notre obscurité, nous n'avons de cesse que ce rayon devienne un soleil rayonnant. A moins que nous ne cherchions à explorer et à exploiter cette lumière, auquel cas, c'est avec son reflet que nous travaillons, car la force motrice de l'univers, que certains appellent l'Amour, n'est pas pacifiste et ne se laisse pas saisir par des mains non préparées et avides. Mais l'on cherche à utiliser cette force de façon égocentrique, et c'est ce que nous observons autour de nous avec les résultats catastrophiques que l'on peut facilement constater, qu'il s'agisse de l'ego du monde, avec ses multiples intermédiaires, ou du moi, et cette puissante force continue à s'offrir, en sacrifice indi485 cible. Toutefois à un taux vibratoire abaissé, afin que les expériences, négatives ou positives, aient finalement démontré à l'homme l'impasse dans laquelle il s'était luimême fourvoyé, et la nécessité d'une éducation absolument autre. Cependant les limites finissent par être atteintes, et nous sommes à un tel moment. C'est pourquoi il n'est pas besoin d'être grand prophète pour affirmer, sans aucun risque de se tromper, que la corruption et la tromperie ne pourront plus durer bien longtemps, car l'univers solaire et donc aussi la terre s'auto-protègent. Il en sera bientôt de nous tous que nous devrons ou comprendre et agir en conséquence, ou être neutralisé, d'une façon ou d'une autre, mis "hors d'état de nuire", mais cela par des moyens extrêmement pacifiques et pourtant imparables. Nous verrons alors qu'il existe encore bien d'autres puissances que celles de la police, de l'armée du canon, du bâton, et même de pouvoirs plus ou moins subtils utilisant les forces cosmiques de ce monde. Et ceci nous amène à parler du problème de la "discipline". La mentalité de "sale gamin" de l'homme, qui s'est démontrée au cours des siècles, accumule des dangers pour la nature, dont la fonction est entre autres de permettre une éducation Humaine. En un certain sens, on peut dire que cet "Amour", de même que la Nature qui en est l'expression, ont leurs "exigences". A l'échelle d'une vie, qui nous intéresse ici, et sur le plan pédagogique, le jeune, passé un certain âge, a besoin, quoique très temporairement (et là gît la difficulté) d'un référent, de règles, qui sont le plus souvent tellement évidentes, que si jusque là il a reçu la formation humai- 486 ne convenable, il va parfois jusqu'à les proposer luimême. Règles et exigences en éducation, homme-moi ou homme libre : - Ce référent ne doit pas être "personnel" au départ. Les exigences relayées et vécues par les éducateurs doivent être celles du groupe des éducateurs, du groupe des parents et du groupe des jeunes. La communauté éducative doit être progressivement amenée à comprendre, à accepter et à intérioriser ces exigences de façon "personnelles" ensuite. La plus grande rigueur est d'abord, pour l'éducateur, à avoir sur lui-même. Simultanément, et dans les grandes unités pédagogiques, qui sont d'ailleurs appelées à disparaître, la plus grande rigueur devra être mise en œuvre par rapport à ces exigences. Mais la "discipline" devra toujours être ici conçue comme un moyen de faire comprendre et intérioriser l'exigence sur soi. Il n'existe pas d'humain plus humain qu'un autre, même si les conditions particulières d'existence les font apparemment diverger considérablement. Ces exigences doivent être présentées comme "allant de soi", elles ne doivent surtout pas être considérées comme un nouveau dogmatisme, comme un but impossible à atteindre. L'homme tel que nous le connaissons actuellement, avec sa conscience plus ou moins individualisée, n'est pas, ne peut pas être le but. Il suffit d'avoir ouvert un peu les yeux sur le monde actuel et de considérer l'histoire de l'humanité pour s'en apercevoir. Et le monde dans lequel nous vivons n'est pas 487 non plus une fin en soi. L'homme et le monde actuel ne sont donc que des moyens, même si ces moyens doivent être tenus en parfait état aussi longtemps qu'ils n'ont pas encore accompli la vocation pour laquelle ils ont été créés. Or quelle est la vocation de l'homme et du monde ? Tous peuvent et doivent se rendre dignes de cette vocation ! Qu'est-ce que l'éducation énergétique, affective, et du penser autonome et véritable, ce que Platon appelait à juste titre dans "La République "L'Education de l'Ame ? " Pour l'homme devenu conscient qui éprouve constamment le besoin de se dépasser, n'est-elle pas en effet le mode d'emploi opératif qui permet d'accomplir les modifications, allant jusqu'au biologique et au structurel. Et, tel le Phénix de ses cendres, elles feront surgir l'homme vrai, l'homme originel véritable, des ruines du moi, des cendres de celui qui aura alors éteint les dernières flammèches mourantes de sa volonté-moi. L'homme-moi, tel que nous le connaissons, ne représente qu'un stade d'évolution. Il était nécessaire que nous acquerrions une conscience individualisée douée d'un embryon de pensée. Pour la plus grande partie de l'humanité, ce stade a été atteint. Mais il faut maintenant passer à la réalisation de l'alchimie de l'âme et à celle de l'esprit. Ces principes éducatifs furent connus, en cercles plus ou moins restreints, de tous les instructeurs de la période de l'humanité aryenne, qui prit son origine historique il y a une dizaine de milliers d'années en Amérique du sud, aux Indes et en Egypte, à la suite de catastrophes géologiques et telluriques qui mirent fin à la période précédente. Mais il est des moments dans l'histoire de l'humanité où l'urgence de 488 la situation commande de faire connaître ces choses, faisant soi-même tous ses efforts pour les réaliser en soi-même (... et non pas “lui imposer des respects imbéciles ; il est trop facile de lui tendre toutes les trappes de l'imposture officielle et tous les pièges de l'hypocrisie sociale ; il est trop facile, sous camouflage d'autorité scolaire, à des hommes faibles de jouer au despote, à des hommes sans jugement de trancher des raisons, à des brouillons de fausser des valeurs, à des ineptes de contrarier des aptitudes, à des déçus de se venger, à des maniaques de se repaître. …"(Gilliard) 95 Heureusement de plus en de pédagogues deviennent conscients de ces choses et pressentent qu'il devrait être possible de "faire autrement", et même bien souvent le font, sans bien trop s'en rendre compte. D'autres (N.D.A. : j'en connais personnellement) se sentent impuissants et déprimés… Le fatalisme et le misonéisme proviennent tous deux, pour une part non négligeable, d'une sensation d'impuissance, sensation qui pourrait disparaître si une issue positive se démontrait. Alors l'impossibilité de parvenir à l'ouverture nécessaire à une véritable révolution, (auto-révolution, et réaction en chaîne absolument non-violente bien entendu), en matière d'éducation, devrait progressivement céder la place dans les années à venir devant une réelle pratique et connaissance des lois qui président à la maturation psychobiospirituelle de l'homme. Toute spéculation en la matière devra donc s'évanouir devant la réalité d'être de ceux qui, jeunes actuellement parmi nous, peut-être même pas encore nés, seront parvenus, grâce à la mise en pratique de cette Nouvelle Education, à la possibilité de la réalisation des objectifs proposés par les pionniers de la pédagothéra489 pie psychospirituelle Nous devons bien réaliser ici que, si de nombreuses écoles ont vu le jour depuis Comenius (Steiner, Decroly, Freinet, Montessori, Krisnamurti, etc, …), elles sont encore loin d'accomplir le but ici proposé, mais se contentent bien souvent de reproduire un savoir qui ne rend pas plus sage. Ces écoles, qui présentaient à l'origine, quand elles étaient encore marginales, des aspects très encourageants, ont été amenées à vouloir s'étendre, et par là-même à plus ou moins "pactiser avec l'ennemi". Ce qui arrive aussi parfois, c'est qu'elles apportent des éléments pour un développement psychobiologique inadéquat et parfois même dangereux et très trompeur. En effet on assiste dans ces cas là à l'illusion d'un processus libérateur, n'ayant pas pour unique but la reconstitution de l'homme triple Esprit Ame et Nouveau Corps, mais l'expansion de la conscience dans le cadre de cette nature. Les Nouvelles écoles telles que nous seront amenés à les concevoir devrons encore rester très longtemps marginales. Bien sûr, quelques "progrès scientifiques", dont nous ne nions pas l'utilité dans le monde dans lequel nous vivons, sont à porter au crédit de l'intellect et de la mémoire humaine. Mais ils correspondent la plupart du temps à une vision parcellaire de la raison et de la connaissance, et ne sont jamais des éléments "de première main". Personne ne niera que l'état général du monde, est, en un certain sens, encore bien pire que celui qui existait du temps de Comenius, tout en offrant peutêtre, paradoxalement, plus de possibilités libératrices pour ceux qui y aspirent. C'est pourquoi son introduction de la "Prière au Père des Lumières" ne surprendra personne : 490 "Voici, les ténèbres recouvrent la terre et l'obscurité les peuples." Et pourtant, si l'on décidait une bonne fois pour toutes de viser au devenir humain sur le long terme, sans oublier la nécessaire guérison et surtout la prévention, l'hygiène, qu'elle soit mentale, émotionnelle, comportementale ou physique, au lieu de pallier le chaos par des solutions dans le cadre étouffant d'un manège d'illusions, et tout cela sans se décourager si les résultats escomptés se font un peu ou même beaucoup attendre, alors cette obscurité reculerait certainement au même rythme que le découragement et l'impuissance qui accompagnent l'ignorance. l'Ecole "ordinaire", bien souvent, organise de façon systématique l'uniformisation, et le broyage "militaire" de l'individu. Ecoutons encore une foi de plus Gilliard, qui a la chance encore, "à plus de 60 ans, de sentir les plus mûres, les plus méditées indignation de (sa ) vieillesse passionnément solidaires des instinctives révoltes de son enfance" : "L'école ferme la bouche qui dirait, bravement, des choses; elle fait ouvrir la bouche qui rend, baveusement, des leçons. Elle boucle, indignée, la bouche qui s'ennuie; elle graisse, enchantée, la bouche qui dégoise. Il est scandaleux de dire : "Je m'ennuie", il est infiniment louable de dire: "Darius Codoman fut vaincu par Alexandre au Granique", ou: "1453, prise de Constantinople par les Turcs". Or, refuser à un élève le droit de montrer qu'il s'ennuie, c'est l'obliger à un mensonge d'attitude, et l'inviter à parler de Darius Codoman, c'est l'induire à commettre une impertinence. Car j'appelle impertinence cette assurance empruntée, de la veille, ou du jour même, au manuel de la classe ou au discours du maître. Je hais ce savoir d'Ecole appliqué 491 avec de la mauvaise colle de salive, et qui tient tout juste le temps qu'il faut pour faire un effet "notable" (valoir 9 ou 10); ce pauvre savoir de "parade": exactement de quoi parer aux menaces du règlement pénitentiaire, nullement de quoi préparer aux risques de la liberté volontaire. Je comprendrais fort bien un enfant qui, sachant sa leçon, refuserait de la réciter, de répondre à l'offensant défi du régent "noteur". Par respect de la propriété qu'il vient d'acquérir. L'école ne fabrique que des répétiteurs. Elle est incapable de forger un auteur. L'auteur est celui qui refuse de répéter (N.D.A., même si ce que je fais ici y "ressemble" fort), et garde le silence jusqu'au moment où il peut réinventer. " Or, quand il y a vraiment changement en profondeur, mutation vraie, quand l'homme commence à surgir dans toute sa qualité, il peut enfin y avoir créativité authentique, épigenèse pure. L'erreur générale, se situe sur le plan pédagothérapeutique fondamental. Si l'on se reporte à notre époque, on voit que le moment n'est pas loin, si ce n'est déjà fait, ou on fixera des objectifs socio-économiques mondiaux, sans changer de fond en comble la nature humaine. On veut créer une unité artificielle extérieure, sans s'attaquer vraiment à la racine du problème, racine qui ne peut être arrachée que par l'individu lui-même. C'est le problème auquel furent confrontés tous ceux qui voulaient enseigner quelque chose d'essentiel depuis l'Egypte et même bien avant. L'Egypte avait résolu le problème grâce à son système pédagothérapeutique relié au temple, base de la société. L'organisation du temple et de l'accès à "la sagesse" permettait à l'indivi492 du qui en montrait les aptitudes d'être attiré, guidé vers le temple, grâce à la triple configuration suivante : La vie "ordinaire", où ceux qui étaient "ouverts de cœur" pouvaient déceler l'âme d'exception qui, ensuite était guidée vers le péristyle, puis vers le temple intérieur, lui même comprenant plusieurs aspects. Les temps ont changé et, de nos jours, de nombreux chercheurs possèdent les qualités nécessaires à la mise en œuvre de la Nouvelle éducation pour eux-mêmes, leur famille, leur entourage, et, pour ceux qui seront appelés à devenir des professionnels en la matière, leurs élèves. L'illumination, telle que la présente Comenius dans sa prière au Père des Lumières, peut d'ailleurs très bien s'expliquer raisonnablement. Pour être efficace et réaliste, les problèmes issus des conceptions actuelles de la famille et de l'éducation, d'avant la conception à l'âge adulte, devront être examinés à la lumière d'une vision pédagothérapeutique et biosophique au sens spirituel. IL est fort clair et évident que nous n'avons rien à voir, mais absolument rien, avec la communauté des "Amish". Loin de nous l'idée de vouloir y puiser quoi que ce soit. Seulement, à long, peut-être très long terme vu la situation totalitaire française en matière d'éducation, nous voulons nous aussi notre école pour nos enfants, et pas celle que l'on nous propose, pas celle de la corruption et de l'égoïsme exacerbé, pas celle de la lutte pour la vie ( et quelle vie !… ), érigée en principe immuable. Nous nous opposons à toute forme d'humanitarisme et à quelque tentative d'Eldorado ou Paradis sur terre. Nous avons l'enseignement universel, et nous 493 espérons que de plus en plus d 'élèves pourrons dire qu'ils s'y abreuvent directement grâce à leur âme nouvelle. Mais il peut être ici intéressant de citer la "Suite des méfaits" tirée du livre "trois pamphlet pédagogiques" 96, où Denis de Rougemont, en 1972, constate que ce qu'il écrivit dans "les méfaits de l'instruction publique" est toujours valable (sous bien des aspects, cela l'est encore : je précise que j'enseigne depuis justement 1972). Voici l'extrait : ' L'enseignement vivant de l'écologie "partant des réalité proches et visibles", me paraît le plus propre à déclencher le processus de révolution que j'appelle : elle n'est ni de gauche ni de droite, elle n'oppose au profit sacralisé que l'honneur …, et c'est d'elle que dépend l'avenir de l'Ecole, de l'Europe et du Monde. Je la réclame en une seule phrase : "le civisme commence au respect des forêts." Les Amish, membres d'un mouvement religieux américain d'origine hollandaise, suisse, et alsacienne ou rhénane, arrivés aux E.U. vers 1680, refusent d'envoyer leurs enfants à l'école, comme la loi veut les y obliger. Ils viennent de remporter une première victoire, après des décennies de procès régulièrement conclus à leur dépens : " Attendu que L'Etat du Wisconsin n'a pas prouvé que l'éducation scolaire officielle était indispensable pour faire un bon citoyen…"la Cour suprême acquitte un père accusé d'objection scolaire (Les Amish au seuil de l'an 2000 par Renée et Pierre Gosset, Journal de Genève, 26 Juin 1972). Les Amish vont pouvoir élever leurs enfants dans 494 leurs propres écoles, qui ressemblent à ce que demande Ivan Ilich (même si nous ne sommes pas d'accord en tout point avec lui) : une classe unique, les aînés aidant les plus jeunes à apprendre à lire écrire et compter, à écrire en calligraphie, à parler l'anglais et l'allemand, à observer les lois de l'hygiène et à connaître l'Evangile. La communauté des Amish produit tout ce dont elle a besoin et refuse tracteur et auto. Le Président de la Cour suprême a prêté une oreille attentive au rapport des autorité locales : "Jamais, de mémoire d'homme, un Amish ne comparut devant un tribunal pour un délit autre que le refus d'envoyer ses enfants à l'école." On peut lire dans les attendus du jugement de la Cour suprême : "Une façon de vivre qui nous paraît étrange et même erratique, mais qui n'interfère pas avec les droits ou les intérêts d'autrui, ne saurait être condamnée parce qu'elle est différente. Et rien ne nous permet de présumer que la majorité actuelle a raison de vivre comme elle vit et que les Amish ont tort de mener leur vie comme ils le font…" Je tiens ces phrases pour simplement sublimes.'” Nous aussi, nous ne cautionnons pas la façon de vivre de la "majorité". Nous aimerions donc qu'il soit donné au plus grand nombre possible d'enfants, et à long terme à tous les enfants, la possibilité de s'épanouir sur les plans psychiques et spirituels aussi bien que matériel (l'émotionnel et le mental, abordés tels qu'ils le sont actuellement, font partie pour nous de l'aspect matériel). Et nous pouvons affirmer que de nombreux problèmes et impasses, dans une société dont les mobiles profonds et donc les fondements sont l'égoïsme et la lutte pour la 495 vie, y font obstacles dans l'éducation traditionnelle. En effet, toute notre organisation sociale, ou presque a pour unique but (et ceci pas de façon toujours très consciente), la perpétuation et/ou l'amélioration d'un ordre basé sur les oppositions, la lutte pour la vie, la rentabilité, le pouvoir, etc… Actuellement, logique et langage (en France surtout, plus particulièrement la langue maternelle) puisqu'ils sont au service quasi exclusif d'une insertion socioprofessionnelle comprise de travers, dominent la scène éducative. Les jeunes sont donc dressés afin d'obtenir des diplômes, pour avoir un métier, une place dans un système qui n'a besoin d'eux que pour en tirer un maximum de profit. Et ceux qui, au sommet de cette pyramide du pouvoir et du profit, tirent les ficelles de ce jeu macabre, sont eux-mêmes les victimes conscientes ou inconscientes d'un jeu analogue qui trouve sa source dans l'invisible Citonds ici un passage du livre de Jan van Rijckenborgh, “Démasqué”. Précisons que Jan van Rijckenborgh, de même que son frère ZW Leene et Mme Catharose de Petri, étaient des envoyés de la Fraternité Universelle et qu’ils parlaient de ce qu’ils savaient. Ceci fut écrit dans les années 1950. “La hiérarchie dialectique trouve sa source dans les domaines invisibles, domaines des morts de notre domaine de vie. Que veut la hierarchie dialectique? Qu’est-elle obligée de faire pour assurer son existence ? Elle doit rétablir l’équilibre entre ses besoins en force-lumière et la production de forces lumière par l’humanité, celle ci étant insuffisante vu la baisse d’activités idéalistes dialectiques; Donc, il lui faut : 496 -des sources de force- lumière venant des domaines intercosmiques , et -l’humanité vivant dans la matière; celle-ci doit être amenée à puiser aux sources intercosmiques et à transformer ce qu’elle a assimilé, car LA HIERARCHIE DIALECTIQUE DE L’AUTRE CÔTÉ DU VOILE NE LE PEUT PAS ! Ainsi ces illégaux de la sphère réflectrice pourront piller ces énergies et s’en repaître afin de prolonger leur existence de l’autre côté. Quasiment toute l’activité humaine un peu “gouvernante” trouve ici sa cause cachée... C’est pourquoi la situation actuelle de l’humanité n’est pas sans danger! La période actuelle, et nous le comprenons maintenant d’autant mieux, se caractérise par des évènements formidables et des chocs violents, dégageant de fortes émotions. Et c’est pour cela que tout pédagogue sérieux n’entretiendra jamais quelque contact que ce soit avec la sphère réflectrice (domaine dialectique de l’autre côté du voile). Car, par son travail spirituel même, il échappe à cette nature, attaque, désorganise, affaiblit, les fondements de “l’ordre” dialectique. Et donc tous les éons de la nature avec leurs forces et leurs subordonnés deviennent alors ses ennemis déclarés, au mépris même de toute norme de civilité ou de considération sentimentale. Le travailleur pédagogique spirituel n’utilisera comme “arme” que l’orientation sur les courants de grâce. Surtout, il veillera en premier lieu sur lui-même, car lorsqu’une personne veut faire ou être quelque chose pour autrui, il faut d’abord qu’elle en soit capable.” 497 (Citation approximative, mais qui conserve absolument l’esprit, et par extraits) Cela ne peut plus durer De plus en plus de pédagogues ont déjà fait l'analyse précise des méfaits de ce système (Gilliard, etc, et toute l’école des sciences de l’éducation Helvétique, par exemple). Le travail pédagogique, ou pédagothérapeutique, doit en un premier s'attaquer à tous ces conditionnements, et ceci directement auprès des jeunes, qui comprennent bien plus vite que leurs aînés, car, de façon plus ou moins consciente, ils étouffent dans la plupart des écoles . La méthode consiste donc à faciliter l'accès de chaque jeune à son être profond, de façon de plus en plus consciente. Ajoutons ici simplement qu'une révolution cosmique et atmosphérique est actuellement en cours, et que ses répercussions visibles comportent bien entendu un important chapitre éducatif à tous les niveaux de la société : "…Sans contrainte, toute l'humanité sera baignée dans le développement impérieux de l'âme vivante. Ceci rend nécessaire de ramener le développement intellectuel du moment, développement destructeur et qui rend 498 dément, à un point de départ initial, le point de départ que nous désignons comme étant l'état de vie préadamite. Ceci impliquera bien entendu un enseignement totalement nouveau. Comprenez-vous maintenant l'initiative prise les deux dernières années par la Rose-Croix moderne, par le Lectorium Rosicrucianum, afin de fonder une toute autre sorte d'école pour instruire nos enfants? Comme nous pouvons l'espérer, maintenant que vous voyez clairement comment et pour quelle cause l'humanité entière menace de sombrer, donnerez vous quand même, de bon cœur, vos enfants à des écoles accordées à une telles société? Pour les livrer dès l'âge de six ans, donc sans volonté sous ce rapport, à leur perte et, tout au moins, les conduire plus tard à une grande lutte de vie? Nous n'incriminons pas en cela le pouvoir intellectuel de l'homme car ce pouvoir est un privilège divin merveilleux. Mais il faut en faire un juste emploi! C'est pourquoi une école nouvelle est de nécessité urgente pour nos enfants, à qui vous tenez tant, que vous choyez tellement, ce que nous pouvons à chaque instant constater lorsque vous êtes occupés à jouer et à parler avec eux sur les pelouses de nos centres de conférences. Si vous aimez réellement vos enfants, comprenez ces choses et soutenez notre travail en vue de parvenir à un enseignement totalement nouveau." (La Fraternité Mondiale et les dangers de l’eglise, Editions du Septénaire, 54, Tantonville). Le problème est donc ici clairement posé : Comment allons-nous faire pour faciliter la rééducation de nos dirigeants, qui seront " appelés internationalement à prendre la direction, chacun à sa façon, chacun 499 dans sa tâche, d'une toute nouvelle méthode d'éducation de toute l'humanité" ( "La Fraternité mondiale et les dangers de l'église"p.51, ed.1964), et pour fonder une toute nouvelle éducation de nos enfants. Celle-ci devra répondre à de multiples questions, et en particulier à celles-ci : "Comment pourrons-nous permettre l'accès à l'apprentissage de la découverte et de la réalisation de l'unique but de la vie", et "Ce faisant, comment arrêter de forger les armes de la lutte pour la vie, celle-ci étant déjà bien trop ancrée dans le sang". En chaque pédagogue doit exister une claire conscience : 1) Des voies et des moyens, qui, sans étouffer l'ouverture du cœur (5-10 ans), permettent au jeune de se structurer. Et ces voies et ces moyens devront être utilisés de façon très libres, tant que les objectifs fondamentaux sont atteints. Ce sur quoi il faut ici insister, ce sont : la qualité de l'atmosphère scolaire, l'épanouissement de l'être profond, et parallèlement de la jeune personnalité, tout en donnant la priorité au développement psychospirituel, de façon adaptée à la compréhension du jeune, la conscience biosophique, c'est à dire la découverte du monde et de la vie et de leur sens profond, au début de façon intuitive, et bien entendu l'acquisition de compétences utiles à une autonomie socioprofessionnelles. Entre 0 et 6 ans, on veillera en particulier à ce que surtout des moyens ludiques et de découverte attrayantes soient utilisés, tout en veillant avec rigueur à la qualité des relations. 2) De ce que l'unique méthode sera : Tout en veillant à la qualité des périodes de silence indispensable, mettre 500 en œuvre et surtout faire mettre en œuvre les processus d'apprentissage facilitant progressivement, et cela plus prédcisément après 20 ans, la conquête d'une réelle autonomie de la pensée, des émotions et des actes. Nous rencontrons et rencontrerons des résistances. Bien que de nombreux parents prennent de plus en plus rapidement conscience des incohérences au niveau des emploi du temps, trop nombreux sont-ils encore, ceux qui accordent une importance excessive aux résultats scolaires. Car les programmes actuels sont bien souvent sans valeur essentielle. Mais ceux qui auront été éduqués selon la nouvelle éducation n'éprouveront aucune difficulté à comprendre n'importe quel problème, à résoudre toute situation utile qui se trouverait sur leur chemin, et à acquérir n'importe quelle connaissance dont ils auraient besoin. Un des aspects de la nouvelle éducation sera le développement des facultés de l'intuition. Or, le système éducatif dans son état actuel ne pousse pas les jeunes à une réelle maturité responsable élargie au plan biopsychospirituel. Les résultats scolaires n'ont donc actuellement que peu de sens, ou en tout cas un sens très relatif. Les jeunes, naturellement plus influençables, ont beaucoup de mal, quand on leur en laisse la possibilité, à prendre leur apprentissage en main. Pour simplifier, ils en sont parfois à réclamer l'esclavage et l'uniformité. Et on ne peut leur en vouloir, puisque c'est ce dont ils furent nourris jusque là. Nous pouvons donner de nombreux exemples, mais nous nous contenterons d'un seul. Les jeunes ont la 501 "parole". Cad qu'ils peuvent pratiquer la délation et dénoncer les professeurs qui travaillent de façon "peu orthodoxe"."Inquiets pour leur examen", car ils ne connaissent que le système de bachotage, et ils refusent la liberté de recherche et d'apprentissage ; ils vont voir leur proviseur, qui convoque le professeur. Celui-ci est délicatement sermonné. Bien sûr, comme ce professeur (moi-même) a toujours eu de bons résultats et est inattaquable (peu lui importent inspecteurs et avancement), il laisse passer l'orage, et organise son travail afin d'arrondir les angles avec les élèves, sans abandonner l'essentiel de son orientation. Au pire, cette classe, la seule qui pose problème en ce sens, aura une expérience négative dont il est à espérer qu'elle tirera leçon dans un avenir plus ou moins proche. Et au fond, les diplômes ne sont, au regard d'un véritable développement en profondeur, que des chiffons de papier. On voit par là, et ce cas peut être multiplié, ne seraitce que dans le même établissement, et à fortiori à l'échelle française, qu'un tout nouvel éclairage est à apporter, une toute nouvelle orientation; Et nous pouvons constater que des enseignants comprennent d'ores et déjà de façon suffisamment claire l'inanité de la "logique scolaire" actuelle. Même si nous restons sur le plan du droit classique de nos sociétés, il y a encore beaucoup à dire. A propos de la "citoyenneté", tarte à la crème classique de nos éducateurs patentés, nous pouvons lire sous la plume de Bernard Defrance, professeur de philosophie au Lycée Pierre de Coubertin à Meaux, dans "Les Cahiers Dynamiques", revue trimestrielle de la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse : 502 "Il importe que les discours ne soient pas en contradiction avec les actes. Il ne s'agit pas ici seulement des compétences psychologiques et pédagogiques que les enseignants peuvent développer pour sortir des face à face violents, des relations duelles frontales, des rapports de force, pour inculquer des savoirs et maintenir l'ordre, mais d'abord des fonctionnements institutionnels et des statuts. On dit que les jeunes perdent leurs repères. Mais que sont ces repères dans un état de droit? Examinons quelques uns des principes qui devraient présider à la vie d'un établissement scolaire, puisqu'il s'agit des repères sociaux soi-disant "normaux": La loi est la même pour tous…Mais que se passe-t-il si j'arrive en retard? Est-ce la même chose que si un de mes élèves est en retard? Nul ne peut être mis en cause pour un comportement qui ne porte attente qu'à lui-même. Qu'arrive-t-il à l'élève qui dort sur sa table et ne dérange personne? A celui qui ne s'intéresse pas? A celui qui n'apprend pas ses leçons? Que de fois les élèves sont-ils punis pour insuffisance de résultats? Nul ne peut être juge et partie, sauf à l'école : c'est le même qui enseigne et juge ensuite les résultats de cet enseignement.… Les exigences de la vérité se trouvent donc remplacées par celles de la conformité : "Qu'est-ce que je vais pouvoir bien mettre sur cette copie qui fera bien et me permettra d'avoir une bonne note?". Apprentissage continu, 15 ans durant, de la soumission et de l'hypocrisie.… Peut-on donner tort à ceux qui refusent ce carcan? (...) Tous nos discours moralisateurs, tous nos cours d'éducation civique ne sont rien au regard de cette cont503 re-éducation civique cachée que produit la structure ordinaire des relations enseignants élèves et l'expérience quotidienne de ce rouleau compresseur que constitue l'école actuelle." De plus en plus de professeurs de toutes les matières prennent conscience, mais ils ne savent pas trop quelle orientation donner à leur révolte. Une nouvelle lumière universelle, une "Panaugia" (cf. Consultation Universelle… de J.A. Comenius) doit donc être jetée sur les objectifs et la signification de l'éducation. La connaissance devra être réunifiée de façon universelle et réaliste, cad dans un sens biosophique, afin que le jeune comprenne le sens de l'univers dans lequel il vit, avec ses lois, ainsi que son rôle et sa fonction dans cet ordre de secours, et donc sa responsabilité. De là découlera une toute nouvelle façon d'envisager les relations familiales et pédagogiques. Ce qui nous amène à considérer d'un œil tout nouveau le phénomène de la naissance Il semble que même les éducateurs à prétention spirituelle ont tendance à oublier le paradoxe qu'ils clament pourtant à haute et intelligible voix : l'homme a été créé à l'image de Dieu. L'homme, pensée divine, devait "devenir dieu", devait apprendre à utiliser ses pouvoirs au service de la manifestation universelle. Malheureusement, ce que nous connaissons actuellement de l" homme", c'est à dire les aspects matériels, et énergétiques, émotionnels, et mentaux "naturels", n'a plus rien à voir avec cet homme-dieu originel, et confondre l'un avec l'autre équivaut (Un Homme Nouveau Vient (Jan van Rijckenborgh. - Editions du 504 Septénaire, Tantonville) à comparer un être humain avec sa voix déformée par des parasites sur un poste radio mal réglé. Et pourtant cet "homme", au départ "enfant" est le point de départ de l'éducation, quelle qu'elle soit. Mais si l'on se limite au "visible", et même à "l'invisible", que même une araignée peut percevoir, alors nos chances de faire de l'éducation ce qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être, cad une voie d'accès à la reconstitution de l'homme de lumière, de l'homme microcosme doué d'une âme vivante et d'un corps immortel, seront bien entendu réduites à néant. Et c'est malheureusement ce que nous propose l'éducation traditionnelle, même d'avant garde. Mais nous entendons d'ici les sarcasmes : il faut être réaliste, nous vivons dans un monde où le jeune doit se faire sa place au soleil. Il doit apprendre un métier, conquérir une position sociale, etc…etc… Nous disons : cela est évident. Mais ce qui l'est moins, c'est la façon de faire, les priorités, la hiérarchie des valeurs qu'implique notre orientation. Tout d'abord précisons que sur le plan de la rentabilité même, (que nous ne mettons pourtant absolument pas en avant, car qui cherche à être rentable ne le sera jamais, seule la façon "écologique spirituelle"est rentable à long terme) la manière de faire qui met au premier plan, à chaque seconde, l'âme nouvelle et non l'homme de matière, est mille fois plus "rentable", mais parfois à long terme, et en tout cas sur le plan humain. Et il est évident que sur le plan éducatif, c'est quand même le plus important. N'importe quel chef d'entreprise saura par expérience que l'employé qui est capable d'abnégation et d'en505 thousiasme, qui est aussi heureux à son travail qu'en dehors, sera beaucoup plus efficace que celui qui regarde sa montre une heure avant la fin du temps "réglementaire". Or celui ou celle qui aura été formé selon une éducation psychobiospirituelle aura au moins, au minimum, et "par dessus le marché", ces qualités de base, ou en tout cas en aura compris la valeur et cherchera honnêtement à les mettre en pratique. Nous voyons que le pédagogue "spirituel" respecte tout apprentissage "socioprofessionnel, mais le considère plutôt, ainsi que toute chose en ce monde, comme un champ d'éducation de l'âme. Notre orientation, comme celle de Comenius, est purement spirituelle. En effet pour nous l'éducation n'a de sens, tout en gardant l'idée de laïcité, ( la spiritualité laïque est un concept en voie de développement) que si elle guide hors de cette sempiternelle lutte, de ce monde de séparation et de constante opposition aux lois universelles. Il s'agit progressivement de préparer l'enfant à une réelle maturité raisonnable avant l'âge de trente ans. L'homme pourrait ainsi espérer parvenir à une conscience psychospirituelle. Tout homme doit devenir éclairé, ce qui comporte le développement d'une haute raison, par la formation de l'intuition consciente et de la sagesse parfaite, par l'instauration "d'écoles chez tous les peuples, des maisons d'enseignement pour tous". Comenius, au chapitre XI de "La Grande Didactique", et dans le langage du XVIIe siècle, tente une définition de la véritable école qui pourrait mettre en œuvre cette éducation : "J'appelle école répondant parfaitement à sa destination celle qui fabrique vraiment des hommes, c'est à 506 dire celle où l'esprit des élèves baigne dans la lumière de la science, où il pénètre rapidement les choses cachées et les choses manifestes, (Sagesse, 7, 17) où l'âme et ses affections sont conduites à réaliser l'harmonie universelle des vertus, où le cœur s'enflamme d'un amour divin. De la sorte que, dès maintenant, tous ceux qui ont été confiés aux écoles chrétiennes pour être imprégnés de la vraie sagesse, s'habituent à mener une existence conforme au ciel. En un mot, la véritable école est celle où tout est enseigné intégralement à tous." Ce qui signifie entre autres la possibilité donnée à chacun de parvenir progressivement mais aussi vite que possible à une autonomie de plus en plus intériorisée, en particulier au niveau de la vraie pensée. Et le pédagogue se trouve donc placé devant un double but, retentissant d'ailleurs l'un sur l'autre : 1) Préparer le jeune à la vie sociale pour qu'il soit autonome sur tous les plans "ordinaires", et en particulier pour qu'il puisse procurer à son(ses) corps le minimum biologique dont il a besoin sans être dépendant de tiers, ce qui n'est pas si évident que cela (qui peut dire qu'il est véritablement indépendant) 2) Donner l'occasion au jeune de construire les outils de pensée qui lui permettront le développement de ce qui en lui est vraiment humain et est encore, dans la majorité des cas, présent à l'état latent. Grande didactique : p.60-61 4) L'homme naît apte… 5) …la connaissance de toutes choses est naturelle à l'homme. 507 Nous devons ici mettre l'accent sur la notion de processus, de formation nécessaire pour devenir un homme véritable, en élargissant la notion d'éducation. Que les notions purement matérielles de l'éducation soient indispensables à l'hommes, cela n'est contesté par personne. Or de nombreux préjugés doivent ici être battus en brèche. Dans la Gnose Originelle Egyptienne et son appel dans l'éternel présent, tome 2, de Jan Van Rijckenborgh, nous lisons: "Quand le cerveau vit encore uniquement du sang de la naissance naturelle, comme c'est le cas pour un jeune enfant, il n'est capable d'aucune activité de la pensée. L'activité de la pensée n'est possible pour commencer que lorsque le rayonnement de base du type vient, de l'extérieur, donner cette capacité au cerveau. Vous savez peut-être que le sanctuaire de la tête comporte sept cavités; chez l'homme l'une d'entre elles est toujours plus particulièrement active; il s'agit surtout ici d'une influence astrale ayant pour effet de libérer l'éther réflecteur, l'éther mental. Dans la nature dialectique nous vivons dans un certain champ astral dont les influences touchent le sanctuaire de la tête, se transforment d'abord en éther mental, qui à son tour active les fonctions cérébrales. Mais ne commettez pas l'erreur de croire que cet éther mental de la nature ordinaire permette au cerveau de contempler l'imperceptible, le non-manifesté. L'homme naturel ne peut ni comprendre, ni contempler ce qui n'est pas manifesté, ce qui n'est pas directement contenu dans la sphère de perception des sens ordinaires. Il peut tout au plus, le rechercher. Dans l'état d'être 508 né de la nature l'activité de la pensée, les fonctions cérébrales ne sont donc pas autonomes. En temps qu'homme dialectique vous ne pouvez pas penser librement." Toute une atmosphère éthérique, mentale, émotionnelle, entoure l'enfant depuis son plus jeune âge, que cela soit dans sa famille ( la télévision y pénètre maintenant), ou dans toute l'ambiance sociale, toute la pression qui imprègne la vie ordinaire. Une nouvelle formation s'impose aussi bien aux parents et futurs parents, de même que pour les éducateurs, afin qu'ils aient à cœur de se relier et de relier les jeunes à un tout autre type d'atmosphère, non emprisonnante, et liée à la matière de lumière qui facilitera dès que possible l'élaboration et la reconstruction de l'homme caché, l'homme intérieur, l'homme de lumière. Ce n'est pas la structure de l'homme qui est à remettre en question, mais l'identification avec la matière grossière ou raffinée. l'Ecole devra donc tenter d'éviter aux jeunes, comme aux moins jeunes, des souffrances inutiles, non signifiantes, et remédier à celles qui ont déjà pris racine, quelle qu'en soient les causes héréditaires, karmiques, ou autres. Ainsi la dynamique des organes humains, que nous simplifierons en sang, glandes à sécrétions internes, fluide nerveux, feu du serpent (ou colonne vertébrale, colonne de lumière, sceptre de Moïse, etc…), et fluide astral de la conscience doit pouvoir être amenée à porter l'âme à une orientation telle qu'elle puisse transmettre les énergies qui pourront permettre de reconstituer le corps de lumière. Connaissance de soi, maîtrise de soi, victoire sur soi, ce programme simple, mais ô combien ardu vise à faire de chacun plus un homme sage qu'un homme ren509 table, même si un homme sage détermine, presqu'à son corps défendant, la véritable rentabilité à long terme (point de vue écologique). La sagesse ou son obtention imprègne donc les lignes de force de l'éducation du siècle à venir. Quelle révolution ! Ce qui détermine les sociétés ne sera plus l'état du compte en banque, mais l'état de conscience, le degré de sagesse de l'individu, sa faculté d'aimer tout et tous sans rien attendre en retour, libre d'attachement. Comment la conscience se construit-elle dans le monde? Et quel est l'unique chemin vers une société, une civilisation gnostique, dans la mesure ou il ne s'agit là que de la conséquence d'un état de conscience en voie de se généraliser (et nous savons tous que cela prendra du temps, beaucoup de temps), et non d'une tentative d'accommodement avec ce monde déchu? La réduction et la disparition de la "faute morale" de chacun, faute qui, sur le plan microcosmique, est déjà présente à la naissance, passe inéluctablement par la conscience de la dualité de l'homme dans son état actuel. Toute une "nouvelle" éducation de tous par tous, comprenant aussi bien les parents que les éducateurs, les jeunes que les vieux, tous ceux qui se retrouvent dans la vaste école du Monde va petit à petit prendre place, si Dieu le veut. Nous devons retrouver le sens, l'orientation qui permette d'abord à chacun de redécouvrir par une expérience personnelle intelligemment guidée, cette double nature de l'homme. Une éducation appropriée fera prendre conscience à chacun de : 1) la nécessité d'une maîtrise de l'élément relatif sur la base de la nouvelle force présente en chacun et 2) de la victoire de celle-ci sur le premier. Alors 510 toute faute morale disparaîtra progressivement. Et cela va s'accomplir, grâce entre autres à une prise de conscience aussi bien des éducateurs que des parents, chacun d'entre nous étant appelé à devenir un "éducateur éduqué", dans le cadre de l'éducation de tous par tous. En effet, tout élève est, ou est appelé à devenir, qu'il soit parent, éducateur dans sa vie professionnelle, ou ni l'un ni l'autre, un "éducateur en situation". A force de mettre l'accent sur la démission du rôle parental, on oublie tous ceux qui, de toutes leurs forces, tracent le chemin pour leurs enfants et ceux des autres, et veillent à ce que, dès la naissance et même avant, pendant la croissance et jusqu'aux différents stades de la maturation, les jeunes à eux confiés perçoivent et accomplissent le sens de leur présence en ce monde. Nous devrons inéluctablement acquérir des notions, même sommaire, sur la naissance, la croissance, et le développement du psychisme, de l'âme dans le corps. C'est ce que j'appellerai la "Pédagothérapie biopsychospirituelle". Et pour mieux comprendre ces notions, il faudra avoir recours à la notion d'homme en tant que micro-univers, en tant que Microcosme. Il faudra donc explorer la notion d'homme de façon bien plus élargie que cela n'est fait dans la tradition de la recherche actuelle en éducation. Toutes les règles de travail, l'orientation générale des équipes éducatives (ou pédagothérapeutiques), des relations très claires, devront viser à plus ou moins long terme à rétablir et entretenir une réelle autonomie et responsabilité de chacun. Tout le système humain, et en particulier de celui des glandes à sécrétion internes, du système nerveux et cérébro-spinal, devra être éduqué 511 en ce sens afin d'arriver vers 25-30 ans à une maturité suffisante, aussi bien émotionnelle que mentale et psychique pour une liberté réelle. En ce qui concerne le mental, précisons (Jan van Rijckenborgh) Gnose Originelle Egyptienne): "(…) Il ne faut en aucun cas confondre l'intelligence avec la mémoire. (…) Vous savez que chez l'homme dialectique une mémoire exercée - entraînement que nous faisons subir aux enfants depuis des générations se dilate comme un estomac qui reçoit beaucoup de nourriture. " Vous savez que tout le système d'éducation a pour but de conserver, d'élargir au maximum la capacité de la mémoire. On la bourre. C'est le but du corps enseignant et des parents. Quand un enfant ne sait pas sa leçon, il doit s'attendre à des réprimandes. Sentez vous l'erreur ? En réalité avec une mémoire très remplie vous ne savez rien. En réalité vous ne faites que tromper le monde et vous-même. Chaque fois que vous puisez dans le réservoir de votre mémoire, l'organe de votre intelligence n'a qu'une activité de robot." Non, nous devons acquérir la sagesse, et aider, mettre les jeunes dans les meilleures conditions réaliser la sagesse. Nous posons comme base que l'être humain est triple : esprit, âme et corps. Au début de sa vie, jusqu'à l'âge de 28-30 ans, le jeune devrait, si tout se passait de la juste manière, former sa personnalité et structurer successivement les aspects physiques, énergétiques, émotionnels et mentaux de sa personnalité, afin de parvenir à une réelle Maturité soutenue par une haute 512 Raison. Pour que cela devienne un fait réel, possible, une réelle cohérence devrait tout d'abord être comprise, puis acceptée, et enfin mise en pratique, puisqu'alors jugée comme une exigence inéluctable, par les éducateurs. De quelle nature doit être cette cohérence? Eh! bien, tout d'abord tout ce qui est appris, découvert, compris, au sein de l'institution éducative doit constituer un tout dont le but est de faciliter à tous l'accès à ce qui constitue son être essentiel. La formation socioprofessionnelle peut elle-même servir ce but, à condition bien entendu de donner un tout autre sens à la vie socioprofessionnelle elle-même; et là, la rééducation des dirigeants devra aller de pair avec la révolution éducative. En effet l'acquisition de savoir-être et de savoir-faire nouveaux implique une maîtrise présupposant une intelligence émotionnelle et relationnelle qui peut être mise au service et/où découler de la fécondation de l'âme nouvelle par l'esprit, dans le cadre d'une nouvelle personnalité. Car cette intelligence, libre de toute égocentricité, s'acquiert par la reddition à la rose, à l'esprit de la vallée, à l'âme en croissance. Elle est ainsi un attribut de l'être essentiel profond, libre de tout conflit. Tout cela constitue bien entendu un processus plus ou moins long et ardu, mais, et nous insistons beaucoup là dessus, qui peut être accompli au cours des 30 premières années d'une vie si tout est fait pour cela suffisamment tôt, c'est à dire au moins dès la conception de l'enfant. L'éducation est un des piliers spirituels fondamentaux du travail gnostique. Elle permettra de montrer, ou d'amener à la découverte des nécessités suivantes : 1) 513 Soumettre le moi animal au spirituel. La compréhensionn de cette nécessité peut se faire très tôt par images concrètes. Cela amène bien entendu une toute nouvelle orientation de la pensée, de la volonté, et une aspiration à réaliser ce nouvel état d'être. 2) Pour ce faire , maîtriser sa force vitale, éviter tout gaspillage d'énergie. Ici une conscience orientée sur le but, une compréhension du sens de la vie doit le plus rapidement possible se faire jour et être quotidiennement consolidée L'éducation doit retrouver un sens, un sens profond, vital, essentiel. Comme en tout ce qui concerne le devenir humain, il n'y a pas d'évolution. Encore plus de nos jours où références et autorités s'écroulent, rien n'est automatique dans ce domaine. Cela semble évident, mais la pratique montre la difficulté de la réalisation de ce préalable : aucun adulte, aucun jeune ne pourra réaliser les objectifs d'une éducation digne de ce nom s'il n'est pas le plus rapidement possible mis en mesure de prendre lui-même en main son propre projet. Voilà donc un des premiers pas : devenir capable de prendre ses affaires en mains. Ce qui donne, entre autres, un sens à l'éducation, c'est le devenir humain lui-même, ce que, dans son vocabulaire théologique, Comenius appelle, redevenir un homme à l'image de Dieu. Au sein de l'hommemicrocosme, résumé de l'univers gît, endormi comme la belle au bois dormant et son château, tout un monde qui attend que nous lui permettions de s'exprimer. Face à tous ces éléments, il me semble utile de repenser, de remettre en question les notions même qui gravitent autour de l'éducation. De nouvelles priorités doivent être définies 514 - Qu'est-ce donc que l'éducation? Et comment mettre en œuvre la "Nouvelle Education"? Ce que propose donc le nouveau paradigme éducatif, c'est donc ni plus ni moins que l'accomplissement du monde, en tant que préparation à l'académie de l'âme, telle que le proposait d'ailleurs Comenius dans la "Via Lucis". Précisons dès à présent que ni Comenius, ni l'éducation révolutionnaire actuelle ne cherchent à "améliorer le monde", à "dorer la prison". Cependant, il est clair qu'une orientation auto-révolutionnnaire, au sens biopsychospirituel, qui vise à faire tout simplement de chacun de nous "quelque chose qui ressemble à un homme" aura indirectement des conséquences sur d'état du monde. C'est donc l'état possible du monde, en tant que cosmos libérateur, que réalisera la nouvelle éducation. En ce sens, et en ce sens seulement, l'éducateur pense le monde, et permet la réalisation de celui-ci, comme une perfection en devenir à réaliser. Le sens de ce monde est justement de nous permettre de nous en libérer, ce qui fait qu'il est logique qu'aucune tentative de réforme sociale, totalitaire ou non, dont le but est l'amélioration du monde ne pourra jamais obtenir d'autre résultat que guerres, maux sociaux, maladies et tout le cortège connu des calamités sociales et humaines. De plus en plus de penseurs sérieux le reconnaissent, chacun avec leurs propres outils de pensée. La fonction de l'éducation (e-ducere) est de mener d'un état d'être, d'un état de conscience, à un autre englobant le précédent, vers l'éveil et la maturité de conscience. Ce qui reste à réaliser relève donc en tout premier lieu de l'auto-révolution, menant à la révolution 515 spirituelle intemporelle. Comment susciter et aider ou permettre l'émergence consciente du vrai, d'une connaissance "de l'intérieur", par l'intérieur. Bien que cela semble évident, tout reste à faire, ou presque. Ici, point de philosophie de l'éducation fumeuse, car l'éducation de l'intuition et de la Raison supérieure permettront de trouver une confirmation expérimentale, intelligente, de la vérité et de l'inéluctabilité de la voie éducative libératrice. Une toute nouvelle orientation doit ici fournir l'impulsion. Tout nous poussait jusqu'alors à développer ce qui n'était pas l'unique nécessaire. Il s'agit maintenant d'inverser la vapeur, et de développer le moteur essentiel de l'être humain, en tout cas ce qui est indispensable pour opérer une liaison consciente avec l'Esprit, c'est à dire le psychisme, l'âme, considérant qu'il s'agit d'un moyen et non d'un but. La véritable laïcité ne consiste pas à se couper de l'esprit, mais à laisser à tous les chemins qui permettent une approche biopsychospirituelle de l'homme de s'exprimer, et donc à offrir la totalité de la connaissance afin qu'il y ait réellement développement du discernement libre et choix. Il s'agit, sachant que les jeunes enfants sont souvent plus près que nous de la conscience de l'absolu, d'unir les efforts des parents, des éducateurs, et des jeunes plus avancés, pour guider la jeunesse vers l'éveil de conscience, avant que les rouages nivelants de la société n'aient eu le temps d'opérer leur œuvre destructrice, et que les réflexes conditionnés n'impriment leur trace dans la jeune âme en devenir Une éducation appropriée, dont les contraintes guideront vers une véritable liberté et autonomie, vers une 516 autosuffisance réelle sur tous les plans, doit donner la possibilité à tous de parvenir à la maturité de conscience provoquée par et qui provoquera à nouveau l'acte libérateur sur une spirale supérieure. Par éducation, nous entendons tout ce qui concourt à la réalisation de ce programme, de façon permanente, pour tous , par tous, et partout. Le problème devient donc : comment permettre, dès les premières années de la vie, la vision, la perception et la connaissance progressive, comment faciliter le devenir de 'celui qui voit, qui vit, qui est, celui qui perçoit de façon consciente et aussi celui qui englobe, à l'arrière-plan, grâce à l'éducation élaborée de la conscience, qui déterminera la "science" '. Et se développera alors petit à petit l'être en tant que présent au Tout et en tant que présent au Monde, l'homme alchimiste que pressent déjà le petit enfant de quatre à cinq ans. Rappelons ici la devise de J.A. Comenius : "Que tout s'écoule librement, en l'absence de toute violence". Qu'implique-t-elle? Le flux des êtres et des choses correspond à des lois qui peuvent être soutenues ou contrariées. Nous voyons bien la violence autour de nous, comme Comenius la voyait autour de lui au XVIIe siècle. C'est pourquoi le pédagogue doit, de nos jours aussi, saisir à bras le corps tout ce qui est corrompu, refuser toute forme de lutte vaine, évitant par là les souffrances inutiles, et ainsi aider à faire surgir chez le jeune qui lui est confié, une compréhension profonde des êtres et des choses. Bien entendu selon l'âge, on aura recours à diverses formes d'expression, comportant un minimum de mots. Images, symboles, contes et poèmes, pourront avec fruit être utilisés. Cette absence de toute violence, qui imprègne la manière même de se comporter et d'être du pédagogue dans sa vie et son enseignement, nécessi517 te beaucoup plus de courage qu'il n'y parait à première vue. Toute situation conflictuelle devrait être comprise, intégrée et finalement retournée. Au cours du XXe et en ce début de XXIe siècle, on a beau agiter idéologies (qui meurent les unes après les autres), arts décadents, science illusoire et religion corrompue, bien peu de choses évoluent dans un sens vraiment humain. On tente de percer les secrets de la matière, mais la science humaine par excellence, l'éducation, en est toujours au point mort, ou presque, malgré quelques tentatives marginales. Saupoudrée d'un peu de philosophie, elle est toujours incapable de guider le jeune, et l'homme en général, vers la vie véritable. Les phases de vie, la naissance, l'enfance, l'adolescence, l'âge mûr, la vieillesse, sans rentrer dans les détails, ne sont en fait que des moments de l'Ecole de la Vie, pendant lesquelles le psychisme et le métapsychisme de l'homme peut récolter une moisson d'expérience et de connaissance suffisante, afin de se diriger vers ce que Comenius appelait "L'Académie de l'Ame". L'homme est conçu pour cela dans un monde mis au point à cet effet. Mais l'éducation que nous avons reçue nous y prépare-t-elle? Les méthodes d'éducation mises en œuvre ne sont-elles pas plutôt, dans la plupart des cas, que de la poudre aux yeux qui nous détourne de l'essentiel? La Vie n'a pas voulu cela. Et il nous incombe de découvrir et de mettre au point, dans la plus grande spontanéité possible, les méthodes qui pourraient permettre au jeune d'atteindre le plus rapidement possible le but de toute vie. L'éducation ne concerne donc pas que les jeunes, mais elle doit en premier s'adresser aux parents, futurs 518 parents et maîtres et futurs maîtres. - Dès la naissance, et même avant, les acteurs les plus proches du jeune sont bien entendu les parents. Mais ceux-ci ont-ils été préparés à ce qu'on appelle parfois le "métier de parent"? Réalisent-ils vraiment ce que représente la fondation d'une famille? Sont-ils toujours bien conscients de la responsabilité que représente l'accompagnement d'un jeune jusqu'à la maturité, dans tous les sens du terme. En général, on se contente en la matière de notions vaguement intuitives, pensant que la difficile tâche de guider un jeune de cette vallée de larmes au Nouveau Règne s'accomplira toute seule, et que la nature a fait et fera donc bien les choses. - Mais comment faire en sorte que parents et éducateurs prennent conscience de ces exigences? La réponse est simple, elle nous place devant notre tâche d'élèves de la Vie : Nous devons d'abord les vivre et les démontrer, par la parole, oui, le moins possible cependant, et surtout par l'action. Ainsi deviendra manifeste que là réside le sens de la vie. Ainsi sera-t-il vérifié que la formation de l'homme et son bonheur passent par ce travail sur soi. Chacun peut et doit de cette façon parvenir au discernement véritable, à la connaissance de soi, à la maîtrise de soi, et enfin à la victoire sur soi, grâce à la prise en charge progressive et individuelle de l'élaboration d'une pensée autonome . Qui pense, sent, agit, connaît, maîtrise et vainc en vérité? C'est l'homme véritable latent en chacun d'entre nous. Le sens de la vie, c'est la réalisation de cet homme 519 véritable par l'éducation cohérente de tous par tous, qui obéit à la loi universelle inscrite dans le cœur de chacun et au principe connexe "mourir tous les jours un peu", afin de permettre la naissance, la croissance et la maturation de l'autre latent en nous. Nous le pressentons, mais ne le connaîtrons vraiment que lorsque notre conscience se sera fondue en cet autre, en cet homme microcosmique renouvelé. La formation en la matière doit donc déjà commencer entre 10 et 20 ans, et d'une façon toute autre que les "cours d'éducation familiale et sociale", qui n'abordent que très rarement les problèmes de fond. Dès 15 ans, un jeune devrait déjà avoir de solides notions d'éducation, nées de son expérience critique et d'un enseignement l'ouvrant au véritable sens de la vie. - Pourquoi le triangle "parents - jeunes - éducateurs ( pédagogues, pédagothérapeutes, etc…)doit être "rééquilibré". Comment ? - Développement d'une philosophie de l'éducation avec "propositions prophétiques" concrètes. V) - L'essence de l'éducation : - De l'Amour qui imprègne tout, à l'enfantement de l'idée au service du plan d'éveil, de libération, et d'accomplissement, en passant par le cadre, la règle (la Maat égyptienne) indispensables à toute vie et à toute création ou re-création. - Le fondement de toute éducation est évidemment l'Amour pour tous et toutes, de façon indivise et impartiale, autant que faire se peut. Qu'est-ce à dire : autant que faire se peut ? Eh bien rares sont ceux qui en sont arrivés au point où ils possèdent, et donc peuvent 520 dispenser cet Amour. Par contre cela peut et doit être un des objectifs de la formation et de l'auto-formation des pédagogues : vivre de et tendre à la possession rayonnante de cet Amour. Si l'on prend l'exemple du contexte spécifiquement pédagogique, dans une salle de classe par exemple, l'essentiel de l'enseignement n'est pas la matière enseignée, même si celle-ci a son intérêt indéniable, mais le rayonnement d'amour du pédagogue, rayonnement perçu de façon aiguë par les élèves. La maturité et la compétence d'un enseignant se mesure souvent à cette "capacité d'amour". Le proverbe "qui aime bien châtie bien", est à notre sens à comprendre de la façon suivante : le pédagogue qui possède intérieurement cet amour, parce qu'il ne peut faire autrement, démontrera spontanément le déploiement d'un "manteau atmosphérique" qui inspirera le respect, qui respirera une "autorité naturelle". Et il est donc logique qu'émane de son cours cette "Règle", cette "Maat". Le cadre qui en découlera constituera le deuxième aspect de l'essence de l'éducation. Et, même si cela devra rester tout à fait exceptionnel, le respect de cette règle pourra être assorti de "sanctions", parfois ressenties comme très "sévères", puisque rares. Je répète ici : il faudra éviter à tout prix la sanction, si possible” Sur ces deux piliers, l'Amour et la règle, s'articulent tous les autres éléments, tels la compréhension authentique, que nous allons essayer de développer ici. Tout d'abord, les jeunes devront comprendre ce rayonnement d'Amour, et ceci grâce aux éléments à leur disposition, éléments à l'intérieur d'eux-mêmes qu'il nous appartiendra de leur permettre la découverte, et dont ils devront apprendre à considérer l'environnement comme un reflet. Comprendre le rayonnement d'Amour présent 521 absolument partout, dont le pédagogue ou pédagothérapeuthe permettra l'acception, signifie appréhender et pénétrer de l'intérieur sa signification, Devenir capable de percevoir l'Autre, donc aussi l’autre, et s'effacer devant lui, donc par définition, apprendre à éprouver et percevoir ce rayonnement. Par l'exercice de l'écoute de tout l'être, en commençant par les choses les plus simples, et d'autres attitudes visant au retournement vers l'intérieur à partir de faits ou de travaux parfois même clairement "redressants", l'apprenant devra être amené à ressentir cette force et à désirer en vivre et la faire partager. Le cinquième aspect de l'essence de l'éducation amène à mettre en pratique ce qui a été compris et ressenti comme juste. Nous éprouvons alors la nécessité logique de rendre vivant dans le présent actuel cette force que nous avons reconnue. Nous désirons, et nous le faisons, même si nopus procédons encore parfois par essais et erreurs, la rayonner nous même, ou, à tout le moins en vivre et la transmuter dans notre propre vie. Mais cela n'est pas suffisant. Maintenant devra se manifester autour de nous de façon claire et visible cette force. Nous devrons répandre et dynamiser ce qui est devenu réalité en nous. Sinon, à quoi bon? Et ceci sans dogmatisme, sans chercher à pousser ou à convaincre de façon artificielle, mais en laissant la plus grande liberté de recherche possible. Le processus éducatif mène de surcroît jusqu'à une parfaite intégration, jusque dans les cellules du corps même, de cette force d'Amour. Au fur et à mesure que s'exerce cette manifestation, ce travail d'expression indispensable, s'intériorise de façon concrète en chacun 522 de nous, cette force d'Amour; Cela semble viser très haut, mais cette vision de l'éducation est valable sur toutes les spirales de la Pédagothérapie biopsychospirituelle. Si l'on ne commence pas dès le début, il sera très difficile de mener à bien les phases supérieures. Dès le départ, les aspects les plus élevés de l'éducation devront être présentés ou sous-entendus, en tout cas présents, et cela est possible, même pour les plus jeunes. Simplement on procède alors par images, de façon implicite, et en facilitant et entretenant la découverte spontanée. - Quel que soit le niveau, la spirale d'évolution sur laquelle se trouve un être humain en devenir, l'élément fondamental et inconditionnel de toute transformation, donc de toute éducation ou Pédagothérapie, c'est l'Amour. Sans cela, on retombera toujours dans la sécheresse, l'automatisme, l'autoritarisme, et une illusion d'apprentissage qui ne fera que nourrir à plus ou moins long terme désir d'affirmation de soi et de pouvoir, luttes, guerres. 523 Amour et discipline l’urgence de la situation Que signifie la notion de l’inéluctabilité de l’Amour en éducation ? Qu'il s'agisse d'un thérapeute ou d'un pédagogue, l'idéal serait qu'il possède une source personnelle intérieure de cet amour qui ne sépare ni ne divise. Ce qui émane de nous, la force vibratoire qui créée ou soutient l'atmosphère qui nous entoure est de la plus haute importance dans la facilitation des processus d'éveil et de maturation, sur tous les plans. Comment imaginer que l'on puisse faire quoi que ce soit sans amour. Et pourtant, il suffit parfois de passer quelques instants dans une salle des professeurs pour s'apercevoir que la formation a été très lacunaire en ce domaine, ou en tout cas que l'amour qui gît au cœur de tous a été très refoulé. Et nous aimerions ici rajouter quelques lignes à propos du silence. Dans un monde où le bruit et l'agitation font figure de normes respectables, le silence stresse parfois, ce qui est un comble et démontre bien le degré de folie où nous sommes parvenus. Or il faut réapprendre la qualité du silence, et cela constitue un travail en soi. Cela devrait être une pratique courante dans les écoles que de commencer une séquence de travail par un 524 silence. C'est là la meilleure préparation à toute forme d'exercice. Et l'éducateur veillera à ce que ce moment de tranquillité imprègne toute la séquence. Et il ne pourra le faire que si sa maturité lui confère une qualité de silence serein efficace. Il s'agit de comprendre l'essence de l'éducation biopsychospirituelle. Le devenir humain et la biosophie spirituelle sont les deux premiers piliers fondamentaux de la Pédagothérapie. Le développement de l'expression et des capacités, tout en étant pris en compte à part égale dans le travail éducatif, sont les corollaires logiques de cette vision. De cette façon, le jeune est mis en mesure d'exprimer et de communiquer ses découvertes. Le but fondamental de tout enseignement, selon notre point de vue, est de donner au jeune (et/ou d'en faciliter la découverte) la nourriture, l'orientation, et les outils de développement pour devenir un homme accompli, selon l'esprit l'âme et le corps. Disons que ces outils existent, mais bien souvent à l'état latent, mal organisés. Toute l'orientation et la compréhension progressive du jeune, sans hésiter à poser pour cela des règles très précises, va donc l'amener à mettre sa personnalité, sur laquelle chaque jour lui apportera une découverte, au service des aspects spirituels et psychiques encore nonmanifesté, ou de façon souvent totalement erronée. Le jeune va devoir apprendre à concevoir la vie sous tous ses aspects comme une Ecole d'apprentissage de l'éternité. Et c'est à la mesure où il aura compris cette première leçon qu'il pourra essayer d'en tirer les conséquences jusque dans les plus petites nuances de son comportement - Obstacles et résistances "naturels". Réponse à 525 quelques objections. Qu'est-ce qui freine, qu'est-ce qui empêche ce processus, quelles sont les résistances à cet accomplissement? Elles sont avant tout d'ordre intérieur. Et nous aimerions en évoquer ici deux, qui sont la culpabilité et la peur. La culpabilité, quand l'homme en est encore au stade animal, dans un premier stade de conscience donc, peut encore être invoqué comme facteur structurant. On peut alors admettre que la conscience de la culpabilité soit un facteur de connaissance de soi, donc d'éveil. Mais il faut ici bien comprendre de quelle culpabilité il s'agit. De quoi, au fond, sommes nous fondamentalement coupables? En fait, surtout d'ignorance, d'inconscience, d'irresponsabilité. Les actes que nous posons, la vie que nous menons, sont la conséquence d'un état d'être, du sang et de la conscience, sur lesquels nous n'intervenons pas suffisamment et dont nous n'avons parfois pas même la notion que nous pouvons intervenir. Culpabilité implique jugement et bien souvent manque d'objectivité vis à vis de ce qui est, donc aussi de soi-même et de sa relation au monde. La norme, la règle, est bien souvent fondée sur la peur, donc sur la culpabilité. Or notre aspiration, l'aspiration de tout être humain en chemin, et aussi de tout éducateur est entre autres de se libérer de la peur, afin d'être en mesure d'aider à cette libération sur un plan universel. La règle, les normes découlent, doivent donc découler de tout autre chose que de la peur. Elles correspondent à des directives de vie qui peuvent aider dans un contexte spatio-temporel donné l'individu et le groupe humain à s'élever au-dessus de sa "condition" d'animal pensant, à parvenir donc en 526 premier lieu à l'éveil et à la maturité de conscience. La culpabilité est une première prise de conscience :" jusque là, je tournai en rond, inconscient du sens de ma vie, dirigé par des pensées et des désirs égocentriques au service d'un instinct à peine cultivé et contenu par une morale plaquée par un conditionnement ancestral". Arrivé à ce point, ce qui doit progressivement remplacer la culpabilité, c'est l'Amour, en tant que force universelle, cet Amour qui englobe tout et tous. Et là la culpabilité devient un des freins majeurs de l'éducation. En bref l'éducation est un des facteurs essentiels de la "grande révolution" de notre temps, et c'est bien pourquoi ce sujet est si sensible. Rien, en ce domaine comme dans les autres, ne se fera "automatiquement". Chacun devra énergiquement se mettre au travail sur lui-même et veiller sur chacun et sur le tout. "Chacun doit être précepteur, guide et directeur de lui-même et des autres"(Pampaedia- Comenius) "Tous doivent être philosophe car l'homme a été créé comme être raisonnable et a reçu l'ordre d'observer l'essence des choses et de la montrer aux autres."(ibidem)"Tous doivent être rois car l'homme est destiné à gouverner aussi bien son prochain que lui-même"(ibidem) Il nous semble utile ici de faire une parenthèse en ce qui concerne le milieu d'origine de Comenius, car il pourrait, toutes proportions gardées en ce qui concerne l'époque, constituer un modèle dont pourrait s'inspirer nos sociétés contemporaines. Précisons tout d'abord que la Communautés des Frères Moraves est issue de la branche pacifiste des groupes hussites. Qui était Jean Huss 95? Brièvement parlant, il voulait un retour à de 527 purs principes évangéliques, face à la corruption croissante du catholicisme, le mal nommé (καθολικος = "universel" ). Le mouvement qui se cristallisa autour de lui devait apparemment causer bien du souci à Rome, puisqu'après bien des fourberies et trahisons de la parole donnée, Jean Huss fut brûlé au cours du concile de Constance, en 1415. Il naquit en 1369, à Husinec, d'où son nom. Maître ès arts, bachelier en théologie, prêtre ( en 1400), il fut doyen de la faculté de théologie, puis recteur de l'Université de Prague. Précisons que, d'après le Dr Rudolf Steiner, sa naissance se situe à peu près 100 ans après la naissance ésotérique de la Rose-Croix en Europe, donc au moment où devait se manifester les premières prémisses de la Rose-Croix exotérique (après 120 ans je m'ouvrirai). On peut donc à bon droit dire que sur un plan méta-historique, un lien unit la Rose-Croix à la Communauté des Frères, dont le dernier évêque, J.A. Comenius, fut l'envoyé de la deuxième vague de la Rose-Croix au XVIIe siècle, chargé de préparer les temps modernes pour l'Europe. Nous pensons que les questions suivantes, sur le plan éducatif, ont une pertinence particulière : quelle tradition Jean Hus et les hussites (par exemple Chelcicky 96), et le milieu morave dans son ensemble véhiculaient-ils? Par quels moyens visibles et invisibles furent-ils l'expression de cette tradition? Et de plus, à quoi ressemblait la vie quotidienne dans la communauté, et quels étaient les points fondamentaux de son orientation, aussi bien sur le plan spirituel, psychique, que matériel? Quelle était la réalité de l'apprentissage, et son contexte, institutionnel ou non, chez 528 les Frères? Quelle était la nature de leur relation avec le monde? De quelle manière la marche rigoureuse vers l'éveil, à tous les niveaux, procédait-elle de principes que l'on pourrait plutôt qualifier ici d'exigences intérieures? Qu'est-ce qui a permis pendant deux siècles à cette communauté de rester immuablement axée sur ses buts élevés malgré mensonges, calomnies, persécutions et destructions répétées? Et nous verrons ainsi que l'éducation, domaine dans lequel, malgré les critiques de Comenius luimême, la communauté était devenue assez habile, en tout cas très en avance sur son temps, se révèle, si elle est bien comprise, un pilier de l'accès au plus grand nombre possible d'individus à l'éveil de la conscience et à la maturité biopsychospirituelle. De quelle nature sont donc ces fameuses exigences à notre époque? Et quelles sont les possibilités, dans ce monde apparemment en pleine folie furieuse. Il s'agit de mettre en œuvre une absolue révolution, la plus radicale qui soit, et ceci en particulier par le biais de l'éducation. L'éducation bien comprise peut transformer complètement l'homme, et ceci aura indirectement des conséquences sur toute la vie sociale, économique, politique, etc… Le travail pédagothérapeutique sur les plans spirituels, psychiques et matériels va inéluctablement vers la modification en profondeur et le changement de nature de l'homme. Il est évident que nous rencontrons et rencontrerons des résistances (c'est déjà le cas au sein de l'Ecole spirituelle elle-même).Cela est parfaitement normal, car nous touchons ici au cœur du travail. L'exigence est ici, pour nous comme pour nos co-élèves, une véritable vie 529 authentique, où l'on ne se contente plus de belles phrases, mais où la pratique de vie intérieure et extérieure démontre la réalité d'être vécue. Sans cela notre éducation n'a aucun sens. C’est donc un élément essentiel de la grande révolution qui va embraser, oui, qui embrase déjà le monde. Notre travail éducatif se devra d'être universel en un don absolu et sans aucune recherche d'intérêt personnel, même pseudo ou quasi spirituel. Nous devons, quoique très intelligemment et de façon parfaitement coordonnée, nous jeter dans la bataille, quelle que soit la souffrance qui en découlera. A notre époque, l'homme a en principe tous les éléments qui lui permettraient de prendre son destin en main. Et l'aide est là, partout présente, mais nous ne la voyons pas. Elle ne demande qu'à être transmise, transmuée d'abord par les “éveillés”pour les chercheurs, puis ensuite aussi par ceux qui ne peuvent encore la percevoir Nous la repoussons bien souvent par notre façon égocentrique de la demander. Nous demandons l'aide pour nous-mêmes, ce qui, déjà, lui ferme la porte. Sans compter que cette façon de faire attire toute la caricature, qui se précipite et répond immédiatement à tout appel de ce type. Ce qui suit est donc non seulement valable pour l'apprenant, l'élève, mais bien entendu aussi a fortiori pour l'éducateur Ce qu'il faut donc faire comprendre, c'est que dès le départ, si on demande, ce ne peut en aucun cas être pour soi-même, mais pour le rétablissement de tous pour tous. Celui qui a besoin d'aide, donc en fait d'éducation ne doit donc pas la réclamer à corps et à cris, 530 mais il doit être amené à comprendre qu'il doit luimême implorer la liaison intérieure directe, même si au début, et le moins longtemps possible, cette liaison est transmuée par des tiers, les éducateurs, formateurs de maîtres, ou pédagothérapeutes. Cela même s'apprend. Pour pouvoir être déliée, pour devenir réellement opérante dans l'individu qui y aspire (et un des talents de l'éducateur est de susciter cette aspiration), cette force d'amour par essence aidante qui, au départ, rayonne sur tous, doit pouvoir progressivement faire sa demeure en celui ou en celle qui en a besoin. Ce besoin est latent chez tous, mais il doit devenir conscient. Ce qui implique que, pour pouvoir être aidé, ou éduqué, ou formé, de façon authentique et libératrice, il faut d'abord vouloir devenir soi-même une aide, une modeste station de force, il faut d'abord vouloir collaborer à l'entreprise de diffusion intelligente de la Lumière que constitue l'éducation. Comment aborder cet aspect avec celui ou celle qui aspire à l'éducation ou la formation? Et comment susciter cette aspiration? Faire ressentir, présenter la vie comme par nature l'expression de l'amour et du don, ce qui amène à vouloir les vivre et les exprimer chaque jour, au-delà de la vie et de la mort animales. La vie est mouvement dynamique, et il s'agit de faire apprendre à orienter ce mouvement, afin que, progressivement, il se tourne vers l'intérieur. Dans ce mouvement et cette attention doivent naître le silence, et l'aspiration à connaître cette force. Partout présente, elle veut par nature nous servir, gratuitement. Et cela nous pousse au service du tout. Même si notre éducation s'adresse à tous, par souci d'efficacité elle a d'abord en vue ceux qui peuvent et veulent com- 531 prendre, ou qui sont susceptible de ce devenir en cette vie, sans aucun élitisme mais par souci d'efficacité, car ceux-là se chargeront des autres. En presque tous existe le germe de cette compréhension, mais l'éducation libératrice ne pourra être apportée de façon efficace qu'à celui ou celle qui en manifestera déjà le désir, sous la forme indiquée. Si ce désir n'est pas présent l'art du pédagothérapeuthe consistera à orienter l'attention du jeune vers ce germe de vie supérieure, tout son effort portera, au début sans faire appel à la raison mais plutôt au sentiment, sur son éclosion. Il l'entourera donc de tout son amour et fera tout pour que se déploie impersonnellement sur lui le champ vibratoire nourricier favorable à la réapparition de ce désir inné, quoique peut-être bien étouffé au départ. Il s'agira donc d'amener le jeune, par l'expérience et les échanges, par la souffrance parfois, (l'éducateur fera cependant le maximum pour l'éviter), à comprendre que l'aide se délie par la volonté réelle, authentique de devenir une aide. En chacun de nous, non seulement cette possibilité existe, mais tout est là pour qu'elle se réalise et sans cela, la vie n'a aucun sens. Cela nous amène à une véritable révolution intérieure, à un absolu retournement des valeurs. Car, de nos jours, dans la pratique quotidienne, le moins qu'on puisse dire c'est que les choses ne fonctionnent que rarement dans cette orientation. Cette progressive illumination de la conscience peut très bien s'expliquer raisonnablement. La recherche de Comenius en matière de "science", comme la nôtre, se place sur le terrain d'un vivant uni- 532 versel, d'une échelle de la vie qui va de la pierre aux anges et au-delà, en passant par l'homme. Pour lui, le sens des êtres et des choses prime. La méthode qu'il introduit pour "rassembler la "vérité partout dispersée" révèle une unité universelle qui se manifeste grâce à trois principes fondamentaux (la lumière, l'esprit et la matière) et par sept degrés (ou espèces) de substances. Il s'agit bien là d'une conception dynamique, vivante, en devenir, de la nature, qui s'apparente à la philosophie spirituelle de la nature que l'on peut retrouver chez Paracelse. Cela vit, est, progresse, se manifeste, et vise à l'accomplissement et au perfectionnement harmonieux du tout. Ainsi tout ne s'explique pas par les oppositions, tout ne se réduit pas à un éternel recommencement, l'univers a un sens. L'éducation, à notre sens, englobe largement ce que nous avons l'habitude d'entendre par là. Par son objectif universel, elle retrouve le sens premier de la philosophie, quête de la sagesse, et la transcende même par ses aspects métaphysiques. Elle touche à des aspects pédagothérapeutiques et alchimiques purs. L'éducation a besoin de règles. Mais chez le pédagogue, elles doivent de toute évidence correspondre à des exigences intérieures, et chez le jeune, le devenir le plus rapidement possible. - Le problème de la souffrance et du choix, basé sur la compréhension, la connaissance. D'où provient la souffrance? Avec ses multiples variantes et leurs causes la souffrance est un serpent de mer multiforme qu'il serait très difficile d'explorer ici, même de façon non-exhaustive. Mais on peut cependant dire que la souffrance provient d'une inadéquation aux 533 exigences posées par le devenir humain. Quelles sont ces exigences, et donc ces possibilités ? Une de ces exigences consiste à veiller à l'ouverture du cœur et de la tête au service du développement spirituel manifesté chez le jeune, ou dont la manifestation se prépare chez lui. Le germe de la vie réelle doit pouvoir s'épanouir, libre des influences de l'emprisonnement de ce monde. Cet ordre de nature a pourtant un sens puisqu'il permet justement une prise de conscience de la nécessité d'y échapper. Mais il est question, dans le processus éducatif, de garder le jeune des perturbations si facilement issues d'une orientation soumise aux pouvoirs de ce monde. Ceux qui ont intérêt à diriger la conscience vers la matière et ses pièges ensorcelants de paradis illusoires sur cette terre devront être tenus en échec par l'orientation, la ressouvenance et la mise en pratique du plan "pédagothérapeutique" à la base de notre ordre de secours. Les facultés de logique et d'expression, approches de la véritable intelligence, devront être mises au service de la compréhension de la vie vraiment humaine - Conséquences : pour une société gnostique, suite logique de la nouvelle éducation. Relations actuelles et futures entre règle sociale, spiritualité, science, culture et éducation. - Beaucoup s'aperçoivent, dans tous les domaines, que notre siècle aura une approche des problèmes de l'énergie toute autre. Eh! bien nous voyons là qu'il nous faudra apprendre à discerner quelle est l'énergie qui nous gouverne, et comment nous pouvons à notre tour gouverner l'énergie, afin de la mettre au service du tout. Très tôt, grâce à un éveil intuitif de la conscience, le 534 jeune sera mis en mesure de percevoir et d'assumer sa responsabilité et son autonomie, car, comme ils le comprennent très bien mais comme on ne le leur laisse pas encore le réaliser, les jeunes sont responsables du monde, en une conscience grandissante et lucide de l'interaction multiple des êtres et des choses. Soyons précis : les buts annexes développés dans le cadre des écoles primaires actuelles ou secondaires correspondent, ou devraient correspondre, à la formation de l'homme-citoyen, dans le cadre d'une société. Mais la société est composée d'individus, formés par une éducation. Nous accordons la primauté à l'éducation de l'homme telle qu'elle est développée ici et espérons qu'un tout autre type de société, par répercussion indirecte, pourra en naître, facilitant à son tour le devenir humain véritable pour tous. Et c'est la qu'intervient la notion de biosophie spirituelle : L'éducation es inéluctablement, si elle veut être digne de ce nom, accès au chemin de la connaissance libératrice et de la sagesse. Quel travail individuel au sein de la communauté implique-t-elle : La personnalité en développement ou développée au service de l'âme et de l'esprit ou le devenir conscient psychospirituel.? Nous devons donc nous atteler à une triple réalisation : a) des maîtres et des parents intégrés ( c'est à dire possédant la maturité biopsychospirituelle), ou en voie de le devenir. Comment donc pourraient-ils autrement espérer guider leurs élèves ou enfants vers cet accomplissement. b) une orientation cohérente avec le sens de la vie, dont la quête et la réalisation, même si chacun doit l'aborder en toute liberté, représentent le 535 premier pas vers l'accomplissement de l'homme vrai, c) un constant travail en équipe qui permet, sous la direction de ceux qui sont très rapidement et spontanément, dans ce contexte, reconnus comme les "aînés en sagesse", de corriger, mettre au point, etc... tout en respectant l'orientation définie. - Appel à tous ceux dont le métier et la responsabilité; amèneront à collaborer à la mise en œuvre de cette révolution éducative. Un pour tous et tous pour un. Tout au long de ce manifeste, chacun a pu constater qu'il reste encore beaucoup, et même énormément à faire. Cependant, la vision révolutionnaire ici proposée, qui n'est qu'un prolongement des lignes de forces éducatives présentes aussi bien en Amérique du Sud, aux Indes, qu'en Egypte, (de façon plus proche de nous, en Bohême Moravie et en général au XVIIe siècle avec J.A. Comenius ) est de plus en plus à l'ordre du jour. La paix ne peut être le résultat de traités ou d'alliances, même et peut-être surtout au plan mondial, ou de décisions de police extérieure. Nous entrons dans l'ère de la Pédagothérapie. Nous aimerions citer ici quelques passages d'un article de "L"Express"à ce sujet. Il est à préciser que nous n'entrons absolument pas dans les vues de ses auteurs, sauf à montrer que la préoccupation qui allie thérapie et éducation va bientôt se retrouver même dans les prisons , miroir grossissant de la folie de notre société. Le titre est déjà parlant ("La folie sous écrou") : "… Incroyable : près de 30% des 48000 détenus français souffrent de troubles mentaux et 10 à 45% d'entre eux sont atteints de pathologies lourdes …". Notons ici que ceux qui se retrouvent malades dans les prisons sont 536 simplement passés à l'acte, alors que bien d'autres qui relèvent des même pathologies ne sont pas "traités". D'autre part ceux qui se retrouvent derrière les barreaux sont tout simplement la preuve, en ce qui les concerne, que l'éducation, pour quelque cause que ce soit, n'a pu correctement "redresser la situation", déjà bien souvent très difficile au départ. Nous avons vu que l'éducation biosophique au sens spirituel fera entrer les jeunes dans un nouveau devenir humain, libre de cette nature, où corps, âme et esprit reconstitués passeront de l'état-matière à l'état lumière. Nous n'en sommes pas encore là, pour la plus grande majorité. Et, dans le Témoignage de la Fraternité, de Mr Jan van Rijckenborgh, nous pouvons lire : "La Nouvelle Ecole conduira les adolescents suivant les lignes que les Anciens Frères ont montrées à l'humanité, afin que toutes les forces supérieures de l'homme puissent se développer et qu'il soit conduit à sa véritable destinée dans l'Ere d'Aquarius, à savoir, l'unité de l'esprit, de l'âme et du corps. "Nous vivons un temps où le système d'enseignement s'adapte totalement aux exigences de cette nature. Les garçons et les filles sont dressés à devenir complices de la corruption instituée. La frénésie des diplômes est cause d'une immense souffrance pour les jeunes. Les meilleurs menteurs et les plus habiles mystificateurs vivent bien matériellement en ce monde, et leurs situations sont présentées à la jeunesse comme le but de la vie humaine. (…) Le nouveau système d'enseignement s'harmonisera à 537 l'unique but de l'existence et donnera une éducation conforme à la vocation de l'humanité (le passage de l'homme matière à l'homme de lumière) dépourvue des mensonges sociaux de notre temps et des influences abrutissantes de la décadence." Cet accomplissement mettra en jeu chacun, qu'il soit parent, jeune, ou adulte conscient. Si nous parvenons, dans un avenir plus ou moins lointain à faire accepter la nécessité de ces choses et à les mettre en œuvre, il est inévitable que toute la société s'en ressente. Et ceci non pas dans un sens réformateur, afin, une fois de plus d'utiliser la lumière pour dorer notre prison, mais pour que, très progressivement, l'humanité retrouve sa nature et son domaine de vie originels. Notre monde désordonné est actuellement dominé par l'irrationnel. Or les écoles telles que nous les concevons, devront constituer de véritables pépinières où, sur la base de personnalité en développement et en cours de régénération, la Raison pure pourra se faire jour. Il s'agit, et l'éducation a ici beaucoup à dire, de faire de la Vie même sur notre terre, en vérité, un atelier de l'humanité vraie. Tout l'organisation sociale devra se plier à cette orientation. Les écoles deviendront ainsi les germes de la vie renaissante qui ressuscite des ténèbres où elle était plongée. Si les modifications de base sont réellement apportées, elles deviendront des ateliers de sagesse universelle. Dans un monde où tout éclate et part en morceaux, où l'on se perd dans le Labyrinthe des idées et des faits démultipliés par les médias, la Pédagothérapie nouvelle devra justement indiquer la sortie définitive du Labyrinthe, version terrestre de l'enfer. Et en effet quel 538 pandémonium, quelle folie n'est-elle pas sur le point de se déclencher sur une terre mutilée. La vision universelle qu'implique l'éducation biosophique spirituelle est donc de plus en plus d'actualité. En effet de plus en plus d'individus, qu'ils soient parents, éducateurs, ou simplement conscients de la nécessité d'un éducation de tous par tous, totalement différente de l'asservissement proposé en général dans les "écoles de la république", comprennent que la paix véritable ne peut être que le résultat d’une généralisation d’un certain type d’éducation libératrice. Non, par là-même, comme ce grand prophète cosmopolite l'avait bien compris, si une éducation à la paix véritable, intérieure, comme semblait la souhaiter Mme Montessori, n'est pas entreprise jusque dans ses aspects les plus subtils, cad en tenant compte de la totalité de l'être humain, esprit, âme et corps, nous irons de guerres en actions terroristes, de violences en explosions diverses. Toutes ces réflexions nous placent à l'évidence devant l'exigence suivante : dès la plus tendre enfance et même avant, des mesures radicales dans le sens d'une éducation visant à l'épanouissement de l'homme vrai, doivent être prises et réalisées d'abord dans des "écoles-laboratoires", puis à l'échelle universelle (Pampaedia). Le travail pédagothérapeutique, dans une optique biosophique purement spirituelle, s'il est encore le fait d'un nombre relativement restreint d'individus, est logiquement et inéluctablement appelé, à plus ou moins long terme, à avoir une influence directe et indirecte sur toute la société humaine. Car nous explorons de nouveaux paradigmes, 539 ceux du troisième millénaire, où tout éducateur ne pourra faire autrement que de vivre et d'incarner l'amour inconditionnel pour tous, et en particulier pour ceux qui lui sont confiés. L'éducation, dès maintenant, doit être envisagée sous un angle radicalement nouveau. Elle sera empreinte d'espoir et d'inspiration ou ne sera pas. Les enfants d'aujourd'hui sont les futurs adultes de cette société toute autre. La nature humaine change à une allure accélérée. Nous devons préparer nos jeunes à ce saut qualitatif, car cela ne se fera pas tout seul. Guidons les, accompagnons les dans un esprit de paix et de discipline intérieure, afin que, non seulement la moisson soit grande, mais les germes de la prochaine moisson soient semés. Pedagogie, Theatre, et Alchimie De tout temps, l'homme a cherché à se dépasser, a pressenti l'existence en lui-même de possibilités latentes que la vie ordinaire ne développait pas vraiment. On pourrait, et cela a été fait, étudier l'histoire en fonction de l'orientation générale des sociétés due à la simple présence de groupes d'hommes et de femmes conscients de la nécessité du développement de ces possibilités spirituelles. Citons ici pour mémoire l'Egypte, la Grèce, la civilisation gnostique du Moyen-Orient et tout autour de la Méditerranée du début de l'ère chrétienne, la gnose arabe, le manichéisme, le catharisme, et l'influence énorme de la Rose-Croix sur notre civilisation depuis le 17e siècle. Malgré tout cela, les conceptions universalistes de penseurs comme Bacon et Comenius, avec des propositions "panoptiques" comme celles des Collèges universels de sages, commencent à peine à 540 être comprises. Malheureusement, elles le sont mal, et le danger existe actuellement que l'on utilise ces idées généreuses pour une manipulation plus efficace de l'humanité à grande échelle. La réalisation de tels projets passe par une toute nouvelle éducation de l'humanité, visant à une réelle autonomie dénuée de toute égocentricité. Pour élaborer une telle pédagogie, il s'agit tout d'abord de déterminer des orientations cohérentes avec ce but spirituel, au niveau local, régional, national et international, sur la base d'une parfaite compréhension et d'une obéissance totale aux lois supérieures du Monde et de la Vie. L'Alchimie véritable a toujours été et est toujours cette science de l'homme et du monde qui permet ce développement, ne s'opposant en rien à une vie sociale libre et épanouie. L'éducation, libre de tous préjugés et de tous tabous malsains et de toute autorité stérilisante peut et doit comprendre de nos jours l'essence de l'alchimie. Et si ce mot fait peur et heurte par trop les esprits timorés, que l'on en trouve un autre. En fait, alchimie, théâtre et éducation sont trois moyens complémentaires et qui se recoupent bien souvent, d'atteindre au même but : l'autoréalisation de l'homme vrai. L'époque actuelle, est caractérisée par une intense recherche spirituelle. Ce travail sur soi, cette prise de conscience, cette aspiration à la réalisation en soi-même et par soi-même d'un état-d'être, d'une conscience radicalement différente de cette conscience du moi que l'on accepte par ignorance d'autre chose, sont à la fois les éléments de base de l'alchimie, les préalables par lesquels tout éducateur digne de ce nom doit passer et l'ar541 rière plan de tout théâtre “sérierux”, même s’il est drôle ! Dans ces trois moyens de vivre la connaissance, il ne s'agit pas de transmettre, car ce serait là un espoir bien prétentieux et en opposition avec un principe fondamental : celui de l'acquisition et du développement de l'autonomie. Humilité non feinte, discrétion, réserve, sont les principes de base de l'alchimie et de l'éducation. Il est beaucoup plus difficile et procède d'un esprit plus libre et avancé de travailler et de faire travailler l'effacement et l'expropriation de soi plutôt que l'affirmation de soi, même lié à la culture de la bonté, propriété à peine cultivée de l'animal en nous. Déjà, dans l'antique sagesse chinoise, on peut trouver : "Celui qui se vainc lui-même est plus fort que celui qui prend une ville" La violence est toujours le fait de l'homme nonlibre, qui n'a pas reconnu sa faiblesse. Ainsi celui qui n'a pas observé ses tensions et son conflit intérieur fondamental ne peut devenir conscient de la nécessité d'un processus alchimique éducatif qui lui permettrait de vivre "autre chose", sur d'autres bases. Le théâtre pourrait devenir ici un moyen de mettre en scène ou de suggérer l'existence et la possibilité de ce "tout-autre". Quelles valeurs l'éducation doit-elle remettre à l'honneur, en quoi consiste ce processus éducatif alchimique. Partons de notre expérience. Distinguons pour ce faire deux aspects de l'éducation. L'éducation du 542 jeune et celle de l'adulte. Parallèlement, constatons qu'il existe deux tendances dans l'éducation, dont l'une englobe l'autre. L'une que nous appellerons l'éducation dure, qui ne peut s'effectuer que sous un certain degré de contrainte, car elle ne recouvre qu'une partie de la réalité humaine. Elle correspond à un certain type d'homme, qui tend lentement à disparaître au cours de l'histoire. C'est l'homme de la masse, grégaire, victime d'autorités ignorantes et par là-même des puissances de ce monde.. Et puis l'éducation libératrice, qui tend, elle, par une réelle connaissance de soi, du monde, de la vie et de leur signification réelle pour l'homme, à un devenir humain véritable. Cette éducation peut devenir et être l'affaire de tous. Elle est par nature hostile à toute contrainte. Elle doit impliquer en parfaite liberté et collaboration réelle, parents et éducateurs, dès la naissance et même avant, et remet en question tous les préjugés d'ordre social et économique. Quand, dans ce cadre, nous parlerons de jeune, il s'agira de la jeunesse de l'âge mais aussi et sur tout de jeune sur le chemin alchimique de la connaissance par l'observation de soi-même et du monde, de la maîtrise de soi et de la victoire sur soi, seul chemin qui peut valablement donner un sens à notre vie. L'éducation actuelle dans son ensemble n'a aucun sens, si ce n'est de dresser les jeunes à s'intégrer dans une société dont les principes fondamentaux ne sont pas l'épanouissement dans un sens supérieur, mais bien plutôt la rentabilité et le perfectionnement, le progrès dans l'exploitation de la terre, de l'univers et donc aussi immanquablement de nos frères et sœurs humains. 543 Il serait donc bon que dès l'âge de six ans et même avant, le mieux serait même avant la naissance, les parents soient sensibilisés et deviennent, s'ils ne le sont déjà, conscients d'éléments qui sont souvent négligés ou passent à l'arrière plan. Le meilleur, qu'ils cherchent tous à apporter à leurs enfants, réside non seulement en des connaissances de bases qui leurs permettent de s'assurer une assise dans la société où ils vivent, car cela est bien nécessaire, mais surtout, responsables qu'ils sont de cette jeune vie, en une orientation toute nouvelle. Il s'agit pour les parents qui deviennent petit à petit conscients du sens de leur vie ou du moins qui cherchent consciemment à la découvrir, de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour précéder les jeunes sur le chemin de l'humanité véritable, afin de leur faciliter ce même chemin. L'humanité en est actuellement à une phase de développement où l'autonomie d'une véritable pensée libre doit se développer chez tous, en parfaite liberté. En la matière l'alchimie de l'âme en est à ses balbutiements chez un nombre croissant d'individus, et plus nombreux seront ceux qui parviendront à son couronnement et pourront accéder à l'alchimie de l'esprit et donc aussi à la reconstruction d'un corps nouveau, d'une nature tout autre que le corps grossier que nous connaissons, autrement dit qui parviendront à pénétrer dans le nouveau champ de vie, plus nombreux seront ces pionniers, plus l'humanité entière sera poussée à cette réalisation de l'humanité véritable. La responsabilité des parents, des éducateurs, et des jeunes qui commencent à comprendre ces choses est ici immense. En effet l'éducation peut et doit collaborer harmonieusement à ce processus alchimique. 544 On entend souvent par éducation l'apprentissage socioprofessionnel. Or la véritable éducation, celle qui forme des hommes et des femmes dignes de ce nom, englobe largement l'apprentissage. L'apprentissage n'est qu'un support de l'éducation. Quand l'homme pense que tout ce qui est manifesté est explicable et compréhensible par l'homme, il a raison, encore faudrait-il s'entendre sur le terme "homme". L'homme comprend les choses à la mesure où cela lui est donné, plus il se rapproche de l'humanité véritable, d'en devenir digne, sinon on a affaire à un savoir intellectuel dangereux, que l'homme ne maîtrise pas. Point n'est besoin ici de développer le thème de l'apprenti-sorcier, dont de multiples exemples émaillent l'histoire contemporaine. Là où il serait bon de faire preuve de plus de discernement, c'est quand on sépare les facultés de la tête de celle du cœur, le domaine de l'intuition de celui de la raison. Il n'y a dans l'intuition rien d'irrationnel ni d'inexplicable. L'alchimie rejoint ici la pédagogie. Le nécessaire rétablissement de l'unité intérieure passe par une alchimie du sang, du système nerveux. Le travail sur soi, l'auto-éducation, naturellement guidée par ceux qui ont plus d'expérience que nous sur le chemin de la victoire sur soi, n'est que vaine rêverie, s'il n'amène pas une modification profonde des organes du corps jusqu'au sang lui-même. Et cette possession intérieure du sang, c'est la foi. Boire le vin et manger le pain, communier, c'est alors la syntonisation vibratoire d'un groupe d'individus avec la vibration qui permettra à nouveau un pas supplémentaire dans la grande révolution dirigée vers le retour à l'état-d'être originel. La connaissance véritable n'a rien à voir avec un quelconque savoir intellectuel. En ce sens, elle est 545 intemporelle, et on retrouve dans l'histoire, de l'intérieur d'abord, puis manifestées dans des textes identifiables, des traces de cette connaissance. Cela donne un tout autre sens à la pédagogie de l'histoire, à l'histoire de la pédagogie, et donc à l'histoire de la prophétie, car qu'est-ce qu'un prophète si ce n'est un pédagogue à l'octave supérieure. En effet l'histoire de la prophétie est l'histoire du devenir humain, autrement dit le point en ce qui concerne le progrès de l'homme sur le chemin de la perfection, comparé avec les hautes normes formulées par les prophètes et les écrits sacrés. La prophétie, en ce sens, n'est pas essentiellement la prédiction d'événements extérieurs, même si la connaissance et la maîtrise des lois de rayonnements, réservée aux prophètes de haut rang, permet de prévoir les modifications, sous tous leurs aspects, qui accompagnent l'humanité dans sa marche de développement, de façon cyclique, non, l'essence de la prophétie , toujours double, est la présentation des conséquences du chemin choisi par l'homme. Soit un chemin d'obéissance et de réalisation, soit un chemin de révolte, qui cependant peut lui aussi mener à l'autorévolution et donc à l'obéissance aux lois supérieures, soit un chemin d'opposition et de dégénérescence, hautement inintelligent, long et plein de souffrances. Que fait le prophète? Il met toujours en garde contre les conséquences du troisième chemin, en en montrant les conséquences, tout en encourageant les hommes de bonne volonté à passer du deuxième au premier chemin. En ce sens, un véritable pédagogue est appelé à devenir un prophète. Le vrai pédagogue pourrait aussi 546 avec profit être un poète et un homme de théâtre. La poésie, la vraie, implique un effort d'élévation, une aspiration à un état de vie parfait, ou l'expression d'une réalisation de cet ordre. Elle peut aussi inciter à cette réalisation. Or l'éducation n'étant au fond (ou ne devant redevenir) rien d'autre que l'apprentissage et la reconnaissance intérieure d'un tout nouvel état de conscience, état dont la présouvenance existe encore de façon très vivace chez le jeune enfant (jusqu'à l'âge de quatre ou cinq ans l'immortalité est pour le jeune une évidence et la mort une absurdité), la poésie et le théâtre peuvent être de vivants moyens de préserver cette ressouvenance, de la dynamiser et d'exprimer les conclusions expérimentales de chacun sur son chemin de découverte de lui-même, du monde et de la vie. Un grand réalisme est cependant ici nécessaire. Le poète doit être celui qui réalise et non celui qui rêve ou "poétise". Sa poésie doit être celle d'un individu au moins en chemin vers la perfection. L'acte est ici fondamental, le comportement doit témoigner d'un état d'être constamment remis en question, sinon le danger guette, celui de se perdre dans les nuages et de passer à côté de la véritable auto-réalisation. Nous voyons donc s'esquisser petit à petit l'intérêt essentiel de cette recherche. Il est un fait certain que l'on peut parvenir à cette connaissance de façon parfaitement indépendante et qu'il ne s'agit en aucune façon de rechercher des autorités sur lesquelles s'appuyer pour répandre un message ou une idée. Il s'agit d'abord de se relier intérieurement par alchimie personnelle, à la source de toute connaissance spirituelle. Et toute éducation digne de ce nom se doit de 547 faciliter, de préserver cette possibilité. En fait c'est cela qui lui confère un sens. Quand on en est arrivé là, on n'a pas besoin d'apprendre pour savoir, et il est possible de saisir le fil d'or des siècles qui permet de reconnaître à coup sûr, puis de vérifier de façon objective à partir de textes l'inspiration libératrice de tel ou tel travailleur (mais avant d'en arriver à ce point, il est nécessaire de beaucoup étudier). Car beaucoup durent avancer masqués car leurs découvertes trop révolutionnaires pour leur temps, rencontraient souvent l'incompréhension. L'intérêt de faire surgir à la conscience contemporaine, de faire connaître à notre temps les travailleurs spirituels du passé réside en ce qu'il est là démontré la continuité d'un message libérateur vraiment humain. L'époque actuelle est caractérisée par une intense recherche spirituelle. Il est donc bon de susciter et de faire connaître toute forme d'études de civilisation en rapport avec les Ecoles des mystères du passé. De même l'étude du XVIIe siècle, avec des travailleurs comme Bacon, Fludd, Comenius, présente un intérêt certain. Chez Bacon et Comenius on retrouve certaines idées prophétiques comme celle d'un collège universel de sages. De nos jours des équipes de recherche existent bien au niveau de l'enseignement supérieur. Mais le problème est devenu plus subtil. La plupart du temps, l'objectif d'associations interrégionales ou internationales est de s'atteler à des problèmes d'ordre scientifiques, afin de faire des "découvertes", qui pourront trouver une application pour nous rendre la vie plus facile, ou qui nous rapprocherons de la compréhension des "secrets" de la nature de ce monde. 548 Or, sur le plan de l'orientation pédagogique, à tous les niveaux, ce sont toujours des "politiques" ou des économistes qui, avec les meilleures intentions du monde et par ignorance, dans un esprit "laïque" mal compris, qui déterminent de fait les objectifs, les intégrant donc presque nécessairement dans un cadre socio-économique bien étroit et caractérisé par l'ignorance des lois et du sens de ce monde. Nous devons ici faire une parenthèse sur le problème de la laïcité. Il existe encore malheureusement de nos jours un esprit d'inquisition, né de la peur dont jouent ceux qui tirent les ficelles, qui permet de suspecter, dans le cadre pédagogique tout ce qui s'écarte de la norme, tout ce qui, de près ou de loin relève de la philosophie en tant que travail sur soi, de ce qui pourrait évoquer la religion ou la politique. La laïcité bien conçue, en tout cas à partir de l'âge de douze ou quatorze ans, devrait être basée sur le principe de liberté. Or ceci implique liberté d'information et de choix. La libre information sur l'histoire des idées se retrouve bloquée par des préjugés regrettables. Et l'enseignement des diverses traditions philosophiques et spirituelles qui donnent un sens au monde devrait pouvoir être fait et même imprégner toutes les matières qui s'y prêtent. Nous allons plus loin, et prononçons ce qui pour nous est une évidence : ce qui donne un sens, la racine même de la signification et du but de notre monde devront être à la base, à l'arrière plan de toute éducation. Car à quoi sert une éducation si elle ne donne pas un sens à la vie. L'orientation générale de l'éducation est donc primordiale et devrait donc pouvoir librement être déterminée par des hommes et des femmes qui ont compris ce sens et connaissent par expérience personnelle 549 les problèmes de l'éducation. Le principe qui devrait ici être de rigueur est le suivant : la plus grande unité dans la plus grande liberté. Ceci est le problème alchimique par excellence. Et il requiert une toute nouvelle façon d'aborder l'éducation. Il se pose aussi bien au niveau individuel qu'au niveau universel. L'unité intérieure, comme l'unité universelle, ne peuvent être fondés sur le monde tel que nous le percevons, qu'il s'agisse de l'aspect visible ou invisible, que certains perçoivent. L'erreur provient de ce que nous croyons trouver le but de la vie dans ce que nous percevons avec nos sens actuels. C'est le vieux mythe du Paradis sur terre, l'espérance qu'en changeant l'homme et le monde sur la base de notre conscience actuelle, conscience centripète, conscience du moi, nous allons réaliser et accomplir notre vocation. Or notre conscience actuelle, nous l'observons bien tous les jours, nous colle à la peau. Certains parmi nous sont bien conscients de l'erreur du "moi", ils n'en veulent plus. Pourquoi? C'est qu'à l'arrière-plan de leur conscience commence à naître quelque chose de tout-autre. Si la conscience du moi a été nécessaire pour la constitution d'un embryon de penser individuel, l'autoréalisation d'une pensée vraiment autonome nécessite un changement radical, une révolution intérieure absolue. L'orientation, de centripète qu'elle était, doit devenir centrifuge. C'est à dire que nous devons comprendre la nécessité inéluctable, pour devenir des êtres humains dignes de ce nom, ce qui est ou devrait redevenir le but de toute éducation véritable et de toute alchimie, de travailler pour la manifestation universelle, en commençant 550 par un service impersonnel à notre entourage (et c'est uniquement là, à part les impératifs de survie, que réside l'intérêt pédagogique de la vie socioprofessionnelle). Mais cela sans perdre de vue, et cela conditionne toute l'orientation de notre travail, que le but n'est pas le monde que nous percevons, même si celui-ci a un rôle important à jouer. Nous devons guider les jeunes qui nous sont confiés afin qu'ils comprennent par expérience personnelle que le monde est une "maison de transit", une vaste école qui a une leçon à nous apprendre, et que la réalisation de l'homme véritable ne trouvera son couronnement que dans un ordre de nature complètement différent. Et la laïcité, qui n'est rien d'autre au fond qu'une universalité bien comprise, consiste à mon avis à montrer que toutes les traditions, quelles qu'elles soient, ont un fond universel commun qui montre un chemin. Ce n'est qu'à ce prix que l'on peut espérer surmonter les conflits afférents à ce problème. Comprendre le monde en obéissant à ses lois supérieures, dont l'impermanence fait partie, nous permet alors de trouver l'unique sens du monde que nous connaissons, qui se révélera alors être, pour le pédagogue sérieux, de pointer vers un état d'être perdu qui doit être reconstruit. Essayons d'observer expérimentalement. Que se passe-t-il? La plupart des parents, qui devraient être considérés, et surtout se considérer eux-mêmes, comme des éducateurs à part entière, même si leur rôle est quelque peu différent de l'éducateur "professionnel", sont en général maintenus, par un système de conditionnements complexes dont il leur est difficile de se libérer ( pour la 551 pure et simple raison, soit qu'ils sont rarement conscients de son existence, et donc bien entendu de l'urgence et de la nécessité de s'en libérer, soit qu'ils considèrent ce conditionnement comme "naturel" , ce qui est un comble, ou "culturel" , ce qui est donner un sens bien limitatif à la culture) dans l'ignorance et l'illusion concernant le Sens, donc le But et surtout la Réalisation de la Vie. L'énergie est habituellement dirigée presque exclusivement sur le plan horizontal des choses, celui de la survie, vers la rentabilité et la consommation, et les valeurs révolutionnaires qui permettraient à l'homme d'entrevoir une issue libératrice sont noyées dans l'agitation et la peur, élevées au rang de vertus, ou au moins acceptées comme faisant partie de la "nature humaine". Et cela continue, de génération en génération en génération, car même si quelques éducateurs prennent conscience de ces choses, - soit ils ne voient pas la possibilité de rétablir une orientation positive et en harmonie avec le but fondamental de la Vie, et baissent les bras devant un système qui les écrasent et devant lesquels ils se sentent impuissants - soit ils font figure d'utopistes, de doux rêveurs, et quand ils veulent s'attaquer au problème en eux-mêmes, donc que cette connaissance d'eux-mêmes et du monde rejaillit sur leur enseignement, ils sont regardés de travers ou récupérés. Et les jeunes, sauf rares exceptions, suivent les rails qui leur ont été tracés par leurs aînés. Comment se libérer de ce cycle infernal? Où faire porter l'effort? 552 Il semble évident qu'il faut qu'un nombre croissant d'éducateurs deviennent tout d'abord conscients de ces choses, et se décide ensuite à les appliquer dans leur pratique quotidienne, en formant ainsi progressivement des équipes pédagogiques, des équipes transdisciplinaires de projets internes aux établissements, et interétablissements, aussi bien au niveau local, régional, inter-régional que national et international. Et, Dieu soit loué, nous pouvons observer que les forces libératrices actuellement à l'œuvre en ce monde poussent au travail alchimique et que de plus en plus d'éducateurs comprennent, car ils sont constamment renvoyés à eux-mêmes. Ils sont donc mûrs pour collaborer à l'orientation de l'éducation vers un réel devenir humain et vers une compréhension positive du monde et de la vie. Même s'ils sont peu nombreux, de plus en plus de parents ont des exigences convergentes pour leurs enfants. Ils accepterons de plus en plus difficilement que l'étincelle, le germe d'une vie qu'ils pressentent soit étouffé par une éducation trop normative, et destructrice en ce qui concerne l'essentiel. L'effort doit aussi porter sur les futurs parents. Comment? Les éducateurs de l'enseignement supérieur et de fin de cycle secondaire ne doivent pas seulement expliquer les phénomènes vitaux, mais leur sens. La venue d'un enfant dans le monde doit être clairement montrée comme une chance, pour cet homme ou cette femme en devenir, de devenir en vérité libre. La nécessité d'attendre de posséder une maturité suffisante pour collaborer à la naissance, à la croissance et à la maturité de cet être doit être soulignée (en principe tout devrait être fait pour qu'une naissance ne survienne pas avant que les deux parents n'aient au moins 28 ans, âge où, si 553 tout se passe bien, il serait possible que les véhicules humains de base soient formés). De même la responsabilité de l'auto-préparation à cette venue doit être nettement pointée : les deux parents doivent être conscients de ce qu'ils devront assumer celle-ci sans compter, au départ, sur qui que ce soit. La préparation à la tâche de parent doit donc commencer le plus tôt possible, et ceci dans le sens ici esquissé, et non uniquement dans les multiples perspectives affectives et socio-économiques bien souvent à l'arrière plan de la naissance, événement qui doit retrouver son caractère sacré. Ce qui implique que les programmes d'enseignement doivent, dès l'école primaire, inclure ces notions de respect de la vie, de responsabilité et d'autonomie. Les maîtres ou les maîtresses ne devront pas perdre une occasion, au cours de lectures ou d'explications, de porter l'accent sur la merveille qu'est la vie, et comment un être, qu'il s'agisse d'une pierre, d'un végétal, d'un animal, ou d'un être humain, se développe en harmonie avec sa nature propre s'il est placé dans des conditions qui y sont favorables. Le sens de la vie, de la naissance à l'épanouissement, devra être souligné dans son ensemble. Le maître ou la maîtresse devront donc déjà avoir une recherche personnelle avancée en la matière. Ceci montre bien, soit dit en passant, que la formation initiale des maîtres doit au moins durer jusqu'à 28 ans. Et dans cette tâche éducative qui doit être accompagnée dès avant la naissance, parents et éducateurs doivent réellement collaborer. On assiste malheureusement, et enseignants et parents conscients le savent bien, à une incompréhension mutuelle qui trouve sa source évidente dans l'ignorance relative des deux par554 ties. Oui, parents et éducateurs doivent réellement travailler ensemble. Comme nous le disions plus haut, la tâche de parent doit être revalorisée. Dans l'état actuel des choses, par quoi commencer? Tout en espérant qu'un nombre croissant de parents collaboreront de façon positive à l'œuvre éducative, l'initiative doit malheureusement dans certains cas de plus en plus nombreux partir des pédagogues, à l'exclusive condition que ceux-ci aient pour un des objectifs principaux la responsabilisation des parents qui en ont encore besoin, la nécessaire prise de conscience de la responsabilité . Dans une ville, il y a des écoles maternelles, primaires, et secondaires. il est bien évident que le travail de sensibilisation des parents, surtout dans les villes ou la population est le plus en difficulté, doit commencer le plus tôt possible. Mais ne nous y trompons pas, le niveau de conscience n'est pas forcément plus élevé à Neuilly qu'à Sarcelles, même si en moyenne le niveau culturel est plus élevé. Et il est quelque fois plus difficile et plus subtil de comprendre qu'une idéologie très performante dans le domaine socioprofessionnel peut être catastrophique sur le plan pédagogique. Une façon de penser qui soutient et entretient un nombre de plus en plus important de foyers de guerre dans le monde, du fait des valeurs érigées au rang de vertus telles que la compétitivité et la lutte pour la vie, est terriblement destructrice pour l'éducation. Celle-ci doit viser à une nouvelle civilisation où les quatre piliers de base, buts à atteindre et non prérequis, seront la non-violence, l'harmonie dans toute les extériorisations, l'orientation 555 parfaite vers l'auto-réalisation et autolibération de l'essentiel en l'homme, et l'unité véritable sur la base de ces choses, pour tous ceux qui accepteront consciemment cette Révolution intérieure non-violente . Aucune autre éducation n'est digne de ce nom. Les plus jeunes enfants sont plus près des notions d'absolu et de liberté. Il faut donc veiller à ce que , dès la maternelle, l'ouverture aux choses essentielles de la vie soit maintenue et entretenue par des contes, la musique, les activités créatrices, l'observation du monde guidée intelligemment par les éducateurs, et surtout que l'on n'endommage pas les si délicates fonctions du cerveau, du système nerveux, et des glandes à sécrétion interne, par un entraînement intellectuel trop précoce; Certains préconisent une préparation à l'apprentissage de la lecture dès la crèche! Nous expliquerons plus loin en détail pourquoi il est d'une importance vitale que les apprentissages faisant intervenir un embryon de fonctionnement mental structuré n'aient pas lieu avant 6/7 ans. Ici se pose immédiatement le problème de la formation. Il faut être lucide. La société et son cortège d'impératifs économiques ne se laisseront pas faire. Les bouleversements qu'implique une telle conception révolutionnaire de l'éducation ne se feront pas sans mal. Il est question ici de balayer des préjugés millénaires qu'au cours des siècles bien peu d'hommes ont réussi à surmonter. Ce qui compte c'est, dans un premier temps, un maximum de formateurs et d'étudiants soient tellement sensibilisés à ces choses qu'ils en viennent à les considérer comme si essentielles qu'ils n'hésitent pas à les 556 mettre en pratique contre vents et marées. Car ce n'est que par la base, ce n'est que si un nombre croissant d'individus se met réellement au travail alchimique sur soi-même, même s'il ne lui donne pas de satisfaction en ce monde, que les objectifs de l'éducation pourront être changés. Et alors on pourra espérer que la compréhension du monde et de la vie en tant qu'ordre de secours pourra à nouveau se répandre et être acceptée. Répétons le, ces choses ne pourront être prises en main par un nombre suffisamment important d'éducateurs, de jeunes, de parents, que si le caractère d'urgence en est reconnu. Et pour que les orientations libératrices de cette nouvelle façon d'aborder l'éducation puissent trouver leur application dans les faits, il est indispensable qu'elles soient acceptées et donc reconnues comme fondamentales, une question de vie ou de mort. Et c'est bien de cela qu'il s'agit, d'accomplir ou non, au cours de cette vie, de réaliser ou non en nous, ce pour quoi nous vivons. Sinon, notre vie n'a aucun sens, et c'est une mort lente. De plus, il suffit d'ouvrir un peu les yeux pour constater que les valeurs de rentabilité, de compétitivité, qui n'ont d'autre sens que celui, animal, de profiter au maximum des ressources de la planète, déjà bien abîmée ( et là le cri d'alarme est déjà poussé depuis longtemps, mais les intérêts financiers et de pouvoir sont tellement forts qu'il est déjà très difficile de faire entendre raison). Il est aussi question un peu partout d'exaltation du moi et du groupe auquel on appartient, même si ce groupe est celui de la population terrestre, auquel cas il s'agit d'un énorme ego. Eh! bien, ces valeurs mènent l'homme à l'abîme, sans parler des violences endémiques et des guerres, des comportement déviants, qui sont malheureusement encore tolérés et considérés comme normaux, etc... 557 Tout cela n'est pas nouveau, et correspond à une fin de civilisation. Le problème est que ce cancer s'étend à la planète entière, et qu'il passe donc beaucoup plus facilement pour "normal"... Ce que peut faire l'alchimiste n'est évident que pour l'alchimiste, de même que pour le pédagogue, mais le résultat en est un travail sur soi-même, mais au service de tous. Et si l'on considère que l'alchimie consiste d'abord en ce travail de connaissance de soi, puis de maîtrise de soi et de victoire sur soi, alors on peut affirmer que tout éducateur sérieux est par nature un alchimiste, car comment orienter, guider les jeunes qui lui sont confiés s'il ne vit pas le travail intérieur qui lui permet, à lui aussi, d'avancer sur le chemin du devenir humain véritable. Les éducateurs sérieux doivent donc constituer comme un groupe ouvert d'hommes et de femme qui savent vraiment ce qu'ils font et pourquoi ils le font. Que font-ils? Leur tâche est, en collaboration avec les parents et les jeunes plus mûrs qui ont compris les objectifs et travaillent activement à les réaliser, de guider les jeunes dans quatre directions principales, le devenir humain, la biosophie ou compréhension du monde et de la vie dans toute sa sagesse, la faculté de s'exprimer, et les connaissances à usage socioprofessionnel La première est le devenir humain véritable. Cette première orientation part du présupposé que l'homme dans son état actuel n'est pas achevé, accompli, qu'il est en chemin vers cet accomplissement, ce qui fonde d'ailleurs le projet éducatif. Le jeune comprendra facilement cela car il est lui-même, dans le cadre de l'évolution "naturelle", en perpétuelle transformation. 558 L'objectif qui lui est habituellement proposé est celui de devenir un "adulte", capable de subvenir à ses besoins, que possible dans le cadre d'une société définie. Il faut montrer aux jeunes, dès leur plus jeune âge, par des contes, des poèmes, du théâtre, etc... qu'il ne s'agit là que d'une étape, nécessaire mais insuffisante, que le but de sa vie est beaucoup plus noble et digne d'accomplissement. Il doit être amené progressivement à découvrir en lui-même et par lui-même l'essence de cette humanité véritable, dont la réalisation est le but de la vie de tout individu parvenu à une conscience relativement libre. Car dès qu'un rayon de lumière luit dans notre obscurité, nous n'avons de cesse que ce rayon devienne un soleil rayonnant. A moins que nous ne cherchions à explorer et à exploiter cette lumière, auquel cas, c'est avec son reflet que nous travaillons, car la force motrice de l'univers, que certains appellent l'Amour, n'est pas pacifiste et ne se laisse pas saisir par des mains non préparées et avides. Et si l'on cherche à utiliser cette force de façon égocentrique, et c'est ce que nous observons autour de nous avec les résultats catastrophiques que l'on peut facilement constater, qu'il s'agisse de l'ego du monde, avec ses multiples intermédiaires, ou du moi, cette puissante force continue à s'offrir, en sacrifice indicible, mais toutefois à un taux vibratoire abaissé, afin que les expériences, négatives ou positives, aient finalement démontré à l'homme l'impasse dans laquelle il s'était lui-même fourvoyé, et la nécessité d'une éducation absolument autre. Il y a cependant des limites. Et ceci nous amène à parler du problème de la "discipline". La mentalité de "sale gamin" de l'homme, 559 qui s'est démontrée au cours des siècles, accumule des dangers pour la nature, dont la fonction est entre autres de permettre une éducation de l'homme véritable. En un certain sens, on peut dire que cet "Amour", de même que la Nature qui en est l'expression, ont leurs "exigences". A l'échelle d'une vie, qui nous intéresse ici, il est évident que, sur le plan pédagogique, le jeune, passé un certain âge, a besoin, quoique très temporairement ( et là gît la difficulté) d'un référent, de règles. Ce référent ne doit pas être "personnel" au départ. Les exigences relayées et vécues par les éducateurs doivent être celles du groupe des éducateurs, du groupe des parents et du groupe des jeunes. La communauté éducative doit être progressivement amenée à comprendre, à accepter et à intérioriser ces exigences de façon "personnelle" ensuite. La plus grande rigueur est d'abord, pour l'éducateur, à avoir sur lui-même. Simultanément, et dans les grandes unités pédagogiques, qui sont d'ailleurs appelées à disparaître, la plus grande rigueur devra être mise en œuvre par rapport à ces exigences. Mais la "discipline” devra toujours être ici conçue comme un moyen de faire comprendre et intérioriser l'exigence sur soi. Ces exigences doivent être présentées comme "allant de soi", elles ne doivent surtout pas être considérées comme un nouveau dogmatisme, comme un but impossible à atteindre. L'homme tel que nous le connaissons actuellement, avec sa conscience plus ou moins individualisée, n'est pas, ne peut pas être le but. Il suffit d'avoir ouvert un peu les yeux sur le monde actuel et de considérer l'histoire de l'humanité pour s'en apercevoir. 560 Et le monde dans lequel nous vivons n'est pas non plus une fin en soi. L'homme et le monde actuel ne sont donc que des moyens, même si ces moyens doivent être tenus en parfait état aussi longtemps qu'ils n'ont pas encore accompli la vocation pour laquelle ils ont été créés. Or quelle est la vocation de l'homme et du monde? Qu'est ce que l'alchimie de l'âme et l'alchimie spirituelle? Et cette alchimie, perçue comme si "dramatique", dans le sens "dramaturgique" n'est-elle pas, pour l'homme devenu conscient qui éprouve constamment le besoin de se dépasser, un mode d'emploi opératif. Les modifications accomplies vont ainsi jusqu'au biologique et au structurel. L'être originel véritable, tel le Phénix renaissant de ses cendres, surgit alors des ruines de l'homme ‘naturel’, les dernières flammèches mourantes de sa volonté-moi éteintes L'homme-moi, tel que nous le connaissons, ne représente qu'un stade d'évolution. Il était nécessaire que nous acquerrions une conscience individualisée douée d'un embryon de pensée. Pour la plus grande partie de l'humanité, ce stade a été atteint. Mais il faut maintenant passer à la réalisation de l'alchimie de l'âme et à celle de l'esprit. Ces principes alchimiques et éducatifs furent connus, en cercles plus ou moins restreints, de tous les instructeurs de la période de l'humanité aryenne (aryen veut dire homme réalisé, parfait, saint) ,dont l’origine historique se situe une dizaine de milliers d'années auparavant en Amérique du Sud, aux Indes et en Egypte, à la suite de catastrophes géologiques et telluriques qui mirent fin à la période précédente. Mais il est des moments dans l'histoire de l'humanité où l'urgence de la situation commande de faire connaître ces choses, faisant soi-même tous ses efforts pour les réaliser en 561 soi-même (ce qui est la meilleure façon de les faire connaître). Pourquoi urgence? L'état de délabrement de l'homme et du monde ne peut de nos jours être pris en charge par personne d'autre que par l'homme lui-même, et il est donc parfaitement évident que rien ne doit être retenu pour qu'il puisse "prendre se affaires en mains", ce qui implique évidemment une toute nouvelle éducation où sens de la découverte, pensée autonome, autoresponsabilité et auto-création seront de rigueur. 562 Biosophia, Initiation en Grèce et Rose-Croix Sur un plan pédagogique, comment amener à une éducation du cœur telle que le jeune puisse être réceptif à l'appel de l'origine. Comme je le fis remarquer dans un conseil de classe à propos d'une élève qui voulait démontrer une attitude de " guerrier ", une bonne partie de l'éducation des guerriers dans la cité de Platon, classe de citoyens correspondant au cœur, au thumos (sanctuaire du cœur chez les grecs), avait pour but une éducation émotionnelle, donc une maîtrise et une connaissance de ses propres émotions. Dans cet ordre d'idées, nous aimerions évoquer l’atelier de biosophie d’une classe-relais, où l'on retrouve en général les élèves les plus réfractaires aux modes scolaires actuels basés principalement sur la logique et le langage. Pour Stéphane Grobost 97 il s'agit d'aborder la biosophieà peu près de la façon suivante, quitte à élargir ce point de vue par la suite : Bio, la vie et Sophia, la sagesse. C'est à dire que, si en fait on a l'air d'emprunter à deux types de cours classiques, nous avons ici une façon d'aborder la compréhension du monde et de la vie, de l'environnement proche et éloigné, tout à fait originale, et dont l'arrière plan est purement spirituel, même si, philosophie et éducation à la citoyenneté, l'on y utilise des éléments qui relè563 vent en fait de la vie ordinaire. Certains éléments de biologie et une totale transdisciplinarité amèneront d'ailleurs à envisager dans ce contexte la Vie dans son ensemble. Nous savons que la philosophie est souvent traitée comme le parent pauvre des enseignements actuels, comme étant une matière non-rentable et rébarbative que l'on n'aborde pour cette raison qu'en classe de terminale. Il est curieux de remarquer que les mathématiques, qui ne sont à tout prendre que l'apprentissage de modes de penser, sont pour leur part appris très tôt, peut-être parce que cela permet d'un côté de " rentabiliser " la pensée, (ce qui aurait fait bondir Platon pour lequel les mathématiques étaient surtout une façon d'aborder le monde des idées), et d'autre part d'inculquer justement des modes de penser opératoires qui permettront plus tard, en faisant appel à l'inconscient, de mieux manipuler les individus. Donc, la philosophie étant devenue par la force des choses trop abstraite et intellectuelle, il s'agit d'y introduire, ce qui semble relativement facile, une pratique qui réponde à la mode de l'éducation à la citoyenneté, réponse plus ou moins maladroite aux incivilités des jeunes, et qui inclut instruction civique et cours de morale. Dans cette pratique, ce qui va compter c'est surtout le " mode d'être et l'implicite ", dans le comportement et l'égalité des droits. Et aussi bien entendu : d'où vient, quel est l'arrière-plan vibratoire que rayonne le pédagogue. Ainsi l'état d'être du pédagothérapeuthe devient beaucoup plus important que ses connaissances théoriques. Ceci ne signifie en aucune façon que le " professeur " ne 564 devra pas avoir acquis une solide formation dans le domaine qu'il doit enseigner. Seulement, cela implique que la formation d'un enseignant devra avant tout tenir compte d'une réelle vocation et de qualités pédagogiques, et qu'une de ses tâches fondamentales consistera à garder ouverte en lui-même et autour de lui l'esprit de découverte de l'essentiel. C'est d'ailleurs bien l'esprit dans lequel Platon concevait l'éducation, lui qui s'élevait fermement contre la conception utilitariste des mathématiques, objet pour lui de l'approche du monde spirituel Et nous retrouvons ici l'association mystères-éducation. Nous allons un peu nous pencher sur l’ambiance des “mystères” grecs. Platon, tout au long de ses œuvres, fait constamment allusion aux mystères, de façon explicite ou voilée. Ce sont les mystères d'Eleusis qui lui étaient le plus proche. Peu après la mort de Socrate, il y fut lui-même introduit et initié. Il n'est que de relire des œuvres telles que le Phédon, Protagoras, Phèdre, la République, le Timée, le Banquet, pour se convaincre qu'avant et après la mort de Socrate, les mystères imprégnaient le groupe socratique. Socrate, l'éducateur, l'accoucheur des esprits par excellence, était d'ailleurs certainement lui-même initié à un grade élevé, (peutêtre des mystères delphiques) probablement à l'initiation philosophique, grade sacerdotal intérieur qui comportait une mission particulière, à l'image des parfaits cathares. Ce grade correspondait à ce que Socrate appelle " philosophe ", dans la plus haute acception du terme. En vérité, de Rama, l'archidruide, à Hermès, le Trismégiste ; d'Hermès à Pythagore, de Pythagore à Platon ; de Platon à Dante, c'est le même courant spiri- 565 tuel séculaire qui circule. Platon et Socrate ont pu d'autre part être considérés par certains auteurs comme prophètes et précurseurs du Christ. Le mot disciple veut dire élève. Et de nombreux grecs ont pu se considérer comme élèves de Socrate, capable de faire surgir la vérité dans la bouche de ses interlocuteurs, presque malgré eux. Cependant il a toujours refusé l'idée qu'il pourrait avoir eu des disciples, justement parce qu'il ne faisait que faire surgir en eux ce qui y était déjà présent. Pourtant n'est-ce pas là la qualité première du pédagogue ? Au fond, le travail pédagogique est actuellement très mal compris. De la même façon que l'on " dresse " les jeunes et les moins jeunes à chercher en dehors d'eux-mêmes au lieu de leur permettre une utilisation intelligente de l'énergie en les faisant pratiquer très sérieusement le travail sur eux-mêmes, il est important de comprendre l’urgence de revenir au principe hermétique, si peu pratiqué mais tellement cité, permettant d’aller du plus compliqué au plus simple, du divers au synthétique De plus en plus y sont d’ailleurs prêts. Dans la tradition grecque d'ailleurs, tout part de l'Un, de l'Absolu, du Parfait. C'est la matrice qui contient tout, sans forme. L'âme du monde et le monde du devenir sont tous deux soumis et obéissent, quoiqu'en une certaine façon éternels, à l'Un. Dans le processus de création, intéressant à plus d'un titre sous l'angle pédagothérapeutique, ce sont d'abord les dieux, forces éternelles du monde du devenir, composées directement de feu (c’est à dire d'esprit) et directement issues de l'unique, qui apparurent. Ils eurent pour tâche de former la race humaine, en utilisant un 566 principe immortel, et une partie périssable. Nous avons ici immédiatement le principe des deux ordres de nature, fondement du travail de la Rose-Croix actuelle, et l'allusion au corps humain en tant que porteur de possibilité de sauvetage de la partie immortelle. L'âme humaine fut formée de l'essence immortelle qui restait après que les dieux eussent été créés (Cf. Timée) C'est alors que, libre et d'une splendeur incomparable, elle faisait encore partie du cortège des dieux (Cf. Phèdre). Quand elle passait " au-delà de la voûte céleste, (allusion à l'enseignement de la sphère réflectrice, dispensé aussi par l'Ecole spirituelle moderne), elle participait de droit à la vie originelle divine. Mais, la perte des ailes de l'esprit, ce qui correspond dans l'enseignement universel actuel à l'expulsion du troisième noyau-âme (Cf. Mystère de la vie et de la mort, de Jan van Rijckenborgh), due au manque de maîtrise de l'aspect inférieur, mortel de l'âme, provoqua ce que nous appelons la chute. Au cours de trois étapes, l'âme s'entoura successivement de voiles de plus en plus épais et denses. Dans la partie supérieure du monde visible, elle traverse les différents cercle des astres, où elle revêt le souffle d'âme, lumineux. Puis dans le cercle de la Lune, elle reçoit le souffle de vie dialectique-humain Dans le monde sublunaire, puis terrestre, les dieux créent un corps adapté à la vie terrestre. C'est la mort qui fait son irruption dans la vie, alors que jusque là l'homme vivait d'un parfait métabolisme (tout accepter, tout donner et par là tout recevoir), où 567 tout se transformait, sans avoir recours à la mort (Cf. Gnose Originelle Egyptienne JVR). Nous aimerions ici citer un passage du Mystère de la vie et de la mort , de JVR : " La structure du microcosme est semblable à celle d'un atome… Cet atome possède trois noyaux. Dans le centre de l'atome, deux de ces noyaux tournent l'un autour de l'autre à une grande vitesse. Le troisième noyau tourne en décrivant un large cercle autour des deux autres. Ces trois noyaux, nous pouvons les appeler les trois âmes et conclure que le microcosme a trois âmes. L'orientation des êtres atomiques Trois-Un - trois âmes - que nous venons de décrire doit être centrifuge et non pas centripète, chaque atome s'élevant à la Manifestation Universelle, se vouant à elle, s'offrant entièrement au Grand But dans une oblation parfaite, une subordination totale, et ainsi - grâce à cette façon de servir impersonnelle - se manifestant lui aussi. Lorsqu'une telle entité atomique trois-un tourne son regard vers l'intérieur, se contemple (mythe de Narcisse que nous verrons plus tard) et de là engendre une activité centripète, la loi naturelle divine qui est à la base de l'espèce d'atome en question est perturbée. Les rapports magnétiques sont déséquilibrés et une formidable chaleur, un feu puissant naît. L'un des deux noyaux âmes tournant l'un autour de l'autre au centre du microcosme fut chassé du système et périt dans l'espace. Dans un microcosme, ce fut le positif, dans un autre ce fut le négatif qui fut rejeté… 568 Les conséquences de cette catastrophe furent tragiques. Par leur effort centripète … pour chercher et vouloir leur royaume propre, les microcosmes en question se tracèrent des frontières naturelles et se retrouvèrent à l'intérieur d'un monde espace-temps. Car là où il y a des limites déterminées, là aussi règne l'espacetemps. … là alternent le jour et la nuit, la lumière et les ténèbres, on dégringole dans la dialectique. … Ainsi le royaume intérieur s'écroula. C'est ainsi que, pour la première fois, si l'on peut dire, apparut la mort. Le microcosme fut " privé " du royaume. Et, vidé, le microcosme erra dans la nuit du monde … " La mort est donc née. L'homme vit dès lors dans le cycle de la vie et de la mort, cycle de la genèse, ces cercles qu'Orphée appela l'Hadès. Ce qui y est né doit mourir et renaître jusqu'à ce que soit rétabli l'ordre originel. Pour cela la première phase d'activité biopsychospirituelle pédagothérapeutique doit être le rétablissement de la juste hiérarchie des trois sanctuaires, ce que Platon-Socrate exprime de façon très claire dans la " République ". Ce qui se manifeste dans l'univers sous la trinité Un-Monde de l'âme-Monde du Devenir, doit à nouveau se manifester en l'homme de la façon correspondante suivante : - Tête-Cœur-Bassin, Νους-Θυµος−Επιθυµια, Esprit-Ame et Corps. Dans le Timée, nous lisons très clairement que la tête fut prévue pour être le réceptacle de l'Esprit, à l'image 569 de l'Univers par sa forme sphérique. La tête est donc le sanctuaire de l'esprit, du Nous (Cf. Eléments de philosophie 98, et Gnose Originelle Egyptienne, de Jan van Rijckenborgh). Les membres et organes du corps constituent comme un support pour l'âme, du sang à la conscience en passant par le système des glandes à sécrétions internes, le système nerveux et le feu du serpent. Ce support de l'âme est périssable, c'est le char qui porte l'âme (Cf. Phèdre). L'âme est donc étroitement imbriquée dans le corps, c'est l'animatrice, l'intermédiaire entre l'esprit et le corps. Elle y est plus particulièrement présente sous trois aspects : - dans la tête (sanctuaire de la tête) - dans la partie médiane appelée en grec Thumos, sanctuaire du cœur qui comprend aussi les poumons. A ce niveau existe aussi la possibilité d'attirer, de repousser ou de rester neutre. On retrouve ici l'étymologie du mot thymus. C'est le siège des émotions, du désir. Si le thumos obéit au Nous, c’est à dire si seul le désir d'accomplissement, de libération subsiste, tout va bien. Mais trop souvent désirs et passions servent les instincts. C'est alors que le troisième aspect, l'épithumia, partie inférieure de l'âme, domine le système. Dans la description de l'éducation de l'âme proposée aux gardiens de la cité dans la " République ", c'est la situation de départ. Au niveau de la Cité elle-même, Socrate distingue parallèlement : a) Le peuple, correspondant au corps, au bassin, à l'épithumia. b) Les gardiens, correspondant au cœur, à l'âme, au Thumos. 3) Les philosophes, la tête, le Nous, l'esprit, (et non la pensée). 570 Comme nous avons pu le voir à plusieurs reprises plus haut, l'élévation de la conscience dans le sanctuaire du cœur, la renaissance de l'âme, la purification du cœur, constituent le noyau, la base de départ de tout processus libérateur. Et quand dans la République de Platon, c'est l'aspect gardien qui est l'objet principal de l'éducation, cela ne constitue en aucun cas un hasard. D'autre part, sur le plan géographico-spirituel, le cœur de la Cité et le cœur de l'homme coïncident. Ce cœur de la cité correspondait à la partie la plus sacrée dans l'acropole, où un feu sacré, feu d'Hestia, était constamment entretenu. On voit donc ici, comme dans l'enseignement universel moderne, une parfaite correspondance sur le plan du microcosme et du macrocosme. De même qu'au cœur de la Terre existe un cœur spirituel, et qu'au cœur du système solaire existe un soleil, la Cité est le reflet et la projection du Monde en plus petit et de l'Homme en plus grand. Chaque famille possédait d'ailleurs aussi ellemême son propre feu d'Hestia, feu qui était confié à la garde de la maîtresse de maison ; ce qui explique pourquoi la femme partait avec un " avantage " concernant l'introduction aux mystères, puisqu'elle devait comprendre très tôt le mystère d'Hestia. Le point fondamental de l'éducation des gardiens, donc de l'éducation de base de l’aspirant aux mystères,est donc le rétablissement dans l'homme de la hiérarchie originelle perturbée. Cela devrait être le cas le plus rapidement possible du plus grand nombre possible. Le Nous, sanctuaire de l'esprit, doit de nouveau gouverner le système, allié au thumos, sanctuaire du cœur, 571 dans lequel se retrouve le vestige central, le lieu sacré, feu immortel mais endormi. C'est, quoi qu'il arrive, en ce point du système, point d'essence non-dialectique, que doit commencer le processus de rétablissement. L'épithumia, sanctuaire biologique du bassin, du corps, de la vie, devra à nouveau obéir aux deux précédents. Mais il faut bien comprendre que le but de ce rétablissement se situe justement au niveau du feu sacré, du troisième noyau-âme qu'il faut rétablir. Et pourtant c'est dans le corps que devra avoir lieu tout le processus de renaissance de l'âme. Dans la mesure où les organes ne sont pas utilisés uniquement à la satisfaction des instincts et à la lutte pour la vie terrestre, ceux-ci ont quasiment pour unique fonction de servir de support à ce travail, ce que nous avons vu plus haut (Cf. Gn. Un. JVR). C'est donc de nouveau l'âme esprit qui doit retrouver sa royauté, comme du temps où elle n'était pas encore enfermée dans un corps. Cette incarnation de l'âme, comme on peut le retrouver aussi bien dans les traditions Orphiques, Socratique, Pythagoricienne, qu'actuelle, n'alla pas sans mal, chaque corps particulier n'étant pas comme celui des dieux, assemblé de façon divine par l'Un, l'Absolu, mais composé par les dieux créés (Cf. Elohim et Timée). Ce qui fait que les cercles de l'âme immortelle, résumé de l'univers entier furent plongés, unis, au corps mortel, comme dans un fleuve impétueux. En, fait, à la naissance du corps mortel, le microcosme a " oublié " ses expériences dans les vies passées et jusqu'à son origine même, quoique cette connaissance soit gravée dans son système mais non encore consciente. 572 A cause de tout cela, " aujourd'hui et depuis les premiers temps, l'âme commence par être sans intelligence (on voit bien par là quelle type d'éducation lui convient) quand elle vient d'être unie à un corps mortel. " Mais après un chemin d'expériences et d'initiation, " les cercles de l'âme rendent sage l'homme dans lequel elle se trouve. " Comme dans presque tous les aspects de l'enseignement universel, cette apparition de l'âme dans le monde créé est clairement décrite comme une chute, et indique bien le chemin premier que doit emprunter toute forme d'éducation. A plusieurs reprises, Socrate précise bien que, d'après lui, pour autant que notre âme sera esclave et dépendante de notre corps, nous ne pourrons retrouver le chemin de l'Absolu. Et : " dans le temps que nous serons vivants, le moyen de nous approcher au plus près de la connaissance, c'est de ne pas nous laisser lier, entraîner et contaminer par la nature matérielle et grossière de notre corps, mais de nous en purifier au contraire, en attendant que le Dieu lui-même nous ait délivrés. Alors, purs et libres, nous connaîtrons par nous-mêmes ce qui est sans mélange, l'absolu. Le corps doit donc retrouver ce qui constitue en fait sa fonction principale, celle de support de l'âme. C'est surtout dans le Phèdre que l'on trouve cette idée de chute et de Rédemption, indiquée par le mythe de l'âme ailée. L'Humanité originelle y vit dans l'empyrée, au-delà de la voûte du ciel (allusion à la sphère réflectrice). L'âme y est assimilée à une force ailée, composée d'un 573 attelage de deux chevaux, l'un docile, et l'autre rétif, et d'un cocher. Dans ce mythe, l'homme se trouve toujours placé devant un choix très clair : " soit maîtriser le cheval rétif du corps (épithumia)ou se laisser entraîner par lui dans le cercle des incarnations et perdre de plus en plus les ailes de l'esprit . Celui qui est conscient qu'il ignore tout, en vérité du chemin qui lui permettrait de retrouver l'état originel, et y aspire cependant de tout son être, peut vivre l'expérience première et bouleversante du ressouvenir. Il s'agit de réveiller ce qui est latent et endormi, préexistant à la naissance même. En chacun de nous existe en effet la ressouvenance, qui, réveillée, implique une connaissance du tout, de l'absolu, et dont il va falloir énergiquement saisir le fil. Si l'on s'en tient pour l'instant au Phèdre, il est clair que la possibilité de divinisation est réservée aux seul philosophes. Nous avons vu que ce terme recouvrait un degré particulier de l'initiation aux mystères d'Eleusis. Et chaque fois que Socrate ou Platon parlent des " philosophes ", ils font allusion à ce grade d'initiation. Ce qui d'ailleurs correspond tout à fait, dans la République, à l'éveil de l'esprit et au sanctuaire de la tête. Et il sera toujours question de libération, d'expérience ou d'aspiration à la libération, quand il sera question de philosophie chez Socrate. Euripide, ami de Socrate, et dont on dit même que certains des textes furent inspirés par celui-ci, dit d'ailleurs explicitement dans ses œuvres : l'Esprit qui demeure en chacun de nous, c'est Dieu. Et qui dit conscience ranimée de la divinité, divinisation, étape réservée, rappelons-le, aux philosophes, cad aux initiés du cinquième grade, dit délivrance de l'âme. 574 Et dans le Phédon, Socrate explique bien qu'un véritable philosophe ne saurait craindre la mort, puisque la mort est pour lui une délivrance, s'il a véritablement vécu en philosophe, et que toute sa vie, constamment et ardemment, il n'a fait que poursuivre cette délivrance de l'âme. Revenons un peu à l'architecture de la cité et du temple. Au cœur, l'équivalent de l'omphalos de Delphes, le feu sacré, constamment entretenu, au dessus de quelques mottes de la terre sacrée des ancêtres. Nous l'avons vu plus haut, ce cœur sacré correspond dans la structure microcosmique de l'homme au foyer central de l'esprit. L'aspirant à la liberté doit, s'il veut voir ses efforts couronnés de succès, se relier intérieurement à ce foyer spirituel. Cela explique que tout aspirant aux mystères devait impérativement être citoyen de la ville, ou le devenir, pour prétendre aux mystères d'Eleusis. Cela explique aussi la demande tout à fait consciente de Socrate, en récompense de son œuvre maïeutique, donc libératrice, non pas d'être condamné à mort, comme il va l'être, mais d'être nourri au Prytanée, qui se trouve au cœur du foyer de la cité. Autour du cœur de la ville elle-même, où seuls ont droit de cité les citoyens, les douze tribus, en tout cas à Athènes, qui correspondraient alors aux douze foyers microcosmiques de l'être aural en l'homme. Dans l'ancienne Egypte, qui dirigeait depuis ses temples l'initiation grecque, nous avons aussi une suite d'échelons où la connaissance était progressivement dispensée, aussi bien par illumination intérieure que par transmission intellectuelle. Nous avons peu de documents: on peut être certain en tout cas que l'Egypte fut 575 un des centres où l'initiation apparaissait sous sa forme la plus logique et la plus systématique. Les anciens Egyptiens tenaient leur science de peuples plus anciens qu'eux; c'était une synthèse remarquable parce qu'elle présentait une admirable ordonnance entre le développement intellectuel, le développement volontaire et le développement de la sensibilité. On peut considérer les anciens prêtres d'Isis et surtout d'Osiris comme les docteurs de l'équilibre. Ils avaient leurs temples bien avant Moïse, environ 60 siècles avant notre époque. Il y avait chez eux un triple degré d'initiation, qui se subdivisait de sorte que, comme dans tous les mystères, il y avait sept grades. Platon ne put parvenir qu'au quatrième grade alors que Pythagore parvint aux plus hauts degrés. Tout Egyptien, comme tout aspirant présenté et reconnu capable, pouvait prétendre au plus haut grade de l'initiation s'il s'en montrait digne. Il y avait une série d'écoles qui aboutissaient à la connaissance des lois terrestres: on appelait fils de la femme ceux qui avaient terminé cette école. Ensuite on apprenait les lois de la vie du système solaire, les lois de la vie cosmique et les élèves qui sortaient de ces écoles étaient nommés fils des dieux, car les dieux sont la personnification des forces qui agissent dans notre zodiaque. Enfin le titre de Fils de Dieu était donné aux très rares êtres qui avaient pu monter jusqu'au véritable soleil, à ces êtres d'exception qui avaient pu apercevoir ce qui se passe au-delà de l'ordre de notre planète. Il y en eut extrêmement peu: Moïse, Orphée, et Pythagore en furent. Dans ces temples où tout était disposé pour ces étu576 des, les élèves étaient partagés en deux classes: ceux qui étaient réceptifs et ceux qui étaient actifs. Les Egyptiens connaissaient donc deux grandes lignes de travaux ésotériques: les travaux de l'illuminisme par lesquels le disciple se met en face de l'inconnu à connaître dans une attitude passive, et les travaux de la volonté par lesquels le disciple se met dans une attitude de dominateur vis-àvis de ces forces. Ces attitudes dépendent naturellement du tempérament du sujet. Ils suivaient des entraînements appropriés. De tous les peuples qui ont cherché à conquérir les forces secrètes de la terre c'est l'Egypte qui a duré avec la même intensité le plus longtemps. Mais les véritables initiés égyptiens ont toujours tempérés cette recherche par la loi de Maat, loi de justice, d’équilibre, et d'amour. Lorsque, sous la poussée du temps et les attaques du milieu, cet effort s'est morcelé, il s'est répandu dans le bassin de la Méditerranée et là s'est divisé en deux grands courants: Un philosophisme intellectualiste d'où est sortie toute la gnose grecque depuis Homère et Hésiode jusqu'à Platon et Pythagore; un courant religieux qui est parti de l'Egypte avec les Juifs, et a donné naissance d'abord à tout cet édifice bâti par Moïse et à cet amas sans lien visible de documents, de notions qu'on appelle la Kabbale, c'est-à-dire ce qui se transmet de bouche à oreille et dont le plus grand nombre se trouve dans le Zohar. Ces courants, philosophique au Nord de l'Egypte et religieux à l'Est, se sont matérialisés en Israël dans des magies assez basses, en Grèce et à Rome dans des philosophies plus ou moins utilitaristes. Ensuite il y eut les 577 représentants initiatiques d'Assyrie, de Gaule et de Syrie; puis est venu le christianisme, et les Arabes ont apporté un nouveau contingent d'illuminisme puisé dans la ligne de Mahomet et ces dix ou douze courants ont produit ce que l'on peut appeler la tradition hermétique que l'on trouve jusqu'à Paracelse, et Boehme Les Egyptiens avaient une morale populaire et une morale pour les initiés. La morale populaire est la même partout: il s'agit pour le peuple d'obéir aux lois. Les initiés avaient une morale plus haute; leur activité était toujours dirigée vers l'ordre social. Les initiés purs étaient des hommes sociaux, préoccupés de l'amélioration de la masse. Et donc une préoccupation importante des initiés égyptiens était de permettre l'accès au plus grand nombre possible des mystères. Pour eux, le problème même de leur existence était d'arriver à ce que le peuple au-dessus duquel ils s'étaient péniblement élevés soit mis dans les meilleures conditions pour bénéficier de l'influx des sphères supérieures. Ils avaient à ce sujet une théorie qu'on retrouve dans la Chine et dans l'Inde: c'est que l'Egypte géographique n'est que l'expression terrestre d'une Egypte invisible. Pour l'Hindou aussi l'Inde que nous connaissons, l'Inde avec sa Bénarès, son Gange, son désert et sa jungle est la matérialisation de l'Inde spirituelle qui est le vrai paradis de ceux qui agissent avec leur corps physique sur le sol de cette Inde. Toutes les cérémonies publiques du culte, toutes les cérémonies secrètes des initiés, tous les efforts de ces chercheurs tendaient vers ce but: connaître mieux cette patrie spirituelle pour en faire descendre les forces sur la Patrie matérielle. Cette théorie a produit dans ces temps reculés d'excellents résultats. Mais cette géographie spirituelle est de nos jours oubliée 578 Si nous revenons aux explications de "La République ", nous y voyons comparé l'homme esclave de son corps, ce qui est le cas de la majorité, à une cité ou le peuple, représentant ici le corps, gouvernerait et imposerait sa volonté aux gardiens et aux philosophes. Le Nous, est assimilé, comme nous l'avons vu, aux philosophes, où domine l'âme-esprit, le thumos (cœur âme siège des passions) est comparé aux gardiens, et l’épithumia (instinct, désir de possession et de pouvoir) s'identifie à la masse du peuple dont le niveau de conscience devrait pourtant lui inspirer l'obéissance. On voit bien que si par conséquent, une sociétéidéale pouvait s'imaginer, en fait ni les Hindous, ni les Egyptiens, ni les Grecs initiés ne poursuivaient de but intrinsèquement politique. Le dessein de Platon, dans la République, est plutôt de démontrer une sorte “d'anatomie spirituelle " de l'homme par rapport à celle de la cité. Et, toujours dans " La République ", nous nous rappelons que l'éducation émotionnelle de l'âme, autrement dit la purification du cœur, s'adresse plus particulièrement aux gardiens, qui doivent, comme il est dit de façon symbolique, en tant que veilleurs silencieux, cœur de la cité, repousser les ennemis et protéger les citoyens. On peut ici préciser que cela représente une façon voilée de dire que l'homme doit devenir capable de neutraliser les passions. Et nous savons aussi que non loin du cœur existe le sternum, os fortement magnétique capable, en relation avec le thymus de collaborer à l'attirance, à la répulsion ou à rester neutre, face à tout ce qui entoure ou risque de pénétrer ou non la sphère de vie de l'homme en question. 579 L'attitude du grec vis à vis du sacré est totalement différente de l'homme ordinaire actuel. Le mystère de la beauté, auquel fait allusion Diotime de Mantinée dans la bouche de Socrate, et qui imprègne tellement la Grèce antique, enseigne l'homme grec d'une certaine manière. Les Grâces président à cette initiation. Il s'agit de redécouvrir la vie avec émerveillement. L'expérience de la connaissance intérieure associée aux éléments de la croissance, de la fertilité, de l'épanouissement, de la gratuité du don, de la beauté, de l'harmonie, associés à la danse, est pour l'initié une expérience ineffable, intime, silencieuse (αρρητον). Les " mères de la joie " devaient être vues et vécues intérieurement. On retrouve cette vision dans les nombreux sourires des statues grecques visibles au Louvre. C'est le sourire grec, tourné vers la vie. Il nous est plus proche que l'appel mystérieux et fascinant de Pharaon, car il fut pour nous, occidentaux, la première réponse à l'appel intérieur. Ceci se manifesta en particulier chez des hommes tels que Marsile Ficin au Moyen Age. Nous n'avons pas beaucoup parlé de la notion Amour au cours de ce travail, et pour une raison très simple : cette notion prête à nombreuses confusions. Le mot amour a tellement été "galvaudé” qu'il a perdu une grande partie de son sens originel. Mais du temps de Socrate-Platon, il n'en était pas encore ainsi. L'aspect cœur-gardien, après une éducation convenable, ou au cours de celle-ci, pouvait permettre, grâce à une soumission au Nous, à l'esprit, de redécouvrir l'Eros supérieur, auquel fait allusion Diotime, prêtresse d'Eleusis. Présentée comme l'initiatrice de Socrate, elle fait partie des personnages que Socrate, au sein des œuvres de 580 Platon, introduit comme " en passant ", chaque fois qu'il veut aborder des problèmes touchant au divin, à l'âme, à la réminiscence. L'amour, force puissante, est présenté comme une aspiration à la beauté et à la sagesse par Diotime. Cette émotion première devant la beauté doit se développer par degrés jusqu'à devenir une faculté de contempler e d'enfanter dans la beauté, ce qui a trait aux idées absolues, au monde supérieur de l'esprit. Cet Amour, force-racine de l'univers, pousse l'initié de degré holoclère (voir hiérarchie des mystères) à vouloir rayonner et faire percevoir cette merveilleuse réalité spirituelle. Que pourrait désirer de plus un être humain cherchant la libération ? Ainsi, nous précise Socrate, si en quittant le corps, l'âme est pure et libre de tout attachement, elle s'en va vers ce qui est invisible pour les yeux de chair, divin, immortel et sage, délivrée des erreurs et de la folie, des craintes, des amours sauvages et de tous les autres maux de l'humanité. Comme on le dit des initiés, elle passe alors vraiment sa vie avec les dieux, dans la terre pure, domaine éthérique de l'humanité-âme. Là, ce que l'air est pour nous, c'est l'éther qui l'est pour eux. Pour la vue, l'ouïe et tous les autres attributs de ce genre, ils nous dépassent autant que l'air l'emporte en pureté sur l'eau, et l'éther sur l'air, etc… (fin du Phédon). Cette victoire peut aussi se célébrer au cours de cette vie. Le microcosme est alors de nouveau positivement gouverné selon les lois universelles de manifestation. Pour Socrate, philosopher, c'est donc s'exercer à 581 mourir. L'âme doit apprendre à se détacher, se rendre libre des opérations du corps. Pendant la vie, elle apprend à se ramasser sur elle-même, en un constant exercice, sans se laisser distraire. C'est cela philosopher droitement, s'exercer tout de bon à être mort comme à une chose facile. Et nous voyons bien qu'il s'agit là d'un travail sans rien d'évident ni d'automatique. La vraie vertu est une purification, la vérité est une purification de toutes les passions, et la tempérance, la justice, le courage, la sagesse, sont une espèce de purification. De même que faire partie de nos jours d'une Ecole Spirituelle n'est pas suffisant en soi, pour Platon-Socrate, être initié aux mystères mêmes n'est pas suffisant, car si " Quiconque arrive dans l'Hadès sans avoir reçu l'initiation, se retrouvera gisant dans le bourbier, et quiconque a été purifié et initié, une fois arrivé là-bas, partagera la demeure des dieux ", cependant " Nombreux sont les porteurs de thyrse, et rares les bacchants ". La victoire ne s'acquiert donc qu'au prix d'une longue persévérance sur le chemin. On retrouve l'état d'être visé dans ce texte égyptien : Je suis l'âme de Râ née de l 'Océan céleste (c'est à dire le Nouveau Penser, l'âme nouvelle et ses véhicules, se reconstituent grâce aux nourritures saints et à l'éther-feu) La vue du Mal me remplit d'horreur Je pense au Bien et ne vis que par la Vérité et la Justice. 582 Mon nom est pur de tache. En mon pouvoir de dieu Khepra, je créé mon être. Je suis le maître de la Lumière (Je domine et utilise la force créatrice nouvelle pour la recréation de mon âme et de celle de tous. Je maîtrise le feu) Je monte plus haut… Cette âme est l'âme du Dieu éternel Ce corps est l'éternité même. (L'âme nouvelle possède un nouveau corps de feu. Elle est divinisée et de nouveau spiritualisée) Les mystères, qu'ils soient grecs ou contemporains, sont divisés en sept grades. Ces étapes, ou plutôt champs de forces concentriques qui s'englobent, constituent l'occasion d'un développement aux divers aspects, mais dont l'essence est purement spirituelle. L'initiation d'Hestia est fondamentale pour toute la structure initiatique, ce qui explique le fait que les femmes partaient avec un avantage certain dans ce domaine. Il s'agit ici principalement du feu sacré, entretenu dans chaque cité, dans chaque foyer de citoyen grec, et aussi présent au cœur de chaque homme. C'est le principe spirituel central de toute vie et de tout processus libérateur. C'est la Rose des Rose-Croix. La structure des mystères est aussi triple, de même que celle de l'homme et de la Cité. 583 Ainsi la tête correspond à l'esprit, aux sages-philosophes, et aux deux initiations supérieures, hiérophantale et royale, fusion avec l'Un. Le cœur , sanctuaire de l'âme, correspond aux gardiens de la Cité de Platon, et aux deux initiations centrales, l'initiation holoclère ou anadèse et l'initiation sacerdotale. Et au bassin correspond le parvis, c'est à dire la petite et la grande initiation, chez les grecs, de même qu’une partie de l'époptie. Précisons que l'époptie possède un statut particulier dans l'initiation grecque, car elle est déjà en partie conçue comme une entrée dans le temple intérieur. Comme nous l'avons vu plus haut, le mystère de la beauté auquel fait allusion Diotime de Mantinée par la bouche de Socrate imprègne toute la Grèce et enseigne l'Homme. Pour comprendre la mentalité du grec en quête d'absolu, il faut réaliser deux choses. Posons tout d'abord comme un axiome inattaquable et parfait que tout enseignement spirituel libérateur est par définition (le retour à l'état humain originel), le même partout et toujours. C'est à dire que les vérités transcendantes transmises, montrant le chemin de retour à l'état Humain Divin Originel, doivent nécessairement tracer la même route. Mais, et cela constitue le Trésor matériel de toute Fraternité opérant dans le temps, la forme prise doit s'adapter à l'état d'être et de conscience du groupe humain auquel cette Fraternité s'adresse. D'autre part, si l'on examine la constitution de l'homme entre -2000 et -500 avant J.C., on constatera une plus grande subtilité des différents véhicules et en parti584 culier un plus grande sensibilité à la sphère astrale, celle-ci étant beaucoup moins polluée que de nos jours. Ainsi Orphée pouvait-il plonger son disciple dans un état de transe semi-hypnotique où il voyageait dans une partie de l'astral pur et où s'imprimaient en lui des " visions " qui le marquaient à jamais et le transformaient. Ceci n'avait évidemment lieu que quand le candidat y était prêt. De nos jours cela n'est plus possible, et on n'imagine plus guère un scientifique ou un chercheur invoquer au départ d'une recherche une divinité inspiratrice. Pourtant, l'homme grec recherchait sincèrement et consciemment la faveur de cette zone astrale pure d'où émanent les forces aidantes qu'il appelait " dieux ". Le Rose-Croix actuel sait que toute œuvre qui n'est pas construite sur la pierre angulaire Jesus Christ, ne pourra avoir valeur d'éternité. Et le Grec, fut-il Démocrite, esprit fort s'il en fut, et tout savant qu'il se prétende, cherchait à faire œuvre d'éternité. Les " scientifiques " grecs, et reconnus comme tels, Parménide 99, Anaxagore 100, Démocrite 101, etc…, posaient comme base une cosmogonie de l'Un, du Divin. A fortiori Pythagore et Platon. Ils se mettaient, comme les poètes et les artistes initiés, sous l'influence du savoir " divin ". Qu'il s'agisse des mystères Grecs ou des mystères contemporains, dans un premier temps, il s'agit de purifier et de maîtriser le véhicule, grâce au réveil de la ressouvenance (méthode contemporaine et universelle). Dans les mystères d'Orphée, il est déjà question des marais de Mnémosyne, des marais de mémoire. Au cour de ce processus, les " mères de la joie ", ou Muses, sont perçues intérieurement car : 585 " La vision de l'Esprit ne commence d'avoir l'œil perçant que lorsque celle des yeux a perdu de son acuité " (Platon). Cette notion de deux ordres de nature radicalement différents est aussi présente dans les mystères christiques universels : " la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume " et " Mon Royaume n'est pas de ce monde ". Avec ses sens actuels , l'homme ne peut recevoir l'Esprit. L'homme est double, comme chez Hermès : " Le dissoluble est périssable, l'immuable est éternel. Ce qui renaît toujours périt. Mais ce qui s'est formé une fois pour toutes n'est jamais anéanti et ne devient pas autre chose. " (Gnose Originelle EgyptIenne. II J.V.R.) Toujours chez Orphée, cette dualité du monde et de l'homme s'exprime par la place relative de l'Hadès : Pour lui, il ne s'agit pas là du monde des morts, mais bien plutôt du monde de la genèse, de la chute, coupé du divin. Ceci est développé par Euripide, lui-même initié aux mystères, dans Alceste, ou dans le texte utilisé pour l'opéra de Gluck du même titre : Hercule et Apollon interviennent pour sauver la reine Alceste de la chute dans l'Hadès. L'aspect féminin se sacrifie pour que le roi ne sombre pas : " c'est pour t'honorer et te laisser, au prix de ma vie, voir sauvée par Hercule. Alceste demande que les fruits de l'union avec le roi règnent, les fruits des noces de l'âme et de l'esprit. On a d'une part le Royaume de l'Esprit, où règne Apollon sous l'autorité de Zeus, (la Thessalie est ici un symbole du monde originel, et l'Hadès, où règne Thanatos, la mort, le cycle de la vie et de la mort). 586 Les poètes et artistes grecs initiés s'abandonnaient à " Celui qui peut utiliser l'instrument humain comme il le doit”, le Rose-Croix, de tout temps, parle de " l'Autre en lui " et Paul peut dire : “ce n'est pas moi qui agit, mais Christ en moi”. Et Jan Van Rijckenborgh : " Lorsque vous éveillez l'âme-esprit et lui transmettez la direction de votre vie … vous possédez alors la vie éternelle. Chez les grecs initiés existe aussi une connaissance des mondes invisibles. Dans la Rose-Croix actuelle, nous parlons de sphère réflectrice et de ses puissances, car c'est le reflet de notre domaine de vie. C'est aussi, de nos jours surtout, le lieu et l'origine de presque toutes les illusions d'ici-bas. Chez l'homme grec de cette époque, la structure subtile était beaucoup plus éthérée. Plus sensible, de nombreuses cérémonies lui permettaient d'évoquer ces forces, dans les grottes, cavernes et temples. Les initiés, qui parlaient si peu, ont mentionné des visions astrales impressionnantes qu'il fallait surmonter. Cette traversée des domaines subtils afin d'accéder aux domaines de l'humanité-âme se retrouve dans la Divine Comédie de Dante aussi bien que dans la fin du Phédon (Socrate). Apollonius de Thyane, lui aussi, dans sa quatrième heure, y fait très elliptiquement allusion : " Dans la quatrième heure, l'âme retourne de sa visite aux tombeaux. C'est l'heure où les lanternes magiques s'allument aux quatre coins des cercles. C'est l'heure des enchantements et des prodiges. Dans le Timée, la création s'opère en deux temps (pour simplifier) : L'un, la divinité absolue, créé les dieux, et ceux-ci créent le monde. 587 Dans un aspect des mystères d'Eleusis, le candidat doit remonter une rude pente, il doit briser ses chaînes pour remonter vers la Lumière. Un être aimé, (symbole de l'âme-esprit renée) doit l'aider. Il monte sur un char et gagne le sommet, qui symbolise le monde divin. Il monte sur un char et gagne le sommet, qui symbolise le monde divin. Pendant les cérémonies d'initiation aux mystères de tous les temps, un voyage est accompli à travers les cercles matériels et subtils de la dialectiques, grâce à la nouvelle force qui est impartie au candidat. Quatre lumières sont allumées : chaque acte, chaque émotion, chaque pensée, doivent répondre à une unité selon l'âme. Ainsi il est possible, par une pratique et un travail assidu sur soi-même, de situer l'être entier dans une orientation absolue sur le but libérateur, une véritable non-lutte, et une harmonie imprégnant chaque aspect de la vie, de faire qu'une raison, une aspiration, et une volonté purifiées, s'expriment en des actes nouveaux. L'aspirant au grade sacerdotal des mystères grecs doit lui aussi passer par diverses épreuves symboliques : Le retour vers la Lumière et la maîtrise de l'attelage renvoient à une orientation " retournée ", parfaite. La non-lutte, qui consiste en reddition de soi à l'âme nouvelle renée, se démontre dans le saut du candidat dans l'eau, en abandon parfait de tout l'ancien. Dans le même esprit se situe la barque conduite et guidée par l'Aimé. Le candidat arrive ensuite vers " ce qui es divin, immortel et sage ", il pénètre dans la communauté de " ceux qui connaissent " (naître avec). 588 Socrate, dans le Phèdre, dresse un tableau imagé des mystères. (…) A un moment précis … (…) … Dans la partie supérieure tout élément animal a disparu, et seule la peau de Lion, nouvelle robe d'or des noces royales de l'âme avec l'esprit, subsiste dans l'initiation hiérophantale royale. Au-dessus, c'est l'Un, le suprême, les septième ou huitième degré selon que l'on compte ou non l'initiation d'Hestia ou du jeune enfant. C'est l'aspect le plus élevé qui permet de rayonner et de répandre ce qui a été acquis : Héraklès enseigna à Hylas ce qui faisait sa gloire, et Laïos apprit à Chrisippe l'art de conduire les chars ! Il s'agit ici bien entendu du char du corps-âme. Nous retrouvons ceci dans le Phèdre. Socrate nous y explique que le char de l'âme s'élève avec les dieux " au-delà de la voûte céleste ". Là, il peut contempler les essences, l'absolu. C'est donc qu'il y a une " voûte céleste ", qui, dans le texte de Platon, n'est ni la sphère matérielle, ni le monde spirituel. L'Ecole spirituelle moderne, répétons le, appelle ce domaine de vie la " sphère réflectrice ", reflet des émotions, pensées, et prières aux dieux de la nature émises pendant des milliers d'années par l'humanité tombée. " Une fois parvenues au haut du ciel, elles passent de l'autre côté et vont se placer au-dessus de la voûte du ciel, et, tandis qu'elles s'y tiennent, la révolution du ciel les emporte dans sa course, et elles contemplent les réalités qui sont en dehors du ciel. " (Phèdre, 247a-247e). 589 Il était relativement facile d'avoir accès aux petits mystères, qui frappaient l'imagination sans exiger du candidat une véritable transformation intérieure. Vers le début du printemps, quand le soleil passe dans la constellation du Bélier, le vallon de l'Ilissos se couvre de tentes. Des songes y imprégneront pendant leur sommeil la nostalgie d'une vie toute autre. Les jeunes athéniens vont recevoir, en groupe de candidats aux petits mystères, un enseignement préparatoire aux plus hautes initiations d'Eleusis. Isolés pour quelques jours, ils vont être accueillis à la demeure de Déméter et de sa fille Koré ou au charmant petit temple de Triptolème. Là, ils devront faire le serment que leur cœur et leurs mains sont purs. Ce premier contact avec les grandes divinités d'Eleusis sera approfondi plus tard. Non loin de là habite aussi la mère des dieux, originaire d'Asie. Dans un monde livré au tumulte des forces naturelles, la Grande Mère, Cybèle, promet un refuge. Pour le candidat, elle dompte et exténue les passions. Le premier degré de l'initiation va être acquis par des rites purificateurs dans l'eau vénérable de l'Ilissos, et des entretiens dans le recueillement avec les divinités du lieu. L'autre aspect des Charites, c'est Hécate, le monde invisible, et Hermès, vécu comme force et promptitude dans l'action. La beauté absolue est d'abord en germe dans l'invisible grâce à la force Hécate, qui soutient et participe de l'invisible au mystère des Charites. L'initié Grec sait que les figures divines vivent en lui, en particulier Hermès, force promotrice de genèse et de Vie. Pour le Grec tout est mythe et langage. Nous avons déjà vu tout ce qui faisait la différence avec 590 l'initiation, avec la spiritualité contemporaine. Mais ce qui nous intéresse ici c'est l'aspect universel. Celui-ci a aussi été mis en valeur et va encore l'être. Nous voyons et verrons encore que tous les temps eurent leur Pédagothérapie. De la même façon qu'un candidat à l'Ecole de la Rose-Croix actuelle sait qu'il devra invoquer le divin, afin qu'une œuvre puisse trouver une issue positive au sens spirituel, même si un travail intérieur devra y être accompli, de la même façon, mais avec une plus grande proximité avec le monde subtil, ("Les Lois ", de Platon) : " Quand un poète prend place sur le trépied des muses, il n'a plus ses sens à lui, mais, comme une fontaine, il donne libre cours au flot qui s'écoule de lui”. Pindare, le poète initié, évoque lui aussi les muses inspiratrices : " J'invoque Mnémosyne au beau peplos, la fille d'Ouranos, et ses filles pour me donner l'inspiration. Car les esprits des hommes sont aveugles quand ils veulent, sans le concours des vierges de l'Hélikon, venir explorer la voûte profonde de la connaissance. " Le mythe de la caverne, si galvaudé et mal interprété, tiré de " La République ", de Platon, reprend tous les éléments fondamentaux, à la fois de toutes les spirales d'une Pédagothérapie biopsychospirituelle, des mystères grecs et de l'enseignement universel. Il fait partie de ces mythes qui peuvent se comprendre, comme tous les écrits sacrés, à plusieurs niveaux de conscience. Au départ, nous avons décrite de façon imagée la situation de prisonnier de l'homme dans la sphère de ce monde. Il est prisonnier de lourdes chaînes. Et la seule chose qu'il peut voir, dans cette caverne, ce sont des illusions, projetées par des montreurs de marionnet591 tes, des prestidigitateurs. Déjà nous avons l'idée de quelque chose d'artificiel, entre la réalité et l'homme, et qui lui fait prendre cette illusion pour la réalité. Ici est aussi présente l'idée d'ombres irréelles et auxquelles l'homme prisonnier croit pourtant dur comme fer puisque si on lui montrait " la réalité de son erreur ", il " serait bien embarrassé et les objets irréels lui paraîtraient plus véritables que les objets réels. " Voici maintenant, sous-jacente encore et qui va s'éclaircir, l'idée de la nécessité d'un processus libérateur qui est suggérée. " Et si on le forçait à regarder la lumière même, ne crois-tu pas que les yeux lui feraient mal… " " …Et si on le tirait de là par force … ne penses-tu pas qu'il souffrirait et se révolterait … et qu'une fois arrivé à la lumière, il aurait les yeux éblouis par son éclat, et ne pourrait voir aucun des objets que nous appelons à présent véritables. " Et voici que ce qui était suggéré devient parfaitement clair : il est nécessaire, pour passer de l'obscurité à la lumière, qu'un progressif procesus soit vécu. " … Tout d'abord ce qu'il regarderait le plus facilement, ce sont les ombres, puis les images des hommes et des autres objets reflétés dans les eaux, puis les objets eux-mêmes. " Ou, dit d'une autre façon, " Dieu a tracé de son doigt le caractère de la nature et nul ne peut le lire qui ne l'a appris dans son école . ", adage de la RoseCroix classique et contemporaine. C'est d'abord par le reflet que l'homme, auquel il manque encore les sens nécessaire à la perception de la vraie lumière, du divin, capte l'intuition des idées divines et finalement, avec le temps et la pratique, les réalités libératrices ellesmêmes. Puis " …élevant se regards vers la lumière des 592 astres et de la lune, il contemplerait pendant la nuit les constellations et le firmament lui-même plus facilement qu'il ne ferait pendant le jour le soleil et l'éclat du soleil (On ne peut ici s'empêcher de penser à ce si beau passage de Paul : " … Autre est l'éclat du soleil, autre est l'éclat de la lune, autre encore celui des étoiles… L'éclat d'une étoile diffère encore de celui d'une autre étoile … etc …Ce qui montre bien que pour tout gnostique conscient, et Paul faisait partie de ceux-ci, il existe des degrés de progression sur le chemin, aussi bien d'un candidat à un autre que pour un individu en chemin, ce qui n'est pas toujours évident à faire accepter). Nous devons ici insister sur le fait que les initiations grecques frappaient l'imagination du myste à tel point qu'il " l'emportait avec lui ". Ainsi en est-il de l'initiation à l'époptie. Après avoir subi une mort et un châtiment symboliques quoique très impressionnants, il était purifié. L'eau du Léthé lui faisait oublier la vie corporelle et il s'élançait vers le haut. D'où lui vient alors la joie, la lumière qui transfigure son être ? La source en seraitelle cachée en lui ? Le hiérophante prononce alors de brèves sentences. Et le myste sait, car il a " vu ". Derrière les épreuves il découvre son propre enfantement à la lumière. Il a du passer par l'expérience de la mort symbolique à ce monde pour percevoir la lumière de l'autre royaume. " Brimo (la forte) a engendré Brimos (le fort) "déclare alors le hiérophante tout en exposant un épi de blé scintillant, phoster, l'illuminateur parfait. Et pour bien montrer que seul l'amour spirituel peut , des deux, faire un, le hiérophante et la hiérophantide symbolisent 593 , par leur mariage sacré, la conjonction des principes opposés. Dès lors, " la semence intérieure, il est habile à la faire fructifier ; ayant pris une faible étincelle de vérité, il fait flamber tout le bûcher. " Le candidat, de retour chez lui, peut acquérir la vraie culture, dépouiller l'état sauvage, devenir homme vrai. " Ô Déméter, toi qui a nourri mon esprit, accorde-moi d'être digne de tes mystères . " A l'époque, des conteurs errants, appelés aèdes parcouraient la Grèce, prononçant devant tous des récits sacrés. Et ceux qui avaient vécu les mystères, à chaque épisode, revivaient l'impressionnant passage de leur initiation. Et chaque épisode invitait le futur initié à faire une découverte. Ecoutons avec lui : " Une femme âgée est assise sur la margelle du puits d'Eleusis. Les fatigues d'une longue errance ploient son corps. Quatre princesses entourent l'Affligée sans la reconnaître. Leur cœur s'émeut cependant. Et elles l'entraînent au palais. Ainsi Déméter travaillera à Eleusis chez le roi Kéléos et sa femme Métanire. Elle élève leur fils, le petit Demophon. L'enfant, oint d'ambroisie, grandit merveilleusement. Le soir, quand tout le monde dort, elle le transmute au feu du foyer (" feu d'Hestia "), feu spirituel qui consume les éléments mortels du corps et en dégage l'essence inaltérable. C'est le bain d'immortalité. Va-t-il produire un dieu ? Soudain le silence de l'opération est déchiré par des gémissements. Métanire, la mère ignorante, crie et répand des lamentations. La mère mortelle, pourvoyeu594 se de mort, rompt l'enchantement. La déesse arrache l'enfant du foyer et le dépose à distance dans l'obscurité. La colère de Déméter éclate : " Humains ignorants, fous ! Incapables de discerner si le destin vous apporte un bien ou un mal. Tu viens de causer un malheur irréparable. TON FILS AURAIT PU DEVENIR IMMORTEL ; Pourtant une gloire divine a maintenant été déposée en lui. Je suis Déméter la vénérée (elle brille alors et grandit à la mesure de sa gloire, emplit de lumière la demeure, la traverse et sort…). On pourrait facilement voir là plusieurs mythes universels cosmogoniques et anthropologiques mélangés. Il est déjà clair que cette légende de Déméter et de Demophon confirme l'enseignement universel qui précise bien que la chute, due à intervention de la " mère mortelle ", eut lieu au moment où " l'éducation de l'homme originel allait faire de lui un immortel mûr, mais avant qu'il eut pu parvenir à une réelle maturité. " D'autre part, comme il est clair, en particulier avec les anges de Mars et de la Lune, cette chute fut provoquée alors que les pouvoirs de résistance de l'homme n'étaient pas encore suffisamment développés. Nous ne nous attarderont pas ici sur ces divers aspects…. Le candidat poursuit son chemin à travers les mystères s'il est ensuite accepté pour l'initiation holoclère. Il peut ainsi vraiment pénétrer dans la deuxième partie de la structure initiatique, équivalent de l'Aspect intérieure des écoles spirituelles de tout temps, puisque l'époptie permettait déjà d'y jeter un regard, d'y passer la tête pour ainsi dire. Pendant la célébration de ces mystères, une fête se célèbre au temple d'Asclépios à 595 Athènes. On commémore l'initiation de celui-ci, qui en fit le précurseur de la médecine grecque, médecine de l'âme. Les rites de l'initiation consistent à imiter le cycle par lequel passent les âmes supérieures avant et après leur vie terrestre. On y distingue la chute, la délivrance, l'envolée, la régénération, et l'arrivée vers le haut. L'initié qui a d'abord fait partie d'un chœur, reçoit un breuvage qui l'enivre ; il perd les ailes qui lui étaient attachées, il est jeté et enchaîné dans un lieu sombre. (Platon reprend cette image dans le Phèdre quand il décrit la chute de l'âme et la perte de ses ailes). Pendant un sommeil mystique, il est instruit par un dieu et reçoit des illuminations. Un mystagogue le délivre du sommeil, c'est à dire du corps, le détache et lui redonne l'usage de ses ailes. L'initié demande et obtient un breuvage mystique qui lui permet, par le " délire ", auquel il faut bien entendu attribuer un sens bien particulier, de s'élever. Il bondit pour quitter le cercle qui symbolise le monde de la genèse. Il court vers la couronne, symbole de sa délivrance. A la limite du monde de la genèse, il est jugé et subit le châtiment des fautes qu'il a commises. Au cours de sa régénération mystique, il renaît en tant qu'homme, et, accompagné par la cithare, reprend place dans le chœur. Cette délivrance est analogue à celle qui a lieu, mais cette fois-ci après la mort, pour celui qui y est prêt. Autrement dit, elle introduit l'homme, vivant, dans un état où il est libre du monde de la mort. Cela ne va pas sans mal car il faut fléchir les dieux. Et, de même qu'après la mort ou au cour de l'initiation en Egypte, le cœur devait subir la pesée, il s'agit ici d'être en mesure de recevoir les initiations d'en-haut et d'oublier, de se 596 détacher de tout ce qui retient à la vie matérielle. Revenons sur le breuvage qui procure le " délire ". D'après Platon (Phèdre - 122, 123), le délire était considéré par les anciens comme un don magnifique, quand il venait du ciel. Autrement dit, ce don qui vient des dieux, supérieur à la sagesse, est cause de la guérison de l'homme par les prophéties, les prières, les cérémonies, les purifications. Socrate décrit bien ici les rites initiatiques, et c'est à ce délire là qu'il fait allusion, et en particulier à celui de la poésie, fonction directement reliée à l'initiation holoclère : " Il y a une troisième sorte de délire, celui qui vient des Muses, …, il l'éveille, le transporte, …, fait l'éducation de …Mais quiconque s'approche des portes de la poésie sans que les Muses lui aient soufflé le délire, …, celui-là reste loin de la perfection, et la poésie du bon sens est éclipsée par la poésie de l'inspiration. " Dans le langage de la Rose-Croix, nous dirions que le candidat doit être enflammé de l'esprit de Dieu, afin qu'il puisse laisser la place à l'Autre en lui. Après l'envolée, où le candidat retrouve l'usage des ailes de l'âme, s'opère la partie de la cérémonie qui a trait à la régénération. Le myste quitte le monde de la genèse et entre dans le sein de Perséphone, assimilée à la Lune. L'âme y est régénérée : Plutarque explique que la Lune la reçoit dans son sein. Le Soleil, symbole de l'Esprit, y a semé un autre " Nous ". La Lune reçoit celui-ci par sa force vitale et rend les âmes nouvelles. Et la Terre fournit le corps nouveau. C'est un mariage du Soleil et de la Lune qui produit l'âme nouvelle, et cette âme va revêtir un corps nou597 veau. Nous retrouvons ici les Noces Alchimiques de l'Ame avec l'Esprit, et une allusion au processus de la transfiguration, qui, en fait, va pouvoir commencer à partir de cette initiation, celle-ci représentant plutôt un programme de travail qu'un accomplissement . De multiple qu'il l’était, l'initié, au moment du retour vers le haut, doit symboliquement redevenir Un. Au cours de cette quatrième étape qui ne fait ici que commencer, le même grade peut donner accès à diverses fonctions : celles de devin, de poète, de médecin, de mystagogue, etc…Il s'agit en effet de parvenir au stade où le candidat peut agir sur l'homme en le purifiant et en rétablissant le bon état de son âme. Nous voyons donc qu'au cours de l'initiation holoclère tout est en fait donné au candidat. Mais c'est par la pratique de l'art afférent à ce stade que l'aspirant pourra progresser, jusqu'à ce que, par la persévérance, il puisse être admis à l'initiation sacerdotale. Elle fera de lui un véritable philosophe, expression reprise par Socrate et Platon à de nombreuses reprises, et en particulier dans " la République ", où il est clair qu'on a ici affaire à la partie " supérieure " de la population, comme cela a été expliqué plus haut. Au cours des cérémonies, il pourra alors officier en tant que dadouque, porteur du flambeau illuminateur et purificateur, chef des chœurs. Au cours de ces rites d'initiation au sacerdoce royal, le candidat est tout d'abord enchaîné dans une caverne, puis délivré. Il vit une ascension, un saut dans la mer. Il est ensuite initié à l'amour mystique ou philosophique. Enfin, il est accepté. Tout ceci reprend ce qui avait déjà été vécu dans les initiations précédentes. Nous voyons cette cérémonie quasiment reprise point 598 par point dans le mythe de la caverne. Reprenons brièvement la description de ce passage : L'homme est prisonnier de lourdes chaînes et victime d'illusions. Il prend pour réelles de simples ombres. Un processus libérateur est suggéré : si l'enchaîné était tiré de là par force, il souffrirait et se révolterait. Pour passer de l'obscurité à la lumière, il doit donc franchir toute une série d'étapes. Tout d'abord, de même qu'il est dit qu'on peut déceler le divin dans sa création, il verrait plus facilement le reflet dans l'eau des hommes et des choses. Le candidat capte d'abord l'intuition des idées divines. Plus tard, les idées elles-mêmes. Et il en vient finalement, progressivement, à regarder et à contempler le soleil tel qu'il est. Il est à noter que Platon n'envisage pas que le libéré puisse en rester là. Il devra retourner aider à la délivrance de ceux qui sont encore dans la caverne. En fait, la philosophie grecque est surtout conquête du bonheur par l'éducation de l'âme. L'homme qui possède ou a acquis le naturel philosophique, doit apprendre, par une juste éducation, à maîtriser ses passions et purifier son cœur. De même qu'il est préférable de songer ( Criton - Phédon) à l'immortalité et au détachement de son âme durant sa vie et non pas uniquement au moment de sa mort, alors qu'on y est presque obligé, (que fait le philosophe, si ce n'est mourir chaque jour un peu), il est bon de réfléchir aux conséquences du comportement sur le bonheur. " En aucun cas, il n'est juste de faire du mal à quelqu'un. " Ceci est à rapprocher de la phrase hermétique : " L'unique religion c'est de ne pas faire le mal ." Et d'autre part : " Les gens de bien préféreront toujours 599 obliger autrui que d'avoir quelque obligation que ce soit à autrui. " Et nous retrouvons le sens de la logique utilitaire apparemment prônée par Socrate, qui n'est autre que du bon sens à visée spirituelle. L'injustice n'est pas plus avantageuse que la justice, au contraire. La justice est tout sauf l'intérêt du plus fort. C'est au fond la conséquence d'une âme purifiée, comme la vertu. De même que l'enfant " bien élevé " a soif d'apprendre, le chercheur de vérité est avide d'apprendre, de comprendre, de connaître. Il sera, en matière d'éducation, comme un Etat petit, frugal et sain, par opposition à un état agrandi, malsain, luxueux et guerrier. Il cherchera en tout sobriété et détachement. Une fois de plus nous voyons le principe de toute formation ou éducation libératrice consciente. Ce qui devra former une " nature philosophique " sera exempt de mensonge, y compris bien entendu en ce qui concerne Dieu et les choses divines. Tout ce qui tendra à représenter, à faire connaître et comprendre cet aspect fondamental et orienteur de toute forme d'éducation, en particulier celle de l'âme d'un chercheur, devra montrer, faire percevoir la Gnose, la divinité, l'aspect supérieur de l'universel, créateur du modèle du Monde comme Bon et cause du Bien unique et uniquement de cela.. Il n'est pas possible de trouver le vrai Bien en dehors , ailleurs qu'en Cela (on retrouve cela aussi bien chez Paul que dans la sagesse hermétique égyptienne, dans les commentaires de la Gnose Originelle Egyptienne par JVR, dans le prologue de l'évangile de Jean, etc…). 600 Et, selon les règlements proposés par Socrate, il est question d'une véritable " communauté de biens " au cours de l'éducation et de la vie des gardiens, non seulement appelés à devenir philosophes, mais encore, gardiens de la cité, autrement dit de la " Maat ". Et qu'est-ce d'autre ici que la clause des Rose-Croix comme celle des premiers chrétiens, de ne porter ni or, ni argent dans sa bourse, ni vêtement de rechange. Clause qui précise indirectement que la cité, donc le corps tout entier, ou même la nature toute entière, veillera à la nourriture de celui ou de celle dont la voie sera droite. Aucun manque de foi n'est donc ici permis. Cette quête du bonheur, ou éducation de l'âme en vue du bonheur suprême, n'est elle pas celle du pèlerin de Comenius. Il ne trouvera son bonheur que dans une communauté en Christ. Et ce chemin libérateur de régénération n'est-il pas le seul capable de procurer l'unique forme de bonheur souhaitable à la fois pour l'individu et pour le monde. Ceci peut aussi se comprendre en ce qu'il serait impie de souiller l'or de l'esprit, l'or divin et l'argent de l'âme (que les gardiens devront apprendre à posséder s'ils veulent être réellement des gardiens dignes de ce nom) par l'or terrestre. C'est cela la véritable communauté de biens à laquelle Platon fait allusion, qui peut être vécue à n'importe quelle époque (en tenant compte parfois des moments favorables, des cycles cependant), n'importe où, et qui consiste entre autres à vivre d'un minimum biologique. C'est aussi un aspect de ce que les Cathares appelèrent plus tard l'Endura. Le Christianisme originel, les grands rénovateurs de la Renaissance comme Marsile Ficin, sont d'ailleurs parfaitement en accord avec la méthode d'éducation de l'âme de Platon. 601 Celle-ci préconise entre autres que l'aspirant " cesse de se méprendre sur lui-même, de se confondre avec ses appétits et ses désirs, ses ambitions, avec son individualité égoïste ; il s'agit d'un vouloir épris de son propre affranchissement, qui s'obtient dans l'harmonie intérieure de l'âme, une aspiration à l'absolu. Nous avons vu que de nombreuses cérémonies au cours des mystères évoquaient ce que la Rose-Croix actuelle appelle la sphère réflectrice, dans les cavernes et dans les temples. Les initiés qui en ont dit quelque chose, quoique si peu, car c'était interdit, parlent de visions impressionnantes à surmonter, ou de mises en scènes symbolisant un astral à traverser. Les sages grecs connaissaient donc cette sphère et pouvaient y évoluer sans risque. A propos des mondes invisibles, on peut affirmer que non seulement ceux qui possédaient le grade de " Philosophe accompli ", comme Socrate, pouvaient évoluer, par connaissance, dans les sphères subtiles, mais encore qu'ils connaissaient la " géographie " de la " Terre pure ", c'est à dire de ce que nous pourrions appeler avec notre vocabulaire scientifique, les couches de plus haute chaleur qui correspondent au domaine de l'humanité-âme. La description de la " Terre pure " dont parle explicitement Socrate, quoique de façon subtile et voilée, ne répond pas à une " descente aux enfers " comme celle de Dante dans la " Divine comédie ", car l'Hadès, nous y sommes déjà. Il s'attache plutôt à donner une idée des sphères supérieures de la Terre, ce que nos scientifiques appellent la sphère de plus haute chaleur et l'ionosphère. Il y est aussi question, comme dans Dante, d'Achéron, de Styx, et de Cocyte, mais plutôt en tant que passage vers le domaine de l'humanité-âme 602 après la mort. Cela peut aussi s'interpréter comme le chemin initiatique à accomplir du vivant du candidat. Pour le Grec tout est mythe et langage. Le RoseCroix (en particulier dans sa conception du " Liber Naturae "(Arndt) et de la " Physica " (Comenius), est lui aussi héritier de la sagesse antique. Il sait que le jeu des formes qui se manifeste en lui est un message précieux. S'il en pénètre intuitivement la sagesse et se laisse transformer par la force spirituelle qui est là, à l'arrière-plan, une nouvelle dimension s'ouvre. Les Grecs savent aussi que dans la nature existent des images épiphaniques qui guident et informent son esprit. S'il cède à cet appel spirituel intérieur, elles le mèneront à la fontaine de Vie. Le Val des Muses est surplombé par la montagne d'Hélikon. Un charme magique et évocateur y accueille le chercheur de vérité. Les Muses aiment à résider près des sources pures, dont le murmure fournit l'incantation nécessaire au passage, au voyage initiatique. Celui qui, surtout à cette époque où l'âme était plus éthérée, cède à cette douce muse-ique, tombe au pouvoir des forces subtiles qui pourront le mener vers l'esprit. Il commence, avec l'aide de la connaissance des mystères, à devenir voyant-poète. Le délire sacré s'empare de lui. La Muse n'est pas seulement une force spirituelle abstraite, mais une force active, concrète en lui. Elle accorde, nous l'avons vu plus haut, l'inspiration à l'initié holoclère. L'état de possession (Mania) ou de délire sacré qu'inspirent les Muses rend l'initié "Entheos"(habité par le divin). Cette expression "Mania" existait, on le voit, bien avant Mani, et pourrait d'ailleurs avoir un rapport avec le caractère sacré de la mission manichéenne. 603 Et cette force se met au service du candidat qui décide de façon radicale de s'y soumettre, c'est à dire d'y accorder sa vie. Elle devient alors une voix intérieure qu'il est possible d'écouter et de suivre à chaque moment, à chaque carrefour de sa vie, même si cela peut sembler parfois absurde à notre environnement. C'est ce que Socrate entendait par son daimon, et Mani par son jumeau divin. De même que les gnostiques parlent des éons, les Grecs parlent des forces qui sont à l'arrière plan des étoiles, sans les confondre avec ces étoiles mêmes. On retrouve dans ces idées de dieux " mythologiques ", aussi bien dans les traditions nordiques (cf. Crépuscule des Dieux de Wagner) que dans toutes les traditions soidisant " polythéistes ", ce panthéon de dieux, qui sans être forcément " mauvais " constituent la somme des forces de la sphère réflectrice et des éons qui fut nécessaire pour la création du monde de la chute. Tout le monde connaît le fameux mythe de Prométhée. Il mérite cependant ici notre attention, car, Hésiode 102, en le racontant de deux manières différentes, nous apprend quelque chose. Prenons le mythe tel qu'il fut conté dans la Théogonie : Prométhée naquit de Japet et Clymène, de même qu'Epiméthée. Prométhée est souple et subtil, il " pense avant " ; Epiméthée, lui, est maladroit, il " pense après ". Prométhée fut entravé sur un rocher, et un aigle mangeait son foie immortel, qui se reformait pendant la nuit. Mais la rancune qu'avait Zeus s'atténua quand Héraklès, son fils, le délivra en tuant l'aigle. Prométhée était en effet entré en lutte contre le bouillant fils de Chronos. 604 " C'était au temps où se réglait la querelle des dieux et des hommes ". Nous sommes ici en présence "simultanée" des dieux et des hommes. Nous en sommes au moment où la création n'a pas encore été "matérialisée". Car, nous le savons, tout ce qui est a son origine dans le non-manifesté et les sphères subtiles ont d'abord vu le passage de l'humanité. Dans " Les travaux et les jours " Hésiode présente les choses légèrement différemment : Les dieux ont caché ce qui fait vivre les hommes. Déjà la séparation hommes-dieux est nettement affirmée. " Fils de Japet, qui en sait plus que tous les autres, tu ris d'avoir volé le feu et trompé mon âme, pour ton plus grand malheur. " On y voit tous les dieux collaborer au malheur de l'humanité, à l'illusion la plus subtile qui soit. Cette illusion, à visage féminin, fait penser au dernier chapitre de " L'Ange à la fenêtre d'Occident " de Gustav Meyrink. Il ne s'agit pas ici de "la femme", mais de “cette femme" : Pandora, source de tous les maux de l'humanité à venir. Nous ne nous attarderons pas plus longtemps sur ce mythe, bien qu'il pourrait être par ailleurs l'occasion d'un fructueux approfondissement Nous avons plus haut fait allusion au Nuctéméron d'Apollonius de Thyane 103. Nous redisons ici qu'il était et est toujours l'un des grands, à l'égal d'Orphée, de Pythagore, du Christ, dont il fut le contemporain. Si l'on s'attache à approfondir certains passages de ce Nuctéméron, on s'aperçoit que tous les points essentiels d'un enseignement gnostique libérateur y figurent. 605 " Grâce à la dualité, les poissons du Zodiaque louent Dieu, les serpents de feu s'enroulent autour du bâton (d'Hermès), et les langues de feu s'apaisent (deviennent harmonieuses, s'harmonisent).” Dans la deuxième heure de cette pure perle de la Grèce antique, le chemin de l'endura est décrit avec une précision et une concision remarquable. Le divin se relie par la croix avec l'humain. L'homme naturel se fond dans l'homme-âme divin. Tout d'abord le système magnétique doit être rendu neutre, doit " devenir froid " par rapport à la nature ordinaire. Le θυµος, plus précisément ici le sternum, feu du désir et de l'aspiration, retrouve sa fonction véritable : attirer les forces gnostiques et rayonner ce qui a été reçu ou ce que l'on peut éventuellement posséder de la Lumière. Puis, par l'amour du chemin de croix des roses, le non-désir, neutraliser tout conflit afférent au chemin. La première heure : " En Unité les démons louent Dieu, ils perdent leur malice et leur colère ", doit ici avoir produit une maturité suffisante pour affronter les processus magnétiques de la deuxième heure. Un nouveau feu du serpent se rétablit, et il est inévitable que se présente la troisième heure, puis la quatrième, qui correspond à peu près à l'initiation holoclère (celui qui de nouveau a reçu son héritage), dont il a déjà été question plus haut. Là est reçue la couronne. Le triple temple humain doit être capable de faire face au miroir de son passé, au dragon des mystères qui n'est ni plus ni moins que l'être du péché vieux d'éons, somme inscrite dans la mémoire du " soi supérieur ". 606 Le Νους, le θυµος et l’επιτυµια doivent de nouveau devenir des sanctuaires. Ils doivent de nouveau s'accorder au caducée d'Hermès. Cela signifie que tout le système corporel nerveux, lymphatique, hormonal, sanguin et astral, toute la conscience et l'âme renouvelée (comme nous avons pu le voir plus haut en étudiant les glandes à sécrétion interne) s'apprêtent pour aller à la rencontre de l'Esprit. Attachons nous maintenant à observer ce qui, dans la mentalité grecque, jouait le rôle de la connaissance, de l'enseignement concernant l'Homme Microcosme. Qu'il soit ici tout d'abord bien clair qu'il ne s'agissait pas d'un aspect qui pouvait facilement être révélé au public non-initié. Et il va nous falloir procéder par analogie, sachant que cette analogie est affirmée par les grecs eux-mêmes. Pour ceux-ci la Cité est à l'image de l'univers et l'homme est à l'image de la Cité (Voir plus haut). Ce que nous avons vu jusqu'ici nous montre clairement que les éléments suivants : la nécessité d'un processus libérateur de l'âme, la connaissance de la réalité de l'homme Microcosme, et de la sphère réflectrice et de l'enseignement des deux ordres de nature se révèlent à travers les mystères et l'histoire grecs et imprègnent donc toute idée éducative sérieuse. Tous les critères d'enseignement spirituel y sont donc bien présents. Il nous reste un point fondamental, et nous allons voir qu'il en est de même, quoique les aspects extérieurs nous montrent peut-être des formes légèrement différentes. 607 Il s'agit tout simplement de l'enseignement ayant trait à la réincarnation, telle qu'elle a toujours été enseignée dans les écoles spirituelles. Socrate y fait allusion surtout dans le Phédon, à propos de l'immortalité de l'âme, et dans le Phèdre, quand le " parcours " des âmes est évoqué. Dans un monde en plein désarroi, des valeurs d'éternité sont essentielles. Chez les Grecs, en particulier chez Platon et Socrate, héritiers de Pythagore et d'Orphée, l'unique sens de la vie et une véritable méthode d'éducation de l'âme sont présentés. Tout d'abord par la voix de Socrate, nous voyons décrire l'état de l'homme esclave et dépendant de ses sens ; il a perdu les ailes de l'Esprit, la partie rétive de l'attelage de l'âme a pris le dessus, il cède à l'amour vulgaire. Ses instincts et ses sens naturels ont pris le dessus sur le courage du cœur et de la raison. La raison est aussi bien asservie aux passions qu'aux instincts. Et quel est l'exemple que donne Socrate par sa vie ? Exactement tout le contraire ! Toute sa vie démontre un parfait détachement des choses de ce monde. Il était pauvre et n'a brigué ni honneur ni gloire tout en accomplissant ses devoirs de citoyen de façon absolument intègre, démontrant de façon absolue le courage et l'honnêteté qui sont les conséquences indirectes et préalables de l'état de vie de l'homme âme esprit libéré, relié à l'Esprit Universel par son Daimon. Il n'a, contrairement à de nombreux bavardages, jamais cédé ni aux tentations homosexuelles ni à toute autre sorte de plaisir facile. En somme, sa vie intérieure et extérieure cor608 respond parfaitement aux exigences de la purification et de l'hygiène mentale, astrale, éthérique et matérielle inhérentes aux petits mystères et à toute initiation. Ceci, comme très souvent pour d'autres, ne fut absolument pas compris des puissants de son temps. Il fut faussement accusé (prétextes classiques) de ne pas reconnaître les dieux de la cité, d'introduire de nouvelles divinités et de corrompre la jeunesse. Et ceci n'est pas sans nous rappeler l'atmosphère de corruption que nous devons pourtant entourer de tout notre intelligent amour-sagesse En fait, il s'agit purement et simplement de vengeance et de peur pour ses intérêts. Socrate, poussé par son amour pour la vérité et la justice, ne ménage personne ; il aime la vérité plus que lui-même, ce qui devrait être la caractéristique principale et première de tout chercheur d'absolu. Comme toujours dans l'histoire, les ténèbres ne peuvent supporter la lumière, et les porteurs de lumière sont massacrés. L'attitude de Socrate est claire : - " Ne te semble-t-il pas que je me suis occupé toute ma vie de ma défense ? - Et comment ? - En vivant sans commettre aucune injustice. " Nous retrouvons ici très exactement les paroles d'Hermès Trismégiste, hautement christiques : L'unique religion, c'est de ne pas faire le mal. Il est, à la lettre et au vrai sens du terme, un parfait chrétien ; Son sacrifice final l'a d'ailleurs souvent fait comparer à J.C., de même que Krsna ( ce sens symbo609 lique de l'histoire des individus se retrouve d'ailleurs dans l'histoire des peuples, en particulier dans celle du peuple grec et du peuple égyptien). Evoquons ici une fois de plus Apollonius de Thyane, qui, dit-on, alors qu'il était mis à mort, disparut aux yeux de ses persécuteurs, les chiens que l'on jetait sur lui pour le déchiqueter ne rencontrant aucune prise matérielle. Tout ceci évoque, sur le plan purement symbolique, la notion d'anéantissement et de brisement de soi. Au cours des petits et des grands mystères, une purification préliminaire de tout l'être, et en particulier du cœur gardien, était suscitée et exigée. Or d'après Socrate, la vertu, la justice, la vérité, sont " une espèce de purification " (du cœur). Il démontre ainsi qu'il connaît bien la sagesse hermétique, aussi bien grecque, que chrétienne, qu'égyptienne : (Gnose Originelle Egyptienne, IV, p. 31) " Ainsi considérez donc votre cœur comme un chantier où vous pouvez exercer consciemment une influence et accomplir un travail extrêmement important. Effectuez donc ce travail avant que influences, forces et lumières actives ne constituent en vous un état émotionnel irrépressible ; car, celui-ci une fois formé, vous seriez obligé de vous y conformer. Avez vous déjà entendu parler de la noblesse du cœur, de ses luttes ? de la tristesse et de la joie du cœur? de sa dureté ? Saviez vous que le combat le plus important, celui qui donne accès au véritable apprentissage, doit être mené dans le cœur ? Et que la substance alchimique réellement salvatrice, nécessaire à la réalisation des Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix, doit 610 être préparée dans le cœur ? Il n'y eut jamais, dans l'histoire du Monde, aucune Ecole Spirituelle Gnostique qui se laissât prendre à la civilité bourgeoise. La véritable noblesse est la noblesse du cœur. C'est pourquoi il est dit que Dieu, l'Esprit sonde le cœur. Cela ne sert à rien de bien parler ou de composer son attitude pour faire croire qu'on est le Seigneur lui-même, car l'Esprit sonde le cœur. Ce qui est décisif, c'est l'état émotionnel qui émane de ce cœur (θυµος) et enveloppe l'être entier. " Mais nous n'en sommes pas encore là. Entre petits et grands mystères, nous sommes surtout concernés par le rassemblement des forces de l'epitumia (επι− θυµια) et leur retour à de justes proportions. Tout le système de la personnalité est mis en relief par la lumière discriminante de l'amour divin et les cérémonies et processions mettent le candidat face à lui-même et ses abîmes. C'est, dans le Nuctéméron d'Apollonius de Thyane aussi bien la première que la deuxième heure. Les démons s'apaisent et chantent la louange de Dieu. De nos jours le chemin du temple n'est plus parsemé, en tout cas extérieurement, d'images grimaçantes ; les amis et la famille, du moins extérieurement, ne lui rappellent pas sa conduite fautive. Mais celui qui prend le chemin du temple est inévitablement confronté avec son monde astral personnel, son inconscient, son indignité. Ce n'est que lorsque il aura sincèrement invoqué la pure lumière de Bethleem et qu'il aura réussi à unifier son être intérieur, le prouvant par ses actes et sa vie 611 même, son être profond, qu'il sera de nouveau en mesure de " chanter la louange de Dieu ". Ce n'est pas par hasard que les Petits Mystères, à Eleusis, ont lieu quand le soleil est dans le Bélier, au printemps, et les Grands Mystères sous le signe de la Balance, à l'automne : Les Petits Mystères sont une sorte de commémoration avec purification continues et abstinences consacrées, Et les Grands Mystères, dédiés à Koré et à Déméter, se célèbrent quand le Dieu s'éloigne, afin de rendre un culte solennel au Dieu qui s 'éloigne, et de lui demander qu'il nous préserve de la puissance ténébreuse et impie, autrement dit de notre être naturel et de l'environnement astral. (Mythe de Déméter et de Koré…in " Une Grèce Secrète… ", de Roger Godel104 ; Chap. 4, p. 49 à 61) . L'alternance entre les Grands Mystères et les Petits Mystères peut durer cinq ans pour que le myste soit jugé digne d'aspirer à l'époptie. Les indignes, criminels, sont écartés, et les étrangers à la Cité doivent être adoptés (opération fréquente pour permettre l'accès à l'initiation) ou présentés par un mystagogue athénien (pour Eleusis). Le 13 Boedromion, les éphèbes athéniens se rendent à Eleusis. Le 14, la procession va d'Eleusis à Athènes et porte les " hiera "(°ιερα), signes et objets sacrés, à l'Eleusinion d'Athènes, sanctuaire bâti sur l'Acropole. 612 Le 15 , les candidats se présentent à l'Eleusinion avec leurs mystagogues. C'est alors qu'a lieu le renvoi éventuel des indignes, si toutefois il en restait encore. Le 16, les mystes se purifient dans la mer ; chacun purifie un porc, qui est ensuite sacrifié, symbole de la purification qui doit avoir lieu en tout candidat. Le 17, les mystes offrent des fleurs à Dionysos : ils restent chez eux pendant la procession qui va au temple d'Asclépios guérisseur, c'est à dire libérateur. De même pendant les cérémonies où l'initié d'Hestia et les mystagogues officient à la place du candidat. Dans la procession qui ramène les objets sacrés à Eleusis, sous la conduite du Iacchogogue, ils marchent à la fin. Le 20, commencent les cérémonies cachées. Le secret est juré. Puis, avant la mort symbolique, les paroles consacrées sont prononcées : " εκ τυµβαλου βεβρωκα, εκ κυµβαλου, γεγονα µυστικος " De temps en temps éclate dans le cortège : " Ιαχχηε  Ιαχχηε − ελελευ κορ διµορπη ! ", invocation au dieu meneur du cortège ; Et ainsi, petit à petit, le myste s'achemine vers la compréhension et la revivification du mythe de Déméter et de Koré. Déméter parcourt la terre sans répit à la recherche de sa fille Perséphone - Koré. Sa fille, son âme divine lui a été arrachée. Elle poursuivra sa course errante en quête de l'invisible pendant neuf jours, la durée d'une phase de Lune. 613 Son aventure est la nôtre. Un temps vient où, nous aussi, abolissons le déchirement de la séparation. En affrontant de façon neutre et impersonnelle le démon qui nous attaque, nous entrons dans le cœur de Jésus Christ, devenons Un. Les trois nuits mystiques de l'initiation Eleusinienne nous mènent vers l'éclat du réveil : l'Epoptie. Trois nuits c'est peu ; elles ont pourtant marqué l'épopte d'un sceau qui le transfigure. Le 21, après une journée de jeûne, obscurité et silence. La lumière filtre ici et là. Puis un homme revêtu d'une robe scintillante, symbole de la Robe d'Or des Noces de l'Ame avec l'Esprit, le bandeau royal au front, tenant un flambeau dans chaque main, le Dadouque apparaît. Ils rencontrent la statue de Déméter Achaea (l'Affligée). Silence et secret absolu sont jurés. Suivent une descente et une remontée, image universelle initiatique de la mort et de la résurrection, qui mèneront à l'époptie, contemplation intérieure et compréhension de l'Amour, l'Amour universel dont le germe, comme la source qui sourd du sommet des montagnes donne le fleuve majestueux qui va à l'infini de la mer, se trouve dans le cœur. Sa première et maladroit ébauche d'approche est l'amour humain, familial et filial, qui s'épanouit dans le monde spirituel absolu, englobe tout, comprend et supporte tout (Cf. Lettre aux Corinthiens, 13). La "Καταβασις “, ou descente ténébreuse, suit donc. 614 Il y est interdit de retourner en arrière, de se retourner même, de donner prise aux miasmes et monstres grimaçants du passé, tels gorgones et méduses, dragons surgis des profondeurs des montagnes pour défendre les pierres précieuses. Nous voyons ici bien évidemment une analogie supplémentaire avec Christian RoseCroix, qui, une fois le chemin choisi, pour défendre la colombe contre le corbeau, ne put se retourner sans qu'un vent violent d'une force terrible ne menace de le terrasser. Ainsi le candidat est " forcé " à continuer ou à échouer de façon dramatique : malheur à qui regarde en arrière ! On retrouve bien entendu la même idée dans la Bible, ou Lot fut transformé en statue de sel quand elle se retourna vers la ville du péché. Le passé doit donc être hermétiquement scellé. Et ce sont des visions terrifiantes qui symbolisent le Cerbère des légendes et surtout la réalité de la lutte et de la victoire sur le soi karmique que nous retrouvons ici. Puis l'Epopte " voit ", il contemple intérieurement la clarté de l'Amour, seule force capable de triompher de tout. " Βριµω, la forte, a engendré Βριµος, le fort " Et pour bien prouver que seul l'Amour peut, des deux, faire un, le Hiérophante et la Hiérophantide symbolisent par la célébration de leur mariage sacré (Hierogamie), la conjonction des principes opposés. Et l'Epopte contemple l'épi, " le φοστερ , l'illuminateur parfait ". Et dès lors, " la semence intérieure, il est habile à la faire fructifier ; ayant pris une faible étincelle, il fait flamber tout le bûcher ". Il rentre chez lui. La Déesse, nourricière des néophytes, lui enseigne la vraie culture, dépouiller l'état sauvage, devenir Homme Vrai : 615 " Ô Déméter, toi qui a nourri mon esprit, accorde-moi d'être digne de tes Mystères " Elle l'inspire, et il écoute le récit sacré (Une Grèce secrète, Roger Godel, p. 55, 56, 57, 58) : " A l'heure où les jeunes filles viennent emplir leurs amphores d'eau, une femme âgée est assise sur la margelle du puits d'Eleusis ; l'ombre d'un olivier lui voile le visage (Homère, Hymne à Déméter, v.100). Les fatigues d'une longue errance ploient son corps, inclinent son regard vers la source au fond du puits. Quatre petites princesses sans façons, munies comme tout le monde de leur vase pour puiser l'eau (Homère, Hymne à Déméter, v.105-106) entourent l'Affligée. Elles l'interrogent, elles l'écoutent. 'Elles la voient sans l'identifier, car les dieux sont difficilement contemplés par le regard des mortels' (Homère -. Hymne à D., v.111). Mais leur cœur s'émeut. Une sûre intuition leur dit qu'elles ont fait une trouvaille. Telle est la science des âmes vierges. Et ce n'est pas sans motifs que le poète se complaît longuement à les faire vivre devant nous (Homère -., Hymne à D. v.108 à 179). L'une d'elles, la plus belle s'exclame : " Dès le premier coup d'œil, on ne saurait méconnaître ton bel air de noblesse, ni t'écarter de sa Maison ; on t'accueillera au contraire parce que tu ressemble à une divinité (Homère -. Hymne à Déméter, v. 158-159). Les quatre jeunes filles entraînent leur vieille amie comme une précieuse découverte - au Palais. Venues au puits pour en rapporter l'eau vive elles ramènent une déesse. Ainsi Déméter, méconnaissable sous les traits d'une 616 vieille femme en deuil, travaillera à Eleusis chez le roi Kéléos et sa femme Métanire. Elle élève leur fils, le petit Démophon. L'enfant croit merveilleusement en stature et vitalité aux mains de sa nourrice. Elle l'oint d'ambroisie, souffle doucement sur lui comme sur un jeune dieu. Le soir venu, elle fait subir à l'enfant une opération singulière pendant que le Palais est enseveli dans le sommeil. Comme un tison elle le plonge dans la flamme du foyer. Le feu consume les éléments mortels du corps et en dégage l'essence inaltérable. Une nuit, Métanire, la mère, découvre, de sa chambre ouverte sur la cour intérieure, le fantastique secret. Elle voit la nourrice lui balancer son fils dans le brasier. Le spectacle lui arrache un cri. Puis elle reste là, plantée, se battant les cuisses du plat de ses mains ; elle gémit, répand des lamentations(Homère, Hymne à Déméter). La déesse se retourne. D'un geste rapide, elle dépose l'enfant loin du foyer. Sa colère éclate : " Humains ignorants, fous ! Incapables que vous êtes de discerner si le destin vous apporte un bien ou un mal ! Toi aussi, par ta stupidité, tu viens de causer un malheur irréparable. J'aurais préservé ton fils de la vieillesse, je l'aurais fait immortel. Pourtant, parce qu'il s'est assis sur mes genoux et qu'il a dormi dans mes bras, une gloire divine est déposée en lui. Je suis Déméter la vénérée, source de béatitude et de richesse pour les dieux et les hommes… " 617 Dès qu'elle a fini de parler, la déesse se transforme. Rejetant comme une dépouille sa silhouette de vieille femme, elle brille et grandit à la mesure de sa gloire. L'initié d'Eleusis déroule le manuscrit du poème homérique à Déméter, et derrière les traits de l'écriture il retrouve la déesse dans la plénitude de sa beauté. … L'hymne que le lecteur chante en lui-même dans le silence de la vie intérieure parle la langue des dieux. Cette mélodie aux échos profonds affine et clarifie le regard ; elle le rend propre à saisir des réalités invisibles. Un homme qui a connu à Eleusis la béatitudes des visions théophaniques - ευδαιµονια φασµατα, τηειοσ φασµατα - acquiert un regard plus pénétrant ; le pouvoir lui est donné de saisir des images que les yeux mortels ne contempleront jamais. Il voit le corps de l'enfant Démophon illuminé au feu de son bain d'immortalité ; les flammes lèchent, mordent, dévorent la gangue corruptible. Cette larve d'homme va-t-elle produire un dieu ? Déjà la silhouette de l'enfant a perdu l'opacité de la matière périssable ; elle est devenue si transparente qu'on voit de tous côtés à travers sa forme claire les langues de feu du foyer. … Les Grands Mystères nous ont fait éprouver qu'une étincelle de ce feu brûle invisiblement en nous sous la cendre. L'épaisseur d'un opaque bourbier nous en sépare, et il n'est pas facile de le traverser. Déméter armée de ses torches nous éclaire et purifie les passages secrets. 618 Ces itinéraires ne se dérouleront pas dans une contrée géographique ; leurs méandres plongent dans notre intériorité ; c'est en nous-mêmes que le feu doit être porté pour ouvrir la marche. " La Philosophie grecque a toujours eu un rapport très étroit avec les Mystères. Elle en procède directement. Pythagore est un disciple d'Orphée, d'Hermès, des prêtres égyptiens et de leurs hiérophantes, des mages chaldéens et des Eleusiniens (certains affirment même qu'il poussa jusqu'en Inde). Et l'on retrouve Pythagore chez Platon, qui se procura d'ailleurs des manuscrits pythagoriciens et fit figurer dans le Timée un héros qui l'était notoirement. Dans toute philosophie grecque digne de ce nom, on retrouve le mythe de Dionysos, sous différents aspects selon ce que l'on veut nous transmettre. Fondamentalement, le Nous, à l'origine Un, et qui le reste, semble divisé chez les hommes, ce qui se manifeste dans le mythe par le démembrement du dieu, et sa reconstitution finale. Dans le Phédon, on retrouve constamment, directement ou indirectement, l'allusion aux mystères. (On pourrait dire qu'il en est de même aujourd'hui, car toute philosophie qui n'est pas relié aux mystères, même aujourd'hui, n'est que de peu d'utilité) " Je m'imagine que ceux qui ont institué les Mystères à notre intention n'étaient pas des hommes ordinaires, mais qu’en réalité ils ont voulu jadis nous faire entendre que tout homme qui arrive dans l'Hadès sans être purifié et initié, restera couché dans le borboros, mais que celui qui a été purifié et initié, dès son arrivée là619 bas, habitera avec les dieux. Il y a en effet, comme disent ceux qui sont versés dans les initiations, beaucoup de porteurs de thyrse, mais peu de bacchants. Et ceuxci, à mon avis, ne sont autres que ceux qui ont été de vrais philosophes. " D'après Olympiodore : " La Philosophie est une assimilation au dieu " Nous avons pu effleurer les méthodes initiatico-éducatives chez les anciens grecs. Nous aimerions maintenant brièvement montrer la parenté de la Rose-Croix hermétique actuelle avec la Gnose égyptienne. Ainsi, par la semence du Père, la Mère engendre une descendance, le Fils, une réalité vivante ; Le plan de création du Père se manifeste par la force de la Mère. " 620 Conclusion J’aimerais terminer ici par quelques considérations induites par ce passage tiré du “Labyrinthe...” “En attendant, pour que tu te fortifies et comprennes plus profondément la consolation à laquelle je t’ai appelé, je t’envoie parmi les serviteurs qui me sont dévoués (mes serviteurs), et se sont rendus à moi. Observe les. “Mais où habitent ils, Seigneur?” demandai-je”Où les chercher?” Il répondit : “Ils vivent dispersés parmi les hommes, mais le monde ne les connait pas. Pour que tu puisses les reconnaître et te protéger de la perfidie du monde pendant ton séjour jusqu’à ce que je te rappelle à moi, au lieu des lunettes et de la bride que tu portais, je place sur toi mon joug (qui est l’obéissance absolue). Ainsi tu ne suivras personne d’autre que moi. De plus, j’ajoute ces lunettes qui te permettront de discerner plus clairement les vanités du monde, s’il te plaisait de les observer, ainsi que la consolation de mes élus. La monture des lunettes consiste en la Parole de Dieu, et les lentilles en sont l’ Esprit Saint .” “Va maintenant,” continua-t-il, “et retourne à cet endroit par lequel tu es déjà passé; tu verras, grâce aux dons que je t’ai attribué, des choses que tu n’aurais pu percevoir autrement. Me souvenant du lieu où j’étais passé, je me levai, 621 me hâtai avec une telle impatience que je ne remarquai même pas l’agitation du monde autour de moi. Je pénétrai dans le temple appelé Christianisme, et distinguant dans le chœur un rideau, je m’y précipitai, sans jeter un œil aux sectes qui se querellaient dans le déambulatoire. Là, je réalisai et compris pour la première fois ce qu’était ce recoin,en l’occurence la praxis christianismi, c’est à dire la vérité du christianisme. Le rideau qui les séparait était double : l’extérieur, que l’on pouvait voir de dehors, sombre, était appelé contemptus mundi, mépris du monde ; l’autre, le rideau intérieur était resplendissant, et s’appelait amor Christi, l’amour de Christ. L’espace intérieur séparé du reste par les rideaux n’était pas visible de l’extérieur. Quiconque y pénétrait était transformé en un être plein de béatitude, de joie et de paix. De dehors j’aperçus un phénomène étrange et frappant : des milliers de gens circulaient autour, mais n’entraient pas. Etait-ce parce qu’ils ne le voyaient pas, l’ignoraient-ils du fait de son apparence insignifiante, je ne sais. Je vis là bien des docteurs de la loi, gens férus en écritures, prêtres, et évêques, et bien d’autres prétendant à la sainteté , passer, parfois jeter un regard, sans toutefois entrer. Je les pris en pitié. Certains distinguaient par une fente, en approchant plus près, un rai de lumière, ou un doux parfum, qui les attirait, et ils se mettaient à rechercher la porte d’entrée. Mais ceux-là mêmes qui commençaient à chercher la porte, mais regardaient en arrière, étaient frappés par l’éclair aveuglant du monde, et se détournaient. Je compris la vraie raison pour laquelle si peu y étaient entrés quand j’approchai de la porte de séparation; là se tenait un examen de passage des plus rigou622 reux. Tous ceux qui souhaitaient entrer étaient obligés d’abandonner tous leurs biens, jusqu’à leurs yeux, leurs oreilles, leurs pensées, et leur cœur. Car, était-il dit, celui qui désire être sage selon la sagesse de Dieu doit devenir simple à ses propres yeux ; celui qui désire connaitre Dieu doit oublier tout le reste; et quiconque désire posséder Dieu doit abandonner toutes choses. C’est pourquoi, ceux qui hésitaient à abandonner leur richesse ou leur connaissance, protestant que de telles choses étaient des aides sur le chemin des cieux, demeuraient au-dehors, ne pouvaient donc entrer. Mais ceux à qui l’on permettait d’entrer, je remarquai qu’ils devaient se soumettre à une fouille de leurs vêtements pour y déceler le moindre petit morceau de vanité qui pourrait encore s’y trouver caché, et (chose inhabituelle ailleurs), se faisaient examiner les viscères, la tête et le cœur, afin que rien d’impur ne souille la demeure de Dieu. Bien que cela n’alla pas sans quelque douleur, la blessure était guérie par une médecine céléste de façon si habile que l’opération, au lieu de l’appauvrir, rendait au patient une plus grande vitalité. Car à la place du sang qui était versé pendant l’opération (coupures et écorchures), une sorte de feu était allumé dans les membres de l’homme qui le transformait si complètement que lui-même s’émerveillait du changement et de ce que jusqu’alors il portait de tels fardeaux inutiles que le monde appelle sagesse, gloire, plaisir, et richesse ( car ce ne sont en vérité que des poids). Là je vis des boîteux bondir, des bègues parler avec éloquence, des gens simples faire honte à des philosophes, et ceux qui ne possédaient rien déclarer qu’ils possédaient tout. Après avoir assisté à ces préliminaires à la porte, j’entrai à l’intérieur de la chambre et examinai tout d’abord l’ensemble, puis regardai de plus près certains des 623 élus. Tout ce que je vis me remplis d’une joie ineffable, car je vis tout l’opposé de ce que j’avais vu dans le monde. Là aveuglement et obscurité, partout ici, lumière aveuglante; fraude dans le monde, ici vérité partout. Alors que le monde est rempli de désordre, ici règne un ordre parfait. Là, le tumulte, ici, la paix; là souci et anxiété, ici la joie; là, besoin, ici, abondance; là esclavage et dépendance, ici liberté; dans le monde tout n’était que peine et labeur, ici tout était facile, là les accidents les plus lamentables, ici sécurité parfaite.” Oui, ils sont encore malheureusement bien clairsemés, ceux qui ont le courage de remettre totalement en question leur vie même plutôt que de ne pas faire face à la vérité qu’ils portent dans le coeur. Oui, ils sont encore bien trop rares ces pédagogues prêts à renverser des montagnes de préjugés et de bêtise parce qu’ils ont décidé d’agir et d’orienter leur vie et leur enseignement selon leur conscience la plus élevée, sans tenir compte des “impératifs”ignobles et pseudorentables auxquels on aimerait les soumettre; Oui, les hommes et les femmes qui ont compris l’exigence d’une éducation de l’âme-esprit de tous par tous ne se comptert encore que par milliers ou centaines de milleirs, alors que l’humanité se compte par milliards. Mais celui qui lira les lignes ci-dessus doit savoir, doit connaître l’exigence des temps : tout mettre en jeu pour que l’homme véritable surgisse des cendres de cette société corrompue en décomposition avancée. Et nous proclamons ici notre joie : l’esprit se répand comme une traînée de poudre et allume les coeurs et les têtes, et rien ne pourra lui résister. 624 Toi, mon ami, mon amie, frère ou soeur par l’esprit, persévère et ne perds pas courage, et si tu va perdre courage, alors garde encore plus l’énergie indomptable du pionnier dans la tempête. 625 Notes 1) Il s’agit là de la sixième partie de l’Opus Magnum de Comenius, sa contribution universelle à L’humanité. Il ne put la terminer complètement, et un des ses héritiers se servit de ses notes pour l’achever. Cette oeuvre fondamentale disparut jusqu’au XXe siècle où elle fut retrouvée dans la bibliothèque de Halle, puis éditée en latin par l’Académie de Prague. Un microfilm de cette édition originale se trouve à la Bibliotheca Philosophica Hermetica, à Amsterdam. 2) Unum Necessarium, traduit aux éditions l’Harmattan par “L’Unique Nécessaire” (par mes soins, avec une introduction explicative de près de 50 pages, l’honnête homme moderne ayant parfois du mal à intégrer la mentalité du XVIIe siècle), constitue le testament spirituel de Komensky, où il s’excuse même, tout en le justifiant, de s’être mêlé des affaires du monde. Oeuvre magistrale, simple, et “spirituellement imparable” 3) Dei Gloria Intacta fut le premier livre de Jan van Rijckenborgh à paraître après la guerre de 39-45 et marque un nouveau développement, plus radical, dans le travail de l’ecole spirituelle moderne. Il fait partie des cinq livres de la collection de la Pierre angulaire : Elements de philosophie, Un homme Nouveau Vient, Le Nouveau Signe, Dei Gloria Intacta et La Gnose Universelle 4) Réveil, texte d’une conférence faite par Mr Jan van Rickenborgh aux jeunes du groupe D de la jeunes626 se de l’ecole spirituelle moderne (correspondant à l’âge de 15 à 18 ans) 5) Le “Témoignage de la fraternité”, est le titre moderne des textes et commentaires du “Confessio Fraternitatis” par J.V Rijckenborgh. Trois livres constituent à eux trois l’ensemble “Les secrets de la Rose-Croix”. Ce sont la “Fama fraternitatis, l’Appel de la Fraternité”, “Le témoignage de la Fratenité”, et les Noces Alchimiques (deux tomes). 6) Le Remède Universel constitue un petit ouvrage de Jan van Rijckenborgh, qui fait allusion à diverses caractéristiques de notre temps et aux remèdes ptroposés. Actuellement à commander aux editions du septénaire. (voir bibliographie) 7) Cette oeuvre de Comenius décrit, dans la première partie, la quête toujors déçue du pélerin. Puis suite à l’experience de la misère et de la la mort, retourne vers l’intime de soncoeur et y découvre la fraternité de christ. 8) Les secrets de la fraternité de la rose-croix, en quatre tome et trois livres : I - L’appel de la fraternité II - Le témoignage de la fraternité III - Les noces alchimiques (2 tomes), reprend et explique en termes accessibles à l’honnête homme d’aujourd’hui ces oeuvres puissantes, dont le retentissement fut inouï au XVIIe siècle. 9)Valentin Andreae : Né en 1586, fils de Johann, abbé de Konigsbronn, et de Maria Moser. Il etudieles langues, l’histoire, loa philologie, la philosophie, les sciences. Son père avait un laboratoire d’alchimie. il voyage beaucoup, en France, en Suisse, en Italie. Avec l’aide de quelques amis intimes, les trois celèbres textes de la fraternité de la RC prennent une forme définitive. 627 Avec la terrible guerre de trente ans, Calw est pratiquement dévastée par les troupes bavaroises, suédoises et croates, en 1634. Sa maison est détruite en représailles, sa bibliothèque éduite en cendres. En 1630, il avait dejà transmis le flambeau de la fratenrité à J.A. Comenius. 10)Tobias Hesse: Pour lui, la theologie et la philosophie s’expliquent uniquement par les ecrits sacrés. Il fut accusé de préparer des remèdes selon les recettes de Paracelse. Hess parle de l’Empire Romain, du pape et des turcs comme des ennemis du royaume divin, de la maison de Habsbourg à vaincre et des temps de la victoire spirituelle proche. Selon lui, 1604 inaugure une nouvelle période : une nouvelle force stellaire se’ manifeste dans le serpentaire et le cygne. Voici quelques extraits de ce qu’en dit Andreae : “Nous avions foi en l’esprit paradoxal de Hess, ami de dieu et serviteur du christ, frère de son prochain, docteur de la vérité, pratiquant du bien... et ennemi de satan.” 11)Christophe Besold : Savant à l’esprit particulièrement pénétrant, fondateur d’une bibliothèque d’environ 4000 écrits, où étaient richement reptrésentées toutes les sciences. Il fut le cerveau, le scientifique, le grand inspirateur et créateur des images à partir de considérations philosophiques hermétiques. Andreae fut la plume qui mit par écrit. Voici un extrait d’un texte de Besold : “l’homme n’est rien d’autre qu’une “mens divina”, liée par des chaînes terrestres ... Grace à une lumière si grande, l’homme est capable de s’élever à dans les hauteurs pour se mesurer au ciel. Il connait ce qui est en bas comme ce qui est en haut, et, sans avoir besoin de quitter la terre, s’élève vers le ciel, et y vit en communion avec dieu lui-même ... 628 12) Dans ce petit opuscule, Comenius présente sa vison de la science, appelée à l’époque “Natural philosophy”, puisqu’il écrivit ce texte au cours de son aventure londonienne. Il y fait allusion à Bacon, très occupé de cet aspect des choses, et premier rose-croix avec Fludd en angleterre. 13) Jacob Boehme, modeste savetier dans la ville de Görlitz, eut deux rélvélations qui lui permirent d’écrire des livres d’une immense portée spirituelle, tels que “Aurora, ou l’aurore naissante”, De l’Incarnation de JC, “De la signature des choses”, etc ... 14) Von Eckhartshausen, la nuée sur le sanctuaire : D’Eckhartshausen trace pour nous le chemin étroit qui mène à la « Communauté lumineuse de Dieu ». Il faut tuer en nous, certains éléments constitutifs du vieil homme, pour faire renaître le Nouvel Homme. Il faut, pour exprimer la pensée de d’Eckartshausen « dissiper la nuée des opinions, des préjugés et des passions ». Il faut aller « De l’Homme sensoriel raisonnable à l’Homme sensoriel spirituel. »« Détourne ton âme, ton œil intérieur, de toutes les choses qui ne sont pas Dieu ; ferme le à la nuit des erreurs et des préjugés et ne l’ouvre qu’au soleil spirituel. Ce soleil spirituel, c’est JésusChrist. » dit-il. Et d’ajouter « En quoi consiste l’organe de perception de la vérité ? qu’est-ce qui rend l’homme capable de la recevoir ? « Je réponds : dans la simplicité du cœur ; car la simplicité met le cœur dans une situation convenable pour recevoir purement le rayon de la raison et celui-ci organise le cœur pour la réception de la Lumière. » 15) J.V Rijckenborgh : Très jeune, il aspire à retrouver 629 la source originelle de toute connaissance et entreprend une recherche méthodique, guidé par les textes hermétiques, les évangiles gnostiques et les manifestes de la Rose-Croix du XVIIème siècle. Sa certitude de suivre un plan déjà inscrit en lui-même et son don visionnaire exceptionnel lui font rapidement dépasser les formes religieuses et occultes de la recherche ésotérique. Il dénonce l'énorme " mystification de l'au-delà ", recherche l’auto-franc-maçonnerie personnelle et dépasse toute forme de détachement mystique ou mentale. Il pressent la puissance de l'idée gnostique : « Notre recherche nous montre qu'il existe un royaume originel dépassant de loin les domaines du Nirvana eux-mêmes. Nous avons découvert que ceux qui l'avaient atteint avaient tous parcouru le même chemin. » Dévoilant les lois septuples de l'univers, il entreprend une œuvre fondamentale : décrire et enseigner le chemin parcouru qui relie l’humanité au monde divin originel. 16) La Gnose Originelle egyptienne et son appel dans l’eternel present (editions du Septenaire). Ce livre, en quatre volumes, oriente le chercheur spirituel vers l’hermétisme et decrypte ce qui pour lui semblait parfois incompréhensible. Les quatre tomes de la Gnose originelle égyptienne regroupent les textes de la Table d’Emeraude et du Corpus Hermeticum commentés par Jan van Rijckenborgh. Ces écrits des premiers siècles de l’ère chrétienne contiennent la sagesse originelle d’Hermès Trismégiste présentée sous forme de dialogues avec des entités symbolisant les différents niveaux de développement de l’être qui aspire à un état de vie supérieur. Qui est Hermès Trismégiste ? On pourrait songer à 630 un sublime messager divin, or ce n’est pas une figure historique unique, mais une série d’envoyés célestes. 17)Apollonius de Thyane est un spirituel au moins équivalent a Jesus. Il etait chargé, alors que Jesus avait une mission, entre autres, pour ceux qui ne seraient prêts que de nos jours, de s’adresser à ceux qui étaient directement prêts pour la moisson de son temps. Jan van Rijckenborgh a fait un commentaire détaillé de ce qui nous reste de ses multiples écrits, détruits par le dogmatisdme et la peur des siècles, a savoir les douze heures du “Nuctemeron” (editions du septenaire) 18)La “Voie de Lumière” de J.A. Comenius : Suite à son “aventure anglaise”, Comenius écrivit ce livre à destination de la “Royal Society” et de tous les “aspirants à la lumière”. Il y developpe les grandes lignes de la “Consultation ...”en utilisant en particulier souvent la métaphore de la lumière physique pour expliquer l’action de la lumière spirituelle. Et en particulier les “notiones” notions innées “SAVOIR VOULOIR et POUVOIR 19) Jacob Boehme, De l’incarnation de Jesus Christ, puissant livre visionnaire du savetier de Görlitz, De l’Incarnation de Jésus Christ. Jacob Boehme y fait un Exposé en trois parties, savoir : -1. Comment le Verbe éternel est devenu homme, et de la Vierge Marie ;2. Que nous devenons entrer dans les souffrances, l’agonie et la mort de Christ ; 3. De l’arbre de la foi chrétienne 20) (voir plus haut) 21) Pestalozzi : La pédagogie devient l'instrument par excellence de la démocratisation. Après la critique sociale des savoirs transmis dans le système scolaire, on proclame leur «retour». Pestalozzi creusera à Stans, à 631 Berthoud et à Yverdon le chemin de cette pédagogie : ce sera la Méthode élémentaire, dont les grandes lignes seront tracées dans l'ouvrage de 1801 Comment Gertrude instruit ses enfants, et qui s'épanouira en «philosophie de la pédagogie» dans Le Chant du Cygne de 1826. Mais, fidèle à l'esprit des Recherches, Pestalozzi ne cessera, tout en travaillant à élaborer l'instrument méthodique, de se battre sur deux fronts, celui, de la methode et celui de l’empirisme. alors qu'elle est dans son essence. Pestalozzi a fini par récuser la réponse purement philosophique, pour lui donner une réponse pédagogique, lorsqu'il écrira de sa méthode élémentaire. 22) Durkheim, quelques extraits d’une reflexion : Dans un texte de 1911 intitulé «L'éducation, sa nature et son rôle»Durkheim invoque l'«observation historique» pour affirmer que «chaque société, considérée à un moment déterminé de son développement, a un système d'éducation qui s'impose aux individus». Chaque société se fixe un certain «idéal de l'homme», de ce qu'il doit être du point de vue intellectuel, physique et moral: cet idéal est le pôle même de l'éducation. . ...Quant à «l'enseignement de l'homme», il doit non seulement familiariser les élèves avec les oeuvres littéraires et artistiques majeures du passé, mais «faire sentir ce qu'il y a d'irréductiblement divers dans l'humanité», montrer la souplesse et la fécondité de la nature de l'homme. Il faut en effet «nous bien pénétrer de cette idée que nous ne nous connaissons pas», qu'il y a «en nous des profondeurs inaperçues, où sommeillent des virtualités ignorées» dont il faut «surprendre les caractères, la nature». .... 23) (voir plus haut) 24) Demasqué, de Jan van Rijckenborgh : Ce livre 632 cherche à faire comprendre à l’homme contemporain le monde de l’iluion et les pièges de l’au-delà, avec ses techniques d’emprisonnement; Il met en garde contre ce qu’il appelle le “Grand Jeu”, mise en scène visant à capter les energies dont le sentités de l’audelà ont besoin pouur se maintenir “illégalement” dans la sphère de passage. 25) “Vous pouvez comprendre ce que représente ...C’est un champ de substance astrale où sont maintenues des vibrations dont la limite inférieure dépasse 800 quintillions de vibrations par seconde, et dont la longueur d’ond el aplus courte confine à quatre centimètres. ...Un nouvel état se developpe, quue l’on peut approcher par la notion d’éternité, d’omniprésence”. 26)Catharose de Petri fut, avec Jan van Rijckenborgh et ZW Leene, une des trois fondatrices de l’Ecole Internationale de la Rose-Croix d’Or, d’une grande puissance de vision et de réalisation spirituelle; Elle a aussi écrit quatre petits ouvrages d’une grande portée : “La Rose-Croix d’Or, Sept Voix parlent, Le sceau du Renouvellement, et .Transfiguration”. 27) Le Nuctéméron, d’Apollonius de Thyane est quasiment tout ce qui nous reste de ce grand envoyé de la lumière, en voici le texte, si concis, mais si puissant, en douze heures: Première heure : En unité les démons prient dieu, perdant leur malice et leur colère Deuxième heure : Par la dualité les poissons du zodiaque louent dieu, les serpents de feu enlacent le feu du serpent et les eclairs deviennent harmonieux. Troisième heure : Les serpents du bâton d’ Hermès 633 sont triplement enroulés. Cerbère ouvre sa triple gueule, et le feu loue Dieu avec les trois langues de l’eclair. ... Douzième heure : Ici s’accomplissent par le feu les oeuvres de l’eternelle lumière. 28)Pour “Le Labyrinthe Nécessaire”, voir notes 2) et 7) ...” et “L’Unique 29) La Voie deLumière est en quelque sorte la prefiguration, le “noyau” de la “Consultation Universelle”. On a dit que c’etait l’equivalent de la “Fama” pour la deuxième vague de la Rose-Croix classique. Comenius y pose le germe de toutes les idées qu’il developpera au cours de la fin de sa vie. 30) Œuvre principale de Mikhaïl Naimy, Le livre de Mirdad est empreint d'une profonde intuition poétique et inspire profondément ceux qui cherchent la véritable connaissance et le chemin initiatique. « On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. » 31) Le mystère de la Vie et de la mort Ce petit livre traite de l’homme originel et de sa structure en tant que microcosme ainsi que de son état actuel. Il nous offre aussi quelques elements de cosmogonie indispensables pour comprendtre notre situation et ses exigences. 32)Dans la Gnose Originelle Egyptienne il faut comprendre que l’homme céleste ressent et extériorise sa religion sous la seule forme véritable, à savoir par une liaison absolue avec l’essence originelle de la Divinité. La science éveillée par la sagesse, c’est le second 634 aspect hermétique de la sublimité. Ce second aspect hermétique est appelé à juste titre l’aspect rosicrucien. Car le vrai rosicrucien est le sage par grâce divine, une personne nouvellement née. C’est l’homme du Golgotha qui, par un dépérissement journalier, attache la vraie rose à la croix et ainsi s’anéantit en Jésus le Seigneur. La sagesse doit pouvoir naître du cœur, de la rose du cœur, de Bethléem (religion). Elle doit atteindre la maturité dans le sanctuaire de la tête (science) et elle est, tout comme l’amour, diffusée par l’être entier comme un rayonnement (art). Le troisième aspect hermétique apparaît clairement. L’art envisagé ici est l’art royal, l’art de vivre véritablement en homme libéré, l’art d’être homme libéré céleste, véritablement inattaquable ; l’art de servir, par cette vie et par cet état, Dieu, le monde et les hommes, dans un travail libérateur de l’humanité. (Editions du Septénaire : http://www.septenaire.com/) 33) “Homme, reconnais la grande loi psychologique d’après laquelle la proximité ou l’éloignement des objets dtermine leur effet positif sur tes intuitions et sur ton développement. En vérité l’enfant qui court à une lieue pour chercher un arbre qui croît devant sa porte, n’apprendra jamais à connaître un arbre. L’enfant qui dans sa chambre d’habitation ne trouve aucun attrait à appliquer son attention, en trouvera difficilement dans le monde entier...” Voici quelques paroles marquantes de Pestalozzi : "Eduquer n’est pas combattre la vie, c’est la délivrer, c'est la mettre au jour jusque la moindre parcelle du divin qui est en nous" 635 -L'éducation est le développement interne des facultés en germe dans une personnalité qui s’ignore. -Le principal est le développement et l'usage des forces spirituelles. Les rapports entre le maitre et l'élève doivent être dominés par l'amour -L’enseignement doit suivre la voie du développement de l'enfant ainsi que son individualité qui se réalise pleinement à partir de ce qu’il est. -Tout ce qui ce que l’on veut apprendre aux enfants doit se présenter à eux comme l’expression de la vérité 34)L’intuition est la seule base de l’instruction, mais, comme il faut un abc de l’intuition, ainsi faut-il un abc de la pratique.De même qu’on gâte le savoir et l’intelligence en mettant les définitions avant les intuitions sensibles, de même on gâte le coeur et la conscience en parlant de foi et de vertu à l’enfant qui n’a encore perçu aucune intuition morale de vertu et de foi. 35)Agustín Nieto Caballero : pédagogue colombien (1889-1975); fonda en 1914, avec d’autres éducateurs prestigieux tels que Maria Montessori et Ovide Decroly le “Gimnasio Moderno”, à Bogotá. Précurseur de l’Ecole Nouvelle, Mr. Agustín Nieto devint un messager, et par lui, bien d’autres vinrent à la pédagogie moderne. Toute sa vie, il défendit l’ecole nouvelle face aux vieilles écoles catholiques. 36)Dewey montre ici ce qu'est l'acte de penser (La pensée inconsciente, la superstition, la pensée réfléchie , douter et rechercher, etc...)puis comment on peut favoriser ce type d'acte. Penser, c'est expérimenter, et en vérifier les conséquences, c'est mettre à l'épreuve une 636 hypothèse par une action, qu'elle soit réelle ou imaginaire. Les idées sont donc des instruments, ou encore des moyens de transformation de l'expérience. Penser implique de ne jamais oublier l'acte de vérification des idées-hypothèses. Explorer comment nous pensons, c'est aussi réfléchir aux manières dont nous pouvons aider les enfants à développer cette aptitude. Il n'y a pas de théorie sur " comment nous pensons " sans que l'on puisse la vérifier dans une pédagogie. 37) “La Rose-Croix Vivante” est un recueil de textes permettant de se faire une idée des divers aspects du travail de la Rose-Croix d’Or 38) Ces cinq ouvrages sont disponibles aux editions du Septenaire :-Dei Gloria Intacta : cet ouvrage fondamental dans l'oeuvre de Jan van Rijckenborgh présente, par l'explication gnostique des sept Lettres de l'Apocalypse, le Chemin d'Initiation christique de la Rose-Croix d'Or pour l'ère nouvelle. La modification radicale de la relation entre penser, désirer et vouloir permet un revirement total de la conscience : l'initiation de Mercure. La naissance d'un tout nouveau penser ouvre le candidat aux initiations de Venus et de Mars par la transformation du désir et de la volonté en forces libératrices. En trois phases, le candidat passe par un renouvellement septuple et entreprend librement sa construction intérieure : l'édification en lui de l'Homme nouveau. Un Homme Nouveau Vient : De la création originelle a surgi l'Homme-microcosme, la pensée vivante de Dieu. Mais séparée de son origine divine, notre conscience s'est indentifiée au moi naturel et s'est enfermée 637 dans le temps. Cependant, si l'homme terrestre se relie à nouveau à l'homme céleste par la Rose du cœur, l'étincelle d'Esprit pourra commencer un processus merveilleux : la création d'un nouveau "serpent de feu" issu d'une conscience renouvelée, régénérera de l'Homme divin de l'origine. Une étude approfondie du cheminement spirituel par lequel le candidat, rejetant tout occultisme, toutes pratiques douteuses venant de l'au-delà, se relie au Grand Souffle, à la formule alchimique par laquelle il peut rétablir l'unité brisée : Dieu - Type primordial - Homme. Une véritable révélation concernant la pratique du Chemin La Gnose Universelle : Les mystères du Christianisme originel indiquent le chemin libérateur pour l’humanité et révèlent les étapes du processus de reconstruction de l'âme immortelle originelle. La Gnose divine se manifeste, la connaissance de la véritable vocation de l'homme : participer à la marche universelle de la création voulue par Dieu. La Fraternité de Shamballa : Shamballa, c'est ce mystérieux centre caché dans le désert de Gobi d'où partent, dit la tradition, les impulsions qui poussent l'humanité à retrouver son origine, le monde de l'HommeMicrocosme parfait... Mais comment découvrir les sept passages secrets vers Shamballa ? Atteindre Shamballa, c'est réorienter totalement sa conscience vers le grand but, vers la véritable royauté de l'homme, pour rétablir à l'aide de la septuple Lumière divine originelle, la liaison avec les sept aspects de la « Terre Sainte », le domaine de vie des âmes immortelles reliées à l'Esprit. Le Nouveau Signe : Comment ouvrir l'aura à la 638 Lumière solaire originelle ? Il faut qu'elle se dégage des images liées à la peur, au passé, à l'égocentrisme. ll faut oser se perdre soi-même en se tournant vers la Rose des Mystères, I'étincelle de Lumière du coeur. Par l'aura apaisée, les forces éthériques du Monde originel pénètrent dans la moelle épinière et le cerveau, et transforment la respiration et le sang. L'image de l'Homme parfait originel remplace alors celle de l'homme-moi terrestre, et la Lumière originelle peut transmettre au sang l'or alchimique, cette vibration divine qui renouvelle l'aura et assure la transfiguration du candidat aux Mystères gnostiques. 39) Ce livre, en deux parties, vise à démasquer le “grand jeu” mis en scène par les entités de la “sphère reflectrice”, afin de prolonger le plus possible leur survie dans le monde de l’au-delà. 40) Le triomphe de la gnose universelle" éclaire un moment crucial de l'histoire de la spiritualité moderne. La première partie de ce livre décrit la rencontre d'Antonin Gadal, patriarche de la Fraternité des Cathares, avec Jan van Rijckenborgh et Catharose de Pétri, dirigeants spirituels du Lectorium Rosicrucianum. Ce contact entre deux courants spirituels, Cathares et Rose-Croix, concrétisa le moment où la Gnose, la connaissance de Dieu que les Cathares possédaient et enseignaient, se trouva de nouveau transmise et manifestée, réalisant ainsi la prophétie faite au moment où la Fraternité Cathare du Moyen Age fut anéantie sur le bûcher au pied du Château de Montségur, en Occitanie, le 16 mars 1244 : " Après sept cent ans le laurier refleurira ". La seconde partie de cet ouvrage comporte un choix 639 de textes inédits d'Antonin Gadal relatifs à ses recherches personnelles, de longues années durant, sur les sources de la Gnose et ses rejaillissements. Il y exprime sa profonde perception intérieure de la voie menant à la perfection par l'expression symbolique : " Le chemin du saint Graal ". 41) La revue Pentagramme désire attirer l'attention des lecteurs sur la nouvelle période où est entrée l'humanité. Le pentagramme est le symbole de l'homme rené, de l'homme nouveau, et en même temps le symbole de l'univers et de son devenir éternel au cours duquel se manifeste le plan divin. Un symbole acquiert une valeur réelle quand il pousse à l'accomplissement et celui qui réalise le pentagramme dans son microcosme, dans son petit monde, se trouve sur le chemin de la transfiguration. La revue Pentagramme invite le lecteur à entrer dans la nouvelle période en se livrant intérieurement à une véritable révolution spirituelle. 42)Considérations sur la Pansophie : ce texte fut édité par Samuel Hartlib et ses amis avant que J.A. Comenius ne vienne en Angleterre afin de stimuler l’aspiration au Collège Universel. On retrouve ces idées dans la “Via Lucis” 43) (ou l’art universel de tout enseigner à tous) Ce livre fournit un panorama général très inspiré, de la méthode didactiquede J.A. Comenius... En particulier il pose deux principes qui marqueront l'orientation de l'instruction moderne : - il faut que tout soit enseigné à tous. Aussi l'enseignement doit-il être résolument universel dans son objet, sa méthode, son public, sa finalité. Nature et 640 Religion se rejoignent pour en garantir le fondement. - le destin spirituel des hommes ne doit jamais entraîner le rabaissement de la vie matérielle, temporelle et civile. Ce monde-ci n'est pas à fuir mais une juste organisation doit être au service d’une réelle élévation. D'où le souci d'une éducation scientifique et technique. Michelet et Durkheim virent dans La grande didactique l'œuvre majeure du « Galilée de l'éducation ».Mais ils oubliaient là “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Coeur” et “L’Unique Nécessaire”, où se démontre la puissante vision d’un grand spirituel. 45) L’opus magnum” de Comenius, en sept volumes, se décompose de la façon suivante : La Panegersia, excitatorium universale, où il est démontré la nécessité d’attaquer le mal à la racine; la Panaugia, où une nouvelle lumière universelle s’avère nécessaire; La Pampaedia, nouvelle pédagogie universelle; la Pansophia, ou sagesse et connaissance universelle, de la pierre à dieu, en passant par l’homme; Panglottia, nouvelle langue universelle; Panorthosia, programme de réalisation concret, couronné par trois instances : Conseil de la Lumière, Tribunal de la Paix, et Consistoire Mondial; Pannuthesia, Admonestation Universelle 46) Voir note 44) 47) Voir note 7) 48) Voir note 2) 49) Voir note 33) 50) Sept siècles apès le Bouddha, deux siècles après le Christ, quatre siècles avant Mahomet, celui qui se présentait comme le réunificateur de l’Orient et de l’Occident, le “Sceau des Prophètes”, transmit une 641 vision du monde et de la vie si puissante qu’elle se répandit, de manière totalement pacifique, de l’Afrique à la Chine. Ce livre, rigoureux dans sa démarche et révolutionnaire dans ses conclusions, explique en quoi l’homme de ce début de troisième millénaire est plus que jamais concerné par les interrogations comme par les réponses que proposa le manichéisme. 51) On peut trouver l’intégralité de cet article à l’adresse internet suivante : http://www.histoire-christ-gnose.org/Augustin.pdf L’auteur trace d’abord un panorma du manichéisme, de l’histoire du manichéisme, de la vie de Mani, du gnosticisme et de quelques “hérétiques”. Il montre aussi en quoi la Rose-Croix, et en particulier la Rose-Croix d”Or,et le Manichéisme, sont très proches. Puis il montre comment Augustin passa de la quête de “L’Homme Nouveau” (tel que la Rose-Croix d’Or et loe, manichéisme le définissent) à une guerre systématique contre ces mêmes manichéens. 52) Ce livre d’Antonin Gadal expose le développement spirituel et historique de la Fraternité gnostique des Cathares au sud de la France aux 12ème et 13ème siècles. Il livre un témoignage du pur christianisme des Cathares, de la Triple Alliance de la Lumière : Graal, Cathares et Rose-Croix et de ses héritiers dans toute l'Europe. 53) La Fraternité des Purs, des " bons Chrétiens ", appelés les Albigeois ou les Cathares, fut impitoyablement pourchassée et exterminée par l'Inquisition au Moyen-Age. Antonin Gadal, le dernier patriarche de cette Fraternité des "parfaits" décrit dans ce livre le chemin 642 de l'initiation - le chemin du Saint Graal, le « chemin des étoiles » - tel que le vivait le novice de l'ancienne Fraternité des Cathares dans les grottes-sanctuaires de la vallée de l'Ariège, à Ussat-Ornolac, dans le sud de la France. Cette initation gardait intacts les enseignements du christianisme véritable de l'origine, transmis d'apôtre en apôtre depuis des siècles. L'école de la Rose Croix d'Or est aujourd'hui l'héritière de cette tradition sacrée. 54) La relation plus détaillée de cet épisode de l’histoire spirituelle, par le Dr Rudolf Steiner, se trouve dans le livre “La Fraternité mondiale et les dangers de l’église” (débuts des IIe et IIIe service de la conférence)1964-Editions du Septénaire. 55)Voir note 5) 56) Idem 57) Voir note 33) 58) Voir note 39) 59) Le Cercle de Tübingen était principalement composé de Jean Valentin d’Andrea, Tobias Hess et Christophe Besold. Voir les notes 10,11 et 12. 60) Voir ci-dessus. 61) Voir note 11) 62) Voir note 12) 63)La Pampaedia (comment tout enseigner à tous) est un des sept livres de la “Consultation Universelle pour l’amendement des choses humaines”(voir note 45). 64) Voir note 32 et http://www.septenaire.com/article/9789070196196/ 65) Voir note 45) 643 66) Comenius, de Olivier Cauly, aux éditions du Félin. 67) Pour la “Confessio Fraternitatis”ou “Témoignage de la Fraternité”, voir note 5) ou 9)ou h t t p : / / w w w. s e p t e n a i r e . c o m / a r t icle/9789070196998/68) 68) Mansur Al Hallaj (857-922 ou 244-309 de l’Hégire). Puissant spirituel et poète persan. En français, on peut trouver : Diwan, poèmes traduits et présentés par Louis Massignon, éd. du Seuil, 1955.et, Poèmes mystiques traduits et présentés par Sami-Ali, éd. Albin Michel, 1998. 69) Nestor Makhno et ses amis, réussirent pendant quelques années à créer une organisation où les responsables étaient nommés par la base, où chacun était partie prenante de la vie civique. 70) Kropotkine vécut une vie très mouvementée. Il est re’connu comme un des théoriciens de l’anarchisme. L’organisation qu’il préconisait devait partir de la base. 71) Thomas More est surtout connu pour son ouvrage “Utopie”, nom d’une Ile ou toute la société eszt orientée sur “l’essentiel”, et les tâches organisées de façon à ce que chacun y participe de façon équitable. 72) Campanella est l’auteur de la “Cité du Soleil”. Cette “Cité” est dirigée par un “metaphysicien”, selon les principes de la nature. Accusé d’hérésie, il a passé une bonne partie de sa vie en prison; Il connut et soutint Galilée. 73) Francesco Patrizi (1529-1597), philosophe platonicien, auteur de la “Citta Felice”. Son “ Nova de universis philosophia” ( 1591), cherche, comme son nom l’indique, à produire une nouvelle philosophie to produce a new philosophy. Il y est question, en trois étapes, 644 d’atteindre la “cause première”La lumière, et l’illumination y permettent d’atteindre le “Père des Lumières” Les quatre parties principales de cette oeuvre sont : la Panaugia, or “Lumière Universelle”; la Panarchia, ou“ Principes Universels”; la Pampsychia, or “Âme Universelle” et la Pancosmia, or “Cosmos Universel”. 74) Son utopie inclut, pour les gouvernants, l’étude de la philosophie, où le détachement et le mépris de l’intérêt personnel sont au premier plan. Elle repose sur le respect des évangiles et le retour à la foi. On y voit donc une volonté de réforme et d’édification du genre humain. De plus y sont abordées les relations entre le Microcosme et le Macrocosme. 75) Jean Hus : Né probablement en 1371 dans un village du sud de la Bohême. À partir de 1402, année où il devient prédicateur à la chapelle de Bethléem à Prague, il s'impose comme porte-parole des tendances réformistes tchèques. Il devient le chef de file de l’opposition à la corruption romaine. Au cours du Concile de Constance, alors qu’on lui avait fait croire à un saufconduit, il est condamné le 6 juillet 1415, et brûlé le même jour sur le bûcher. Deux mouvements se dessinnent alors, l’un pacifiste et l’autre prêt à la lutte armée. C’est de la branche pacifiste des groupes hussites que surgira l’Unité des Frères Moraves 76)Ulrich Zwingli (1484-1531) Pasteur et théologien, il fonde la Réforme sur l'étude de la Bible. Pour lui la Réforme s'étend jusqu'à la lutte contre les injustices sociales. Né à Wildhaus, dans le canton de Saint-Gall en Suisse, Ulrich Zwingli fait de solides études universitaires. Il se rattache au courant de l'humanisme Il est successivement curé d'une paroisse de campagne, dans un lieu de pèlerinage, et aumônier militaire 645 des troupes suisses engagées dans les guerres d'Italie. En 1519, il devient curé de Zurich. Il entreprend de réformer la ville ; les autorités politiques de Zurich se rallient progressivement à ses vues et prennent sa défense contre l'évêque de Constance. Zwingli meurt en 1531 à la bataille de Kappel, où il est aumônier des troupes de Zurich dans un conflit qui oppose six cantons qui ont opté pour la Réforme à cinq qui entendent rester catholiques. 77) Lasicki (1534-1605). Précurseur de l’Unité des Frères Moraves, il fut aussi Vaudois 78) Johann Arndt (1555-1621) fut un théologien allemand. Né à Ballenstedt dans l'Anhalt, il fut ministre de la religion réformée à Quedlinburg, puis à Brunswick. Il a composé des écrits pleins d'une piété douce et mystique, qui lui ont valu le surnom de Fénelon de la Réforme. Le plus célébre est le Vrai Christianisme (en allemand), 1609. 79) Alsted, Mars 1588 - 9 novembre 1638) était un théologien, philosophe et encyclopédiste protestant allemand. Il est tout d'abord professeur de philosophie et de théologie à Herborn, à Nassau, puis plus tard a Weissenburg (maintenant Alba Iulia) en Transylvanie, ou il reste jusqu'à sa mort en 1638. Il est le professeur de Jean Amos Comenius qu'il influence considérablement. C'est un écrivain prolifique, et son Encyclopaedia, écrite en 1630, connaît un succès important parmi les érudits. 80) John Dee (13 juillet 1527 – 1608 ou 1609) était un célèbre mathématicien, astronome, astrologue, géographe et occultiste britannique. Il a consacré une grande partie de sa vie à l’étude de l’alchimie, de la divination et de la philosophie hermétique. 646 81) Robert Fludd, alchimiste Rosicrucien, (15741637) est un fort curieux personnage : médecin, alchimiste, astrologue, théosophe chrétien, il ressemble beaucoup – par l’extrême « encyclopédisme » de ses connaissances ésotériques – à son grand inspirateur, Paracelse. Chez Fludd, l’Alchimie est le fondement même de la théosophie chrétienne : nous y découvrons l’expression la moins voilée de l’Hermétisme rosicrucien, qui mêle inextricablement la gnose, la mystique et la pratique matérielle. 82) La Gnose Universelle : les mystères du Christianisme originel indiquent le chemin libérateur pour l’humanité et révèlent les étapes du processus de reconstruction de l'âme immortelle originelle. La Gnose divine se manifeste, la connaissance de la véritable vocation de l'homme : participer à la marche universelle de la création voulue par Dieu. 83)John Hughlings Jackson (1835-1911) est un neurologue britannique qui décrivit le fonctionnement neurologique et cérébral sous une forme hiérarchique : les niveaux inférieurs voient leurs fonctions se libérer souvent de manière inappropriée - quand les niveaux supérieurs de contrôle deviennent défaillants. Ce modèle a connu dans les années 1930 des développements dans le domaine de la psychiatrie, grâce aux travaux de Henri Ey et à sa théorie de l'organodynamisme. Cette théorie médico-philosophique, qui est – mais n'est pas que cela – un « néo-jacksonnisme », parce que reprenant à J.H. Jackson l'opposition des phénomènes négatifs et positifs, exprimés par le phénomène de dissolution impliquant une inscription corporelle du déficit, une tendance au maintien ou à la restauration d’ensembles signifiants, une hiérarchie des niveaux et une normativité évolutive de l’organisme ; enfin, une ontologie stratifiée des niveaux de l'Être. 647 84) Gnose Universelle, voir note 82) 85) Voir note 39) 86) Conatuum Comenianorum praeludia, 1637, Oxford Prodromus pansophiae (Prélude à la sagesse universelle), 1639, London 87) Panorthosia, voir note 45) 88) Jean Louis Vivès (Joan Lluís Vives en valencien, Ioannes Lodovicus Vives en latin), né à Valence (Espagne) le 6 mars 1492, mort à Bruges, le 6 mai 1540, était un théologien , un philosophe et un pédagogue. Il livra des réflexions neuves sur l'organisation de la société et fut un des grands représentants de l’humanisme nordique, porté par une morale de l'action concrète à la politique.Vivès fut l’un des premiers auteurs à aborder l’anthropologie et la psychologie descriptive. Il reste surtout connu aujourd’hui pour ses travaux en pédagogie. 89) Sous son titre actuel “La Fraternité Mondiale et les dangers de l’Eglise”, cet ouvrage aborde des sujets aussi variés que l’origine de la Rose-Croix, l’éducation, et les relations entre la Fraternité Universelle, la sphère réflectrice, et nous. 90) Physicien théoricien au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Laboratoire de Physique Nucléaire et de Hautes Énergies, Université Pierre et Marie Curie, Paris, Basarab Nicolescu dirige depuis 1987 le C.I.R.E.T. (Centre international de recherches et d’études transdisciplinaires). Il a fondé avec René Berger, le groupe de réflexion sur la transdisciplinarité auprès de l’U.N.E.S.C.O. Intéressé aux relations entre l'art, la science et la tradition, il a écrit un livre très intéressant sur le grand spi648 rituel Jacob Boehme. A aussi publié de nombreux articles de réflexion sur le rôle de la science dans la culture contemporaine dans des revues en France, en Roumanie, en Italie, au Royaume Uni, au Brésil, en Argentine, en Syrie, au Japon et aux USA. 91) Guy Michaud a toute sa vie recherché une synthèse de la connaissance et a donc toujours soutenu les recherches en transdisciplinarité. 92) Edgar Morin définit sa façon de penser comme "co-constructiviste" en précisant : « c’est-à-dire que je parle de la collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité ». Il traite des notions philosophiques de langage, de logique et de paradigme. Il introduit la notion de “Paradigmatologie » néologisme qui lui semble si fécond pour nous permettre d'entendre la richesse de l'univers pensable sans commencer par l'appauvrir en la simplifiant ». Et il rajoute : « Nous en sommes au préliminaire dans la constitution d'un paradigme de complexité lui-même nécessaire à la constitution d'une paradigmatologie. Il s'agit non de la tâche individuelle d'un penseur mais de l'œuvre historique d'une convergence de pensées. » Selon les mots de Morin, la paradigmatologie est « le niveau qui contrôle tous les discours qui se font sous son emprise et qui oblige les discours à obéir » 93) Jésus, voyant la foule, monta sur la Montagne et après qu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. " Ainsi commence le Sermon sur la montagne. La Montagne est le magnifique symbole du chemin qui conduit des ténèbres à la Lumière. Son pied est dans la terre et son sommet s'élève jusqu'au ciel. Ce chemin de la rédemption est ouvert et accessible à tous ceux qui 649 comprennent son appel et sont prêts à parfaire à ses conditions libératrices dans une aspiration sincère à la Lumière salvatrice. 94) Les Suisses et très particulièrement les Romands se sont taillés une solide réputation de pédagogues à travers les âges, comme en témoignent les Rousseau, Pestalozzi et autres Père Girard. Ces trois pamphlets démontent systématiquement toutes les absurdités du système scolaire. 95) Jean Huss, voir note 75 96) Chelcicky, hussite pacifiste et vaudois, vécut entre 1380 et 1460 en Moravie. Il est à l’origine de l’Unité des Frères Moraves. 97)Stephane Grobost a travaillé aussi bien au ministère de la justice comme éducateur que comme pédagogue; C’est dans ce dernier contexte qu’il a été amené à aborder le concept de “Biosophie”. 98) Voir note 3) 99)Parménide :Né à Élée (colonie grecque de l'Italie du sud) au Ve siècle avant l'ère chrétienne, Parménide aurait été initié à la philosophie par un pythagoricien. Nous ne possédons plus de lui que cent soixante vers, vestiges d'un Poème dont nous aurions égaré une part importante. Dans son Prologue la voix de la Déesse, enjoint le Voyageur à s'informer de tout, de la Vérité et de l'Opinion. Entre deux voies se proposant à la pensée, la voie de l'affirmation de l'être et celle de la négation de l'être, la Vérité se prononce pour la première: la Vérité c'est qu'il y a l'Etre. Avant de rechercher un principe d'explication du monde dans des éléments fondamentaux comme l'eau, l'air, la terre ou le feu, il est primordial de reconnaître qu'il y a l'Etre. Le fait d'être n'a ni commencement ni fin (il est éternel), il est présent absolument, indivisible et homogène. L'Opinion est fausse 650 parce qu'elle favorise le refus de l'être, et qu'elle pose un double principe à la base du réel, le feu (ou la lumière) et la nuit (ou l'obscurité), alors qu'il n'y a qu'un seul vrai principe: l'Etre est. Ses conceptions de l'être et de la vérité ont été reprises dans la doctrine de Platon et dans la philosophie chrétienne. Le Dieu des chrétiens porte ainsi les attributs de l'Etre de Parménide: il est éternel, un, et la Vérité qu'il révèle est immuable. 100) Anaxagore, philosophe grec qui introduisit la notion de "noûs" (en grec,"esprit"ou "raison") dans la philosophie présocratique. Les philosophes antérieurs avaient considéré les quatre éléments (terre, air, feu, eau) comme la réalité ultime. Né à Clazomènes (près de Izmir en Turquie), Anaxagore eut parmi ses élèves Périclès, Euripide et sans doute Socrate. Au terme d'une trentaine d'années d'enseignement à Athènes, Anaxagore fut condamné pour impiété, ayant soutenu que le soleil était une pierre chaude et que la lune était constituée de terre. Il retourna en Asie Mineure et s'établit à Lampsaque, une colonie de Milet, où il mourut. Anaxagore a exposé sa philosophie dans Peri physeos (De la nature), dont seuls subsistent quelques fragments. Il pensait que la totalité de la matière existait à l'origine sous forme d'atomes, ou molécules, en nombre infini et infiniment petits, et qu'un ordre initial se fit dans cet infini chaos d'atomes par l'opération de l'intelligence éternelle (noûs). Il pensait que tous les corps sont de simples agrégats d'atomes, une barre d'or, de fer ou de cuivre étant selon lui composée de particules infimes du même matériau. 101) Démocrite a développé la théorie atomiste de l'Univers. Il naquit à Abdère, en Thrace. Il parvint à formuler une explication rationnelle de la nature, reprise 651 par Épicure et ses successeurs, et passe pour avoir écrit cinquante-deux ouvrages, traitant de l'éthique, de la physique, des mathématiques, de la musique et des techniques. Seuls quelques fragments de son oeuvre n ous sont parvenus. Démocrite admettait deux principes de formation de l'Univers. Le plein, qu'il nomma, à la suite de son maître Leucippe (disciple d’Anaxagore), atomos, c'est-à-dire "indivisible" ; le vide dans lequel se déplacent les particules de matière pure, minuscules, invisibles, indestructibles et infinies en nombre. La diversité de tout ce qui est découle de la multiplicité des formes qui peuvent naître de la combinaison des atomes. Démocrite concevait la création des mondes comme la conséquence naturelle de l'incessant tournoiement des atomes dans l'espace. La théorie atomiste préfigure la pensée moderne, non parce qu'elle utilise le terme "atome", mais parce qu'elle s'efforce de construire la complexité du réel à partir de principes réels. Cause et effet doivent être définis sur le même plan 102) Hésiode : La lecture de ses ouvrages donne lieu de croire que, postérieur d'environ deux cents ans à Homère, il a vécu dans le huitième siècle avant l'ère chrétienne. On ne sait exactement s’il naquit à Cume en Éolie ou Ascra en Béotie. Après la mort de son père, il devint riche, grâce à sa frugalité et son économie. Il composa le poème “Les Travaux et des Jours” afin de ramener son frère sur la voie de la sagesse. Cet ouvrage possède une partie didactique axée autour de deux vérités morales : le travail est la grande loi de l’humanité ; celui qui travaille peut vivre décemment. Hésiode était aussi aède, c’est à dire poète. La “Théogonie”, fait partie de son oeuvre poétique, et conte la naissance de « la race sacrée des Immortels toujours vivants » 103) Voir note 28) 104) Né en 1898 et mort en 1961, Roger Godel fut surtout un philosophe et spiritualiste français. Médecin 652 en Égypte dans les années 1950, son intérêt pour les philosophies orientales et grecques l'a incité à tenter une réconciliation originale entre la pensée indienne et celles de Socrate et Platon. En Inde, il recueillit l'enseignement et la sagesse millénaire indienne auprès de Ramana Maharshi. 653 Table des matières Exergues ...................................... p.2 Introduction ................................. p.23 Directions et lignes de forces ........p.40 Préambule .....................................p.57 Pédagogie, tout vient d’égypte ......p.67 Changement de Paradigme ............p.87 De L’Homme à L’Universel ..........p.111 Liberté ...........................................p.123 Quelques grands pédagogues ........p.140 Pistes de recherche et Ecole Spirituelle Moderne ........................................................p.191 Contexte historique, Lignée Spirituelle ....................................................... p.215 Education et Autorévolution ....................................................... p 266 Du Paradis du Coeur à la Voie de Lumière ........................................................ p.286 654 Extraits et Commentaires ..................................................................p 336 Orientation individuelle et Universelle ..................................................................p 362 Education pour l’ère nouvelle ..................................................................p 385 Dans le souffle de Comenius ..................................................................p 404 Education de l’âme ..................................................................p 448 Recherche et education, notre responsabilité ..................................................................p 465 Cela ne peut plus durer ..................................................................p 498 Amour et discipline ..................................................................p 524 Biosophia, initiation en Grèce et Rose-Croix ..................................................................p 563 655 Notes 656 657 658 659