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Pour accompagner le développement de la philanthropie, de nombreux États ont mis en place des avantages fiscaux qui permettent à certaines organisations à but non lucratif de ne pas être taxées, et aux contribuables qui leur versent des... more
Pour accompagner le développement de la philanthropie, de nombreux États ont mis en place des avantages fiscaux qui permettent à certaines organisations à but non lucratif de ne pas être taxées, et aux contribuables qui leur versent des dons de diminuer le montant de leurs impôts. Ces politiques publiques qui ont recours à l’outil de la fiscalité pour soutenir les associations ou fondation qui œuvrent pour le « bien commun » ou inciter les citoyens à donner volontairement de l’argent pour de « bonnes causes » ne vont pas sans soulever plusieurs questions : comment définir et délimiter les causes et activités qui relèvent de l’intérêt général et méritent donc d’être encouragées ? Les acteurs du tiers secteur sont-ils mieux placés, plus légitimes, plus efficaces pour répondre à certains besoins sociaux que l’État ? Ce dernier doit-il se priver d’une partie de ses recettes fiscales pour favoriser le développement d’un secteur de « politiques publiques privées » échappant à son contrôle ? Est-il juste de récompenser les dons d’argent quand d’autres gestes altruistes (comme le bénévolat) ne le sont pas ? Ces dispositifs conduisent-ils à impliquer davantage chaque citoyen dans la vie de la Cité et à redistribuer le pouvoir de façon plus démocratique, ou au contraire, à renforcer le pouvoir du petit nombre des plus fortunés en leur accordant la possibilité de décider eux-mêmes de l’allocation de leur contribution ?

En Suisse, les politiques publiques en faveur de la philanthropie reposent sur « l’utilité publique » reconnue à certaines organisations ; celle-ci ouvre droit à l’exonération d’impôt des associations ou fondations concernées et à la déductibilité fiscale des dons qui leur sont versés par des particuliers ou des entreprises, suivant des modalités qui varient selon les cantons. Le vaste travail empirique sur lequel repose cet ouvrage permet d’interroger les politiques publiques en faveur de la philanthropie d’une manière inédite : plutôt que de se concentrer sur la perception de ces dispositifs par ceux qui en bénéficient, on s’intéresse ici au regard que portent sur ces dispositifs ceux qui les décident (les parlementaires engagés dans les débats sur l’utilité publique depuis le début des années 2000) et les mettent en œuvre (les employés des administrations fiscales chargés de traiter les demandes de reconnaissance d’utilité publique). L’enquête met en lumière les dilemmes concrets qui se posent aux différents acteurs et la diversité des représentations du champ de la philanthropie et du rôle de l’État. Elle révèle ainsi, sous la surface lisse du consensus autour de la nécessité d’œuvrer en faveur de l’utilité publique, un débat politique bien loin d’être achevé.
Le renforcement de l’engagement des acteurs religieux dans le débat public autour des questions de genre est une tendance particulièrement marquante de l’actualité nationale. Si l’Église catholique est toujours en première ligne contre... more
Le renforcement de l’engagement des acteurs religieux dans le débat public autour des questions de genre est une tendance particulièrement marquante de l’actualité nationale. Si l’Église catholique est toujours en première ligne contre l’introduction de la notion de genre dans les programmes scolaires ou le Mariage pour Tous, elle n’est plus la seule voix religieuse à se faire entendre sur ce qu’il est convenu d’appeler, dans les médias, la « controverse du genre », définie ici comme l’ensemble des questions ayant trait à l’identité sexuelle, aux sexualités et aux rôles de sexe.
Les questions de genre font apparaître, au sein de la sphère religieuse, des clivages particulièrement importants qui donnent lieu à une reconfi- guration des rapports de pouvoir. Il semble dès lors indispensable de dépasser la compréhension strictement institutionnelle de la notion
d’« autorités religieuses » pour désigner plus largement tous les acteurs du monde religieux qui exercent une autorité. On peut aller jusqu’à s’interroger sur la disparition de l’« autorité » dans sa forme traditionnelle, dans un contexte où les discours religieux sont désormais mis en concurrence, sur un plan horizontal, avec d’autres discours religieux ou séculiers, et où la référence à la transcendance ne constitue plus un argument recevable dans la délibération démocratique.
Cet ouvrage se donne pour objectif de dresser un « état des lieux » des positionnements des autorités religieuses, sans délimitation géographique, et sans restriction liée au statut des groupes religieux. Il nous a également semblé important de ne pas nous tenir à la seule actualité, mais au contraire d’éclairer celle-ci à la lumière de l’histoire en mettant en évidence les permanences et les mutations observables lorsqu'on compare l’attitude des autorités religieuses à l’égard de l’ordre genré – et des transgressions de celui-ci – à différentes périodes et dans différents contextes.
En devenant urbaines et industrielles, nos sociétés se sont éloignées de la nature. Surtout, la perception de cette dernière a été profondément transformée par la sécularisation : rationalisée, désenchantée, désacralisée, la nature semble... more
En devenant urbaines et industrielles, nos sociétés se sont éloignées de la nature. Surtout, la perception de cette dernière a été profondément transformée par la sécularisation : rationalisée, désenchantée, désacralisée, la nature semble avoir perdu, en même temps que son mystère, son caractère structurant pour les sociétés humaines. Ces transformations ne sont pas sans effet pour les institutions religieuses : leur autorité, qui s’appuyait sur leur capacité à interpréter l’ordre de la nature ou à anticiper et contrôler les éléments, décline inévitablement. Une autre autorité tend à la remplacer : celle de la science, qui fournit dans les cultures modernes la connaissance, l’explication et la maîtrise des phénomènes naturels. Nos représentations culturelles de la nature gardent cependant trace de leur construction religieuse. On voit ainsi, à l’heure où la nature revient au centre de nos préoccupations, la religion resurgir sous des formes parfois inattendues.

Dans une approche transdisciplinaire mobilisant tour à tour l’anthropologie, l’histoire, la philosophie et la sociologie, les auteurs de cet ouvrage s’attachent à retracer ces dynamiques et proposent des clés pour comprendre les évolutions contemporaines.
Research Interests:
Analysing discourses and issues of political actors who legislate on philanthropy in Switzerland
(English version below) Résumé : La question de la différence entre homme et femme est à l'heure actuelle au centre des préoccupations du magistère romain, qui voit dans la diffusion du concept de "genre une menace grave. L'inquiétude de... more
(English version below)
Résumé : La question de la différence entre homme et femme est à l'heure actuelle au centre des préoccupations du magistère romain, qui voit dans la diffusion du concept de "genre une menace grave. L'inquiétude de la hiérarchie catholique sur ces questions est déjà assez ancienne : dès le début des années 1960, en réponse à la remise en question de la morale sexuelle établie, on assiste ainsi à la construction d'un discours qui peut être considéré comme une nouveauté, mais ne doit pas pour autant s'analyser comme un éloignement de la tradition. Contre l'aspiration moderne à définir les rôles sociaux ou les orientations sexuelles indépendamment de la prise en considération du sexe biologique, l'Église invoque la supériorité de la loi naturelle dictée par le Créateur sur la volonté humaine. Il s'agit, pour Jean-Paul II puis pour Benoît XVI, de "protéger l'homme contre lui-même", en promouvant une "écologie" qui soit également attachée à la sauvegarde de la "nature humaine" et en particulier de la "dualité des sexes" inscrite dans la Création.
Abstract : Nowadays, the gender difference issue is one of the main concerns of the Roman magisterium. The spread of the concept of "gender" is seen by the catholic hierarchy as a serious threat. This Catholic anxiety has grown considerably in recent years, but this is nothing new: indeed, at the first signs of the Sexual Revolution in the early sixties, an innovative reflexion has been initiated by the magisterium – but this should not be taken as a will to break away from the tradition. Opposing to what is described as the Promethean desire of modern man of becoming master af his own sexual identity, disregarding biological sex, they refer to the superiority of the divinely established natural law over the human will. In other words, the modern man has to be protected against his own self-destructive impulse : "ecology", they say, has also to ensure the protection of "human nature" – and, especially, "duality of the sexes", which is one of its main components.
***English Below*** Résumé La sexualité a toujours fait l’objet d’une régulation normative et pratique de la part de l’Église catholique. Durant la période contemporaine, le déploiement d’un corpus de discours et de dispositifs destinés... more
***English Below***
Résumé
La sexualité a toujours fait l’objet d’une régulation normative et pratique de la part de l’Église catholique. Durant la période contemporaine, le déploiement d’un corpus de discours et de dispositifs destinés à contrôler, contenir, canaliser et réprimer les pratiques sexuelles semble évoluer. Dans un contexte globalement marqué par la sécularisation, l’efficacité de ces dispositifs normatifs est mise à l’épreuve et tend à être renouvelée. La valorisation d’un modèle de sexualité « responsable », éthique, tend alors à prendre le dessus sur l’énumération des péchés qui, s’ils sont toujours bien présents, ne sont plus au centre du discours. À l’heure de la crise climatique et du scepticisme face au pouvoir émancipateur de la technique, c’est désormais la voie d’une « écologie humaine » – voire « intégrale » – qu’il convient de suivre dans le domaine des conduites sexuelles. La condamnation de la sexualité hors mariage, de la contraception « artificielle » et des technologies d’aide médicale à la procréation n’est plus directement justifiée par des considérations « morales », mais par des considérations biologiques et environnementales.

Abstract
Sexuality has always been subject to normative and practical regulation by the Catholic Church. During the contemporary period the deployment of discourse and technics designed to control, contain and repress sexual practices seems to be evolving. In a secular society, the effectiveness of these normative devices is challenged and has to be renewed. The valorization of "responsible" and ethical sexuality tends to take precedence over the enumeration of sins which, although still very present, are no longer at the centre of the Church discourse on sexuality. Today, facing climate change and environmental crisis, the emancipatory power of technology raises more scepticism. From a Catholic perspective, "human ecology" - or even an "integral ecology" - should be followed in sexual conduct; the condemnation of sexuality outside marriage, "artificial" contraception and medically assisted procreation technologies is no longer directly justified by "moral" considerations but by biological and environmental considerations.
In France, political opposition to the inclusion of so-called ‘gender theory’ in school curricula reached a peak during the debate over gay marriage in 2012–2013, where many observers were surprised by the strength of the opposition to... more
In France, political opposition to the inclusion of so-called ‘gender theory’ in school curricula reached a peak during the debate over gay marriage in 2012–2013, where many observers were surprised by the strength of the opposition to government reforms promoting gender equality. The Catholic church played a leading role in this ‘anti-gender’ protest movement, seeing an opportunity to integrate conservative sexual morality into the movement’s broader ideological framework. Here, I discuss this movement in order to draw out the shortcomings of the ‘classical’ movement-countermovement theoretical perspective, which often views conservative religious movements as monolithic actors, locked into a binary relationship with progressive forces. I argue however that the key outcomes of the ‘anti-gender’ movement are its effects not on its political opponents, but on the Catholic community itself. Indeed, the shaping of ‘gender’ as an imaginary enemy has powerful performative effects, including on the very group that invented it, including the reinforcement of Catholic identity ‘we feeling’ processes. Its effects include access to a wider audience, appealing to atheists in a global context of panic over the stability of sexual identities, and alliance with other religious groups, on the basis of shared moral values. Nevertheless, this strategy also has its drawbacks: it has revived old conflicts within the Church, and accelerated the internal division of the Catholic community.
Résumé : Les recherches portant sur la philanthropie s’intéressent principalement à l’articulation entre action étatique et action privée d’utilité publique, voyant dans l’action philanthropique tantôt un possible soutien à l’action... more
Résumé : Les recherches portant sur la philanthropie s’intéressent principalement à l’articulation entre action étatique et action privée d’utilité publique, voyant dans l’action philanthropique tantôt un possible soutien à l’action étatique, tantôt une concurrence à l’État. En revanche, peu d’études se sont intéressées aux limites entre tiers secteur et marché. Pourtant, cette interrogation semble particulièrement pertinente aujourd’hui, à l’heure des réformes néo-libérales et de l’extension des marchés. Dans cet article, nous interrogeons cette frontière à travers une enquête menée en Suisse, un pays corporatiste, avec une politique libérale vis-à-vis du secteur à but non lucratif. Revenant dans un premier temps sur la littérature pour montrer combien la concurrence avec l’État a été structurante des débats sur les développements différenciés de la philan- thropie selon les pays, nous verrons comment, en tout cas dans la situation helvétique, la question d’une possible concurrence avec le marché est aujourd’hui centrale pour les acteurs en charge de l’octroi de l’exonération, à savoir les employés des adminis- trations fiscales. L’analyse proposée montre ainsi qu’aujourd’hui, une limite importante à l’extension du tiers secteur exonéré, au-delà du souci de la collecte d’impôts, vient du souci libéral de toujours garantir au marché des conditions équitables pour tous les acteurs qui y participent.
MOTS-CLÉS : ACTION PUBLIQUE – ADMINISTRATION FISCALE – ÉTAT – EXONÉRATION – MARCHÉ – NEUTRALITÉ CONCURRENTIELLE – PHILANTHROPIE – UTILITÉ PUBLIQUE
PHILANTHROPY AND MARKET: A COMPETITION? SWISS TAX AUTHORITIES AND THE RECOGNITION OF PUBLIC UTILITY

Abstract: Research on philanthropy has focused mainly on the link between state action and private action of public utility, seeing in philanthropic action sometimes a possible support to state action, sometimes a competition to the state. On the other hand, few studies have looked at the boundaries between the third sector and the market. However, this question seems all the more relevant today at a time of neoliberal reforms and the expansion of markets. In this article, we examine this border through a survey conducted in Switzerland, a corporatist country, with a liberal policy towards the non-profit sector. Returning first to the literature to show how competition with the State has structured debates on the differentiated developments of philanthropy in different countries, we will see how, at least in the Swiss situation, the question of possible competition with the market is today central for the actors in charge of giving tax exemption, namely the employees of tax administrations. And perhaps by questioning too much the development of philanthropy from the sole point of view of state action, we have failed to see that a limit to the extension of this sector is not the will of a state to maintain a monopoly on various activities, but a liberal concern to always guarantee the market fair and equal conditions for all participants.
KEYWORDS: COMPETITIVE NEUTRALITY – EXEMPTION – MARKET – PHILANTHROPY – PUBLIC ACTION – PUBLIC UTILITY – STATE – TAX ADMINISTRATION
Tax incentives in favour of public utility in Switzerland, while they are subject to some debate in terms of amounts or rates, are generally not discussed as a public policy tool. This article, based on the literature on tax incentives... more
Tax incentives in favour of public utility in Switzerland, while they are subject to some debate in terms of amounts or rates, are generally not discussed as a public policy tool. This article, based on the literature on tax incentives for public purposes, would like to shed light on the issues at stake. To do this, we will first consider tax incentives for public purposes as a public policy tool, before examining the stakes of such a tool, in the light of public policy literature and political philosophy, but also from the point of view of political authorities, based on the Swiss case. We will see that, beyond these debates, many interventions - whether by interest groups, lawyers or parliamentarians - are promoting this tool. The question of reform proposals in this area will then be asked to see how far the concerns of political actors are from the reflections of economists, politicians and philosophers who have addressed these issues.
Les incitations fiscales en faveur de l’utilité publique en Suisse, si elles connaissent quelques débats en termes de montants ou de taux, restent de manière générale très peu discutées comme outil de politique publique. Cet article,... more
Les incitations fiscales en faveur de l’utilité publique en Suisse, si elles connaissent quelques débats en termes de montants ou de taux, restent de manière générale très peu discutées comme outil de politique publique. Cet article, revenant sur la littérature sur les incitations fiscales à la philanthropie, voudrait éclairer les enjeux de celles-ci. Pour ce faire, nous appréhenderons dans un premier temps les incitations fiscales pour buts d’utilité publique comme un outil de politique publique, avant d’examiner les enjeux d’un tel outil, au regard de la littérature de politiques publiques et de philosophie politique, mais également du point de vue des autorités politiques, à partir du cas suisse. On verra alors que, par delà ces débats, les interventions – qu’elles soient le fait de groupes d’intérêts, de juristes, ou de parlementaires, sont nombreuses à favoriser cet outil. On posera alors la question des propositions de réforme dans ce domaine pour constater la distance qui sépare les préoccupations des acteurs politiques des réflexions des économistes, politistes et philosophes qui se sont penchés sur ces questions.
Tax expenditures shift responsibilities for policies promoting the public good to tax administrations. This poses practical difficulties to administrators who have to apply general rules and definitions to specific cases. The issue of... more
Tax expenditures shift responsibilities for policies promoting the public good to tax administrations. This poses practical difficulties to administrators who have to apply general rules and definitions to specific cases. The issue of competitive neutrality often proves decisive in granting the status of public utility.
(Segue versione italiana) (English version below) Résumé : Au cours des dernières années, l’Église catholique s’est fortement engagée dans la « controverse du genre » qui a occupé le devant de la scène politique et média- tique... more
(Segue versione italiana)
(English version below)
Résumé : Au cours des dernières années, l’Église catholique s’est fortement engagée dans la « controverse du genre » qui a occupé le devant de la scène politique et média- tique française. Le discours d’opposition à la « théorie du genre » qu’elle a développé, et qui a été abondamment médiatisé, a rencontré un succès d’audience certain et a permis une importante mobilisation à l’intérieur de la communauté catholique, mais aussi à l’extérieur. C’est ce discours que nous proposons d’analyser ici. La « théorie du genre » qui est la cible de toutes les attaques s’avère être un ennemi imaginaire, largement construit par le discours qui le dénonce. Elle n’en est pas moins un objet polémique particulièrement efficace, qui permet à l’Église de retrouver une place dans un contexte spirituel qui s’est profondément transformé, de formuler un grand nombre d’inquiétudes et de critiques à propos du monde moderne et de réaffirmer des positions doctrinales fortes.
Mots-clés : France, catholicisme, genre, mariage homosexuel

La Chiesa cattolica contro la « teoria di genere » : costruzione di un oggetto polemico nel dibattito pubblico francese contemporaneo
Riassunto: Nel corso degli ultimi anni, la Chiesa Cattolica si è fortemente impegnata in una controversia relativa alle questioni di genere che ha occupato la scena politico-me- diatica francese. Il suo discorso d’opposizione alla cosiddetta « teoria di genere » ha riscontrato un successo di pubblico che ha generato importanti mobilitazioni sia all’in- terno sia al di fuori della comunità cattolica. In questo articolo prenderemo in esame alcuni aspetti di tale opposizione. La « teoria di genere », bersaglio di tutti gli attacchi, sembra essere una sorta di « nemico immaginario » costruito dallo stesso discorso che la condanna. Oggetto di polemica, particolarmente efficace, essa permette alla Chiesa di riprendere il suo posto all’interno di un contesto spirituale profondamente cambiato e di esprimere molte perplessità e critiche rispetto alla modernità così da poter riaffermare delle posizioni dottrinali forti.
Parole chiave : Francia, cattolicesimo, genere, matrimonio omosessuale

The Catholic Church against « gender theory »: the construction of a polemical object in the contemporary French public debate
Abstract: In recent years, the Catholic Church has shown a strong interest for the controversy generated by gender-related issues which has occupied the political and media landscape in France, developing a counter-discourse for the so-called « gender theory ». This discourse, strongly present in the media, has obtained public success thus engendering important demonstrations both inside and outside the catholic community. In this article we will try to analyze some aspects of this opposition. Targeted by all attacks, « gender theory » appears as a sort of « imaginary enemy » built by the very same discourse attempting to condemn it. As the object of a particularly effective controversy, it allows the Church to regain its place within a profoundly changed spiritual context and express perplexities and criticism towards modernity thus reaffirming strong doctrinal positions.
Key words : France, Catholicism, gender, same-sex marriage
Research Interests:
Au début des années 2010, l'Église catholique de France s'est engagée fortement dans le débat public sur les questions sexuelles, en particulier sur les questions du mariage homosexuel et du contenu des programmes scolaires en matière de... more
Au début des années 2010, l'Église catholique de France s'est engagée fortement dans le débat public sur les questions sexuelles, en particulier sur les questions du mariage homosexuel et du contenu des programmes scolaires en matière de genre et de sexualité. La critique de la politique gouvernementale dans ces domaines s'est présentée sous la forme d'une lutte contre un ennemi unifié appelé « le genre » ; largement diffusé par les canaux médiatiques, ce discours catholique a rencontré une audience bien plus large que le cercle des fidèles et a contribué à façonner les contours d'une controverse qui a focalisé l'attention : « la théorie du genre ». Si la forme et la terminologie de cette rhétorique sont inédites, la substance, en revanche, puise largement dans des productions plus anciennes de l'Église. En effet, depuis le début de la Révolution sexuelle dans les années 1960 – période qui coïncide, dans l'histoire de l'Église catholique, avec la phase de transformation ouverte par le Concile Vatican II (1962-1965) –, la hiérarchie catholique développe un discours visant à contrer la démarche de remise en question, dans les sciences, le droit et les pratiques, de la naturalité de la différence sexuelle, des rôles de sexe traditionnels et de l’hétérosexualité. Avant que les autorités catholiques n'évoquent « la théorie du genre », on rencontrait donc déjà un discours d'opposition globale aux évolutions dans la manière de concevoir les rapports entre hommes et femmes, la famille et la sexualité.
On perçoit bien quelles relations sont opérées entre ces thématiques. Le lecteur des productions de l'Église de France pourra être surpris, en revanche, de les trouver très fréquemment associées à une autre qui n'a a priori que peu de lien avec elles : la question de la démocratie. Cette omniprésence des allusions à la démocratie dans un discours dont l’objet affiché est la question des sexes et des sexualités interpelle ; elle amène à s’interroger sur l’intentionnalité de la mise en œuvre des logiques discursives qui permettent d’articuler l'un et l'autre thème et, partant de là, sur les fins auxquelles ce lien est établi. L’élucidation de cette question suppose au préalable d’identifier clairement les attitudes et positions par rapport à la démocratie qui sont exprimées. Ainsi que nous allons le constater, les discours sur le genre abritent en fait une grande diversité de jugements portés sur la démocratie.
Research Interests:
Les mobilisations sur les questions sexuelles au début des années 2010 ont donné à voir phénomène inédit en France dans son ampleur et dans ses modalités : la convergence militante entre des mouvements s'inscrivant dans un catholicisme... more
Les mobilisations sur les questions sexuelles au début des années 2010 ont donné à voir phénomène inédit en France dans son ampleur et dans ses modalités : la convergence militante entre des mouvements s'inscrivant dans un catholicisme d'identité et des groupes, associations, institutions et personnalités d'appartenance confessionnelle variée. La présence, aux côtés des catholiques mobilisés contre le « mariage pour tous » et l'introduction de la notion de genre dans les programmes scolaires, de figures institutionnelles du protestantisme a pu surprendre 1 ; au cours des décennies précédentes, les instances représentatives du protestantisme français (c'est particulièrement vrai pour sa composante historique luthéro-réformée) avaient en effet marqué leur distance avec la rigueur de la dogmatique catholique dans le domaine sexuel. La proximité affichée par le Grand Rabbin de France à l'égard des positions catholiques a également suscité une certaine perplexité de l'opinion – sans doute en premier lieu à l'intérieur même du judaïsme français. Le plus remarquable, cependant, aura sans doute été la participation musulmane aux côtés des catholiques mobilisés. De par son caractère nouveau, son apparence plus basale et spontanée et sa médiatisation, cette convergence militante interpelle particulièrement ; c'est sur elle que nous proposons de focaliser l'attention ici.
Sexuality has always been subject to normative and practical regulation by the Catholic Church. During the contemporary period the deployment of discourse and technics designed to control, contain and repress sexual practices seems to be... more
Sexuality has always been subject to normative and practical regulation by the Catholic Church. During the contemporary period the deployment of discourse and technics designed to control, contain and repress sexual practices seems to be evolving. In a secular society, the effectiveness of these normative devices is challenged and has to be renewed. The valorization of "responsible" and ethical sexuality tends to take precedence over the enumeration of sins which, although still very present, are no longer at the centre of the Church discourse on sexuality. Today, facing climate change and environmental crisis, the emancipatory power of technology raises more scepticism. From a Catholic perspective, “human ecology” - or even an “integral ecology” - should be followed in sexual conduct; the condemnation of sexuality outside marriage, “artificial” contraception and medically assisted procreation technologies is no longer directly justified by “moral” considerations but by biological and environmental considerations.
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Le Vatican a publié lundi 10 juin un texte à l’intention des communautés éducatives des écoles catholiques consacré à ce qu’il appelle « l’idéologie du genre ». Intitulé « Il les créa homme et femme » et rédigé par la Congrégation pour... more
Le Vatican a publié lundi 10 juin un texte à l’intention des communautés éducatives des écoles catholiques consacré à ce qu’il appelle « l’idéologie du genre ». Intitulé « Il les créa homme et femme » et rédigé par la Congrégation pour l’éducation catholique, ce document de 26 pages est destiné à aider ces communautés à contrer une « idéologie » qui « nie la différence naturelle entre un homme et une femme ». Sous couvert d’appel au dialogue, il n’évoque les notions de « queer », « transgenre », de « fluidité » ou de « genre neutre » que pour mieux les révoquer, comme menant vers « une société sans différence de sexe » et sapant « le fondement anthropologique de la famille ».
Alors que le projet de loi bioéthique ouvrant la PMA à toutes les femmes doit être examiné par le parlement français à partir de septembre, le Vatican envoie aussi quelques messages aux politiques en évoquant le droit de l’enfant « à grandir dans une famille, avec un père et une mère » ou encore le rôle de la famille – naturellement hétérosexuelle – comme « précédant l’ordre sociopolitique de l’État ». Entretien avec le sociologue Romain Carnac, qui finit une thèse sur « L’Église catholique face à la problématique du“genre” » à l’université de Lausanne (UNIL). Il voit dans cette croisade du Vatican « une forme de repli stratégique sur des thématiques liées à l’intime face au constat de l’incapacité croissante de l’Église à peser sur les autres sphères, économiques et sociales ».
La montée en Europe et au-delà d'un populisme de droite véhiculant des idées conservatrices mine les avancées en matière de droits des femmes. Les questions d'égalité disparaissent de l'agenda politique, le droit à l'avortement et à la... more
La montée en Europe et au-delà d'un populisme de droite véhiculant des idées conservatrices mine les avancées en matière de droits des femmes. Les questions d'égalité disparaissent de l'agenda politique, le droit à l'avortement et à la liberté sexuelle est remis en question.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, le discours des autorités vaticanes liait de façon systématique l’activité sexuelle au péché : les développements consacrés à la dimension charnelle de l’amour visaient essentiellement à réprimer la... more
Jusqu’au milieu du XXe siècle, le discours des autorités vaticanes liait de façon systématique l’activité sexuelle au péché : les développements consacrés à la dimension charnelle de l’amour visaient essentiellement à réprimer la sexualité. L’approche de cette question se transforme profondément à partir des années 1950-1960 : le discours de la hiérarchie catholique aborde désormais la sexualité plus positivement, en valorisant les rapports intimes qui étaient, hier encore, marqués du sceau de la honte et du tabou. Cette nouvelle orientation peut-elle être interprétée comme un « assouplissement » progressif de la morale sexuelle catholique, qui accompagnerait l’évolution des mœurs après la « révolution sexuelle » ? Non : cette « modernisation » du discours semble au contraire viser à réaffirmer, avec une vigueur renouvelée, les principes de la morale sexuelle catholique traditionnelle.
Research Interests:
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L a « théorie du genre », une dangereuse idéologie menaçant les fondements de nos sociétés humaines ? Banderoles « On veut du sexe, pas du genre » dans les manifestations contre la loi du « mariage pour tous », demande expresse de deux... more
L a « théorie du genre », une dangereuse idéologie menaçant les fondements de nos sociétés humaines ? Banderoles « On veut du sexe, pas du genre » dans les manifestations contre la loi du « mariage pour tous », demande expresse de deux députés UMP d'enquêter sur la « pénétration de cette théorie » dans la société : les polémiques et les attaques médiatiques contre la notion de genre se sont multipliées ces dernières années. Déjà présente sur la scène publique à l'époque du Pacs, cette notion est devenue une cible médiatique récurrente, ses détracteurs dénonçant une « théorie niant les différences physiologiques entre hommes et femmes », qui attaque ainsi les « fondements de notre société ». Rien de moins. « Un discours apocalyptique qui conforte le sens commun le plus obtus et le repli sur des normes figées », s'agace Sylvia Duverger, doctorante à Paris-VIII et administratrice du blog « Féministes en tous genres ». Entre le discours des « anti » et l'objet de leur opprobre, il y a pourtant un monde. Car « il n'y a pas "une" théorie du genre », rappelle Églantine Jamet-Moreau, maîtresse de conférences à Paris-X, mais « "des" études de genre ». En aucun cas un complot visant à détruire famille et société, ces études sont au contraire un outil d'analyse des discriminations. C'est peut-être là ce qui dérange. « S'il existe bien des différences physiologiques et anatomiques entre ce qu'on appelle un homme et ce qu'on appelle une femme, ces différences n'entraînent pas l'ensemble des distinctions que l'on peut constater dans une société entre ces identités », explique la sociologue Christine Delphy. Grossièrement, être pourvue d'un vagin ne donne pas nécessairement une aptitude parfaite à cuisiner ou à tenir en équilibre sur des talons hauts, tout comme l'attribut pénis ne détermine pas spécifiquement la réflexion politique ou le bon usage du crochet du droit. « Le genre, c'est le système hiérarchique qui divise la population en deux groupes et utilise, pour les distinguer, la forme des parties génitales,
Questions of public utility, and the role of private actors in promoting the public interest are intimately linked to changing conceptions of the role of the state in society. Over the past decades, neoliberal ideology and policies have... more
Questions of public utility, and the role of private actors in promoting the public interest are intimately linked to changing conceptions of the role of the state in society. Over the past decades, neoliberal ideology and policies have questioned the scale of the welfare state; political, economic and financial crises have further eroded state capacity and social policies. And most European countries have experienced over the past decades a number of reforms questioning in different ways the role of the state, its domains of action, and the division of tasks between public and private actors. Tax policies and fiscal tools are crucial in regard to this question (Reich 2010). Studying fiscal welfare (Morel, Touzet and Zemmour 2016) or the "Hidden Welfare State" (Howard 1993), and more specifically the political debates on the question of public utility recognition and on tax legislations related to the involvement of private fortunes or organizations in social policies, is a way to analyse the transformations of the welfare state (or welfare mix) in western countries. What kind of fiscal tools are promoted as a way to encourage third sector development or private investment in welfare policies? If there is a need of a « public utility recognition » by some authorities to enjoy a tax exemption, what are the conditions under which tax exempt status is granted and how have they evolved during the last decades? How are public authorities involved in these topics? In order to start a dialogue between researchers from different disciplines working on a variety of national contexts, we are looking in particular for: 1) Theoretical and methodological contributions addressing the ways tax expenditures are applied in contemporary welfare states, their evolution over time or the comparison between different national contexts and different sectors of activity. 2) Empirical analyses of the ways the notion of « tax expenditures for public utilities » is applied in different sectors of activity. Contributions could in particular speak to one of the following three axes (but other aspects and panel contributions are possible too): 1) Fiscal policy debates and the welfare state: Since the 1990s, all European countries have embarked on a series of reforms to promote philanthropy. Using a political sociology perspective, with a special attention for the role of politics and ideas in shaping the reform process, this axis asks questions such as: What are the policy debates with regard to philanthropy and fiscal expenditures? Who intervenes in these debates? How does the conception of what public utility is evolve? What is the legitimacy of different fiscal tools? And what do these debates tell us on the welfare mix and his evolutions in different countries? What is the role of international contexts and debates (for instance, competition to welcome large non profit organizations).
Research Interests:
Welfare Economics, Policy Analysis/Policy Studies, Social Policy, Tax Law, Public PolicyStudies, and 57 more
Les incitations fiscales en faveur de l’utilité publique en Suisse, si elles connaissent quelques débats en termes de montants ou de taux, restent de manière générale très peu discutées comme outil de politique publique. Cet article,... more
Les incitations fiscales en faveur de l’utilité publique en Suisse, si elles connaissent quelques débats en termes de montants ou de taux, restent de manière générale très peu discutées comme outil de politique publique. Cet article, revenant sur la littérature sur les incitations fiscales à la philanthropie, voudrait éclairer les enjeux de celles-ci. Pour ce faire, nous appréhenderons dans un premier temps les incitations fiscales pour buts d’utilité publique comme un outil de politique publique, avant d’examiner les enjeux d’un tel outil, au regard de la littérature de politiques publiques et de philosophie politique, mais également du point de vue des autorités politiques, à partir du cas suisse. On verra alors que, par delà ces débats, les interventions – qu’elles soient le fait de groupes d’intérêts, de juristes, ou de parlementaires, sont nombreuses à favoriser cet outil. On posera alors la question des propositions de réforme dans ce domaine pour constater la distance qui sép...
Au cours des dernières années, l'Église catholique s'est fortement engagée dans la « controverse du genre » qui a occupé le devant de la scène politique et média-tique française. Le discours d'opposition à la « théorie du... more
Au cours des dernières années, l'Église catholique s'est fortement engagée dans la « controverse du genre » qui a occupé le devant de la scène politique et média-tique française. Le discours d'opposition à la « théorie du genre » qu'elle a développé, et qui a été abondamment médiatisé, a rencontré un succès d'audience certain et a permis une importante mobilisation à l'intérieur de la communauté catholique, mais aussi à l'extérieur. C'est ce discours que nous proposons d'analyser ici. La « théorie du genre » qui est la cible de toutes les attaques s'avère être un ennemi imaginaire, largement construit par le discours qui le dénonce. Elle n'en est pas moins un objet polémique particulièrement efficace, qui permet à l'Église de retrouver une place dans un contexte spirituel qui s'est profondément transformé, de formuler un grand nombre d'inquiétudes et de critiques à propos du monde moderne et de réaffirmer des positions doctrina...
La sexualite a toujours fait l’objet d’une regulation normative et pratique de la part de l’Eglise catholique. Durant la periode contemporaine, le deploiement d’un corpus de discours et de dispositifs destines a controler, contenir,... more
La sexualite a toujours fait l’objet d’une regulation normative et pratique de la part de l’Eglise catholique. Durant la periode contemporaine, le deploiement d’un corpus de discours et de dispositifs destines a controler, contenir, canaliser et reprimer les pratiques sexuelles semble evoluer. Dans un contexte globalement marque par la secularisation, l’efficacite de ces dispositifs normatifs est mise a l’epreuve et tend a etre renouvelee. La valorisation d’un modele de sexualite « responsable », ethique, tend alors a prendre le dessus sur l’enumeration des peches qui, s’ils sont toujours bien presents, ne sont plus au centre du discours. A l’heure de la crise climatique et du scepticisme face au pouvoir emancipateur de la technique, c’est desormais la voie d’une « ecologie humaine » – voire « integrale » – qu’il convient de suivre dans le domaine des conduites sexuelles. La condamnation de la sexualite hors mariage, de la contraception « artificielle » et des technologies d’aide me...
En devenant urbaines et industrielles, nos societes se sont eloignees de la nature. Surtout, la perception de cette derniere a ete profondement transformee par la secularisation : rationalisee, desenchantee, desacralisee, la nature semble... more
En devenant urbaines et industrielles, nos societes se sont eloignees de la nature. Surtout, la perception de cette derniere a ete profondement transformee par la secularisation : rationalisee, desenchantee, desacralisee, la nature semble avoir perdu, en meme temps que son mystere, son caractere structurant pour les societes humaines. Ces transformations ne sont pas sans effet pour les institutions religieuses : leur autorite, qui s’appuyait sur leur capacite a interpreter l’ordre de la nature ou a anticiper et controler les elements, decline inevitablement. Une autre autorite tend a la remplacer : celle de la science, qui fournit dans les cultures modernes la connaissance, l’explication et la maitrise des phenomenes naturels. Nos representations culturelles de la nature gardent cependant trace de leur construction religieuse. On voit ainsi, a l’heure ou la nature revient au centre de nos preoccupations, la religion resurgir sous des formes parfois inattendues. Dans une approche tra...