Éric AUNO B LE
Du dernier cégétiste au premier communiste :
Raymond Péricat et la Révolution russe (1917-1918)
Paris, le 19 DÉCEMBRE 1950
PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
FÉDÉRATION DE LA SEINE (… )
Au camarade PÉRICAT (. . . )
Cher Camarade,
C’est avec joie que nous voulons honorer ton action lors de la grande bataille politique qui se
déroula en 1920, avant et pendant le Congrès de Tours, pour l’adhésion à la 3e Internationale
de LÉNINE et de STALINE, pour la fondation de notre glorieux PARTI (… ), pour la fidélité
inconditionnelle à l’UNION SOVIÉTIQUE pour la PAIX.
L’ ho mme
qui
arro ndis s e me nt
fo ndatio n
F ranc e
lo rs
tio nne lle s
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Il
c arto ns
Le
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anné e s
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Éric A UNO B LE ,
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LAREVUE RUSSE
49,
201 7,
p.
1 1 1 1 25 .
11 2
ÉRIC AUNOBLE
nous concentrer sur la période de guerre, et particulièrement sur les années
1 91 71 91 8 : l’ activité du militant s’ y développe de manière frénétique, au
moment même où la Russie s’ embrase.
Ouvrier, syndicaliste et révolutionnaire
J’ ai commencé à travailler à 1 2 ans et demi [en 1 885 ] ; 1 2 heures de travail ; 20
sous par j our, travail le dimanche, la paye tous les mois. À cette époque
l’ ouvrier qui ne venait pas travailler le dimanche était considéré par son patron
– et, ce qui est pire, par ses camarades de travail – comme un paresseux 4 .
Le ton est donné dans ces souvenirs rédigés en 1 945 : ouvrier du bâtiment,
Raymond Péricat promeut une conscience de classe qui élève l’ exploité au
dessus de luimême et des préj ugés du commun. Cette conscience exige de
prendre le risque de la lutte, aussi bien dans l’ entreprise que dans l’ espace
public : à 1 5 ans, première grève et première manifestation ; puis grève du
bâtiment en 1 898, grève des maçonsplâtriers en 1 906, puis des charpentiers
en 1 907 ; souvent « arrêté, frappé et emprisonné » par les policiers. . . Ces
péripéties lui valent « l’ attention des milieux syndicaux » et on lui propose en
1 908 le poste de secrétaire de la fédération du Bâtiment. Élu, il doit tout de
suite
prendre
« le
chemin
de
la
Belgique,
le
chemin
de
l’ exil »,
car
Clemenceau veut emprisonner tous les dirigeants de la Cgt suite aux violences
de Draveil–VilleneuveSaintGeorges 5 .
L’ homme se trouve ainsi au centre des conflits sociaux et politiques, et il
acquiert une notoriété nationale, notamment à l’ occasion de la grève générale
du Bâtiment parisien en 1 91 1 . La Sûreté générale s’ intéresse à lui dans un
rapport classé dans le dossier « Listes d’ anarchistes et notes sur les groupe
ments anarchistes ». Dans les grèves, Péricat préconise « la chasse aux
renards » (les « j aunes » dans le vocabulaire de l’ époque) ainsi que « l’ emploi
de la violence et les actes de sabotage » pour viser « la suppression du
patronat et du régime capitaliste ». Audelà, celui qui a subi cinq ans de « Bat’
d’ Af’ » s’ en prend à l’ armée :
Il faut dire aux enfants que l’ armée est l’ école du vice, leur apprendre à se
révolter, à ne pas tirer sur l’ ennemi, mais sur ceux qui commandent 6 .
Péricat « anarchiste », comme le classe la police ? On ne trouve pas
l’ adj ectif sous sa plume et, avant 1 91 4, il ne s’ affiche que dans les groupe
ments syndicaux 7 . Si le militant est clairement d’ inspiration libertaire, il est
avant tout syndicaliste révolutionnaire, persuadé, comme la maj orité des
cégétistes, que le bouleversement social viendra du monde du travail et non
des institutions politiques ou d’ une affirmation philosophique. Ce postulat
radical et ouvriériste ne doit pas faire conclure à un bolchevisme latent.
D’ après la police, il expliquait que, face à la répression,
[la Cgt] se verrait obligée de faire comme en Russie, c’ estàdire de créer des
groupes secrets qui feraient de la bonne besogne (… ) d’ action directe.
11 3
DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT
S on positionnement « ultra » dans le syndicalisme le poussait plus facile
ment vers
le
terrorisme
des
S ocialistesRévolutionnaires
que
vers
le
mar
xisme des S ocialDémocrates.
Chez Péricat, l’ extrémisme politique répond à un tempérament touj ours
porté à l’ exaspération. Devenu membre des directions syndicales fédérale et
confédérale, il laisse son caractère colérique, qui s'exprime moins dans la rue,
se retourner contre ses camarades. Il conçoit de l’ aigreur de n’ avoir pas été
réélu en 1 91 2 à la tête de sa fédération et, en 1 91 4, son intervention à la confé
rence d’ un camarade genevois de passage à Paris se termine en pugilat. S elon
les mots de Guillaume Davranche :
Péricat (… ) s’ est montré sous un mauvais j our – confus, arrogant, autoritaire
8
.
Contre la guerre
À l’ été 1 91 4, quand la direction de la Cgt se rallie à l’ Union sacrée, Péricat
est l’ un des premiers à marquer son opposition. Abasourdi par ce reniement,
l’ antimilitariste se met néanmoins à disposition de l’ autorité militaire dès le 4
août
9
.
On
m’ a
reproché,
(… )
quoique
antipatriote,
d’ avoir
rej oint
mon
corps
le
quatrième j our. Oui ! Je le reconnais : j ’ ai cédé à l’ instinct de conservation, mais
sitôt
arrivé
dans
la
participant au crime
tranchée,
10
j ’ ai
compris
la
faute
que
je
commettais
en
.
Péricat est dans l’ active j usqu’ en octobre 1 91 4, surveillé par les officiers et
tourmenté par une santé d’ ouvrier du bâtiment de 41 ans. . . Après son renvoi
dans ses foyers, son activité subversive lui vaut une arrestation puis une nou
velle période de mobilisation à l’ arrière en j anvierfévrier 1 91 6. Gravement
malade, il n’ est définitivement réformé que le 23 j uin 1 91 6
11
. Il peut dès lors
rej oindre pleinement le Comité pour la Reprise des Relations Internationales
(CRRI), constitué autour du groupe de la
V
ie Ou vrière
12
.
Ces « minoritaires » rencontrent le petit groupe d’ exilés socialdémocrates
russes
(dont
Trotski)
qui
éditent
le
j ournal
Na ch e
Slo vo
13
.
Grâce
aux
mouchards de la police, on sait que Trotski et Péricat sont intervenus l’ un
après l’ autre à la réunion du CRRI du 1 4 août 1 91 6 devant 70 personnes :
TROTZKY développe de nouveau ce qu’ il assure être de la pure pensée socia
liste internationaliste, c’ estàdire que les véritables internationalistes doivent se
dégager de tout point de vue national dans cette guerre, œuvre du capitalisme,
pour laquelle on ne saurait distinguer entre pays agresseur et pays agressé.
PÉRICAT se proclame internationaliste intransigeant.
« Comité »
au
point
de
vue
pratique
et
réclame
de
Il critique l’ inaction du
celuici
une
action
plus
énergique contre tous les politiciens du socialisme et du syndicalisme, et contre
tous
les
traîtres
à
la
cause
de
la
paix,
Charles ALB ERT et de Jean GRAVE
14
.
fussentils
anarchistes
à
la
façon
de
11 4
ÉRIC AUNOBLE
S’ ils occupent tous deux la position la plus à gauche du comité, leurs
points de vue diffèrent. Dans un raisonnement géopolitique, Trotski veut dé
montrer l’ inanité du pacifisme de demimesures défendu par la maj orité du
CRRI. L’ horizon de Péricat est plus prosaïque, et il s’ inquiète surtout de
l’ inertie du comité sur le terrain. De plus, touj ours vindicatif, il s’ en prend aux
« traîtres ». « Ce pauvre Péricat, avec son caractère 1 5 » s’ aliène soutiens et
sympathies. D’ ailleurs, malgré la proximité politique, il ne se lie pas durable
ment à Trotski, contrairement à d’ autres syndicalistes intransigeants comme
Pierre Monatte ou Alfred Rosmer. Par contre, il s’ était rapproché de la frange
antiguerre de l’ anarchisme et avait signé l’ appel « La paix par les peuples »
lancé par Sébastien Faure et ses amis au printemps 1 91 6 1 6 .
En lançant le Comité de Défense Syndicaliste (CDS) en avril 1 91 6, Péricat
crée un organisme débarrassé des « politiciens » et particulièrement des per
sonnalités qu’ il ne supporte pas au sein du CRRI, comme le métallurgiste
Merrheim. Il se fixe un obj ectif modeste, sinon étroit, mais un obj ectif à sa
main. Le CDS a été constitué pour :
1 ° obliger la Cgt à respecter les décisions des congrès d’ avantguerre,
2° consulter les syndicats par la voix d’ un congrès confédéral national,
3 ° obtenir dans le plus bref délai la tenue d’ une conférence internationale
pour hâter l’ heure de la paix
17
.
Plus qu’ en précurseur, Péricat se pose en gardien de la tradition, comme
s’ il était le dernier cégétiste ayant survécu à la catastrophe d’ août 1 91 4.
« Vive la révolution russe ! »
La séquence qui s’ ouvre avec la révolution de Février pour se clore fin
1 91 8 est cruciale pour Péricat. Dans l’ entremêlement des événements indivi
duels, nationaux et internationaux, elle éclaire d’ un j our cru les rapports entre
la révolution russe, le mouvement ouvrier et l’ État français.
Entre difficultés de communication, aveuglement, censure et autocensure,
la presse française informe mal sur le bouillonnement populaire en Russie.
Fin mars,
Le Matin évoque le Soviet de façon biaisée en décrivant :
des « comités ouvriers » (. . . ) qui tiennent chaque j our des réunions où règne le
plus grand désordre et que fréquentent la populace et un certain nombre
d’ anarchistes.
L’ Humanité, dévouée à l’ Union sacrée, n’ expliquera le fonctionnement du
Soviet que le 29 j uin 1 8 . Dans un communiqué du 5 avril, la Cgt adresse
néanmoins son salut « au conseil des ouvriers russes » et souhaite
[l’ avènement] de la République sociale libérant politiquement et économique
ment les travailleurs russes [dans le cadre d’ ] une révolution russe qui n’ est pas
à son terme définitif [et] doit soulever dans le peuple allemand des aspirations
fécondes.
11 5
DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT
Si
l’ espoir
d’ une
contagion
subversive
touchant
exclusivement
l’ Alle
magne fleure l’ Union sacrée, les autres formulations dénotent un infléchisse
ment du discours de la maj orité confédérale.
Comment les militants pouvaientils dès lors être mieux informés que les
j ournaux ? Les archives de Péricat recèlent un ensemble de textes recopiés,
datés de S tockholm à l’ été 1 91 7 et qui sont extraits du B ulletin du départe
ment des relations internationales du S oviet. L’ organisme, créé le 20 mars,
possède
« son
commissaire
à
l’ agence
télégraphique
de
Petrograd,
lequel
transmettra (… ) à la presse internationale des informations sur l’ activité et la
mise en place du S oviet », il a le droit d’ instituer « une agence opérationnelle
à S tockholm », de correspondre
avec
n’ importe
quelles
personnes,
organisations
l’ étranger (… ) hors de la censure habituelle
19
ou
institutions
situées
à
.
Le S oviet s’ arroge des prérogatives d’ État et il crée ainsi un espace de
liberté pour les militants de gauche des pays belligérants.
Paradoxalement, ce S oviet « conciliateur » qui soutient le Gouvernement
provisoire à Petrograd devient une force subversive à Paris. L’ « Appel aux
peuples du monde entier », signé du menchevik défensiste Tchkhéidzé, prend
valeur de
brûlot pacifiste
quand le
Comité
pour la Reprise
Internationales l’ imprime au verso de son tract du 1
er
des
Relations
Mai. Le CRRI proclame
de son côté :
Grâce à nos camarades russes, le 1
er
Mai sera, cette année, ce qu’ il n’ a j amais
été : la fête libre et publique de plusieurs millions d’ êtres humains.
et de conclure :
À
bas
l’ Union
prolétariat
!
S acrée
Vive
Internationale !
20
la
!
la
Guerre
Révolution
À
bas
Russe
!
Vive
!
l’ action
Vive
la
internationale
Révolution
du
S ociale
.
L’ engouement des internationalistes français pour le S oviet renvoie aussi à
leurs représentations de la société de l’ avenir. Les syndicalistes révolution
naires
imaginaient
que
« les
attributions
dont
s’ était
paré
l’ État
allaient
revenir aux fédérations corporatives de syndicats de même profession et à la
Confédération » des syndicats
les
usines
et fédérés
21
. Ces S oviets, créés à partir d’ élections dans
localement et nationalement,
semblent familiers
aux
militants français. Ils répondent également à un désir plus large de démocrati
sation. Alors qu’ un socialiste d’ Union sacrée décrit à ses camarades la Russie
où on trouve « sur tout le front d[es] organismes électifs », on lui crie « C’ est
ce
qui
crépitent
manque
22
».
chez
nous »
et
« les
applaudissements
minoritaires
11 6
ÉRIC AUNOB LE
« Bravo les maximalistes »
B ien avant Octobre, les S oviets deviennent un repère, voire un idéal. En
mai, le Comité de défense syndicaliste a
décidé de délégué [sic] le camarade Péricat à S tockholm et à Petrograd pour y
représenter la minorité syndicaliste française à la Conférence Zimmerwaldienne
[ du
nom
o p p o sés
1 91 5
à
de
la
la
p rem ière
gu erre,
ten u e
co n f
éren ce
da n s
le
ra ssem b la n t
villa ge
su isse
de
des
so cia listes
Zim m erwa ld
en
eu ro p éen s
sep tem b re
] et auprès du Comité des ouvriers et soldats de Russie.
En août, en tant que secrétaire du CDS , Péricat contacte directement les
représentants du S oviet de passage à Paris pour faire valoir le droit des mino
ritaires de participer à la conférence socialiste touj ours prévue à S tockholm
23
.
Cette conférence n’ aura pas lieu, et Péricat n’ aurait pas eu plus de visa pour la
Russie que pour la S uède. Il est néanmoins intéressant que Péricat s’ adresse
au conseil ouvrier russe alors que celuici est encore sous le contrôle des so
cialistes défensistes : en tant qu’ organisme réellement ouvrier, il lui reconnaît
la légitimité qu’ il dénie à l’ État français comme aux directions socialiste et
syndicaliste ralliées à l’ Union sacrée.
Péricat prend position pour les
bolcheviks
dès
qu’ ils
sont réprimés
en
j uillet 1 91 7. Il arrive à faire publier un manifeste intitulé « La révolution russe
et les syndicalistes », cosigné par un certain nombre de militants ouvriers mais
aussi des anarchistes (dont S ébastien Faure) :
Les récents événements de Petrograd ont été l’ occasion pour la presse gouver
nementale
russe
et pour une
partie
de
la presse
française
d’ attaques
inquali
fiables contre les socialistes maximalistes et anarchistes russes. (… ) Le crime
de ces hommes, c’ est d’ être restés fidèles à leurs idées, à leurs convictions, à ce
programme d’ action internationaliste et socialiste que d’ autres avaient acclamé
24
avec eux à Zimmerwald et à Kiental, et qui maintenant sévissent contre eux
Fin novembre 1 91 7, il édite tout seul le
syn dica liste de Fra n ce
R a p p o rt
du
Co m ité
de
.
déf
en se
qui porte en exergue :
Une seule patrie : l’ Humanité ! Un seul ennemi : le Capitalisme !
Il y insère un petit article sur Octobre :
Nous
n’ avons
Lénine
et
à
pas
attendu
Trotski
et
le
triomphe
autres
de
camarades
la
révolution
maximalistes
russe
notre
pour
affirmer
sympathie
à
(… ).
[N] ous constatons que les maximalistes russes font de la bonne besogne socialiste,
nous
constatons
qu’ ils
(… )
sauvent
l’ Internationale.
Nous
saluons
en
eux
le
triomphe de notre idéal (… ). Lénine, Trotski, nous sommes avec vous. B ravo les
maximalistes et honte aux menteurs de la Sociale. Vive la Révolution Russe
Péricat
loue
révolutionnaire
en
Lénine
aurait
pu
la
fidélité
pointer
une
socialiste
pratique
là
où
ouvriériste
un
25
!
syndicaliste
d’ action
directe
assez éloignée des canons socialdémocrates. Et si le soutien est sans faille, il
11 7
DU DERNIER CÉGÉTISTE AU PREMIER COMMUNISTE : RAYMOND PÉRICAT
est assez abstrait, comme si le seul lien qui existait entre bolcheviks russes et
minoritaires français était la dénonciation des traîtres et des menteurs : il
répète ce qu’ il expliquait au CRRI un an et demi plus tôt.
La lutte dans la Cgt
Si Péricat n’ a guère changé depuis l’ été 1 91 6, la situation a beaucoup évolué
dans le mouvement ouvrier. Les « minoritaires » ont pris l’ offensive contre les
« maj oritaires », en menant bataille entre autres sur le sens à donner aux
événements de Russie. Ils s’ affirment bruyamment lors du meeting de la Ligue
des droits de l’ Homme du 1 er avril 1 91 7 en l’ honneur de la Révolution russe.
Après l’ helléniste Victor Bérard et l’ historien de la révolution française
Alphonse Aulard, le ministre socialiste belge en exil Émile Vandervelde est
accueilli
par « l’ invective
et les
sifflets
à roulette ».
Plusieurs
j ournaux
socialistes relatent l’ incident mais aucun n’ explique ni le pourquoi de ces
« manifestations scandaleuses », ni les idées des « pauvres insensés 26 » qui les
ont provoquées.
Péricat se félicitera de la « réception magnifique » faite aux « bourreurs de
crâne », mais considéré à la Cgt comme responsable du désordre, il est infor
mé en septembre du vote d’ un « blâme aux perturbateurs » et ce à la demande
de Ferdinand Buisson, le président de la LDH 27 . Déj à en j uin, le Comité de
défense syndicaliste avait été expulsé de la Bourse du travail de Paris au motif
qu’ il n’ était pas une structure syndiquant des salariés 28 . Cette réaction de
l’ appareil reflète la peur de voir les minoritaires gagner des positions dans
l’ organisation alors que la contestation sociale reprend dans le pays. De
puissantes grèves des ouvrières de l’ armement et surtout du textile (les fa
meuses midinettes) éclatent à Paris en maij uin 1 91 7 et elles représentent un
enj eu politique. Péricat et d’ autres minoritaires prennent la parole dans les
syndicats de l’ habillement peu après 29 .
Dans son esprit, infléchir le cours de la lutte des classes et changer
l’ orientation de la Cgt sont un seul et même problème. Il continue à intervenir
dans différents syndicats, il participe à la conférence nationale de la Cgt à
ClermontFerrand en décembre 1 91 7 et à la Conférence syndicale interalliée
de Londres en février 1 91 8. Comme la direction confédérale « maj oritaire » a
gauchi son discours pour garder le pouvoir, Péricat espère naïvement :
placer la maj orité en face d’ une situation claire (… ). De deux choses l’ une : ou
bien la maj orité (… ) tergiversera, elle reculera devant l’ action (,. . ) ou bien elle
renoncera
en
fait
à
son
passé
d’ action
rétrograde,
de
collaboration
gouvernementale, de collaboration à la guerre, de collaboration de classes, alors
nous
aurons
la
j oie
de
lutter
en
parfait
accord,
pour
la
Paix,
pour
l’ Internationale 3 0 .
Dans cette lutte interne, la révolution russe forme la trame du moment
même si elle n’ est pas invoquée. Dans
L’Humanité
du 25 décembre 1 91 7,
deux titres voisinent : « La situation en Russie : Désordres à Petrograd et
11 8
ÉRIC AUNOBLE
troubles en province » et « Au congrès de Clermont : La thèse des minoritaires
et leurs critiques ».
Au printemps, les grèves reprennent et l’ on voit Péricat faire un discours
devant l’ « Imposante manifestation ouvrière (… ) des usines Renault »
Populaire de Paris,
semble
proche,
l’ attitude
confédérale
relève
de
l’ attentisme
sinon
sabotage 3 1 . Péricat et ses amis décident franchir le Rubicon. Le 20 mai,
Temps
(Le
1 6 avril 1 91 8). Dans ce contexte où la grève générale
du
Le
annonce « Un congrès de syndicalistes minoritaires » :
Sous les auspices du ‘‘ Comité de défense syndicaliste’’ , dont le secrétaire est
M. Péricat (… ), un congrès d’ extrémistes minoritaires de la Confédération
générale du travail doit (… ) se tenir auj ourd’ hui à SaintÉtienne.
Briser l’élan révolutionnaire
À peine rentré à Paris, Péricat est arrêté le 26 mai. Il est accusé de
« provocation de militaires à la désobéissance » puis d’ « intelligence avec
l’ ennemi ». Sur ce dernier point, on lui reproche d’ être « un des complices de
Guilbeaux, le défaitiste réfugié en Suisse
32
». Un rapport « Sur la situation
intérieure en France » destiné aux bolcheviks lui sera imputé à charge.
Décrivant l’ agitation dans les milieux ouvriers comme celle des « minori
taires », le document la met en lien avec les offensives de l’ armée allemande.
Concernant le secrétaire du CDS, il écrit :
Le camarade Péricat m’ a fait parvenir le programme de la conférence qui va se
tenir à SaintÉtienne (… ). Les frais d’ organisation lui sont parvenus et il
remercie chaleureusement les camarades russes du Bureau international pour
leur fraternel appui 3 3 .
Jusqu’ alors, la lutte contre les « menées pacifistes » avait autorisé la
censure, les perquisitions et même les arrestations. Avec les grèves et, surtout,
les mutineries de 1 91 7, l’ enj eu change d’ échelle et la politique commande
une répression différenciée : le patronat se voit fermement conseiller de céder
aux grévistes, le commandement militaire renonce aux offensives pour le
communiqué. De l’ autre côté, la j ustice militaire prononce la condamnation à
mort de quelques dizaines de mutinés français alors que les soldats du corps
expéditionnaire russe cantonnés à la Courtine sont réduits à coups de canon 3 4 .
Du côté des civils, la lutte contre l’ ennemi intérieur, espion supposé ou
pacifiste, s’ étend après l’ arrivée de Clemenceau à la présidence du conseil en
novembre 1 91 7.
« Le Tigre » en profite pour régler ses comptes.
Il poursuit comme
défaitistes tous ceux qui ne sont pas pour la guerre à outrance : l’ ancien
ministre de l’ Intérieur Malvy est accusé d’ avoir fomenté les mutineries, et
l’ ancien président du conseil Caillaux d’ intelligence avec l’ ennemi 3 5 . . . Dans
les couloirs de la prison de la Santé, Péricat croisera ce dernier. Comme son
illustre compagnon d’ infortune, Péricat est inculpé sur la base de documents
11 9
DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT
fabriqués : un vrai télégramme de Guilbeaux aux bolcheviks, intercepté par
les services français, a été « complété » pour les besoins de la cause
36
.
Son cas dévoile un pan peu connu des « affaires » de 1 91 71 91 8 . Toute une
série de militants opposés à la guerre ont subi des campagnes de calomnie
37
et
des procès truqués : l’ institutrice pacifiste Hélène B rion, condamnée avec sursis
pour défaitisme mais effectivement révoquée de l’ Instruction publique ; Péricat,
« traître » finalement libéré sans explication après six mois de prison ; Sébastien
Faure condamné pour « outrage à la pudeur » ; l’ anarchiste Mauricius, qualifié
incidemment d’ indicateur. Et la liste n’ est pas exhaustive
38
.
La prison n’ améliore pas le caractère de Péricat. Il s’ était brouillé avec
S ébastien
Faure
qu’ il
avait
cru
difficilement amende honorable.
coupable
et,
De son côté,
luimême
engeôlé,
il
sa camarade du CDS
fait
Paule
Mondange lui écrit :
Vous êtes dur, mais vous l’ avez touj ours été avec moi ; ceci sans reproche, c’ est
un constat comme tant d’ autres et qui j ustifie cette crainte que j ’ ai de vous.
Dur avec les autres, l’ homme a pourtant ses faiblesses. S ur les instances de
son avocat,
il avait signé au début de sa détention une déclaration que la
presse publie :
Je tiens à le dire très haut : ni de près, ni de loin, ni directement ni indirecte
ment, j e n’ ai de rapports quelconque avec le nommé Guilbeaux.
Il se la reprochera toute sa vie
39
.
Les charges d’ intelligence avec l’ ennemi sont abandonnées dès la fin j uin
et
il
est
donc
« remis
en
liberté
provisoire »
mais. . .
« reste
détenu »
pour
Le Populaire sur une affaire connexe :
incitation à la désertion. Comme l’ écrit
M. Clemenceau frappe d’ abord, on verra le dossier plus tard !
Présumé coupable devant l’ armée, Péricat est transféré à la prison militaire
de
ClermontFerrand
où
les
gardiens
le
traitent
comme
un
déserteur.
À
l’ automne, il est hospitalisé avec la grippe espagnole. Cela réactive la cam
pagne pour sa libération , qui n’ est accordée qu’ après l’ Armistice. On imagine
comme il est affaibli à sa sortie de prison, le 1 8 novembre
40
.
Une défaite
L’ exdétenu doit non seulement panser les blessures du corps et de l’ âme,
mais
aussi
absence.
se
réadapter
à
un
monde
politicosocial
qui
a
changé
en
son
La vague de grèves du printemps en France a été étouffée par la
répression,
et
les
premiers
brandons
d’ une
révolution
européenne
ont
été
éteints dans le sang, comme en Finlande. Entre l’ incommodité des correspon
dances surveillées et la méfiance qui peut naître de l’ éloignement, les liens de
Péricat se sont forcément distendus avec le milieu militant contre la guerre et
singulièrement avec « son » CDS .
1 20
ÉRIC AUNOB LE
S urtout, la Cgt s’ est « recentrée ». Deux leaders minoritaires ont rej oint la
maj orité en reniant leurs ambitions révolutionnaires et pacifistes : Merrheim,
que Péricat n’ a j amais apprécié, et Dumoulin, qui avait pourtant participé au
congrès minoritaire de mai 1 91 8 . Péricat se sent trahi et sa rancune s’ étend à
tous ceux qu’ il accuse rétrospectivement de complaisance à l’ égard des trans
fuges, à savoir Rosmer et Monatte, pourtant fidèles à la minorité
41
. En même
temps, il doit en partie sa libération à ce recentrage. Le communiqué de la Cgt
après l’ audience chez Clemenceau le 1 3 novembre est très clair sur le partena
riat social qui s’ ébauche :
[La
délégation]
situation
l’ a
entretenu
particulière
condamnés
des
de
la
militants
à l’ occasion des
question
ouvriers
mouvements
générale
relevés
de
l’ amnistie
d’ usines,
revendicatifs.
(… )
et
de
poursuivis
Le
la
ou
président du
conseil a fait part à la délégation de ses préoccupations d’ ordre social, l’ assurant
qu’ il était très disposé à donner au travail et aux organisations syndicales les
plus
larges
satisfactions
économique et sociale
42
et
toute
la
place
qui
leur
revient
dans
l’ activité
.
Le portrait de Péricat s’ étale à la une de la revue
novembre 1 91 8 , mais son heure est passée.
Les Hommes du Jour
de
Même s’ il continue de militer
pour une révolution ouvrière en France, il s’ enferme dans le rôle de trublion
comme lors de la conférence socialiste du 1 2 j anvier 1 91 9 :
Vive Lénine ! Vive Trotzky ! Vive Liebknecht ! Crieton sur quelques bancs.
(… )
Le
citoyen
partisans,
extrême
plus
Péricat
bruyants
violence,
escalade
que
flétrissant
la
tribune
nombreux
l’ attitude
(… )
du
aux
Il
applaudissements
prononça
bureau
de
la
un
de
discours
C. G. T. ,
qu’ il
ses
d’ une
accusa
d’ avoir trahi les intérêts de la classe ouvrière, engageant le peuple à faire à son
tour,
comme
en Russie,
la révolution sociale.
S es
provocations,
ses
appels
à
l’ insurrection furent acclamés par l’ auditoire, et la réunion fut levée dans le plus
grand tumulte
S on
parti
intéressant
horizons
« vieilles
43
.
communiste,
comme
(syndicalistes,
maisons »
lancé
tentative
de
trois
anarchistes,
S FIO
ou
mois
réunir
CGT
des
plus
tard,
est
un
révolutionnaires
socialistes)
s’ amendent
sans
44
.
plus
Mais
phénomène
de
différents
attendre
la
que
les
marginalisation
rapide du nouveau groupement – « gauchiste » au sens de Lénine – montre
qu’ il
répond
peutêtre
à
l’ impatience
de
certains
militants
mais
pas
à
la
situation politique et sociale en France. S ur cette grande scènelà, l’ histoire se
répète : en j uin 1 91 9 éclate une nouvelle série de grèves radicales ; la direction
de la Cgt temporise puis étouffe le mouvement ; l’ opposition syndicale, dé
sormais
sous
la
direction
de
Monatte,
s’ affirme
au
congrès
de
Lyon
en
décembre ; en mai suivant, Monatte est arrêté pour complot communiste et
passera dix mois en prison
Péricat
est
déj à
45
.
horsj eu.
Luimême
arrête
ses
Mémoires
prononcé par Lénine en mars 1 91 9 :
Après cette citation (. . . ), à quoi bon continuer cette narration ?
à
l’ éloge
DU DERNIER CÉGÉTISTE AU PREMIER COMMUNISTE : RAYMOND PÉRICAT
1 21
Alors, comment qualifier Péricat ? D’ anarchiste ? D’ ultragauche ? Il faut
plutôt tenter de comprendre la dynamique de son parcours tel qu’ il a été
modifié par la révolution russe. Dans cette dernière, Péricat a vu d’ abord
l’ édification d’ un pouvoir ouvrier partant du lieu de travail. La notion de
Soviet lui semble tellement importante que son « Parti communiste » dénom
mera ainsi ses sections locales. Si Péricat a ainsi tendance à confondre ins
tance sociale et organisation politique, cela correspond assez au bolchevisme
de l’ année 1 91 7 (celui de
L’État et la Révolution
), mais aussi aux pratiques
révolutionnaires qui peuvent continuer sous l’ étiquette communiste 46 .
Quant au parti de Lénine en tant que tel, Péricat lui voit trois indéniables
qualités. D’ abord, il est resté fidèle au « programme d’ action internationa
liste ». Ensuite, il a accompli « de la bonne besogne socialiste » en octobre
1 91 7 en s’ appuyant sur les Soviets. Enfin, Péricat soutient les bolcheviks dans
la guerre civile, ce qui le sépare vraiment des anarchistes.
Les anarchistes, dont un grand nombre avaient dès son début saluer [sic] la
Révolution Russe s’ en détachèrent (… ). Les libertaires organisèrent un grand
meeting rue Grange aux Belles. Sébastien Faure y pris la parole, il reprocha à la
Révolution d’ avoir créé une armée. Après lui, Raymond Péricat monta à la
tribune et s’ attaqua à la thèse anarchiste. Il expliqua qu’ une révolution sans
armée pour l’ étayer et la défendre était par avance condamnée à mort (… ). Sans
armée, la Révolution française était condamnée à mort 47 .
Péricat simplifiait beaucoup la position anarchiste. Néanmoins, son choix
d’ être solidaire avec les bolcheviks est cohérent : comme une revanche sur
l’ impuissance qu’ il n’ a cessé de ressentir depuis août 1 91 4, il apprécie chez
eux non seulement d’ avoir des idées mais surtout de s’ être donné les moyens
de les faire triompher. Enfin son choix est réfléchi : il a côtoyé suffisamment
d’ anarchistes, y compris au CDS, pour ne pas être probolchevique par
conformisme.
Le « communisme » de Péricat n’ est certes pas orthodoxe, sauf qu’ il faut
rappeler qu’ en 1 91 71 91 9 aucun dogme n’ a encore été fixé. En tout cas,
Péricat s’ attache dorénavant à ce terme. Après son « Parti », il soutient en
1 920 la création d’ une éphémère scission révolutionnaire de la Cgt, la
Confédération des Travailleurs du Monde. Il en conservera précieusement le
logo dans ses archives : sur fond de globe terrestre, une allégorie féminine
debout sur les ruines du vieux monde tient un flambeau où est inscrit
« Komunismo » en esperanto.
La question est plutôt de savoir ce qu’ allaient devenir le communisme et
incidemment Péricat. On le retrouve au Parti communiste au début des années
1 93 0 en pleine orientation « classe contre classe », et
L’Humanité
lui donne la
plume pour dénoncer « La trahison socialoréformiste de 1 4 à 1 8 ». Pourtant
sa correspondance privée montre qu’ il n’ était pas dupe, en particulier du
passé d’ Union sacrée de Cachin, un des dirigeants du PC 48 . Mais quel choix
avaitil ? Il s’ est éloigné de l’ anarchisme sans retour. Aller vers le trotskisme ?
1 22
ÉRIC AUNO B LE
S o n inimitié
p e rs is tante
p o ur Mo natte
e t Ro s me r l’ e n e mp ê c he
49
.
P ar c o ntre ,
s o n adhé s io n re no uve lé e à la C gt U p uis à la C gt le maintie nt dans l’ o rb ite du
P C F,
e t j us qu’ à
ses
de rnie rs
j o urs
il
é c rit p o ur la
fe uille
s yndic ale
l’
Écho des
Vieux.
L’ ho mme
a s ans
do ute
tro uvé
ses
limite s
50
p e rte de c o nfianc e dans la c las s e o uvriè re
d’ une
1 91 4.
qui
ré p re s s io n
d’ État
s ans
c o mmune
en
,
1 91 8 .
P lus
qu’ une
é ve ntue lle
il s ’ agit de l’ e xp é rie nc e c o nc rè te
me s ure
ave c
c e lle
qui
s é vis s ait
avant
Malgré to ut, o b ligé de gagne r s o n p ain j us qu’ à un âge avanc é , l’ ho mme
e nte ndait
mé ritait
« marc he r
l’ é lo ge
prolétaire.
de
C ’ e s t le
to uj o urs
l’ his to rie n
dro it
s ur
amé ric ain
la
ro ute
S amue l
me ille ur c o mp lime nt que
je
de
[ l’ ]
idé al
B e rns te in
p e ux te
:
«
51
do nne r
c o mmun » ,
Tu es un vrai
».
NO TES
1.
V. I. Lenin,
Polnoe Sobranie sočinenij, t. 37 (ijulʹ 1918mart 1919) ,
M. , Izdatel'stvo političeskoj
literatury, 1 969 (Izd. 5 ), « Ob osnovanii kommunističeskogo internacionala », rečʹ 6ogo marta
1 91 9 g. , p.
2.
5 1 6.
Annie Kriegel,
Aux origines du communisme français : contribution à l'histoire du mouvement
ouvrier français,
Paris,
Flammarion,
rééd.
1 978
(1 re
éd.
1 969),
p.
7295 .
Pierre
B erthet,
Les
Libertaires français face à la révolution bolchevique en 1919 : Autour de R. Péricat et du parti
communiste,
Pantin,
Noir
et
o
Rouge
n
29,
naissance du parti communiste en France,
3.
Fonds
1 4AS /205
français
consultable
aux
d’ histoire sociale (IFHS )
remercié
pour
m’ en
avoir
1 993 .
Romain
Archives
Nationales
sous
qui en est le dépositaire.
rappelé
Ducoulombier,
Paris, Perrin, 201 0, p.
l’ existence,
ainsi
Camarades ! : La
1 271 28 , 1 5 1 , 1 8 8 .
la
responsabilité
de
l’ Institut
Que Guillaume Davranche soit ici
que
la
directrice
de
l’ IFHS ,
Marie
Geneviève Dezès, pour m’ y avoir donné accès.
4.
« Raconte nous tes souvenirs » [1 945 ] , p.
5.
Anne
6.
Archives
S teiner,
1 , IFHS 1 4AS /205 /A/1 .
Le Goût de l’émeute, Manifestations et violences de rue dans Paris et sa
banlieue à la « Belle Époque »,
nationales,
F7
Montreuil, L’ Échappée, 201 2, p.
1 3 05 3 .
Je
remercie
Pierre
B outonnet
23 5 6.
de
m’ avoir
communiqué
ces
documents.
7.
Guillaume Davranche,
(19091914) ,
8.
« Raconte
Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre
Paris, Montreuil, Libertalia/L'Insomniaque, 201 4, p.
nous
tes
souvenirs »,
février 1 91 4 ; Davranche,
9.
Davranche,
Première
4 ;
o
n
61
mondiale
1 995 , p.
:
Luquet,
p.
5 08 .
p.
8 7, 96.
vent »,
L’Humanité,
Paris,
1
er
3 63 , 45 8 .
Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches
28 .
A.
11 .
S irot, « Un militant du bâtiment. . . », p.
Luquet, « L’ aprèsmidi au congrès de Lyon »,
1 2.
Alfred
Rosmer,
« Mauvais
S téphane S irot, « Un militant du bâtiment dans la
Raymond Péricat »,
1 0.
L’Humanité,
1 8 septembre 1 91 9.
28 3 7.
Le Mouvement ouvrier pendant la première guerre mondiale, t. 2, De
Zimmerwald à la Révolution russe,
p.
A.
Trop jeunes pour mourir,
Trop jeunes pour mourir,
Guerre
marxistes,
p.
Aubervilliers, éditions d’ Avron, 1 993
(1
re
éd.
Paris, 1 95 9),
1 95 .
Le Mouvement ouvrier, t. 2,
1 3.
Rosmer,
1 4.
Archives nationales, F7 1 3 3 71 , « Propagande pacifiste (socialistes, C. G. T. , anarchistes), 1 91 5
1 91 8 »,
chemise
« Les
menées
communiqué ces documents.
p.
244249.
pacifistes ».
Merci
encore
à
Pierre
B outonnet
de
m’ avoir
D U D ERNIER C ÉGÉTIS TE AU P REMIER C O MMUNIS TE :
1 5.
Remarque
de
Chambelland
Monatte,
1 6.
Merrheim,
Monatte
par
in
Dumoulin
Paris, Maspero, 1 968 , p.
1 23
P ÉRIC AT
Jean
Maitron
et
Colette
Les archives de Pierre
23 4.
, Deuxième Lettre – Un désaccord – Nos explications,
Voir Groupe des Temps Nouveaux
1 95 .
Guillaume
Éric Aunoble,
1 9.
P. V.
1 91 7,
Davranche,
Paris, La Fabrique, 201 6, p.
t.
Putevoditel' ,
à
la
Le Mouvement ouvrier,
Rosmer,
guerre,
le
CDS
sauve
t.
l’ honneur
2
,
du
260, avril 201 6.
25 3 2.
1 , Leningrad, Nauka, 1 991 , p.
t. 1
XIX načala XX vv. ,
s. d. ,
o
n
Face
Petrogradskij Sovet rabočiх i soldatskiх deputatov v 1 91 7 godu. Doku
(red. ),
menty i materialy.
(red. ),
:
La Révolution russe, une histoire française – Lectures et représentations depuis
Volobuev
Tract,
« 1 91 6
Alternative Libertaire,
syndicalisme »,
1 8.
Paris,
5 462.
Lettre à Hubert, 2 septembre 1 91 8 , IFHS 1 4AS /205 /A/1 .
p.
20.
à
Syndicalisme révolutionnaire et communisme,
(éd. ),
CRRI, 1 91 6, p.
1 7.
rapportée
RAYMO ND
404406.
S.
V.
Mironenko, Gregori L.
Friz
, Fondy Gosudarstvennogo arxiva Rossijskoj Federacii po istorii Rossii
Moskva, B lagovest, 1 994, p.
1 901 91 .
http: //archivesautonomies. org/IMG/pdf/antimilitarisme/1 41 8 /crri/appeldeputes. pdf.
L’ appel du Soviet est présenté sous un titre modifié :
« Appel du Comité des députés ouvriers et
soldats de Russie aux prolétaires de tous les pays ».
21 .
Émile
(1
22.
re
Pouget
éd.
et
Émile
Paris, 1 909), p.
Comment nous ferons la Révolution,
Pataud,
Paris,
S yllepse,
1 995
8 48 5 .
« Au conseil national du Parti socialiste – La bataille de S tockholm »,
L’Écho de Paris,
Paris,
28 mai 1 91 7.
23 .
« Cahier
octobre
des
procèsverbaux
1 91 8 »,
.
25
.
26.
des
séances
1 4AS /205 /B .
du
« Aux
Comité
de
camarades
défense
délégués
syndicaliste,
La Tranchée républicaine,
octobre
du ‘‘ S oviet’’ »,
Rapport du Comité de défense syndicaliste de France,
reproduit dans
24
IFHS
11
1 91 6
–
août 1 91 7,
Paris, novembre 1 91 7.
Paris, 8 août 1 91 7.
Rapport du Comité de défense syndicaliste.
« La manifestation de
L'Humanité,
tionale,
la Ligue
des
droits
de
l’ homme
en l’ honneur de
Paris,
11
avril
Paris 1 91 41 91 9,
1 91 7.
Paris,
Cf.
JeanLouis
B esançon,
Les
Les ouvriers, la patrie et la révolution :
Robert,
B elles
la Révolution russe »,
Action socialiste nationale et interna
Paris, 2 avril 1 91 7 ; « L’ action des partis ? »,
Lettres,
Presses
Univ.
FrancheComté,
1 995 ;
p 1 1 5 , 1 20.
27.
« Le
meeting de
l’ avenue
JeanJaurès
1
er
avril 1 91 7
– Une
réception magnifique »,
Rapport
du Comité de défense syndicaliste.
28 .
« À la B ourse du travail »,
Le Matin,
Paris, 1 7 j uin 1 91 7.
Maîtres et Valets – Lettre ouverte – Le
Comité de défense syndicaliste à l’Union des syndicats de la Seine,
brochure,
s. d.
Péricat voit
dans l’ expulsion la main de Clemenceau, alors qu’ il s’ agissait de celle du ministre de l’ Intérieur
Malvy,
celuilà
l’ Union sacrée
Guerre,
29.
même
qui
avait
en août 1 91 4
convaincu
(JeanYves
Le
les
Paris, Hachette Littératures, 2007, p.
Rubrique « Convocations S yndicats »,
maij uin 1 91 7, voir Robert,
dirigeants
Naour,
Paris, 4 et 1 1
31 .
Raymond Péricat, « L’ attelage confédéral »,
3 2.
« Un
33.
s. d. ,
« Rapport Guilbeaux
3 4.
Rémi Adam,
3 5.
JeanYves
IFHS
sur la situation
rallier
La Vérité,
La Plèbe,
o
Paris, n
1 4AS /205 /A/1 .
p.
1 23 1 42.
Paris, 1 5
1, 13
mars 1 91 7.
avril 1 91 8 .
« Intelligences
avec
l’ ennemi »,
Le
intérieure
en
France »,
1 91 7, la Révolte des soldats russes en France,
Le
Naour,
L’affaire Malvy,
un certain nombre
Ducoulombier,
o
n
p.
1 9023 6.
44 – 1 963 , p.
d’ erreurs
« Révolution 1 91 8
ANR PAPRIK@2F,
coupure
de
presse
extraite
de
La
mars 1 91 9, FHS 1 4AS /205 /A/1 .
Brion , Le Mouvement social,
Malgré
1,
de
Paris, 29 mai 1 91 8 .
Démocratie nouvelle,
3 6.
p.
cégétistes
août 1 91 7. S ur les grèves de
Les ouvriers, la patrie et la révolution,
Raymond Péricat, « La Leçon de ClermontFerrand »,
mandat d’ amener »,
et
95 ).
L’Humanité,
3 0.
Matin ,
socialistes
L’affaire Malvy, Le Dreyfus de la Grande
:
9 avril 201 4 [en ligne :
Pantin, Les B ons Caractères, 2007.
Kriegel,
Procès de guerre – procès
9799.
factuelles
mythe
Annie
et une
et réalités
analyse
de
parfois
l’ influence
discutable,
bolchevique
voir Romain
en France »,
http: //anrpaprika. hypotheses. org/1 93 6] .
1 24
ÉRIC AUNOB LE
3 7.
Voir la lettre anonyme du 8 décembre 1 91 7 qui évoque « le risque de recevoir par ricochet
3 8.
Sur le
quelques balles isolées » suite à l’ affaire du
Bonnet Rouge.
Maitron en ligne (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier) ,
voir les notices
de : Brion Hélène, Rose, Louise ; Faure Sébastien [Faure Auguste, Louis, Sébastien, dit] [Dic
tionnaire des anarchistes] ; Mauricius (Vandamme Maurice, Frédéric, Justin, dit) [Dictionnaire
des anarchistes] .
3 9.
« La propagande défaitiste – Lettre de Péricat au lieutenant Gazier »,
La Presse,
Paris, 5 j uin
1 91 8. « Un mandat d’ amener », s. d. , p. 1 4, IFHS 1 4AS/205 /A/1 .
40.
« Informations j udiciaires »,
Populaire de Paris,
41 .
L’Écho de Paris,
22 j uin 1 91 8. « L’ Affaire CalzanCuminal »,
23 avril 1 91 8. « Péricat malade »,
L’Humanité,
« Au congrès confédéral – L’ orientation nouvelle de la C. G. T. »,
1 91 8. Maitron et Chambelland (éd. ),
Le
Paris, 22 septembre 1 91 8.
Le Populaire,
Paris, 1 7 j uillet
Syndicalisme révolutionnaire et communisme,
p. 25 0
264. À lire les papiers de Péricat, Monatte et Rosmer sont confondus dans la même haine que
Dumoulin, Merrheim et Jouhaux.
Le Matin,
42.
« Une délégation de la C. G. T. à la présidence du conseil »,
43 .
« Le parti socialiste et la démobilisation – Une réunion de la fédération de la Seine »,
Paris, 1 3 j anvier 1 91 9. « Un meeting mouvementé »,
Les Libertaires français,
Le Figaro,
Paris, 1 4 novembre 1 91 8.
Le Matin,
Paris, 1 3 j anvier 1 91 9.
44.
Voir Berthet,
45 .
Guillaume Davranche, « Juin 1 91 9 : Les ‘‘ manitous’’ de la CGT sabotent la révolution »,
native Libertaire,
communisme,
46.
Éric Aunoble,
déj à cité.
j uin 2009. Maitron et Chambelland (éd. ),
p. 265 272.
« Le communisme tout de suite ! » le mouvement des communes en Ukraine
soviétique (19191920),
Paris, Les Nuits Rouges, 2008.
47.
« La révolution Russe », s. d. (c. 1 95 0), IFHS 1 4AS/205 /A/1 .
48.
Raymond
Péricat,
« L’ action
du
Comité
de
défense
1 0 novembre 1 93 2. Brouillon de réponse à Bellengier, 1
49.
Péricat découpe un article de
de
Alter
Syndicalisme révolutionnaire et
L’Humanité
La Révolution prolétarienne de
er
syndicaliste »,
L’Humanité,
Paris,
novembre 1 93 2, IFHS 1 4AS/205/A/1 .
qui rapporte comment Trotski condamne un article
Monatte (1
er
octobre 1 925 , IFHS 1 4AS/205 /A/1 ) et il annote
Le Mouvement ouvrier pendant la première guerre mondiale
de Rosmer d’ une plume aigre
(chemise « Rosmer », IFHS 1 4AS/205 /B).
5 0.
On trouve une lettre à Bonnefond du 2 février 1 91 8 qui parle d’ « apathie » et de « lâcheté
cruelle » des masses ouvrières (IFHS
1 4AS/205 /A/1 ) et Stéphane Sirot (« Un militant du
bâtiment. . . », p. 45 ) cite des propos de j anvier 1 91 9 sur la « classe ouvrière française, la plus
veule, la plus avachie qui soit au monde ». Néanmoins, dans son article « L’ apothéose du
crime », publié le 20 décembre 1 91 3 , Péricat s’ en prenait déj à au « bon populo », « lâche » et
« méprisable ». Aristocratisme du militant syndicaliste révolutionnaire !
51 .
« Raconte nous tes souvenirs » [1 945 ] et lettre de Samuel Bernstein (souligné dans l’ original),
c. 1 93 2, IFHS 1 4AS/205 /A/1 . Samuel Bernstein est l’ auteur de
Socialism in France,
New York, Elliot Publishing Co. , 1 93 3 .
The Beginnings of Marxian
1 25
DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT
ABSTRACT
Raymond Péricat and the Russian Revolution:
How the Last Revolutionary Syndicalist Became the First C ommunist
A building worker since he was 1 2 and later a leader of his trade union federa
tion, Raymond Péricat was a typical representative of the most radical wing of the
revolutionary syndicalism in the Cgt before 1 9 1 4. Then, he was one of a very few
trade union leaders faithful to anti patriotism, thus opposed to the war and the Union
sacrée.
To
have
Revolution,
one
an
may
insight
study
on
the
labor
archives
activists’
he
had
attitude
constituted
towards
in
order
the
to
memoirs. Thanks to it, it is possible to follow his reaction step by step :
Russian
write
his
at first, he
felt enthusiasm for the S oviets in early 1 9 1 7 and then solidarity with the persecuted
B olsheviks
F rance
in
since July.
1 91 8
His
attempt to
encountered
harsh
imitate them by radicalizing social unrest in
repression.
This
explains
why
the
Communist
party he founded in 1 9 1 9 , a year and a half before the official one, remained a tiny
leftist group.