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Éric AUNO B LE Du dernier cégétiste au premier communiste : Raymond Péricat et la Révolution russe (1917-1918) Paris, le 19 DÉCEMBRE 1950 PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS FÉDÉRATION DE LA SEINE (… ) Au camarade PÉRICAT (. . . ) Cher Camarade, C’est avec joie que nous voulons honorer ton action lors de la grande bataille politique qui se déroula en 1920, avant et pendant le Congrès de Tours, pour l’adhésion à la 3e Internationale de LÉNINE et de STALINE, pour la fondation de notre glorieux PARTI (… ), pour la fidélité inconditionnelle à l’UNION SOVIÉTIQUE pour la PAIX. L’ ho mme qui arro ndis s e me nt fo ndatio n F ranc e lo rs tio nne lle s : Il c arto ns Le à de s rare s en quinze ans , de s anné e s qui ou s uivre de s n’ ait p as 3 1 me né à vo ix la gue rre is o lé e que le du de de 2 ». c he mine me nt à de s ce la en avait o uvrie r aime rait a c o nduit de afin s o urc e s en 1 9 5 8 , p ro j e t, il no us cet de e xc e p ­ P é ric at a p o ur fo rme r la c o mme nt finale me nt On qui b o lc he viks s uj e t p age s à b ie n c e s’ est Lé nine e c ré e r un p arti c o m­ b as e re s te o uvrie r, de quatre militant e t l’ a inté gré e dans e t p o ur la ré vo lutio n s o c iale qui à fo ndé mo uve me nt j us qu’ à s a mo rt, vo ir 1 9 . te ntative dis p o s e 1 93 0 c o ntrib ué l’ avait d’ « ultra­ gauc he millie rs do nne nt no us l’ e xe mp le On il p e u ap rè s a p e rç u la ré vo lutio n rus s e de 1 9 1 7 c o mb at c o ntre une de p as du du Ko minte rn : re p ré s e ntants ave c p re miè re F ranc e . n’ avait 1 91 9, c o mp re ndre e t ré digé B ie n qu’ il re p ré s e nta p o ur il b o uquine rie c o mmunis te » , au p rinte mp s un te nte r l’ o ré e mo de s te 1 920, « P arti d’ « anarc his te » ré vo lutio n sa du p re mie r c o ngrè s est l’ o rigine d’ arc hive s de l’ his to ire . p e rdue e n F ranc e . dans le vac arme Il ne faudrait to ute fo is p as né glige r ré tro s p e c tive me nt P é ric at au mo tif que c e n’ e s t p as s o uve nirs tô t, [. . . ] maté riaux Mé mo ire s . ses p lus dans dé c e mb re me ntio nne nt c e tte de p uis de s s o n p ro p re En le ttre To urs . qualifiant P é ric at une de p uis à l’ o uve rture ic i p ré c ip ite r gro s ans . P é ric at la inte rro ge r c o lle c té c e tte qui s o it p o ur l’ e s s e ntie l s o lidaire en Raymo nd ses 77 S F IC his to rie ns munis te en de c ito ye n franç ais Le s a la un an e t de mi dé c laré , Le de re ç o it aux « son » do c ume nts c o mmunis me qui a p ré valu. qu’ il a c o ns e rvé s et à la En c o nfro ntant s e s p re s s e , on te nte ra au c o ntraire ic i de re c o ns titue r s o n p arc o urs e n p rê tant atte ntio n à la faç o n do nt il fo rmule le s rais o ns rap ide me nt le s Éric A UNO B LE , (Glo b al S tudie s de quarante faire ses e s t D o c te ur e n his to ire Ins titute c ho ix, p re miè re s / Unité de en anné e s (Ehe s s ) s ituatio n. de la vie e t c hargé de de c o urs No us re trac e ro ns do nc Raymo nd P é ric at p o ur à l' unive rs ité de Ge nè ve rus s e ) <ingirum@no o s . fr> LAREVUE RUSSE 49, 201 7, p. 1 1 1 ­1 25 . 11 2 ÉRIC AUNOBLE nous concentrer sur la période de guerre, et particulièrement sur les années 1 91 7­1 91 8 : l’ activité du militant s’ y développe de manière frénétique, au moment même où la Russie s’ embrase. Ouvrier, syndicaliste et révolutionnaire J’ ai commencé à travailler à 1 2 ans et demi [en 1 885 ] ; 1 2 heures de travail ; 20 sous par j our, travail le dimanche, la paye tous les mois. À cette époque l’ ouvrier qui ne venait pas travailler le dimanche était considéré par son patron – et, ce qui est pire, par ses camarades de travail – comme un paresseux 4 . Le ton est donné dans ces souvenirs rédigés en 1 945 : ouvrier du bâtiment, Raymond Péricat promeut une conscience de classe qui élève l’ exploité au­ dessus de lui­même et des préj ugés du commun. Cette conscience exige de prendre le risque de la lutte, aussi bien dans l’ entreprise que dans l’ espace public : à 1 5 ans, première grève et première manifestation ; puis grève du bâtiment en 1 898, grève des maçons­plâtriers en 1 906, puis des charpentiers en 1 907 ; souvent « arrêté, frappé et emprisonné » par les policiers. . . Ces péripéties lui valent « l’ attention des milieux syndicaux » et on lui propose en 1 908 le poste de secrétaire de la fédération du Bâtiment. Élu, il doit tout de suite prendre « le chemin de la Belgique, le chemin de l’ exil », car Clemenceau veut emprisonner tous les dirigeants de la Cgt suite aux violences de Draveil–Villeneuve­Saint­Georges 5 . L’ homme se trouve ainsi au centre des conflits sociaux et politiques, et il acquiert une notoriété nationale, notamment à l’ occasion de la grève générale du Bâtiment parisien en 1 91 1 . La Sûreté générale s’ intéresse à lui dans un rapport classé dans le dossier « Listes d’ anarchistes et notes sur les groupe­ ments anarchistes ». Dans les grèves, Péricat préconise « la chasse aux renards » (les « j aunes » dans le vocabulaire de l’ époque) ainsi que « l’ emploi de la violence et les actes de sabotage » pour viser « la suppression du patronat et du régime capitaliste ». Au­delà, celui qui a subi cinq ans de « Bat’ d’ Af’ » s’ en prend à l’ armée : Il faut dire aux enfants que l’ armée est l’ école du vice, leur apprendre à se révolter, à ne pas tirer sur l’ ennemi, mais sur ceux qui commandent 6 . Péricat « anarchiste », comme le classe la police ? On ne trouve pas l’ adj ectif sous sa plume et, avant 1 91 4, il ne s’ affiche que dans les groupe­ ments syndicaux 7 . Si le militant est clairement d’ inspiration libertaire, il est avant tout syndicaliste révolutionnaire, persuadé, comme la maj orité des cégétistes, que le bouleversement social viendra du monde du travail et non des institutions politiques ou d’ une affirmation philosophique. Ce postulat radical et ouvriériste ne doit pas faire conclure à un bolchevisme latent. D’ après la police, il expliquait que, face à la répression, [la Cgt] se verrait obligée de faire comme en Russie, c’ est­à­dire de créer des groupes secrets qui feraient de la bonne besogne (… ) d’ action directe. 11 3 DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT S on positionnement « ultra » dans le syndicalisme le poussait plus facile­ ment vers le terrorisme des S ocialistes­Révolutionnaires que vers le mar­ xisme des S ocial­Démocrates. Chez Péricat, l’ extrémisme politique répond à un tempérament touj ours porté à l’ exaspération. Devenu membre des directions syndicales fédérale et confédérale, il laisse son caractère colérique, qui s'exprime moins dans la rue, se retourner contre ses camarades. Il conçoit de l’ aigreur de n’ avoir pas été réélu en 1 91 2 à la tête de sa fédération et, en 1 91 4, son intervention à la confé­ rence d’ un camarade genevois de passage à Paris se termine en pugilat. S elon les mots de Guillaume Davranche : Péricat (… ) s’ est montré sous un mauvais j our – confus, arrogant, autoritaire 8 . Contre la guerre À l’ été 1 91 4, quand la direction de la Cgt se rallie à l’ Union sacrée, Péricat est l’ un des premiers à marquer son opposition. Abasourdi par ce reniement, l’ antimilitariste se met néanmoins à disposition de l’ autorité militaire dès le 4 août 9 . On m’ a reproché, (… ) quoique antipatriote, d’ avoir rej oint mon corps le quatrième j our. Oui ! Je le reconnais : j ’ ai cédé à l’ instinct de conservation, mais sitôt arrivé dans la participant au crime tranchée, 10 j ’ ai compris la faute que je commettais en . Péricat est dans l’ active j usqu’ en octobre 1 91 4, surveillé par les officiers et tourmenté par une santé d’ ouvrier du bâtiment de 41 ans. . . Après son renvoi dans ses foyers, son activité subversive lui vaut une arrestation puis une nou­ velle période de mobilisation à l’ arrière en j anvier­février 1 91 6. Gravement malade, il n’ est définitivement réformé que le 23 j uin 1 91 6 11 . Il peut dès lors rej oindre pleinement le Comité pour la Reprise des Relations Internationales (CRRI), constitué autour du groupe de la V ie Ou vrière 12 . Ces « minoritaires » rencontrent le petit groupe d’ exilés social­démocrates russes (dont Trotski) qui éditent le j ournal Na ch e Slo vo 13 . Grâce aux mouchards de la police, on sait que Trotski et Péricat sont intervenus l’ un après l’ autre à la réunion du CRRI du 1 4 août 1 91 6 devant 70 personnes : TROTZKY développe de nouveau ce qu’ il assure être de la pure pensée socia­ liste internationaliste, c’ est­à­dire que les véritables internationalistes doivent se dégager de tout point de vue national dans cette guerre, œuvre du capitalisme, pour laquelle on ne saurait distinguer entre pays agresseur et pays agressé. PÉRICAT se proclame internationaliste intransigeant. « Comité » au point de vue pratique et réclame de Il critique l’ inaction du celui­ci une action plus énergique contre tous les politiciens du socialisme et du syndicalisme, et contre tous les traîtres à la cause de la paix, Charles ALB ERT et de Jean GRAVE 14 . fussent­ils anarchistes à la façon de 11 4 ÉRIC AUNOBLE S’ ils occupent tous deux la position la plus à gauche du comité, leurs points de vue diffèrent. Dans un raisonnement géopolitique, Trotski veut dé­ montrer l’ inanité du pacifisme de demi­mesures défendu par la maj orité du CRRI. L’ horizon de Péricat est plus prosaïque, et il s’ inquiète surtout de l’ inertie du comité sur le terrain. De plus, touj ours vindicatif, il s’ en prend aux « traîtres ». « Ce pauvre Péricat, avec son caractère 1 5 » s’ aliène soutiens et sympathies. D’ ailleurs, malgré la proximité politique, il ne se lie pas durable­ ment à Trotski, contrairement à d’ autres syndicalistes intransigeants comme Pierre Monatte ou Alfred Rosmer. Par contre, il s’ était rapproché de la frange anti­guerre de l’ anarchisme et avait signé l’ appel « La paix par les peuples » lancé par Sébastien Faure et ses amis au printemps 1 91 6 1 6 . En lançant le Comité de Défense Syndicaliste (CDS) en avril 1 91 6, Péricat crée un organisme débarrassé des « politiciens » et particulièrement des per­ sonnalités qu’ il ne supporte pas au sein du CRRI, comme le métallurgiste Merrheim. Il se fixe un obj ectif modeste, sinon étroit, mais un obj ectif à sa main. Le CDS a été constitué pour : 1 ° obliger la Cgt à respecter les décisions des congrès d’ avant­guerre, 2° consulter les syndicats par la voix d’ un congrès confédéral national, 3 ° obtenir dans le plus bref délai la tenue d’ une conférence internationale pour hâter l’ heure de la paix 17 . Plus qu’ en précurseur, Péricat se pose en gardien de la tradition, comme s’ il était le dernier cégétiste ayant survécu à la catastrophe d’ août 1 91 4. « Vive la révolution russe ! » La séquence qui s’ ouvre avec la révolution de Février pour se clore fin 1 91 8 est cruciale pour Péricat. Dans l’ entremêlement des événements indivi­ duels, nationaux et internationaux, elle éclaire d’ un j our cru les rapports entre la révolution russe, le mouvement ouvrier et l’ État français. Entre difficultés de communication, aveuglement, censure et autocensure, la presse française informe mal sur le bouillonnement populaire en Russie. Fin mars, Le Matin évoque le Soviet de façon biaisée en décrivant : des « comités ouvriers » (. . . ) qui tiennent chaque j our des réunions où règne le plus grand désordre et que fréquentent la populace et un certain nombre d’ anarchistes. L’ Humanité, dévouée à l’ Union sacrée, n’ expliquera le fonctionnement du Soviet que le 29 j uin 1 8 . Dans un communiqué du 5 avril, la Cgt adresse néanmoins son salut « au conseil des ouvriers russes » et souhaite [l’ avènement] de la République sociale libérant politiquement et économique­ ment les travailleurs russes [dans le cadre d’ ] une révolution russe qui n’ est pas à son terme définitif [et] doit soulever dans le peuple allemand des aspirations fécondes. 11 5 DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT Si l’ espoir d’ une contagion subversive touchant exclusivement l’ Alle­ magne fleure l’ Union sacrée, les autres formulations dénotent un infléchisse­ ment du discours de la maj orité confédérale. Comment les militants pouvaient­ils dès lors être mieux informés que les j ournaux ? Les archives de Péricat recèlent un ensemble de textes recopiés, datés de S tockholm à l’ été 1 91 7 et qui sont extraits du B ulletin du départe­ ment des relations internationales du S oviet. L’ organisme, créé le 20 mars, possède « son commissaire à l’ agence télégraphique de Petrograd, lequel transmettra (… ) à la presse internationale des informations sur l’ activité et la mise en place du S oviet », il a le droit d’ instituer « une agence opérationnelle à S tockholm », de correspondre avec n’ importe quelles personnes, organisations l’ étranger (… ) hors de la censure habituelle 19 ou institutions situées à . Le S oviet s’ arroge des prérogatives d’ État et il crée ainsi un espace de liberté pour les militants de gauche des pays belligérants. Paradoxalement, ce S oviet « conciliateur » qui soutient le Gouvernement provisoire à Petrograd devient une force subversive à Paris. L’ « Appel aux peuples du monde entier », signé du menchevik défensiste Tchkhéidzé, prend valeur de brûlot pacifiste quand le Comité pour la Reprise Internationales l’ imprime au verso de son tract du 1 er des Relations Mai. Le CRRI proclame de son côté : Grâce à nos camarades russes, le 1 er Mai sera, cette année, ce qu’ il n’ a j amais été : la fête libre et publique de plusieurs millions d’ êtres humains. et de conclure : À bas l’ Union prolétariat ! S acrée Vive Internationale ! 20 la ! la Guerre Révolution À bas Russe ! Vive ! l’ action Vive la internationale Révolution du S ociale . L’ engouement des internationalistes français pour le S oviet renvoie aussi à leurs représentations de la société de l’ avenir. Les syndicalistes révolution­ naires imaginaient que « les attributions dont s’ était paré l’ État allaient revenir aux fédérations corporatives de syndicats de même profession et à la Confédération » des syndicats les usines et fédérés 21 . Ces S oviets, créés à partir d’ élections dans localement et nationalement, semblent familiers aux militants français. Ils répondent également à un désir plus large de démocrati­ sation. Alors qu’ un socialiste d’ Union sacrée décrit à ses camarades la Russie où on trouve « sur tout le front d[es] organismes électifs », on lui crie « C’ est ce qui crépitent manque 22 ». chez nous » et « les applaudissements minoritaires 11 6 ÉRIC AUNOB LE « Bravo les maximalistes » B ien avant Octobre, les S oviets deviennent un repère, voire un idéal. En mai, le Comité de défense syndicaliste a décidé de délégué [sic] le camarade Péricat à S tockholm et à Petrograd pour y représenter la minorité syndicaliste française à la Conférence Zimmerwaldienne [ du nom o p p o sés 1 91 5 à de la la p rem ière gu erre, ten u e co n f éren ce da n s le ra ssem b la n t villa ge su isse de des so cia listes Zim m erwa ld en eu ro p éen s sep tem b re ] et auprès du Comité des ouvriers et soldats de Russie. En août, en tant que secrétaire du CDS , Péricat contacte directement les représentants du S oviet de passage à Paris pour faire valoir le droit des mino­ ritaires de participer à la conférence socialiste touj ours prévue à S tockholm 23 . Cette conférence n’ aura pas lieu, et Péricat n’ aurait pas eu plus de visa pour la Russie que pour la S uède. Il est néanmoins intéressant que Péricat s’ adresse au conseil ouvrier russe alors que celui­ci est encore sous le contrôle des so­ cialistes défensistes : en tant qu’ organisme réellement ouvrier, il lui reconnaît la légitimité qu’ il dénie à l’ État français comme aux directions socialiste et syndicaliste ralliées à l’ Union sacrée. Péricat prend position pour les bolcheviks dès qu’ ils sont réprimés en j uillet 1 91 7. Il arrive à faire publier un manifeste intitulé « La révolution russe et les syndicalistes », cosigné par un certain nombre de militants ouvriers mais aussi des anarchistes (dont S ébastien Faure) : Les récents événements de Petrograd ont été l’ occasion pour la presse gouver­ nementale russe et pour une partie de la presse française d’ attaques inquali­ fiables contre les socialistes maximalistes et anarchistes russes. (… ) Le crime de ces hommes, c’ est d’ être restés fidèles à leurs idées, à leurs convictions, à ce programme d’ action internationaliste et socialiste que d’ autres avaient acclamé 24 avec eux à Zimmerwald et à Kiental, et qui maintenant sévissent contre eux Fin novembre 1 91 7, il édite tout seul le syn dica liste de Fra n ce R a p p o rt du Co m ité de . déf en se qui porte en exergue : Une seule patrie : l’ Humanité ! Un seul ennemi : le Capitalisme ! Il y insère un petit article sur Octobre : Nous n’ avons Lénine et à pas attendu Trotski et le triomphe autres de camarades la révolution maximalistes russe notre pour affirmer sympathie à (… ). [N] ous constatons que les maximalistes russes font de la bonne besogne socialiste, nous constatons qu’ ils (… ) sauvent l’ Internationale. Nous saluons en eux le triomphe de notre idéal (… ). Lénine, Trotski, nous sommes avec vous. B ravo les maximalistes et honte aux menteurs de la Sociale. Vive la Révolution Russe Péricat loue révolutionnaire en Lénine aurait pu la fidélité pointer une socialiste pratique là où ouvriériste un 25 ! syndicaliste d’ action directe assez éloignée des canons social­démocrates. Et si le soutien est sans faille, il 11 7 DU DERNIER CÉGÉTISTE AU PREMIER COMMUNISTE : RAYMOND PÉRICAT est assez abstrait, comme si le seul lien qui existait entre bolcheviks russes et minoritaires français était la dénonciation des traîtres et des menteurs : il répète ce qu’ il expliquait au CRRI un an et demi plus tôt. La lutte dans la Cgt Si Péricat n’ a guère changé depuis l’ été 1 91 6, la situation a beaucoup évolué dans le mouvement ouvrier. Les « minoritaires » ont pris l’ offensive contre les « maj oritaires », en menant bataille entre autres sur le sens à donner aux événements de Russie. Ils s’ affirment bruyamment lors du meeting de la Ligue des droits de l’ Homme du 1 er avril 1 91 7 en l’ honneur de la Révolution russe. Après l’ helléniste Victor Bérard et l’ historien de la révolution française Alphonse Aulard, le ministre socialiste belge en exil Émile Vandervelde est accueilli par « l’ invective et les sifflets à roulette ». Plusieurs j ournaux socialistes relatent l’ incident mais aucun n’ explique ni le pourquoi de ces « manifestations scandaleuses », ni les idées des « pauvres insensés 26 » qui les ont provoquées. Péricat se félicitera de la « réception magnifique » faite aux « bourreurs de crâne », mais considéré à la Cgt comme responsable du désordre, il est infor­ mé en septembre du vote d’ un « blâme aux perturbateurs » et ce à la demande de Ferdinand Buisson, le président de la LDH 27 . Déj à en j uin, le Comité de défense syndicaliste avait été expulsé de la Bourse du travail de Paris au motif qu’ il n’ était pas une structure syndiquant des salariés 28 . Cette réaction de l’ appareil reflète la peur de voir les minoritaires gagner des positions dans l’ organisation alors que la contestation sociale reprend dans le pays. De puissantes grèves des ouvrières de l’ armement et surtout du textile (les fa­ meuses midinettes) éclatent à Paris en mai­j uin 1 91 7 et elles représentent un enj eu politique. Péricat et d’ autres minoritaires prennent la parole dans les syndicats de l’ habillement peu après 29 . Dans son esprit, infléchir le cours de la lutte des classes et changer l’ orientation de la Cgt sont un seul et même problème. Il continue à intervenir dans différents syndicats, il participe à la conférence nationale de la Cgt à Clermont­Ferrand en décembre 1 91 7 et à la Conférence syndicale interalliée de Londres en février 1 91 8. Comme la direction confédérale « maj oritaire » a gauchi son discours pour garder le pouvoir, Péricat espère naïvement : placer la maj orité en face d’ une situation claire (… ). De deux choses l’ une : ou bien la maj orité (… ) tergiversera, elle reculera devant l’ action (,. . ) ou bien elle renoncera en fait à son passé d’ action rétrograde, de collaboration gouvernementale, de collaboration à la guerre, de collaboration de classes, alors nous aurons la j oie de lutter en parfait accord, pour la Paix, pour l’ Internationale 3 0 . Dans cette lutte interne, la révolution russe forme la trame du moment même si elle n’ est pas invoquée. Dans L’Humanité du 25 décembre 1 91 7, deux titres voisinent : « La situation en Russie : Désordres à Petrograd et 11 8 ÉRIC AUNOBLE troubles en province » et « Au congrès de Clermont : La thèse des minoritaires et leurs critiques ». Au printemps, les grèves reprennent et l’ on voit Péricat faire un discours devant l’ « Imposante manifestation ouvrière (… ) des usines Renault » Populaire de Paris, semble proche, l’ attitude confédérale relève de l’ attentisme sinon sabotage 3 1 . Péricat et ses amis décident franchir le Rubicon. Le 20 mai, Temps (Le 1 6 avril 1 91 8). Dans ce contexte où la grève générale du Le annonce « Un congrès de syndicalistes minoritaires » : Sous les auspices du ‘‘ Comité de défense syndicaliste’’ , dont le secrétaire est M. Péricat (… ), un congrès d’ extrémistes minoritaires de la Confédération générale du travail doit (… ) se tenir auj ourd’ hui à Saint­Étienne. Briser l’élan révolutionnaire À peine rentré à Paris, Péricat est arrêté le 26 mai. Il est accusé de « provocation de militaires à la désobéissance » puis d’ « intelligence avec l’ ennemi ». Sur ce dernier point, on lui reproche d’ être « un des complices de Guilbeaux, le défaitiste réfugié en Suisse 32 ». Un rapport « Sur la situation intérieure en France » destiné aux bolcheviks lui sera imputé à charge. Décrivant l’ agitation dans les milieux ouvriers comme celle des « minori­ taires », le document la met en lien avec les offensives de l’ armée allemande. Concernant le secrétaire du CDS, il écrit : Le camarade Péricat m’ a fait parvenir le programme de la conférence qui va se tenir à Saint­Étienne (… ). Les frais d’ organisation lui sont parvenus et il remercie chaleureusement les camarades russes du Bureau international pour leur fraternel appui 3 3 . Jusqu’ alors, la lutte contre les « menées pacifistes » avait autorisé la censure, les perquisitions et même les arrestations. Avec les grèves et, surtout, les mutineries de 1 91 7, l’ enj eu change d’ échelle et la politique commande une répression différenciée : le patronat se voit fermement conseiller de céder aux grévistes, le commandement militaire renonce aux offensives pour le communiqué. De l’ autre côté, la j ustice militaire prononce la condamnation à mort de quelques dizaines de mutinés français alors que les soldats du corps expéditionnaire russe cantonnés à la Courtine sont réduits à coups de canon 3 4 . Du côté des civils, la lutte contre l’ ennemi intérieur, espion supposé ou pacifiste, s’ étend après l’ arrivée de Clemenceau à la présidence du conseil en novembre 1 91 7. « Le Tigre » en profite pour régler ses comptes. Il poursuit comme défaitistes tous ceux qui ne sont pas pour la guerre à outrance : l’ ancien ministre de l’ Intérieur Malvy est accusé d’ avoir fomenté les mutineries, et l’ ancien président du conseil Caillaux d’ intelligence avec l’ ennemi 3 5 . . . Dans les couloirs de la prison de la Santé, Péricat croisera ce dernier. Comme son illustre compagnon d’ infortune, Péricat est inculpé sur la base de documents 11 9 DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT fabriqués : un vrai télégramme de Guilbeaux aux bolcheviks, intercepté par les services français, a été « complété » pour les besoins de la cause 36 . Son cas dévoile un pan peu connu des « affaires » de 1 91 7­1 91 8 . Toute une série de militants opposés à la guerre ont subi des campagnes de calomnie 37 et des procès truqués : l’ institutrice pacifiste Hélène B rion, condamnée avec sursis pour défaitisme mais effectivement révoquée de l’ Instruction publique ; Péricat, « traître » finalement libéré sans explication après six mois de prison ; Sébastien Faure condamné pour « outrage à la pudeur » ; l’ anarchiste Mauricius, qualifié incidemment d’ indicateur. Et la liste n’ est pas exhaustive 38 . La prison n’ améliore pas le caractère de Péricat. Il s’ était brouillé avec S ébastien Faure qu’ il avait cru difficilement amende honorable. coupable et, De son côté, lui­même engeôlé, il sa camarade du CDS fait Paule Mondange lui écrit : Vous êtes dur, mais vous l’ avez touj ours été avec moi ; ceci sans reproche, c’ est un constat comme tant d’ autres et qui j ustifie cette crainte que j ’ ai de vous. Dur avec les autres, l’ homme a pourtant ses faiblesses. S ur les instances de son avocat, il avait signé au début de sa détention une déclaration que la presse publie : Je tiens à le dire très haut : ni de près, ni de loin, ni directement ni indirecte­ ment, j e n’ ai de rapports quelconque avec le nommé Guilbeaux. Il se la reprochera toute sa vie 39 . Les charges d’ intelligence avec l’ ennemi sont abandonnées dès la fin j uin et il est donc « remis en liberté provisoire » mais. . . « reste détenu » pour Le Populaire sur une affaire connexe : incitation à la désertion. Comme l’ écrit M. Clemenceau frappe d’ abord, on verra le dossier plus tard ! Présumé coupable devant l’ armée, Péricat est transféré à la prison militaire de Clermont­Ferrand où les gardiens le traitent comme un déserteur. À l’ automne, il est hospitalisé avec la grippe espagnole. Cela réactive la cam­ pagne pour sa libération , qui n’ est accordée qu’ après l’ Armistice. On imagine comme il est affaibli à sa sortie de prison, le 1 8 novembre 40 . Une défaite L’ ex­détenu doit non seulement panser les blessures du corps et de l’ âme, mais aussi absence. se réadapter à un monde politico­social qui a changé en son La vague de grèves du printemps en France a été étouffée par la répression, et les premiers brandons d’ une révolution européenne ont été éteints dans le sang, comme en Finlande. Entre l’ incommodité des correspon­ dances surveillées et la méfiance qui peut naître de l’ éloignement, les liens de Péricat se sont forcément distendus avec le milieu militant contre la guerre et singulièrement avec « son » CDS . 1 20 ÉRIC AUNOB LE S urtout, la Cgt s’ est « recentrée ». Deux leaders minoritaires ont rej oint la maj orité en reniant leurs ambitions révolutionnaires et pacifistes : Merrheim, que Péricat n’ a j amais apprécié, et Dumoulin, qui avait pourtant participé au congrès minoritaire de mai 1 91 8 . Péricat se sent trahi et sa rancune s’ étend à tous ceux qu’ il accuse rétrospectivement de complaisance à l’ égard des trans­ fuges, à savoir Rosmer et Monatte, pourtant fidèles à la minorité 41 . En même temps, il doit en partie sa libération à ce recentrage. Le communiqué de la Cgt après l’ audience chez Clemenceau le 1 3 novembre est très clair sur le partena­ riat social qui s’ ébauche : [La délégation] situation l’ a entretenu particulière condamnés des de la militants à l’ occasion des question ouvriers mouvements générale relevés de l’ amnistie d’ usines, revendicatifs. (… ) et de poursuivis Le la ou président du conseil a fait part à la délégation de ses préoccupations d’ ordre social, l’ assurant qu’ il était très disposé à donner au travail et aux organisations syndicales les plus larges satisfactions économique et sociale 42 et toute la place qui leur revient dans l’ activité . Le portrait de Péricat s’ étale à la une de la revue novembre 1 91 8 , mais son heure est passée. Les Hommes du Jour de Même s’ il continue de militer pour une révolution ouvrière en France, il s’ enferme dans le rôle de trublion comme lors de la conférence socialiste du 1 2 j anvier 1 91 9 : ­ Vive Lénine ! Vive Trotzky ! Vive Liebknecht ! Crie­t­on sur quelques bancs. (… ) Le citoyen partisans, extrême plus Péricat bruyants violence, escalade que flétrissant la tribune nombreux l’ attitude (… ) du aux Il applaudissements prononça bureau de la un de discours C. G. T. , qu’ il ses d’ une accusa d’ avoir trahi les intérêts de la classe ouvrière, engageant le peuple à faire à son tour, comme en Russie, la révolution sociale. S es provocations, ses appels à l’ insurrection furent acclamés par l’ auditoire, et la réunion fut levée dans le plus grand tumulte S on parti intéressant horizons « vieilles 43 . communiste, comme (syndicalistes, maisons » lancé tentative de trois anarchistes, S FIO ou mois réunir CGT des plus tard, est un révolutionnaires socialistes) s’ amendent sans 44 . plus Mais phénomène de différents attendre la que les marginalisation rapide du nouveau groupement – « gauchiste » au sens de Lénine – montre qu’ il répond peut­être à l’ impatience de certains militants mais pas à la situation politique et sociale en France. S ur cette grande scène­là, l’ histoire se répète : en j uin 1 91 9 éclate une nouvelle série de grèves radicales ; la direction de la Cgt temporise puis étouffe le mouvement ; l’ opposition syndicale, dé­ sormais sous la direction de Monatte, s’ affirme au congrès de Lyon en décembre ; en mai suivant, Monatte est arrêté pour complot communiste et passera dix mois en prison Péricat est déj à 45 . hors­j eu. Lui­même arrête ses Mémoires prononcé par Lénine en mars 1 91 9 : Après cette citation (. . . ), à quoi bon continuer cette narration ? à l’ éloge DU DERNIER CÉGÉTISTE AU PREMIER COMMUNISTE : RAYMOND PÉRICAT 1 21 Alors, comment qualifier Péricat ? D’ anarchiste ? D’ ultra­gauche ? Il faut plutôt tenter de comprendre la dynamique de son parcours tel qu’ il a été modifié par la révolution russe. Dans cette dernière, Péricat a vu d’ abord l’ édification d’ un pouvoir ouvrier partant du lieu de travail. La notion de Soviet lui semble tellement importante que son « Parti communiste » dénom­ mera ainsi ses sections locales. Si Péricat a ainsi tendance à confondre ins­ tance sociale et organisation politique, cela correspond assez au bolchevisme de l’ année 1 91 7 (celui de L’État et la Révolution ), mais aussi aux pratiques révolutionnaires qui peuvent continuer sous l’ étiquette communiste 46 . Quant au parti de Lénine en tant que tel, Péricat lui voit trois indéniables qualités. D’ abord, il est resté fidèle au « programme d’ action internationa­ liste ». Ensuite, il a accompli « de la bonne besogne socialiste » en octobre 1 91 7 en s’ appuyant sur les Soviets. Enfin, Péricat soutient les bolcheviks dans la guerre civile, ce qui le sépare vraiment des anarchistes. Les anarchistes, dont un grand nombre avaient dès son début saluer [sic] la Révolution Russe s’ en détachèrent (… ). Les libertaires organisèrent un grand meeting rue Grange aux Belles. Sébastien Faure y pris la parole, il reprocha à la Révolution d’ avoir créé une armée. Après lui, Raymond Péricat monta à la tribune et s’ attaqua à la thèse anarchiste. Il expliqua qu’ une révolution sans armée pour l’ étayer et la défendre était par avance condamnée à mort (… ). Sans armée, la Révolution française était condamnée à mort 47 . Péricat simplifiait beaucoup la position anarchiste. Néanmoins, son choix d’ être solidaire avec les bolcheviks est cohérent : comme une revanche sur l’ impuissance qu’ il n’ a cessé de ressentir depuis août 1 91 4, il apprécie chez eux non seulement d’ avoir des idées mais surtout de s’ être donné les moyens de les faire triompher. Enfin son choix est réfléchi : il a côtoyé suffisamment d’ anarchistes, y compris au CDS, pour ne pas être probolchevique par conformisme. Le « communisme » de Péricat n’ est certes pas orthodoxe, sauf qu’ il faut rappeler qu’ en 1 91 7­1 91 9 aucun dogme n’ a encore été fixé. En tout cas, Péricat s’ attache dorénavant à ce terme. Après son « Parti », il soutient en 1 920 la création d’ une éphémère scission révolutionnaire de la Cgt, la Confédération des Travailleurs du Monde. Il en conservera précieusement le logo dans ses archives : sur fond de globe terrestre, une allégorie féminine debout sur les ruines du vieux monde tient un flambeau où est inscrit « Komunismo » en esperanto. La question est plutôt de savoir ce qu’ allaient devenir le communisme et incidemment Péricat. On le retrouve au Parti communiste au début des années 1 93 0 en pleine orientation « classe contre classe », et L’Humanité lui donne la plume pour dénoncer « La trahison socialo­réformiste de 1 4 à 1 8 ». Pourtant sa correspondance privée montre qu’ il n’ était pas dupe, en particulier du passé d’ Union sacrée de Cachin, un des dirigeants du PC 48 . Mais quel choix avait­il ? Il s’ est éloigné de l’ anarchisme sans retour. Aller vers le trotskisme ? 1 22 ÉRIC AUNO B LE S o n inimitié p e rs is tante p o ur Mo natte e t Ro s me r l’ e n e mp ê c he 49 . P ar c o ntre , s o n adhé s io n re no uve lé e à la C gt­ U p uis à la C gt le maintie nt dans l’ o rb ite du P C F, e t j us qu’ à ses de rnie rs j o urs il é c rit p o ur la fe uille s yndic ale l’ Écho des Vieux. L’ ho mme a s ans do ute tro uvé ses limite s 50 p e rte de c o nfianc e dans la c las s e o uvriè re d’ une 1 91 4. qui ré p re s s io n d’ État s ans c o mmune en , 1 91 8 . P lus qu’ une é ve ntue lle il s ’ agit de l’ e xp é rie nc e c o nc rè te me s ure ave c c e lle qui s é vis s ait avant Malgré to ut, o b ligé de gagne r s o n p ain j us qu’ à un âge avanc é , l’ ho mme e nte ndait mé ritait « marc he r l’ é lo ge prolétaire. de C ’ e s t le to uj o urs l’ his to rie n dro it s ur amé ric ain la ro ute S amue l me ille ur c o mp lime nt que je de [ l’ ] idé al B e rns te in p e ux te : « 51 do nne r c o mmun » , Tu es un vrai ». NO TES 1. V. I. Lenin, Polnoe Sobranie sočinenij, t. 37 (ijulʹ 1918­mart 1919) , M. , Izdatel'stvo političeskoj literatury, 1 969 (Izd. 5 ), « Ob osnovanii kommunističeskogo internacionala », rečʹ 6­ogo marta 1 91 9 g. , p. 2. 5 1 6. Annie Kriegel, Aux origines du communisme français : contribution à l'histoire du mouvement ouvrier français, Paris, Flammarion, rééd. 1 978 (1 re éd. 1 969), p. 72­95 . Pierre B erthet, Les Libertaires français face à la révolution bolchevique en 1919 : Autour de R. Péricat et du parti communiste, Pantin, Noir et o Rouge n 29, naissance du parti communiste en France, 3. Fonds 1 4AS /205 français consultable aux d’ histoire sociale (IFHS ) remercié pour m’ en avoir 1 993 . Romain Archives Nationales sous qui en est le dépositaire. rappelé Ducoulombier, Paris, Perrin, 201 0, p. l’ existence, ainsi Camarades ! : La 1 27­1 28 , 1 5 1 , 1 8 8 . la responsabilité de l’ Institut Que Guillaume Davranche soit ici que la directrice de l’ IFHS , Marie­ Geneviève Dezès, pour m’ y avoir donné accès. 4. « Raconte nous tes souvenirs » [1 945 ] , p. 5. Anne 6. Archives S teiner, 1 , IFHS 1 4AS /205 /A/1 . Le Goût de l’émeute, Manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la « Belle Époque », nationales, F7 Montreuil, L’ Échappée, 201 2, p. 1 3 05 3 . Je remercie Pierre B outonnet 23 ­5 6. de m’ avoir communiqué ces documents. 7. Guillaume Davranche, (1909­1914) , 8. « Raconte Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre Paris, Montreuil, Libertalia/L'Insomniaque, 201 4, p. nous tes souvenirs », février 1 91 4 ; Davranche, 9. Davranche, Première 4 ; o n 61 mondiale ­ 1 995 , p. : Luquet, p. 5 08 . p. 8 7, 96. vent », L’Humanité, Paris, 1 er 3 63 , 45 8 . Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches 28 . A. 11 . S irot, « Un militant du bâtiment. . . », p. Luquet, « L’ après­midi au congrès de Lyon », 1 2. Alfred Rosmer, « Mauvais S téphane S irot, « Un militant du bâtiment dans la Raymond Péricat », 1 0. L’Humanité, 1 8 septembre 1 91 9. 28 ­3 7. Le Mouvement ouvrier pendant la première guerre mondiale, t. 2, De Zimmerwald à la Révolution russe, p. A. Trop jeunes pour mourir, Trop jeunes pour mourir, Guerre marxistes, p. Aubervilliers, éditions d’ Avron, 1 993 (1 re éd. Paris, 1 95 9), 1 95 . Le Mouvement ouvrier, t. 2, 1 3. Rosmer, 1 4. Archives nationales, F7 1 3 3 71 , « Propagande pacifiste (socialistes, C. G. T. , anarchistes), 1 91 5 ­ 1 91 8 », chemise « Les menées communiqué ces documents. p. 244­249. pacifistes ». Merci encore à Pierre B outonnet de m’ avoir D U D ERNIER C ÉGÉTIS TE AU P REMIER C O MMUNIS TE : 1 5. Remarque de Chambelland Monatte, 1 6. Merrheim, Monatte par in Dumoulin Paris, Maspero, 1 968 , p. 1 23 P ÉRIC AT Jean Maitron et Colette Les archives de Pierre 23 4. , Deuxième Lettre – Un désaccord – Nos explications, Voir Groupe des Temps Nouveaux 1 95 . Guillaume Éric Aunoble, 1 9. P. V. 1 91 7, Davranche, Paris, La Fabrique, 201 6, p. t. Putevoditel' , à la Le Mouvement ouvrier, Rosmer, guerre, le CDS sauve t. l’ honneur 2 , du 260, avril 201 6. 25 ­3 2. 1 , Leningrad, Nauka, 1 991 , p. t. 1 XIX ­ načala XX vv. , s. d. , o n Face Petrogradskij Sovet rabočiх i soldatskiх deputatov v 1 91 7 godu. Doku­ (red. ), menty i materialy. (red. ), : La Révolution russe, une histoire française – Lectures et représentations depuis Volobuev Tract, « 1 91 6 Alternative Libertaire, syndicalisme », 1 8. Paris, 5 4­62. Lettre à Hubert, 2 septembre 1 91 8 , IFHS 1 4AS /205 /A/1 . p. 20. à Syndicalisme révolutionnaire et communisme, (éd. ), CRRI, 1 91 6, p. 1 7. rapportée RAYMO ND 404­406. S. V. Mironenko, Gregori L. Friz , Fondy Gosudarstvennogo arxiva Rossijskoj Federacii po istorii Rossii Moskva, B lagovest, 1 994, p. 1 90­1 91 . http: //archivesautonomies. org/IMG/pdf/antimilitarisme/1 4­1 8 /crri/appel­deputes. pdf. L’ appel du Soviet est présenté sous un titre modifié : « Appel du Comité des députés ouvriers et soldats de Russie aux prolétaires de tous les pays ». 21 . Émile (1 22. re Pouget éd. et Émile Paris, 1 909), p. Comment nous ferons la Révolution, Pataud, Paris, S yllepse, 1 995 8 4­8 5 . « Au conseil national du Parti socialiste – La bataille de S tockholm », L’Écho de Paris, Paris, 28 mai 1 91 7. 23 . « Cahier octobre des procès­verbaux 1 91 8 », . 25 . 26. des séances 1 4AS /205 /B . du « Aux Comité de camarades défense délégués syndicaliste, La Tranchée républicaine, octobre du ‘‘ S oviet’’ », Rapport du Comité de défense syndicaliste de France, reproduit dans 24 IFHS 11 1 91 6 – août 1 91 7, Paris, novembre 1 91 7. Paris, 8 août 1 91 7. Rapport du Comité de défense syndicaliste. « La manifestation de L'Humanité, tionale, la Ligue des droits de l’ homme en l’ honneur de Paris, 11 avril Paris 1 91 4­1 91 9, 1 91 7. Paris, Cf. Jean­Louis B esançon, Les Les ouvriers, la patrie et la révolution : Robert, B elles la Révolution russe », Action socialiste nationale et interna­ Paris, 2 avril 1 91 7 ; « L’ action des partis ? », Lettres, Presses Univ. Franche­Comté, 1 995 ; p 1 1 5 , 1 20. 27. « Le meeting de l’ avenue Jean­Jaurès ­ 1 er avril 1 91 7 – Une réception magnifique », Rapport du Comité de défense syndicaliste. 28 . « À la B ourse du travail », Le Matin, Paris, 1 7 j uin 1 91 7. Maîtres et Valets – Lettre ouverte – Le Comité de défense syndicaliste à l’Union des syndicats de la Seine, brochure, s. d. Péricat voit dans l’ expulsion la main de Clemenceau, alors qu’ il s’ agissait de celle du ministre de l’ Intérieur Malvy, celui­là l’ Union sacrée Guerre, 29. même qui avait en août 1 91 4 convaincu (Jean­Yves Le les Paris, Hachette Littératures, 2007, p. Rubrique « Convocations ­ S yndicats », mai­j uin 1 91 7, voir Robert, dirigeants Naour, Paris, 4 et 1 1 31 . Raymond Péricat, « L’ attelage confédéral », 3 2. « Un 33. s. d. , « Rapport Guilbeaux 3 4. Rémi Adam, 3 5. Jean­Yves IFHS sur la situation rallier La Vérité, La Plèbe, o Paris, n 1 4AS /205 /A/1 . p. 1 23 ­1 42. Paris, 1 5 1, 13 mars 1 91 7. avril 1 91 8 . « Intelligences avec l’ ennemi », Le intérieure en France », 1 91 7, la Révolte des soldats russes en France, Le Naour, L’affaire Malvy, un certain nombre Ducoulombier, o n p. 1 90­23 6. 44 – 1 963 , p. d’ erreurs « Révolution 1 91 8 ANR PAPRIK@2F, coupure de presse extraite de La mars 1 91 9, FHS 1 4AS /205 /A/1 . Brion , Le Mouvement social, Malgré 1, de Paris, 29 mai 1 91 8 . Démocratie nouvelle, 3 6. p. cégétistes août 1 91 7. S ur les grèves de Les ouvriers, la patrie et la révolution, Raymond Péricat, « La Leçon de Clermont­Ferrand », mandat d’ amener », et 95 ). L’Humanité, 3 0. Matin , socialistes L’affaire Malvy, Le Dreyfus de la Grande : 9 avril 201 4 [en ligne : Pantin, Les B ons Caractères, 2007. Kriegel, Procès de guerre – procès 97­99. factuelles mythe Annie et une et réalités analyse de parfois l’ influence discutable, bolchevique voir Romain en France », http: //anrpaprika. hypotheses. org/1 93 6] . 1 24 ÉRIC AUNOB LE 3 7. Voir la lettre anonyme du 8 décembre 1 91 7 qui évoque « le risque de recevoir par ricochet 3 8. Sur le quelques balles isolées » suite à l’ affaire du Bonnet Rouge. Maitron en ligne (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier) , voir les notices de : Brion Hélène, Rose, Louise ; Faure Sébastien [Faure Auguste, Louis, Sébastien, dit] [Dic­ tionnaire des anarchistes] ; Mauricius (Vandamme Maurice, Frédéric, Justin, dit) [Dictionnaire des anarchistes] . 3 9. « La propagande défaitiste – Lettre de Péricat au lieutenant Gazier », La Presse, Paris, 5 j uin 1 91 8. « Un mandat d’ amener », s. d. , p. 1 4, IFHS 1 4AS/205 /A/1 . 40. « Informations j udiciaires », Populaire de Paris, 41 . L’Écho de Paris, 22 j uin 1 91 8. « L’ Affaire Calzan­Cuminal », 23 avril 1 91 8. « Péricat malade », L’Humanité, « Au congrès confédéral – L’ orientation nouvelle de la C. G. T. », 1 91 8. Maitron et Chambelland (éd. ), Le Paris, 22 septembre 1 91 8. Le Populaire, Paris, 1 7 j uillet Syndicalisme révolutionnaire et communisme, p. 25 0­ 264. À lire les papiers de Péricat, Monatte et Rosmer sont confondus dans la même haine que Dumoulin, Merrheim et Jouhaux. Le Matin, 42. « Une délégation de la C. G. T. à la présidence du conseil », 43 . « Le parti socialiste et la démobilisation – Une réunion de la fédération de la Seine », Paris, 1 3 j anvier 1 91 9. « Un meeting mouvementé », Les Libertaires français, Le Figaro, Paris, 1 4 novembre 1 91 8. Le Matin, Paris, 1 3 j anvier 1 91 9. 44. Voir Berthet, 45 . Guillaume Davranche, « Juin 1 91 9 : Les ‘‘ manitous’’ de la CGT sabotent la révolution », native Libertaire, communisme, 46. Éric Aunoble, déj à cité. j uin 2009. Maitron et Chambelland (éd. ), p. 265 ­272. « Le communisme tout de suite ! » le mouvement des communes en Ukraine soviétique (1919­1920), Paris, Les Nuits Rouges, 2008. 47. « La révolution Russe », s. d. (c. 1 95 0), IFHS 1 4AS/205 /A/1 . 48. Raymond Péricat, « L’ action du Comité de défense 1 0 novembre 1 93 2. Brouillon de réponse à Bellengier, 1 49. Péricat découpe un article de de Alter­ Syndicalisme révolutionnaire et L’Humanité La Révolution prolétarienne de er syndicaliste », L’Humanité, Paris, novembre 1 93 2, IFHS 1 4AS/205/A/1 . qui rapporte comment Trotski condamne un article Monatte (1 er octobre 1 925 , IFHS 1 4AS/205 /A/1 ) et il annote Le Mouvement ouvrier pendant la première guerre mondiale de Rosmer d’ une plume aigre (chemise « Rosmer », IFHS 1 4AS/205 /B). 5 0. On trouve une lettre à Bonnefond du 2 février 1 91 8 qui parle d’ « apathie » et de « lâcheté cruelle » des masses ouvrières (IFHS 1 4AS/205 /A/1 ) et Stéphane Sirot (« Un militant du bâtiment. . . », p. 45 ) cite des propos de j anvier 1 91 9 sur la « classe ouvrière française, la plus veule, la plus avachie qui soit au monde ». Néanmoins, dans son article « L’ apothéose du crime », publié le 20 décembre 1 91 3 , Péricat s’ en prenait déj à au « bon populo », « lâche » et « méprisable ». Aristocratisme du militant syndicaliste révolutionnaire ! 51 . « Raconte nous tes souvenirs » [1 945 ] et lettre de Samuel Bernstein (souligné dans l’ original), c. 1 93 2, IFHS 1 4AS/205 /A/1 . Samuel Bernstein est l’ auteur de Socialism in France, New York, Elliot Publishing Co. , 1 93 3 . The Beginnings of Marxian 1 25 DU DERNIER CÉGÉTIS TE AU PREMIER COMMUNIS TE : RAYMOND PÉRICAT ABSTRACT Raymond Péricat and the Russian Revolution: How the Last Revolutionary Syndicalist Became the First C ommunist A building worker since he was 1 2 and later a leader of his trade union federa­ tion, Raymond Péricat was a typical representative of the most radical wing of the revolutionary syndicalism in the Cgt before 1 9 1 4. Then, he was one of a very few trade union leaders faithful to anti­ patriotism, thus opposed to the war and the Union sacrée. To have Revolution, one an may insight study on the labor archives activists’ he had attitude constituted towards in order the to memoirs. Thanks to it, it is possible to follow his reaction step by step : Russian write his at first, he felt enthusiasm for the S oviets in early 1 9 1 7 and then solidarity with the persecuted B olsheviks F rance in since July. 1 91 8 His attempt to encountered harsh imitate them by radicalizing social unrest in repression. This explains why the Communist party he founded in 1 9 1 9 , a year and a half before the official one, remained a tiny leftist group.