L’orientation du sujet comme souci d’un espace
transgressif
Pierre Souq
To cite this version:
Pierre Souq. L’orientation du sujet comme souci d’un espace transgressif. Journées thématiques 2018
de l’Ecole Doctorale Sciences du Langage, Psychologie, Cognition, Education (SLPCE), Apr 2018,
Poitiers, France. 2019. <hal-01972686>
HAL Id: hal-01972686
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Submitted on 7 Jan 2019
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L’orientation du sujet comme souci d’un espace transgressif.
par Pierre Souq
Université Clermont Auvergne (UCA)
École doctorale des Lettres, Sciences Humaines et Sociales LSHS (ED 370)
Laboratoire Philosophies et Rationalités (PHIER)1
Journées thématiques de l’ED SLPCE – « La Transgression »
Résumé.
L’orientation est une notion quasiment absente du champ de la philosophie. Elle exprime la
disposition du sujet à tendre vers quelque chose. Dans ce sens, l’orientation exprime les
préoccupations (Besorgen) du sujet qui occupe l’espace afin d’atteindre un objet ou une
destination. Suivant la pensée de Martin Heidegger dans Être et Temps (1927), nous
questionnons cette définition en rapport à l’existence du sujet qui pourrait être transgressive.
En effet, si l’existence du sujet est indexée au temps et qu’elle consiste à aller de l’avant afin
d’y faire quelque chose, alors il faut pour avancer prendre le risque d’affronter un espace
incertain et inconnu, dont l’atteinte peut être vécu comme « transgressive ». Cette
transgression, qui consiste à aller au-delà d’une limite, ne vise pas a priori une limite physique
objectivement remarquable, mais un passage du monde dont le franchissement répond à une
préoccupation manifestant le souci (Sorge) de l’être. Ce souci, qui fait partie intégrante de la
vie, peut s’exprimer sous la forme de l’être-vers-la-mort (Sein zum Tode) où le sentiment de
finitude peut pousser le sujet à s’orienter en dépit d’une méconnaissance de l’espace objectif,
donc à se projeter (Entwerfen), voire même à chuter (Verfallen). En définitive, nous montrons
que si le sujet s’oriente dans l’espace, ce dernier ne possède pas a priori de directivité mais
constitue un ensemble de possibles qui répond au souci de l’être.
Mots-clés : orientation, espace, souci, être-vers-la-mort, existence.
Abstract.
The notion of Orientation is almost absent in philosophy. It expresses the subject’s disposition
to tend toward something. In others words, the subject’s orientation expresses his concerns
(Besorgen) which occupy space in order to reach an object or a destination. Following Martin
Heidegger’s Being and Time (1927), we interrogate this meaning related to the subject’s
existence which could be transgressive. Indeed, if the subject’s existence is conditioned by
time and it necessitates going further to do something, then it implies the risk for the subject
to face an uncertain and unknown space which can be lived as transgressive. This
transgression, which consists to go beyond a limit, does not target a priori an objectively
remarkable physical limit, but a passing into the world where the reaching corresponds to a
concern manifesting from the “care” of the Being (Sorge). This care, which belongs to life,
can be expressed by the being-towards-death where the feeling of finitude can impel the
subject’s orientation, although he doesn’t know the objective space well enough, as well as
his “projection” (Entwurf), and even his “falling” (Verfallen). Finally, we think that if the
subject orients himself into space, then it must not have a direction a priori, but a set of
possibilities which belong to the care of the Being.
Keywords: orientation, space, care, being-toward-death, existence.
1
Inscrit à l’Université de Poitiers au moment de la communication dans le cadre des journées thématiques de
l’ED SLPCE, sous la direction de Philippe Grosos (MAPP).
1
Notre travail de thèse s’inscrit dans le cadre du laboratoire de Métaphysique
Allemande et Philosophie Pratique (MAPP) de Poitiers et porte sur la notion d’Orientation,
qui est quasiment absente en philosophie2, alors même qu’elle imprègne d’autres disciplines –
la géographie (l’orientation en rapport à une carte), les sciences physiques (l’orientation d’un
mobile), la psychologie ou la médecine (l’orientation sexuelle ou la désorientation en tant que
pathologie), les sciences de l’éducation (l’orientation scolaire), la littérature (si nous faisons
un peu diverger la notion vers l’orientalisme), ou la religion (dans son rapport symbolique à
l’Orient).
En rapport au thème de la transgression, le sens commun nous amène à questionner
l’orientation soit dans son rapport au social, soit sous un angle psychologique. Dans le
premier cas, un ouvrage comme celui d’André Gorz (Capitalisme, socialisme, écologie :
Désorientations, orientations, 1991) montre que la société capitaliste est transgressive dans le
sens où elle repousse les valeurs traditionnelles de l’Homme social et le désoriente,
conformément à une pensée marxiste. De façon plus contemporaine, Bernard Stiegler dans la
Technique et le temps, notamment le tome 2 (La Technique et le temps, Tome 2 : La
Désorientation, 1996), montre comment l’évolution technique dont le fond est mécaniste
répond à un besoin humain dont la nature est profondément désorientée. Dans ce sens, la faute
originelle de Prométhée, qui vise à voler le feu sacré des Dieux pour secourir les Hommes,
rappelle que la technique est profondément transgressive puisque sa puissance dépasse
l’humain et que l’orientation qu’elle donne à la vie dérange. Dans le second cas, qui nous
intéresse plus, le travail du psychiatre suisse Léon Binswanger, à partir de sa conférence de
1932, « Das Raumproblem in der Psychopathologie » (Le problème de l’espace en
psychopathologie, 1999), questionne la perception de l’espace à partir de sa lecture d’Être et
temps (1927) de Martin Heidegger. Non seulement il montre qu’il existe une orientation de
l’existence qui est spatiale (critique formulée à l’adresse d’Heidegger aussi par Didier Frank
dans Heidegger et le problème de l’espace, 1986), mais que cet espace ne possède pas
nécessairement de directivité, ce qu’il appelle une orientation selon « l’espace thymique ».
Sans s’attacher à ce dernier concept, nous souhaitons reprendre cette critique en revenant à la
pensée de Martin Heidegger.
D’une façon générale, le travail le plus emblématique est celui de Kant en 1786 avec Que signifie s’orienter
dans la pensée ? De façon contemporaine, Karl Jaspers a publié en 1989, Philosophie : orientation dans le
monde, éclairement de l'existence, métaphysique, Pierre Macherey S’orienter en 2017 et le philosophe allemand
Werner Stegmaier a fait de l’orientation une philosophie au sens large.
2
2
D’une façon générale, s’orienter de façon « transgressive » pourrait signifier : trouver
un moyen permettant de franchir un espace compris comme une zone interdite. Par exemple,
si je joue au ballon dans mon jardin, que le ballon atterrit dans l’espace de mon voisin, et que
je décide d’y pénétrer sans lui demander l’autorisation, je transgresse sa propriété privée, acte
qui est d’ailleurs encadré par la loi, puisqu’il s’agit d’une « violation de domicile »3. Aussi,
parce que la limite entre ma propriété privée et celle de mon voisin est reconnue comme un
espace infranchissable, dans le sens du droit commun, qui interdit de le faire, tout acte visant à
la franchir, comprend des motifs qui ne sont pas « normales » ou « ordinaires », du moins qui
sont orientés de façon « non-ordinaire », puisqu’ils s’expriment dans le réel de façon
transgressive. En effet, lorsque je m’oriente dans le monde tout en sachant que mon acte est
transgressif, il semblerait que je m’y oriente de façon inhabituelle ou encore avec un
sentiment d’étrangeté. Mes comportements ne sont pas les mêmes, j’éprouve une certain
crainte, j’ai peur d’être découvert, c’est-à-dire d’être vu dans le monde physique alors même
que je transgresse quelque chose – un espace –, dont la signification me paraît transgressive.
S’orienter dans un espace transgressif donc, ce n’est a priori pas la même chose que s’orienter
dans un espace ordinaire : le premier est étrange, rarement occupé par moi, souvent compris
comme un lieu de passage, et là où je dois faire quelque chose de vite pour ne pas être vu ; le
second est plus familier, j’y habite, c’est mon chez-moi, a priori je m’y sens bien4.
Aussi, et il s’agit d’une seconde précision définitionnelle, au-delà de l’orientation
géographique, c’est-à-dire de celle du sujet qui est physiquement visible et qui s’exprime dans
le passage d’une zone autorisée à une autre interdite, il y a des motifs subjectifs et sousjacents au sujet qui orientent son action. Dans mon acte qui vise à récupérer le ballon dans
l’espace de mon voisin, je peux m’orienter en effet au moins de deux façons. Il y a d’abord
l’orientation géographique ou sensible, qui est celle de mon corps dans l’espace physique et
qui perçoit des repères a priori extérieurs à moi. Il y a ensuite l’orientation de mon action qui
est déterminée par des mobiles ou encore des intentions invisibles, lesquels s’expriment plutôt
à l’intérieur de moi. Et dans ce sens, une même orientation physique peut donner lieu à
3
La violation de domicile est un délit qui consiste à s'introduire ou tenter de s'introduire dans le domicile d'autrui
contre le gré de celui-ci. Deux articles du Code pénal sanctionnent la violation de domicile : i) l'article 226-4 : si
une personne privée s'introduit ou se maintient dans votre domicile sans votre consentement par manœuvres,
menaces, voies de fait ou contrainte ; ii) l'article 432-8 : si une personne dépositaire de l'autorité publique ou
chargée d'une mission de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou
de sa mission, s'introduit ou tente de s'introduire dans votre domicile.
4
Chez Martin Heidegger, le Grundbefindlichkeit marque le sentiment de peur que le sujet peut éprouver en
situation et qui a trait à son rapport au monde existentiel. De façon plus contemporaine, Bernhard Waldenfels se
concentre sur une « phénoménologie de l’étranger ».
3
différentes orientations internes : je peux par exemple vouloir m’orienter avec discrétion dans
le jardin de mon voisin, ce qui est visible, soit que je veuille récupérer mon ballon sans me
faire voir, de peur de me faire réprimander, soit que je veuille surprendre mon voisin que j’ai
aperçu dans le jardin pour m’amuser, c’est-à-dire selon des motifs différents. De plus, si je
transgresse la limite du jardin de mon voisin, je ne le fais pas nécessairement « pour »
transgresser une zone interdite, mais tout simplement, peut-être, parce que je suis préoccupé
seulement par mon ballon qui a une valeur importante. Dans ce sens, si je m’autorise à
transgresser une zone interdite, c’est bien parce que le « sens » de mon ballon me paraît plus
important que le strict respect de la propriété du voisin. Aussi, si mon action semble surtout
orientée par la récupération d’un objet qui se trouve dans une zone « interdite », cela ne veut
pas dire que sa valeur transgressive n’a pas de sens en tant que telle, puisqu’au contraire, c’est
en connaissance de cause que je vais m’y déplacer un moment, le simple fait de savoir qu’il
s’agit d’une zone interdite, modifiant mon comportement et mon orientation dans l’espace.
Mais simplement, ce n’est pas le sens de la transgression qui va d’abord primer dans
l’orientation de mon mouvement, mais bien celui de mon ballon, dont l’accaparation me
paraît plus importante. Il semble donc que s’orienter dans un espace peut dépendre de
plusieurs mobiles qui dessinent un réseau d’intentions dont les valeurs peuvent être
différentes, voire même s’opposer : ces intentions s’entrechoquent, elles se rencontrent, elles
évoluent ensemble, s’opposent ou disparaissent, mais dans tous les cas elles orientent toutes
ensemble l’action de mon corps qui elle, ne peut être qu’unique dans le monde réel, puisque
mon corps n’occupe qu’une seule place dans l’espace concret5. Ainsi, dans mon exemple,
l’orientation de mes actes n’est pas tant déterminée par la transgression de l’espace de mon
voisin, que par la possibilité que j’ai de récupérer mon ballon ; et, c’est bien cette possibilité
qui va déterminer la façon de percevoir l’espace et donc de m’y orienter. Deux conséquences
importantes. Tout d’abord, et du point de vue de l’expérience, il semblerait que le sens d’un
espace transgressif ne dépende pas tant de sa définition juridique, ou formelle en tant
qu’espace physique clairement clôturé dans la réalité, que de la préoccupation du sujet, c’està-dire de ce qu’il veut y faire. Cela signifie que pour comprendre la transgression d’un espace
physique, c’est d’abord le rapport-au-monde du sujet qu’il faut mettre en avant dont la
structure est profondément existentielle. Deuxièmement, il ne faut peut-être pas penser
l’espace comme un espace seulement physique ou réel, possédant des directions objectives,
extérieur au sujet et indépendant de lui, mais plutôt comme un ensemble d’espaces possibles
Ce qui ne veut pas dire que le corps ne peut pas occuper d’autres espaces, comprenant l’espace sous d’autres
modalités que celle de la concrétude.
5
4
ou projetés puisque, s’il est bien possible de déterminer concrètement tel ou tel espace réel,
c’est non seulement l’intention du sujet qui le fait apparaître, mais il n’apparaît que comme
« un » espace possible parmi tant d’autres, où les directions restent à venir. Et en effet, au
moment même du s’orienter, avant donc d’agir dans un espace concret, le sujet projette
toujours différents espaces possibles en anticipant sur celui qui sera le plus à même de
répondre à ses préoccupations. Alors évidemment, cette intention n’est pas toujours
fructueuse puisqu’il est toujours possible de se perdre, de se tromper en orientation, c’est-àdire de ne pas choisir l’espace qui permettra d’atteindre l’espace – la destination – escomptée.
Continuons d’avancer à partir de notre exemple et retenons seulement deux intentions
« pures »6 susceptibles d’orienter l’action du sujet, à savoir, celle qui consiste à récupérer le
ballon, et celle qui consiste à transgresser le jardin du voisin. Il pourrait y en avoir d’autres,
par exemple impressionner ses camarades en passant la barrière, etc. Selon l’intensité de ces
intentions, le sujet ne va pas s’orienter de la même façon, et l’espace objectif qu’est le jardin
du voisin, va apparaître de façon différente. En effet, si je veux vraiment récupérer mon
ballon, quels que soient les obstacles physiques qui délimitent ou occupent la zone interdite,
je vais entrer dans le jardin. L’espace peut donc bien me paraître transgressif, puisque je sais
que je ne dois pas y aller, mais je le franchis coûte que coûte, car je veux surtout récupérer
mon ballon. Cependant, cet espace physique comporte des contraintes réelles qui peuvent
freiner mon intention, que celles-ci soient physiques (par exemple une clôture électrique ou
un chien de garde) ou morales (jusqu’où puis-je violer le domicile de mon voisin : par
exemple, vais-je aller jusqu’à monter sur le toit de sa maison ?). De plus, et au-delà de la
perception des objets physiques, le rapport transgressif à l’espace va dépendre de la relation
que j’entretiens avec mon voisin, c’est-à-dire de son degré de familiarité. Si je me sais
« familier », c’est-à-dire habitué à venir chez mon voisin, alors, la façon que je vais avoir de
percevoir son jardin, contient aussi un sens familier, où le sens de la transgression demeure
léger. Par contre, si je me sais complètement « étranger », alors la transgression de son espace
me paraît beaucoup plus intense et importante. Enfin, si ce voisin me paraît néanmoins
familier, dans le sens où je le connais de puis longtemps, mais que l’histoire de notre relation
est extrêmement négative, c’est-à-dire que je le déteste, la transgression de son espace peut
devenir une fin en soi et je peux même vouloir détruire son jardin pour me venger, le fait de
récupérer mon ballon devenant alors un prétexte à la violation de sa propriété.
L’idée est de radicaliser des intentions en les isolant pour des raisons théoriques, ce qui ne tient pas sur un plan
empirique puisqu’elles sont plurielles et en synergie.
6
5
De façon plus théorique maintenant, et en nous appuyant sur Être et temps (1927) de Martin
Heidegger, plutôt que le problème du droit ou de la loi, c’est l’existence du sujet qui importe
en tant qu’elle manifeste toujours une orientation particulière, c’est-à-dire un sens pour l’étant
qui peut s’exprimer sous la forme d’une action visible, mais aussi d’une pensée invisible, les
deux manifestant un rapport singulier au monde. Ce rapport au monde (In-der-Welt-Sein), il
signifie que l’Homme, en tant qu’être particulier (étant), existe, c’est-à-dire qu’il habite un
monde (Welt) qui lui est propre et qui lui appartient. Ce monde, il ne se réduit pas à un espace
physique ou réel, à un environnement, il s’agit plutôt d’une condition de la compréhension
(verstehen) que le sujet a de lui-même et qui lui permet de se projeter (Geworfen), d’agir,
donc de vivre, cela s’exprimant par des préoccupations (Besorgen) qu’il ressent.
L’Homme, nous dit Heidegger, est un étant parmi tant d’autres, qu’il appelle Dasein (être-là).
Un étant, c’est simplement quelque chose qui est dans le monde, cela peut être une table, une
chaise, une maison, mais l’Homme, nous dit Heidegger est un étant singulier dont la condition
est d’être-là (Dasein), c’est-à-dire d’être présent dans le monde, ou encore d’avoir une
certaine conscience de la temporalité en tant qu’elle oriente son existence et le fait vivre. Une
table n’a pas conscience d’être, l’Homme, a conscience d’être, c’est-à-dire qu’il vit dans une
temporalité qui oriente son existence vers la mort – la finitude de l’être. Alors ce temps, chez
Heidegger, et nous verrons qu’il faut comprendre l’espace de la même façon, il ne s’agit pas
d’un temps linéaire, il ne s’agit pas du temps de la physique newtonienne, il s’agit plutôt
d’une condition d’existence ayant trait à la nature même du Dasein et qui fait que nous tous,
sommes plongés dans une temporalité qui nous est propre et qui a trait à ce que Heidegger
appelle le « souci » de vivre (Sorge). Parce que nous sommes soucieux de vivre, en d’autres
termes, parce que nous avons conscience qu’à chaque instant nous pouvons mourir, alors nous
vivons par et à travers le temps, lequel oriente « en fait » (Faktizität) notre existence. En effet,
Heidegger nous dit que l’Homme est un « être-vers-la-mort » (Sein zum Tode)7, concept que
l’on trouve notamment aux §46 et §60 de Être et temps (1927), ce qui signifie que l’existence
quotidienne de l’Homme est toujours animée par cette angoisse incertaine du pouvoir-mourir,
où de chaque instant peut émerger une possibilité de disparaître8. Notre existence, nous dit
Heidegger, elle est à chaque instant orientée par la conscience plus ou moins accrue que nous
« Être-pour-la mort » selon la traduction d’Emmanuel Martineau, « Être-vers-la-mort » selon celle de François
Vézin.
8
Nous soulignons bien que ce n’est pas tant la mort du sujet en tant qu’événement réel qui compte, que sa
possibilité, laquelle est toujours projetée par le Dasein. Il y a aussi là une ouverture au « néant » (Nichtigkeit
[souvent traduit par « négativité »] ou encore Nichtigkeit [souvent traduit par « négatité »]).
7
6
avons de la finitude de notre être. Aussi, et de la même façon, je le disais tout à l’heure, ce
n’est pas tant l’espace réel qui importe que sa possibilité en matière de mouvement et
d’orientation. Parce que le sujet est amené à agir dans le monde afin de répondre à ses
préoccupations qui sont orientées par son être-vers-la-mort, il projette nécessairement des
espaces au sein desquels il doit pouvoir agir, toujours dans le souci (Sorge) de vivre. Alors,
c’est important car, finalement, selon Heidegger, l’existence humaine se définit toujours par
une myriade de possibilités d’être, bien que toutes ne puissent pas être effectives, à chaque
instant et au même moment, dans le réel ; ces possibilités sont déterminées par l’intensité des
préoccupations, qui s’expriment à travers la structure de l’étant qu’est le Dasein et qui
comprend le « souci » de vivre.
Si nous résumons : l’existence de l’Homme s’exprime sous la forme de préoccupations
(Besorgen) qui manifestent la disposition (Befindlichkeit) du sujet à vivre, c’est-à-dire à être
dans le monde (In-der-Welt-Sein) et à donner sens aux choses parce qu’il a le souci d’être
(Sorge). Le sujet est donc « naturellement » orienté vers le monde puisqu’il est dans sa nature
d’être préoccupé par les choses qui s’y trouvent, et ce, selon la disposibilité9 de son être.
Cependant, le sens des choses et des lieux à atteindre n’est pas a priori puisqu’il doit être
découvert et construit par le sujet lui-même, cela, à partir de son vécu, ou encore de ses vécus
d’expérience, lesquels déterminent son « ouverture » au monde (Erschlossenheit)10.
Revenons maintenant à quelque chose de plus concret pour mieux comprendre le problème et
retrouver le concept de « transgression ». Si tout de suite, je suis préoccupé par le monde,
c’est en raison de la nature même de mon existence, qui s’insère dans l’espace et exprime la
préoccupation que j’ai des choses. Plus précisément, tout de suite, je peux dire que je suis
préoccupé par ma présentation, que je suis désireux de rendre ma communication la plus
claire possible, afin de transmettre le sens de mes mots. Cette préoccupation, elle m’appartient,
puisqu’elle provient de moi et de mes propres vécus intentionnels. Cependant, elle est orientée
vers vous, ou plutôt, je suis orienté vers vous puisque je suis préoccupé par la clarté de ma
présentation, en d’autres termes, par la transmission de son sens. Aussi, vous, vous n’êtes pas
simplement des objets parmi tant d’autres, vous êtes, tout comme moi des Dasein, c’est-à-dire
des étants particuliers possédant une existence et une façon personnelle d’appréhender le
monde. Alors, mon rapport au monde, s’il exprime un engagement de la part de mon être qui
9
« Disposition » ou « disposibilité » au sens de « sich befinden », se trouve, à partir de Befindlichkeit.
François Vézin préfère utiliser le terme étrange d' « ouvertude ».
10
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est préoccupé par la transmission du sens de ma communication, il est conditionné par : i) une
temporalité ; ii) une spatialisation ; iii) un mit-sein, c’est-à-dire un « être-avec » en rapport à
l’autre, puisque je suis face à vous qui êtes d’autres Dasein (je ne suis pas seul au monde, ce
qui oriente nécessairement ma façon d’interagir)11.
Focalisons-nous surtout sur le problème de la spatialisation. Qu’est-ce que cela signifie
lorsque je dis que je m’oriente vers vous ?
S’orienter, constitue le « mouvement du sujet qui cherche ou veut atteindre quelque chose ».
Si je suis orienté vers vous, c’est parce que je suis préoccupé par vous et que je veux vous
atteindre. En d’autres termes, si je suis orienté vers vous, vous constituez ma destination,
c’est-à-dire le lieu que je veux visiter. Le problème, c’est que je n’ai aucune garanti du lieu à
atteindre, c’est-à-dire que je ne suis absolument pas certain de pouvoir vous toucher. Cette
phrase, il faut d’abord la prendre littéralement, en rapport à la « facticité » du monde, c’est-àdire le fait que vous soyez présents à mon être, ou encore, que vous occupiez un espace que je
projette en raison de la préoccupation que j’ai, ici et maintenant, de communiquer quelque
chose. Je ne peux pas vous toucher tous en même temps et de la même façon, en raison de
contraintes physiques, qui font qu’au regard de votre disposition et de ma place infime dans le
monde, l’espace de communication varie, mais surtout, parce que ce que je dis, exprime plus
ou moins bien ce que je pense, et que ce que vous écoutez, dépend de vos propres
préoccupations, de vos intérêts qui sont plus ou moins prononcés pour mes ancrages
théoriques et mon discours. Si je suis orienté vers vous, je ne peux pas vous forcer à être
disponible à mon discours, en d’autres termes, à vous orienter vers moi. Et si vous
réfléchissez, cela est valable physiquement et mentalement, cela comprend la totalité de votre
être. Dans un amphithéâtre, et au risque d’être caricatural, il y a des personnes qui arrivent en
avance et qui s’installent devant, ce qui montre une ouverture a priori mais importante au
discours qui va advenir. À l’inverse, des personnes arrivent en retard et s’installent tout au
fond, ou près des entrées afin de pouvoir sortir à tout moment sans être vues, ce qui montre
une « disposibilité » (Befindlichkeit) moins importante au discours, ce qui n’empêche pas la
présence d’autres préoccupations, tout aussi importantes. Je m’arrête un instant sur cet
exemple car, pour ceux qui sont orientés vers la communication et qui occupent un espace
proximal, concrètement, l’espace à l’avant de cet amphithéâtre, percevoir des personnes ne
Sur ce troisième point, c’est là la critique d’Emmanuel Levinas à l’égard d’Heidegger, notamment dans
Autrement qu’être (1974).
11
8
partageant pas la même préoccupation, peut-être faisant du bruit, discutant, s’amusant ou
même s’endormant, dans le même lieu, peut être vécu comme une transgression de l’espace.
Si nous montons tout en haut en revanche, quelqu’un qui serait là-bas tout en manifestant un
fort intérêt et qui demanderait à ceux qui bavardent de se taire, serait peut-être là aussi vécu
comme une transgression, les occupants du haut pouvant toujours orienter l’intéressé vers le
bas. La transgression ici, en rapport à l’espace, ne dépend donc pas tant de l’espace physique
que des préoccupations sous-entendues qui participent à son occupation, lesquelles définissent
des directivités et un gradient subjectif rapporté à des zones de tolérance, qui permettent de
dire si oui ou non, il y a transgression.
De plus, dans notre orientation-vers-vous, il faut bien distinguer le mouvement réel de mon
être qui tend vers vous tous, qui est factice et plus ou moins concret, de celui de mon
existence, dont l’expression n’est pas physique ou matérielle, mais exprime une projection
plus abstraite de mon être. Si je peux m’orienter vers l’un d’entre vous dans le réel et dans la
matière, et même me diriger vers lui, cette orientation physique n’est qu’une modalité
particulière de mon existence qui s’exprime dans le réel, c’est-à-dire dans un espace physique
et concret, clairement identifiable (ici l’amphithéâtre). Ici et maintenant, je peux bien
identifier l’orientation de mon corps dans l’espace physique en précisant qu’il s’agit d’une
ligne droite dont le point de départ est ce bureau, et le point d’arrivée, cette personne. De la
même façon, cette directivité existe en termes d’espace communicationnel, selon les
personnes à qui je m’adresse. Alors, si nous comprenons l’espace comme le fond sur lequel
mes préoccupations achoppent, il est possible de distinguer plusieurs types d’espace, en tant
qu’ils sont des possibilités d’être et exprime mon existence. Si je réfléchis un peu, il y a bien
d’abord cet espace physique, qui tout de suite m’est sensible, lequel et en rapport à mon corps,
à ma corporéité, à ma façon d’occuper l’espace, à mon schéma corporel. Mais en même temps,
j’occupe aussi un espace mental qui lui aussi est factice, réel, c’est-à-dire qui marque
l’ouverture de mon être-au-monde, bien qu’il paraisse plus intérieur. Lorsque j’oriente mon
esprit, par exemple tout de suite pour penser le concept de « Dasein » chez Heidegger, il ne
s’agit plus d’une orientation liée à mon corps, mais à une autre plus abstraite et mentale. Et,
tout de suite, il y a aussi peut-être un espace de communication au sein duquel nous pouvons
interagir et penser. Me concernant, cet espace de communication répond à une temporalité
bien particulière qui est celle de sa finitude dont l’événement réel (c’est-à-dire sa fin concrète)
ne va pas tarder. Dans ce sens, parce que je suis préoccupé par sa fin, mais aussi par le fait
que je veuille conclure clairement, le débit de ma parole peut changer, s’accélérer ou ralentir,
9
souligné certains mots ou au contraire en passer d’autres. Cet espace, s’il est occupé par des
bavardages, ou encore par des bruits fortuits, par exemple s’il y a des travaux dehors, disons
un marteau-piqueur, je le vis comme si d’autres choses venaient le violer et transgresser mon
occupation – mon habitat – qui est celle qui d’abord me préoccupe. Très joliment, Heidegger
écrit dans La Lettre sur l’Humanisme (1946) que le langage est la « maison de l’être » c’est-àdire qu’il occupe en permanence notre rapport au monde et aux choses. Et dans ce sens, toute
intrusion au sein de notre langage qui s’exprime dans et par le discours, peut être vécu de
façon transgressive.
Donc, cet espace au sein duquel je m’oriente, il ne faut pas le voir comme un espace
seulement physique et défini par des directions géométriques, mais comme une projection
complexe du sujet qui, de par ses préoccupations, s’oriente toujours dans un monde qui lui est
propre et qui lui appartient, lequel manifeste diverses préoccupations et des possibilités
d’existence dont la directivité est complexe et plurielle.
Pour finir, je souhaiterais précisons les rapports au transgressif. Reformulons d’abord notre
définition du « s’orienter ». S’orienter, nous l’avons dit, c’est chercher une destination à
atteindre en raison de préoccupations présentes. Dans ce sens, le « s’orienter » marque la
recherche du sujet qui veut tendre vers quelque chose, bien que ce quelque chose, ne soit pas
clairement aperçu, en raison de son absence. Lorsque je veux aller quelque part, c’est-à-dire
lorsque j’anticipe sur une destination à venir, je suis préoccupée par cette destination bien
qu’elle ne se trouve pas directement devant moi. Je suis préoccupée par elle, c’est-à-dire que
la possibilité de son atteinte a un sens pour moi, bien que je ne m’y trouve pas encore – je me
situe en deçà ou encore bien avant. Alors, si le sujet ne se trouve pas à l’endroit qui l’importe,
il doit s’orienter afin de trouver un chemin qui y mène, et ainsi prendre le risque de
déterminer une direction à suivre, de façon à passer ensuite du s’orienter à l’avancer. Ici,
disons que l’avancée, qui peut être transgressive, marque la facticité du mouvement, c’est-àdire le choix concret d’un mouvement devant permettre d’atteindre un but. L’orienter, lui,
nous l’avons dit, il renferme une myriade de possibles, et donc d’espaces susceptibles
d’apparaître12. Aussi, pourquoi donc vouloir aller quelque part ? Pourquoi tendre vers quelque
Il faut bien distinguer l’ensemble des espaces possibles que l’orienter manifeste en rapport à une
préoccupation particulière, de l’ensemble des espaces possibles dont l’advenance n’a pas du tout le même sens.
Nous avons par exemple distingué plus avant l’espace sensible, de celui de la pensée, de celui de la
communication, c’est-à-dire des espaces qui expriment des orientations de nature différente. Mais au sein même
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chose ? Pourquoi s’orienter donc ? Nous l’avons dit, il semblerait que le sujet s’oriente en
vertu de la nature même de son existence qui consiste à sortir de soi en allant dans le monde
(In-der-Welt-sein). Exister, si cela peut vouloir dire être dans la matière (c’est le sens que
donne Descartes au corps de la res extensa, la chose étendue, c’est-à-dire celle qui occupe un
espace-temps physique 13 ), cela veut aussi dire « sortir de soi », du latin exsistere : ex,
« hors de », sistere, forme dérivée de stare, « être debout ». Stare, donne stature, statue,
station. Littéralement donc, « hors de la station debout », ce qui signifie donc, soit « aller de
l’avant », soit « tomber » ou « chuter », puisqu’il s’agit de perdre la station debout. Alors,
c’est intéressant car, cet « exister », en rapport au « s’orienter », il est finalement très proche
du sens même du verbe « transgresser ». Transgressio en latin, c’est marcher à travers,
marcher au-delà de quelque chose. Cela vient du latin gradior qui a donné grade, gradient,
gradation, mais aussi grandir, il s’agit donc de grandir au-delà, ou encore de marcher au-delà
d’une limite a priori. Celui qui transgresse quelque chose, c’est donc celui qui franchit une
limite a priori interdite, ou alors imprévue, ou alors impossible. Transgresser donc, c’est
passer outre un chemin, c’est-à-dire traverser une frontière, ou encore dépasser une limite. La
transgression, elle pose donc le problème de la nature de la limite à franchir et de savoir si
l’acte du franchissement – ce que nous avons appelé « l’avancée » – est délibéré ou non.
Dans le transgresser, tout comme dans le « s’orienter », il y a donc une limite invisible qui
exprime l’existence humaine dans sa totalité. Cet invisible, il se trouve dans l’anticipation
d’un espace à venir car, si le sujet s’oriente, c’est qu’il envisage d’atteindre un lieu absent au
moment même où il cherche à s’orienter. Et là-bas, dans ce lieu projeté et qui est à-venir, il y
a non seulement un risque mais aussi un danger. Un danger dans le sens où, au moment où le
sujet s’oriente, il projette divers espaces qui vont conditionner son avancée, l’ensemble de ces
possibilités étant alimenté par ce que nous avons appelé l’ « être-vers-la-mort » chez
Heidegger. Dans ce sens, parce qu’exister c’est être confronté à la possibilité de notre mort, il
y a toujours un danger qui structure notre orientation dans le monde. Ce danger, il manifeste
notre souci de vivre (Sorge) et nos préoccupations (Besorgen). Aussi, après le « s’orienter »,
nous avons vu une avancée, là où réside une facticité de l’être qui s’exprime un peu plus dans
le réel, et c’est peut-être là qu’il y a, plus qu’un danger, un risque, puisqu’il faut maintenant
que le sujet agisse. Ce risque, il est manifeste dans la possibilité d’une erreur, entreprendre par
d’un type d’orientation, par exemple celle sensible, il existe différents espaces en tant qu’ils sont des possibilités
au mouvement.
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Voir notamment la deuxième méditation des Méditations Métaphysiques (1641) de René Descartes.
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exemple une direction qui ne mène pas à l’endroit désiré, mais aussi dans l’audace ou le
courage qu’il faut pour sortir de l’espace habité, c’est-à-dire celui qui est bien réel et présent
au moment de l’acte qui vise à atteindre l’objet ou le lieu auparavant projeté. Si le
« s’orienter » comporte un danger, celui de l’ouverture de soi et de la projection d’un champ
des possibles, « l’avancer » comporte lui un risque, car l’arrivée n’est jamais garantie et peut
s’avérer fatale. Aussi, c’est dans l’avancée que réside le transgresser lequel nécessite du
courage, une volonté, un engagement, dans la mesure où il s’agit pour le sujet de sortir de luimême, de son espace de tranquillité, de son habitat, de sa maison, de sa zone de confort, et ce,
pour tendre vers une arrivée incertaine. Et cette sortie, si elle s’exprime dans le « s’avancer »,
elle marque l’ouverture des trajets possibles, dont l’issue, l’arrivée ou le destin, sont toujours
plus ou moins confus ou incertains, en raison à la fois de la multiplicité des directions, mais
aussi de la projection du sujet qui est anticipative, et qui arrive toujours en avant. En effet,
lorsque que je m’oriente, je projette ce que je suis dans un lieu, j’anticipe sur une destination
que je veux atteindre, bien que cette projection ne soit pas la même chose que l’expérience
même de cette atteinte. Projeter d’atteindre un lieu, là où est le danger, ce n’est pas la même
chose que l’atteindre concrètement, là où est le risqué.
Pour conclure donc, nous avons essayé de montrer que finalement, il est dans la nature
de l’Homme de s’orienter puisque son existence emporte à la fois une temporalité et une
spatialité qui expriment la recherche pour le sujet d’un destin ou d’une destination. Cette
destination, qui s’apparente chez Heidegger à la finitude de l’être, parce qu’elle est toujours
vécue de façon préoccupante, elle nécessite un acte de transgression qui vise à sortir du lieu
qu’on habite, à affronter le danger de la vie et risquer d’ouvrir plusieurs espaces afin d’exister
(je rappelle qu’exister signifie ici « sortir de soi-même »). Dans ce sens, il nous semble que, si
s’orienter c’est exister, alors s’orienter c’est transgresser le monde de façon à atteindre son but,
compris comme une fin risquée qui permet d’ouvrir concrètement le Dasein. Alors, dans le
s’orienter, il y a toujours quelque chose de dangereux, de transgressif donc, puisque dans la
nécessité de l’avancée qui succède à l’orienter, il y a aussi le risque de l’erreur, de l’errance,
de la perte de soi, de la fuite, de l’immobilisme, c’est-à-dire de modalités d’existence factices
pouvant porter préjudice au sujet (du moins comprises comme telles). Mais peut-être, et je
finirai avec un vers du poète allemand Hölderlin, dans un poème qui s’appelle Patmos, et que
Heidegger répète inlassablement dans ses écrits : « Wo aber Gefahr ist, wächst das Rettende
auch » (Mais où il y a le danger, croît aussi ce qui sauve). Cela signifie que, peut-être, dans ce
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« transgresser », il n’y a pas forcément quelque chose de mal (il faudrait d’ailleurs préciser le
problème de la moralité ici), mais simplement, à la fois la possibilité de la perte de soi, ce que
Heidegger appelle le dévalement ou la chute (Verfallen), mais aussi le projet de la vie, l’Entwurf. Je vous remercie pour votre attention.
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