Développez votre empathie
11 mars, 2013 "créateur de relations" Attitude, Carl Rogers, Developpement personnel, Empathie, Non classé 2 comments
Exercice inédit (par Roger LANTERI).
Même si c’est variable selon les personnes, il est beaucoup plus facile de rester centré sur ses propres préoccupations que de se tourner vers les autres en faisant preuve d’empathie. Animant des formations à l’Ecoute-Active depuis plus de 10 ans, j’ai pu me rendre compte de façon qu’à défaut d’être égocentrique notre nature humaine fait que nous sommes « égocentrés ».
Empathie ?
Le constat
J’ai fait ce constat, même dans les professions dites sociales dont on peut penser à priori que les personnes sont plus tournées vers les autres. Il y a beaucoup de raisons à cela.
De plus il existe une différence entre le fait de ressentir de l’empathie, et savoir pratiquer une Ecoute Active. A mon sens ce deuxième point est un degré supérieur de pratique qui passe obligatoirement par le fait de développer le premier.
J’ai donc mis au point un protocole qui, s’il est suivi avec attention et désir de le mener à bien, permet à la personne de développer sa capacité d’empathie. Si chacun se préoccupait de savoir ce ressent vraiment l’autre dans telle ou telle situation, beaucoup de conflits seraient évités.
Nous avons tous eu des agissements vis-à-vis des autres desquels nous sommes fiers et aussi d’autres agissements desquels nous ne sommes pas fiers (ex : hier, mes mots ont dépassé ma pensée et j’ai envoyé mon mari ou mon enfant sur les roses – Par peur, j’ai tiré la couverture à moi lors d’une réunion de travail – je continue à mon montrer intolérant(e) avec ceux qui ne pensent pas comme moi – hier, j’ai klaxonné alors que quelqu’un ne démarrait pas assez vite, etc.). Ce ne sont pas des crimes, mais simplement de petits actes qui trahissent notre manque de considération pour les autres dans une situation donnée. C’est sur ceux-ci que porte l’exercice d’empathie.
Prenons comme exemple
Hier, j’ai klaxonné vivement alors que l’automobiliste devant moi ne démarrait pas assez vite.
Phase 1 : revivez la scène de votre point de vue :
Je revois les images
J’entends les voix, les sons, etc.
Je me remets dans mes ressentis d’hier (énervement, intolérance, etc.)
Phase 2 : « Changez de voiture » : revivez la scène du point de vue de l’autre (faites cet effort) en répondant de façon précise à ces questions :
On me klaxonne, qu’est-ce que je ressens ? (exemple de réponses : je me sens agressé(e), je me demande s’il ne va pas descendre de sa voiture, mon cœur bat, je me sens en danger, etc.)
Phase 3 : Imaginez-vous de dessus comme si c’était votre « soi supérieur » qui voyait la scène en dessous avec les deux protagonistes et répondez aux questions suivantes :
Est-ce si important de faire ça dans cette situation ? Cela vaut-il vraiment la peine ? Qu’est-ce que je gagne en faisant cela ?
Phase 4 : Repassez le film avec toutes les nouvelles considérations des 3 premières phases et écrivez comment vous agirez dans un proche avenir dans une situation similaire.
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Maintenant faites cet exercice avec un cas réel vous concernant
1°) Description de la situation où j’ai manqué d’empathie :
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2°) Revivez la scène du point de vue de l’autre en écrivant ce que l’autre a vu, entendu, ressenti :
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2 bis) Cela modifie-t-il déjà votre perception de la situation ? Ecrivez en quoi :
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3°) Imaginez-vous de dessus comme si c’était votre « soi supérieur » qui voyait la scène en dessous avec les protagonistes de la scène et répondez aux questions suivantes :
Est-ce si important de faire ça dans cette situation ? Cela vaut-il vraiment la peine ? Qu’est-ce que je gagne en faisant cela ?
Ecrivez ce que cette situation vous inspire - Qu’avez-vous envie de dire à la personne qui a manqué d’empathie ?
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4°) Repassez le film avec toutes les nouvelles considérations des 3 premières phases et écrivez comment vous agirez dans un proche avenir dans une situation similaire :
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Remarque importante : Dans la phase 2, si c’est un enfant qui a subit le manque d’empathie, il est important, alors que vous vous efforcer de ressentir ce qui s’est passé en lui, de vous mettre au niveau d’âge de l’enfant (ex : un enfant de 7 ans – que perçoit-il du monde, son âge lui permet de percevoir le monde et les autres à quel niveau, etc.).
Explication
Avant de passer à l’Ecoute Active on pourrait définir ce qu’est l’écoute « en général » en se référant à l’écoute du psychanalyste qui constitue une bonne référence en ce domaine. Celui-ci dispense une écoute silencieuse, sans jugement (ne pas confondre opinion et jugement), sans intervention ni commentaire ; on pourrait qualifier cette atitude d’écoute neutre/bienveillante. Dans la réalité, elle est très difficile à dispenser car, même si l’on voit un psy écouter quelqu’un par exemple, rien ne dit qu’il ne subit pas d’interférences mentales et qu’il est réellement et pleinement à l’écoute de l’autre. En pratique, c’est tout à fait normal de subir certaines interférences, mais il n’en faut tout de même pas trop si l’on veut vraiment écouter l’autre. Ce type d’écoute permet de recueillir des informations de grande qualité et évite de déformer la réalité de l’autre.
Car ROGERS ne prônait absolument pas ce type d’écoute, insuffisant à ses yeux, et parfois traumatisant pour le patient/client. En revanche ces deux types d’écoute ont en commun le fait d’être centrés sur la personne et de ne pas générer d’interventions personnelles en donnant des opinions.
L’Ecoute Active consiste en une reprise des propos de l’interlocuteur, mais également du ou des ressentis qui les accompagnent et qui ont été perçus par le praticien. Puis, ces propos sont reformulés dans une phrase utilisant le plus souvent des mots différents et comportant une légère hypothèse d’interprétation.
Un exemple
Un patient dit, en parlant de son conditionnement éducatif : « Je commence à me rendre compte de combien j’agis par rapport aux préceptes de mes parents. Je crois que je décide, je prétends agir librement, mais en fait je ne fais que répéter les schémas du passé ; il faut vraiment que je m’affranchisse pour me libérer de ce carcan ».
Praticien : « Vous commencez à vous rendre compte du poids du conditionnement éducatif, et vous dites que finalement vous n’êtes pas si libre que cela. Par la même occasion, vous vous sentiez enfermé dans un carcan dont vous avez vivement envie de vous libérer ».
Que va permettre une telle reformulation ? Qu’elles en seront les conséquences ?
Le fait de reprendre en d’autres termes les propos de l’interlocuteur va faire qu’il va consciemment et inconsciemment se sentir écouté, pris en compte (Cela fonctionne dans 99 % des cas !).
De plus, et c’est la bonne surprise de ce type d’écoute, il va automatiquement acquiescer et cette écoute va lui permettre d’aller plus loin ; ainsi il va nous donner des précisions supplémentaires qu’en principe il n’aurait pas données sinon. Cela pourrait donner :
Patient : « C’est le moins que l’on puisse dire, et d’ailleurs je me suis vu plusieurs fois ces derniers temps répliquer devant mes parents, me révolter, alors qu’avant cela n’arrivait pas ; il faudra d’ailleurs que j’apprenne à y mettre les formes (rires) ».
Praticien : « C’est comme si c’était important pour vous maintenant de ne plus vous laisser faire, et d’ailleurs vous ne tardez plus à réagir ».
Etc.
En pratique, dans une séance, je pratique un mélange d’écoute silencieuse, et d’Ecoute Active.
Ce type d’écoute demande un doigté particulier, un grand effacement de soi où tout égo est proscrit.
L’Ecoute Active n’est toutefois pas pas réservée aux thérapeutes, et, pour l’apprendre, il n’est pas nécessaire de pousser aussi loin que dans les exemples.
C’est un outil puissant d’amélioration de la communication que je recommande….. nous y reviendrons.
Programme de la formation » Ecoute Active Niveau 1 « Formateur : Roger LANTERI
Jour 1
Approche générale : les présupposés de la relation Dans ce chapitre, vous pourrez découvrir certaines » règles » ou constantes qui régissent les processus de communication. Lorsqu’on bafoue d’une manière ou d’une autre, l’un ou plusieurs de ces présupposés, la communication devient difficile, se ferme, ou n’est plus productive.
A qui appartient le problème ? Il a été constaté que, même si elles sont bien intentionnées, certaines personnes gèrent le problème de l’autre comme s’il leur appartenait, et attribuent à l’autre le problème qui leur appartient. Ce chapitre permet une mise en place saine des bases de l’approche de l’écoute de l’autre et de soi.
Les positions de non-écoute : Où l’on constate ite à ses dépends qu’il est très facile de se tenir dans une position de » non écoute « , là encore, malgré ses bonnes intentions. Ce chapitre permet à chacun de détecter son » style de non-écoute « , étape indispensable avant de passer à la découverte de l’écoute proprement dite. Il permet également de découvrir le principe du conflit et de l’escalade.
La découverte de l’Ecoute Active : Ses bases, ses principes. Le syndrome du « grain de sel ». La position 1 et la position 2.
Jour 2 :
La pratique de l’écoute active – approfondissement :
Vous pourrez apprécier dans ce chapitre la » QUESTION MAGIQUE « , qui, lorsqu’on se la pose, permet automatiquement de se trouver dans la position de l’écoute empathique (position 2). De plus, certains aspects techniques seront abordés pour vous permettre une pratique plus riche et plus diversifiée de l’écoute – Les meilleures formules d’accroche pour la relance – Que faut-il relancer exactement ?
Que faire lorsque le problème m’appartient ? Nous rencontrons maintes situations qui suscitent en nous des états négatifs, tels que colère, agacement, ressentiment, déception, etc. Ce module, très complémentaire à celui sur l’Ecoute Active, permet de comprendre les mécanismes qui font que nous nous mettons en difficulté par rapport aux gens et aux situations, comme nous générons des états négatifs.
Il approfondit par ailleurs les points suivants :
Le mécanisme de mise en place des états négatifs (colère, culpabilité, etc.) – Comment un état dit » négatif cache un besoin dit » positif » – Comment émettre un message confrontant pour l’interlocuteur - L’art de la pratique de la position basse dans la relation authentique
« Je t’aide, c’est pour ton bien »
4 avril, 2013 "créateur de relations" Approche humaniste, Attitude, Ecoute Active, Ego, Empathie 2 comments
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Bonjour et merci de l'intérêt que vous portez à ce site, ses tests et ses articles. Pour être tenu(e) au courant des parutions, pensez à vous inscrire. Bonne continuation.
« Je t’aide, c’est pour ton bien »… ou les tribulations d’un ange humaniste (*). Article de Roger LANTERI
Cette femme s’illusionne… Et en plus elle est persuadée du contraire !
Son fils doit partir à son entraînement de tennis.
(Je suis un ange. Elle ne le sais pas, mais d’en haut je l’observe).
J’ai espéré un moment qu’elle n’intervienne pas….. Mais ça a été plus fort qu’elle…. Elle est intervenue…. Elle a posé un acte gravissime ! Elle a vérifié le sac de l’enfant !
Et en plus elle se justifie dans sa tête…. « Si je n’avais pas vérifié, il aurait encore oublié ses chaussures ». Les pieds de l’enfant, au moins, lui en seront reconnaissant. Son entraîneur de tennis sûrement aussi. Mais ça s’arrête là !
Le mot clé de sa phrase, celui sur lequel repose tout l’édifice de son idéologie de l’aide et de l’éducation, c’est : « encore ».
« Il a en « encore » oublié….. Vous comprenez….. Si je n’étais pas là j’ose même pas imaginer ce qu’il deviendrait…. ».
Voilà les faits….. fâcheux en vérité…, d’autant qu’elle a trouvé la justification ultime : « encore »….. Elle pourra ainsi continuer d’intervenir… Elle fait ça pour le bien de l’enfant voyez-vous…. Si vous l’interrogez, elle vous dira en toute sincérité qu’elle veut le voir grandir et qu’elle fait même tout pour qu’il devienne quelqu’un de bien dans la vie. Donc, pas de problème.
Je suis en haut et je trépigne…. Si je pouvais lui apparaître (ou me matérialiser) pour l’informer, je me plais à rêver que les choses auraient pu se passer autrement…
Rêvons un peu, j’ai pu lui apparaître… Rêvons un peu plus encore… Elle croit aux anges, et je ne lui fais pas peur. Je lui dis alors quelque chose comme :
« Ne sais-tu pas qu’en intervenant à tort et à travers tu affaiblis le moi de l’enfant ? ».
« Ne vois-tu pas qu’en agissant à sa place tu n’es pas à l’écoute de ses besoins profonds et que tu le prives d’autonomie ? ».
Elle se justifie quand même, mais, impressionnée par mon statut, elle le fait en parlant avec bien plus de douceur que si elle s’adressait à son fils. Elle s’est peut-être même un peu culpabilisée :
« Alors ce n’est pas bien ce que j’ai fait ? Alors j’aurai dû le laisser partir sans ses chaussures ? ».
Là, je perçois un peu de victimisation dans la deuxième partie de sa réponse, mais, magnanime, je lui réponds :
« Toutes nos paroles, tous nos actes sont perçus à deux niveaux par nos enfants. Alors que tu vérifies son sac, son niveau conscient s’en accommode et en tirera même un bénéfice secondaire du genre « A quoi bon me soucier, de toutes façon elle va vérifier ». Pendant ce temps son niveau inconscient va comprendre et encoder : « Elle ne me fais pas confiance ». De plus, ta façon d’agir véhicule le message inconscient suivant à l’enfant : « Tu n’est pas capable de faire les choses seul ! Sans moi, tu ne pourrais pas t’en sortir ! ».
Soucieux de ne pas laisser sa question, même de mauvaise foi, sans réponse, d’ajouter par dessus :
« Le laisser partir ou pas sans ses chaussures est un faux problème. Rien ne t’empêche, au lieu d’intervenir, de lui demander de vérifier son sac par lui-même et de lui expliquer qu’il en sera ainsi à l’avenir ».
Vexée cette fois-ci, elle essaie encore de répliquer :
« Ah bon ? Si c’est pas bien d’aider alors…… Je vois pas à quoi ça sert d’avoir des enfants ! ».
Exaspéré par la lenteur de la progression des humains sur cette terre, j’enfonce le clou… je me jette à l’eau, de toutes façons, je le vois bien, elle est sourde et ne m’entendra pas :
« Sa force viendra toujours de lui… Tant que tu auras l’impression que sa force ne peut venir que de toi, il fera en sorte d’avoir besoin de toi ».
Mais soyons fou, rêvons encore une dernière fois : Au lieu de camper sur les positions de son égo elle fait preuve d’un peu d’humilité, je lui glisse alors ultimement :
« Tu peux aider ton fils autant que tu veux….. Mais à partir d’aujourd’hui, fais en sorte que l’aider, c’est le conduire à ce qu’il fasse les choses par lui-même, c’est le conduire à ce qu’il trouve ses propres solutions, même si elle ne sont pas aussi parfaites que celles que tu imagines ou que celles d’un adulte ».
Touchée dans son cœur elle me demande alors : « Tu peux me redire tout ça autrement ? »
Je me lâche tout à fait, lui répondant :
« Aider, ce n’est pas intervenir. Aider c’est être disponible, sécurisant et bienveillant ».
« Aider, c’est faire en sorte que l’autre deviennent autonome ».
« Si tu aides un papillon à sortir de sa chrysalide en la coupant, même délicatement, il ne volera point, car c’est dans la lutte que le papillon a consenti pour sortir de sa gangue qu’il puise la force pour s’envoler et vivre sa vie ».