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Penser depuis la frontière Séminaire de recherche LAUA-ensa Nantes École des Beaux-Arts de Nantes 23 & 24 oct. 2014 Programme jeudi 23 octobre Séminaire interne (LAUA) avec Christiane Cavallin-Carlut, Emmanuelle Chérel, Laurent Devisme, Marie-Paule Halgand, Aliocha Imhoff, Amélie Nicolas, Elisabeth Pasquier, Kantuta Quiros, Véronique Terrier-Hermann En soirée programmation de ilms d'artistes au Cinématographe Argument Située au cœur des grandes mutations contemporaines, la frontière est un objet complexe. Elle est appréhendée ici comme sujet et méthode. Qu’est-ce qui fait frontière ? Tout d’abord, la frontière est un « construit » politique dont les formes matérielles peuvent être diverses (tout autant une montagne, un leuve qu’une muraille). Elle est aussi considérée comme vivante, plus ou moins étanche, plus ou vendredi 24 octobre Séminaire ouvert (tout public) Conférences - Auditorium de l'ensa Nantes moins stable. Pour ses observateurs, et de façon générale, la frontière 10h Ouverture de la journée, Emmanuelle Chérel symboliques, matériels, paciiques ou violents). Née de préoccupations 10H15 La frontière coréenne : méta-frontière de la guerre froide ou front pionnier de la péninsule ?, Valérie Gelezeau, géographe essentiellement politiques et stratégiques, l’étude des frontières 11H Augustin Gimel, artiste, à propos du ilm Terres vaines (2012) un profond changement : de ligne, la frontière est devenue zone ; de 11h45 Discussions-échanges physique, elle est devenue culturelle. Ces approches renouvelées des 14h Art-Sciences, du grand écart à la culbute indisciplinés : mes frontières créatives de géographe en quête d'art contemporain, Anne-Laure Amilhat-Szary, géographe est à la fois une ligne (qui sépare et créé de la discontinuité) tout en étant une zone de contacts (permettant toutes sortes d’échanges s’est constituée scientiiquement au XIXe siècle avant de connaître frontières et des zones frontalières se nourrissent avec fécondité de travaux issus de disciplines diverses. De nos jours, les délimitations géographiques, nationales et politiques sont sans cesse questionnées 14h45 Frontières d’une mélancolie postcoloniale, Françoise Vergès politologue et ébranlées, sujettes à l’accélération de la mobilité, aux mouvements 15h30 Hétéroglossies des savoirs frontière, Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff/ le peuple qui manque, théoriciens et curateurs circulation inancière, aux échanges commerciaux, tout comme aux 16h15 Discussions 17h Synthèse et mise en perspective informations ; ces phénomènes sont induits par la mondialisation, la de population (tourisme, migrations, mobilité professionnelle), à la mobilités virtuelles via internet, aux déplacements des images, des globalisation et l’urbanisation. Toutefois, la suppression de certaines frontières ne se fait pas sans l’apparition de nouvelles délimitations et séparations (sédentarité forcée, replis communautaires, nationaux, réductions forcées et simplistes. Une frontière se dessine où s’active ethniques). D’autres discontinuités surgissent. Sous l’effet de divers une tension entre des logiques antagonistes, et souvent au-delà des champs de force comme l’essor religieux, les logiques économiques démarcations territoriales oficielles. Elle ne se trouve pas forcément dominantes, les systèmes politiques, les conlits armés, les là où on l'attend. L’appréciation juste de la place des frontières croisements culturels, l’histoire, la topographie, le réchauffement de suppose la prise en compte de bien d’autres considérations que la la planète et les enjeux écologiques, les frontières se redéploient. seule limitation volontaire du franchissement d’une ligne imaginaire Tour à tour déniées, réafirmées, redessinées par les mouvements tracée au sol. L’anthropologue James Clifford a par exemple examiné constants des limites linguistiques, culturelles, politiques, elles sont une série de lieux où la culture est en transition - des lieux qu'il sans cesse en mutation et témoignent de l’inachèvement du monde et nomme « zones de frontières » 2. Il trouve ainsi des cultures en de ses transformations. collision et changeantes aussi bien dans un musée d'art que dans des ruines mayas ou le métro de New York et les espaces urbains. Dans son article intitulé « Qu’est-ce qu’une frontière ? », le Arjun Appadurai s’est quant à lui penché sur ces phénomènes à philosophe Etienne Balibar écrit : « L’idée d’une déinition simple travers la notion d’ethnoscape 3. 1 de ce qu’est une ‘frontière’ est absurde par déinition : car tracer une frontière c’est précisément déinir un territoire, le délimiter et Les approches postmodernes en géographie, nourries par les Cultural ainsi enregistrer son identité ou la lui conférer. Mais réciproquement Studies, Gender Studies, Postcolonial Studies permettent notamment déinir, identiier en général ce n’est rien d’autre que tracer de reconsidérer nos relations à l’espace et au temps, de même que une frontière, assigner des bornes (en grec horos, en latin inis certains travaux artistiques. Il paraît tout à la fois important de ou terminus, en allemand grenze, en anglais border, etc.). Le revenir sur la complexité historique de cette notion, de poursuivre théoricien qui veut déinir ce qu’est une frontière est au rouet, car les descriptions phénoménologiques, les discussions juridiques, les la représentation même de la frontière est la condition de toute nombreuses facettes et réalités de ces zones spatio-temporelles déinition ». Il tente tout de même d’approcher la notion en désignant (pratiques ordinaires, adaptations et inventions transfrontalières, quatre caractéristiques : surdétermination, polysémie, hétérogénéité violences, etc.). Bref, il s'agit de redéinir les pratiques et les savoirs, et ubiquité. Les frontières sont des zones où s’intensiient les et d’investir ces lignes, zones, bandes de séparation et de contact ou incompréhensions et les distances socioculturelles, car elles de confrontation, barrages ou passages, ixes ou mobiles, continus ou délimitent, encadrent, incluent autant qu’elles excluent. Devant la discontinus, extérieurs et intérieurs. pluralité des situations et expériences frontalières, il faut éviter les Ce nouvel axe de recherche « Frontières, Spatialités, Art » initie Sous le soleil exactement, pas à côté, pas n’importe où... une dynamique pluridisciplinaire autour de la notion de frontière Carte blanche à Véronique Terrier-Hermann, à l'invitation du groupe Contrechamp soutenue par la mise en place d’un espace de travail commun entre Le Cinématographe 23 octobre à 20h30 le LAUA et des enseignants-chercheurs de l’école des beaux-arts de Nantes. Il est notamment induit par le fait que de nombreuses disciplines - ethnographie, sociologie, géographie, histoire - sont investies par les pratiques artistiques contemporaines. Dans leurs dernières redéinitions épistémologiques, ces domaines scientiiques s’interrogent également sur leur lien à la subjectivité, à la iction et leur recours à des démarches d’investigation empruntant des outils de l’art. Ces redéinitions, ces ouvertures frontalières, sont à étudier. notes 1 BALIBAR E., « Qu’est-ce qu’une frontière ? » in CALOZ-TSCHOPP, M.C. CLEVENOT (eds.), Asile, Violence, Exclusion en Europe, analyse, prospective, Genève, Cahiers de la Section des Sciences de l’Education-Université de Genève, 1994, p. 335-343. 2 CLIFFORD J., Routes : Travel and Translation in the Late Twentieth Century, Har- vard, Harvard University Press, 1997. 3 APPADURAÏ A., Après le colonialisme, les conséquences culturelles de la globali- sation (1996), Paris, Payot, 2001, p.71. La séance rassemble quatre ilms autour de la représentation de la frontière. Si la frontière peut prendre des formes concrètes, jusqu’à l’excès parfois, elle reste aussi, en de nombreuses lignes, simplement signiiée ou même non perceptible. C’est donc en articulant les principes de visibilité et d’invisibilité que les quatre artistes — chacun à sa manière —, participent de cette recherche de la frontière, proposant ainsi autant de type de représentation qu’il y a de formes, traces ou manifestations, historiques et/ou actuelles. Centro di Permanenza temporanea d’Adrian Paci 2007, vidéo, 05’30, courtesy Galerie Peter Kilchmann La scène se passe sur le tarmac d’un aéroport. Des migrants avancent en rang serré vers une passerelle d’avion. Quelle est leur destination ? Terres vaines (Prémices) d’Augustin Gimel et Brigitte Perroto 2012, vidéo, 11’ Les deux artistes mènent une recherche sur les réminiscences de pays disparus et de leurs frontières fantômes, dont atteste ce premier opus sur un texte de Alexandre Koutchevsky. Linescape de Pauline Delwaulle et Clément Postec 2010, DV Cam, 30’ Une ligne frontière divise la Bosnie-Herzégovine en deux entités autonomes et dépendantes. Nous partons à la recherche de cette ligne, mais peu à peu les traces de sa présence viennent troubler l'enquête... As The Coyote Flies d’Adrien Missika 2014, Vidéo HD, 14’35, Tel un coyote, surnom donné aux passeurs de migrants mexicains, un petit drone télécommandé tente de survoler la frontière américano-mexicaine. Infos pratiques ensa Nantes 6 quai François Mitterrand 44000 Nantes www.nantes.archi.fr Partenariat LAUA-ensa Nantes / École des Beaux-Arts de Nantes / Le Cinématographe Avec l'appui de CONTreCHAMP pour la programmation cinéma la ua visuel : © Augustin Gimel et Brigitte Perroto, extrait de Terres vaines