Belgian army

Malgré l'avènement de la bombe atomique à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le char va rester une arme d'intimidation très efficace durant toute la durée de la Guerre froide. Les deux blocs vont en produire et en déployer des milliers dans diverses régions du globe, et plus particulièrement en RFA et en RDA. Comme d'autres armées occidentales, la Belgique participe à cet effort de dissuasion par le déploiement de forces blindées importantes en RFA. Il faut dire que, durant toute la Guerre froide, la Belgique peut se targuer de posséder une arme blindée conséquente. Bien entendu, la présence de chars ne passe pas inaperçue. Malgré la mise à disposition de vastes domaines militaires, il est nécessaire pour les charistes d'effectuer des manœuvres hors des casernes, sur les terrains qu'ils seront amenés à défendre. C'est pourquoi de nombreux exercices FTX (Field training exercise) sont organisés. Lors de ceux-ci, les chars belges évoluent au milieu des civils allemands. La tolérance de ces derniers face à ces blindés chenillés dans les rues des villes et dans les campagnes est assez ambivalente. Même si les citoyens sont bien conscients que ces chars sont ceux qui seront amenés à les défendre face à un raz de marée soviétique, leur patience est mise à rude épreuve. Si certains se montrent compatissants, d'autres, par contre, expriment leur mécontentement par des actions parfois violentes. Malgré les mesures prises par les militaires belges, les véhicules causent beaucoup de dommages aux infrastructures et aux biens privés. Le but de cette contribution est de présenter les relations entretenues entre charistes belges et civils allemands lors des exercices en terrain civil en répondant à cinq questions : Pourquoi organiser de tels déploiements de blindés en milieu civil? Quels sont les dégâts causés par le déploiement de chars? Quelles sont les réactions des civils par rapport à la présence des chars des FBA dans leur environnement de vie? Sont-elles identiques partout? Quels moyens sont mis en place pour limiter le mécontentement des populations?

In the decades before the First World War, processes of democratization, nationalization and militarization were happening all Europe. The school, the voting booth and the barracks became ‘engine rooms’ of a new citizenship, where men were prepared to fight for the fatherland. Belgium, and the Belgian army in particular, is barely mentioned in the thriving historiography of these major societal changes. The Belgian barracks could hardly claim to be a melting pot of the nation: only one -fourth of the male population served in the army, and affluent citizens could buy themselves free because of the system of conscription with substitution.
This paper demonstrates that despite the lack of institutional reforms, the Belgian army attempted to take on this role of ‘engine room’ of citizenship. Between the expansion of male voting rights (1893) and the introduction of the compulsory personal military service (1909), young officers were increasingly preoccupied with the physical and mental transformation from men into soldiers. They revised the military behavioral codes, and reflected on the importance of military morale and the potential conflict between coercion and motivation. In new instruction manuals, publications and conferences, officers called for recruits to be shaped into willing and enthusiast citizen-soldiers. To that end, the soldier’s body had to be shaped, his mind controlled and his heart won over.

Op het einde van de negentiende eeuw werden overal in Europa processen van democratisering, nationalisering en militarisering ingezet die tot doel hadden om van de mannelijke bevolking burger-soldaten te maken, klaar om te strijden voor het vaderland. De kazerne werd, samen met de school en het stemhokje, een machinekamer van het nieuwe burgerschap in de Europese natiestaten. Het Belgische leger stond op het einde van de negentiende eeuw nog aan de zijlijn bij die grote omwenteling. De kazerne kon immers bezwaarlijk functioneren als smeltkroes van de natie : in het neutrale en burgerlijke België was echter slechts één vierde van de mannelijke bevolking in dienst, en konden welgestelde burgers zich door het lotelingen-stelsel met plaatsvervanging vrijkopen uit de dienst. In deze bijdrage toon ik hoe het Belgisch leger op het einde van de negentiende eeuw, althans in de hoofden van de jonge en ambitieuze officieren, toch gedeeltelijk die rol van machinekamer van burgerschap op zich probeerde te nemen. Tussen de verbreding van het stemrecht (1893) en de invoering van persoonlijke dienstplicht (1909) werd in het Belgische leger werk gemaakt van de mentale transformatie van de manschappen naar burger-soldaten. Officieren herzagen militaire gedragscodes, benadrukten het belang van emoties en reflecteerden over het belang van moreel en het spanningsveld tussen dwang van bovenaf en innerlijke motivatie. In nieuwe instructiewerken en conferenties predikten officieren dat van de rekruut een willige en enthousiaste burger-soldaat gemaakt moest worden, en dat daartoe niet alleen zijn lichaam moest gekneed, maar ook zijn geest beheerst en zijn hart moest gewonnen worden.

Les T.13 sont des véhicules chasseurs de chars équipant l’armée belge de 1934 à 1940. Ils sont les blindés les plus répandus dans l’arsenal belge de mai 1940. Ces engins témoignent du contexte stratégique, de l’économie et de la politique nationale et internationale belge des années 1930. La décision de s’en équiper et de les développer durant près d’une décennie n’est pas due au hasard. Elle résulte de considérations mettant en balance stratégie, économie et politique.

Le T.13 est une arme particulièrement adaptée aux stratégies de défense de l’armée belge au cours de l’Entre-deux-Guerres. Pouvant être produit sur le sol national, il permet au gouvernement d’effectuer des économies tout en valorisant l’industrie belge. En outre, sur le plan politique, le T.13 reflète bien la position prise par la Belgique au niveau international. Cette dernière veut disposer d’armes permettant de défendre l’intégrité de son territoire tout en ne heurtant pas la sensibilité de ses voisins. Le canon automoteur/chasseur de chars belge répond à cette logique. Non content d’être le reflet de la politique internationale belge, le T.13 peut aussi se targuer d’être « politiquement correct » sur l’échiquier national. En effet, il est accepté par toutes les composantes de la politique belge, y compris le Parti ouvrier belge, traditionnellement plus pacifiste. Enfin, malgré la présence d’un marché de l’armement déjà largement internationalisé, la Belgique a su mettre au point et se doter d’un système d’armement tout à fait adapté à ses besoins et à son propre contexte national. En effet, si l’on excepte une influence anglaise au niveau technique, aucun autre pays n’est intervenu dans le processus de mise en service et de développement du T.13.