Cet ouvrage collectif ambitionne de présenter un état des lieux des relations, passées et présentes, entre êtres humains et ursidés. Il mêle les communications de vingt-six chercheurs du CNRS, du Muséum national d’Histoire naturelle et autres institutions et universités, des spécialistes non-statutaires, des photographes et doctorants en ethnologie et éthologie, tous réunis par leur intérêt porté aux ursidés ou aux relations homme animal.
En 2017, on compte huit espèces d’ursidés, grands mammifères plantigrades, réparties en cinq genres distincts : Ailuropoda, Helarctos, Melursus, Tremarctos, Ursus. Ces espèces vivent dans des habitats très distincts, entre la banquise, les forêts boréales d’Amérique du Nord et d’Asie, les forêts tempérées d’Europe, les forêts tropicales ou équatoriales d’Asie du Sud-Est et d’Amérique du Sud, aux exceptions notoires de l’Afrique et de l’Océanie.
Tous les peuples au contact avec l’ours lui ont accordé une place particulière dans leurs bestiaires, mythes et croyances. Pour de nombreuses sociétés, l’ours, vu comme frère ou double de l’homme, est admiré et vénéré car s’il a la capacité d’hiverner, qui étonne, plantigrade, il ressemble à l’être humain : tous deux sont omnivores et ont le gros orteil non-opposable, permettant la station debout. Mais, l’ours est aussi redouté et symbolise le « sauvage » qui subsiste en tout homme. Chasser l’ours, c’est également tuer cet élément bestial, plus spécifiquement les pulsions imprévisibles que l’homme porte en lui.
Aujourd’hui, l’ours sauvage est menacé de manière planétaire, victime de chasses illégales, du déboisement, de la pollution, de l’expansion démographique, de l’urbanisation, de l’industrialisation, du dérèglement climatique, c’est-à-dire de la mondialisation et, plus largement, de l’anthropisation du monde, de même que son « frère » humain victime de ses propres errances inconséquentes. Les ours sont objet de haine et de fascination, poursuivis jusqu’à l’éradication, défendus et protégés, offerts aux petits et grands sous forme de peluches. Quelle place réelle, imaginaire, fantasmée ou rêvée, peut encore espérer avoir ce prédateur considéré comme une sorte de roi des forêts, et qui est-il vraiment ?
LES AUTEURS : Karen Hoffmann-Schickel, docteur en anthropologie sociale de l’université de Strasbourg, étudie la relation homme-animal chez les Sâmes du nord de l’Europe. Pierre Le Roux, spécialiste de l’Asie du Sud-Est, professeur à l’Institut d’ethnologie de l’université de Strasbourg, y enseigne notamment l’ethnozoologie. Éric Navet, professeur d’ethnologie émérite dans le même institut, s’intéresse aux relations entre environnements visibles et invisibles chez les Amérindiens Ojibwé (Canada) et Teko (Guyane), tous trois membres du laboratoire SAGE (UMR 7363 CNRS & université de Strasbourg). Ils ont fait appel à des praticiens de diverses disciplines (archéologie, eth-nologie, éthologie, histoire, droit, naturalisme, photographie, psychanalyse) : Rose-Marie Arbogast (archéozoologue, directrice de recherche au CNRS, chargée de cours à l’université de Strasbourg et membre du laboratoire ARCHIMEDE, UMR 7044 CNRS & université de Strasbourg), Romane Batut (diplômée d’un master 1 de l’EHESS, étudiante en master 2 d’ethnologie, université de Strasbourg), Sébastien Baud (docteur en anthropologie sociale et en ethnologie, chargé de cours à l’université de Strasbourg, chercheur associé à l’Institut d’ethnologie de l’université de Neuchatel (Suisse) et à l’Institut francais d’études andines-IFEA, Lima, Pérou), Philippe Bobola (docteur en phy-sique, biologiste, anthropologue et psychanalyste), Sophie Bobbé (ethnologue, chercheur associé au Centre Edgar Morin
http://www.iiac.cnrs.fr/cetsah/ sous cotutelle du CNRS et de l’EHESS), Laine Chanteloup (maître de conférences en géographie à l’Institut universitaire de technologie de l’université de Limoges et membre du laboratoire CNRS Géolab UMR 6042), Karen Hoffmann-Schickel, Marie-Françoise Guédon (anthropologue, professeur à l’université d’Ottawa, Canada), Arthur van Hoey (chercheur en anthropologie, histoire de l’art et droit), Nicolas Lescureux (chargé de recherche CNRS, ethnoécologue, membre du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive-CEFE de Montpellier), Gérard Leser (historien et folkloriste spécialiste de l’Alsace, président de la Société d’histoire du val et de la ville de Munster, Pierre Le Roux, John Linnell (écologue, chercheur au Norvegian Institute for Nature Research-NINA, Trondheim, Norvège), Colette Méchin (ethnologue, directrice de recherche émérite au CNRS), Pierre Morère (planteur de café et producteur de miel au Vietnam chez les Mnong Cil, directeur de la société Jangala, commerce équitable), Éric Navet, Zoltán Nagy (professeur et responsable du Département d’ethnographie et d’anthropologie culturelle, Faculté des humanités, université de Pécs, Hongrie), Jean-Noël Passal (ethnozoologue, diplômé en droit, diplômé de l’Ecole des Hautes études en sciences sociales de Toulouse, spécialiste de la chèvre, du loup et de l’ours), Jérôme Pouille (spécialiste du panda géant Ailuropoda melanoleuca, ambassadeur des pandas géants de Chengdu fondateur du site internet
www.pandas.fr dédié à cette espèce), Vladimir Randa (ethnologue, chargé de cours à l’Institut national des langues et civilisations orientales, membre du laboratoire des langues et civilisations à tradition orale du CNRS), Philippe Ricordel (naturaliste, photographe), Herman Roote (Amérindien Ojibwé, membre de la première nation de Saugeen dans l’Ontario, ancien policier et administrateur foncier dans sa communauté, photographe), Cécile Sarabian (doctorante en écologie comportementale et biologie évolutive à l’université de Kyoto, Japon), Bernard Sellato (ethnologue, directeur de recherche émérite au CNRS), Jochen Sohnle (professeur de droit public à l’université de Lorraine) ~ Préface de Raymond Pujol, professeur émérite au Muséum national d’Histoire naturelle, fondateur des études d’ethnozoologie en France (avec Roland Portères et André-Georges Haudricourt).