Les années 1920-1930 sont marquées en France par un regain de passion pour l'occulte, tout particulièrement dans les milieux artistique et littéraire. Entré récemment en littérature sous les auspices d'un catholicisme ambigu, Marcel...
moreLes années 1920-1930 sont marquées en France par un regain de passion pour l'occulte, tout particulièrement dans les milieux artistique et littéraire. Entré récemment en littérature sous les auspices d'un catholicisme ambigu, Marcel Jouhandeau n'y fait pas exception puisqu'il publie quelques courts textes à colorisation ésotérique. Sauvé de l’oubli, son roman "Azaël", écrit en 1927, mais publié en 1972, en témoigne : l'univers narratif bascule progressivement dans la magie des reflets, qui n’est qu’un autre nom du désir homosexuel pour l'écrivain. En vertu d’un jeu spéculaire dominé par la logique du regard, le héros de son roman, Sixte, rencontre un occultiste mystérieux du nom d’Azaël. Leur mutuelle fascination se mue en une passion funeste dès lors que le mage s’approprie l’image corporelle de Sixte. S’il s’agit bien d’un vol et d’un viol de l’image, pour tout sorcier, il faut néanmoins un ensorcelé. La fiction apparaît alors à son tour comme un envoûtement une fabrique d’images captatrices n’agissant qu’en vertu de la croyance qu’on leur accorde. À la fois récit d'une chasse amoureuse et d'une lutte magique, "Azaël" dévoile le théâtre de la jouissance narcissique où le sujet célèbre son triomphe solitaire, englué dans un imaginaire peuplé d’idoles, de reflets et de fétiches creux.
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In France, the period between 1920 and 1930 is marked by an esotericism infatuation to which many artists are not indifferent. At that time, Marcel Jouhandeau, who recently published his first novels, wrote some short pieces with esoteric themes. Saved from oblivion, his novel Azaël, written in 1927 but published in 1972, shows his passion for the magic of reflects and doubles, which is another word for Homosexual Desire, according to him. By relying on a specular logic dominated by the Gaze, the novel’s hero, Sixte, encounters a mysterious occultist named Azaël. Their mutual fascination turns into a fatal passion as soon as the mage steals the corporal image of Sixte. But a sorcerer implies necessarily a bewitched. A spell is a fiction, it creates images of capturing which operate only because of the belief that we give to them. Both a love hunt and a magic struggle, Azaël becomes the theater of narcissistic Jouissance where the subject celebrates his solitary triumph, stuck in the Imaginary of mimetic idols and hollow fetishes.