Jean Klein
Jean Klein
Jean Klein
Jean Klein
Jean Klein, Arzt, Musiker und Musikwissenschaftler, verbrachte
mehrere Jahre in Indien, fand dort seinen Lehrer und wurde durch ihn in die traditionelle
indische Weisheit sowie in die Ayurvedische Medizin eingeweiht. Zurck in Europa, wirkt er,
dem Auftrag seines Meisters folgend, fr die Lehre des Advaita Vedanta. Diese Lehre verweist
auf den unmittelbaren Zugang jenseits aller mentalen Ttigkeit und jeglichen Strebens, indem
sie geradenwegs auf das Letzte zugeht, wo alles, was dem Mentalen, der Zeit und dem Raum
zugehrt, integriert wird. Gesucht wird eine momentane Einsicht, ein klares Erwachen zu
dem, was wir sind, immer gewesen sind und immer sein sollten.
Im Lehrer-Schler-Dialog bespricht der Autor Fragen wie die Loslsung von
gedanklicher Verwirrtheit, Befreiung von Angst, Begegnung mit dem Anderen,
Meditation, Erfahrung und Erkenntnis der Wirklichkeit.(In Freude im Sein)
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Jean Klein est sans doute l'un des sages qui parlent le mieux de la Non-Dualit. Tout est
condens l : dans ces quelques lignes extraites de la Conscience et le Monde.
Jean Klein :
"La Conscience et le Monde"
Voil rsum l'essentiel de l'enseignement en quelques pages :
Celui qui brle de connatre sa vraie nature doit d'abord comprendre qu'il s'identifie
par erreur aux objets : je suis ceci, je suis cela. Toute identification, tout tat, est
transitoire, par consquent sans ralit. Identifier le je ceci ou cela est la racine de
l'ignorance. Demandez-vous ce qui est permanent au cours de toutes les phases de la vie.
Vous dcouvrirez que la question : qui suis-je? n'a pas de rponse. Vous ne pouvez
pas exprimenter ce qui est permanent dans une relation sujet/objet comme quelque
chose de perceptible. Vous pouvez seulement formuler et expliquer ce que vous n'tes
pas. La continuit que fondamentalement vous tes ne peut se traduire en mots ou se
rationaliser. tre est non-duel, absolue prsence sans clipse, quelles que soient les
circonstances.
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Si nous considrons le connaisseur indpendamment du connu, il se rvle comme pur
tmoin. Quand connaissance et connaisseur ne font qu'un, il n'y a plus de place pour un
tmoin.
Toute imagination est irrelle, car base sur la mmoire. Mais tout ce qui n'est pas
anticip, tout ce qui est inopin, qui provoque la surprise, l'tonnement, provient de la
ralit vivante. La recherche du plaisir nat de la souffrance, de la mmoire. Accueillez
la vie comme elle se prsente, ne mettez pas l'accent sur le monde mais changez votre
attitude son gard. Votre conception du monde, de la socit, a sa source dans la
croyance que vous tes un ego spar. Soyez votre totalit et le monde changera. Le
monde n'est pas autre chose que vous. Le monde est en vous, la socit commence avec
VOUS.
Vous dites que nous ne devrions pas commencer par tenter de changer le monde mais notre
attitude son gard. Quand vous dites que l'existence est le film mais que nous ne sommes
pas le film, entendez-vous par l que nous sommes la lumire qui claire le film?
Oui. Vous ne pouvez changer le film parce que tous les efforts pour le modifier relvent
du film.
Vous identifier votre corps et votre personnalit vous bride, vous rend dpendant.
Nos perceptions sensorielles reposent sur les constructions de la mmoire et impliquent
un connaisseur. Nous devons troitement examiner la nature du connaisseur. Cela
requiert toute notre attention, tout notre amour. Ainsi vous dcouvrirez ce que
rellement vous tes. C'est l'unique sadhana. Se rsorber dans la conscience de sa vraie
nature est libert. Notre vraie nature prend tout en charge.
Les images naissent et meurent dans le miroir de la conscience, et la mmoire cre
l'illusion d'une continuit. La mmoire n'est qu'un mode de pense, elle est purement
transitoire. C'est sur ce fondement instable que nous construisons tout un monde de
situations. Cette illusion fait obstacle la claire vision.
Lutter pour nous amliorer ou pour progresser ne fait que rajouter la confusion. Les
apparences extrieures peuvent nous induire croire que nous avons atteint un tat de
stabilit, que des changements ont survenu, que nous progressons et que nous sommes
au seuil de la grce. En fait, rien n'a chang. Nous n'avons fait que changer les meubles
de place. Toute cette activit se droule dans l'esprit, c'est le roman de notre
imagination.
Tout est beaucoup plus simple que cela. Pourquoi faire si compliqu? Ce que vous tes
fondamentalement est toujours l, dans sa globalit. Cela ne ncessite ni purification, ni
changement. Pour votre vraie nature, il n'y a pas de tnbres. Vous ne pouvez dcouvrir
ou devenir la vrit car vous l'tes. Il n'y a rien faire pour vous en rapprocher, rien
apprendre. Rendez vous seulement compte que vous essayez constamment de vous
loigner de ce que vous tes. Cessez de gaspiller votre temps et votre nergie dans des
projections. Vivez cet arrt sans paresse ni passivit, habitez pleinement la fracheur que
vous trouverez en cessant d'esprer et d'anticiper. C'est aussi votre sadhana.
Il n'y a rien perfectionner dans la ralit. Elle est perfection. Comment pourriez-vous
vous en rapprocher davantage? Il n'y aucun moyen matriel pour l'atteindre.
N'est-ce pas fataliste de dire que nous ne pouvons changer le film?
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Dire : fataliste implique que vous vous identifiez au film, que vous vous soumettez lui.
En fait, le film se droule et vous tes le spectateur. tre hors de l'cran vous donnera
une nouvelle perspective sur ce qu'est rellement le film. A partir de cette vue globale
qui n'est plus un point de vue, qui est hors du temps et de l'espace, tout se produit dans
une absolue simultanit. Aussi n'y a-t-il rien changer.
Pour revenir ce dont nous parlions auparavant, vous avez dit que le monde change quand
la perception que j'ai de lui change. Comment est-ce possible?
Celui qui a atteint sa pleine maturit, qui se connat sciemment, ne se pliera pas
ncessairement aux conventions sociales. Un tel tre agira au bon moment, suivant ce
que la situation indique, sans que personne ne soit ls d'une quelconque faon. Si vos
actes sont rgis par vos dsirs, vous n'avez aucune espce de libert. Par contre, si vous
faites ce que rclame la situation, vous faites ce qui est juste, et vous et votre entourage
tes libres.
Un sage n'a pas la moindre pense d'tre une personne quand il agit, sent ou pense.
L'ego est totalement absent. L'ego n'est rien de plus qu'une pense et deux penses ne
peuvent cohabiter simultanment. Aussi l'identification l'ego ne peut avoir lieu qu'une
fois disparue la pense rattache l'objet. C'est alors seulement que l'ego dclare sienne
cette pense. Ce sens de la proprit : j'ai vu ceci , j'ai fait cela , intervient aprs le
fait et n'a rien voir avec le fait. Une fois que ce mcanisme est clairement peru, vous
comprenez que l'identification que vous aviez prcdemment prise pour une ralit n'est
qu'une illusion. Vous n'tes pas le propritaire de la situation pas plus que vous n'en tes
l'esclave. Votre vraie nature est au del. Le silence de la conscience n'est pas un tat,
c'est le continuum o tout tat, toute chose apparat et disparat. Les mots que nous
utilisons dans l'tat de veille pour parler de ce non-tat sont une expression de cette
conscience. Quand nous vivons dans la conscience, tout est expression de cette
conscience.
Le monde que vous percevez n'est rien d'autre que leur roman de votre imagination,
bas sur la mmoire, la peur, l'angoisse et le dsir. Vous vous tes retranch dans ce
monde. Voyez cela sans vous jeter sur des conclusions et vous serez libre. Vous n'avez
nul besoin de vous affranchir d'un monde qui n'existe que dans votre imagination.
Ce que vous prenez pour une ralit est simplement un concept surgi de votre mmoire.
La mmoire surgit de l'esprit, l'esprit du tmoin, le tmoin de votre vraie nature. Vous
tes le tmoin, le spectateur plac sur la rive et regardant le fleuve couler. Vous ne
bougez pas, vous tes au del du changement, au del du temps et de l'espace. Vous ne
pouvez percevoir ce qui est permanent parce que vous l'tes.
N'alimentez pas les concepts dont vous avez fait vos fortifications ou l'image que les gens
ont de vous. Ne soyez ni personne ni rien, contentez-vous de rester l'cart de ce que la
socit vous demande. Ne jouez pas son jeu. Cela vous tablira dans votre autonomie.
L'exemple, si souvent utilis dans le Vedanta, du serpent et de la corde, d'un ct se
rfre au monde et, de l'autre, la ralit ultime. Le serpent reprsente le monde des
objets o nous rencontrons les personnalits, les penses, et l'affectivit. La corde
symbolise la ralit ultime, le silence de la conscience. Une fois que nous cessons de
prendre la. corde pour le serpent, l'ide du serpent disparat et nous voyons la corde
pour ce qu'elle est rellement. Il est parfaitement naturel que l'erreur perde sa
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substance et se dissipe quand la vrit devient vidente. tant donn qu'une pense fait
partie intgrante de l'illusion, il lui est impossible de nous rvler la ralit ultime. Le
fait-d'tre , la toute prsence, qui est la source de toute exprience, est au del de la
dualit exprimentateur/expriment. Quand l'accent se trouve sur la conscience et non
sur la pense ou sur la perception, nous entrons progressivement dans une dtente
profonde, la fois sur le plan neuro-musculaire et sur le plan mental.
Si nous observons avec dtachement l'apparition et la disparition de tous les tats que
nous exprimentons, nous parvenons bientt apprhender que chaque tat, chaque
perception, chaque pense sont rabsorbs dans une connaissance informule, une
connaissance qui est l'tre. Ce continuum, seule ralit, est l avant que ne commence
l'activit. Immergez-vous dans cette tranquillit chaque fois qu'elle se fait sentir.
Vous ne pouvez vous attendre ce que la ralit surgisse, car elle est toujours l. Les
vnements apparaissent et disparaissent. N'oubliez jamais le caractre fugitif de toute
exprience, c'est tout ce que vous avez faire et la porte de la grce s'ouvrira devant
vous. Ds que des opinions et des ractions telle que j'aime, je n'aime pas, interfrent,
vous retombez dans une habitude subjective et vous tissez autour de vous un filet, vous
perdez de vue votre vraie nature. Les sentiments de sympathie et d'antipathie vous font
tourner le dos votre vraie nature. Vos concepts de changement, de progrs, en mieux
ou en pire, sont fragmentaires et subjectifs. Quand vous regarderez le monde depuis
votre totalit, le monde changera en vous. Vous tes le monde.
Est-ce que l'absence de pense que j'exprimente dans la mditation est proche de ma vraie
nature? Est-ce la tranquillit dont vous parlez ?
Dans ce que l'on nomme ordinairement la mditation, vous cherchez sciemment vous
dbarrasser de toute intention et de tout concept. Ainsi vous vous trouvez devant un
cran vide de penses, qu'elles soient objectives ou subjectives. Ces penses limines,
d'autres, plus coriaces, apparaissent, vous envahissent sans discrimination, et elles aussi,
vous les chassez. Il est vrai qu'au bout d'un certain temps de pratique, l'activit mentale
diminue. Cependant, si le chercheur n'est pas guid par un matre authentique, le vide
de l'cran restera toujours un mystre. Le silence de la conscience dont nous parlons est
au del de la prsence ou de l'absence des penses et des mots, au del de l'action ou de
la non-action. Tout surgit de la tranquillit qui est au del de l'esprit, de la tranquillit
qui est au del de l'effort de s'affranchir des penses, et tout s'y rsorbe. Rien,
absolument rien, ne peut affecter cette tranquillit. Le savoir objectif nous parvient par
l'instrument organique adquat, mais le silence de la conscience ne requiert aucun
instrument.
Est-ce que les conflits et les guerres sont inhrents l'tre humain ?
Les conflits appartiennent l'ego, pas l'tre humain. Dans votre vraie nature qui est
unit aucun conflit n'est possible. Tension, rivalit, agressivit ne concernent que l'ego.
Demandez-vous seulement quel point vous tes soumis vos habitudes, vos opinions
qui sont la source de perptuels conflits. Observez comment fonctionne votre esprit,
observez-le sans ides prconues. Un moment viendra o vous vous trouverez dans
l'observation et non dans l'esprit. Puis, quand toute tension aura disparu, vous vous
rendrez compte que vous tes la lumire qui brille au-del mme de l'observateur. La
ralit n'est ni un produit de l'esprit, ni le rsultat d'une caravane de penses, elle est,
c'est tout. Vous devez comprendre que vous ne pouvez jamais trouver votre vraie nature
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dans une perception. La seule mthode que nous pouvons suggrer est d'observer sans
analyse la faon dont votre esprit ragit dans les diverses circonstances de la vie
quotidienne. Ne modifiez pas votre vie pour concider avec un concept. Vivez comme
vous le faisiez, pensant et sentant, soyez simplement conscient que ce sont des fonctions.
Ainsi vous vous en librerez spontanment. Ensuite la personnalit que vous pensez tre
disparatra. Il ne restera que le tmoin. Au terme, mme lui se rsorbera dans la
connaissance ultime.
Ce qui surgit d'inattendu, d'impromptu, sans cause, libre de tout pass, ce qui surgit
sans racines, ce qui ni ne s'panouit ni ne se fltrit, ce qui est le plus naturel, libre de
toute tension, c'est cela votre vraie nature.