Rock e
Rock e
Rock e
THESE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR
DE
L’ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSEES
Spécialité : GEOTECHNIQUE
Présenté par
Frédéric BULTEL
Travail préparé au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées dans le cadre d’une convention
CIFRE avec la société Scetauroute
2
Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement l’ensemble des personnes qui ont contribué
au travail de thèse présenté dans ce mémoire.
Ce travail doit également beaucoup aux discussions fructueuses que j’ai pu avoir avec un
certain nombre de personnes : je citerai, en particulier, Messieurs Bernard GAUDIN, expert
géotechnique à DTTS, et Jean-François SERRATRICE, Responsable du laboratoire de
Mécanique des Sols et des Roches au Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées d’Aix-en-
Provence, qui m’ont fait bénéficier de leur connaissances et de leur expérience dans le
domaine expérimental et celui des tunnels.
Au cours des dernières décennies, les retours d’expérience de tunnels ont mis en évidence de
nombreux dommages causés par le phénomène de gonflement. Ce phénomène, qui concerne des
formations variées très répandues dans les ères géologiques (terrains argileux ou anhydrite), est
susceptible d’affecter un certain nombre de tunnels futurs. Cette thèse envisage de mettre au point
une méthodologie de calcul des revêtements de tunnels en terrain gonflant.
En s'inspirant des retours d'expérience et des méthodes existantes, une loi de comportement
élastoplastique a été établie pour simuler le développement de gonflement apparaissant dans le
massif du fait d’un changement d’état de contraintes et d’une arrivée d’eau. La loi de gonflement
supposée élastique et tridimensionnelle relie le logarithme de la contrainte à la déformation, en tenant
compte d’une éventuelle anisotropie de gonflement associée à la stratification du terrain.
Après avoir été implanté dans le code par éléments finis CESAR-LCPC, ce modèle de gonflement a
été validé à deux niveaux : d'une part, sur un échantillon de matériau gonflant soumis à un essai de
gonflement et, d'autre part, sur un ouvrage instrumenté directement concerné par le phénomène de
gonflement.
Des essais de gonflement spécifiques permettent d'identifier les différents paramètres de gonflement.
Les tentatives de calage de la loi de gonflement ont donné des résultats satisfaisants sur plusieurs
matériaux gonflants différents.
La modélisation numérique du tube Nord du tunnel de Chamoise pour lequel les mesures in situ ont
mis en évidence le développement du gonflement des marnes sous le radier, a montré une meilleure
concordance du modèle de gonflement avec les mesures in situ que les calculs classiques ; en
particulier, on a pu retrouver une asymétrie marquée du comportement du radier et obtenir des
déplacements dans le massif plus proches de la réalité.
Mots clés : Terrain gonflant, tunnel, modélisation numérique, caractérisation expérimentale, essai
Huder-Amberg, retour d’expérience
ABSTRACT
During the last decades, observations in tunnels have reported numerous damages in swelling
grounds. This phenomenon concerns various formations spread in geologic eras and may affect
future tunnels. This thesis aims at developing a design method for tunnel linings in swelling ground.
Based on information provided by in situ observations, laboratory tests and existing design methods,
an elastoplastic behaviour law was been established to simulate the development of swelling in the
ground following a change of state of stress and an ingress of water. In this model, the swelling law is
assumed elastic and three-dimensional, with the swelling deformation being proportional to the
logarithm of stress ; the model takes account of the possible anisotropy of swelling associated with
the stratification of the ground.
The model was implemented in the finite element code CESAR-LCPC and was validated on two
levels : on the one hand, on a sample of swelling material subjected to a swelling test and, on the
other hand, on an instrumented tunnel directly concerned with the swelling phenomenon.
Specific swelling tests were used to identify the different swelling parameters. The calibration of the
swelling law gave satisfactory results on several different swelling materials.
The model was then used to analyse the ground response observed on the Northern tube of
Chamoise tunnel, for which in situ measurements highlighted the development of the swelling of marls
under the invert ; this analysis lead to a closer agreement with the in situ measurements than
conventional models ; in particular, the asymmetry of behaviour of invert was well reproduced with
the model and computed displacements in the ground were closer to the observed results.
Keywords : Swelling ground, tunnel, numerical modelling, experimental characterisation, swelling test
Huder-Amberg, case history
TABLE DES MATIERES
I
CHAPITRE 3 : MÉTHODES DE CALCUL EXISTANTES POUR L’ÉTUDE DES TUNNELS ..........................71
3.1 - Introduction ..................................................................................................................71
3.2 - Modèles basés sur une loi de gonflement ......................................................................72
3.2.1 - Méthodes semi-empiriques......................................................................................... 72
3.2.2 - Méthodes de calcul par éléments finis ......................................................................... 76
3.2.3 - Méthode semi-analytique de Gysel (1987) ................................................................... 79
3.3 - Approches phénoménologiques.....................................................................................81
3.3.1 - Modèles rhéologiques ................................................................................................ 81
3.3.2 - Modèles dérivés ........................................................................................................ 82
3.4 - Modèles hydromécaniques ............................................................................................83
3.4.1 - Cadre général........................................................................................................... 83
3.4.2 - Présentation des méthodes existantes ......................................................................... 84
3.4.3 - Présentation du modèle d’Anagnostou (1993) .............................................................. 85
3.5 - Conclusion ....................................................................................................................92
II
CHAPITRE 6 : IMPLANTATION DE LA LOI DE GONFLEMENT ……………………………..……
DANS LE CODE DE CALCUL CESAR-LCPC ................................................................................133
III
CHAPITRE 8 : ANALYSE D’UN OUVRAGE INSTRUMENTÉ - LE TUNNEL DE CHAMOISE - ................197
8.1 - Introduction ................................................................................................................197
8.2 - Analyse du comportement à long terme de l’ouvrage ................................................198
8.2.1 - Contexte général du tunnel de Chamoise....................................................................198
8.2.2 - Analyse des mesures in situ ......................................................................................204
8.2.3 - Conclusions..............................................................................................................210
8.3 - Modélisation numérique du tube Nord .......................................................................210
8.3.1 - Configuration géotechnique et géométrie de l’ouvrage.................................................210
8.3.2 - Caractéristiques mécaniques des matériaux................................................................212
8.3.3 - Présentation du calcul numérique...............................................................................214
8.4 - Analyse des résultats numériques ...............................................................................217
8.4.1 - Influence du gonflement............................................................................................217
8.4.2 - Etude paramétrique complémentaire ..........................................................................229
8.5 - Conclusions.................................................................................................................233
IV
NOTATIONS
La convention adoptée pour définir les contraintes et les déformations correspond à la convention de
la Mécanique des Sols.
D EL matrice d’élasticité
D EP matrice d’élastoplasticité
σg pression de gonflement
ε
el
(
tenseur des déformations élastiques ε el = ε H + ε g )
ε
H
tenseur des déformations élastiques avec la loi de Hooke
ε
g
tenseur des déformations de gonflement
εg déformation de gonflement déterminée à l’œdomètre
V
C g (ou B g ) indice de gonflement (avec C g = 2,3 Bg )
kg gonflement libre obtenu à l’œdomètre
β tenseur d’anisotropie
β facteur d’anisotropie
n vecteur normal à la stratification
( )
p vecteur parallèle à la stratification
βn anisotropie normale à la stratification β n = n .β. n
βp anisotropie parallèle à la stratification ( β p = p . β. p )
σn contrainte normale au plan de stratification ( σ n = n . σ. n )
σp (
contrainte parallèle au plan de stratification σ p = p . σ. p )
ε gn (
déformation de gonflement normale au plan de stratification ε gn = n . ε g . n )
ε gp déformation de gonflement parallèle au plan de stratification ( ε = p.ε .p )
g g
p
VI
e indice des vides
S surface spécifique des particules argileuses
γ poids volumique du terrain
γS poids volumique des particules solides
γd poids volumique sec
γw poids volumique de l’eau
γ fl poids volumique du fluide
Sr degré de saturation
w teneur en eau
wL limite de liquidité
wP limite de plasticité
wS limite de retrait
IP indice de plasticité
IS indice de retrait
Ac activité argileuse
C2 teneur en particules de dimensions inférieures à 2 µm
VB valeur au bleu de méthylène
VII
VIII
INTRODUCTION GENERALE
Le gonflement des sols argileux, par décompression et/ou par apport d'eau, est la cause de
nombreux dommages : soulèvement de fonds de fouilles, destruction de chaussées, fissuration de
bâtiments. Jusque vers les années 1930, seul le tassement était considéré comme une source possible
de dégâts pour les fondations superficielles. C'est l'US Bureau of Reclamation qui le premier mit
l'accent sur le phénomène de gonflement. Le développement des constructions en béton sur
fondations superficielles amena alors de nombreux ingénieurs à s’intéresser au problème du
gonflement des sols argileux (Chen, 1975 ; Mouroux et al., 1988).
Dans le domaine des excavations souterraines, le gonflement du terrain peut entraîner aussi de
sérieux problèmes, tant pendant la construction, qu’après la mise en service de l’ouvrage. Dans les
anciens tunnels creusés en terrain gonflant, il n’est pas rare d’observer un soulèvement de radier
atteignant plusieurs dizaines de centimètres. La réparation des revêtements et la réexcavation du
radier deviennent ainsi une opération régulière d’entretien ; dans d’autres cas, on est obligé de
construire des radiers en voûte inversée de 1 ou 2 mètres d’épaisseur, destinés à limiter les
mouvements à une valeur acceptable.
1
L’objectif de la présente étude consiste à analyser le phénomène de gonflement, dans le but d'aboutir
à une méthodologie permettant de prendre en compte ses effets dans le calcul à long terme des
revêtements de tunnels.
• La deuxième partie présente les développements effectués, dans le cadre de cette thèse, pour
améliorer la prise en compte du gonflement dans l’étude des ouvrages souterrains. Elle se
compose de trois chapitres :
2
- Le chapitre 5 décrit une approche numérique du problème. En s'inspirant des retours
d’expérience et des méthodes de calcul existantes, une loi de comportement a été établie
pour simuler le phénomène de gonflement apparaissant dans le massif du fait d’un
changement d’état de contraintes et d’une arrivée d'eau. Un calcul analytique conçu pour
représenter le déroulement d’un essai de gonflement permet d’étudier la sensibilité des
paramètres introduits.
- Le chapitre 6 développe le travail numérique effectué pour implanter la loi de gonflement dans
le logiciel CESAR-LCPC, qui constitue l’un des codes de référence en génie civil, et présente
la validation de la loi programmée à partir de la solution analytique du chapitre 5.
- Le chapitre 8 présente le calcul numérique d’un ouvrage instrumenté (tube Nord du tunnel de
Chamoise) dont l’auscultation a mis en évidence plusieurs effets différés tels que le retrait du
béton, le fluage mais aussi le gonflement des marnes sous le radier. En utilisant la loi de
comportement proposée et après calage sur des essais de gonflement réalisés sur du matériau
prélevé sur le site, une simulation numérique de la réalisation de l’ouvrage a été effectuée. Les
résultats sont comparés aux mesures relevées in situ dans le revêtement de l’ouvrage et dans le
massif encaissant.
3
4
Partie I :
5
6
Chapitre 1 :
1.1 - Introduction
Lorsqu'on étudie les problèmes de gonflement rencontrés sur des ouvrages, on s'aperçoit que le
gonflement du terrain est étroitement lié aux apports d'eau du milieu extérieur ou environnant et que
ce phénomène dépend fortement du type de terrain rencontré. C'est pourquoi une description
microscopique du phénomène est indispensable pour bien comprendre quel terrain est susceptible de
gonfler et quels sont les processus de développement du gonflement au niveau microscopique.
Dans un premier temps, comme les matériaux “gonflants” les plus fréquemment rencontrés sont les
argiles, un rappel sur la minéralogie des argiles est d'abord effectué afin de mettre en évidence quelle
est la composition des différentes familles d'argile, leur stabilité et leur affinité avec l'eau qui est à
l'origine du gonflement.
7
partie détaillera les différentes manières de caractériser le gonflement au niveau macroscopique ;
méthodes indirectes, essais en laboratoire ou essais in situ. Les méthodes indirectes basées sur
l'évaluation des paramètres géotechniques classiques (teneur en eau, densité sèche, limites
d'Atterberg, valeur de bleu) permettent d'estimer la sensibilité du matériau vis-à-vis du gonflement.
Les essais en laboratoire permettent de décrire un comportement de gonflement rencontré autour de
l'ouvrage. Les essais in situ permettent d'identifier les sols gonflants en place et de quantifier leur
potentiel de gonflement.
Avant d'analyser le phénomène de gonflement proprement dit, il est essentiel de rappeler certaines
notions minéralogiques et physico-chimiques relatives aux interactions entre l'eau et les particules
argileuses (Grim, 1962 ; Mitchell, 1976).
Les argiles sont les produits de décomposition des roches siliceuses, par désagrégation physique et
mécanique, puis par altération chimique. La famille des minéraux argileux regroupe tous les silicates
hydratés appartenant au groupe des phyllosillicates. Les minéraux argileux ont une structure ionique
telle qu'ils interagissent fortement avec les molécules polaires de l'eau. Une particule d'argile est
formée d'un empilement de feuillets élémentaires constitués par l'association de deux unités
structurales de base :
∗ le tétraèdre de silice SiO 4 (Te) : 4 atomes d’oxygène disposés au sommet d'un tétraèdre régulier
enserrent un atome de silicium. Les tétraèdres se combinent entre eux pour former des couches
planes dites couches tétraédriques (figure 1.1).
°
3A Si
et Atome d'oxygène
et Atome de silicium
8
∗ l’octaèdre d'alumine Al2(OH)6 et éventuellement de magnésium Mg3(OH)6 (Oc) : 6 ions
hydroxydes enserrent un atome d’aluminium ou de magnésium. Les octaèdres se combinent
également pour former des couches planes dites couches octaédriques (figure 1.2).
4 A° Al ou Mg
et Hydroxyde
Aluminium, magnésium...
Le feuillet élémentaire idéal se compose d'un empilement de 2 ou 3 unités de base. Les liens de
covalence et les liaisons ioniques assurent la structure rigide du feuillet élémentaire ; des liaisons
moins fortes mais essentielles, assurent l'assemblage des feuillets élémentaires.
Les particules sont donc soumises à un ensemble de forces d'attraction et de répulsion qui varient
avec la teneur en eau et dépendent des substitutions isomorphes. Malgré la simplicité apparente de la
9
structure des argiles, on en dénombre un très grand nombre d'espèces, qui se distinguent par les
défauts liés aux substitutions isomorphes au moment de la formation. L'arrangement des particules
des terrains argileux, qui interagissent avec l'eau et les ions qu'elle transporte, dépend beaucoup du
milieu de déposition (notamment de sa salinité).
Les trois types d'argile les plus couramment rencontrés sont la kaolinite, l'illite et la
montmorillonite. Nous les décrivons dans la suite avant de préciser les différents mécanismes de
gonflement.
Al
Si
Al
°
7,2 A
Si
Al
Si
est occupé par un ion K + qui, par sa présence, induit un lien fort entre les couches.
10
Si et Al
Al
Si et Al
Si et Al
+
K Al °
9,6 A
Si et Al
Si et Al
Al
Si et Al
de charge qui en résulte est compensé par des ions Ca 2+ (montmorillonite calcique) ou par des ions
Na + (montmorillonite sodique). La valence des ions sodium étant plus faible que celles des ions
calcium, c'est la montmorillonite sodique qui aura la plus grande surface spécifique et la plus grande
C.E.C. Les liaisons entre feuillets étant très faibles, ces argiles sont très sensibles à la teneur en
eau et ont un fort potentiel de gonflement. L'épaisseur d'une particule de montmorillonite peut
être très faible puisque, contrairement aux autres argiles, on peut isoler un feuillet élémentaire. La
montmorillonite fait partie de la famille plus générale des smectites définies comme les “argiles
gonflantes”.
Si et Al
Al et Mg
Si et Al
Si et Al
n couches de H2 O et
cations interchangeables Al et Mg °
9,6 A
Si et Al
Si et Al
Al et Mg
Si et Al
11
Les chlorites (OH)4 (Si Al)8 (Mg , Fe) 6 O 20
Il est nécessaire de citer les chlorites du fait que leurs propriétés se rapprochent de celles des argiles.
Leur structure est cependant plus complexe, et se compose de deux feuillets de micas entre lesquels
s'insère un feuillet de brucite. En fait, le déficit du feuillet de mica est rarement comblé par le feuillet
de brucite et des cations interchangeables se logent dans les espaces créés au sein du feuillet de
mica. De l'eau peut alors pénétrer entre les feuillets, provoquant ainsi un accroissement de
l'interdistance et donc un gonflement. Cependant, les édifices de brucite tendent à coller les feuillets
les uns aux autres et donnent ainsi aux chlorites une certaine cohésion, contrairement aux feuillets des
minéraux argileux, qui sont libres de glisser les uns par rapport aux autres.
°
14 A
brucite
Les caractéristiques de ces argiles sont résumées dans le tableau 1.1. La figure 1.7 présentent des
images de ces argiles prises au microscope électronique à balayage.
Nombre de Surface
Diamètre d'une Epaisseur d'une C.E.C. en
Nom Type feuillets par spécifique
particule (µm) particule (µm) meq/100g
particule en m2/g
Montmorillonite
2:1 1 0,1 0,001 700 - 840 80 - 150
(smectite)
12
Kaolinite Illite Montmorillonite
Figure 1.7 : Photographies au Microscope Electronique à Balayage des argiles (Mitchell, 1976)
Les interstratifiés
Il existe bien entendu des minéraux interstratifiés, formés d'un empilement régulier ou irrégulier de
feuillets de deux types différents. Lorsque l'un des feuillets est de type smectite, le comportement
peut s'avérer gonflant. C'est le cas de la corrensite, la tosudite, la kaolinite-montmorillonite, la
saponite-chlorite, la montmorillonite-mica, l'illite-montmorillonite.
Le rappel de ces quelques données permet de souligner la complexité de la minéralogie des argiles et
de mettre en évidence le caractère original des smectites.
L'analyse minéralogique précédente montre que certaines argiles, pour lesquelles les liaisons
interfeuillets sont très faibles, ont la propriété de fixer les molécules d’eau entre deux feuillets voisins
(c’est le cas de smectites telles que la montmorillonite, et de certaines chlorites). L’eau pénètre à
l’intérieur des particules et s’organise en couches monomoléculaires, il s’agit alors d’un gonflement
intraparticulaire ou interfoliaire (Didier, 1972). Il intervient à l'échelle la plus petite de la structure
argileuse mais peut présenter une ampleur très importante.
En dehors de ce cas particulier, qui définit les argiles dites “gonflantes”, le gonflement est
interparticulaire, c’est-à-dire que l’eau ne pénètre pas à l’intérieur des particules d’argiles. Ce
gonflement interparticulaire, contrairement au gonflement interfoliaire, a une ampleur assez limitée,
mais affecte toutes les argiles. Les différents mécanismes de ce gonflement interparticulaire seront
détaillés dans la partie 1.3.
13
1.3 - Mécanismes de gonflement
Les matériaux susceptibles de gonfler sous l'action de l'eau sont les sols argileux naturels, les marnes,
les roches argileuses et les roches composées d'anhydrite. Le processus de gonflement
interparticulaire met en jeu séparément ou de façon combinée des phénomènes physico-chimiques et
mécaniques variés. Il dépend aussi de la texture du matériau, c'est-à-dire de l'organisation des
plaquettes entre elles, comme on le montrera dans la suite. On présentera aussi le cas de l'anhydrite
dont la transformation en gypse, en présence d'eau, provoque un gonflement notable.
La particule d’argile présente généralement une charge nette négative due à des substitutions
isomorphes au niveau des feuillets. Ce déficit de charges se traduit par la fixation de cations et par
l’orientation des molécules polaires (d’eau, par exemple) dans l’espace périphérique de la particule
et éventuellement entre les feuillets. A l'attraction des cations par la surface des particules d'argile
s'oppose la tendance des ions à diffuser et à se distribuer d'une manière homogène dans l'eau. Le
résultat de cette interaction est un nuage d'ions entourant la particule, appelé double couche
électrique diffuse (figure 1.8).
On a ainsi, autour de chaque particule, formation d’une double couche d’origine électrique, dite
“couche de Gouy-Chapman”, composée :
- d’une couche fixe liée au solide,
- d’une couche diffuse en affinité avec cette particule.
14
une quantité d’ions finie à côté de la surface (figure 1.8) ; elle est fixe tandis que la couche de Gouy
est mobile. Cette dernière fait la transition entre la solution perturbée par la particule et la zone plus
éloignée, non perturbée. La figure 1.8 donne une représentation schématique de ce phénomène.
_
_ + _ _
_ + _
+ _+ +
+ _ + + + +_
_
+ + _+__ _+ _ +
+ _
_ + +_ _+ _
Particule _ + +
_
_ + __ __
argileuse _ + _
+ + _ + + +
+
_ + + ++ + _ _
_ + _ _
+
_ _ + + +
+ _+ _+ _ +
+ +
Couche de Stern
Concentration en ions
cations
C liq
anions
distance à la particule
Figure 1.8 : Schéma de la double couche d’eau entourant une particule argileuse.
La théorie de la double couche développée par Bolt (1956) et Van Olphen (1963) se base sur
l’étude de l’interaction de deux “plaquettes” d’argile parallèles. Sans détailler la théorie de la double
couche, on peut en donner les principaux résultats. Dans un sol saturé, l’épaisseur de la double
couche associée à une particule est donnée par la relation :
1 ε liq k B T
= (1.1)
K dc 8 π C liq e 2c Z 2
où 1 K est l’épaisseur de la double couche en cm, ε liq la constante diélectrique du milieu liquide,
dc
électron, Z la valence des cations et C liq la concentration ionique du milieu liquide (en ions/m3). Le
15
gonflement représentant l’extension des doubles couches, ce phénomène se développera en
particulier avec :
- une diminution de la concentration du liquide interstitiel C liq ,
Dans une étude expérimentale en laboratoire, Didier (1972) et Wong (1998) ont mis en évidence
l'influence notable de la salinité du liquide interstitiel sur le potentiel de gonflement des terrains
argileux. Ils ont, en effet, constaté que plus la concentration en sels (NaCl par exemple) est faible et
plus les déformations de gonflement sont élevées. Ces résultats expérimentaux confirment bien
l'analyse qualitative fournie par la théorie de la double couche.
A partir de cette même théorie, Madsen (1979) et Sridharan et Jayadeva (1982) ont déterminé une
relation entre la pression osmotique de répulsion p R et le potentiel électrique ϕ élec entre les deux
particules :
p R = 2 C liq k T (cosh ϕ elec − 1) avec ϕ elec = 2,35 − 4,375 lg (K dc d ) ;
e γs
d étant la demi-distance entre deux particules d’argile, soit d = avec e = −1 , e désignant
γs S γd
l'indice des vides, S la surface spécifique du sol, γ s le poids volumique des particules solides, et γ d
On remarque que, pour un sol dont la minéralogie et le fluide interstitiel sont connus, la pression p R
interparticulaire d. Madsen (1979) a obtenu, de plus, une corrélation satisfaisante entre la pression
de répulsion ainsi calculée et la pression de gonflement mesurée expérimentalement sur des argilites
et des marnes.
La théorie de la double couche reste évidemment limitée, à cause des hypothèses faites sur le milieu
(pas d’interaction entre les ions, problème bidimensionnel, particules parallèles, ...). On peut, en
première approximation, dire que la théorie de la double couche est applicable quand la source du
16
gonflement est la pression de répulsion osmotique, c’est-à-dire quand on a affaire à des sols
sursaturés en cations en présence d’une eau de circulation à faible concentration ionique.
Dans un milieu saturé, un bilan des forces permet de montrer rapidement qu’une diminution des
contraintes effectives entraîne un gonflement interparticulaire.
Considérons deux particules argileuses que l’on peut représenter comme plates et parallèles. Quand
elles sont immergées dans une solution électrolytique, elles sont soumises, d’une part, à une pression
extérieure sous forme de contrainte effective σ’ et aux forces électriques d’autre part (figure 1.9).
Les forces électriques se composent de la pression osmotique de répulsion p R et de la force
“surfacique” d’attraction p A de Van der Waals, qui dépend de la distance 2d entre les particules et
pA pA
σ' σ'
p pR
R
2d
Sridharan et Jayadeva (1982) ont constaté que, pour les matériaux argileux tels que la kaolinite ou la
montmorillonite, la force d’attraction de Van der Waals était négligeable devant la pression
osmotique de répulsion, pour l’intervalle de pressions mesurées habituellement en géotechnique.
Dans ces conditions, le mécanisme de gonflement s’explique de la façon suivante : supposons que la
contrainte effective vienne à baisser. L'équilibre ne peut être assuré que par une diminution de la
pression osmotique de répulsion, c'est-à-dire pour une minéralogie du sol et une composition du
liquide interstitiel données, par un écartement des deux particules ; ceci tend par ailleurs à diminuer
légèrement la force de Van der Waals. Ainsi, une diminution de contrainte effective se traduit au
niveau macroscopique par le gonflement des argiles.
17
En résumé, dans le gonflement des argiles saturées, la pression osmotique joue un rôle prépondérant.
La théorie de la double couche fournit une interprétation intéressante des phénomènes physico-
chimiques sur le plan qualitatif mais il faut rester prudent pour appliquer quantitativement cette théorie
à une masse de matériau argileux car les hypothèses utilisées ne caractérisent pas toujours la texture
d'un terrain naturel qui peut être très variée comme on le présentera dans le paragraphe 1.3.3.
De plus, lorsque les argiles ne sont plus saturées, par suite d’une dessiccation par exemple, d’autres
forces deviennent prépondérantes dans l’hydratation des argiles, notamment les forces d’attraction
dues aux charges électriques, les forces de Van der Waals de tension capillaire et les forces dérivant
de l’énergie d’hydratation des cations échangeables. L’ensemble de ces forces constitue la force de
succion qui agit directement sur les molécules d’eau, polaires par nature. La succion varie en sens
inverse du degré de saturation Sr . Cette succion est faible pour des sols saturés et très forte pour
Le phénomène de gonflement, de même que le tassement, peut provenir d’une modification de l’état
de contraintes dans le sol en présence d’eau. Il est donc important de rappeler les bases de la
mécanique des sols appliquées à l’état de contraintes dans un sol.
Un sol est un système constitué de 3 phases : une phase solide (les particules solides), une phase
liquide (eau interstitielle en général) et une phase gazeuse (bulles d’air ou film d’air continu). Le sol
est saturé si la phase gazeuse disparaît, c’est-à-dire si tous les vides interparticulaires sont occupés
par l’eau interstitielle. Dans un sol saturé soumis à une contrainte totale σ (géostatique ou surcharge
extérieure), cette dernière se décompose en :
σ = σ'+ u (Théorie de Terzaghi),
u désignant la pression interstitielle à savoir la pression de l’eau des pores et σ' la contrainte
effective, c’est-à-dire la contrainte qui s’exerce réellement sur le squelette solide. Si le sol est sec, la
pression interstitielle u est nulle et on a σ' = σ .
Si l’élément de sol considéré est situé sous la nappe phréatique à une cote z, la pression interstitielle
est égale à la pression exercée par la colonne d’eau sus-jacente soit u = γ w z .
18
Si par contre, il se situe au-dessus de la nappe phréatique, il peut être saturé ou non, selon les
caractéristiques du matériau qui le compose et la distance qui le sépare du toit de la nappe.
L’attraction entre les molécules adjacentes à la surface d’un fluide (tension de surface) lui permet de
s’élever dans un capillaire au-dessus de la ligne de pression atmosphérique. La hauteur de fluide
dans le capillaire est donnée par la loi de Jurin :
2 σcap cos θ cap
H cap =
γ fl rcap
où σ cap est la tension de surface, r cap le rayon capillaire, θ cap l’angle de contact liquide/fluide et γ fl
le poids volumique du fluide. C’est ce phénomène qui permet à un sol de retenir de l’eau au-dessus
du toit de la nappe, par l’intermédiaire de son réseau poreux.
Barden (1965) a ainsi identifié, au-dessus de la nappe, une zone considérée comme saturée où le
degré de saturation est proche de l’unité ; la faible fraction d’air contenue dans le sol est occluse
entre les particules et ne perturbe pas l’écoulement d’eau. Il considère alors que, dans ce domaine,
les contraintes appliquées sur le squelette solide peuvent être définies par le principe de Terzaghi, la
pression interstitielle u étant inférieure à la pression atmosphérique. On la définit comme négative et
elle est égale à (− γ w z ) . Elle représente la succion capillaire du terrain qui, dans le cas simple
d’un tube capillaire, est donnée par la loi de Jurin et caractérise la capacité du terrain à retenir l’eau
au-dessus de la nappe.
Si au contraire, l’élément de terrain n’est pas saturé, la pression interstitielle négative est fonction de
la pression d’eau u w et de la pression d’air u a dans le sol. Bishop (1960) a proposé une pression
u * = u a + χ (u w − u a )
où χ est un coefficient qui dépend du degré de saturation du sol : χ varie entre 0 et 1, et est égal à 1
pour un sol saturé.
Considérons un élément de sol saturé à l’équilibre. Si une contrainte extérieure σ e est appliquée à
cet élément de sol, l’eau étant moins compressible que le squelette solide, la contrainte σ e est
u = σe
immédiatement reprise par la phase liquide et au temps initial t = 0 on a :
σ' = 0
19
Si l’on permet alors au sol de se drainer, un phénomène de consolidation va se développer,
correspondant à l’expulsion de l’eau et au transfert de contrainte de l’eau sur le squelette solide. Un
nouvel équilibre va alors s’établir pour l’état de contraintes :
u =0
σ' = σ e
Si la contrainte σ e est alors supprimée, le même phénomène se produit en sens inverse, et
immédiatement :
u = − σe
σ' = σe
La pression interstitielle devient négative (dans le domaine des succions) et opposée à la variation de
contrainte totale. Dans des conditions de libre circulation de l’eau, un phénomène de gonflement va
alors se développer, exprimant l’absorption de l’eau et le transfert de contrainte négative de l’eau sur
le squelette solide, jusqu’à l’état final :
u = 0
σ' = 0
Il est donc possible d’affirmer que si la consolidation exprime une diminution de la pression
interstitielle jusqu’à son annulation, le gonflement exprime quant à lui la diminution de la
succion (-u) jusqu’à son annulation.
Après avoir présenté les résultats théoriques obtenus pour expliquer le gonflement des minéraux
argileux, on s’est intéressé au développement du phénomène de gonflement au niveau
microscopique. Le gonflement, dont on constate les effets macroscopiques, se développe en fait à
l’échelle microscopique, et consiste en une réorganisation du squelette solide et du réseau poreux
constituant la texture du terrain. Pour analyser le développement microscopique du gonflement, on
s’est attaché à définir la notion de texture d’un terrain et à décrire l’évolution de sa texture au cours
du gonflement.
20
systématique de matériaux argileux au M.E.B. a permis de cerner l'organisation des particules
d'argile et de dégager certaines textures.
Van Olphen (1963) a proposé une classification basée sur l’association des particules argileuses
entre elles, à partir des critères : dispersé, agrégé (face contre face en agrégats), floculé (association
d’agrégats ou de particules bord-bord ou bord-face), défloculé (aucune association entre les
particules ou entre les agrégats). Cette classification (figure 1.10) ne repose pas sur une observation
directe, mais sur les possibilités d’assemblage géométrique.
Le Roux (1976) distingue trois classes principales de textures, à partir d’observations sur les
marnes ;
- la texture homogène où tous les minéraux sont intiment mélangés et où aucune direction n’est
privilégiée,
- la texture orientée où une direction privilégiée apparaît dans l’arrangement des grains,
- la texture floconneuse ou en microagrégats où la phase argileuse se présente sous forme
grossièrement sphérique, soit seule, soit associée aux carbonates.
Collins et McGown (1974) ont tenté de préciser cette définition dans le cas des terrains contenant
une proportion non négligeable de grains non argileux, en introduisant une classification des relations
existant entre particules argileuses et grains sableux ou silteux (figure 1.11) : connexions argileuses
entre grains silteux (a, b, c), agrégats irréguliers en nid d’abeille (d, e), agrégats réguliers (f, g),
particules argileuses entrelacées avec ou sans inclusions silteuses (h, j), matrice argileuse (k) ou
matrice granulaire (l).
21
Figure 1.11 : Schéma d'assemblages de particules (Collins et McGown, 1974)
La variation de texture des sols au cours du gonflement peut être étudiée à l’aide de deux techniques
complémentaires, la microscopie électronique à balayage (M.E.B.) et la porosimétrie par injection de
mercure. La microscopie électronique à balayage permet de visualiser la texture des sols, donc
d’obtenir des informations générales (arrangement des particules, estimation de rayons de pores, de
tailles de particules, détermination de certains minéraux...). La porosimétrie par injection de mercure
permet de quantifier le réseau poreux par la mesure des rayons de pores. L’étude du réseau poreux
est fondamentale puisque c’est la dilatation volumique qui cause le gonflement macroscopique.
Grâce à ces deux techniques, Vayssade (1978) et Parcevaux (1980) ont obtenu des résultats très
significatifs sur plusieurs argiles composées essentiellement de kaolinite et, en moindre importance,
d’un interstratifié illite-smectite : Argile Verte de Villejuif, Argile Plastique de Provins et Fausses
Glaises. Leurs observations au M.E.B. ont montré que les sols étudiés ont, à l’état naturel, une
texture assez compacte, constituée plus ou moins nettement d’agrégats argileux individualisés et
tassés les uns contre les autres. Au gonflement, cette texture évolue en une configuration en agrégats
séparés par des pores de géométrie plutôt bidimensionnelle. La taille des agrégats diminue et
l’épaisseur des pores augmente au cours du gonflement. La figure 1.12 illustre cette évolution.
22
Agrégats primaires Agrégats secondaires
Par injection de mercure, deux classes de pores ont été mises en évidence pour l’essentiel des sols
étudiés :
- une classe de pores intra-agrégats (rayon de pores inférieur à 0,05 mm),
- une classe de pores inter-agrégats (rayon de pores supérieur à 0,05 mm).
Il apparaît que la classe de pores intra-agrégats ne varie pas au cours du gonflement. L’augmentation
de la porosité est due uniquement à l’augmentation de la porosité inter-agrégats ; elle correspond à
une croissance des rayons de pores au cours du gonflement.
Cette étude montre que le gonflement des sols argileux saturés ne contenant pas de grande quantité
de minéraux dits “gonflants” (smectites) est un phénomène qui se produit au niveau des zones de
faible résistance, analogues à des fissures (pores bidimensionnels) individualisant un réseau
tridimensionnel d’agrégats.
Troalen et al. (1984) ont aussi utilisé le microscope électronique à balayage pour analyser les
mécanismes du gonflement des sols argileux. Une étude sur des matériaux argileux gonflants de la
région du Caire (argilites massives et argilites litées), de la fraction argileuse essentiellement
composée de montmorillonite, a montré que les résultats obtenus sur des essais de gonflement ne
pouvaient s’expliquer uniquement à partir des analyses chimiques, minéralogiques et physiques.
En effet, un échantillon d’argilite massive a révélé une microtexture finale serrée dans une direction et
plus lâche dans une autre, ce qui caractérise le comportement anisotrope observé alors que les
autres échantillons ont fait apparaître un réarrangement des agrégats argileux (diminution de taille),
avec fermeture plus ou moins marquée des discontinuités. Dans le cas des argilites litées, pour
23
lesquelles les paramètres physiques, chimiques, minéralogiques et les courbes de gonflement sont
voisins, les microtextures initiales sont relativement serrées et denses (figure 1.13.a) ; le gonflement
se traduit par des ouvertures entre feuillets argileux composant les agrégats. Ce phénomène
d’expansion est compensé par la fermeture partielle ou totale des discontinuités initiales, c’est-à-dire
des espaces inter-agrégats (figure 1.13.b). Finalement, ces observations confirment bien que, pour
les smectites, le gonflement interfoliaire a une ampleur importante.
Les exemples précédents montrent que les techniques d’analyse, M.E.B. et porosimétrie, permettent
de donner une explication des mécanismes du gonflement de divers matériaux argileux. Le rôle
essentiel joué par les microtextures lors du gonflement est bien mis en évidence et il est possible
d’obtenir une meilleure interprétation des différents résultats obtenus lors d’essais de gonflement.
L’évolution de texture est d’autant plus nette et significative que le matériau est plus fin et plus riche
en minéraux argileux.
Le gypse et l’anhydrite sont des roches sulfatées, formées par précipitation chimique. Le gypse
(CaSO 4 )
, 2 H 2 O cristallise dans le système monoclinique ; sa densité est de 2,32 et sa solubilité
atteint de 2 g/l à 20°C sous la pression atmosphérique. L’anhydrite (CaSO4 ) admet plusieurs
24
On peut souligner que :
- du point de vue de la densité, gypse et anhydrite diffèrent fortement et encadrent la valeur
moyenne usuelle des roches superficielles (densité égale à 2,65) ;
- du point de vue de la solubilité, ces deux matériaux sont très solubles ; ce sont en fait les plus
solubles dans la nature après la halite ( NaCl) .
Cette évolution se produit sous certaines conditions de pression, de température et de teneur en eau
(Sahores, 1962). Ainsi, le sulfate de calcium sous sa forme anhydrite CaSO 4 est stable à des
températures supérieures à 58°C et à une pression proche de 100 kPa. Au dessous de 38°C,
l’anhydrite peut être présente si l’eau nécessaire à sa transformation est insuffisante ; seul le gypse est
stable. Entre 38°C et 58°C, les deux composés coexistent et présentent des évolutions différentes.
Ces chiffres ont conduit Wittke (1978) à conclure que, dans la nature, deux cas sont susceptibles de
se présenter :
- dans un volume fermé contenant de l’anhydrite et l’eau nécessaire à la transformation, le gypse se
∆V 74 − (46 + 36)
forme avec une réduction de volume ε vol = − =− ×100 = 9,6 % , ce qui se
V 82
traduit par un tassement observé ;
- par contre, si l’eau arrive de l’extérieur, c’est-à-dire en système ouvert, on observe théoriquement
∆V 74 − 46
un fort gonflement ε vol = − =− × 100 = − 61 % .
V 46
Ce schéma n’est pas toujours confirmé (Sahores, 1962). En effet, l’anhydrite ne se transforme pas
nécessairement en gypse sous les conditions précitées. Dans les zones fraîchement excavées, le
gypse et l’anhydrite coexistent ; dans les zones altérées, de minces pellicules de gypse recouvrent
l’anhydrite.
L’anhydrite est une roche légèrement évolutive et sa pression de gonflement n'atteint pas des valeurs
de 70 MPa comme il a longtemps été suggéré. En fait la transformation anhydrite - gypse est lente,
25
durable et favorise le colmatage, donc l’arrêt des circulations d’eau en profondeur. Néanmoins, le
gonflement de l’anhydrite est un phénomène à prendre très au sérieux, compte tenu des dommages
déjà occasionnés et le phénomène est plus rapide que pour les sols argileux.
1.3.5 - Conclusion
On a aussi constaté que l’analyse minéralogique et chimique ne permettaient pas d’interpréter toutes
les manifestations macroscopiques du gonflement car la disposition des différentes particules, c’est-
à-dire la texture, avait une influence importante sur la forme du gonflement. Les observations au
microscope électronique à balayage permettant d’analyser l’évolution de la texture au cours du
gonflement montrent que, pour la kaolinite, le gonflement est uniquement de type inter-agrégats, au
niveau des pores interstitiels alors que pour les smectites, le gonflement est de type intra-agrégats,
c’est-à-dire entre les feuillets.
Cette revue bibliographique montre que le gonflement des argiles est un phénomène notable
dans beaucoup de sols comme les marnes, les molasses ou les schistes argileux contenant en
particulier des smectites et de l’illite. Dans le cas des terrains rocheux, on rencontre le plus
souvent les argiles gonflantes sous forme de veines, ou de matériaux de remplissage des
failles, parfois des joints.
Outre le gonflement des sols argileux, il faut de plus insister sur le gonflement de l’anhydrite, matériau
aussi rencontré lors d’excavation de tunnels et dont le potentiel de gonflement peut être aussi
important que pour les terrains argileux.
26
1.4 - Caractérisation en laboratoire du phénomène de gonflement
Les méthodes indirectes reliant le gonflement aux paramètres géotechniques permettent d’identifier
les terrains gonflants alors que les essais de gonflement caractérisent plus précisément le
comportement gonflant d’un échantillon. Accompagnées de précautions expérimentales, les
différentes procédures d’essais en laboratoire permettent de déterminer des paramètres du
gonflement à appliquer dans le dimensionnement d’ouvrage et d’analyser certains aspects du
gonflement comme la cinétique ou l’anisotropie.
En toute rigueur, les paramètres mécaniques à déterminer pour caractériser les terrains gonflants ne
sont pas les mêmes selon que l’objectif choisi est d’empêcher le gonflement, ou de s’assurer qu’il se
produira de façon progressive ou périodique, ou de construire l’ouvrage après achèvement du
processus de gonflement. Le paragraphe 1.3 a montré que les phénomènes physico-chimiques et les
mécanismes intervenant à différentes échelles (auxquels se surajoutent d’éventuelles modifications de
la structure du terrain pendant le gonflement) rendent très difficiles la caractérisation.
Devant cette complexité, c’est une approche macroscopique qui est adoptée dans la pratique
quotidienne. Elle distingue trois notions : la pression de gonflement, le gonflement libre et l’indice de
gonflement. Ces notions ne peuvent pas être considérées comme des caractéristiques intrinsèques du
matériau gonflant et ne peuvent recevoir de définition objective, car elles dépendent des conditions
dans lesquelles se déroule le gonflement. Elles sont néanmoins très largement utilisées et ont
largement influé sur les procédures d’essais en laboratoire.
• La pression de gonflement d’un élément de sol ou de roche, dont l’état physique initial est connu,
peut être définie comme l’état de contraintes à exercer pour maintenir son volume constant pendant
l’imbibition sans distorsion. Cette définition de la pression de gonflement est la plus usitée mais elle
n'est pas la seule.
27
• Le gonflement libre d’un élément de sol ou de roche, dont l’état physique initial est connu, est la
déformation maximale que provoque l’imbibition de cet élément soumis à un état de contraintes
nulles ou quasi-nulles.
Les méthodes indirectes consistent à déterminer une corrélation entre le gonflement libre ou la
pression de gonflement et quelques paramètres géotechniques comme les limites d’Atterberg, la
limite de retrait, la teneur en eau, la densité sèche qui semblent être les facteurs influant sur le
gonflement des argiles. Ainsi, après avoir déterminé les paramètres géotechniques d’un matériau,
l’emploi de formules empiriques permet de connaître rapidement le potentiel de gonflement du
terrain, c’est-à-dire estimer si ce potentiel est faible, moyen ou élevé et donc si le phénomène est à
prendre en compte ou non. Compte tenu de la structure minéralogique des différents types d'argile,
la caractérisation de la surface spécifique d'argile représente aussi un élément essentiel pour identifier
le potentiel de gonflement d'un matériau.
Quelques approches empiriques sont détaillées ci-après.
Sur un plan macroscopique, ce phénomène est à rapprocher de la notion des limites d'Atterberg.
Ainsi, l'indice de plasticité I P = w L − w P peut s'interpréter comme la quantité d'eau nécessaire pour
faire passer un sol de l'état “solide” (w < w P ) à l'état “liquide” (w > w L ) . Plus le sol possède de
minéraux actifs dans leur interaction avec l'eau, plus il sera nécessaire d'ajouter de l'eau au sol pour
qu'il devienne liquide ; sachant qu'une grande partie de cette eau sera adsorbée par les particules, il
28
ne restera donc pas à l'état liquide et ne conférera pas au matériau un état liquide mais pâteux,
correspondant à la phase plastique. Quand toute la capacité d'adsorption du sol sera saturée, alors
l'eau en excès restera à l'état libre c'est-à-dire liquide. Ceci rejoint la définition de l'activité de
IP
Skempton A c = qui rapporte l'indice de plasticité du matériau à sa teneur en particules
C2
argileuses (notée ici C 2 , teneur en particules de dimensions inférieures à 2 µm), la seule interagissant
avec l'eau.
Cette définition de l'indice de plasticité montre également que I P est un paramètre important dans les
propriétés de rétention d'eau du terrain et donc de gonflement. C'est la raison pour laquelle un
certain nombre de corrélations ont rapidement été recherchées entre les limites d'Atterberg et les
propriétés de gonflement des sols.
Seed et al. (1962) ont proposé une méthode d’estimation du taux de gonflement sur des sols
compactés en se référant à la teneur en argile du sol et à l’activité du matériau A c (figure 1.14).
5
Activité
2
Très élevé
Taux de
1 Elevé gonflement
Moyen 25 %
Faible 5%
1,5 %
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Pourcentage de particules argileuses (de taille inférieure à 2 µ m)
Le gonflement libre ε g d’un échantillon confiné latéralement en présence d’eau sous une surcharge
par l’expression :
ε g = 21,6 .10 −5 (I P )
2 , 44
29
Cette relation, obtenue par une étude statistique des résultats expérimentaux, s’applique aux
matériaux contenant entre 8% et 65% d’argile. La comparaison de cette formule avec les résultats
expérimentaux a abouti à une fourchette d’erreur d’environ 33% sur le gonflement libre. Le tableau
1.2 donne la relation entre le taux de gonflement et l’indice de plasticité.
Tableau 1.2 : Relation entre le gonflement libre et l’indice de plasticité (Seed et al., 1962)
IP ε g (%) Potentiel de gonflement
0 - 10 0 - 1,5 Faible
10 - 20 1,5 - 5 Moyen
20 - 35 5 - 25 Elevé
> 35 > 25 Très élevé
Komornik et David (1969) ont travaillé plus particulièrement sur des sols non remaniés provenant
d’Israël, car la méthode de compactage est un facteur très influent sur les paramètres de gonflement.
Les nombreux essais ont montré qu’une simple corrélation linéaire était possible entre le gonflement
libre et l’indice de plasticité :
ε g = 6,7 + 2, 4 I P pour les marnes
ε g = 0,9 + 2,1 I P pour l’argile
La fourchette d’erreur obtenue était d’environ 25 %.
Vijayvergiya et Ghazzaly (1973), tout comme Komornik et David (1969), ont constaté que, la
ligne “A”, définie par Casagrande (1948) dans le diagramme de plasticité et d’équation
I P = 0,73 ( w L − 20 ) , sépare les sols gonflants (au-dessus) des sols non gonflants (en dessous de la
ligne A) comme indiqué sur la figure 1.15. Cependant une argile se situant au dessus de la ligne “A”
n’est pas nécessairement gonflante, puisque des sols mous peuvent parfois y être classés.
100 100
Indice de plasticité
Indice de plasticité
80 80
60 60
40 40
20 Ligne "A"
20 Ligne "A"
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 0 20 40 60 80 100 120 140
Limite de liquidité
Limite de liquidité
30
Dakshanamurthy et Raman (1973) se sont aussi inspirés du diagramme de plasticité proposé par
Casagrande (1948) pour fournir une classification du niveau de gonflement. Le diagramme, qui
comprend la ligne A de séparation des sols gonflants, est divisé en 6 zones le long de l’axe des
abscisses comme suit :
Les sols argileux présentent un retrait volumique lors de l’évaporation de l’eau interstitielle. Le retrait
volumique évolue de manière linéaire en fonction de la teneur en eau w jusqu’à une teneur en eau
w S définie comme la limite de retrait. A partir de cette limite w S , le sol perd de l’eau sans grande
apparaissent aussi comme des éléments fondamentaux pour l’étude des variations de volume des
sols.
Altemeyer (1955) a proposé une classification des sols en fonction de la limite de retrait (tableau
1.4).
Tableau 1.4 : Relation entre potentiel de gonflement et limite de retrait (Altemeyer, 1955)
wS Potentiel de gonflement
< 10 Fort
10 - 12 Critique
> 12 Faible
Ranganatham et Satyanarayana (1965) ont déterminé une relation entre l’indice de retrait I S et
le gonflement libre ε g pour des sols naturels compactés à l’optimum Proctor et sous une surcharge
ε g = 41,1 .10 −5 (I S )
2 , 67
31
Cette relation leur a permis de classer le potentiel de gonflement d’un sol en fonction de son indice
de retrait (tableau 1.5).
Deux paramètres définissant l'état initial d'un sol paraissent intéressants à analyser : la teneur en eau
w et la densité sèche γ d . Sans être directement reliés au potentiel de gonflement, ces deux facteurs
renseignent directement sur l'état initial du réseau poreux, facteur influant sur le gonflement comme
l'ont illustré les différentes analyses au microscope électronique à balayage.
Vijayvergiya et Ghazzaly (1973) ont montré que, pour des sols remaniés, le gonflement libre ε g
(en %) et la pression de gonflement σ g (en kPa) d’un sol sont des fonctions semi-logarithmiques
Dans le même temps, David et Komornik (1969) ont proposé une estimation de la pression de
gonflement (en kPa) tenant compte à la fois de la masse volumique sèche ρ d (en kg/m3), de la
32
Brackley (1983) a déterminé une relation générale entre la déformation de gonflement ε g (en %) et
− lg σ (0,525 I P + 4,1 − 0,85 w )
147 e
ε g = 5,3 −
IP
où e désigne l’indice des vides, w la teneur en eau (en %) et σ la surcharge appliquée (en kPa).
L’état initial du sol est ainsi pris en compte, par l’intermédiaire de e et w, ainsi que la pression
appliquée. La pression de gonflement σ g est alors définie, pour une déformation de gonflement
nulle, par :
147 e
lg σg = 5,3 −
IP
De même Chen (1975), s’appuyant sur les travaux de Kassif et Baker (1969), a conclu que la
pression de gonflement n’est pas affectée par la teneur en eau, pourvu que le poids volumique sec
soit maintenu constant.
Finalement on constate que certains auteurs, comme Chen (1975) ou Brackley (1983), considèrent
la pression de gonflement comme une propriété intrinsèque du matériau, c’est-à-dire dépendant
uniquement de la minéralogie et de la densité de l’empilement des particules sans tenir compte de
l’eau alors que d'autres auteurs, comme Komornik (1969) ou Vijayvergiya (1973), affirment que
plusieurs paramètres liés à l’état hydrique, comme la teneur en eau initiale w ou la limite de liquidité
w L , peuvent influer sur la pression de gonflement.
Afin de voir si ces différentes méthodes permettraient d’obtenir des résultats compatibles entre eux
et surtout avec les observations du terrain, Johnson et Snethen (1978) ont testé, sur 20 sols
différents et gonflants, plusieurs méthodes présentées ci-dessus, avec leur paramètres de définition
(tableau 1.6). Les résultats obtenus sont alors classés en trois grandes catégories :
- les résultats où les prévisions coïncident avec les résultats observés,
- ceux où ils ne coïncident pas mais où cela va dans le sens de la sécurité,
- ceux où ils ne coïncident pas avec des divergences non sécurisantes.
33
On s’aperçoit très vite que la fiabilité des méthodes présentées varie beaucoup mais qu’aucune ne
donne de coïncidence générale avec l’ensemble des sites testés. De fait une méthode, comme celle
de Komornik et David (1969), semble à proscrire car elle sous-estime le gonflement à venir. Il
apparaît que celles basées sur des valeurs tirées des limites d’Atterberg sont celles qui donnent les
valeurs les moins incohérentes.
Tableau 1.6 : Comparaison entre les différentes de méthodes de classification d’après Johnson et
Snethen (1978) et Josa (1988)
Nombre de cas
Paramètres
Méthode divergents mais totalement
utilisés qui coïncident
favorables défavorables
Ip Seed et al. (1962) 3 13 4
Dakshanamurthy &
wL , I p 5 13 2
Raman (1973)
wS Altemeyer (1955) 9 7 4
Ranganathan &
IS 5 13 2
Satyanarayana (1965)
Vijayvergiya &
w , wL 9 8 3
Ghazzaly (1973)
Komornik & David
w , wL , γd 2 3 15
(1969)
En conclusion, et en reprenant l’analyse effectuée par Josa (1988), il apparaît difficile de prétendre
classer les sols gonflants uniquement à partir de la valeur d’un indice tiré d’une mesure indirecte de
reconnaissance.
Les limites d'Atterberg, qui peuvent être déterminées au moyen d'un matériel léger dans les
laboratoires de chantier, constituent la caractérisation de référence pour les sols argileux. Mais elles
ne donnent pas une identification précise de la nature minéralogique des particules argileuses et de
leur influence sur le comportement global du sol. La mesure de la surface spécifique des particules
présentes dans un sol offre une caractérisation meilleure de l'argilosité du sol, puisque cette surface
varie de façon très importante avec la nature des particules.
34
On notera qu'il existe deux surfaces spécifiques :
- la surface spécifique externe, que l'on peut associer au niveau interparticulaire ; elle vaut 80 m2/g
pour une montmorillonite et entre 70 et 140 m2/g pour une illite,
- la surface spécifique interne, associée au niveau interfoliaire ; elle atteint 800 m2/g pour une
montmorillonite alors qu'elle est quasi nulle pour l'illite.
Afin de calculer et d’appréhender la surface spécifique d’un sol argileux, différentes techniques ont
été présentées. La plus simple, et maintenant la plus usitée, est certainement la technique de l’essai
au bleu de méthylène. Comme les molécules de la solution de bleu de méthylène adhèrent aussi
bien sur la surface interne que sur la surface externe des argiles, l'ajout progressif de bleu à une
masse déterminée de sol jusqu’à saturation complète, permet de déterminer le potentiel d’adsorption
de ce sol (Tran Ngoc Lan, 1977). Ainsi un sol adsorbera proportionnellement d'autant plus de bleu
de méthylène que :
- la quantité d'argile qu'il contient est importante,
- cette argile est active, c'est-à-dire développe une surface spécifique, interne et externe, élevée et
qu'elle est abondamment chargée.
Il apparaît donc une relation directe entre la quantité de bleu adsorbée et la phase argileuse du sol.
Une relation entre la surface spécifique totale Sst et la valeur de bleu de la phase argileuse
Sst = 21 VB (0 / 2µm )
Les essais réalisés ont donné une surface spécifique totale de 54 m2/g pour la kaolinite et de 795
m2/g pour la montmorillonite.
Finalement, on constate que l'essai au bleu de méthylène, en mesurant la surface hydrophile des
argiles, représente un très bon indicateur du potentiel de gonflement d'un sol. De plus, l'essai est
facile et rapide à réaliser.
1.4.2.6 - Conclusions
L’exposé précédent, qui n’est pas exhaustif, montre le grand nombre de méthodes et de lois
différentes mises au point pour estimer le gonflement des sols de façon indirecte, c’est-à-dire sans
effectuer d’essai de gonflement.
35
Le plus souvent, ces méthodes restent grossières et différencient seulement les sols à fort potentiel de
gonflement des sols à faible potentiel de gonflement. Les relations sont, en général, déterminées à
partir d’échantillons remaniés dont le comportement n’est pas identique à celui du matériau dans son
état naturel. De plus, il semble que les lois mathématiques citées, qui sont certes significatives quand
elles sont appliquées à un grand nombre de sols très différents minéralogiquement et
granulométriquement, doivent être utilisées avec beaucoup de précautions sur des sols de natures
voisines.
Ces critères de gonflement sont donc très utiles en tant qu’indicateurs du potentiel de gonflement des
sols (faible, moyen ou fort), et sont significatifs lors d’études statistiques sur des sols différents, mais
en aucun cas ne peuvent remplacer les essais directs de gonflement du point de vue de la
caractérisation mécanique de ce phénomène.
Il existe un grand nombre de procédures d’essais de gonflement, comme le montre une synthèse
récente effectuée par Serratrice et Soyez (1996). Les principaux essais sont présentés dans la suite.
Les procédures d’essais de gonflement tirent leur diversité de la complexité du phénomène analysé,
des nombreuses variétés de matériaux gonflants et d’une longue pratique empirique. Il semble
illusoire, en effet, de chercher à qualifier mécaniquement un sol susceptible de gonfler par une
procédure universelle de laboratoire.
Les procédures d’essais se distinguent principalement par les modalités d’application des charges sur
l’éprouvette (charge de mise en imbibition, durée des paliers, taux de déchargement d’un palier à
l’autre, etc.), par leurs méthodes de suivi en temps réel ou par leurs méthodes d’exploitation des
résultats. L’œdomètre est le seul appareillage préconisé pour la réalisation des essais de gonflement.
Mais ces procédures doivent pouvoir être transposées, au moins dans leur principe, au cas de
l’appareillage triaxial. Elles ont donné lieu à de nombreuses variantes d’essais, avec l’utilisation
d’appareillages et de méthodologies spécifiques, voire de combinaisons de procédures.
Parce qu’elles sont inspirées des pratiques œdométriques, toutes ces procédures sont basées sur des
essais par paliers avec imbibition et non par chargement continu (qui, plus encore que pour les sols
36
compressibles, poserait le problème du choix des vitesses d’essai en regard de la cinétique de
gonflement), sans utilisation d’une contre-pression (mise en imbibition et non pas en saturation). A
chaque étape de l’essai, le gonflement se déroule sous une contrainte axiale constante en principe
jusqu’à atteindre la stabilisation de la déformation. Cependant, lorsque la stabilisation du gonflement
n’a pas lieu sous un palier donné, cette part non consommée du gonflement s’ajoute au gonflement
sous le palier de décharge suivant. Didier et al. (1987) et l’ISRM (1989) préconisent certaines règles
détaillées dans l’annexe A, pour passer d’un palier au suivant, ce qui implique un suivi régulier de
l’essai. Mais, dans le cas où ces règles ne s’appliquent pas, on en est réduit à adopter une valeur
forfaitaire de durée des paliers. Par la suite, on conservera le terme de stabilisation de la
déformation, compte tenu des règles fixées pour définir cette stabilisation.
Aussi, avant d’évoquer ci-dessous les techniques utilisées en laboratoire pour caractériser les
matériaux gonflants, on propose de décrire chacune des quatre méthodes de base d’essais de
gonflement, dont sont issues les procédures normalisées présentées dans l’annexe A.
Dans le cas des sols moyennement à fortement gonflants, l’essai de gonflement libre peut entraîner
une modification de structure pendant le gonflement avant le retour à une déformation nulle. C’est
pourquoi il a tendance à surestimer la pression de gonflement.
37
préalablement défini (figure 1.16, méthode 2). Le gonflement ou l’effondrement de chaque
éprouvette est obtenu en procédant à son imbibition sous contrainte, jusqu’à stabilisation des
déformations.
Cette technique, qui généralise la procédure de Holz et Gibbs (1956), présente l’inconvénient
d’avoir à tester simultanément des éprouvettes de matériaux parfois hétérogènes. Elle est
principalement utilisée dans le cas des matériaux compactés, pour lesquels il est plus facile de
préparer des éprouvettes identiques. Mieussens (1993) a ainsi proposé une procédure d’essais de
gonflement-effondrement pour évaluer la qualité de matériaux compactés. Après stabilisation des
matériaux compactés, on compare entre elles les déformations résultant, d’une part, du chargement
et, d’autre part, de l’imbibition en fonction de la contrainte axiale, ce qui donne directement le
potentiel de gonflement de la roche testée. Cette méthode présente l’avantage de soumettre le sol ou
la roche à des conditions proches de la réalité, chaque éprouvette pouvant représenter différents
éléments du massif ou du remblai.
ε v (%)
30
Gonflement libre puis rechargement sous imbibition (1)
20 Gonflement sous différentes charges axiales (2)
0
10 100 3 1000 10000
-10 lg σ v (kPa )
1
2
-20
-30
-40
38
libre. Cette méthode a été fortement décriée car elle est délicate à mettre en œuvre (l’essai doit
impérativement se dérouler par accroissement continu du chargement jusqu’à l’équilibre qui est
atteint lorsque la charge est égale à la pression de gonflement). De plus, le matériel doit posséder une
forte rigidité et le rattrapage du gonflement par des poids supplémentaires induit de petites
oscillations, assimilables à des cycles de chargement-déchargement.
Pour effacer les effets du remaniement dû au prélèvement du sol et à sa mise en place dans
l’œdomètre, l’éprouvette est ensuite soumise à un cycle de déchargement-rechargement jusqu’à la
contrainte σ vo (chemins b et c). Sous cette contrainte, elle est alors mise en présence d’eau par
saturation de la cellule œdométrique, ce qui provoque le gonflement -ou effondrement- (chemin AB).
A
Déformation verticale (%)
b G
B
0,5 c
C
a
lg σ v (kPa )
0 E
1 10 100 1000 10000
s
-0,5
-1
Plusieurs semaines, voire plusieurs mois, peuvent s’écouler avant la stabilisation du gonflement de la
roche. Ce stade étant dépassé, l’éprouvette est déchargée au palier précédent et son gonflement est
39
observé jusqu’à stabilisation, avant de procéder à un nouveau déchargement, ce qui se traduit par le
chemin (s) de la figure 1.17. L’intersection des chemins c (rechargement à l’état naturel) et s
(déchargement sous imbibition) a pour abscisse la pression de gonflement σ g selon Huder et
- les durées des paliers de gonflement peuvent conduire à une durée d’essai excessive.
σ g s’écrit :
∆h σ
εv = − = Cg lg v (1.2)
h σg
Ainsi que nous l’avons vu auparavant, trois techniques principales (Sridharan et al., 1986) peuvent
être mises en œuvre pour déterminer la pression de gonflement d’un échantillon de sol. En fonction
notamment du niveau de confinement des échantillons, les valeurs trouvées peuvent varier sur une
assez grande échelle. Ceci explique, entre autres, les grandes différences constatées entre les
résultats donnés par les diverses méthodes de mesure de pression de gonflement.
De nombreux auteurs ont essayé de comparer, sur des sols équivalents, les différentes méthodes,
afin d’identifier celles qui sont les plus cohérentes avec les valeurs relevées sur place. De toute
manière, le problème de la normalisation des essais reste posé (Didier et al., 1987), de même que
celui de la comparaison entre les valeurs de pression de gonflement mesurées. Sridharan et al.
(1986) ont mené une étude exhaustive de comparaison des différentes méthodes. Cette étude
conclut (figure 1.16), de manière générale, que :
- la méthode à volume constant donne des valeurs moyennes ; Iyer (1987) signale que ces valeurs
sont égales aux valeurs de succion initiale ;
40
- la méthode consistant à recharger par paliers un échantillon ayant libéré tout son potentiel de
gonflement surestime la pression de gonflement ;
- la méthode de mesure sous charges variables donne des valeurs plus faibles.
Les auteurs ont aussi montré qu’à partir de modes opératoires combinés, on peut obtenir des valeurs
encore différentes de pression de gonflement. Par exemple, si on réalise un essai à volume constant
avec déchargement par paliers successifs suivi d'un essai de gonflement libre avec rechargement, la
pression de gonflement obtenue est alors inférieure à la pression de gonflement donnée par la seule
méthode du gonflement libre. On se rend compte de l’importance énorme du chemin de contraintes
suivi au cours du gonflement.
La pression de gonflement σ g n’est donc pas une grandeur intrinsèque au matériau mais dépend
En comparant les déformations de gonflement mesurées in situ et celles déterminées avec les
différentes procédures expérimentales, il semble que les valeurs de la pression de gonflement
estimées à volume constant soient les plus proches de celles effectivement constatées sur le terrain
(Erol, 1987) et soient donc les plus pertinentes.
Khaddaj (1992) arrive aux mêmes conclusions et préconise l’utilisation systématique de la méthode
à volume constant, d’une part, pour éviter les hétérogénéités inhérentes à l’utilisation de différents
échantillons (essais en parallèle) et, d’autre part, pour limiter les problèmes de mesure, dus
notamment aux frottements parasites survenant à l’intérieur des œdomètres lors d’essais à
gonflement libre.
Les trois procédures proposées par Sridharan et al. (1986) sont destinées surtout à déterminer une
pression de gonflement appliquée sur une paroi rigide lorsqu'un terrain est susceptible de gonfler par
apport d'eau. Par contre, dans le cas d'une excavation, pour laquelle le gonflement résulte des
effets combinés d’un apport d'eau et d’un déchargement mécanique, le phénomène doit être
caractérisé par une pression de gonflement σ g et par un indice de gonflement C g . C'est
41
1.4.3.3 - Les matériels
Historiquement, c’est à l’aide d’œdomètres que les premiers essais de gonflement ont été réalisés.
Cet appareillage est bien adapté à la mesure d’une variation de volume et offre un moyen direct de
suivi du gonflement lors de la mise en imbibition de l’éprouvette, contrairement à l’appareillage
triaxial qui nécessite d’utiliser un matériel et des procédures d’essais plus élaborés.
Par ailleurs, cet appareillage est largement répandu. Par contre, l’œdomètre classique n’offre qu’une
déformation unidimensionnelle et le chemin des contraintes suivi pendant l’essai reste inconnu. Une
amélioration des essais a consisté à employer des œdomètres équipés de bagues de mesure de la
pression radiale σ r pendant le gonflement (Komornik et Zeitlen, 1965, 1970 ; Ofer, 1981 ; Erol et
Ergun, 1994). Hors du cadre des essais en laboratoire, il faut signaler les appareillages basés sur une
sonde pressiométrique pour la réalisation d’essais de gonflement in situ. Quelques illustrations de ces
différents appareils sont présentées dans l’annexe B.
On rappelle que les procédures d’essais de gonflement suggérées par les instances de normalisation
internationale en restent toutes à l’utilisation de l’œdomètre traditionnel.
Après avoir détaillé les différentes procédures d’essais expérimentaux, il est intéressant d’analyser
les principaux aspects phénoménologiques du gonflement, en particulier la cinétique et l’aspect
tridimensionnel, afin de pouvoir les prendre en compte dans les méthodes de calcul.
La courbe obtenue, soit lors d’un essai de gonflement libre, soit lors d’un palier de déchargement,
montre que la déformation peut se décomposer en un gonflement primaire et un gonflement
42
secondaire à l’image de la consolidation hydrodynamique des sols, mais dans une direction opposée.
De très nombreux travaux expérimentaux font apparaître ce type de cinétique (Seed et al. 1962 ;
Parcher et Liu, 1965 ; Komornik et Zeitlen, 1970 ; etc.).
∆h h o
Gonflement
primaire Gonflement
secondaire
lg t
La première phase de gonflement, lié à la migration de l’eau dans l’éprouvette à partir de ses
extrémités, relève d’un processus de diffusion. Elle est plus ou moins lente suivant la nature et l’état
du matériau, et selon le chargement, et dure quelques heures, voire quelques jours dans le cas d’une
éprouvette de 25 mm de hauteur avec imbibition par les deux faces.
Des modélisations de l'évolution du gonflement en fonction du temps ont été proposées par différents
auteurs, soit en considérant la dissipation de la succion (Baker et Kassif, 1968), soit en distinguant
une phase de gonflement primaire (correspondant à la diffusion de l’eau dans les pores) et une phase
de gonflement secondaire d’hydratation des minéraux argileux (Alonso et al., 1989 ; Gens et al.,
1993). D’un point de vue empirique, certains auteurs (Dakshanamurthy, 1978 ; Sridharan et al.,
43
1986 ; Didier et al., 1987) préconisent de représenter la cinétique du gonflement par une loi
hyperbolique de la forme :
t
εv =
a+bt
où ε v désigne la déformation verticale, t le temps et, a et b deux constantes.
t 1 B
= t+ (1.4)
εv G G
ce qui correspond à une droite dans le système de coordonnées (t , t / ε v ) . Les paramètres G et B
Parcevaux (1980) a montré que G et B étaient influencés par la contrainte initiale de la phase de
déchargement, G oscillant autour d’une valeur moyenne pour un type de sol donné sous un état de
contraintes fixé et que B peut être considéré comme proportionnel à l’épaisseur h o de l’échantillon.
La relation linéaire 1.4 permet, par extrapolation, de déduire le gonflement final ε vf à partir d’essais
44
séchage et d’imbibition, les sols présentent des signes de fatigue. Le premier cycle provoque la plus
grande réduction du potentiel de gonflement ; celui-ci diminue encore pendant les cycles suivants
pour se stabiliser au bout de quatre ou cinq cycles. L’observation des argiles au microscope
électronique montre un réarrangement progressif des particules argileuses pendant les cycles, qui, par
agrégation, conduit à une disposition plus stable vis-à-vis de l’absorption de l’eau. Les auteurs
postulent que l’effet contraire est obtenu lorsque l’argile est complètement desséchée en dessous de
sa limite de retrait. Compte tenu des faibles vitesses de gonflement observées en général, la question
de la représentativité de ce type d’essai (réalisé sur des périodes relativement courtes) se pose
néanmoins.
A l’évidence, et parce qu’il intéresse la roche dans sa masse, le gonflement est un mécanisme
tridimensionnel. La pratique courante des essais à l’œdomètre dissimule cet aspect du phénomène. Il
n’existe, à l’heure actuelle, que des résultats partiels sur l’aspect tridimensionnel du gonflement des
matériaux intacts et quelques résultats pour les matériaux compactés.
Sous fortes charges axiales, l’imbibition provoque soit un faible gonflement, soit l’effondrement du
sol compacté ou un faible gonflement et le déviateur q = σ v − σ h reste positif (la contrainte radiale
reste inférieure à la contrainte verticale, σ v > σ h ). Par contre, sous faible charge axiale, la
déformation de gonflement est forte et q devient négatif (la contrainte radiale dépasse la contrainte
verticale σ v < σ h ). Dans ce cas, le gonflement sous charge axiale constante provoque la rupture en
En reprenant les résultats de Skempton (1970) et de Matyas (1969), Iyer (1987) affirme que l’on
peut poser le principe de l’isotropie de la pression de gonflement. En effet, Skempton (1961) et
Matyas (1969) ont montré que la pression de gonflement déterminée expérimentalement sur l’argile
de Londres ou sur l’argile canadienne de Winnipeg était égale à la succion initiale du matériau.
45
Katti et al. (1984) ont étudié, sur différents échantillons compactés de grandes dimensions, la
contrainte latérale exercée sur les parois d’un œdomètre lors de la saturation du sol. Cette pression
de gonflement latérale passe d’abord par un pic très marqué avant de chuter jusqu’à une valeur de
palier. Ce palier correspond approximativement à la pression de gonflement verticale (Chen, 1975).
Différents facteurs influent sur cette pression latérale : la masse volumique sèche du matériau, le
degré de saturation initial, ainsi que la surcharge verticale exercée. Les relations entre la masse
volumique sèche et les pressions de gonflement horizontales et verticales ρ d = f σ h g ( ) et
( )
ρ d = g σ v g sont comparables et varient de manière analogue.
De nombreux auteurs (Katti et al., 1984 ; Edil et al., 1992) ont insisté sur l’importance de la
contrainte verticale appliquée sur la valeur de la pression de gonflement latérale mesurée. En effet, il
semble que plus la contrainte exercée sur l’échantillon est importante et plus la pression latérale
développée par celui-ci est forte. Cependant Joshi et Katti (1980) ont différencié deux zones
importantes lors du développement de la pression de gonflement latérale, selon que la contrainte
verticale exercée est supérieure ou inférieure à la pression de gonflement :
- si 0 < σ v < σ g , la pression latérale exercée sur les parois de l’œdomètre par l’échantillon peut être
mais au contraire apparition d’un tassement vertical. On se ramène alors au cadre œdométrique
avec des courbes σ h / σ v œdométriques classiques.
Il convient d’insister sur le fait que la méthodologie d’essai n’est pas indifférente puisque l’on
remarque que les essais à volume constant donnent des contraintes horizontales beaucoup plus fortes
que les essais à contrainte verticale constante. Le problème le plus important reste de savoir si l’on
peut considérer la pression de gonflement comme un phénomène isotrope.
46
Satyarayana (1973) affirme que les plus fortes pressions de gonflement sont enregistrées, pour un
échantillon de sol remanié et compacté statiquement, dans une direction faisant un angle de 45
degrés avec l’horizontale. Ce résultat, qui n’a jamais été confirmé, semble indiquer que la
réorganisation du sol par certains modes de compactage peut favoriser l’apparition de directions
privilégiées.
L’étude la plus complète sur l’anisotropie éventuelle de la pression de gonflement est celle réalisée
par Kabbaj (1981) sur une bentonite compactée. Celui-ci a remarqué une forte anisotropie de la
contrainte exercée par le sol pour de faibles degrés de saturation, cette anisotropie s’annulant
progressivement lorsque l’on se rapproche de la saturation totale de l’échantillon. Il en conclut que la
pression de gonflement d’un sol n’est pas anisotrope. Selon ses observations, la saturation du sol
permet le réarrangement progressif des particules argileuses ; celles ci présentent toujours une
nouvelle anisotropie structurelle en fin d’essai avec une direction privilégiée des feuillets argileux
perpendiculairement à la charge.
Kabbaj a également formulé l’hypothèse que l’anisotropie structurelle de la bentonite (comme de
tous les sols argileux) exerce une influence sur ses caractéristiques de gonflement. Cependant, lors
d’une humidification sous charge, la structure interne du matériau se modifie en entraînant une
diminution de l’anisotropie de ces caractéristiques. Il a insisté cependant sur l’anisotropie très forte
du gonflement sous faibles charges et sur l’importance des risques que peut présenter l’utilisation des
matériaux gonflants compactés dans des projets de génie civil.
Shanker et al. (1987), dans une étude générale du comportement anisotrope des sols gonflants, ont
conclu à l’isotropie de ces types de sol en se basant uniquement sur les déformations volumiques de
gonflement mesurées en fonction du mode de drainage utilisé (1, 2 ou 3 axes de drainage).
Kassif et Baker (1969) ont vérifié que les résultats expérimentaux obtenus par Komornik (1965)
s’accordaient bien avec les formules théoriques fournies par Skempton et Bishop (1954) sur les
contraintes uniaxiales (œdomètre) et triaxiales. En particulier, ils ont montré que le rapport contrainte
axiale sur contrainte radiale est compris entre 0,8 et 1,1 et que la valeur moyenne vaut quasiment 1,
ce qui correspond à une pression de gonflement isotrope.
47
Dakshanamurthy (1979) a étudié le comportement d’une argile compactée susceptible de gonfler
dans les 3 directions à partir d’un chemin de contraintes donné. Il a montré que, quel que soit le
chemin de contraintes suivi, il y avait une relation unique entre la déformation volumique ε vol et la
contrainte moyenne p . D’autre part, il a constaté que les déformations de gonflement sont
Tisot et al. (1983) ont comparé, sur une bentonite compactée, les différentes méthodes d’essais à
l’œdomètre et à l’appareil triaxial. Pour l’essai de gonflement libre, les résultats œdométriques sont
fortement supérieurs aux résultats triaxiaux, peut-être en raison des frottements latéraux le long de
l’oedomètre. Toutes les méthodes à l’appareil triaxial donnent une contrainte moyenne comparable.
Pour l’essai à volume constant, on constate que la pression de gonflement œdométrique et la
pression de gonflement verticale au triaxial sont comparables et que la pression de gonflement est
anisotrope, le rapport σ v / σ h dépendant des caractéristiques initiales du matériau (γ d , w ) . Compte
tenu de la rapidité de l’essai à volume constant, il est préconisé d’utiliser ce mode opératoire avec
l’appareil triaxial, afin de connaître aussi la pression de gonflement radiale, sachant que les mêmes
résultats sont obtenus à l’œdomètre en termes de pression de gonflement.
Johnson (1989) a constaté, sur des essais à volume constant sur des échantillons intacts, que la
pression de gonflement était à priori isotrope, même si le matériau avait une structure anisotrope.
Ceci est en accord avec la relation possible entre la pression de gonflement et la succion initiale.
Yesil et al. (1993) ont développé un nouvel appareillage triaxial (annexe B) pour étudier le
comportement axial d’un matériau compacté en fonction de la pression de confinement. Après un
essai à volume constant pour une pression de confinement donnée, l’échantillon est déchargé afin
d’obtenir le potentiel de gonflement.
L’analyse statistique des résultats expérimentaux a abouti à la relation générale suivante :
ε v = (a + b σ h ) − (c + d σ h ) lg σ v
où σ v désigne la contrainte verticale (en MPa), σ h la contrainte latérale de confinement (en MPa)
et ε v la déformation verticale. Une étude menée sur une marne a conduit aux résultats suivants :
a = 3,79 b = −2,92 ; c = −7,82 et d = −6,14 . On remarque que, pour une pression verticale
inférieure à 1 MPa, plus l’échantillon est confiné latéralement, plus le gonflement axial est élevé (en
48
effet pour σ v < 1 MPa , lg σ v < 0 ). Cette étude n’a donné aucun résultat explicite sur le
comportement radial.
Les matériaux inertes vis-à-vis du gonflement et déformables ne sont sensibles qu’à des sollicitations
mécaniques ou de succion avec un cortège de propriétés mécaniques diverses (non linéarité,
anisotropie mécanique, etc.). Les matériaux gonflants présentent, de plus, des particularités liées à
leurs propriétés physico-chimiques ainsi qu’à l’hétérogénéité, à la fissuration et à l’anisotropie de
structure. Dans la description et la caractérisation du gonflement, de nombreux indices laissent à
penser que des effets de structure se superposent aux mécanismes évoqués ci-dessus.
Ainsi, par exemple, une part du gonflement peut être absorbée par les vides présents dans les
matériaux compactés contenant de gros éléments, ou les matériaux naturels fissurés, ou les matériaux
effondrables, limitant ainsi le développement complet du gonflement à l’échelle macroscopique.
L’arrangement initial des particules argileuses ou leur réarrangement pendant le gonflement semblent
influencer directement le processus de gonflement et son ampleur. La pression de gonflement et le
gonflement libre sont plus grands pour un arrangement des particules argileuses parallèles entre elles.
La structure des sols et des roches, leur cimentation, leur vieillissement avant toute action mécanique
contribuent à limiter l’ampleur du gonflement. Au contraire, la déstructuration occasionnée soit par
des actions extérieures de cisaillement (comme dans la zone décomprimée d’un tunnel, par exemple),
soit par dissolution, peut libérer le gonflement.
49
En cas d’évolution de la structure, l’utilisation d’une procédure d’essai reproduisant le chemin de
contraintes subi par le sol in situ ne produira pas le même résultat car les propriétés mécaniques et le
comportement du sol auront changé. Un sol qui a gonflé au niveau de ses grains n’est plus le même
sol.
Une autre remarque concerne l'effet d'échelle, car la différence de taille entre l'échantillon et le massif
est importante. Un échantillon ne représentera jamais l'ensemble des couches géologiques du terrain
qui interviennent dans la réponse en grand du massif. Entre autres, une couche de matériau cohérent
non gonflant située au-dessus d’un terrain gonflant joue un rôle considérable.
Katti et al. (1983) ont montré d'ailleurs qu'une couche de matériau cohérent non gonflant de hauteur
H agit sur le matériau gonflant comme une surcharge verticale supérieure au poids γ H car le poids
de la couche non gonflante mais aussi la cohésion du matériau s’opposent au gonflement. Tous ces
résultats ont pu être validés sur des essais en grande dimension. Traditionnellement les essais de
gonflement sont réalisés uniquement sur le matériau gonflant à cause des petites tailles des
échantillons et de la complexité du problème. Néanmoins les effets d'échelle et de structure
pourraient justifier les valeurs élevées des pressions de gonflement obtenues en laboratoire par
rapport aux résultats données par les mesures in situ (Steiner, 1993)
La reconnaissance à mettre en œuvre pour étudier le gonflement d’un massif à proximité d’un
ouvrage doit être adaptée à chaque projet. Dans tous les cas, elle doit au moins permettre la simple
identification du phénomène. Mais elle peut être poussée plus finement à l’aide de procédures et de
matériels élaborés. Les moyens de prélèvement doivent être choisis en fonction de ces objectifs et
garantir une qualité appropriée des échantillons. La plupart des procédures exigent de connaître
l’état in situ de la roche gonflante (w, e). En conséquence, de telles procédures ne pourront être
mises en œuvre que sur des échantillons de classe de qualité 2 ou 1 au sens de la norme Pr P 94-
50
202 (AFNOR, 1992) ; ce qui correspond à une identification complète de l’échantillon et à une
caractérisation comprenant au moins la teneur en eau, l’indice des vides, le poids volumique sec et la
perméabilité.
En tant que mesure de la déformation du matériau, les essais de gonflement ne peuvent être
envisagés que sur des éprouvettes tirées d’échantillons de classe 1. Le prélèvement par blocs
constitue un moyen efficace d’échantillonnage de roches gonflantes. Dans ce cas, il est nécessaire de
bien noter l’orientation des blocs par rapport à la stratification du massif. Mais cette méthode ne
permet pas de s’affranchir du problème du remaniement lorsque les blocs sont prélevés à proximité
de l’ouvrage, dans des zones déjà déformées et décomprimées (tunnels, déblai, etc.).
La comparaison entre les résultats des essais sur sols compactés et sur sols naturels (Parcher et Liu,
1965 ; Shanker et al., 1981) montre une influence notable du remaniement sur les paramètres de
gonflement même si les causes ne sont pas élucidées. C'est pourquoi, il faudra prendre le plus grand
soin lors du prélèvement et du transport du matériau, afin de perturber le moins possible son état et
de préserver ainsi les paramètres géotechniques in situ.
Des précautions doivent être prises, en particulier, au moment de l'imbibition, car l'eau utilisée et la
procédure d'imbibition ont aussi une influence notable sur la détermination des paramètres de
51
gonflement. La composition en cations de l'eau interstitielle intervient directement dans le gonflement
osmotique du matériau saturé (théorie de la double couche, eq. 1.1) et cela peut se répercuter au
niveau macroscopique ; c'est l'eau déminéralisée qui fournit a priori le gonflement maximal. De
même, l’imbibition pratiquée par une ou deux extrémités permet de saturer plus ou moins
l'échantillon, d'où un gonflement plus ou moins important.
D'autre part, les frottements importants exercés sur les parois de l’œdomètre, du fait des pressions
de gonflement radiales développées par le sol même, y compris le gonflement libre vertical, peuvent
minimiser la valeur du gonflement mesuré (Tisot, 1986). On veillera par conséquent à lubrifier
l’intérieur de la bague œdométrique, afin de réduire autant que possible ce phénomène. Shanker et
al. (1987) préconisent d’utiliser un rapport entre le diamètre et la hauteur initiale de l'échantillon
supérieur à 4 pour minimiser les effets de frottement latéral.
Les procédures d’essais mécaniques à mettre en œuvre doivent être adaptées, d’une part, à
l’ouvrage (fondations, tunnels, radiers, soutènements, déblais, etc.) et, d’autre part, au degré de
finesse de l’étude. Cette adaptation doit porter sur le choix du type de sollicitation à mettre en œuvre
et le choix judicieux des modalités d’application des charges sur l’éprouvettes (charge de mise en
imbibition, durée des paliers, taux de chargement d’un palier à l’autre, etc.) en prenant comme
référence le chargement réel du massif avant ou après installation de l’ouvrage. Cet état de
contraintes peut, dans certains cas, être défini par référence au poids des terres. Cette donnée est
suffisante pour un essai œdométrique et un sol simple, mais ce n’est plus le cas pour un sol
surconsolidé, cimenté ou induré.
Cette donnée devrait être accompagnée, en toute rigueur, de la valeur de la contrainte horizontale.
Les massifs montagneux posent, quant à eux, le problème du champ de contraintes in situ non
géostatique (tunnels, déblais, etc.). Il est déconseillé de faire référence à du gonflement libre, qui est
toujours pénalisant, si le sol n’y est jamais exposé (rupture en extension, forte évolution de la
structure du matériau). De plus, l'eau employée lors de l'essai devrait être rigoureusement identique à
l'eau susceptible d’être trouvée au niveau de l'ouvrage. Enfin tout apport d’eau extérieur, en
particulier lors de la construction, est à proscrire. Dans tous les cas, il est nécessaire de bien préciser
la procédure employée, les états du matériau avant et après essai, son mode de prélèvement.
52
1.5 - Conclusion
L'évolution des procédures d'essais de gonflement a surtout été guidée par des objectifs pratiques,
conditionnés par les problèmes posés et la nécessité d’aboutir sans trop de mal à une caractérisation
des matériaux gonflants. Les méthodes indirectes de caractérisation inspirées des essais
d'identification des matériaux sont très utiles à l’évaluation du “potentiel” de gonflement mais ne
peuvent pas remplacer les essais en laboratoire vis-à-vis de la détermination des paramètres de
gonflement, que sont la pression de gonflement ou la déformation de gonflement.
D'un point de vue expérimental, il paraît raisonnable de retenir l'œdomètre classique recommandé
par les normes ou l'œdomètre modifié “ K o ” qui permet d'étudier le comportement tridimensionnel
du matériau de façon simplifiée. Dans tous les cas, il paraît prétentieux de pouvoir caractériser
véritablement le comportement réel d'un matériau gonflant mais les recommandations générales pour
l’étude du gonflement en laboratoire (prélèvement, identification, procédure d’essai) doivent être
respectées pour assurer des résultats et des informations fiables sur le comportement déterminé
expérimentalement. L’objectif des essais en laboratoire est finalement de déterminer simplement mais
rigoureusement des paramètres de gonflement représentatifs du comportement d'un terrain se
développant autour d'un ouvrage.
Dans la mesure où la présente étude porte sur le comportement des tunnels en terrain gonflant, il est
intéressant de préciser la procédure expérimentale adaptée à ce type d’ouvrage. Pour des tunnels
suffisamment profonds, les fluctuations saisonnières sont supposées négligeables et le matériau quasi-
saturé, c’est-à-dire sans phase gazeuse apparente malgré un possible état de succion (Barden,
1965). Dans ce cas, l’apport d’eau extérieure au terrain entraînera un gonflement d’origine
osmotique qui sera aussitôt amplifié par le changement d’état in situ (creusement, fluage). La
53
caractérisation du phénomène de gonflement autour d’un tunnel nécessite donc une phase
d’imbibition et une phase de déchargement. C’est pourquoi, pour une telle étude, on recommande la
procédure proposée par Huder et Amberg qui utilise un chemin des contraintes proche du
changement subi in situ.
Contrairement aux procédures d’essai classiques, définissant une pression de gonflement à volume
constant pour modéliser une poussée du terrain gonflant sur une paroi rigide, la méthode de type
Huder-Amberg vise à déterminer une pression de gonflement σ g représentant le seuil de contraintes
54
Chapitre 2:
2.1 - Introduction
Le problème du gonflement se manifeste sur un certain nombre de tunnels déjà creusés, et est
susceptible d’affecter un certain nombre de tunnels à venir puisque les phénomènes d'expansion des
minéraux argileux concernent des formations très variées comme des molasses, des marnes, des
argiles et argilites très répandues.
Pour l’étude de nouveaux tunnels, le retour d’expérience est un élément indispensable pour mieux
comprendre le phénomène de gonflement autour d’un tunnel. Les enseignements tirés de l’analyse
d’ouvrages déjà construits permettent de mettre en évidence l’influence notable du gonflement sur le
comportement à long terme des revêtements de tunnel, en particulier en ce qui concerne les dégâts
occasionnés pendant ou après la construction d’un tunnel.
Avant de détailler quelques cas concrets de tunnels en terrain gonflant, il est apparu intéressant de
préciser les mécanismes de gonflement autour d’une cavité. Ensuite, une description de plusieurs
tunnels endommagés montrera l’influence néfaste du gonflement sur la pérennité d’un ouvrage
souterrain. Enfin on présentera plusieurs techniques de construction proposées pour prévenir le
phénomène de gonflement.
55
2.2 - Définition du gonflement autour d’un tunnel
Des propositions de classification des mécanismes de gonflement ont été émises par Einstein et
Bischoff (1975) ; le gonflement peut être défini comme une augmentation du volume du terrain
naturel en fonction du temps causée par la modification des contraintes, l’augmentation de la teneur
en eau ou une combinaison de ces deux facteurs. Selon l’interaction ou l’ordre d’apparition de ces
causes, les auteurs ont présenté plusieurs types de phénomènes.
Phénomène 1 :
Le gonflement peut résulter d’une modification de l’état de contraintes notamment sous la forme
d’une diminution ou d’une rotation des contraintes (par exemple par suite de l’érosion du terrain de
couverture, de la création d’une vallée par une rivière ou par l’ouverture d’une excavation
souterraine). Un phénomène semblable peut être observé à une plus petite échelle par le rebond des
particules.
Phénomène 2 :
Une augmentation de volume dans le temps est souvent liée à l’adsorption ou à l’absorption de l’eau,
résultant de différences de concentrations, de liaisons intergranulaires non saturées ou partiellement
saturées ou de différences de potentiel.
Phénomène 3 :
Des modifications de contraintes pourront entraîner l’adsorption et/ou l’absorption de l’eau qui
provoque une augmentation supplémentaire de volume. L’augmentation de volume due à la
modification des contraintes, et celle due à l’adsorption ou à l’absorption de l’eau peuvent apparaître
simultanément ou l’une après l’autre.
Phénomène 4 :
Il s’agit du phénomène réciproque du phénomène 3. Dans ce cas, l’augmentation différée du volume,
par suite de l’adsorption et/ou de l’absorption de l’eau entraîne une modification des contraintes qui
provoque une augmentation supplémentaire de volume. Ici encore les deux types d’augmentation de
volume peuvent apparaître simultanément ou l’une après l’autre.
Phénomène 5 :
L’adsorption de l’eau accompagnée d’un affaiblissement des liaisons et/ou d’une réduction des
contraintes effectives peut provoquer, en fonction du temps, une diminution de la résistance au
56
cisaillement. Cette diminution de la résistance au cisaillement provoque, à son tour, des déplacements
dont les caractéristiques sont similaires à celles du gonflement, notamment dans le cas des
excavations souterraines, bien qu’il s’agisse fondamentalement d’un phénomène de fluage.
Phénomène 6 :
Le phénomène connu sous le nom de “squeezing” a été défini par Terzaghi (1946) comme une
augmentation des déformations de cisaillement d’un élément de terrain au cours du temps, lorsque
celui-ci est soumis à un état de contraintes déviatorique (lors d’une excavation, par exemple). Ce
phénomène, qui se traduit par le lent développement des déformations plastiques, produit
habituellement une déformation volumique limitée, dépendant de la dilatance du matériau.
Les remarques qui précèdent démontrent qu’il est difficile de distinguer les différents types de
gonflement. Le gonflement au sens strict (phénomène 1 à 4) est souvent associé au fluage
(phénomène 5) et à la plasticité (phénomène 6). En outre, la consolidation ou la relaxation s’associe
souvent au gonflement, notamment dans le cas d’une interaction terrain-ouvrage. La complexité des
comportements différés du terrain et de l’ensemble terrrain-ouvrage expliquent pourquoi on ne
dispose d’aucune explication mécanique complète et pourquoi, en conséquence, on doit simplifier les
calculs et les méthodes de dimensionnement.
Dans la suite du rapport, on se limitera au gonflement dans son sens le plus strict (phénomènes 3 et
4) lorsqu’il y a interaction entre l’augmentation de la teneur en eau et la modification des contraintes
et que des phénomènes tels que le gel et la plasticité ne contribuent peu ou pas au gonflement.
Les difficultés causées par les terrains gonflants pour la construction de tunnels ont déjà été
largement discutées dans la littérature (Golta ,1967 ; Einstein et Bischoff, 1976 ; Robert et Fabre,
1987 ; Bellwald, 1990 ; Steiner, 1993 et bien d’autres). Quelques retours d’expérience significatifs
détaillés ci-dessous apportent des informations quantitatives et qualitatives directement reliées au
phénomène de gonflement observé in situ.
57
2.3.1 - Cas A : Tunnel de Bözberg (Suisse)
Il s’agit d’un tunnel ferroviaire à deux voies de 2500 m de long construit dans des marnes, des
schistes argileux, et dans de l’anhydrite, entre les années 1871 et 1875. Dès le creusement, on nota
des soulèvements du radier et une convergence de la base des piédroits. Les culées furent
reconstruites plusieurs fois dans certaines zones, et un radier contre-voûté fut construit en 1903 et
1905 dans les zones les plus affectées. Cette contre-voûte, dont le rayon était grand, ne put
s’opposer au gonflement. Les déformations mesurées à partir de 1923, se poursuivirent et
s’accompagnèrent de la destruction du réseau de drainage en plusieurs endroits. En 1954, la
destruction du radier mit fin aux mesures de soulèvement ; en revanche, on poursuivit les mesures de
convergences des bases de piédroits (figure 2.1).
58
Figure 2.2 : Coupe transversale du tunnel de Bözberg
D’une longueur d’environ 3 km, le tunnel de Belchen comporte deux tubes et permet la traversée du
Jura depuis Bâle vers le Sud. Construit entre 1963 et 1970, il est en partie situé dans le Keuper
constitué de marnes, d’anhydrite et de schistes argileux. L’anhydrite se présente sous forme de
minces veines d’orientation aléatoire, noyées dans la marne. Le projet comportait la réalisation d’un
radier contre-voûté de 10,40 m de rayon et de 45 cm d’épaisseur en zone gonflante.
Le percement du tunnel a commencé par l’excavation de deux galeries pilotes en base de piédroit
(2,90m×3m), le radier étant bétonné dans ces galeries avant l’excavation de la pleine section. Peu
après l’excavation de ces galeries, on a observé dans les zones d’anhydrite un soulèvement du radier
s’accompagnant d’une fissuration des buses de drainage.
Les soulèvements étaient de l’ordre de plusieurs centimètres après quelques mois. On a alors essayé
d’ancrer le radier avec des boulons de 2,5 m de longueur, mais cette mesure s’est avérée inefficace ;
le radier s’est soulevé en son milieu et s’est cassé sur les bords. La pression a été estimée à
1-1,2 MPa. Après des essais de gonflement en laboratoire et in situ indiquant des pressions de
3,5 MPa (figure 2.3), il a été mis en place un radier contre-voûté de 8,12 m de rayon et 85 cm
d’épaisseur (60 cm dans les schistes argileux). En 1968, il a été décidé de contrôler les contraintes et
les déformations dans le revêtement. Depuis cette période, toutes les réflexions sur la contribution du
59
gonflement de l’anhydrite par rapport au gonflement des argiles dans ce type de roches n’a abouti à
aucune conclusion satisfaisante (Steiner, 1993 ; Madsen et Nüesch, 1991).
Contraintes
(MPa)
Le tunnel San Donato est un tunnel autoroutier de 11 km de long. La section courante varie entre 90
et 120 m2 selon les caractéristiques du sol. Le tunnel a été excavé simultanément par la face Nord et
par la face Sud avec une couverture maximale de 250 m.
Le tunnel traverse des formations géologiques très diverses. Les roches sédimentaires rencontrées
forment un anticlinal avec la formation Macigno (grès, limons) au centre, entourée du complexe
argileux Scagliose (schistes argileux) et ensuite de la formation Alberese (calcaire marneux) (figure
2.4). Ces roches ont montré une forte influence tectonique avec des défauts presque verticaux
toujours présents. Le complexe argileux Scagliose possède deux textures bien différentes : d'une
part, une texture dispersée avec des surfaces incurvées souvent entortillées et, d'autre part, une
texture présentant une orientation préférentielle des particules argileuses (figure 2.4). Cette dernière
est en particulier présente à proximité de la formation Alberese (zone gonflante) où les minéraux
argileux sont parallèles au défaut pratiquement vertical.
Les formations Alberese et Macigno sont constituées de massifs rocheux fissurés présentant trois
ensembles de discontinuités bien marqués. Du fait de leur nature fissurée, ils contiennent de
considérables quantités d'eau et agissent comme des aquifères. Pendant l'excavation, d'importants
60
écoulements d'eau ont été rencontrés, d'abord dans la formation Alberese et dans la zone de
transition entre les formations Scagliose et Macigno.
Sur l’attaque Nord, aucun problème n’a été rencontré ; par contre, des dégâts importants se sont
produits côté Sud avec un soulèvement de 1 mètre et des convergences horizontales de 1,2m. Le
radier a été fortement endommagé ; les armatures en acier des boulons et le revêtement en béton
projeté ont été détruits sur une grande distance. Compte tenu de l’endommagement du radier, les
déformations autour du tunnel ont augmenté considérablement au cours du temps.
Figure 2.4 : Profil géologique longitudinal - Tunnel Dan Donato (Barla et al., 1986)
61
Commentaires
- Les convergences considérables et les soulèvements de radier observés côté Sud ont été attribués
au phénomène de gonflement de la formation Scagliose et à la présence d'eau sous le radier (Barla
et al.,1986). Comme le tunnel a été excavé dans la formation argileuse de Scagliose, l'eau de la
formation Alberese a pu s'écouler par gravité vers le tunnel. D’autre part, du côté Nord, aucun
écoulement d'eau n’a été relevé tandis qu’une analyse minéralogique a montré un potentiel de
gonflement notable du matériau. Toutes ces remarques confirment le fait que l'eau est un élément
essentiel au gonflement.
- Les résultats d'une analyse théorique sur le comportement de la roche montre qu'une zone plastique
se développerait sur une distance d'environ un diamètre autour du tunnel.
Commentaires
- La destruction progressive des liaisons internes de cohésion est accompagnée par un gonflement
non uniforme, assimilé au “squeezing”, probablement dû à des variations locales dans la
composition minéralogique du matériau et générant une augmentation des fissures dans le sol. Cela
se remarque dans la grande différence de teneur en eau naturelle d'un point à un autre, qui est plus
élevée dans les zones fracturées que dans les parties saines.
- La convergence horizontale du tunnel progresse quand on passe d’une zone sèche à une zone plus
humide. Dans la partie sèche, la convergence est relativement faible, 2 à 8 cm, tandis qu'elle peut
atteindre 27 à 53 cm dans la partie la plus humide. Quelques jours après l'excavation, les courbes
de convergence peuvent être approchées par des droites dans un diagramme (convergence, Log t).
62
2.3.5 - Cas E : Galerie de reconnaissance du tunnel de Chamoise (France)
La galerie de reconnaissance du tunnel de Chamoise fut réalisée pour un ouvrage autoroutier (A40
Lyon-Genève) constitué de deux tubes de 3200 mètres de long. Construite entre 1979 et 1980, la
galerie de reconnaissance possède une couverture maximale de 400 m. Elle a été creusée sur toute la
longueur de l'ouvrage projeté et traverse les formations marneuses de l'Oxfordien sur 750 mètres :
200 mètres dans les marnes à nodules et fossiles pyriteux de l'Oxfordien inférieur, et 500 mètres
dans les assises marneuses d'Effingen et de Geissberg de l'Oxfordien moyen. Le creusement a été
réalisé à l'explosif et la stabilité assurée dans ces sections de marnes par une ou deux couches de
béton projeté renforcé par un treillis soudé et des boulons, et par un radier coulé à l'avancement.
De rares venues d’eau ponctuelles à faible débit -et rapidement taries- sont apparues dans les
calcaires de l’Oxfordien supérieur. Environ un an après le creusement, des fissurations longitudinale
et transversale ont été observées systématiquement en radier dans ces zones, une rupture du radier
au droit du caniveau faisant office de collecteur. On a également constaté l’apparition de quelques
zones de désordres en base de piédroit. Les mesures de convergences exécutées lors des travaux
d'excavation ont alors été reprises pour suivre les déformations accompagnant la fissuration du
radier.
Commentaires
- Les analyses minéralogiques et surtout celles effectuées lors des essais ne laissent aucun doute sur
la nature du phénomène responsable des désordres constatés : le gonflement résultant de
l’expansion par hydratation des minéraux argileux de type “smectite” contenus dans les matériaux
concernés. Par ailleurs, les courbes de convergence obtenues à partir des mesures effectuées sur
des bases verticales entre le centre du radier et la clé de voûte s’ajustent parfaitement avec des
t
modèles hyperboliques du type C( t ) = C total .
B+ t
- S’agissant d’une galerie de reconnaissance réalisée dans le cadre de l’étude du tunnel autoroutier
de Chamoise, la réflexion fut rapidement orientée vers la conception de l’ouvrage projeté et la prise
en compte des informations ainsi recueillies dans le projet du tunnel. Les principales dispositions
retenues pour le projet ont été les suivantes :
63
• dimensionnement d’un radier en béton armé susceptible de résister à une poussée radiale de 0,5
MPa,
• instrumentation complète du revêtement au droit des zones les plus sensibles pour disposer
d’une auscultation “en continu” après la mise en service.
2.3.6 - Synthèse
Le tableau 2.1 résume les observations in situ relatives au gonflement développé autour de tunnels.
On constate que le gonflement se manifeste surtout par un important soulèvement du radier associé à
de fortes convergences en piédroit. D’autre part, le gonflement est aussi étroitement lié à
l’écoulement des eaux et a priori à l’étendue de la zone plastique.
En effet, la description du gonflement a montré que l’élément essentiel à considérer pour prendre en
compte ce phénomène est bien la présence d’eau autour du tunnel. L’expérience de nombreux
retours d’expérience (Chamoise, San Donato, Saskatchewan) montre que le développement du
gonflement est toujours lié à l’apport d’eau vers le tunnel même en petite quantité.
D’autre part, la réalisation d’une excavation entraîne une forte augmentation des contraintes
déviatoriques qui aboutit au développement d’une zone plastique autour du tunnel. Cette zone
plastique est caractérisée par un important déchargement avec un affaiblissement des caractéristiques
du terrain et de grandes déformations le long du tunnel. En fait, le gonflement est souvent associé au
développement de la zone plastique, comme cela a été signalé pour le tunnel de San Donato
(l’étendue de la zone plastique était dans ce cas estimée à environ un diamètre).
Enfin, on constate que le gonflement peut dépendre de la structure du matériau. Un sol altéré par des
forces tectoniques ou par plastification sera plus sensible au gonflement car ses liaisons internes
auront été détruites ou affaiblies et il deviendra ainsi plus perméable et moins résistant. Cette situation
se traduira par un gonflement non uniforme autour du tunnel, en relation directe avec la résistance du
matériau.
64
Sites étudiés Géologie Observations in situ Commentaires
Tunnel de Ricken
Molasse marneuse Soulèvement rapide du radier (50 cm)
(Suisse, 1900)
Galerie de Chamoise Marnes d’Effingen Fissuration longitudinale et transversale Courbe de convergence approchée par
65
Hormis cette liste de tunnels implantés surtout dans le Jura suisse et célèbres à cause de l’intensité
des désordres observés, on peut citer également, en France, les exemples :
- des tunnels anciens SNCF
• du Mont d’Or (présence de marnes argoviennes),
Lorsqu’un projet de tunnel traverse une zone de terrain gonflant, le dimensionnement doit absolument
prendre en compte le risque de gonflement pendant ou après l’excavation, en particulier au niveau du
radier, afin d’assurer la stabilité de l’ouvrage au cours de son existence. Pour concevoir un tel tunnel,
l’objectif principal du dimensionnement est alors, soit de contrôler le gonflement, soit de l’empêcher.
Un dimensionnement est dit passif lorsqu’il contrôle le gonflement en permettant aux déformations
de gonflement de se développer sans déstabiliser la structure. Un dimensionnement est dit actif
66
lorsqu’il empêche ou limite tout gonflement du terrain en augmentant les contraintes agissant sur le
revêtement. Comme le gonflement est une conséquence directe d’un changement d’état de
contraintes et/ou d’un apport d’eau, il peut être aussi réduit avec une contre-pression et/ou avec une
limitation des arrivées d’eau. Une autre possibilité de dimensionnement serait une approche
intermédiaire entre le dimensionnement actif et le dimensionnement passif.
Les descriptions suivantes illustrent les trois concepts de dimensionnement définis par la société
internationale de mécanique des roches (ISRM, 1994).
Dans les dimensionnements passifs les plus extrêmes, le terrain peut gonfler librement et est
régulièrement retiré afin de ne pas compromettre la stabilité de la structure tout entière. Beaucoup de
vieux tunnels ferroviaires en terrain gonflant suivaient involontairement ce concept dans lequel le
ballast était directement placé sur le radier non recouvert qui se soulevait et qui était régulièrement
retiré.
Une méthode analogue mais plus satisfaisante sur le plan pratique consiste à laisser un vide entre le
terrain et la structure interne rigide (figure 2.5). Cette solution nécessite un dimensionnement prudent
du radier pour supporter une éventuelle pression de gonflement et pour ne pas subir des
convergences excessives des piédroits.
Espace vide
Figure 2.5 : Introduction d’un vide entre le terrain et le revêtement (Kovari et al., 1981)
D’autre part, un aspect important du dimensionnement passif repose sur la forme géométrique de
l’excavation à adopter. En effet, un autre moyen de limiter le gonflement est d’éviter de trop modifier
l’état de contraintes initial (paragraphe 2.2). Ainsi il est préférable de concevoir un tunnel
67
pratiquement circulaire puisqu’il perturbe moins l’état de contraintes initial qu’un tunnel avec un
radier plat qui crée une importante zone décomprimée sous le radier, ce qui favoriserait le
développement du gonflement.
Le dimensionnement actif consiste à introduire des moyens artificiels pour réduire les arrivées d’eau
et ou les déformations de gonflement.
Le drainage de l’eau s’écoulant vers le tunnel est une initiative judicieuse contre le gonflement. En
effet, canaliser les arrivées d’eau permet de réduire le contact de l’eau avec le terrain susceptible de
gonfler. Cependant le système de drainage doit demeurer efficace après la construction du tunnel car
une simple fuite peut rapidement mettre l’eau en contact avec le terrain qui risque de gonfler et de
détruire l’ouvrage.
Pour empêcher le terrain de gonfler, la mise en place d’un radier contre-voûté représente le meilleur
dimensionnement actif connu. Avec un rayon de courbure suffisamment faible et une épaisseur
conséquente, il est possible de maintenir le surplus de contraintes provoqué par le gonflement à des
niveaux acceptables. Une autre possibilité consiste à boulonner ou à ancrer les zones gonflantes de
telle sorte que les déformations de gonflement mobiliseront la résistance des boulons ou que la
précontrainte des ancrages s’opposera au gonflement.
Un tel dimensionnement actif a été appliqué dans de nombreux tunnels comme les tunnels du
Bözberg et de Belchen en Suisse, et le tunnel de Chamoise en France (figure 2.6).
Figure 2.6 : Section du tunnel de Chamoise dans les marnes (Hingant et al., 1986)
68
2.4.3 - Dimensionnement intermédiaire
Ce type de dimensionnement est intéressant lorsque les pressions de gonflement sont trop élevées
pour le radier, ce qui est observé lors du gonflement de l’anhydrite (Steiner, 1993). La couche de
matériau compressible dissipe alors le gonflement et transmet une pression de gonflement acceptable
pour le revêtement (Kuhnhenn, 2000). La difficulté de cette méthode repose sur le dimensionnement
simultané de la zone compressible et du radier correspondant, qui doit être directement relié non
seulement à la pression de gonflement σ g mesurée expérimentalement avec l’essai Huder-Amberg
Un tel dimensionnement intermédiaire a été utilisé pour les tunnels Buechberg et T8 en Suisse, le
tunnel du CERN à la frontière Franco-Suisse, et pour les tunnels Freudenstein et Engelberg en
Allemagne (figure 2.7).
69
2.5 - Conclusion
La description des retours d’expérience a mis en évidence la diversité des terrains susceptibles de
gonfler et l’ampleur des dommages occasionnés par le phénomène de gonflement. Pour prévenir ce
risque, une conception adéquate est nécessaire pour, d’une part, empêcher toute arrivée d’eau à
proximité des terrains gonflants et, d’autre part, calculer la structure capable de résister au
gonflement à court et à long terme.
Le choix d’un dimensionnement actif avec un radier contre-voûté semble le plus adapté à s’opposer
au gonflement dans la plupart des cas mais la solution intermédiaire peut aussi paraître judicieuse en
cas de fortes pressions de gonflement appliquées sur le revêtement. Compte tenu du coût de ces
solutions pour le maître d’ouvrage, un dimensionnement rigoureux doit être établi en s'appuyant sur
des résultats d’essais de gonflement et sur une méthode de calcul adapté.
Le chapitre suivant donne une synthèse d’une revue bibliographique des modèles de calcul existants,
effectuée afin d’établir l’état des connaissances actuelles dans ce domaine.
70
Chapitre 3 :
3.1 - Introduction
Le but des méthodes de calcul est de prévoir, à partir de résultats d'essais appropriés et des retours
d’expérience, les déformations et/ou les contraintes induites par le phénomène de gonflement dans le
voisinage d'une excavation souterraine, afin que le projeteur puisse dimensionner le soutènement et le
revêtement en conséquence.
Le texte qui suit s’inspire des rapports de la commission sur le gonflement de la Société
Internationale de Mécanique des Roches (ISRM, 1994) et du Comité Français de Mécanique des
Roches (Robert et Fabre, 1987). Il décrit la majorité des méthodes de calcul existantes, en
précisant, à chaque fois, le domaine d’application et les limites. Il est bien évident que le phénomène
de gonflement n'est pas seul en cause dans le comportement différé d’un ouvrage et qu'en toute
rigueur, il faudrait prendre en compte tous les phénomènes intervenant dans le comportement
rhéologique du matériau (en particulier, le fluage) pour prétendre réellement établir une loi contrainte-
déformation fiable.
71
Autrefois, pour résoudre le problème de gonflement, il était raisonnable de se référer à quelques
approches empiriques existantes. L’exemple le plus connu est la méthode proposée par Terzaghi
(1946) qui répertorie les roches gonflantes dans une classe particulière (portant le numéro 9) de sa
classification des roches.
Ensuite à partir des années 1970, plusieurs modèles analytiques ont été développés afin de mieux
prendre en compte le gonflement dans le dimensionnement des tunnels. On trouve, en particulier, des
approches “comportementales” basées sur une caractérisation phénoménologique de type Huder-
Amberg. D’autre part, des études rhéologiques ont aussi permis de caractériser les effets différés
constatés autour des tunnels en terrain gonflant. Enfin une meilleure prise en compte du gonflement a
été obtenue dans les modèles hydromécaniques qui tiennent compte du facteur prédominant qu’est
l’eau.
Cette revue bibliographique soulignera l’absence de méthode de calcul reconnue en France et
permettra donc de définir un cadre d’étude pour un modèle de gonflement réaliste et adapté à nos
moyens de calcul.
Les premiers modèles ont surtout consisté à déterminer les déformations causées par le gonflement
par une méthode inspirée des tassements (Grob, 1972 ; Einstein et Bischoff, 1976). Puis l’utilisation
des éléments finis a permis d’intégrer des aspects du gonflement comme l’effet tridimensionnel
(Wittke et Pierau, 1979) ou l’anisotropie (Froehlich, 1989). Gysel (1987) a obtenu une solution
analytique en élasticité dans le cas d’un tunnel circulaire en supposant un chargement elliptique entre
le terrain et le revêtement.
Cette méthode, historiquement la plus ancienne, calcule le soulèvement H d’un point P en clé de
radier, dans le plan axial du tunnel, suivant une procédure inspirée du calcul des tassements. Le
principe consiste à découper le terrain situé sous le radier en tranches élémentaires d’épaisseur dz ,
de calculer l’augmentation d’épaisseur ∆ dz provoquée par le gonflement (figure 3.1) pour chacune
72
de ces tranches et de faire la somme de ces augmentations d’épaisseur pour obtenir le déplacement
du point P : H = Σ (∆ dz ) .
σv
Tunnel circulaire
non revêtu
zo
M dz
Hypothèses :
a) Grob suppose que le matériau constituant la tranche élémentaire de terrain se trouve dans les
mêmes conditions que le matériau dans l’œdomètre, c’est-à-dire que :
- il n’y a pas de déformation horizontale,
- la contrainte verticale après creusement σ v (z ) régnant à la profondeur z est constante sur
proportionnelle à la profondeur si l’on admet que la contrainte verticale est égale à la contrainte
géostatique.
L’augmentation d’épaisseur dz de la tranche de terrain est alors donnée par l’équation d’Huder-
Amberg (équation 1.2):
∆ dz σ (z )
= − C g lg v
dz σ vo (z)
où C g désigne l’indice de gonflement.
Le soulèvement H du point P est alors obtenu en faisant la somme des ∆ dz sur les terrains situés à
la verticale du point P.
73
∞
σ v (z )
H = Σ ∆ dz = − ∫ C g Log dz
zo σ vo (z )
Remarques :
a) Cette méthode de calcul découlant directement de l’essai Huder-Amberg, le déplacement H du
point P est la somme de la déformation élastique résultant du déchargement de σ vo (z ) à σ v (z )
quasiment toujours admise dans l’application de l’essai Huder-Amberg est justifiée par le fait que
in situ, avant le creusement, il n’y a pas de gonflement mais, ceci peut aussi bien résulter du fait
que la contrainte est supérieure à σ g ou que la contrainte est inférieure à σ g mais que l’apport
Pour obtenir une solution satisfaisante au problème de choix de la pression de gonflement, il apparaît
nécessaire de retenir la pression de gonflement mesurée sur des échantillons prélevés à la côte
approximative du tunnel et orientés suivant la direction selon laquelle le gonflement sera susceptible
de se développer.
Ces auteurs sont, à notre connaissance, les premiers à avoir proposé une approche tridimensionnelle
du problème de gonflement. Mais l’aspect tridimensionnel ne concerne que l’état de contraintes, la
méthode se limitant au calcul des déplacements suivant un rayon comme la méthode de Grob
(1972).
Le principe de base sur lequel repose la méthode a été tiré de l’observation suivante, qui fait
référence à des essais effectués sur deux échantillons de même origine considérés comme
absolument identiques :
74
- le premier est placé dans un œdomètre (où toute déformation latérale -radiale- est empêchée) et
on mesure son expansion en gonflement libre ;
- le second est hydraté hors d’un œdomètre, avec une déformation radiale permise et on mesure
également son expansion en gonflement libre.
Les résultats montrent que la déformation verticale ε v de l’échantillon 2 (≈ − 4,2 %) est très
“Le fait de réduire le gonflement dans une direction a pour effet de réduire également le
gonflement dans les autres directions”
Une fois ce principe admis, il est bien évident que ce n’est plus l’évolution de la contrainte axiale qui
est à suivre mais celle de la contrainte moyenne. Partant toujours de l’essai Huder-Amberg, les
auteurs analysent l’évolution de la contrainte moyenne et de la déformation axiale au cours de l’essai
de gonflement et distinguent alors deux domaines (figure 3.2) :
- un premier domaine de “gonflement initial”, qui s’étend à tout le massif, où le gonflement est
faible (de l’ordre de la déformation élastique) parce que la contrainte moyenne est supérieure au
seuil de gonflement.
Autrement dit, dans ce domaine, on voit apparaître des contraintes de confinement naturelles qui
maintiennent les déplacements dus au gonflement à une valeur égale ou inférieure aux déplacements
provoqués par le déchargement sans gonflement ;
- un deuxième domaine de “gonflement principal”, qui s’étend en voûte et surtout en radier dans le
cas d’un profil plein cintre avec un radier plat, où le gonflement est très important. Dans ce
domaine, le confinement nécessaire pour arrêter le gonflement ne peut provenir que des contre-
pressions exercées par le revêtement s’opposant aux déplacements dus au gonflement.
Pour ce qui est du calcul proprement dit du gonflement, les auteurs découpent le domaine de
gonflement principal en tranches élémentaires, en estimant, pour chaque tranche, l’augmentation
d’épaisseur au moyen de la courbe de déchargement de l’essai Huder-Amberg (équation 1.2) puis
en faisant la somme de ces variations d’épaisseur. Ce calcul nécessite de connaître les contraintes in
situ dans les trois directions principales, après le creusement du tunnel.
75
Zone de
gonflement
initial
Zone de
gonflement
principal
Wittke et Pierau (1979) et Wittke (1990) ont repris l’hypothèse de Einstein et Bischoff (1976),
“c’est la contrainte moyenne qui commande le gonflement”, mais développent de manière plus
complète le calcul du gonflement en le généralisant à l’état tridimensionnel. Partant toujours de la
relation déterminée par Huder et Amberg (équation 1.2), ils arrivent à l’expression :
1
ε v = k g 1 − lg σ v
lg σ g
où ε v désigne la déformation verticale, σ v la contrainte verticale, k g = − C g Log σ g le gonflement
σ v + 2σ h 1 + ν σv ν
- la contrainte moyenne p = = avec σ h = σv
3 1− ν 3 1−ν
Le passage de l’œdomètre à l’état tridimensionnel in situ se fait alors comme suit (en supposant que
le coefficient de poisson reste constant) :
1−ν 1− ν
ε v = ε zz = ε vol ; σv = 3p ; σ g = σ vo = 3pg
1+ ν 1+ ν
76
p g = p o étant la contrainte moyenne de l’état de contrainte primaire avant creusement.
1 1 − ν
ε vol = k g 1 − lg 3 p (3.1)
lg σ g 1 + ν
Ensuite, les auteurs proposent un calcul numérique utilisant la méthode des éléments finis dans lequel
ils introduisent :
- l’état de contraintes primaire avant le creusement,
- l’état de contraintes secondaire immédiatement après le creusement.
Un calcul itératif (méthode des contraintes initiales) permet d’estimer l’état de contraintes tertiaire et
les déformations dues au gonflement. L’état de contraintes tertiaire correspond à l’état d’équilibre
qui s’instaure après modification de l’état secondaire par le gonflement (c’est-à-dire par le
développement des contre-pressions dues au gonflement empêché). Les déformations suivant les
contraintes principales sont prises proportionnellement aux variations de contraintes entre l’état
primaire et l’état secondaire. En comparaison aux déplacements mesurés in situ, cette méthode a
donné des résultats satisfaisants pour l’étude du métro de Stuttgart (Wittke, 1979)
Les méthodes de Einstein et Bischoff (1976) et de Wittke et Pierau (1979), prenant en compte l’état
de contraintes tridimensionnel, paraissent séduisantes mais la véracité du principe de base n’est pas
établie de manière certaine et tend à être infirmée par certaines observations. En effet, une série
d’essais réalisés à l’INSA de Lyon (Didier, 1987) et les résultats fournis par Yesil (1993) ont
montré que le gonflement axial et le coefficient C g étaient des fonctions décroissantes du gonflement
radial.
En se basant sur des observations en tunnel et sur la structure des minéraux d’argile, on peut
s’attendre à ce que le gonflement des roches argileuses suive un comportement anisotrope. Des
essais orientés et non confinés de gonflement mettent également en évidence une forte anisotropie.
Toutes ces observations ont montré que le gonflement varie clairement avec la direction relative par
rapport aux couches : il révèle une tendance très prononcée à se produire perpendiculairement à la
77
stratification. Le rapport de la déformation normale aux couches à la déformation parallèle aux
couches peut atteindre la valeur de 10.
A partir des essais mettant en évidence le caractère fortement anisotrope du gonflement, Froehlich
(1989) a adopté un modèle simplifié de comportement linéaire élastique isotrope, complété pour
prendre en compte un gonflement purement normal à la stratification :
1+ ν ν
ε ij = ∆σ ij − ∆σ kk δij + β g n i n j f (σ n )
E E
σn
ln si σ n ≤ σg
avec f (σ n ) = σg ;
0 si σ n ≥ σg
où σ n = σ ij n i n j désigne la contrainte normale à la stratification, σ g la pression de gonflement et
β g le paramètre de gonflement.
Cette loi de comportement a été introduite dans un programme de calcul en éléments finis, utilisant la
méthode de résolution des déformations initiales. Ce modèle, qui décrit l’état final du processus de
gonflement, a ensuite été appliqué à un cas concret de tunnel.
La figure 3.3 représente un tunnel à radier “plat” en terrain gonflant. On suppose que le domaine de
gonflement présente une dilatation radiale constante sur une section de tunnel et l’on fait varier
l’épaisseur de ce domaine. La partie du massif rocheux soumise au gonflement a un module d’Young
E g a priori différent du module d’Young E de la partie du massif rocheux sans gonflement.
Coupe du tunnel
(agrandissement)
110,2 m
Domaine de gonflement
annulaire (d'épaisseur
variable) 190 m 11,8 m
11,8 m
68 m 7,2 m
σ g = 10 MPa
ν = 0,33
7,2 m γ = 25 kN/m2
140 m
78
La figure 3.4.a représente la répartition des déplacements sur une section du tunnel. On constate que
les déplacements sont bien plus importants dans le radier, alors que le toit s’affaisse très faiblement et
que les parois latérales s’écartent légèrement.
au gonflement :
E = 100 MPa 0 10 20 30 40
ν = 0,33 Domaine annulaire de gonflement
autour du tunnel (m)
(a) (b)
Figure 3.4 : Déplacements à la paroi du tunnel
Le champ de déplacements dépend aussi très fortement des propriétés mécaniques du massif
rocheux entourant le domaine soumis au gonflement. Plus son module d’Young E est élevé, plus les
déplacements de la partie gonflante sont importants. Le modèle ne considère pas de comportement
élastoplastique dépendant du gonflement ni de variation des paramètres avec le gonflement.
En parallèle des études précédentes sur le gonflement, Gysel (1987) a proposé une méthode semi-
analytique pour prendre en compte le gonflement dans le dimensionnement d’un tunnel en terrain
gonflant. Son modèle basé sur la méthode des courbes caractéristiques suppose le tunnel profond et
circulaire, l’état de contrainte initial étant considéré anisotrope. Le gonflement, considéré comme
79
réversible (Madsen, 1979), est décrit par la loi tridimensionnelle proposée par Einstein et Bischoff
(1976) et Wittke et Pierau (1979) en calcul élastique :
1 1 − ν
∆ε vol = k g 1 − lg 3 p
lg σg 1 + ν
A partir d’un calcul analytique de tunnel dans un champ de contraintes initiales anisotrope, le critère
de gonflement p ≤ p g permet de définir la zone susceptible de gonfler autour du tunnel. Si K o < 1 ,
la zone gonflante correspond à deux bulbes, l’un situé sous le radier et l’autre au-dessus de la voûte
alors que si K o > 1 la zone gonflante est constituée de deux bulbes situés au niveau des piédroits.
A partir des formulations analytiques, on trace sur 2 graphes différents les réseaux de courbes
caractéristiques correspondant à l’équilibre au niveau du piédroit et de la voûte. L’intersection des
réseaux de courbes fournit la courbe solution K 1 = σ i (α ) au niveau du piédroit et la courbe solution
sur un même graphe, on obtient à l’intersection des deux courbes le couple solution (α, σ i ) (figure
3.5).
Cette méthode permet de prendre en compte le gonflement dans un calcul analytique complet de
tunnel mais présente tout de même quelques limites :
- l’hypothèse d’une distribution elliptique du chargement est raisonnable et fournit un effort de
gonflement réparti sur une bonne partie du revêtement. Néanmoins si le gonflement est observé
localement (présence d’une faille), il faut ajouter un chargement ponctuel, ce qui n’est pas envisagé
par le modèle ;
80
- pour des paramètres de gonflement et un coefficient de pression des terres au repos K o donnés, il
existe une valeur de la contrainte verticale initiale maximale à partir de laquelle le gonflement près
du tunnel est complètement supprimé par l’état de contraintes in situ. Pour les cas de fortes
couvertures, la méthode s’applique toujours mais il n’y pas plus de calcul de gonflement. L’analyse
se restreint à une étude ordinaire de courbes caractéristiques ;
- enfin, cette méthode se restreint à un terrain élastique. L’auteur propose néanmoins d’appliquer ce
modèle dans un calcul en éléments finis qui pourrait prendre en compte la plasticité du terrain et
fournirait un autre état de contraintes sur lequel serait évalué le phénomène de gonflement.
σi (kPa)
1000
K2
σi (solution)
piédroit clé de v
500 oûte
K1
α (solution)
0 1 2 α
Etant donné la dépendance temporelle des processus de gonflement et de fluage et les difficultés à
comprendre ces mécanismes, une approche phénoménologique peut paraître attractive. Les modèles
rhéologiques sont essentiellement des modèles contraintes-déformations-temps, indépendants du
facteur d’échelle, qui peuvent décrire divers types de comportement du terrain, tels que le
comportement instantané et visqueux. Ces modèles sont composés de trois éléments de base :
l’élément hookéen (ressort), l’élément newtonien (amortisseur) et l’élément de Saint Venant (corps
glissant). Une grande variété de lois constitutives (viscoélasticité, viscoplasticité) peuvent être
développées à partir de diverses combinaisons de ces éléments de base. Cependant Panet (1979)
souligne les limites des modèles rhéologiques utilisés dans les travaux souterrains.
81
Il a été reconnu que la plupart des modèles rhéologiques développés jusqu’à maintenant
caractérisaient seulement la composante déviatorique du comportement total sans prendre en
compte la composante volumique (Panet, 1979 ; ISRM, 1994, Gaudin, 1997). Ces modèles
peuvent correctement décrire le phénomène de fluage mais pas le gonflement. Le gonflement autour
des tunnels correspond à une augmentation du volume au cours du temps ; on doit donc introduire la
contribution volumique en fonction du temps dans les modèles rhéologiques. Lo et Yuen (1981) ont
introduit une telle contribution volumique dans les modèles viscoélastiques et Lombardi (1984) dans
un modèle viscoplastique ; dans ce modèle, la quantité de la déformation volumique due au
gonflement était associée au changement de contraintes provoqué par la plastification du sol.
Il existe aussi des modèles rhéologiques dérivés par ajustement de courbes, soit sur des résultats
d’essais en laboratoire, soit sur des mesures de convergence in situ. En analysant les mesures de
convergence de plusieurs tunnels (Las Planas, Fréjus) en fonction du temps et de la distance au front
de taille, Sulem (1983) et Sulem et al. (1987a, 1987b) ont trouvé que les points expérimentaux
s
pouvaient être approchés par une équation du type C(x , t ) = C( x ) C(t ) où C (t ) = 1 −
T
, s et
t+T
82
T étant deux paramètres caractéristiques du matériau qui dépendent des propriétés rhéologiques du
terrain, t le temps et x la distance au front de taille (x et t sont deux variables indépendantes).
L’application in situ de modèles dérivés de modèles rhéologiques dans le but de prédire le
gonflement demeure limitée pour des motifs identiques à ceux exposés ci-dessus pour les modèles
rhéologiques.
Toutefois, après avoir reporté cette fonction dans un diagramme semi-logarithmique et observé la
très forte similitude entre cette fonction de convergence et la forme en “S” typique de la cinétique de
gonflement, Bellwald (1990) a postulé que ces modèles dérivés caractérisaient bien les phénomènes
de gonflement et de fluage autour d’un tunnel excavé sans modéliser directement les mécanismes
sous-jacents. Par contre, l’interaction eau-terrain à l’origine du gonflement sera mieux prise en
compte dans un modèle hydromécanique.
Dans cette partie, on présentera le cadre théorique et les principaux modèles hydromécaniques
existants et on détaillera en particulier le modèle d’Anagnostou pour mettre en évidence les
avantages d’une telle méthode.
Les différents types de modèles présentés précédemment ne considèrent pas l’élément essentiel du
gonflement : l’eau. Les modèles hydromécaniques incorporent directement l’effet de l’eau et de ce
fait, peuvent prétendre à une approche plus rationnelle du phénomène de gonflement. La réponse
mécanique d’un matériau poreux saturé par un fluide est caractérisée par des processus de
déformation et de diffusion. Ceux-ci sont décrits en tant que gonflement ou consolidation, dépendant
du changement de volume relatif du matériau : consolidation pour une diminution de volume et
gonflement pour une augmentation du volume. Les modèles de diffusion décrivent un gonflement
mécanique, par opposition au gonflement physico-chimique régi par la théorie de la double couche
(Coussy et al., 1997) (chapitre 1). Le gonflement physico-chimique, qui est dû aux interactions
microscopiques électriques et chimiques entre l’eau et les particules argileuses, n’est pas considéré
ici.
83
Le formalisme théorique de la consolidation des sols saturés a été établi par Terzaghi (1923) avec la
notion de contraintes effectives (Terzaghi, 1925). Sa théorie unidimensionnelle de la consolidation,
qui suppose implicitement vérifiée l’hypothèse d’incompressibilité des particules solides et du fluide,
est couramment employée en mécanique des sols. La généralisation de cette théorie s’est
développée grâce notamment aux travaux de Rendulic (1936) et de Biot (1941). La théorie
poroélastique proposée par Biot (1941), qui prend en compte la compressibilité de l’eau et de la
matrice solide, diffère de la théorie de Terzaghi de la manière suivante :
- le tenseur des contraintes effectives gouvernant la déformation du milieu poreux est caractérisé
Bien que les théories de consolidation/gonflement existent depuis plusieurs décennies, leur application
pour des tunnels ou tout autre problème similaire (trou de forage par exemple) est récente. La
première tentative a été faite par Carter et Booker (1982) qui ont utilisé un modèle hydromécanique
avec des constituants incompressibles et ont développé des solutions pour les changements de
contraintes et déformations (déplacements) autour d’une longue cavité circulaire dans un milieu
saturé, isotrope linéaire élastique. Les auteurs ont montré que la distribution des contraintes dans le
temps, ainsi que les déformations qui leur sont associées, sont dues à la nature biphasée du milieu
saturé considéré.
Carter (1988) a présenté une solution semi-analytique pour la dissipation de la pression interstitielle
autour d’une cavité verticale soumise à un champ de contraintes isotrope. En admettant un milieu
poreux isotrope linéaire élastique parfaitement plastique, avec des constituants incompressibles,
l’auteur a montré que la plastification du milieu engendre simultanément des sous-pressions.
84
Detournay et Cheng (1988) ont étendu la solution de Carter et Booker (1982) en utilisant un modèle
hydromécanique avec des constituants compressibles. Ils ont développé un faisceau de solutions
transitoires pour les changements de contraintes et de déformations (déplacements) autour d’un trou
de forage dans un milieu saturé isotrope linéaire élastique, soumis à un champ de contraintes initiales
anisotropes.
Un autre développement dans ce domaine a été constitué par la combinaison des modèles
hydromécaniques et des modèles de fluage. Bellwald (1990) en a proposé le concept et Aristorenas
(1992) a formulé l’approche. Pour mieux comprendre et prédire le comportement “réel” des roches
argileuses, ils ont réalisé des essais en laboratoire sur les schistes argileux rencontrés dans la chaîne
du Jura suisse. Ces essais avaient pour but de caractériser le comportement du terrain autour du
tunnel lors des deux phases de construction : la phase non drainée juste après l’excavation de la
cavité d’une part, et la phase drainée, qui est subdivisée en deux sous-phases de
consolidation/gonflement et de fluage, d’autre part. Bellwald (1990) a montré que, pour la phase non
drainée, l’approche simplifiée basée sur la méthode des “chemins de contraintes” (Lambe, 1967)
permet de distinguer les zones de gonflement ou de consolidation autour d’un tunnel sur la base de
l’état de contraintes et de pression interstitielle initial. Cette approche est plus satisfaisante que le
modèle poroélastique qui décrit mal le comportement non linéaire observé. Par la suite, Aristeronas
(1992) a exploité l’ensemble des résultats expérimentaux pour établir un nouveau modèle de
comportement des roches argileuses plus réaliste prenant en compte les caractéristiques anisotropes,
plastiques, de fluage et de rupture du matériau.
Un pas important d’utilisation des modèles hydromécaniques a été accompli avec les travaux
d’Anagnostou (1993, 1994, 1995). Ce dernier considère le développement au cours du temps du
gonflement comme une conséquence de la dissipation de la surpression interstitielle négative produite
par le creusement. De plus, l’écoulement de l’eau à l’intérieur du massif est pris en compte. La roche
gonflante est modélisée comme un matériau élastique non linéaire anisotrope, parfaitement plastique ;
cette approche fournit des estimations réalistes du gonflement, en particulier pour le soulèvement du
radier en tunnels.
85
3.4.3 - Présentation du modèle d’Anagnostou (1993)
Dans les années 1990, Anagnostou (1993) a constaté que toutes les méthodes de calcul basées
uniquement sur la loi de comportement (sans notion de temps) donnaient des résultats peu réalistes
car elles prédisaient un gonflement significatif en radier mais aussi en clé de voûte, ce qui est contraire
aux observations réalisées in situ. Pour améliorer ces approches, il a proposé un modèle
hydromécanique couplé, dans lequel on considère des conditions aux limites hydrauliques différentes
pour le radier (par exemple, eau libre) et pour la clé de voûte (par exemple, paroi imperméable).
C’est cette asymétrie des conditions aux limites hydrauliques qui permet d’envisager la possibilité de
modéliser un soulèvement du radier sans constater de déplacements en clé.
Le terrain gonflant est modélisé comme un matériau élastique parfaitement plastique avec un critère
de rupture de Mohr-Coulomb. Les essais en laboratoire révèlent une forte anisotropie du
gonflement, ce qui n’a pas été oublié dans cette approche. Compte tenu du caractère réversible du
gonflement (Madsen, 1979), le comportement élastique doit inclure la relation logarithmique
œdométrique entre déformation de gonflement et contrainte, et l’anisotropie de gonflement. En
ajoutant la loi élastique de Hooke, la loi de comportement élastique s’écrit alors :
βij σ 'ij
ε ij =
1+ν
E
' ν
E
('
)
∆ σ ij − ∆ σ kk δ ij + β ij B g ln
β σ'
ij ijo
1−β
avec βij = δ ij + β n i n j . Dans cette équation, E désigne le module d’Young, ν le coefficient de
3
Poisson, ni les composantes du vecteur normal au plan de stratification, σ 'ij le tenseur des contraintes
isotrope.
Dans le cas extrême d’un gonflement isotrope (β = 0) , la déformation volumique est reliée
linéairement au logarithme de la pression moyenne (droite de pente B g ). Dans l’autre cas extrême
86
d’une anisotropie fortement marquée (β = 1) , la déformation de gonflement ne se produit que dans la
Le massif rocheux fracturé est traité comme un milieu poreux obéissant à la loi de Darcy
q = − k grad h
Dans le terrain, il apparaît des discontinuités qui peuvent préexister à l’excavation du tunnel ou sont
induites par elle. Ces discontinuités contribuent fortement à la perméabilité de la roche tant qu’elle est
saturée. Quand elle est non saturée, l’écoulement se propage à travers la matrice peu perméable.
Cette influence notable de la saturation sur le régime hydrique peut être prise en compte en reliant la
coefficient de perméabilité k à la valeur de la pression de l’eau interstitielle u. Desai et Li (1983)
proposent de considérer la relation suivante :
k max si u ≥ 0
k = k max −
u
(k max − k min ) si 0 > u ≥ u min
u min
k min si u min > u
Le problème étudié concerne un tunnel profond (couverture de 100 mètres), circulaire et non revêtu
dans une roche gonflante homogène. On suppose que les strates rocheuses sont horizontales et que
l’état de contraintes initiales est géostatique.
Les caractéristiques du matériau utilisé dans le calcul sont présentées dans le tableau 3.1. Le
matériau montre une anisotropie de gonflement marquée c’est-à-dire que le gonflement ne se produit
que perpendiculairement au plan de stratification. Une étude paramétrique a montré que, pour un tel
gonflement uniquement horizontal (β = 1 et n = e z ) , la valeur du coefficient de pression des terres
87
Tableau 3.1 : Paramètres utilisés
Paramètre de gonflement Bg variable
Facteur d’anisotropie de gonflement β 1
Pression de gonflement σg 4 MPa
Module d’Young Ε 4000 MPa
Coefficient de Poisson ν 0,33
Critère de plasticité
Cohésion c variable
Angle de frottement ϕ variable
Angle de dilatance ψ 0
kmin/kmax variable
Constantes de conductivité
umin - 10-3 MPa
Poids volumique γ 25 kN/m3
gonflement σ g calculée à partir d’un essai à volume constant et à la contrainte verticale totale initiale
in situ σ ov . La relation suivante issue d’une étude paramétrique peut être considérée comme une
σ g = σ vo + u o = σ 'vo
Dans l’exemple traité, on suppose une pression de gonflement de 4 MPa. Cette pression correspond
à une valeur expérimentale pour une roche fortement gonflante. Au niveau du tunnel, la contrainte
verticale totale est de 2,5 MPa. On obtient donc par la relation précédente une pression interstitielle
de -1,5 MPa soit -150 mètres pour le potentiel hydraulique initial.
88
• Condition aux limites 2 : évaporation sur les bords supérieurs de l’excavation
La roche est en contact avec l’air humide au niveau des murs et de la voûte. Cette condition
s’applique pour un tunnel non revêtu ou pour un tunnel possédant un revêtement très perméable
(maçonnerie en brique dans les vieux tunnels, béton projeté fissuré, etc.). Dans ce cas, la condition
aux limites est, en général, non linéaire et de type mixte. Suivant les études numériques
d’Anagnostou (1995), il est intéressant d’introduire une condition simplifiée dans laquelle la succion
s est directement reliée à l’humidité relative de l’air h r :
RT
s= ln(h r )
Veau
Dans un premier temps, l’excavation du tunnel est modélisée en conditions non drainées. La
deuxième phase modélise l’état d’équilibre final (Anagnostou, 1995).
- Modèle 1
Les bords de l’excavation sont supposés imperméables sauf au niveau du radier. Dans ce modèle,
l’eau s’infiltre par le radier et, au cours du temps, remonte dans la zone supérieure. Du fait de la
faible variation de la profondeur z, le champ de potentiel hydraulique en équilibre est presque
homogène avec une valeur correspondant au niveau de nappe du radier. C’est pourquoi les
contraintes effectives au dessus de la voûte ne diffèrent pas fortement de celles sous le radier ; ce
modèle permet d’estimer le soulèvement du radier, ainsi que l’affaissement de la voûte.
Cette hypothèse est examinée à partir des calculs intermédiaires. La figure 3.6 montre les résultats
numériques en termes de soulèvement de radier et d’affaissement de la voûte pour différents
rapports k min / k max , k min et k max désignant respectivement la perméabilité du terrain non saturé et
du terrain saturé. On constate que les déformations calculées en radier ou en clé de voûte sont
comparables. Cependant, même si l’intervalle de temps entre le soulèvement du radier et
89
l’affaissement de la voûte est faible pour une conductivité constante, il augmente significativement
avec la diminution du rapport k min / k max . En effet sur l’exemple où k min / k max = 10 −6 , au moment
où le soulèvement du radier est stabilisé (t k max = 1 m ) , la voûte n’a pas subi de déplacement.
radier voûte
radier
voûte
Enfin l’étude des déformations verticales du tunnel non revêtu et de la zone plastique à trois instants
différents montre que le gonflement commence au niveau du radier avant de se propager plus en
profondeur et que la zone correspondant au gonflement est similaire à la zone plastique (figure 3.7).
Déplacements
du radier
Zone
Déformations plastique
verticales
90
- Modèle 2
On suppose tout d’abord que l’humidité relative de l’air dans le tunnel est de 90 %. D’après la
relation simplifiée présentée précédemment, une condition en pression d’eau s’applique donc en
piédroit et en clé de voûte.
Sur la figure 3.8.a, qui correspond au cas où k min / k max = 1 , on constate que les isovaleurs
d’humidité relative sont uniformément réparties autour du tunnel. Ainsi de fortes succions
apparaissent non seulement en voûte mais aussi dans la roche sous le radier couvert d’eau. A cause
de ces fortes succions, les déplacements sont quasiment nuls. Ce modèle ne décrit donc pas la
réalité.
Quand le flux non saturé est pris en compte (k min / k max < 1) , le champ de charge hydraulique
dépend de k min / k max et cette influence est notable lorsque k min / k max est inférieur à 10-2. La figure
3.8.b, où la partie hachurée représente le domaine saturé, en est une parfaite illustration
L’étude cinématique fait apparaître des déplacements significatifs seulement en radier (45 cm). Les
fortes succions en clé augmentent la contrainte effective et empêchent ainsi le développement des
déformations de gonflement. Bien que tout le domaine sous le radier soit saturé, la distribution d’eau
n’est pas uniforme, c’est-à-dire que le gonflement dépend de la profondeur par rapport au radier.
On remarque aussi que la zone de gonflement, qui correspond environ à un diamètre, se propage
aussi loin en profondeur que la zone plastique.
91
La figure 3.9 montre l’influence du potentiel de gonflement (caractérisé par le paramètre B g ) et de
la résistance du terrain (caractérisée par la cohésion c) sur le soulèvement du radier. On constate que
ni le gonflement seul, ni la plasticité seule n’explique des soulèvements de plusieurs dizaines de
centimètres souvent observés in situ. C’est l’effet combiné du gonflement et de la résistance du
terrain limitée qui génère d’importants soulèvements de radier
Ces résultats ont été obtenus en faisant l’hypothèse d’une humidité relative de 90 % dans la partie
supérieure de l’excavation. Les calculs ont montré, par ailleurs, que les déplacements en clé de voûte
restent négligeables tant que l’humidité relative est inférieure à 97 % (Anagnostou, 1995). Cet
dernier aspect est une conséquence de la non-linéarité des équations d’écoulement.
3.5 - Conclusion
Pour dimensionner un tunnel en terrain gonflant, de nombreuses méthodes de calcul ont été
développées depuis quelques décennies à partir de la loi de gonflement proposée par Huder-
Amberg (1970). La plupart des modèles “comportementaux” ont adapté la formulation
unidimensionnelle d’Huder-Amberg pour prendre en compte le comportement tridimensionnel et
l’anisotropie de gonflement, par exemple. Sans prendre en compte l’influence du temps, ces
méthodes simplifiées permettent d’obtenir une caractérisation réaliste du phénomène de gonflement à
long terme, après stabilisation des écoulements hydrauliques.
En s’ajustant sur les mesures in situ, les approches phénoménologiques permettent de représenter
l’évolution des effets différés (fluage, gonflement) observés sur un tunnel déjà réalisé. Par contre,
92
sans modéliser le processus de gonflement proprement dit, ces modèles rhéologiques ne sont pas
adaptés à la prise en compte du phénomène dans un dimensionnement d’ouvrage souterrain.
Les modèles hydromécaniques représentent alors une évolution intéressante pour la modélisation du
phénomène de gonflement autour d’un tunnel puisqu’ils prennent en compte l’interaction de l’eau et
du terrain avec une loi de gonflement et la perméabilité du terrain qui régit l’évolution du phénomène
au cours du temps.
En supposant l’arrivée d’eau dans le terrain au niveau du radier, le modèle hydromécanique proposé
par Anagnostou a mis en évidence l’influence des paramètres et des conditions aux limites
hydrauliques sur l’interaction entre l’eau et le terrain. Dans le cas d’un tunnel revêtu étanche, le
modèle montre que des déplacements significatifs se produisent sous le radier et en clé de voûte mais
de façon décalée, le soulèvement du radier se produisant avant l’affaissement de la voûte. Pour un
tunnel non revêtu, le modèle met en évidence des convergences négligeables de la voûte par rapport
à celles du radier.
Pour notre travail de recherche, cette revue bibliographique montre donc que de nombreuses lois de
gonflement ont été développées à partir de la caractérisation expérimentale d’Huder-Amberg et que
le modèle hydromécanique d’Anagnostou propose la meilleure simulation du comportement d’un
terrain gonflant.
93
94
Partie II :
95
96
Chapitre 4 :
4.1 - Introduction
La bibliographie effectuée sur le phénomène de gonflement et sur sa prise en compte pour l’étude
des tunnels a mis en évidence, d’une part, l’intérêt grandissant des différentes commissions
internationales à vouloir résoudre le problème du gonflement en génie civil et, d’autre part, l’absence
de méthode de calcul reconnue pour le dimensionnement des tunnels en terrain gonflant.
Avant la modélisation numérique, une méthode simplifiée a été développée pour estimer rapidement
l’influence du gonflement sur le comportement d’un revêtement. Cette approche analytique basée sur
la méthode convergence-confinement (Panet et Guellec, 1974) a consisté à intégrer une contribution
du gonflement déterminé expérimentalement. L’application à quelques cas concrets de tunnels
creusés en terrain gonflant montrera l’intérêt d’une telle approche.
97
4.2 - Présentation de la méthode convergence - confinement
σ fr = (1 − λ )σo (4.1)
coefficient compris entre 0 et 1 (figure 4.1). Ce résultat est valable à condition de se placer à une
distance suffisante (de l’ordre de R/2) du front de taille du tunnel. Le coefficient λ, qui caractérise le
degré de décompression derrière le front de taille, porte le nom de taux de déconfinement.
Partant de cette constatation, Panet et Guellec (1974) ont suggéré de prendre compte, en géométrie
plane, l’effet stabilisant lié à la proximité du front de taille, en appliquant la pression σ fr sur la
périphérie du tunnel. La progression du front de taille est alors simulée en faisant croître λ
98
progressivement de la valeur 0, correspondant à l’état de contraintes initial, à la valeur 1,
correspondant à l’état de déformation stabilisé derrière le front de taille. Dans le cas d’un
comportement linéaire - élastique du terrain, cette valeur est atteinte à une distance de l’ordre de
deux diamètres du front de taille.
( )
diagramme σ fr , u r . La courbe de convergence (a) représente la réponse du terrain. L’activation du
soutènement intervient à partir de sa mise en contact avec le terrain ; celle-ci se produit pour une
valeur λ d du taux de déconfinement. La mise en charge progressive du soutènement est représentée
par la courbe (b), dite de confinement. Le point d’intersection entre les courbes (a) et (b) caractérise
l’état d’équilibre du tunnel, et permet de déterminer, par simple lecture, la valeur du déplacement
radial et de la pression finale au niveau du soutènement.
La méthode, initialement mise au point dans le cas d’un tunnel circulaire creusé dans un terrain
homogène et isotrope, a été étendue ultérieurement à d’autres types de conditions, et notamment à
des cas de contraintes initiales anisotropes (Panet, 1986). Elle est couramment utilisée pour
représenter la présence du front de taille dans des calculs bidimensionnels de tunnels par éléments
finis. Dans la partie suivante, nous allons présenter un calcul analytique basé sur cette méthode
convergence-confinement en ajoutant une loi de gonflement pour le comportement du terrain.
99
4.3 - Présentation de l’approche analytique
Dans son calcul semi-analytique, Gysel (1987) a supposé que le gonflement était un phénomène
exclusivement réversible et que, par conséquent, la théorie de l’élasticité s’appliquait pour la prise en
compte du gonflement. D’autre part, il a considéré un état de contraintes initial anisotrope (K O
calcul élastoplastique, il faut utiliser un code de calcul par éléments finis pour déterminer l’état de
contraintes après excavation et ensuite en déduire, à partir de l’état de contraintes ainsi obtenu, la
contribution du gonflement. Cependant, si on fait l’hypothèse d’un champ de contraintes initial
isotrope, une solution analytique peut être déterminée pour l’état de contraintes après excavation.
On considère un tunnel profond circulaire de rayon R creusé dans un milieu isotrope (figure 4.3). Les
contraintes initiales sont supposées isotropes et égales à σ o ; le tunnel est suffisamment profond pour
qu’on puisse considérer qu’il est creusé dans un milieu où les contraintes sont uniformes.
100
Figure 4.3 : Définition du problème
Le massif a un comportement élastique linéaire, caractérisé par les paramètres de Hooke (E, ν ) ,
dans un domaine limité par un critère de résistance maximale de type Mohr-Coulomb, caractérisé
par les paramètres (c, ϕ) , qu’on écrit sous la forme
σ1 = K p σ3 − σc
2 c cos ϕ 1 + sin ϕ
avec σc = et Kp = .
1 − sin ϕ 1 − sin ϕ
L’approche élastoplastique proposée par Panet (1976) et la prise en compte du gonflement sont
détaillées dans l’annexe C. Dans la suite, on rappelle les principaux résultats obtenus.
σc
Si σ o > , il existe un moment où le critère de rupture est vérifié à la paroi de l’excavation,
2
correspondant au taux de déconfinement λ e . Ensuite, il se développe autour de la cavité une zone
( )
Dans la zone plastique R ≤ r ≤ R p , la solution en contraintes (σ r , σ θ , σ y ) et en déplacement u pr
s’écrit :
101
2 λe σ o r
pK −1
σc
σ r (r ) = −
(K p − 1) R p
(K p − 1)
σ θ (r ) = K p σ r (r ) + σ c
K −1
σ (r ) = σ + 2 ν λ K p + 1 σ r
p
y o − 1
o e
Kp −1 R p
K −1
p 1+ ν r
p
Rp
κ +1
u r (r ) = λ e σ o r F1 + F2
R
+ F3
E p r
Le phénomène de gonflement est pris en compte à partir de la loi tridimensionnelle utilisée par Gysel
(1987) :
1− ν
lg 3p
1+ ν
∆ ε vol = k g 1 − (4.2)
lg 1 − ν 3 p
g
1+ ν
σr + σθ + σy 1 + ν σg
planes), p = la contrainte moyenne, p g =
1 − ν 3 le seuil de gonflement et k g
3
le gonflement libre.
Cette loi tridimensionnelle prolonge la loi de gonflement traditionnelle déterminée à partir d’essais
œdométriques en reprenant l’hypothèse d’Einstein et Bischoff (1976), “c’est la contrainte moyenne
qui commande le gonflement”. Cette hypothèse est contestée par plusieurs auteurs (Didier, 1987 ;
Yesil, 1993) dont les résultats expérimentaux ont montré que le gonflement axial était des fonctions
décroissantes du gonflement radial.
Malgré la remise en cause de l’hypothèse, certains auteurs comme Dakshanamurthy (1979) ont tout
de même mis en évidence une relation unique entre la déformation volumique et la pression moyenne
quel que soit le chemin de contraintes suivi à l’appareil triaxial ; ce qui tend à confirmer la formulation
tridimensionnelle, qui a aussi l’avantage de prendre en compte le gonflement de manière simple.
102
Au cours de l’excavation, c’est donc la diminution de la contrainte moyenne p qui entraîne le
gonflement. Dans ce cas, le calcul élastoplastique montre que le gonflement peut se développer
autour de l’excavation uniquement s’il y a eu plastification du terrain et que deux situations se
présentent :
(1 − 2ν ) σo + (1 + ν )σ c
≤ pg ≤ po = σ o (I)
3
(4.3)
(1 − 2ν ) σo + (1 + ν )σ c ≤ p = σ < p (II)
3
o o g
Dans la situation (I), l’apparition du phénomène du gonflement intervient au niveau de la paroi dès
que p (r = R ) = p g , soit pour un taux de déconfinement λ g (≤ λ e ) . Ensuite, la zone de gonflement
Dans la zone de gonflement, l’application de la loi tridimensionnelle (équation 4.2) conduit à une
solution analytique pour les cas K p = 3 (soit ϕ = 30 degrés) et K p = 2 (soit ϕ ≈ 20 degrés) :
k g R 2p r 2 − R 2g
(1 + ln σ g ) − A + B 2
r2 2
u (r ) =
g
B ln A + B r
r
2 r B ln σ g R 2p Rp R 2p
(4.4)
R 2g R2
+ A +B 2 ln A + B g
Rp R 2p
k g R 2p 2 r 2 − R 2g 2 2
u (r ) =
g
B (1 + 2 ln σ g ) + 2 A − B 2 ln A + B r
2 r
4 r B ln σ g
r 2 2
Rp Rp Rp (4.5)
R 2
R r − Rg
− 2 A2 − B2 ln A + B g − 2A B
g
2
R R
R p p p
u R = u r (R ) = u pr (R ) + u gr (R ) = f (p )
103
Dans la situation (II), on constate qu’au cours du déconfinement, le phénomène de gonflement
apparaît en même temps que la plasticité et donc que la zone de gonflement est équivalente à la zone
plastique. Dans ce cas, les solutions sont similaires à celles obtenues dans la situation (I) en
1−ν
remplaçant σ g par 3σ o .
1+ ν
Pour la condition de gonflement (II), il n’existe qu’une zone élastique et une zone élastoplastique
gonflante car, dès l’apparition de la plasticité, il y a aussi développement du gonflement.
u R = ud +
(
R 2 1 − ν 2b)σR
eb E b
104
où u R désigne le déplacement radial du revêtement à l’extrados, σ R la contrainte radiale à
Dans la suite, on a appliqué cette méthode de calcul analytique pour quelques tunnels construits en
terrain gonflant.
Pour étudier l’influence du gonflement sur le calcul analytique, on a regardé quelques cas de tunnels
concernés par ce phénomène, en particulier :
- le tunnel de Chamoise creusé partiellement dans les marnes d’Effingen de l’Oxfordien supérieur
(Hingant et Guerpillon, 1986 ; Serratrice, 1994),
- le tunnel du Mont Sion conçu dans des molasses (Serratrice, 1996),
- le tunnel de Lambesc creusé dans les marnes du Stampien (Robert et al., 1997),
- et le tunnel de Pech-Brunet creusé dans les marnes du Stampien, (Mahieu, 1998).
Le tableau 4.1 récapitule l’ensemble des paramètres géotechniques utilisés, pour chaque tunnel ; H
désigne la couverture maximale, R le rayon du tunnel, E le module d’Young du terrain à court terme,
E LT le module à long terme, ν le coefficient de Poisson, c la cohésion, ϕ l’angle de frottement, σ g
H γ R E E LT c ϕ σg kg
ν
(m) (kN/m3) (m) (MPa) (MPa) (MPa) (°) (MPa) (%)
Tunnel de
400 25 5 2000 1000 0,3 2 25 13 1,9
Chamoise
Tunnel du
150 24 5 2000 1200 0,3 0,5 25 5 4,3
Mont Sion
Tunnel de
40 22 6,5 180 90 0,3 0,2 26 2,74 10,8
Lambesc
Tunnel de
21 22 7 180 90 0,3 0,05 35 0,5 10,8
Pech-Brunet
105
En utilisant ces valeurs dans les inégalités 4.3, on constate que la condition de gonflement (I) est
remplie pour les tunnels de Chamoise, du Mont Sion et de Pech-Brunet alors que la condition (II)
est vérifiée pour le tunnel de Lambesc.
Pour le revêtement, on a choisi les mêmes paramètres pour tous les tunnels, c’est-à-dire un module
d’Young E b à court terme de 30 GPa, un module d’Young E bLT à long terme de 15 GPa, un
Le tableau 4.2 représente, pour chaque tunnel, les paramètres caractéristiques du comportement du
terrain, c’est-à-dire d’une part, les taux de déconfinement λ e et λ g délimitant les comportements
plastique et gonflant (équations C.1 et C.8) et, d’autre part, les rayons de la zone plastique R p et de
C.9). Pour les tunnels de Chamoise, du Mont Sion et de Lambesc, on a étudié les deux cas K p = 2
proche de 25 degrés.
Le tableau 4.2 montre que les taux de déconfinement λ e et λ g sont similaires pour chaque exemple
mais que l’influence de l’angle de frottement interne ϕ est notable. En effet, plus l’angle de frottement
interne est élevé, plus les phénomènes plastiques et de gonflement apparaissent tardivement.
Rp / R
1,85 1,39 2,36 1,61 1,71 1,33 1,78
(λ = 1)
Rg /R
1,58 1,27 2,08 1,50 1,71 1,33 1,47
(λ = 1)
106
Concernant l’étendue des zones plastiques et gonflantes, on constate une plus grande disparité des
résultats, le tunnel du Mont Sion ayant des rayons caractéristiques plus élevés que le autres tunnels.
On remarque tout de même que les rayons R p et R g calculés sont compris entre un demi-diamètre
et un diamètre.
On note aussi qu’il est très difficile de corréler les paramètres plastiques et les paramètres de
gonflement avec l’apparition de la plasticité et du gonflement puisqu’un autre paramètre important
doit être pris en compte : l’état de contraintes initial (ou la couverture de terrain). Pour chaque tunnel,
un calcul spécifique est nécessaire pour étudier la véritable influence du gonflement. C’est pourquoi,
dans la suite, on se concentrera sur l’étude du tunnel du Mont Sion.
Le calcul d'équilibre à court terme, supposant que le gonflement se produit assez rapidement après le
creusement du tunnel, a fait l’objet d’une étude de sensibilité en fonction du taux de déconfinement
λ d caractérisant l'instant où le revêtement est mis en place.
Le calcul d'équilibre à long terme, supposant que le gonflement se développe longtemps après la
mise en place du revêtement, considère une mise en place du revêtement après le déconfinement
total du terrain à court terme et étudie l’équilibre avec les paramètres à long terme du terrain et du
béton. A chaque fois, on a aussi étudié la sensibilité du paramètre κ, caractérisant la dilatance du
terrain.
La figure 4.5 représente l’application de la méthode de calcul pour le tunnel du Mont Sion en
considérant un taux de déconfinement λ d à court terme égal à 0,9, un coefficient de frottement ϕ
107
4000
élasticité (court terme) élasticité (long terme)
élastoplasticité (court terme) élastoplasticité (long terme)
2000
1000
σ eq
σ geq
0
0 1 ueq 2 3 4 5
Déplacement radial u R(cm)
Les tableaux 4.3 et 4.4 précisent les valeurs des paramètres de contrainte et déplacement à
(
l’équilibre : (σ eq , u eq ) pour le cas élastoplastique et σ geq , u geq pour le cas élastoplastique avec )
gonflement. Le déplacement u d du terrain avant la mise en place du terrain est également indiqué.
Tableau 4.3 : Résultats du calcul analytique pour le tunnel du Mont Sion pour K p = 2
108
On constate que plus le taux de déconfinement λ d se rapproche de 1, plus l’influence du gonflement
à court terme est notable sur la pression de contact à l'équilibre. Quant aux paramètres plastiques, on
constate que plus l'angle de dilatance ψ ou l'angle de frottement interne ϕ est faible, plus le
gonflement influe sur l'état d'équilibre à court terme ou à long terme. A priori, on peut considérer
que, pour le tunnel du Mont Sion, la prise en compte du gonflement entraîne une augmentation de 20
à 30 % de la pression appliquée au revêtement.
Tableau 4.4 : Résultats du calcul analytique pour le tunnel du Mont Sion pour K p = 3
Cette même étude analytique donne des résultats moins probants pour le tunnel de Chamoise car le
potentiel de gonflement k g y est plus faible malgré une pression de gonflement élevée. Pour le tunnel
de Lambesc et le tunnel de Pech-Brunet, les résultats ne sont pas directement applicables car
l'hypothèse initiale du tunnel profond n'est pas vérifiée. On constate néanmoins que l’influence du
gonflement augmente tout de même d'environ 10 % la pression de contact à l’équilibre.
109
4.5 - Conclusion
Cette approche analytique est intéressante car elle permet d’étudier rapidement l’influence du
gonflement d’une manière qualitative et quantitative, malgré des hypothèses simplificatrices. Ainsi,
avant une étude plus raffinée, cette méthode permet de relier les paramètres de gonflement aux
paramètres géotechniques en précisant si le gonflement joue un rôle prépondérant ou pas par rapport
à la plasticité.
Dans le cas des tunnels de Chamoise, du Mont Sion, de Lambesc et de Pech-Brunet, cette méthode
montre une influence notable du gonflement sur l’état d’équilibre, dont l’amplitude devra être
précisée par une méthode de calcul plus raffinée. Dans les chapitres suivants, on présentera une
approche numérique du problème afin de répondre plus précisément au dimensionnement exigé pour
la conception d’un tunnel en terrain gonflant.
110
Chapitre 5:
de gonflement
5.1 - Introduction
Dans des cas plus complexes que ceux examinés précédemment, une approche numérique semble
plus judicieuse car elle permet de considérer une géométrie quelconque, un état de contrainte initial
anisotrope, un comportement élastoplastique du terrain associé à une loi de gonflement. La
pertinence de la méthode repose alors en grande partie sur le choix de la loi de comportement
représentative de la réponse observée du terrain et validée sur des essais expérimentaux.
Dans la suite, on justifiera le choix du modèle de gonflement retenu, on analysera la loi de gonflement
et on développera une solution analytique simulant un essai de gonflement afin d’étudier la sensibilité
des différents paramètres introduits.
L’analyse des méthodes de calcul existantes a montré l’intérêt d’une approche hydromécanique pour
prendre en compte le gonflement puisque la loi de gonflement permet de modéliser le changement de
contraintes subi autour du tunnel alors que des paramètres hydrauliques tels que la perméabilité
doivent être introduits pour rendre compte du phénomène de diffusion dans le massif.
111
Cependant, ces méthodes reposent sur un élément indispensable, c’est-à-dire l’existence d’une loi
de gonflement implantée dans un code de calcul et validée par l’expérience. Actuellement, en
France, la prise en compte du gonflement dans un dimensionnement de tunnel repose sur
l’application d’une pression de gonflement sous le radier qui reste contestée pour plusieurs raisons :
incertitude sur la surface d’application de la pression, incertitude sur la valeur de la pression de
gonflement, absence de déformations de gonflement.
Pour corriger les errements actuels, notre travail a consisté à mettre au point un modèle de
gonflement directement applicable dans un dimensionnement d’ouvrage souterrain. On s’est attaché
à définir une formulation tridimensionnelle du gonflement et à l’implanter dans le logiciel CESAR-
LCPC, qui constitue l’un des principaux codes de calcul par éléments finis de référence en génie
civil. L’objectif de ce travail était de proposer un modèle validé par l’expérience en laboratoire et in
situ. L’ensemble de ces étapes était nécessaire pour fournir un modèle de gonflement fiable pour
d’autres ouvrages concernés par ce phénomène.
Le choix de la loi de gonflement s’est inspiré de méthodes de calcul existantes. Le premier principe
généralement adopté consiste à utiliser la loi expérimentale déterminée par Huder et Amberg (1970),
qui introduit une relation entre la déformation et le logarithme de la contrainte à l’aide de l’indice de
gonflement B g (ou C g ).
Pour étendre cette loi unidimensionnelle, la formulation tridimensionnelle proposée par Anagnostou
(1993) est apparue judicieuse avec l’introduction d’un facteur d’anisotropie β car l’aspect
tridimensionnel est relié à la stratification du terrain. Froehlich (1989) a aussi tenu compte de la
stratification pour modéliser le gonflement mais de façon simplifiée, c’est-à-dire en supposant un
gonflement uniquement normal à la stratification.
(1970) et utilisée par Froehlich (1989), c’est-à-dire un seuil de gonflement à partir duquel le
gonflement se développe. Par contre, dans son approche hydromécanique, Anagnostou (1993)
utilise la pression de gonflement à volume constant a priori moins adaptée à ce type de loi.
112
Le modèle proposé, qui ne tient pas compte du couplage des phénomènes mécanique et
hydraulique, constitue une première étape, jugée raisonnable compte tenu des besoins de la
profession en approche de calcul de ces phénomènes. Elle vise essentiellement à évaluer l’incidence
du gonflement sur le comportement à long terme des ouvrages. Une approche hydromécanique
pourrait être introduite dans un développement futur du modèle proposé, pour simuler l’évolution
dans le temps du phénomène de gonflement.
Le gonflement est introduit dans le modèle, en ajoutant à la loi élastique de Hooke une loi élastique
non linéaire de gonflement ; ce qui est cohérent avec l’hypothèse de réversibilité du phénomène de
gonflement formulée par Madsen (1979). En respectant la convention de la Mécanique des Sols, la
nouvelle loi de comportement élastique adoptée s’écrit :
ε = ε +ε
el H g
1+ ν ν
avec • ε
H
= ∆σ − (∆ tr (σ))1
E E
β :σ
Bg β ln = C β lg β : σ si β : σo ≤ β : σg
β : σo g β : σo
• εg =
0 si β : σ o ≥ β : σ g
1−β
et β = 1 + βn ⊗n
3
tenseur des contraintes initiales, ε el le tenseur des déformations élastiques, ε H le tenseur des
Si les contraintes appliquées sont inférieures à un certain seuil, le “gonflement” se produit et on parle
( )
alors de comportement gonflant ou de loi de gonflement ε el = ε h + ε g . Dans le cas contraire, le
Le tenseur des contraintes de gonflement peut être déterminé à partir des essais œdométriques de
gonflement normalisés (ISRM, AFNOR, ISSMFE, Huder-Amberg). En général, on définit une
pression de gonflement σ g correspondant à la contrainte axiale nécessaire pour empêcher tout
mouvement vertical après imbibition de l’échantillon, mais on ne dispose d'aucune information sur la
contrainte radiale obtenue après stabilisation. Lorsque des essais complémentaires ont été réalisés
avec un œdomètre modifié “K o ”, permettant de mesurer la contrainte radiale, on a constaté que la
contrainte radiale de gonflement peut prendre des valeurs variées mais voisines de la contrainte axiale
de gonflement (Kabbaj, 1981 ; Shanker et al., 1987). En tenant compte d'éventuels frottements
latéraux, il est raisonnable de considérer que la contrainte radiale vaut aussi σ g , c’est-à-dire que la
σ=0
u = u1 1
'
σ = σ
'1
où σ '1 désigne l’état des contraintes effectives après le prélèvement et u 1 la pression interstitielle
après le prélèvement. Dans un essai à volume constant, caractérisé par l’imbibition du matériau et
l’augmentation de la contrainte axiale jusqu’à atteindre la valeur de la contrainte de gonflement, on
obtient, après stabilisation des effets hydrauliques :
σ = σg
u=0
'
σ = σ
'1
la dernière condition résultant du fait que tout déplacement est empêché pendant l’essai. On en
déduit qu’au cours de l’essai à volume constant, la variation des contraintes totales caractérisée par
114
σ est égale à la variation de la pression interstitielle (− u 11) ; ce modèle simplifié tend à confirmer
g
Dans ces conditions, le tenseur des contraintes de gonflement est défini uniquement à partir de la
σ g sachant que tr β = 1 .
β: σ
facilement comme la pente de la droite tr ε g , ln . Dans un diagramme semi-logarithmique
σg
(logarithme décimal), on identifie le paramètre C g classiquement utilisé pour analyser les essais
aura deux directions privilégiées, une perpendiculaire à la stratification (de vecteur directeur n ) et
( )
l’autre parallèle à celle-ci (de vecteur directeur p ). Dans le repère n, p , on peut définir la notion
115
ε gn = n . ε g . n = n i ε gij n j σ n = n . σ. n = n i σij n j
g et
ε p = p . ε . p = p i ε ij p j
g g
σ p = p . σ. p = p i σij p j
sachant que p . n = n i p i = 0 .
β = β p 1 + ( βn − βp ) n ⊗ n
(1 + 2 β) p .β.n = 0
β n = n . β . n = 3
avec et βn + βp = 1
β p = p .β . p = (1 − β)
3 β : σ = β n σ n + 2 β p σ p
g β n σn + 2 β p σ p
ε n = n . ε . n = Bg β n ln
g
σ
g
p .ε . n = 0
g
g β n σ n + 2βp σ p
ε = p . ε g
. p = B β ln
p g p σ
g
Deux cas extrêmes d’anisotropie sont représentés par les valeurs 0 et 1 du paramètre β.
1er cas : β = 0
Cette hypothèse représente un matériau sans stratification apparente, ne présentant pas de directions
privilégiées pour le gonflement ; la déformation de gonflement est alors isotrope et vaut :
Bg σn + 2σp
ε = ln 1
g
3 3 σg
116
2ème cas : β = 1
Cette deuxième hypothèse implique une anisotropie fortement marquée ; c’est-à-dire que la
déformation de gonflement est uniquement normale au plan de stratification (β p = 0 ) .
Cette loi d’élasticité intégrant le phénomène de gonflement est complétée, dans le modèle, par un
domaine élastique caractérisé par un critère de plasticité de Mohr-Coulomb.
Pour valider numériquement la loi de comportement, un modèle simplifié a été développé afin de
mettre en évidence le gonflement mécanique et d’étudier son interaction avec la plasticité. En fait, il
reproduit une phase de l'essai œdométrique, celle du déchargement par paliers après imbibition à
partir d’une contrainte verticale initiale. Toute l'étude s'attardera sur la phase de déchargement
mécanique de l'essai qui permet au "potentiel de gonflement" du matériau de se développer.
Toute l’étude analytique est détaillée dans l’annexe D ; dans la suite, on présentera le problème et les
résultats obtenus avec la loi de gonflement.
Le modèle bidimensionnel décrit sur la figure 5.1 représente un échantillon de 1 mètre de côté et de
hauteur soumis initialement à un état géostatique avec un coefficient de pression des terres au repos
K o . L'état initial peut être caractérisé expérimentalement par l'application d'une pression Po en haut
l'échantillon in situ. On suppose que Po >> γ (1 − z ) pour considérer le tunnel comme profond. Le
σ ozz (z ) = γ (1 − z ) + Po
o avec 0 ≤ z ≤ 1
σ xx (z) = σ yy (z ) = K o σ zz (z) = K o [γ (1 − z ) + Po ]
o o
On remarque donc que σ ozz > σ oxx (ou σ ozz < σoxx ) si K o < 1 (ou K o > 1 ).
Les conditions aux limites sont celles de l'essai œdométrique ; le déplacement vertical est nul à la
base de l’échantillon (z = 0) et les déplacements latéraux sont nuls sur le contour de l’échantillon
117
( x = 0 et x = 1 ). De plus, on fait l’hypothèse des déformations planes. Compte tenu des
hypothèses de calcul, le problème est en fait unidimensionnel avec comme seule variable la hauteur z.
En proposant des conditions aux limites proches de la réalité, l’essai œdométrique permet de
modéliser l’excavation en diminuant la contrainte verticale en haut de l’échantillon (z = 1) . Cette
réduction de contraintes, supposé continue entre l’état de contraintes σ ozz et σ zz ( < σ ), est
o
zz
σ zz (z = 1) ∆ σ zz (z = 1)
λ = 1− =−
σ ozz (z = 1) Po
∂ [∆ σ zz (z )]
En utilisant la condition d'équilibre au cours de cette phase = 0 , on montre que le
∂z
Po
σozz (z ) = γ (1 − z ) + Po
σoxx (z ) = K o [γ (1 − z ) + Po ]
L =1 m
x
y
L=1m
Figure 5.1 : Description du modèle, des conditions aux limites et de l'état de contraintes initial
Le matériau est supposé avoir un comportement élastoplastique. Pour avoir un ordre de grandeur
des paramètres mécaniques rencontrés, on a récapitulé dans le tableau 5.1 les paramètres obtenus
expérimentalement pour divers ouvrages réalisés dans des sols gonflants (Serratrice, 1994, 1996) ;
Zo désigne la couverture maximale du tunnel, γ le poids volumique de la couche concernée par le
118
Tableau 5.1 : Présentation des paramètres mécaniques de sols gonflants rencontrés in situ
Nom de γ Zo E c ϕ
Ko ν
l'ouvrage (kN/m3) (m) (MPa) (kPa) (degrés)
Tunnel du
24 150 0,7 0,3 2000 500 25
Mont Sion
Tunnel de
25 400 0,5 0,3 2000 2000 25
Chamoise
Tunnel de
22 40 0,5 0,3 180 200 26
Lambesc
Tunnel de
22 21 0,75 0,3 108 100 35
Pech-Brunet
Le tableau 5.2 déduit du tableau précédent donne un ordre de grandeur de la pression initiale Po
dans l'hypothèse que la couche supérieure a le même poids volumique que l'échantillon étudié.
Une étude préliminaire a montré que les paramètres présentés dans le tableau 5.1 assuraient un état
initial élastique pour chaque tunnel (annexe D). Ainsi, dans la suite, on suppose vérifiée la condition
initiale d'élasticité et on utilisera lors des calculs les valeurs suivantes :
- un poids volumique γ de 25 kN/m3 ;
119
On rappelle que, pour un matériau dans son état naturel, la solution en contraintes et déformation au
cours du déchargement s'écrit (annexe D) :
σ (z ) = γ (1 − z ) + (1 − λ ) P
zz o
ν
σ xx (z ) = σ yy (z ) = K o [ γ (1 − z ) + Po ] − λ Po avec 0 ≤ z ≤ 1 (5.1)
1 − ν
(1 + ν ) (1 − 2 ν ) λ Po
ε zz (z ) = − (1 − ν )
E
1+ ν ν β:σ
ε = ∆σ − ∆ (tr σ) 1 + Bg β ln
E E β: σ
o
1−β
avec β = 1+ β n ⊗ n
3
calcul, on a considéré un plan de stratification horizontale, c’est-à-dire que la normale est dirigée
selon l’axe (Oz) . Le tenseur d’anisotropie s’écrit alors :
1 + 2β
β zz = 3
β = β = 1−β
xx yy
3
120
Pour le matériau imbibé, la solution au problème (σ xx , σ zz , ε zz ) vérifie les équations suivantes
(annexe D) :
σ zz = σozz − λ Po
1− ν ν 1 − β 2 (1 − β ) σ xx + (1 + 2 β) σ zz
E ∆σ xx − E ∆ σ zz + B g 3 ln o
=0
2 (1 − β ) σ o
xx + (1 + 2 β ) σ zz
(1 + ν ) [∆ σ zz − ∆ σ xx ] − β (1 − 2 ν )[∆ σzz + 2 ∆ σ xx ] (5.2)
ε zz = (1 − β ) E
pour β ≠ 1
1 2ν σ
ε zz = ∆σ zz − ∆σ xx + Bg ln zz o
pour β = 1
E E σ
zz
Les résultats du calcul analytique de gonflement sont comparés au calcul élastique de Hooke sur les
figures 5.2, 5.3, 5.4 et 5.5. Les paramètres de gonflement pris en compte sont les suivants :
- une pression de gonflement σ g élevée (égale à 10 MPa), de telle sorte qu’il y ait
cours du déchargement, pour l'élasticité linéaire et pour quelques cas d'anisotropie. On constate que,
pour la loi élastique-linéaire, la contrainte horizontale décroît continûment au cours du déchargement,
proportionnellement à la contrainte verticale. Par contre, pour la loi élastique non linéaire, l'évolution
de la contrainte horizontale dépend fortement du facteur d'anisotropie de gonflement β et sa valeur
de façon quasi-linéaire. Dans le cas extrême opposé (β = 1) , avec un gonflement uniquement vertical
dans notre exemple, la contrainte horizontale suit la même évolution que la loi élastique linéaire car,
pour ce cas de gonflement, il n'y a plus de contribution du gonflement (β xx = 0 ) . On remarque aussi
que, plus le facteur d'anisotropie est grand (excepté le cas où β = 1 ), plus l'évolution au cours
121
3000
σx x (kPa)
Elasticité linéaire β=0
β = 0,5 β = 0,9
β=1
Contrainte horizontale
2000
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Sur la figure 5.2, on observe qualitativement que, pour une valeur donnée de λ , la contrainte
horizontale la plus élevée est obtenue pour β = 0,5 . Les figures 5.3 et 5.4 précisent les observations
précédentes. En fait, on remarque que la contrainte horizontale prend bien une valeur maximale
lorsque β varie de 0 à 1, mais celle-ci dépend du taux de déchargement comme le montre bien la
figure 5.4.
3000
β = 0,3 β = 0,4
σ xx (kPa)
β = 0,5 β = 0,6
β = 0,7
Contrainte horizontales
2000
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
122
3000
σx x (kPa)
2000
Contrainte horizontale
1000
λ = 0,5 λ=1
0
0 0,5 1
Facteur d'anisotropie β
La figure 5.5 représente la déformation axiale au cours du déchargement, pour le cas élastique-
linéaire et différents cas d'anisotropie de gonflement. On remarque que la déformation de gonflement
est toujours supérieure à la déformation élastique au cours du déchargement. On constate aussi que
l'influence de l'anisotropie de gonflement sur la déformation axiale au cours du déchargement suit une
loi assez simple, c'est-à-dire que plus l'anisotropie est marquée (β se rapprochant de 1), plus la
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
Déformation axiale ε zz (%)
-2
β = 0,9 β=1
-6
123
Enfin, le gonflement a une influence très importante sur le comportement de l'échantillon au cours du
déchargement. En particulier, l'anisotropie joue un rôle plus complexe sur la contrainte horizontale
σ xx que sur la déformation axiale ε zz car elle influe, non seulement sur la valeur, mais aussi sur
Jusqu’à présent, on a supposé que la pression de gonflement était suffisamment grande pour
comparer simplement la loi de gonflement à la loi élastique de Hooke. On introduit maintenant la
notion de pression de gonflement qui permet de déterminer si le phénomène de gonflement se
développe dans l’échantillon. Pour cela, on choisit une valeur relativement faible de la pression de
gonflement, de telle sorte qu’initialement le gonflement ne se produit pas et que, par contre, au cours
du déchargement, une partie ou l’ensemble de l’échantillon est soumis au phénomène de gonflement.
Pour cette étude, on prendra en compte une pression de gonflement de 1000 kPa, valeur rencontrée
expérimentalement.
Dans ce cas, le début du déchargement peut être caractérisé à partir du développement de la partie
5.4.2 relatif à la loi élastique de Hooke (annexe D). Le gonflement intervient au moment où la
( )
condition de gonflement β : σ = σg est remplie, soit :
(1 − ν ) γ σg
λg (z ) = [(1 + 2 K o ) + 2 β (1 − K o )] 1 + (1 − z) − 3
[1 + ν + 2 β (1 − 2 ν )]
(5.3)
Po Po
On constate ainsi que la condition de gonflement est d'abord vérifiée pour z = 1 et donc que le
gonflement se produit d'abord en haut de l'échantillon avant de se propager dans l'échantillon. Or
( )
Après l'apparition du gonflement λg < λ ≤ 1 , le matériau suit la loi de gonflement. Compte tenu de
124
1− ν ν 1 − β 2 (1 − β) σ xx + (1 + 2 β)σ zz
∆σ xx − ∆ σ zz + B g ln H
= 0
E E 3 2 (1 − β ) σ H
+ (1 + 2 β ) σ zz
xx
(5.4)
ε (z ) = ε H + (1 + ν ) [∆ σ zz − ∆ σ xx ] − β (1 − 2 ν )[∆ σ zz + 2 ∆ σ xx ]
zz
zz
(1 − β) E
σ zz (z ) = γ (1 − z ) + (1 − λ) Po
avec
( ) [
∆σ zz (z ) = σ zz (z ) − σ zz z, λ = − λ − λ (z ) Po
H g g
]
(
∆σ xx (z ) = σ xx (z ) − σ xx z, λ
H
)g
(1 − ν ) γ σg
λg (z = 0 ,5 ) = λg = [(1 + 2 K o ) + 2β (1 − K o )] 1 + − 3
[1 + ν + 2 β (1 − 2 ν )] 2 Po Po
La figure 5.6 représente la limite de gonflement λg en fonction du facteur d'anisotropie β , pour les
trois valeurs de pressions de gonflement. On constate que la limite de gonflement dépend du facteur
d'anisotropie β et surtout bien entendu de la pression de gonflement σ g .
condition de gonflement peut être réalisée dés le début du chargement. Ainsi dans le cas où
α = 0,8 , on remarque que, pour 0 ≤ β < 0,4 , la condition de gonflement est remplie initialement
- Dans le cas où α = 0,4 , on se rend compte qu'il existe toujours une limite de gonflement au cours
du déchargement ; il y aura donc une phase élastique suivie d'une phase de gonflement.
125
- Enfin, lorsque la pression de gonflement est faible, la condition de gonflement peut ne jamais être
remplie au cours du déchargement. Ainsi, pour α = 0,04 , la figure 5.6 montre que, pour
0 ≤ β ≤ 0,2 , tout le déchargement se réalisera de manière élastique et que, pour 0,2 < β ≤ 1 , le
La figure 5.6 permet de montrer que la limite de gonflement dépend de la pression de gonflement
mais aussi du facteur d'anisotropie.
1,2
α = 0,4 α = 0,8 α = 0,04
1
Limite de gonflement λ g
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 0,5 Facteur d'anisotropie β 1
σg
Après avoir étudié l'influence notable du rapport Po
sur le comportement de l'échantillon au
considère une pression de gonflement qui est plus faible que la contrainte verticale en place sans être
négligeable, permettant ainsi l'apparition du gonflement au cours du déchargement, quel que soit le
facteur d'anisotropie :
• pour 0 ≤ λ ≤ λg < 1 , le comportement élastique-linéaire est déterminé par les équations 5.1 ;
Les figures 5.7 et 5.8 représentent les comportements élastiques de gonflement obtenus au cours du
déchargement pour quelques valeurs du facteur d'anisotropie. On remarque sur la figure 5.7 que la
126
contrainte horizontale σ xx augmente dès que le phénomène de gonflement se manifeste, excepté
pour le cas uniaxial β = 1 . Cette augmentation est la plus forte pour β ≈ 0,5 .
3000
Elasticité linéaire β=0
σ xx (kPa)
β = 0,5 β = 0,9
β=1
2000
Contrainte horizontale
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
La figure 5.8 montre que le phénomène de gonflement engendre des déformations supérieures au cas
élastique ; ces déformations sont d'autant plus importantes que le coefficient d'anisotropie β est
élevé.
Taux de déchargment λd
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
εzz (%)
-2
Déformation axiale
β = 0,5 β = 0,9
β=1
-6
Dans la mesure où l’introduction du gonflement génère des contraintes horizontales plus élevées que
dans le cas élastique linéaire, et donc des contraintes déviatoriques plus élevées en fin de
déchargement, il paraît utile d’introduire, dans le modèle, un critère de plasticité. Cet aspect est
développé dans le paragraphe suivant.
127
5.4.2.3 - Prise en compte de la plasticité
Pour étudier le phénomène plastique, on a repris les paramètres de Mohr-Coulomb utilisés dans la
partie 5.4.2, c'est-à-dire une cohésion c de 100 kPa et un angle de frottement interne ϕ de 30
degrés.
Apparition de la plasticité
Dans l’annexe D, on a constaté que les paramètres mécaniques choisis n'entraînaient pas de plasticité
au cours du déchargement avec la loi élastique de Hooke. Maintenant, on considère que le
phénomène de gonflement s'est manifesté dans l'échantillon et on analyse l'éventuelle apparition de la
plasticité dans ce cas. La figure 5.9 l’évolution du critère de plasticité pour le cas élastique et pour
quelques valeurs du facteur d’anisotropie.
augmente au cours du déchargement (figure 5.2), le critère de plasticité commence par diminuer tant
que le déviateur (σ zz − σ xx ) est positif, puis, lorsque le déviateur devient négatif, il augmente
fortement pour atteindre des valeurs positives en fin de déconfinement ; le critère de plasticité
λp
Taux de déconfinement λ
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
-1000
-2000
Lorsqu'il y a une phase élastique au préalable (figure 5.10), on observe le même type de
comportement avec l’apparition de la plasticité au cours du déchargement. La différence entre la
128
figure 5.9 (phase de gonflement uniquement) et la figure 5.10 résulte des valeurs prises
s'il y une phase élastique, alors l'apparition de la plasticité apparaît plus tardivement ( λp plus élevé).
λp
Taux de déconfinement λ
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
-1000
-2000
Pour λp < λ ≤ 1 , le phénomène de plasticité se développe (figures 5.9 et 5.10) ; on a alors l’égalité
suivante :
F ( σ ) = (σ xx − σ zz ) − ( σ zz + σ xx ) sin ϕ − 2 c cos ϕ = 0
1 + sin ϕ 2 c cos ϕ
soit σ xx = σ zz +
1 − sin ϕ 1 − sin ϕ
1 + 2 β 2 (1 − β ) σ xx + (1 + 2 β ) σzz
ε elzz =
1
(
σ zz − σ pzz −
2ν
σ xx − σ pxx + Bg ) ln ( )
E E 3 2 (1 − β) σ pxx + (1 + 2 β) σ pzz
1 − β 2 (1 − β) σ xx + (1 + 2 β) σ zz
ε elxx =
1− ν ν
(
σ xx − σ pxx − σzz − σ pzz + Bg ln ) ( )p
2 (1 − β) σ xx + (1 + 2 β) σ zz
E E 3 p
avec
σ pzz =
1
γ + 1 − λp Po ( )
2
1 + sin ϕ p 2 c cos ϕ
σ pxx = σ zz +
1 − sin ϕ 1 − sin ϕ
129
Les figures 5.11 et 5.13 représentent respectivement l'évolution de la contrainte horizontale σ xx et
de la déformation axiale ε zz dans le cas d'une phase élastique initiale de gonflement suivie d'une
phase plastique alors que les figures 5.12 et 5.14 représentent l'évolution des mêmes grandeurs pour
une phase initiale élastique-linéaire suivie d'une phase de gonflement puis d'une phase plastique. On
se rend compte sur ces courbes que le phénomène de gonflement et de plasticité influent fortement
sur le déchargement mécanique. En effet le gonflement crée un déviateur et des déformations plus
importants que dans le cas de l'élasticité linéaire. L'évolution du déviateur génère à son tour le
phénomène plastique qui, couplé au gonflement, va engendrer des déformations bien plus élevées
qu’en élasticité linéaire.
3000
Elasticité linéaire β=0
σ xx (kPa)
β = 0,5 β = 0,9
β=1
2000
Contrainte horizontale
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
3000
Elasticité linéaire β=0
σxx (kPa)
β = 0,5 β = 0,9
β=1
2000
Contrainte horizontale
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
130
En comparant les figures 5.5 et 5.13, on remarque que l'influence de la plasticité est notable pour
tous les coefficients de d’anisotropie ; en effet, les déformations plastiques sont de l'ordre de 1-2 %
quel que soit le coefficient d’anisotropie alors les déformations de gonflement varient de 0,3 % pour
β = 0 à 3% pour β = 0,9 .
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
εzz (%)
-2
Déformation axiale
β=1
-6
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
εzz (%)
-2
Déformation axiale
β=1
-6
131
5.5 - Conclusions
Compte tenu de l’absence de méthode de calcul reconnue en France, notre travail a consisté à
mettre en place un modèle numérique de gonflement. Avant de considérer une approche
hydromécanique, on s’est attaché à définir et à étudier une loi de comportement générale d’un
matériau gonflant.
La loi de gonflement retenue comporte trois paramètres identifiables sur les essais de gonflement :
une pression de gonflement σ g caractérisant le seuil à partir duquel le gonflement se développe, un
d’élasticité intégrant le phénomène de gonflement est complétée, dans le modèle, par un domaine
élastique caractérisé par un critère de plasticité de Mohr-Coulomb. C'est cette loi élastoplastique
que nous avons intégrée dans le code de calcul CESAR-LCPC.
Simulant une phase de déchargement, un calcul analytique a permis d’étudier la sensibilité des
paramètres introduits. On s’est rendu compte de l’influence notable en particulier du facteur
d’anisotropie β , de la pression de gonflement σ g et du phénomène de plasticité sur le
132
Chapitre 6 :
6.1 - Introduction
Pour améliorer la prise en compte du gonflement dans les calculs de tunnel, on a opté pour un
modèle numérique de gonflement dont la loi de comportement élastoplastique présentée dans le
chapitre 5 doit être implantée dans le code de calcul CESAR-LCPC. Dans la mesure où on a choisi
de décrire le gonflement élastique issu du déchargement mécanique sans prendre en compte l’effet
de l’eau, le module de résolution MCNL (Mécanique en Comportement Non Linéaire) a été retenu
pour résoudre le problème de gonflement.
Le chapitre 6 est consacré à la présentation des différentes étapes du travail numérique. Dans la
suite, on décrira brièvement l’organisation du code de calcul CESAR-LCPC avant de détailler la
programmation de la loi élastoplastique de gonflement. Enfin, le travail numérique sera validé avec la
solution analytique présentée au chapitre 5.
133
6.2- Description du code de calcul CESAR-LCPC
Le code de calcul par éléments finis CESAR-LCPC est un logiciel développé au Laboratoire
Central des Ponts et Chaussées depuis 1983, pour la résolution des problèmes de génie civil et de
génie industriel : calcul des structures, mécanique des sols et des roches, hydrogéologie, etc.
(Humbert, 1989).
CESAR-LCPC se compose d'un pré-processeur MAX, d'un programme de calcul CESAR et d'un
post-processeur PEGGY. Ces différents programmes communiquent entre eux par l'intermédiaire
d'une base de données propre à l'étude considérée (figure 6.1). Ils sont organisés en modules
réalisant chacun une fonction bien déterminée, ce qui facilite la maintenance et l'introduction de
nouvelles options dans le code.
CESAR-LCPC
Base de données
La réalisation d'un calcul à l'aide du code CESAR-LCPC se traduit généralement par l'enchaînement
des étapes suivantes :
134
6.2.1 - Pré-processeur MAX
Le pré-processeur MAX est un outil interactif graphique qui permet de constituer les données
nécessaires au programme de calcul CESAR, à savoir le maillage et le jeu de données.
Les fonctions principales réalisées par MAX sont :
l saisie du contour géométrique du problème,
l génération d'éléments bidimensionnels et tridimensionnels,
l renumérotation,
l préparation des données du calcul (choix du type de calcul, caractéristiques mécaniques,
conditions aux limites, chargement).
Le code de calcul CESAR est un programme de résolution numérique basé sur la méthode des
éléments finis qui se compose de plusieurs modules d'exécution spécialisés chacun dans la résolution
d'un type de problème. Chaque module est caractérisé par un mot clé de quatre lettres. On peut
distinguer des modules d'exécution, tels que :
- LINE : résolution d'un problème mécanique en élasticité linéaire ;
- CSLI : résolution d'un problème de consolidation de matériaux élastiques linéaires ;
- NAPP : calcul de nappe aquifère multicouche en régime permanent ou transitoire ;
- MCNL : résolution d'un problème mécanique en comportement non linéaire ;
- TACT : résolution d'un problème de contact entre solides élastiques, etc.
et des modules de gestion des données :
- COOR : lecture des coordonnées des nœuds du maillage ;
- ELEM : lecture des liaisons entre les nœuds (numérotation des éléments) et des propriétés
matricielles des éléments (caractéristiques mécaniques)
- COND : lecture des conditions aux limites ;
- CHAR : lecture de l'ensemble des sollicitations (force ponctuelle, contraintes initiales,
pression imposée, etc.).
Le programme principal CESAR assure l'exécution des modules sous le contrôle de l'utilisateur en
appelant les sous-programmes correspondants. Un jeu de données CESAR est ainsi constitué d'une
suite de mots clé. La résolution d'un problème de comportement élastoplastique se traduit par un
enchaînement du type suivant :
135
COOR → ELEM → COND → CHAR → MCNL
Selon la loi de comportement utilisée, la dimension et la géométrie du problème traité, les éléments
sont regroupés par familles. Par exemple, on peut citer :
- la famille 1 : éléments isoparamétriques bidimensionnels de type déplacement ;
- la famille 2 : éléments isoparamétriques tridimensionnels de type déplacement, etc.
Le post-processeur PEGGY est un outil interactif graphique. Il permet, par visualisation sur écran
graphique, une analyse rapide des résultats des calculs effectués par CESAR, ainsi que des sorties
sur traceur pour la constitution des rapports d'étude.
Les principales fonctions réalisées par PEGGY sont :
l gestion de la base des données caractéristiques de l'étude ;
l définition de vues ;
l dessin du maillage ;
l tracés de déformées ;
l représentation des résultats obtenus (contraintes déplacements, gradients) ;
l tracé de courbes ou zones d'isovaleurs ;
l tracé de profils de paramètres suivant des coupes.
136
On s’est d'abord intéressé à la loi élastique de gonflement D = DEL puis on a adapté le modèle
Avant la programmation proprement dite, le travail préliminaire repose sur l'établissement d'une
formulation incrémentale déduite de la loi de gonflement. Dans cette partie, les équations
respecteront la convention de la mécanique des milieux continus utilisée dans le code de calcul
CESAR-LCPC.
Par souci de simplification, les coefficients E et ν ont été remplacés par les coefficients de Lamé λ et
µ et le coefficient de compressibilité K :
E νE 2
µ= λ= K = λ + µ.
2(1 + ν ) (1 + ν )(1 − 2ν ) 3
La loi de gonflement s’écrit alors :
λ β :σ
2µ ε = ∆ σ −
3K
( ∆ tr σ ) 1 − 2 µ B g β ln
σg
Si l’on prend la trace de cette expression, on obtient, en remarquant que tr β vaut 1 ;
β:σ
1
tr ε =
3K
( ∆ tr σ ) − Bg ln
σg
β:σ
d’où (
2 µ ε + λ (tr ε)1 = ∆σ − Bg λ 1 + 2 µ β ln
σg
) (6.1)
(
2 µ d ε + λ [d (trε)]1 = dσ − B g λ 1 + 2 µ β ) ββ::dσσ (6.2)
4 µ 2 β : dσ
2 µ β : dε + λ 1 : d ε = β : σ − B g K + β (6.3)
3 β : σ
137
β : 1 = tr β = 1
1 + 2 β2
sachant que β:β =
3
d (tr ε ) = d ε : 1
En remplaçant l'expression 6.3 dans l'équation 6.2, l’expression incrémentale finale s’écrit
d σ = λ d (trε) 1 + 2 µ dε − Bg
( λ 1 + 2 µ β ) ( λ 1 + 2 µ β ) : dε
4µ 2
Bg K + β − β:σ
3
ce qui donne l’expression directe pour la matrice de rigidité élastique D EL :
D
EL
= λ 1 ⊗ 1 + 2 µ1 − B g
( λ 1 + 2 µ β ) ⊗ ( λ1 + 2 µ β ) (6.4)
4µ 2
Bg K + β − β:σ
3
Le domaine d’élasticité actuel est défini par une fonction scalaire F de la contrainte σ , appelée
d’écrouissage, que l’on représente par une variable k p introduite dans l’expression de la surface de
138
Pour notre étude, on a pris en compte le critère de Mohr-Coulomb qui reste le plus simple (sans
écrouissage) et le plus utilisé par les ingénieurs pour les études courantes : il se compose de deux
droites symétriques dans le plan de Mohr (τ, σ) , inclinées d’un angle ϕ par rapport à l’axe des
F ( σ ) = σ1 − σ 3 − (σ 1 + σ 3 )sin ϕ − 2 c cosϕ ≤ 0
Dans l’espace des contraintes principales (σ1 , σ2 , σ3 ) , la surface définie par la fonction de charge F
est une pyramide de section hexagonale ayant pour axe la droite d’équation : σ1 = σ 2 = σ 3 . Cette
chargement donnée. Si cet état est tel que F ( σ, k p ) < 0 , σ est intérieur au domaine d’élasticité
dε = dε .
el
Si cet état est tel que F ( σ, k p ) = 0 , σ se trouve sur la frontière du domaine. Pour décrire dans ce
cas le comportement du matériau, il convient de distinguer deux situations selon que le point matériel
est en chargement ou en déchargement. Lorsque l’état de contrainte actuel σ est situé sur la surface
de charge et a tendance à sortir de cette surface, le matériau est dit en chargement ; d’une façon plus
mathématique, cette condition s’écrit :
il y a chargement si il y a déchargement si
( ) ( )
F σ, k p = d F σ, k p = 0 (
F σ, k p = 0)
∂F ∂F
: dσ > 0 : dσ < 0
∂σ ∂σ
d ε = dε + dε d ε = dε
el p el
139
La règle d’écoulement a pour objet d’exprimer dε p en fonction de σ et d σ , et de l’état
d’écrouissage représenté par k p . Ceci peut être fait en tenant compte du “principe du travail
plastique maximal” énoncé par Hill (1950), qui donne la relation suivante, pour un point régulier de
la frontière d’élasticité :
∂F
dε = dλ dλ > 0
p
, (6.5)
∂σ
où d λ désigne le multiplicateur plastique. Dans ce cas, toutes les vitesses de déformation possibles
sont coaxiales à la normale extérieure à la frontière et ne dépendent que du scalaire dλ , qui est non
nul si et seulement si le point matériel est en état de chargement.
La formule 6.5 explique le nom de potentiel plastique donné à la fonction de charge F dans
l’hypothèse du principe du travail plastique maximal.
On dit qu’un matériau est standard s’il obéit à ce principe de travail plastique maximal ; son
potentiel plastique est dit associé. Ceci est en général vrai pour les métaux et autres matériaux dont le
critère de plasticité est indépendant de la contrainte moyenne. Dans les autres cas, fréquemment
rencontrés dans les sols, le matériau est dit non-standard et on introduit un potentiel plastique G,
différent de la fonction de charge F, telle que la règle d’écoulement devienne :
∂G
dε = dλ dλ > 0
p
,
∂σ
La règle d’écoulement est dite non associée à la surface de charge. Le potentiel plastique G définit la
direction de la vitesse de déformation plastique, mais également ce que l’on appelle mécanisme de
plastification, ou mécanisme plastique.
Pour le cas du critère de Mohr-Coulomb, le potentiel plastique s’écrit, en fonction des contraintes
principales extrêmes :
G ( σ ) = σ 1 − σ 3 − (σ1 + σ 3 ) sin ψ + constante
140
6.3.2.3 - Relations incrémentales pour un seul mécanisme plastique
dσ = D : dε dε = C : dσ
EL el el EL
ou
Si, de plus ( σ, k p ) représente l’état de contrainte et d’écrouissage situé sur la frontière du domaine
(
F σ, k p ) = 0
∂G
dε = d ε + dε = dε + α dλ
el p el
∂σ
s’écrit :
∂F ∂F
d F ( σ, k p ) = : dσ + dk p = 0
∂σ ∂kp
∂ G
dσ = D
EL
: dε
el
= D
EL
(
: d ε − dε
p
)= D
EL
: dε − dλ
∂ σ
∂F ∂ F EL ∂ F EL ∂ G
: dσ = : D : dε − dλ :D : = dλ H
∂σ ∂σ ∂σ ∂σ
141
D’où l’on déduit l’expression du multiplicateur de plasticité :
∂ F EL
: D : dε
∂σ
dλ =
∂ F EL ∂ G
H+ :D :
∂σ ∂σ
On peut également, à partir des relations précédentes, écrire une “loi incrémentale” liant les
incréments de déformations aux incréments de contraintes, soit
EL ∂ G
D : ⊗ ∂ F : D
∂ σ ∂σ
EL : dε
dσ = D : dε = D −
EP
∂ F EL ∂ G
(6.6)
H + :D :
∂σ ∂σ
D’une manière générale, les sous-programmes du code de calcul CESAR-LCPC peuvent être
classés selon trois niveaux de programmation distincts (Mestat, 1998) :
- un niveau global spécifique à l’ensemble du maillage et qui correspond à une étape dans un
algorithme de résolution. Ce niveau est indépendant du type d’élément fini ;
- un niveau élémentaire, qui dépend de la nature et du type d’éléments finis. C’est le niveau de
calcul et d’assemblage pour un élément fini ;
- un niveau local, qui caractérise le calcul en un point matériel, représenté par un nœud ou par un
point d’intégration interne à l’élément fini. Ce niveau est, en général, indépendant de la nature et
du type des éléments finis. C’est le niveau d’application d’une loi de comportement pour la
détermination du champ de contraintes et l’actualisation de toutes les quantités non linéaires à
partir d’un accroissement du champ de déformations et de l’histoire des sollicitations.
C’est ce dernier niveau qui est utilisé pour la programmation de l’élasticité non-linéaire et de la
plasticité dans CESAR-LCPC. Dans le cas d’un comportement non-linéaire, le passage au point
matériel a pour objet, non seulement de déterminer un état de contraintes correspondant à un état de
déformations par l’application d’une loi de comportement, mais également d’actualiser plusieurs
quantités scalaires ou tensorielle selon la forme de la loi.
142
Dans le code de calcul CESAR-LCPC, les lois de comportement sont réparties en différentes
classes de lois (tableau 6.1), la valeur du paramètre KMOD (IMOD) permettant de sélectionner le
sous-programme qui traite les non-linéarités de la classe à laquelle appartient la loi de numéro
IMOD. Le sous-programme, associé à chaque classe, reproduit la procédure de calcul des
contraintes à partir des déformations et d’une éventuelle évolution de quantités non linéaires.
Dans le cadre de notre étude, des modifications ont été introduites dans le sous-programme
CNOLI1 traitant de l’élastoplasticité à 1 mécanisme avec une élasticité non-linéaire. On a
notamment défini une nouvelle loi élastique non-linéaire (IMOD = 98) caractérisée par 12
paramètres ;
- le poids volumique γ
- le module d’Young E,
- le coefficient de Poisson ν,
- la pression de gonflement σ g ,
- l’indice de gonflement Bg ,
- le facteur d’anisotropie β,
- les trois composantes du vecteur normal à la stratification n i ,
- la cohésion c,
- l’angle de frottement interne ϕ ,
- et l’angle de dilatance ψ .
143
La programmation de chaque loi est effectuée dans un sous-programme particulier. Le fichier
lmmod1.f regroupe l’ensemble des sous-programmes relatifs à la partie plastique des lois de
comportement élastoplastique, en particulier la loi de Mohr-Coulomb choisie dans le modèle. La
partie élastique non-linéaire des lois de comportement élastoplastique est traitée à part, généralement
dans les sous-programmes MATRNL et ELASNL, lorsque l’élasticité peut se mettre sous la forme
linéarisée de type Hooke :
dσ = 2 µ eq ( σ ) d ε + λ eq ( σ )(d trε ) 1
Dans notre cas, la formulation incrémentale ne permet pas de définir des coefficients de Lamé
équivalents du fait des termes d’anisotropie du gonflement. C’est pourquoi on a créé un sous-
programme MTGONF dont les caractéristiques sont détaillées dans l’annexe E.
144
6.3.4 - Description des méthodes de résolution numérique
- un niveau global, où est effectué le calcul du champ de déplacements aux nœuds de la structure
discrétisée par l’inversion d’un système d’équations algébriques ;
- un niveau local, où est effectué le calcul du tenseur des contraintes en un point matériel (point
d’intégration interne à l’élément fini) à partir du tenseur de déformations et de l’histoire d’un
certain nombre de quantités tensorielles ou scalaires.
Ces deux niveaux ont une grande influence réciproque sur le processus de résolution ; pour sa part,
le niveau local de calcul du tenseur des contraintes est actuellement bien maîtrisé, même dans les cas
complexes de lois de comportement incrémentales par des schémas d’intégration implicites ou
explicites. Comme il est impossible de réduire le temps de calcul à ce niveau, il faut chercher à
améliorer le schéma global de résolution.
Le traitement par la méthode des éléments finis de type déplacement d’un problème mécanique,
faisant intervenir divers matériaux obéissant chacun à une loi de comportement non linéaire donnée,
conduit, d’une façon générale, à la résolution d’un système d’équations algébriques de la forme
suivante :
Φ (u , α ) = R(u ) − λ(t ). P = 0
Φ est appelé vecteur résidu, il exprime l’état de déséquilibre de la structure à un instant t pour la
sollicitation imposée. u désigne le vecteur des déplacements des nœuds de la discrétisation spatiale.
R (u ) est le vecteur des forces nodales correspondant aux contraintes dans la structure à l’instant t.
exercée à l’instant t.
145
6.3.4.2 - Principe de la résolution par un processus itératif
Le processus itératif le plus couramment utilisé est fondé sur une méthode de linéarisation des
équations d’équilibre. La linéarisation consiste à trouver une matrice K telle que, si u1 et u2 sont deux
champs de déplacements à des instants de sollicitations différentes et, λ 1 et λ 2 les facteurs de
Dans la grande majorité des cas, le calcul exact de K est impossible : il est alors nécessaire de
construire une approximation de celle-ci. Plusieurs méthodes existent et chacune a donné naissance à
un schéma de résolution (figure 6.4).
∆ u = u 1 − u o = − K −1 . { Φ ( u o , λo ) − ( λ1 − λ o ) P }
On peut construire ainsi un processus itératif. Pour une itération i, K i et Φ ( u i , λ i ) sont calculés,
∆ u i = u i+1 − u i = − K i−1 . {Φ ( u i , λ i ) − ( λ i+ 1 − λ i ) P }
Pour construire effectivement la suite ( u i , λi ) , il est indispensable de disposer d’une relation
Pour résoudre les lois de comportement étudiés en mécanique des sols, la relation utilisée s’écrit
∆ λ i = 0 . Le facteur de charge est imposé et fixé pour toutes les itérations du calcul ( λ i = λ ) , c’est
146
Figure 6.3 : Résolution classique ∆ λ i = 0
Φ ( u, λ ) = 0 , vecteur résidu non-linéarisé. La convergence de cette suite est en fait apprécié par
rapport à plusieurs tests numériques que l’on ne développera pas ici. De plus, pour que ces résultats
deviennent valables, il convient de calculer avec soin le vecteur résidu à chaque itération. En effet, le
processus itératif suppose que la loi de comportement permet de calculer la valeur exacte du
déséquilibre, ou résidu, en fonction de la seule connaissance des quantités actualisées (déplacements,
facteur de charge, quantités non linéaires).
Φ ( u i +1 , λ ) = − λ P + ∫B
t
σ i+1 dΩ
Ω
Afin de réduire ce risque d’erreur dans le calcul du vecteur résidu, il est prudent de procéder au
chargement de façon incrémentale. Le chargement total P à appliquer est divisé en un nombre fini
d’accroissements dont la définition est liée, si possible, à des étapes réelles de la construction ou du
chargement de la structure. Seuls les accroissements, ou incréments, ont une signification physique ;
par contre, les itérations n’ont pas de signification physique, puisque les résultats ne vérifient par
simultanément le système d’équilibre et les équations de la loi de comportement. Toutes ces
considérations permettent de construire l’algorithme de résolution pour un problème en
comportement non linéaire (figure 6.4). Cet algorithme est très général, il est valable pour toutes les
lois de comportement, incrémentales ou non. Au cours d’une itération, ces lois interviennent à deux
147
niveaux : d’une part, dans la construction de la matrice de rigidité K et, d’autre part, dans le calcul
du tenseur des contraintes en chaque point matériel.
Incrément j
Itération i
Calcul de la matrice de rigidité K i
u ij+1 = u ij − Ki−1 . Φ ij
Test de convergence ?
Si non convergence, i = i + 1
Si convergence, j = j + 1
Figure 6.4 : Algorithme de résolution en comportement non linéaire, où B représente la matrice des
dérivées des fonctions d’interpolation, σ ij le tenseur des contraintes à l’itération i de l’incrément j et
Ω le maillage (d’après Mestat, 1993).
La matrice de rigidité tangente K est construite par une procédure de linéarisation du vecteur résidu.
Une façon classique de procéder consiste à effectuer un développement limité au premier ordre de
l’équation représentant l’équilibre du système mécanique :
∂Φ
Φ(u + ∆u ) ≈ Φ(u ) + . ∆u
∂ u
On appelle matrice de rigidité tangente, pour l’itération i d’un incrément j, la matrice définie par la
relation :
∂ Φ
Ki = −
∂u
Ce procédé de construction de la matrice K i est appelé méthode de Newton-Raphson. Toutefois,
le calcul exact de la matrice tangente à une itération quelconque est très rarement possible car il faut
148
estimer toutes les dérivées partielles du vecteur résidu par rapport au champ de déplacements (u i ) .
Autrement dit, en supposant que le domaine Ω ne varie pas avec le champ de déplacements
(hypothèse des petites transformations), il est nécessaire de calculer l’expression suivante, écrite sous
une forme symbolique :
∂Φ ∂σ ∂σ
∂u
= ∫ Bt
∂u
d Ωe = ∫ Bt
∂ε
B d Ωe
Ω Ω
∂σ
Toute la difficulté est alors reportée sur le calcul du tenseur
∂ ε
. Devant l’impossibilité de ce
calcul, les auteurs confondent, d’une manière générale, ce tenseur avec le tenseur de comportement
D reliant les déformations et les contraintes incrémentales :
d σ = D ( σ ): d ε
Ces difficultés théoriques et le coût du calcul d’une matrice de rigidité à chaque itération (assemblage
et triangularisation) sont à l’origine de nombreuses recherches visant à réduire de manière importante
les temps de calcul sans nuire à la qualité de la solution du problème mécanique. Ainsi, de nombreux
auteurs ont proposé d’approcher la matrice de rigidité tangente K i par un calcul à une itération
précédente p et de conserver cette matrice pendant tout l’incrément jusqu’à l’obtention d’une
convergence satisfaisante. La matrice K i est alors de la forme :
∂Φ
Ki = − (u p ) avec 0 < p < i
∂ u
Encore plus simplement, il est possible de conserver, durant tous les incréments, la matrice de rigidité
calculée lors de l’étape initiale. Cette méthode est appelée méthode de Newton-Raphson modifiée
ou encore méthode des contraintes initiales ; sa simplicité et sa robustesse font que cette méthode
est la plus couramment utilisée dans les codes de calcul actuels, même si les temps de calcul
demeurent importants.
Le désavantage relatif de la méthode des contraintes initiales apparaît sur l’exemple présenté dans la
partie suivante. Cette méthode converge moins vite que la méthode de résolution utilisant la matrice
de rigidité tangente. Toutefois, si l’on perd en nombre d’itérations, on reste assez souvent gagnant en
termes de coût de calcul car, pour une modélisation de taille importante, l’assemblage et l’inversion
de la matrice prennent beaucoup plus de temps que la résolution du système d’équations linéaires à
149
chaque itération. Ces deux méthodes de résolution vont être comparées dans un problème concret
où il y a deux sources de non linéarités : le gonflement mécanique d’une part, et la plasticité d’autre
part.
Après avoir détaillé le travail numérique réalisé dans le code de calcul CESAR-LCPC, on validera
dans la suite la programmation de la loi élastoplastique de gonflement à l’aide de la simulation d’une
phase de déchargement d’un essai de gonflement dont la solution analytique a été présentée au
chapitre 5.
Dans le chapitre 5, un modèle de caractérisation du gonflement de terrain gonflant a été établi et une
solution analytique a été formulée en élastoplasticité (paragraphe 5.4). Dans cette partie, le modèle
est étudié numériquement et les résultats sont comparés à la solution analytique afin de s’assurer que
la loi de comportement élastoplastique est correctement programmée dans le logiciel CESAR-
LCPC.
On s’est intéressé, dans un premier temps, à la détermination d’un maillage convenable. Pour cela,
on a effectué quelques calculs avec différents maillages carrés pour étudier l’influence du maillage sur
la résolution de la loi élastique non linéaire. On a repris le calcul de déchargement avec uniquement la
loi de gonflement et un facteur d’anisotropie de gonflement β égal à 0,9 (formule 5.2).
Le calcul analytique a montré que le problème était unidimensionnel avec comme seule variable la
hauteur z. Différents maillages, présentant une finesse croissante le long de l’axe vertical, ont été
testés (tableau 6.2).
150
Les figures 6.3 et 6.4 représentent respectivement la contrainte horizontale et la déformation verticale
obtenues dans l’échantillon en fin de déchargement, c’est-à-dire lorsque le taux de déconfinement λ
est égal à 1. Les résultats obtenus pour les différents maillages avec la méthode des contrainte
initiales sont comparés à la solution analytique. On constate que les différents maillages donnent des
résultats satisfaisants qui diffèrent peu avec le calcul analytique.
carr1 carr2
Hauteur de l'échantillon z (m)
0,8
carr3 Théorie
0,6
0,4
0,2
0
0 500 1000 1500 2000
Contrainte horizontale σxx (kPa)
1
Hauteur de l'échantillon z (m)
carr1 carr2
0,8
carr3 Théorie
0,6
0,4
0,2
0
-4 -3 -2 -1 0
Déformation axiale ε zz (%)
151
Pour la suite des calculs, on a choisi de conserver le maillage assez raffiné carr3, qui peut représenter
la taille d’une zone gonflante (en nombre d’éléments) dans un calcul de tunnel. On étudie dans la
suite l’influence de la méthode de résolution sur les résultats de calcul, pour ce maillage.
Traditionnellement, les problèmes de mécanique des sols sont traités avec la méthode des contraintes
initiales dans le prologiciel CESAR-LCPC. Cette méthode donne des résultats très satisfaisants dans
la résolution des problèmes non-linéaires (la plasticité, par exemple) mais n’optimise pas vraiment le
temps de calcul en raison de la lenteur de la convergence. Dans notre cas, la loi de comportement
présente deux sources de non-linéarités : le gonflement et la plasticité. On notera que le gonflement
peut être fortement anisotrope si le facteur d’anisotropie se rapproche de 1. Toutes ces remarques
ont poussé à adapter une méthode de résolution existante plus efficace en prévision des non-
linéarités rencontrées dans les calculs élastoplastiques de gonflement précédents.
La méthode de résolution choisie ici est la méthode Newton-Raphson, méthode qui nécessite
l’assemblage et l’inversion de la matrice de rigidité tangente à chaque itération. Pour utiliser cette
méthode, quelques modifications ont été nécessaires dans la programmation initiale de la loi de
gonflement. L’apport de cette méthode de résolution n’est appréciable que si elle réduit
considérablement le nombre d’itérations de calcul.
Les tableaux 6.5 e 6.6 permettent de comparer des résultats de calculs identiques effectués avec la
méthode des contraintes initiales (tableau 6.5) et avec la méthode de Newton-Raphson (tableau
6.6).
Les calculs b(i) et b(i)p correspondent respectivement au déchargement avec la loi de gonflement
sans et avec la prise en compte de la plasticité. Les mêmes cas de calcul ont été repris avec la
méthode de Newton-Raphson ; ils sont identifiés par la lettre t (tableau 6.6).
On constate que la méthode des contraintes initiales génère de nombreuses itérations pour la
résolution de la loi de gonflement et de la plasticité. Ce nombre d’itérations est d’autant plus grand
que l’anisotropie de gonflement est marquée et que la plasticité se manifeste.
Par contre, la méthode de Newton-Raphson tend à converger très rapidement, quel que soit le
facteur d’anisotropie. Le temps de calcul effectif est nettement plus faible pour la méthode de
152
Newton-Raphson que pour la méthode des contraintes initiales. On remarquera de plus qu’on a
choisi une tolérance de résolution plus faible pour la méthode de Newton-Raphson (0,001) que pour
la méthode des contraintes initiales (0,01) pour affiner la solution obtenue.
153
1500
σxx (kPa)
1000
Contrainte horizontale
Théorie
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Figure 6.5 : Comparaison des méthodes de résolution pour le calcul de la contrainte σ xx
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
-0,5
Déformation axiale εzz (kPa)
-1
-1,5
-2
Théorie
-2,5
Méthode des contraintes initiales
-3 Méthode de Newton-Raphson
-3,5
Figure 6.6 : Comparaison des méthodes de résolution pour le calcul de la déformation axiale ε zz
Les tableaux et les figures qui précèdent illustrent clairement l’intérêt de la méthode de Newton-
Raphson pour la résolution le loi de comportement non-linéaire choisie. Avec la même précision
dans les résultats, cette méthode est beaucoup plus rapide que la méthode des contraintes initiales
pour la résolution du problème avec le maillage de 800 éléments carr3.
154
L’objet de cette étude était notamment de mettre en évidence la limite d’apparition du gonflement
λg (β) et la limite d’apparition de la plasticité λp (β) . Les paramètres mécaniques utilisés sont
(a)
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
3000
β=0 β = 0,5
σxx (kPa)
β = 0,9 β=1
calcul b0gpt calcul b5gpt
calcul b9gpt calcul b1gpt
2000
Contrainte horizontale
(b)
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Figure 6.7 : Comparaison des résultats des calculs numériques et analytiques obtenus pour
l’évolution de la contrainte horizontale σ xx avec σ g = 10 000 kPa et plasticité (a) ou avec
σ g = 1 000 kPa et plasticité (b)
155
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
ε zz (%)
-1
Déformation axiale
(a) -2
β=0 β = 0,5
-3
β = 0,9 β=1
-5
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
Déformation axiale ε zz (%)
-1
(b) -2
β=0 β = 0,5
-3 β = 0,9 β=1
-5
Figure 6.8 : Comparaison des résultats des calculs numériques et analytiques obtenus pour
l’évolution de la déformation axiale ε zz avec σ g = 10 000 kPa et plasticité (a) ou avec
σ g = 1 000 kPa et plasticité (b)
La même conclusion a également été obtenue dans le cas du calcul axisymétrique. Dans ce dernier
cas, l'hypothèse initiale (K ox = K oy ) entraîne l'isotropie dans le plan horizontal (σ xx = σ yy ) ou
(σ rr = σ θθ ) au cours du déchargement.
156
6.5 - Conclusions
Ce chapitre a présenté les deux principales étapes de la mise en place de la loi élastoplastique de
gonflement dans le code de calcul CESAR-LCPC : la programmation proprement dite de la loi
élastique non-linéaire de gonflement et de la plasticité, d’une part, et la validation numérique de la loi
élastoplastique par comparaison avec une solution analytique caractérisant un essai de type Huder-
Amberg, d’autre part. La concordance des résultats numériques et analytiques a confirmé la
programmation correcte de la loi élastoplastique dans le logiciel CESAR-LCPC.
Deux méthodes de résolution ont été programmées pour tenir compte des deux sources de non-
linéarités : le gonflement et la plasticité. La méthode des contraintes initiales classiquement utilisée
peut aboutir à un temps de calcul très long pour une anisotropie marquée en cas d’apparition de la
plasticité. Dans ce cas, la méthode de Newton-Raphson, qui calcule à chaque itération la matrice de
rigidité tangente, converge beaucoup plus vite. Dans un cas général de calcul de tunnel, la méthode
de Newton-Raphson est donc recommandée si l’anisotropie du gonflement est marquée et si la taille
réelle de la zone gonflante ne comporte pas trop d’éléments.
157
158
Partie III :
159
160
Chapitre 7 :
7.1 - Introduction
On présente dans un premier temps l’appareil œdométrique et la procédure d’essai utilisée. Parmi les
différents types d’essais de gonflement présentés dans le chapitre 1, on retiendra essentiellement les
essais de type Huder-Amberg (1970) recommandés par la Société Internationale de Mécanique des
Roches (ISRM, 1989), qui permettent de mettre en évidence un gonflement mécanique au cours
d’une phase de déchargement sous imbibition.
161
Après quelques calages insatisfaisants sur certains essais, une modification de la loi de gonflement a
été proposée pour mieux caractériser le comportement tridimensionnel du gonflement et fournir une
méthodologie de calage plus cohérente avec le comportement observé sur les différents essais de
gonflement. L’analyse montre également que l’imbibition semble réduire la résistance du matériau.
Cet appareil a été construit par le CECP d’Angers (1983) selon un principe simple, afin d’effectuer
des essais œdométriques avec mesure de la contrainte latérale à un coût réduit (pas
d’asservissement) et sur des matériaux intacts, jusqu’à une contrainte axiale de 20 MPa. La figure
7.1 représente une photo et une coupe de l’appareil.
d’une trousse spéciale dans une bague placée entre une embase et une tête hémisphérique (figure
7.1.b). La bague en acier inoxydable est munie de jauges de déformations. Elle est étalonnée en
remplaçant l’éprouvette par de l’eau en pression ou par une membrane de caoutchouc chargée
verticalement. Dans ce cas, la bague œdométrique est étalonnée en faisant l’hypothèse d’un
coefficient de Poisson du caoutchouc égal à 0,5. Deux bagues de différentes sensibilités sont
disponibles : 0-2 MPa et 0-20 MPa.
162
L’embase et la tête possèdent des disques poreux encastrés communiquant vers des robinets
extérieurs par des conduits. Un corps en acier assure le guidage des différentes parties de
l’œdomètre “ K o ” à haute pression et lui confère une bonne rigidité. L’appareil a une taille semblable
à celle d’une cellule triaxiale et peut être mis en place sur une presse.
En pratique, l’éprouvette est montée dans la bague et, une fois l’œdomètre assemblé, il est placé sur
le plateau d’une presse. Le piston est mis en contact avec l’anneau dynamométrique.
(a) (b)
Figure 7.1 : Photo (a) et coupe (b) de l’œdomètre “ K o ” à haute pression
163
- placer la cellule œdométrique sur une presse ; mettre en place les capteurs et effectuer leurs
réglages,
- effectuer un cycle de chargement-déchargement-rechargement en un temps relativement bref en
mode continu ou par paliers jusqu’à une contrainte axiale donnée σ vo ; le matériau reste dans
- décharger par paliers successifs sous imbibition jusqu’au poids du piston ; le gonflement est
enregistré en continu pendant ces paliers de longue durée (plusieurs jours par palier),
- démonter la cellule œdométrique en fin d’essai ; mesurer et peser l’éprouvette pour déterminer
son poids volumique sec, sa teneur en eau initiale et finale.
La principale critique de l’essai tient au problème entre les paliers de déchargement sous imbibition.
La cinétique du gonflement étant très lente en général, les paliers de gonflement ne peuvent pas être
poursuivis indéfiniment jusqu’à stabilisation du gonflement et une part du gonflement sous le palier i
se développe dans le palier i + 1 .
Cependant, l’essai présente l’avantage d’être réalisé sur une seule éprouvette, ce qui évite les
problèmes liés à l’hétérogénéité du matériau pendant les essais de gonflement en parallèle (Serratrice
et Soyez , 1996). Pour la caractérisation du gonflement autour d’un tunnel, l’avantage de l’essai de
type Huder-Amberg est de se rapprocher du chemin de contraintes in situ suivi au cours d’une
excavation.
164
7.3 - Calage des paramètres de gonflement sur les essais
Chaque échantillon testé a été nommé par trois lettres caractérisant le tunnel (CHA pour le tunnel de
Chamoise, TMS pour le tunnel du Mont Sion et TAR pour le tunnel de Tartaiguille), suivies de deux
chiffres pour les identifier.
déterminé avec la pesée et la mesure de l’échantillon avant l’essai. Les paramètres élastiques (E, ν )
et plastiques (c, ϕ, ψ ) du matériau dans son état naturel sont déterminés à partir d‘essais classiques,
de compression triaxiale par exemple. Les résultats ont mis en évidence des modules d’Young et des
cohésions très élevés (E de l’ordre du GPa, et c du MPa) pour tous les matériaux, ce qui
correspond à des sols très raides ou à des roches tendres. En supposant ces données fixes, on
peut déterminer les paramètres de gonflement à partir des essais “ K o ”.
Les figures 7.2 et 7.3 représentent l’essai TMS07 respectivement dans le diagramme (lg σ v , ε v ) ,
point B. Dans le cas de l’échantillon TMS07, la contrainte verticale σ vo , égale à 3 MPa, est proche
sensé éliminer les effets du remaniement (paragraphe 1.4.3.2.4) en supposant que le matériau suivait
la loi élastique de Hooke. On constate que les déformations élastiques correspondant au cycle B-E
sont faibles puisque le module de rigidité est élevé (E = 2 GPa ) .
Le point E correspond ainsi à l’état initial corrigé, après avoir “éliminé” les effets du prélèvement de
l’échantillon. C’est à partir de cet état que l’on détermine les déformations ; ainsi, les effets du
prélèvement correspondent à un gonflement parasite de 1,3 % environ pour l’échantillon TMS07.
165
lg σv (kPa)
E
B
σv o
0
1 10 100 1000 C 10000
(%)
A
εv
-2
Déformation axiale
-4
-6
Figure 7.2 : Calage des paramètres pour l’essai TMS07 dans le diagramme (lg σ v , ε v )
observe que le gonflement est faible pour l’essai TMS 07. Il nécessite tout de même une centaine
d’heures pour se stabiliser. Enfin la phase C-D caractérise le déchargement par paliers de
l’échantillon sous imbibition. L’intersection de la phase de déchargement sous imbibition
(chemin C-D) et de la phase de déchargement dans son état naturel (chemin E-B) définit la pression
de gonflement σ g au sens d’Huder-Amberg.
0,18
Etat imbibé Etat naturel
D
Calage
0,16
Indice des vides e
0,14
0,12
0,1
E C
B
σv o
0,08
1 10 100 1000 10000
lg σ v (kPa)
Figure 7.3 : Calage des paramètres pour l’essai TMS07 dans le diagramme (lg σ v , e)
166
7.3.1.2 – Calage de la loi de gonflement
1+ 2β 2 (1 − β) σh + (1 + 2β) σv
ε gv = C g lg
3 σg
( )
lg β : σ . La figure 7.4 montre un résultat général observé sur les essais de gonflement “K o ” : plus
Cette observation expérimentale est vérifiée régulièrement à l’exception du ou des derniers points
expérimentaux qui, en général ne sont pas stabilisés à cause de la cinétique très lente du gonflement
pour les faibles contraintes appliquées et aussi, dans certains cas, à cause d’un effet de rupture de
l’échantillon en extension. En effet, les essais de gonflement “ K o ” montrent que la contrainte
horizontale conserve un niveau élevé au cours du déchargement, ce qui conduit à un déviateur négatif
à la fin du déchargement (q = σ v − σh < 0 ) . Si la résistance du matériau est suffisante, les
déformations restent limitées ; dans le cas contraire, il peut y avoir la rupture de l’échantillon et les
déformations d’extension se superposent aux déformations de gonflement.
On élimine aussi les points expérimentaux ne caractérisant aucun gonflement lorsque la contrainte
initiale σ vo est élevée puisqu’ils correspondent à un état de contraintes supérieur au seuil de
gonflement σ g .
167
lg (β:σ )
1 10 100 1000 10000
0
-4
-6
Figure 7.4 : Allure des courbes expérimentales en fonction du facteur β pour l’essai TMS07
La loi de gonflement, qui repose sur une relation linéaire entre la déformation de gonflement et le
logarithme de la contrainte appliquée, semble donc mieux s’adapter aux résultats expérimentaux pour
des facteurs d’anisotropie proches de 1 (figure 7.4).
1+ 2β
( )
ε gv (exp .) = K lg β : σ + k g avec
K = 3 Cg
;
k = − K lg (σ )
g g
de gonflement C g , pour β fixé, et la pression de gonflement σ g . Il est ainsi possible, pour chaque
168
7.3.1.3 – Etude particulière des paliers de déchargement
La loi de gonflement ne prend pas en compte la phase transitoire des paliers de déchargement mais
son analyse permet de tirer des enseignements sur la durée des paliers à prendre en compte pour les
prochains essais de gonflement.
La figure 7.5 représente l’évolution de la déformation verticale ε v en fonction du temps pour chaque
palier de déchargement effectué sur l’échantillon TMS07 . On constate que les 4 paliers
intermédiaires (130 kPa, 300 kPa, 670 kPa et 1420 kPa) se stabilisent au bout de 30 à 50 heures
alors que le dernier palier (3 kPa) n’est pas encore stabilisé après 150 heures soit une semaine.
Cette observation confirme la cinétique lente du phénomène de gonflement, en particulier sous faibles
contraintes, qui comprend aussi des déformations d’extension pour l’échantillon TMS07.
0 50 100
Temps (h) 150
0
Déformation axiale ε v (%)
-1
1420 kPa 670 kPa
3 kPa
-2
-3
-4
La figure 7.6 représente l’évolution de la déformation verticale ε v en fonction du temps pour chaque
palier de déchargement effectué sur les échantillons CHA02 et TAR08, hormis le dernier palier qui
n’est pas stabilisé au bout de 300 heures pour l’échantillon TAR08. On constate que le phénomène
de gonflement se stabilise plus vite pour les paliers sous fortes contraintes, qui génèrent des
déformations de gonflement limitées. Cependant, après ce gonflement primaire achevé, on observe le
développement d’un gonflement secondaire d’une amplitude plus faible, qui lui n’est pas stabilisé.
169
Temps (h) Temps (h)
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
0 0
(%)
-0,2 -0,2 450 kPa 320 kPa
εv
εv
250 kPa
Déformation axiale
Déformation axiale
-0,4 3600 kPa 1800 kPa -0,4
150 kPa
-0,6 -0,6
-0,8 -0,8
(a) (b)
Figure 7.6 : Evolution de la déformation axiale ε v à chaque palier de déchargement pour les
échantillons CHA02 (a) et TAR08 (b)
La difficulté de l’essai repose bien sur la définition des paliers et de leur durée. Dans tous les cas, on
recommande pour les essais ultérieurs de définir un nombre suffisant de paliers, au minimum 5,
répartis régulièrement entre la contrainte initiale σ vo et la contrainte finale quasi nulle pour obtenir
des déformations limitées à chaque palier. De plus, avant le passage au palier suivant, il faut vérifier
que le gonflement primaire s’est bien stabilisé et que le gonflement secondaire qui n’est pas encore
développé sera négligeable devant la déformation de gonflement totale. On obtient ainsi un essai de
gonflement fiable pour le calage de la méthode de calcul des effets de gonflement.
Dans la suite, on présentera les résultats obtenus avec la méthode de calage précédente sur la marne
de Chamoise (Serratrice, 1994), sur la molasse du Mont Sion (Serratrice, 1996) et sur la marne de
Tartaiguille (Serratrice, 1998). Tous les résultats de calage présentés dans cette partie correspondent
aux jeux de données exploités dans la simulation numérique de la partie 7.4.
Avant l’analyse des essais de gonflement, il est intéressant de connaître les caractéristiques et la
minéralogique des différents matériaux testés.
170
Le tableau 7.1 présente les caractéristiques moyennes des matériaux utilisés. Le poids volumique γ
l’indice des vides initial e o s’obtiennent avec les formules suivantes en considérant un poids
(1 + w ) γ S Sr =
w γS
eo = −1 et .
γ e γw
(La valeur moyenne de Sr est la moyenne des valeurs calculées sur chaque échantillon.)
Le tableau 7.1 montre que la teneur en eau est relativement faible mais que le matériau est bien
saturé. Il apparaît ainsi que le matériau rencontré autour des tunnels profonds considérés est
généralement compact et saturé.
La dispersion des résultats est notable en termes de teneur en eau initiale, pour le Mont Sion (2-12%
pour les marnes gréseuses) et pour Tartaiguille (2-14%) alors que le matériau est toujours quasi-
saturé (S r ≥ 92%) .
Ces résultats laissent penser que le gonflement lors de la phase d’imbibition proviendrait plutôt de
l’adsorption d’eau sur les particules (phénomène physico-chimique entre l’eau interstitielle et l’eau
extérieure) que de l’absorption d’eau par le sol (phénomène capillaire dû à l’état non saturé du
matériau).
Marnes de Chamoise
4,22 24,7 0,138 95
(marne d’Effingen)
Molasse du Mont Sion
5,4 23,2 0,204 98
(marne gréseuse)
Le tableau 7.2 représente l’analyse minéralogique effectuée sur un échantillon du matériau concerné
par les essais de gonflement : la marne d’Effingen pour Chamoise, la marne gréseuse pour le Mont
Sion et la marne du Stampien (bloc 2) pour Tartaiguille.
171
On constate que chaque matériau a une répartition équilibré en calcite, quartz et argiles avec une
fraction argileuse légèrement supérieure pour la marne gréseuse du Mont Sion. Par contre, la grande
différence repose sur la répartition de la fraction argileuse ; on remarque en effet une quantité notable
de smectites, les argiles dites gonflantes, dans les molasses du Mont Sion et dans les marnes de
Tartaiguille alors que les marnes de Chamoise contiennent une forte proportion d’illites, a priori
moins gonflantes. Cette analyse minéralogique permet de mettre en évidence un potentiel de
gonflement plus important pour les marnes du Mont Sion et Tartaiguille que pour celles de
Chamoise.
Chamoise
45 20 35 25 45 5 25
(marne d’Effingen)
Mont Sion
25 25 45 10 20 10 60
(marne gréseuse)
Tartaiguille
25 45 30 15 25 15 45
(marne du Stampien)
La texture du terrain, un autre élément influant sur le gonflement, n’est pas connue ici. Seuls les essais
de gonflement vont pouvoir affirmer le potentiel réel de gonflement de chaque matériau.
Les échantillons de marne d’Effingen ont été prélevés dans le tube Sud du tunnel de Chamoise après
abattage à l’explosif entre les PM 1528 et 1531, où la couverture de terrain est proche de 400
mètres. Cinq essais de gonflement “K o ” ont été analysés : CHA02 à CHA06 (Serratrice, 1994).
Comme le comportement général de la marne (déformabilité, résistance) n’a pas été testé avec les
essais de gonflement, on a pris en compte des paramètres élastiques (E, ν ) et plastiques (c' , ϕ')
provenant d’autres essais en laboratoire (Bernaud et Rousset, 1994) et des calculs déjà effectués sur
le tunnel de Chamoise (Simecsol, 1991) soit :
- un module d’Young E égal à 5 000 MPa
- un coefficient de Poisson ν de 0,3
172
- une cohésion c ' de 6 MPa,
- un angle de frottement interne ϕ' de 20 degrés.
Les paramètres plastiques retenus correspondent à des conditions de long terme car les essais de
gonflement sont réalisés en conditions drainées. Le choix du module d’Young repose sur différentes
études réalisées sur les marnes d’Effingen (Hingant et Guerpillon, 1986 ; Wirtworth, 1996), qui ont
mis en évidence un effet d’échelle dans le comportement des marnes. Ils ont montré que les modules
de déformation instantanée mesurés en laboratoire compris entre 7000 et 10000 MPa (Bernaud et
Rousset, 1994) étaient bien supérieurs aux modules mesurés in situ avec les essais de plaque dans la
galerie de reconnaissance, qui étaient pour leur part de l’ordre de 4000 à 8000 MPa. Comme dans
les calculs déjà effectués sur le tube Nord (Simecsol, 1991), on a donc retenu un module d’Young
proche du comportement observé.
Le tableau 7.3 représente l’état initial de la phase de déchargement (point C, figure 7.2) et les
paramètres de gonflement issus du calage. L’étude paramétrique a surtout porté sur les essais
CHA02, CHA03 et CHA04 comprenant au moins 5 paliers de déchargement. Les deux autres
essais effectués avec une contrainte initiale élevée, présentent uniquement deux paliers de
déchargement, ce qui n’est pas assez significatifs pour mener une étude complète du calage.
Le tableau 7.3 montre que la phase d’imbibition conduit à un état initial d’extension où la contrainte
horizontale σ ho (= K o σ vo ) est supérieure à la contrainte verticale σ vo . Cet état d’extension est
d’autant plus marqué, K o élevé, que la contrainte initiale σ vo est faible. On remarque aussi que,
lorsque la contrainte initiale est proche de la contrainte verticale in situ, estimée à 10 MPa, on obtient
un état initial presque isotrope.
Le calage des trois premiers essais conduit à des paramètres sensiblement identiques en terme
d’indice de gonflement, alors que la pression de gonflement carie avec la contrainte initiale σ vo . Les
deux derniers essais donnent un indice de gonflement peu fiable du fait du nombre trop faible de
paliers de déchargement mais la pression de gonflement obtenue est cohérente avec celle déduite des
premiers essais.
173
On peut considérer par conséquent que la pression de gonflement σ g du matériau est voisine de la
contrainte verticale maximale in situ (égale à 10 MPa) et que l’indice de gonflement C g est proche
Tableau 7.3 : Etat initial du déchargement et résultats du calage effectué sur les essais de gonflement
“ K o ” réalisés sur la marne d’Effingen (Chamoise)
Les molasses ont été prélevés par carottage dans la zone centrale du tunnel du Mont Sion à une
profondeur comprise entre 100 et 150 mètres correspondant au niveau du tunnel. Parmi les
nombreux essais de gonflement réalisés sur la molasse du Mont Sion, nous avons retenu trois essais
effectués à l’œdomètre “ K o ” : TMS07, TMS09 et TMS 10 (Serratrice, 1996).
Le tableau 7.4 présente les paramètres élastiques (E, ν ) et plastiques (c, ϕ) choisis pour cette
étude, ainsi que l’état initial de la phase de déchargement (point C de la figure 7.2). Les paramètres
élastoplastiques retenus sont issus d’essais réalisés en laboratoire (Serratrice, 1996), et s’inspirent
aussi des valeurs prises en compte dans les calculs préliminaires de dimensionnement du revêtement
(Scetauroute, 1996).
174
Le tableau 7.4 confirme que le matériau est raide et relativement résistant. On constate aussi que la
phase d’imbibition génère un état initial isotrope (K o ≈ 1) lorsque la contrainte initiale σ vo est
lorsque la contrainte initiale σ vo est bien supérieure à la contrainte verticale in situ. Dans l’essai
Le tableau 7.5 présente les paramètres de gonflement issus du calage de chaque essai. L’étude
expérimentale s’est concentrée sur l’essai TMS07 qui possède 5 paliers de déchargement, alors que
les deux autres essais, présentant seulement deux paliers de déchargement, sont moins fiables.
Tableau 7.5 : Résultats du calage effectué sur les essais de gonflement “K o ” réalisés sur la molasse
du Mont Sion
TMS07 TMS09 TMS10
β1 1 1 1
σ1g (kPa) 3670 5682 7865
C1g 0,0112 0,0161 0,0081
β2 0,9 0,9 0,9
σ 2g (kPa) 3181 6579 6427
C 2g 0,0163 0,0350 0,0159
β3 0,85 0,8 0,8
σ 3g (kPa) 3100 6550 6464
C 3g 0,0190 0,0462 0,0202
Malgré cela, les calages réalisés sur les trois essais donnent des résultats cohérents entre eux. On
remarque que la pression de gonflement σ g se rapproche de 5 MPa, supérieure à la contrainte
175
verticale in situ et que l’indice de gonflement C g est compris entre 1 et 2 % (essais TMS07 et
TMS10).
Les blocs de marne du stampien inférieur ont été prélevés dans le tunnel au PM 1167 (attaque Sud).
Trois essais de gonflement “K o ” ont été retenus dans l’analyse : TAR08, TAR28 et TAR41.
Le tableau 7.6 présente les paramètres élastiques (E, ν ) et plastiques (c, ϕ) issus des essais en
laboratoire (Serratrice, 1998) et l’état initial de la phase de déchargement (point C, figure 7.2).
L’analyse géotechnique a révélé une certaine hétérogénéité du bloc de marne prélevé mais a permis
de définir tout de même deux types de matériau bien distincts : une marne raide très résistante et
faiblement perméable (bloc 4 ou échantillon TAR 28) et, une marne tendre moins résistante et moins
rigide (blocs 1, 2, 3 et 5 ou échantillons TAR08 et TAR41). On observe aussi que l’état initial
correspond à un état de compression (K o < 1) même si la contrainte initiale est inférieure à la
Le tableau 7.7 représente les paramètres de gonflement issus du calage effectué pour la marne de
Tartaiguille. L’essai TAR41, réalisé avec seulement 3 paliers de déchargement et une phase
d’imbibition conduisant à un effondrement, fournit des résultats moins fiables mais cohérents avec les
deux autres essais. On constate que la pression de gonflement σ g est légèrement supérieure pour la
marne tendre. Par contre, les propriétés de déformabilité sont totalement différentes : la marne raide
ne gonfle pratiquement pas alors que la marne tendre présente un fort potentiel de gonflement avec
un indice de gonflement 10 fois plus élevé.
176
Tableau 7.7 : Résultats du calage effectué sur les essais de gonflement “K o ” réalisés sur la marne de
Tartaiguille
TAR08 TAR41 TAR28
β1 1 1 1
σ1g (kPa) 1837 2968 1306
C1g 0,0285 0,0355 0,0027
β2 0,95 0,9 0,9
σ 2g (kPa) 1813 2953 1285
C 2g 0,0307 0,0396 0,0037
β3 0,9 0,8 0,8
σ 3g (kPa) 1790 2937 1280
C 3g 0,0331 0,0444 0,0048
β4 0,8 0,6
σ 4g (kPa) 1745 1276
C 4g 0,0385 0,0080
La comparaison des résultats précédents montre que les matériaux testés sont raides et résistants
mais présentent un comportement différent vis-à-vis du gonflement. Pour quantifier le potentiel de
gonflement, il faut étudier le couple (σ g , C g ) à anisotropie donnée. Cette analyse n’est pas évidente
car, a priori, il est difficile de différencier le potentiel de gonflement correspondant à une pression de
gonflement élevée et un indice de gonflement faible (Chamoise), et à une pression de gonflement
faible et un indice de gonflement élevé (Tartaiguille). Pour y remédier, il est intéressant de définir un
autre paramètre reliant la pression de gonflement et l’indice de gonflement : le “gonflement libre”
( )
k g = −C g lg σ g .
Pour une anisotropie marquée (β = 1) , on constate que le gonflement libre vaut environ 1% pour la
177
L’analyse des résultats d’essais montre aussi que la pression de gonflement σ g calée
expérimentalement est proche de la contrainte verticale in situ ; plus le tunnel est profond, plus la
pression de gonflement est élevée.
Dans la suite, on utilisera les différents jeux de données pour simuler au mieux la phase de
déchargement observée dans les essais avec le modèle numérique afin de préciser le calage
quantitatif de la loi.
L’étude expérimentale précédente a permis de caler la loi de gonflement sur les mesures de
déformations radiales pour différentes valeurs du facteur d’anisotropie. Pour parfaire le calage, il est
intéressant d’exploiter les mesures de contraintes radiales.
L’analyse numérique ne prendra pas en compte le dernier point expérimental, qui a été
automatiquement enlevé du calage expérimental du fait de la non-stabilisation du gonflement observé
sur chaque essai (paragraphe 7.3.1.3).
178
(figure 7.7). L’hypothèse des déformations planes a été ici remplacée par la condition de symétrie de
révolution (σ rr = σ θθ ) , en faisant l’hypothèse de l’isotropie des contraintes horizontales initiales, soit
K o rr = K o θθ . Dans ces conditions, on retrouve les mêmes résultats que pour l’hypothèse des
déformations planes ; il n’y a pas de directions privilégiées dans le plan horizontal au cours du
déchargement.
σozz (z ) = γ (0,025− z ,) + Po
Po
σ orr (z ) = K o [γ (0,025 − z ) + Po ]
h = 25 cm
ez
er
eθ
R = 30 cm
L'état initial est caractérisé par l'application d'une contrainte σ vo en haut de l'échantillon, par ailleurs
soumis aussi à son propre poids. Le tenseur des contraintes initiales est donné par :
σ ozz (z ) = γ (0,025 − z ) + σ vo
o avec 0 ≤ z ≤ 0,025
σ rr (z ) = σoθθ (z ) = K o σ ozz (z ) = K o [γ (0,025 − z ) + σ vo ]
Compte tenu des hypothèses de calcul et des contraintes appliquées (σ vo >> γ (0,025 − z )) , le
problème est supposé uniforme dans tout l’échantillon. La loi de gonflement proposée permet de
modéliser uniquement la phase de déchargement de l’essai de gonflement en supposant que l’état
initial correspond au point C défini dans le paragraphe 7.3.1.1. Le déchargement par paliers est
représenté par le paramètre adimensionnel λ , appelé taux de déconfinement et défini par :
179
7.4.2 - Analyse des résultats obtenus pour la marne de Chamoise
les échantillons CHA03 (a) et CHA04 (b). On constate que le meilleur calage est obtenu pour
β = 0,85 pour l’échantillon CHA03 et β = 0,95 pour l’échantillon CHA04.
8000
σrr (kPa)
6000
Contrainte horizontale
(a) 4000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
8000
σrr (kPa)
6000
Contrainte horizontale
(b)
4000
Figure 7.8 : Comparaison des contraintes horizontales calculées et mesurées sur les
échantillons CHA03 (a) et CHA04 (b)
La figure 7.9 représente l’évolution de la déformation axiale ε zz au cours du déchargement pour les
échantillons CHA03 (a) et CHA04 (b). Dans les deux cas, on remarque que les mesures sont bien
180
approchées par les calculs effectués pour β compris entre 0,9 et 1. Cependant on observe que,
pour β ≠ 1 , les déformations calculées sont beaucoup plus “linéaires” que les courbes mesurées, en
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
εzz (%)
-0,2
(a)
Déformation axiale
-0,4
-0,6
-1
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
εzz (%)
-0,2
(b)
Déformation axiale
-0,4
-0,6
-1
Figure 7.9 : Comparaison des déformations verticales ε zz calculées et mesurées sur les
échantillons CHA03 (a) et CHA04 (b)
181
contraintes et des déformations. Le calage pour β = 0,9 peut être considéré comme satisfaisant
même si la non-linéarité des déformations est moins bien simulée en fin de déchargement.
7.4.3 - Analyse des résultats obtenus pour la molasse du Mont Sion et les
marnes de Tartaiguille
Les figures 7.10 et 7.11, qui comparent les résultats numériques et expérimentaux, montrent que,
pour les échantillons TMS07 et TAR08, les mesures de contraintes horizontales sont difficilement
approchées par les différentes solutions numériques. Par contre, pour l’échantillon TAR28, les
mesures sont assez bien reproduites par la loi de gonflement avec β = 0,6 . Ce dernier cas, qui
correspond à une marne très raide et peu gonflante, met en évidence une évolution de la contrainte
horizontale sensiblement différente de celle observée dans les autres essais avec une augmentation
très forte au cours du déchargement.
Si l’on analyse l’évolution des déformations verticales pour ces différents essais (figures 7.12 et
7.13), on constate que les mesures sont très bien approchées par la solution numérique avec un
facteur d’anisotropie égal ou proche de 1.
Ces derniers résultats mettent en évidence l’impossibilité de trouver un calage pour la loi de
gonflement proposée satisfaisant les essais effectués sur les molasses du Mont Sion et les marnes de
Tartaiguille.
4000
σrr (kPa)
3000
Contrainte horizontale
2000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Figure 7.10 : Comparaison des contraintes σ rr mesurées et calculées pour l’échantillon TMS07
182
2000
Essai oedométrique Elasticité linéaire
β =1 β = 0,95
σrr (kPa)
β = 0,9
Contrainte horizontale
(a)
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
2000
Essai oedométrique Elasticité linéaire
β =1 β = 0,9
σr r (kPa)
β =0,8 β =0,6
Contrainte horizontale
(b)
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
-1
εzz (%)
-2
Déformation axiale
-3
-4
-5
Essai oedométrique Elasticité linéaire
-6 β =1 β =0,95
β =0,9 β =0,85
-7
Figure 7.12 : Comparaison des déformations ε zz mesurées et calculées pour l’échantillon TMS07
183
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
εzz (%)
-2
(a)
-4
Déformation verticale
-6
-8
Essai oedométrique Elasticité linéaire
-10 β =1 β =0,95
β =0,9
-12
-14
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
ε zz (%)
(b) -0,2
Déformation verticale
-0,4
-0,6
-1
Figure 7.13 : Comparaison des déformations verticales ε zz mesurées et calculées pour les
échantillons TAR08 (a) et TAR28 (b)
Toutes les comparaisons des résultats numériques et expérimentales montrent que les déformations
mesurées se calent correctement avec la loi de gonflement pour une anisotropie fortement marquée
(β ≈ 1) .
Quant à la réponse en contrainte horizontale, le calage est satisfaisant pour les états initiaux
d’extension (K o > 1) car la prise en compte du gonflement génère une diminution de la contrainte
radiale tout en conservant un niveau de contrainte élevé, supérieur au cas élastique, comme on
l’observe expérimentalement. Par contre, dans le cas d’un état initial de compression (K o < 1) ,
184
l’influence du gonflement pour 0,8 ≤ β < 1 est beaucoup plus marquée avec une augmentation
notable de la contrainte radiale au cours ou en fin de déchargement, ce qui n’est jamais observé
expérimentalement sauf pour l’échantillon TAR28.
Les résultats précédents montrent que la méthode de calage nécessite quelques ajustements pour
mieux caractériser le comportement global observé.
Les résultats du paragraphe 7.4 montrent que le calage de la loi en déformations nécessite l’emploi
d’un facteur d’anisotropie égal à 1. Dans ce cas, la loi de gonflement ne fait apparaître aucune
influence sur le comportement horizontal et l’évolution de la contrainte horizontale suit la loi élastique
linéaire de Hooke.
où ν app désigne un coefficient de Poisson apparent du matériau dans son état imbibé et ν le
coefficient de Poisson du matériau dans son état naturel (loi élastique de Hooke).
Comme les résultats expérimentaux montrent que le gonflement génère des contraintes horizontales
plus élevées que dans le cas élastique de Hooke, il est raisonnable de penser que ν app ≤ ν soit
185
Ces remarques conduisent à ajuster la méthodologie de calage comme suit :
- on suppose le facteur d’anisotropie β égal 1 et le plan de stratification horizontal ;
déterminée expérimentalement. Le nouveau coefficient de Poisson ν app est alors introduit dans la
loi de Hooke ;
- à partir de la déformation verticale de gonflement, déterminée en soustrayant la déformation
élastique linéaire à la déformation totale mesurée, on cale la loi de gonflement comme décrit dans
le paragraphe 7.3.1.2.
Il est, par ailleurs, rappelé que le calage de la loi de gonflement nécessite l’élimination des points
caractérisant l’effondrement et surtout la rupture en extension observée en fin de déchargement.
Le tableau 7.8 présente les résultats obtenus avec la deuxième méthode de calage pour les marnes
de Chamoise ; σ vo désigne la contrainte appliquée au moment de l’imbibition, ν g le nouveau
k g = − B g ln(σ g ) = − C g lg(σ g )
On constate que la nouvelle méthode de calage donne des résultats cohérents sur les différents essais
avec des valeurs (ν g , C g , σ g ) même si les deux derniers essais mettent en évidence des indices de
gonflement plus élevés, et moins fiables, car obtenus à partir d’un nombre de paliers plus faibles.
Tableau 7.8 : Application de la deuxième méthode de calage sur les essais réalisés sur la marne de
Chamoise
186
Le coefficient ν g , effectivement négatif, conduit à un coefficient de Poisson apparent ν app moyen
0,3 et 1% et un gonflement libre k g compris entre 1 et 3%, ce qui correspond à un faible potentiel
La figure 7.14 permet de vérifier que cette deuxième méthode de calage permet de bien retrouver les
mesures de déformations verticales mais aussi les mesures de contraintes radiales issues de l’essai
CHA03. L’application de la méthode de calage a également conduit à des résultats très satisfaisants
pour les autres essais de gonflement, CHA02 et CHA04 en particulier (annexe F).
8000 ν + νg
σrr (kPa)
6000
ν
Contrainte horizontale
4000
Essai oedométrique
Elasticité linéaire
2000
2ème méthode de calage
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
εzz (%)
-0,2
Déformation verticale
-0,4
Elasticité linéaire
-1
Figure 7.14 : Résultats avec la 2ème méthode de calage pour l’essai CHA03
187
7.5.3 - Application à la molasse du Mont Sion
Le tableau 7.9 présente les résultats de l’application de la deuxième méthode de calage aux essais
réalisés sur la molasse du Mont Sion. Ici aussi, les deux essais TMS09 et TMS10 donnent des
résultats moins fiables du fait du faible nombre de paliers (2 paliers utilisés). Malgré cela, on constate
que la nouvelle méthode de calage donne des résultats cohérents pour les trois paramètres
(ν g , C g , σ g ) sur les différents essais.
Le paramètre ν g , effectivement négatif, conduit à un coefficient de Poisson apparent ν app proche
de 0,1. Pour la molasse du Mont Sion, il est raisonnable de retenir un indice de gonflement C g égal
à 1,1%, une pression de gonflement σ g proche de 5 MPa et un gonflement libre k g égal à 4%.
Tableau 7.9 : Application de la deuxième méthode de calage sur les essais effectués sur la molasse
du Mont Sion
4000
ν + νg
σrr (%)
3000
Contrainte horizontale
2000
ν
Essai oedométrique
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
188
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
-1
-3
Essai oedométrique
-4
Elasticité linéaire
-6
-7
Figure 7.15 : Résultats avec la 2ème méthode de calage pour l’essai TMS07
Le tableau 7.10 présente les résultats obtenus avec la deuxième méthode de calage pour la marne de
Tartaiguille. On constate que les deux types de marnes identifiés se comportent sensiblement
différemment vis-à-vis du gonflement, la marne tendre conduisant à des résultats différents pour les
essais TAR08 et TAR41. On retiendra surtout les paramètres du premier essai, qui comprend un
plus grand nombre de mesures (6 pour TAR08 et 3 pour TAR41) : un coefficient de Poisson
apparent ν app de 0,1, un indice de gonflement C g de 3%, une pression de gonflement σ g égal 2
Pour la marne raide (TAR28), on peut considérer un coefficient de Poisson apparent ν app négatif
égal à –0,4, ce qui traduit en fait une augmentation notable de la contrainte horizontale au cours du
déchargement, et un indice de gonflement k g égal à 1%. Ces résultats montrent que la marne tendre
est plus gonflante que la marne raide ; cette dernière présente néanmoins un comportement de
gonflement horizontal élevé.
Tableau 7.10 : Résultats de la deuxième méthode de calage appliquée aux essais réalisé sur la marne
de Tartaiguille
189
La comparaison des résultats expérimentaux et numériques issus de la deuxième méthode de calage
permet de vérifier l’exactitude du calage en termes de déformations verticales et de contraintes
radiales pour l’essai TAR08 (figure 7.16).
2000
Essai oedométrique
σrr (kPa)
Elasticité linéaire
2ème méthode de calage
ν + νg
Contrainte horizontale
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
-2
εzz (%)
-4
Déformation verticale
-6
-8 Essai oedométrique
Elasticité linéaire
-10
2ème méthode de calage
-12
-14
Figure 7.16 : Résultats avec la 2ème méthode de calage pour l’essai TAR08
La figure 7.16 met en évidence la rupture de l’échantillon au dernier palier avec une diminution
notable de la contrainte radiale et surtout une déformation verticale très élevée. Cette rupture du
matériau, observée sur d’autres échantillons (CHA05, TMS07, TAR41), sera étudiée au paragraphe
suivant.
190
7.5.5 - Etude de la plasticité
Les essais en laboratoire montrent qu’au cours du déchargement la contrainte latérale sous imbibition
conserve un niveau élevé. Ainsi, le gonflement tend à produire un état de contrainte d’extension, la
contrainte radiale pouvant dépasser la contrainte verticale. Si la résistance de la marne (sa cohésion)
est suffisante, les déformations demeurent limitées. Au contraire, de tels états de contraintes peuvent
dans certains cas produire la rupture de l’éprouvette ; les déformations d’extension se superposent
alors aux déformations de gonflement (les deux effets allant vont dans le sens d’une augmentation de
l’indice des vides). Ce processus a été observé dans plusieurs essais “K o ” (CHA05, CHA06,
TMS07, TAR08, TAR41). Cette rupture en extension en fin de déchargement est confirmée par
l’apparition de fissures horizontales (perpendiculaires à l’axe de l’éprouvette) lors du démontage des
bagues œdométriques (figure 7.17).
Comme les essais de gonflement sont réalisés en conditions drainées, il est légitime de comparer la
rupture observée expérimentalement aux paramètres intrinsèques (c' , ϕ') caractérisant la résistance à
long terme du matériau. Or les calculs ont montré que l’utilisation des paramètres de plasticité
(c' , ϕ') identifiés sur des échantillons dans leur état naturel ne permet pas d’expliquer la rupture au
cours du déchargement sous imbibition. Ces résultats, qui mettent en évidence une résistance plus
faible du matériau imbibé, incitent à réfléchir sur la notion de résistance d’un matériau fortement
imbibé.
191
Pour expliquer ce résultat, une hypothèse peut être formulée à partir de l’étude bibliographique
présentée dans le chapitre 1. L’analyse microscopique du phénomène de gonflement montre que
l’absorption d’eau provoque un gonflement interparticulaire éloignant les agrégats les uns des autres.
Ce résultat laisse pense que le développement du gonflement interparticulaire concernant toutes les
argiles fragilise les liaisons internes entre les particules argileuses, ce qui expliquerait la réduction de la
résistance du matériau, surtout en termes de cohésion.
Cette analyse laisse supposer que le gonflement altère le matériau en diminuant la cohésion apparente
du matériau imbibé, l’angle de frottement interne restant inchangé.
Dans notre étude, on a donc considéré que le matériau imbibé était susceptible d’avoir une cohésion
plus faible que celle déterminée dans son état naturel.
de 20°. La figure 7.18 illustre le recalage de la cohésion pour l’essai CHA05. Malgré le faible
nombre de points expérimentaux, on remarque qu’une cohésion de 1300 kPa permet de mieux
approcher les contraintes horizontales mesurées ; par contre, il est impossible de retrouver la
déformation d’extension à la fin du déchargement car la modélisation ne prend pas en compte
l’apparition de fissures générant des déplacements plus importants.
L’étude de la rupture pour les autres échantillons fait apparaître que la plasticité se manifeste en fin
de déchargement avec une cohésion de 2400 kPa pour l’essai CHA02, de 2500 kPa pour l’essai
CHA03 et 2200 kPa pour l’essai CHA04. Compte tenu des incertitudes propre à cette analyse, en
particulier sur l’essai CHA05, on retiendra que la diminution de résistance du matériau imbibé se
traduit par une cohésion apparente de l’ordre de 2 MPa pour la marne de Chamoise.
192
σrr (kPa)
10000
Contrainte horizontale
Essai oedométrique
5000
Elasticité linéaire
c = 6000
c = 1300
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
(%) zz
-5
Déformation axiale
-15
Pour l’essai TMS07, on observe des déformations très importantes en fin de déchargement mais
sans aucune diminution notable de la contrainte horizontale (figure 7.15) ; ceci signifie que la rupture
en extension observée expérimentalement se produit en toute fin de déchargement avec l’apparition
d’une fissure horizontale. La valeur de la cohésion sous imbibition permettant de reproduire ce début
de plasticité en fin de déchargement est égale à 1000 kPa au lieu de 2000 kPa, pour le cas
précédent.
La marne tendre de Tartaiguille fait apparaître une rupture de l’échantillon TAR08 qui se manifeste
par des déformations verticales importantes et une diminution considérable de la contrainte
193
horizontale en fin de déchargement (figure 7.16). La valeur estimée de la cohésion du matériau sous
imbibition est ici égale à 150 kPa. La figure 7.19 présente le calage des paramètres plastiques pour
l’essai TAR41 : on constate que la prise en compte d’une cohésion nulle permet de retrouver
l’évolution de la contrainte horizontale observée expérimentalement ; par contre, la déformation
axiale observée en fin d’essai et qui est associée à l’apparition d’une fissure horizontale ne peut être
reproduite dans la simulation.
2000
1000
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
ε zz (%)
-5
Déformation verticale
-10
-20
194
7.6 - Conclusion
Cette étude expérimentale a permis de montrer que la loi de gonflement présentée dans la partie II
caractérisait correctement le comportement observé expérimentalement à travers les mesures de la
déformation verticale et de la contrainte horizontale. La simulation numérique de la phase de
déchargement d’un essai de gonflement a mis en évidence que la méthode de calage initiale n’était
pas satisfaisante sur tous les essais.
l’adaptation de la méthodologie de calage ont permis d’obtenir une simulation plus satisfaisante du
comportement tridimensionnel de gonflement, en tenant compte aussi d’une diminution éventuelle de
la cohésion.
Cette étude a montré que le potentiel de gonflement était plus élevé pour la marne de Tartaiguille que
pour la marne de Chamoise, comme le laissait supposer l’analyse minéralogique préliminaire.
L’exemple intéressant de la marne de Tartaiguille a, par ailleurs, mis en évidence l’importance de la
structure du matériau dans le phénomène de gonflement : un terrain lâche favorise le développement
du gonflement alors qu’un terrain compact peut empêcher l’arrivée d’eau et donc l’apparition du
gonflement.
195
196
Chapitre 8:
- Le tunnel de Chamoise -
8.1 - Introduction
Depuis sa mise en œuvre en 1986, le tube Nord a fait l’objet d’un suivi régulier assuré par le
Département Géotechnique et Matériaux de Scetauroute. Le dispositif de surveillance, comprenant
plusieurs types de capteurs, extensomètres et cellules de pression totale, a permis de contrôler le
comportement différé du terrain et du revêtement. Les nombreuses informations recueillies in situ
peuvent être utilisées pour justifier le choix de la loi de gonflement retenue et valider le modèle à
l’échelle de l’ouvrage.
Avant l’étude numérique proprement dite, on décrit le comportement du revêtement à long terme
observé in situ en précisant le contexte général de l’ouvrage et en détaillant les différentes mesures de
surveillance qui ont été prises.
197
On présente ensuite le calcul numérique qui a été effectué avec le logiciel CESAR-LCPC pour
caractériser le creusement et le comportement à long terme d’une section du tube Nord située dans
les marnes d’Effingen.
Enfin, on décrira les résultats obtenus numériquement, que l’on comparera aux mesures in situ. Les
calculs prennent en compte le calage de la loi de gonflement sur les essais effectués sur les marnes
d’Effingen présenté au chapitre 7. Une étude paramétrique complémentaire permet de tester la
sensibilité du modèle aux principaux paramètres.
L’ensemble des informations présentées dans ce paragraphe a été fourni par la société Scetauroute
qui a assuré la maîtrise d’œuvre de l’ouvrage, ainsi que l’instrumentation et le suivi du comportement
à court et à long terme (Hingant et Guerpillon, 1986).
Le tunnel de Chamoise, long de 3300 mètres, fait partie de nombreux ouvrages (viaducs, tunnels,
grands soutènements) qui assurent le franchissement du Jura méridional par l’autoroute A40,
Macon-Genève, un des maillons de la liaison Paris-Rome, par le tunnel sous le Mont-Blanc (figure
8.1).
198
Le Jura est formé de chaînons parallèles d’orientation Nord-Sud. Il est entrecoupé dans le sens Est-
Ouest par quelques cluses qui furent utilisées très tôt par les voies de communication. L’autoroute
A40 emprunte la cluse de Nantua-Bellegarde. Le débouché Ouest de cette cluse est occupé par la
ville et le lac de Nantua. Le tunnel de Chamoise permet d’éviter cette agglomération et les rives de
son lac en traversant les monts d’Ain sous 400 mètres de couverture, à une altitude moyenne de 600
mètres (figure 8.2).
Le tunnel de Chamoise est constitué de deux tubes à deux voies de circulation ; le premier, le tube
Nord, a été mis en service en 1986, le second, le tube Sud, en 1996.
Des études géologiques préliminaires ont mis en évidence la structure monoclinale du massif des
monts d’Ain traversé par le tunnel de Chamoise. Compte tenu des incertitudes sur la série
géologique le long du tunnel, liée à l’inclinaison faible et variable des couches, une galerie de
reconnaissance a permis de réaliser un levé géologique détaillé du massif rocheux (figure 8.3).
Celui-ci a confirmé que l’inclinaison des couches était faible et variait en s’atténuant d’est en Ouest.
L’orientation générale des couches, N 25 E, 20 à 30 degrés SW , conduit à un angle de 30 degrés
entre la direction du pendage et celle du tunnel N 55 E. Le pendage apparent dans le plan du front
de taille est de l’ordre de 20 degrés.
199
Du point de vue lithologique, la série jurassique traversée est composée de trois grands ensembles :
deux grandes dalles calcaires du Malm (Oxfordien supérieur) et du Dogger (Bathonien et Bajocien)
enserrant l’ensemble marneux de l’Oxfordien : les marnes à nodules et fossiles pyriteux de
l’Oxfordien inférieur (PM 935 à 1120) et les marnes d’Effingen de l’Oxfordien moyen (PM 1268 à
1830). Compte tenu du faible pendage, ces marnes intéressent le tunnel sur un linéaire important,
800 m environ, pour une épaisseur des couches de l’ordre de 100 m.
Les travaux ont confirmé que les calcaires posaient peu de problèmes du point de vue de
l’excavation et du soutènement. Les études et la surveillance ont donc été plutôt axées sur les marnes
rencontrées dans le tunnel sur environ le tiers de sa longueur.
Ces marnes sont relativement homogènes, sans fracturation particulière, et sèches. Les mesures en
laboratoire et in situ ont mis en évidence les faibles caractéristiques des marnes d’Effingen et surtout
des marnes à nodules. La susceptibilité des marnes vis-à-vis du gonflement (Didier, 1980 ;
Serratrice, 1994) a conduit à définir une section type de revêtement comportant un radier contre-
voûté (figure 8.4).
Dans ces zones de marnes, le creusement du tube Nord a été opéré entièrement à l’aide d’une
machine à attaque ponctuelle en demi-section supérieure avant de creuser, dans un deuxième temps,
le stross et enfin de la contre-voûte. Toutes les précautions ont été prises pour éviter l’apport d’eau
pendant les travaux, et donc le gonflement des marnes.
200
Figure 8.4 : Section type dans les marnes d’Effingen - Tube Nord
Dans la suite, notre étude reposera uniquement sur le tube Nord puisque l’on dispose pour cet
ouvrage de 15 années de mesures (et uniquement 4 années pour le tube Sud). De plus, le
phénomène de gonflement identifié sur les mesures du tube Nord a contribué à prendre des
précautions supplémentaires sur le tube Sud (boulonnage du radier et suppression du drain sous le
radier) pour empêcher tout gonflement du terrain.
Un appareillage a été installé sur l’ouvrage dès la construction pour suivre les effets du
comportement différé des marnes sur le revêtement définitif.
Pour mesurer les déformations à long terme du massif et du revêtement, et les pressions s’exerçant
sur ce dernier, le dispositif d’auscultation mis en place comprenait :
- des extensomètres multipoints en forage,
- des cellules de pression totale à l’interface revêtement/terrain,
- des extensomètres à corde vibrante noyés dans le revêtement.
201
Les extensomètres à bases multiples en forage, de type Télémac-distofor, ont permis de définir
l’étendue de la zone décomprimée à court terme, et de suivre l’évolution des déformations du massif
pendant les différentes phases d’excavation et à long terme. L’ensemble des mesures réalisées dans
le tunnel de Chamoise ont montré que la précision était excellente et pouvait atteindre ± 0,05 mm.
Dans la suite, on utilisera une convention de signe correspondant à des déplacements positifs pour
une compression de la base de mesure et négatifs pour une décompression.
Les cellules de pression totale réparties par paire, en voûte et en radier, mesurent les pressions
totales à l’interface béton/marne. Le principe des cellules Télémac type HCV avec compensation
consiste à mesurer la pression d’un coussin hydraulique par un capteur de pression à corde vibrante.
Ce type d’appareil peut atteindre une précision de 10-3 MPa. La contrainte est comptée positive
pour une compression et négative pour une traction, conformément à la convention de la mécanique
des sols.
Les contraintes dans le revêtement sont estimées à partir des mesures de déformation du béton par
cordes vibrantes Télémac C110, couramment employées pour l’auscultation des ouvrages d’art. Les
cordes vibrantes sont disposées par trois sur l’épaisseur du revêtement pour obtenir une mesure plus
fiable. Une corde inerte, isolée du champ de contraintes, permet de discerner les effets cumulés du
retrait et du gradient thermique. La déformation est comptée positive pour une traction de la corde et
négative pour une compression.
Une mesure de température est associée à chaque capteur pour permettre les corrections de
dilatation des matériaux.
202
Figure 8.5 : Section de mesures au PM1404 du tube Nord dans les marnes d’Effingen
Figure 8.6 : Section instrumentée au PM 1502 du tube Nord dans les marnes d’Effingen
203
8.2.2 - Analyse des mesures in situ
L’analyse des mesures fournies sur les différentes sections du tube Nord a permis de bien
caractériser le comportement à long terme du revêtement et du massif.
A partir de la mise en place des capteurs en 1984, le relevé des mesures sur le tube Nord a été
effectué régulièrement de façon manuelle jusqu’à la mise en service du second tube en 1996, en
appliquant des plans de surveillance définis par le maître d’ouvrage, la Société des Autoroutes Paris-
Rhin-Rhone (SAPRR) sur la base d’une dizaine de mesures par année. Entre 1996 et 1998, le suivi
a été interrompu puis il a été rétabli en 1999 de façon automatique, comme pour le dispositif installé
sur le tube Sud. Dans la suite, le comportement à long terme sera étudié sur les dix premières années
de service, qui traduisent un comportement différé continu.
L’interprétation des mesures devra tenir compte de l’influence notable de la température sur les
mesures à travers les fluctuations saisonnières et de l’évolution croissante de la température
moyenne. On présentera dans la suite les mesures relevées sur les extensomètres en forage, sur les
extensomètres à cordes vibrantes et sur les cellules de pression totale en se référant au descriptif des
figures 8.5 et 8.6.
La figure 8.7 représente l’évolution de la température dans le massif le long de l’extensomètre 521
(figure 8.5) et la figure 8.8 caractérise l’évolution de la contrainte moyenne et de la variation
saisonnière calculées chaque année.
La figure 8.7 met en évidence, d’une part, l’élévation de la température au cours du temps liée à
l’augmentation du trafic entre 1985 et 1995 et, d’autre part, les fluctuations saisonnières dépendant
de la profondeur.
La figure 8.8 montre que l’élévation de température moyenne sous l’ouvrage avoisine 8°, 6° et 4°
respectivement à proximité du radier, à 3m et à 5,5m de profondeur entre 1986 et 1995 (figure
8.8.a). Par contre, la variation saisonnière demeure relativement constante au cours du temps, de
l’ordre de 5°, 2° et 1° respectivement à proximité du radier, à 3m et à 5,5m de profondeur (figure
8.8.b).
204
25
20 Eté
Températures (°C)
15
10 Hiver
Mise en service
5,5 mètres de profondeur
5
3 mètres de profondeur
Figure 8.7 : Evolution des températures dans le massif sous le radier (PM1404)
20 20
Températures moyennes annuelles (°C)
10 10
Mise en
service
Mise en
service
3 mètres de profondeur
0,5 mètre de profondeur
0 0
1985 1990 1995 Années 1985 1990 1995 Années
(a) (b)
Figure 8.8 : Représentation des températures moyennes (a) et des fluctuations
saisonnières (b) sous le radier (PM1502)
Cette évolution des températures a été observée sur tous les capteurs mais avec une amplitude
différente. Le tableau 8.1 récapitule les résultats thermiques obtenus tout autour de l’ouvrage. On
remarque que l’évolution de la température dans le massif est sensiblement identique en clé et en
radier. Par contre, dans le revêtement, l’évolution de la température est plus marquée au niveau de la
voûte, avec une augmentation de la température moyenne et une fluctuation saisonnière égales à 10°,
qu’au niveau du radier contre-voûté où l’augmentation de la température moyenne et la fluctuation
saisonnière avoisinent 7°.
205
Cela s’explique par l’épaisseur plus importante de l’ensemble radier-contre-voûte-remblai qui
éloigne les capteurs de la surface et atténue l’influence du trafic sur les mesures.
Voûte Radier
Variation Variation Variation Variation
saisonnière entre 1986 et saisonnière entre 1986 et
A 8 mètres de
0°5 2°
profondeur
A 5,5 mètres de
1° 3° - 4° 1° 3° - 4°
profondeur
A 3 mètres de
2° 5° 2° 5°
profondeur
A 0,5 mètres de
7° - 8° 7° - 8° 5° 7° - 8°
profondeur
Derrière le
revêtement 10° 9° - 10° 6° - 7° 7°
(à l’interface)
La figure 8.7 montre aussi que la mise en service du deuxième tube en 1996, qui s’est accompagnée
d’une réduction du trafic dans le tube Nord, a conduit à une diminution notable de la température
moyenne dans le tunnel.
Toutes les mesures présentées dans la suite prennent en compte la correction thermique.
Les graphiques qui suivent représentent l’évolution des déplacements mesurés en forage à partir de
la fin de la construction de la voûte et après dissipation des effets thermiques dus au bétonnage,
c’est-à-dire environ 300 jours après la mise en place des appareils.
La figure 8.9 donne l’évolution des déplacements à proximité de la voûte et du radier. On a repris
uniquement les cellules situés à proximité du radier pour simplifier l’analyse, puisque l’ensemble des
mesures exprime un comportement complexe du terrain avec des zones de décompression et surtout
de compression, comme indiqué par la cellule C3 de l’extensomètre 530, pouvant traduire
l’ouverture d’une fissure dans le massif.
206
L’analyse des courbes d’évolution en voûte (figure 8.9.a) fait apparaître des déplacements de faible
amplitude. En effet, à conditions saisonnières constantes, les déplacements mesurés augmentent
régulièrement pour valoir en 1995 entre 1 et 1,5 mm selon les extensomètres avec une stabilisation à
partir de 1993.
En contre-voûte (figure 8.9.b), les déformations relevées par les distofors n° 565 et 521 (vertical et
en piédroit Nord) sont sensiblement plus importantes et se poursuivent en 1995 à un rythme quasi
équivalent à celui des années précédentes. Ces déplacements sous le radier sont estimés à 4 mm
en moyenne sans stabilisation évidente.
C6 (Piédroit Nord)
-1 Mise en service
Mise en service
-2
-2
-3
-3 C3 (Rein Sud)
C8 (Clé de voûte) -4
-4
C12 (Rein Nord)
-5 -5
Pour déterminer l’effet du retrait, des extensomètres à corde vibrante ont été placés dans la plan
longitudinal du tunnel aux PM944, pour la voûte, et PM1018, pour le radier.
La figure 8.10 donne l’évolution des déformations longitudinales observées en voûte et en radier. En
admettant l’hypothèse des déformations planes pour les sections instrumentées, les mesures relevées
sur ces extensomètres mettent en évidence le phénomène de retrait du béton, considéré comme
isotrope. Les cordes longitudinales n’indiquent plus de déformation notable depuis l’année 1990, ce
qui montre que le retrait semble achevé. A conditions saisonnières constantes, on peut donc
considérer que le phénomène de retrait induit des déformations isotropes de 50 µm/m en radier
et de 200 µm/m en voûte.
207
Cette différence considérable provient de la présence de la ventilation et d’une étanchéité dans la
partie supérieure du tunnel qui accentuent la déperdition d’humidité et donc le phénomène de retrait.
0
Date
-100
-100
La figure 8.11 donne l’évolution des déformations dans le revêtement. On constate que les trois
extensomètres à corde vibrante d’une même section donnent des résultats cohérents et fiables. Le
suivi des extensomètres indique une évolution continue qui se stabilise en 1995 (à température
constante), une déformation moyenne de 500 à 650 µm / m en voûte (clé de voûte et rein Sud), et
-400 -400
Mise en
Mise en
service
service
-800 -800
208
En soustrayant les effets du retrait déduits des extensomètres longitudinaux installés au PM1018, on
arrive à des déformations variant entre 300 et 450 µm / m en voûte (clé de voûte et rein Sud) et
Si l’on considère que le module d’Young à long terme du béton E b LT vaut 10 GPa, on constate
alors que, dans la voûte, les contraintes varient entre 3 et 4,5 MPa (clé de voûte et rein Sud) et
que, dans le radier, elles varient entre 3 et 7,9 MPa (piédroits Sud et Nord).
La figure 8.12 donne l’évolution des contraintes de contact entre le revêtement et le terrain.
En voûte (figure 8.12.a), les pressions mesurées restent faibles, inférieures à 100 kPa mais, sur
certains capteurs, on observe des variations brusques concomitantes avec des fluctuations de
température, ce qui prouve que le contact s’établit partiellement lorsque la température augmente.
En contre-voûte (figure 8.12.b), les cellules de pression totale indiquent un chargement significatif des
piédroits pour cinq d’entre elles. Les pressions mesurées en 1995 à température constante
varient entre 0,9 MPa (cellules 97, 99 et 103 au piédroit Sud) et 1,7 MPa (cellules 102 et 104
au piédroit Nord).
2500 CP91 (Rein Sud) CP92 (Rein Sud) 2500 CP97 (Piédroit Sud) CP103 (Piédroit Sud)
CP89 (Centre Sud) CP90 (Centre Sud) CP99 (Radier Sud) CP98 (Radier Sud)
CP100 (Radier Nord) CP101 (Radier Nord)
CP93 (Centre Nord) CP94 (Centre Nord) CP102 (Piédroit Nord) CP104 (Piédroit Nord)
CP137 (Rein Nord) CP138 (Rein Nord)
2000 2000
Contrainte d'interface (kPa)
1500 1500
1000 1000
500 500
Date
0 0 Date
01/01/84 01/01/88 01/01/92 01/01/96 01/01/00 01/01/84 01/01/88 01/01/92 01/01/96 01/01/00
209
8.2.3 - Conclusions
L’ensemble des mesures relevées sur le tube Nord dans les marnes d’Effingen a mis en évidence un
comportement différé complexe du revêtement et du massif.
On a constaté que le revêtement se comportait de façon contrastée en voûte et en radier. En voûte,
le phénomène de retrait a d’abord contribué à désolidariser le béton du massif. L’élévation de la
température moyenne et le fluage des matériaux qui a suivi ne semblent pas avoir produit de contact
parfait entre le terrain et la voûte qui reste donc faiblement chargée.
Par contre, en radier, où le phénomène de retrait est négligeable, on observe des efforts
dissymétriques importants et non encore stabilisés. Deux causes essentielles peuvent expliquer le
comportement observé : d’une part, la différence de soutènement mis en place entre la voûte,
ancrages systématiques, et le radier, pas de soutènement (figure 8.4), et, d’autre part, le
développement du phénomène de gonflement sous le radier. En effet, la présence d’un système de
drainage sous le radier semble être à l’origine de l’humidification des marnes et donc du phénomène
de gonflement.
C’est ce dernier point qui va être analysé dans la suite à partir d’une modélisation numérique du
comportement du tunnel.
Pour analyser ces résultats et le phénomène de gonflement, un calcul numérique a été effectué à
l’aide du logiciel CESAR-LCPC en tenant compte des effets de gonflement par l’intermédiaire du
modèle décrit précédemment.
Compte tenu de l’implantation des sections instrumentées (PM1404 avec des extensomètres en
forage et PM1502 avec des extensomètres à corde vibrante et des cellules de pression totale), nous
avons retenu, pour ce calcul, la coupe géotechnique rencontrée au PM1500. A partir de la coupe
210
géologique longitudinale (figure 8.3), une coupe géologique au PM1500 a été élaborée. Elle est
schématisée sur la figure 8.13 où la zone gonflante située sous le radier a été mise en évidence.
Les épaisseurs retenues pour les principales couches encadrant la section de tunnel sont les suivantes
(du haut vers le bas) :
- calcaire lité (Oxfordien supérieur) : 40 m
- marnes d’Effingen (Oxfordien inférieur) : 110 m
- calcaires de Birmensdorf (Oxfordien moyen) : 25 m
- Marnes à fossiles pyriteux ou à nodules (Oxfordien inférieur) : 45 m
La clé de voûte se trouve à 70 mètres sous le toit des marnes d’Effingen et la base du radier à 27
mètres au-dessus du toit des calcaires de Birmensdorf. Le pendage apparent des couches dans un
plan perpendiculaire à l’axe longitudinal du tunnel est de l’ordre de 20 degrés.
SUD NORD
TN 400
Calcaires lités
80
Marnes d'Effingen
20°
Zone gonflante
-30
-55
Calcaires de
Birmensdorf
Marnes à nodules
211
La figure 8.14 présente la géométrie de l’ouvrage correspondant au profil type retenu dans les
marnes d’Effingen (figure 8.4). Le soutènement est constitué de 15 cm de béton projeté avec treillis
soudé et d’un boulonnage primaire autour de la voûte. Le revêtement définitif, constitué de 50 cm de
béton coffré, comporte une contre-voûte définitive en radier.
SOUTENEMENT : REVETEMENT :
15 cm de béton projeté 50 cm de béton coffré
cent
re : +
14,0
5 su
5,05
R
r l'ax
=5
,47
e-R
= 12
cm
2,50
2,68
Radier provisoire
5
R = 8,1
0,00
R=
7,4
0
- 0,55
8.3.2.1 - Terrains
Les caractéristiques mécaniques retenues pour les terrains dans le cadre de cette étude ont été
choisies à partir des essais réalisés en laboratoire (Bernaud et Rousset, 1994) et dans la galerie de
reconnaissance, en privilégiant les résultats d’essais in situ effectués dans la galerie. Des
comparaisons ont également été faites avec les valeurs retenues dans les calculs effectués pour le
tube Nord (Simecsol, 1991).
Le tableau 8.2 rassemble les valeurs retenues pour les couches de terrains modélisées.
212
Tableau 8.2 : Caractéristiques mécaniques des terrains
Seules les marnes d’Effingen ont été prises en compte avec une loi de comportement élastoplastique
(critère de Mohr-Coulomb), les autres terrains étant soit suffisamment éloignés de l’excavation, soit
suffisamment résistants, pour rester dans le domaine élastique.
De même, le comportement différé des terrains n’a été pris en compte que pour les marnes
d’Effingen avec le fluage (Bernaud et Rousset, 1991 ; Gaudin, 1997) et le phénomène de gonflement
identifié avec la deuxième méthode de calage au chapitre 7, soit :
- un module d’Young E LT (= E / 2 ) à long terme de 2500 MPa ;
213
- un coefficient de Poisson ν bp de 0,2
Le revêtement définitif est constitué de 50 cm de béton coffré B25, c’est-à-dire présentant une
résistance à la compression de 25 MPa. En utilisant les règles proposées dans le BAEL91 (1992)
concernant le béton, les caractéristiques retenues dans les calculs sont :
- un poids volumique γ b de 25 kN/m3
Les calculs ont été effectués à l’aide d’une modélisation bidimensionnelle aux éléments finis en
déformations planes avec le logiciel CESAR-LCPC élaboré par le Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées (Paris). L’effet tridimensionnel de la proximité du front de taille lors des phases
d’excavation est pris en compte suivant la méthode convergence-confinement par l’introduction d’un
taux de déconfinement.
Pour pouvoir rendre compte des effets dissymétriques dus au pendage des couches, il a été
nécessaire de faire appel à un modèle complet (absence de symétrie).
La figure 8.15 présente des vues du maillage utilisé, respectivement d’ensemble et de détail au
voisinage du tunnel. Le modèle a une extension latérale de 80 m de part et d’autre de l’axe vertical
pour limiter l’incidence des conditions aux limites imposées sur les bords du maillage. Son extension
verticale est de 120 m au-dessus de la chaussée et de 100 m en dessous.
Le modèle se compose de :
- 3487 nœuds ;
- 1538 éléments (triangulaires à 6 nœuds et rectangulaires à 8 nœuds).
Les conditions aux limites retenues sont les suivantes :
- déplacement horizontal nul sur les limites latérales ;
- déplacement vertical nul sur la limite inférieure.
214
(a) vue générale (b) vue du tunnel
Figure 8.15 : Maillage du calcul au PM1500
1993)
215
Phase 3 : Excavation de la demi-section inférieure avec prise en compte d’un taux de
déconfinement λ = 0,85 correspondant à une longueur décousue de 8m (AFTES, 1993)
Phase 8 : Fluage final du terrain, le module des marnes passant à 2500 MPa (soit
E ∞ / E o = 0,5 ).
La prise en compte du gonflement a été intégrée au calcul numérique dans les phases 6, 7 et 8, ce
qui revient à faire l’hypothèse que le phénomène s’amorce à partir de la mise en service du système
de drainage sous le radier susceptible de mettre en contact l’eau provenant de la zone calcaire avec
la zone marneuse hydrophile initialement sèche.
Après l’excavation du radier et le déconfinement total du terrain (phase 5), les contraintes sous le
radier, devenues faibles, favorisent le développement du gonflement. Ce processus, qui peut durer
216
plusieurs jours (voire plusieurs mois) en laboratoire est encore amplifié au niveau du massif par effet
d’échelle. L’eau se propageant lentement dans le massif, il est raisonnable d’associer le gonflement
aux deux calculs d’effets différés. Le phénomène de gonflement a donc été introduit simultanément
au fluage.
Outre les paramètres de gonflement définis dans le paragraphe 8.3.2.1, on rappelle les deux
principales hypothèses adoptées pour le développement du gonflement autour du tunnel :
- le plan de gonflement suit naturellement la stratification, c’est-à-dire que la direction principale du
gonflement est perpendiculaire au pendage,
- la zone gonflante se situe sous le radier comme le définit la figure 8.13 ; on suppose donc que les
écoulements d’eau se propagent à partir du système de drainage le long du radier et en profondeur.
Plusieurs calculs numériques ont été réalisés avec ce modèle numérique. On s’intéresse
essentiellement à la phase 7 des calculs, conçue pour simuler le comportement à moyen terme
observé in situ.
Un premier calcul sans prise en compte du gonflement, noté c7, servira de référence pour toute
comparaison numérique ultérieure. Dans un deuxième temps, on analysera l’influence du gonflement,
d’une part, en appliquant le modèle de gonflement défini précédemment avec un indice de
gonflement variable et, d’autre part, en vérifiant la pertinence des hypothèses du gonflement
adoptées vis-à-vis de la direction du plan de gonflement, de la définition de la zone gonflante et la
cohésion apparente du terrain.
Toute l’analyse se focalisera sur le comportement du radier, dans la mesure où le modèle ne permet
pas de simuler l’influence notable du retrait sur la réponse du béton en voûte.
Dans ce paragraphe, on analyse les résultats des calculs de gonflement effectués avec différents
indices de gonflement B g (ou C g ) égal à 0,1%, 0,3% et 0,5% (0,23%, 0,69% et 1,15%)
217
Les résultats du calcul de gonflement seront comparés au calcul de référence et aux mesures. Dans
cette comparaison, les zones instrumentées seront numérotées vers le Nord comme définit dans la
figure 8.16. Elles seront repérées par leur abscisse curviligne s comptée positive par rapport à
l’extrémité Sud : s = 0 pour le piédroit Sud, s = 6m pour la clé de radier (correspondant à la
section 8) et s = 12m pour le piédroit Nord.
1 15
SUD 2
3 13
14 NORD
4 12
5 11
6 10
7 8 9
La figure 8.17 représente les déplacements normal et tangentiel à l’interface radier/terrain le long du
radier. On constate une influence notable du gonflement sur le déplacement normal dans la partie
Sud comprise entre s = 3 et 6m, qui correspond à la zone où le radier est tangent au pendage,
c’est-à-dire où la déformation de gonflement est entièrement dirigée vers l’intérieur du tunnel. Par
contre, pour le déplacement tangentiel, l’influence se manifeste sur toute la surface.
218
15
c7 c7a c7 c7a
c7b c7c
c7b c7c
Déplacement normal (mm)
5 Sud Nord
0
0 3 6 9 12
Abscisse curviligne (m)
0
0 3 6 9 12
Sud Abscisse curviligne (m) Nord -3
La figure 8.18 représente les déplacements du massif et du revêtement obtenus numériquement pour
les calculs sans gonflement (c7) et avec gonflement (c7b). Les résultats numériques confirment que le
gonflement influence le mouvement du massif dans une zone proche du radier avec une direction
privilégiée, qui est normale au pendage (figure 8.18.b).
Echelle 0,02 m
219
L’étude des déplacements dans la profondeur du massif doit être menée en tenant compte de
l’emplacement des deux extensomètres placés sous le radier au PM 1404 (figure 8.5) : un en clé de
radier et l’autre placé à 45° sous le côté Nord du radier.
Les figures 8.19 et 8.20 représentent respectivement les déplacements du massif parallèlement et
perpendiculairement aux extensomètres. On constate que l’influence du gonflement se manifeste
principalement sur le déplacement parallèle en clé de radier et sur le déplacement perpendiculaire sur
la partie située à 45° côté Nord.
12 12
Déplacement parallèle à l'extensomètre (mm)
9 9
c7b c7c c7b c7c
6 6
Clé de radier
Côté Nord
3 3
0 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Profondeur (m) Profondeur (m)
Figure 8.19 : Déplacements parallèles aux extensomètres D565 (clé de radier) et D521 ( côté Nord)
12 12
Déplacement normal à l'extensomètre (mm)
c7 c7a
Déplacement normal à l'extensomètre (mm)
c7 c7a
c7b c7c
9 9
c7b c7c
6
6
3
Côté Nord
Clé de radier
3
0
0 5 10 15 20
0
0 5 10 15 20 Profondeur (m)
Profondeur (m) -3
220
L’influence du gonflement correspond à environ un rayon, soit 7 mètres, sous le radier et environ un
diamètre sur le côté Nord. Sur la figure 8.18, la représentation des déplacements d’ensemble du
massif des calculs c7 (sans gonflement) et c7b (avec gonflement) permet de confirmer l’influence du
gonflement dans le massif ; sur le côté Nord, le développement du gonflement avec une direction
privilégiée normale au pendage modifie le mouvement de convergence du massif sur une grande
étendue mais avec une faible amplitude alors que sous la clé, le gonflement tend à amplifier la
convergence du terrain vers le tunnel sur une zone proche du radier.
Le tableau 8.3 rassemble les mesures obtenues à partir de l’extensomètre D565 placé sous le radier
et les déplacements parallèles obtenus numériquement aux mêmes emplacements. On constate que
les calculs mettent en évidence des déplacements non nuls en bout d’extensomètre, ce qui laisse
penser que la longueur de ces appareils est insuffisante pour se rendre compte de l’ensemble des
déplacements qui se développe dans le massif. Dans ces conditions, la comparaison entre mesures et
calculs doit être menée en valeur relative entre deux cellules de mesure.
Tableau 8.3 : Comparaison des mesures et des déplacement parallèles aux extensomètres
Profondeur In situ (mm) c7 (mm) c7a (mm) c7b (mm) c7c (mm)
0,5 m 4,00 4,73 6,26 8,14 9,39
Clé de 3m 0,66 3,52 3,97 4,51 4,77
Radier 5,5 m 0,22 2,64 2,81 2,99 3,01
D565 7m 0,00 2,23 2,32 2,40 2,38
0,5 m 4,21 0,43 0,12 0,00 -0,07
Nord 3m 3,95 0,22 0,04 -0,01 -0,04
D521 5,5 m -0,31 0,16 0,06 0,06 0,07
7m 0,00 0,13 0,06 0,08 0,10
On remarque alors que le déplacement relatif important mesuré à proximité du radier n’est pas
restitué par le calcul classique en élasticité alors que l’introduction de la loi de gonflement permet de
reproduire cette distribution non linéaire des déplacements. Ainsi entre 0,5 et 3m de profondeur sous
la clé de radier, le déplacement relatif mesuré de 3,3mm par l’extensomètre D565 est bien approché
par le calcul c7b qui donne un déplacement de 3,6mm (contre 1,2mm, 2,3mm et 4,6mm pour les
calculs c7, c7a et c7c). Entre 3m et 7m, les résultats numériques et in situ diffèrent nettement ; ce qui
221
peut provenir d’une propagation incomplète du phénomène de gonflement alors que le calcul est
mené en faisant l’hypothèse d’un phénomène stabilisé à moyen terme.
On notera tout de même que les mesures mettent en évidence un mouvement de bloc rigide du
terrain compris entre 0 et 3m alors que la cellule située à 5,5m exprime une compression du terrain
compris entre 5,5 et 7m. Ces résultats in situ semblent exprimer l’apparition d’une fissure entre 3 et
5,5 mètres caractérisant une rupture du matériau qui ne peut être modélisée par un calcul aux
éléments finis. Cependant, les calculs numériques indiquent tout de même une plastification du terrain
uniquement à l’extrémité Nord du radier, comme le montrent les résultats de la figure 8.21.
Déformations plastiques
222
Cette analyse montre que la loi de gonflement permet de se rapprocher des mesures in situ sous la
clé de radier. L’étude paramétrique conduit à privilégier une valeur de l’indice de gonflement B g
égal à 0,3 %. Ce choix demande à être vérifié à partir des mesures avec les autres capteurs.
La figure 8.22 représente la contrainte moyenne calculée dans le béton le long du radier. On constate
que le gonflement influe nettement sur les efforts dans le béton en les augmentant aux extrémités du
radier et en les réduisant à proximité de la clé.
15000
Contraintes moyennes dans le béton (kPa)
c7 c7a
c7b c7c
10000
5000
Sud Nord
0
0 3 6 9 12
Abscisse curviligne (m)
-5000
Figure 8.22 : Résultats des contraintes moyennes dans le béton le long du radier
Dans la zone centrale (3m < s < 6m) , on constate que la contrainte moyenne obtenue
numériquement devient négative avec la prise en compte du gonflement, ce qui met en évidence des
contraintes de traction dans le radier.
Les figures 8.23 et 8.24 présentent respectivement l’état de contraintes et les zones de traction
obtenus dans le revêtement pour les calculs c7 et c7b. La figure 8.24 montre que la prise en compte
du gonflement développe une zone de traction à l’intrados du radier de longueur limitée (zone
comprise entre s = 3 et 6m) et de profondeur limitée (au plus la moitié de l’épaisseur du radier au
niveau de l’abscisse s = 4,5m où le radier est tangent au pendage), l’extrados du radier restant
toujours en compression (figure 8.23). Dans cette zone du radier soumise à des efforts de traction à
l’intrados, les efforts de compression seront repris par l’épaisseur non fissurée du radier.
223
Echelle 50000 kPa
Zone de traction
224
La comparaison de ces résultats aux valeurs mesurées in situ doit tenir compte de l’emplacement des
extensomètres à corde vibrante noyés dans le béton (figure 8.6). Du fait de l’incertitude sur la mise
en place de ces extensomètres, l’analyse a été élargie à une zone délimitée par les sections 4-5 du
côté Sud correspondant aux capteurs 47, 48 et 49 et par les sections 11-12 du côté Nord
correspondant aux capteurs 44, 45 et 46 (figure 8.16). On souligne que les deux zones choisies
symétriques par rapport à l’axe vertical et s’étendant sur 60 cm en radier sont compatibles avec
l’emplacement effectif des capteurs (figure 8.6).
Le tableau 8.4 représente les résultats numériques et in situ correspondant aux contraintes dans le
béton. Pour l’étude numérique, on précise la valeur minimale, moyenne et maximale déterminée dans
la zone du radier étudiée. Les valeurs in situ ont été déterminées à partir des déformations des
capteurs en enlevant la contribution du retrait, estimée à 50 µm / m et en considérant un module
Le tableau 8.4 montre que la prise en compte du gonflement accentue la dissymétrie des contraintes
dans le radier par rapport aux résultats obtenus avec le calcul classique (c7). La comparaison des
résultats numériques et des mesures in situ montre que le meilleur calage est obtenu avec le calcul
c7b.
Tableau 8.4 : Résultats in situ et numériques des contraintes moyennes dans le radier
225
Afin d’étudier l’incidence des effets de gonflement sur la tenue du radier, les résultats sont comparés
aux valeurs limites déduites des recommandations de l’AFTES sur l’utilisation du béton non armé en
tunnel (1998), et qui consistent à vérifier la flexion d’une section à l’état limite ultime (ELU) en
considérant que le béton ne possède pas de résistance à la traction. Les sollicitations aux ELU
( N u , M u ) , effort normal et moment ultimes, sont déduites des sollicitations calculées (M, N ) par
• Nu < Na :
0,3 * h
Nu(c7b) Na(c7b)
e(c7)
e(c7b)
0,2
Excentricité (m)
5000
0,1
0
0
0 3 6 9 12
0 3 6 9 12
Sud Abscisse curviligne (m) Nord Sud Abscisse curviligne (m) Nord
226
Si la zone de traction ne possède pas de béton armé (le ferraillage étant mis en place à partir des
piédroits sur une distance limitée, environ 3m), l’effort normal de la section se reporte alors sur la
partie non fissurée du radier. Ainsi pour l’abscisse s = 4,5m , l’effort normal N (avoisinant a priori
700 kN comme pour le calcul sans gonflement) se reportera sur la partie non fissurée (équivalent à la
moitié de l’épaisseur initiale du radier soit 25 cm) sous forme d’une contrainte de compression
proche de 3 MPa, bien inférieure à la résistance en compression du béton.
Ces résultats montre que l’apparition d’une zone de traction limitée à l’intrados du radier peut
entraîner une augmentation notable des contraintes de compression à l’extrados tout en conservant
un niveau acceptable pour la stabilité de la contre-voûte. Cette conclusion est d’autant plus
satisfaisante que l’épaisseur réelle du radier est supérieure à la valeur retenue dans le calcul à cause
des hors-profils réalisés lors de l’excavation du radier, pouvant atteindre 10 à 15 cm, ce qui laisse
supposer que les contraintes de compression et l’excentricité de la section in situ sont plus faibles
que ceux déterminés numériquement.
3000
Contrainte normale au radier (kPa)
c7 c7a
c7b c7c
2000
1000
0
0 3 6 9 12
Sud Abscisse curviligne (m) Nord
227
La comparaison des mesures aux résultats numériques doit être menée en tenant compte de
l’emplacement des cellules de pression totale indiqué sur la figure 8.6. Dans la mesure où
l’emplacement exact de ces cellules n’est pas connu, on a retenu une zone correspondant aux
différents capteurs (figure 8.16) situés autour de la section 3 pour les capteurs 97-103, de la section
5 pour les capteurs 98-99, de la section 11 pour les capteurs 100-101 et de la section 13 pour les
capteurs 102-104. Cette répartition a été déterminée en retenant, comme sur la figure 8.6, un
emplacement des cellules au même niveau que les extensomètres à corde vibrante et en respectant la
symétrie longitudinale de l’ouvrage.
Le tableau 8.5 rassemble les résultats des mesures in situ obtenus par les différents capteurs et les
résultats numériques. La solution numérique des côtés Sud et Nord correspond à une valeur
moyenne de la contrainte normale autour de la section considérée. La contrainte normale en clé de
radier (section 8) a été ajoutée à titre indicatif de la valeur minimale appliquée sous le radier.
Le tableau 8.5 montre que la dissymétrie des contraintes d’interface observée in situ est bien
restituée par le modèle numérique. L’analyse des mesures aux extrémités fait apparaître que les
contraintes sont mieux estimées avec les calculs c7b ou c7c, surtout si l’on fait abstraction des
résultats des capteurs situés près du milieu du radier qui donnent des résultats peu significatifs.
228
8.4.1.4 - Conclusions
Dans la suite, on présentera une étude complémentaire permettant de mieux apprécier l’incidence
des hypothèses retenues pour modéliser le phénomène.
Pour simplifier l’analyse, tous les résultats présentés dans la suite décriront quelques grandeurs
caractéristiques du comportement in situ déjà présentées : le déplacement relatif ∆ v sous la clé de
radier entre 0,5 et 3m de profondeur, la valeur moyenne de la contrainte dans le béton σ bn (côtés
Sud et Nord) et la valeur moyenne de la contrainte d’interface σ int erface située près des piédroits
Un calcul a été réalisé pour étudier l’influence du plan de stratification, en reprenant les mêmes
paramètres que pour le calcul c7b. Le nouveau calcul c7d a été effectué en prenant une direction
privilégiée du gonflement verticale. Dans ce cas, on constate que l’influence du gonflement est
notable mais plus symétrique.
Le tableau 8.6 montre que les résultats du calcul c7d diffèrent nettement des mesures in situ car la
contribution du gonflement symétrique par rapport à l’axe vertical ne permet pas de rendre compte
du comportement dissymétrique du radier, contrairement au calcul c7b qui exprime un gonflement
perpendiculairement au pendage.
229
Tableau 8.6 : Principaux résultats obtenus pour le calcul c7d
Les calculs du paragraphe 8.4.1 ont été menés en supposant que le gonflement concernait
uniquement le terrain sous le radier et ont montré que l’influence du gonflement était limité en
profondeur. En supposant que la zone gonflante concernait tout le massif encaissant autour du tunnel,
un calcul complémentaire, noté c7e, a été engagé pour étudier l’influence de l’étendue de la zone
gonflante. Le tableau 8.7 compare les principaux résultats comparés à ceux donnés par le calcul c7e.
On constate que les résultats du calcul c7e sont similaires au calcul c7b. La prise en compte du
gonflement tout autour du tunnel ne modifie pas son influence sur le radier mais uniquement sur la
voûte, de façon localisée et sans compromettre sa stabilité.
Lorsqu’on étudie exclusivement le comportement du radier, comme dans notre étude, l’introduction
d’une zone gonflante tout autour du tunnel ne modifie pas les résultats par rapport au cas d’un
extension limitée sous le radier.
230
8.4.2.3 – Influence du paramètre d’anisotropie ν g (ou ν app)
L’étude expérimentale a conduit à introduire un coefficient de Poisson apparent ν app pour simuler le
niveau de contraintes radiales élevé observé au cours du déchargement axial des éprouvettes. Pour
étudier l’influence de ce paramètre, un calcul, noté c7f, a été effectué en conservant le coefficient de
Poisson ν égal à 0,3. Ce cas correspond à une loi de gonflement calée sur des essais de type
Huder-Amberg avec un œdomètre classique, c’est-à-dire sans mesurer la contrainte radiale.
Le tableau 8.8 montre que le calcul c7f donne des résultats similaires au calcul c7b avec des
contraintes légèrement supérieures. Pour le tunnel de Chamoise, la caractérisation tridimensionnelle
du gonflement n’est donc pas un facteur prépondérant dans la modélisation du gonflement.
Dans le chapitre 7, on a montré que le phénomène de gonflement pouvait aussi affecter la résistance
du matériau à long terme. Le calcul c7g reprend les paramètres du calcul c7b, mais introduit une
cohésion de 2000 kPa déduite de la méthode de calage au lieu de 6000 kPa déterminé
expérimentalement.
La figure 8.27 montre, dans ce cas un développement de la plasticité plus fort sous le radier
contrairement aux calculs c7 ou c7b pour lesquels la plasticité reste localisée. Le tableau 8.9 montre
qu’il en résulte (pour le calcul c7g) une augmentation considérable des efforts dans le radier, ce qui
n’est pas observé in situ. Par conséquent, la rupture déterminée expérimentalement sur échantillon ne
semble pas se produire dans le massif excepté au niveau des piédroits, (extensomètre D521), ce qui
est simulé correctement par le calcul c7b.
231
Déformations plastiques
L’absence de plastification sous le radier pourrait s’expliquer par l’une des hypothèses suivantes :
- la zone gonflante réelle reste localisée sous la clé de radier, correspondant à la zone non plastifiée
du calcul c7g (figure 8.27);
- un effet d’échelle conduirait à exagérer la réduction de la cohésion due à l’imbibition du matériau
sur échantillon. Dans les faits, la cohésion réelle du massif imbibé doit être affaiblie par l’arrivée
d’eau mais de façon moins notable que sur des essais en laboratoire, ce qui doit limiter l’étendue de
la zone gonflante.
232
Ce calcul permet de mettre en évidence l’importance de la cohésion et du gonflement sur le
comportement à long terme du radier et laisse penser que le développement du gonflement influe peu
sur la cohésion du matériau à grande échelle.
Les résultats précédents ont montré que le calcul c7b permettait de simuler le comportement à
moyen terme du radier en tenant compte d’un fluage total du béton et d’un fluage partiel du terrain
associé au processus lent du gonflement.
Il est intéressant d’étudier l’influence du gonflement à très long terme caractérisé par le fluage
complet du terrain. On s’intéressera aux calculs c8 et c8b simulant le comportement à très long
terme faisant suite aux calculs c7 et c7b analysés précédemment. Le tableau 8.10 récapitule les
résultats obtenus pour les calculs c8 et c8b. On constate que le gonflement influe aussi notablement
sur le comportement à très long terme avec un soulèvement de 5,4mm par rapport au cas classique
(c8) et des contraintes nettement plus élevées dans la partie Nord du radier.
Tableau 8.10 : Résultats principaux obtenus à très long terme pour les calculs c8 et c8b
8.5 - Conclusions
Ce chapitre a permis de mettre en pratique le modèle de gonflement présenté dans la partie III. A
partir des mesures in situ traduisant le développement du gonflement, on a mis en place un calcul
numérique simulant l’excavation et le comportement à long terme du tube Nord du tunnel de
Chamoise.
233
Les résultats numériques ont montré que l’utilisation d’une loi de gonflement calée expérimentalement
permet de reproduire l’essentiel du comportement observé in situ. Le meilleur calage est obtenu pour
un indice de gonflement B g égal à 0,3%, correspondant à la valeur moyenne du potentiel de
gonflement déduite d’essais en laboratoire. Par contre, la prise en compte des effets tridimensionnels
de gonflement n’apparaît pas essentielle dans la modélisation du gonflement pour ce tunnel.
Les calculs ont aussi montré que la direction privilégiée du gonflement suit la normale au pendage ; la
prise en compte de cet effet permet de retrouver les efforts dissymétriques mesurés dans le radier.
La réduction de la cohésion déterminée en laboratoire n’est confirmée par la comparaison entre
calculs et mesures in situ.
Cette étude numérique montre que le modèle de gonflement proposé permet de simuler
correctement le comportement observé du tube Nord de Chamoise. Les calculs et les mesures
indiquent que le développement du gonflement peut entraîner des efforts plus importants dans le
radier et des moments localisés élevés tout en restant acceptable pour la stabilité de l’ouvrage. Ces
résultats numériques et les mesures in situ non stabilisées incitent à poursuivre la surveillance de cet
ouvrage au cours des prochaines décennies pour contrôler le comportement à plus long terme.
234
CONCLUSIONS GENERALES
235
contrainte appliquée à l’aide de deux paramètres : une pression de gonflement σ g et un indice de
gonflement C g .
Quelques précautions d’usage doivent être respectées au niveau du prélèvement pour conserver un
matériau proche de son état in situ (teneur en eau naturelle, fracturation, anisotropie structurelle) et au
niveau de la procédure d’essai pour éviter les phénomènes parasites tels que le frottement ou le
report du gonflement entre les paliers de déchargement successifs (parois intérieures huilées,
répartition des paliers de déchargement équilibrée, durée des paliers suffisante).
Dans une deuxième partie de notre travail, deux approches complémentaires ont été mises en œuvre
pour simuler les effets du gonflement :
- une approche analytique consistant à introduire une contribution de gonflement dans la méthode
convergence-confinement (Panet et Guellec, 1974) ;
Pour parfaire la prise en compte du gonflement dans un calcul de tunnel, un modèle numérique de
gonflement a été introduit dans le logiciel CESAR-LCPC. Le travail a consisté à définir et à
implanter une loi tridimensionnelle anisotrope de gonflement basée sur la loi expérimentale d’Huder-
Amberg et caractérisée par trois paramètres : une pression de gonflement σ g représentant le seuil de
gonflement supposé réversible a été intégré dans une loi élastoplastique avec le critère de rupture de
Mohr-Coulomb.
236
Dans un troisième temps, ce modèle a été appliqué à deux situations pratiques : d’une part, le cas
d’un échantillon soumis à un essai de gonflement et, d’autre part, un ouvrage instrumenté affecté par
le gonflement des terrains sous le radier.
L’étude d’un essai de gonflement en phase de déchargement a permis de valider le choix de la loi de
comportement et d’étudier la sensibilité de ses principaux paramètres. La confrontation de la loi
élastoplastique avec les résultats expérimentaux a montré que le meilleur calage des déformations
verticales est obtenu pour un facteur d’anisotropie β égal à 1. Cependant, la mesure des contraintes
Cette analyse expérimentale a aussi montré l’influence du gonflement sur la rupture de l’échantillon
puisqu’au cours du déchargement, un échantillon imbibé conserve un niveau élevé de contraintes
radiales, ce qui peut conduire à une rupture en extension de l’échantillon. La confrontation de cette
rupture observée avec les paramètres plastiques de Mohr-Coulomb semble montrer que l’arrivée
d’eau dans l’échantillon diminue la cohésion effective du matériau, ce qui favorise l’apparition de la
plasticité.
Le gonflement des marnes a été modélisé comme un effet différé intervenant de manière
concomitante au fluage. La comparaison des mesures in situ et du calcul à moyen terme,
correspondant à un fluage partiel du terrain avec les paramètres à long terme du béton a montré que
la loi de comportement retenue permettait de mieux reproduire les efforts dissymétriques du radier et
les déplacements importants dans le terrain avoisinant que dans le cas d’une analyse élastique.
Une étude paramétrique appliquée à cet ouvrage a conduit à un plan de gonflement parallèle le
pendage, une faible influence du comportement tridimensionnel de gonflement et une absence de
plastification sous le radier.
237
L’étude numérique a montré que la loi élastoplastique de gonflement proposée permettait de bien
rendre compte des comportements observés expérimentalement et in situ. Le modèle développé
peut maintenant être testé sur d’autres ouvrages sujets à des problèmes de gonflement.
Une autre piste de développement dans ce domaine pourrait être de combiner ce modèle avec une
approche hydromécanique, permettant de simuler l’évolution dans le temps des effets de gonflement.
238
ANNEXE A : Procédures d’essais normalisées
A.1 - ASTM D4546 (American Society for Testing and Materials, 1985)
L’American Society for Testing and Materials (ASTM, 1985) préconise trois procédures d’essais à
l’oedomètre (figure A.1) :
Méthode I :
Boucle de chargement, déchargement, rechargement (chemins 1, 2 et 3) puis imbibition et
gonflement libre sous le poids du piston jusqu’à ce que le mouvement du piston devienne négligeable
(chemins 3 et 4). Dans un dernier temps, on procède à un chargement par paliers pour ramener
l’éprouvette à sa hauteur initiale (chemins 4 et 5) ;
Méthode II :
Gonflement sous une charge constante égale à la contrainte verticale en place jusqu’à ce que le
mouvement du piston devienne négligeable (chemins 2 et 3), puis chargement par paliers pour
ramener l’éprouvette à sa hauteur initiale (chemins 3 et 5).
Méthode III :
Gonflement à volume constant à partir du poids des terres (chemins 2 et 3). L’essai est poursuivi par
un essai oedométrique conventionnel avec boucles de chargement-déchargement, afin d’évaluer le
potentiel de gonflement.
Dans les méthodes II et III, l’éprouvette est préalablement chargée dans son état naturel sous le
poids des terres. Dans la méthode I, un cycle de chargement-déchargement peut être appliqué, avant
imbibition. Ces procédures sont accompagnées de recommandations pour le stockage et la
préparation des échantillons. Les paramètres mesurés sont indiqués à titre indicatif sur la figure A.1.
247
Les essais commencent au point 1.
CCM : Construction de Casagrande Modifiée
CC : Construction de Casagrande
Indice des vides Indice des vides
0,92 0,88
4
e se = 0, 908
e vo = 0,820
0,88 0,84
σ vo = 100 kPa
3
e vo = 0 ,830
0,84 σ vo = 100 kPa 0,80 1
σ G = 350 kPa
5 4
e o = 0 ,785 2 5
1 0,76 Imbibition
0,80 σ G = 400 kPa
e o = 0 , 785
3
Imbibition 2 Contrainte axiale (kPa)
Contrainte axiale (kPa)
0,76 0,72
1 10 100 1000 10 000 1 10 100 1000 10 000
1 σ G = 380 kPa
'
0,80
e o = 0,785 3
4 CCM σ vm = 780 kPa
2
0,76 Imbibition σ G = 280 kPa 5
CC
Recompression
0,72
6 CC
Décharge e 2 = 0 ,671
0,68
7 σ 2 = 2560 k P a
Contrainte axiale (kPa)
0,64
1 10 100 1000 10 000
(c) Méthode III : Gonflement à volume constant à partir du poids des terres
Figure A.1 : Procédures d’essais de gonflement de ASTM D4546 (1985)
248
A.2.a - Description des procédures d’essais
Méthode 1 :
L’essai avec saturation à volume constant du sol sous poids des terres (e = e o ) , est destiné en
1
Cg
ed
eo
Log σ
'
Imbibition
'
σd σ vo σg
' '
σ vf
'
ed ed
eo eo
Log σ
'
Log σ
'
Imbibition
'
σ vo
'
σd σg
'
σd σ vo
' '
σg
'
Méthode 2 :
L’essai avec gonflement libre sous poids des terres, est destiné à évaluer l’amplitude de gonflement,
mais permet aussi d’estimer σ g . Deux variantes peuvent être envisagées pour cet essai, suivant que
249
la contrainte σ vf induite au sein du terrain par l’état de service de la structure est supérieure ou non
au poids des terres. Dans les deux cas, l’échantillon est saturé sous le poids des terres, puis :
- rechargé de manière progressive jusqu’à ce qu’il retrouve sa hauteur avant saturation, pour être
ensuite ramené progressivement à la précontrainte σ d . Cet essai est adapté au cas où σ vf > σ vo ;
Cette dernière procédure nécessitant quelques précautions d’utilisation, il est apparu judicieux
d’utiliser le critère suivant : le palier de déchargement (i + 1) est amorcée lorsque la variation du taux
égale à 95 % de la variation du taux de gonflement ∆ ε i,∞ que le sol serait susceptible de manifester
Dakshanamurthy (1978), Vayssade (1978), Parcevaux (1980) et Didier et al. (1985) ont montré
qu’expérimentalement, la cinétique du gonflement, en règle générale, peut être approchée par une
relation hyperbolique de la forme :
250
t
∆ ε i (t ) = ∆ ε i ,∞
B+ t
On démontre aisément que ∆ ε i,∞ est égal à l’inverse de la pente de la droite de régression des
t
points expérimentaux exprimés dans le diagramme , t , complété au fur et à mesure des
∆ε i ( t )
lectures par l’opérateur, en parallèle avec le tracé du diagramme (∆ ε i (t ), Log t ) .
l’aide de la relation :
ε i ,∞ = ε i −1 + ∆ ε i ,∞
dans laquelle ε i−1 est le taux de gonflement mesuré de l’éprouvette à la fin du palier précédent,
Le choix de cette équation se justifie par le fait que le phénomène de gonflement correspondant au
palier i − 1 n’étant pas stabilisé au début du palier i ; la valeur de ∆ ε i,∞ calculée par la loi
hyperbolique intègre le cumul des résidus de déformation des étapes précédentes. Le calcul de ε i ,∞
par la relation
i
ε i , ∞ = ∑ ∆ ε j, ∞
j=1
considérera que la pente C g de la droite théorique constitue une valeur approchée de l’indice de
gonflement du sol, reliant la variation du taux de gonflement à celle de logarithme des contraintes
effectives.
251
A.3 - ISRM (International Society for Rock Mechanics, 1989)
La Société Internationale de Mécanique des Roches (ISRM, 1989) donne des recommandations
pour l’échantillonnage, le stockage et la préparation des éprouvettes et propose trois méthodes
d’essais :
- gonflement libre d’une éprouvette non confinée, immergée dans un bac, avec mesure des
déformations de gonflement axiale (à l’aide d’un comparateur) et radiale (à l’aide d’une bague
graduée) ;
- gonflement à volume constant pour déterminer une pression maximale de gonflement ;
- gonflement sous plusieurs paliers de décharge (figure A.3).
Cette dernière procédure basée sur l'essai Huder-Amberg a pour but de mesurer la déformation
axiale de gonflement d’une éprouvette de roche placée dans un oedomètre et résultant de la
décharge du matériau à partir de la valeur maximale de la contrainte (le poids des terres, par
exemple) jusqu’à une valeur compatible avec le projet. Elle est applicable aux cas où les conditions
aux limites sont assimilables aux conditions oedométriques.
Pour chaque palier de déchargement sous imbibition, on distingue la part instantanée de la
déformation ∆ ε σ directement liée au déchargement et la part ∆ ε due au gonflement par adsorption
ε tot = ε σ + ε
ε
ε = ∑ ∆ε
∆ε ε tot
∆εσ
∆σ Contrainte axiale (kPa)
1 σB σA
4
5
3
2
Figure A3 : Procédure d’essais de gonflement de ISRM (1989)
252
A.4 - ISSMFE (International Society for Soils Mechanics and Foundation
Engineering, 1990)
La Société Internationale de Mécanique des Sols et Travaux de Fondations (ISSMFE, 1991)
propose une méthode d’essais basée sur des oedomètres en parallèle (figure A.4). Plusieurs
éprouvettes d’un même sol sont imbibées dans des cellules oedométriques et sous différentes
charges, ce qui permet de déterminer une pression de gonflement σ g et un coefficient C g . La
Cg
6
4 +
+
2 σ g (112 kPa )
+
1 2 3
0
1 10 100
contrainte axiale (kPa)
Figure A.4 : Procédure d’essais de gonflement ISSMFE (1991)
253
- chargement jusqu’à la contrainte σ vo , correspondant au poids des terres, puis imbibition
respectivement pendant trois jours. Les éprouvettes sont mises en présence d’eau pendant quatre
jours supplémentaires. L’évolution de la déformation axiale ε a est enregistrée au cours du temps.
Suivant la nature du matériau testé, son état résultant du compactage et le niveau de chargement,
cette opération peut provoquer un gonflement ou un effondrement. Une courbe C1 représentent
alors les déformations obtenues au bout de trois jours, pour chacune des six éprouvettes, sous les
charges qui leur sont appliquées tandis qu'une courbe C2 montre les déformations de chacune des
éprouvettes, sous ces mêmes charges, après quatre jours d’imbibition. La comparaison de ces deux
courbes renseigne, d’une part, sur la compressibilité du sol compacté et, d’autre part, sur sa
sensibilité à l’imbibition.
254
Annexe B : Matériels utilisés pour les essais
de gonflement
La flexibilité de l’anneau dynamométrique de l’appareil de Palit a, dans un premier temps, été très
contestée et décrite comme la cause d’erreurs dans la détermination de la pression de gonflement
(Agarwal et al., 1973 ; Didier, 1973). De fait, il est prouvé que le moindre déplacement autorisé
réduit fortement la contrainte exercée. Pour remédier à cela, plusieurs améliorations ont été
apportées au dispositif œdométrique. Elles consistent soit à automatiser la remise sous contrainte des
échantillons dès l’apparition du moindre déplacement axial (Agarwal et al., 1973), soit à rigidifier
l’ensemble de l’appareillage (Didier, 1973).
255
La presse asservie d’Agarwall et al. (figure B.2) permet un contrôle en déplacement très fin. Une
remise en charge de l’échantillon a lieu dès que le déplacement axial est supérieur à 1/12 de mm,
∆V
c’est à dire que la variation du volume atteint la valeur = 3.10 − 2 .
V
Didier (1973), pour sa part, préfère confiner l’échantillon dans une cavité rigide (figure B.3.a), la
pression de gonflement étant déduite de la mesure de la déflexion d’une plaque d’acier pré-
∆V
étalonnée. Cette cellule rigide permet une précision sur le volume de l’ordre de = 10 −3 .
V
Il décrit aussi une autre cellule basée sur le principe oedométrique (figure B.3.b), qui permet de
suivre la pression de gonflement exercée à volume constant en fonction de l’état de succion de
l’échantillon. Cet appareil permet de bloquer totalement le piston durant la saturation et donc
d’obtenir la valeur de la pression de gonflement pour un volume rigoureusement constant. Il permet
256
(a) 1973 (b) 1980
Figure B.3 : Cellule de mesure de la pression de gonflement de Didier
(Komornik et Zeitlen, 1965, 1970 ; Ofer, 1981 ; Erol et Ergun, 1994) ; cet œdomètre modifié est
appelé œdomètre “ K o ” (figure B.4). Dans ce cas, la rigidité de la bague doit être rigoureusement
257
L’étude expérimentale du gonflement en laboratoire s’effectue aussi avec le contrôle de succion
(Schreiner et al., 1994) ou de la contrainte latérale et de la succion (Schreiner et al., 1994).
Figure B.5 : Appareillage triaxial pour des essais de gonflement (Yesil, 1993)
258
eau du papier filtre et l'utilisation de la courbe adéquate (Chandler et al., 1986). On obtient ainsi la
succion du sol dans son état de référence.
L’appareillage utilisé par Ofer (1984) est un cylindre muni de jauges de contraintes latérales,
permettant de mesurer la contrainte horizontale agissant sur son pourtour. Il s’agit en quelque sorte
d’un œdomètre “inversé” avec une mesure du coefficient K o . Deux anneaux circulaires placés au
150
100
50
scissomètre Log t en mn
anneau
avec jauges 10 100 1000 10000
Flavigny et al. (1991) ont développé un dispositif pressiométrique dit “Expansol”, conçu pour opérer
à faible profondeur dans des conditions habituelles d’essais. Il s’agit de deux sondes
pressiométriques superposées reliées chacune à un système de mise en pression (de type générateur
de pression asservi) entre lesquelles se trouve un dispositif d’humidification. La sonde supérieure est
dévolue aux essais pressiométriques normaux tandis que la sonde inférieure permet de réaliser deux
types d’essais pendant l’humidification :
- soit un essai de gonflement libre en asservissant la pression dans la sonde à sa valeur initiale,
- soit un essai de pression de gonflement en maintenant le volume à sa valeur sous contrainte initiale.
259
On remarque que l’essai est d’une durée très faible et ne donne que la première partie de la courbe
obtenue par Ofer.
Pression latérale
normalisée
1,00
sonde anneau sonde Sol naturel
0,70
t en mn
1 2 20 40 60
Figure 1.2 : Appareil de Flavigny et al. (1991) et exemple d’un essai de pression de gonflement
260
ANNEXE C : Détermination de la courbe
caractéristique du terrain
Cet annexe détaille le calcul de la courbe caractéristique du terrain pour la méthode convergence-
confinement. Le problème et les paramètres sont définis au paragraphe 4.3.1.
R2
σ r (r ) = 1 − λ 2 σ o = σ 3
r
R 2 (1 + ν ) σo R2
u r (r ) = λ et σ θ (r ) = 1 + λ 2 σ o = σ1
r E r
σ y (r ) = σ o = σ 2
σ + σ 2 + σ3
contrainte moyenne 1 est uniforme est égal à σ o et que, par contre, les contraintes
3
déviatoriques (= σ1 − σ 3 ) sont maximales sur les parois de l'excavation et décroissent dans le massif
au fur et à mesure qu'on s'éloigne du tunnel. Par conséquent, les zones les plus sollicitées sont les
bords de l’excavation.
261
σo − σ eR σc + (K p − 1) σ o
λe = =
σo (K p + 1) σ o (C.1)
Lorsque la pression σ R est inférieure à σ eR , il se développe autour de la cavité une zone plastique
2 σo − σc
avec σ R p = σ r (R p ) = = σ R (début de la plasticité en r = R p )
e
Kp +1
Dans la zone plastique, on fait l'hypothèse que l'on se trouve en régime de face ( σ θ > σ y > σ r avec
262
Les déformations plastiques suivent alors la loi d'écoulement :
dε pr = dε1p = − κ p d λ
∂g
dε = dλ
p
dε y = d ε 2 = 0
p p
soit
∂σ p
dε θ = dε 3 = dλ
p
d’où dε pr + κ p dε pθ = 0
1 + sin ψ
On définit alors la dilatance ψ tel que κ p = .
1 − sin ψ
∂g ∂f
si κ p = K p ou ψ = ϕ , la loi d'écoulement est associée : = .
∂ σ ∂σ
∆ε y = 0 ⇒ ∆σ y = ν (∆ σ r + ∆ σ θ )
K + 1 r
K p −1
σ + 2 ν λ p
o σo − 1 pour R ≤ r ≤ R p
σ y (r ) = K p − 1 R p
e
d’où
σ o pour r ≥ R p
d ur u r 1 − ν2 ν ν
+ κp = κp − 1 − ν (σ θ (r ) − σ o ) + 1 − 1 − ν κ p (σ r (r ) − σ o )
dr r E
que l'on résout avec la condition en déplacement à l'interface zone plastique-zone élastique,
u r (R p ) =
1+ ν
E
(
σ o − σR p R p . )
La solution en déplacement s’écrit alors :
r
K −1
Rp
κ p +1
1+ν
p
263
Kp +1
F1 = −(1 − 2ν )
Kp −1
1 + κ p K p − ν(K p + 1)(κ p + 1)
avec F2 = 2
(K p − 1)(κp + K p )
K +1
F3 = 2 (1 − ν ) p
K p + κp
1− ν
lg 3p
1+ ν
∆ ε vol = k g 1 − (C.4)
lg 1 − ν 3 p
g
1+ ν
où ε vol (= ε r + ε θ ) désigne la déformation volumique ( ε y = 0 , dans le cas des déformations
σr + σθ + σy 1 + ν σg
planes), p = la contrainte moyenne, p g =
1 − ν 3 le seuil de gonflement et k g
3
le gonflement libre.
264
p ( r = R ) est minimale pour un déconfinement total soit λ égal à 1, la condition de gonflement s’écrit
alors :
(1 − 2ν ) σ o + (1 + ν ) σc ≤ p g (œdomètre)
3
σ
Au passage, on rappelle que la condition de plasticité σo ≥ c doit être aussi réalisée, ce qui peut
2
(1 − 2ν) σ o + (1 + ν) σ c
s’écrire ≤ σo .
3
(1 − 2ν ) σo + (1 + ν )σ c
≤ pg ≤ po = σ o (I)
3
(1 − 2ν ) σo + (1 + ν )σ c ≤ p = σ < p (II)
3
o o g
Dans le premier cas, le changement de contraintes significatif pour le gonflement est p g − p tandis
Etude du cas I :
(1 − 2ν )σo + (1 + ν ) σc ≤ p g ≤ p o = σo
3
Lors de l’excavation, la contrainte moyenne p s’écrit :
p (r ) = (1 − 2 ν ) σ o −
1 2 (1 + ν )
σc +
(
2 (1 + ν ) K p + 1 ) r
λ e σo
K p −1
= 1 + ν A + B r
K p −1
3
Kp −1 Kp −1( ) R
p
3 (1 − ν )
R
p
1− ν 2 (1 + ν )
A = (1 − 2 ν ) σ o − σc
1 + ν K p − 1
avec
σc Kp + 1
B = 2 (1 − ν ) σ o + K − 1 = 2 (1 − ν ) λ e σ o K − 1
p p
(K + 1) 2λe
λg =
(K
p
−1)
λe −
B(K p − 1)
(σ g − A ) ≥ λe (C.5)
p
265
Ensuite, la zone de gonflement circulaire progresse à l’intérieur du massif. Le rayon de la zone de
gonflement, noté R g , est alors relié au rayon de la zone plastique par la formule :
1
σg − A K p −1
Rg = Rp ≤ Rp (C.6)
B
Dans la zone de gonflement, on peut alors appliquer la loi tridimensionnelle (équation C.4) et, en
utilisant les relations cinématiques, on obtient l’équation différentielle suivante, en soulignant que
lg ln
l’expression a été remplacée par l’équivalent :
lg ln
K p −1
ln A + B r
R
du gr u gr p
+ = k g 1 − (C.7)
dr r
ln σ g
Cette équation peut être résolue de manière analytique pour des valeurs entières de K p en utilisant
u gr (R g ) = 0
Dans la suite, on se place dans les hypothèses où K p vaut 3 (soit ϕ = 30° ) et 2 (soit ϕ ≈ 20° )
k g R 2p r 2 − R 2g
( ) r2 2
u (r ) =
g
B 1 + ln σ − A + B ln A + B r
r
2 r B ln σ g R 2p
g R 2p R 2p
(C.8)
R 2
R 2
+ A + B ln A + B
g g
R 2 R 2
p p
Pour K p = 2 , la solution est :
k g R 2p 2 r 2 − R 2g 2 2
u (r ) =
g
B (1 + 2 ln σ ) + 2
A − B 2 r
ln A + B
r
4 r B ln σ g R p
r 2 2 g 2
Rp Rp (C.9)
R 2
R r − Rg
− 2 A2 − B2 ln A + B g − 2A B
g
R
2
R p R p
p
266
Le déplacement radial total u R au niveau de l’excavation prend l’expression suivante :
u R = u r (R ) = u pr (R ) + u gr (R ) = f (p )
Etude du cas II :
(1 − 2ν )σo + (1 + ν ) σc ≤ p o = σo < p g
3
Au cours du déconfinement, on constate que le phénomène de gonflement apparaît en même temps
que la plasticité, c’est-à-dire dès que la contrainte moyenne diminue. Dans ce cas, la zone plastique
est équivalente à la zone de gonflement. En utilisant les relations entre déformations et déplacement
radial de gonflement u g , on obtient l’équation différentielle suivante :
K p −1
ln A + B
r
R
g g
p
= k g 1 −
du r u r
+
dr r
1 − ν
ln 3 σo
1+ ν
Les solutions de cette équations sont similaires à celles obtenues dans le cas (I) en remplaçant σ g
1−ν
par 3σ o .
1+ ν
267
268
ANNEXE D : Solution analytique
d’un essai de gonflement
Cet annexe détaille la solution analytique associée à un essai de gonflement valorisant la loi de
gonflement proposée (paragraphe 5.4.1).
Dans la suite, on étudiera l’état initial et la condition d’élasticité associée puis on développera le
calcul analytique pour le déchargement de l’échantillon dans son état naturel et dans son état imbibé.
Les données du tableau 5.1 montrent que l'hypothèse K o ≤ 1 est raisonnable, c'est-à-dire
qu'initialement il n'y a pas d'importantes pressions horizontales (d'origine tectonique par exemple).
( ) = σ (z ) − σ (z ) − ( σ (z ) + σ (z ) ) sin ϕ − 2 c cos ϕ
F σ
o o
zz
o
xx
o
zz
o
xx
F ( σ ) = [ (1 − K ) − (1 + K ) sin ϕ ] [γ ( 1 − z ) + P ] − 2 c cos ϕ
o
soit o o o
2 c cos ϕ
Comme ≥ 0 et K o > 0 , la condition d'élasticité D.1 est vérifiée en
(1 + sin ϕ) [ γ (1 − z ) + Po ]
particulier si 1 ≥ Ko >
1 − sin ϕ
ou c>
(1 − sin ϕ) (γ + P ) .
o
1 + sin ϕ 2 cos ϕ
269
Les courbes représentées sur la figure D.1 permettent d’analyser cette condition d'élasticité. Le
diagramme D.1.b montre qu'un matériau avec une cohésion c supérieure à 0,5 (γ + Po ) permet de
vérifier la condition initiale d'élasticité, quelle que soit la valeur de K o . Par contre, si la cohésion est
condition d'élasticité ; pour K o = 0,5 , il faut ϕ ≥ 20° et pour K o = 0,7 , il faut ϕ ≥ 10° .
1,1 0,6
1
Courbe (1-sin ϕ)/(1+sin ϕ)
(a) (b)
Figure D.1 : Tracé des courbes (1-sinϕ)/(1+sinϕ) (a) et (1-sinϕ)/(2cosϕ) (b)
1 − sin ϕ
Les valeurs du tableau 5.1 montrent que la condition 1 ≥ K o > est réalisée pour tous les
1 + sin ϕ
tunnels ; le choix des paramètres est donc cohérent avec un état initial in situ élastique. Ainsi, dans la
suite, on suppose vérifiée la condition initiale d'élasticité.
D.2. Etude analytique du déchargement pour le matériau dans son état naturel
1+ ν ν
ε xx ( z ) = ∆ σ xx (z ) − ( ∆ σ xx (z) + ∆ σ yy(z) + ∆ σzz (z) ) = 0
E E
ε (z ) = 1 + ν ∆ σ (z ) − ν ( ∆ σ (z) + ∆ σ (z) + ∆ σ (z) ) = 0
yy E
yy
E
xx yy zz
ν ν
soit ∆ σ xx (z ) = ∆ σ yy (z ) = ∆ σ zz (z ) = − λ Po
1−ν 1−ν
270
Au début du déchargement (λ > 0) , l’état de contraintes devient :
σ zz (z ) = γ (1 − z ) + (1 − λ ) Po
ν avec 0 ≤ z ≤ 1
σ xx (z) = σ yy (z ) = K o [ γ (1 − z) + Po ] − 1 − ν λ Po
On constate que la contrainte verticale va décroître plus rapidement au cours du déchargement que
ν
la contrainte horizontale car ≈ 0,5 . Comme initialement la contrainte verticale est supérieure à
1−ν
la contrainte horizontale (K o ≤ 1) , on obtiendra l’égalité des contraintes pour :
λ l (z) =
[γ (1 − z ) + Po ](1 − K o )(1 − ν )
(1 − 2 ν )Po
En haut de l’échantillon (z = 1) , la valeur λ l vaut 0,875 et en bas de l’échantillon 0,884.
La figure D.3 représente l’évolution du critère de plasticité aux deux extrémités de l’échantillon. On
constate alors qu’au cours du déchargement, le critère de plasticité croît mais reste toujours négatif
dans tout l’échantillon. Il n’y a donc jamais apparition de la plasticité.
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
Critère de plasticité F (kPa)
-200 z =1
z=0
-400
-600
-800
-1000
271
Au cours du déchargement élastique, le tenseur des contraintes et la déformation axiale s'écrivent :
σ zz (z ) = γ (1 − z ) + (1 − λ ) Po
ν
σ xx (z) = σ yy (z ) = K o [ γ (1 − z) + Po ] − λ Po avec 0 ≤ z ≤ 1
1− ν
(1 + ν ) (1 − 2 ν ) λ Po
ε zz (z ) = − (1 − ν )
E
D.3. Etude analytique du déchargement pour le matériau dans son état imbibé
On suppose ici, qu'avant le déchargement, l'échantillon a été préalablement imbibé. L’étude de cette
loi sera effectuée en trois étapes distinctes pour bien analyser l’influence de chaque paramètre
introduit sur le comportement du matériau : une première solution analytique sera obtenue pour la loi
élastique non-linéaire seule, ensuite on introduira la notion de seuil de gonflement et enfin on ajoutera
la plasticité.
1+ ν ν β:σ
ε = ∆σ − ∆ (tr σ) 1 + Bg β ln
E E β:σ
o
1−β
avec β = 1+ β n ⊗ n
3
Pour simplifier le calcul, on a considéré un plan de stratification horizontale, c’est-à-dire que la
normale est dirigée selon l’axe (Oz) . Le tenseur d’anisotropie s’écrit alors :
1+ 2β
β zz = 3
β = β = 1− β
xx yy
3
Les conditions initiales et les paramètres mécaniques sont identiques à ceux présentés dans la partie
D.2. L’hypothèse des déformations planes ( ε yy = 0 ) et la condition aux limites œdométrique
272
∆σ xx = ∆σ yy
1− ν ν 1 − β 2 (1 − β) σ xx + (1 + 2β) σzz (D.2)
E ∆σ xx − E ∆ σzz + Bg 3 ln =0
2 (1 − β)σ xx + (1 + 2 β)σ zz
o o
avec ∆ σ zz = −λ Po = σ zz − σozz .
La première équation signifie que, dans la mesure où initialement σ oxx = σ oyy , les contraintes
linéaire fournit, après résolution avec le logiciel Maple, une courbe σ xx = f (λ ) pour un facteur
1 2ν 1 + 2 β 2 (1 − β) σxx + (1 + 2 β)σ zz
ε zz = ∆σ zz − ∆σ xx + Bg ln
3 2 (1 − β)σ xx + (1 + 2β) σzz
o o
E E
ce qui donne,
1 2ν σ
et pour β = 1 ,: ε zz = ∆σ zz − ∆σ xx + Bg ln zz
o
(D.4)
E E σ
zz
Jusqu’à présent, on a supposé que la pression de gonflement était suffisamment grande pour
comparer simplement la loi de gonflement à la loi élastique de Hooke. On introduit maintenant la
notion de pression de gonflement qui permet de déterminer si le phénomène de gonflement se
développe dans l’échantillon. Pour cette étude, on prendra en compte une pression de gonflement de
1000 kPa, valeur rencontrée expérimentalement.
273
Etude de l’état initial
β:σ =
o 1 −β
( )
tr σ + β σ ozz =
o (σ o
zz ) (
+ 2 σ oxx + 2 β σ ozz − σ oxx ) avec n = ez .
3 3
En reprenant l'expression de l'état de contraintes initial, on obtient :
β:σ =
o ( 1 + 2 K o ) + 2 β (1 − K o ) [ γ (1 − z ) + P ]
o
3
1 + 2 Ko
Comme β ≥ 0 , β : σ o est supérieur à [γ (1 − z ) + Po ] , qui varie entre 1667 kPa et 1683
3
kPa dans l'échantillon. Avec une pression de gonflement σ g de 1000 kPa, la condition initiale
β : σo > σ g est donc vérifiée dans tout l'échantillon et le début du déchargement suit la loi élastique
linéaire.
σ zz (z ) = γ (1 − z ) + (1 − λ ) Po
ν
σ xx (z) = σ yy (z ) = K o [γ (1 − z) + Po ] − λ Po avec 0 ≤ z ≤ 1 (D.5)
1− ν
(1 + ν ) (1 − 2 ν ) λ Po
ε zz (z ) = − (1 − ν )
E
Au cours du déchargement, il faut vérifier la valeur de la quantité β : σ − σ g :
[(1 + 2 K o ) + 2β (1 − K o )] [γ (1 − z ) + Po ] 1 + ν + 2β (1 − 2ν )
β : σ − σg = − λ Po − σg
3 3 (1 − ν )
La condition de gonflement sera remplie à la hauteur z lorsque β : σ − σg = 0 , soit :
(1 − ν ) γ σg
λg (z ) = [(1 + 2 K o ) + 2β (1 − K o )] 1 + (1 − z ) − 3 (D.6)
(1 + ν + 2 β (1 − 2 ν )) Po Po
274
On constate ainsi que la condition de gonflement est d'abord vérifiée pour z = 1 et donc que le
gonflement se produit d'abord en haut de l'échantillon avant de se propager dans l'échantillon. Or
( )
Après l'apparition du gonflement λg < λ ≤ 1 , le matériau suit la loi de gonflement. Compte tenu de
( ( ) ( ))
l'état obtenu à la fin de la phase élastique Hookéenne σ H λg , ε Hzz λg , l'état de contraintes σ et
1− ν ν 1 − β 2 (1 − β) σ xx + (1 + 2β) σ zz
∆σ xx − ∆ σ zz + Bg ln H
= 0
E E 3 2 (1 − β ) σ H
+ (1 + 2 β ) σ zz
xx
(D.7)
ε (z ) = ε H + (1 + ν ) [∆ σ zz − ∆ σ xx ] − β (1 − 2 ν )[∆ σ zz + 2 ∆ σ xx ]
zz
zz
(1 − β) E
σ zz (z ) = γ (1 − z ) + (1 − λ ) Po
avec
( ) (
∆σ zz (z) = σ zz (z ) − σ zz z, λ = − λ − λ (z ) Po
H g g
)
(
∆σ xx (z ) = σ xx (z) − σ xx z, λ
H
)
g
Apparition de la plasticité
Dans le paragraphe D.3, on a constaté que les paramètres mécaniques choisis n'entraînaient pas de
plasticité au cours du déchargement avec la loi élastique de Hooke. Maintenant, on considère que le
phénomène de gonflement s'est manifesté dans l'échantillon et on analyse l'éventuelle apparition de la
plasticité dans ce cas. La figure D.4 représente l’évolution du critère pour les cas élastique et
quelques facteurs d’anisotropie. On constate que le développement du gonflement, hormis le cas
275
Elasticité linéaire β=0
β=0,5 β=0,9
1000 β=1
-1000
-2000
1 + sin ϕ 2 c cos ϕ
soit σ xx = σ zz +
1 − sin ϕ 1 − sin ϕ
Remarque théorique : avec l'hypothèse initiale d'un seul coefficient de pression des terres au repos
(K ox = K oy = K o ) , on a montré que les deux contraintes horizontales σ xx et σ yy restaient égales
au cours du déchargement. Par conséquent, lors de la phase plastique, il se crée un régime d'arête,
c'est-à-dire que le chemin de chargement aboutit à un point anguleux du critère. Deux fonctions de
charge sont donc activées simultanément :
F1 ( σ ) = (σ xx − σ zz ) − ( σ zz + σ xx ) sin ϕ − 2 c cos ϕ = 0
F2 ( σ ) = (σ yy − σ zz ) − ( σ zz + σ yy ) sin ϕ − 2 c cos ϕ = 0
G 1 ( σ ) = (σ xx − σ zz ) − ( σ zz + σ xx ) sin ψ
G 2 ( σ ) = (σ yy − σ zz ) − ( σ zz + σ yy ) sin ψ
276
Le tenseur de déformations plastiques est alors une combinaison linéaire des tenseurs des dérivées
partielles des deux potentiels. La résolution de ce régime d'arête dans le logiciel CESAR-LCPC
donne les résultats suivants :
dεpxx = ( 1 − sin ψ ) dλ
p
dεzz = − 2 ( 1 + sin ψ ) dλ
s'écrit :
1 + sin ψ p 1 + sin ψ el
ε pzz = − 2 ε xx = 2 ε xx
1 − sin ψ 1 − sin ψ
1 − β 2 (1 − β) σ xx + (1 + 2 β) σ zz
avec ε elxx =
1− ν
( ν
) (
σ xx − σ xx − σ zz − σ zz + B g
p p
ln ) p
2 (1 − β) σ xx + (1 + 2 β) σ zz
p
E E 3
p 1
(
σ zz = 2 γ + 1 − λ Po
p
)
et 1 + sin ϕ 2 c cos ϕ
;
σ xx =
p
σ zz +
p
1 − sin ϕ 1 − sin ϕ
( )
σ xx , σ zz représentant l'état de contraintes à l'apparition du gonflement.
p p
Dans le cas du régime d'arête, la déformation verticale totale prend l'expression suivante :
1 + sin ψ el
ε zz = ε elzz + ε pzz = ε elzz + 2 ε xx
1 − sin ψ
el 1 1 + 2β 2 (1 − β ) σxx + (1 + 2 β)σ zz
(
ε zz = σ zz − σ zz −
p 2ν
) (
σ xx − σpxx + B g )
ln p
3 2 (1 − β)σ xx + (1 + 2 β)σzz
p
E E
avec
1 − β 2 (1 − β) σ xx + (1 + 2β )σzz
el 1 − ν
ε xx = σ xx − σ (
p
xx −
ν
σ zz − )
σ p
zz + B g ( ln
(
) − β ) σ p
+ ( + β ) σ p
E E 3 2 1 xx 1 2 zz
277
278
Annexe E : Programmation de la loi élastoplastique
de gonflement dans le module de résolution MCNL
Dans notre cas, cette approche est impossible à cause du terme d’anisotropie de gonflement et on a
eu recours à un sous-programme particulier MTGONF permettant de calculer la matrice élastique
gonflement).
Sous-programme MTGONF :
279
IMPLICIT DOUBLE PRECISION(A-H,O-Z)
C
DIMENSION CONT(3,3),DEFEL(3,3),VPM(*),VMAT(9,9)
DIMENSION CONTG(3,3),CONT1(3,3),VMAT1(9,9),VMAT2(9,9)
DIMENSION IK(9),JK(9),VID(3,3),VN(3),BETA(3,3)
DATA IK/1,1,1,2,2,2,3,3,3/
DATA JK/1,2,3,1,2,3,1,2,3/
DATA VID/1.D0,0.DO,0.D0,0.D0,1.D0,0.D0,0.D0,0.D0,1.D0/
DATA ZERO,UN,DEUX,TROIS,UA/0.D0,1.D0,2.D0,3.D0,4.D0/
COMMON/NOLI/ISIG,NPAS,IDECHA
C
YG=VPM(2)
PS=VPM(3)
PG=VPM(4)
BB=VPM(5)
BBETA=VPM(6)
DO 21 I=1,3
21 VN(I)=VPM(6+I)
C
C détermination des paramètres du problème
AMU=YG/(DEUX*(UN+PS))
ALAMB=PS*YG/(UN+PS)/(UN-DEUX*PS)
DD=BB*(ALAMB+(DEUX*AMU/TROIS)+(QUA*AMU/TROIS)*BBETA*BBETA)
DO 22 I=1,3
DO 22 J=1,3
CONTG(I,J)=-PG*VID(I,J)
BETA(I,J)=((UN-BBETA)/TROIS)*VID(I,J)+BBETA*VN(I)*VN(J)
22 DD=DD-BETA(I,J)*CONT(I,J)
H1=DD
C
C Calcul de la matrice élastique VMATl
C
DO 23 K=1,9
DO 23 L=1,9
VMAT1(K,L)=ZERO
CALL MTELAS(YG,PS,VMAT1,0)
C
C Calcul de la matrice de gonflement totale VMAT2
C
DO 24 K=1.9
DO 24 L=1,9
VMAT2(K,L)=(ALAMB*VID(IK(K),JK(K))+DEUX*AMU*BETA(IK(K),JK(K)))*
(ALAMB*VID(IK(L),JK(L))+DEUX*AMU*BETA(IK(L),JK(L)))
24 VMAT2(K,L)=VMAT1(K,L)-(BB/DD*VMAT2(K,L)
C
C Attention : convention MMC pour le vecteur CONT
C Identification de l’état de contraintes à la contrainte
C de gonflement
S0=ZERO
SG=ZERO
DO 25 I=1,3
DO 25 5=1,3
S0=S0+BETA(I,J)*CONT(I,J)
25 SG=SG+BETA(I,J)*CONTG(I,J)
IF (S0.GT.SG) THEN
280
IG=1
ELSE
IG=O
ENDIF
H2=IG
C
C Calcul de l’incrément de contraintes CONTl
C
IF (IG.EQ.0) THEN
DO 26 K=1.9
DO 26 L=1,9
26 VMAT(K,L)=VMAT1(K,L)
ELSE
DO 27 K=1,9
DO 27 L=1,9
27 VMAT(K,L)=VMAT2(K,L)
ENDIF
CALL MATDEF(CONT1,VMAT,DEFEL)
Cbultel dec99
CALL MATDEF(CONT2,VMAT1, DEFEL)
C
C Vérification de l’état de contraintes CONT+CONT1/NPAS
C s'il n'y a pas eu franchissement de la zone élastique-gonflement
C
ALPHA=ZERO
DS=ZERO
S1=ZERO
DO 28 I=1,3
DO 28 J=1,3
DS=DS+BETA(I,J)*CONT1(I,J)
28 Sl=S1+BETA(I,J)*(CONT(I,J)+CONT1(I,J)/NPAS)
IF (S1.GT.SG .AND. IG.EQ.0) THEN
IG=UN
ALPHA=(SG-S0)*NPAS/DS
ENDIF
IF (S1.LT.SG .AND. IG.EQ.1) THEN
IG=ZERO
ALPHA=UN-(SG-S0)*NPAS/DS
ENDIF
C
C Lorsqu'il y a franchissement de la limite de gonflement dans
C l'incrément , décomposition de l’incrément en une partie
C élastique (alpha) et une partie de gonflement (l-alpha)
C
IF (ALPHA.NE.ZERO) THEN
DO 29 K=1,9
DO 29 L=1,9
VMAT(K,L)=ALPHA*VMAT1(K,L)+(UN-ALPHA)*VMAT2 (K.L)
CALL MATDEF(CONT1,VMAT,DEFEL)
ENDIF
RETURN
END
Cbultel fin
281
E.2. Modifications d’autres programmes pour intégrer la loi de comportement
proposée
Dans la suite, on répertoriera tous les sous-programmes utilisés en précisant la modification
apportée.
Dans le sous-programme PREL01, on a défini le nombre de paramètres à prendre compte pour loi
de gonflement décrit par l’IMOD=98. On en a introduit 12 : le poids volumique γ , 2 paramètres
(c, ϕ, ψ )
Dans le sous-programme IMPNLI, qui sert à imprimer les caractéristiques mécaniques pour les
problèmes non linéaires, on a présenté les différents paramètres de gonflement associés à la loi
IMOD=98.
Dans le sous-programme CTMCNL, qui définit les classes de lois de comportement (tableau 3.5),
on a relié la loi de comportement (IMOD = 98) au sous-programme CNOLI1, soit
KMOD(IMOD = 98) = 3 .
Le sous-programme CNOLI1, qui sert à intégrer les lois élastiques non linéaires plastiques définies
par une seule surface de charge, est décrit dans la suite : (les zones grisées correspondent aux
modifications apportées pour la loi de gonflement)
SUBROUTINE CNOLI1(CONT,CONT1,DEF,DEFEL,VPM,KCG,H1,H2,NDIM.KI)
C==================================================================
C
C DEFINITION :
C INTEGRATION DES LOIS ELASTIQUES NON LINEAIRES PLASTIQUES
C DEFINIES PAR UNE SEULE SURFACE DE CHARGE
C
C==================================================================
IMPLICIT DOUBLE PRECISION(A-H,O-Z)
C
DIMENSION CONT(3,3),CONT1(3,3),DEF(3,3),DEFEL(3,3)
DIMENSION VMAT(9,9),VFS(3,3),VGS(3,3),VPM1(50)
Cbultel dec99 deb
DIMENSION CONT3(3.3)
Cbultel fin
C
COMMON/BFGS/ITER,INCR
COMMON/ESEXE/MEXE,MR,MP,MFICH(10)
COMMON/NOLI/ISIG,NPAS,IDECHA
COMMON/PLAS/IMET,NINCR,NITER,NCRIT,NCROU
COMMON/PROVIS/IIELEM,JPINT,IPAS
C
IMOD=KCG(1)
INAT=0
IF (NDIM.EQ.2) INAT=KCG(2)
282
LVPM1=50
CALL CONVPM(VPM,VPM1,LVPM1,IMOD,KCG)
Cbultel dec99 deb
DO 19 I=1,3
DO 19 J=1,3
19 CONT3(I,J)=CONT(I,J)
Cbultel fin
C
C --- initialisation de 1 écrouissage
IF (KI.EQ.4) THEN
CALL CRITER(CONT,DEF,VFS,VGS,VPM1,CRIT,H2,DLAMB,H,KCG,NDIM,4)
GOTO 12
ENDIF
C
DO 10 IPAS=1,NPAS
C
C ---- Calcul des contraintes incrémentales d'origine élastique
Cbultel deb sept 99 (cas du gonflement IMOD=98)
IF (IMOD.EQ.98) THEN
CALL MTGONF(CONT,CONT1,CONT2,DEFEL,VPM,VMAT,H3,H4)
Cbultel mars 2000
IF (IPAS.EQ.NPAS) THEN
DO 17 I=1,3
DO 17 J=1,3
17 CONT3(I,J)=CONT3(I,J)+CONT1(I,J)
ENDIF
Cbultel fin
ELSE
CALL MATRPTL(CONT,VPM,VMAT,IMOD,INAT,H3,H4)
CALL MATDEF(CONT1,VMAT,DEFEL)
ENDIF
Cbultel fin
DO 20 I=1,3
DO 20 J=1,3
20 CONT(I,J)=CONT(I,J)+CONT1(I,J)/NPAS
C
C---- Calcul des contraintes incrémentales d'origine plastique
CALL PLASN1(CONT1,CONT,DEF,DEFEL,VFS,VGS,VMAT,VPM1,DLAMB,H2
& KCG,NDIM)
C
DO 30 I=1.3
DO 30 J=1,3
DEF(I,J)=DEF(I,J)+DLAMB*VGS(I,J)
30 CONT(I,J)=CONT(I,J)-CONT1(I,J)
10 CONTINUE
C
DO 40 I=1,3
DO 40 J=1,3
CONT1(I,J)=CONT(I,J)
Cbultel dec99 deb
40 CONT(I,J)=CONT3(I,J)
Cbultel fin
C
KCG(1)=IMOD
RETURN
END
283
Dans le sous-programme CONVPM, appelé dans CNOLI1, on a signalé le nombre de paramètres
élastiques (soit 9) et le nombre de paramètres plastiques (soit 3). On a aussi que le critère de
plasticité choisi était le critère de Mohr-Coulomb, (soit IMOD=10), déjà programmé dans CESAR-
LCPC.
Pour la plasticité, on a vérifié que la programmation actuelle s’appliquait bien dans notre loi de
comportement par l’intermédiaire des sous-programmes PLASN1 et CRIT10. De plus, on a
identifié notre loi de comportement dans le sous-programme CALGOR qui précise si le matériau est
standard (loi d’écoulement associée à la fonction de charge) ou non (existence d’un potentiel
plastique différent de la fonction de charge). Cela a une importance sur la symétrie ou non de la
matrice de rigidité.
284
Cbultel deb oct 99
DIMENSION VMAT(9,9),CONT1(3,3),CONT2(3,3),VECT(3.3)
DIMENSION VPM1(5O),IKK(9),JKK(9)
DATA IKK/1,1,1.2,2,2,3,3,31
DATA JKK/1,2,3,1,2,3,1,2,3/
C
C DATA JMOD/1,1,1,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,1,0,0,0,0,0,0/
DATA JMOD/1,1,1,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,1,0,0,0,2,0,0/
Cbultel fin
DATA ZERO,UN,DEUX/0.D0,1.D0,2.D0/
C
IMOD=KCG(1)
INAT=KCG(2)
C
Cbultel
IF (IMOD.EQ.98) THEN
LVPM1=50
CALL CONVPM(VPM,VPM1,LVPM1,IMOD,KCG)
ENDIF
Cbultel fin
C
C --- calcul des paramètres pour la matrice élastique
C
C---a) module dépendant de la loi de comportement élastique
IELAS=O
IF(IMOD.GT.80) IELAS=JMOD(IMOD-80)
C ------ loi élastique linéaire
IF(IELAS.EQ.1) THEN
YOUNG=CROU
POISS=CRIT
CRIT=-UN
C ------ loi élastoplastique à élasticité non linéaire
IF(IMOD.EQ.94) THEN
YOUNG=H3
POISS=H4
ENDIF
ENDIF
C ------ calcul des quantites d origine plastique
IF(IMOD.NE.25) THEN
YOUNG=VPM(2)
POISS=VPM(3)
CRIT=-UN
C
IF(IMOD.GE.10) THEN
KI=1
IF(IMOD.EQ.19) KI=5
Cbultel oct 99 deb (choix du vecteur de données VPM1)
IF (IMOD.EQ.98) THEN
CALL CRITER(CONT,DEF,VFS,VGS,VPM1,CRIT,CROU,DLAMB,
H,KCG,2,KI)
KCG(1)=IMOD
Cbultel fin
ELSE
CALL CRITER(CONT,DEF,VFÇ,VGÇ,VPM,CRIT,CROU,DLAMB,
H,KCG,2,KI)
ENDIF
285
ENDIF
ENDIF
C---b) Modules dépendant de la cote du point matériel
IF(IMOD.EQ.25) THEN
CRIT=-UN
Y=CROU
YOUNG=VPM(2)+VPM(4)*Y
POISS=VPM(3)+VPM(5)*Y
ENDIF
C
BM=YOUNG/(UN+POISS)
AM=POISS/(UN-DEUX*POISS)
AL=AM*BM
AM1=BM/DEUX
ALM=AL+BM
LE=3
IF(INAT.EQ.2) LE=4
LF=LE*LE
ICR=(JPINT-1)*LF
DO 1 I=1,16
E(I)=ZERO
1 RP(I)=ZERO
C
C----------CALCUL DE LA MATRICE ELAÇTIQUE
C
IF(INAT.EQ.1 .OR. INAT.EQ.3) THEN
E(1)=ALM
E(2)=AL
E(4)=AL
E(5)=ALM
E(9)=AM1
IF (INAT.EQ.3) THEN
D12(1)=AL/ALM
D12(2)=AL/ALM
D12(3)=ZERO
D21(1)=AL
D21(2)=AL
D21(3)=ZERO
CALL PROVEC(RP,D12,D21,3)
ENDIF
C
ELSE
E(1)=ALM
E(2)=AL
E(4)=AL
E(5)=AL
E(6)=ALM
E(8)=AL
E(11)=AM1
E(13)=AL
E(14)=AL
E(16)=ALM
ENDIF
Cbultel oct 99 deb
C cas du gonflement (IMOD = 98)
C
286
IF (IELAS.EQ.2) THEN
CALL MTGONF(CONT,CONT1,DEF,VPM,VMAT,H3,H4)
IF (INAT.EQ.1 .OR. INAT.EQ,3) THEN
E(1)=VMAT(1,1)
E(2)=VMAT(1,5)
E(3)=VMAT(1,2)
E(4)=VMAT(5,1)
E(5)=VMAT(5,5)
E(6)=VMAT(5,2)
E(7)=VMAT(2,1)
E(8)=VMAT(2,5)
E(9)=(VMAT(2,2)+VMAT(2,4))/DEUX
ELSE
E(1)=VMAT(1,1)
E(2)=VMAT(1.5)
E(3)=VMAT(1,2)
E(4)=VMAT(1,9)
E(5)=VMAT(5,1)
E(6)=VMAT(5,5)
E(7)=VMAT(5,2)
E(8)=VMAT(5,9)
E(9)=VMAT(2,1)
E(10)=VMAT(2,5)
E(11)=(VMAT(2,2)+VMAT(2,4))/DEUX
E(12)=VMAT(2,9)
E(13)=VMAT(9,1)
E(14)=VMAT(9,5)
E(15)=VMAT(9,2)
E(16)=VMAT(9,9)
ENDIF
ENDIF
Cbultel fin
C
C CAS DE LA PLASTICITE
C
IF(CRIT.GT.ZERO) THEN
Cbultel dec99 deb
C
IF (IMOD.EQ.98) THEN
FDG=ZERO
DO 12 I=1,4
A(I)=0
12 B(I)=0
CALL MATDEF(VECT,VMAT,VGS)
DO 11 I=1,3
DO 11 J=1,3
11 FDG=FDG+VFS(I,J)*VECT(I,J)
DO 13 K=1,9
A(1)=A(1)+VFS(IKK(K),JKK(K))*VMAT(K,1)
B(1)=B(1)+VMAT(1,K)*VGS(IKK(K),JKK(K))
A(2)=A(2)+VFS(IKK(K),JKK(K))*VMAT(K,5)
B(2)=B(2)+VMAT(5,K)*VGS(IKK(K),JKK(K))
A(3)=A(3)+VFS(IKK(K),JKK(K))*VMAT(K,2)
B(3)=B(3)+VMAT(2,K)*VGS(IKK(K),JKK(K))
A(4)=A(4)+VFS(IKK(K),JKK(K))*VMAT(K,9)
13 B(4)=B(4)+VMAT(9,K)*VGS(IKK(K),JKK(K))
287
ELSE
TRFS=VFS(l,l)+VFS(2,2)+VFS(3,3)
TRGS=VGS(1,1)+VGS(2,2)+VGS(3,3)
PROD=ZERO
DO 30 I=1,3
DO 30 J=1,3
30 PROD=PROD+VFS(I,J)*VGs(I,J)
FDG=BM*(PROD+TRFS*TRGS*AM)
DO 10 I=1,3
A(I)=AL*TRFS+BM*VFS(I,I)
10 B(I)=AL*TRGS+BM*VGS(I,I)
A(3)=BM*VFS(1,2)
B(3)=BM*VGS(1,2)
A(4)=AL*TRFS+BM*VFS(3,3)
B(4)=AL*TRGS+BM*VGS(3.3)
ENDIF
C
C----------CALCUL DE D
C MATRICE ELASTOPLASTIQUE DE COMPORTEMENT
C
IF (INAT.EQ.3) THEN
D22=ALM-A(4)*B(4)/(FDG+H)
DO 21 I=1,2
D12(I)=(AL-A(I)*B(4)/(FDG+H))/D22
D21(I)=AL-B(I)*A(4)/(FDG+H)
21 CONTINUE
D12(3)=-A(I)*B(4)/(FDG+H)/D22
D21(3)=-B(I)*A(4)/(FDG+H)
CALL PROVEC(RP,D12,D21,3)
DO 22 I=1,3
DO 22 J=1,3
IK=I+(J-1)*3
22 D(IK+ICR)=E(IK)-A(J)*B(I)/(FDG+H)-RP(IK)
ELSE
Cph+fu 19/01/96 F (CP)
DO 20 I=1,3
DO 20 J=1,3
20 RP(I+(J-1)*3)=A(J)*B(I)
IF(INAT.EQ.2) CALL PROVEC(RP,B,A,4)
DO 50 I=1,LE
DO 50 K=1,LE
IK=I+(K-1)*LE
50 D(IK+ICR)=E(IK)-RP(IK)/(FDG+H)
Cph+fu 19/01/96 D (CP)
ENDIF
Cph+fu 19/01/96 F (CP)
ELSE
C
C--------LE POINT D’INTEGRATION EST RESTE ELASTIQUE
C
DO 70 I=1,LE
DO 70 K=1,LE
IK=I+(K-1)*LE
70 D(IK+ICR)=E(IK)-RP(IK)
ENDIF
END
288
Annexe F : Résultats obtenus avec la
deuxième méthodologie de calage
Cet annexe présente les résultats obtenus avec la deuxième méthode de calage pour les échantillons
CHA02 et CHA04.
8000 ν + νg
Contrainte horizontale σr r (kPa)
6000
ν
4000
Essai oedométrique
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
ε zz (%)
-0,2
Déformation axiale
-0,4
-0,6
Essai oedométrique
-0,8 Elasticité linéaire
2ème méthode de calage
-1
Figure F.1 : Résultats obtenus avec la 2ème méthode de calage pour l’essai CHA02
289
8000
ν + νg
ν
Contrainte horizontale
4000
Essai oedométrique
Elasticité linéaire
2000
2ème méthode de calage
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Taux de déconfinement λ
Taux de déconfinement λ
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
ε zz (%)
-0,2
Déformation axiale
-0,4
-0,6
Essai oedométrique
Elasticité linéaire
-0,8
2ème méthode de calage
-1
Figure F.2 : Résultats obtenus avec la 2ème méthode de calage pour l’essai CHA04
290