7 Géométrie Algébrique Une Introduction Daniel Perrin
7 Géométrie Algébrique Une Introduction Daniel Perrin
7 Géométrie Algébrique Une Introduction Daniel Perrin
algebrique
line introduction
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Daniel Perrin
IUFM de Versailles
Universite Paris-Sud, Orsay
Geometrie
algebrique
Une introduction
S A V O I R S A C T U E L S
lre edition :
© 1995 InterEditions - CNRS EDITIONS
Avant-propos ix
Notations xi
Introduction 1
0 La geometric algebrique 1
1 Quelques objets 1
2 Quelques problemes 4
IV Dimension 82
0 Introduction 82
1 Definition topologique, lien avec 1'algebre 82
2 Dimension et nombre d'equations 86
3 Morphismes et dimension 91
4 Annexe : morphismesfinis 98
Exercices 99
2 Schemas 245
3 Ce que cela change de travailler avec des schemas . . . . 246
4 Ce que cela apporte de travailler avec des schemas . . . 247
5 Un Bertini schematique 248
II est clair que sur un tel sujet on peut difficilement pretendre a 1'ori-
ginalite. Ce travail s'est done largement inspire des ouvrages existants
et notamment des livres d'Hartshorne [H], Fulton [F], Mumford [M] et
Shafarevitch [Sh].
Je remercie Mireille Martin-Deschamps pour sa lecture attentive et ses
remarques. Je remercie aussi les auditeurs de ce cours qui m'ont signale
quelques erreurs et propose des ameliorations, et notamment Abdelkader
Belkilani, Nicusor Dan, Leopoldo Kulesz, Vincent Lafforgue et Thomas
Peteul.
Enfin, je suis heureux de remercier Claude Sabbah d'avoir accueilli
cet ouvrage dans la collection Savoirs Actuels et de m'avoir prete son
concours pour la mise au point du texte defmitif.
Notations
0. La geometrie algebrique
La geometrie algebrique est 1'etude des varietes algebriques : toutes
celles qui sont definies comme ensembles des zeros d'un ou plusieurs
polynomes. On peut en faire remonter 1'origine a Descartes et de nom-
breux mathematiciens s'y sont illustres : Abel, Riemann, Poincare, M.
Noether, 1'ecole italienne avec Severi, plus recemment Weil, Zariski et
Chevalley. Elle a subi dans les annees 1950-1960 un bouleversement gi-
gantesque sous 1'impulsion de J.-P. Serre et surtout d'A. Grothendieck
et son developpement a ete considerable. C'est maintenant une disci-
pline fondamentale, non seulement pour elle-meme, mais aussi dans de
nombreuses parties des mathematiques.
1. Quelques objets
II y a deux categories essentielles de varietes algebriques : les varietes
affines et les varietes projectives. Ces dernieres sont les plus interessantes,
mais necessitent quelques definitions qu'il est premature de donner ici;
nous les verrons au chapitre II.
Pour definir une variete affine, on considere une famille de polynomes
Pi G k[Xi,..., Xn] a coefficients dans un corps k. Alors, le sous-ensemble
V de 1'epace affine kn defini par les equations PI = = Pr = 0 est une
variete algebrique affine. Voyons rapidement quelques exemples :
a) Si les Pi sont de degre 1 on retrouve les sous-varietes lineaires affines
de kn : droites, plans, etc.
b) Prenons n = 2, r = 1 et k = R, de sorte que k2 est un plan reel et
2 Introduction
(sphere), (hyperboloi'de a
une nappe), etc.
d) Deux equations dans k3 definissent en general une courbe gauche,
par exemple, Y — X2 = 0 et Z — X3 = 0 donnent une cubique gauche
(ensemble des points (w, w 2 , w 3 ) pour u € k}.
e) II est clair que 1'etude des varietes algebriques depend essentielle-
ment du corps de base. Ainsi, sur le corps des reels on peut avoir quelques
surprises (regarder les "courbes" planes d'equations X2 + Y2 + 1 = 0 ou
X2 + Y2 = 0). Le cas le plus agreable est celui ou k est algebriquement
clos (par exemple k = C). C'est le cadre dans lequel nous travaillerons.
Ce choix, qui revient, en fait, a s'interesser davantage aux equations des
varietes qu'a leurs points, est partiellement justifie par le fait que Ton
peut plonger n'importe quel corps dans un corps algebriquement clos.1
Bien entendu le point de vue inverse est tout aussi interessant. II
conduit par exemple a la geometric algebrique reelle (cas k = R) ou a
1'arithmetique (cas k = Q, voire Z, ou ft fini). Ainsi les points sur Z
de Xn + Yn — Zn = 0 sont 1'objet de la celebre conjecture (theoreme?)
de Fermat. De meme la recherche des points rationnels de la courbe
Y2 — X(X — l)(X — A) = 0 est un domaine tres ouvert (arithmetique des
courbes elliptiques). Deux grandes conjectures concernant ces questions
ont recemment ete resolues : conjecture de Weil (Deligne, 1974) et de
Mordell (Faltings, 1982). Mais ceci est une autre histoire.
f) Par ailleurs les varietes algebriques se rencontrent dans de nombreux
domaines des mathematiques. Un exemple simple est celui des matrices
et des groupes classiques. Ainsi le groupe
est une variete algebrique dans 1'espace affine des matrices (car le de-
terminant est un polynome). De meme le groupe orthogonal :
ou encore 1'ensemble des matrices de rang < r sont des varietes alge-
briques affines. Les notions de geometric algebrique que nous allons in-
troduire (par exemple la dimension au chapitre IV, les espaces tangents
au chapitre V) donnent des outils fondamentaux pour etudier ces varietes.
1
Dans le cas ou le corps de base est R ou C les objets que nous etudions appa-
raissent aussi dans d'autres branches des mathematiques (topologie, geometric diffe-
rentielle,...). En fait, la difference entre ces disciplines se situe plus au niveau des
fonctions que Ton y reconnait pour bonnes qu'a celui des objets (cf. Ch. III).
4 Introduction
2. Quelques problemes
L'un des principes de ce cours est de prendre comme point de depart
des problemes simples dans leur enonce mais dont la solution necessite
la mise en ceuvre de techniques de geometric algebrique assez elaborees
(les faisceaux, cf. Ch. Ill, la cohomologie, cf. Ch. VII). En voici deux
exemples : le probleme de Bezout et le probleme des courbes unicursales.
On abordera aussi au chapitre X le probleme, moms elementaire, de la
liaison des courbes gauches.
Avec toutes ces precautions on aura alors le resultat ideal (cf. Ch.
VI):
que Ton salt calculer puisqu'il s'agit de la primitive (Time fraction ra-
tionnelle.
Encore faut-il etre capable de calculer le genre pour verifier s'il est nul
ou non. Pour une courbe plane non singuliere (y compris a Pinfini) de
degre d on montre la formule tres simple g — (d—l}(d — 2)/2. On verifie
ainsi que, si d > 3, une telle courbe n'est pas unicursale.
En revanche, si C a des points singuliers, le genre peut etre plus petit
que la valeur ci-dessus : chaque point double ordinaire (i.e. a tangentes
distinctes) enleve 1 au genre. Plus generalement un point multiple or-
dinaire d'ordre r enleve r(r — l)/2. Ainsi une courbe de degre 4 est
unicursale des qu'elle a un point triple (par exemple le trifolium) ou trois
points doubles (par exemple la courbe d'equation :
de sorte que les x € V(S) sont les zeros communs a tons les polynomes
de S. On dit que V(S] est 1'ensemble algebrique affine defini par S. On
notera souvent, dans le cas d'un ensemble fini, V(Fi,..., Fr) au lieu de
V({Flt...,Fr}).
x
En fait, tout ce qui suit est valable dans 1'espace affine de dimension n sur k, que
1'on peut noter A n (fc), independamment du choix d'un repere : 1'operation du groupe
affine, translations et applications lineaires bijectives, est innocente, cf. 6.3.2.
10 I. Ensembles algebriques affines
Exemples 1.2
1) On a V({1}) = 0, V({0}) - kn, le vide et Pespace tout entier sont
done des ensembles algebriques affines.
2) Si n = I et si S n'est pas reduit a 0, V(S] est un ensemble fini : les
ensembles algebriques affines de la droite sont la droite et les ensembles
finis.
3) Si n — 2, on a, outre le vide et le plan, les "courbes" F(F), et les
points : V(X, Y) = {(0,0)}, V(X(X - 1), Y) = {(0,0), (1,0)} ...
Remarques 1.3
0) L'application V est decroissante : si S C S', on a V(S') CV(S).
1) Si 5 C k[Xi,..., Xn], notons (S) 1'ideal engendre par S : (S) est
r
forme des polynomes / = J^Oj/i avec fc € S et 04 € k[X\,... ,Xn],
»=i
Alors, on a V(5) = V((S». (Par decroissance on a V((S'» C F(5). Re-
ciproquement, si x £ V(5), il annule les fa € 5, done aussi les / € (S).)
On peut done pour etudier les ensembles algebriques affines se limiter
aux S qui sont des ideaux, ou, au contraire, aux generateurs de ceux-ci.
2) Comme k[X^ ... ,Xn] est noetherien, tout ideal est de type fini :
I — (f\i ) /r) e^ done tout ensemble algebrique affine est defini par un
nombre fini d'equations : V(I) = V(/i,..., /r) = V(fi) n n V(/ r ).
Les ensembles de la forme V(/) sont appeles des hypersurfaces (en
toute rigueur, il faudrait limiter 1'usage de ce mot au cas ou / n'est
pas constant et ou A; est algebriquement clos, cf. Ch. IV) et on a done
montre ci-dessus que tout ensemble algebrique affine est intersection finie
d'hypersurfaces.
3) On note, par exemple dans fc2, que deux polynomes peuvent de-
finir le meme ensemble algebrique affine : V(X) = V(X2}. (Mais, plus
tard, on aura envie de dire que V(X2} est 1'axe des y compte deux fois,
patience!)
4) Un point de kn est un ensemble algebrique affine :
si o = (ai,...,a n ), on a {a} = V(X\ -ai,...,Xn - an).
5) Une intersection quelconque d'ensembles algebriques affines en est
un :
(Si on veut n'utiliser que des ideaux il faut remplacer 1'union des Sj par
leur somme.)
§ 1. Ensembles algebriques affines, topologie de Zariski 11
II s'agit done des fonctions polynomiales nulles sur V. Pour voir que
c'est bien un ideal, on considere Fhomomorphisme d'anneaux
Remarques 2.2
0) L'application / est decroissante.
1) Si V est un ensemble algebrique affine on a V(I(V)) = V. En
effet, il est clair que V C V(/(V)). Reciproquement, si V — V(7), on a
/ C I(V) et done V = V(I] D V(I(V)).
2) Comme consequence on voit que 1'application V i—» /(V) est injec-
tive, ainsi si on a V C W et V ^ W il existe un polynome nul sur V et
non nul sur W.
3) Inversement, on a I C /(V(/)), mais, attention, il n'y a pas egalite
en general. II y a deux types d'obstructions a cela :
a) Lorsque le corps k n'est pas algebriquement clos, V(I) peut etre
anormalement petit, par exemple si k = R et / = (X2 + Y2 + 1)
on a V(7) = 0 (alors qu'on attendait une courbe), d'ou I ( V ( I ) ) =
k[Xi, ...,Xn}^I. Meme chose avec / = (X2 + Y2).
§2. Ideal d'lin ensemble algebrique affine 13
avec c € k. Mais c n'est autre que P(fli,... ,a n ), qui est nul, done P
appartient a 1'ideal (X\ — a i , . . . , Xn — a n ).
d) Supposons k infini et calculons, dans k[X, Y], 1'ideal
14 I. Ensembles algebriques affines
II est clair que (Y2 - X3} C I(V). Reciproquement, on salt que tout
point de V s'ecrit (t 2 ,£ 3 ) avec t € k (cf. Introduction, si x ^ 0 il suffit
de prendre t = y/x et si x = 0, t = 0). Soit alors P € I(V). On divise P
par Y2 — X3 relativement a la variable Y (cf. Memento 1.1.c) :
3. Irreductibilite
Si on considere dans k21'ensemble algebrique affine defini par XY = 0,
il est reunion des deux axes de coordonnees qui sont eux-memes des en-
sembles algebriques affines, done des fermes pour Zariski. C'est ce type
de situation que nous etudions maintenant. L'idee est que, dans un tel
cas, on va se ramener essentiellement a etudier chacun des morceaux.
Demonstration. On a I(kn) = (0) (cf. 2.4) et cet ideal est premier car
k[Xi,..., Xn] est integre.
Si k est fini 1'assertion est fausse puisque kn est fini done reunion finie
de ses points qui sont des fermes.
Application 3.4 (prolongement des identites algebriques). On suppose
k infini. Soient V un ensemble algebrique affine^ kn et P € k[Xi,..., Xn].
On suppose P nul en dehors de V. Alors P est nul.
C'est clair. Ce theoreme permet de faire sur un corps quelconque des
raisonnements de densite analogues a ceux pratiques sur R ou C avec
les topologies usuelles. Une application classique est de montrer qu'une
identite vraie sur les matrices carrees inversibles Test sur toutes (comme
le determinant est polynomial, les matrices non inversibles forment un
ferme). Par exemple, si on note q(A) le coefficient de X1 dans le polynome
caracteristique det(/ - XA) on a Ci(AB) = d(BA). (Traiter d'abord le
cas ou B est inversible en utilisant la relation AB = B~l(BA)B.)
Demonstration
1) L'existence. On raisonne par 1'absurde en supposant qu'il existe
des ensembles algebriques affines non decomposables et on en prend un
dont 1'ideal soit maximal parmi ceux-la (un tel V existe car 1'anneau
k[Xi,...,Xn] est noetherien). Alors, V n'est pas irreductible done on
a V = F U G avec F, G ^ V. On a done aussi, par injectivite de /,
I(F),I(G) D I(V) et I(F)J(G) ^ I(V). Vu la maximalite de /(F), F
et G sont done decomposables : F = FI U U Fr, G = GI U U Gs,
mais alors V est decomposable, contradiction.
2) L'unicite. Supposons qu'on ait deux ecritures : V = V\ U U VT =
W i U - ' - U W , . Onecrit yi = y n V j = ( W r i n V i ) U - - - U ( W 5 n y i ) . Comme
Vi est irreductible il existe j tel que Vi = Wj n V^, i.e. Vi C Wj. De meme,
il existe k avec Wj C V^, done Vi C Vjt, et, par hypothese, ceci impose
i = k done Vi = Wj.
Demonstration. Posons :
Remarque 4.5. II est clair que 1'ideal I(V) est egal a sa racine (on dit
qu'il est semi-premier ou radical) et on a done 7(V(/)) = / si et seulement
si / est radical (en particulier, c'est vrai si / est premier). Dire que I(V)
est radical signifie exactement que 1'anneau F(V) est reduit (i.e. n'a pas
d'elements nilpotents, cf. Memento 1.2.d). Cette condition sera remise en
cause lorsqu'on voudra parler de structures multiples.
Demonstration
1) Supposons V fini, V = { w i , . . . , w r } et considerons 1'homomor-
phisme d'anneaux :
Exemples 4.11
a) Soit V — V(XY) C k2. On verifie que les ideaux premiers mini-
maux de F(V) sont les images des ideaux (X) et (Y) qui correspondent
aux deux composantes de V.
b) Plus generalement, dans le cas d'une hypersurface on a la proposi-
tion suivante que le lecteur montrera a titre d'exercice (cf. aussi Exercice
1,3):
(qu'on note simplement D(f) s'il n'y a pas d'ambigui'te) est un ouvert
de Vj dit ouvert standard. Tout ouvert de V est reunion finie d'ouverts
standard.
Remarque 5.4. Parmi les polynomes d(X) qui conviennent dans le lem-
me 5.3 il y a le resultant de F et G, considered comme polynomes en Y. Si
F et G sont de degres p et q on peut montrer que le degre du resultant est
< pq et en deduire, au prix d'une petite astuce, que \V(F) fl V(G}\ < pq,
ce qui est une partie du theoreme de Bezout.
Remarque 6.2. II est clair qu'on obtient ainsi une categoric : 1'identite
est un morphisme et le compose de deux morphismes en est un. On a
alors les notions usuelles : isomorphisme, automorphisme, etc. On notera
que les morphismes sont des applications continues pour les topologies
de Zariski (de sorte que 1'image reciproque d'un ensemble algebrique par
un morphisme est encore un ensemble algebrique), mais la reciproque est
inexacte (par exemple toute application bijective de k dans k est continue
pour Zariski mais pas necessairement polynomiale).
Exemples 6.3
1) Les elements de r(V), et en particulier les fonctions coordonnees,
sont des morphismes de V dans k.
2) Les applications affines bijectives de kn dans lui-meme sont des
isomorphismes : elles correspondent aux polynomes de degre 1.
3) Soit V C kn. La projection (p de V sur fcp, p < n, donnee par
(/?(xi,..., xn) = (x^,..., £ lp ), est un morphisme.
4) Prenons pour V la parabole V(Y — X2} et pour (f> la projection
(f> : V —> k donnee par (f>(x, y) = x. Alors <p est un isomorphisme, de
reciproque x \—> (x,x2).
5) L'application p : k —> V(X3-irY2 — X 2 ), donnee par le parametrage
x = t2 — 1, y = t(t2 — 1) (obtenu en coupant par la droite Y = tX), est
un morphisme, mais pas un isomorphisme (</? n'est pas injectif).
6) L'application (f> : k —» V(Y2 — X3} donnee par le parametrage
t H-> (i 2 ,^ 3 ) est un morphisme bijectif, mais nous verrons plus loin (6.9)
que ce n'est pas un isomorphisme.
Remarques 6.5
1) On a maintenant un foncteur contravariant, note encore F, de
la categoric des ensembles algebriques affines munie des applications
regulieres, dans la categoric des fc-algebres avec les homomorphismes
d'icelles, qui a (V, <p] associe (F(V), <,£>*). (Le mot contravariant indique
que le sens des fleches est renverse, la fonctorialite signifie qu'on a la
relation (g o /)* = /* o g* et que 1'identite se transforme en 1'identite.)
2) On peut calculer </?* de la fagon suivante : soient V C kn et W C km
deux ensembles algebriques affines et if> : V —> W un morphisme, ecrit
sous la forme (f> = ((^i,... ,<^ m ) avec (pl G r(V). Notons ^ la z'-eme
fonction coordonnee sur W, image de I'indeterminee Yt dans F(W). Alors
on a (p*(rji} = <{>i- Si les fonctions <£>,- sont les restrictions a V de polynomes
Pi(Xi,..., X n ), rhomomorphisme
Exemples 6.6
1) Si (p est la projection (£> : V(F) C k2 —+ k avec (£>(x,y] = x, (/?* est
1'application de T(k] = k[X] dans k [ X , Y ] / ( F ) qui a X associe X.
2) Pour la parametrisation (t2,t3) de V(Y2 — X3) on a
On a alors :
Demonstration
1) Si (f> est dominant et si / £ Ker<^*, on a fy> = 0 done / est nulle sur
<£>(V) et, comme / est continue, elle est nulle partout. Reciproquement,
soit X = ¥?(V). C'est un ensemble algebrique affine contenu dans W.
Supposons X ^ W. Alors (cf. 2.2.2) il existe / <E F(W), non nulle, et
nulle sur X. Mais alors on a f(p = <£*(/) = 0, contradiction.
2) Cela resulte de 1) et de 3.2. (On peut aussi raisonner directement
en supposant W de la forme F U G.)
Pour terminer, nous aliens montrer que, lorsque le corps k est alge-
briquement clos, la situation est parfaite :
(Ceci signifie que le foncteur est pleinement fidele (cf. 6.7) et que, de
plus, il est essentiellement surjectif : si A est une A;-algebre de type fini
reduite, il existe V telle que A soit isomorphe a F(V).)
Exercices
1) L'ensemble {(t,sint) | t 6 R} est-il algebrique?
0. Motivation
La principale motivation pour introduire 1'espace projectif a deja ete
vue dans 1'Introduction a propos du theoreme de Bezout : dans 1'espace
affine les resultats concernant les intersections sont toujours assortis de
cas particuliers dus au parallelisme, ainsi, dans le plan, deux droites dis-
tinctes se coupent en un point et un seul, sauf si elles sont paralleles.
Dans 1'espace projectif, il n'y aura plus d'exceptions.
Historiquement, le projectif a ete introduit au XVIP siecle par G. Desar-
gues, mais developpe surtout au XIXe (Monge, Poncelet, Klein,...). Depuis
le programme d'Erlangen de Klein (1872) on sait qu'il est le cadre naturel
de la plupart des geometries.
En geometric algebrique c'est aussi dans ce domaine qu'on aura les
resultats les plus satisfaisants. Cependant le cadre affine conserve une
grande importance comme modele local du projectif.
1. L'espace projectif
a. Definition
Soit n un entier > 0 et E un espace vectoriel de dimension n + \ sur
k. On introduit la relation d'equivalence 72. sur E — {0} :
30 II. Ensembles algebriques projectifs
Definition 1.1. L'espace projectif associe a E, que 1'on note P(E), est
le quotient de E — {0} par la relation Tl. Lorsque Fon a E = kn+1 (i.e.
si Von a choisi une base) on pose P(E) = Pn(k) et on Fappelle espace
projectif standard de dimension n.
Remarques 1.2
1) Lorsque k = R ou C, 1'espace projectif a une topologie naturelle : la
topologie quotient de celle de kn+1 — {0}. On verifie que 1'espace projectif
est alors compact et connexe.
2) Le fait que 1'espace projectif associe a kn+l soit de dimension n
correspond au fait que les droites vectorielles y sont contractees en des
points.
2. Homographies
Si E est un espace vectoriel, le groupe lineaire GL(E) opere sur E.
Soit u E GL(E); comme u est injectif et conserve la colinearite, u induit
une bijection u de P(E}.
Remarques 2.2
a) Si F est un sous-espace projectif de dimension d de P(E}, et u
une homographie, on a u(F) = u(F) : 1'image de F est un sous-espace
projectif de dimension d. L'application de cette remarque dans le cas
d = I montre que les homographies conservent I'alignement.
b) Pour une explication du mot homographie, cf. 3.1.1.
c) Par definition il est clair que le groupe k* des homotheties opere
trivialement sur P(E] et on verifie facilement que les homotheties sont
les seuls elements qui operent trivialement. Le groupe des homographies
de P(E), ou groupe projectif de E, est done le quotient PGL(E) =
GL(E)/k*.
d) Les homographies sont des automorphismes de 1'espace projectif,
au sens du chapitre III.
3.1. Exemples
1. La droite project!ve
On prend n = 1, on appelle (x,t] les coordonnees de k2 et on choisit
t = 0 comme "hyperplan" H a Pinfini. En fait, comme tous les points
(x,0) de H sont colineaires, H est reduit au seul point oo = (1,0) et on
identifie k et Pl(k) — {00} par x i—> (x, 1). On voit done qu'une droite
projective est une droite affine a laquelle on a adjoint un unique point
a Pinfini. Ceci donne le cardinal de la droite projective si k est fini et,
si k = R ou C, des renseignements de nature topologique : la droite
projective est le compactifie d'Alexandroff de la droite affine, done un
cercle si k = R ou une sphere si k = C.
On verifiera, avec cette identification, que les homographies de Pl(k]
sont les applications x H-» ax + b/cx + d, prolongees a Pinfini par les
conventions usuelles : ce sont bien les homographies au sens elementaire.
2. Le plan projectif
On utilise les coordonnees (x, y, t} et toujours t = 0 comme hyperplan
a Pinfini. Cette fois H est forme des points de coordonnees homogenes
(x, j/, 0) et c'est done une droite projective notee D^. Le complementaire
de H est forme des points (x, y, 1), il est isomorphe au plan affine k2 par
oubli de la troisieme coordonnee.
§ 3. Lien affine projectif 33
(hyperbole, parabole, ellipse) est une propriete affine qui s'enonce sim-
plement en projectif en disant que la conique coupe la droite que Ton a
choisie comme droite a 1'infini en deux, un ou zero points. On montrera
d'ailleurs (cf. Exercice V, 3) qu'en projectif il y a, a homographie pres,
une unique conique propre.
(au sens de 4.1 bien entendu). On dit que VP(S) est 1'ensemble algebrique
projectif defini par S. On pourra le noter V(S) s'il n'y a pas d'ambiguite.
Remarque 4.3. II est clair que si / est 1'ideal engendre par S on a Vp(I] =
VP(S}. Comme k[X0,... ,Xn] est noetherien on peut done se ramener au
cas ou S est fini et, vu 4.1, on peut meme supposer que S est fini et forme
de polynomes homogenes.
Exemples 4.4
a) On a Vp((0)) = P".
b) Soit m = R+ = (X0,...,Xn} 1'ideal des polynomes sans terme
constant. On a Vp(m) = 0. (En effet les coordonnees homogenes d'un
point de Pn sont non toutes nulles.) On 1'appelle 1'ideal "irrelevant"1.
Attention, ceci vaut meme si A; est algebriquement clos, ce qui est une
grande difference par rapport a 1'affine (cf. I, 4.1).
c) Les points sont des ensembles algebriques projectifs : soit x =
(xo,xi,...,xn) € Pn. L'un des Xi est non nul, disons x0, et on peut
supposer XQ = 1. On a alors {x} = VP(X\ — x\XQ,..., Xn — xnX0}.
d) Si n = 2, les courbes projectives planes sont definies par des equa-
tions homogenes : Y2T - X3 = 0, X2 + Y2 - T2 = 0,...
Remarques 5.2
a) En vertu de 4.1, I P ( V ) est un ideal homogene (cf. 7.2) et radical.
b) L'operation Ip est decroissante.
c) Si V est un ensemble algebrique projectif on a VP(IP(V}} = V. Si /
est un ideal, on a / C IP(VP(I}}.
5.3. Irreductibilite
Les definitions et resultats du chapitre I se transcrivent, mutatis mu-
tandis, sans difficulte.
est gradue (cf. 7.1 ci-dessous). C'est 1'un des anneaux gradues naturelle-
ment associes a V. Le lecteur verifiera qu'on a encore un dictionnaire qui
met en correspondance les ideaux homogenes radicaux de I\(V) et les
ensembles algebriques projectifs contenus dans V.
Remarques 6.1
a) On prendra garde que les elements de F/^V), contrairement au cas
affine, ne definissent pas des fonctions sur V. Cependant, si / € F/ l (V)
et x € Pn le fait que x soit un zero de / a un sens, independant du
choix d'un representant de /. Par rapport au cas affine, 1'anneau F/i(V)
presente deux autres differences fondamentales : on verra au chapitre III,
11.6.a que cet anneau depend de maniere essentielle du plongement de V
dans Pn ; de plus, meme pour un plongement fixe il y a plusieurs anneaux
gradues qu'on peut associer naturellement a V (cf. Ch. Ill, 9.8).
b) On notera aussi la consequence suivante du Nullstellensatz : si
/ e F/ l (V) est homogene de degre > 0 et nul sur le ferme W de V, / est
dans la racine de 1'ideal Iy(W}.
Proposition 6.3. Avec les notations de 6.2, tout ouvert non vide de V
est union finie d'ouverts de la forme D+(f}.
Exercices
1. Homographies
Soit E un A;-espace vectoriel de dimension n -f1 et soit P(#) 1'espace
projectif associe. Si w 6 GL(E], u induit une bijection u de P(.E') dans
lui-meme qu'on appelle une homographie.
a) Que peut-on dire de u lorsque u = Id 1
b) Montrer que 1'image d'un sous-espace projectif de dimension d par
une homographie en est un autre.
c) Reciproquement, montrer que si V et W sont deux sous-espaces
projectifs de dimension d il existe une homographie u telle que u(V} = W.
d) Supposons E = k2 et
2. Reperes
On reprend les notations de 1, on appelle p la projection canonique
de E — {0} sur P(E}. Un repere de P(E] est forme de n + 2 points
XQ, ..., xn+i de P(E) tels qu'il existe une base e i , . . . , en+i de E avec
p(ei) = Xi pour z = 1 , . . . , n -f 1 et p(ex H h e n+ i) = x 0 -
a) On suppose n = 1. Montrer qu'un repere de P(E) (i.e. d'une droite
projective) consiste exactement en trois points distincts. (Par exemple
dans P1(k) avec la description usuelle on peut prendre 0 = (0,1), oo =
(1,0) et 1 = (1,1).)
b) Montrer que n + 2 points XQ, ..., xn+i € P(-E') forment un repere si
et seulement si n + 1 quelconques d'entre eux ne sont pas dans un meme
hyperplan.
c) Montrer que si xo,...,xn+i et yQ,..., yn+i sont deux reperes de
P(E) il existe une homographie et une seule qui envoie les Xi sur les j/j.
Etudier le cas n — 1.
Exercices 41
3. Quadriques
Soit k un corps algebriquement clos. Une quadrique de P 3 (fc) est un en-
semble algebrique projectif de la forme Q = V(F) ou F est un polynome
homogene de degre 2 en X, Y, Z, T irreductible, done une forme quadra-
tique sur ft4 que Ton supposera non degeneree.
a) Montrer que si Q — V(F) est une quadrique il existe une homogra-
phie h telle que h(Q) = V(XT — YZ}. On supposera desormais que Q
est de cette forme.
b) Montrer que Q contient deux families de droites que Ton indexera
toutes deux par P 1 . Montrer que par tout point de Q passe une unique
droite de chaque famille, que deux droites d'une meme famille sont dis-
jointes et que deux droites de families differentes se coupent en un seul
point.
c) Montrer que si Di,D2,D3 sont trois droites de P3 deux a deux
disjointes, il existe une unique quadrique Q contenant les A- (On com-
mencera par montrer que par 9 points de P3 passe toujours un ensemble
du type V(F) avec F de degre 2, puis que si un tel ensemble coupe une
droite en trois points distincts il la contient.)
4. La cubique gauche
On suppose k infini.
On considere 1'application (f> : P1 —> P3 definie par
On pose C = Im (p.
a) Montrer que C — V(I\ ou / designe 1'ideal
(Dans le sens non evident, regarder sur les ou verts affines X / 0, T ^ 0.)
b) Montrer que I(C] est egal a / (on pourra commencer par prouver,
par exemple par recurrence sur le degre de F par rapport a Y et Z,
que tout polynome homogene F € k[X,Y,Z,T] est egal modulo / a un
polynome de la forme a(X, T) + b(X, T)Y + c(X, T)Z).
c) Montrer que I(C) n'est pas engendre par 2 generateurs (regarder les
termes de degre 2). On dit que C n'est pas schematiquement intersection
complete.
d) t Montrer en revanche qu'on a C = V(Z2 - YT, F) ou F est
un polynome homogene de degre 3 que Ton precisera. On dit que C
42 II. Ensembles algebriques projectifs
0 -» #(-3)2-^fl(-2)3-^I(C) -4 0
ou R designe 1'anneau k[X,Y,Z,T], et R(—i] le /2-module gradue egal
a R, mais avec la graduation decalee : R(—i)n = Rn-i- Les homomor-
phismes u et v sont de degre 0 (i.e. envoient les elements de degre n sur les
elements de degre n). Ici, cela signifie que v est donne par trois polynomes
homogenes de degre 2 engendrant I(C) (on se demande bien lesquels!)
et u par une matrice 3 x 2 dont les coefficients sont des polynomes ho-
mogenes de degre 1. L'exercice consiste a calculer w, i.e. les relations (on
dit encore les syzygies, c'est plus joli) qui lient les generateurs de I.
0. Motivations
Si 1'on compare 1'etude des ensembles algebriques affines et des en-
sembles algebriques projectifs on constate beaucoup de similitudes et
quelques differences fondamentales, notamment le role joue par les poly-
nomes homogenes et les anneaux gradues dans le cas projectif, mais
surtout une difference au niveau des fonctions. Si V est un ensemble
algebrique affine on a une belle algebre de fonctions F(V) avec un dic-
tionnaire quasiment parfait entre les proprietes de V et celles de F(V).
Dans le cas projectif, 1'un des problemes est que les elements de Th(V)
ne definissent pas des fonctions sur V, meme dans le cas le plus simple
des polynomes homogenes, car si x £ Pn et si F est homogene de degre
d, la valeur F(x} depend du choix du representant : F(Xx} = XdF(x}.
Pour remedier a cette situation on part de 1'idee que 1'espace pro-
jectif Pn contient des ouverts U{ = DJr(Xi] qui sont en bijection avec
des espaces affines. Sur ces ouverts on possede de bonnes fonctions : les
polynomes. On pourrait done imaginer, pour avoir de bonnes fonctions
sur Pn, de recoller ces fonctions sur les Ui. En tous cas, ce n'est pas ainsi
qu'on va obtenir beaucoup de fonctions definies sur tout Pn, cornme le
montre 1'exemple ci-dessous.
Considerons sur la droite protective P1 munie des coordonnees ho-
mogenes x et t les ouverts UQ (x / 0) et U\ (t ^ 0). Us sont en bijection
avec k par ji : k —> Ui avec JQ et j\ donnes respectivement par T H-» (1, r)
et
C ""* (C? l)^ de reciproques (x,t) H-* t/x et (x,t) »-» x/t. Sur UQ (resp.
44 III. Faisceaux et varietes
La conclusion de ce qui precede est que dans le cas projectif les fonc-
tions globales (i.e. sur tout P n , ou sur tout V pour V ensemble algebrique
projectif) sont insuffisantes (il n'y a le plus souvent que les constantes)
et que si on veut avoir des fonctions, il faut se contenter d'en avoir lo-
calement, c'est-a-dire sur des ouverts.
C'est cette constatation qui conduit a la notion de faisceau.
1. La notion de faisceau
a. Faisceaux de fonctions : definition
Definition 1.1. Soit X un espace topologique et soit K un ensemble.
Un faisceau de fonctions sur X a valeurs dans K est la donnee pour
tout ouvert U de X d'un ensemble J-"(U) de fonctions definies sur U et a
valeurs dans K, avec les deux axiomes suivants :
1) Restriction : Si V est un ouvert inclus dans U et si f € F(U), on
afveF(V).
2) Recollement : Si U est reconvert par des ouverts Ui (i € /) et si 012
se donne des fa e F(Ui) telles que f^u^Uj = fj\UinUj, U existe une et une
seule fonction f e F(U) telle que f\ui = fi.
§ I. La notion de faisceau 45
Remarques 1.2
a) Dans 1'axiome de recollement, 1'existence d'une fonction / : U —> K
verifiant /|t/{ = fi est claire. La condition dit seulement que cette fonction
est dans J-(U}.
b) Les axiomes ci-dessus sont les axiomes naturels qui assurent que
certaines fonctions sur X (dont on veut faire nos bonnes fonctions dans
la situation donnee) possedent le minimum de proprietes qui permettent
de travailler convenablement avec elles : elles sont stables par restriction
(axiome 1) et sont de nature locale, c'est-a-dire que pour verifier que /
est une bonne fonction il suffit de le faire localement (axiome 2).
c) Ce type de conditions est verifie par des classes tres importantes
de fonctions : le faisceau de toutes les fonctions, d'abord, mais aussi les
fonctions continues a valeurs reelles ou complexes, ou encore, si X est un
ouvert de R n , les fonctions differentiates, analytiques,...
d) On note que la restriction definit une fleche ry,u ' F(U} ~* F(y]
qui verifie pour tout 17, TU,U — I&T(U}, gt pour tous W C V C £/,
TW,U = TwyTvy-
b. Faisceaux generaux
Nous aurons besoin de faisceaux plus generaux que les faisceaux de
fonctions. L'operation de restriction, qui n'est plus evidente, est donnee
cette fois de maniere axiomatique en utilisant 1.2.d :
Remarques 1.5
a) Le prefaisceau dont les sections sur U sont les fonctions constantes
a valeurs dans K n'est pas en general un faisceau. En effet, la condition
de recollement est en defaut sur un ouvert non connexe.
b) On peut toujours (mais de maniere non naturelle) considerer un
faisceau comme un faisceau de fonctions (cf. Exercice III, A.I). Cette
remarque nous permettra, si besoin est, de nous limiter aux faisceaux de
fonctions.
c) Si T est un prefaisceau sur X (pour simplifier nous supposerons qu'il
s'agit d'un prefaisceau de fonctions de X dans K), on peut le plonger de
maniere canonique dans un faisceau T^ appele faisceau associe a J-'. II
suffit pour cela de rendre locale la propriete "etre dans ^"(17)" en posant,
pour U ouvert de X :
Le faisceau ainsi defini est le meilleur possible (i.e. le plus petit qui con-
tienne T; cf. [H] II, 1.2).
d) Si on a un faisceau T sur X et si U est un ouvert de X, le faisceau
T\u est defini de maniere evidente : si V est un ouvert de £/, on pose
r\v(v) = r(v).
c. Faisceaux d'anneaux
Les faisceaux les plus importants avec lesquels nous aurons a travailler
sont les faisceaux d'anneaux (ou plutot de fc-algebres). Dire que F est un
faisceau d'anneaux signifie que les F(U) sont des anneaux commutatifs
et que les restrictions sont des homomorphismes d'anneaux. C'est le cas
du faisceau des fonctions (quelconques) a valeurs dans un anneau, ou
encore des faisceaux de fonctions continues, differentiables,... a valeurs
dans R ou C, avec 1'addition et la multiplication ordinaires. On peut
evidemment donner des definitions analogues avec d'autres structures :
groupes, modules, fc-algebres,...
Definition 1.6. Un espace annele est un espace topologique X muni
d'un faisceau d'anneaux. Ce faisceau est appele faisceau structural de X
et on le note traditionnellement Ox-
"Moralement" ce faisceau est le faisceau des "bonnes" fonctions sur
X et cela suppose done que somme et produit de bonnes fonctions en
soient encore.
§2. Le faisceau structural d'un ensemble algebrique afEne 47
Definition 1.8. Soient (X,Ox] efc (F, Oy] deux espaces anneles. Un
morphisme d'espaces anneles consiste en la donnee d'une application con-
tinue (p : X —> Y, qui transforme par composition une bonne fonction en
bonne fonction : pour toute fonction g : U —> k, telle que g G T(U, Oy),
onagver(<p-lU,Ox}.
Remarques 1.9
a) On notera que dans le cas des fonctions differentiables par exemple,
cette condition relative a la composition equivaut a la differentiabilite de
1'application (p.
b) Pour tout ouvert U de Y on definit un homomorphisme d'anneaux :
Dans le cas qui nous interesse on cherche done a definir F(Z)(/), Oy}.
Comme D(f) est 1'ensemble des points ou la fonction / n'est pas nulle,
il est naturel d'inclure parmi les sections de Oy sur D(f), outre les fonc-
tions sur V, la fonction inverse f"1. Precisement, considerons 1'homo-
morphisme de restriction r : F(V) —> F(D(f},k] ou F(D(f),k} designe
1'anneau de toutes les fonctions de D(f) dans k. Comme r(f] est in-
versible r se factorise en r = pj par le localise F(V)/ (cf. Memento 1.6.b)
et 1'homomorphisme p : F(V)/ —> F(D(f),k) est injectif. En effet, si
p(g/fn) — 0, on a g(x] = 0 sur D(f), done fg = Q sur V, ce qui signifie
bien que g / f n est nul dans le localise (cf. Memento loc. cit.}. On definit
alors :
§2. Le faisceau structural d'un ensemble algebrique afEne 49
Remarques 2.5
a) Le lecteur scrupuleux verifiera que si un ouvert a deux ecritures
D(fi) = D(/2), les anneaux correspondants sont egaux. Cela resulte de
1'argument utilise en 2.4.a ci-dessus.
b) Pour verifier 2.4 dans le cas general, on prendra garde que 1'ega-
lite des s; sur 1'intersection signifie seulement qu'il existe un entier N
avec fffffaf? - djfl1) = 0. On ecrira ensuite fm = Ejbjf?+N et
a = £,-a,V/r.
c) Le calcul de T(U, Oy] pour un ouvert non standard est plus ardu.
Voir par exemple le cas de U = k2 - {(0,0)} (cf. exercices III, A.2).
Remarques 3.2
a) Les auteurs americains reservent en general le mot variete au cas
irreductible.
b) L'unique gain des varietes algebriques affines par rapport aux en-
sembles algebriques affines est d'etre intrinseques, i.e. independantes d'un
plongement dans kn. L'exemple typique a cet egard est celui des D(f) :
Proposition 3.3. Soient V un ensemble algebrique affine et f € F(V).
L'ouvert D(f], muni du faisceau Oy restreint a D(f), est une variete
algebrique affine.
§ 3. Les varietes amnes 51
Dire que (X, Ox) est localement isomorphe a une variete algebrique
affine signifie que pour tout x G X il existe un ouvert U contenant x tel
que (U, Ox u) soit isomorphe a une variete algebrique affine. Par ailleurs,
le lecteur verifiera que les varietes affines sont bien quasi-compactes, done
sont des varietes algebriques.
Proposition 4.3. Soit X une variete algebrique. Les ouverts affines fer-
ment une base d'ouverts de X. Plus precisement, tout ouvert de X est
reunion finie d'ouverts affines (done est quasi-compact).
Corollaire 4.4. Une variete algebrique non vide s'ecrit de maniere uni-
que comme reunion finie de fermes irreductibles sans inclusion mutuelle :
ses composantes irreductibles.
Examples 4.5
a) Si X est une variete algebrique et U un ouvert de X, U muni du
faisceau Ox u est une variete algebrique dite sous-variete ouverte de X.
En particulier, tout ouvert d'une variete algebrique affine est une varie-
te algebrique (dite quasi-affine), mais, attention, pas necessairement
affine (exemple : k2 - {(0,0)}, cf. Exercice III, A.4).
b) Sous-varietes fermees. Soit X une variete algebrique et soit Y un
ferine de X. II s'agit de definir sur Y un faisceau Oy. L'idee la plus
naturelle, imposee par le fait que I'inclusion doit etre un morphisme,
est de prendre les restrictions des fonctions sur les ouverts de X, i.e. de
prendre pour sections sur un ouvert V de Y :
{/ : V -* k 3 U C X, ouvert,
Alors, si X est une variete algebrique (resp. une variete algebrique affi-
ne), il en est de meme de Y muni de Oy et I'inclusion de Y dans X est
un morphisme.
54 III. Faisceaux et varietes
Definition 4.9. Soit X une variete algebrique et soit Y une partie lo-
calement fermee de X (i.e. 1 'intersection d'un ouvert et d'un ferme).
Alors, Y, munie de la structure de variete definie en a) et b), est ap-
pelee une sous-variete algebrique de X.
§ 5. Anneaux locaux 55
5. Anneaux locaux
Definition 5.1. Soit X une variete algebrique et soit x € X. On con-
sidere les couples (U, f) avec U ouvert deX contenant x, et f G F(t/, Ox)-
Deux tels couples (U, f) et (V, g] seront dits equivalents s'il existe un ou-
vert W avec x € W C Ur\V, tel que f\w = g\w- Les classes d'equivalence
pour cette relation sont appelees les germes de fonctions en x. Le germe
de (U, f) est note fx. L'ensemble des germes en x est note Ox,x-
6. Faisceaux de modules
et on dit que / est injectif si f(U) est injectif pour tout U, ou encore si
Ker/ = 0.
En revanche, pour parler de faisceau image et de surjectivite il faut
etre plus soigneux. C'est 1'une des difficultes fondamentales de la notion
de faisceau. Considerons en effet un homomorphisme / : T —> Q. II
est tentant de definir son image par la formule (Im/)([/) = Im (/([/)).
Malheureusement cela ne fournit pas, en general, un faisceau, comme le
montre 1'exemple suivant, historiquement le premier rencontre (il s'agit
ici de faisceaux de groupes abeliens et non de modules, mais le principe
est identique) :
Remarque 6.7. Dire que / est surjectif c'est dire qu'il Test localement.
C'est le cas de 1'exponentielle dans 1'exemple 6.5.
Nous aliens revenir sur le cas des sous-varietes fermees. Nous aurons
besoin, pour cela, de la definition suivante :
Remarques 7.2
1) On peut decrire le module localise M/ comme 1'ensemble des couples
(#, s) avec x 6 M et 5 = / n , quotiente par la relation d'equivalence :
(x, s) ~ (y, t) 3 u = fr u(xt — ys) = 0.
(attention, la presence du u peut etre necessaire si A n'est pas integre ou
si M a de la torsion, i.e. si on peut avoir ax = 0 avec a € A et x E M
tous deux non nuls). On note x/s 1'image de (x, s). C'est aussi x® (1/s).
2) On verifie comme en 2.3 qu'on definit bien ainsi un faisceau.
3) On a, en particulier, A = Oy.
Proposition 7.3. La correspondance M i—» M est fonctorielle et exacte,
elle commute aux sommes directes et aux produits tensoriels.
Demonstration
1) Fonctorialite. Soit </? : M —> TV un homomorphisme de A-modules,
on en deduit aussitot par fonctorialite du produit tensoriel une applica-
tion ipf : Mf — M ®A Af —» Nf = N ®A A/, d'ou la fonctorialite.
2) Exactitude. Soit 0 -» M' — M —> M" -* 0 une suite exacte de
^-modules. Alors la suite 0 —> M'f —> M/ —> M'j —> 0 obtenue par
localisation est exacte. II suffit de prouver 1'injectivite de % : M'f —> Mf,
le reste resulte des proprietes du produit tensoriel (cf. Memento 2.2).
Supposons i(x'/fn) = 0 dans M/. Cela signifie qu'on a frx' = 0 dans M,
done aussi dans M', done x / f n = 0 dans Mf. (En termes plus savants,
le A-module Af est plat, cf. [Bbki] AC II §2 N°4, Th. 1.)
3) Sommes et produits. II s'agit de montrer les formules (M ® M')/ —
M; © M'f et (M <g)A M')/ = Mf ®Af M'f. Le lecteur les verifiera a titre
d'exercice.
60 III. Faisceaux et varietes
Proposition 7.7. Soit 0 —> F —> T —> F" —> 0 une suite exacte de
faisceaux quasi-coherents sur une variete algebrique affine X. On a la
suite exacte :
(XI/XQ, . . . , x n /xo). Sur C/o les bonnes fonctions correspondent aux fonc-
tions polynomes sur fcn, ce sont done les polynomes en XI/XQ, . . . , xn/XQ,
autrement dit, on va poser F([/o, Opn] = k [ X i / X Q , . . . , Xn/XQ}. Get an-
neau est contenu dans le localise de k [ X Q , . . . , Xn] par rapport a XQ, mais,
de plus, le fait de ne considerer que les polynomes en les Xi/Xo revient a
se limiter dans le localise aux elements F/XQ avec F homogene de degre
r. Cela nous conduit a la definition suivante :
est clairement surjectif. Mais alors (cf. 2.2) Oy est 1'image du faisceau
(9pn dans le faisceau des fonctions sur V, et si Pn est une variete, il en est
de meme de V qui est la sous-variete fermee portee par V (cf. Exemple
6.10).
Dans le cas de P n , il suffit de montrer que les ouverts D+(Xi) sont des
varietes affines et, par homographie, on peut meme se limiter a D+(X0)
(en effet, il est clair que les homographies sont des automorphismes de
Pn muni de sa structure d'espace annele). C'est essentiellement la tra-
duction formelle du lien affine-projectif vu en II, et cela va faire 1'objet
du paragraphic suivant.
b. Le lien affine-projectif
On pose UQ = D+(X0), ensemble des points de Pn dont la coordonnee
XQ est ^ 0. On a la bijection j : kn —> t/o, definie par
Son noyau est 1'ideal (XQ — 1). On s'interesse surtout au cas ou P est
homogene de degre d. Dans ce cas on a (dans le corps des fractions
:
fc(Xo, . . - ,-X"n))
iv. j est un homeomorphisme. Comme les D+(F] et les D(f) sont des
bases d'ouverts de Pn et fcn, cela resulte des deux formules suivantes dont
la verification est immediate :
§ 8. Les varietes projectives 65
Remarques 8.6
1) L'espace projectif Pn est irreductible. Cela resulte de 8.5 et de
1'exercice I, 4.b.
2) Nous montrerons en 11.8 que tous les ou verts D+(F] de Pn sont
des ouverts affines. II en resulte que les ouverts D+(f] de V C Pn le sont
aussi.
66 III. Faisceaux et varietes
Remarques 9.2
1) On a R = OX-
2) En restriction a 1'ouvert affine D+(f], d'anneau #(/), on verifie que
le faisceau M n'est autre que le faisceau M(/) associe au .R(/)-module
M(/) defini au §7 dans le cas affine. En particulier, le Ox-module M est
§ 9. Faisceaux de modules sur les varietes algebriques projectives 67
en passant aux faisceaux 0 —* / —> R —> R/I —> 0. Ici encore, cette suite
n'est rien d'autre que la suite exacte fondamentale 0 —» Jy —> Ox —*
OY —> 0, comme on le verifie sur les ouverts D+(f}.
Les sections de Ox(d] sur Pouvert D+(f} sont done les elements de
degre d de Rf : a / f r avec deg a — r deg / = d.
Remarques 9.8
0) Attention, les faisceaux Ox(d) dependent de maniere essentielle de
la graduation de R, done du plongement de X dans Pn choisi.
1) Si M est un ^-module gradue, on a M(d) = M®OX Ox(d] = M(d)
(cela resulte de la commutation au produit tensoriel).
2) On cherche maintenant un foncteur en sens inverse. Comme les
faisceaux sur les varietes projectives ont, en general, trop peu de sections
globales, ce sont les sections des faisceaux F(d} (pour tous les d £ Z) qui
vont jouer en projectif le role que jouaient en affine les sections globales
de JF, mais la situation sera moins idyllique. Precisement, si T est un
Ox -module, on definit le /^-module gradue F*(JF) par la formule :
§ 9. Faisceaux de modules sur les varietes algebriques projectives 69
En particulier, on a
Corollaire 9.10. On a :
Demonstration
1) Supposons X affine. Alors <p est reguliere et on conclut par 3.5.
2) Dans le cas general on recouvre X par des ouverts affines et la
conclusion vient de 11.1 et du cas X affine.
Remarques 11.3
1) On verifie que la projection naturelle de kn+1 — {0} dans Pn est un
morphisme.
2) Si (f> : X —» Y est un morphisme et si V et W sont des sous-
varietes de X et Y respectivement, telles que ip(V) C W, la restriction
<p\v V —> W est encore un morphisme.
Examples 11.6
a) Parametrer la conique. On considere le morphisme (p : P1 —» P2
donne par
Ce morphisme est defini sur tout P1 car les polynomes u2,uv,v2 n'ont
pas de zero commun dans P1. II est clair que son image est contenue
dans la conique C = VP(XT — Y2) et on voit facilement que y>: P1 > C
est bijective, mais nous allons montrer, plus precisement, que c'est un
isomorphisme.
Pour cela on note que C est recouverte par les ouverts affines D+(X] et
D (T) de P 2 . On sait que ces ouverts sont isomorphes a k2, par exemple,
+
pour D+(X], la fleche est donnee par (1, y, t) i-v (?/, £). Get isomorphisme
se restreint en un isomorphisme j de C Pi D+ (X] sur C*b, conique affine
definie par y2 — t = 0. Par ailleurs, on a aussi 1'isomorphisme i de k sur
.D+(w) c P1 donne par v (-» (l,v). Mettant bout a bout ces fleches on
obtient :
avec v i—» (l,t>) >-> (l,^,?; 2 ) i—^ (v,v2} et il est clair que le compose des
trois est un isomorphisme, done ip est un isomorphisme de D+(u} sur
D+(X} n C. Le meme raisonnement avec v et T donne le resultat.
Attention, dans cet exemple, bien que P1 et C soient isomorphes, les
anneaux gradues associes ne sont pas les memes. En effet le morphisme
(p induit un homomorphisme
donne par les trois polynomes I72, UV, V2. Mais cet homomorphisme n'est
pas un isomorphisme (son image est le sous-anneau k[U2,UV,V2}) et il
ne conserve pas la graduation. En fait les deux anneaux ne sont pas
isomorphes (le localise de F/^C) en 1'ideal (X, Y, T} n'est pas regulier car
il correspond au sommet du cone affine V(XT — Y2}, cf. Ch. V).
Exercices A
1. Faisceaux et faisceaux de fonctions
Soient X un espace topologique et T un faisceau sur X. Soit P e X
et soit Ep 1'ensemble des couples (£/, s) ou U est un ouvert contenant P
et ou s € 3-(U}. On verifiera qu'on definit une relation d'equivalence sur
Exercices A 75
3. Sections et quotients
Soit Q C A:4, Q = V(XY - ZT] muni de sa structure de variete alge-
brique. Soient Uy et Uz les ouverts de Q definis par y ^ 0 et z ^ 0 et
posons U = Uy U Uz-
a) Montrer que la fonction / de U dans k definie par /(x, ?/, z, t} = x/z
(resp. = t / y ) si P = (x, y, z,t) € Uz (resp. si P € C/y) est un element de
F(t/,0g).
b) ^ Montrer que / n'est pas la restriction a U d'un quotient G/H
avec G, H dans k[X, Y, Z, T] et H(P] ^ 0 pour tout P € U.
(On notera que cela signifie que V(y,Z), bien que de codimension 1
dans Q, ne peut etre defini par une seule equation (cf. Ch. IV).)
76 III. Faisceaux et varietes
6. Un critere local
Soit (p : X —> Y un morphisme de varietes. Montrer que <p est un
isomorphisme si et seulement si on a les deux conditions :
i) (p est un homeomorphisme,
ii) pour tout x e X, (p* : Oy^(x) — Ox,x est un isomorphisme.
7. Semi-continuite du rang
Soit X une variete affine d'anneau A = Y(X,Ox}, M un yl-module
de type fini et T = M le faisceau correspondant sur X. Soit x € X
qui correspond a 1'ideal maximal mx de A et soit k(x) le corps residuel
(qui est isomorphe au corps de base k}. On pose F(x) = M ®A k(x}.
(Attention a ne pas confondre avec la fibre Fx du faisceau (cf. Exercice
1) qui est, elle, le produit tensoriel avec 1'anneau local : M ®A Amx ; le
lien entre les deux est la formule J-"(x} = J-'x/mxJ:x.)
a) Montrer que F(x) est un fc-espace vectoriel de dimension finie.
b) On pose Un — {x 6 X r(x) = rang(/"(a:)) < n}. Montrer que
Un est ouvert dans X, c'est-a-dire que la fonction r est semi-continue
superieurement. (On utilisera Nakayama, cf. Memento II.)
c) Generaliser le resultat precedent a une variete non necessairement
affine X et a un faisceau coherent F.
d) On suppose X connexe et T localement libre (i.e. pour tout x e X
il existe un ouvert affine U de X, contenant x sur lequel JF est isomorphe
a Of/). Montrer que la fonction r est constante sur X.
e) *| Reciproquement on suppose r constante. Montrer que T est
localement libre. (On pourra relever une base ^ T , . . . , x^ de F(x} sur k en
X i , . . . ,xr dans Fx ou meme dans ^(U] pour U ouvert affine contenant
x et montrer que ces elements forment une base de J-"(U) sur F(f7, Ox}-}
Exercices A 77
Kom0x(v*g,f) ~ EomoY(G,v*f).
Exercices B
1. Homogeneisation, deshomogeneisation
Dans 1'espace projectif P n (fc) repere par les coordonnees homogenes
x 0 , , xn on identifie 1'espace affine An(k] a 1'ouvert C/o defini par XQ ^ 0.
L'hyperplan "a 1'infini" XQ = 0 est note HQ. On va etudier les rapports
entre les sous-ensembles algebriques de An(k] et P n (fc).
On rappelle qu'on a pose :
PouiP€k[X0,Xlt...,Xn]1Pl(Xl,...tXn) = P(l,Xlt...1Xn)1
Pouip€k[Xl,...,Xn},pt(X0,Xl,...,Xn)=Xf*pp&,...^}.
-Ao AQ
Les notations ci-dessous seront utilisees dans la suite :
Si / est un ideal de k [ X i , . . . , Xn], /" est 1'ideal de k[X0, Xi,..., Xn]
engendre par les p", pour p G /.
Exercices B 79
3. Le morphisme de Veronese
On se propose de prouver le theoreme III, 11.7. Solent n et d des
entiers > 0 et soit
5) Conclure.
m^ =10lr(u'0x) siaiu
siaeU.
'
Montrer que f est un faisceau, puis que c'est un Ox-niodule, non nul,
mais tel que Fpf, J7} = 0. En deduire que T n'est pas quasi-coherent.
Chapitre IV
Dimension
0. Introduction
La notion de dimension est le premier et le plus naturel des invariants
d'une variete algebrique. On va enfin pouvoir parler de varietes de di-
mension 0 (les points), de dimension 1 (les courbes), de dimension 2 (les
surfaces)... Nous allons donner une definition topologique de la dimen-
sion, tres naturelle, mais pas toujours facile a manipuler, puis d'autres,
plus agreables, mais qui font appel a des resultats d'algebre.
Demonstration. Vu 1.3 il est clair que Ton a dimX > sup dimXi.
Reciproquement, soit p le sup en question (s'il est infini, le resultat est
trivial). Supposons qu'on ait une chame de X de longueur p + 1 :
n
FQ C C Fp+i. On a Fp+i = U(X< n Fp+1), mais, comme Fp+i est
»=i
irreductible, il est inclus dans 1'un des Xi, ce qui contredit dimXi < p.
Exemple 1.6. Un anneau principal qui n'est pas un corps est de dimen-
sion 1 (car tout ideal premier non mil est maximal); k[Xi,... , X n ] est
un anneau de dimension > n comme en temoigne la chaine (0) C (Xi) C
(XiiXz) C C ( X i , . . . ,Xn}. En fait cet anneau est de dimension n
(cf. 1.9 ci-dessous).
Demonstration
1) On traite d'abord le cas cm X est affine d'anneau F(X). L'ouvert
U contient alors un ouvert standard non vide D(f] avec / € F(X) non
nul et on a dimD(f) < dimll < d\mX. Comme 1'anneau de D(f) est
un localise de celui de X, ces anneaux ont meme corps de fractions, done
X et D(f) ont meme dimension par 1.10, done aussi U.
2) Ce qui precede prouve que les ouverts affines non vides de X (qui
sont irreductibles) ont tous la meme dimension finie r (regarder 1'inter-
section de deux ouverts).
3) Supposons dim A" > r. On aurait done une chaine FQ C C Fn
avec n > r. Soit x € FQ et soit U un ouvert affine contenant x. On
considere dans U les fermes U C\ Fj. Us sont irreductibles comme ouverts
non vides d'un irreductible, distincts car on a Fi fl U — Fi (Fi fl U est un
ouvert non vide de Pirreductible Fi). On a done une chaine de longueur
n dans [/, ce qui est absurde.
4) Enfin, si U est un ouvert quelconque, il contient un ouvert affine et
on a la conclusion.
Commentaire 1.12. Ce qui precede donne une voie pour calculer la di-
mension d'une variete algebrique X quelconque :
1) Quitte a decomposer X en union finie d'irreductibles on se ramene
au cas ou X est irreductible.
2) Si X est irreductible, quitte a remplacer X par un ouvert affine, on
peut supposer X affine irreductible.
3) Enfin pour X affine irreductible on utilise le degre de transcendance
de K(X).
Exemples 1.13
1) On a dimP n = n. (On se ramene a 1'espace affine.)
2) Une variete V de dimension 0 est finie : on se ramene au cas affine
irreductible et c'est clair.
86 IV. Dimension
Proposition 2.1
a) V(f} est vide f est inversible dans F(V),
b) V(/) contient une composante irreductible <=> / est diviseur de
zero.
et cet anneau est integre. Montrons que les images x\,... ,x n _i des Xi
dans cet anneau forment une base de transcendance de son corps de
fractions, ce qui prouvera que V(f) est de dimension n — 1. En effet,
la derniere variable xn est algebrique sur k(x\,..., x n _i) puisqu'elle ve-
rifie 1'equation F(x\,...,xn_i,xn] 0. D'autre part les xi,...,x n -i sont
algebriquement independants, sinon on aurait une equation polynomiale
g(xi,..., xn-i) = 0 dans F(F(/)), ce qui signifie g(Xit..., X n _i) <E (/),
or c'est impossible pour une raison de degre en Xn.
Corollaire 2.4. Soit V une variete algebrique affine equidimensionnelle
de dimension n et soient / i , . . . , fr € F(V). Alors si W est une com-
posante irreductible de V(f\,..., fr], on a dim W > n — r.
b. Le theoreme d'intersection
La encore la source de ce resultat est le modele lineaire : le lemme
sur la dimension de 1'intersection de deux sous-espaces vectoriels, mais il
faut ici se contenter d'une inegalite.
Demonstration
1) On suppose d'abord que X — V(F) est une hypersurface. Si / est
1'image de F dans T(Y) on a alors X n Y — Vy (/) et on conclut par 2.4.
2) Le cas general se ramene au cas precedent en identifiant X D Y avec
la trace de la diagonale dans le produit kn x kn (cf. Exercice IV, 1 ou [H]
I, 7.1).
Nous laissons au lecteur les deux propositions suivantes dont les de-
monstrations sont analogues.
Corollaire 2.11. Soit V une variete algebrique projective irreductible
et soient / i , . . . , fr G I\(V) des elements homogenes non constants.
1) Toute composante irreductible de V ( / i , . . . , fr) est de codimension
< r dans V.
2) Si on a, de plus, r < dim V, V ( / i , . . . , fr) n'est pas vide.
On a aussi des systemes de parametres homogenes :
Proposition 2.12. Soit V une variete algebrique projective irreductible
et soit W une sous-variete algebrique projective irreductible de codimen-
sion r. II existe des elements homogenes / i , . . . , fr € I\(F) tels que W
soit une composante irreductible de V ( / i , . . . , /r).
3. Morphismes et dimension
a. Examples et discussion
Soit (f> : X —» Y un morphisme de varietes algebriques. On suppose
X et Y irreductibles (pour se ramener a ce cas on decompose Y en
composantes irreductibles : Y = Y\ U Yr, puis on considere les images
reciproques qui sont des fermes recouvrant X et on les decompose a leur
tour, cf. 3.8 ci-dessous).
Soit y un point de Y et notons (p~l({y}} ou plutot (p~l(y] sa fibre.
Comme {y} est ferme dans Y (exercice : pourquoi ?), la fibre est un ferme
de X que Ton munit de sa structure de variete2.
2
Pour les problemes concernant la dimension, qui est un invariant somme toute
assez grossier, la structure de variete nous suffit. En revanche pour des notions plus
fines (par exemple le degre) il faudra definir sur la fibre une structure de schema, voir
1'appendice sur les schemas 4.b.
92 IV. Dimension
Exemple 3.2. Si Im</? est trop petite, une formule du type (*) ne peut
pas etre valable. Par exemple, si (p est constante, disons <f>(x] = b pour
tout x G X, on a :
et la formule (*) n'est pas vraie (ne serait-ce que parce que Y n'intervient
pas).
On va done devoir faire une hypothese sur (p. L'hypothese naturelle,
(f> surjective, est trop forte (cf. 3.3 et 3.4), la bonne condition est (p
dominant, i.e. (cf. I, 6.10) v(X] = Y.
3.6. Consequences
a) Dans la situation du lemme on a dim X = dim U, dim y = dim V,
dim Z = dim Z n C7 et Z n £7 est une composante irreductible de v^li/ 1 ^)-
On a done la meme situation qu'au depart mais avec des varietes alge-
briques affines et ceci permet de ramener la plupart des enonces au cas
affine.
b) On deduit du lemme que si </? : X —» Y est dominant (avec X, Y
irreductibles) on a dimF < dimX. En effet on peut supposer X,Y
affines et on sait alors que la fleche </?* : T(Y) —> T(X) associee a (p est
injective. Elle induit done une fleche injective sur les corps des fractions :
(f>* : K(Y] —> K ( X ) et il en resulte que le degre de transcendance de
K(Y) sur k est plus petit que celui de K(X). On conclut alors par 1.8.
94 IV. Dimension
c. Le theoreme de dimension
Theoreme 3.7. Soit (p : X —* Y un morphisme dominant de varietes
algebriques irreductibles.
1) Soit y G Y. Toute composante irreductible de tp~l(y] est de dimen-
sion au moins egale a dim X — dim Y.
2) II existe un ouvert non vide U CY verifiant :
a)Uc <p(X),
b) Vy G U on a dim (p~l(y) — dim X - dim Y, plus precisement, toutes
les composantes irreductibles de <p~l(y} sont de dimension dim X—dim Y.
d. Quelques corollaires
Le premier corollaire prend en compte le cas reductible :
Demonstration
1) On decompose Y en composantes irreductibles : Y = Y\ U U Yn,
puis on decompose de meme ip~l(Yi) = IJj ^i,j- On considere la restriction
de (f> : Xij —> Yi et on pose Z{ = <p(Xij}. On applique alors 3.7 a
(p : Xij —* Zi, on a done dim Xij < dim Zi + dim <p~l(z] < dim Y + r et,
comme X est reunion des Xitj, on a la conclusion.
2) Soit Yi une composante Y de dimension dimF. La restriction
(p : (p~l(Yi) —> Yi est dominante (considerer 1'ouvert non vide Yi — Uj^i Yj
de Y"). On decompose encore if>~l(Yi) = \Jj Xitj en composantes. Quitte a
enlever certaines composantes on peut supposer que tous les X^j domi-
nent Y^ Si toutes les dimensions des X^j sont < r + dimF, le point 2.b,
de 3.7 applique a la restriction (p : Xitj —> Yi montre que la fibre generale
de (p~lYi —» Yi est de dimension < r, ce qui est absurde.
§ 3. Morphismes et dimension 97
par (p(x,y, z] = (x, (xy — l)y, (xy—l)z) qui est surjectif mais pour lequel
YI n'est pas ferine.3
Lemme 4.4. Avec les notations de 4.3, soit q £ Spec B, de sorte que
p = q n A e Spec A. Alors on a q maximal p maximal.
Corollaire 4.6. Avec les notations de 4.3, si A est local d'ideal maximal
m, il existe n € MaxB tel que m = n n A.
Exercices
Dans tout ce qui suit on travaille sur un corps k algebriquement clos.
1. Intersections en affine
Soient X et Y deux sous-ensembles algebriques de kn, irreductibles,
de dimensions respectives r et s. On se propose de montrer que toute
composante irreductible de X D Y est de dimension > r + s — n.
a) Montrer que le resultat est vrai si X est une hypersurface de kn.
100 IV. Dimension
2. Intersections en projectif
Soient p, q des entiers > 0 et r un entier avec 0 < r < inf (p, q). On
designe par Mpi9 1'ensemble des matrices p x q a coefficients dans k. On
munit cet ensemble de sa structure naturelle d'espace affine de dimension
pq. On pose :
5. Dimension du commutorium
On rappelle les resultats suivants sur les matrices (on suppose connue
la reduction de Jordan).
1) Si A € M n (fc), le commutant C(A) = {B e Mn(k) AB = BA}
est un A;-espace vectoriel de dimension > n.
2) On a dimC(A) = n si et seulement si la reduite de Jordan est
complete, i.e. si pour chaque valeur propre A le bloc correspondant est
HP la fnrmp
7. Un theoreme d'irreductibilite
On se propose de montrer le theoreme suivant :
Theoreme 1. Soit (p : X —» Y un morphisme dominant de varietes
projectives. On suppose : 1) Y irreductible, 2) toutes les fibres <f>~l(y),
pour y G Y, irreductibles et de dimension constante n. Alors X est irre-
ductible.
1) Montrer que (p est surjectif et ferme (cf. Probleme II). Montrer
qu'on a dim X — n + dim Y.
2) Soit X — X\ U U Xr la decomposition en composantes irre-
ductibles de X. Montrer qu'il existe une composante Xi telle que <p(Xi) =
Y.
On suppose dans ce qui suit que les composantes Xi telles que (p(Xi) =
Y sont celles d'indices z = 1,..., s, I < s < r. On note (pi la restriction
de (p a X^
3) Montrer qu'il existe i < s tel que dimXi = dimX. Montrer que,
pour un tel i, toutes les fibres de (pi sont de dimension > n, puis que 1'on
a X = Xi (comparer les fibres de (p et <#). Conclure.
On notera que la propriete ne subsiste pas sans 1'hypothese que les
varietes sont projectives : on peut avoir un morphisme p : X —* Y surjec-
tif, avec X, Y afBnes, Y irreductible et toutes les fibres de p irreductibles
et de meme dimension sans que X soit irreductible, ni meme equidimen-
sionnel. II suffit de prendre pour X la reunion de 1'origine de k2 et de
1'hyperbole xy = 1 et pour p la projection sur 1'axe des abscisses.
Chapitre V
Espaces tangents,
points singuliers
0. Introduction
Commengons par un peu de geometrie differentielle. Soit /(xi,..., xn)
= 0 une hypersurface S C Rn. On suppose / de classe C°°. Soit a =
( a i , . . . , a n ) G S. Qu'est-ce que 1'espace tangent a 5 en a?
Pour le comprendre, developpons / en un point x = a + /i, voisin de
a, par la formule de Taylor :
que Ton obtient done en ecrivant que (ai -f hi,..., an -f hn) € 5, mais en
negligeant les termes d'ordre > 2.
En geometrie algebrique on n'a pas en general cette notion de pe-
titesse. Pour la remplacer, on va parler de deformation du premier ordre
104 V. Espaces tangents, points singuliers
Exemples 0.1
1) On peut calculer ainsi 1'espace tangent au point A a la variete
algebrique de matrices O(n, R) definie par 1'equation 1AA = I. Une de-
formation de A sera de la forme A + eB; dire qu'elle est dans O(n, R)
signifie qu'on a i(A + tB}(A + eB} = I, d'ou en developpant :
1
AA + e(*BA + tAB) + e2(tBB) = / et en tenant compte de e2 = 0 et de
t
AA — /, il reste tBA + tAB = 0 qui donne 1'espace tangent cherche. On
notera que dans le cas A = I on retrouve tB + B — 0 : 1'espace tangent
a 1'origine est 1'espace vectoriel des matrices antisymetriques.
2) De la meme maniere on voit facilement que 1'espace tangent au
groupe SL(n, k} a 1'origine est forme des matrices de trace nulle.
1. Espaces tangents
a. Definition et exemples
Comme il s'agit d'etude locale, on peut essentiellement se limiter aux
varietes algebriques affines (cf. 1.11).
Soit done V une variete algebrique affine et x G V. On a vu au chapitre
I que la donnee d'un point revenait a celle d'un ideal maximal de F(V) :
mx — {/ 6 F(V) | j ( x ] — 0 }, ou encore d'un homomorphisme d'alge-
bres (ou caractere) Xx ' r(V) —> k, donne par / H-» f ( x ) , le lien entre les
deux etant clair : mx = Ke?Xx-
Un autre maniere de voir le point x de V est d'introduire le "point
etalon" : il s'agit de la variete affine P, reduite a un point P, et avec
r(P,Op) = k. On la notera aussi Spec k. La donnee du caractere Xx '
§L Espaces tangents 105
Examples 1.8
1) Soit V = kn et a = ( a i , . . . , a n ) G V. L'espace tangent a V en a est
forme des deformations t* : k [ X i t . . . , Xn] -» fc[e] qui verifient %a = pt*.
Une telle deformation est determinee par les images des indeterminees
t*(Xi) = di + ebi, c'est-a-dire par un vecteur (61,..., 6 n ). L'espace tangent
est done 1'espace vectoriel kn.
2) Soit V une variete algebrique affine, plongee dans kn et supposons
I(V) — (Fi,...,F r ). Soit a = ( a i , . . . , a n ) e V et cherchons 1'espace
tangent a V en a.
On considere pour cela une deformation
avec Xa — pi*i donnee par les images des indeterminees t*(Xi) = o^ + e&i,
avec les relations Fj(a + e&) = 0 pour tout j = 1,..., r, c'est-a-dire, avec
la formule de Taylor :
2. Points singuliers
Definition 2.1. Soit V une variete algebrique irreductible et soit x e V.
On dit que x est un point regulier (ou lisse) de V (ou encore que V est
non singuliere en x) si on a dim V = dimkTx(V). On dit que V est non
singuliere (ou lisse ou reguliere) si elle 1'est en tout point.
Remarques 2.2
1) Si V n'est pas irreductible il faut demander dimx V = dimTx(V)
ou dimx V est le sup des dimensions des composantes irreductibles pas-
sant par x. (En fait, on peut montrer, cf. 3.6, que si x est sur plusieurs
composantes il est singulier.)
2) Dans tous les cas on a dimTx(V] > dimx(T^) (cf. Probleme V).
Exemples 2.5
a) Les courbes planes. Si F(X, V) est un polynome sans facteur multiple
et si F(a, 6) — 0, le point (a, 6) est singulier sur V(F) si et seulement si
on a dF/dX(a,b] = 8F/dY(a,b) - 0. (En effet, 1'hypothese implique
I(V(F)) = (F), cf. I, 4.11.) Ainsi V(Y2 - X 3 ) et V(X3 + X2 - Y2)
sont singulieres en (0,0). (Dans le cas du point (0,0), on notera que
V(F) est singuliere si et seulement si F n'a pas de termes de degre < 2.)
En revanche, V(Y2 - X(X - l)(X - A)) est lisse pour A ^ 0, 1 (en
caracteristique differente de 2.) On note que si F n'est pas irreducti-
ble, F = FI - -F r , les points qui sont a 1'intersection de Fj et Fj sont
singuliers.
Proposition 2.6 (le cas projectif). Soit V CPH une variete algebrique
projective irreductible et soit x = (x0, . . . , z n ) G V. On suppose qu'on a
I(V] — (Fi, . . . , Fr) avec les FI homogen.es. Soit A la matrice de terme
<9F
general ?rtf-(x),
C/-/V j
pour i = 1, . . . , r et j = 0, . . . , n. Alois on a : V non
singuliere en x <(=> rang (A) = n — dim V.
Exemples 2.7
1) La courbe elliptique projective plane V(Y2T-X(X-T)(X- XT))
est lisse pour A ^ 0,1.
2) La cubique gauche C de P3 qui verifie :
Remarque 3.6. Un anneau local regulier est factoriel (cf. [Ma]), done en
particulier integre (ce qui prouve, cf. 2.2.1, qu'un point situe a 1'intersec-
tion de deux composantes irreductibles est necessairement singulier).
Remarque 4.5. Dire que Hp(F] = 0 c'est dire que P ^ V(F); dire
que Hp(F] = 1 c'est dire que P est un point lisse de V(F) car si FI —
aX + /?K, on a a — f^(-P) et 0 = |^(P). Si F est sans facteur multiple,
dire que ^p(F) > 2 c'est dire que P est un point singulier de V(F}.
p
En effet, considerons la multiplication par F : Op—*Op. Si x G m n ~ r ,
comme F € mr on a Fx € mn et on a done bien la factorisation annoncee.
Le seul point a montrer est qu'elle est injective. Soit a € Op et supposons
aF € ran, il s'agit de montrer que a 6 mn~r. Pour cela on ecrit a = a'/s,
avec a', 5 € fcpf, F] et s(P) / 0. On pose a' = ai 4- -f a9 avec aj
homogene de degre i, a/ ^ 0 et I < q. Comme s n'est pas nul en P, le
fait que Fa soit dans ran signifie que la valuation en P du polynome a'F
est > n, or cette valuation est r -f I (car a^Fr ^ 0). On a done I > n — r,
done a G mn~r.
On deduit de cette suite exacte 1'egalite :
Remarques 4.7
1) La proposition ci-dessus englobe le cas des courbes (i.e. le cas ou
F n'a pas de facteur multiple). Dans ce cas 1'anneau A n'est autre que
1'anneau local de C = V(F] en P et on constate que la multiplicite ne
depend que de cet anneau local. On a donne la proposition dans un cadre
plus general afin de preserver la possibilite d'avoir des courbes avec des
composantes multiples (cf. Ch. VI).
2) La notion de multiplicite se generalise comme suit : si A est un
anneau local noetherien, de corps residuel k = A/m, on montre que
pour n grand la dimension du fc-espace vectoriel A/mn est une fonction
polynomiale de n (dite fonction de Hilbert-Samuel de -4), de degre d =
dimx A et dont le coefficient dominant est de la forme ^f ou /^ est un
entier appele multiplicite de A (cf. [H] V, Exercice 3.4).
Exercices 115
Examples 4.9
Si F = Y2 — X3, 1'origine est un point double avec tangente double.
Ce n'est pas un point double ordinaire (il s'agit d'un rebroussement).
Si F = X3 + X2 — Y2, 1'origine est point double ordinaire avec pour
tangentes Y =
Si F = (X2 + F 2 ) 2 + 3X2Y - Y3 (trifolium), 1'origine est point triple
ordinaire, avec les tangentes Y = 0 et Y =
Si F = (X 2 + y2)3 — 4X2Y2 (quadrifolium), 1'origine est point quadru-
ple (non ordinaire) avec deux tangentes doubles X = 0 et Y = 0.
Exercices
Dans tout ce qui suit on travaille sur un corps k algebriquement clos.
On se reportera aux exercices du chapitre II pour la definition des homo-
graphies. Dans le cas du plan projectif P2 une homographie est simple-
ment un changement de coordonnees lineaire : t ( X 1 , Y1, T") = Al(X, F, T)
ou A est une matrice inversible 3 x 3 .
1. Trois remarques
a) Soit F e k [ X 0 , . . . , X n ] un polynome homogene de degre d. On
suppose F reductible. Montrer que V(F] n'est pas lisse. (Si F = GH,
regarder un point commun de V(G] et V(H), il en existe d'apres 1'exercice
IV, 2 b.
116 V. Espaces tangents, points singuliers
2. Quelques exemples
Determiner les points singuliers des varietes suivantes et preciser si
elles sont irreductibles :
a) Dans P2 :
3. Coniques
Soit F € k[X, Y, T] un polynome homogene irreductible de degre 2 et
soit C = V(F) C P2 la "conique" definie par F.
a) Montrer que, quitte a faire une homographie, on peut supposer
F = YT — X2. (On prendra un point P € C, non singulier, et on se
ramenera par une homographie au cas oil P = (0,0,1) et ou la tangente
a C en P est la droite Y = 0. On montrera alors que F est de la forme
aX2 + bY2 + dYT + fXY. On fera ensuite une nouvelle homographie
du type X' = X,T' = T, Y' = uX + vY + wT pour aboutir a la forme
voulue. On peut aussi utiliser la reduction des formes quadratiques.)
b) Montrer qu'une conique irreductible est lisse.
Exerdces 117
4. Cubiques cuspidales
5. Cubiques nodales
7. Produits
Etudier la lissite du point (re, y} e X x Y selon la nature de x et y.
8. Sous-varietes lineaires
9. Quadriques
On suppose que k n'est pas de caracteristique 2. On appelle quadrique
de Pn une variete de la forme Q = V(F} avec F homogene de degre 2
(i.e. une forme quadratique).
a) Montrer que, quitte a faire une homographie, on peut supposer
F = X% + + Xr2 avec 0 < r < n.
b) Montrer que Q est irreductible si et seulement si on a r > 2.
c) On suppose r > 2. Montrer que le lieu singulier de Q est une sous-
variete lineaire de dimension n — r — 1. En particulier Q est lisse si et
seulement si on a r = n.
Chapitre VI
Le theoreme de Bezout
0. Introduction
II s'agit d'expliquer que deux courbes planes de degres s et t ont
exactement st points d'intersection. On a vu dans 1'introduction qu'il
convenait pour cela de prendre quelques precautions :
1) supposer les courbes sans composantes communes,
2) supposer le corps de base k algebriquement clos,
3) travailler dans le plan projectif,
4) compter les intersections avec des multiplicites.
1. Multiplicites d'intersection
a. Schemas finis
Commengons par analyser un exemple tres simple.
On coupe laparabole C = V(Y — X2} par la droite D\ = V(Y — A). La
variete intersection est C fl D\ = V(Y — X2, Y — A). Considerons 1'ideal
/A — (Y — X2, Y — A) = (Y — X , X 2 — A) et calculons 1'anneau quotient
A\ — k[X,Y\j!\. En envoyant Y sur A on voit deja qu'il est isomorphe
a k[X]/(X2 — A) et on distingue deux cas :
a) Si A ^ 0, posons A = a2. Alors A\ est isomorphe a 1'anneau produit
k x k par Phomomorphisme qui a X associe (a, —a}. Get anneau est re-
120 VI. Le theoreme de Bezout
Definition 1.1 (schema fini). Un schema fini (Z,OZ) est un espace an-
nele ou Z est un ensemble fini discret et ou, pour chaque point (ouvert)
P G X, 1'anneau Oz({P}} est une k-algebre locale de dimension finie
comme k-espace vectoriel (i.e. une k-algebre finie). Cette dimension est
appelee multiplicite de Z au point P. On la note fip(Z).
Remarques 1.2
1) L'anneau Oz({P}) est aussi 1'anneau local de Z en P, OZ,P (au
sens de III, 5.1).
2) L'anneau OZ,P a pour unique ideal premier son ideal maximal rap
(en effet, si I est un ideal premier, le quotient est integre et de dimension
finie sur k done un corps, done / est maximal et c'est rap). II en resulte
que rap est le nilradical de OZ,P (cf. Memento 1.2.d) done ses elements
sont nilpotents et, comme il est de type fini, rap lui-meme est nilpotent,
i.e. il existe un entier n tel que rap = 0.
3) Une variete finie est un schema fini ou tous les anneaux locaux sont
egaux a k, done ou tous les points sont de multiplicite 1.
Exemple 1.5.
Meme dans le cas d'un point unique il y a beaucoup de structures de
schemas possibles, par exemple k[X]/(Xn), ou k[X,Y}/(X2,XY,Y2).
L'espace annele (Z,Oz) est un schema fini, note Spec (R/I), conforme-
ment a 1.4.
Les derniers anneaux sont nuls (cf. 1) de sorte qu'il ne reste que les
D(ffi). Mais, comme D(ffifj) n Z = 0, il n'y a pas de condition de
recollement et <p est un isomorphisme, ce qui, avec 2, donne le resultat.
4) Montrons la premiere assertion. Supposons d'abord R/I de dimen-
sion finie. Alors, comme on a / C I ( Z ) , 1'anneau F(Z') = R/I(Z) est a
fortiori de dimension finie, done Z est fini (cf. I, 4.8).
§1. Multiplicites d 'intersection 123
et de noter que les quotients ra* /ra*+1 sont tous de dimension finie sur
k = A/m (car les ideaux ml sont de type fini).
Revenons au point 4). Le fait que i+Oz soit egal a T vient de 3);
enfin, dire que (Z, Oz] est un schema fini revient a voir que les anneaux
locaux Ox,x/IOx,x sont de dimension finie sur k et cela resulte de la
finitude de R/I.
de sorte que
124 VI. Le theoreme de Bezout
Hp(F,G) = timkOvtP/(F,G).
Corollaire 1.11. Avec les notations de 1.9, on a la formule :
On voit que cette formule contient deja une bonne part de 1'infor-
mation recherchee : la somme des multiplicites des points d'intersection.
Attention, il peut manquer des points a 1'infini, penser au cas F = X,
G = X-l.
Remarques 1.12
1) Dans la definition 1.10 les polynomes F et G peuvent avoir des fac-
teurs multiples. On s'autorise done a parler de multiplidte d'intersection
dans le cas de courbes elles-memes multiples (c'est important pour les
calculs, cf. Probleme VII).
2) La definition 1.10 garde un sens si P ^ V(F, G). La multiplicite est
alors 0 car F o\i G est non nul en P done inversible dans 1'anneau local
et le quotient est nul.
3) Pour une definition axiomatique de la multiplicite et un algorithme
de calcul, indispensable dans la pratique, cf. Probleme VII ou [F] Ch. 3.
4) On a montre, dans la proposition 1.6, que toute fc-algebre finie est
isomorphe a un produit de fc-algebres locales finies. On en deduit aise-
ment que le foncteur Z H-+ F(Z, Oz] de la categoric des schemas finis
dans celle des fc-algebres finies est une equivalence de categories.
2. Le theoreme de Bezout
Dans tout ce qui suit on considere deux polynomes homogenes non
nuls F, G de k[X, Y, T], sans facteur commun, de degres respectifs s et t.
§ 2. Le theoreme de Bezout 125
Demonstration. Notons que dans le cas present (i.e. P = (or, y, 1)) 1'ideal
(F, G}p est 1'ideal engendre par F/TS et G/T1. On considere rhomomor-
phisme b : k[X, F, T] —> k[X, Y] qui envoie T sur 1. Get homomorphisme
induit $ : k[X,Y,T]i(p) —> k[X,Y]mp = O^^p (ou mp est 1'ideal du
point P dans k2} et la restriction de $ a Op^tP est un isomorphisme de
OP*,P sur Oki}P (cf. Ill, 8.7). Comme 1'image par $ de (F, G)p est 1'ideal
(Fb, Gb), on a le resultat voulu en passant au quotient.
b. Enonce du theoreme
Theoreme 2.2 (Bezout). Soient F, G € k[X, F, T] deux polynomes ho-
mogenes sans facteur commun, de degres respectifs s et t. On a :
e. Description de B = S/J
Le probleme, pour calculer F(P2, £?), c'est qu'on a bien la suite exacte :
mais que la derniere fleche n'est certainement pas surjective : F(P2, O-p*)
est de dimension 1 et on espere que F(P 2 ,B) est de dimension st. On
aurait d'ailleurs le meme probleme avec 1'autre suite exacte : on n'oubliera
pas que la surjectivite sur les faisceaux n'implique pas la surjectivite sur
les sections globales (cf. Ill, 6.7).
L'idee pour surmonter cette difficulte, dont la source est le manque
de sections globales de Op2, est de travailler avec les faisceaux decales
Opi(d) (cf. Ill, 9.7), qui pour d grand ont, eux, des sections.
Demonstration
1) L'injectivite. Soit H 6 B(—l) tel que Oi(H] ~ 0. Cela signifie
qu'on a TH = UF + VG dans S. On fait T = 0 dans cette relation,
on trouve alors U(X,Y,Q)F(X,Y,Q) + V(X,Y,Q)G(X,Y,Q) = 0. Mais
F(X, y, 0) et G(X, y, 0) sont premiers entre eux (car F et G n'ont pas de
zero commun a 1'infmi), done G(X, Y, 0) divise U(X, Y, 0) : U(X, Y, 0) =
G(X,F,0)C(X,y), et par suite, V(X,Y,Q) = -F(X,Y,Q)C(X,Y). Re-
venant dans S on a ainsi U = GC + TV, V = -FC -f TV done TH =
T(U'F + VG) et H = U'F + VG est bien nul dans le quotient S/J.
2) La surjectivite de o*n resulte de son injectivite et du lemme suivant :
g. Conclusion
II reste a montrer que Ton a les egalites
Demonstration
1) Montrons d'abord que v est injective : soit P G BJ, image de P 6 Sj
et supposons v(P) = 0. On a Pb e /, i.e. ft = aF\, + bG\>, a, 6 € k[X,Y}.
En appliquant Poperation dieze on obtient TaP = T^a^F + T^tfC (cf.
Ill, 8 b) done TQP G J, mais, vu Pinjectivite de la multiplication par T
dans S/J (cf. 2.8), on a P € J, done P = 0.
2) Montrons que v est surjective. Soit / 6 &[.X, V"]//, image du poly-
nome /. On considere /" qui est homogene d'un certain degre n et on
regarde son image /" dans Bn. Si n < c?, 1'element Td~nf^ de Bd s'envoie
sur / par v. Si n > d > 5 + i — 2, on sait que la multiplication par r n ~ rf
est un isomorphisme de Bd sur Bn et on a done /B = j"n-dp ayec p ^ gd
qui s'envoie sur / par t>.
Ceci acheve la demonstration du theoreme de Bezout.
Exercices
Les exercices qui suivent concernent les courbes planes projectives et
notamment des applications du theoreme de Bezout.
Exercices 131
est le genre de la courbe V(F) (au moins si elle n'a que des points mul-
tiples a tangentes distinctes).
3. Applications
a) Retrouver le fait qu'une conique irreductible est non singuliere et
qu'une cubique irreductible a au plus un point double (cf. Exercice V, 1).
b) Montrer qu'une quartique qui a plus de trois points doubles, ou un
point plus que triple, est reductible.
c) Montrer qu'une quartique qui a un unique point double a tangentes
distinctes est irreductible.
d) Soit F(X,Y,T] = £ XlYJTk. Montrer que V(F) est lisse
i+j+k=4
(done irreductible). (On notera que V(F) est stable sous Faction du
groupe symetrique 83 qui permute les coordonnees. On calculera le car-
dinal des orbites des points de P2 sous Faction de ce groupe, en faisant
attention a quelques cas particuliers, et on regardera les orbites des
eventuels points singuliers.)
4. La quartique tricuspidale
On pose F(X, Y, T) = Y2T2 + T2X2 + X2Y2 - 2XYT(X + Y + T).
a) Montrer que C — V(F) a trois points de rebroussement en P =
(0,0,1),Q = (0,1,0), # = (1,0,0).
b) On considere une conique F passant par P,Q,R et tangente a C
en P. Montrer que C et F ont au plus un autre point commun.
c) Montrer que les coniques F comme ci-dessus ont pour equations
(t(YT - XT) + \XY avec (A,/u) € Pl(k). Calculer explicitement les
points d'intersection de C et F. (On repassera en affine pour faire les
calculs.)
d) Montrer qu'on obtient ainsi un parametrage birationnel de C. On
calculera d'abord ce parametrage en affine, puis, en homogeneisant, on
trouvera le morphisme tp : P1 —» C donne par la formule </?(A, /x) =
(4^ 2 (A + //) 2 ,4;i 2 (A — fj,)2, (A 2 — ft2)2). On montrera que ce morphisme est
un isomorphisme sauf aux points (1,0), ( —1,1) et (1,1) dont les images
Exercices 133
0. Introduction
Revenons un instant sur la demonstration du theoreme de Bezout.
II s'agit de calculer, pour Z = V(F,G), la dimension de r(Z, Oz). La
methode consiste a utiliser les suites exactes :
On pent aussi definir des complexes avec une differentielle qui diminue
les degres. On parle alors de 1'homologie du complexe. Dans le cas de
la cohomologie (resp. de 1'homologie) on note en general les termes du
complexe avec les indices en haut (resp. en bas).
Demonstration
1) On considere le diagramme commutatif suivant, dont les lignes sont
des complexes et les colonnes des suites exactes :
2. La cohomologie de Cech
a. Definition
Soient X un espace topologique, T un faisceau de groupes abeliens sur
X , I A = (Ui)i£i un recouvrement ouvert fini de X indexe par 1'ensemble
ordonne I = {0,1,..., n}.
On note les intersections Uij = Ui n Uj , . . . , Ui0...ip = UiQ n fl Uip.
Nous allons definir un complexe de groupes abeliens C'(U,P).
§ 2. La cohomologie de Cech 139
Remarques 2.4
1) La cohomologie de Cech est fonctorielle : si on a un homomor-
phisme de faisceaux de groupes u : F —> Q on en deduit immediatement
un homomorphisme de complexes de CP(U,F} dans CP(U,G} et des ho-
momorphismes de groupes Hp(u) : HVp(U,f} -» HVp(U,Q}.
2) On verifie aussitot sur la definition de la cohomologie de Cech
qu'elle commute aux sommes directes, i.e. qu'on a la formule :
ne vaut que pour i < j < k. II est commode ici d'etendre la definition a
tous les couples z, j en posant an = 0 pour tout z, et o^- = — o^ sii > j.
On verifie que la relation (*) est alors valable pour tous les triplets
i,j,k. _
On a otij G r(Uij, M) = Mfifj. On le note c^- = /V/f/" avec &j €
M. (On peut prendre le meme exposant n pour tous par finitude.)
La relation (*) s'ecrit alors :
sur Uijk, ou encore f?(3jk - f?j3ik -f /£/?„ = 0, a priori dans M/ i/j/fe , mais,
comme M est sans torsion, cette relation est vraie dans M.
On oeut encore ecrire cette relation sous la forme :
et on a, sur f/y,
m
On a la partition de 1'unite 1 = ^ &kfk, il sufSt alors de prendre :
fc=0
On a alors le theoreme :
Theoreme 2.9. Soient X une variete algebrique separee, It un recou-
vrement affine fini de X et soit 0 — ^ . T 7 — > £ — > - ' H — » 0 une suite exacts
de faisceaux quasi-coherents. Alors on a une suite exacte longue en co-
homologie de Cech :
3. Theoremes d'annulation
La commodite d'utilisation de la cohomologie (et notamment des
suites exactes longues) depend en grande partie de la faculte de mon-
trer que certains groupes de cohomologie sont nuls. En ce sens on a deja
le theoreme 2.5 qui montre que sur une variete algebrique affine il n'y a
pas de cohomologie en degre > 0.
Voici un autre resultat lie a la dimension :
Exemple 4.2. II est facile de retenir les dimensions des groupes en ques-
tion. D'abord, ils sont tous nuls sauf H° et Hn. Ensuite le H° relatif
a d est forme des polynomes homogenes de degre d, done il est de di-
mension I n I . Par exemple pour n = 3 la suite de ces nombres est
V J
1,4,10,20,35,56,.... Enfin les Hn ont les memes rangs, mais en allant
dans 1'autre sens : ils croissent quand d tend vers — oo et il suffit de se
souvenir que le premier d tel que Hn(Pn, Opn(d}} soit non nul est egal
a — n — 1. La dimension du Hn relatif a d est I . On notera que
\ n I
les faisceaux Opn(—i}, pour 1 < i < n, ont une cohomologie particulie-
rement sympathique!
146 VII. Cohomologie des faisceaux
Une base de 1'image de 8n est done formee des monomes XQ° X%n
comme ci-dessus, mais ou 1'un au moins des o^ est > 0. II en resulte
que le conoyau Hn(Pn,J:} a pour base les images des monomes dont
tous les exposants sont strictement negatifs, le morceau Hn(Pn, Opn(d))
correspondant aux monomes de degre £"=0 ai = d- On constate deja que
cet espace est nul pour d > —n. Pour d < —n — 1 il s'agit de compter
les monomes de degre d en les X{ dont tous les exposants sont < 0. Cela
§ 4. La cohomologie des faisceaux Opn(d) 147
qui associe aux monomes XQ° - X%n et XQ° - X%n avec £™=0 ai — d
et E?=o A = -d-n-l 1'image du monome X£0+/*° n+0n
dans
n n
H (P , Opn(—n — 1)). Comme <£ est non degeneree (si on ordonne con-
venablement les monomes elle a pour matrice 1'identite), elle induit 1'iso-
morphisme cherche entre Hn et le dual de H°.
d'ou le resultat.
Une autre methode pour prouver Bezout (qui est essentiellement celle
que nous avons utilisee au chapitre VI) est de calculer h°Oz(d} a 1'aide
des suites exactes precedentes (decalees de d). Le point cle de la demons-
tration est de montrer la nullite de HlJz(d) pour d assez grand (c'est
immediat en utilisant la resolution de Jz et le theoreme 4.1). On calcule
ensuite h°Jz(d) puis h°Oz(d) avec les suites exactes de cohomologie
associees aux deux suites exactes ci-dessus. Les calculs sont evidents car
les suites longues s'arretent au niveau des H°.
Demonstration
1) Supposons X plongee dans Pn et soit i 1'injection canonique. En
vertu de 2.10, quitte a remplacer f par i+F on peut supposer X = P n .
On note que les faisceaux Opn(d) verifient bien les proprietes 1 et 2
ci-dessus.
150 VII. Cohomologie des faisceaux
et done h1^ = dim Im / + dim Im g < hlC + /ii+W et ces deux dernieres
quantites sont finies : pour ht+lj\f c'est 1'hypothese de recurrence, pour
1'autre c'est le cas particulier calcule en 4.1.
4) Pour le point 2) on precede aussi par recurrence descendante sur i
en etablissant la propriete (P^ suivante :
II est clair que (Pn+i) est vraie. Soit i un entier avec 1 < i < n,
supposons que Pi+i soit vraie et montrons Pi. Soit T un faisceau cohe-
rent et soient C et M definis comme en 2) ci-dessus. II existe un entier dQ
tel que, pour d > d0 et p > i + 1 on ait hpM(d) = hpJ:(d') = 0. On prend
alors pour n0 le sup de d0 et des Hi — n (i = 1,..., r). Pour d > n0 on a
la suite exacte :
Exercices
3. Les hypersurfaces
Soit F 6 S = fc[Xo,.. - , Xn] un polynome homogene de degre t et soit
Q = V(F} 1'hypersurface associee. On suppose qu'on a I(Q) = (F). On
a done la suite exacte 0 —> S(—t}-^-+S —> 5/(F) —> 0, ou j designe la
multiplication par F, et cette suite donne la suite exacte de faisceaux :
Utiliser cette suite exacte pour calculer hl(Q, Oq(d)} pour tout d € Z.
Remarque. En fait le calcul vaut meme si Ton n'a pas /(Q) = (F), ce qui
correspond au cas ou F a des facteurs multiples. Dans ce cas les groupes
de cohomologie calcules sont ceux du schema Q, avec multiplicites.
5. La cubique gauche
On reprend les notations et les resultats de 1'exercice 4 du chapitre II.
On a done une suite exacte :
Calculer tous les /i*0c(<0 et VJctf) pour d 6 Z. (Noter deja que ^O^d)
est nul pour i > 2. En deduire la valeur de h?Jc(d}, puis celle de h2Jc(d}.
Le reste va tout seul.)
Exercices 153
alors on a
ou encore, en decalant :
Mais ce dernier terme est reduit a h°Oz(n) (car dim Z = 0) et il est aussi
egal a h°Oz- On pose d = h°Oz — h°OcnH- C'est un entier > 1 (car
Z n'est pas vide, cf. IV, 2.9) qui n'est autre que le nombre de points,
comptes avec multiplicites, de C fl H (cf. VI, 1). On a alors x@c(n) —
xOc(n — 1) + d et, par recurrence, x^c(^) = nd 4- X@c-
On constate done que x@c(n] est un polynome de degre 1 en n. (Ce
resultat est deja une forme du theoreme de Riemann-Roch.) Ceci montre
au passage que le nombre d de points de C n H ne depend pas de H :
Remarques 1.6
1) II y a une difference de nature fondamentale entre les deux in-
variants d et g. Le genre g — hlOc ne depend que de C et pas du plonge-
ment dans un PN ou un autre. Le degre d, lui, en depend de maniere
essentielle. C'est clair sur la definition qui fait intervenir les hyperplans
de P^, c'est clair aussi sur Riemann-Roch (qui en constitue une defini-
tion alternative) car les faisceaux Oc(n) ne sont definis qu'en reference
a un plongement dans PN (cf. Ill, 9.8.0). Par exemple une droite, qui
est une sous-variete de degre 1 de P3, est isomorphe (cf. Ill, 11.6) a une
conique ou une cubique gauche qui sont respectivement de degre 2 et 3
(cf. ci-dessous 1.7 et 1.12).
2) Dans 1.5, si C est lisse on peut preciser que hlOc(n) est nul si
nd > 2g — 2 (cf. 2.14 ci-dessous).
158 VIII. Genre arithmetique des courbes
b. Exemples et applications
Deux questions se posent a ce moment du discours :
1) a quoi servent les invariants ainsi definis?
2) comment les calculer?
i) Utilisation de d et g
1) Une premiere utilisation est celle qui a motive leur definition : faire
des calculs cohomologiques. Donnons juste un exemple : il s'agit, etant
donne une courbe C C P3, de savoir si cette courbe est sur une surface
de degre d, ou encore si . La reponse est souvent donnee par
Riemann-Roch (avec le supplement 1.6.2), grace a la suite exacte :
Demonstration
1) C'est le theoreme de Bezout : ici un hyperplan n'est rien d'autre
qu'une droite et le nombre de points d'intersection de C et D, comptes
avec multiplicites, est egal a d.
2) On utilise la suite exacte usuelle :
(*)
Remarque 1.9. Cela permet de repondre, pour les courbes planes, aux
questions de i) ci-dessus : on a des courbes lisses de tout degre d >
0 (cf. V, 2.7.3), leur genre arithmetique est impose par le degre. On
notera que les genres possibles sont tres lacunaires : 0,1,3,6,10,15,...
En particulier, il n'y a pas de courbe plane de genre arithmetique 2 ni 4.
en effet les H2 des faisceaux (9pa(n) sont nuls et H^Jc aussi (considerer
la suite (*)). On a alors la formule :
162 VIII. Genre arithmetique des courbes
Remarques 1.11
1) II existe pour tous s, t des courbes intersections completes lisses (cf.
Exercice VIII, 2).
2) On obtient ainsi pour s — 2 et t = 3 des courbes lisses de genre 4
(qui ne sont done pas isomorphes a des courbes planes, cf. i.3 ci-dessus),
mais toujours pas de courbes de genre 2 (cf. Examen Janvier 1992).
a. Fonctions rationnelles
Proposition-definition 2.1. Soit X une variete algebrique irreducti-
ble. On considers les couples (£7, /) ou U est un ouvert non vide de X et
f € r(C7, Ox} et, sur ces couples, la relation (£7, /) ~ (V, g] <=> f \ur\v =
9\ur\v- C'est une relation d'equivalence. Une fonction rationnelle sur X
est une classe d'equivalence pour cette relation.
Remarque 2.2. Une fonction rationnelle est done une fonction non par-
tout definie sur X. Elle a un domaine de definition qui est le plus grand
ouvert sur lequel elle est definie : c'est la reunion de tous les ouverts U
de ses representants (£/,/).
Proposition 2.3
1) Les fonctions rationnelles sur X forment un corps, note K(X).
2) Pour tout ouvert affine U de X, K(X) est le corps des fractions
de F(C7, Ox}, done le corps des fonctions rationnelles sur U au sens de I,
6.15.
3) Pour tout point P € X, K(X) est le corps des fractions de 1'anneau
local OX,P-
164 VIII. Genre arithmetique des combes
Demonstration
1) est facile : on reduit autant qu'il faut les ouverts pour ajouter,
multiplier ou trouver des inverses.
2) II est clair que F([7, Ox] est inclus dans K(X] par definition. Done
K(X) contient aussi le corps des fractions de cet anneau. Reciproque-
ment, soit / € K ( X ] , definie sur un ouvert V. Quitte a restreindre V on
peut le supposer contenu dans U et meme ouvert affine standard pour
U : Du(g] avec Mais alors, est dans le corps des
fractions de F(t/).
3) On se ramene au cas affine par 2) et alors c'est clair car 1'anneau
local est un localise de F(JQ, done il a meme corps de fractions.
4) Soit f / g e Fr(F/ l ), homogene de degre 0. II definit une section de
Ox sur D+(g], done une fonction rationnelle. La reciproque vient de ce
que les D+(f] forment une base d'ouverts.
Exemples 2.4
i) La droite projective. D'apres 2.3.4 une fonction rationnelle sur P1 est
de la forme :
avec P, Q homogenes de meme degre rf, que Ton peut supposer premiers
entre eux. A une constante non nulle pres on peut ecrire
8i
, avec les aj et les
bj non nuls et distincts, mais
Flagons-nous d'abord sur 1'ouvert T ^ 0. On peut done faire t = I et
on voit que f\, qui est une fraction rationnelle en X a un zero d'ordre oti
en Oi, un pole d'ordre /% en bi et en 0 un zero d'ordre a — ft ou un pole
d'ordre /? — a selon que a ou /9 est > 0.
Si maintenant on travaille sur 1'ouvert X 0 on trouve, outre les
points t = 1/cii et l/6j deja rencontres, un zero d'ordre 7 — 8 ou un
pole d'ordre 6 — 7 au point (1,0), i.e. a 1'infini. Si on fait la somme des
multiplicites des zeros (resp. des poles) on trouve (resp.
et ces deux quantites sont egales a d : le nombre de zeros
d'une fonction rationnelle sur P1 est egal au nombre de ses poles. Nous
verrons une generalisation de ce fait en 2.7.
§ 2. Diviseurs sur une courbe, Riemann-Roch 2 165
Exemple 2.6. Get exemple generalise le cas de P1. Soit / G K(C) une
fonction rationnelle non nulle sur C. On va definir un diviseur (dit prin-
cipal} di\ representant les zeros
(resp. les poles) de /, avec leurs multiplicites. Precisement, soit P € C
et OP 1'anneau local de C en P. C'est un anneau de valuation discrete
(cf. V, 4.1 et Probleme IV), soit VP la valuation en question. Comme /
est dans , et qu'il est / 0, la valuation vp(f] est definie
et c'est un entier relatif.
De plus, cet entier est nul pour presque tout P. Pour le voir on prend
un ouvert af&ne U non vide de C, et on ecrit / = g/h avec
Alors, dire que :'est dire que i.e. que
3
Savamment, un diviseur sur C est un element du Z-module libre de base les points
deC.
166 VIII. Genre arithmetique des courbes
g(P} = 0 (done que P est un zero de /, d'ordre vP(f}}; dire que vp(f) < 0
c'est dire que h e rap, i.e. que h(P] = 0 (done que P est un pole de /,
d'ordre —vp(f}}. Comme V(g) et V(ti) sont finis, il n'y a qu'un nombre
fini de points de U qui verifient vP(f) ^ 0. Enfin, C—U est un ferme strict
de C, done fini. On notera qu'on a / e #°C>c «=> VP € C, w p (/) > 0.
On peut alors definir le diviseur div (/) :
(autrement dit, une fonction rationnelle sans pole est une fonction re-
guliere).
Demonstration. Pour une preuve dans le cas general voir [F] Ch.8 Prop.l
ou [H] II, 6.10. Nous traitons seulement ici le cas ou C est une courbe
plane lisse.
Soit done C = V(F) avec F € k[X,Y,T], homogene de degre d et
irreductible et soit u E K(C}. On sait que u s'ecrit u = G/H avec
(7,H G Fft(C) = k[X,Y,T]/(F), provenant de polynomes homogenes de
meme degre n et non multiples de F. II s'agit de calculer VP(U) pour
u e C. Quitte a faire une homographie on peut supposer que le point
P est dans 1'ouvert affine T ^ 0 et 1'anneau local de C en P est alors
OP(C) = OP/(F^ ou OP est 1'anneau local de P2 (ou k2) en P et on
a u = G\,/H\>. On utilise alors 1'expression de la valuation donnee par le
lemme suivant :
Lemme 2.8. Soit A une k-algebre qui est un anneau de valuation dis-
crete de valuation v. On suppose k isomorphe au corps residue] A/m.
Alors on a, pour a
mais d'apres le theoreme de Bezout chacune des deux sommes est egale
a nd, done la difference est nulle.
II reste 1'assertion sur les fonctions sans poles. Soit / G K(C\ non
nulle et sans pole (i.e. telle que div (/) soit > 0) et soit P € C. Alors,
comme / 6 OC,P il existe un representant de / defini sur un voisinage
affine de P. Mais, par definition d'une fonction rationnelle, ces repre-
sentants se recollent, done defmissent une fonction reguliere. On notera
qu'alors / est une constante, done que div (/) = 0.
ou JD/C est 1'ideal des fonctions qui s'annulent sur D (avec les multi-
plicites prescrites). On note ce faisceau Oc(—D) et ses sections sur un
168 VIII. Genre arithmetique des courbes
Attention, cette fois les fonctions ne sont pas definies partout sur t/, elles
peuvent avoir des poles correspondant aux np < 0, mais, en P, 1'ordre
du pole doit etre < — np : on considere des fonctions rationnelles dont
les ordres des poles et des zeros sont controles par le diviseur D.
Remarques 2.10
0) Si D = 0 on verifie aussitot qu'on a Oc(D) = Oc-
1) On s'interesse surtout aux sections globales du faisceau Oc(D)
qu'on peut decrire ainsi :
d. Le theoreme de Riemann-Roch
On cherche maintenant a calculer h°(C,Oc(D)). (Pour une applica-
tion de ce calcul cf. e.) On a le lemme decisif suivant :
Lemme 2.11
1) Soit D un diviseur positif (que l'on peut considerer comme un sous-
schema fini de C). On a la suite exacte :
Demonstration
1) On ecrit D = DI — DI avec D{ > 0. On a alors, en vertu du
lemme 2.11.2, x®c(D) = X^c(-A) + *A?i, puis par 2.11.1 applique
a DI : xOc(-D^] — x@c - X®DI- Mais, par definition du genre, on a
X@c = 1 - 9 et pour le schema fini £>j, xO^ — h°ODi = degA (cf. c)
ci-dessus), d'ou la formule annoncee.
2) On peut supposer C plongee dans Pr et on a alors, si H designe le
diviseur hyperplan (cf. 2.10.3) hlOc(nH] = hlOc(n) = 0 pour n > n0
d'apres le theoreme de Serre (cf. VII, 4.6). Soit D un diviseur. D'apres
1'assertion 1), on a h°Oc(D - nQH) > deg(D - n0H) + I - g et cette
quantite est > 0 des que deg(D) > N = n0 deg(H) + g. Alors, si cette
condition est remplie et si / e T(C, Oc(D - n0H}) est non nulle, on a
D > n0H-div(f) (cf. 2.10.1), ou encore, D = D1 + (n0H-6iv(f)) avec
DI > 0. Si on ecrit la suite de cohomologie associee a la suite exacte de
2.11.2 on trouve :
Comme n^H — div (/) est equivalent a n^H, les faisceaux associes sont
les memes (cf. 2.10.2), done leur H1 est nul; comme DI est fini, on a
aussi HlODl = 0, done en definitive H1OC(D] = 0.
§ 2. Diviseurs sur une courbe, Riemann-Roch 2 171
e. Une application
Proposition 2.15. Soit C une courbe projective lisse et irreductible.
Les conditions suivantes sont equivalentes :
1) C est isomorphe a P1.
2) C est de genre 0.
3) II existe un point P € C avec
4) II existe deux points distincts P, Q € C tels que les diviseurs (P)
et (Q) soient equivalents.
5) Le corps K(C) est isomorphe au corps des fractions rationnelles en
une variable k(T).
172 VIII. Genre arithmetique des courbes
avec les a;(/) dans k[f]. Alors, u n'a pas de pole en un point Q distinct
de P. En effet, comme / G Oq(C)^ u est entier sur OQ(€) et comme
cet anneau est integralement clos, puisque de valuation discrete, u lui
appartient. Mais alors, cela signifie que u est dans H°Oc(nP) pour un
certain n, done un polynome en /, cqfd.
II reste a montrer 5 =$> 1 ce qui sera fait au chapitre IX (cf. IX, 2.5.1).
Exercices
Dans tout ce qui suit on travaille sur un corps k algebriquement clos
de caracteristique zero.
On pose alors :
4. Courbes elliptiques
Le but de 1'exercice est de montrer que toute courbe de genre 1 est
isomorphe a une cubique plane.
On suppose le corps de base k de caracteristique differente de 2. Soit
C une courbe projective lisse irreductible de genre 1, soit PQ € C et
C' = C- {P,}.
1) Montrer que Ton a, pour n € N*, h°Oc(nP0) = n.
2) Montrer qu'on peut trouver re, y 6 K(C} telles que 1, x (resp. 1, x, y)
soit une base de H0OCC2P0) (resp. de H°Oc(3Po)) sur k.
3) Montrer que les quantites 1, a;, y, x 2 , xy, y 2 , x3 sont lineairement de-
pendantes sur k. Soit P(x,y} la relation de dependance. Montrer que les
coefficients de y2 et de x3 dans P sont non nuls.
4) Montrer que quitte a changer de base on peut supposer que P(x, y)
est de la forme y2 — x(x — l)(x — A) avec A ^ 0,1. (On commencera
par eliminer les termes en y et xy en faisant apparaitre le debut d'un
carre, puis, par une transformation affine de /c, on ramenera les racines
du polynome du troisieme degre obtenu a avoir ses racines en 0,1, A.)
5) On considere 1'application (p : C1 —» k2 qui a P associe x(P),y(P}.
Montrer que (p est un isomorphisme de C' sur la courbe affine d'equation
y2 = x(x — l}(x — A).
6) Montrer, en utilisant IX, 2.4, que C est isomorphe a la courbe de
2
P d'equation Y2T - X(X - T)(X - XT).
0. Introduction
On a vu dans 1'introduction generate de ce cours quel interet on pou-
vait avoir (notamment pour la resolution d'equations diophantiennes ou
les calculs de primitives) a disposer d'un parametrage rationnel d'une
courbe (on dit alors que la courbe est unicursale). Le but de ce chapitre
est de donner le moyen de decider si une courbe est, ou non, unicur-
sale. On verra que cela revient a dire que le genre (geometrique) de cette
courbe est nul et on donnera des methodes de calcul du genre geome-
trique.
1. Applications rationnelles
Ce sont les generalisations des fonctions rationnelles vues au chapitre
VIII (cf. aussi Probleme V).
Exemples 1.3
i) Un morphisme est une application rationnelle.
ii) Une fonction rationnelle sur X est une application rationnelle de
X dans k.
iii) Le parametrage de la courbe affine plane C = V(X3 — Y3 — XY)
obtenu en coupant par y = tx donne une application rationnelle (p de k
dans C definie sur k prive des racines cubiques de 1'unite par
Proposition-definition 1.4.
a) Soit if>: X —> Y, rationnelle. On dit que (p est dominante si 1'image
de (p est partout dense dans Y. (On verifiera que cela ne depend pas du
choix du representant de (p.)
b) Soient X-^-*Y—>Z des applications rationnelles dominantes. Alors
la composee tyy est 1'application rationnelle definie comme suit : on part
de representants ([/, </?) et (V, -0) de (p et ip- L'image reciproque </?~ 1 (V) est
un ouvert non vide de U. Quitte a remplacer U par <p~l(V) on peut sup-
poser <f>(U) C V. Alors ip(p a un sens et definit une application rationnelle
dominante. (On verifie que la composee ne depend pas des representants
de (p et ip.)
c) On dit qu'une application rationnelle dominante (p : X —> Y est
birationnelle s'il existe ijj : Y —> X, rationnelle dominante avec ^xp =
Idx et (pty = Idy (ces egalites sont a prendre au sens des applications
rationnelles, i.e. sur des ouverts non vides).
d) Deux varietes algebriques irreductibles X et Y sont dites bira-
tionnellement equivalentes s'il existe (p : X —* Y birationnelle. Cela
signifie que X et Y ont des ouverts non vides isomorphes. Elles ont
alors meme dimension. Si C est une courbe, C est dite unicursale (ou ra-
tionnelle) si elle est birationnellement equivalente a P1 (ou a k, ce qui est
evidemment la meme chose) : cela signifie qu 'elle admet un parametrage
rationnel qui est un isomorphisme sur un ouvert.
178 IX. Applications rationnelles, genre geometrique
Examples 1.5
i) Bien sur 1'inclusion d'une sous-variete ouverte U dans X est bira-
tionnelle : du point de vue birationnel, on peut done toujours se ramener
au cas affine.
ii) Tous les exemples de parametrages du type y = tx sont birationnels
car on a 1'application rationnelle reciproque (x,y) t-» t = y/x. (Exem-
ples : les courbes d'equations
iii) Pour un exemple plus astucieux, la quartique tricuspidale, cf. exer-
cice VI, 4.
Demonstration
1) La fonctorialite s'obtient comme dans le cas affine : si on a une
application rationnelle (f> : X —> Y on en deduit un homomorphisme de
corps (f>* : K(Y) —» K(X) en associant a la fonction rationnelle / sur
Y la composee ftp e K(X) (il est essentiel que (p soit dominant). On
obtient done ainsi un foncteur contravariant X i-> K(X) et il s'agit de
voir qu'il est pleinement fidele et essentiellement surjectif (cf. Ch. I).
2) Le foncteur est fidele. Soient (p et ^ deux applications rationnelles
de X dans Y telles que (p* = TJJ*. On prend des ouverts affines U et V de
X et Y tels que ip et ^ definissent des morphismes de U dans V (quitte a
restreindre U c'est possible). On a alors des homomorphismes d'anneaux
(p* et ijj* de r(V) dans T(U] dont les extensions aux corps des fractions
sont egales. Ces homomorphismes sont done egaux et on conclut par I,
6.7 (la fidelite dans le cas des applications regulieres).
3) Le foncteur est pleinement fidele. Soit 6 : K(Y) —> K(X} un ho-
momorphisme de corps qui est 1'identite sur k. On choisit des ouverts
affines U, V de X, Y. Leurs algebres T(U) et F(V) ont des generateurs
§ 2. Le cas des courbes 179
£i> , £n et 771, . . . , 7]m respect!vement. Les images des T/J par 0 sont dans
un localise F(t/)/, de sorte que 9 induit un homomorphisme d'algebres
de F(V) dans F(t/)/. D'apres I, 6.7 cet homomorphisme provient d'un
morphisme <f>: Du(f) —> V, i.e. d'une application rationnelle de X dans
Y et on a
4) II reste a prouver la surjectivite du foncteur. Soient K une exten-
sion de type fini de k, £ 1 } ..., £n des generateurs de K et A la fc-algebre
engendree par les &. C'est une fc-algebre de type fini integre, done elle
est isomorphe a une algebre T(X} avec X afEne irreductible, et comme
Exemple 1.8. On retrouve ainsi le fait que V(Y2 — X3} est unicursale :
on regarde en projectif 1'ouvert y ^ 0 et on a K(C) = k(X} (cf. VIII,
2.4)
Remarque 2.2. Le theoreme analogue avec les surfaces est vrai en toutes
caracteristiques (Abhyankar). En dimension quelconque le resultat n'est
ofnciellement prouve qu'en caracteristique 0 (Hironaka), mais il semble
bien que la preuve du cas general soit annoncee.
§ 2. Le cas des combes 181
Enfin avec les trois criteres la reponse est non en general (cf. 2.6).
Demonstration
1) Unicite. On se ramene au cas ou C est affine et 1'unicite resulte
aussitot de 1'irreductibilite de C.
2) Existence. Comme la variete X est plongee dans Pn on peut sup-
poser X = Pn. On note deja que si U est un ouvert de C, contenant P
et si on sait prolonger ip\u-{p} on a gagne (il suffit de recoller ce pro-
longement avec </? sur U — {P})- Cette remarque permet de remplacer
C par un ouvert U C C contenant P. On peut done deja supposer C
affine d'anneau A. Par ailleurs, soit U0 1'ouvert ie P n . On peut
supposer que 1'image de ip rencontre £/0» et quitte a restreindre C, qu'elle
est contenue dans UQ. Soit IT une uniformisante de C en P (on sait que C
est lisse). Quitte a restreindre encore C on peut supposer que TT provient
d'une fonction / reguliere sur C et sans autre zero que P dans C. On est
done ramene au cas ou C — {P} est 1'ouvert affine D(f) de C. Comme
(f> est a valeurs dans C/o, on a ip = (1, h\,..., hn] avec hi G A/. Quitte
a restreindre (une derniere fois) C on peut supposer les hi de la forme
Remarques 2.5
1) Le theoreme 2.3 permet de terminer la demonstration de VIII, 2.15
(le point 5 => 1) : comme K(C} est isomorphe a k(T\ C est birationnelle-
ment equivalente a P1 (cf. 1.7); comme C et P1 sont irreductibles, lisses
et projectives, elles sont done isomorphes d'apres 2.3.
2) C'est le theoreme 2.3 qui fait qu'on peut parler de la normalised :
elle est unique a isomorphisme pres. On dit que c'est le modele projectif
de C ou de K(C). Du point de vue birationnel on est done ramene aux
courbes projectives lisses. Ainsi on peut definir :
On notera que pour une courbe projective lisse les deux genres coinci-
dent. Sinon, dans la suite de ce chapitre, on notera g(C) le genre geome-
trique de C et pa(C) son genre arithmetique.
Remarques 2.8
1) Si on a g > 1 les courbes irreductibles et lisses de genre g ne sont
pas toutes isomorphes. On peut montrer qu'a isomorphisme pres elles
forment une variete de dimension 1 (resp. 3g — 3) si g = 1 (resp. g > 1).
2) On peut maintenant repondre par la negative a la question de
1'existence d'une courbe triplement belle (projective, plane, lisse) bira-
tionnellement equivalente a une courbe donnee. En effet une courbe lisse
§ 3. Normalisation : la voie algebrique 183
a. Quelques preliminaires
a.l. Rappels sur les morphismes finis
Definition 3.1. Soit (p : X —> Y un morphisme dominant de varietes
algebriques irreductibles. On dit que (p est affine s'il verifie 1'une des
proprietes equivalentes suivantes :
1) Pour tout ouvert affine U de Y, (p~l(U] est un ouvert affine de X.
2) II existe un recouvrement de Y par des ouverts affines Ui (i —
1,..., n) tel que, pour tout i, <f>~l(Ui) soit un ouvert affine de X.
Pour 1'equivalence des deux proprietes ci-dessus, qui n'est pas triviale,
voir [M] II, 7.5 et III, 1.5.
Demonstration
1) On se ramene au cas affine et c'est clair en termes de degre de
transcendance.
2) On peut supposer X et Y affines d'anneaux B et A. La surjectivite
vient alors de IV, 4.2. Si y € Y correspond a 1'ideal maximal ra de A,
les points de la fibre correspondent aux ideaux maximaux de la fc-algebre
finie B/mB et sont done en nombre fini.
3) Le fait d'etre ferme etant local, on se ramene au cas affine. Si F est
un ferme de X on considere le morphisme restreint (p : F —> y>(F}. II est
encore fini, done surjectif, done <p(F] = <p(F).
4) II suffit de montrer que (p est propre, i.e. que si Z est une variete
(p x Idz est ferme. D'apres 2), il suffit de voir que ce morphisme est fini.
On se ramene au cas ou X, y, Z sont affines d'anneaux A, B, C et il reste
a voir que si A est entier sur B il en est de meme de A ®k C sur B ®^ C,
ce qui est immediat.
5) II s'agit de montrer que la diagonale de X x X est fermee, ou
encore que son complementaire est ouvert. Soit (x,x'} € X x X avec
x 7^ x'. Si (p(x] =£ <p(x') on conclut en utilisant le fait que Y est separee.
Si (p(x] = (p(x'\ comme (p est affine, x et x' sont dans un meme ouvert
affine et on conclut en utilisant le fait qu'une variete affine est separee.
Proposition 3.5. Soit <p : X —> Y un morphisme fini. On suppose que
Y est une courbe projective et que X est lisse. Alors X est une combe
projective.
b. Normalisation
Nous indiquons ici une premiere voie, efficace mais brutale, pour de-
singulariser les courbes. Si C est une courbe irreductible, on sait que
§ 4. Eclatements affines 187
4. Eclatements affines
a. Introduction
Nous nous contenterons ici d'etudier 1'eclatement d'un point du plan.
Pour des generalisations on se reportera par exemple a [H] II, 7 (pour le
cas general) et V, 3 (pour 1'eclatement d'un point sur une surface).
II s'agit d'une methode pour desingulariser une courbe plane C au
voisinage d'un point. Puisque le probleme est local, on peut se ramener
au cas d'une courbe affine : C C k2. On suppose que C est singuliere
188 IX. Applications rationnelles, genre geometrique
des (x,y).
Figure 1
b. Modification du plan
On considere le morphisme ^ : k2 —» k"2 qui a (x, t) associe (x, y) =
(x, xt). C'est un morphisme birationnel, d'image U(J{P} ou [7 est 1'ouvert
x ^ 0 et P le point (0,0). Sur £7 la reciproque de TJJ est donnee par
(x, y) i—> (x, y/x) qui est un isomorphisme de £7 sur 1'ouvert t/}~l(U] (de-
fini lui aussi par x ^ 0). La fibre L = ip~l(P] est la droite (exceptionnelle)
d'equation x = 0.
Soit C une courbe du plan des (x, y), Co = C D £7, CQ = /^~1(Co) (qui
est isomorphe a CQ par ^) et soit C' 1'adherence de C'Q.
Proposition 4.1. On suppose C = V(F] avec F € fc[Jt, Y] irreductible.
On ecrit F = Fr-\ h Fn avec r = //p(C) < n — deg F et Fi homogene
de degre i. Alois on a C' = V(F') avec
Cherchons les points au-dessus de P : ce sont les points (0,t) tels que
F'(0, t) = 0, done les points Pt — (0, A*). On compare alors la multiplicite
de C' en Pi et la multiplicite d'intersection de C' et L en ce point :
t*Pi(C') < pp^C'riL) (cf. Probleme VII, axiome 5), or on a fiPi(C'r\L] =
HPi(Fv,X) = Mfi(IIJ=i( r - Ai) r *,X) = rt (cf. Probleme VII, loc. cit).
Dans le cas r; = 1, le point Pi est done lisse et comme la multiplicite
d'intersection de C' avec la droite X = 0 vaut 1 en ce point, cette droite
n'est pas tangente (cf. Probleme VII, loc. cit.}.
Demonstration. Posons
n d
Demonstration
1) Le vi-module B est engendre par l,i,... , f-1. Or, on a xr~lV =
xr~l~ixiV = xr~l~iyi € m7""1, done on a bien xr~lB C mr~l. Comme
mr~l est engendre par les xr~l~iyi, la reciproque est claire.
2) On calcule 1'anneau quotient k[x,t]/(x). C'est le quotient
5. Eclatements globaux
a. Definition
Faute d'avoir defini les eclatements des points d'une surface (et pas
seulement du plan), nous devons dans ce qui suit nous limiter a une classe
de courbes un peu particulieres.
Definition 5.1. Soit X une courbe irreductible. On dit que X est locale-
merit plane si pour tout P € X il existe un ouvert afRne de X isomorphe
a un ouvert afRne d'une courbe plane.
Remarque 5.2. Nous verrons plus loin (cf. 5.13) que toute courbe lisse
irreductible est localement plane, mais (cf. 5.14) qu'il existe des courbes
de P3 non localement planes.
Remarques 5.4
1) Vu la definition des eclatements locaux, on note que 7r~ 1 (C/i) est lui
aussi isomorphe a un ouvert affine d'une courbe plane : dans un eclate-
ment global les courbes X et C sont localement planes.
2) Dans un eclatement global les points singuliers de X sont neces-
sairement au-dessus des points singuliers de C et ils ont des multiplicites
inferieures ou egales a celles des points de C.
(le recollement sur les intersections est automatique car T y est nul).
Mais, comme Wj est affine, on a sur Wi la suite exacte deduite de (*) :
0 -* r(Wi) -* r(^) -> H°(Wi,T) -» 0, de sorte que 1'on a fc°(Wi,T) =
dimjb(r(Vi)/r(Wi)) = ^ ( f j L P . - l ) / 2 en vertude 4.10.5. On a done montre
d. Le cas general
Corollaire 5.11 (desingularisation dans le cas general). Soit C une
courbe localement plane, projective et irreductible. II existe une suite
d'eclatements globaux :
& u
la somme etant etendue a tons les points P de toutes les courbes C =
CQ, C i , . . . , Cn (on dit encore que la somme est etendue a tous les points
"infiniment voisins" de C).
En particulier on a, en considerant seulement les points singuliers de
C :
Demonstration
1) Si C est projective, on prend une courbe F plane projective bira-
tionnellement equivalente a C. On a alors une suite d'eclatements globaux
qui desingularise F en X. Comme le fait d'etre localement plane se con-
serve par eclatement, X est localement plane. Mais, comme X et C sont
projectives lisses et birationnellement equivalentes, elles sont isomorphes
et on a gagne.
2) Si C n'est pas projective, on peut supposer C affine, on la plonge
dans C projective et on desingularise C en X, lisse projective. On a done
TT : X — C fini birationnel qui est un isomorphisme la ou C est lisse,
done en particulier sur C. Mais comme X est localement plane par 1),
on a gagne.
200 IX. Applications rationnelles, genre geometrique
Exemples 5.16
1) En vertu de 5.12 une cubique qui a un point singulier est de genre
0, done unicursale. De meme une quartique qui a un point triple ou
trois points simples est de genre 0. C'est le cas par exemple pour le
trifolium defini par (point triple
a 1'origine) ou pour la quartique tricuspidale definie par F(X, Y, T) =
(trois points de rebroussement
en (0,0,1), (0,1, 0) et (1,0,0)) ou encore pour le trifolium regulier donne
par
§ 5. Eclatements globaux 201
II est facile de montrer que c'est une courbe irreductible et lisse (cf.
Probleme examen Janvier 1992). Pour calculer son genre, on projette C
sur le plan des (x, y, t). On obtient la courbe Co d'equation F(X, Y, T) =
F4 + X3T + XYT2, birationnellement equivalente a C, qui a un unique
point double ordinaire a 1'origine et qui est done de genre geometrique 2
par 5.10. La courbe initiale est done aussi de genre 2.
3) Considerons le quadrifolium C d'equation (X2 + Y2}3-4X2Y2T2 =
0. Son genre arithmetique est 10 et il a un point quadruple P a 1'origine du
plan affine des x, y : (0,0,1), avec deux tangentes doubles et deux points
de rebroussement a Pinfini : les points cycliques (1,2,0) et (1, — z,0) (le
mieux pour le voir est de faire 1'homographie definie par U = X + iY et
V = X-iY qui transforme 1'equation initiale en 4t/3F3 + (t/ 2 -F 2 ) 2 T 2 =
0). Le genre de C est done < 2. Pour le calculer, eclatons 1'origine.
Attention, comme les deux axes sont tangents a, C en P il est preferable
d'utiliser la deuxieme forme de 1'equation. Si on pose u = vw 1'eclatement
donne la courbe 4ui3^2 + (1 — u>) 2 (l -I- w)2, avec au-dessus de P les deux
points (0,1) et (0, — 1) qui sont des points doubles ordinaires. Ces deux
points sont done a compter parmi les points infiniments voisins, avec
multiplicite 2, de sorte que le genre de C est 0.
On trouve aisement un parametrage de C en passant par les coor-
donnees polaires et en utilisant le parametrage rationnel des fonctions
sinus et cosinus.
4) Terminons par 1'exemple de la courbe plane C definie par 1'equation
, Cette courbe est de genre arithme-
tique 3 et admet un unique point double (un rebroussement) en P =
(0,0,1). Le genre geometrique est done < 2. En fait nous allons montrer
qu'il est nul. On travaille dans le plan affine des (x, y), 1'equation de C est
done x4 + y* — 2x2y — yz + y2. On effectue 1'eclatement y = tx. On obtient
la courbe plane d'equation t*x2 — t3x + (x — t)2. Au-dessus de P il y a un
202 IX. Applications rationnelles, genre geometrique
ou les H{ sont des entiers relatifs. Pour un tel faisceau on a H^J-" = 0 pour
tout i tel que 1 < i < n - 1 (cf. VII, 4.1).
0. Introduction
On appelle ici courbe gauche une courbe de P3, cf. ci-dessous pour des
precisions. Une courbe gauche C est dite schematiquement intersection
complete si son ideal I(C] est engendre par deux generateurs (cf. Ill,
10 b). On a vu (cf. VIII, 1.13) que les courbes gauches ne sont pas, en
general, schematiquement intersections completes. Ainsi par exemple, la
cubique gauche C definie par Pideal / = (XT - YZ, F2 - XZ, Z2 - YT)
(cf. exercice II, 4), ne 1'est pas : 1'ideal / ne peut etre engendre par deux
generateurs seulement. Cependant cette courbe est assez proche d'une
intersection complete au sens suivant. Si on regarde, par exemple, les
§ 1. Ideaux et resolutions 205
1. Ideaux et resolutions
Dans ce paragraphe R designe 1'anneau des polynomes fc[Xo,..., Xn].
a. Sous-schemas de Pn
Meme si on s'interesse essentiellement aux varietes (et notamment aux
courbes lisses), 1'utilisation de la notion de liaison necessite de travailler
avec des schemas. En efFet une courbe lisse peut etre liee a une courbe
singuliere, voire non reduite (cf. Exemples 2.7). Le lecteur se reportera
a 1'appendice sur les schemas et aux references qui s'y trouvent pour
des precisions concernant cette notion. Rappelons simplement ici que si
/ est un ideal homogene de R et si S = R/1 est I'anneau quotient, on
definit le sous-schema ferme X = Proj (S) de Pn = P£ comme 1'espace
annele (X.i@x} dont 1'espace sous-jacent X1 est le sous-espace ferme
V(I} de P n , muni de la topologie de Zariski et dont le faisceau d'an-
neaux est donne, sur la base d'ouverts standard D+(f) de 2C, en posant
T(D+(f},Ox) = S(f) (cf. Ill, 8.1). Si i designe 1'injection de X dans P n ,
le faisceau i*Ox n'est autre que S. Si / n'est pas radical, ces anneaux
ne sont pas necessairement reduits, contrairement a ceux de la variete
V(I] (pour laquelle, cf. Ill, 8.a, on prend pour I 1'ideal I(X_) de toutes
les fonctions polynomials nulles sur X_).
Soit J — I le faisceau associe a 1'ideal /. C'est un faisceau d'ideaux de
Opn et la definition du faisceau d'anneaux Ox montre qu'on a la suite
exacte :
de sorte qu'il est conforme a III, 6.10 de poser J = Jx- On dit que Jx
est le faisceau d'ideaux qui definit le schema X — Proj (R/'/).
^n fait, on notera souvent, abusivement, de la meme maniere le schema X et
1'espace topologique sous-jacent X_.
206 X. Liaison des courbes gauches
II resulte de ce qui precede que 1'ideal / (dont on dit qu'il est un ideal
de definition de X] determine entierement X. Reciproquement, X de-
termine le faisceau Jx = I, mais il ne determine pas de maniere unique
1'ideal / (cf. Ill, 9.8.3). Nous allons preciser cette situation et pour cela
commencer par une definition :
Exemples 1.2
1) Le sature de 1'ideal (X\XY,XZ,XT) de Jfe[X,K,Z,T] est 1'ideal
(X).
2) Si / est un ideal homogene radical de k [ X Q , . . . , Xn] (i.e. egal a sa
racine) on a sat (/) = /, sauf si / est 1'ideal inconvenant m = (X0,..., Xn]
auquel cas on a sat (/) = R. C'est clair si / = R ou m. Sinon, soit
/ € sat (/) homogene de degre > 0 (si / est une constante on retombe
sur les cas ecartes). II existe un N tel que, pour tout i, X^f € /. Mais
comme / est homogene de degre > 0 on peut 1'ecrire comme combinaison
lineaire / = £"=0 diXi et en utilisant la formule du (n + l)-6me on voit
que fk € / pour k > nN + N — n, et done, puisque / est radical, que
/e/.
On a la proposition suivante :
Proposition 1.3
1) Soient I un ideal homogene de R et J — sat(/). Alors, on a
Proj(fl/I)~Proj(fl/J).
2) Posons X = Proj (R/I). On a :
Cet ideal ne depend done que de X (et pas du choix de 1'ideal I de de-
finition de X). On l'appelle 1'ideal sature de X et on le note Ix- C'est le
plus grand ideal qui definit X.
§ 1. Ideaux et resolutions 207
Demonstration
1) On montre d'abord 1'egalite ensembliste V(I) = V(J). Comme on
a / C J, on a deja V(J) C V(/). Reciproquement, si P = (XQ, . . . , xn) e
V(/), 1'une des coordonnees de P est non nulle, disons x0 ^ 0. Soit
/ 6 J. II existe N <5 N tel que X$ f £ I et on a done x g f ( P } = Q, done
/(P) - 0 et P 6 V(J).
Pour montrer 1'egalite des faisceaux on considere la surjection canoni-
que R/I —» R/J donnee par a (-» a. Elle induit une surjection des lo-
calises : (/?//)(/) —* (#/«/)(/) qui a a// r associe a// r , avec a,/ homoge-
nes, deg/ > 0 et dega — rdeg/. II suffit de voir que cette Heche est
aussi injective. Mais si on a a/fr = 0, cela signifie que fma est dans J. II
existe alors un entier TV tel que XQ / m a,..., X^fma € I et, pour k assez
grand (cf. Exemple 1.2.2), on a fka € /, done d/fr = 0 dans (R/I)^.
2) On considere rhomomorphisme naturel homogene de degre 0 : / —>
T*(j7x) (cf. Ill, 9.8.3). Cette fleche est injective car elle est induite par
la fleche de R dans F*(C7pn) dont on a vu en III, 9.9 qu'elle est un
isomorphisme. II reste a voir que T*(Jx) est bien le sature de /. Soit
/ G F(Pn, J x ( d ) ) . La restriction de / a D+(X0} est dans I(x0), done
/ = IQ/XQ avec /o G /. On a done XQ f 6 / et de meme avec les autres
variables, de sorte que / est dans le sature de /.
b. Resolutions
Notations 1.5. Soient E et F des /^-modules libres gradues :
ou les rrij et les n* sont des entiers qui verifient : HI < < nr et
mi < < ms. Le degre de E (resp. de F] est, par definition, 1'entier
52j —rrij (resp. 52i ~ni}- Soit u : E —> F un homomorphisme .R-lineaire
gradue de degre zero (i.e. qui envoie un element de degre n sur un element
de degre n). On notera respectivement 6j (j = 1,..., s) et ^ (i = 1,..., r)
208 X. Liaison des courbes gauches
Nous avons vu (cf. Exercice III, B.2) que tout module gradue de type
fini M sur un anneau noetherien gradue S admet une resolution graduee
libre (on dira plus brievement une resolution) :
ou les Li sont des modules gradues libres, done de la forme ®[=1 S(rii}
et ou les fleches sont homogenes de degre zero.
En general cette resolution n'est pas finie mais, lorsque R est un an-
neau de polynomes, tout module gradue de type fini admet une resolution
finie, precisement :
avec d < n-}-l. Si Ld est non nul une telle resolution est dite de longueur
d. On appelle dimension projective de M et on note dp (M) le plus petit
entier d tel que M admette une resolution de longueur d. (Si M = Q on
convient que dp (M) = — I . )
Proposition 1.8. Tout R-module gradue de type fini admet une resolu-
tion finie minimale. De plus, cette resolution est unique a isomorphisme
pres, sa longueur est egale a la dimension projective de M et le rang de
LQ est le nombre minimal de generateurs de M.
§ 1. Ideaux et resolutions 209
Demonstration
1) Le cas / = R est trivial. Soit 0 —> Ld-^->Ld_! —> —> L0 -* / —> 0
la resolution minimale de / ^ R. La suite exacte 0 —> 7 —> 7? —> 7£/7 —> 0
donne alors la resolution minimale de R/I :
On introduit les modules EI qui sont les conoyaux des Ui (ou les noyaux
des Wj_i, si Ton prefere) et les faisceaux associes £{. On a done les suites
exactes :
n'est pas injective. Comme le groupe HnOpn(—n — 1) est non nul, cela
sera vrai si on montre que h(v,rrij — n — 1) = 0. Mais, comme u est
minimal, Vi est nul si n^ > m^, done, a fortiori, h(vi, mj—n — 1) = 0 dans
ce cas. Si, au contraire, on a n z < mj, c'est le groupe HnOpn(—Hi -\-rn,j —
n — 1) qui est nul, et on a encore h(vi, rrij — n — 1) = 0, cqfd.
2. Courbes ACM
A partir de maintenant on travaille dans P3. Soit R = k[X, F, Z, T].
Parmi les courbes ACM, les plus simples sont les intersections comple-
tes schematiques (cf. Ill, 10.2) :
3
Cette definition n'est pas tres raisonnable en general. II y a de bonnes raisons,
dont certaines apparaitront plus loin (cf. 3.6) pour imposer plus et notamment que la
courbe soit equidimensionnelle et sans composantes immergees. Cependant, pour les
courbes ACM auxquelles nous aurons affaire, ces conditions sont automatiques.
§2. Courbes ACM 213
En particulier, on a HI > 0.
5) On a nr < rnr^\ et m r _i = e + 4 ou e est 1'indice de specialite de
C :
4
On parlera quelquefois de resolution (resp. de resolution minimale) de la courbe
C pour designer une resolution (resp. la resolution minimale) de son ideal sature Ic-
214 X. Liaison des courbes gauches
qui donne :
II suffit alors d'identifier les termes de degres 3,2,1,0 pour obtenir les
quatre formules souhaitees.
Pour le point 4), supposons mi < ni, done aussi mi < n^ pour tout i.
Alors, le coefficient a^ de la matrice u est nul pour tout i (il est de degre
< 0 et la resolution est minimale). Mais ceci contredit 1'injectivite de u.
On verifie sans peine qu'on a bien s0 = n\.
Le point 5) est un peu plus delicat. Si on a m r _i < n r , on a aussi
rrij < nr pour tout j et done arj = 0 pour tout j. La base canonique
de F etant notee e i , . . . , er, ceci signifie que u est a valeurs dans le sous-
module engendre par e i , . . . , e r -i- Soit / 1'image de er dans IQ par p et
soit g G Ic quelconque. Nous allons montrer que g est dans 1'ideal (/),
done que Ic = (/), ce qui sera une contradiction (C serait alors une
surface).
On a g = p(YZ=i9iti) avec 9i € R- On ^crit alors la relation evi-
dente f g — gf = 0 sous la forme fp (Z)Li 9^ ~ 9P (€r) = 0, ou encore
p(fY%=i9i€i ~ 9€r) — 0. Comme le noyau de p n'est autre que 1'image
de u et comme celle-ci est contenue dans le sous-module engendre par
€ 1 , . . . , e r _i, le coefficient de la combinaison lineaire selon er est nul d'ou
9 = /9r e (/), cqfd.
Pour determiner 1'indice de specialite e, on note d'abord que Ton a
h Oc(ri) — h2Jc(n) (c'est la suite de cohomologie associee a la suite
l
Soient i\,ii e [l,r] deux entiers distincts et j un entier verifiant les ine-
galites 1 < j < r — I . On note Ailti2.j la matrice obtenue en enlevant
a A les lignes d'indices z'i,z 2 et la colonne d'indice j. Le r — 2-mineur
correspondant est alors, par definition :
216 X. Liaison des courbes gaudies
(1)
(2)
Demonstration
1) Quitte a passer sur le corps des fractions k(X, Y, Z, T), on se ramene
au cas des espaces vectoriels qui est bien connu.
2) Montrons d'abord qu'on a toujours <pu = 0. II s'agit de prouver,
pour tout j, la relation YZ=i Q-ijVi — 0- On introduit pour cela la matrice
§ 2. Courbes ACM 217
On voit alors que A0 divise tous les <pi\j, done aussi leur pgcd. Mais,
comme les </?; sont sans facteur commun, leur pgcd est egal a un, done le
pgcd des (pi\j vaut A; et on a gagne.
(On n'oubliera pas que les coefficients sont dans 1'anneau de polynomes
R qui est factoriel. En particulier on peut parler de pgcd.)
ii => i : Soit g le pgcd des (pi; c'est un polynome homogene; soit d
son degre. II s'agit de montrer que d est nul. Posons ^ = g(p\\ soit J'
1'ideal engendre par les (p( et <p' rhomomorphisme homogene de degre zero
(p1 : F(d) = 0£=1 R(—ni + d) —* J' donne par la formule ( p ' ( a i , . . . , a r ) =
T^i-i a-iVi- Comme J^ est integre, il est clair que le noyau de <p' est le
meme que celui de </?, de sorte qu'on a la suite exacte :
Soit C le schema defini par J'. Comme 1'ideal J' est sature (cf. 1.9),
on a J' = Ic- Comme les (p\ sont sans facteur commun et r > 2, on a
dim C < 1. En vertu de 1.9.3, le schema C est soit une courbe ACM
d'ideal sature J', soit le vide. Si C est une courbe on applique 2.4.1 aux
degres de E(d) et F(d) et on a Ej=}(^ + d) — ELi( n i + d), ce qui,
vu 1'hypothese Y%=1 mj — Y%=i ni-> implique d = 0. Si C est vide on a
Ic = J' = R et un calcul de caracteristiques d'Euler analogue a celui qui
a permis de montrer 2.4.1 montre que d est nul.
Le fait que <pu — 0 montre qu'on a, en tons cas, une fleche surjective
TT : Coker u —> J rendant commutatif le diagramme suivant :
II reste a voir que TT est injective. Pour cela, soit a € Ker?r, avec a = p(a),
a E F. On a done ^=1 ^V^ — 0 et, comme dans la demonstration de
i =£> M, on en deduit qu'il existe A0 6 R et A e £, non tous deux nuls, tels
que Aoa + w(A) = 0, done \0a £ Imw et Aoa = 0 dans Coker u. Comme AO
n'est pas nul (puisque u est injectif) et comme Coker u est sans torsion
on a bien a — 0.
dans lequel les fleches verticales sont induites par la multiplication par
Pelement a € R. Soit a G Ann(Coker*ii). Cela signifie que Ton a //a = 0,
done aussi /xap = pa/^v = 0, de sorte que a/jjv est a valeurs dans Kerp =
Im tu. Comme Ev est libre ceci implique qu'il existe un homomorphisme
homogene / : Ev —> Fv avec aIEy = tuf.
Multipliant a droite cette relation par lu on obtient als^u = tualpy =
i t
uf u^ ou encore iu(alp^ — /*u) = 0, de sorte que a/^v — jlu est a valeurs
dans Ker*?/, — Im^ et, comme Fv est libre, il existe g : Fv —> R tel que
Ton ait a/pv — flu = t(f>g. On multiplie cette relation a droite par i(p et
on obtient alp^^p = /^V + t<pgt(p = V^a- Comme *uf</? = 0 et comme
*y est injectif on en deduit va = gi(p^ ce qui signifie exactement que a est
dans J = Im (p.
a. Introduction et definition
Definition 3.1. Solent C et P deux courbes gauches, d'ideaux satures
Ic et /r. L'ideal Ic n /r est 1'ideal sature d'une courbe X appelee union
schematique de C et P.
6
Cette demonstration et sa variante elementaire m'ont ete soufflees par Mireille
Martin-Deschamps.
222 X. Liaison des courbes gauches
Nous allons utiliser la proposition 3.4 pour donner une definition plus
generale de la liaison :
Remarques 3.6
0) La proposition 3.4 montre que deux courbes gauches reduites (i.e.
des varietes) qui sont geometriquement liees le sont aussi algebriquement.
En fait, cette propriete est encore vraie pour des courbes quelconques,
au sens de 3.15 ci-dessous, i.e. sans composante ponctuelle, immergee ou
non. En particulier elle vaut pour des courbes ACM. La demonstration
est analogue en utilisant une decomposition primaire des ideaux Ic et /r
(cf. [Pes] §3 ou [Bbki] AC Ch. IV).
1) La relation de liaison geometrique est evidemment symetrique,
mais, si on ne fait pas d'hypotheses supplementaires sur C, la relation
de liaison algebrique ne Test plus necessairement. Cette difficulte est la
consequence de notre definition imprudente des courbes gauches. Pour la
surmonter, il faut supposer ici encore que les courbes verifient les condi-
tions de 3.15.
§ 3. Liaison des courbes gauches 223
2) Dans le cas ou C est ACM nous verrons plus loin (cf. 3.9) que ce
probleme disparait.
3) On verifie aussitot que F est vide si et seulement si on a C = X
(cela resulte du fait que Ix est sature).
(*)
oil la matrice B de v dans les bases duales des bases canoniques est la
matrice (r + 1) x r obtenue en bordant inferieurement la matrice M. par
les lignes formees des A; et /^.
2) L'ideal /r est egal a J.
3) Le schema F est ime courfae ACM.
s'ecrit :
c. Le theoreme de Peskine-Szpiro
Nous sommes maintenant en mesure de repondre a la question posee
dans 1'introduction :
2) C est une courbe ACM (i.e. au choix, cf. 2.2, Hljc(n] = 0 pour
tout n ou encore, dp/c- = l.j
Remarques 3.14
1) Attention il peut effectivement etre necessaire de changer de gene-
rateurs minimaux, c'est le cas si on part de la courbe d'ideal Ic =
(XY, YZ, XZ) et des trois generateurs XY, YZ, ZX : deux quelconques
d'entre eux ont un facteur commun. Pour effectuer une liaison il faut
remplacer 1'un d'eux par une combinaison lineaire, on peut prendre par
exempleXFet Z(X+ Y).
2) Par ailleurs, le lemme 3.13 n'est pas vrai en general avec un g de
degre < nr, cf. par exemple Ic = (XZ, YZ,XT2, FT2).
que Ton appelle module de Rao de C. C'est un module gradue sur 1'an-
neau R, il comporte seulement un nombre fini de termes non nuls (c'est
clair pour n > 0 par le theoreme de Serre VII, 4.6 et pour n <C 0 cela
se voit par dualite de Serre, cf. [H] III, 7.6) et chaque composante est de
dimension finie. Ce module a un comportement tres simple par liaison; si
F est liee a C par deux surfaces de degres s et t on a Mr = M£(4 — s — t).
(L'etoile designe le module gradue dual de Mc.) Un theoreme de Rao
montre que tout module de ce type est, a decalage pres, le module de
Rao d'une courbe que Ton peut meme supposer lisse et que deux courbes
sont dans la meme classe de liaison si et seulement si elles ont meme
module de Rao, a dualite et decalage pres.
Peut-etre encore plus interessante que la relation de liaison est celle de
biliaison (ou liaison paire) car dans ce cas 1'invariant est le module de Rao,
a decalage pres seulement. Dans une classe de biliaison toutes les courbes
ont done pour module de Rao le module M decale M(n) avec n £ Z. On
montre qu'il y a un n minimal et les courbes qui correspondent a ce n
sont appelees les courbes minimales de la classe. Elles sont essentiellement
uniques et permettent de determiner toutes les autres courbes de la classe.
Sur ces points cf. [MDP] ou [BBM]. Pour 1'utilisation du module de Rao
dans les problemes de classification des courbes gauches, cf. [MDP].
Exercices
1. Resolutions
1) Soit R une fc-algebre graduee, R = ®neN Rm avec RQ — k. Soit
m = R+ 1'ideal maximal des elements de degre > 0, de sorte que R/m est
isomorphe a k. On munit k de la structure de ^-module gradue fournie
par cette structure quotient. Determiner la resolution minimale du R-
module k dans les cas suivants : R = k[e] avec e2 = 0 (anneau des nombres
duaux), R = JfcpT], R = k [ X , T } , R = k[X, Y,T], R = k[X, Y, Z,T}.
2) Determiner la resolution minimale de 1'ideal (non sature) / =
2
(X ,XY,XT) de k[X,Y,T]. Comparer cette resolution a celle de 1'ideal
sature associe.8
3. La quartique rationnelle
Soit F la reunion des droites de P3 d'equations (JV, Y] et (Z,T). On
lie F par les surfaces d'equations XT — YZ et XZ^ — Y2T a une courbe
C. Montrer que la courbe C est de degre 4 et de genre 0. Est-elle ACM ?
Calculer son ideal Ic et montrer que C est lisse et connexe. (On trouvera
dans 1'ideal Ic, outre les equations des surfaces ci-dessus, les equations
FT2 - Z3 et ZX* - Y\]
Memento d'algebre
1. Anneaux
On suppose connues les notions d'anneau (toujours suppose commu-
tatif et unitaire), d'anneau de polynomes, d'ideal, d'anneau quotient, de
corps, de module. On note (x) ou xA 1'ideal engendre par x dans A, i.e.
1'ensemble des elements de la forme xa pour a £ A.
1.1. Anneaux
a. Le theoreme d'isomorphisme
Soient / : A —> B un homomorphisme d'anneaux, / = Ker/. Soit J
un ideal de A contenu dans / et soit p : A —> A/J la projection canonique.
Alors :
1) il existe un unique homomorphisme / : A/J —> B tel que / = fp
(on dit que / se factorise par A/J),
2) /est injectif si et seulement si on a J = /,
3) / est surjectif si et seulement si / Test.
En particulier on a Im / ~ A/Ker /.
§ 1. Anneaux 233
c. Division eudidienne
Soient A un anneau et P € A[X], P ^ 0, de coefficient dominant
inversible. Soit F € A[X], il existe Q,R € A[X] avec F = PQ + R et
degtf < degP ou R = 0. (cf. [P] Ch. II, [LJ Ch.V.)
Par exemple dans k[X, F], par rapport a la variable Y, on peut diviser
par Y2 — X3, mais pas par XY — 1.
Application de a,b et c : montrer que 1'anneau des entiers de Gauss
Z[i] est isomorphe au quotient Z[X]/(X 2 + 1).
d. Produit d'anneaux
Le produit direct de deux anneaux A et B est 1'ensemble produit
A x B (i.e. les couples (a, 6)) muni des lois produits : (a, 6) 4- (a', 6') =
(a 4- a', 6 + 6'). (a, &)( a '> b ') = ( aa/ > W).
Exemple : si p et q sont deux entiers premiers entre eux, montrer que
Ton a :
1.2. Ideaux
b. Ideaux premiers
Un anneau integre est un anneau A ^ {0} qui verifie : Va, b e A, ab =
Q=>a = Qoub = Q.
Par exemple, un corps est integre, un sous-anneau d'un anneau inte-
gre, un anneau de polyomes sur un anneau integre sont integres.
Un ideal p de A est dit premier si A/p est integre. On note que 1'image
reciproque d'un ideal premier par un homomorphisme est un ideal pre-
mier.
Un ideal m de A est dit maximal s'il est maximal pour 1'inclusion
parmi les ideaux de A distincts de A. II revient au meme de dire que
A/m est un corps appele corps residuel de m. II en resulte que tout
ideal maximal est premier, mais la reciproque est inexacte (les ideaux
maximaux de Z sont les (p) avec p premier, les ideaux premiers sont les
memes, plus Pideal (0)).
On montre en utilisant le theoreme de Zorn que tout ideal est contenu
dans un ideal maximal.
d. Elements nilpotents
Un element a € A est nilpotent s'il existe un entier n > 0 tel que an =
0. L'ensemble des elements nilpotents forme un ideal appele nilradical de
A. Get ideal est 1'intersection de tous les ideaux premiers de A (^f, cf.
Exercice 4.2).
Un anneau sans element nilpotent autre que 0 est dit reduit. Exemple :
lesquels des anneaux Z/nZ sont-ils reduits, integres, des corps?
Un anneau A est dit noetherien s'il verifie 1'une des trois proprietes
equivalentes suivantes (cf. [P] Ch.II, [L] Ch. VI) :
1) Tout ideal de A est de type fini,
2) Toute suite croissante d'ideaux de A est stationnaire,
3) Tout ensemble non vide d'ideaux de A a un element maximal pour
1'inclusion.
1.6. Localisation
a. Anneau local
Un anneau A est dit local s'il a un unique ideal maximal m appele son
radical. Tout element de A — m est alors inversible.
Exemple : 1'anneau des series formelles fc[[-X]]. Le radical est forme
des series sans terme constant.
b. Localisation : definition
Une partie 5" de A est dite multiplicative si 1 € S et si Va, 6 E 5, ab 6 S.
Soient A un anneau integre et S une partie multiplicative. On definit
1'anneau AS (ou S~1A) appele localise de A par S comme le quotient de
1'ensemble A x S par la relation d'equivalence 72. defmie par
La classe de (a, s) est notee a/s et on definit les lois de composition sur
le quotient comme celles du corps Q des rationnels. D'ailleurs lorsque
S ~ A — {0}, AS est le corps des fractions Fr(A), comme Q = Fr(Z).
Sinon AS est un sous-anneau de ce corps.
Le localise est muni d'un homomorphisme i : A —» AS injectif donne
par i(d) = a/I. L'image par i d'un element de S est inversible et AS est
universel pour cette propriete (intuitivement il est le plus petit anneau
contenant A et les inverses des elements de 5).
Lorsque A n'est pas integre on peut encore faire cette construction,
mais la relation d'equivalence doit etre modifiee ainsi : (a, s)7£(a', s') «=>
3t € S t(as' — a's) — 0. L'homomorphisme i n'est plus en general
injectif, son noyau est forme des elements annules par un element de S.
II n'y a plus de corps de fractions dans ce cas. (cf. [L] II.3.)
c. Exemples
1) Soient / e A et S = {fn n € N}. On note As = Af et on a
Af ~ A[T]/(fT - 1). Exemple : qui est ZIQ?
§ 1. Anneaux 237
L'algebre B est dite entiere sur A si tous ses elements le sont. II suffit
de le verifier pour un systeme de generateurs (comme algebre) de B (^f).
Dans tous les cas, 1'ensemble des elements de B entiers sur A est un
sous-anneau de B (f) appele fermeture integrals de B sur A. (cf. [L] X,
2.3.4.)
Exemple : la fermeture integrate de Z dans Q(z'\/3) est Z[jj. (^f, cf. [S]
2.5.)
2. Produits tensoriels
2.2. Proprietes
On rappelle qu'un A-module M est dit libre s'il a une base (exactement
comme pour les espaces vectoriels, la difference est que les modules ne
sont pas tous libres).
(Applications : calculer
ou les Uij sont dans A. Alors, si U est la matrice des w,-j, on a det(U)xi = 0
pour tout i. (Attention, meme si dei(U) n'est pas nul ceci ne prouve pas
a priori que les Xi sont nuls : un module peut avoir de la torsion, i.e.
on peut avoir ax = 0 avec a 7^ 0 dans A et x ^ 0 dans M; penser au
Z-module Z/nZ.)
b) Soient A un anneau local d'ideal maximal ra et k = A/m. Soit M
un A-module de type fini. On suppose qu'on a M ®A k (= M/mM) = 0.
Montrer que Ton a M = 0 (lemme de Nakayama). (Prendre des gene-
rateurs # 1 , . . . , xn de M et ecrire qu'ils sont dans mM, puis utiliser a).)
c) Soient A un anneau, m un ideal maximal de A et M un A-module
de type fini. On suppose M/mM = 0. Montrer que Mm = M®A Am = 0,
puis qu'il existe / € A, / <£ m tel que M/ = M ®A Aj = 0.
§ 3. Bases de transcendance 241
3. Bases de transcendance
3.1. Definitions
Les notions suivantes sont analogues aux notions d'independance line-
aire et de base sur les espaces vectoriels.
Soit K C L une extension de corps. Une partie B de L est dite
alge.brique.ment libre sur K (on dit aussi que ses elements sont alge-
briquement independants) si pour toute partie finie {#1, ...,#„} de B
et tout polynome P G K[Xi,..., Xn], 1'egalite P(x\,... ,xn) = 0 im-
plique P = 0. (Sinon on dit que B est algebriquement liee.) Par exemple
si B — {x}, B est libre si et seulement si x est transcendant sur K.
b. Exemples
1) Si L est algebrique sur K on a B = 0 et OK(L) = 0.
2) Si L = K(Xi,..., Xn), corps des fractions rationnelles en les varia-
bles Xi,..., Xn, on peut prendre B — {Xi,..., Xn} et on a <9#(L) = n.
242 Memento d'algebre
c. A utres resultats
On a un certain nombre de resultats analogues au cas lineaire.
0. Introduction
On a deja rencontre a propos du theoreme de Bezout des schemas finis
(i.e. de dimension 0). On va maintenant definir des schemas de toutes
dimensions. Comme dans le cas des schemas finis, la difference essentielle
entre une variete et un schema .est la presence d'elements nilpotents dans
les anneaux. L'interet des schemas est qu'ils permettent de tenir compte
des multiplicites : ainsi la droite d'equation X = 0 (resp. X2 = 0) dans
le plan est une droite simple (resp. double), et la difference, dans le cadre
des schemas, va se voir sur les anneaux qui vont etre respectivement
k[X, Y]/(X) (resp. k[X, Y]/(X2}}. Dans le second anneau 1'image x de
X n'est pas nulle, mais son carre 1'est. Une maniere de comprendre cet
element nilpotent x est de penser a un infiniment petit, comme on 1'a vu
dans la definition de 1'espace tangent.
§ 1. Schemas affines 245
1. Schemas affines
a. Definition
b. Exemples
On obtient ainsi par exemple Spm (k[X, F]/(F), qui decrit la courbe
plane d'equation F — 0 sans oublier les multiplicites eventuelles des
facteurs de F, ou encore, si F et G n'ont pas de facteurs communs,
Spm (k[X, Y]/(F, G) qui est le schema intersection de F et G, avec mul-
tiplicites (cf. Bezout).
2. Schemas
a. Definition
b. Exernples
1) Schemas projectifs. Soit / un ideal homogene de R = k [ X Q , . . . , Xn]
et soit S = R/I Panneau quotient. Soit X = V(7) 1'ensemble algebrique
projectif defini par /, que 1'on munit de la topologie de Zariski. En parti-
culier on a la base d'ouverts D+(f) usuelle, pour / e 5, / homogene. On
definit un faisceau d'anneaux sur X en posant F(Z) + (/), Ox} = £(/) On
verifie alors, comme dans le cas des varietes, qu'on a (Z> + (/), OX\D+(/)) —
SpecS(f) de sorte que (A", Ox] est un schema note (abusivement, cf.
Grothendieck) Pro] (5) et appele schema projectif associe a 5. Le cas
/ — (0) redonne Pn, les autres cas donnent les sous-schemas fermes de
Pn. La encore la difference avec les varietes projectives est la presence
eventuelle de nilpotents.
a. Les intersections
On 1'a vu abondamment avec Bezout. Plus generalement si on a, par
exemple, deux sous-schemas X et Y de Pn, definis par des ideaux / et
J homogenes, le schema intersection est le sous-schema defini par 1'ideal
I + J. Meme si X et Y sont des varietes, la structure de schema sur
1'intersection est fondamentale, c'est elle qui explique les multiplicites
d'intersection, done les phenomenes de contact.
b. Les fibres
Soit (p : X —> Y un morphisme de schemas (ou de varietes). On a vu
un certain nombre de resultats concernant la fibre (p~l(y] en un point de
y, consideree comme variete. Pour tous les theoremes sur les dimensions
il n'y a rien a changer. En revanche pour certains resultats plus fins il
248 Les schemas
est utile de definir une structure de schema sur la fibre. Cela se fait
de la maniere suivante : supposons Y affine d'anneau A (c'est toujours
possible) et X affine d'anneau B. On a done </?* : A —> B et y correspond a
un ideal maximal ra de A. On a vu que Ton a, ensemblistement, <f>~l(y} —
V(mB}. On definit alors le schema p~l(y} comme Spm(B/mB). (La
variete (p~l(y) correspond, elle, a la racine de 1'ideal mB.)
Si X n'est pas affine on recolle les fibres obtenues dans les ouverts
affines de X (cf. Exercice VII, 2.1).
Avec cette definition de la fibre on a, si x G X et si y — <£>(x),
Tx( P~l(y]} — KerT x (</?) (comparer au probleme VI, 1.2).
(
c. Le calcul differential
On a deja vu comment utiliser le schema Spec/c[e] avec e2 = 0 pour
calculer les espaces tangents. On peut generaliser cela au calcul diffe-
rentiel a un ordre plus grand en copiant les techniques de geometric
differentielle (jets,...) grace aux nilpotents d'ordre > 2.
5. Un Bertini schematique
On utilise les notations du probleme VI. En utilisant les remarques
ci-dessus sur les espaces tangents on obtient facilement le theoreme :
priori munies de leur structure de schema) sont des varietes lisses pour
yeV.
Dans le cas oil les dimensions de X et Y sont egales, les fibres sont en
general finies et formees de points simples, voir 1'exemple de 4.b.
On a aussi la variante suivante de Bertini qui se demontre comme dans
le probleme VI :
Dans le cas ou X est une courbe, cela montre que X n H est, en gene-
ral, fini et forme de d points simples distincts (d est le degre de la courbe
X}. Dans le plan, par exemple, cela signifie qu'on peut toujours trouver
des droites qui ne sont pas tangentes a une courbe donnee. La notion de
schema est ici indispensable pour comprendre les phenomenes puisqu'en
tant que variete X n H est finie done lisse dans tous les cas, de sorte que
le Bertini enonce dans le probleme VI ne donne rien.
Recueil de problemes
Probleme I
Le but du probleme est d'etudier les produits de varietes algebriques.
On travaille sur un corps k algebriquement clos.
de Zariski.)
d) Montrer que si V et W sont irreductibles il en est de meme de
V x W (utiliser c)).
e) Deduire de d) le resultat purement algebrique suivant : si A et B
sont deux fc-algebres integres, 1'algebre A®kB est integre. Montrer que le
resultat ne subsiste pas si k n'est pas algebriquement clos (cf. Memento
2.3).
2. Produits de varietes
Soit C une categorie (i.e. pour simplifier, des objets et des fleches). Si
X et y sont deux objets de C un produit de X et Y dans C consiste en la
donnee d'un objet Z de C et de deux fleches de C, p : Z —» X et q : Z —» Y
(appelees projections) verifiant la propriete (dite universelle) suivante :
pour tout objet T de C muni de fleches p' : T —> X et q1 : T — y, il
existe une unique fleche f de T dans Z telle que p' = pf et cf = qf.
a) Montrer que s'il existe dans C un produit de X et Y il est unique,
a un unique isomorphisme pres. On notera X x Y ce produit.
b) Montrer que si X et Y sont des ensembles algebriques affines (done
des varietes algebriques affines) la variete algebrique affine X x Y est
bien un produit dans la categorie des varietes algebriques.
c) Montrer qu'il existe des produits dans la categorie des varietes alge-
briques : si X et Y sont des varietes algebriques leur produit est defini
comme suit :
i) 1'ensemble sous-jacent est Fensemble produit X x Y;
ii) une base d'ouverts de X x Y est obtenue en prenant des ouverts
affines U de X et V de y, puis les ouverts affines du produit U x V (at-
tention, la encore cette topologie est plus fine que la topologie produit);
iii) le faisceau d'anneaux est defini sur cette base d'ouverts de la seule
fagon raisonnable.
d) Generaliser les points c) et d) de 1 aux produits de varietes quel-
conques.
4. Varietes separees
Soit X une variete algebrique.
On dit que X est separee si la diagonale A = { ( x , y] € X x X \ x = y}
est fermee dans X x X. (Attention, cela n'implique pas la separation au
sens usuel, toujours pour la meme raison : la topologie sur le produit
n'est pas la topologie produit.)
a) Montrer qu'une variete algebrique affine est separee.
b) Soit X une variete algebrique. On suppose que pour tous x, y € X
il existe un ouvert affine U contenant x et y. Montrer que X est separee.
c) Montrer qu'une variete projective est separee.
d) Soit X une variete algebrique separee. Montrer que 1'intersection
de deux ouverts affines de X est un ouvert affine.
e) Soit / : X —> Y un morphisme avec Y separee. Montrer que le
graphe de /, G(f] = { (x,y] 6 X x Y \ y = f(x] }, est ferme dans
X xY.
Probleme II
2. Completude de Pn
On va montrer dans ce paragraphe que Pn est une variete complete.
Soient Y une variete, p la projection p : Pn x Y —> Y et Z un ferme de
Pn x Y. II s'agit de voir que p(Z) est ferme dans Y.
a) Montrer qu'on peut se ramener au cas ou Y est affine d'anneau R.
b) Soit U{ = D+(Xi) x Y. Montrer que les Ui forment un recouvrement
ouvert affine de Pn x Y et que T(Ui) = R[Xo/Xi,..., Xn/Xi] (cet anneau
sera note Ai).
c) Soit J 1'ideal homogene engendre dans S = R[XQ, ... ,Xn] par les
polynomes homogenes F tels que, pour tout i, on ait
3. Applications
a) Montrer que toute variete projective est complete.
b) Soit V une variete projective irreductible. Montrer que F(V, Oy) —
k ou encore que tout morphisme / : V —> k est constant (utiliser 3.a, l.a
et l.d).
Probleme III
0. Notations
Si A est un anneau integre on note Fr (A) son corps de fractions.
Si K est un corps, extension du corps &, on note dk(K] le degre de
transcendance de K sur k. On renvoie au Memento 3 pour tout ce qui
concerne independance algebrique, degre de transcendance, etc.
Si A est un anneau on designe par Spec A 1'ensemble des ideaux pre-
miers de A et par d\m.K(A) sa dimension de Krull.
Si ii,...,xn sont des elements d'une fc-algebre A, on designe par
k[xi,.. .,xn] la sous-algebre de A engendree par les Xi, mais on reserve
la notation k[Xi,..., Xn] avec des lettres majuscules a 1'anneau de poly-
nomes en les indetenninees Xi.
2. Le going-up de Cohen-Seidenberg
II s'agit du theoreme suivant :
b) Soit p un ideal premier non mil de k[Xi,..., Xn\. Montrer que Ton
adfcFr(£pG,...,Xn]/p)<n-l.
c) Montrer le theoreme 3 lorsque d^(K} = 0.
d) Montrer le theoreme 3 par recurrence sur dk(K). (Utiliser le lemme
de normalisation et le going-up pour se ramener au cas A — k[X\,..., Xn],
puis prendre une chaine d'ideaux premiers (0) C pi C C pr de
k[Xi,..., Xn] et utiliser b) et 1'hypothese de recurrence.)
4. Application au Nullstellensatz
Soit K une /c-algebre de type fini. On suppose que K est un corps.
Montrer que K est algebrique sur k (utiliser les theoremes 1 et 2.a). En
deduire une demonstration du Nullstellensatz faible (cf. Ch. I, 4.1) dans
le cas general.
Probleme IV
1. Anneaux de valuation discrete
1) Soient A un anneau integre et K son corps de fractions. On suppose
A 7^ K. Montrer que les proprietes suivantes sont equivalentes :
i) A est local et principal.
ii) A est local, noetherien et son unique ideal maximal m est principal.
iii) II existe TT e A, -K ^ 0, TT irreductible tel que : V:r G A, x / 0,
x — i<,7rn avec n € N et u (E A*.
iv) II existe une application v : K —»ZU{oo} telle que :
On considere un element / € m, / ^ 0.
a) Montrer qu'il existe g e A, g £ fA tel que (g/f)m C A (appliquer
B2 a 1'anneau A/fA).
b) Montrer qu'on a (g/f)m C m ou (g/f)m = A. Montrer que, dans
ce dernier cas, m est principal et conclure.
c) Montrer que le cas (#//)m C m est impossible. (Sinon g/f de-
finirait un endomorphisme du yl-module de type fini m; en ecrivant
Cayley-Hamilton montrer que g/f serait entier sur A et faire eclater
une contradiction.)
3. Un exemple
Soit A = C[X, Y]/(Y2 -X* + X).
1) Montrer que la courbe plane d'equation Y2—X3+X est irreductible
et non singuliere. En deduire que A est integralement clos.
2) Montrer que A n'est pas factoriel (en designant par x et y les images
de X et Y dans A on montrera que y est irreductible mais que 1'ideal (y)
n'est pas premier, a cause de la relation
Probleme V
Le but du probleme est de prouver le theoreme suivant :
Probleme VI
Le but du probleme est d'etudier les morphismes lisses entre varietes
irreductibles lisses et de montrer notamment le theoreme de lissite gene-
260 Recueil de problemes
1. Morphismes lisses
2. Un exemple
5. Le theoreme de Bertini
Soit E un espace vectoriel de dimension n + 1. Un hyperplan H
de P(E) ~ Pn est defini par une forme lineaire non nulle / 6 E* et
deux telles formes definissent le meme hyperplan si et seulement si elles
262 Recueil de problemes
(Le mot general signifie qu'il existe un ouvert dense U de G tel que si
H € U, X n H est lisse.)
Probleme VII
Le but du probleme est d'etablir 1'existence et 1'unicite de la multi-
plicite d'intersection de deux courbes planes en un point. Cette multi-
plicite va apparaitre comme une fonction verifiant un certain nombre
d'axiomes naturels. Ce qui suit est largement inspire de Fulton, [F],
chapitre 3 paragraphe 3.
1. Enonce du theoreme
II existe une unique application // : k2 x (k[X, Y] — {O})2 N U {00}
qui au point P € k2 et aux polynomes non nuls F, G G k[X, Y] associe
un nombre note (j,p(F,.G) et appele multiplicite d'intersection de F et G
au point P verifiant les sept axiomes suivants :
Probleme VII 263
6)
2. L'unicite
Soient p, et tf deux applications verifiant les axiomes 1) a 7) (avec la
variante 5'))- H s'agit de montrer que Ton a /z = p!.
a) On suppose //p(F, G} = oo. Montrer que 1'on a p,'P(F,G) = oo.
b) On suppose /ip(F, G) = 0. Montrer que Ton a ^p(F, G) = 0.
c) Soient F = (0,0) et m,n e N. Montrer qu'on a ^P(Xm,Yn) =
fj.'P(Xm,Yn) = mn.
4. L'existence : la propriete 5)
On definit //, comme en II. On va montrer la propriete 5), nettement
plus delicate. On pose m = ^p(F) et n = Hp(G}.
a) Montrer qu'on peut se ramener au cas P = (0,0).
b) On appelle / 1'ideal (X,Y) de k[X,Y]. Calculer dim^A;^, Y]/Ir)
pour r G N.
c) Montrer qu'on a une suite exacte :
Probleme VIII
Le but de ce probleme est d'etablir le theoreme suivant :
Comme on sait, par ailleurs, que toute courbe irreductible est bira-
tionnellement equivalente a une courbe projective plane (cf. par exemple
Probleme. V) on voit que toute courbe irreductible est birationnellement
equivalente a une courbe projective plane a singularites ordinaires.
Ces trois droites forment un triangle dont les sommets sont les points
fondamentaux. On appelle U 1'ouvert U = P2 - V(XYZ) de P2.
Si F est un polynome homogene de P2 et S un point de P2 on note
//s(F) la multiplicity de F en S. Si F et G sont deux polynomes homoge-
nes et 5 un point de P2 on note Ms(F, G] la multiplicity d'intersection
des courbes d'equations F et G en 5. Enfin on appelle genre apparent
d'une courbe C — V(F) de degre d Fentier
On pos(
5) Montrer que F' est un polynome homogene de degre Id—r — r' — r".
Montrer que Ton a ^p(C'} — d — r' — T" et les formules analogues en P'
et P". Montrer que Ton a (F'}' = F, que F' est irreductible et qu'on a
C' = V(F').
268 Recueil de problemes
Probleme IX
Le but de ce probleme est de prouver certains des resultats admis au
chapitre X.
1. Le lemrne du serpent
II s'agit d'un lemme d'algebre tres utile dans de nombreuses chasses
au diagramme.
On suppose qu'on a un diagramme commutatif :
ou les objets sont des groupes abeliens et les fleches des homomorphismes
de groupes, les deux suites horizontales etant exactes.
Montrer qu'on a une suite exacte :
(On commencera par definir les fleches; il n'y a de difficulte que pour
celle qui relie Kerw" et Cokerw'.)
Enoncer une variante avec des suites exactes de plus de trois termes.
Bien entendu le meme enonce vaut pour les vl-modules, les Ox-mo-
dules, etc.
3. Resolutions minimales
On revient dans cette partie sur la proposition 1.8 du chapitre X.
Soit R un anneau noetherien gradue, R = 0 t - 6 N^- On suppose que
RO = k est un corps et on pose m = R+ = ®j >0 Ri- C'est un ideal maxi-
mal de R, de quotient isomorphe a k. (L'exemple type d'un tel anneau,
auquel on peut se limiter si on le souhaite, est 1'anneau k\X\,... ,X n ].)
Soit M un .R-module gradue de type fini. On appelle couverture mini-
male de M un homomorphisme homogene de degre zero, </? : LQ —> M,
avec LQ libre gradue, (f etant suppose surjectif et tel que I'homomor-
phisme induit :
soit un isomorphisme.
0) Soit (p : LQ —> M une couverture minimale. Montrer que le rang de
LQ est egal au nombre minimal de generateurs de M.
1) Le ^-module M etant donne, montrer 1'existence d'une couverture
minimale (f> : LQ —» M (on relevera une base de M <8>/? k sur k).
2) Soit (£> : LQ —» M une couverture minimale et 0 : L —» M un
homomorphisme surjectif avec L libre. Montrer que (p est "facteur direct"
de 0, i.e. precisement, qu'il existe une decomposition en somme directe
L = L'0 0 LQ avec L'Q et L'Q libres et un isomorphisme 0 : LQ ~ L'0 tel que
<v) = (t^\L')0. En deduire que si 9? et 0 sont deux couvertures minimales
de M il existe un isomorphisme 0 : LQ —* L tel que <^> = ifrO.
3) Soit Li-^Lo-^M —* 0 une suite exacte de ^-modules gradues
avec les Li libres. Montrer que UQ est une couverture minimale si et
seulement si HI est minimal au sens de la definition 1.7 du chapitre X
(on notera que cela equivaut a dire que u\ ®R k est nul).
4) On considere une resolution libre L' :
Probleme I
Solent k un corps algebriquement clos et p, q, r des entiers > 1. On
designe par M pi9 (fc) ou en abrege Mpj(? 1'espace des matrices p x q (i.e.
a p lignes et q colonnes) a coefficients dans k. C'est un espace affine de
dimension pq que Ton munit de sa structure de variete algebrique affine et
notamment de la topologie de Zariski. On rappelle que la fonction rang est
alors semi-continue inferieurement sur MP)9, ce qui signifie que 1'ensemble
des matrices de rang > n est ouvert. En particulier le groupe GLp(k] des
matrices p xp inversibles est un ouvert de M pip (fc). On rappelle aussi que
le ferme Kn des matrices de rang < n est irreductible.
Une matrice pxq est dite de rang maximum si elle est de rang inf(p, q).
II pourra parfois etre commode d'identifier une application lineaire de
kq dans kp et sa matrice (de taille pxq} dans les bases canoniques.
On considere 1'ensemble
Get ensemble est une variete algebrique affine et le but du probleme est
d'etudier ses proprietes : composantes irreductibles, dimension, points
singuliers.
On designe par TTI (resp. 7T2) la projection de Cp^r sur MM (resp.
M,,r).
1) Montrer que si (A, B] € CP^T on a rang (A) -f rang (B] < q.
2) Montrer que toute composante irreductible de Cp^r est de dimen-
sion > pq + qr — pr. Determiner la fibre de TTI (resp. 7T2) au point A (resp.
B) et calculer sa dimension en fonction du rang de A (resp. B}.
3) On suppose q < p + r. Montrer que Cp^r est reductible. (On pourra
considerer les images reciproques par TTI et 7r2 des ouverts de Mpi9 et M9)T.
formes des matrices de rang maximum.)
4) On suppose q > p + r. Soit Q, 1'ouvert de MP)9 forme des matrices
de rang p et soit U 1'ouvert (contenu dans Q) des matrices ecrites par
blocs sous la forme A = (^1^2) avec A\ 6 GLp(k) et A2 6 M piC _ p .
a) Determiner 1'image reciproque Trf^f/) en ecrivant les matrices B
sous la forme
Partiel, decembre 1991 273
Probleme II
On rappelle qu'un anneau integre A de corps de fractions K est dit
integralement clos si on a : x entier sur .
On rappelle aussi qu'un anneau local, integre, noetherien, de dimen-
sion 1 est regulier si et seulement si il est integralement clos.
0) Soient A un anneau integralement clos et S une partie multiplicative
de A. Montrer que S^A est integralement clos.
274 RecueiJ de problemes
Notations
Dans tout ce qui suit k designe un corps algebriquement clos. On
note R Panneau de polynomes k[X,Y,Z,T], Rn Pespace vectoriel des
polynomes homogenes de degre n. On designe par R(d} le .R-module
gradue egal a R mais avec la graduation decalee : R(d)n = Rd+n- Ce
module est libre de rang 1 sur R, avec pour base le polynome constant
egal a 1 qui est alors en degre —d. Si T est un faisceau coherent sur
P3 on note hl(^) la dimension du fc-espace vectoriel /T(P3,.F). On note
(Fi,..., Fn) Pideal de R engendre par les polynomes FI, . . . , Fn.
Soit C une courbe de P3 (i.e. une sous-variete fermee dont toutes les
composantes sont de dimension 1). On note Oc le faisceau structural de
C, Ic Pideal homogene de C (Ic = [F € R \ VP e C F(P) = 0}),
on appelle Jc le faisceau Ic associe a /c, d le degre de C et g son genre
Examen, Janvier 1992 275
Montrer que U G (F, G, //"). (On pourra commencer par etudier le cas
ou F' et F" n'ont pas de facteurs communs.) Conclure.
c) Montrer que C = V(F, G, H).
4) On se propose de montrer qu'on a une resolution de Ic de la forme
suivante :
3. Un exemple
1) Soit GO la courbe plane d'equation Y4 + X*T + XYT2. Montrer que
GO est irreductible. Determiner ses points singuliers et son genre geome-
trique. (On supposera la caracteristique de k differente de 5. f Que se
passe-t-il en caracteristique 5 ?)
2) Soit G = V(F, G, H} la sous-variete de P3 definie par les equations
F = XT-YZ, G = X2Z+Y3 + YZT et H = XZ2+Y2T+ZT2. Montrer
que G est une courbe irreductible (on pourra, par exemple, utiliser la
278 Recueil de problemes
Probleme I
On travaille sur un corps k algebriquement clos.
On rappelle qu'une variete X est dite separee si la diagonale
a) Montrer que F est ferme dans X x Y x Z, que F' = p(F) est ferme
dans Y x Z et que F' est irreductible.
b) Montrer que Ton a dimF' = dimY (utiliser la projection q).
c) Conclure.
(Considerer, pour XQ € X, la sous-variete FIO = 7r~ 1 ({o;o})nr de F et son
image par p.) Le resultat est-il encore vrai sans 1'hypothese X projective?
Examen, juin 1992 279
Probleme II
On travaille sur un corps k algebriquement clos. Si X est une variete
on designe par Ox son faisceau structural.
1) Soit F un sous-ensemble fini de P 2 . On munit F de sa structure na-
turelle de sous-variete algebrique de P2 et on note Jp le faisceau d'ideaux
de C7p2 qui definit F. Montrer qu'il existe une droite A qui ne rencontre
pas F. On note 6 1'equation d'une telle droite. Montrer que la multipli-
cation par 8 donne la suite exacte de faisceaux :
Notations
Dans tout ce qui suit k designe un corps algebriquement clos et PN
1'espace projectif de dimension TV sur k. On note R 1'anneau de polynomes
k[X, y, T]. Si T est un faisceau coherent sur une sous-variete fermee Z
de PN et si j : Z —> Pn est 1'injection canonique on identifiera T et
son image directe . On sait que cette identification n'affecte pas la
cohomologie du faisceau en question. Si T est un faisceau coherent sur
P^ on note /i*(.F) la dimension du A;-espace vectoriel Hl(PN,F}.
Si X est une sous-variete fermee de PN on note Ox le faisceau struc-
tural de X, Ix 1'ideal homogene de X et Jx le faisceau d'ideaux de OPN
Examen, Janvier 1993 281
5) On suppose que Z n'a pas de trisecante (i.e. que trois points dis-
tincts de Z ne sont jamais alignes). Montrer que Ton a, pour n > 0,
hljz(n] < sup (0, d - In - 1).
On admettra qu'il existe un ouvert non vide Q de P(E*} tel que tout
plan H E £7 verifie les deux proprietes suivantes :
a) Z = C fi H est forme de d points distincts (cf. Exercice VIII, 1),
b) il existe deux points distincts P, Q de Z = C Pi H tels que la droite
< PQ > ne soit pas une trisecante de Z.
2) On pose F = {(P, Q, R) 6 C x C x C \ P,Q,R alignes}. Montrer
que F est un ferme de C x C x C.
3) Soit V la sous-variete ouverte de C xC formee des points P, Q avec
P / Q. Soit V la partie de V correspondant aux trisecantes de C :
(theoreme de Castelnuovo).
6) Montrer que Ton a e(C) < d - 3 (resp. e(C) < [d/2] - 2 si C n'est
pas plane). Pour quelles courbes a-t-on e(C) = d — 3?
4. Un example
Solent a, b des entiers > 0 avec a-f 2 < b. Soit C tine courbe irreductible
et lisse de P3 dont le faisceau d'ideaux admet la resolution :
Probleme
On travaille sur un corps k algebriquement clos et on designe par PN
1'espace projectif de dimension TV sur k. On note R 1'anneau de polynomes
k(X,Y,Z,T\.
On rappelle le resultat suivant (cf. Exercice IV, 7) : soit (p : X —» Y un
morphisme dominant de varietes projectives, on suppose Y irreductible
et les fibres de (p irreductibles et de dimension constante, alors X est
irreductible.
Exercice 1
On travaille sur un corps k algebriquement clos.
Soit n un entier > 2. On considere les deux polynomes F = XY — ZT
et G = aZ2 + bZ + c, ou a, 6, c sont des polynomes en X, Y, T, homogenes
de degres respectifs n — 2,n — l,n, avec a non multiple de T. Soit C la
sous-variete de P| d'equations F = 0 et G = 0. On suppose que C est
une courbe irreductible et que Ton a I(C) = (F,G).
1) Calculer le degre d et le genre arithmetique pa de C.
2) Montrer que C est birationnellement equivalente a la courbe plane
F d'equation aX2Y2 + bXYT + cT2 = 0. En deduire que le genre geome-
trique g de C verifie g < n(n + l)/2. Montrer que, si Ton a n > 5, C
n'est pas lisse.
3) Determiner le genre geometrique de la courbe plane d'equation
X2Y2 + X2YT + T*.
Examen, fevrier 1994 287
Exercice 2
On travaille sur un corps k algebriquement clos.
Soient n un entier > 0, R 1'anneau k[Xo,..., Xn] et Pn 1'espace pro-
jectif de dimension n sur k. Soit r un entier > 0. On considere, pour
i = 0 , . . . , r, un polynome homogene Fi £ R, de degre di > 0. Soit
et soit
0. Rappels et notations
(Attention, si X H Y est vide, cet enonce ne dit rien sur les dimensions.)
ou les mj et les n z sont des entiers relatifs qui verifient : ni < < nr et
mi < < mr-i. On suppose de plus que 1'on a irij ^ m pour tous les
couples z, j et
Le but du probleme est de donner des conditions sur les entiers nij
et Hi pour qu'il existe un homomorphisme injectif u : E —> F comme
ci-dessus dont le conoyau soit 1'ideal d'une courbe (resp. d'une courbe
lisse) de P3.
1. Resultats preliminaires
1) Soient n et p des entiers > 1 et M une matrice de taille n x p a
coefficients dans un anneau commutatif 5 quelconque. On suppose M
ecrite sous forme de blocs :
ou MI est une matrice de taille k x / avec 1 < A; < n , ! < / < £ > .
Soit I (resp. /i) 1'ideal engendre par les p-mineurs de M (resp. par les
/-mineurs de MI). Si on a p > n (resp. / > k) on convient que les mineurs
en question sont nuls. Montrer que 1'on a / C I\. (On se ramenera au cas
p = n puis on raisonnera par recurrence sur n.)
2) Soit D le sous-espace de M rir _i forme des matrices M — (//;j),
fJ>ij G &, verifiant fUj = 0 pour i > j' + 2 et pour z < j — I (done
les matrices qui n'ont que deux diagonales non nulles : on les appellera
matrices bidiagonales).
a) Montrer que D D CV_2 est non vide et que toutes ses composantes
irreductibles sont de codimension 2 dans D.
b) Soit V un sous-espace vectoriel de M r > r _i contenant D. Montrer
que toutes les composantes irreductibles de V DCV-2 sont de codimension
2 dans V. (On utilisera le theoreme d'intersection applique notamment
a D et a une composante irreductible Z de V fl CT-i en remarquant que
la matrice nulle est dans Z.)
290 Recueil de problemes
Une telle propriete, vraie pour u dans un ouvert non vide, done
partout dense, de H, sera dite vraie pour u "general".
1) Montrer qu'on a :
Les nombres entiers de la forme f") —n(n ~ l)/2, pour n > 2, sont
appeles nombres triangulaires. Dans la suite on pourra utiliser le resultat
suivant : tout nombre entier > 0 est somme d'au plus trois nombres
triangulaires.1
^e resultat est du a Gauss (cf. Serre Cours d'arithmetique Ch. IV) mais il est
deja mentionne par Fermat dans la fameuse marge - toujours trop etroite - de son
edition des osuvres de Diophante.
292 Recueil de problemes
[Rao] A.P. Rao, Liaison among curves in P3, Invent. Math., 50, 1979,
205-217.
dimx V 90 Chapitre X
VHl/) 91 HI? 204
Mn(k),Mp,q 100 sat(/) 206
O(n,k) 101 dp(M) 208
G.n,p 102 s0, e 213
£v 218
Chapitre V Ext1, Ext2 220
k[e] 104 (/ : J) 222
Specie], P£ 105
Dei(V,x),Dei(T(V),x) ... 105
Deik(AtM) 105
Dei(<p,x) 106 Memento
rx(v), rx(y>) 106 Ax B 238
da(Fl,...,Fr) 107
7 + J, / J 233
/^(C), np(F) 113
A* 235
As, S~1A, Af 236
Chapitre VI Pr(A) 236
Oz,p 120 Ap 237
\ip(Z) 120 M ®A N, x <8> y 238
l*p(F,G) 124 f®AB 239
N[A] 239
Chapitre VII dK(L) 241
H^X, ?),&(?} 135 W(C) 243
di 136
U< ?
138
Cp(U,F), #V*(W,.F) 139
h*? 148
Appendice
Spm(^) 245
Chapitre VIII
Proj (S) 246
X(F) 154 ^red 246
d, g, pa 156, 157
Hd,g 159
K(X) 163
degL> 165
Div(C) 165 Recueil de problemes
vP(f) 165 X xY 251
div(/) 166 A 252
P(C), PicC, Pic°(7 167 G(f) 252
0C(D},C(D] 167 Spec A 254
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Collection « Savoirs Actuels »
Directeur: Michele Leduc
Physique
Analyse continue par ondelettes, B. Torresani
Des phenomenes critiques aux champs de jauge. Une introduction aux
methodes et aux applications de la theorie quantique des champs,
M. Le Bellac
Gravitation relativiste, R. Hakim
Magnetisme et supraconductivite, L.P. Levy
Photons et atomes - Introduction a I'electrodynamique quantique,
C. Cohen-Tannoudji, J. Dupont-Roc, G. Grynberg
Physique des plasmas (tome 1 et tome 2),
A. Bers, J.-L. Delcroix
Processus d'interaction entre photons et atomes,
C. Cohen-Tannoudji, J. Dupont-Roc, G. Grynberg
Theorie des formes de croissance - Digitations, dendrites et flammes,
P. Pelce
Theorie statistique des champs (tome 1 et tome 2),
J.-M. Drouffe, C. Itzykson
Chimie
Aspects de la chimie des composes macrocycliques,
B. Dietrich, J.-M. Lehn, P. Viout
Chimie moleculaire et supramoleculaire des sucres - Introduction
chimique aux glycosciences, S. David
De la solution a I'oxyde - Condensation des cations en solution aqueuse.
Chimie de surface des oxydes, J.-P. Jolivet avec le concours de
M. Henry et J. Livage
Elements de chimie quantique a I'usage des chimistes, J.-L. Rivail
Liaisons intermoleculaires - Les forces en jeu dans la matiere
condensee, A. Gerschel
Orbitales frontieres, Nguyen Trong Anh
Synthese et catalyse asymetriques - Auxiliaires et ligands chiraux,
J. Seyden-Penne
Astrophysique
Les Etoiles, F. Praderie, E. Schatzman
Galaxies et cosmologie, A. Blanchard, P. Boisse, F. Combes, A. Mazure
Methodes physiques de /'observation,
P. Lena avec le concours de F. Lebrun et F. Mignard
Mathematiques
Geometrie algebrique - Une introduction, D. Perrin
Groupes quantiques - Introduction au point de vue formel, A. Guichardet
Operateurs pseudo-differentiels et theoreme de Nash-Moser,
S. Alinhac, P. Gerard
Theorie des fonctions holomorphes de plusieurs variables,
Ch. Laurent-Thiebaut
Acheve d'imprimer
en juillet 2001
IMPRIMERIE LIENHART
a Aubenas d'Ardeche