Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
223 vues3 pages

Contraction Essai Francais

Télécharger au format rtf, pdf ou txt
Télécharger au format rtf, pdf ou txt
Télécharger au format rtf, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1/ 3

Contraction

Indignez-vous. Je pense que l'indignation est nécessaire pour s'engager dans la


défense des droits de l'homme. Dans un monde très complexe, il est difficile d'identifier
les cibles de nos luttes. Mais il ne faut surtout pas sombrer dans l'indifférence. J'invite
donc les jeunes [50] à chercher des motifs d'indignation : l'engagement est en partie ce
qui fonde notre humanité.

On peut s'indigner de l'extrême pauvreté dans le monde, et des inégalités qui se


creusent actuellement entre pauvres et riches. Il faut lutter contre cet écart.

On peut aussi défendre les droits [100] de l'homme. Adoptée par l'ONU après la
Seconde Guerre mondiale, la Déclaration universelle des droits de l'homme entendait
lutter contre les menaces totalitaires. Lors de sa rédaction, à laquelle j'ai participé, le
choix du mot « universelle » était important pour obliger les états signataires à en
respecter [150] les valeurs, quelle que soit leur politique intérieure. Cette Déclaration
promeut notamment le droit à une nationalité et à une Sécurité sociale. Les peuples
luttant pour leur indépendance s'en sont inspirés.

Dans notre monde moderne, les ONG, les réseaux de lutte, soutenus par les moyens
de communication actuels, sont [200] nombreux et efficaces.

Jeunes gens, ouvrez les yeux, indignez-vous et agissez !

212 mots

2.Essai

L'une des fonctions de la littérature est de susciter la réflexion chez ses lecteurs. Elle peut ainsi
contribuer à faire évoluer les mentalités. Nous pouvons dès lors nous demander si les écrivains
ont un rôle à jouer dans la lutte pour l'égalité. En premier lieu, je pense qu'ils ont, grâce à leur
talent, le moyen de dénoncer efficacement les injustices. Par ailleurs, le statut d'intellectuel
reconnu peut leur servir à lancer des appels en faveur des causes qu'ils défendent. Enfin, les
écrivains peuvent incarner un modèle d'engagement.

Les écrivains maîtrisent le pouvoir des mots : leur talent littéraire met en valeur leurs idées.

■ Lorsqu'ils s'expriment sur l'inégalité, leur discours marque les esprits. Jean-Jacques
Rousseau, par exemple, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi
les hommes (1755) et dans son essai Du contrat social (1762), adopte un ton didactique pour
mieux convaincre ses lecteurs, en usant de maximes percutantes telles que « les fruits sont à
tous, et la terre n'est à personne », ou « l'homme est né libre, et partout il est dans les fers ». Le
jeu sur les oppositions frappe les lecteurs, et ces mots restent gravés dans les mémoires. Dans
son Discours sur le colonialisme (1950), Aimé Césaire choisit un ton plus polémique. Il dénonce
avec virulence les violences de la colonisation, et son propos prend parfois une dimension
épique.

■ Les auteurs peuvent aussi dénoncer les inégalités de façon indirecte à travers des récits, par
exemple. Le plaisir de la fiction se mêle alors à la réflexion qui en émane. Dans son roman
Germinal (1885), Émile Zola décrit l'univers des mines de charbon dans le Nord de la France, à
la fin du XIX siècle. Le lecteur découvre la misère du monde ouvrier et accompagne les
protagonistes dans leur lutte pour leurs droits et leurs conditions de travail. Le discours social
prend ainsi une dimension très humaine. De nos jours, la contre-utopie est un moyen efficace
de dénoncer les injustices en montrant les conséquences désastreuses qu'elles pourraient avoir
dans le futur. Alain Damasio, dans son roman Les Furtifs (2019), nous fait découvrir un univers
de fiction gouverné par l'ultra-capitalisme. Des groupes de résistants s'organisent pour
développer des espaces communautaires plus justes, en s'appropriant par la force des
logements luxueux réservés aux riches, ou en réaménageant des terrains laissés à l'abandon.
La dystopie fait ici écho aux mouvements altermondialistes actuels.

je pense également que les écrivains, en tant qu'intellectuels reconnus, peuvent bénéficier
d'une large audience lorsqu'ils appellent à lutter contre les inégalités.

■ La littérature offre de nombreux exemples de prises de position de grands auteurs face à des
injustices. Voltaire a pris la défense de Jean Calas, un protestant accusé à tort d'avoir tué son
fils converti au catholicisme en 1761. De même, Émile Zola s'est violemment opposé à la
condamnation du capitaine juif Alfred Dreyfus pour trahison. Le romancier a dénoncé un
complot judiciaire antisémite dans son célèbre article intitulé « J’accuse… ! », paru dans le
journal L'Aurore en 1898. Voltaire et Zola ont tous deux montré que les convictions religieuses
des accusés étaient à l'origine des injustices subies. Parce qu'ils étaient des écrivains
reconnus, leur voix a été entendue. J. Calas a malheureusement été exécuté mais il a pu être
réhabilité après sa mort ; A. Dreyfus a été innocenté en 1906.

■ Des écrivains se sont également engagés dans la défense des droits de l'homme à travers
des déclarations ou des manifestes. En 1791, Olympe de Gouges a écrit la Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne, sur le modèle de la Déclaration des droits de l'homme et
du citoyen, afin de revendiquer l'égalité juridique entre femmes et hommes. Si cette œuvre n'a
rencontré que peu d'écho à la fin du XVIII siècle, elle est aujourd'hui considérée comme un
texte fondateur de la pensée féministe. Au XX siècle, les manifestes signés par des intellectuels
engagés se sont multipliés. Le Manifeste des 121, par exemple, a été rédigé par Maurice
Blanchot et Dionys Mascolo en 1960 pour défendre le droit à l'insoumission dans la guerre
d'Algérie, et soutenir la lutte de ce pays en vue de son indépendance. Il a été signé par des
écrivains tels que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute ou encore
Marguerite Duras

Je pense enfin que l'écrivain peut devenir un modèle pour ses lecteurs et que son engagement
peut susciter des prises de conscience.
■ Ainsi Victor Hugo ne fascine-t-il pas seulement par ses talents littéraires mais aussi par son
engagement politique. Élu à l'Assemblée législative, il a su prendre la parole pour dénoncer
l'extrême pauvreté d'une partie de la population parisienne dans son discours du 9 juillet 1849,
intitulé « Détruire la misère ». Son combat contre la peine de mort est également resté célèbre
à travers ses discours, ses poèmes et ses romans (Claude Gueux et Le Dernier Jour d'un
condamné) : Hugo y montre l'injustice d'un tel châtiment face à des délits, souvent mineurs,
commis dans la misère.

■ Un siècle plus tard, Jean-Paul Sartre théorise la nécessité d'engagement comme une
composante essentielle de la condition humaine, et prend lui-même parti contre le racisme,
l'antisémitisme, ou encore les inégalités causées par le capitalisme. Stéphane Hessel défend la
même idée dans son essai Indignez-vous ! Pour lui, l'inégalité sous toutes ses formes doit être
un sujet d'indignation et de combat.

En conclusion, je pense que les trois atouts majeurs des écrivains dans la lutte contre les
inégalités sont leur talent littéraire, leur aptitude à toucher un large public et leur capacité à
incarner un modèle. Leur engagement peut avoir un retentissement réel dans la société. En
effet, ce combat en faveur de l'égalité est, à mon sens, destiné à servir d'inspiration à des
actions concrètes.

Vous aimerez peut-être aussi