Les Micro-Organismes: Chapitre 4
Les Micro-Organismes: Chapitre 4
Les Micro-Organismes: Chapitre 4
Les micro-organismes
La science des micro-organismes s’appelle la microbiologie. Mais il faut généralement
entendre par “microbiologie” l’étude des êtres vivants de très petite taille.
La biotechnologie
La “biotechnologie” est un concept relativement récent qui désigne les techniques
faisant appel aux procédés biologiques. En fait, l’histoire de la biotechnologie
précède de plusieurs milliers d’années les disciplines scientifiques modernes de la
microbiologie, de la biochimie, et des techniques de transformation.
Jusqu’à la fin du 19e siècle, ces procédés étaient associés aux aliments et, en
particulier, à leur conservation.
Les procédés microbiens jouent toujours un rôle important dans l’industrie
alimentaire, mais la biotechnologie au sens moderne est largement associée à
l’utilisation industrielle des propriétés des cellules vivantes ou de leurs composants
pour la fabrication de différents produits, notamment des médicaments efficaces, tels
que les hormones et certains vaccins. Pour cela, il est nécessaire d’utiliser les
connaissances des bio-sciences : la biochimie, la microbiologie et la biologie
cellulaire, la biologie moléculaire et l’immunologie, ainsi que les technologies de la
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texture et d’autres caractéristiques. • • ••• •••••
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Les bactéries
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Les bactéries sont des organismes unicellulaires qui, normalement, se multiplient
par scissiparité, c’est-à-dire en se divisant en deux. La méthode la plus simple de
classification des bactéries est leur apparence. Mais pour voir les bactéries, il faut
d’abord les colorer puis les étudier au microscope avec un agrandissement d’environ
1000 fois.
La méthode la plus utilisée pour colorer les bactéries est la coloration de Gram,
introduite par le bactériologiste danois du même nom. Les bactéries sont réparties
en deux groupes principaux, selon leurs caractéristiques de coloration de Gram : les Fig. 4.2 Les bactéries sphériques
rouges ou Gram-négatives, les bleues ou Gram-positives. (cocci ou coques) se présentent sous
différentes dispositions.
Membrane
Comme toutes les autres cellules, la cellule bactérienne (figure 4.4) contient un semi-
Ribosomes
liquide, une substance riche en protéines appelée cytoplasme. Le cytoplasme Nucléoïde Poils
contient les ribosomes, où a lieu la synthèse des protéines, et les enzymes qui
participent au métabolisme de la cellule. La matière de réserve, telle que les graisses Matière de
réserve
et le glycogène, se trouve également dans le cytoplasme.
Chaque cellule possède un matériel génétique, l’acide désoxyribonucléique
Cytoplasme
(ADN), qui contient les informations qui contrôlent sa vie et sa reproduction. Dans les
cellules des animaux et végétaux supérieurs, le noyau, contrairement au nucléoïde Flagelle (ou cil)
bactérien, est entouré d’une membrane. Ensemble, le noyau et la substance de base
de la cellule constituent le protoplasme.
Le cytoplasme est entouré de la membrane cytoplasmique semi-perméable qui
assure de nombreuses fonctions vitales, notamment la régulation de l’échange des
sels, des nutriments et des produits métaboliques entre la cellule et son environnement.
La membrane cytoplasmique est à son tour incluse dans une enveloppe, qui est la
paroi cellulaire proprement dit. L’ensemble sert de “squelette” à la bactérie et lui
donne sa forme définitive. Cette paroi cellulaire est également entourée à l’extérieur
d’une couche visqueuse plus ou moins développée. Lorsqu’elle est très épaisse, on Fig. 4.4 Vue schématique d’une cellule
bactérienne.
parle alors de “capsule”.
Ellipsoïde
Les conditions de la croissance
bactérienne
Ovale Les nutriments
Pour leur croissance, les bactéries ont besoin de certains nutriments. Leurs besoins
en nutriments varient entre les différentes bactéries. Les principales sources nutritives
Cylindrique sont les composés organiques, notamment les protéines, les lipides et les glucides.
Il leur faut également de petites quantités d’oligo-éléments et de vitamines pour leur
croissance et leur santé.
Les micro-organismes qui vivent sur la matière organique morte sont appelés
Réniforme
saprophytes. Ceux qui vivent sur la matière organique vivante (tissus animaux et
végétaux) sont appelés parasites.
En plus de la matière nécessaire à la formation cellulaire, la matière organique
En forme de contient également l’énergie nécessaire. Cette matière doit être hydrosoluble et avoir
banane un faible poids moléculaire; c’est-à-dire, elle doit se décomposer en infimes molécules
Fig. 4.6 Différents types de formation pour pouvoir traverser la membrane cytoplasmique et être digérée par la bactérie. En
d’endospore dans les bactéries. conséquence, la bactérie a besoin d’eau.
L’oxygène
Beaucoup de micro-organismes ont besoin d’oxygène libre pour oxyder leur nourriture
Les bactéries aérobies ont besoin afin de produire de l’énergie et pour leurs processus vitaux. A la fin de l’oxydation des
de l’oxygène atmosphérique pour composés organiques, du CO2 et de l’eau se forment. Beaucoup de micro-organismes
leur croissance peuvent l’obtenir de l’air; ce sont les aérobies. D’autres types de micro-organismes,
les anaérobies, tirent leur énergie de leur nourriture sans avoir besoin d’oxygène
libre.
Il existe des bactéries qui consomment de l’oxygène libre s’il est présent, mais qui
peuvent se développer en son absence. Ces bactéries sont des anaérobies facultatifs.
Les bactéries de type anaérobie et anaérobie facultatif tirent généralement leur
énergie par la fermentation des composés organiques. Chimiquement, c’est une
oxydation incomplète, par le biais de laquelle se forment des déchets organiques,
comme l’acide lactique à partir du lactose.
Comme la plupart des organismes tirent l’oxygène de l’air (organismes de type
aérobie), l’élimination de l’oxygène/air est un moyen pour contrôler ou éviter leur
développement. C’est le cas, par exemple, de l’emballage sous vide et sous gaz, et
l’utilisation de matériaux agissant comme barrière.
La lumière
Pour la plupart des bactéries, la lumière n’est pas essentielle car elles n’ont pas de
chlorophylle et ne synthétisent pas les aliments de la même manière que les
végétaux. Au contraire, la lumière qui contient des ultraviolets a tendance à tuer les
bactéries et provoque des modifications chimiques dans l’ADN et la protéine de la
cellule.
Beaucoup d’organismes sont tués lorsqu’ils sont exposés à la lumière solaire
directe. Les ultraviolets sont souvent utilisés pour stériliser l’air des salles des levains
mais ils ne sont pas utilisés pour stériliser les aliments car ils risquent d’y provoquer
des modifications chimiques.
La pression osmotique
Les bactéries ne peuvent pas tolérer de fortes solutions sucrées ou salées, c’est-à-
dire de fortes pressions osmotiques. L’exposition à ces solutions tire l’eau de la
cellule et la déshydrate. La pression osmotique est utilisée comme moyen de
conservation des aliments, par exemple, dans les conserves de fruits (confiture) et
dans le poisson salé et le lait concentré sucré.
pH – acidité/alcalinité
Les micro-organismes ne peuvent pas tolérer une forte acidité ou alcalinité. Les
bactéries préfèrent un pH près de la neutralité, c’est-à-dire 6,8 à 7,4. Les moisissures
préfèrent un pH faible, de 4,5 ou inférieur.
Le pH du lait frais est compris normalement entre 6,5 et 6,7. Le lait fermenté a un
pH de 4,6 et inférieur.
L’activité biochimique
Les systèmes enzymatiques et Par activité biochimique, il faut en fait entendre les types d’altération des aliments ou
biochimiques les plus importants dans les maladies des animaux et végétaux que peuvent provoquer les micro-organismes.
les produits laitiers sont ceux L’activité biochimique du micro-organisme décide de la façon dont on va pouvoir
responsables des effets suivants : l’utiliser dans les procédés de transformation des produits alimentaires, par exemple,
dans la fabrication du fromage, des yaourts, du beurre, etc.
• décomposition des glucides L’activité du micro-organisme est commandée par les enzymes qu’il possède. Ils
• décomposition des protéines déterminent ce qu’il peut manger et décomposer et, par voie de conséquence, les
• décomposition de la matière grasse produits finis qu’il peut fabriquer.
• décomposition de la lécithine Il existe de nombreux systèmes biochimiques et enzymatiques en microbiologie.
• production de couleurs Les systèmes énumérés ci-après sont les principaux systèmes impliqués dans le lait
• production de mucus (couche et les produits laitiers. On peut les subdiviser suivant les constituants qu’ils
visqueuse) décomposent et leurs effets.
• production d’odeurs
• réduction d’oxygène La décomposition des glucides
• maladies Les glucides contiennent les éléments carbone, hydrogène et oxygène en longues
chaînes; ils incluent la cellulose, l’amidon, les polysaccharides et les sucres. La
décomposition a lieu par étapes, avec l’addition d’une molécule d’eau à chaque
étape. Les enzymes du micro-organisme déterminent les glucides qu’ils peuvent
décomposer et jusqu’à quel point. Dans le lait, l’hydrolyse du disaccharide lactose
produit ses constituants monosaccharides : le glucose et le galactose. Ils peuvent se
dégrader complètement en CO2 et en eau (métabolisme oxydatif), mais, le plus
souvent, il y a fermentation.
Décomposition des glucides par : La fermentation donne généralement différents produits, tels que des acides
• hydrolyse organiques (acide lactique, acide butyrique, etc.), des alcools (alcool éthylique,
• fermentation alcoolique alcool butylique, etc.) et des gaz (hydrogène, hydroxyde de carbone, etc.).
• fermentation lactique Les formes les plus importantes de fermentation du lait sont :
• fermentation de type coliforme • la fermentation alcoolique du lactose en alcool et gaz. Par exemple, le lactose se
• fermentation butyrique décompose en alcool éthylique et dioxyde de carbone. Elle a lieu généralement
dans des conditions anaérobies et principalement sous l’effet de levures et
moisissures.
• la fermentation lactique du lactose en acide lactique. Cette réaction est utilisée
dans la fabrication du fromage, des yaourts et autres produits acidifiés.
• la fermentation coliforme (mélange sulfonitrique et butanediol) du lactose donne
une grande variété de produits finis, par exemple : acide lactique, acide acétique,
acide succinique, acide formique, butanediol, alcool éthylique, dioxyde de carbone
et hydrogène.
• la fermentation butyrique dans des conditions anaérobies strictes par les bactéries
clostridium. Dans la fermentation butyrique, le lactose se décompose en acide
butyrique, dioxyde de carbone, hydrogène et, dans certains cas, en alcool
butylique.
En règle générale, la fermentation glucidique du lait produit de l’acide (acidification)
et parfois du gaz (selon les organismes).
La décomposition de la lécithine
La lécithine, le phospholipide inclus dans la membrane entourant les globules gras,
est une combinaison chimique de glycérol, de deux acides gras, d’acide phosphorique
et de choline, un alcali organique. Les souches de Bacillus cereus produisent les
lécithinases, des enzymes qui hydrolysent la lécithine en diglycérides et
phosphorylcholine. La membrane des globules gras se scinde, donnant une émulsion
de matière grasse instable qui apparaît souvent sous la forme de flocons ou de
morceaux flottant à la surface du lait ou de la crème. Ce défaut du lait ou de la crème
est appelé “crème floconneuse”.
Une décomposition plus poussée de la choline en triméthylamine donne un goût
et une odeur de poisson.
Le pouvoir réducteur
Tous les micro-organismes ont un certain degré de pouvoir réducteur, c’est-à-dire le
pouvoir d’éliminer l’oxygène. Dans le lait, les réducteurs les plus puissants sont les
Lactococcus, les coliformes et les bacilles. Ils sont largement à l’origine de la
réduction d’oxygène dans les épreuves de réduction au colorant, tel que le bleu de
méthylène ou la résazurine, qui indiquent l’importance de la flore microbiologique et
la conservabilité.
L’infection à la ferme
Au cours de la manipulation à la ferme, le lait est susceptible d’être infecté par divers
micro-organismes, principalement des bactéries. Le degré d’infection et la composition
de la population bactérienne dépend de la propreté de l’environnement de la vache
et des surfaces avec lesquelles la vache entrent en contact, par exemple, le seau ou
la trayeuse, le filtre, le bidon à lait, la cuve et l’agitateur. Les surfaces mouillées par
le lait représentent généralement une plus grande source d’infection que le pis.
Avec la traite manuelle, le trayeur, la vache, la litière, l’air ambiant peuvent être
des sources d’infection. L’importance de l’infection dépend largement de l’habileté et
de la sensibilisation du trayeur aux questions d’hygiène, et de la façon dont la vache
est entretenue. La plupart de ces sources d’infection sont supprimées par la traite
mécanique qui, elle-même, représente une nouvelle source d’infection. Un très
Fig. 4.12 Pendant l’inflammation du
grand nombre de bactéries peuvent infecter le lait de cette façon si l’on ne nettoie pas pis, le lait est fortement infecté par les
l’équipement de traite correctement. bactéries.
Le nombre de bactéries
En raison de sa composition très spécifique, le lait est susceptible d’être infecté par
une grande variété de bactéries
Le lait de ferme peut contenir entre plusieurs milliers de bactéries/ml s’il provient
d’une exploitation hygiénique, jusqu’à plusieurs millions si les normes de nettoyage,
désinfection et refroidissement sont insuffisantes. C’est pourquoi le nettoyage et la
désinfection de tous les équipements de traite est le facteur le plus décisif dans la
qualité bactériologique du lait. Pour classer le lait en qualité supérieure, le nombre
de bactéries, exprimé en UFC (unités formant colonies), doit être inférieur à
100000/ml. Fig. 4.13 Collecte à chaque trayon du
premier jet de lait riche en bactéries dans
un récipient séparé avec couvercle foncé.
Tableau 4.1
Les bactéries lactiques importantes dans l’industrie laitière
Espèces Températures Fermente le lactose Fermente Enzymes Utilisées
optimales en acide en d’autres l’acide protéolitiques dans
°C lactique % substances citrique en
Str thermophilus 40 à 45 0,7 à 0,8 – – Oui Lait acidifié,
fromage
Lc lactis 25 à 30 0,5 à 0,7 – – Oui Lait acidifié
Lc cremoris 25 à 30 0,5 à 0,7 – – Oui Lait acidifié
Lc diacetylactis 25 à 30 0,3 à 0,6 – CO2, volatils, Oui Lait acidifié,
diacétyle fromage, beurre
Leuc cremoris 25 à 30 0,2 à 0,4 CO2 CO2, volatils, Oui Lait acidifié
diacétyle
Lb acidophilus 37 0,6 à 0,9 – – – Lait acidifié
Lb casei 30 1,2 à 1,5 – – Oui Fromage
Lb lactis 40 à 45 1,2 à 1,5 – – Oui Fromage
Lb helveticus 40 à 45 2,0 à 2,7 – – Oui Lait acidifié,
Fromage
Lb bulgaricus 40 à 45 1,5 à 2,0 – – Oui Lait acidifié
Bifidobacterium 37 0,4 à 0,9 Acide acétique – – Lait acidifié
Les levures
Les levures sont des organismes unicellulaires de forme sphérique, elliptique ou Vacuole
cylindrique. La taille des cellules de levure varie considérablement. Saccharomyces
cerevisiae, la levure à bière, a un diamètre compris entre 2 et 8 µm et une longueur
de 3 à 15 µm. Certaines cellules de levure d’autres espèces peuvent atteindre
100 µm.
La cellule contient du cytoplasme et un noyau clairement visible, entouré d’une Ribosomes
membrane nucléaire (figure 4.17). Elle est protégée par une paroi et une membrane Mitochondrie Réticulum
cellulaire perméable qui laisse entrer les nutriments et sortir les déchets. La cellule endoplasmique
contient une vacuole qui sert de dépôt pour la nourriture de réserve et les déchets Fig. 4.17 La structure d’une cellule de
avant leur évacuation de la cellule. Les globules gras et les particules glucidiques levure.
sont noyés dans le cytoplasme. Le cytoplasme comprend également les mitochondries,
qui génèrent l’énergie nécessaire à la croissance de la cellule, et les ribosomes.
Les moisissures
Comme les bactéries, la levure a besoin d’eau pour vivre, mais elle en a moins besoin
que les bactéries. Certaines espèces peuvent se développer dans les milieux à très
faible teneur en eau, tels que le miel ou la confiture. Cela signifie qu’elles peuvent
résister à une pression osmotique relativement élevée.
L’acidité
Les levures se développent le mieux La levure peut se développer dans les milieux dont le pH est compris entre 3 et 7,5.
dans les milieux acides. Le pH optimum est compris généralement entre 4,5 et 5.
La température
Généralement, les cellules de levure ne se développent pas aux températures
inférieures au point de congélation de l’eau ou supérieures à 47°C environ. La
température optimale est comprise normalement entre 20 et 30°C.
Les cellules en développement sont tuées généralement dans un délai de 5 à
10minutes aux températures comprises entre 52 et 58 °C. Les spores (ascospores)
sont plus résistantes, mais elles sont tuées lorsqu’elles sont exposées entre 60 et
62°C pendant quelques minutes.
L’oxygène
La levure a le pouvoir de se développer en présence comme en l’absence d’oxygène
de l’air; autrement dit, les cellules de levure sont facultativement anaérobies. En
l’absence d’oxygène, la levure décompose le sucre en alcool et en eau, et en
présence d’oxygène, elle décompose le sucre en dioxyde de carbone et en eau. Les
cellules de levure se développent plus rapidement en présence d’oxygène.
L’humidité
Les moisissures peuvent se développer sur des matières à très faible teneur en
eau et extraire l’eau de l’air humide.
L’oxygène
Les moisissures se développent normalement dans les
conditions aérobies. L’oxygène est nécessaire pour la
formation des conidiospores et la croissance des mycélia.
La température
La température optimale de croissance des moisissures est
de 20 à 30°C.
L’acidité
Les moisissures peuvent se développer dans les milieux avec
pH de 3 à 8,5. Cependant, beaucoup d’espèces préfèrent un
environnement acide; par exemple : le fromage, le yaourt, les
agrumes et les jus de fruit.
Fig 4.22 Croissance de mycélium de
moisissure sur gélose de malt dérivée
d’une seule spore (S) après un jour de
développement à 20°C.
Penicillium
Le genre Penicillium est l’un des types de moisissure les plus courants. Ramifiées
à l’extrémité, les hyphes sporogènes de cette famille ressemblent à un buisson. La
moisissure verte, très courante dans la nature, appartient à cette famille. Certaines
espèces de penicillia jouent un rôle important dans la transformation du lait. Leur
puissante protéine et leurs propriétés lipolytiques en font des agents essentiels dans
l’affinage du fromage Bleu, du Camembert, etc. La moisissure du fromage Bleu est
Fig 4.23 Structure des moisissures appelée Penicillium roqueforti, et celle du Camembert Penicillium camemberti (figure
Geotrichum candidum. 4.21).
La moisissure du lait
Geotrichum candidum, la moisissure du lait, est à la frontière entre la levure et la
moisissure. Sa reproduction est similaire à celle des organismes de la levure; la partie
extérieure des hyphes se détache lors d’un processus qui ressemble au
bourgeonnement. La figure 4.23 présente sa structure. La moisissure apparaît sur
la surface du lait fermenté sous la forme d’une fine couche velouteuse blanche. Cette
moisissure contribue à l’affinage des fromages à pâte molle ou demi-ferme. Elle
contribue au goût rance du beurre.
Les moisissures à la surface du fromage et du beurre peuvent provoquer une
décoloration et donner également au produit un goût atypique. Une hygiène stricte
est nécessaire dans la laiterie pour éviter aux produits d’être affectés par les
moisissures pendant la transformation. Les murs et plafonds, par exemple, doivent
être maintenus rigoureusement propres pour éviter aux moisissures de s’y installer.
Tête
ADN
Les bactériophages
Twort, un savant anglais, découvrit dès 1915 que certaines cultures de staphylocoques
étaient rompues et décomposées. Deux ou trois ans plus tard, d’Herelle, un savant
Collerette canadien, après avoir fait des observations similaires, postula que le phénomène
était causé par des organismes invisibles qui s’alimentaient de bactéries. Il les appela
Queue “bactériophages” (du grec phagein, manger).
Les bactériophages sont des virus, c’est-à-dire, des parasites bactériens. Ils
Fibre de
queue peuvent survivre seuls, mais ne peuvent pas se développer ou se reproduire, sauf
à l’intérieur de cellules bactériennes. Ils ont des hôtes spécifiques, par exemple, des
Base espèces isolées de souches bactériennes.
Pointes
La structure des bactériophages
Les bactériophages, ou phages, sont visibles uniquement au microscope électronique.
Les phages ont une “tête” et une “queue”, et une taille de 0,03 à 0,3 µm. La figure 4.24
est une représentation schématique d’un phage.
Fig. 4.24 Représentation schématique
d’un phage.
1 2 3 4 5
Fig. 4.25 Vue schématique de la propagation des bactériophages.
Conclusion
La grande variété de bactéries, levures et moisissures et leurs activités extrêmement
variées sont essentielles à la vie sur terre en général et aux êtres humains en
particulier.
Le rôle des micro-organismes dans le sol et l’eau est de dégrader les sources
disponibles de nourriture organique en des formes que les végétaux peuvent
assimiler. Ce faisant, ils rendent service indirectement au règne animal, et à l’homme
notamment.
Les êtres humains bénéficient également plus directement des micro-organismes.
Il est possible, par exemple, d’utiliser les micro-organismes formant l’acide lactique
pour conserver le fourrage (ensilage) pour le bétail. Le même principe s’applique à
la préparation de certains aliments, tels que la choucroute, les olives vertes et les
concombres.
Les micro-organismes sont essentiels à la fabrication de nombreux produits
laitiers, tels que le yaourt, le fromage et le beurre acide. Le choix des types de micro-
organismes appropriés est un élément important dans l’optimisation de la qualité de
ces produits.
Les micro-organismes utilisés dans la fabrication des produits laitiers sont
généralement fournis par les sociétés spécialisées dans leur mise au point et leur
diffusion dans des conditions d’hygiène strictement contrôlées. Les micro-organismes
utilisés dans l’industrie laitière sont appelés levain. Le levain est un mélange
d’organismes qui forment de l’acide lactique en fermentant le lactose du lait.
Cependant, il est important de préserver la qualité des levains après leur arrivée à
la laiterie en maintenant des normes élevées de qualité d’hygiène à toutes les étapes
de la chaîne de transformation.
Dans ce contexte, il convient de mentionner que le lait peut contenir des résidus
d’antibiotiques provenant du traitement des vaches souffrant de mammite; le plus
courant est la pénicilline. En dépit des réglementations stipulant que le lait des
vaches traitées aux antibiotiques ne doit pas être envoyé aux laiteries, on peut
parfois trouver des niveaux élevés d’antibiotiques dans le lait des cuves de
refroidissement, qui stoppent ou retardent la croissance des levains utilisés. Mais
plus grave, les enfants qui consomment du lait contaminé par des antibiotiques
peuvent devenir hypersensibles aux injections d’antibiotique lorsqu’ils en ont besoin,
et leur système digestif peut être également perturbé. La figure 4.26 montre
l’influence des résidus, si petits soient-ils, de pénicilline sur les levains les plus
couramment utilisés.
Comme le lait cru est généralement infecté par les bactériophages, il est
Levain A
Niveaux de pénicilline qui inhibent
certains micro-organismes
Micro-organismes Pénicilline (U.I.)*/ml Acide
Lactococcus lactis 0,1 à 0,25
Lactococcus cremoris 0,05 à 0,1
Streptococcus thermophilus 0,01 à 0,05
Lactobacillus bulgaricus 0,25 à 0,5
Levain (culture mixte) 0,25 à 0,5
Levain A dans le lait
contenant de la pénicilline
*/ U.I. = unité internationale (la pénicilline provoque
la lyse des cellules bactériennes) Temps
Fig. 4.26 Effet de présence de pénicilline dans le lait sur la production d’acide.
5 10 15 20 25 30
Heures
Culture pure (une seule souche) non infectée
Nombre de phages
Culture pure, infectée par les phages
Réf. : Nordisk Mejeriindustri 4/82
Fig. 4.28 Comparaison entre le taux de reproduction des bactéries des levains et
Fig. 4.27 Développement des bactéries des phages.
des levains et des phages, et effet sur
le levain infecté.
Même si nous avons jusqu’ici idéalisé les micro-organismes, il ne faut pas oublier
les micro-organismes pathogènes, considérés comme les plus grands ennemis de
l’homme. Bien que les micro-organismes pathogènes soient de loin dépassés en
nombre par les micro-organismes inoffensifs ou utiles, leurs effets sont bien plus
flagrants.
Dans presque tous les pays du monde, les gouvernements ont adopté des lois
exigeant la pasteurisation du lait produit en laiterie, destiné à la consommation. La
combinaison température/temps type pour la pasteurisation est 72°C/15 à
20secondes, ce qui suf fit à tuer tous les pathogènes. Bien entendu, il est important
que le personnel des laiteries ne souffre pas de maladies qui pourraient réinfecter
accidentellement le lait pasteurisé avant son conditionnement.