justiciable d’aucune juridiction internationale – qu’elle soit pénale105 ou
interétatique. Aussi longtemps que ce sera le cas, le principe de responsabilité des acteurs non étatiques risque de demeurer purement théorique. En résumé - Le silence des Etats sur la personnalité juridique internationale des acteurs non étatiques ne signifie pas que ceux-ci ne sont pas titulaires de droits et d’obligations ; - le droit humanitaire impose potentiellement plusieurs obligations aux « parties » à un conflit armé non international, y compris donc aux acteurs non étatiques. Ce fait ne suffit cependant pas à garantir, à lui seul, que ces parties soient ipso facto liées par de telles obligations ; - la doctrine consacre plusieurs théories pour justifier le caractère obligatoire du droit humanitaire coutumier ou conventionnel sans qu’aucune ne soit pleinement satisfaisante ; - le décalage entre la sophistication de ces théories et la réalité des conflits armés explique pourquoi la doctrine s’affranchit souvent d’un examen des fondements théoriques des droits et obligations incombant aux acteurs non étatiques ; - les acteurs non étatiques jouent un rôle décisif tant dans l’initiation des nouvelles règles de droit humanitaire que dans l’examen du respect de ces règles ; - la question de la responsabilité des groupements armés pour des violations du droit humanitaire doit être posée à trois niveaux : à l’échelle individuelle, à l’échelle étatique, et à l’échelle du groupement lui-même ; - au niveau individuel, la responsabilité des membres d’un groupement armé peut être engagée lorsque ceux-ci ont commis des crimes internationaux, crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou crimes de génocide ; - au niveau de la responsabilité de l’Etat, celle-ci peut être engagée s’il apparaît que le groupement armé a agi sous le « contrôle » de cet Etat, s’il « exerce en fait des prérogatives de puissance publique » ou s’il est « triomphant » ; et
105 Comme en témoigne le rejet de la proposition française formulée lors des négociations sur le Statut de la CPI en faveur de l’inclusion d’une responsabilité pénale des personnes morales. V. à cet égard UN Doc/A/CONF.183/2/Add.1, 14 avril 1998, p. 49. V. également les commentaires de A. BOS, « From the ILC to the Rome Conference » in A. CASSESE, P. GAETA et J. JONES (dir.), The Rome Statute of the International Criminal Court. A Commentary, Oxford, OUP, vol. 1, 2005, pp. 35-65.
- le droit international est muet sur la question de la responsabilité des
groupements armés eux-mêmes même si celle-ci doit être envisagée pour mettre en œuvre les obligations coutumières et conventionnelles qui leur incombent.
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