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Valorisation Du Patrimoine Tourisme Et Developpement Regional _ Cas Du Village Historique Rhoufi Dans Les Aures .

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Algerian Journal of Human and Social Sciences

Revue algérienne des sciences humaines et sociales Volume: 06 / N°: 01


(Juin 2022), p423-443
ISSN : 2588-1558 / EISSN : 2710-8635

Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement


Régional : Cas Du Village Historique Rhoufi Dans Les Aures
Heritage Enhancement, Tourism And Regional Development: The
Case Of The Historical Village Rhoufi In The Aures .

Mme MECHIAT Sonia 1*, DEKOUMI Djamel 2


1
* Université Salah Boubnider Constantine3, (Algérie), architectesonia05@gmail.com
2
Université Salah Boubnider Constantine3, (Algérie), dj.dekoumi@gmail.com

Date de soumission: 21/10/2021 Date d’acceptation: 07/02/2022 Date de publication: 18/06/2022


* Mme MEC.
Résumé Abstract :

Cet article s'inscrit dans la problématique This article is part of the general problem
générale de la valorisation du patrimoine of the enhancement of cultural heritage for
culturel pour un développement a promising tourist development of the
touristique prometteur du village historical village of Rhoufi in the Aurès.
historique Rhoufi dans les Aurès. Ce This village is endowed, in addition to a
village est doté, en plus d'un relief et d'un relief and a climate which privilege it,
climat qui le privilégient, d'une culture with a rich, authentic and diversified
riche, authentique et diversifiée, dont le culture, whose potential, as a lever of
potentiel, comme levier de développement economic and social development is
économique et social est sous-exploité. under-exploited. This is the reason that
C'est la raison qui nous amène à entrevoir leads us to foresee a great willingness to
une grande volonté de sauvegarder et de safeguard and enhance its wealth with the
valoriser ses richesses dans le but de aim of promoting its cultural tourism.
promouvoir son tourisme culturel.
Key words : Cultural heritage - tourism -
Mots clés : Patrimoine culturel - tourisme development - Rhoufi-Aurès .
- mise en valeur - développement -
Rhoufi- Aurès .

*Auteur correspondant.

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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

1. Introduction

Il serait intéressant de noter d'emblée que la notion de patrimoine est loin


d'être récente ; les pays les plus développés ont montré un intérêt pour l'héritage
de leur passé. C'est un témoignage qui permet à l'homme de voir, d'identifier et de
s'approprier l'espace dans lequel il vit.
Aujourd'hui, le concept de patrimoine s'est considérablement élargi,
puisqu'il a dépassé les limites de la classification ou des actions spécifiques de
sauvegarde, pour atteindre même la gestion dynamique et globale du territoire.
Les politiques patrimoniales de plusieurs pays se sont déployées et se sont
ouvertes à plusieurs domaines, dont la culture, l'histoire, l'urbanisme,
l'environnement, etc. En effet, la mise en valeur du patrimoine devient
aujourd'hui de plus en plus un enjeu important dans les projets de revitalisation
des sites historiques et culturels.
Les dernières décennies ont vu une évolution dans la définition de ce
concept. Plusieurs chercheurs ont constaté la modification et le développement
accéléré de la signification de ce dernier, ainsi que la généralisation de son
utilisation.
Aujourd'hui, cette définition fait référence à tout ce qui témoigne de
l'évolution de la société et conserve la mémoire des activités humaines
abandonnées ou en voie de l'être. Elle s'est toujours et en permanence ouverte et
élargie à la réalité sociale, économique et culturelle contemporaine. Il est devenu
un terme polysémique utilisé par des disciplines multiples mais souvent
cloisonnées, juxtaposant différentes analyses : historiques, artistiques,
sociologiques, économiques, etc.

2. Patrimoine culturel

Le patrimoine culturel ne concerne pas seulement les monuments et les


collections d'objets. Tel que défini par l'UNESCO, il comprend également toutes
les traditions et expressions orales dont nous avons hérité et que nous devons
transmettre aux générations futures. Son importance réside dans la richesse des
connaissances et des compétences qu'il transmet de génération en génération.
Cette transmission des savoirs, comme le souligne Abdallah Alsalmo (2011), a

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MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

une valeur sociale, économique, culturelle et juridique qui concerne tous les
acteurs, de près ou de loin.

3. L'importance du patrimoine culturel pour la société d'accueil

Dans le monde d'aujourd'hui, le patrimoine culturel est un enjeu majeur. Sa


préservation est devenue plus qu'une nécessité, elle est devenue une urgence qui
nécessite l'implication de différents acteurs publics et privés. Il faut savoir que ce
n'est pas seulement en visitant des monuments et des sites patrimoniaux que les
touristes découvrent le patrimoine culturel du lieu qu'ils visitent, mais avec
beaucoup de passion, car les richesses du passé imprègnent les comportements et
les pratiques d'aujourd'hui. Dans ce contexte, la société d'accueil a un très grand
rôle à jouer, afin de pouvoir satisfaire les besoins et les objectifs des touristes et
diversifier son économie. Elle doit être consciente que le seul moyen par lequel
elle peut garantir son développement économique et promouvoir sa richesse
patrimoniale est sans aucun doute la qualité de son offre touristique.
Néanmoins, une mauvaise gestion de cette offre peut conduire à des
résultats insatisfaisants. Parce que le touriste d'aujourd'hui est plus informé sur
l'offre touristique et plus exigeant que le touriste d'il y a quelques années, et parce
que ses objectifs vis-à-vis d'une destination donnée ont considérablement évolué
dans le temps.
Pour ces raisons, et afin d'atteindre cet objectif, il est important que les
collectivités souhaitant diversifier leur économie par le tourisme prennent en
compte l'évolution des visiteurs d'une part, et la participation de la population
locale dans l'élaboration et la mise en œuvre de leurs projets de développement du
patrimoine d'autre part, conformément à la recommandation de l'ICOMOS (1999)
à ce sujet.

4. Gestion et valorisation du patrimoine culturel

Il est sûr, que le patrimoine, quelle que soit sa nature, doit être géré à
plusieurs niveaux : local, national et international. Cette action doit se concentrer
sur la valeur attribuée par les différents groupes à leur patrimoine afin de
permettre sa patrimonialisation. La bonne gestion d'un patrimoine commun
favorise son évaluation, qui à son tour permettra de développer des politiques qui

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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

faciliteront sa préservation et sa diffusion une fois bien harmonisées afin


d'atteindre des niveaux de développement économique et de bien-être pour toute
la population.
A cette égard, la diversité et le grand nombre d'acteurs institutionnels,
privés ou étatiques, nationaux ou internationaux, concernés par la question de la
préservation du patrimoine culturel sont sans doute des atouts susceptibles de
générer une synergie productive. Leur coordination et leur concertation
contribueront certainement à l'optimisation de leurs actions à la préservation du
patrimoine de l'humanité, ce qui permettra de le transmettre de génération en
génération. Car le désir de conserver son patrimoine découle généralement d'un
sentiment de perte de racines et de l'identité culturelle qui est censé relier les
individus et les communautés à un continuum sûr face à des changements dont le
rythme et l'impact sont sans précédent. Parce que selon la citation de Jean-Jacques
Rousseau (1755). " le premier sentiment de l'homme fut celui de son existence,
son premier soin celui de sa conservation ".
Cependant, la conservation se réfère à la fois à l'action de maintenir intact
un bien culturel (en le préservant de la destruction ou de l'altération) et à
l'intervention effectuée pour empêcher sa détérioration et prolonger sa vie.
En effet, la préservation du patrimoine est aujourd'hui pratiquée dans la
plupart des pays du monde et est supervisée par des institutions spécialisées dans
ce domaine, tant au niveau national qu'international. Elle devient une exigence
pour l'homme contemporain, non pas par nostalgie du passé, mais comme
une démarche qui trouve ses origines dans un passé glorieux.

5. Patrimoine culturel et tourisme dans la politique algérienne

L'Algérie est un pays doté d'un patrimoine culturel et naturel aussi riche
que varié, dont il a hérité à travers les différentes civilisations qui lui ont succédé.
Ces trésors sont restés le témoignage d'une civilisation, tant urbaine que rurale,
qui varie d'est en ouest. Ce sont des lieux de mémoire qui, une fois mis en valeur,
peuvent contribuer au développement économique et social du pays et de la région
à laquelle ils appartiennent. Malheureusement, ce riche patrimoine est aujourd'hui
mal exploité et commence à dépérir à un rythme très avancé, alors qu'il constitue
un moteur du développement touristique.

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MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

En effet, au lendemain de l'indépendance (après 1962), l'Etat algérien s'est


concentré sur le besoin urgent de logements. Cette préoccupation n'a pas permis
au gouvernement d'accorder l'importance nécessaire à la préservation du riche
patrimoine du pays, qui pourrait constituer un investissement très rentable pour la
promotion et le développement du tourisme, en particulier du tourisme culturel.
Ce n'est que dans les années 1970 que l'État a commencé à réfléchir aux
villes et à leur avenir, c'est-à-dire à prendre en considération les centres anciens et
les villages historiques, mais les résultats sont encore insatisfaisants à ce jour...

6. Législation algérienne en matière de protection du patrimoine


culturel

6.1 Avant l'indépendance (avant 1962)

En Algérie, la notion de patrimoine a été introduite au 19ème siècle, c'est-


à-dire pendant la colonisation française, lorsque la nécessité de répertorier les
monuments intéressants du pays est apparue, d'où les premières tentatives
d'inventaire entreprises entre 1840 et 1846 par deux architectes français (Amable
Ravoisié et Charles Texier). Cela a conduit à la promulgation de plusieurs lois
pour protéger et mettre en valeur le patrimoine présent en Algérie, au début ces
opérations concernaient particulièrement les sites et monuments historiques de
l'époque romaine, mais par la suite elles ont été étendues à la mise en valeur du
patrimoine local algérien, et avec l'apparition de la loi de 1930 la notion de
patrimoine naturel a été introduite.
Parmi ses textes fondamentaux, il convient de rappeler :
a. Décret du 14 septembre 1925 concernant les monuments historiques en Algérie,
modifié par des décrets des 3 mars 1938 et 14 juin 1947 et la loi du 21 novembre
1954;
b. Loi française du 2 mai 1930 relative aux monuments naturels et sites de
caractère artistique, historique, scientifique légendaire et pittoresque, et
l’ensemble des textes qui l’ont complétée et modifiée notamment :
c. Décret du 9 février 1942 étendant à l’Algérie la loi du 27 septembre 1941
confirmée par l’ordonnance du 18 septembre 1945 sur les fouilles intéressant la
préhistoire, l’histoire, l’art et l’archéologie,
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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

d. Arrêté du 26 avril 1949 modifié et complété portant création en Algérie de


circonscriptions territoriales pour la surveillance des gisements archéologiques et
préhistoriques".

6.2 Après l'indépendance (à partir de 1962)

Immédiatement après l'indépendance, avec la promulgation de la loi n° 62-


157 du 31 décembre 1962, l'Algérie a reconduit la législation française applicable
aux monuments historiques dans ses dispositions non contraires à la souveraineté
nationale. Six ans plus tard, plusieurs sites et monuments historiques ont été
classés ou inscrits à l'inventaire supplémentaire en vertu de l'ordonnance n° 67-
281 du 20 décembre 1967 relative aux fouilles et à la protection des sites et
monuments historiques et naturels. Quelques années plus tard, avec la
promulgation de la loi 98-04 du 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine
culturel, l'État a tenté de combler le vide juridique en matière de protection du
patrimoine, qui a été suivi par plusieurs autres textes complémentaires. La loi (98-
04) a permis la reconnaissance des zones historiques gérées par le Plan Permanent
de Sauvegarde et de Mise en Valeur (P.P.S.M.V) comme instrument de protection
spécialisé. Ce dernier a alors créé des zones de protection appelées secteur
sauvegardé futur pour devenir (P.P.S.M.V.S.S). L'objectif de ces zones est de
concilier la préservation du patrimoine culturel avec le développement socio-
économique d'une population.
Malheureusement, malgré cette initiative, de nombreux lieux de mémoire
et de culte sont encore dans un état de délabrement. Une situation qui ne
contribue pas à l'amélioration des conditions de vie de la population, de l'offre
touristique et de son extension au tourisme culturel.

7. Perspectives de valorisation du patrimoine culturel

7.1 Patrimoine matériel

Depuis la promulgation de la loi 98-04 du 15/06/1998 ( Publiée au Journal


Officiel du 17 juin 1998, n° 44, p. 3), le patrimoine culturel a connu une évolution
majeure. L'objectif de l'État est de faire de cette richesse, selon le guide du maître
d'ouvrage communautaire, 2012, "un facteur déterminant de l’identité culturelle et
une ressource économique potentielle à sauvegarder" 1 . Sauf que les textes
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MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

d'application de cette loi n'ont été mis en œuvre que tardivement (entre 2002 et
2007).

7.2 Patrimoine culturel immatériel

La loi n° 98-04 a également pris en charge une nouvelle catégorie de


patrimoine, à savoir les biens culturels immatériels enfouis dans la société,
susceptibles de consolider et d'enrichir la culture nationale. Depuis la
promulgation de cette loi, l'Algérie compte six biens culturels inscrits sur la liste
représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO,
comme le montre le tableau ci-dessous (Tab.01).
Un nombre que nous jugeons insuffisant par rapport au nombre de sites et de
monuments historiques en Algérie.
Tab. 01: Liste des biens inscrits sur la liste représentatif du patrimoine .
Patrimoine Type Ville Année
d'inscription
pratiques sociales, rituels et
culturel
L'Ahellil du Gourara immatériel
événementsde festifs
l’humanité par l'UNESCO 2008
Adrar
Le costume nuptial savoir-faire liés à l’artisanat Tlemcen 2012
traditionnel de Tlemcen traditionnel
Le pèlerinage annuel au Wilaya d'El
mausolée de Sidi Abd El pratiques sociales, rituels et Bayadh
Kader Ben Mohammed événements festifs Commune 2013
dit "Sidi Cheikh" d’El Abiodh
Sidi cheikh
Le rituel et les
cérémonies de la pratiques sociales, rituels et Janet 2014
"Sebeiba" dans l'oasis de événements festifs
Janet
le pèlerinage annuel à la pratiques sociales, rituels et
zawiya Sidi el Hadj événements festifs Adrar 2015
Belkacem Gourara
Les savoirs, savoir-faire Partagé avec
et pratiques liés à la pratiques sociales, rituels et le Maroc, la
production et à la événements festifs Mauritanie et 2020
consommation du la Tunisie
couscous
Source : https://www.m-culture.gov.dz/index.php/fr/thematique-patrimoine-culturel
Traitement : Auteur
Le vide juridique causé par l'absence de textes d'application de la loi 98-04
a entraîné la détérioration de plusieurs biens culturels, selon un communiqué du
ministère de la Culture, qui précise : " […] En l’absence de ces instruments de
traduction de la nouvelle politique patrimoniale, le patrimoine culturel demeurait
toujours inscrit dans l’entendement des Monuments et Sites"2. Cela confirme que
notre pays est encore à la traîne par rapport à d'autres pays en matière de
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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

valorisation du patrimoine, puisque l'UNESCO affirme que : "l'Algérie montre,


pour sa modeste expérience, tantôt des avancées notables, tantôt des reculs
vertigineux et surprenants"3.
Il est urgent aujourd'hui que l'Algérie prenne en considération la
protection et la valorisation de ses richesses patrimoniales en renforçant l'arsenal
juridique et en sensibilisant la population et les collectivités locales à l'intérêt que
représente le patrimoine pour leur développement économique.

8. Villages historiques comme patrimoine dans la réalité des sociétés


algériennes

Malgré l'intérêt accordé aux villes et villages historiques dans la législation


algérienne, force est de constater que certains d'entre eux sont encore marginalisés
et oubliés. Ceci est particulièrement visible dans les zones rurales et
montagneuses, où de précieux villages historiques qui remplissaient des fonctions
vitales dans la vie des sociétés traditionnelles sont aujourd'hui vides et considérés
comme précaires, le village historique Rhoufi dans les Aurès étant le meilleur
exemple illustrant cette réalité. Cette situation confirme la négligence et le
manque d'intérêt pour ce patrimoine, tant par la population que par les acteurs
locaux, malgré leur valeur historique et culturelle comme le stipule la Charte du
patrimoine bâti vernaculaire, 1999 (ICOMOS). La conséquence d'un tel sentiment
peut être résumée dans une attitude qui s'exprime généralement comme un
"manque de crédibilité envers sa propre culture "4 selon le rapport de l’UNESCO.
Selon la même source, " Dès l'indépendance, en 1962, l'Algérie a porté son choix
de façon univoque sur le " développement " et la " mise au placard " des centres
historiques"5.. L'absence de stratégies cohérentes a conduit à la dégradation du
tissu ancien (démolition et fragilisation des bâtiments et de leur imbrication,
modification de la composition sociale du lieu). Une situation qui nécessite
aujourd'hui des stratégies qui doivent intégrer l'intérêt économique de ce
patrimoine longtemps ignoré et le renforcement de l'arsenal législatif, tout en
adoptant des approches qui prendront en compte les dimensions culturelles,
économiques et sociales de ce riche patrimoine et son intégration dans la ville
contemporaine.

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MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

9. Patrimoine culturel : comme destination particulière des touristes

L'un des principaux attraits des villes est la diversité du patrimoine qu'elles
possèdent, dont certains sont emblématiques pour elles. En effet , depuis que le
concept de patrimoine s'est imposé dans le monde, l'UNESCO a inscrit en 1994
un grand nombre de sites et de monuments historiques d'une valeur universelle
exceptionnelle dans certains pays au titre de la Convention concernant la
protection du patrimoine mondial culturel et naturel de 1972, dont 122 sont situés
dans 19 pays méditerranéens, parmi lesquels le site historique de Tipaza en
Algérie. Ces pays ont immédiatement rendu applicables les textes de la
convention afin de mettre en valeur et de sauvegarder leur riche patrimoine. Grâce
à cette initiative, ils accueillent désormais chaque année des milliers de touristes, à
tel point que certains d'entre eux, comme Venise par exemple, envisagent de
limiter ou de contrôler le nombre de visiteurs afin d'assurer la gestion de leur
patrimoine.
En Algérie, cependant, la situation est différente : plusieurs biens
patrimoniaux ont été perdus, des sites et monuments historiques sont totalement
désertés et abandonnés par la population et les autorités locales, et subissent jour
après jour diverses agressions naturelles, anthropiques et humaines.
Cette situation est le résultat de la faiblesse de la politique nationale et de
la non-application des textes législatifs relatifs à la protection du patrimoine
culturel. Malgré le fait que la mise en valeur de cette richesse peut servir à
relancer les activités touristiques et artisanales avec des retombées locales
permettant sa conservation et son entretien.

Il faut noter que la notion de préservation du patrimoine culturel existe


dans la législation algérienne, comme nous l'avons déjà expliqué, mais c'est leur
gestion, l'éducation et la prise de conscience de leur importance qui restent à
développer. Cette situation a eu un impact négatif sur l'attractivité du tourisme
dans notre pays, notamment pour les touristes culturels, ce qui fait de l'Algérie
aujourd'hui la destination touristique la plus faible du bassin méditerranéen,
devant ses voisins le Maroc et la Tunisie selon les statistiques de (OMT, ONWTO
2019) comme expliqué dans le tableau ci-dessous. (Tab. 02).

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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

Tab. 02 : Arrivées des touristes internationaux (Algerie, Maroc,Tunisie)


(2010-2018)
Part
Années Variations (%)
Pays Série (%)
2010 2017 2018 17/16 18/17 2018
Algérie VF 2.070 2.451 / 20,2 / /
Maroc TF 9.288 11.349 12.289 9,8 8,3 18,3
Tunisie TF 7.828 7.052 8.299 23,2 17,7 12,4
Source : Statistiques de (l'OMT- ONWTO), juillet 2019 (pré-pandémiques de COVID 19)
Traitement : auteur 2019
VF : arrivées de visiteurs internationaux aux frontières (touristes et visiteurs de la journée).
TF: arrivées de touristes internationaux aux frontières (visiteurs qui passent la nuit, c’est-à-dire à
l’exclusion des visiteurs de la journée).
Les statistiques du tableau ci-dessus montrent que l'Algérie reste dernière
en termes d'arrivées de touristes internationaux avec 0% du total en 2018 devant
ses voisins le Maroc avec 18,3% et la Tunisie 12,40%. En termes de recettes, le
Maroc occupe la première place avec 7 775 millions de dollars durant la même
année devant la Tunisie avec 1 713 millions de dollars.
Sur la base de ces données, il apparaît que les stratégies de valorisation
sont en décalage en Algérie par rapport à d'autres pays qui ont accordé à leur
patrimoine culturel une place de choix dans leur politique de développement
économique. Et grâce à la richesse de leur patrimoine, ils sont considérés
aujourd'hui parmi les meilleures destinations touristiques du monde.
Cette particularité algérienne découle d'une réalité historique dont les
effets se font lourdement sentir aujourd'hui. Cette situation conduit les pouvoirs
publics à accorder une attention plus sérieuse et particulière à la préservation et à
la mise en valeur du riche patrimoine du pays. Cela appelle de nouvelles
stratégies qui nécessitent des textes intégrant l'intérêt économique de ce
patrimoine, longtemps ignoré. C'est-à-dire les possibilités d'investissement
touristique autour des valeurs culturelles et historiques de cette richesse afin
d'améliorer l'offre touristique et son extension au tourisme culturel. Parce que le
patrimoine est apprécié par les touristes culturels qui souhaitent parcourir le
monde à la recherche de lieux culturels et patrimoniaux pour enrichir leurs
connaissances. C'est une façon de vivre l'histoire et la culture d'un lieu et de
renouer avec son passé qui est maintenant présent. Il s'agit d'une forme de
tourisme culturel.

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MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

Pour ces raisons, et afin d'atteindre cet objectif, il est important que les
autorités locales qui souhaitent diversifier leur économie par le tourisme culturel
prennent en compte l'évolution des visiteurs d'une part, et la participation de la
population locale dans l'élaboration et la mise en œuvre de leurs projets de
développement du patrimoine d'autre part, conformément à la recommandation de
l'ICOMOS (1999) à ce sujet.

10. Patrimoine culturel et développement dans les Aurès

L'Aurès est une région partiellement montagneuse située au nord-est de


l'Algérie, caractérisée à la fois par son histoire et son patrimoine riches, son relief
partiellement montagneux et par son habitat et ses villages traditionnels, voir
(Fig.01).

Fig .01 : Situation géographique de l' Aurès


Source : https://www.universalis.fr/encyclopedie/algerie/
Traitement : Auteur 2019.
Les villages dans cette contrée, se distinguent par une particularité dans
l’architecture et une spécificité dans la topographie et le climat voir (Fig.02),
(Fig.03) et (Fig.04) .

Fig.02 : village traditionnel aux Aurès Fig.03 : Relief montagneux des Aurès
Source : Auteur 2019 /Source : Auteur 2019

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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

Ces dernières années, cette région a subi d'importantes mutations


spatiales, culturelles, environnementales et socio-économiques qui nécessitent un
effort particulier des différents acteurs pour être revitalisées à des fins touristiques.
Les profondes mutations de cette partie du territoire national ont notamment
entraîné de grands changements dans les pratiques et cultures ancestrales ainsi que
des transformations de l'image du paysage traditionnel voir (Fig.5).

Fig.04 : Patrimoine architectural des Aurès


Source : Auteur 2019

Nouvelles constructions
( Mutations)

Fig.05 : Changement dans le paysage traditionnel


Source : Auteur 2019
Par conséquent, le problème du patrimoine culturel dans la région des
Aurès est particulièrement aigu, car son abandon au profit d'autres projets le
fragilise et accélère sa détérioration. Cette situation nécessite l'implication de tous

434
MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

les acteurs dans la mise en œuvre d'une stratégie de développement dans l'espoir
de sauver de la disparition les derniers témoignages d'un potentiel culturel
inestimable.
La problématique du patrimoine dans cette partie de l'Algérie peut être
résumée à travers l'analyse du village historique Rhoufi dans la vallée de l'Oued
Labiod. Compte tenu de son importance historique et culturelle pour la région.
L'objectif de ce choix est d'inviter les acteurs économiques à s'intéresser à cette
région afin de mettre en valeur son riche patrimoine et de promouvoir son
tourisme culturel, ce qui permettra sûrement la survie de traditions et de richesses
en voie de disparition.

11. Village Rhoufi dans la vallée de l’Oued Labiod : Un patrimoine


riche et diversifié:

L'histoire de la vallée de l'Oued Labiod remonte à plusieurs siècles ; elle a


été un lieu d'échanges et d'émergence d'identités culturelles ; plusieurs
civilisations l'ont occupée, influencées notamment par les exigences
géographiques et climatiques de la région. Aujourd'hui, ces atouts se conjuguent
pour faire de cette vallée et surtout de son village historique Rhoufi une attraction
touristique de premier ordre en Algérie. Malheureusement, l'étude de cette vallée
a montré que cette dernière est riche en potentiel culturel et naturel mais pauvre
en actions en raison de sa marginalité et de l'absence totale de stratégie de
sauvegarde de ses richesses patrimoniales de la part de l'État et, surtout, de la
population locale, raisons qui ont conduit à sa méconnaissance et à son sous-
développement économique et touristique.

11.1 Aperçu sur le village historique Rhoufi

Sur le territoire d'Ighassiren dans la commune de Ghassira dans la wilaya


de Batna (chef-lieu de wilaya) dans les Aurès, l'Oued Labiod a creusé un véritable
canyon dans la roche sédimentaire du sous-sol, au fond duquel s'étend un ruban de
palmeraies, en suivant tous les méandres : c'est le Canyon de Rhoufi comme
présenté sur les figures (Fig.06 ) et ( Fig.07) .

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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

Fig .06 : Canyon de Rhoufi / Source : www.google.com/Rhoufi

Fig .07 : palmeraies au Canyon de Rhoufi Source : Auteur 2018


C'est un plateau accidenté, profondément raviné, d'une altitude moyenne
de 700 mètres, incliné du nord-est au sud-ouest, et resserré comme un couloir
entre deux plissements du massif : la chaîne du Djebel Krouma au Nord-Ouest et
le Djebel Ahmar Khaddou au sud-est voir (Fig 08) .
Les maisons sont accrochées aux parois calcaires du canyon et ont la même
couleur que la roche. C'est ici que se trouve le village historique de Rhoufi voir
(Fig.09).

Fig.08: Fond du canyon de Rhoufi Fig.09: Maisons au village Rhoufi


Source : Auteur 2018 Source : Auteur 2018

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MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

Rhoufi est un village vernaculaire construit en 1845 et situé au cœur de la


vallée de l'Oued Labiod, qui est l'une des principales vallées de la région des
Aurès. Outre sa position géographique, ce village a toujours été un refuge
infranchissable, caractérisé par une architecture vernaculaire parfaitement
intégrée à son contexte naturel. Il a été construit avec un concept principal : "voir
sans être vu". L'esprit de protection contre les différents types d'attaques a guidé
les autochtones vers le choix d'un site inaccessible mais aux nombreuses
potentialités.
Le terrain est sous forme de balcons naturels, taillés en cascades dans la
roche, qui ont attirés l’homme berbère (chaoui) par le climat doux de la région et
la protection qu’ils offrent en temps de troubles. En effet, cette forme naturelle du
terrain a rendu ce village célèbre sur le territoire national et international par le
nom de : "Balcons de Rhoufi" (belvédère) , cinq balcons naturels ( 05) taillés
dans la roche surplombant tout le village, dont quatre ont été aménagés par l'État
pour assurer la sécurité des touristes, tandis que les travaux du cinquième balcon
sont toujours inachevés en raison de problèmes financiers comme le montre la
figure ( Fig.10 ).

Fig:10 : premier et deuxième balcon aménagés Source : Auteur 2017

Cette particularité architecturale et naturelle a fait de ce village l'une des


meilleures destinations touristiques en Algérie qui suscite la curiosité des
amateurs de la culture malgré son état de dégradation.
Ce village se caractérisait par une pratique et un mode de vie séculaires,
témoignant d'un lien fort entre l'homme berbère et son environnement naturel, où
les habitants ont construit des habitations solides et résistantes qui défient encore
le temps. Les dachera (villages berbères) et les galâa (grenier collectif) sont des
composantes essentielles du patrimoine vernaculaire du village historique Rhoufi.
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Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

L'originalité de chacun d'elles réside dans les messages et les fonctions historiques,
socioculturels, esthétiques et économiques qu'elles assurent.
En effet , la stratégie de regroupement des villages traditionnelles au
village Rhoufi ne se limite pas uniquement à l'espace résidentiel , en réalité
d'autres espaces socioculturels et économique son là présent dans le but de
satisfaire les besoins et exigences de la populations locale . Ce sont généralement
des espaces de cultes, d'éducations, de rassemblement etc. qui renforcent les liens
entre les membres d’une seule communauté parmi les quels nous citons : Les
mosquées et salles de prière, écoles coranique, Zaouias, le souk, l'espace de
battage et l'hôtel transatlantique de Rhoufi, (réalisé en 1902 pour les besoins du
confort touristique des officiers de l’armée française, des colons et des
métropolitains) voir (Fig.11).

Fig.11: L'hôtel transatlantique au village Rhoufi (état actuel)


Source : Auteur
En effet, le monde berbère est diversifié en termes de modes de vie
traditionnels, dans notre village le champ de la tradition et de l'expression orale est
très varié. C'est ici que la tradition orale est restée le plus fortement ancrée, les
chants qui, depuis des milliers d'années, rythment la vie quotidienne des habitants,
aucun mariage, aucune fête saisonnière, aucune célébration religieuse... ne se fait
sans la danse et le chant des "Rahaba".
C'est une danse chaouia admirée par tous les touristes, hommes et femmes,
qui viennent découvrir la culture de la région et qui veillent avec les autochtones
jusqu’au bon matin (les vêtements des danseurs ont une grande importance : les
couleurs et le style doivent être respectés) comme le montre la figure ( Fig.12) .

438
MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

Chaque tribu avait ses poètes et chaque poète avait sa tribu et ses
protecteurs. Ce dernier a un rôle important dans la société berbère, il accomplit
une mission de communication de masses, par le chant qui contient un message
spécifique, il est considéré comme étant l'historien de sa tribu et le gardien de la
mémoire collective. En plus de ses traditions orales, le village avait un large
éventail de pratiques sociales, de rituels et d'événements festifs tels que: Rites
traditionnels de construction, Fêtes traditionnelles, fêtes et rites agricoles , fête de
Achoura, traditions culinaires etc.

En effet, le village historique de Rhoufi dans la vallée de l'Oued Labiod est


considéré comme un véritable vecteur d'une culture riche et diversifiée qui
constitue un potentiel économique important pour la région, mais qui reste peu et
mal valorisé. Ce modèle traditionnel (ou vernaculaire) est en train de devenir le
secret d'une vérité perdue, menacée par l'abandon et le désintérêt. Il représente
aujourd'hui l'un des derniers témoins tangibles de la société berbère qui l'a produit
et porte en lui un art de bâtir et un savoir-faire qui avait son prestige et son secret.
Cette situation a engendré des mutations multiples sur des plans différents
(sociale, économique, culturel, architectural…) qui se sont répercutés
négativement sur l'environnement architectural et naturel. Ces changements vont
certainement réduire la capacité des sociétés de montagne à préserver leur
patrimoine et leurs activités ancestrales. A cet égard, la plus grande crainte
aujourd'hui est la disparition non programmée de ce patrimoine inestimable si
aucune politique de sauvegarde n'est prévue.
C'est en effet un véritable paradoxe que cette région, dotée d'une richesse
culturelle, historique et paysagère unique, ne dispose pas encore d'un processus de
développement basé sur ce précieux potentiel endogène.
439
Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

Pourtant, n'est-il pas temps de penser à valoriser notre histoire millénaire et


à renouer avec nos racines culturelles, longtemps oubliées ou souvent négligées
par le manque de recherche dans ce domaine ?
Puisque, le patrimoine culturel devient aujourd'hui un instrument de
rentabilité économique et un facteur prometteur de développement
socioculturel qui doit être préservé et présenté sous son meilleur aspect aux
visiteurs. Et le tourisme peut protéger et revitaliser ce patrimoine.

12. Conclusion

La mise en valeur du patrimoine culturel des villages historiques est une


nécessité vitale dans la région des Aurès. Au lieu de continuer à marginaliser ces
villages, à les dénaturer et à accentuer leur désarticulation, il faudra les aider à
retrouver leurs fonctions vitales afin de leur donner la place qu'ils méritent dans la
vie d'aujourd'hui. Cela passe par une stratégie de valorisation de leur patrimoine
culturel matériel et immatériel et par des programmes de renforcement de leurs
équipements touristiques. En effet, malgré les tendances actuelles de
marginalisation et d'abondance, il apparaît que le patrimoine culturel des villages
historiques, malgré sa détérioration, possède encore souvent certains atouts qui
pourraient favoriser sa renaissance et sa revalorisation.
Compte tenu de l'extrême fragilité et de la complexité de l'environnement
ancien à traiter, la définition d'une politique de sauvegarde et de mise en valeur et
de ses modalités d'application est particulièrement délicate : les mesures adoptées
doivent, en effet, être très adaptées aux exigences locales et complémentaires les
unes des autres. Ils doivent situer ces atouts dans leur réalité socio-économique,
historique, culturelle et paysagère et envisager de relancer leur dynamique d'auto-
développement sans se focaliser uniquement sur leur aménagement dans le but
d'attirer les touristes. Ces atouts doivent être sauvegardés afin d'offrir à la
population des espaces collectifs à vocation sociale, culturelle, éducative et
récréative, et de compléter leurs revenus par des aménagements lucratifs.
La combinaison d'efforts de restauration purement techniques et de
réhabilitation sociale, culturelle et environnementale rendrait à ce patrimoine la
qualité architecturale, la valeur historique et la beauté paysagère qu'il est en train
de perdre. Mais vouloir le sauvegarder sans prendre en considération les

440
MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

préoccupations des populations et leurs aspirations au développement socio-


économique, c'est en fait précipiter sa destruction.
Ses approches doivent en effet, accorder une attention particulière au
respect des identités culturelles et architecturales locales en éliminant les facteurs
qui contribuent à la dégradation du paysage architectural de ses centres ruraux
En effet, les villages historiques représentent non seulement un patrimoine
culturel et historique et un point de référence en matière d'identité et de
civilisation, mais aussi un modèle historique éprouvé et un élément d'équilibre
nécessaire dans l'évolution des sociétés de montagne.
Nous pensons que le développement économique et social de cette région
notamment de son village historique Rhoufi sera basé sur le tourisme, dont le
patrimoine culturel sera une forme particulière dans cette stratégie.
Parce que le patrimoine est essentiel au tourisme, surtout dans le cas
du tourisme culturel.
Selon les résultats de notre recherche, le lien entre tourisme et patrimoine
s'est considérablement développé ces dernières années parce que, d'une part, la
notion de patrimoine a dépassé les simples vieilles pierres et englobe toute
l'activité humaine, et d'autre part, parce que le touriste lui-même a développé un
goût pour ce patrimoine.
Néanmoins, le tourisme culturel est aujourd'hui un facteur significatif du
développement d'une localité, mais seulement s'il atteint certaines dimensions et
qualités capables de satisfaire les demandes d'un public de plus en plus sensible à
l'offre culturelle, et c'est dans ce contexte que la valorisation du patrimoine
culturel, en vue d'un développement local durable, s'est renforcée. Il s'agit d'une
symbiose indissolublement liée à l'identité, au savoir-faire, à la culture, aux
coutumes et aux comportements qui tissent la trame du territoire et des contextes
locaux.
Le tourisme culturel crée des emplois à tous les niveaux dans les différents
secteurs de l'économie, notamment le transport, l'hôtellerie, la restauration, le
communication, la technologie de l’information etc. En outre, de nombreux autres
secteurs tels que l'agriculture, l'architecture, l'artisanat et les activités culturelles
peuvent bénéficier, à des degrés divers, de l'industrie de ce tourisme.

441
Valorisation Du Patrimoine, Tourisme Et Développement Régional : Cas Du Village
Historique Rhoufi Dans Les Aures

Nous pensons que la promotion de ce secteur dans notre zone d'étude va


permettre de : Ralentir l’exode rural en créant des postes d’emploi, apporter un
appui à cette Zone, permet le développement local d'infrastructures hôtelières
(hébergement), éducatives, administratives, culturelles et de loisirs, peut avoir des
retombées financières considérables, qui permettent le maintien du patrimoine …
En effet, le tourisme culturel est une activité économique crédible dans
cette partie de l'Aurès. A condition que ce secteur soit maîtrisé afin d'éviter les
effets néfastes qu'il peut engendrer, tels que la dégradation du paysage, la
destruction des valeurs traditionnelles fondamentales, la pollution, etc.
Il est à noter, la force d'attraction de notre zone d'étude réside dans
l'importance de ses richesses culturelles et naturelles, qui la prédispose à devenir
une zone touristique très importante, tant au niveau national qu'international. La
région en général est prête à jouer le rôle de locomotive pour le développement de
tout le pays, mais la maîtrise de son espace doit passer par la valorisation de toutes
ses composantes culturelles et naturelles. Malgré la concurrence des autres
régions, cette partie du territoire national est capable de maintenir un rôle de
premier plan grâce à ses paysages attractifs, son climat, son patrimoine historique,
culturel et artistique. Ces atouts offrent de fortes opportunités de développement
touristique en termes de tourisme de découverte et d'écotourisme. Sur le plan
culturel, de nombreux éléments du patrimoine historique et traditionnel sont à
même de renforcer les produits paysagers.
A cet égard, l’image de marque de ce pays chaoui peut se baser sur les
éléments qui caractérisent son identité et qui sont :
 Les différentes vallées avec un monde diversifié en termes de modes de vie
traditionnels, de densités humaines, de cultures matérielles et de topographie
particulière;
 La présence d'un massif forestier unique en Algérie ;
 La variété et la qualité de ses richesses culturelles et naturelles entre (sites
archéologiques - villages historiques ou traditionnels et parc national) .

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MECHIAT Sonia, DEKOUMI Djamel

13. Références Bibliographiques

1
Schéma directeur des zones archéologiques et historiques ( SDZAH), 2007,
direction de la protection légale des biens culturels et de la valorisation du
patrimoine culturel, rapport, ministère de la culture, Algerie, p.68
2
Idem, p.20.
3
UNESCO, Patrimoine et développement durable dans les villes historiques du
Maghreb : enjeux, diagnostics et recommandations, Rapport du Bureau de
l''UNESCO à Rabat, Bureau multi pays pour : Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie,
et Tunisie, p.115.
4
Idem, p.126.
5
Idem.

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