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LA NOMINALITE DU NOM ou La question du tanw฀n* PAR G. AYOUB «Il nous faudra chercher, ou du moins avoir toujours à l'esprit, les résonances du verbe dans chaque nom». Fenollosa ** le segment qui suit la d6sinence casuelle [u] de ragul-u-n SoiT = est le Ce final de son segment appel6 commun6ment, [n] ( homme). tanwln 1. nom h6rit6 de la tradition arabe, Appellagrammaticale tion m6tonymique qui d6signe le segment par le nom de 1'operation Le mot tanze?an, explique Ibn est qui lui a donn6 naissance. la nominalisation au verbe nawwana, correspondant lequel s'emploie quand on ajoute un [/!] final au mot. La nominalisation, a prevalu jusqu'a devenir le nom de ce [n], les locuteurs ajoute-t-il, entre ce [/!] et des [n] voulant, par cette denomination, distinguer finaux qui feraient partie de la racine du mot, tels ceux de qatana ou de rasana. C'est la meme raison qui explique, pour Ibn que le tanwin n'ait point la representation graphique d'une lettre de La aux locucertes: arrive-t-il 1'alphabet. question est, pourquoi * Les thèses exposées dans ce travail sont extraites, pour l'essentiel, d'un ouvrage portant sur la phrase nominale qui paraîtra sous peu. ** In «L'écriture chinoise considérée comme art poétique», Mesures, 1937, n° 4, cité dans Derrida, De la gyammatologie,Minuit, p, 140. 1 On n'emploiera pas la dénomination qu'on trouve parfois dans les écrits des orientalistes: la nounation. Elle n'est guère plus explicite que la dénomination arabe car, se contentant de calquer celle-ci, elle ajoute à l'obscurité de son sens celle de son origine. 2 Ibn Ya฀฀š, IX, 29. On retiendra le passage suivant: «yuq฀lu:nawwanta lkalimatalanw฀nan ¸id฀¸alhaqta-h฀ h฀dihin-n฀na; masdarungalaba hatt฀s฀ra fa-t-tanw฀nu sman li-h฀dihin-n฀niwa-farraq฀bi-h฀d฀ li-smi bayna h฀dihin-n฀ni wa-n-n฀nil¸asliyyati». 152 teurs d'ajouter un [n] final au mot et de nasaliser, ainsi, la voyclle casuelle? Dans quels contextes? Quelle est 1'exacte valeur de ce segment? On le sait, les locuteurs ne peuvent suffixer, comme ils 1'entendent, de [n] a tout mot de la langue arabe. Le tanwin affecte une seule cat6gorie syntaxique, celle des nomS3. Plus pr6cis6ment, il affecte les categories marquees pouvoir [ + N]', sans, n6anmoins, etre suffix6 ? toute unite lexicale nominale. Quant a sa valeur, il est dit d'ordinaire «suffixe d'indetermination» ou «realisation du trait 1'on l'une ou 1'autre vue, cette valeur ne Que opte pour va pas, dans la langue, sans problemes. Et il semble bien, en outre, nominal, que le tanwln ait un rapport retors à un autre marqueur le marqueur casuel. I1 doit imp6rativement la ou le mot manquer ou bien la ou le paradigme flexionnel casuel est est indeclinable Ce dernier cas est celui des noms dits diptotes: ils ne incomplet. dans la majorite de leurs emplois, porter de tanze?in, et, peuvent, ils ne portent pas le marqueur ind6termin6s, [z] du g6nitif. Autant dire que la question du Cas se noue elle-meme a la question de la determination. se fait-il que certaines classes de noms ne Comment de tanze?in? Cela se laisse-t-il éclairer par la puissent pas porter valeur du tanze?anou s'agit-il d'une pure contingence, comme on en rencontre parfois dans les langues? Quel est ce rapport crois6 entre le tanwi-n, le marqueur flexionnel du génitif, ou, plus généralement, le Cas du nom et la question de la determination ? le tanwin a-t-il une seule valeur, ainsi qu'il a 6t6 Et, tout d'abord, presente sommairement plus haut? A en croire les grammairiens 3 On se f฀ reportera, encore une fois, à Ibn Ya¸฀š,ibid: «¸i฀lam¸anna t-tanw฀na l-haq฀qati n฀nun talhaqu ¸hira li-smi l-mutamakkini... ». Quant à la valeur du tamakkun, il en sera question plus bas. 4 J'admets la théorie des catégories syntaxiques développée au fil des modèles dans les études génératives et connue sous le nom de théorie X' (à lire: X barre), X étant une variable valant pour toute catégorie syntaxique. Dans cette théorie, les catégories lexicales sont analysées comme une combinaison de deux traits, le trait prédicatif et le trait substantif symbolisés respectivement par [α N] et [β V]. Pour un exposé de cette théorie, on se reportera à l'article de N. Chomsky «Remarks on nominalizations» et à «Barriers».Pour de brèves indications sur la géométrie des catégories syntaxiques, on se reportera à la section 1. 5 Pour la seconde analyse, on se reportera à Fassi Fehri, «Generalized IP structure ...». Quant à la première, les travaux de H. Fleisch, parmi ceux des orientalistes, la représentent assez bien. On se reportera à L'arabe classique... et Traité... D'autres valeurs ont été associées au tanw฀n, je les laisserai ici de côté. 153 Elles sont ainsi presentees, dans les arabes, il en aurait plusieurs. traites tardifs 6 : - tanze?inu l-muqabala c'est celui de (le tanze?in de correspondance): 11 serait, expliquent muslimiit-u-n ( = musulmanes). les grammairiens, suffix6 sur les pluriels externes feminins afin de correspondre au nun de mu.rlim-u-n ( = musulmans). L'analyse a la vertu de rappeler que, sans doute, il n'y a pas homophonie fortuite entre le nun de muslim-u-n, c'est-a-dire celui des pluriels masculins externes, represente graphiquement par une lettre de 1'alphabet et le tanwi-n 1. On le verra, ces deux [y!] suffixaux$ ont, dans certains contextes, la meme distribution. 11 en est de meme pour le [n] suffixal du duel. S'il est vrai que ces [n] ont une valeur qui ressemble a celle du tanforce est de d6duire que le phénomène represente par celui-ci est bien plus 6tendu dans la classe des noms qu'on ne le pourrait, vue, croire. a premiere - tan»inu t-tankir (le tanwin d'ind6finitude). 11 prouve, à 1'6vidence, arabes ne considerent nullement que le tanze?in que les grammairiens de 1'indefinitude. En ait, dans tous ses emplois, valeur de marqueur meme temps, il confirme que la question du tanze?in s'articule bien, en quelque maniere, a celle de l'ind6finitude. Ce tanze?in distingue, en fait, entre le defini et l'ind6fini dans le cas d'un nom ind6clinable. 11 est le propre des noms indeclinables, donc de ceux qui precis6ment ne portent aucun de Cas morphologique. marqueur a est le suivant: marartu L'exemple classique, emprunt6 Sibawayhi, bi-Camrawayhi wa-camrawayhln ?ahara. L'usage de ce tanwin s'6tend, au-dela des noms propres ind6clitoutefois, pour les grammairiens, nables et concerne a un les interjections9. 11 est digne d'interet autre titre que celui de la question de l'ind6finitude: il laisse, en casuelles effet, a r6fl6chir sur le rapport du tanwln aux marques 6 Je me contenterai ici d'une référence aux traités tardifs, sans d'ailleurs aller dans l'explication au-delà de ce qui importe pour le travail présent. Quant aux théories des premiers grammairiens, il y sera fait recours au besoin pour leurs analyses. Le présentation des concepts qui les sous-tendent relève d'un autre propos qui ne sera pas le mien ici. Pour les grammairiens tardifs, on se reportera, entre autres, à Ibn Ya฀฀š, IX, 30 sq. et al-¸Astarab฀d฀, I, 14 sq. 7 On se reportera à al-¸Astarab฀d฀, l-mudakkariq฀¸imun I, 14: «fa-n-n฀nu f฀฀am฀i t-tanw฀ni t-tanw฀ni l-w฀hidif฀l-ma฀n฀ maq฀ma llat฀ f฀ l-฀฀mi฀i li-¸aq฀dmi faqat ...» 8 Je parlerai du [n] suffixal ou du suffixe [n] comme il sera question plus loin de l'article défini [l] préfixé au nom, en entendant préfixe et suffixe au sens le plus général du terme comme des morphèmes respectivement juxtaposés devant et derrière un autre morphème. 9 Voir les exemples de Ibn Ya฀฀š, IX, 29. 154 On 1'a vu, les deux phénomènes sont, dans cet morphologiques. Le meme si un clairement dissoci6s. nom, [/z] lui est emploi, adjoint, reste toujours ind6clinable'O. - tanwinu dans sa version (le tanwln de compensation): a il d'un lanwi-n viendrait qui «compenser», syntaxique", s'agit d'un 1'effacement 'ilay-hi). complement g6nitif chaque fois, 1'effacement d'une proposition, On distinguera identifiable, pour les grammairiens, dans yaze?ma'id-i-n, blna )id-i-n, etc. Ainsi dans le verset coranique: )t*dd zulzilati 1- )arr;luzilzala-ha zva-'ahra?ati 1- )arr;lu 1)insiinu ma la-ha yazvma'id-i-n tuhadditu 'ahbara-ha 'atqdla-ha- wa-qdla zulzilatu l-'ardu zilziila-hii, etc.12,) et celui d'un mot: (pour: yarx?ma'id dans ce kullu )i*nsa-ni*n kull-u-n qa-)I*mun(pour qa-)zmun). On retrouve, tanze?in, la relation qu'on signalait plus haut dans sa manifestation casuelle, entre le tanwi-n et le génitif. On le verra également plus ces affinités. faits confirmeront d'autres bas, - tanwlnu t-tamakkun 13. C'est la valeur fondaincontestablement, mentale du tanwi-n. Il s'agit du tanze?in de ra/lul-u-n ( = homme) et I1 se trouve dans les singuliers ct lcs pluriels bririgiil-u-n (hommes). s6s. Or ces deux categories nominales ont egalement un autre trait le marqueur casuel y prend la meme forme, celle d'une commun: Ainsi se breve. retrouve, encore une fois, ce rapport du tanvoyelle win au Cas, articul6 ici a un nouveau terme: la pluralite. Toute la question, quant ? ce type de tanwin, est, bien sar, de savoir ce que at-tamakkun. On le sait, dans la langue, c'est le signifie exactement fait de pouvoir quelque chose, d'etre bien 6tabli la ou l'on est. En somme, un nom mutamakkin est un nom bien 6tabli dans sa nominalit6, c'est ce que confirme la lecture de Ibn Wright, dans 10 Ibn Ya฀išspécific bien ceci quant à son usage: «...¸an yak฀nad฀llan฀al฀ nnakirati»:wa-l฀ yak฀numa l-battata wa-l฀ yak฀nu ¸ill฀t฀bi฀an l-bin฀¸i li-harak฀ti f฀฀rifatin d฀naharak฀til-¸i฀r฀bi», ibid. En fait, lanw฀nut-tank฀rs'emploie également dans d'autres noms, voir plus bas. 11 On laisse de côté tanw฀nu l-฀iwadde ฀aw฀rin qui ne nous concerne pas ici. 12 Ibn Ya฀฀š, III, 29 sq et IX, 30. La référence coranique est 99, 1-4. Blachère en donne la traduction suivante: «Quand la terre sera secouée de son séisme, que la terre rejettera ses fardeaux, que l'Homme dira: «Qu'a-t -elle?», ce jour-là, elle rapportera ses récits» 13 Une cinquième forme de tanw฀n est répertoriée par les grammairiens: tanw฀nu t-tarannum. Il est propre au chant et ne nous concerne pas ici. Il ne se suffixe pas d'ailleurs seulement aux noms. 14 Ibn Ya฀฀š, ฀ald l-mak฀nati ¸anna-hub฀qin฀al฀ mak฀ni'-hi'mina IX, 30: «ad-d฀llu ฀ay wa-l฀ wa-llat฀, mabniyyannahwu llad฀ li-smiyyati,lamyabru฀¸il฀šabahi l-harfi fa yak฀na mina s-sarfi». ¸il฀šabahi l-fi ฀li fa yamtani฀a 155 traduit tamakkun par «the nunation which shows that sa grammaire, a noun is fully declinable» 15. En fait, si 1'on revient a un grammaiil nous faut modifier quelque peu ce point de ricn tcl 1 vuc: tanwinu t-tamakkun, dit-il, indique que le nom reçoit unc d6sinence ayant valeur de marqueur casuel qu'il soit enti?reLc nom, precise-t-il, ment declinable ou a d6clinaison restreinte'6. son aptitude a recevoir cette a une marque sp6clf-lquc indiquant d6sinence alors que le verbc n'en a point car cette d6sincnce est une du verbe 17. La difference avec l'interpr6tapropriete contingente tion dc Wright est importante 18 . En somme, la propriete est, cncore une fois, pens6e dans les termes du propre. Si Ie tanr,e?in est le marqueur de la d6clinalson du nom, c'est que le Cas se noue au non mais en tant nom, pas en tant que propriete contingente, essentiel. Le Cas n'est pas la scule propriete des noms, qu'attribut mais il est le propre dcs noms. I1 a rapport a ce qui fait la nominalit6 du nom. fils s'entrecroisent, On le voit, plusicurs toujours les memes, mais se nouant a chaque fois de maniere differente, dans les différentcs valeurs du tanwln r6pertori6es 11 y a par les grammairiens. la la question de l'ind6finitude, de 1'indetermination, du Cas et du g6nitif, qu' il s'agisse du Cas genitif ou du complement g6nitif. Un enclin aux listes ne grammairien'9 peu didactiques s'y est pas ses fils à ce qui, pour la tradition tromp6. le tanwln lie étroitement arabe, fait le propre du nom. 11 s'agit donc de prendre la mesure la question a notre propre compte, dans dc ce propre, en reprenant si le tanze?in est un marqueur d'autres termes th6oriques: de la des noms, en quoi consiste donc la nominalit6? nominalit6 On y viendra, toutefois, par un detour, celui de 1'accord en nombre des tctes pr6dicatives, verbales et nominales. 11 s'averera, par IA, que la question du tanwin va bien loin dans la langue. 15 I, p. 235. kawnu li-smi mu฀raban, 16 I, 13: «wa-t฀n฀-h฀ li-t-tamakkuni,wa-ma฀n฀-hu fa-l฀ yumkinu ¸ill฀ f฀-li-smi wa-¸innam฀lam yu฀฀al li-¸i฀r฀bi ฀al฀matun l-mud฀r฀i li-฀ur฀di-hi». 17 La flexion verbale subsumée sous le même est, bien sûr, celle concept d'¸i฀r฀b à valeur modale associée à l'inaccompli. Certes, la question que pose l'analyse de est la suivante: s'il est vrai que le tanw฀n ¸Astarab฀d฀ est le marqueur de la déclinabilité du nom, comment se fait-il que les noms à déclinaison restreinte ne portent On y reviendra plus bas. pas de tanw฀n? 18 Il est vrai que Wright distingue bien entre mutamakkin¸amkan, équivalent à munsarifet mutamakkingayr ¸amkan,équivalent à gayr munsarif (ibi). Il n'en tire pas néanmoins les conclusions qui s'imposent quant à la définition du tanw฀n. 19 ¸Astarab฀d฀, I, 12. 156 1. Le nombre et adjectivales, On sait que les tetes pr6dicatives, participiales une flexion d6sinentielle les traits de porter marquant peuvent La de et de Cas. flexion verbale nombre, genre ajoute au trait de un trait aspectuel et, 6vennombre et de genre Ie trait de personne, un trait modal. N6anmoins, les deux flexions, verbale tuellement, et nominale, se comportent dans les representations de syntaxiques la meme maniere, pour ce qui cst du nombre et du genre. Il s'agit de ce que j'appellerai I'alternance de 1'accord riche et de l'accord L'accord riche un accord qui inclut 1' accord en pauvre. d6signera nombre. A 1'inverse, l'accord pauvre d6signera celui qui ne l ' inclut point. Soit, en effet, le paradigme 7 2 suivant: a yarkudu z-zaydäni court (m., s.) les deux Z Les dcux Z. courent *byarkudani z-zaydäni courent (m., pI.) les deux Z a Zaydun cärifun cabawä-hu1-habara Z-nom sachant (sing.) fr?res (duel, nom.)-lui la nouvelle Z a ses deux fr?res qui savent la nouvelle *b Zaydun 'drifdnz*cabawä-hu1-habara Z-nom sachant (duel) frères (duel)-lui la nouvelle concernant touCe paradigme illustre une regularite importante tes les tetes pr6dicatives, en arabe litt6raire, tant nominales que verToute bales. Elles pr6sentent, toutes, un comportement identique: flexion sur une tete predicative, soit nominale ou verbale, qu'elle de personne ou non, connait qu'elle integre donc un marqueur I'alternance accord riche / accord pauvre. Seul l'accord pauvre est correct des l'instant ou il existe un N" lexical en position sujet. Seul l'accord riche est correct si la position sujet contient un element vide; Si l'on appelle, ainsi que je l'ai fait ailleurs2°, AGR' 1'accord riche et AGR° 0 l'accord pauvre, la configuration 3 a est exclue ou X° designe la tete predicative, tant dans le cas d'une tete participiale que d'une tete verbale. Seul 3 b est correct: 3 *a X° - AGR' - N" lexical b X o-AGR ° - N" lexical 20 Voir, par exemple, Ayoub 1981. 157 dans tous ces cas, la position du sujct On le remarquera, est une position interne; autrement dit, elle est dominee par la projeclexical X°. On admet, en effet, dans la th6orie tion de l'op6rateur ou s'inscrit ce travail, celle de la grammaire syntaxique generative, les de la Tout constique categories syntaxe sont endocentriques: est la projection X"22 d'une tete X° de meme tuant, en particulier, d'une tete inclut, outre cette tete, nature. La projection syntaxique son sp6cifieur et ses complements. La tete syntaxique est, parfois un lexical 13 . Tel est le cas dans les aussi, op6rateur exemples qui nous occupent. La position interne est, n6anmoins, une position inusuelle pour le sujet dans les langues. Prenons 1'exemple du fran?als. La position sujet est une position externe au syntagme pr6dicatif, hors de toute projection de la tete lexicale verbale. Ce fait g6om6trique est lie aux faits d'accord dont nous discutons. La generalisation suivante notera ce lien: descriptive 4 a Si la position sujet est interne au syntagme pr6dicatif verbal, l'op6rateur lexical porte une flexion. b Cette flexion comporte un accord pauvre si 1'616ment en position sujet sujet est un N" lexical Comment rendre compte de cette generalisation ? 1.1. Hypothèse A: Les traits de genre et de nombre sont un pronominal Dans Ayoub 1981 ou ces faits avaient ete discutes et établis pour les tetes verbales, 1'incorrection de 1 b est rapport6e a ce qu'un seul role th6matique24, celui de l'argument indirect du verbe, est disponible dans la structure pour deux expressions ayant une reference et le requ6rant: Les traits grammaticaux de genre, nombre et personne qui instancient un pronominal ayant besoin d'un role th6maetre et tique pour interprete 1'expression r6f6rentielle az-zaydiini. La est ainsi exclue par le critere th6matique configuration (0-crit?re) 25. 21 Quant aux arguments montrant qu'il s'agit bien d'un sujet dans le cas de la tête prédicative nominale, on se reportera à Ayoub, à paraître. 22 A lire: X deux barres. 23 On se reportera, pour la notion d'opérateur lexical, à la section 1.3 plus bas. 24 On se reportera, pour la notion de rôles thématiques à Chomsky, «Lectures on government... »,et pour une présentation succinte de la notion, à la section 1.3 de cet article. 25 On se reportera également à la section 1.3 pour quelques indications sur ce principe. 158 On peut étendre cette approche pour le participe et 1'adjectif et consid6rer que les marques de genre et de nombre sur le participe sont suffisantes pour instancier un pronominal. Les raisons de l'agrammaticalit6 de 2 b seraient, dans cette analyse, tout a fait similaires a celles de 7 b. Cela ne semble pas, n6anmoins, ad6quat. En effet, il est difficile de penser que les traits de genre et de nombre, sans le trait de pera eux seuls, former une expression r6f6rentielle sonne, puissent, un role Un ensemble d'indices requ6rant empiriques th6matique. le confirme. On se contentera ici de citer un seul fait qui va dans si le ce sens: Le contraste entre les pr6dicats verbaux et nominaux Soit 5: sujet est la forme forte du pronom. 5 *a Zaydun daraba-hu 'and Z-nom a frappe (3?me pers, m., s.)-lui moi (Z, je l'ai frappe) b Zaydun daribu-hu 'ana Z-nom frappant (m.., s.)-lui moi Z, je (m'en vais) le frapper nominale On le voit, seule la tete predicative accepte comme la forme forte du Le contraste a et 5 b entre 5 sujet pronom. s'6claire si l'on fait l'hypothese le statut des que marques d'accord et le nominal est distinct. Sur le pr6dicat verbal sur pr6dicat verbal en 5 a, elles ont la valeur d'un pronom de 3c personne. 5 a est incorrect pour les memes raisons que 7 b : un seul role th6matique est disponible ce qui contrevient au 9pour deux R-expressions, critere26. En 5 b, par contre, les marques d'accord sur le pr6dicat n'ont pas valeur de pronominal. Aussi, un pronom peut etre insere r6sultante contresous la position sujet, sans que la configuration vienne au 0-crit?re. 11 suffit que le marqueur de genre sur la tete s'accorde avec celui du pronom et que la tete predicapredicative tive ne porte pas de marqueur de nombre. C'est le cas de 5 b. Les marques d'accord sur la tete predicative nominale n'ayant de 2 b n'est pas due au pas statut de pronominal, I'agrammaticalit6 critere th6matique. 26 Certes, la lecture où l'accord n'inclurait pas de marque de nombre et ne serait donc pas pronominal comme dans Zaydun daraba-hu l-¸awl฀dudoit être, comme pour le français ou l'anglais, exclue par un principe fonctionnel qui dirait en substance d'éviter la forme forte du pronom toutes les fois que cela est possible. D'autre part, la parfaite correction de Zaydun darabtu-hu ¸an฀n'invalide pas notre analyse. Plusieurs indices semblent indiquer que la forme forte du pronom n'est pas, dans ce cas, dans la position sujet. 159 1.2. Hypothèse B: Le sujet est un argument discontinu cette agrammaticalit6, on peut penser, dans la Pour expliquer 1987 b pour les tetes Rouveret de l'analyse d6velopp6e par ligne et adjectivales, verbales en gallois, que les tetes participiales dans les exemples qui nous occupent, et 1'616ment vide en position sujet un argument discontinu. Rouveret 1987 b, discutant de constituent 7 dans la langue galloise, reprend, en subsdonn6es similaires a la a, egalement incorrecte en tance, 1'exclusion de configuration 3 gallois, par le 0-crit?re mais en lie les modalit6s a I 'hypothèse suivante qui vient compl6ter la generalisation 4: 6 Les traits d'accord et 1'616ment instanci6 en position sujet forment un argument discontinu. L'intuition fondamentale derriere cette hypothese est que la un verbe fl6chl a l'initiale, est, phrase, dans les tours pr6sentant ainsi que nous 1'avons dit plus haut, un syntagme ayant pour tete V. Le syntagme nominal sujet est, dans ces configurations, domin6 une verbale. les N6anmoins, par langues n'acceptent pas projection librement la realisation de I'argument indirect du verbe 27 dans une position interne a la projection de V. Cette realisation ob6it a une contrainte stricte qui implique, de maniere d6terminante, la flexion Celle-ci est n6cessaire dans ces types d'agencement verbale. soit riche ou pauvre) et il est n6cessaire que 1'element (qu'elle disconaccord de la flexion et le terme sujet forment un argument tinu car la position sujet re?oit un statut lexical dans la tete verbale, dans la tete verbale meme, comme c'est-h-dire est identifi6e, en lexicalement de tant verbal, dependant l'op6rateur que projection de la place de 1'argument indirect. La flexion dans cette La regle qui affixe la flexion analyse n'est pas une tete syntaxique. V. au verbe en fait une unite indissociable a est egalement exclue par Dans cette analyse, la configuration 3 surlourd. le 0-crit?re, AGR et le NP lexical formant un argument 1'extension de aux de Rouveret Toutefois, l'analyse pr6dicats se heurte a une difficult6 empirique la posinominaux importantc: tion sujet peut etre interne sans qu'il n'y ait aucun trait d'accord. 27 L'argument indirect du verbe se réalise dans la position sujet, si le verbe a un argument indirect. On se reportera à la section 1.3. plus bas pour une présentation brève de cette dernière notion, et à Ayoub, «Prédicats,figures... », pour le rapport problématique entre la notion de sujet et celle d'argument indirect, dans une langue comme l'arabe. 160 D'autre Par exemple dans la phrase 10 ci-dessous. part, les traits d'accord se trouver sans instancies peuvent qu'il n'y ait pour autant de position sujet. C'est la le cas de la forme participiale dans les positions argumentales. Par exemple, dans ga'a mukrimu Sa`idin ( = Ceux qui honorent Sa'id sont venus). Si cela est bien le cas, la a ne serait valide que pour les tetes pregeneralisation descriptive 4 dicatives verbales d'une part, et d'autre part, les traits d'accord ne serviraient pas a identifier la position sujet en formant avec 1'eleI1 semment instanci6 dans cette position un argument discontinu. ble bien qu'il en soit ainsi. Dans certaines conditions ayant trait a la position du sujet et/ou au contenu lexical qui y est instancl6, le marquage du trait de genre feminin est facultatif sur toutes les tetes tant verbales que nominales. Sans entrer ici dans le pr6dicatives, detail de ces conditions, on se contentera de noter l'exemple suivant ou l'accord en genre est facultativement marque sur Ie verbe28: 7 l faze?atimu est venu (fem,s.) les Fatima Les Fatima sont venues b l faze?alimu est venu (m., s.) les Fatima Les Fatima sont venues I1 en est de meme dans le cas des noms primitifs employ6s de a 1'exemple 10. maniere predicative. On se reportera Du reste, dans un travail r6cent29 , Rouveret revient sur cette hypothese. sujet n'est pas projet6 comme un d6penL'argument dant lexical de V 3°. La flexion n'a donc plus pour statut de 1'identifier comme un dependant lexical de 1'operateur. Selon l'analyse de Rouveret distributionnelle entre le NP 1990, la complementarite 28 Pour évaluer la valeur des exemples 7, il faudrait examiner de plus près le statut du trait de genre. Je n'entrerai pas ici dans ce propos (voir, néanmoins, pour quelques indications, la section 4). Il suffira de remarquer que l'absence de ce trait n'exclut pas la présence d'une flexion pronominale impersonnelle sur les têtes prédicatives verbales. 29 «Sur la structure catégorielle du gallois: Temps et cliticisation» Intervention au colloque de grammaire générative tenu le 10 mars 1990. 30 Le sujet est bien dominé par une projection de V mais non par la tête V. Il est, en fait, dans une adjonction soeur au VP. Il semble bien que l'hypothèse de l'argument discontinu soit une hypothèse trop forte. La dissociation du statut de la flexion et de l'identification lexicale du sujet est plus compatible avec les résultats de notre étude: l'identification d'une position en tant que projection de l'argument indirect d'un opérateur ne semble pas nécessairement passer par des traits d'accord. 161 d'accord se laisse expliquer par 1'existence plein et la morphologie d'un processus d'incorporation des traits pronomimorphologiquc naux de la position sujet. Rouveret reprend, la, une hypothese initialement propos6e par Ken Hale, adoptee par Baker et reprise par Fassi Fehri pour analyser les donn6es de 1'arabe. 11 est temps cette hypothese et de voir l'incidence de l'une et 1'autre d'exposer sur la question du nombre. des deux hypotheses 1.3. Hypothèse C: L'incorporation Telle que d6velopp6e par Fassi Fehri 1984 et 1 989 31 ,I'hypoth?se se fonde sur des analyses assez similaires a celles de l'incorporation et la confihaut: AGR, en 12 b, est un pronominal presentees plus et un NP lexical se trouvent guration 12 b, ou les traits d'accord est exclue en vertu du critere th6matique conjointement, (voir en Fassi Fehri 1989 7 et particulier p. 11). Ce que 1'hypothese de l'incorporation dire ajoute a proprement sur la derivation et la repreest un certain nombre de propositions sentation des structures; de la d'ailleurs son nom. En effet, selon cette hypothese, AGR, dans un certain nombre de contextes, est un pro-nominal incorpor6 dans le tete qui le gouverne 32. argument est pens6e comme un inouveL'incorporation morphologique en S-structure, une trace en ment qui laisse, dans la representation position DP 33. Pour distinguer entre les tours ou AGR est un simet celui ou il a statut de pronominal lie, Fassi Fehri ple marqueur la suivante: est si et seucaract6risation AGR propose pronominal lement s'il inclut les traits de nombre et de personne. Ou se situent les differences entre 1'hypothese de l'incorporation et 1'analyse du sujet dans les configurations VSO comme 11 semble bien, que les deux hypotheses un argument discontinu? soient d'un certain point de vue, deux denominations differentes 31 Agreementin Arabic, bindingand coherence,1984 et Agreement,incorporation,pleonastics and VSO-SVOorder, ms Faculté des Lettres de Rabat, Avril 1989. 32 La distribution complémentaire des NP lexicaux et des pronoms avec les traits d'accord est l'argument principal utilisé pour justifier l'hypothèse. 33 Abréviation de déterminer phrase: il s'agit du syntagme ayant pour tête un déterminant et pour complément du déterminant un N". 34 L'hypothèse de l'incorporation est présentée comme une alternative à l'hypothèse pro-drop soutenue dans Chomsky 1981. 162 dc En effect, 1'hypothese pour une meme analyse theorique 35. discontinu est une version sp6cifique de 1'hypothese des 1'argument chaines syntaxiques. Elle presuppose qu'AGR, qu'il soit riche ou est un de l'incorporation element referentiel. pauvre, L'hypothese certaine notion de chaine de une est, elle-meme, oblig6c supposer entre les traits pronominaux incorpor6s et leur trace. La difference entre les deux hypotheses est d6rivationnelle: de l'hypothese en un mouvement des effet, l'incorporation suppose, syntaxique traits pronominaux vers la tete. La representation AGR' .... [NP,] ob6it donc aux contraintes des tetes qui reglent le mouvemcnt notamment les contraintes de localite. syntaxiques3, En fait, une autre difference importantc dans la port6e th6orique et les predictions est relative aux des deux hypotheses empiriques se d'accord contentent d'etre des qui marques marques d'accord, a savoir au statut de l'accord pauvre AGR°. En effet, le domaine ou 1'analyse en termes de chaine est suppos6e valide n'est point le meme pour les deux hypotheses : pour la premiere, toute structure tete un accord sur une predicative implique une notion comprenant de chaine. Pour la seconde, seul AGR', c'est-a-dire l'accord pronola minal, suppose. La question est ind6cidable, de droit. C'est la une question empides pr6dicats nominaux fournit 1'6vidence voulue rique. L'analyse on 1'a en decider : leur vu, est, a l'instar des position sujet, pour a la projection du tetes pr6dicatives une interne verbales, position Mais la flexion la tete predicative syntagme prédicatif. port6c par nominale n'est pas totalement identique a la flexion verbale. On 1'a vu plus haut, elle n'est pas pronominale. L'analyse qui suivra consen un en faveur d'une en terfait, titue, argument representation mes de chaine syntaxique a chaque fois que le trait de nombre est En d'autres termes, la veritable sp6cifi6 sur les tetes pr6dicatives. en termcs dc chaine n'implique distinction pour la representation 35 C'est uniquement du point de vue présenté plus haut qu'elles peuvent être considérées comme équivalentes théoriquement. Leur portée théorique est, par ailleurs, distincte. L'hypothèse de l'argument discontinu avance que la flexion sert à l'identification lexicale du sujet en tant que sujet d'un prédicat. Elle inclut ainsi, apparemment, tous les types de têtes prédicatives et explique notamment la nécessité d'un verbe fléchi. Voir Rouveret 1987 b. 36 Si l'on suppose à la suite de Kayne 1987 que les clitiques sont des têtes syntaxiques. 163 Elle implique celle du nombre3'. On pas la notion de pronominal. une notion de chaine n6anmoins, distincte, supposera, quelque peu, de celle courante dans les etudes g6n6ratives dans laquelle tout du premier, cst une cat6gorie vide non chainon, a 1'exception pronominale. est susceptible Cela suppose, certes, qu'AGR d'etre referentiel Mais cela n'implique s'il contient le trait de nombre. nullement toutes les fois. soit On soutiendra la these n6cessairement, qu'il le sans ici: le statut d'AGR n'est suivante, l'argumenter davantage traits AGR ob6it 6gaqu'il comporte. pas seulement tributaire des fonctionnelle. Des lement, en un certain sens, a une identification son statut, conditions determinent la notamment syntaxiqucs nature cat6gorielle et la position de la tete a laquelle il est affix6. l'absence de mouveL'analyse qui suit ne suppose nullement des la ment syntaxique traits pronominaux de position sujet la d'ailleurs le cas, si l'on (AGR') vers la tete. C'est probablement un statut similaire a celui des clitiques pronoobserve qu'AGR I a minaux objets de V et de N38 et si l'on admet avec Kayne 1975 et 1987 un mouvement des clitiques. d'autre part, en vertu de 1' identification fonctionOn supposera, nelle des categories vides, que la cat6gorie vide impliqu6c en position sujet quand il existe une chaine syntaxique AGR .... [e] est pro. On le sait, pro est pens6, dans la th6orie, comme la contrepartie vide des pronoms lexicaux ordinaires. Son etude a ete initialement un abord6e ? partir des faits des langues romanes qui permettent Sa distribution est sujct nul, dites pr6cis6ment langues «pro-drop». 1982, par une principe de determination r6gl6e, selon Chomsky locale: pro doit etre gouvernee par une matrice de traits pronomila composante AGR de Infl. naux, en l'occurrence Reste a adresser la question qui fait l'objet du present d6bat: en de quoi 1'une ou l ' autrc des deux hypotheses discut6es eclaire-t-elle, maniere particuliere, les faits de nombre exposes plus haut? laisse une question non r6solue. En effet, c'est la l'hypothèse 6 presence ou l'abscncc du trait de nombre qui distingue AGR' de tant d'ailAGR°. Des lors, une question se pose imm6diatement, leurs pour les tetes verbales que pour les tetes pr6dicatives nomina37 Cette présentation est, en fait, provisoire. Elle sera nécessairement à nuancer à partir de l'étude du genre. 38 Voir pour une argumentation Ayoub 1981. 164 les : pourquoi le redoublement du trait de nombrc sur la tete empêche les traits d'accord ct 1'616ment lexical en position sujet de alors que le redoublement du trait former un argument discontinu, de genre ne 1'emp?che nullement? La question ne re?oit pas, dans les etudes ou ce fait est examine, de r6ponse satisfaisante. 1987 b laisse, plus L'analyse de Rouveret en suspens cette question. de l'incorpopr6cis6ment, L'hypothese ration, en tant que telle, ne dit rien sur les faits de nombre. En effet il ne peut y avoir d'incorporation d'un pronom sujet sur les tetes l'accord celles-ci n'etant pas un argument participiales, port6 par les faits de nombre sont n6anmoins, ayant statut pronominal; similaires sur toutes les tetes pr6dicatives. Fassi rigoureusement Fehri, 1984, semble considerer que les langues choisissent arbitrairement les traits d'accord encodes sur le verbe. On y lit ce qui suit: «The choice of features encoded on the verb to point to the subject and varies from language to lanseems to be somewhat arbitrary guage», 113. Enfin, on 1'a vu plus haut, pour Fassi Fehri 1989, la et de personne dans les elements presence du trait de nombre Autant dire que le trait de nomflexionnels les rend pronominaux. bre et le trait de personne sont consid6r6s comme ayant le meme statut dans la langue. I1 n'est pas certain quc cela soit souhaitable. de ce privilege attaOn ne voit pas, en outre, la valeur linguistique che au nombre. a, en outre, des difficult6s ? expliquer les donnees L'hypothese sous 2. En effet, si, comme 1'admet justement 1'auteur, la flexion sur la tete predicative n'est pas pronominale participiale puisqu'il lui manque le trait de personne, comment expliquer que le redoublement du trait de nombre soit, dans ce cas, ill6gitime et que toutes les tetes predicatives se comportent sur ce point a 1'identique, leur flexion soit ou non? 11 y a la, d'ailleurs, un que pronominale fonctionnement qui distingue nettement le trait de nombre du trait de personne. cette question. L'analyse qui suivra tente de r6pondre ? 1.4. Predicats et arguments Le comportement de la flexion semble s'eclairer, dans une lancomme si l'on fait certains de ses 1'arabe, gue I'hypoth6se que 1'absence de ces servent a identitraits, ou, plus pr6cis6ment, traits, fier l'unit6 lexicale comme pr6dicat. L'usage qui est fait ici de la 165 notion de pr6dicat se rapproche de celui usuel dans le calcul des predicats du premier ordre. Un pr6dicat, dans cette tradition logique, L'id6e emprunt6e a cette tradition est une fonction a n-arguments. est qu'un pr6dicat dans la langue est un op6rateur qui s6lectionne des places d'argument d'etre satur6es. Ainsi un verbe requ6rant comme daraba ( = frapper) dans daraba zaydun l-caduwwa (Z. a frapp6 deux places: daraba (Zaydun, alest un op6rateur ? 1'ennemi) ces deux places sont dites caduwwa). Dans les études g6n6ratives, celles de 1'argument direct (al- caduwwa) et de l'argument indirect le verbe ainsi appel6 parce que y «opère» indirectement, (Zaydun), du syntagme pr6dicatif. On le notera, c'est la par l'interm6dialre ici importante, non place d'argument F(-) qui sera consideree de son contenu lexical. 1'interpretation s6mantique En outre, j'admettrai, a la suite de Chomsky 1981, que l'identit6 d'une unite lexicale ne se limite pas a l'unite isol6e mais inclut aussi des fonctions s6mantiques 1'ensemble que cette unite determine. Ainsi daraba ( = frapper) induit un «frappeur» et un «frappe». Cette unite lexicale determine donc deux fonctions s6mantiques: agent et les de Gruber 1965 sur travaux patient. Chomsky 1981, reprenant est ce sujet, appelle ces fonctions roles th6matiques et il (0-r6les) la non liste ordonn6c des roles ainsi determines courant de designer de cette unite. par 1'unite lexicale, la grille th6matique facilement d'un Certes, on identifie d'autant plus l'argument l'on determine le role cet op6rateur que th6matique que op6rateur lui distribue. Mais l'on gardera distinctes ces deux propri6t6s. 11 importe, la, de savoir que tel argument depend d'un op6rateur lexiDe plus, il est cal, non quel role lui est distribu6 par cet op6rateur. en vertu du de et les requis, principe projection, que l'op6rateur aient une realisation places qu'il sp6cifie syntaxique, g6om6trique en et cat6gorielle, soient ,projet6es,,, dit Chomsky, qu'elles syntaxe. Le principe de projection dit, cn effet, en essence, que les relations syntaxiques sont un reflet des relations lexicales en ceci les observent propri6t6s de la structure qu'elles th6matique indiest «projete» comme cat6gorie dans le lexique. L'op6rateur qu6es lexicale, le verbe dans notre exemple. Quant aux positions syntaxides places d'argument, ques r6alis6es par la projection Chomsky Ce sont des 1981 les appelle positions argumentales (positions 39 Une autre définition des positions A est également donnée: ce seraient là les positions où les fonctions grammaticales sont assignées. Cette définition n'est pas équivalente théoriquement à la première. Elle ne l'est empiriquement que si la 166 de recepositions virtuellement th6matiques puisque susceptibles voir les roles distribues par l'op6rateur. 11 semble bien, toutefois, que le principe de projection fait une des langues. Soit par trop forte sur le fonctionnement hypothese en arabe litt6raire. Elles ont tant8t exemple les tetes participiales, un emploi nominal ou elles peuvent ne r6aliser aucun de leurs arguments alors que les roles th6matiques restent n6cessaires a la comde l'unit6 lexicale. Tant6t, elles sont susceptibles d'un pr6hcnsion se r6alisent en syntaxe, sans emploi pr6dicatif ou leurs arguments que 1'on puisse dire, pour autant, qu'elles sont analysables comme des categories V, puisqu'elles gardent certains traits nominaux, par le Cas. Consid6rons ce que nous avons appel6 le participe exemple, actif correspondant au verbe daraba (frapper), soit darib. De fait, cette unite signifie tantot (un) ((fraPPeur,)40 tant6tfrappant. Elles est, en d'autres termes, tant6t nominale, tant6t predicative ; tant6t nom tant6t participe 4' . Hors emploi, elle est l'un et 1' autre et d'agent, grammaire inclut la définition suivante: un prédicat est un opérateur qui requiert, pour le moins, une place d'argument indirect. On n'abordera pas ici les implications de ces définitions. 40 On nous pardonnera ce néologisme peu élégant mais utile pour l'exposé. Le mot, en fait, n'est un néologisme qu'au sens où il faut ici l'entendre, celui, bien sûr, d'«une personne qui donne des coups». 41 «Nom d'agent» est la traduction littérale de son appellation dans la tradition En effet, celui-ci soutient que sa dénominaarabe, si l'on en croit al-Astarab฀d฀: tion n'est pas due à son schème f฀฀il mais signifie bien «le nom de celui qui a fait la chose» (II, 198). Cette désignation est adéquate: les verbes statifs dans la langue ne donnent pas lieu à la formation d'un ¸ism f฀฀ilainsi ; kabura(grandir) ne donne pas *k฀bir,ni sagura (être petit) ne donne *s฀gir,etc. Silvestre de Sacy traduisait par déjà, au début du siècle dernier, ¸ismul-f฀฀il par nom d'agent et ¸ismul-maf฀฀l nom de patient qu'il regroupait, avec d'autres schèmes, sous l'appellation d'adjectifs verbaux (GrammaireArabe, I § 736 sq). Bohas (Contributionà l'étudede la méthode desgrammairiensarabes,thèse de doctorat, 1979) propose de retenir comme seule tracelle de participe actif, à l'exclusion de toute autre traducduction de ¸ismul-f฀฀il tion, y compris celle de nom d'Agent (p. 222). Cette exclusion, on vient de le voir, n'est pas justifiée par des motifs internes aux théories grammaticales arabes. L'analyse menée ici montre qu'elle ne l'est pas, non plus, au vu des propriétés grammaticales. Celles-ci éclairent l'embarras des traducteurs. Au vrai, ¸ismul-f฀฀il est également participe actif et nom d'agent. Cela dépend de ses emplois syntaxiques lesquels ne «suivent» pas exclusivement de ses affinités avec l'inaccompli, le verbe à l'inaccompli ne pouvant, en effet, être que prédicat. La tradition grammaDans les termes de ticale, elle-même, distingue dans les emplois de ¸ismu l-f฀฀il. cette tradition, celui-ci fonctionne comme l'inaccompli seulement s'il est corrélé à un «sens» présent ou futur (cf. entre autres Ibn Ya฀฀š, VI, 68). L'étude menée dans les sections qui suivent et complétée dans Ayoub à paraître peut s'entendre, partiellement, comme une grammaire permettant de prédire l'un ou l'autre des et de certains schèmes adjectivaux. d'¸ismu l-maf฀฀l emplois d'¸ismu l-f฀฀il, 167 il semble bien qu'il n'existe qu'une seule entrée lexicale pour des deux interprétations, valides peur» et frappant: la régularité quelle que soit la racine, le suggere 42. Decider, dans tous les cas, se realise en syntaxe car, a l'instar des que la structure th6matique dans Chomsky 1981, il s'agirait tels qu'analyses g6rondifs anglais, amene a faire de fausla de N" ayant une structure propositionnelle ses predictions. Ainsi, alors que 8 a est tout a fait correct, 8 b ne 1'est guere : 8 a gäCakdtl'bun est venu un ecrivain Un 6crivain est venu * b gäCakdtibun risdlatan est venu 6crivant -n lettre-acc-n Ecrivant une lettre est venu Seuls les emplois syntaxiques determinent si 1'unite est analys6e nominale. comme un pr6dicat ou si elle est exclusivement On concelebre qui fait toute la difference entre un assassinait l'anecdote nat perp6tr6 et un projet d'assassinat. Tout tient a si peu de chose, a un fait d6faut: tanwin parfois qui Zaydun qiitilu )abz-ka / Zaydun qiitilun )abii-ka 43. Par bonheur, même la premiere phrase laisse une chance a la victime puisque la forme participiale peut aussi avoir une lecture predicative qu'on peut accentuer par une specification temporelle; Zaydun qiitilu gadan. Mais si qiitil est employ6 en position argumentale: qiitilu )abz-ka, alors la, les d6s ont 6t6 vraiment jetes. en nous fondant sur les On posera donc l'hypothese suivante, faits illustr6s en 8. 9 Seuls les arguments d'un pr6dicat sont obligatoirement projet6s en syntaxe. Or les syntagmes nominaux sont susceptibles d'etres employ6s il comme pr6dicats et comme arguments. est certain que les Ainsi, actif et passif, adjectif, verbo-nominales, categories participes des emplois intensif, etc, portant toutes le trait [ + V], acceptent La On vient de de Ie voir certaines ces pr6dicatifs. pour categories. 42 Voir, néanmoins, l'étude à paraître pour l'analyse de ce qui détermine l'interprétation en position argumentale. 43 La première séquence est ambiguë. Elle peut se laisser traduire ainsi: Z est l'assassin de ton frère (ou) Z tuera ton frère. La seconde séquence permet uniquement la dernière traduction. 168 question est la suivante: a quelles conditions ob6issent ces emplois ici que le fait qu'une unite lexicale se On soutiendra pr6dicatifs? des arguments ne laisse analyser comme un pr6dicat requ6rant mais de la de trait ou depend pas quelque categoriel [-N] [ + V], maniere de referer de 1'unite en question, quels que soient ses traits Cette maniere de referer est, elle-meme, 6troitement cat6goriels. et a la question du nombre. articul6e a ses emplois syntaxiques 1.5. Pridicat et nom primitif44 Consid6rons suivant; 1'exemple attest6s dans toutes les grammaires: des similaires exemples sont hal qalarun abawd-ka ?45 est-ce que pierre (nom, s.) deux fr?res-nom- toi Tes deux fr?res sont-ils (de) pierre? 10 10 est similaire Il a b aux exemples attest6s en 11: ma giilisun (i) z-zaydäni non assis-nom(s.) les deux Z-nom Les deux Z ne sont pas assis hal madribun est-ce que frapp6-nom(s) dcux fr?res-nom-lul Ses deux fr6res sont-ils battus? une unite lexicale ind6termin6e Apres le marqueur interrogatif, = de ne trait de nombre, est suivie d'un portant pas (bagarun pierre) nominal duel, marqu6 pour le nominatif, groupe qui s'interprete La sequence est interpretee comme un comme sujet du pr6dicat. 6nonc6 fini, dans les memes conditions que 11, c'est-A-dire en prela difference ou n6gatif. sence d'un marqueur interrogatif des unites lexicales en 11, il n'existe aucune raison d'analyser hagarun comme une combinaison de traits [ + N, + V]. 11 est bien plus cette unite comme [ + N, -V]: du point de vue plausible d'analyser de la derivation par exemple, il ne s'agit pas d'un morphologique, d6verbal mais bien d'un nom primitif. 1 D a ceci de remarquable r6aqu'il n'existe aucun trait d'accord (du moins phon6tiquement 44 On reprendra ici la mise en garde de Silvestre de Sacy quant à l'usage du terme «nom primitif» pour traduire ¸ism฀฀mid: «...par nom primitif, il ne faut pas entendre un mot radical qui ne dérive d'aucun autre mot, mais seulement un mot qui n'est point dérivé d'un verbe ou d'un nom, suivant certaines formes convenues», GrammaireArabe, I, 116. 45 Voir II, 273 pour des exemples similaires. Gal฀y฀n฀ 169 lis6) qui redouble le contenu lexical en position sujet 46. Si cela est comment son emploi pr6dicatif, c' est-a-dire correct, expliquer indicomme tete predicative s6lectionnant une place d'argument en syntaxe est 'ahazva-ka? rect dont la projection 2. La question du tanwin (I) a la question, Pour avoir quelque chance de r6pondre il faut s' interesser au segment flexionnel qui suit la d6sinence casuelle, au tanwin. On 1'aura remarqu6, dans tous les exemples qui ont prenominale aucune tete cede, employee comme pr6dicat n'est suivie sans la presence de ce d'un N" sujet marqu6 pour le nominatif alors a la question de laquelle nous 6tions segment 47. Venons-en partis: quelle est 1'exacte valeur du tanwin? Soit les exemples suivants: 12 a b c ragul-u-n Un homme-nom-n ar-ra/ul- u 1'homme-nom ragulu-l-bayti homme-nom la malson-g6n 1'homme de la maison a' b' * c' * hommes(p1.)-nom-n ar-ragul-u-un 1'homme-nom-n ragul-u-n l-bayti homme-nom-n la maison-gen Ils illustrent deux traits essentiels du fonctionnement syntaxique du tanwin que toute hypothese valable doit 6clairer. Ces deux traits sont distributionnels. En termes cat6goriels, on peut ainsi les representer : 13 a * N-n gen b * al-N-n 13 a note 1'impossibilite de co-occurrence g6nitif. 13 b note la meme impossibilite 2.1. de [n] avec un complement avec 1'article d6fini. [n] est un marqueur d'indefinitude Le paradigme 12 pourrait laisser croire que [n] est bien la r6alisation morphologique du trait sauf pour certaines classes 46 On pourrait objecter à cette analyse que l'exemple 9 résulte d'une transformation de déplacement. L'hypothèse d'un déplacement est infirmée par les faits d'accord, relatifs aux exemples 11: le prédicat nominal aurait dû, dans ces exemples, s'accorder avec le sujet logique. Cette question ne sera pas abordée ici. 47 Cela ne signifie pas, pour autant, que toute tête prédicative nominale doive On l'a vu tout à l'heure. Quant à savoir pourquoi le tanw฀n peut porter un tanw฀n. manquer, on se reportera aux sections 6 et 7 de cette étude. 170 celles des diptotes. En effect, dans lcs exemples morphologiqucs, pr6sent6s, le nom noyau est bien d6fini, en 12 a par 1'article, en 12 le systeme du b par le g6nitif adnominal. Selon cette hypothese, en arabe serait ct suffixal : le predeterminant, litt6raire, pr6fixal fixe [1] pour le trait [ + défini], le suffixe [n] pour le trait C'est la 1'hypothese soutenue dans Fassi Fehri 1987: [n] est l'article ind6fini present en D-structure sous le noeud determinant (D). I1 est ensuite deplace et se trouve en S-structure en fin de mot. En outre, pour expliquer la distribution de [I] ct compl6mentaire de [n] avec le g6nitif, Fassi Fehri 1987, reprenant Abney 1987, sugaccord vide (AGR) dans le determinant gèrc qu'un (D) du nominal Ie Cas un article est syntagme assigne genitif. Quand d'accord ne peut apparaitre insere sous D, ce marqueur et le g6nitif ne peut etre assign6. a 1'avantage de lier la distribution du compl6mentaire L'analyse g6nitif, de l'article defini et du tanwin dans la langue et d'en pr6senles solutions sugg6r6es preter une explication unifiee. Neanmoins, a et discussion. l'une tent, 1'autre, sur la seconde. S'il est vrai que la presence Une breve remarque des marques d'accord et leur port6e sont 116cs au statut d'Argument du syntagme nominal, comme on le soutiendra plus bas, 1'analyse de Fassi Fehri pr6dit que I'assignation du Cas g6nitif est elle-meme li6e au statut referentiel de 1'element N et ne se fait pas quand celuici a un emploi pr6dicatif. I1 n'en est rien. On se reportera, a cet La distribution not6e sous 13 a reste Ayoub, a paraitre. 6gard, ? donc a expliquer. a 1'essentiel de 1'hypothese Venons-en, n6anmoins, qui nous la distriint6resse ici, en d'autres termes, a I'hypoth6se expliquant bution 13 b. Est-il vrai que le suffixe [n] se laisse toujours interpr6ter comme un article ind6fini4ll ? L'hypothese est, en fait, difficile a soutenir. En 14 a ci-dessous, le tete nominale est bien ind6finle. Le syntagme nominal refere, en effet, a un particulier non identifie la tete ne peut porter le sufdans sa classe r6f6rentielle. Pourtant, fixe [n] : 48 On prendra garde à la valeur différente du [n] du lanw฀net de [1] :[n], à l'encontre de [l], fait intégralement partie du système de la flexion de Cas du nom. a égaleAussi, dans les dialectes où les marques casuelles ont disparu, le tanw฀n ment disparu. Tel n'est pas le cas de l'article défini [l]. Cette dissymétrie suggère que leur statut lexical et syntaxique ainsi que leur valeur sémantique ne sont pas équivalents. Voir sections suivantes. 171 14 a qara'tu ki'ttibanabwin j'ai lu livre-norn grarnrnaire-gen-n ,J'ai lu un livre de ?rammairc: ce cas resolu par unc hypothese qui poserait que le Supposons joue, en forme logiquc, le role assume par les g6nitif adnominal d'autres donn6es de la langue 11 reste, n6anmoins, determinants49. le cas C'est des noms font qui problcme. propres qui se d6clinent et sur lesquels [n] est adjoint. normalement Lc nom propre est un d6signateur rigide, pour S. Kripke, qui d6signe, dans tous les mondes possibles, le meme objet. Il permet un particulier. C'est le cas unc r6f6rence definie unique constante a de Zaydun cn 1,5 par exemple: 15 Zaydun qä)imun Z est debout Certaines classes de noms propres, qui sc d6clinent normalement, tel Zaydun dans notre exemple, portent le marqueur [n] sans que ccla n'affecte nullement leur reference d6finle; [n] n'est donc pas, du trait du moins dans ces noms, la realisation En effet, plusieurs tests syntaxiques montrent que le nom propre, dans ce cas, est bien defini. Ainsi celui de la qualification: 16 Zaydun la petit Z. les sequences Si [n] était un marqueur d'ind6finitude, intrinseque bien la contrediraient 6tablie, de ailleurs, par regle, pr6c6dentes du determinant entre le nom et son modifieur 1'homogeneite une Dans d'autrcs contextes homogeneite adjectival'O. qui exigent ceux de la relative restrictive, le suffixe de determinant, notamment [n] est utilise avec le nom propre, la ou I'article defini [I] est exige aussi avec la phrase 6quivaOn comparera pour un nom ordinaire. lente en fran?als o6 1'article defini est utilise : 17 a Zaydun lladl tacrifu-huntahd Z-nom-n que tu connais-lui est fini le Z. que tu connais est fini *b h az-Zaydu lladl tacrifu-hu niahd le Z-nom... 49 Voir section 6. Cette hypothèse ne peut, néanmoins, être soutenue dans tous les cas. Voir «Prédicats,figures... ». 50 On consultera à ce propos «Prédicats,figures...». 172 c Le Matthias que tu connais n'est plus *d waladun(i) l!adï ta'rifu-hu säfara enfant-nom-n que tu connais-lui est parti en voyage. e al-waladu l!adï ta'rifu-hu sa?jara 1'enfant-nom que tu connais-lui est parti en voyage 1'enfant que tu connais... en en consequence, Ces exemples montrent, que [n] n'affecte rien la reference d6finie unique a un particulier du nom propre. Celui-ci ne peut etre considere comme un article ind6fini ou un d'ind6finitude. marqueur Cette conclusion est confirmee par les faits relatifs aux duels et aux pluriels. L'article defini est pr6fix6 au nom propre si celui-ci a une reference d6finie. On comparera: 18 a b hdddnz'zayddni mun.talzqdnz' (Sibawayhi, II, 103) Voici deux Z. qui s'en vont hadani (huma) z-zayddni'l-muntalz* . qani Voici les deux Z. qui s'en vont En somme, l'hypothese que [n] est un article ind6fini se heurte a deux difficult6s s6rieuses: il existe des noms ind6finis sans que [n] ne soit present ; et il existe des noms auxquels se suffixe [n] sans que, ils ne soient indefinis. Le premier cas est illustre par les n6anmoins, et diptotes par certains tours avec des g6nitifs adnominaux (voir illustre par les exemples plus bas). Le second est essentiellement noms propres d6clinables. 11 est donc peu probable que la distribution du compl6mentaire suffixe [n] et d'un complement marqu6 pour le g6nitif, d'un cote, et de [n] avec 1'article [1] de l'autre, soit due au fait que [n] est un d'ind6finitude. marqueur 2.2. [n] est un marqueur d) indétermination Les remarques pr6c6dentes valent egalement si 1'on fait de [n] un d'ind6termination. Ainsi, pour le Pere intrinseque marqueur Fleisch 51: «Les suffixes -un, -in, -an, d'eux-memes, impliquent 1'indetermination». Bien sur, pour une telle th6orie, les noms propres sur lesquels [yz] peut etre suffix6 sont d6solants: «Ces suffixes jurent avec un nom propre. Il y a la une question difficile de la morphologie arabe; car comment admettre qu'un nom propre, d6ter51 Voir L'arabe classique:Esquisse ... ; 39, 40. Consulter aussi Traité... § 54 c, p. 271. 173 min6 autant qu'un nom puisse 1'etre, puisse recevoir un suffixe Et on lira, plus loin: «Une nounation d'indetermination!». signe de est un non-sens pour le nom propre, nom determine l'ind6termin6, par excellence» 52. Ces noms propres «doivent (donc) recevoir une autre explication.». Selon le Pere Fleisch, cette nounation serait le d'une existant dans le du mimation Sud coms6mitique reliquat de determination, elle mun et qui aurait ete, elle, «un instrument etait alors logique» (p. 344). se tienC'est oublier que les valeurs dans un systeme linguistique ncnt. Car, d6cid6ment, les noms propres ont de quoi d6sesp6rer: le nom propre indeclinable restreinte dans son ou a d6clinaison usage def-ini, porte le lanwi-n s'il est utills6 comme indéfini dans la avec laqftu 'Ahmadlangue. Ainsi laqitu )Abmad-a-n qu'on comparera vu un 'Ahmad, a. L'interpr6tation de la premiere sequence celle dc la seconde: J'ai vu 'Ahmad. On reviendra plus bas à qu'elles 1'analyse de ces donnees. Le point ici est de faire remarquer nous car elles sont ennuyeuses les discutons pour hypotheses que moins le tanwin a bien du dans ce cas, que, rapport à prouvent, 1'indefinitude. On admettra volontiers que le nom propre dans la seconde sequence est plus determine que le premier. N6anmoins, c'est bien le moins determine qui porte le tanwln comme signe de son d6faut de determination. Nous voici donc avec deux valeurs contradictoires du tanwln dans les noms propres: l'un comme (relide determination, l'autre comme marqueur quat d'un) marqueur d'un d6faut de determination. 11 est difficile que la langue suive la «logique» de nos hypotheses 53. A bien y regarder, Une autre voie permet de se tirer d'affaire. en effet, le suffixe [n] est neutre entre une lecture d6finie et une lecture ind6finie du nom propre declinable. suivant ou, L'exemple dans sa premiere occurrence, le nom propre a une lecture d6finie et, dans la seconde, une lecture ind6finie, le montre clairement: 52 Traité, § 74 d, p. 340. Bien des tours langagiers ne trouvent ainsi aucune grâce aux yeux du Père Fleisch: Ils seraient «bien peu logiques»! Il y aurait, certes, beaucoup à dire sur cette manière d'aborder les faits empiriques. Que la langue résiste aux hypothèse auxquelles on veut la réduire, et l'on crie au «non sens» plutôt que de modifier l'hypothèse. Cela laisse songeur. 53 Comme on le verra plus bas, l'explication du Père Fleisch part d'observations justes. Toutefois, ceux-ci, généralisés, donnent des explications erronées. D'autres arguments, en fait, peuvent être ajoutés à ceux avancés ci-dessus montrant que [n] ne peut être défini comme un suffixe d'indétermination. Ils concernent l'analyse de la construction génitive. On se reportera au chapitre consacré à ce sujet dans «Prédicats,figures...». 174 19 hada Zaydun wa-Zaydun )äbaru C'est Z-nom-n le petit et Z-nom-n autre-nom Voici Z. le petit et un autre Z. La conclusion qui s'impose est que, dans son emploi avec le nom ni maril n'est ni marqueur d'ind6termination propre declinable, La question est, certes: 1'est-il, par ailleurs, queur d'ind6finitude. dans le nom commun? Les faits suivants montrent que tant le tanwln que l'article d6fini ob6issent aux memes contraintes syntaxiques dans les noms propres et les noms communs: 20 *a )ubibbuZaydan 'tuftilatf J'aime Z-acc-n enfance-moi b 'uhibbu Zayda tufzilatT J'aime Z-acc enfance-moi J'aime le Z. de mon enfance On comparera ces donn6es avec 12 c et c' plus haut. ob6it egalement aux L'article d6fini, pr6fix6 au nom propre, memes contraintes distributionnelles auxquelles il obeit, s'il est prefix6 a un nom ordinaire: 21 a al- 'Iskandarzyyatu 1'Alexandrie-nom Alexandrie b iskandariyyatul-'ugniyati Alexandrie-nom lachanson On comparera les faits 22: 22 21 a et a' avec 12 b et b' * a' * b' al-'Iskandarz*yyatu-n l'Alexandrie-nom-n al-'iskandariyyatu1- )ugniyati 1'Alexandrie la-chanson et la paire 21 b et b' avec * a al-bätamu d-dahabi la bague-nom l'or-g6n b hdtamu d-dahabi la bague-nom l'or-gen la bague en or Ces faits tendent à d6montrer qu'il existe, au moins, un fonctionnement syntaxique du tanwin commun au nom propre et au nom dit commun. Mais ils suggerent une autre 6galement, par leur complexit6, seule une modulaire est d'6clairer, hypothese : approche susceptible de maniere plausible, les valeurs du tanwi-n. Celui-ci n'a pas, dans la meme valeur. tous ses contextes, 175 2.3. [n] est un marqueur associé à des valeurs n?gatz*ves Si l'on met de cote, pour un temps, la question des noms proa observer dans la distribution de [y!] est pres, le point important est assocl6 a une valeur r6siduelle le le suivant: suffixe [n] toujours En effet, le marqueur negative dans le systeme de la determination. nom aucun proc6d6 se suffixer au semble ailleurs, quand, par [n] d'un article defini sous l'insertion la syntaxique: cat6gorie fonctionnelle D, (Voir les exemples 12 b et b') ou la presence d'un g6nitif a la tete nominale une valeur [ + d6fini] ou, adnominal n'assigne + d6termin6], ainsi 23 a et b qu'en plus g6n6ralement, 54. respectivement 23 a kl'tdbun-nahwi livre-nom la grammaire-gen le livre de grammaire b ki'tdbunahwz'n livre-nom grammaire-gen-n un livre de grammaire Ni les diptotes ni certaines valeurs du tour g6nitif ne sont des a cette observation. En effet, celle-ci n'exige pas la contre-exemples presence de [n] quand le nom a une valeur negative dans le systeme de la determination mais elle pose que la presence de [n], dans un nom susceptible d'accepter des determinants syntaxiques, implique ou [n6cessairement cette valeur negative, qu'elle soit determine). Le cas des noms propres qui se d6clinent normalement (triptotes) et se voient suffixes [n], tel le Zayd de nos exemples qui se voit d6cliner en Zaydun, Zaydan, Zaydin, ne contredit pas, non plus, cette observation. En effet, ceux-ci permettent une r6f6intrinsequement rence d6finie unique a un particulier. Aucune procedure de d6termination extrinseque, ou syntaxique, ne leur assimorphologique leur valeur. gne On le verra dans la seconde partie de cette etude ou la description empirique sera compl6t6e et analys6e, il existe bien une valeur absde [n] explitraite, plus exactement, plusieurs valeurs abstraites 54 Plusieurs indices suggèrent qu'on ne peut traiter par une même règle syntaxique, par exemple une transformation, la distribution complémentaire de [l] et du complément génitif - laquelle n'est d'ailleurs complémentaire que si l'on excepte la valeur relative de [/]. Cette distribution peut, toutefois, être prise en compte au niveau de la Forme logique. On se reportera, sur ce point, à la suite de cette étude. 176 Le point est qu'elles seront modulaires, non quant ses occurrences. deductibles d'une seule proposition primitive, [n] ne se laissant d6finir notamment, ni comme un marqueur ni d' indetermination, Au vu des observations 6tacomme un marqueur d'ind6finitude. blies pr6c6demment, on peut poser, pour l'heure, la generalisation suivante: descriptive 24 La presence de [n] est liee a 1'absence d'une procedure de determination extrinseque. Dans ce qui suit, on abordera la question d'une autre maniere : la valeur du marqucur plutot que d'analyser [n], on analysera les valeurs s6mantiques du nom commun quand celui-ci se voit suffix6 [n] ; on verra que cette analyse apporte des elements essentiels dans le d6bat. 3. La notion et l'occurrence Si 1'on r6fl6chit sur les valeurs s6mantiques du nom associees au on les suffixe [n], suivantes: peut distinguer interpretations I1 réfère a une quantite a-Le nom a valeur d'ind6fini sp6cifique. indefinie. C'est la 1'interpretation naturelle de 12 a et a' (ragul-u-n, = un des homme, rigal-u-n hommes. ) 55 . En bref, le nom auquel est suffix6 [n] a recu une determination quantitative. L'interpr6tation du nom implique dans ce cas, la construction n6cessairement, Le nom lui-meme, d'une classe d'occurrences. s'il est singulier, est comme une occurrence cette interprete quelconque appartenant ? classe s . C'est bien sur la egalement 1'interpretation de ragul-u-n dans (un homme est venu), par exemple. Mais c'est aussi tr?s pr6cisement la valeur des noms propres a d6clinaison restreinte dans les contextes ou ils se d6clinent normalement et ont le suffixe [n], 55 Certes, le singulier en 12 a où l'unité lexicale est discrète, induit, en outre, la cardinalité. " 56 On prendra garde à l'interprétation des indéfinis dans les N disloqués: ainsi ou baqaratuntakallamat,les N "disloqués ne se laissent pas seuledans ru฀aylun ฀฀¸an฀ ment interpréter comme des occurrences quelconques appartenant à une classe mais impliquent, dans le premier cas, une valeur contrastive et, dans le second, quoiqu'il s'agisse bien d'un indéfini spécifique, ce qui est visé est le trait générique qui distingue la classe des animés non-humains des animés humains: le fait que les premiers ne possèdent pas le langage. Ces interprétations sont dues, pour une part, à des configurations et n'impliquent pas les valeurs du tanw฀n,en tant que tel. Voir, sur ce point, Ayoub 1981, p. 200 à 211. 177 ainsi dans laqitu 'Ahmad-a-n. Leur interpr6tation implique nécessairement la construction d'une classe d'occurrences: celle de 1'ensemble des etres ayant pour nom 'Ahmad dans notre exemple. Le nom propre ind6fini permet alors une reference unique a un particulier non identifi6. Que 1'interpretation, dans ce cas, implique fondala construction d'une classe d'occurrences mentalement est concet usage par les tralt6s de gramfirm6 par la valeur attribu6e ? maire : «Et si tu disais, precise Ibn laqftu 'Ahmad-a-n, tu un de ceux que l'on 1'auras ainsi inform6 que tu as rencontre d6nomme Alzmad» 5'. On retrouve la diff6rence entre j'ai rencontré Dupont et j'ai rencontre un Dupont. Elle est couplée en arabe ? une diff6rence dans la d6clinaison, quand il s'agit de diptotes. De maniere generale, c'est la la valeur de tout nom propre quand il est utilise au duel ou au pluriel. Sibawayhi est, a cet 6gard, plus lumineux On en jugera plut6t: «Ce qui est dit la qu'lbn e. le de hadiini Zayddnl* zaydiini muntaliqani = hoici deux Zayd (kaliim) (i. s'en ne Etre qui peut qu'indéfini (nakira) du fait que tu en as vont) fait 1'element d'une classe ou tout homme est Zayd et 'Amr et ou n'a plus de titre qu'un autre a cette d6nomiaucun element nation» 58. . b - Le nom a valeur d'indefini se prêtant a une lecture non specifique ; ainsi en est-il en 25: 25 'aladdu min pomme-n meilleure que poire-n Une pomme est meilleure qu'une poire 11 semble bien que la lecture non specifique implique un parcours de valeurs sur les occurrences d'une ou, du moins, la construction ce classe d'occurrences C'est du moins la que suggere homogenes. la glose de la phrase 25: kullu tuffd?atz*n (toute pomme... ) ou mu 'tlaq tuffa?Cattin (n 'importe quelle pomme...). Le point, ici, est que la présence sans du [n] est corr6l6e a la construction d'une classe d'occurrences de selon les termes qu'aucune operation ,pr6l6vement quantitatif», de Culioli 1975, n'ait ete effectuee sur cette classe. c-C'est seulement le sens (dans 1'acception freg6enne du terme) ou la notion qui sont pris en consideration sans aucune reference 57 ¸anna-kamarartabi-w฀hidin mim¸Ahmadan,fa-qad ¸a฀lamta-hu «fa-¸id฀ qulta laq฀tu IX, 29. man(i) smu-hu ¸ahmadu»Ibn Ya฀฀š, 58 l-kal฀mu nakiratan, min qibali «lam yakunh฀d฀ [i.e. had฀ni zayd฀ni muntaliq฀ni]¸ill฀ ¸anna-ka฀a฀alta-hu min ¸ummatinkullu ra฀ulin min-h฀ Zaydunwa-¸Amrunwa-laysaw฀hidun minh฀¸awl฀bi-hi mina l-¸฀hari»II, 103. 178 C'est le cas de 10. D6s actuelle associ6e a la sequence nominale. est lors, c'est la propriete, l'etre-pierre, qui designee, sans aucune construction de classe d'occurrences. On songera, pour 6clairer notre usage du terme «sens», a ce que J.-C. Milner59 appelle la r6f6rence virtuelle. Milner distingue deux notions de reference : la r6f6rence actuelle d'une sequence nominale, qui est le segment de r6alit6 qui lui est assocl6 et sa reference virtuelle. La reference virtuelle d'une unite lexicale est, en fait, son sens lexical. Elle est dite «1'ensemble des conditions caract6risant une unite lexicale». Dans la mesure ou tout segment de realite doit satisfaire a cet ensemble de conditions pour pouvoir etre la reference d'une sequence ou interviendrait 1'unite lexicale, la reference virtuelle decrit donc un type de reference possible. Si l'on decrit la reference du nom en 10 ne pas par la notion de reference virtuelle, celle-ci doit, n6anmoins, induire n6cessairement la construction d'une classe d'occurrences. En 10, bagarun ne peut ?tre associé à aucune r6f6rence actuelle et n'induit d'une classe d'occurrences. pas la construction Cette etude des valeurs du nom associ6es au suffixe [/!] nous a amene a utiliser un certain nombre de concepts, dont ceux de de il notion et classes d'occurrences, dont faut pr6ciser quelque peu l'usage. la distinction entre le On reviendra, pour 6clairer le propos, a fait et Les dit-il, Frege6°. syntagmes nominaux, concept 1'objet que sont susceptibles de designer des particuliers, des objets ou de d6sides concepts. Linguistiquement, «Un concept gner des relations, est la denotation d'un pr6dicat, un objet est cc qui ne peut pas etre la denotation totale d'un pr6dicat mais peut etre denotation d'un A les il ce dans termes sujet» 6' . titre, constitue, logiques, 1'argument x d'une fonction f(x). Quant au concept, il est a concevoir comme une fonction62 qui va de 1'ensemble des objets du monde dans 1'ensemble des valeurs de v6rit6. Cette fonction associe la valeur vraie a tout objet qui tombe sous le concept. On peut certes associer les notions de concept et d'objet a celles de general et de 59 On se reportera à Ordres... 60 «Concept et objet», 1892, in Ecrits logiqueset philosophiques,traduit au Seuil, Paris, 1971. 61 ibid., p. 133. 12 Ecrits ..., p. 90: «Un conceptest une fonctiondont la valeurest toujoursune valeur de vérité». 179 des criteres Dans un article ou il discute pr6cis6ment particulier63. de distinction entre ces deux dernieres notions, Strawson articule celle d'occurrence. Les choses g6n6rales, dit-il, cette difference a des occurrences avoir differentes, localis6es en des endroits peuvent alors que les choses particulieres ne pas en differents, peuvent avoir 64 . Si ragulun dans 1' interpretation sp6cifique, celle de ragulun, a referent un du monde bien il va pas n'en determine, pour objet totalement de meme de l'interpr6tation de l'ind6fini en b: une d'etre quelle entit6 ayant la propriete pomme renvoie a n'importe est le referent vise une pomme. Ce n'est pas cette propriete qui mais c'est elle qui determine la singularite de sa reference. Enfin, bagarun, dans 1'exemple 10, a pour referent un concept, une propri6t6. 1'ensemble de cette discussion N6anmoins, porte sur les r6f6rents. Strawson, en effet, parle des occurrences en tant qu'objets du monde65. De meme, pour Frege, les concepts, on vient de le voir, sont des ,d6notations,,. Or les interpretations que nous d6crivons relevent du linguistique. I1 nous faut donc affiner les outils conceptuels dont nous disposons pour les cerner, pour ce qui est, en particulier, de la troisieme. de quoi l'on a besoin pour cerner On voit bien, intuitivement, le sens associ6 aux syntagmes nominaux dans ce cas. On a, en fait, besoin d'un concept, d'un nom pour une interpretation qui a rapa du sens de toute autre determination. lexical, port d6pourvu Nous l 'avons appelé «sens» ou notion, Ie rapprochant du concept de reference virtuelle. L'acception dans laquelle nous prenons le terme de «sens» est cclle de Frege. On connait la distinction de Frege entre sens et denotation. Frege definit le sens d'un signe comme le «mode 63 On ne peut faire coïncider les paires concept/objet, général/ particulier. Si «particulier» coïncide assez bien avec objet, il n'en est pas de même du général qui peut désigner tout autant le concept que ce à quoi renvoie l'interprétation générique. C'est bien ce dernier sens de général qu'il faut retenir pour le référent des noms massifs sur lesquels raisonne Strawson: l'eau, l'or, etc. Ceux-là, comme le précise Strawson, quoiqu'étant des noms de choses générales, ne sont ni des propriétés, ne des qualités, ni des relations (p. 39-40). 64 «Particulier et général» in Etudesde logiqueet de linguistique,cité dans sa traduction au Seuil, 1971. 65 On reviendra, par exemple, à ce passage: «...des expressions substantivales désignantde façon définie des occurrences particulières...» p. 51, ibid. 180 de donation de 1'objet»66 (Ecrits..., assimiler p. 103). Faut-il notre usage de «notion» au «sens» dans l'acception freg6enne? Estce bien le sens, entendu dans 1' acception fregeenne, qui opere en tant que pr6dicat, c'est-a-dire en tant qu'entit6 ayant linguistique une relation, un concept? Ne faut-il pas entre ces pour denotation concepts de «sens» ou de «notion» et celui de ,pr6dicat,, laisser quelque marge suppl6mentaire? 11 semble bien qu'il faille, en effet, laisser cette marge. Pour 1'heure, il nous suffira de poser a partir de 1'exemple 20 que la relanon suffisante. En tion entre pr6dicat et notion est necessaire, d'autres termes, pour qu'une unite lexicale fonctionne comme preil dicat, il faut que son sens se r6duise a son contenu notionnel; toute lexicale dont le n'est pas d6montr6, unite n6anmoins, que fonctionne comme pr6dicat. sens se r6duit au contenu notionnel L'emploi que nous faisons du concept de notion est, d'autre part, assez voisin de celui que pose A. Culioli dans ses travaux. Dans un article consacre pr6cis6ment au concept de notions', Culioli pose la necessite de penser le sens lexical comme susceptible de subir des et des deformations, et non comme sens r6pertori6 et derivations d6finitivement les etudes lexifig6, ainsi que le pensent d'ordinaire a partir La notion est le sens qui se laisse apprehender cologiques. «d'un ensemble que l'on peut exprimer, par exemple, par «lire, lecetc.,, Deux points la rapprochent ture, livre, lecteur, bibliotheque, de ce qui nous a concerne tout le long de ce travail: elle a des affinites avec le concept de pr6dicat: «Seule une relation predicative non satur6e permet d' apprehender le domaine notionnel». Elle manque «Elle se pr6sente de determination dit d'abord, quantitative: un non avec ensemble de Culioli, quantifiables». propri6t6s Dire toutefois, ainsi que nous 1'avons fait plus haut, que la notion a rapport au sens lexical n'est pas suffisamment precis. Car il semble bien que le sens lexical, en arabe, est compose : il est la r6sultante du «sens» d'un sch?me 68 et de celui d'une racine. Qu'est-ce Le sens du scheme et celui de la racine ou seulequi est op6rateur? la racine qui est requis ment le second? Est-ce ce sens sous-jacent à 1' unite lexicale fonctionne comme pour que op6rateur requ6rant 66 La définition est valide, uniquement, pour ce qui est des objets du monde, à l'exclusion des concepts et des relations. 67 «Sur le concept de notion», Bulag, n° 8, 1981. 68 On se reportera à «Prédicats,figures... pour quelques observations sur ce que nous entendons par «sens» d'un schème. 181 d'etre satur6? Par exemple k,t,b? Si cette solution est retenue, c'est, en somme, cc qui constitue la litt6ralit6 des mots, leur materialite en tant que squelette consonantique Nous qui serait operateur69. laisserons ces questions ouvertes, pour 1'heure. En s o m m c, une unite lexicale nominale employee comme pr6dicat a sa reference qui se determine exclusivement a partir de son La presence de [n] n'est associ6e, dans ce cas, a sens notionnel'°. ni a quelque d6termide classe d'occurrences, aucune contruction nation quantitative. L'unit6 lexicale fonctionne alors comme pr6dicat qui s6lectionne un argument indirect, 6tant admis 1'hypothese la selection d'une tete predicative mentionne touque argumentale indirect, et ce a partir de l'id6e qu'un prejours un trait argumental dicat est une expression insaturce qui vaut d'un sujet. Dans des conditions syntaxiques d6termin6es (presence d'un marqueur negala sequence donne lieu a un 6nonc6 assertif fini. tif ou interrogatif), C'est le cas de 10. En somme, a partir d'une analyse des valeurs du nom associ6es au marqueur [n], on aura pose, dans cette discussion, 1'hypothese suivante: 26 Une unite lexicale, meme exclusivement nominalc, peut fonctionner comme pr6dicat s6lectionnant un argument indirect si son sens se r6dult a son contenu notionnel, sa reference n'6tant point des lors un objet mais une propriete. Reste a savoir si cette hypothese faits syntaxiques dans la langue. s6mantique est corr6l6e a des 4. Retour a 1',,accord pauare·? d'une classe d'occurrences est Supposons que la construction 6troitement corr6l6e dans la langue a l'option nombre, et, de maniere a 1'existence de traits grammaticaux dans la g6n6rale, matrice associ6e a une expression nominale. Si un nom est associ6 69 S. de Voguë, 1985, développe une interprétation du concept de notion où précisément c'est cette littéralité qui compte: «C'est donc bien à la matérialité des termes que le concept de notion, tel du moins que nous l'entendons, s'attache» I, 313. «...Une notion est sous-jacente à un terme ou plutôt à sa racine lexicale, alors que le sens s'applique à toute unité linguistique, de la racine à la proposition. On peut dire: la notion d'une racine en définit le sens» I, 313-14. 70 Dans l'article intitulé «Particulier et général» (1953, 65), Strawson définit la deuxième notion en ces termes: «... Avec les choses générales, le sens suffit pour déterminer la référence...» 182 a une classe d'occurrences et est susceptible donc d'une reference actuelle, il porte, dans sa matrice, un ensemble de traits grammatiil n'a qu'une r6f6caux. S'il ne porte que ces traits grammaticaux, C'est le prorence actuelle; il n'est, en somme, qu'une occurrence. associ6s a sa matrice, nom. S'il n'a point de traits grammaticaux il se r6duit a son contenu notionnel. 11 peut fonctionner comme operateur lexical. Or il semble bien que la langue confirme de telles conjectures d'une unite lexicale semth6oriques. predicative L'interpr6tation en dans une V 6troitement corr6l6e ble, effet, langue -N "S a l'option «accord pauvre». Consid6rons de plus pres celui-ci. Nous 1'avons d6ja dit, dans toutes ses formes, tant nominales que verbad'un trait: celui du nombre. C'est les, il se definit par l'absence le redoublement de celui-ci la sur flexion uniquement qui produit une sequence incorrecte. Or cette observation concorde bien avec 1'analyse que nous avons faite du segment flexionnel [n] dans sa derniere valeur. Si 26 d'une unite lexiest correct, il est fondamental pour l'interpr6tation cale comme pr6dicat, que ne s'ajoute pas a son contenu notionnel un trait de nombre: celui-ci montrerait, en effet, sans ambiguite, en termes d'occurrences indivique 1'unite lexicale est interpr6table duelles de quelque chose de Nous reprenons la la terminologie de Strawson 1953. Selon cet auteur, en effet, l'id6e d'une occurrence individuelle de O implique, notamment, que nous sommes capables de distinguer cette occurrence d'autres occurrences de 0. Le trait de nombre dans la langue presuppose que la possibilit6 de distinction est d6ja r6alis6e. On peut penser le processus, du point de vue formel, comme celui de la determination. Tout trait de nombre doit avoir un element quelconque, vide ou lexical, dans sa port6e auquel il confere une interpretation donnee. Dans une expression nomiquantitative nale ordinaire, le trait de nombre a le contenu notionnel de 71 Certes, le pluriel pourrait toujours exprimer les occurrences de procès. En français, par exemple, le pluriel d'une nominalisation a quelque peine à exprimer les occurrences de procès. ii se prête bien plus à un sens résultatif qu'à un sens processif de la nominalisation: i. la destructionde la villepar Néron ii. Lesdestructionsde la villepar Néron. Une nominalisation au pluriel en arabe a une valeur exclusivement nominale (résultative) et ne peut, en aucun cas, gouverner un objet à l'accusatif. 183 1'expression nominale dans sa port6e. Les tetes pr6dicatives ont ceci de sp6cifique que le trait de nombre de l'accord qu'elles portent peut avoir deux elements dans sa port6e, dans une langue ou la soit la cat6gorie position sujet est interne au syntagme pr6dicatif: vide en position sujet, soit le contenu notionnel de la tete pr6dicative. la lumiere de cette analyse, les configurations 3 a Reprenons, ? et b, dans le cas ou XO est une tete predicative c'est-Anominale, dire dans le cas des exemples pr6sent6s sous 2 et repris en 27 cidessous : 3 27 * a XO - Agrl - N" lcxical b Xn - AgrO - N" lexical a Zaydun cärifunabawä-hu 1-habara Z-nom sachant (sing.) freres (duel)-lui la nouvelle Z a ses deux fr?res qui savent la nouvelle * b Zaydun cärifäni 'ahawd-hu 1-habara Z-nom sachant (duel) fr?res (duel)-lui la nouvelle En 27 a, seul le N " lexical porte un trait de nombre. La tete partiexclusivement en tant cipiale, n'en portant point, est interpretee notionnel. Elle peut fonctionner comme pr6dicat, que contenu de la position qui suit la tete selon 1'hypothese 26. L'identification comme position sujet, c'est-a-dire comme projection de la place de le trait de indirect, est possible. En 27 b, en revanche, l'argument ne peut etre interprete comme nombre port6 par la tete participiale se rapportant au contenu lexical realise en position sujet (frères). En effet, ce dernier porte d6jA un trait de nombre et il n'y a point de chaine syntaxique dont deux elements sont «lexicaux»; des lors, le trait de nombre sur la tete participiale ne peut etre interprete qu'en rapport avec le contenu notionnel du participe. 11 quantifie ce contenu notionnel, impliquant la construction d'une classe d'occurrences et une determination Le quantitative. participe est, en cons6en termes d'occurrences individuelles: ca-rifdni quence, interprete signifiera, en 27 b, deux (hommes) qui savent. Il ne peut ?tre interpr6t6 comme pr6dicat tel qu'en 27 a, c'est-A-dire signifier sachant. L'idencomme projectification de la position qui suit la forme participiale indirect est impossible. 27 b est incorrect car a tion de l'argument La 1'unite lexicalefrères ne peut etre assign6 aucun role th6matique. Le meme raisonnement contrevient au 8-critère. configuration vaut pour la projection de 1'argument direct. En somme, les NP qui 184 suivent la tete sont ininterpr6tables. La «fonction coh6sive,, dans cette sequence, dirait Benv6niste, n'est pas assur6e. se fonde sur un principe d'univocit6 pr6c6dente L'analyse 6noncera comme suit: s6mantique qu'on 28 Principe d'univocité Un element de contenu a ne peut, a la fois, etre interpr6t6 comme pr6dicat et comme argument dans Ie meme domaine. ne soit pas triviale, qu'un On supposera ici, quoique l'hypothese element interprete en termes d'occurrences individuelles est un admet implicitement une Cela pose, toute grammaire argument'2. et version de 28 afin d'empecher qu'un element soit op6rateur dans le meme domaine. Cette derniere restreint precision argument le domaine d'application du principe. Un meme element peut, en etre dans sa distribution externe et op6rateur lexieffet, argument a du l'int6rieur A vrai dire, il n'y cal, sinon pr6dicat, syntagme'3. a guere de coincidence entre 1'emploi d'un element syntaxique C'est la projeccomme pr6dicat et son emploi comme argument. tion de la tete qui est argument, non la tete lexicale elle-meme. On bonne de est un de formation relevant 28 principe supposera que la forme logique. en revanche, Consid6rons, 1'exemple 29: 29 'al-waladdnz' ddrz*bdnl' Zaydan les deux enfants-nom frappant-nom-duel Z-acc Les deux enfants frappent Z. Le pr6dicat en 29 est a analyser en S-structure comme contenant une position sujet interne'4. Cette position est vide; le trait de nombre est uniquement sur la realise, avec les autres traits d'accord, tete predicative. sont envisageables: 1 il a pour Deux hypotheses port6e le contenu notionnel de la tete auquel cas celle-ci est interet la phrase est ininterpr6table pr6table en termes d'occurrences pour les memes raisons que 27 b. 2° il a pour port6e la cat6gorie vide en position sujet; celle-ci, acqu6rant une interpretation specifide genre et de nombre, est que du fait des traits grammaticaux est en comme 29 ceci important analysable pro. L'exemple qu'il 72 Cette hypothèse sera, en fait, précisée et modifiée au vu des tours de la phrase nominale. 73 Sur la distinction que nous faisons entre opérateur lexical et prédicat, on se reportera à «Prédicats,figures...». 74 Voir pour des détails «Prédicats,figures...». 185 montre qu'il n'est pas requis de la tete predicative de ne pas porter de trait de nombre; il est uniquement requis que ce trait de nombre le contenu notionnel de la ne soit pas interprete comme quantifiant tete. On peut donc poser un corollaire a l'hypothese 26: 30 Un element lexical a est interprete comme un op6rateur lexical si le trait de nombre de la flexion, qu'il porte n'a pas pour port6e son propre contenu notionnel. Dans le paragraphe qui suit, on 6claircra quelques consequences de l'hypothese 30. avantageuses avant de clore ce chapitre, que le marObservons, n6anmoins, queur dit de genre sur les noms participe de ce processus d'interEn effet, ce qui pretation de 1'unite lexicale en tant qu'occurrence. est designe comme marqueur de genre (sur le verbe et le nom) est, a marquer et ne sert pas uniquement pour le moins, polys6mique le genre. Ainsi le [at] sur les noms sert, dans certains de ses usages, des occurrences individuelles. a distinguer Ainsi, en ajoutant un le nom d'une Soit à nom on obtient occurrence. un d'espèce, [at] pour exemples: tamr-u-n (datte, collcctio / tamr-at-un (une datte ); tuffzi§-u-n (pomme, collectif 7 / tuffah-at-un (une pomme). Les noms ainsi obtenus sont connus, dans la tradition grammaticale, par cette confirme notre «noms designation qui propos: (asma-)u 1On verra plus bas un phénomène similaire dans les déverentre le n6anmoins la difference fondamentale baux. Remarquons disle trait de nombre: dit de et puisse pour qu'il marqueur genre occurrence le de une individuelle, marqueur genre suppose tinguer la classe d'occurrences: un nom d'espece pr6supd6jA construite cette classe. Par conpour son interpretation, pose n6cessairement, de nombre fait une distinction plus primitive, plus tre, le marqueur initiale: entre 1'interpretation du nom en tant que pur contenu en tant qu'occurrence. notionnel et son interpretation 5. Consiquences de lanalyse 5.1. Les pluriels des noms 30 est confort6e, de maniere ind6pendante, L'hypothese par la des pluriels du nom dans la langue. On sait qu'en grammaire il existe deux arabe, ainsi que dans d'autres langues s6mitiques, de du nom: les externes et les types pluriels pluriels pluriels bris6s, dits aussi internes. Le trait de nombre, dans les premiers, est suf- 186 fixal ; les pluriels bris6s sont formes sur un scheme different de celui du singulier; dans la mesure ou le scheme du mot singulier se modifie, ce type de pluriel est dit brisé 75 ou interne. Une meme unite lexicale peut avoir plusieurs pluriels mais toute unite lexicale nominale n'a pas n6cessairement deux pluriels: l'un bris6, l'autrc de l'arabe devra donc 6tablir les principes externc. Une grammaire la formation de ces pluriels. Les analyg6n6raux qui commandent ses pr6c6dentes sont susceptibles d'en 6claircr certains aspects, traiter la en tous sans, certes, aucunement question pr6tendre points. 11 existe une similitude entre les marqueurs au nominatif du trait de nombre quand celui-ci est suflixal (au duel et dans les pluriels externes) et le trait de nombre port6 par la flexion verbale 76: ils sont, tous deux, suffixaux; ils sont 6pel6s par les memes marqueurs. Nous avons signale ailleurs cette similitude 77 presentee comme un argument en faveur de 1'analyse des traits d'accord sur la tete verEn bale en tant qu'element pronominal 6pelant le Cas nominatif. effct, on retrouve dans les deux formes verbales, celle de l'accompli et dans les noms au nominatif quand le trait et celle de 1'inaccompli, de nombre est suffixal, le paradigme suivant: des flexions Dans la mesure o6 lc comportement syntaxique nominale et verbale, tel que statue en 30 et dans toute la discussion quand l'unit6 lexicale nominale a un qui a precede, est identique ce que cette similitude syntaxiemploi pr6dicatif, 1'on s'attendrait a une nommement se traduise similitude que par morphologique, en tant tete d'une unite lexicale que predicative qu'a 1'emploi Ie cas, le pluriel suffixal. C'est effectivement nominale corresponde 75 Voir, II, 190 sq. pour la définition de ce type de par exemple, ¸Astarab฀d฀ pluriels. 76 La similitude morphologique des marqueurs est notée dans la grammaire de Blachère et Gaudefroy-Demombynes, 119, sans que, pour autant, elle ne soit associée à un fonctionnement sémantico-syntaxique des catégories: «Il semble d'ailleurs qu'en arabe, la désinence ฀nasoit surtout l'indice du pluriel masculin dans les verbes et dans les participes et que son emploi dans les noms soit secondaire». 77 Voir Ayoub 1980 et 1981. 187 pour la plus grande partic des donn6es. Le pluriel externe n'est pas nous I'avons dit, dans chacun des schemes nominaux. disponible, I1 cst, en revanche, tout a fait r6gulier dans les formes participiales. Son emploi dans les formes adjectivales est egalement massif'18. Par ailleurs, quoiquc les pluriels externes puissent correspondre 6galement a l'interpr6tation en tcrmes d'occurrences de la forme participiale, ainsi dans 1'exemple 32 ci-dessous: 32 gä)a kdtl*biir-risälati est vcnu ayant 6crit -norn (plur, masc) la lettre-g6n Ccux qui ont 6crit la lettre sont venus. le cas general dans la languc est 1'existence de pluriels bris6s pour les formes participiales et adjectivales quand celles-ci ont une interon comparera 32 et pr6tation ,Iexicalls6e,, en termes d'occurrences; 33 dans lesquels la meme unite lexicale katib a un pluriel externe kitibli et un pluriel bris6 kuttab: 33 1-kuttdbu cst vcnu les ecrivains-nom Les 6crivains sont venus Pour expliquer ccs donn6es, on peut faire l'hypothese qu'il existe a kitib, l'une signifiant ecrideux entrees lexicales correspondant a vain dont le pluriel est bris6 (Voir 33), 1'autre correspondant a un en termes et, subsidiairement, emploi 1'emplol pr6dicatif dont le pluriel est externe (Voir 32 pour le second d'occurrences, emploi et pour 1'emploi pr6dicatif 34 )al- culamä)ukätibiina r-risalala les savants-nom ecrivant-nom-plur la lettre-acc Les savants 6crivent la lettre a une stipulation, Cette hypothese reviendrait sans plus, notant assodans le lexique une difference de fonctionnement grammatical ciee a une diff6rence d'interpr6tation. 9 L'hypothese permet une 6clairante du approche plus ph6nom?ne. I1 y a uniquement, entre 32, 34, d'une part, et 33 pensons-nous, d'autre une difference d'interpr6tation part, qui est a comparer avec celle existant en francals entre 35 a et 35 b. 78 De fait, cet emploi obéit à une contrainte concernant le marqueur du trait de genre. Les traités de grammaire, dans la tradition arabe, ont établi la généralisation descriptive suivante: seules les formes de l'adjectif dont le marqueur du trait de genre féminin est [at] ont un pluriel externe. Nous retrouvons là la question du trait de genre que nous avons choisi de ne pas aborder dans ce travail. 188 35 a une lettre b J'écris Milner 1986 duquel ces exemples sont emprunt6s, propose une de la difference et 35 b l'on entre 35 a analyse que peut étendre aux nous Dans le cas de 32 et 34, exactement exemples qui occupent. cas il comme dans le de 35 a, existe une lecture 6v6nementielle de kdtib li6e a un instant precis et a un argument precis (la En revanche, du pluriel de kitib en 33 est a mettre 1' interpretation en rapport avec 35 b et est a analyser dans les memes termes: elle implique un parcours sur la classe des instants (ou la construction d'un instant g6n6rique) et sur la classe des arguments. Au fond, un katib (un 6crivain) est celui qui, 6crivant ou n'6crivant pas et quoi ne aucun 1'ecriture. écrive, instant, qu'il quitte, ? Cette difference d'interpr6tation est tres exactement ce que predit 1'hypothese 9. En effet, dans la mesure ou katib en 33 n'est pas dans un emploi pr6dicatif, ses arguments ne se r6alisent pas en en termes de parcours sur 1'argusyntaxe. De la 1'interpretation ment direct puisque le role th6matique est disponible dans 1'entree lexicale sans qu'il n'ait de realisation syntaxique. En revanche, en est se en de kitib direct realise 34, 1'emploi pr6dicatif; 1'argument l'accusatif et la lecsyntaxe et est gouvern6 par la tete predicative a ture est 6v6nementielle. 32 realise une situation interm6diaire ou le nominal est en termes d'occurrences mais ou syntagme interprete le deverbal garde, neanmoins, 6tant lie une lecture evenementielle, a un argument precis (la lettre). Notons, enfin, qu'en 32, 1'argument direct de kdtl*b se realise au g6nitif, non a I'accusatif; on reviendra ailleurs sur cette donn6c. En somme, les deux hypotheses 9 et 30 permettent d'expliquer deux comportements differents des formes participiales syntaxiques et la distribution des pluriels en relation avec ces comportements, sans qu'on ne soit contraint de stipuler, a chaque fois, deux entrees lexicales pour la meme forme participiale et sans recourir a quelque de 9 et 30 une difference nature cat6gorielle. hypothese stipulant la des font la prediction suivante, pluriels: quant ? grammaire 79 Selon Cohen 1984, le participe, dans son emploi prédicatif, nomme le procès concomitant. En conséquence, en 34 où l'instance d'énonciation est celle du discours, l'instant précis dont il s'agit ne peut être que le présent. Par contre, en 32, la forme participiale ne peut que désigner un parfait, dans la mesure où elle a une interprétation en termes d'occurrences et un emploi argumental. Dans les deux cas néanmoins, la lecture de k฀tib est liée à un instant précis et un argument précis. 189 36 Si une unit6 lexicale a dispose de deux pluriels, l'un externe, I'autre bris6, c'est le pluriel externe qui est employé si l'emploi de a est prédicatif, ou bien si a, tout en ayant un emploi argumental, realise l'un de ses arguments en syntaxe. Cette prediction est confirmee, comme le montre le caractere tres 33 repris ici en 37 c: douteux des exemples 37a et b, compare a 37 *a a t- tulldbukutwbun r-rÙälata les enfants 6crivant-iiom (plur. bris6) la lettre-acc. ?*b kuttdbu r-risälati est venu les 6crivains-nom (plur. bris6) (de) la lettre-gen 8° c l-kuttabu est venu les ecrivains-nom Les 6crivains sont venus fondamentales de cette analyse, que nous Une des consequences est le caractere erronn6 de toute ne poursuivrons ici, pas davantage lexicalis6e des du nom, en intrinsequement pluriels approche arabe. L'unite lexicale n'a pas plusieurs pluriels, correspondant a plusieurs entrees lexicales. Ce sont ses emplois eventuellement syntaxiques qui decident, pour une grande part, de la maniere dont se forme son pluriel $' . 5.2. Le diminutif au contenu notionnel qui articule l'emploi pr6dicatif au de maniere une tete participiale simple, pourquoi un ne peut fonctionner comme pr6dicat et s6lectionner indirect. L'exemple 38 a est ininterpr6table; on le comargument avec 38 b: parera L'analyse explique, diminutif 38 *a Zaydun sute?ay?irunbi-l-huzni Z. diminutif-de-ressentant de la tristesse b Zaydun suze?ay?irun Z. est un rimailleur 80 Ibn Ya฀฀š VI, 74, rapporte certains exemples de formes participiales assignant l'accusatif, bien qu'elles soient au pluriel brisé. Il en souligne toutefois le caractère marginal, même dans la langue classique. Le pluriel externe, dit-il, est préférentiel (¸awl฀), quand la forme participiale gouverne un argument à l'accusatif. 81 Ces assertions doivent être précisées et nuancées, notamment pour ce qui est de «la part» à octroyer à l'emploi syntaxique. Nous laisserons cela pour un travail ultérieur. 190 En effet, le diminutif que 1'unite soit implique n6cessairement un nom d'occurrence, entendue comme ainsi que le montre fonctionner comme 1'exemple 38 b. Elle ne peut, en consequence, c'est une tete predicative et gouverner un argument prepositionnel; le cas de 38 a. C'est d'ailleurs la la raison de l'ininterpr6tabilit6 avec toutes les tetes susceptibles de gouverner des arguments directs et de leur assigner le Cas accusatif. Ainsi le masdar ne peut gouverner un argument direct et lui asssigner le Cas s'il est au diminutif ou s'il est entendu comme un «nom de fois», c'est-a dire pr6cis6ment un nom d'occurrence, ainsi darb-at-un (un coup) par rapport a darb-u-n (le fait de frapper). On se souvient que la langue dispose du meme proc6d6 pour les noms primitifs qui se divisent ainsi en noms d'especes (baqar-u-n / tamr-u-n / tuffah-u-n) et noms d'unit6s / / tuffah-at-un). tamr-at-un (baqar-at-un 11 en est de meme quand la tete participiale est modifi6e par un plus comme pr6dicat, la modification adjectif. Elle ne fonctionne adjectivale 6tant une determination qualitative de 1'unite qui implila d'une classe et le choix d'une construction d'occurrences que on de 39 a avec le sens occurrence; comparera l'ininterpr6tabilit6 de 39 b. 39 *a Z, Z. b Z, Z. kätibun kabfrun r-risälata 6crivant-ind6f-nom grand-nom la lettre-acc kätibun kabfrun est un grand 6criivain dont celles reglant 1'emploi argumental consequences, et pr6dicatif de 1'unite lexicale, ne seront pas explor6es ici. Au vu de l'ensemble de ces faits, il est indeniable que notre hypodu trait de nombre en recourant these qui regle le fonctionnement a une analyse en termes de notion et d'occurrences, a quelque valeur explicative: elle permet, en effet, de lier une s6rie de faits de Cette analyse a, en outre, des conlangue, d'apparence erratique. s6quences sur la question qui nous pr6occupe: elle eclaire, en effet, la question de la valeur abstraite du marqueur [n] dans ses différents contextes. C'est la ce qu'on montrera dans le paragraphe qui suit. D'autres 6. La question du tanwin (II) concernant la distribution Une generalisation descriptive a ete 6tablie, dans la premiere partie. Rappelons-la: de [n] 191 24 La presence de [n] est li6e ? I'absence d'une procedure de determination extrinseque. Quelle hypothese abstraite peut 6clairer, d'une part, cette g6n6ralisation descriptive et d'autre part la distribution de [n] syntaxique a reste et ci-dessous telle qui toujours expliquer qu'on reprendra qu'elle est sch6matis6e en 13: 13 a* N-n N" gen b* al-N-n On s'en souvient, dans la mesure ou [n] n'est pas le marqueur de 1' article sa distribution avec le marcompl6mentaire telle en 13 du b, reste a explique representee queur trait [ + défini], D'autre aucune satisfaisante n'6claire quer. part, hypothese de la configuration 13 a. 1' agrammaticalite En fait, un troisieme trait du fonctionnement de [n] est fondamental. I1 a ete mentionne les noms haut dits plus que diptotes dans la tradition ne peuvent porter le suffixe [n], quel que orientaliste soit leur contexte syntaxique. Or ces noms se forment, dans leur sur des schemes bien determines majorite, morphologiques grande des categories nominales. Dans la mesure ou ce troisieme trait n'est il semble de contextes déterminés 82, pas dependant syntaxiques la construca une hypothese concernant plausible de le rapporter tion des categories On posera, sans le justifier grammaticales. sont construites à ici, que les categories grammaticales davantage d'un ensemble de modules leur construction distincts, partir implides propri6t6s morphologiques, quant, en particulier, syntaxiques, etc. L'impossibilit6 de suffixer [n] a certains schemes s6mantiques, nominaux suivante: suggere 1'hypothese 40 Le suffixe [n] est le marqueur d'un statut nominal non marque. 40 a besoin d'etre precisee en plusieurs de ses L'hypothese elle une th6orie de la dans la construction points: implique marque des categories grammaticales, fond6e sur les propriet6s de ces cat6dans ce travail. gories, que nous ne poursuivrons pas davantage toutefois, un fait empirique qui semble confirmer que Indiquons, c'est bien une th6orle de la marque qui est en jeu pour ces schemes. On 1'a dit, les schemes qui ne portent pas le suffixe [n] ne peuvent 82 L'occurrence de [n] dans les noms propres diptotes ou indéclinables est, on l'a vu, liée à une interprétation sémantique du nom propre, non à son contexte syntaxique. 192 En 1'absence d'une etre declines aux trois Cas morphologiques. ils porou de determination morphologique syntaxique, procedure le le Cas nominatif et deux Cas morphologiques: tent uniquement Cas accusatif; ce dernier est port6 dans toutes les configurations de gouvernement structurales par une tete lexicale: V, N, P et A. En somme, il y aurait deux Cas pour ces noms: celui du nonle nominatif; celui du gouvernement par une tete gouvernement : le genitif qui ne lexicale: 1'accusatif. Le fait que ce soit pr6cis6ment peut etre port6 par les noms diptotes, c'est-a dire par les noms ne portant pas [n], et ce en l'absence de [I] ou du g6nitif adnominal, rappelle, encore une fois, les faits 13 a et b et montre que 1' absence de [n], qu'elle releve d'un contexte ou qu'elle soit non-contextuelle, est d6termin6e par les memes criteres. Nous y reviendrons. 40 a besoin d'etre pr6cis6c d'une autre mani?re: L'hypothese exactement la notion de statut nominal? Dans un cadre que signifie de la th6orle X' et o6 l'identit6 categorie th6orique qui dispose de traits (a N, fi V], d'une tete lexicale implique une combinaison exactement au trait je supposerai que le statut nominal correspond [ + N], ou hypothese plus forte, non seulement a la valeur positive du trait N mais 6galemcnt a la valeur negative du trait V. Je supposerai 6galement, pour donner a cette hypothese une port6e, qu'aux des propri6t6s pr6cises dans chaque traits N et V correspondent la plus forte ou module de la grammaire. L'hypothese composante non aborpr6dit que, compte tenu des propri6t6s morphologiques d6es ici, ce sont les categories [ + N, + V] qui risquent d'etre diptotes, parce que d6jh marquees par la valeur positive de V. C'est tres entre les exactement le cas $3. Je ne trancherai pas, n6anmoins, deux hypotheses et me tiendrai ici a 1'hypothese minimale. 40 se r66crit donc en 41: +1 Le suffixe [n] est le marqueur du trait [ + N], si dans toutes les composantes de la grammaire, la categorie nominale n'est pas marquee. 83 Il va de soi que je ne me propose pas ici de construire une théorie des diptotes mais d'en éclairer les aspects qui se fondent sur les thèses développées dans ce travail. Une théorie des diptotes devrait tenir compte de plusieurs facteurs dont, en particulier, le statut référentiel des noms. C'est ce que suggère le fait que certains types de noms propres soient diptotes et le fait que seuls parmi les catégories [ + N, + V], certains schèmes des modifieurs adjectivaux ou participiaux le soient. Les masdar, par exemple, ne le sont jamais. On se reportera, pour quelques suggestions, à la conclusion de cette étude. 193 41, dans sa forme actuelle, pr6dit incorrectement L'hypothese que les contextes 13 a et b sont 16gitimes. 11 semble bien, toutefois, que ces contextes impliquent egalement le trait [ + N]. Cela impose 41 et de la pr6ciser. de modifier l'hypothese 6.1. Le determinant logique 1985, defendant la these que les roles th6matiques Higginbotham besoin de recevoir une realisation n'ont pas n6cessairement arguon I'a vu, à mentale en syntaxe, these que nous avons soutenue, cause du fonctionnement des d6verbaux en arabe litteraire, suggere telles que dog par exemple dans the que meme les tetes nominales, d'une ouverte» dans leur grille th6matique. «place dog, disposent Cette place, qui n'est pas a confondre avec une position syntaxique du fonctionnement d'une car elle releve uniquement logique leur permet de d6noter «each of the various nominale, expression a et besoin d'etre li6e dans the dog par 1'article the. Ce procesdogs» le role th6matique inclus dans sus de liage permet de ,d6charger,, En la grille de 1'entr6e lexicale dog et est appel6 liage th6matique. d'autres termes, c'est le liage qui permet £ dog de devenir une expression r6f6rentielle qui requiert un role th6matique. a l'analyse de HigginOn peut ainsi presenter l'id6e sous-jacente botham : l'hypothese d'une place ouverte saturable permet a dog de individuelles de quelque chose de g6n6renvoyer a des occurrences ral. Il s'agit donc la d'une proposition formelle qui pourrait repretout le long de ce senter une idee th6orique qui nous a preoccupee travail. L'hypothese est, au vrai, d6jh pr6sente dans Higginbotham 1983. Elle s'inscrit dans 1'esprit de 1'analyse faite par les logiciens la reference du syntagme nominal. Ceux-ci, partant des quant ? modeles math6matiques, denotatives» les «periphrases analysent («referring phrases») en quantifieurs logiques et pr6dicats semblables aux autres expressions de 1'6nonc6. C'est la la pr6dicatives these de Frege, Russel, Quine. avance sur cette idee, qu'un S'appuyant Higginbotham insaturee, syntagme nominal a le statut logique d'une expression comme operasaturable par un determinant logique fonctionnant il existe donc un terme se teur. Dans toute expression nominale, comme la determinant et qualifiant representation logique logique associ6e a un groupe nominal n'est bien form6e que si elle a l'une des deux formes suivantes: 194 un element quantifieur ou Qu represente ou un syntagme quantifieur et ou Def represente un d6fini, corrcspondant a l'op6rateur a N determinant ou un " defini. syntaxique La distribution de 1'article defini sur la tete et du compl6mentaire des dans langues comme l'arabe, 1'hebreu ou le g6nitif adnominal, le meme role logique: ce gallois84, laisse penser qu'ils remplissent defini se realise dans la position g6ni1'operateur qui correspond a est la suivante illustr6e par 43: tive. La distribution 43 *a art. defini......gen *b b ar-ragulu l-bayti d'autres on distinguera entre le fonctionnement termes, des termes et leur valeur au niveau de la Forme logique syntaxique (FL"). Les propri6t6s syntaxiques d'un article defini et d'un g6nitif sont differentes. leur valeur au niveau de adnominal N6anmoins, et l'autre la Forme logique est similaire. L'une fonctionnent comme determinants On donc supposera logiques. qu'il existe une de a effet de donner unc deplacement qui pour representation regle de FL le g6nitif est dans la position vide du determinant ou dans une position adjointe au N" lui-meme. Le g6nitif, comme l'article d6fini, fonctionne comme un op6rateur par d6faut liant la variable contenue dans 1'expression nominale. 11 est als6 de voir que cette analyse peut etre 6tendue pour explinot6es en 13. Dans le cas d'un syntagme quer les distributions nominal muni d'un article defini, la variable est 116e en Forme logidefini qui se trouve dans le determinant. C'est que par l'op6rateur le cas de ar-ragulu. 11 est als6 de d6duirc que la distribution compl6mentaire de [/!] et de [I] d'une part, de [n] et de l'argument de la tete lexicale marqu6 pour le g6nitif d'autre part, vient du fait que qu'ils lient [77]et le g6nitif jouent le meme role que [I] , c'est-a-dire la variable dans 1'expression nominale. C'est le cas de 12 b ' et de en 13. Plus pr6cis6ment, le g6nitif et [n] 12 c' notes formellement le la en lui faisant lient, chacun, variable, premier acqu6rir sa valeur [a d6fini], le second en lui donnant une interpretation par En 84 On se reportera, à cet égard, à Rouveret, 1987 b. 85 La forme logique est un niveau de représentation où figurent certaines propriétés logiques des énoncés, notamment celles mettant en jeu des quantifieurs et des variables. 195 d6faut. De la s'explique qu'il n'y ait pas une seule valeur s6mantique 116e au suffixe [n]. Les configurations 13 sont exclues en Forme logique, la variable ce qui contrevient 6tant 116e deux au principe de y par op6rateurs, Celui-ci en doit lier une effet, qu'un op6rateur stipule, bijection. 11 variable et une seule. exclut la quantification a vide et les varialibres 86. bles syntaxiques D'autres faits confirment cette analyse. Il existe, soutient " tete nominale et entre une 1'ensemble des 1983, Higginbotham qui lui sont associ6s deux types de relations: c'est celle qui existe entre la 1-Une relation de determination : tete et le N possessif. c'est celle qui existe entre chacun 2-Une relation de modification: des N" obliques et le nom tete. Cette relation, exprimable par la facultative. conjonction logique, explique leur presence en arabe litt6raire est dans une On 1' a vu, le g6nitif adnominal avec la tete nominale, contrairement, relation de determination par la difference entre les relations a un N" Or, exemple, oblique. et un complement s6mantiques qui lient un g6nitif adnominal d'une difference de fonctionneoblique a leur tete s'accompagne ment syntaxique. Seuls les seconds permettent 1'affixation de [n] sur le nom tete : 44 a ki'tdbul-waladi *a'I kltdbun l-r?aladi livre-nom 1'enfant le livre de 1'enfant b kitäb-u-nfi l falsa, fati livre-nom-n dans la philosophie Un livre (traitant) de philosophie livre-nom-n l'enfant-gen * b'I ki'tdbufi l falsafati livre-nom dans la philosophie Ces faits confirment que seule la position genitive a le meme role compl6menlogique que le marqueur [n]. De la leur distribution N" dc avec un taire et l'occurrence oblique. conjointe [n] En somme, il existerait une distribution entre compl6mentaire et le car tous trois le rôle de d6terminant g6nitif jouent logi[1], [n] du fait du principe de bijecnominale, que et qu'une expression 86 Le principe de bijection a été proposé par Koopman et Sportiche, 1982, «Variables and the bijection principle», The linguisticReview, 2, 2, 139-160. Si la place ouverte associée à une expression nominale n'est pas toujours une variable syntaxique dans la mesure où elle n'occupe pas, dans tous les cas, une position A, l'application du principe de bijection doit être étendu dans la langue aux variables associées aux expressions nominales. 196 seul determinant Dire qu'il tion, ne peut avoir qu'un logique. la d'éviter difficulte d'un determinant que s'agit logique permet nous avons eue quand il s'est agi de la question de la valeur de tanwin dans le nom propre. Si l'on se réfère aux representations logique ci-dessus, [/!] joue tant6t le role d'un article ind6fini ou d'un c'est le cas de laqitu 'Ahmadan; tant6t [n] joue syntagme quantifieur: le role de I'article d6fini: c'est le cas de laqitu Zaydan; en d'autres termes, ce qui est essentiel a retenir dans sa valeur, c'est qu'il s'agit d'un op6rateur qui lie une variable. Elle acquiert, par defaut, une valeur s6mantique precise. 6.2. L'operateur lie une matrice de traits grammaticaux Mais quelle est la nature exacte de la place ouverte contenue dans nominale? On peut penser cette place ouverte comme l'expression associ6e sp6cifiquement au trait [ + N]. Etant donn6 les propri6t6s r6f6rentielles des syntagmes nominaux (ils referent de maniere priils sont en position de sujet logique, etc), vil6gi6e a des particuliers; on peut penser que le trait [ + N] fonctionne comme une variable besoin d'etre liee ou d'etre satur6e. Touun par quantifieur ayant dans un cadre de modules tefois, autonomes, th6orique qui dispose il est peu probable qu'une entit6 syntaxique, tel le trait [ + N], soit le primitif d'un module d'interpr6tation De maniere s6mantique. si nominale est dot6e l'on plus plausible, suppose qu'une expression d'une matrice 87 incluant un pr6dicat (qui exprime sa reference virde tuelle) et d'une matrice de traits grammaticaux (D (notamment la construction de sa reference genre et de nombre) n6cessaires ? fonctionnent actuelle, on posera que les traits grammaticaux <1> matrice une comme une variable. d'une associ6e ? L'hypothese nominale est minimale une formelle qui se hypothese expression la de reference des par l'analyse expressions justifie th6oriquement nominales et se fonde, empiriquement, sur l'analyse des faits d6veloppee ci-dessus. On remarquera qu'en posant que les traits C associ6s a une expression nominale fonctionnent comme une variable, une hypothese existant d6jA dans la nous ne faisons qu'6tendre concernant certaines vides categories lesquelles, grammaire form6es d'une matrice de traits sont exclusivement rappelons-le, grammaticaux. 87 La conception de la matrice associée à une expression nominale soutenue ici est assez voisine de celle défendue par Rouveret 1987 b. 197 il semble bien que cette hypothese, telle quelle, est N6anmoins, En effet, si elle explique le comportement des syntaginadequate. mes nominaux qui fonctionnent comme expressions r6f6rentielles et suppose, integrent dans leur matrice des traits de qui, avons-nous comme variable, elle a des diffinombre et de genre fonctionnant cult6s ? le fonctionnement des syntagmes nominaux expliquer En dans ce comme avons-nous soueffet, cas, employ6s pr6dicats. la tete le trait de nombre nominale a tenu, port6 par pour port6e la cat6gorle vide en position sujet. Or les faits sont, dans ce cas, les memes, tels que notes en 13. La question est, certes: exactement a usage attributif a-t-elle r6ellement nominale une expression besoin d'un determinant logique8$? Si tel n'6talt pas le cas, l'hypothese du determinant logique est ou insuffisante. On 1'a vu, les faits du tanwln sont simiinadequate laires avec les tetes pr6dicatives; on y observe, notamment, la disen not6e 13 a. tribution compl6mentaire D'autres faits de langue viennent confirmer cette conjecture. Ils la ont rapport a ou valeur du g6nitif quand la tete est participiale Le g6nitif adnominal n'a pas, dans tous ses usages, adjectivale. valeur de determinant logique: il existe de bonnes raisons de penser la valeur que defini] d'un nom tete n'est pas toujours d6termin6e son par complement g6nitif. Elle varie pour les participes et 1'adjectif selon leur position (argument ou pr6dicat) et selon leur interpr6tation : en termes d'occurrences ou de contenu notionnel89. 11 semla relation ble bien, en outre, que, dans une position predicative, entre un adjectif t?te et son complément g6nitif (subjectif) n'est nullement une relation de determination mais une relation de modification. N6anmoins, les faits restent les memes. Et on observe tou13 a. de la configuration jours 1'agrammaticalite 47. Ils infirment claireen les donn6es sous et Soit, effet, 45, 46 ment que le g6nitif adnominal fonctionne comme un toujours a determinant une port6e sur tout logique dont la valeur [a d6fini] le syntagme. Dans tous ces exemples, la tete participiale est soit soit ind6finle, bien que le complement ind6termin6e, g6nitif porte I'article d6fini. Notons-le l'occurrence de [n] avec le 6galement, dans tous ces est complement g6nitif exemples toujours agrammati88 On notera que Higginbotham exclut de son approche les gérondifs et les «nominaux mixtes» tels John's proving of the theorem. 89 On se reportera, à ce sujet, à «Prédicats,figures...». 198 clairement cale. Les tests 45, 46 et 47 montrent que le syntagme reste indetermine dont la tete est participiale quoique celle-ci ne le genitif adnominal porte I'article d6fini. puisse porter le [n] et que 1 - Le test de I'homog6n6it6 du determinant d'un nom et de son modifieur adjectival: 45 sadaqunbäsimu-l-lagri est venu un ami-nom souriant-nom la bouche-g6n Un ami souriant est venu 2 - Le test des pr6dicats ment ind6termin6s: 46 secondaires qui doivent etre n6cessaire- Zaydun bäsima l-lagri est venu Z-nom souriant-acc la bouche-gen Z est venu, souriant 3 - Le test du quantifieur kull (tout, chaque) qui, dans son sens distributif, ne peut etre suivi que d'un nom singulier indefini. Le participe et l' adjectif peuvent aussi, dans ce cas, suivre kull. On comparera 47 a et b: 47 a ra'aytu kulla 'tdlz'bz'n / * t-lalibi j'ai vu chaque-acc 6tudiant-g6n / * 1'etudiant-gen b 'uhibbu kulla bdsi'mz't-ta'ri j'aime tout-acc souriant-g6n la bouche-g6n J'aime toute personne souriante Signalons egalement 1'existence d'un autre test: l'usage de rubba, particule qui requiert comme element gouvern6 un nom indefini 9°. Ces donn6es s'6clairent si l'on fait 1'hypothese qu'il s'agit la d'une relation qui n'est pas une relation de determination. Si tel est le cas, la distribution du et de [n] compl6mentaire genitif adnominal n'est pas due au fait que celui-ci joue le role de determinant logides lors, 1'expliquer? que. Comment, 6.3. Le marqueur de reference du syntagme nominal La similitude des faits, quel que soit, par ailleurs, le rentiel du syntagme nominal, suggere que, exactement des 41, c'est le trait [+ N] qui est en jeu. Supposons, trait [ + N] visible dans les modules syntaxiques, est statut r6f6comme en lors, qu'au associ6e en 90 Sur la valeur de ces tests et l'analyse des exemples et des principes impliqués, on se reportera à «Prédicats,figures...». 199 forme logique, une place ouverte dans la matrice d'une expression un marnominale et que cette place ouverte est, tres exactement, de la reference du nominal aR. d'une syntagme L'hypothese queur la tete aux est marquee [ + N] telle place sp6cifique syntagmes dont comme se justifie dans la mesure ou ceux-ci peuvent fonctionner et comme alors ce n'est expressions r6f6rentielles, que pr6dicats pas le cas pour des syntagmes Cette place ayant une tete [ + V, -N]. ouverte fonctionne comme variable devant etre liee. Elle est li6e par de la reference 1'article defini [I] qui est n6cessaire a la construction actuelle du syntagme nominal. Elle est 116e par le complement g6niassoci6 au trait tif dans la mesure ou celui-ci est sp6cifiquement la construction de la valeur r6f6rentielle de la [ + N] et participe a tete nominale. Et, enfin, en l'absence de [1] et du g6nitif, elle est 116e par d6faut par [n]. Cette suffixation par d6faut de [n] explique la multitude des valeurs qui est associ6e a ce suffixe en forme logide que. La presence de [n] ne dit rien sur la valeur r6f6rentielle dit si en nominale. Elle ne pas, particulier, l'expression 1'expression Elle dit uniquement nominale a un usage referentiel ou attributif. Dans ce cas, le syntagme que celle-ci a une valeur r6f6rentielle. nominal peut etre interprete comme un particulier, plus pr6cis6ment comme un ind6fini sp6cifique (voir 12 a et a' et le cas du nom propre dans laqftu 'Ahmadan) ou un défini spécifique (tel le cas de comme un indéfini générique (voir Zaydun): il peut ?tre interprété il avoir Et un enfin, peut pr6dicatif ou sa reference se emploi 25). r6dult a son contenu notionnel (voir entre autres les syntagmes parde la suffixation par d6faut ticipiaux en 2 a et 29, etc.). L'hypothese pourquoi la presence du suffixe [n] permet egalement d'expliquer n'est pas n6cessaire a 1'interpretation predicative (voir 46 par ou a du nominal comme [1'interpretation syntagme exemple) les 23 En dans deux effet, d6fini] (Voir exemples cites, c'est b). la N lie variable de aR. On posera donc qui g6nitif l'argument 1'hypothese 48 qui modifie 41 et explique les faits que 41 se proposait d'expliquer: 48 Le suffixe [n] lie, en Forme logique, une variable associee au trait [ + N], dans le cas ou aucun autre lieur n'est disponible, et ce si, dans toutes les composantes de la grammaire, la cat6gorie portant le trait [ + N] n'est pas marquee. 48 rend compte de la distribution compl6mentaire L'hypothese not6e en 13. 13 a et b sont des configurations 1116gitimes en forme vertu en du de dans la mesure ou chalogique principe bijection, 200 cune contient deux op6rateurs ( [n] et Ic N " genitif en 13 a, [1] et [n] en 13 b) pour une seule variable. La regle de montee du determinant en formc logique explique la tete du la valcur que syntagme partage [outd6fini] de son compl6ment. Reste, certes, a expliquer l'occurrence conjointe du g6nitif ct de [I] avec une tete [ + N, + V] dans ad-ddrl'bu 'ahu-hu cAmran ou 'albien Dans ce cas, [1] est, pensons-nous, hafizu cawrata insere sous une tete fonctionnelle. Mais il s'agit de C 9', non de D. Le syntagme participial ou adjectival o6 [I] et le g6nitif sont associ6s est, en fait, une relative r6duite. On laissera cette question de cote ici. 48 permet egalement d'int6grer les faits relatifs a la L'hypothese valeur de determinant logique de [n] dans certains contcxtes, ainsi En effet, il que nous les avons discutes dans la section pr6c6dente. suffira d'ajouter que, quand 1'expression nominale a un usage r6f6rentiel, [n], en liant la variable associ6e au trait [ + N] a, par le fait meme, valeur de determinant logique. En d'autres termes, quand comme pr6dicat, le tanwi-n lie uniquela tete nominale fonctionne ment la variable associ6e au trait [ + N]. Cette variable n'etant pas associ6e a des traits grammaticaux, le tanwln marque précisément ou de la tete son insaturation, l'incompl6tude incompl6tude qui le trait dc nombre port6 6venimplique une position syntaxique: tuellement par 1'unite lexicale, a une port6e qui n'est pas celle du contenu notionnel de 1'unite lexicale et est a associer a une position sujet vide. Quand le syntagme nominal est en position argumentale le tanwin, en tant que d6terminant et a un usage referentiel, logique par d6faut, lie la variable associ6e dans ce cas aux traits grammaticaux. L'expression nominale est ainsi satur6e et le tanwln foncdu syntagme nominal, tionne comme marqueur de la compl6tude ici au du terme. entendue sens compl6tude freg6en Une hypothese similaire posera que le g6nitif n'est pas, dans tous les contextes, un determinant logique et ce pour expliquer la disparit6 de valeurs qu'il peut avoir par rapport au nom tete, selon que nominale a un usage referentiel ou attributif. 1'expression Par ailleurs, [n] 6tant un licur par d6faut, on s'explique pourquoi en effet, il est seul utilise dans le cas des noms propres d6clinables; 91 C est mis pour complémenteur. Il s'agit d'une position périphérique en début de phrase qui est, entre autres, le «landing site» des éléments interrogatifs ou relatifs antéposés. 201 ni 1' article defini ni le g6niceux-ci, dans le cas general, n'acceptent Seule reste tif adnominal. la Neanmoins, 1'option [n] disponible. a 1'article defini et valeur de [n] en forme logique 6tant identique on s'explique sa preau g6nitif adnominal, egalement pourquoi sence dans les noms propres ob6it aux contraintes syntaxiques qui en effet, qu'on prevalent pour les autres noms. On se souvient, compl6mentaire peut observer, dans le nom propre, la distribution de [n] avec I'article defini et le g6nitif adnominal. Ces faits s'expliquent par le principe de bijection. 48 se soutient d'une intuition fondamentale Enfin, 1'hypothese relative au fonctionnement des syntagmes nominaux et en traduit a et syntaxiques; cette intuition les implications interpr6tatives rapport a la nominalit6 du nom. En somme, la nominalit6 du nom est pr6cis6ment de pouvoir etre tant un pr6dicat qu'un argument. Seul un syntagme nominal peut connaitre une reference actuelle, dans le sens de la designation d'un particulier, et constituer, dans les termes logiques, d'une fonction. En termes frel'argument nominal, g6ens, seul le syntagme parce qu'il peut referer a un saturer le objet, peut pr6dicat lequel denote un concept. C'est donc sur seulement devant ce type de syntagme qu'on peut s'interroger la nature ?,sp6cifique,, ou non du referent, le syntagme verbal 6tant sur exclu de toute designation C'est tres pr6cis6ment particuliere. cela que se fonde, pour nous, la valeur du tanwin au niveau de la forme logique 92 . En somme, tout groupe nominal a le statut d'une expression non satur6e, quelle que soit la position de celui-ci, qu'il ait un usage ou attributif, referentiel 6v6nementiel, qu'il soit nom primitif, nom nom de nom nom de r6sultatif, fois, d'instrument, d'agent, au etc. Ce statut est associ6, sp6cifiquement, lieu, trait [ + N] qui fonctionne comme variable ayant ? etre li6e. Celle-ci est li6e, par dans la d6faut, par [n], si aucun autre lieur n'est disponible structure. les valeurs On 1'aura compris, cette analyse permet d'expliquer ont r6pertori6es distinctes que les grammairiens quant au tanwin : 92 On peut supposer que le nom propre a besoin d'un lieur, spécifiquement de [n], parce que, d'une part, il est, au niveau syntaxique, [+ N] et qu'au niveau de la Forme logique, il se prête, dans certains de ses usages, à la construction d'une classe d'occurrences. Or, selon Strawson, il n'existe de classe d'occurrences que de quelque chose de général. On laissera ici de côté la question de savoir si le nom propre est analysable comme un prédicat ou pas. 202 tanwinu t-tamakkun rappelle précisément que le tanwln est associe au tanwi-nu sp6cifiquement l-muqabala peut probabletrait [ + N]. se voir assigner fondamentalement la ment, sans grand dommage, meme valeur93. Enfin tanwinu t-tankir est lie a la construction d'une classe d'occurrences, du moins dans le nom propre, et a la valeur d'ind6finitude lui est associ6e. qui Cette hypothese permet egalement d'expliquer le rapport crois6 entre le tanwin, le g6nitif adnominal et la question de la définitude, la question de I'article defini que l'on signalait au plus pr6cis6ment d6but de ce travail: tous trois fonctionnent comme determinants logiques. La distribution meme du tanwln dans la langue suggère que 48 n'est pas denuee de fondement: 6tant donne l'hypothèse 1'analyse que nous avons faite dcs pluriels externes dans la langue, on comprend dans les pourquoi le tanwln se trouve, precisement, a Les en 1'exclusion des externes. premiers, pluriels pluriels bris6s, des de noms ou effet, sont, pour 1'essentiel, pluriels primitifs' 1'existence du trait [ + N] ne fait pas de doute. Mais, on 1'a vu 6galement, le nun final des pluriels externes, comme celui du duel, ne sont pas sans rappeler celui du tanwin . C'est ce dernier point qu'il 6claire une nous reste a élucider. On verra que cette comparaison valeur purement du tanwin. syntaxique 7. I'anzoin et fnj duel et pluriel: est un marqueuer de projection de N Soit les exemples 12 repris ici: 12 a raful-u-n Un homme-nom-n b ar-ragul-u 1'homme-nom c ra?ulu l-bayti homme-nom la malson-g6n 1'homme de la maison Ces donn6es laisseraient penser a'I rigâl-u-n hommes (pl.)-noin-n b '** ar-ra/ul-u-n l'homme-nom-n c' * ragul-u-n l-bayti homme-nom-n la maison-g6n que [y!] est le marqueur de quel- 93 Il faudrait, certes, en dire plus sur l'idiosyncrasie apparente que constitue le marquage casuel dans ce cas. On laissera ici de côté cette question. 94 Il existe certes, beaucoup de «qualificatifs» qui donnent lieu à des pluriels externes. On a vu, néanmoins, plus haut que cette formation obéissait à des emplois syntaxiques. 203 du syntagme d'une nominal95, plus pr6cis6ment que compl6tude du syntagme nominal96. Si 1'on r6fl6chit syntaxique completude dans les termes th6oriques du modele du gouvernement et du liage, de projection maximale. on dira que [n] est un marqueur S'il est, en effect, suHixé au nom cn l'absence du determinant [I] ( = le, la, c'est pour indiquer que le nom en les) ou d'un g6nitif'adnominal, se r6duisant a son noyau (No), est 12, bien quc, phon6tiquement de [n] est agrammatiun syntagme nominal, un N ". L'occurrence cale en presence de 1'article defini ou du g6nitif'adnominal parce a son que le nom, dans ce dernier cas, se r6duit effectivement noyau. toutefois, le paradigme Comparons, precedent avec celui-ci, qui illustre ce qui se passe pour le [n] du pluriel masculin externe, donn6es rcpr6sent6 graphiquement par une lettre, les memes valant, mutatis mutandis, pour le duel: 49 a* al-muslimu a'I al-muslimuna les musulman-a les musulman-Q-n * b muslimul-madlnati b' muslimunal-madlnati musulrnan-u-la ville-g6n musulrnan-u-n la ville-g6n les musulmans de la ville c ' * al-muslz*mtina l-madlnati les musulman-o-n la ville-gen La difference qui apparait imm6diatement est la compatibilite du [n] du pluricl externe et du duel avec I'article d6fini, contrairement au [n] du tanwin. En revanche, ce [n] du pluriel est incompatible faits moncomme le tanze?in. Certains avec le g6nitif adnominal, de ces suffixes ne etre consid6r6 trent, toutefois, qu'aucun peut marqueur de projection maximale. On s'en souvient, en effet, le [n] du lanwi-n est pr6sent quand la t?te nominale fonctionne comme indirect s6lectionnant une op6rateur place d'argument marquee 11. On prendra pour exemple le paradigme pour le nominatif9'. Dans tous ces exemples, la tete predicative est un NO. N6anmoins, 95 On évoquera ici la théorie d'al-¸Astarab฀d฀qui parle de lam฀muli-smi, comme ma฀nan du tanw฀n et des [n] suffixaux du duel et du pluriel. Voir ฀฀mi฀un en particulier, I, 14 sq, I, 31 et I, 273. 96 On se reportera à la section précédente pour ce qu'il en est de la complétude sémantique. 97 En fait, les données sont plus complexes. Nous laissons ici de côté le marqueur [/] qui est à analyser comme un marqueur relatif dans ad-d฀ribu'ah฀-hu ฀amran. 204 elle porte bien le suffixe [n]. Ce suffixe n'est donc pas un marqueur de projection maximale. vaut, mutatis mutandis, pour le L'argument dans le tour al-waladiini duel et le pluriel qari'ani r-risalata98. [yz] [n] En fait, tant le tanwin que ces deux [n] ont bien une valeur commune qui porte sur une compl6tude c'est que, a l'int6syntaxique: rieur de la projection maximale, N' ne ,branche,, pas, pour utiliser un jargon g6om6trique. En effet, la representation arborescente en D-structure est 50 a en cas de presence d'un g6nitif adnominal et 50 b si celui-ci n'est pas realise : En d'autres termes, quand le suffixe [n], quelle que soit sa est le nominal n'inclut valeur, present, syntagme pas de g6nitif adnominal99 et N' se r6duit a N. C'est, incontestablement, la, une a tous les [n] dont nous parlons. valeur commune C'est pr6cis6ment cette valeur commune qui explique la distribude tous les types de [n], notamment ceux du tion compl6mentaire duel et du pluriel, avec Ie g6nitif. On le notera, cette analyse, si elle s'av6rait correcte, donnerait statut linguistique a une projection de N 6minemment abstraite, le du moins en ceci, la th6orie X'. En effet, si N', et confirmerait, et N ont une realite linguistique intuitive en ceci qu'ils corresau pondent respectivement syntagme nominal et a son noyau, N' du reste une entit6 th6orique. Elle acquiert un statut linguistique fait qu'il existe des langues ou elle se revele centrale pour expliquer des donn6es ou justifier la presence d'un marqueur. Du reste, Le 1'arabe n'est pas la seule langue a fournir cette confirmation. en directement en de franrais, implique quantitatif, comportement cette entit6. On se reportera aux analyses de Milner'00. En quantitatif, dit-il, repr6sente seulement un N'. A preuve qu'il reprend un element ou un ensemble d'616ments d'une expression quantitative 98 Selon ¸Astarab฀d฀, le seul contexte où on peut avoir un effacement du n฀n est dans les relatives réduites: al-h฀fiz฀ ฀awrata «ma฀a l-฀amali bi-n-nasbiwa-t-ta฀r฀fi» l-฀aš฀rati. 99 Sur le génitif adnominal et ses propriétés, on se reportera à «Prédicats, figures...». 100Voir De la syntaxe... 205 sur la seule base de l'identit6 lexicale; I'anaphore par en marque seulement l'identit6 de la reference virtuclle, sans impliquer aucune C'est ce qui explicor6f6rence actuelle avec 1'clement anaphorise. suit: Ils ont dix lions mardi, mercredi la dans attrapé phrase qui que que ils en ont tue cinq, lcs cinq lions tu6s peuvent ne pas faire partie des lions attrap6s la veille. d'une dc cctte analyse est la confirmation Une autre consequence le structure, pour representer ind6pendante, pos6c dc maniere ou celui-ci se realise sans la dans des adnominal langues g6nitif Ainsi I'h6breu dans les langues semimediation d'une preposition. et l'irlandais dans les langues celtes, etc. Dans toule tiques, gallois comme en arabe, tes ces langues, le g6nitif se realise strictement, le du N' minimal, a l'int6r]eur 6galement, lequel constitue, casuelle. domaine pertinent pour I'assignation cette analyse fournit une Pour ce qui cst de 1'arabe litt6raire, a un fait massif: celui de 1'existence, dans explication empirique toute la classe des noms d6clinables, ? 1'exception des diptotes, d'un d'une le tanwln et un ph6nom?nc grande generalite, regroupant autre suffixe [n] (duel, pluriels externes). En somme, ce serait la un marqueur syntaxique d'une absence de projection N' qui branche, et ceci quelle que soit la forme de la pluralisation, qu'elle soit siminominale. La formulaire aux formcs verbales ou sp6cifiquemcnt lation est importante: il est marqueur d'une absence. LA aussi, comme on 1'a vu pour l'interpr6tation associ6e au nom s6mantique dit commun, il a une valeur negative. La presence du [n] peut donc (s'il existe un article, dans le cas signifier soit qu'il s'agit d'un C'est le cas des [n] duels et pluriels) ou d'un N tout simplement. de l'usage pr6dicatif. il y Mais pour que cette analyse soit entierement satisfaisante, faut ajouter, qu'en forme logique, le [n] duel et pluriel n'assume le role de determinant logique qu'en 1'absence de 1'article défini. Soit dans des exemples comme: al- )awliidu ciirijuna l-babara. 11 fonctionne donc comme op6rateur par d6faut en un sens encore plus faible que à le tanwin. En présence de I'article défini, il se r6dult uniquement sa valeur syntaxique. Quant a savoir pourquoi il en est ainsi, la r6ponse implique, proet pr6dicatives. la question des positions argumentales bablement, la ici 11 de laisserai de cote. suffira sugg6rer que, de maniere Je au logique tout parallele g6nitif qui peut etre, parfois, determinant en 6tant toujours lieur da la variable associ6e au trait [ + N] et, 206 de la nominalit6 du nom, le [n] du duel et du pluainsi, marqueur riel peut etre parfois lieur du trait [ + N] tout en 6tant toujours marqueur d'une projection N' qui ne branche pas. Dans 1'emploi predicatif, le [n] duel et pluriel de la variable associ6e au trait [ + N] il est sera toujours lieur de la variable. Dans 1'emploi occurrentiel, avec l'article et il fonctionne comme redondant pur marqueur de l'existence d'une projection N' non branchante, et, syntaxique de nom, la position donc, de maniere d6riv6e, de la nominalit6 de N. genitive 6tant, on 1'a vu, une propriete une C'est cette valeur de marqueur syntaxique, conjuguee a variable en forme 6claire liant une valeur d'op6rateur logique, qui il s'agit le dernier type de tanwln que distinguent les grammairiens; de tanwinu Celui-ci, on s'en souvient, était, entre autres, le tanwin de 51 a 101: ' 51 a kullun qä)imun Tout-nom-n se levant-nom-n Chacun est debout b kullu )insänin qa'imun Tout-nom homme-g6n-n se levant-nom-n (voir 28 a) universel en arabe, est un nom. A ce titre, il kull, le quantifieur ainsi en 51 b. Syntaxiquepeut etre suivi d'un g6nitif adnominal; du point ment, ce g6nitif est gouvern6 par la tete N. N6anmoins, est restreinte de vue s6mantique, la quantification kull op6r6e par a la classe r6f6rentielle determinee par le g6nitif: en 51 b, celle des le r6quisit syntaxihommes. En 1'absence d'un g6nitif adnominal, la presence du [n] : N' se r6duit a N. En forme que est uniquement universel est interprete comme liant une logique, le quantifieur variable logique dont 1' interpretation est le terme g6n6rique compatible avec le sens du pr6dicat. Etant donn6 le sens du pr6dicat en 51, la quantification portera sur la classe des humains. Quant a la variable associ6e, en forme logique, au trait [ + N] de kull, elle est li6e par [n]. comEn somme, cette analyse permet d'6clairer la distribution du duel ou des soit celui du du tanwin , pl6mentaire [n] suffixal, qu'il avec le adnominal. et feminin, pluriels externes'o2, masculin g6nitif 101 laisse de côté l'annexion à une proposition. Elle implique une analyse des Je connecteurs que l'on n'entreprendra pas dans ce travail. 102Il existe d'autres différences distributionnelles entre le tanw฀n dont celui de la muq฀bala, et le [n] suffixal des pluriels externes et des duels. Ainsi, à la pause, seul le premier n'est pas prononcé. Cette différence se justifie, pour les grammai- 207 On a vu toutefois, plus haut, que, pour ce qui est du tanwt-n, ce n'est syntaxique, qui doit pas cette seule valeur, de nature purement avec le g6nitif. Cette compl6mentaire compter dans sa distribution la valeur g6n6rale du tanwin, valeur syntaxique est, n6anmoins, soit le de tanwln presente quel que type impliqué. Si ces analyses sont correctes, le phénomène du tanwln confirme, de maniere 6clatante, la modularit6. Le tanwin ne se laisse comcontient des niveaux de representation prendre que si la grammaire distinctes: les niveaux de representation et le niveau de syntaxiques forme logique; et des modules tant au niveau de la distincts, syntaxe que de la Forme logique. Le tanwin a, en fait, rapport à la nominalité du nom dans les diff6rents modules. 11 ne peut etre entendu dans aucune theorie qui essaierait tous ses usages d'une seule proposition de d6duire primitive. - Les modules de la forme logique: tanr,?anu tinterpr6tatifs tamakkun marque, au niveau de la forme logique, la nominalit6 du r6f6nom, c'est-A-dire son aptitude a avoir un usage predicatif ou rentiel. C'est en ce sens que le tanwln fait entendre les r6sonances du verbe dans chaque nom. le tanwln joue le r8le Si le groupe nominal a un usage referentiel, d'un determinant d6faut. logique par Pour ce qui est de tanwi-nu t-tanklr, il ne peut également s'entendre au niveau de la forme logique, que dans un module interpr6tatif, nom, et de celle du nom qui traite de la valeur referentielle du propre. - Le module la nominalit6 du nom, le tanwi-n dit, casuel: marquant son a recevoir le paradigme flexionnel aptitude par la-meme, casucl 1°3. riens, en ce que le [n] duel et pluriel est suivi d'une voyelle. C'est celle-ci qui n'est pas prononcée à la pause. De même, dans le cas du vocatif et du nom suivant l฀ * l฀kit฀ban฀al฀ lt-t฀wilatiavec l฀muslim฀na f฀ n-n฀fiyali-l-฀ins.On comparera: La forme correcte étant l฀kit฀ba฀al฀ t-t฀wilati mad฀nati. etzaydunavec y฀ zayd฀ni, *y฀ la forme correcte étant: y฀zaydu. 103On distinguera soigneusement entre le Cas abstrait et le Cas morphologique duquel nous parlons ici. Selon la théorie des Cas (abstraits), tout nom doté d'une matrice phonétique doit porter un Cas abstrait assigné par une catégorie donnée dans des conditions de gouvernement précises. Les faits que nous discutons pourraient ainsi constituer une ligne de partage enre Cas abstrait et Cas morphologique puisqu'un nom, même à déclinaison restreinte ou indéclinable, a un Cas abstrait. Néanmoins, il n'est pas sûr que la théorie des Cas abstraits, qui est une théorie (partielle) de la distribution des groupes nominaux, soit nécessaire dans la grammaire. 208 - Le module c'est la valeur la plus g6n6rale du tanwin, syntaxique: d'une projection valide dans tous les cas. Le tanwin est marqueur N' non branchante a l'instar des nun du duel et du pluriel. 11 suit que la valeur d'un element avec [/!] n'est pas d6finissable en dehors de 1'enonce: selon son emploi en posiextrinsequement, et ses emplois syntaxition predicative ou en position r6f6rentielle il induire des occurrences. peut ques, sa valeur se modifie et au tanEn somme, cette analyse reprend des valeurs reconnues win de longue date dans la tradition arabe pour en donner, en quelCe faisant, elle transforme immanquaque maniere, la rationalite. s'inscrit dans un modele th6oriquc ces blement valeurs, puisqu'elle du langage. Elle des univcrsaux formalise qui se propose d'enoncer ainsi, a 6clairer le tanwln à partir de principes et d'hypoparvient, theses qui valent pour une grammaire 96n6rale du groupe nominal: des categories du determinant logique, la hi6rarchic 1'hypothese de la en tant la que caract6ristique syntaxiques, position genitive tels ceux de cat6gorie N, etc. Elle pose un ensemble de concepts, notion et d'occurrence, qui 6clairent non seulement le tanwln mais des faits de langue: les pluriels, le fonctionnement aussi d'autres meme au niveau de etc. De I'analyse plus, expressions pr6dicatives, du tanwin lui-meme, elle n'est pas 6quivalente a l ' analyse des gramElle s'en distingue en bien des aspects 1°4; signalons-en mairiens. des trait6s de gramun, digne 1'analyse «canonique»'o5 maire m6di6vaux se voit oblig6c de postuler des valeurs distinctes du tanwin sans pouvoir les lier l'une a 1'autre et sans et autonomes les fonder, toutes, sur une propriete g6n6rale du groupe nominal. d'une valeur est le marqueur Ibn Yac¡š dit bien que tanwinu de kull, alors que tanwinu t-tankir est marqueur d6finie il ne peut exister de lien entre Dans ces conditions, d'ind6finitude. 104Nous entreprenons là une démarche périlleuse qui consiste à comparer des analyses qui s'inscrivent dans deux modèles théoriques différents et relèvent de deux époques différentes. On se reportera, pour quelques indications sur la légitimité de cette démarche, à notre article: «Les modèles et le temps», Le grédeslangues, n° 2, 1988. 105 La réserve introduite par «canonique» s'impose: On le voit déjà dans cet Voir a une analyse qui inclut une valeur générale du tanw฀n. article, al-¸Astarab฀d฀ note 73. En fait, il existe autant d'analyses du tanw฀n qu'il existe de grands grammairiens. 106wa-¸amm฀kullun wa-ba฀dun fa-mahd฀funmin-hum฀l-mud฀fu¸ilay-hi wa-huwa ¸ir฀datu ฀al฀ d฀lika¸anna-hum฀ l-mud฀fi¸ilay-hi f฀ma฀rifat฀ni wa-lawl฀ mur฀dun yadullu him฀la-k฀n฀ nakiratayni»III, 30. 209 l'une ou l'autre des valeurs du tanwin et on comprend les discussions dans les cas malais6s a distinguer qui semblent relever de deux types de tanwin: ainsi le cas de kullun qa'imun qui semble relever, à la fois, de tanwinu et de tanwinu t-tamakkun. En comparaison, notre analyse tient compte de la complexite des valeurs par l'orgaen modules et composantes nisation meme de la grammaire distincelle permet, par son abstraction, de lier des valeurs tes ; neanmoins, contradictoires du tanzvin: par exemple, le tanwi-n en apparemment d'indefinitude et de definitude. Elle prend pour tant que marqueur des nominaux dans la assise une propriete fondamentale groupes et pr6dicat. De cette prolangue: leur aptitude a etre argument articul6e a des d6coulent des emplois syntaxiques, pri6t6 g6n6rale, contradictoires du tanwln qui, meme pour les valeurs s6mantiques Les autres valeurs du tanwin posaient probl?me. grammairiens, de la grammaire, de la sont deductibles des autres composantes en particulier et des hypotheses qui y sont composante syntaxique et la position aff6rentes: l'organisation des categories syntaxiques ainsi distincCes valeurs sont les nominaux. dans groupes genitive autonomes. etre tes des premieres sans, neanmoins, la question du On comprend aussi, dans cette vue, pourquoi g6nitif, de I'article et du tanze?in se croisent. Ils ont tous rapport, en a la nominalit6 du nom. quelque maniere, 8. Quand la langue ne reconnait plus le nom du verbe enfin par une derniere observation au sujet des On terminera observation confirme les Les diptotes, qui analyses pr6c6dentes. suffixe ne le en outre diptotes, qu'ils portent pas [n], marqueur identifiable par somme, par d6faut, d'un statut nominal autrement la presence de 1'article ou par la construction genitive, ne peuvent etre marqu6s, nous l'avons dit, pour le Cas morphologique g6nitif. Tres exactement, ils ne peuvent etre marques pour la seule flexion d6sinentielle sp6cifique aux noms. On sait, en effet, qu'en arabe litdu Cas nominatif t6raire, les marqueurs (-u) et morphologiques avec la flexion accusatif (-a) sont homophones, respectivement, du subjonctif modale marqueur de l'indicatif (-u) et celle marqueur le verbe a Tout se passe donc l'inaccompli 107 . (-a) port6es par 107La variable associée au nom diptote est certes liée par un opérateur par défaut à réalisation phonétique nulle. En d'autres termes, ce n'est point l'interpré- 210 comme si la langue, devant une categorie [ + N] marquee, fonctionnait comme si son statut etait ind6cidable et ne lui assignait que les flexionnels communs aux noms et aux verbes (-u et -a). marqueurs Plus sp6cifiquement, la langue, devant une telle cat6gorle, s'absdu statut nominal et la le suffixe [n] marqueur tient de lui assigner seule flexion spécifique -i marqueur du g6nitif, flexion d6sinentielle aux noms. Cette analyse pr6dit donc que si le statut [ + N] d'une telle categorie devenait clair, par exemple s'il existait un op6rateur liant la variable associ6e au statut [ + N], la langue, de nouveau, C'est tres exactement le 6pellerait les trois flexions d6sinentielles. cas. Si 1'article [I] est pr6fix6 a un scheme diptote, celui-ci devient termes, porte les trois flexions desinentielles triptote, en d'autres de l'accusatif et du g6nitif. I1 en est de du nominatif, marqueur ne meme si la tete a un complement g6nitif. La meme operation car il n'est se avec pr6cis6ment op6rateur que peut guere passer [/z] termes, il n'est assign6 que si 1'unite est par d6faut. En d'autres deja identifi6e comme nominale. aux adjectifs et aux elatif?s par Soit le scheme commun scheme ne porte pas de tanwi-n, Un mot instancl6 sur ce exemple. dans le cas general. Rappelons brievement les raisons par lesquelles à la tradition explique cet 6tat de fait. Elles ne sont pas 6trang?res 1'absence du [n] notre propos. Deux raisons conjugécs determinent dans ce cas: a - Le mode de reference des unites instanci6es sur ce scheme : tant dans le cas des adjectifs que des 6latifs, il s'agit d'unidonc ayant valeur tes nominales ayant valeur de qualificatifs Ainsi, par exemple, 'ahmaru ( = rouge) et 'akbaru predicative. le scheme )a.falu est ( = plus grand). b - Le scheme morphologique: un scheme plus verbal que nominal; il est, en d'autres termes, plus des formes verbales (telles 'adhabu, 'a'lamu, etc.) que caract6ristique En ce sens, pour la tradition, la presence du des formes nominales. [n] indique, du moins dans l'une de ses valeurs, celle du tamakkun, dans son modc que la categorie dans son scheme morphologique et de reference, est pleinement nominale. Signalons que, dans le cas meme si la tete nominale fonctionne comme op6rateur contraire, tation d'un nom diptote au niveau de la forme logique qui pose problème. Le tanw฀n ne s'y laisse pas épeler car cela manifeste, au niveau de la forme phonétique, son caractère marqué. 211 S61ectionnant une place d'argument indirect, quera. Ainsi dans 1'exemple suivant: 52 le marqueur [n] man- Zaydun 'ahmaru wqhu-hu Z-nom-n rouge-norn visage-nom-lui Z a le visage rouge 'ahmar (rouge) ne porte que deux flexions d6sinenInd6termin6, tielles (-u au nominatif et -a s'il est gouvern6 par une categorie lexicale V, N ou P). Si son determinant contient Particle defini [I] , il deviendra et se d6clinera alal-'ahmaru (au nominatif), triptote et N ou 'ahmara (à l'accusatio al-'ahmarl (quand il est gouvern6 par P). I1 en est de meme s'il est suivi d'un g6nitif adnominal. Est-ce la pur hasard ou indice confirmant la validite de cette Nous disions les des d6verbaux analyse? que emplois pr6dicatifs les mar6taient associ6s a des pluriels externes. Or, pr6cis6ment, queurs casuels dans ces pluriels (qui font partie int6grante des suffixes indiquant la dualite ou la pluralite) sont deux, comme pour et un autre pour le les diptotes: un marqueur pour le nominatif et En les et les duels susceptibles 1'accusatif. somme, g6nitif pluriels ce d'un emploi pr6dicatif fonctionnent, pour qui est des marques La langue les met du cote des comme les diptotes. casuelles, flexions verbales. En bref, 1' hypothese que nous avons avancee pour 6clairer le tansans stipulations win a egalement d'expliquer, supplel'avantage des la casuels s'article à comment mentaires, question marqueurs si elle ne rentre pas dans lc detail la question de la d6termination'O"; de la question des noms diptotes - ce n'6tait pas la son propos -, elle explique pourquoi les noms diptotes deviennent triptotes quand en ils sont determines : il suffit qu'il y ait, dans leur representation n'est un forme logique, un operateur par qui pas op6rateur En bref, il comme nominaux. clairement d6faut - les identifiant faut que le trait [ + N] soit lie dans une categorie marquee par un op6rateur qui ne soit pas r6siduel pour que les trois Cas morpholoC'est ainsi que s'articulent giques soient 6pel6s phon6tiquement. et du tanwin. les questions du Cas, de la determination D'un mot, un nom diptote est un nom marque en ceci que son statut nominal est difficile a 6tablir: il a des propri6t6s plutot verba108Blachère et Gaudefroy-Demombynes attirent l'attention, dans leur grammaire, sur l'articulation importante entre flexion de Cas et détermination. 212 les. Il fait, a sa maniere, differente de celle des tetes pr6dicatives r6sonner le verbe dans le nom. nominales, Tout se passe la comme si la langue ne reconnaissait plus le nom du verbe'°9. arabes ne Si le propos est correct, les th6oriciens a les a subsumer, leur maniere, seraient donc pas si ridicules flexions modales et les flexions casuelles sous le meme concept: celui d' )iCriib. Mais c'est la un autre propos qu'il nous faudra, sans doute, un jour. reprendre RÉFÉRENCES Abney, S., 1987, The English noun phrase in its sententialaspect, thèse de doctorat, MIT, Cambridge, Mass. Ayoub, G., 1980, ¸af฀฀lu l-qul฀ben Arabe standard: Eléments pour une analyse, AnalysesThéorie, 1. Ayoub, G., 1981, Structure de la phrase verbale en Arabe Standard, AnalysesThéorie, 2. Ayoub, G., 1988, les modèles et le temps, Le gré des langues, n° 2. Ayoub, G., à paraître, Prédicats,figures, catégories:La questionde la phrase nominale. 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