LA NOMINALITE
DU NOM
ou
La question du tanwn*
PAR
G. AYOUB
«Il nous faudra chercher, ou du
moins avoir toujours à l'esprit,
les résonances du verbe dans
chaque nom».
Fenollosa **
le segment qui suit la d6sinence
casuelle [u] de ragul-u-n
SoiT
=
est
le
Ce
final
de son
segment
appel6 commun6ment,
[n]
( homme).
tanwln
1.
nom h6rit6 de la tradition
arabe,
Appellagrammaticale
tion m6tonymique
qui d6signe le segment par le nom de 1'operation
Le mot tanze?an, explique Ibn
est
qui lui a donn6 naissance.
la nominalisation
au verbe
nawwana,
correspondant
lequel
s'emploie quand on ajoute un [/!] final au mot. La nominalisation,
a prevalu jusqu'a
devenir le nom de ce [n], les locuteurs
ajoute-t-il,
entre ce [/!] et des [n]
voulant, par cette denomination,
distinguer
finaux qui feraient partie de la racine du mot, tels ceux de qatana
ou de rasana. C'est la meme raison qui explique, pour Ibn
que le tanwin n'ait point la representation
graphique d'une lettre de
La
aux locucertes:
arrive-t-il
1'alphabet.
question est,
pourquoi
* Les thèses
exposées dans ce travail sont extraites, pour l'essentiel, d'un
ouvrage portant sur la phrase nominale qui paraîtra sous peu.
** In «L'écriture chinoise considérée comme art poétique», Mesures, 1937, n° 4,
cité dans Derrida, De la gyammatologie,Minuit, p, 140.
1 On n'emploiera pas la dénomination qu'on trouve parfois dans les écrits des
orientalistes: la nounation. Elle n'est guère plus explicite que la dénomination
arabe car, se contentant de calquer celle-ci, elle ajoute à l'obscurité de son sens
celle de son origine.
2 Ibn Yaš,
IX, 29. On retiendra le passage suivant: «yuqlu:nawwanta lkalimatalanwnan
¸id¸alhaqta-h
hdihin-nna;
masdarungalaba hattsra
fa-t-tanwnu
sman li-hdihin-nniwa-farraqbi-hd
li-smi bayna hdihin-nni wa-n-nnil¸asliyyati».
152
teurs d'ajouter
un [n] final au mot et de nasaliser, ainsi, la voyclle
casuelle? Dans quels contextes?
Quelle est 1'exacte valeur de ce
segment?
On le sait, les locuteurs ne peuvent suffixer, comme ils 1'entendent, de [n] a tout mot de la langue arabe. Le tanwin affecte une
seule cat6gorie syntaxique,
celle des nomS3. Plus pr6cis6ment,
il
affecte les categories marquees
pouvoir
[ + N]', sans, n6anmoins,
etre suffix6 ? toute unite lexicale nominale. Quant a sa valeur, il est
dit d'ordinaire
«suffixe d'indetermination»
ou «realisation du trait
1'on
l'une
ou
1'autre
vue, cette valeur ne
Que
opte pour
va pas, dans la langue, sans problemes.
Et il semble bien, en outre,
nominal,
que le tanwln ait un rapport retors à un autre marqueur
le marqueur
casuel. I1 doit imp6rativement
la ou le mot
manquer
ou bien la ou le paradigme
flexionnel casuel est
est indeclinable
Ce
dernier
cas
est
celui
des
noms
dits diptotes: ils ne
incomplet.
dans la majorite de leurs emplois, porter de tanze?in, et,
peuvent,
ils ne portent pas le marqueur
ind6termin6s,
[z] du g6nitif. Autant
dire que la question du Cas se noue elle-meme a la question de la
determination.
se fait-il que certaines classes de noms ne
Comment
de
tanze?in?
Cela se laisse-t-il éclairer par la
puissent pas porter
valeur du tanze?anou s'agit-il d'une pure contingence,
comme on en
rencontre parfois dans les langues? Quel est ce rapport crois6 entre
le tanwi-n, le marqueur
flexionnel du génitif, ou, plus généralement,
le Cas du nom et la question de la determination ?
le tanwin a-t-il une seule valeur, ainsi qu'il a 6t6
Et, tout d'abord,
presente sommairement
plus haut? A en croire les grammairiens
3 On se
f
reportera, encore une fois, à Ibn Ya¸š,ibid: «¸ilam¸anna t-tanwna
l-haqqati nnun
talhaqu ¸hira li-smi l-mutamakkini... ». Quant à la valeur du tamakkun, il en sera question plus bas.
4
J'admets la théorie des catégories syntaxiques développée au fil des modèles
dans les études génératives et connue sous le nom de théorie X' (à lire: X barre),
X étant une variable valant pour toute catégorie syntaxique. Dans cette théorie,
les catégories lexicales sont analysées comme une combinaison de deux traits, le
trait prédicatif et le trait substantif symbolisés respectivement par [α N] et [β V].
Pour un exposé de cette théorie, on se reportera à l'article de N. Chomsky
«Remarks on nominalizations» et à «Barriers».Pour de brèves indications sur la
géométrie des catégories syntaxiques, on se reportera à la section 1.
5 Pour la seconde
analyse, on se reportera à Fassi Fehri, «Generalized IP structure ...». Quant à la première, les travaux de H. Fleisch, parmi ceux des orientalistes, la représentent assez bien. On se reportera à L'arabe classique... et Traité...
D'autres valeurs ont été associées au tanwn,
je les laisserai ici de côté.
153
Elles sont ainsi presentees,
dans les
arabes, il en aurait plusieurs.
traites tardifs 6 :
- tanze?inu l-muqabala
c'est celui de
(le tanze?in de correspondance):
11 serait, expliquent
muslimiit-u-n ( = musulmanes).
les grammairiens, suffix6 sur les pluriels externes feminins afin de correspondre
au nun de mu.rlim-u-n ( = musulmans).
L'analyse a la vertu de rappeler que, sans doute, il n'y a pas homophonie
fortuite entre le nun
de muslim-u-n, c'est-a-dire
celui des pluriels masculins
externes,
represente graphiquement
par une lettre de 1'alphabet et le tanwi-n 1.
On le verra, ces deux [y!] suffixaux$ ont, dans certains contextes,
la meme distribution.
11 en est de meme pour le [n] suffixal du duel.
S'il est vrai que ces [n] ont une valeur qui ressemble a
celle du tanforce est de d6duire que le phénomène
represente
par celui-ci
est bien plus 6tendu dans la classe des noms qu'on ne le pourrait,
vue, croire.
a premiere
- tan»inu t-tankir (le tanwin d'ind6finitude).
11 prouve, à 1'6vidence,
arabes ne considerent
nullement que le tanze?in
que les grammairiens
de 1'indefinitude.
En
ait, dans tous ses emplois, valeur de marqueur
meme temps, il confirme que la question du tanze?in s'articule bien,
en quelque maniere, a celle de l'ind6finitude.
Ce tanze?in distingue,
en fait, entre le defini et l'ind6fini dans le cas d'un nom ind6clinable. 11 est le propre des noms indeclinables,
donc de ceux qui precis6ment
ne portent
aucun
de
Cas morphologique.
marqueur
a
est le suivant: marartu
L'exemple
classique, emprunt6
Sibawayhi,
bi-Camrawayhi wa-camrawayhln ?ahara. L'usage de ce tanwin s'6tend,
au-dela des noms propres ind6clitoutefois, pour les grammairiens,
nables et concerne
a un
les interjections9.
11 est digne d'interet
autre titre que celui de la question de l'ind6finitude:
il laisse, en
casuelles
effet, a r6fl6chir sur le rapport du tanwln aux marques
6
Je me contenterai ici d'une référence aux traités tardifs, sans d'ailleurs aller
dans l'explication au-delà de ce qui importe pour le travail présent. Quant aux
théories des premiers grammairiens, il y sera fait recours au besoin pour leurs
analyses. Le présentation des concepts qui les sous-tendent relève d'un autre propos qui ne sera pas le mien ici. Pour les grammairiens tardifs, on se reportera,
entre autres, à Ibn Yaš,
IX, 30 sq. et al-¸Astarabd,
I, 14 sq.
7 On se reportera à al-¸Astarabd,
l-mudakkariq¸imun
I, 14: «fa-n-nnu fami
t-tanwni
t-tanwni
l-whidifl-man
maqma
llat f
l-mii
li-¸aqdmi
faqat ...»
8
Je parlerai du [n] suffixal ou du suffixe [n] comme il sera question plus loin
de l'article défini [l] préfixé au nom, en entendant préfixe et suffixe au sens le plus
général du terme comme des morphèmes respectivement juxtaposés devant et derrière un autre morphème.
9 Voir les exemples de Ibn Yaš,
IX, 29.
154
On 1'a vu, les deux phénomènes
sont, dans cet
morphologiques.
Le
meme
si
un
clairement
dissoci6s.
nom,
[/z] lui est
emploi,
adjoint, reste toujours ind6clinable'O.
- tanwinu
dans sa version
(le tanwln de compensation):
a
il
d'un
lanwi-n
viendrait
qui
«compenser»,
syntaxique",
s'agit
d'un
1'effacement
'ilay-hi).
complement
g6nitif
chaque fois,
1'effacement
d'une proposition,
On distinguera
identifiable,
pour
les grammairiens,
dans yaze?ma'id-i-n, blna )id-i-n, etc. Ainsi dans le
verset coranique:
)t*dd zulzilati 1- )arr;luzilzala-ha zva-'ahra?ati 1- )arr;lu
1)insiinu ma la-ha yazvma'id-i-n
tuhadditu 'ahbara-ha
'atqdla-ha- wa-qdla
zulzilatu
l-'ardu zilziila-hii, etc.12,) et celui d'un mot:
(pour: yarx?ma'id
dans ce
kullu
)i*nsa-ni*n
kull-u-n qa-)I*mun(pour
qa-)zmun). On retrouve,
tanze?in, la relation qu'on signalait plus haut dans sa manifestation
casuelle, entre le tanwi-n et le génitif. On le verra également
plus
ces
affinités.
faits
confirmeront
d'autres
bas,
- tanwlnu t-tamakkun 13. C'est
la valeur fondaincontestablement,
mentale du tanwi-n. Il s'agit du tanze?in de ra/lul-u-n ( = homme) et
I1 se trouve dans les singuliers ct lcs pluriels bririgiil-u-n (hommes).
s6s. Or ces deux categories nominales ont egalement un autre trait
le marqueur
casuel y prend la meme forme, celle d'une
commun:
Ainsi
se
breve.
retrouve, encore une fois, ce rapport du tanvoyelle
win au Cas, articul6 ici a un nouveau terme: la pluralite. Toute la
question, quant ? ce type de tanwin, est, bien sar, de savoir ce que
at-tamakkun. On le sait, dans la langue, c'est le
signifie exactement
fait de pouvoir quelque chose, d'etre bien 6tabli la ou l'on est. En
somme, un nom mutamakkin est un nom bien 6tabli dans sa nominalit6, c'est ce que confirme la lecture de Ibn
Wright, dans
10 Ibn Yaišspécific bien ceci quant à son usage: «...¸an yaknadllanal
nnakirati»:wa-l yaknuma
l-battata wa-l yaknu
¸illtbian
l-bin¸i
li-harakti
frifatin
dnaharaktil-¸irbi»,
ibid. En fait, lanwnut-tankrs'emploie également dans
d'autres noms, voir plus bas.
11 On laisse de côté tanwnu
l-iwadde awrin
qui ne nous concerne pas ici.
12 Ibn Yaš,
III, 29 sq et IX, 30. La référence coranique est 99, 1-4. Blachère
en donne la traduction suivante: «Quand la terre sera secouée de son séisme, que
la terre rejettera ses fardeaux, que l'Homme dira: «Qu'a-t -elle?», ce jour-là, elle
rapportera ses récits»
13 Une cinquième forme de tanwn
est répertoriée par les grammairiens: tanwnu
t-tarannum. Il est propre au chant et ne nous concerne pas ici. Il ne se suffixe pas
d'ailleurs seulement aux noms.
14 Ibn Yaš,
ald
l-maknati
¸anna-hubqinal
makni'-hi'mina
IX, 30: «ad-dllu
ay
wa-l
wa-llat,
mabniyyannahwu llad
li-smiyyati,lamyabru¸ilšabahi l-harfi fa yakna
mina s-sarfi».
¸ilšabahi l-fi li fa yamtania
155
traduit tamakkun par «the nunation which shows that
sa grammaire,
a noun is fully declinable» 15. En fait, si 1'on revient a un grammaiil nous faut modifier quelque peu ce point de
ricn tcl 1
vuc: tanwinu t-tamakkun, dit-il, indique que le nom reçoit unc d6sinence ayant valeur de marqueur
casuel
qu'il soit enti?reLc nom, precise-t-il,
ment declinable ou a d6clinaison restreinte'6.
son aptitude a recevoir cette
a une marque sp6clf-lquc indiquant
d6sinence alors que le verbc n'en a point car cette d6sincnce est une
du verbe 17. La difference avec l'interpr6tapropriete contingente
tion dc Wright est importante 18 .
En somme,
la propriete
est,
cncore une fois, pens6e dans les termes du propre. Si Ie tanr,e?in est
le marqueur
de la d6clinalson du nom, c'est que le Cas se noue au
non
mais en tant
nom,
pas en tant que propriete
contingente,
essentiel. Le Cas n'est pas la scule propriete des noms,
qu'attribut
mais il est le propre dcs noms. I1 a rapport a ce qui fait la nominalit6
du nom.
fils s'entrecroisent,
On le voit, plusicurs
toujours les memes,
mais se nouant a chaque fois de maniere differente, dans les différentcs valeurs du tanwln r6pertori6es
11 y a
par les grammairiens.
la la question de l'ind6finitude,
de 1'indetermination,
du Cas et du
g6nitif, qu' il s'agisse du Cas genitif ou du complement
g6nitif. Un
enclin
aux
listes
ne
grammairien'9
peu
didactiques
s'y est pas
ses fils à ce qui, pour la tradition
tromp6. le tanwln lie étroitement
arabe, fait le propre du nom. 11 s'agit donc de prendre la mesure
la question a notre propre compte, dans
dc ce propre, en reprenant
si le tanze?in est un marqueur
d'autres
termes th6oriques:
de la
des noms, en quoi consiste donc la nominalit6?
nominalit6
On y viendra, toutefois, par un detour, celui de 1'accord en nombre des tctes pr6dicatives,
verbales et nominales.
11 s'averera,
par
IA, que la question du tanwin va bien loin dans la langue.
15 I, p. 235.
kawnu li-smi muraban,
16 I, 13: «wa-tn-h
li-t-tamakkuni,wa-man-hu
fa-l yumkinu ¸ill f-li-smi
wa-¸innamlam yual
li-¸irbi
almatun
l-mudri
li-urdi-hi».
17 La flexion verbale subsumée sous le même
est, bien sûr, celle
concept d'¸irb
à valeur modale associée à l'inaccompli. Certes, la question que pose l'analyse de
est la suivante: s'il est vrai que le tanwn
¸Astarabd
est le marqueur de la déclinabilité du nom, comment se fait-il que les noms à déclinaison restreinte ne portent
On y reviendra plus bas.
pas de tanwn?
18 Il est vrai
que Wright distingue bien entre mutamakkin¸amkan, équivalent à
munsarifet mutamakkingayr ¸amkan,équivalent à gayr munsarif (ibi). Il n'en tire pas
néanmoins les conclusions qui s'imposent quant à la définition du tanwn.
19 ¸Astarabd,
I, 12.
156
1. Le nombre
et adjectivales,
On sait que les tetes pr6dicatives,
participiales
une
flexion
d6sinentielle
les traits de
porter
marquant
peuvent
La
de
et
de
Cas.
flexion
verbale
nombre,
genre
ajoute au trait de
un trait aspectuel et, 6vennombre et de genre Ie trait de personne,
un trait modal. N6anmoins,
les deux flexions, verbale
tuellement,
et nominale,
se comportent
dans les representations
de
syntaxiques
la meme maniere, pour ce qui cst du nombre et du genre. Il s'agit
de ce que j'appellerai
I'alternance
de 1'accord riche et de l'accord
L'accord
riche
un
accord qui inclut 1' accord en
pauvre.
d6signera
nombre. A 1'inverse, l'accord pauvre d6signera celui qui ne l ' inclut
point.
Soit, en effet, le paradigme
7
2
suivant:
a yarkudu z-zaydäni
court (m., s.) les deux Z
Les dcux Z. courent
*byarkudani z-zaydäni
courent (m., pI.) les deux Z
a Zaydun cärifun cabawä-hu1-habara
Z-nom sachant (sing.) fr?res (duel, nom.)-lui la nouvelle
Z a ses deux fr?res qui savent la nouvelle
*b Zaydun 'drifdnz*cabawä-hu1-habara
Z-nom sachant (duel) frères (duel)-lui la nouvelle
concernant
touCe paradigme
illustre une regularite importante
tes les tetes pr6dicatives,
en arabe litt6raire, tant nominales que verToute
bales. Elles pr6sentent,
toutes, un comportement
identique:
flexion sur une tete predicative,
soit
nominale
ou
verbale,
qu'elle
de personne
ou non, connait
qu'elle integre donc un marqueur
I'alternance
accord riche / accord pauvre. Seul l'accord
pauvre est
correct des l'instant ou il existe un N" lexical en position sujet. Seul
l'accord riche est correct si la position sujet contient un element
vide; Si l'on appelle, ainsi que je l'ai fait ailleurs2°, AGR' 1'accord
riche et AGR° 0 l'accord pauvre, la configuration 3
a est exclue ou
X° designe la tete predicative,
tant dans le cas d'une tete participiale que d'une tete verbale. Seul 3 b est correct:
3
*a X° - AGR' - N" lexical
b X o-AGR ° - N" lexical
20 Voir,
par exemple, Ayoub 1981.
157
dans tous ces cas, la position du sujct
On le remarquera,
est
une position interne; autrement
dit, elle est dominee par la projeclexical X°. On admet, en effet, dans la th6orie
tion de l'op6rateur
ou
s'inscrit
ce travail, celle de la grammaire
syntaxique
generative,
les
de
la
Tout constique
categories
syntaxe sont endocentriques:
est la projection X"22 d'une tete X° de meme
tuant, en particulier,
d'une tete inclut, outre cette tete,
nature. La projection syntaxique
son sp6cifieur et ses complements.
La tete syntaxique
est, parfois
un
lexical
13
.
Tel
est
le
cas
dans
les
aussi,
op6rateur
exemples qui
nous occupent.
La position interne est, n6anmoins,
une position inusuelle pour
le sujet dans les langues. Prenons 1'exemple du fran?als. La position sujet est une position externe au syntagme pr6dicatif, hors de
toute projection de la tete lexicale verbale. Ce fait g6om6trique
est
lie aux faits d'accord
dont nous discutons.
La generalisation
suivante notera ce lien:
descriptive
4 a Si la position sujet est interne au syntagme pr6dicatif verbal, l'op6rateur
lexical porte une flexion.
b Cette flexion comporte un accord pauvre si 1'616ment en position sujet
sujet est un N" lexical
Comment
rendre
compte
de cette generalisation ?
1.1. Hypothèse A: Les traits de genre et de nombre sont un pronominal
Dans Ayoub 1981 ou ces faits avaient ete discutes et établis pour
les tetes verbales, 1'incorrection
de 1 b est rapport6e a ce qu'un seul
role th6matique24,
celui de l'argument
indirect du verbe, est disponible dans la structure pour deux expressions ayant une reference
et le requ6rant:
Les traits grammaticaux
de genre, nombre et personne qui instancient un pronominal
ayant besoin d'un role th6maetre
et
tique pour
interprete
1'expression r6f6rentielle az-zaydiini. La
est
ainsi
exclue par le critere th6matique
configuration
(0-crit?re) 25.
21
Quant aux arguments montrant qu'il s'agit bien d'un sujet dans le cas de la
tête prédicative nominale, on se reportera à Ayoub, à paraître.
22 A lire: X deux barres.
23 On se
reportera, pour la notion d'opérateur lexical, à la section 1.3 plus bas.
24 On se
reportera, pour la notion de rôles thématiques à Chomsky, «Lectures
on government... »,et pour une présentation succinte de la notion, à la section 1.3
de cet article.
25 On se reportera également à la section 1.3 pour quelques indications sur ce
principe.
158
On peut étendre cette approche pour le participe et 1'adjectif et consid6rer que les marques de genre et de nombre sur le participe sont
suffisantes pour instancier un pronominal.
Les raisons de l'agrammaticalit6 de 2 b seraient, dans cette analyse, tout a fait similaires
a celles de 7 b.
Cela ne semble pas, n6anmoins,
ad6quat. En effet, il est difficile
de penser que les traits de genre et de nombre, sans le trait de pera eux seuls, former une expression
r6f6rentielle
sonne, puissent,
un
role
Un
ensemble
d'indices
requ6rant
empiriques
th6matique.
le confirme. On se contentera
ici de citer un seul fait qui va dans
si le
ce sens: Le contraste entre les pr6dicats verbaux et nominaux
Soit 5:
sujet est la forme forte du pronom.
5
*a Zaydun daraba-hu 'and
Z-nom a frappe (3?me pers, m., s.)-lui moi (Z, je l'ai frappe)
b Zaydun daribu-hu 'ana
Z-nom frappant (m.., s.)-lui moi
Z, je (m'en vais) le frapper
nominale
On le voit, seule la tete predicative
accepte comme
la
forme
forte
du
Le
contraste
a et 5 b
entre
5
sujet
pronom.
s'6claire si l'on fait l'hypothese
le
statut
des
que
marques d'accord
et
le
nominal est distinct. Sur le pr6dicat verbal
sur
pr6dicat verbal
en 5 a, elles ont la valeur d'un pronom de 3c personne. 5
a est
incorrect pour les memes raisons que 7 b : un seul role th6matique
est disponible
ce qui contrevient
au 9pour deux R-expressions,
critere26. En 5 b, par contre, les marques d'accord
sur le pr6dicat
n'ont pas valeur de pronominal.
Aussi, un pronom peut etre insere
r6sultante contresous la position sujet, sans que la configuration
vienne au 0-crit?re. 11 suffit que le marqueur
de genre sur la tete
s'accorde avec celui du pronom et que la tete predicapredicative
tive ne porte pas de marqueur
de nombre.
C'est le cas de 5 b.
Les marques d'accord
sur la tete predicative
nominale
n'ayant
de 2 b n'est pas due au
pas statut de pronominal,
I'agrammaticalit6
critere th6matique.
26 Certes, la lecture où l'accord n'inclurait pas de marque de nombre et ne
serait donc pas pronominal comme dans Zaydun daraba-hu l-¸awldudoit être,
comme pour le français ou l'anglais, exclue par un principe fonctionnel qui dirait
en substance d'éviter la forme forte du pronom toutes les fois que cela est possible.
D'autre part, la parfaite correction de Zaydun darabtu-hu ¸ann'invalide pas notre
analyse. Plusieurs indices semblent indiquer que la forme forte du pronom n'est
pas, dans ce cas, dans la position sujet.
159
1.2. Hypothèse B: Le sujet est un argument discontinu
cette agrammaticalit6,
on peut penser, dans la
Pour expliquer
1987 b pour les tetes
Rouveret
de
l'analyse
d6velopp6e par
ligne
et adjectivales,
verbales en gallois, que les tetes participiales
dans
les exemples qui nous occupent, et 1'616ment vide en position sujet
un argument discontinu.
Rouveret
1987 b, discutant de
constituent
7 dans la langue galloise, reprend,
en subsdonn6es similaires a
la
a, egalement incorrecte en
tance, 1'exclusion de
configuration 3
gallois, par le 0-crit?re mais en lie les modalit6s a I 'hypothèse suivante qui vient compl6ter la generalisation
4:
6 Les traits d'accord et 1'616ment instanci6 en position sujet forment un
argument discontinu.
L'intuition
fondamentale
derriere
cette hypothese
est que la
un
verbe
fl6chl a l'initiale,
est,
phrase, dans les tours pr6sentant
ainsi que nous 1'avons dit plus haut, un syntagme ayant pour tete
V. Le syntagme nominal sujet est, dans ces configurations,
domin6
une
verbale.
les
N6anmoins,
par
langues n'acceptent
pas
projection
librement la realisation de I'argument
indirect du verbe 27 dans une
position interne a la projection de V. Cette realisation ob6it a une
contrainte stricte qui implique, de maniere d6terminante,
la flexion
Celle-ci
est n6cessaire
dans ces types d'agencement
verbale.
soit riche ou pauvre)
et il est n6cessaire
que 1'element
(qu'elle
disconaccord de la flexion et le terme sujet forment un argument
tinu car la position sujet re?oit un statut lexical dans la tete verbale,
dans la tete verbale meme,
comme
c'est-h-dire
est identifi6e,
en
lexicalement
de
tant
verbal,
dependant
l'op6rateur
que projection de la place de 1'argument
indirect.
La flexion dans cette
La regle qui affixe la flexion
analyse n'est pas une tete syntaxique.
V.
au verbe en fait une unite indissociable
a est egalement exclue par
Dans cette analyse, la configuration 3
surlourd.
le 0-crit?re, AGR et le NP lexical formant un argument
1'extension
de
aux
de
Rouveret
Toutefois,
l'analyse
pr6dicats
se heurte a une difficult6 empirique
la posinominaux
importantc:
tion sujet peut etre interne sans qu'il n'y ait aucun trait d'accord.
27
L'argument indirect du verbe se réalise dans la position sujet, si le verbe a
un argument indirect. On se reportera à la section 1.3. plus bas pour une présentation brève de cette dernière notion, et à Ayoub, «Prédicats,figures... », pour le rapport problématique entre la notion de sujet et celle d'argument indirect, dans une
langue comme l'arabe.
160
D'autre
Par exemple dans la phrase 10 ci-dessous.
part, les traits
d'accord
se
trouver
sans
instancies
peuvent
qu'il n'y ait pour
autant de position sujet. C'est la le cas de la forme participiale
dans
les positions argumentales.
Par exemple, dans ga'a mukrimu Sa`idin
( = Ceux qui honorent Sa'id sont venus). Si cela est bien le cas, la
a ne serait valide que pour les tetes pregeneralisation
descriptive 4
dicatives verbales d'une part, et d'autre part, les traits d'accord ne
serviraient
pas a identifier la position sujet en formant avec 1'eleI1 semment instanci6 dans cette position un argument
discontinu.
ble bien qu'il en soit ainsi. Dans certaines conditions ayant trait a
la position du sujet et/ou au contenu lexical qui y est instancl6, le
marquage du trait de genre feminin est facultatif sur toutes les tetes
tant verbales que nominales.
Sans entrer ici dans le
pr6dicatives,
detail de ces conditions,
on se contentera de noter l'exemple suivant
ou l'accord en genre est facultativement
marque sur Ie verbe28:
7
l faze?atimu
est venu (fem,s.) les Fatima
Les Fatima sont venues
b
l faze?alimu
est venu (m., s.) les Fatima
Les Fatima sont venues
I1 en est de meme dans le cas des noms primitifs employ6s de
a 1'exemple 10.
maniere predicative.
On se reportera
Du reste, dans un travail r6cent29 , Rouveret
revient sur cette
hypothese.
sujet n'est pas projet6 comme un d6penL'argument
dant lexical de V 3°. La flexion n'a donc plus pour statut de 1'identifier comme un dependant
lexical de 1'operateur.
Selon l'analyse de
Rouveret
distributionnelle
entre le NP
1990, la complementarite
28 Pour évaluer la valeur des
exemples 7, il faudrait examiner de plus près le
statut du trait de genre. Je n'entrerai pas ici dans ce propos (voir, néanmoins,
pour quelques indications, la section 4). Il suffira de remarquer que l'absence de
ce trait n'exclut pas la présence d'une flexion pronominale impersonnelle sur les
têtes prédicatives verbales.
29 «Sur la structure catégorielle du gallois: Temps et cliticisation» Intervention
au colloque de grammaire générative tenu le 10 mars 1990.
30 Le sujet est bien dominé par une projection de V mais non par la tête V. Il
est, en fait, dans une adjonction soeur au VP. Il semble bien que l'hypothèse de
l'argument discontinu soit une hypothèse trop forte. La dissociation du statut de
la flexion et de l'identification lexicale du sujet est plus compatible avec les résultats de notre étude: l'identification d'une position en tant que projection de
l'argument indirect d'un opérateur ne semble pas nécessairement passer par des
traits d'accord.
161
d'accord se laisse expliquer par 1'existence
plein et la morphologie
d'un processus d'incorporation
des traits pronomimorphologiquc
naux de la position sujet. Rouveret reprend, la, une hypothese initialement propos6e par Ken Hale, adoptee par Baker et reprise par
Fassi Fehri pour analyser
les donn6es de 1'arabe.
11 est temps
cette hypothese et de voir l'incidence
de l'une et 1'autre
d'exposer
sur la question du nombre.
des deux hypotheses
1.3. Hypothèse C: L'incorporation
Telle que d6velopp6e par Fassi Fehri 1984 et 1 989 31 ,I'hypoth?se
se fonde sur des analyses assez similaires a celles
de l'incorporation
et la confihaut:
AGR, en 12 b, est un pronominal
presentees plus
et un NP lexical se trouvent
guration 12 b, ou les traits d'accord
est exclue en vertu du critere th6matique
conjointement,
(voir en
Fassi
Fehri
1989
7
et
particulier
p.
11).
Ce que 1'hypothese de l'incorporation
dire
ajoute a proprement
sur la derivation et la repreest un certain nombre de propositions
sentation des structures;
de la d'ailleurs
son nom. En effet, selon
cette hypothese, AGR, dans un certain nombre de contextes, est un
pro-nominal
incorpor6 dans le tete qui le gouverne 32.
argument
est pens6e comme un inouveL'incorporation
morphologique
en S-structure,
une trace en
ment qui laisse, dans la representation
position DP 33. Pour distinguer entre les tours ou AGR est un simet celui ou il a statut de pronominal lie,
Fassi Fehri
ple marqueur
la
suivante:
est
si et seucaract6risation
AGR
propose
pronominal
lement s'il inclut les traits de nombre et de personne.
Ou se situent les differences
entre 1'hypothese
de l'incorporation
et 1'analyse du sujet dans les configurations
VSO comme
11 semble bien, que les deux hypotheses
un argument
discontinu?
soient d'un certain point de vue, deux denominations
differentes
31 Agreementin Arabic,
bindingand coherence,1984 et Agreement,incorporation,pleonastics and VSO-SVOorder, ms Faculté des Lettres de Rabat, Avril 1989.
32 La distribution
complémentaire des NP lexicaux et des pronoms avec les
traits d'accord est l'argument principal utilisé pour justifier l'hypothèse.
33 Abréviation de déterminer phrase: il s'agit du syntagme ayant pour tête un
déterminant et pour complément du déterminant un N".
34
L'hypothèse de l'incorporation est présentée comme une alternative à
l'hypothèse pro-drop soutenue dans Chomsky 1981.
162
dc
En effect, 1'hypothese
pour une meme analyse theorique 35.
discontinu est une version sp6cifique de 1'hypothese des
1'argument
chaines syntaxiques.
Elle presuppose
qu'AGR,
qu'il soit riche ou
est
un
de l'incorporation
element
referentiel.
pauvre,
L'hypothese
certaine
notion de chaine
de
une
est, elle-meme,
oblig6c
supposer
entre les traits pronominaux
incorpor6s et leur trace. La difference
entre les deux hypotheses
est d6rivationnelle:
de
l'hypothese
en
un
mouvement
des
effet,
l'incorporation
suppose,
syntaxique
traits pronominaux
vers la tete. La representation
AGR' .... [NP,]
ob6it donc aux contraintes
des tetes
qui reglent le mouvemcnt
notamment
les contraintes
de localite.
syntaxiques3,
En fait, une autre difference importantc
dans la port6e th6orique
et les predictions
est relative aux
des deux hypotheses
empiriques
se
d'accord
contentent
d'etre
des
qui
marques
marques d'accord,
a savoir au statut de l'accord pauvre AGR°. En effet, le domaine
ou 1'analyse en termes de chaine est suppos6e valide n'est point le
meme pour les deux hypotheses : pour la premiere,
toute structure
tete
un
accord
sur
une
predicative
implique une notion
comprenant
de chaine. Pour la seconde, seul AGR', c'est-a-dire
l'accord pronola
minal,
suppose.
La question est ind6cidable,
de droit. C'est la une question empides pr6dicats nominaux
fournit 1'6vidence voulue
rique. L'analyse
on
1'a
en
decider
:
leur
vu, est, a l'instar des
position sujet,
pour
a la projection du
tetes pr6dicatives
une
interne
verbales,
position
Mais
la
flexion
la
tete predicative
syntagme prédicatif.
port6c par
nominale n'est pas totalement
identique a la flexion verbale. On 1'a
vu plus haut, elle n'est pas pronominale.
L'analyse qui suivra consen
un
en
faveur
d'une
en terfait,
titue,
argument
representation
mes de chaine syntaxique
a chaque fois que le trait de nombre est
En d'autres
termes, la veritable
sp6cifi6 sur les tetes pr6dicatives.
en termcs dc chaine n'implique
distinction
pour la representation
35 C'est uniquement du point de vue présenté plus haut qu'elles peuvent être
considérées comme équivalentes théoriquement. Leur portée théorique est, par
ailleurs, distincte. L'hypothèse de l'argument discontinu avance que la flexion sert
à l'identification lexicale du sujet en tant que sujet d'un prédicat. Elle inclut ainsi,
apparemment, tous les types de têtes prédicatives et explique notamment la nécessité d'un verbe fléchi. Voir Rouveret 1987 b.
36 Si l'on
suppose à la suite de Kayne 1987 que les clitiques sont des têtes
syntaxiques.
163
Elle implique celle du nombre3'.
On
pas la notion de pronominal.
une
notion
de
chaine
n6anmoins,
distincte,
supposera,
quelque
peu, de celle courante dans les etudes g6n6ratives dans laquelle tout
du premier,
cst une cat6gorie
vide non
chainon, a
1'exception
pronominale.
est susceptible
Cela suppose, certes, qu'AGR
d'etre referentiel
Mais cela n'implique
s'il contient le trait de nombre.
nullement
toutes
les
fois.
soit
On
soutiendra
la these
n6cessairement,
qu'il le
sans
ici:
le
statut
d'AGR
n'est
suivante,
l'argumenter
davantage
traits
AGR ob6it 6gaqu'il comporte.
pas seulement tributaire des
fonctionnelle.
Des
lement, en un certain sens, a une identification
son statut,
conditions
determinent
la
notamment
syntaxiqucs
nature cat6gorielle et la position de la tete a laquelle il est affix6.
l'absence
de mouveL'analyse
qui suit ne suppose nullement
des
la
ment syntaxique
traits pronominaux
de
position
sujet
la d'ailleurs le cas, si l'on
(AGR') vers la tete. C'est probablement
un statut similaire a celui des clitiques pronoobserve qu'AGR I a
minaux objets de V et de N38 et si l'on admet avec Kayne 1975 et
1987 un mouvement
des clitiques.
d'autre part, en vertu de 1' identification
fonctionOn supposera,
nelle des categories vides, que la cat6gorie vide impliqu6c en position sujet quand il existe une chaine syntaxique AGR .... [e] est pro.
On le sait, pro est pens6, dans la th6orie, comme la contrepartie
vide des pronoms lexicaux ordinaires.
Son etude a ete initialement
un
abord6e ?
partir des faits des langues romanes qui permettent
Sa distribution
est
sujct nul, dites pr6cis6ment
langues «pro-drop».
1982, par une principe de determination
r6gl6e, selon Chomsky
locale: pro doit etre gouvernee par une matrice de traits pronomila composante
AGR de Infl.
naux, en l'occurrence
Reste a adresser la question qui fait l'objet du present d6bat: en
de
quoi 1'une ou l ' autrc des deux hypotheses discut6es eclaire-t-elle,
maniere particuliere,
les faits de nombre exposes plus haut?
laisse une question non r6solue. En effet, c'est la
l'hypothèse 6
presence ou l'abscncc du trait de nombre qui distingue AGR' de
tant d'ailAGR°. Des lors, une question se pose imm6diatement,
leurs pour les tetes verbales que pour les tetes pr6dicatives
nomina37 Cette
présentation est, en fait, provisoire. Elle sera nécessairement à nuancer
à partir de l'étude du genre.
38 Voir pour une
argumentation Ayoub 1981.
164
les : pourquoi le redoublement
du trait de nombrc sur la tete empêche les traits d'accord
ct 1'616ment lexical en position sujet de
alors que le redoublement
du trait
former un argument discontinu,
de genre ne 1'emp?che nullement?
La question ne re?oit pas, dans les etudes ou ce fait est examine,
de r6ponse satisfaisante.
1987 b laisse, plus
L'analyse de Rouveret
en suspens cette question.
de l'incorpopr6cis6ment,
L'hypothese
ration, en tant que telle, ne dit rien sur les faits de nombre. En effet
il ne peut y avoir d'incorporation
d'un pronom sujet sur les tetes
l'accord
celles-ci
n'etant pas un argument
participiales,
port6 par
les
faits de nombre
sont
n6anmoins,
ayant statut pronominal;
similaires
sur toutes les tetes pr6dicatives.
Fassi
rigoureusement
Fehri, 1984, semble considerer que les langues choisissent arbitrairement les traits d'accord encodes sur le verbe. On y lit ce qui suit:
«The choice of features encoded on the verb to point to the subject
and varies from language to lanseems to be somewhat arbitrary
guage», 113. Enfin, on 1'a vu plus haut, pour Fassi Fehri 1989, la
et de personne
dans les elements
presence du trait de nombre
Autant dire que le trait de nomflexionnels les rend pronominaux.
bre et le trait de personne sont consid6r6s comme ayant le meme
statut dans la langue. I1 n'est pas certain quc cela soit souhaitable.
de ce privilege attaOn ne voit pas, en outre, la valeur linguistique
che au nombre.
a, en outre, des difficult6s ?
expliquer les donnees
L'hypothese
sous 2. En effet, si, comme 1'admet justement
1'auteur, la flexion
sur la tete predicative
n'est pas pronominale
participiale
puisqu'il
lui manque le trait de personne, comment expliquer que le redoublement du trait de nombre soit, dans ce cas, ill6gitime et que toutes les tetes predicatives
se comportent
sur ce point a 1'identique,
leur
flexion
soit
ou
non?
11 y a la, d'ailleurs,
un
que
pronominale
fonctionnement
qui distingue nettement le trait de nombre du trait
de personne.
cette question.
L'analyse
qui suivra tente de r6pondre ?
1.4. Predicats et
arguments
Le comportement
de la flexion semble s'eclairer,
dans une lancomme
si
l'on
fait
certains
de ses
1'arabe,
gue
I'hypoth6se
que
1'absence
de
ces
servent
a
identitraits, ou, plus pr6cis6ment,
traits,
fier l'unit6 lexicale comme pr6dicat. L'usage qui est fait ici de la
165
notion de pr6dicat se rapproche de celui usuel dans le calcul des predicats du premier ordre. Un pr6dicat, dans cette tradition logique,
L'id6e emprunt6e
a cette tradition
est une fonction a n-arguments.
est qu'un pr6dicat dans la langue est un op6rateur
qui s6lectionne
des places d'argument
d'etre
satur6es.
Ainsi
un verbe
requ6rant
comme daraba ( = frapper) dans daraba zaydun l-caduwwa (Z. a frapp6
deux places: daraba (Zaydun, alest un op6rateur ?
1'ennemi)
ces deux places sont dites
caduwwa). Dans les études g6n6ratives,
celles de 1'argument
direct (al- caduwwa) et de l'argument
indirect
le
verbe
ainsi
appel6 parce que
y «opère» indirectement,
(Zaydun),
du syntagme pr6dicatif.
On le notera, c'est la
par l'interm6dialre
ici importante,
non
place d'argument
F(-) qui sera consideree
de son contenu lexical.
1'interpretation
s6mantique
En outre, j'admettrai,
a la suite de Chomsky 1981, que l'identit6
d'une unite lexicale ne se limite pas a l'unite isol6e mais inclut aussi
des fonctions s6mantiques
1'ensemble
que cette unite determine.
Ainsi daraba ( = frapper) induit un «frappeur» et un «frappe». Cette
unite lexicale determine donc deux fonctions s6mantiques:
agent et
les
de
Gruber
1965
sur
travaux
patient. Chomsky 1981, reprenant
est
ce sujet, appelle ces fonctions roles th6matiques
et
il
(0-r6les)
la
non
liste
ordonn6c des roles ainsi determines
courant de designer
de cette unite.
par 1'unite lexicale, la grille th6matique
facilement
d'un
Certes, on identifie d'autant
plus
l'argument
l'on
determine
le
role
cet
op6rateur que
th6matique
que
op6rateur
lui distribue.
Mais l'on gardera distinctes ces deux propri6t6s.
11
importe, la, de savoir que tel argument depend d'un op6rateur lexiDe plus, il est
cal, non quel role lui est distribu6 par cet op6rateur.
en
vertu
du
de
et les
requis,
principe
projection,
que l'op6rateur
aient
une
realisation
places qu'il sp6cifie
syntaxique,
g6om6trique
en
et cat6gorielle,
soient ,projet6es,,,
dit Chomsky,
qu'elles
syntaxe. Le principe de projection dit, cn effet, en essence, que les
relations syntaxiques
sont un reflet des relations lexicales en ceci
les
observent
propri6t6s de la structure
qu'elles
th6matique
indiest «projete» comme cat6gorie
dans
le
lexique. L'op6rateur
qu6es
lexicale, le verbe dans notre exemple. Quant aux positions syntaxides places d'argument,
ques r6alis6es par la projection
Chomsky
Ce
sont des
1981 les appelle positions argumentales
(positions
39 Une autre définition des
positions A est également donnée: ce seraient là les
positions où les fonctions grammaticales sont assignées. Cette définition n'est pas
équivalente théoriquement à la première. Elle ne l'est empiriquement que si la
166
de recepositions virtuellement
th6matiques
puisque susceptibles
voir les roles distribues par
l'op6rateur.
11 semble bien, toutefois, que le principe de projection
fait une
des langues. Soit par
trop forte sur le fonctionnement
hypothese
en arabe litt6raire.
Elles ont tant8t
exemple les tetes participiales,
un emploi nominal ou elles peuvent ne r6aliser aucun de leurs arguments alors que les roles th6matiques
restent n6cessaires a la comde
l'unit6
lexicale.
Tant6t, elles sont susceptibles d'un
pr6hcnsion
se r6alisent en syntaxe, sans
emploi pr6dicatif ou leurs arguments
que 1'on puisse dire, pour autant, qu'elles sont analysables comme
des categories V, puisqu'elles
gardent certains traits nominaux,
par
le
Cas.
Consid6rons
ce que nous avons appel6 le participe
exemple,
actif correspondant
au verbe daraba (frapper),
soit darib. De fait,
cette unite signifie tantot (un) ((fraPPeur,)40 tant6tfrappant.
Elles est,
en d'autres termes, tant6t nominale, tant6t predicative ; tant6t nom
tant6t participe 4' . Hors emploi, elle est l'un et 1' autre et
d'agent,
grammaire inclut la définition suivante: un prédicat est un opérateur qui requiert,
pour le moins, une place d'argument indirect. On n'abordera pas ici les implications de ces définitions.
40 On nous
pardonnera ce néologisme peu élégant mais utile pour l'exposé. Le
mot, en fait, n'est un néologisme qu'au sens où il faut ici l'entendre, celui, bien
sûr, d'«une personne qui donne des coups».
41 «Nom
d'agent» est la traduction littérale de son appellation dans la tradition
En effet, celui-ci soutient que sa dénominaarabe, si l'on en croit al-Astarabd:
tion n'est pas due à son schème fil
mais signifie bien «le nom de celui qui a fait
la chose» (II, 198). Cette désignation est adéquate: les verbes statifs dans la langue
ne donnent pas lieu à la formation d'un ¸ism filainsi
; kabura(grandir) ne donne
pas *kbir,ni sagura (être petit) ne donne *sgir,etc. Silvestre de Sacy traduisait
par
déjà, au début du siècle dernier, ¸ismul-fil
par nom d'agent et ¸ismul-mafl
nom de patient qu'il regroupait, avec d'autres schèmes, sous l'appellation d'adjectifs verbaux (GrammaireArabe, I § 736 sq). Bohas (Contributionà l'étudede la méthode
desgrammairiensarabes,thèse de doctorat, 1979) propose de retenir comme seule tracelle de participe actif, à l'exclusion de toute autre traducduction de ¸ismul-fil
tion, y compris celle de nom d'Agent (p. 222). Cette exclusion, on vient de le voir,
n'est pas justifiée par des motifs internes aux théories grammaticales arabes.
L'analyse menée ici montre qu'elle ne l'est pas, non plus, au vu des propriétés
grammaticales. Celles-ci éclairent l'embarras des traducteurs. Au vrai, ¸ismul-fil
est également participe actif et nom d'agent. Cela dépend de ses emplois syntaxiques lesquels ne «suivent» pas exclusivement de ses affinités avec l'inaccompli, le
verbe à l'inaccompli ne pouvant, en effet, être que prédicat. La tradition grammaDans les termes de
ticale, elle-même, distingue dans les emplois de ¸ismu l-fil.
cette tradition, celui-ci fonctionne comme l'inaccompli seulement s'il est corrélé
à un «sens» présent ou futur (cf. entre autres Ibn Yaš,
VI, 68). L'étude menée
dans les sections qui suivent et complétée dans Ayoub à paraître peut s'entendre,
partiellement, comme une grammaire permettant de prédire l'un ou l'autre des
et de certains schèmes adjectivaux.
d'¸ismu l-mafl
emplois d'¸ismu l-fil,
167
il semble bien qu'il n'existe qu'une seule entrée lexicale pour
des deux interprétations,
valides
peur» et frappant: la régularité
quelle que soit la racine, le suggere 42. Decider, dans tous les cas,
se realise en syntaxe car, a l'instar des
que la structure th6matique
dans Chomsky 1981, il s'agirait
tels
qu'analyses
g6rondifs anglais,
amene a faire de fausla de N" ayant une structure propositionnelle
ses predictions.
Ainsi, alors que 8 a est tout a fait correct, 8 b ne
1'est guere :
8 a
gäCakdtl'bun
est venu un ecrivain
Un 6crivain est venu
* b gäCakdtibun risdlatan
est venu 6crivant -n lettre-acc-n
Ecrivant une lettre est venu
Seuls les emplois syntaxiques
determinent
si 1'unite est analys6e
nominale.
comme un pr6dicat ou si elle est exclusivement
On concelebre qui fait toute la difference entre un assassinait l'anecdote
nat perp6tr6 et un projet d'assassinat.
Tout tient a si peu de chose,
a
un
fait
d6faut:
tanwin
parfois
qui
Zaydun qiitilu )abz-ka / Zaydun qiitilun )abii-ka 43. Par bonheur,
même la premiere
phrase laisse une
chance a la victime puisque la forme participiale
peut aussi avoir
une lecture predicative
qu'on peut accentuer par une specification
temporelle;
Zaydun qiitilu
gadan. Mais si qiitil est employ6 en
position argumentale:
qiitilu )abz-ka, alors la, les d6s ont 6t6
vraiment jetes.
en nous fondant sur les
On posera donc l'hypothese
suivante,
faits illustr6s en 8.
9
Seuls les arguments d'un pr6dicat sont obligatoirement projet6s en
syntaxe.
Or les syntagmes
nominaux
sont susceptibles
d'etres employ6s
il
comme pr6dicats et comme arguments.
est
certain que les
Ainsi,
actif et passif, adjectif,
verbo-nominales,
categories
participes
des emplois
intensif, etc, portant toutes le trait [ + V], acceptent
La
On
vient
de
de
Ie
voir
certaines
ces
pr6dicatifs.
pour
categories.
42 Voir, néanmoins, l'étude à
paraître pour l'analyse de ce qui détermine
l'interprétation en position argumentale.
43 La
première séquence est ambiguë. Elle peut se laisser traduire ainsi: Z est
l'assassin de ton frère (ou) Z tuera ton frère. La seconde séquence permet uniquement la dernière traduction.
168
question est la suivante: a quelles conditions ob6issent ces emplois
ici que le fait qu'une unite lexicale se
On soutiendra
pr6dicatifs?
des arguments
ne
laisse analyser comme un pr6dicat requ6rant
mais
de
la
de
trait
ou
depend pas
quelque
categoriel [-N]
[ + V],
maniere de referer de 1'unite en question, quels que soient ses traits
Cette maniere de referer est, elle-meme,
6troitement
cat6goriels.
et a la question du nombre.
articul6e a ses emplois syntaxiques
1.5. Pridicat et nom primitif44
Consid6rons
suivant;
1'exemple
attest6s dans toutes les grammaires:
des
similaires
exemples
sont
hal qalarun abawd-ka ?45
est-ce que pierre (nom, s.) deux fr?res-nom- toi
Tes deux fr?res sont-ils (de) pierre?
10
10 est similaire
Il a
b
aux exemples
attest6s
en 11:
ma giilisun (i) z-zaydäni
non assis-nom(s.) les deux Z-nom
Les deux Z ne sont pas assis
hal madribun
est-ce que frapp6-nom(s) dcux fr?res-nom-lul
Ses deux fr6res sont-ils battus?
une unite lexicale ind6termin6e
Apres le marqueur
interrogatif,
=
de
ne
trait de nombre, est suivie d'un
portant pas
(bagarun
pierre)
nominal
duel, marqu6 pour le nominatif,
groupe
qui s'interprete
La sequence est interpretee
comme un
comme sujet du pr6dicat.
6nonc6 fini, dans les memes conditions que 11, c'est-A-dire en prela difference
ou n6gatif.
sence d'un marqueur
interrogatif
des unites lexicales en 11, il n'existe aucune raison d'analyser
hagarun comme une combinaison
de traits [ + N, + V]. 11 est bien plus
cette unite comme [ + N, -V]: du point de vue
plausible d'analyser
de la derivation
par exemple, il ne s'agit pas d'un
morphologique,
d6verbal mais bien d'un nom primitif. 1 D a ceci de remarquable
r6aqu'il n'existe aucun trait d'accord (du moins phon6tiquement
44 On
reprendra ici la mise en garde de Silvestre de Sacy quant à l'usage du
terme «nom primitif» pour traduire ¸ismmid:
«...par nom primitif, il ne faut pas
entendre un mot radical qui ne dérive d'aucun autre mot, mais seulement un mot
qui n'est point dérivé d'un verbe ou d'un nom, suivant certaines formes convenues», GrammaireArabe, I, 116.
45 Voir
II, 273 pour des exemples similaires.
Galyn
169
lis6) qui redouble le contenu lexical en position sujet 46. Si cela est
comment
son emploi pr6dicatif,
c' est-a-dire
correct,
expliquer
indicomme tete predicative
s6lectionnant
une place d'argument
en syntaxe est 'ahazva-ka?
rect dont la projection
2. La question du tanwin (I)
a la question,
Pour avoir quelque chance de r6pondre
il faut
s' interesser au segment flexionnel qui suit la d6sinence casuelle, au
tanwin. On 1'aura remarqu6,
dans tous les exemples qui ont prenominale
aucune
tete
cede,
employee comme pr6dicat n'est suivie
sans la presence de ce
d'un N" sujet marqu6 pour le nominatif
alors a la question de laquelle nous 6tions
segment 47. Venons-en
partis: quelle est 1'exacte valeur du tanwin?
Soit les exemples suivants:
12 a
b
c
ragul-u-n
Un homme-nom-n
ar-ra/ul- u
1'homme-nom
ragulu-l-bayti
homme-nom la malson-g6n
1'homme de la maison
a'
b' *
c' *
hommes(p1.)-nom-n
ar-ragul-u-un
1'homme-nom-n
ragul-u-n l-bayti
homme-nom-n la maison-gen
Ils illustrent deux traits essentiels du fonctionnement
syntaxique
du tanwin que toute hypothese valable doit 6clairer. Ces deux traits
sont distributionnels.
En termes cat6goriels, on peut ainsi les representer :
13 a * N-n
gen
b * al-N-n
13 a note 1'impossibilite
de co-occurrence
g6nitif. 13 b note la meme impossibilite
2.1.
de [n] avec un complement
avec 1'article d6fini.
[n] est un marqueur d'indefinitude
Le paradigme
12 pourrait laisser croire que [n] est bien la r6alisation morphologique
du trait
sauf pour certaines classes
46 On
pourrait objecter à cette analyse que l'exemple 9 résulte d'une transformation de déplacement. L'hypothèse d'un déplacement est infirmée par les faits
d'accord, relatifs aux exemples 11: le prédicat nominal aurait dû, dans ces exemples, s'accorder avec le sujet logique. Cette question ne sera pas abordée ici.
47 Cela ne
signifie pas, pour autant, que toute tête prédicative nominale doive
On l'a vu tout à l'heure. Quant à savoir pourquoi le tanwn
peut
porter un tanwn.
manquer, on se reportera aux sections 6 et 7 de cette étude.
170
celles des diptotes.
En effect, dans lcs exemples
morphologiqucs,
pr6sent6s, le nom noyau est bien d6fini, en 12 a par 1'article, en 12
le systeme du
b par le g6nitif adnominal.
Selon cette hypothese,
en
arabe
serait
ct
suffixal
: le predeterminant,
litt6raire,
pr6fixal
fixe [1] pour le trait [ + défini], le suffixe [n] pour le trait
C'est la 1'hypothese soutenue dans Fassi Fehri 1987: [n] est l'article
ind6fini present en D-structure
sous le noeud determinant
(D). I1
est ensuite deplace et se trouve en S-structure
en fin de mot.
En outre, pour expliquer la distribution
de [I] ct
compl6mentaire
de [n] avec le g6nitif, Fassi Fehri 1987, reprenant Abney 1987, sugaccord vide (AGR)
dans le determinant
gèrc qu'un
(D) du
nominal
Ie
Cas
un
article
est
syntagme
assigne
genitif. Quand
d'accord ne peut apparaitre
insere sous D, ce marqueur
et le g6nitif
ne peut etre assign6.
a 1'avantage de lier la distribution
du
compl6mentaire
L'analyse
g6nitif, de l'article defini et du tanwin dans la langue et d'en pr6senles solutions sugg6r6es preter une explication unifiee. Neanmoins,
a
et
discussion.
l'une
tent,
1'autre,
sur la seconde. S'il est vrai que la presence
Une breve remarque
des marques d'accord et leur port6e sont 116cs au statut d'Argument
du syntagme nominal, comme on le soutiendra
plus bas, 1'analyse
de Fassi Fehri pr6dit que I'assignation
du Cas g6nitif est elle-meme
li6e au statut referentiel de 1'element N et ne se fait pas quand celuici a un emploi pr6dicatif.
I1 n'en est rien. On se reportera, a
cet
La distribution
not6e sous 13 a reste
Ayoub, a paraitre.
6gard, ?
donc a expliquer.
a 1'essentiel de 1'hypothese
Venons-en,
n6anmoins,
qui nous
la distriint6resse ici, en d'autres termes, a I'hypoth6se
expliquant
bution 13 b. Est-il vrai que le suffixe [n] se laisse toujours interpr6ter comme un article ind6fini4ll ? L'hypothese
est, en fait, difficile
a soutenir. En 14 a ci-dessous, le tete nominale est bien ind6finle.
Le syntagme nominal refere, en effet, a un particulier non identifie
la tete ne peut porter le sufdans sa classe r6f6rentielle.
Pourtant,
fixe [n] :
48 On prendra garde à la valeur différente du
[n] du lanwnet de [1] :[n], à
l'encontre de [l], fait intégralement partie du système de la flexion de Cas du nom.
a égaleAussi, dans les dialectes où les marques casuelles ont disparu, le tanwn
ment disparu. Tel n'est pas le cas de l'article défini [l]. Cette dissymétrie suggère
que leur statut lexical et syntaxique ainsi que leur valeur sémantique ne sont pas
équivalents. Voir sections suivantes.
171
14 a
qara'tu ki'ttibanabwin
j'ai lu livre-norn grarnrnaire-gen-n
,J'ai lu un livre de ?rammairc:
ce cas resolu par unc hypothese qui poserait que le
Supposons
joue, en forme logiquc, le role assume par les
g6nitif adnominal
d'autres donn6es de la langue
11 reste, n6anmoins,
determinants49.
le
cas
C'est
des
noms
font
qui
problcme.
propres qui se d6clinent
et sur lesquels [n] est adjoint.
normalement
Lc nom propre est un d6signateur
rigide, pour S. Kripke, qui
d6signe, dans tous les mondes possibles, le meme objet. Il permet
un particulier.
C'est le cas
unc r6f6rence definie unique constante a
de Zaydun cn 1,5 par exemple:
15
Zaydun qä)imun
Z est debout
Certaines classes de noms propres, qui sc d6clinent normalement,
tel Zaydun dans notre exemple, portent le marqueur
[n] sans que
ccla n'affecte nullement leur reference d6finle; [n] n'est donc pas,
du trait
du moins dans ces noms, la realisation
En effet, plusieurs tests syntaxiques
montrent que le nom propre,
dans ce cas, est bien defini. Ainsi celui de la qualification:
16
Zaydun
la petit Z.
les sequences
Si [n] était un marqueur
d'ind6finitude,
intrinseque
bien
la
contrediraient
6tablie, de
ailleurs,
par
regle,
pr6c6dentes
du
determinant
entre
le
nom
et
son
modifieur
1'homogeneite
une
Dans
d'autrcs
contextes
homogeneite
adjectival'O.
qui exigent
ceux de la relative restrictive, le suffixe
de determinant,
notamment
[n] est utilise avec le nom propre, la ou I'article defini [I] est exige
aussi avec la phrase 6quivaOn comparera
pour un nom ordinaire.
lente en fran?als o6 1'article defini est utilise :
17 a
Zaydun lladl tacrifu-huntahd
Z-nom-n que tu connais-lui est fini
le Z. que tu connais est fini
*b
h az-Zaydu lladl tacrifu-hu niahd
le Z-nom...
49 Voir section 6. Cette hypothèse ne peut, néanmoins, être soutenue dans tous
les cas. Voir «Prédicats,figures... ».
50 On consultera à ce propos «Prédicats,figures...».
172
c Le Matthias que tu connais n'est plus
*d waladun(i) l!adï ta'rifu-hu säfara
enfant-nom-n que tu connais-lui est parti en voyage.
e al-waladu l!adï ta'rifu-hu sa?jara
1'enfant-nom que tu connais-lui est parti en voyage
1'enfant que tu connais...
en
en consequence,
Ces exemples montrent,
que [n] n'affecte
rien la reference d6finie unique a
un particulier
du nom propre.
Celui-ci ne peut etre considere
comme un article ind6fini ou un
d'ind6finitude.
marqueur
Cette conclusion est confirmee par les faits relatifs aux duels et
aux pluriels. L'article defini est pr6fix6 au nom propre si celui-ci a
une reference d6finie. On comparera:
18 a
b
hdddnz'zayddni mun.talzqdnz'
(Sibawayhi, II, 103)
Voici deux Z. qui s'en vont
hadani (huma) z-zayddni'l-muntalz* . qani
Voici les deux Z. qui s'en vont
En somme, l'hypothese
que [n] est un article ind6fini se heurte
a deux difficult6s s6rieuses: il existe des noms ind6finis sans que [n]
ne soit present ; et il existe des noms auxquels se suffixe [n] sans que,
ils ne soient indefinis. Le premier cas est illustre par les
n6anmoins,
et
diptotes
par certains tours avec des g6nitifs adnominaux
(voir
illustre par les
exemples plus bas). Le second est essentiellement
noms propres d6clinables.
11 est donc peu probable que la distribution
du
compl6mentaire
suffixe [n] et d'un complement
marqu6 pour le g6nitif, d'un cote,
et de [n] avec 1'article [1] de l'autre,
soit due au fait que [n] est un
d'ind6finitude.
marqueur
2.2.
[n] est un marqueur d) indétermination
Les remarques
pr6c6dentes valent egalement si 1'on fait de [n] un
d'ind6termination.
Ainsi,
pour le Pere
intrinseque
marqueur
Fleisch 51: «Les suffixes -un, -in, -an, d'eux-memes,
impliquent
1'indetermination».
Bien sur, pour une telle th6orie, les noms propres sur lesquels [yz] peut etre suffix6 sont d6solants: «Ces suffixes
jurent avec un nom propre. Il y a la une question difficile de la morphologie arabe; car comment admettre qu'un nom propre, d6ter51 Voir L'arabe classique:Esquisse ... ; 39, 40. Consulter aussi Traité... § 54 c,
p. 271.
173
min6 autant qu'un nom puisse 1'etre, puisse recevoir un suffixe
Et on lira, plus loin: «Une nounation
d'indetermination!».
signe de
est un non-sens pour le nom propre, nom determine
l'ind6termin6,
par excellence» 52. Ces noms propres «doivent (donc) recevoir une
autre explication.».
Selon le Pere Fleisch, cette nounation
serait le
d'une
existant
dans
le
du
mimation
Sud coms6mitique
reliquat
de determination,
elle
mun et qui aurait ete, elle, «un instrument
etait alors logique» (p. 344).
se tienC'est oublier que les valeurs dans un systeme linguistique
ncnt. Car, d6cid6ment,
les noms propres ont de quoi d6sesp6rer:
le nom propre indeclinable
restreinte
dans son
ou a d6clinaison
usage def-ini, porte le lanwi-n s'il est utills6 comme indéfini dans la
avec laqftu 'Ahmadlangue. Ainsi laqitu )Abmad-a-n qu'on comparera
vu un 'Ahmad,
a. L'interpr6tation
de la premiere sequence
celle dc la seconde: J'ai vu 'Ahmad. On reviendra
plus bas à
qu'elles
1'analyse de ces donnees. Le point ici est de faire remarquer
nous
car
elles
sont ennuyeuses
les
discutons
pour
hypotheses
que
moins
le
tanwin
a
bien
du
dans
ce
cas,
que,
rapport à
prouvent,
1'indefinitude.
On admettra
volontiers que le nom propre dans la
seconde sequence est plus determine
que le premier. N6anmoins,
c'est bien le moins determine
qui porte le tanwln comme signe de
son d6faut de determination.
Nous voici donc avec deux valeurs
contradictoires
du tanwln dans les noms propres: l'un comme (relide determination,
l'autre comme marqueur
quat d'un) marqueur
d'un d6faut de determination.
11 est difficile que la langue suive la
«logique» de nos hypotheses 53.
A bien y regarder,
Une autre voie permet de se tirer d'affaire.
en effet, le suffixe [n] est neutre entre une lecture d6finie et une lecture ind6finie du nom propre declinable.
suivant ou,
L'exemple
dans sa premiere occurrence,
le nom propre a une lecture d6finie
et, dans la seconde, une lecture ind6finie, le montre clairement:
52 Traité, § 74 d,
p. 340. Bien des tours langagiers ne trouvent ainsi aucune
grâce aux yeux du Père Fleisch: Ils seraient «bien peu logiques»! Il y aurait, certes,
beaucoup à dire sur cette manière d'aborder les faits empiriques. Que la langue
résiste aux hypothèse auxquelles on veut la réduire, et l'on crie au «non sens» plutôt que de modifier l'hypothèse. Cela laisse songeur.
53 Comme on le verra
plus bas, l'explication du Père Fleisch part d'observations justes. Toutefois, ceux-ci, généralisés, donnent des explications erronées.
D'autres arguments, en fait, peuvent être ajoutés à ceux avancés ci-dessus montrant que [n] ne peut être défini comme un suffixe d'indétermination. Ils concernent l'analyse de la construction génitive. On se reportera au chapitre consacré
à ce sujet dans «Prédicats,figures...».
174
19
hada Zaydun
wa-Zaydun )äbaru
C'est Z-nom-n le petit et Z-nom-n autre-nom
Voici Z. le petit et un autre Z.
La conclusion
qui s'impose est que, dans son emploi avec le nom
ni maril n'est ni marqueur
d'ind6termination
propre declinable,
La question est, certes: 1'est-il, par ailleurs,
queur d'ind6finitude.
dans le nom commun? Les faits suivants montrent
que tant le tanwln que l'article d6fini ob6issent aux memes contraintes
syntaxiques dans les noms propres et les noms communs:
20
*a
)ubibbuZaydan 'tuftilatf
J'aime Z-acc-n enfance-moi
b 'uhibbu Zayda tufzilatT
J'aime Z-acc enfance-moi
J'aime le Z. de mon enfance
On comparera
ces donn6es avec 12 c et c' plus haut.
ob6it egalement
aux
L'article
d6fini, pr6fix6 au nom propre,
memes contraintes distributionnelles
auxquelles il obeit, s'il est prefix6 a un nom ordinaire:
21
a al- 'Iskandarzyyatu
1'Alexandrie-nom
Alexandrie
b iskandariyyatul-'ugniyati
Alexandrie-nom lachanson
On comparera
les faits 22:
22
21 a et a' avec 12 b et b'
* a'
* b'
al-'Iskandarz*yyatu-n
l'Alexandrie-nom-n
al-'iskandariyyatu1- )ugniyati
1'Alexandrie la-chanson
et la paire 21 b et b' avec
* a al-bätamu d-dahabi
la bague-nom l'or-g6n
b hdtamu d-dahabi
la bague-nom l'or-gen
la bague en or
Ces faits tendent à d6montrer qu'il existe, au moins, un fonctionnement syntaxique
du tanwin commun au nom propre et au nom
dit commun.
Mais ils suggerent
une autre
6galement,
par leur complexit6,
seule
une
modulaire
est
d'6clairer,
hypothese :
approche
susceptible
de maniere plausible, les valeurs du tanwi-n. Celui-ci n'a pas, dans
la meme valeur.
tous ses contextes,
175
2.3.
[n] est un marqueur associé à des valeurs n?gatz*ves
Si l'on met de cote, pour un temps, la question des noms proa observer dans la distribution
de [y!] est
pres, le point important
est
assocl6
a
une
valeur
r6siduelle
le
le suivant:
suffixe [n]
toujours
En effet, le marqueur
negative dans le systeme de la determination.
nom
aucun proc6d6
se
suffixer
au
semble
ailleurs,
quand,
par
[n]
d'un
article
defini
sous
l'insertion
la
syntaxique:
cat6gorie fonctionnelle D, (Voir les exemples 12 b et b') ou la presence d'un g6nitif
a la tete nominale une valeur [ + d6fini] ou,
adnominal
n'assigne
+ d6termin6],
ainsi
23 a et b
qu'en
plus
g6n6ralement,
54.
respectivement
23
a kl'tdbun-nahwi
livre-nom la grammaire-gen
le livre de grammaire
b ki'tdbunahwz'n
livre-nom grammaire-gen-n
un livre de grammaire
Ni les diptotes ni certaines valeurs du tour g6nitif ne sont des
a cette observation.
En effet, celle-ci n'exige pas la
contre-exemples
presence de [n] quand le nom a une valeur negative dans le systeme
de la determination
mais elle pose que la presence de [n], dans un
nom susceptible d'accepter
des determinants
syntaxiques,
implique
ou [n6cessairement
cette valeur negative,
qu'elle soit
determine).
Le cas des noms propres qui se d6clinent normalement
(triptotes)
et se voient suffixes [n], tel le Zayd de nos exemples qui se voit d6cliner en Zaydun, Zaydan, Zaydin, ne contredit
pas, non plus, cette
observation.
En effet, ceux-ci permettent
une r6f6intrinsequement
rence d6finie unique a un particulier.
Aucune procedure de d6termination extrinseque,
ou syntaxique,
ne leur assimorphologique
leur
valeur.
gne
On le verra dans la seconde partie de cette etude ou la description
empirique sera compl6t6e et analys6e, il existe bien une valeur absde [n] explitraite, plus exactement,
plusieurs valeurs abstraites
54 Plusieurs indices
suggèrent qu'on ne peut traiter par une même règle
syntaxique, par exemple une transformation, la distribution complémentaire de [l]
et du complément génitif - laquelle n'est d'ailleurs complémentaire que si l'on
excepte la valeur relative de [/]. Cette distribution peut, toutefois, être prise en
compte au niveau de la Forme logique. On se reportera, sur ce point, à la suite
de cette étude.
176
Le point est qu'elles seront modulaires,
non
quant ses occurrences.
deductibles
d'une seule proposition
primitive,
[n] ne se laissant
d6finir notamment,
ni comme un marqueur
ni
d' indetermination,
Au vu des observations
6tacomme un marqueur
d'ind6finitude.
blies pr6c6demment,
on peut poser, pour l'heure, la generalisation
suivante:
descriptive
24 La presence de [n] est liee a 1'absence d'une procedure de
determination extrinseque.
Dans ce qui suit, on abordera la question d'une autre maniere :
la valeur du marqucur
plutot que d'analyser
[n], on analysera les
valeurs s6mantiques
du nom commun quand celui-ci se voit suffix6
[n] ; on verra que cette analyse apporte des elements essentiels dans
le d6bat.
3. La notion et l'occurrence
Si 1'on r6fl6chit sur les valeurs s6mantiques
du nom associees au
on
les
suffixe [n],
suivantes:
peut distinguer
interpretations
I1 réfère a une quantite
a-Le nom a valeur d'ind6fini
sp6cifique.
indefinie. C'est la 1'interpretation
naturelle de 12 a et a' (ragul-u-n,
=
un
des
homme,
rigal-u-n
hommes. ) 55 . En bref, le nom auquel est
suffix6 [n] a recu une determination
quantitative.
L'interpr6tation
du nom implique
dans ce cas, la construction
n6cessairement,
Le nom lui-meme,
d'une classe d'occurrences.
s'il est singulier, est
comme une occurrence
cette
interprete
quelconque
appartenant ?
classe s .
C'est bien sur la egalement 1'interpretation
de ragul-u-n dans
(un homme est venu), par exemple. Mais c'est aussi tr?s pr6cisement la valeur des noms propres a
d6clinaison
restreinte dans
les contextes ou ils se d6clinent normalement
et ont le suffixe [n],
55 Certes, le
singulier en 12 a où l'unité lexicale est discrète, induit, en outre,
la cardinalité.
"
56 On
prendra garde à l'interprétation des indéfinis dans les N disloqués: ainsi
ou baqaratuntakallamat,les N "disloqués ne se laissent pas seuledans ruaylun
¸an
ment interpréter comme des occurrences quelconques appartenant à une classe
mais impliquent, dans le premier cas, une valeur contrastive et, dans le second,
quoiqu'il s'agisse bien d'un indéfini spécifique, ce qui est visé est le trait générique
qui distingue la classe des animés non-humains des animés humains: le fait que
les premiers ne possèdent pas le langage. Ces interprétations sont dues, pour une
part, à des configurations et n'impliquent pas les valeurs du tanwn,en tant que
tel. Voir, sur ce point, Ayoub 1981, p. 200 à 211.
177
ainsi dans laqitu 'Ahmad-a-n. Leur interpr6tation
implique nécessairement la construction
d'une classe d'occurrences:
celle de 1'ensemble des etres ayant pour nom 'Ahmad dans notre exemple. Le nom
propre ind6fini permet alors une reference unique a un particulier
non identifi6. Que 1'interpretation,
dans ce cas, implique fondala construction
d'une classe d'occurrences
mentalement
est concet usage par les tralt6s de gramfirm6 par la valeur attribu6e ?
maire : «Et si tu disais, precise Ibn
laqftu 'Ahmad-a-n, tu
un de ceux que l'on
1'auras ainsi inform6 que tu as rencontre
d6nomme Alzmad» 5'. On retrouve la diff6rence entre j'ai rencontré
Dupont et j'ai rencontre un Dupont. Elle est couplée en arabe ? une diff6rence dans la d6clinaison,
quand il s'agit de diptotes.
De maniere generale, c'est la la valeur de tout nom propre quand
il est utilise au duel ou au pluriel. Sibawayhi est, a cet 6gard, plus
lumineux
On en jugera plut6t: «Ce qui est dit la
qu'lbn
e.
le
de
hadiini
Zayddnl*
zaydiini muntaliqani = hoici deux Zayd
(kaliim) (i.
s'en
ne
Etre
qui
peut
qu'indéfini
(nakira) du fait que tu en as
vont)
fait 1'element d'une classe ou tout homme est Zayd et 'Amr et ou
n'a plus de titre qu'un
autre a cette d6nomiaucun element
nation» 58. .
b - Le nom a valeur d'indefini se prêtant a une lecture non specifique ; ainsi en est-il en 25:
25
'aladdu min
pomme-n meilleure que poire-n
Une pomme est meilleure qu'une poire
11 semble bien que la lecture non specifique implique un parcours
de valeurs sur les occurrences
d'une
ou, du moins, la construction
ce
classe d'occurrences
C'est
du
moins
la
que suggere
homogenes.
la glose de la phrase 25: kullu tuffd?atz*n (toute pomme... ) ou mu 'tlaq tuffa?Cattin (n 'importe quelle pomme...). Le point, ici, est que la présence
sans
du [n] est corr6l6e a la construction
d'une classe d'occurrences
de
selon
les
termes
qu'aucune
operation
,pr6l6vement
quantitatif»,
de Culioli 1975, n'ait ete effectuee sur cette classe.
c-C'est seulement le sens (dans 1'acception freg6enne du terme) ou
la notion qui sont pris en consideration
sans aucune reference
57
¸anna-kamarartabi-whidin
mim¸Ahmadan,fa-qad ¸alamta-hu
«fa-¸id
qulta laqtu
IX, 29.
man(i) smu-hu ¸ahmadu»Ibn Yaš,
58
l-kalmu
nakiratan, min qibali
«lam yakunhd
[i.e. hadni
zaydni muntaliqni]¸ill
¸anna-kaaalta-hu
min ¸ummatinkullu raulin
min-h
Zaydunwa-¸Amrunwa-laysawhidun minh¸awlbi-hi mina l-¸hari»II, 103.
178
C'est le cas de 10. D6s
actuelle associ6e a la sequence nominale.
est
lors, c'est la propriete,
l'etre-pierre,
qui
designee, sans aucune
construction
de classe d'occurrences.
On songera,
pour 6clairer
notre usage du terme «sens», a ce que J.-C.
Milner59 appelle la r6f6rence virtuelle. Milner distingue deux notions de reference : la r6f6rence actuelle d'une sequence nominale,
qui est le segment de r6alit6 qui lui est assocl6 et sa reference virtuelle. La reference virtuelle
d'une unite lexicale est, en fait, son sens lexical. Elle est dite
«1'ensemble des conditions caract6risant
une unite lexicale». Dans
la mesure ou tout segment de realite doit satisfaire a cet ensemble
de conditions
pour pouvoir etre la reference d'une sequence ou
interviendrait
1'unite lexicale, la reference virtuelle decrit donc un
type de reference possible. Si l'on decrit la reference du nom en 10
ne pas
par la notion de reference virtuelle, celle-ci doit, n6anmoins,
induire n6cessairement
la construction
d'une classe d'occurrences.
En 10, bagarun ne peut ?tre associé à aucune r6f6rence actuelle et
n'induit
d'une classe d'occurrences.
pas la construction
Cette etude des valeurs du nom associ6es au suffixe [/!] nous a
amene a utiliser un certain nombre
de concepts,
dont ceux de
de
il
notion et
classes d'occurrences,
dont
faut pr6ciser quelque peu
l'usage.
la distinction
entre le
On reviendra,
pour 6clairer le propos, a
fait
et
Les
dit-il,
Frege6°.
syntagmes nominaux,
concept
1'objet que
sont susceptibles de designer des particuliers,
des objets ou de d6sides concepts. Linguistiquement,
«Un concept
gner des relations,
est la denotation
d'un pr6dicat, un objet est cc qui ne peut pas etre
la denotation
totale d'un pr6dicat mais peut etre denotation
d'un
A
les
il
ce
dans
termes
sujet» 6' .
titre,
constitue,
logiques, 1'argument x d'une fonction f(x). Quant au concept, il est a concevoir
comme une fonction62 qui va de 1'ensemble des objets du monde
dans 1'ensemble
des valeurs de v6rit6. Cette fonction associe la
valeur vraie a tout objet qui tombe sous le concept. On peut certes
associer les notions de concept et d'objet a celles de general et de
59 On se reportera à Ordres...
60 «Concept et objet», 1892, in Ecrits logiqueset philosophiques,traduit au Seuil,
Paris, 1971.
61 ibid., p. 133.
12 Ecrits ..., p. 90: «Un conceptest une fonctiondont la valeurest toujoursune valeur
de vérité».
179
des criteres
Dans un article ou il discute pr6cis6ment
particulier63.
de distinction
entre ces deux dernieres notions, Strawson articule
celle d'occurrence.
Les choses g6n6rales, dit-il,
cette difference a
des
occurrences
avoir
differentes, localis6es en des endroits
peuvent
alors que les choses particulieres
ne pas en
differents,
peuvent
avoir 64 .
Si ragulun dans 1' interpretation
sp6cifique, celle de
ragulun, a
referent
un
du
monde
bien
il
va pas
n'en
determine,
pour
objet
totalement
de meme de l'interpr6tation
de l'ind6fini
en b: une
d'etre
quelle entit6 ayant la propriete
pomme renvoie a n'importe
est
le
referent
vise
une pomme. Ce n'est pas cette propriete
qui
mais c'est elle qui determine
la singularite
de sa reference.
Enfin,
bagarun, dans 1'exemple 10, a pour referent un concept, une propri6t6.
1'ensemble
de cette discussion
N6anmoins,
porte sur les r6f6rents. Strawson, en effet, parle des occurrences en tant qu'objets du
monde65. De meme, pour Frege, les concepts, on vient de le voir,
sont des ,d6notations,,.
Or les interpretations
que nous d6crivons
relevent du linguistique.
I1 nous faut donc affiner les outils conceptuels dont nous disposons pour les cerner, pour ce qui est, en particulier, de la troisieme.
de quoi l'on a besoin pour cerner
On voit bien, intuitivement,
le sens associ6 aux syntagmes nominaux dans ce cas. On a, en fait,
besoin d'un concept, d'un nom pour une interpretation
qui a rapa
du
sens
de
toute
autre
determination.
lexical,
port
d6pourvu
Nous l 'avons appelé «sens» ou notion, Ie rapprochant
du concept de
reference virtuelle. L'acception
dans laquelle nous prenons le terme
de «sens» est cclle de Frege. On connait la distinction de Frege entre
sens et denotation.
Frege definit le sens d'un signe comme le «mode
63 On ne peut faire coïncider les paires concept/objet, général/ particulier. Si
«particulier» coïncide assez bien avec objet, il n'en est pas de même du général
qui peut désigner tout autant le concept que ce à quoi renvoie l'interprétation
générique. C'est bien ce dernier sens de général qu'il faut retenir pour le référent
des noms massifs sur lesquels raisonne Strawson: l'eau, l'or, etc. Ceux-là, comme
le précise Strawson, quoiqu'étant des noms de choses générales, ne sont ni des
propriétés, ne des qualités, ni des relations (p. 39-40).
64 «Particulier et
général» in Etudesde logiqueet de linguistique,cité dans sa traduction au Seuil, 1971.
65 On reviendra,
par exemple, à ce passage: «...des expressions substantivales
désignantde façon définie des occurrences particulières...» p. 51, ibid.
180
de donation
de 1'objet»66 (Ecrits...,
assimiler
p. 103). Faut-il
notre usage de «notion» au «sens» dans l'acception
freg6enne? Estce bien le sens, entendu dans 1' acception fregeenne,
qui opere en
tant que pr6dicat, c'est-a-dire
en tant qu'entit6
ayant
linguistique
une relation, un concept? Ne faut-il pas entre ces
pour denotation
concepts de «sens» ou de «notion» et celui de ,pr6dicat,, laisser quelque marge suppl6mentaire?
11 semble bien qu'il faille, en effet, laisser cette marge. Pour
1'heure, il nous suffira de poser a partir de 1'exemple 20 que la relanon suffisante.
En
tion entre pr6dicat et notion est necessaire,
d'autres termes, pour qu'une unite lexicale fonctionne comme preil
dicat, il faut que son sens se r6duise a son contenu notionnel;
toute
lexicale
dont
le
n'est pas d6montr6,
unite
n6anmoins,
que
fonctionne
comme pr6dicat.
sens se r6duit au contenu notionnel
L'emploi que nous faisons du concept de notion est, d'autre part,
assez voisin de celui que pose A. Culioli dans ses travaux. Dans un
article consacre pr6cis6ment au concept de notions',
Culioli pose la
necessite de penser le sens lexical comme susceptible de subir des
et des deformations,
et non comme sens r6pertori6 et
derivations
d6finitivement
les etudes lexifig6, ainsi que le pensent d'ordinaire
a partir
La notion est le sens qui se laisse apprehender
cologiques.
«d'un ensemble que l'on peut exprimer, par exemple, par «lire, lecetc.,, Deux points la rapprochent
ture, livre, lecteur, bibliotheque,
de ce qui nous a concerne tout le long de ce travail: elle a des affinites avec le concept de pr6dicat: «Seule une relation predicative
non
satur6e permet d' apprehender
le domaine notionnel». Elle manque
«Elle se pr6sente
de determination
dit
d'abord,
quantitative:
un
non
avec
ensemble
de
Culioli,
quantifiables».
propri6t6s
Dire toutefois, ainsi que nous 1'avons fait plus haut, que la notion
a rapport au sens lexical n'est pas suffisamment
precis. Car il semble bien que le sens lexical, en arabe, est compose : il est la r6sultante du «sens» d'un sch?me 68 et de celui d'une racine. Qu'est-ce
Le sens du scheme et celui de la racine ou seulequi est op6rateur?
la racine qui est requis
ment le second? Est-ce ce sens sous-jacent à
1'
unite
lexicale
fonctionne
comme
pour que
op6rateur
requ6rant
66 La définition est valide, uniquement, pour ce qui est des objets du monde,
à l'exclusion des concepts et des relations.
67 «Sur le concept de notion», Bulag, n° 8, 1981.
68 On se
reportera à «Prédicats,figures... pour quelques observations sur ce
que nous entendons par «sens» d'un schème.
181
d'etre satur6? Par exemple k,t,b? Si cette solution est retenue, c'est,
en somme, cc qui constitue la litt6ralit6 des mots, leur materialite
en tant que squelette consonantique
Nous
qui serait operateur69.
laisserons ces questions ouvertes, pour 1'heure.
En s o m m c, une unite lexicale nominale employee comme pr6dicat a sa reference qui se determine
exclusivement
a partir de son
La presence de [n] n'est associ6e, dans ce cas, a
sens notionnel'°.
ni a quelque d6termide classe d'occurrences,
aucune contruction
nation quantitative.
L'unit6 lexicale fonctionne alors comme pr6dicat qui s6lectionne un argument
indirect, 6tant admis 1'hypothese
la
selection
d'une
tete predicative
mentionne
touque
argumentale
indirect, et ce a partir de l'id6e qu'un prejours un trait argumental
dicat est une expression
insaturce
qui vaut d'un sujet. Dans des
conditions syntaxiques d6termin6es (presence d'un marqueur
negala sequence donne lieu a un 6nonc6 assertif fini.
tif ou interrogatif),
C'est le cas de 10.
En somme, a partir d'une analyse des valeurs du nom associ6es
au marqueur
[n], on aura pose, dans cette discussion,
1'hypothese
suivante:
26
Une unite lexicale, meme exclusivement nominalc, peut fonctionner
comme pr6dicat s6lectionnant un argument indirect si son sens se
r6dult a son contenu notionnel, sa reference n'6tant point des lors un
objet mais une propriete.
Reste a savoir si cette hypothese
faits syntaxiques
dans la langue.
s6mantique
est corr6l6e
a des
4. Retour a 1',,accord pauare·?
d'une classe d'occurrences
est
Supposons
que la construction
6troitement
corr6l6e dans la langue a l'option
nombre,
et, de
maniere
a 1'existence
de traits grammaticaux
dans la
g6n6rale,
matrice associ6e a une expression nominale.
Si un nom est associ6
69 S. de
Voguë, 1985, développe une interprétation du concept de notion où
précisément c'est cette littéralité qui compte: «C'est donc bien à la matérialité des
termes que le concept de notion, tel du moins que nous l'entendons, s'attache» I,
313. «...Une notion est sous-jacente à un terme ou plutôt à sa racine lexicale, alors
que le sens s'applique à toute unité linguistique, de la racine à la proposition. On
peut dire: la notion d'une racine en définit le sens» I, 313-14.
70 Dans l'article intitulé «Particulier et général» (1953, 65), Strawson définit la
deuxième notion en ces termes: «... Avec les choses générales, le sens suffit pour
déterminer la référence...»
182
a une classe d'occurrences
et est susceptible donc d'une reference
actuelle, il porte, dans sa matrice, un ensemble de traits grammatiil n'a qu'une r6f6caux. S'il ne porte que ces traits grammaticaux,
C'est le prorence actuelle; il n'est, en somme, qu'une occurrence.
associ6s a sa matrice,
nom. S'il n'a point de traits grammaticaux
il se r6duit a son contenu notionnel. 11 peut fonctionner
comme operateur lexical.
Or il semble bien que la langue confirme de telles conjectures
d'une unite lexicale semth6oriques.
predicative
L'interpr6tation
en
dans
une
V
6troitement
corr6l6e
ble,
effet,
langue
-N "S a l'option «accord pauvre». Consid6rons
de plus pres celui-ci. Nous
1'avons d6ja dit, dans toutes ses formes, tant nominales que verbad'un trait: celui du nombre.
C'est
les, il se definit par l'absence
le
redoublement
de
celui-ci
la
sur
flexion
uniquement
qui produit
une sequence incorrecte.
Or cette observation
concorde
bien avec 1'analyse que nous
avons faite du segment flexionnel [n] dans sa derniere valeur. Si 26
d'une unite lexiest correct, il est fondamental
pour l'interpr6tation
cale comme pr6dicat, que ne s'ajoute pas a son contenu notionnel
un trait de nombre: celui-ci montrerait,
en effet, sans ambiguite,
en termes d'occurrences
indivique 1'unite lexicale est interpr6table
duelles de quelque chose de
Nous reprenons la la terminologie de Strawson 1953. Selon cet auteur, en effet, l'id6e d'une
occurrence individuelle
de O implique, notamment,
que nous sommes capables de distinguer cette occurrence d'autres occurrences de
0. Le trait de nombre dans la langue presuppose
que la possibilit6
de distinction
est d6ja r6alis6e.
On peut penser le processus,
du point de vue formel, comme
celui de la determination.
Tout trait de nombre doit avoir un element quelconque,
vide ou lexical, dans sa port6e auquel il confere
une interpretation
donnee. Dans une expression nomiquantitative
nale ordinaire,
le trait de nombre
a le contenu
notionnel
de
71 Certes, le pluriel pourrait toujours exprimer les occurrences de
procès. En
français, par exemple, le pluriel d'une nominalisation a quelque peine à exprimer
les occurrences de procès. ii se prête bien plus à un sens résultatif qu'à un sens
processif de la nominalisation:
i. la destructionde la villepar Néron
ii. Lesdestructionsde la villepar Néron.
Une nominalisation au pluriel en arabe a une valeur exclusivement nominale
(résultative) et ne peut, en aucun cas, gouverner un objet à l'accusatif.
183
1'expression nominale dans sa port6e. Les tetes pr6dicatives ont ceci
de sp6cifique que le trait de nombre de l'accord qu'elles portent
peut avoir deux elements dans sa port6e, dans une langue ou la
soit la cat6gorie
position sujet est interne au syntagme pr6dicatif:
vide en position sujet, soit le contenu notionnel
de la tete pr6dicative.
la lumiere de cette analyse, les configurations 3
a
Reprenons, ?
et b, dans le cas ou XO est une tete predicative
c'est-Anominale,
dire dans le cas des exemples pr6sent6s sous 2 et repris en 27 cidessous :
3
27
* a XO - Agrl - N" lcxical
b Xn - AgrO - N" lexical
a Zaydun cärifunabawä-hu 1-habara
Z-nom sachant (sing.) freres (duel)-lui la nouvelle
Z a ses deux fr?res qui savent la nouvelle
* b Zaydun cärifäni 'ahawd-hu 1-habara
Z-nom sachant (duel) fr?res (duel)-lui la nouvelle
En 27 a, seul le N " lexical porte un trait de nombre. La tete partiexclusivement
en tant
cipiale, n'en portant point, est interpretee
notionnel.
Elle peut fonctionner
comme pr6dicat,
que contenu
de la position qui suit la tete
selon 1'hypothese 26. L'identification
comme position sujet, c'est-a-dire
comme projection de la place de
le trait de
indirect, est possible. En 27 b, en revanche,
l'argument
ne peut etre interprete
comme
nombre port6 par la tete participiale
se rapportant
au contenu lexical realise en position sujet (frères). En
effet, ce dernier porte d6jA un trait de nombre et il n'y a point de
chaine syntaxique
dont deux elements sont «lexicaux»; des lors, le
trait de nombre sur la tete participiale
ne peut etre interprete qu'en
rapport avec le contenu notionnel du participe. 11 quantifie ce contenu notionnel, impliquant
la construction
d'une classe d'occurrences et une determination
Le
quantitative.
participe est, en cons6en
termes
d'occurrences
individuelles:
ca-rifdni
quence, interprete
signifiera, en 27 b, deux (hommes) qui savent. Il ne peut ?tre interpr6t6
comme pr6dicat tel qu'en 27 a, c'est-A-dire signifier sachant. L'idencomme projectification de la position qui suit la forme participiale
indirect est impossible. 27 b
est incorrect car a
tion de l'argument
La
1'unite lexicalefrères ne peut etre assign6 aucun role th6matique.
Le meme raisonnement
contrevient
au 8-critère.
configuration
vaut pour la projection de 1'argument direct. En somme, les NP qui
184
suivent la tete sont ininterpr6tables.
La «fonction coh6sive,, dans
cette sequence, dirait Benv6niste,
n'est pas assur6e.
se fonde sur un principe
d'univocit6
pr6c6dente
L'analyse
6noncera
comme
suit:
s6mantique
qu'on
28
Principe d'univocité
Un element de contenu a ne peut, a la fois, etre interpr6t6 comme
pr6dicat et comme argument dans Ie meme domaine.
ne soit pas triviale, qu'un
On supposera ici, quoique l'hypothese
element interprete
en termes d'occurrences
individuelles
est un
admet implicitement
une
Cela pose, toute grammaire
argument'2.
et
version de 28 afin d'empecher
qu'un element soit op6rateur
dans
le
meme
domaine.
Cette
derniere
restreint
precision
argument
le domaine d'application
du principe. Un meme element peut, en
etre
dans
sa distribution
externe et op6rateur lexieffet,
argument
a
du
l'int6rieur
A vrai dire, il n'y
cal, sinon pr6dicat,
syntagme'3.
a guere de coincidence
entre 1'emploi d'un element
syntaxique
C'est la projeccomme pr6dicat et son emploi comme argument.
tion de la tete qui est argument,
non la tete lexicale elle-meme.
On
bonne
de
est
un
de
formation
relevant
28
principe
supposera que
la forme logique.
en revanche,
Consid6rons,
1'exemple 29:
29
'al-waladdnz' ddrz*bdnl' Zaydan
les deux enfants-nom frappant-nom-duel Z-acc
Les deux enfants frappent Z.
Le pr6dicat en 29 est a analyser en S-structure
comme contenant
une position sujet interne'4.
Cette position est vide; le trait de nombre est uniquement
sur la
realise, avec les autres traits d'accord,
tete predicative.
sont envisageables:
1 il a pour
Deux hypotheses
port6e le contenu notionnel de la tete auquel cas celle-ci est interet la phrase est ininterpr6table
pr6table en termes d'occurrences
pour les memes raisons que 27 b. 2° il a pour port6e la cat6gorie
vide en position sujet; celle-ci, acqu6rant une interpretation
specifide genre et de nombre,
est
que du fait des traits grammaticaux
est
en
comme
29
ceci
important
analysable
pro. L'exemple
qu'il
72 Cette hypothèse sera, en fait, précisée et modifiée au vu des tours de la phrase
nominale.
73 Sur la distinction
que nous faisons entre opérateur lexical et prédicat, on se
reportera à «Prédicats,figures...».
74 Voir
pour des détails «Prédicats,figures...».
185
montre qu'il n'est pas requis de la tete predicative de ne pas porter
de trait de nombre; il est uniquement
requis que ce trait de nombre
le contenu notionnel de la
ne soit pas interprete comme quantifiant
tete. On peut donc poser un corollaire a l'hypothese
26:
30
Un element lexical a est interprete comme un op6rateur lexical si le
trait de nombre de la flexion, qu'il porte n'a pas pour port6e son propre contenu notionnel.
Dans le paragraphe
qui suit, on 6claircra quelques consequences
de l'hypothese
30.
avantageuses
avant de clore ce chapitre, que le marObservons,
n6anmoins,
queur dit de genre sur les noms participe de ce processus d'interEn effet, ce qui
pretation de 1'unite lexicale en tant qu'occurrence.
est designe comme marqueur
de genre (sur le verbe et le nom) est,
a marquer
et ne sert pas uniquement
pour le moins, polys6mique
le genre. Ainsi le [at] sur les noms sert, dans certains de ses usages,
des occurrences
individuelles.
a distinguer
Ainsi, en ajoutant un
le
nom
d'une
Soit
à
nom
on
obtient
occurrence.
un
d'espèce,
[at]
pour exemples: tamr-u-n (datte, collcctio / tamr-at-un (une datte );
tuffzi§-u-n (pomme, collectif 7 / tuffah-at-un (une pomme). Les noms
ainsi obtenus sont connus, dans la tradition grammaticale,
par cette
confirme
notre
«noms
designation
qui
propos:
(asma-)u 1On verra plus bas un phénomène
similaire dans les déverentre le
n6anmoins
la difference fondamentale
baux. Remarquons
disle
trait
de
nombre:
dit
de
et
puisse
pour qu'il
marqueur
genre
occurrence
le
de
une
individuelle,
marqueur
genre suppose
tinguer
la classe d'occurrences:
un nom d'espece pr6supd6jA construite
cette classe. Par conpour son interpretation,
pose n6cessairement,
de nombre fait une distinction plus primitive, plus
tre, le marqueur
initiale: entre 1'interpretation
du nom en tant que pur contenu
en tant qu'occurrence.
notionnel et son interpretation
5. Consiquences de lanalyse
5.1. Les pluriels des noms
30 est confort6e, de maniere ind6pendante,
L'hypothese
par la
des pluriels du nom dans la langue. On sait qu'en
grammaire
il existe deux
arabe, ainsi que dans d'autres
langues s6mitiques,
de
du
nom:
les
externes
et
les
types
pluriels
pluriels
pluriels bris6s,
dits aussi internes. Le trait de nombre, dans les premiers,
est suf-
186
fixal ; les pluriels bris6s sont formes sur un scheme different de celui
du singulier; dans la mesure ou le scheme du mot singulier se modifie, ce type de pluriel est dit brisé 75 ou interne. Une meme unite
lexicale peut avoir plusieurs pluriels mais toute unite lexicale nominale n'a pas n6cessairement
deux pluriels:
l'un bris6, l'autrc
de l'arabe devra donc 6tablir les principes
externc. Une grammaire
la formation de ces pluriels. Les analyg6n6raux qui commandent
ses pr6c6dentes
sont susceptibles
d'en 6claircr certains
aspects,
traiter
la
en
tous
sans, certes, aucunement
question
pr6tendre
points.
11 existe une similitude entre les marqueurs
au nominatif du
trait
de nombre quand celui-ci est suflixal (au duel et dans les pluriels
externes) et le trait de nombre port6 par la flexion verbale 76: ils
sont, tous deux, suffixaux; ils sont 6pel6s par les memes marqueurs.
Nous avons signale ailleurs cette similitude 77 presentee comme un
argument en faveur de 1'analyse des traits d'accord sur la tete verEn
bale en tant qu'element
pronominal
6pelant le Cas nominatif.
effct, on retrouve dans les deux formes verbales, celle de l'accompli
et dans les noms au nominatif quand le trait
et celle de 1'inaccompli,
de nombre est suffixal, le paradigme
suivant:
des flexions
Dans la mesure o6 lc comportement
syntaxique
nominale et verbale, tel que statue en 30 et dans toute la discussion
quand l'unit6 lexicale nominale a un
qui a precede, est identique
ce que cette similitude syntaxiemploi pr6dicatif, 1'on s'attendrait a
une
nommement
se
traduise
similitude
que
par
morphologique,
en
tant
tete
d'une
unite
lexicale
que
predicative
qu'a 1'emploi
Ie cas,
le pluriel suffixal. C'est effectivement
nominale corresponde
75 Voir,
II, 190 sq. pour la définition de ce type de
par exemple, ¸Astarabd
pluriels.
76 La similitude
morphologique des marqueurs est notée dans la grammaire de
Blachère et Gaudefroy-Demombynes, 119, sans que, pour autant, elle ne soit associée à un fonctionnement sémantico-syntaxique des catégories: «Il semble d'ailleurs qu'en arabe, la désinence nasoit surtout l'indice du pluriel masculin dans
les verbes et dans les participes et que son emploi dans les noms soit secondaire».
77 Voir
Ayoub 1980 et 1981.
187
pour la plus grande partic des donn6es. Le pluriel externe n'est pas
nous I'avons dit, dans chacun des schemes nominaux.
disponible,
I1 cst, en revanche, tout a fait r6gulier dans les formes participiales.
Son emploi dans les formes adjectivales est egalement massif'18. Par
ailleurs, quoiquc les pluriels externes puissent correspondre
6galement a l'interpr6tation
en tcrmes d'occurrences
de la forme participiale, ainsi dans 1'exemple 32 ci-dessous:
32
gä)a kdtl*biir-risälati
est vcnu ayant 6crit -norn (plur, masc) la lettre-g6n
Ccux qui ont 6crit la lettre sont venus.
le cas general dans la languc est 1'existence de pluriels bris6s pour
les formes participiales
et adjectivales quand celles-ci ont une interon comparera 32 et
pr6tation ,Iexicalls6e,, en termes d'occurrences;
33 dans lesquels la meme unite lexicale katib a un pluriel externe
kitibli et un pluriel bris6 kuttab:
33
1-kuttdbu
cst vcnu les ecrivains-nom
Les 6crivains sont venus
Pour expliquer ccs donn6es, on peut faire l'hypothese
qu'il existe
a kitib, l'une signifiant ecrideux entrees lexicales correspondant
a
vain dont le pluriel est bris6 (Voir 33), 1'autre correspondant
a
un
en
termes
et, subsidiairement,
emploi
1'emplol pr6dicatif
dont le pluriel est externe (Voir 32 pour le second
d'occurrences,
emploi et pour 1'emploi pr6dicatif
34
)al- culamä)ukätibiina r-risalala
les savants-nom ecrivant-nom-plur la lettre-acc
Les savants 6crivent la lettre
a une stipulation,
Cette hypothese reviendrait
sans plus, notant
assodans le lexique une difference de fonctionnement
grammatical
ciee a une diff6rence d'interpr6tation.
9
L'hypothese
permet une
6clairante
du
approche plus
ph6nom?ne.
I1 y a uniquement,
entre 32, 34, d'une part, et 33
pensons-nous,
d'autre
une
difference d'interpr6tation
part,
qui est a comparer
avec celle existant en francals entre 35 a et 35 b.
78 De fait, cet
emploi obéit à une contrainte concernant le marqueur du trait
de genre. Les traités de grammaire, dans la tradition arabe, ont établi la généralisation descriptive suivante: seules les formes de l'adjectif dont le marqueur du
trait de genre féminin est [at] ont un pluriel externe. Nous retrouvons là la question du trait de genre que nous avons choisi de ne pas aborder dans ce travail.
188
35
a
une lettre
b J'écris
Milner
1986 duquel ces exemples sont emprunt6s,
propose une
de
la
difference
et
35
b
l'on
entre
35
a
analyse
que
peut étendre aux
nous
Dans
le
cas
de
32
et
34, exactement
exemples qui
occupent.
cas
il
comme dans le
de 35 a,
existe une lecture 6v6nementielle
de
kdtib li6e a un instant precis et a un argument
precis (la
En revanche,
du pluriel de kitib en 33 est a mettre
1' interpretation
en rapport avec 35 b et est a analyser dans les memes termes: elle
implique un parcours sur la classe des instants (ou la construction
d'un instant g6n6rique) et sur la classe des arguments.
Au fond, un
katib (un 6crivain) est celui qui, 6crivant ou n'6crivant
pas et quoi
ne
aucun
1'ecriture.
écrive,
instant,
qu'il
quitte, ?
Cette difference d'interpr6tation
est tres exactement
ce que predit 1'hypothese 9. En effet, dans la mesure ou katib en 33 n'est pas
dans un emploi pr6dicatif,
ses arguments
ne se r6alisent pas en
en termes de parcours
sur 1'argusyntaxe. De la 1'interpretation
ment direct puisque le role th6matique
est disponible dans 1'entree
lexicale sans qu'il n'ait de realisation syntaxique.
En revanche,
en
est
se
en
de
kitib
direct
realise
34, 1'emploi
pr6dicatif; 1'argument
l'accusatif et la lecsyntaxe et est gouvern6 par la tete predicative a
ture est 6v6nementielle.
32 realise une situation interm6diaire
ou le
nominal
est
en
termes
d'occurrences
mais
ou
syntagme
interprete
le deverbal garde, neanmoins,
6tant lie
une lecture evenementielle,
a un argument
precis (la lettre). Notons, enfin, qu'en 32, 1'argument direct de kdtl*b se realise au g6nitif, non a I'accusatif;
on
reviendra
ailleurs sur cette donn6c.
En somme, les deux hypotheses 9
et 30 permettent
d'expliquer
deux comportements
differents
des formes participiales
syntaxiques
et la distribution
des pluriels en relation avec ces comportements,
sans qu'on ne soit contraint de stipuler, a chaque fois, deux entrees
lexicales pour la meme forme participiale
et sans recourir a quelque
de
9 et 30
une
difference
nature
cat6gorielle.
hypothese
stipulant
la
des
font la prediction
suivante,
pluriels:
quant ?
grammaire
79 Selon Cohen 1984, le participe, dans son emploi prédicatif, nomme le procès
concomitant. En conséquence, en 34 où l'instance d'énonciation est celle du discours, l'instant précis dont il s'agit ne peut être que le présent. Par contre, en 32,
la forme participiale ne peut que désigner un parfait, dans la mesure où elle a une
interprétation en termes d'occurrences et un emploi argumental. Dans les deux
cas néanmoins, la lecture de ktib
est liée à un instant précis et un argument précis.
189
36
Si une unit6 lexicale a dispose de deux pluriels, l'un externe,
I'autre bris6, c'est le pluriel externe qui est employé si l'emploi de
a est prédicatif, ou bien si a, tout en ayant un emploi argumental,
realise l'un de ses arguments en syntaxe.
Cette prediction est confirmee, comme le montre le caractere tres
33 repris ici en 37 c:
douteux des exemples 37a et b, compare a
37
*a
a t- tulldbukutwbun r-rÙälata
les enfants 6crivant-iiom (plur. bris6) la lettre-acc.
?*b
kuttdbu r-risälati
est venu les 6crivains-nom (plur. bris6) (de) la lettre-gen 8°
c
l-kuttabu
est venu les ecrivains-nom
Les 6crivains sont venus
fondamentales
de cette analyse, que nous
Une des consequences
est
le
caractere erronn6 de toute
ne poursuivrons
ici,
pas davantage
lexicalis6e
des
du nom, en
intrinsequement
pluriels
approche
arabe. L'unite
lexicale n'a pas plusieurs
pluriels, correspondant
a plusieurs entrees lexicales. Ce sont ses emplois
eventuellement
syntaxiques qui decident, pour une grande part, de la maniere dont
se forme son pluriel $' .
5.2. Le diminutif
au contenu
notionnel
qui articule l'emploi
pr6dicatif
au
de maniere
une tete participiale
simple, pourquoi
un
ne peut fonctionner
comme pr6dicat et s6lectionner
indirect. L'exemple
38 a est ininterpr6table;
on le comargument
avec
38
b:
parera
L'analyse
explique,
diminutif
38
*a Zaydun sute?ay?irunbi-l-huzni
Z. diminutif-de-ressentant de la tristesse
b Zaydun suze?ay?irun
Z. est un rimailleur
80 Ibn Yaš
VI, 74, rapporte certains exemples de formes participiales assignant l'accusatif, bien qu'elles soient au pluriel brisé. Il en souligne toutefois le
caractère marginal, même dans la langue classique. Le pluriel externe, dit-il, est
préférentiel (¸awl), quand la forme participiale gouverne un argument à
l'accusatif.
81 Ces assertions doivent être
précisées et nuancées, notamment pour ce qui est
de «la part» à octroyer à l'emploi syntaxique. Nous laisserons cela pour un travail
ultérieur.
190
En effet, le diminutif
que 1'unite soit
implique n6cessairement
un nom d'occurrence,
entendue
comme
ainsi que le montre
fonctionner
comme
1'exemple 38 b. Elle ne peut, en consequence,
c'est
une tete predicative et gouverner un argument prepositionnel;
le cas
de 38 a. C'est d'ailleurs
la la raison de l'ininterpr6tabilit6
avec toutes les tetes susceptibles de gouverner des arguments
directs
et de leur assigner le Cas accusatif. Ainsi le masdar ne peut gouverner un argument
direct et lui asssigner le Cas s'il est au diminutif
ou s'il est entendu comme un «nom de fois», c'est-a dire pr6cis6ment un nom d'occurrence,
ainsi darb-at-un (un coup) par rapport
a darb-u-n (le fait de frapper). On se souvient que la langue dispose
du meme proc6d6 pour les noms primitifs qui se divisent ainsi en
noms d'especes
(baqar-u-n / tamr-u-n / tuffah-u-n) et noms d'unit6s
/
/ tuffah-at-un).
tamr-at-un
(baqar-at-un
11 en est de meme quand la tete participiale
est modifi6e par un
plus comme pr6dicat, la modification
adjectif. Elle ne fonctionne
adjectivale 6tant une determination
qualitative de 1'unite qui implila
d'une
classe
et le choix d'une
construction
d'occurrences
que
on
de
39 a avec le sens
occurrence;
comparera
l'ininterpr6tabilit6
de 39 b.
39
*a Z,
Z.
b Z,
Z.
kätibun kabfrun r-risälata
6crivant-ind6f-nom grand-nom la lettre-acc
kätibun kabfrun
est un grand 6criivain
dont celles reglant 1'emploi argumental
consequences,
et pr6dicatif de 1'unite lexicale, ne seront pas explor6es ici.
Au vu de l'ensemble
de ces faits, il est indeniable que notre hypodu trait de nombre en recourant
these qui regle le fonctionnement
a une analyse en termes de notion et d'occurrences,
a quelque
valeur explicative: elle permet, en effet, de lier une s6rie de faits de
Cette analyse a, en outre, des conlangue, d'apparence
erratique.
s6quences sur la question qui nous pr6occupe: elle eclaire, en effet,
la question de la valeur abstraite du marqueur
[n] dans ses différents contextes. C'est la ce qu'on montrera dans le paragraphe
qui
suit.
D'autres
6. La question du tanwin
(II)
concernant
la distribution
Une generalisation
descriptive
a ete 6tablie, dans la premiere partie. Rappelons-la:
de [n]
191
24
La presence de [n] est li6e ? I'absence d'une procedure de
determination extrinseque.
Quelle hypothese abstraite peut 6clairer, d'une part, cette g6n6ralisation descriptive
et d'autre part la distribution
de [n]
syntaxique
a
reste
et
ci-dessous
telle
qui
toujours
expliquer
qu'on reprendra
qu'elle est sch6matis6e en 13:
13
a* N-n N" gen
b* al-N-n
On s'en souvient, dans la mesure ou [n] n'est pas le marqueur
de 1' article
sa distribution
avec le marcompl6mentaire
telle
en
13
du
b, reste a explique representee
queur
trait [ + défini],
D'autre
aucune
satisfaisante
n'6claire
quer.
part,
hypothese
de la configuration
13 a.
1' agrammaticalite
En fait, un troisieme trait du fonctionnement
de [n] est fondamental. I1 a ete mentionne
les
noms
haut
dits
plus
que
diptotes dans
la tradition
ne peuvent porter le suffixe [n], quel que
orientaliste
soit leur contexte syntaxique.
Or ces noms se forment,
dans leur
sur
des
schemes
bien
determines
majorite,
morphologiques
grande
des categories nominales.
Dans la mesure ou ce troisieme trait n'est
il semble
de contextes
déterminés 82,
pas dependant
syntaxiques
la construca une hypothese concernant
plausible de le rapporter
tion des categories
On posera,
sans le justifier
grammaticales.
sont construites
à
ici, que les categories grammaticales
davantage
d'un
ensemble
de
modules
leur
construction
distincts,
partir
implides propri6t6s morphologiques,
quant, en particulier,
syntaxiques,
etc. L'impossibilit6
de suffixer [n] a certains schemes
s6mantiques,
nominaux
suivante:
suggere 1'hypothese
40
Le suffixe [n] est le marqueur d'un statut nominal non marque.
40 a besoin d'etre precisee en plusieurs
de ses
L'hypothese
elle
une
th6orie
de
la
dans
la
construction
points:
implique
marque
des categories grammaticales,
fond6e sur les propriet6s de ces cat6dans ce travail.
gories, que nous ne poursuivrons
pas davantage
toutefois, un fait empirique
qui semble confirmer
que
Indiquons,
c'est bien une th6orle de la marque qui est en jeu pour ces schemes.
On 1'a dit, les schemes qui ne portent pas le suffixe [n] ne peuvent
82 L'occurrence de
[n] dans les noms propres diptotes ou indéclinables est, on
l'a vu, liée à une interprétation sémantique du nom propre, non à son contexte
syntaxique.
192
En 1'absence d'une
etre declines aux trois Cas morphologiques.
ils porou
de
determination
morphologique
syntaxique,
procedure
le
le Cas nominatif et
deux Cas morphologiques:
tent uniquement
Cas accusatif; ce dernier est port6 dans toutes les configurations
de gouvernement
structurales
par une tete lexicale: V, N, P et A.
En somme, il y aurait deux Cas pour ces noms: celui du nonle nominatif;
celui du gouvernement
par une tete
gouvernement :
le genitif qui ne
lexicale: 1'accusatif. Le fait que ce soit pr6cis6ment
peut etre port6 par les noms diptotes, c'est-a dire par les noms ne
portant pas [n], et ce en l'absence de [I] ou du g6nitif adnominal,
rappelle, encore une fois, les faits 13 a et b et montre que 1' absence
de [n], qu'elle releve d'un contexte ou qu'elle soit non-contextuelle,
est d6termin6e
par les memes criteres. Nous y reviendrons.
40 a besoin d'etre pr6cis6c d'une autre mani?re:
L'hypothese
exactement
la notion de statut nominal? Dans un cadre
que signifie
de
la th6orle X' et o6 l'identit6
categorie
th6orique
qui dispose
de traits (a N, fi V],
d'une tete lexicale implique une combinaison
exactement
au trait
je supposerai que le statut nominal correspond
[ + N], ou hypothese plus forte, non seulement a la valeur positive
du trait N mais 6galemcnt a la valeur negative du trait V. Je supposerai 6galement,
pour donner a cette hypothese une port6e, qu'aux
des propri6t6s pr6cises dans chaque
traits N et V correspondent
la plus forte
ou module de la grammaire.
L'hypothese
composante
non aborpr6dit que, compte tenu des propri6t6s morphologiques
d6es ici, ce sont les categories [ + N, + V] qui risquent d'etre diptotes, parce que d6jh marquees par la valeur positive de V. C'est tres
entre les
exactement
le cas $3. Je ne trancherai
pas, n6anmoins,
deux hypotheses
et me tiendrai ici a 1'hypothese
minimale.
40 se
r66crit donc en 41:
+1
Le suffixe [n] est le marqueur du trait [ + N], si dans toutes les
composantes de la grammaire, la categorie nominale n'est pas
marquee.
83 Il va de soi que je ne me propose pas ici de construire une théorie des diptotes
mais d'en éclairer les aspects qui se fondent sur les thèses développées dans ce travail. Une théorie des diptotes devrait tenir compte de plusieurs facteurs dont, en
particulier, le statut référentiel des noms. C'est ce que suggère le fait que certains
types de noms propres soient diptotes et le fait que seuls parmi les catégories
[ + N, + V], certains schèmes des modifieurs adjectivaux ou participiaux le soient.
Les masdar, par exemple, ne le sont jamais. On se reportera, pour quelques suggestions, à la conclusion de cette étude.
193
41, dans sa forme actuelle, pr6dit incorrectement
L'hypothese
que les contextes 13 a et b sont 16gitimes. 11 semble bien, toutefois,
que ces contextes impliquent
egalement le trait [ + N]. Cela impose
41 et de la pr6ciser.
de modifier l'hypothese
6.1. Le determinant logique
1985, defendant la these que les roles th6matiques
Higginbotham
besoin de recevoir une realisation
n'ont pas n6cessairement
arguon I'a vu, à
mentale en syntaxe, these que nous avons soutenue,
cause du fonctionnement
des d6verbaux en arabe litteraire, suggere
telles que dog par exemple dans the
que meme les tetes nominales,
d'une
ouverte»
dans leur grille th6matique.
«place
dog, disposent
Cette place, qui n'est pas a confondre avec une position syntaxique
du fonctionnement
d'une
car elle releve uniquement
logique
leur permet de d6noter «each of the various
nominale,
expression
a
et
besoin
d'etre
li6e dans the dog par 1'article the. Ce procesdogs»
le role th6matique
inclus dans
sus de liage permet de ,d6charger,,
En
la grille de 1'entr6e lexicale dog et est appel6 liage th6matique.
d'autres
termes, c'est le liage qui permet £
dog de devenir une
expression r6f6rentielle
qui requiert un role th6matique.
a l'analyse de HigginOn peut ainsi presenter l'id6e sous-jacente
botham : l'hypothese
d'une place ouverte saturable permet a dog de
individuelles
de quelque chose de g6n6renvoyer a des occurrences
ral. Il s'agit donc la d'une proposition
formelle qui pourrait repretout le long de ce
senter une idee th6orique qui nous a preoccupee
travail. L'hypothese
est, au vrai, d6jh pr6sente dans Higginbotham
1983. Elle s'inscrit dans 1'esprit de 1'analyse faite par les logiciens
la reference du syntagme nominal.
Ceux-ci, partant des
quant ?
modeles math6matiques,
denotatives»
les «periphrases
analysent
(«referring phrases») en quantifieurs
logiques et pr6dicats semblables aux autres expressions
de 1'6nonc6. C'est la la
pr6dicatives
these de Frege, Russel, Quine.
avance
sur cette
idee,
qu'un
S'appuyant
Higginbotham
insaturee,
syntagme nominal a le statut logique d'une expression
comme operasaturable par un determinant
logique fonctionnant
il
existe
donc
un terme se
teur. Dans toute expression
nominale,
comme
la
determinant
et
qualifiant
representation
logique
logique
associ6e a un groupe nominal n'est bien form6e que si elle a l'une
des deux formes suivantes:
194
un element quantifieur
ou Qu represente
ou un syntagme quantifieur et ou Def represente
un
d6fini, corrcspondant a
l'op6rateur
a
N
determinant
ou
un
"
defini.
syntaxique
La distribution
de 1'article defini sur la tete et du
compl6mentaire
des
dans
langues comme l'arabe, 1'hebreu ou le
g6nitif adnominal,
le meme role logique: ce
gallois84, laisse penser qu'ils remplissent
defini se realise dans la position g6ni1'operateur
qui correspond a
est la suivante illustr6e par 43:
tive. La distribution
43
*a art. defini......gen
*b b ar-ragulu
l-bayti
d'autres
on distinguera
entre le fonctionnement
termes,
des
termes
et
leur
valeur
au
niveau
de la Forme logique
syntaxique
(FL"). Les propri6t6s syntaxiques d'un article defini et d'un g6nitif
sont differentes.
leur valeur au niveau de
adnominal
N6anmoins,
et l'autre
la Forme logique
est similaire.
L'une
fonctionnent
comme determinants
On
donc
supposera
logiques.
qu'il existe une
de
a
effet
de
donner
unc
deplacement
qui
pour
representation
regle
de FL
le g6nitif est dans la position vide du determinant
ou dans
une position adjointe au N" lui-meme.
Le g6nitif, comme l'article
d6fini, fonctionne comme un op6rateur par d6faut liant la variable
contenue dans 1'expression
nominale.
11 est als6 de voir que cette analyse peut etre 6tendue pour explinot6es en 13. Dans le cas d'un syntagme
quer les distributions
nominal muni d'un article defini, la variable est 116e en Forme logidefini qui se trouve dans le determinant.
C'est
que par l'op6rateur
le cas de ar-ragulu. 11 est als6 de d6duirc que la distribution
compl6mentaire de [/!] et de [I] d'une part, de [n] et de l'argument
de la
tete lexicale marqu6 pour le g6nitif d'autre part, vient du fait que
qu'ils lient
[77]et le g6nitif jouent le meme role que [I] , c'est-a-dire
la variable dans 1'expression
nominale.
C'est le cas de 12 b ' et de
en 13. Plus pr6cis6ment,
le g6nitif et [n]
12 c' notes formellement
le
la
en
lui
faisant
lient, chacun,
variable,
premier
acqu6rir sa
valeur [a d6fini], le second en lui donnant une interpretation
par
En
84 On se
reportera, à cet égard, à Rouveret, 1987 b.
85 La forme logique est un niveau de représentation où figurent certaines propriétés logiques des énoncés, notamment celles mettant en jeu des quantifieurs et
des variables.
195
d6faut. De la s'explique qu'il n'y ait pas une seule valeur s6mantique 116e au suffixe [n].
Les configurations
13 sont exclues en Forme logique, la variable
ce qui contrevient
6tant
116e
deux
au principe de
y
par
op6rateurs,
Celui-ci
en
doit lier une
effet, qu'un op6rateur
stipule,
bijection.
11
variable et une seule.
exclut la quantification
a vide et les varialibres 86.
bles syntaxiques
D'autres
faits confirment
cette analyse.
Il existe,
soutient
"
tete
nominale
et
entre
une
1'ensemble
des
1983,
Higginbotham
qui lui sont associ6s deux types de relations:
c'est celle qui existe entre la
1-Une relation de determination :
tete et le N possessif.
c'est celle qui existe entre chacun
2-Une relation de modification:
des N" obliques et le nom tete. Cette relation, exprimable
par la
facultative.
conjonction
logique, explique leur presence
en arabe litt6raire est dans une
On 1' a vu, le g6nitif adnominal
avec la tete nominale, contrairement,
relation de determination
par
la
difference
entre
les
relations
a
un
N"
Or,
exemple,
oblique.
et un complement
s6mantiques
qui lient un g6nitif adnominal
d'une difference de fonctionneoblique a leur tete s'accompagne
ment syntaxique.
Seuls les seconds permettent
1'affixation
de [n]
sur le nom tete :
44
a ki'tdbul-waladi
*a'I kltdbun l-r?aladi
livre-nom 1'enfant
le livre de 1'enfant
b kitäb-u-nfi l falsa, fati
livre-nom-n dans la philosophie
Un livre (traitant) de philosophie
livre-nom-n l'enfant-gen
* b'I ki'tdbufi l falsafati
livre-nom dans la philosophie
Ces faits confirment que seule la position genitive a le meme role
compl6menlogique que le marqueur
[n]. De la leur distribution
N"
dc
avec
un
taire et l'occurrence
oblique.
conjointe
[n]
En somme, il existerait une distribution
entre
compl6mentaire
et
le
car
tous
trois
le
rôle
de
d6terminant
g6nitif
jouent
logi[1], [n]
du fait du principe de bijecnominale,
que et qu'une
expression
86 Le
principe de bijection a été proposé par Koopman et Sportiche, 1982,
«Variables and the bijection principle», The linguisticReview, 2, 2, 139-160. Si la
place ouverte associée à une expression nominale n'est pas toujours une variable
syntaxique dans la mesure où elle n'occupe pas, dans tous les cas, une position
A, l'application du principe de bijection doit être étendu dans la langue aux variables associées aux expressions nominales.
196
seul determinant
Dire qu'il
tion, ne peut avoir qu'un
logique.
la
d'éviter
difficulte
d'un
determinant
que
s'agit
logique permet
nous avons eue quand il s'est agi de la question de la valeur de tanwin dans le nom propre. Si l'on se réfère aux representations
logique ci-dessus, [/!] joue tant6t le role d'un article ind6fini ou d'un
c'est le cas de laqitu 'Ahmadan; tant6t [n] joue
syntagme quantifieur:
le role de I'article d6fini: c'est le cas de laqitu Zaydan; en d'autres
termes, ce qui est essentiel a retenir dans sa valeur, c'est qu'il s'agit
d'un op6rateur qui lie une variable. Elle acquiert, par defaut, une
valeur s6mantique
precise.
6.2. L'operateur
lie une matrice de traits grammaticaux
Mais quelle est la nature exacte de la place ouverte contenue dans
nominale?
On peut penser cette place ouverte comme
l'expression
associ6e sp6cifiquement
au trait [ + N]. Etant donn6 les propri6t6s
r6f6rentielles des syntagmes nominaux (ils referent de maniere priils sont en position de sujet logique, etc),
vil6gi6e a des particuliers;
on peut penser que le trait [ + N] fonctionne
comme une variable
besoin
d'etre
liee
ou
d'etre satur6e. Touun
par
quantifieur
ayant
dans
un
cadre
de
modules
tefois,
autonomes,
th6orique qui dispose
il est peu probable qu'une entit6 syntaxique,
tel le trait [ + N], soit
le primitif d'un module d'interpr6tation
De maniere
s6mantique.
si
nominale
est dot6e
l'on
plus plausible,
suppose qu'une expression
d'une matrice 87 incluant un pr6dicat (qui exprime sa reference virde
tuelle) et d'une matrice de traits grammaticaux (D
(notamment
la construction
de sa reference
genre et de nombre) n6cessaires ?
fonctionnent
actuelle, on posera que les traits grammaticaux <1>
matrice
une
comme une variable.
d'une
associ6e
?
L'hypothese
nominale
est
minimale
une
formelle
qui se
hypothese
expression
la
de
reference
des
par l'analyse
expressions
justifie th6oriquement
nominales et se fonde, empiriquement,
sur l'analyse des faits d6veloppee ci-dessus. On remarquera
qu'en posant que les traits C associ6s a une expression nominale fonctionnent
comme une variable,
une hypothese
existant d6jA dans la
nous ne faisons qu'6tendre
concernant
certaines
vides
categories
lesquelles,
grammaire
form6es d'une matrice de traits
sont exclusivement
rappelons-le,
grammaticaux.
87 La
conception de la matrice associée à une expression nominale soutenue ici
est assez voisine de celle défendue par Rouveret 1987 b.
197
il semble bien que cette hypothese,
telle quelle, est
N6anmoins,
En effet, si elle explique le comportement
des syntaginadequate.
mes nominaux qui fonctionnent
comme expressions r6f6rentielles et
suppose, integrent dans leur matrice des traits de
qui, avons-nous
comme variable, elle a des diffinombre et de genre fonctionnant
cult6s ?
le fonctionnement
des syntagmes
nominaux
expliquer
En
dans
ce
comme
avons-nous
soueffet,
cas,
employ6s
pr6dicats.
la
tete
le
trait
de
nombre
nominale
a
tenu,
port6 par
pour port6e
la cat6gorle vide en position sujet. Or les faits sont, dans ce cas,
les memes, tels que notes en 13. La question est, certes:
exactement
a usage attributif
a-t-elle r6ellement
nominale
une expression
besoin d'un determinant
logique8$?
Si tel n'6talt pas le cas, l'hypothese
du determinant
logique est
ou insuffisante.
On 1'a vu, les faits du tanwln sont simiinadequate
laires avec les tetes pr6dicatives;
on y observe, notamment,
la disen
not6e
13
a.
tribution
compl6mentaire
D'autres
faits de langue viennent confirmer cette conjecture.
Ils
la
ont rapport a
ou
valeur du g6nitif quand la tete est participiale
Le g6nitif adnominal
n'a pas, dans tous ses usages,
adjectivale.
valeur de determinant
logique: il existe de bonnes raisons de penser
la
valeur
que
defini] d'un nom tete n'est pas toujours d6termin6e
son
par
complement
g6nitif. Elle varie pour les participes et 1'adjectif selon leur position (argument
ou pr6dicat) et selon leur interpr6tation : en termes d'occurrences
ou de contenu notionnel89. 11 semla relation
ble bien, en outre, que, dans une position predicative,
entre un adjectif t?te et son complément
g6nitif (subjectif) n'est nullement une relation de determination
mais une relation de modification. N6anmoins,
les faits restent les memes. Et on observe tou13 a.
de la configuration
jours 1'agrammaticalite
47.
Ils infirment claireen
les
donn6es
sous
et
Soit,
effet,
45, 46
ment que le g6nitif adnominal
fonctionne
comme un
toujours
a
determinant
une port6e sur tout
logique dont la valeur [a d6fini]
le syntagme.
Dans tous ces exemples,
la tete participiale
est soit
soit ind6finle, bien que le complement
ind6termin6e,
g6nitif porte
I'article d6fini. Notons-le
l'occurrence
de [n] avec le
6galement,
dans
tous
ces
est
complement
g6nitif
exemples
toujours agrammati88 On notera
que Higginbotham exclut de son approche les gérondifs et les
«nominaux mixtes» tels John's proving of the theorem.
89 On se
reportera, à ce sujet, à «Prédicats,figures...».
198
clairement
cale. Les tests 45, 46 et 47 montrent
que le syntagme
reste indetermine
dont la tete est participiale
quoique celle-ci ne
le
genitif adnominal
porte I'article d6fini.
puisse porter le [n] et que
1 - Le test de I'homog6n6it6
du determinant
d'un nom et de son
modifieur adjectival:
45
sadaqunbäsimu-l-lagri
est venu un ami-nom souriant-nom la bouche-g6n
Un ami souriant est venu
2 - Le test des pr6dicats
ment ind6termin6s:
46
secondaires
qui doivent
etre n6cessaire-
Zaydun bäsima l-lagri
est venu Z-nom souriant-acc la bouche-gen
Z est venu, souriant
3 - Le test du quantifieur
kull (tout, chaque) qui, dans son sens distributif, ne peut etre suivi que d'un nom singulier indefini. Le participe et l' adjectif peuvent aussi, dans ce cas, suivre kull. On comparera 47 a et b:
47
a ra'aytu kulla 'tdlz'bz'n
/ * t-lalibi
j'ai vu chaque-acc 6tudiant-g6n / * 1'etudiant-gen
b 'uhibbu kulla bdsi'mz't-ta'ri
j'aime tout-acc souriant-g6n la bouche-g6n
J'aime toute personne souriante
Signalons egalement 1'existence d'un autre test: l'usage de rubba,
particule qui requiert comme element gouvern6 un nom indefini 9°.
Ces donn6es s'6clairent
si l'on fait 1'hypothese
qu'il s'agit la
d'une relation qui n'est pas une relation de determination.
Si tel est
le cas, la distribution
du
et de [n]
compl6mentaire
genitif adnominal
n'est pas due au fait que celui-ci joue le role de determinant
logides lors, 1'expliquer?
que. Comment,
6.3. Le marqueur de reference du syntagme nominal
La similitude des faits, quel que soit, par ailleurs, le
rentiel du syntagme nominal, suggere que, exactement
des
41, c'est le trait [+ N] qui est en jeu. Supposons,
trait [ + N] visible dans les modules syntaxiques,
est
statut r6f6comme en
lors, qu'au
associ6e en
90 Sur la valeur de ces tests et
l'analyse des exemples et des principes impliqués,
on se reportera à «Prédicats,figures...».
199
forme logique, une place ouverte dans la matrice d'une expression
un marnominale et que cette place ouverte est, tres exactement,
de
la
reference
du
nominal
aR.
d'une
syntagme
L'hypothese
queur
la
tete
aux
est marquee [ + N]
telle place sp6cifique
syntagmes dont
comme
se justifie dans la mesure ou ceux-ci peuvent fonctionner
et
comme
alors
ce
n'est
expressions r6f6rentielles,
que
pr6dicats
pas
le cas pour des syntagmes
Cette place
ayant une tete [ + V, -N].
ouverte fonctionne comme variable devant etre liee. Elle est li6e par
de la reference
1'article defini [I] qui est n6cessaire a la construction
actuelle du syntagme nominal. Elle est 116e par le complement
g6niassoci6 au trait
tif dans la mesure ou celui-ci est sp6cifiquement
la construction
de la valeur r6f6rentielle
de la
[ + N] et participe a
tete nominale.
Et, enfin, en l'absence de [1] et du g6nitif, elle est
116e par d6faut par [n]. Cette suffixation par d6faut de [n] explique
la multitude des valeurs qui est associ6e a ce suffixe en forme logide
que. La presence de [n] ne dit rien sur la valeur r6f6rentielle
dit
si
en
nominale.
Elle
ne
pas,
particulier,
l'expression
1'expression
Elle dit uniquement
nominale a un usage referentiel ou attributif.
Dans ce cas, le syntagme
que celle-ci a une valeur r6f6rentielle.
nominal peut etre interprete
comme un particulier,
plus pr6cis6ment comme un ind6fini sp6cifique (voir 12 a et a' et le cas du nom
propre dans laqftu 'Ahmadan) ou un défini spécifique (tel le cas de
comme un indéfini générique (voir
Zaydun): il peut ?tre interprété
il
avoir
Et
un
enfin,
peut
pr6dicatif ou sa reference se
emploi
25).
r6dult a son contenu notionnel (voir entre autres les syntagmes parde la suffixation par d6faut
ticipiaux en 2 a et 29, etc.). L'hypothese
pourquoi la presence du suffixe [n]
permet egalement
d'expliquer
n'est pas n6cessaire
a 1'interpretation
predicative
(voir 46 par
ou
a
du
nominal
comme [1'interpretation
syntagme
exemple)
les
23
En
dans
deux
effet,
d6fini] (Voir
exemples cites, c'est
b).
la
N
lie
variable
de
aR.
On posera donc
qui
g6nitif
l'argument
1'hypothese 48 qui modifie 41 et explique les faits que 41 se proposait d'expliquer:
48
Le suffixe [n] lie, en Forme logique, une variable associee au trait
[ + N], dans le cas ou aucun autre lieur n'est disponible, et ce si,
dans toutes les composantes de la grammaire, la cat6gorie portant
le trait [ + N] n'est pas marquee.
48 rend compte de la distribution
compl6mentaire
L'hypothese
not6e en 13. 13 a et b sont des configurations
1116gitimes en forme
vertu
en
du
de
dans
la mesure ou chalogique
principe
bijection,
200
cune contient deux op6rateurs
( [n] et Ic N " genitif en 13 a, [1] et
[n] en 13 b) pour une seule variable.
La regle de montee du determinant
en formc logique explique
la
tete
du
la
valcur
que
syntagme partage
[outd6fini] de son compl6ment. Reste, certes, a expliquer l'occurrence
conjointe du g6nitif ct
de [I] avec une tete [ + N, + V] dans ad-ddrl'bu 'ahu-hu cAmran ou 'albien
Dans ce cas, [1] est, pensons-nous,
hafizu cawrata
insere sous une tete fonctionnelle.
Mais il s'agit de C 9', non de D.
Le syntagme participial ou adjectival o6 [I] et le g6nitif sont associ6s
est, en fait, une relative r6duite. On laissera cette question de cote
ici.
48 permet egalement d'int6grer
les faits relatifs a la
L'hypothese
valeur de determinant
logique de [n] dans certains contcxtes, ainsi
En effet, il
que nous les avons discutes dans la section pr6c6dente.
suffira d'ajouter que, quand 1'expression nominale a un usage r6f6rentiel, [n], en liant la variable associ6e au trait [ + N] a, par le fait
meme, valeur de determinant
logique. En d'autres termes, quand
comme pr6dicat, le tanwi-n lie uniquela tete nominale fonctionne
ment la variable associ6e au trait [ + N]. Cette variable n'etant pas
associ6e a des traits grammaticaux,
le tanwln marque précisément
ou
de
la
tete
son
insaturation,
l'incompl6tude
incompl6tude
qui
le trait dc nombre port6 6venimplique une position syntaxique:
tuellement
par 1'unite lexicale, a une port6e qui n'est pas celle du
contenu notionnel de 1'unite lexicale et est a associer a une position
sujet vide. Quand le syntagme nominal est en position argumentale
le tanwin, en tant que d6terminant
et a un usage referentiel,
logique
par d6faut, lie la variable associ6e dans ce cas aux traits grammaticaux. L'expression
nominale
est ainsi satur6e et le tanwln foncdu syntagme nominal,
tionne comme marqueur
de la compl6tude
ici
au
du
terme.
entendue
sens
compl6tude
freg6en
Une hypothese similaire posera que le g6nitif n'est pas, dans tous
les contextes, un determinant
logique et ce pour expliquer la disparit6 de valeurs qu'il peut avoir par rapport au nom tete, selon que
nominale a un usage referentiel ou attributif.
1'expression
Par ailleurs, [n] 6tant un licur par d6faut, on s'explique pourquoi
en effet,
il est seul utilise dans le cas des noms propres d6clinables;
91 C est mis pour complémenteur. Il s'agit d'une position
périphérique en
début de phrase qui est, entre autres, le «landing site» des éléments interrogatifs
ou relatifs antéposés.
201
ni 1' article defini ni le g6niceux-ci, dans le cas general, n'acceptent
Seule
reste
tif adnominal.
la
Neanmoins,
1'option [n]
disponible.
a 1'article defini et
valeur de [n] en forme logique 6tant identique
on s'explique
sa preau g6nitif adnominal,
egalement
pourquoi
sence dans les noms propres ob6it aux contraintes
syntaxiques
qui
en effet, qu'on
prevalent
pour les autres noms. On se souvient,
compl6mentaire
peut observer, dans le nom propre, la distribution
de [n] avec I'article defini et le g6nitif adnominal.
Ces faits s'expliquent par le principe de bijection.
48 se soutient d'une intuition fondamentale
Enfin, 1'hypothese
relative au fonctionnement
des syntagmes nominaux
et en traduit
a
et syntaxiques;
cette intuition
les implications
interpr6tatives
rapport a la nominalit6 du nom. En somme, la nominalit6 du nom
est pr6cis6ment
de pouvoir etre tant un pr6dicat qu'un argument.
Seul un syntagme nominal peut connaitre
une reference actuelle,
dans le sens de la designation
d'un particulier,
et constituer,
dans
les termes logiques,
d'une fonction.
En termes frel'argument
nominal,
g6ens, seul le syntagme
parce qu'il peut referer a un
saturer
le
objet, peut
pr6dicat lequel denote un concept. C'est donc
sur
seulement devant ce type de syntagme qu'on peut s'interroger
la nature ?,sp6cifique,, ou non du referent, le syntagme verbal 6tant
sur
exclu de toute designation
C'est tres pr6cis6ment
particuliere.
cela que se fonde, pour nous, la valeur du tanwin au niveau de la
forme logique 92 .
En somme, tout groupe nominal a le statut d'une expression non
satur6e, quelle que soit la position de celui-ci, qu'il ait un usage
ou attributif,
referentiel
6v6nementiel,
qu'il soit nom primitif,
nom
nom
de
nom
nom de
r6sultatif,
fois,
d'instrument,
d'agent,
au
etc.
Ce
statut
est
associ6, sp6cifiquement,
lieu,
trait [ + N] qui
fonctionne
comme variable ayant ? etre li6e. Celle-ci est li6e, par
dans la
d6faut,
par [n], si aucun autre lieur n'est disponible
structure.
les valeurs
On 1'aura compris, cette analyse permet d'expliquer
ont r6pertori6es
distinctes que les grammairiens
quant au tanwin :
92 On
peut supposer que le nom propre a besoin d'un lieur, spécifiquement de
[n], parce que, d'une part, il est, au niveau syntaxique, [+ N] et qu'au niveau de
la Forme logique, il se prête, dans certains de ses usages, à la construction d'une
classe d'occurrences. Or, selon Strawson, il n'existe de classe d'occurrences que
de quelque chose de général. On laissera ici de côté la question de savoir si le nom
propre est analysable comme un prédicat ou pas.
202
tanwinu
t-tamakkun rappelle précisément
que le tanwln est associe
au
tanwi-nu
sp6cifiquement
l-muqabala peut probabletrait [ + N].
se voir assigner fondamentalement
la
ment, sans grand dommage,
meme valeur93. Enfin tanwinu t-tankir est lie a la construction
d'une
classe d'occurrences,
du moins dans le nom propre, et a la valeur
d'ind6finitude
lui
est associ6e.
qui
Cette hypothese permet egalement d'expliquer
le rapport crois6
entre le tanwin, le g6nitif adnominal et la question de la définitude,
la question de I'article defini que l'on signalait au
plus pr6cis6ment
d6but de ce travail: tous trois fonctionnent
comme determinants
logiques.
La distribution
meme du tanwln dans la langue suggère que
48 n'est pas denuee
de fondement:
6tant donne
l'hypothèse
1'analyse que nous avons faite dcs pluriels externes dans la langue,
on comprend
dans les
pourquoi le tanwln se trouve, precisement,
a
Les
en
1'exclusion
des
externes.
premiers,
pluriels
pluriels bris6s,
des
de
noms
ou
effet, sont, pour 1'essentiel,
pluriels
primitifs'
1'existence du trait [ + N] ne fait pas de doute. Mais, on 1'a vu 6galement, le nun final des pluriels externes, comme celui du duel, ne
sont pas sans rappeler celui du tanwin . C'est ce dernier point qu'il
6claire une
nous reste a élucider. On verra que cette comparaison
valeur purement
du
tanwin.
syntaxique
7. I'anzoin et fnj duel et pluriel:
est un marqueuer de projection de N
Soit les exemples 12 repris ici:
12
a raful-u-n
Un homme-nom-n
b ar-ragul-u
1'homme-nom
c ra?ulu l-bayti
homme-nom la malson-g6n
1'homme de la maison
Ces donn6es
laisseraient
penser
a'I rigâl-u-n
hommes (pl.)-noin-n
b '** ar-ra/ul-u-n
l'homme-nom-n
c' * ragul-u-n l-bayti
homme-nom-n la maison-g6n
que [y!] est le marqueur
de quel-
93 Il faudrait, certes, en dire
plus sur l'idiosyncrasie apparente que constitue le
marquage casuel dans ce cas. On laissera ici de côté cette question.
94 Il existe certes,
beaucoup de «qualificatifs» qui donnent lieu à des pluriels
externes. On a vu, néanmoins, plus haut que cette formation obéissait à des
emplois syntaxiques.
203
du syntagme
d'une
nominal95, plus pr6cis6ment
que compl6tude
du syntagme
nominal96.
Si 1'on r6fl6chit
syntaxique
completude
dans les termes th6oriques du modele du gouvernement
et du liage,
de projection maximale.
on dira que [n] est un marqueur
S'il est,
en effect, suHixé au nom cn l'absence du determinant
[I] ( = le, la,
c'est pour indiquer que le nom en
les) ou d'un g6nitif'adnominal,
se r6duisant a son noyau (No), est
12, bien quc, phon6tiquement
de [n] est agrammatiun syntagme nominal, un N ". L'occurrence
cale en presence de 1'article defini ou du g6nitif'adnominal
parce
a son
que le nom, dans ce dernier cas, se r6duit effectivement
noyau.
toutefois, le paradigme
Comparons,
precedent avec celui-ci, qui
illustre ce qui se passe pour le [n] du pluriel masculin externe,
donn6es
rcpr6sent6
graphiquement
par une lettre, les memes
valant, mutatis mutandis, pour le duel:
49
a* al-muslimu
a'I al-muslimuna
les musulman-a
les musulman-Q-n
*
b muslimul-madlnati
b' muslimunal-madlnati
musulrnan-u-la ville-g6n
musulrnan-u-n la ville-g6n
les musulmans de la ville
c ' * al-muslz*mtina
l-madlnati
les musulman-o-n la ville-gen
La difference qui apparait imm6diatement
est la compatibilite
du
[n] du pluricl externe et du duel avec I'article d6fini, contrairement
au [n] du tanwin. En revanche,
ce [n] du pluriel est incompatible
faits moncomme le tanze?in. Certains
avec le g6nitif adnominal,
de
ces
suffixes
ne
etre
consid6r6
trent, toutefois,
qu'aucun
peut
marqueur de projection maximale. On s'en souvient, en effet, le [n]
du lanwi-n est pr6sent quand la t?te nominale
fonctionne
comme
indirect
s6lectionnant
une
op6rateur
place d'argument
marquee
11.
On prendra pour exemple le paradigme
pour le nominatif9'.
Dans tous ces exemples, la tete predicative
est un NO. N6anmoins,
95 On
évoquera ici la théorie d'al-¸Astarabdqui parle de lammuli-smi,
comme manan
du tanwn
et des [n] suffixaux du duel et du pluriel. Voir
miun
en particulier, I, 14 sq, I, 31 et I, 273.
96 On se
reportera à la section précédente pour ce qu'il en est de la complétude
sémantique.
97 En fait, les données sont
plus complexes. Nous laissons ici de côté le marqueur [/] qui est à analyser comme un marqueur relatif dans ad-dribu'ah-hu
amran.
204
elle porte bien le suffixe [n]. Ce suffixe n'est donc pas un marqueur
de projection maximale.
vaut, mutatis mutandis, pour le
L'argument
dans
le
tour
al-waladiini
duel
et
le
pluriel
qari'ani r-risalata98.
[yz]
[n]
En fait, tant le tanwin que ces deux [n] ont bien une valeur commune qui porte sur une compl6tude
c'est que, a l'int6syntaxique:
rieur de la projection maximale,
N' ne ,branche,, pas, pour utiliser
un jargon g6om6trique.
En effet, la representation
arborescente
en
D-structure
est 50 a en cas de presence d'un g6nitif adnominal
et
50 b si celui-ci n'est pas realise :
En d'autres
termes,
quand le suffixe [n], quelle que soit sa
est
le
nominal n'inclut
valeur,
present,
syntagme
pas de g6nitif
adnominal99 et N' se r6duit a N. C'est, incontestablement,
la, une
a tous les [n] dont nous parlons.
valeur commune
C'est pr6cis6ment cette valeur commune qui explique la distribude tous les types de [n], notamment
ceux du
tion compl6mentaire
duel et du pluriel, avec Ie g6nitif.
On le notera, cette analyse, si elle s'av6rait correcte, donnerait
statut linguistique
a une projection de N 6minemment
abstraite, le
du moins en ceci, la th6orie X'. En effet, si
N', et confirmerait,
et N ont une realite linguistique
intuitive en ceci qu'ils corresau
pondent respectivement
syntagme nominal et a son noyau, N'
du
reste une entit6 th6orique.
Elle acquiert un statut linguistique
fait qu'il existe des langues ou elle se revele centrale pour expliquer
des donn6es ou justifier
la presence d'un marqueur.
Du reste,
Le
1'arabe n'est pas la seule langue a fournir cette confirmation.
en
directement
en
de
franrais, implique
quantitatif,
comportement
cette entit6. On se reportera aux analyses de Milner'00. En quantitatif, dit-il, repr6sente seulement un N'. A preuve qu'il reprend un
element ou un ensemble d'616ments d'une expression quantitative
98 Selon ¸Astarabd,
le seul contexte où on peut avoir un effacement du nn
est dans les relatives réduites: al-hfiz
awrata
«maa
l-amali
bi-n-nasbiwa-t-tarfi»
l-ašrati.
99 Sur le
génitif adnominal et ses propriétés, on se reportera à «Prédicats,
figures...».
100Voir De la
syntaxe...
205
sur la seule base de l'identit6
lexicale; I'anaphore
par en marque
seulement l'identit6 de la reference virtuclle, sans impliquer aucune
C'est ce qui explicor6f6rence actuelle avec 1'clement anaphorise.
suit:
Ils
ont
dix
lions mardi, mercredi
la
dans
attrapé
phrase
qui
que que
ils en ont tue cinq, lcs cinq lions tu6s peuvent ne pas faire partie des
lions attrap6s la veille.
d'une
dc cctte analyse est la confirmation
Une autre consequence
le
structure,
pour representer
ind6pendante,
pos6c dc maniere
ou
celui-ci
se
realise
sans
la
dans
des
adnominal
langues
g6nitif
Ainsi I'h6breu dans les langues semimediation d'une preposition.
et
l'irlandais
dans
les langues celtes, etc. Dans toule
tiques,
gallois
comme en arabe,
tes ces langues, le g6nitif se realise strictement,
le
du N' minimal,
a l'int6r]eur
6galement,
lequel constitue,
casuelle.
domaine pertinent
pour I'assignation
cette analyse fournit une
Pour ce qui cst de 1'arabe litt6raire,
a
un
fait
massif:
celui
de 1'existence,
dans
explication
empirique
toute la classe des noms d6clinables, ?
1'exception des diptotes, d'un
d'une
le tanwln et un
ph6nom?nc
grande generalite,
regroupant
autre suffixe [n] (duel, pluriels externes). En somme, ce serait la un
marqueur
syntaxique d'une absence de projection N' qui branche,
et ceci quelle que soit la forme de la pluralisation,
qu'elle soit siminominale.
La formulaire aux formcs verbales ou sp6cifiquemcnt
lation est importante:
il est marqueur
d'une absence. LA aussi,
comme on 1'a vu pour l'interpr6tation
associ6e au nom
s6mantique
dit commun, il a une valeur negative. La presence du [n] peut donc
(s'il existe un article, dans le cas
signifier soit qu'il s'agit d'un
C'est le cas
des [n] duels et pluriels) ou d'un N tout simplement.
de l'usage pr6dicatif.
il y
Mais pour que cette analyse soit entierement
satisfaisante,
faut ajouter, qu'en forme logique, le [n] duel et pluriel n'assume le
role de determinant
logique qu'en 1'absence de 1'article défini. Soit
dans des exemples comme: al- )awliidu ciirijuna l-babara. 11 fonctionne
donc comme op6rateur par d6faut en un sens encore plus faible que
à
le tanwin. En présence de I'article défini, il se r6dult uniquement
sa valeur syntaxique.
Quant a savoir pourquoi il en est ainsi, la r6ponse implique, proet pr6dicatives.
la question des positions argumentales
bablement,
la
ici
11
de
laisserai
de
cote.
suffira
sugg6rer que, de maniere
Je
au
logique tout
parallele
g6nitif qui peut etre, parfois, determinant
en 6tant toujours lieur da la variable associ6e au trait [ + N] et,
206
de la nominalit6
du nom, le [n] du duel et du pluainsi, marqueur
riel peut etre parfois lieur du trait [ + N] tout en 6tant toujours marqueur d'une projection N' qui ne branche pas. Dans 1'emploi predicatif, le [n] duel et pluriel de la variable associ6e au trait [ + N]
il est
sera toujours lieur de la variable. Dans 1'emploi occurrentiel,
avec
l'article
et
il
fonctionne
comme
redondant
pur marqueur
de l'existence
d'une projection N' non branchante,
et,
syntaxique
de nom, la position
donc, de maniere d6riv6e, de la nominalit6
de N.
genitive 6tant, on 1'a vu, une propriete
une
C'est cette valeur de marqueur
syntaxique,
conjuguee a
variable
en
forme
6claire
liant une
valeur d'op6rateur
logique, qui
il s'agit
le dernier type de tanwln que distinguent
les grammairiens;
de tanwinu
Celui-ci, on s'en souvient, était, entre autres, le
tanwin de 51 a 101:
'
51
a kullun
qä)imun
Tout-nom-n se levant-nom-n
Chacun est debout
b kullu )insänin
qa'imun
Tout-nom homme-g6n-n se levant-nom-n (voir 28 a)
universel en arabe, est un nom. A ce titre, il
kull, le quantifieur
ainsi en 51 b. Syntaxiquepeut etre suivi d'un g6nitif adnominal;
du point
ment, ce g6nitif est gouvern6 par la tete N. N6anmoins,
est
restreinte
de vue s6mantique,
la quantification
kull
op6r6e par
a la classe r6f6rentielle determinee
par le g6nitif: en 51 b, celle des
le r6quisit syntaxihommes. En 1'absence d'un g6nitif adnominal,
la presence du [n] : N' se r6duit a N. En forme
que est uniquement
universel
est interprete
comme liant une
logique, le quantifieur
variable logique dont 1' interpretation
est le terme g6n6rique compatible avec le sens du pr6dicat. Etant donn6 le sens du pr6dicat en
51, la quantification
portera sur la classe des humains.
Quant a la
variable associ6e, en forme logique, au trait [ + N] de kull, elle est
li6e par [n].
comEn somme, cette analyse permet d'6clairer la distribution
du
duel
ou
des
soit
celui
du
du
tanwin ,
pl6mentaire
[n] suffixal, qu'il
avec
le
adnominal.
et
feminin,
pluriels externes'o2, masculin
g6nitif
101 laisse de côté l'annexion à une
proposition. Elle implique une analyse des
Je
connecteurs que l'on n'entreprendra pas dans ce travail.
102Il existe d'autres différences distributionnelles entre le tanwn
dont celui de
la muqbala,
et le [n] suffixal des pluriels externes et des duels. Ainsi, à la pause,
seul le premier n'est pas prononcé. Cette différence se justifie, pour les grammai-
207
On a vu toutefois, plus haut, que, pour ce qui est du tanwt-n, ce n'est
syntaxique,
qui doit
pas cette seule valeur, de nature purement
avec le g6nitif. Cette
compl6mentaire
compter dans sa distribution
la valeur g6n6rale du tanwin,
valeur syntaxique
est, n6anmoins,
soit
le
de
tanwln
presente quel que
type
impliqué.
Si ces analyses sont correctes, le phénomène
du tanwln confirme,
de maniere 6clatante,
la modularit6.
Le tanwin ne se laisse comcontient des niveaux de representation
prendre que si la grammaire
distinctes: les niveaux de representation
et le niveau de
syntaxiques
forme logique;
et des modules
tant au niveau de la
distincts,
syntaxe que de la Forme logique.
Le tanwin a, en fait, rapport à la nominalité
du nom dans les diff6rents modules. 11 ne peut etre entendu dans aucune theorie qui
essaierait
tous ses usages d'une
seule proposition
de d6duire
primitive.
- Les modules
de la forme logique:
tanr,?anu tinterpr6tatifs
tamakkun marque, au niveau de la forme logique, la nominalit6 du
r6f6nom, c'est-A-dire son aptitude a avoir un usage predicatif ou
rentiel. C'est en ce sens que le tanwln fait entendre les r6sonances
du verbe dans chaque nom.
le tanwln joue le r8le
Si le groupe nominal a un usage referentiel,
d'un determinant
d6faut.
logique par
Pour ce qui est de tanwi-nu t-tanklr, il ne peut également s'entendre
au niveau de la forme logique,
que dans un module interpr6tatif,
nom, et de celle du nom
qui traite de la valeur referentielle du
propre.
- Le module
la nominalit6 du nom, le tanwi-n dit,
casuel: marquant
son
a
recevoir
le paradigme
flexionnel
aptitude
par la-meme,
casucl 1°3.
riens, en ce que le [n] duel et pluriel est suivi d'une voyelle. C'est celle-ci qui n'est
pas prononcée à la pause. De même, dans le cas du vocatif et du nom suivant l
* lkitbanal
lt-twilatiavec lmuslimna f
n-nfiyali-l-ins.On comparera:
La forme correcte étant lkitbaal t-twilati
madnati.
etzaydunavec y
zaydni,
*y
la forme correcte étant: yzaydu.
103On
distinguera soigneusement entre le Cas abstrait et le Cas morphologique
duquel nous parlons ici. Selon la théorie des Cas (abstraits), tout nom doté d'une
matrice phonétique doit porter un Cas abstrait assigné par une catégorie donnée
dans des conditions de gouvernement précises. Les faits que nous discutons pourraient ainsi constituer une ligne de partage enre Cas abstrait et Cas morphologique puisqu'un nom, même à déclinaison restreinte ou indéclinable, a un Cas abstrait. Néanmoins, il n'est pas sûr que la théorie des Cas abstraits, qui est une
théorie (partielle) de la distribution des groupes nominaux, soit nécessaire dans la
grammaire.
208
- Le module
c'est la valeur la plus g6n6rale du tanwin,
syntaxique:
d'une projection
valide dans tous les cas. Le tanwin est marqueur
N' non branchante
a l'instar des nun du duel et du pluriel.
11 suit que la valeur d'un element avec [/!] n'est pas d6finissable
en dehors de 1'enonce: selon son emploi en posiextrinsequement,
et ses emplois syntaxition predicative
ou en position r6f6rentielle
il
induire
des occurrences.
peut
ques, sa valeur se modifie et
au tanEn somme, cette analyse reprend des valeurs reconnues
win de longue date dans la tradition arabe pour en donner, en quelCe faisant, elle transforme
immanquaque maniere, la rationalite.
s'inscrit dans un modele th6oriquc
ces
blement
valeurs, puisqu'elle
du langage. Elle
des univcrsaux
formalise qui se propose d'enoncer
ainsi, a 6clairer le tanwln à partir de principes et d'hypoparvient,
theses qui valent pour une grammaire
96n6rale du groupe nominal:
des categories
du
determinant
logique, la hi6rarchic
1'hypothese
de la
en
tant
la
que caract6ristique
syntaxiques,
position genitive
tels
ceux
de
cat6gorie N, etc. Elle pose un ensemble de concepts,
notion et d'occurrence,
qui 6clairent non seulement le tanwln mais
des
faits de langue: les pluriels, le fonctionnement
aussi d'autres
meme
au
niveau
de
etc.
De
I'analyse
plus,
expressions pr6dicatives,
du tanwin lui-meme, elle n'est pas 6quivalente a l ' analyse des gramElle s'en distingue en bien des aspects 1°4; signalons-en
mairiens.
des trait6s de gramun, digne
1'analyse «canonique»'o5
maire m6di6vaux se voit oblig6c de postuler des valeurs distinctes
du tanwin sans pouvoir les lier l'une a 1'autre et sans
et autonomes
les fonder, toutes, sur une propriete g6n6rale du groupe nominal.
d'une valeur
est le marqueur
Ibn Yac¡š dit bien que tanwinu
de kull, alors que tanwinu t-tankir est marqueur
d6finie
il ne peut exister de lien entre
Dans ces conditions,
d'ind6finitude.
104Nous entreprenons là une démarche périlleuse qui consiste à comparer des
analyses qui s'inscrivent dans deux modèles théoriques différents et relèvent de
deux époques différentes. On se reportera, pour quelques indications sur la légitimité de cette démarche, à notre article: «Les modèles et le temps», Le grédeslangues,
n° 2, 1988.
105 La réserve introduite par «canonique» s'impose: On le voit déjà dans cet
Voir
a une analyse qui inclut une valeur générale du tanwn.
article, al-¸Astarabd
note 73. En fait, il existe autant d'analyses du tanwn
qu'il existe de grands grammairiens.
106wa-¸ammkullun wa-badun
fa-mahdfunmin-huml-mudfu¸ilay-hi wa-huwa
¸irdatu
al
dlika¸anna-hum
l-mudfi¸ilay-hi fmarifatni wa-lawl
murdun yadullu
himla-kn
nakiratayni»III, 30.
209
l'une ou l'autre des valeurs du tanwin et on comprend
les discussions dans les cas malais6s a distinguer qui semblent relever de deux
types de tanwin: ainsi le cas de kullun qa'imun qui semble relever, à
la fois, de tanwinu
et de tanwinu t-tamakkun. En comparaison,
notre analyse tient compte de la complexite des valeurs par l'orgaen modules et composantes
nisation meme de la grammaire
distincelle permet, par son abstraction,
de lier des valeurs
tes ; neanmoins,
contradictoires
du tanzvin: par exemple, le tanwi-n en
apparemment
d'indefinitude
et de definitude.
Elle prend pour
tant que marqueur
des
nominaux
dans la
assise une propriete
fondamentale
groupes
et pr6dicat.
De cette prolangue: leur aptitude a etre argument
articul6e
a
des
d6coulent des
emplois
syntaxiques,
pri6t6 g6n6rale,
contradictoires
du tanwln qui, meme pour les
valeurs s6mantiques
Les autres valeurs du tanwin
posaient probl?me.
grammairiens,
de la grammaire,
de la
sont deductibles
des autres composantes
en particulier
et des hypotheses qui y sont
composante
syntaxique
et la position
aff6rentes: l'organisation
des categories syntaxiques
ainsi distincCes
valeurs
sont
les
nominaux.
dans
groupes
genitive
autonomes.
etre
tes des premieres
sans, neanmoins,
la question du
On comprend
aussi, dans cette vue, pourquoi
g6nitif, de I'article et du tanze?in se croisent. Ils ont tous rapport, en
a la nominalit6
du nom.
quelque maniere,
8. Quand la langue ne reconnait plus le nom du verbe
enfin par une derniere observation
au sujet des
On terminera
observation
confirme
les
Les
diptotes,
qui
analyses pr6c6dentes.
suffixe
ne
le
en
outre
diptotes,
qu'ils
portent pas
[n], marqueur
identifiable par
somme, par d6faut, d'un statut nominal autrement
la presence de 1'article ou par la construction
genitive, ne peuvent
etre marqu6s, nous l'avons dit, pour le Cas morphologique
g6nitif.
Tres exactement,
ils ne peuvent etre marques pour la seule flexion
d6sinentielle
sp6cifique aux noms. On sait, en effet, qu'en arabe litdu Cas nominatif
t6raire, les marqueurs
(-u) et
morphologiques
avec la flexion
accusatif (-a) sont homophones,
respectivement,
du subjonctif
modale marqueur
de l'indicatif (-u) et celle marqueur
le
verbe
a
Tout
se
passe donc
l'inaccompli 107 .
(-a) port6es par
107La variable associée au nom
diptote est certes liée par un opérateur par
défaut à réalisation phonétique nulle. En d'autres termes, ce n'est point l'interpré-
210
comme si la langue, devant une categorie [ + N] marquee, fonctionnait comme si son statut etait ind6cidable et ne lui assignait que les
flexionnels communs aux noms et aux verbes (-u et -a).
marqueurs
Plus sp6cifiquement,
la langue, devant une telle cat6gorle, s'absdu statut nominal et la
le suffixe [n] marqueur
tient de lui assigner
seule
flexion spécifique
-i marqueur
du g6nitif,
flexion d6sinentielle
aux noms. Cette analyse pr6dit donc que si le statut [ + N] d'une
telle categorie devenait clair, par exemple s'il existait un op6rateur
liant la variable associ6e au statut [ + N], la langue, de nouveau,
C'est tres exactement
le
6pellerait les trois flexions d6sinentielles.
cas. Si 1'article [I] est pr6fix6 a un scheme diptote, celui-ci devient
termes, porte les trois flexions desinentielles
triptote, en d'autres
de l'accusatif
et du g6nitif. I1 en est de
du
nominatif,
marqueur
ne
meme si la tete a un complement
g6nitif. La meme operation
car
il
n'est
se
avec
pr6cis6ment
op6rateur que
peut guere
passer
[/z]
termes, il n'est assign6 que si 1'unite est
par d6faut. En d'autres
deja identifi6e comme nominale.
aux adjectifs et aux elatif?s par
Soit le scheme
commun
scheme
ne porte pas de tanwi-n,
Un
mot
instancl6
sur
ce
exemple.
dans le cas general. Rappelons brievement
les raisons par lesquelles
à
la tradition explique cet 6tat de fait. Elles ne sont pas 6trang?res
1'absence du [n]
notre propos. Deux raisons conjugécs determinent
dans ce cas: a - Le mode de reference des unites instanci6es sur ce
scheme : tant dans le cas des adjectifs que des 6latifs, il s'agit d'unidonc ayant valeur
tes nominales ayant valeur de qualificatifs
Ainsi, par exemple,
'ahmaru ( = rouge) et 'akbaru
predicative.
le scheme )a.falu est
( = plus grand). b - Le scheme morphologique:
un scheme plus verbal que nominal; il est, en d'autres termes, plus
des formes verbales (telles 'adhabu, 'a'lamu, etc.) que
caract6ristique
En ce sens, pour la tradition, la presence du
des formes nominales.
[n] indique, du moins dans l'une de ses valeurs, celle du tamakkun,
dans son modc
que la categorie dans son scheme morphologique et
de reference, est pleinement
nominale.
Signalons que, dans le cas
meme
si
la
tete
nominale
fonctionne
comme op6rateur
contraire,
tation d'un nom diptote au niveau de la forme logique qui pose problème. Le tanwn
ne s'y laisse pas épeler car cela manifeste, au niveau de la forme phonétique,
son caractère marqué.
211
S61ectionnant une place d'argument
indirect,
quera. Ainsi dans 1'exemple suivant:
52
le marqueur
[n] man-
Zaydun 'ahmaru wqhu-hu
Z-nom-n rouge-norn visage-nom-lui
Z a le visage rouge
'ahmar (rouge) ne porte que deux flexions d6sinenInd6termin6,
tielles (-u au nominatif et
-a s'il est gouvern6 par une categorie lexicale V, N ou P). Si son determinant
contient Particle defini [I] , il
deviendra
et
se
d6clinera
alal-'ahmaru (au nominatif),
triptote
et
N
ou
'ahmara (à l'accusatio
al-'ahmarl (quand il est gouvern6 par
P). I1 en est de meme s'il est suivi d'un g6nitif adnominal.
Est-ce la pur hasard ou indice confirmant
la validite de cette
Nous
disions
les
des d6verbaux
analyse?
que
emplois pr6dicatifs
les mar6taient associ6s a des pluriels externes. Or, pr6cis6ment,
queurs casuels dans ces pluriels (qui font partie int6grante des suffixes indiquant
la dualite ou la pluralite) sont deux, comme pour
et un autre pour le
les diptotes: un marqueur
pour le nominatif
et
En
les
et
les
duels susceptibles
1'accusatif.
somme,
g6nitif
pluriels
ce
d'un emploi pr6dicatif fonctionnent,
pour
qui est des marques
La langue les met du cote des
comme les diptotes.
casuelles,
flexions verbales.
En bref, 1' hypothese que nous avons avancee pour 6clairer le tansans stipulations
win a egalement
d'expliquer,
supplel'avantage
des
la
casuels s'article à
comment
mentaires,
question
marqueurs
si elle ne rentre pas dans lc detail
la question de la d6termination'O";
de la question des noms diptotes - ce n'6tait pas la son propos -,
elle explique pourquoi les noms diptotes deviennent
triptotes quand
en
ils sont determines : il suffit qu'il y ait, dans leur representation
n'est
un
forme logique, un operateur par
qui
pas
op6rateur
En bref, il
comme nominaux.
clairement
d6faut - les identifiant
faut que le trait [ + N] soit lie dans une categorie marquee par un
op6rateur qui ne soit pas r6siduel pour que les trois Cas morpholoC'est ainsi que s'articulent
giques soient 6pel6s phon6tiquement.
et du tanwin.
les questions du Cas, de la determination
D'un mot, un nom diptote est un nom marque en ceci que son
statut nominal est difficile a 6tablir: il a des propri6t6s plutot verba108Blachère et
Gaudefroy-Demombynes attirent l'attention, dans leur grammaire, sur l'articulation importante entre flexion de Cas et détermination.
212
les. Il fait, a sa maniere,
differente de celle des tetes pr6dicatives
r6sonner le verbe dans le nom.
nominales,
Tout se passe la comme si la langue ne reconnaissait
plus le nom
du verbe'°9.
arabes ne
Si le propos est correct, les th6oriciens
a
les
a subsumer,
leur maniere,
seraient donc pas si ridicules
flexions modales et les flexions casuelles sous le meme concept:
celui d' )iCriib.
Mais c'est la un autre propos qu'il nous faudra, sans doute,
un jour.
reprendre
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bi-hi l-filu,li-¸anna-hu
m yutrakusarfu-hu mudraun
Sbawayhi,I, 23: «fa-amu
dlikabi-hi li-¸anna-hu laysa la-hu tamakkunugayri-hi kam¸inna l-fila
¸innam fu ila
I, 13: hudifat
laysa la-hu tamakkunuli-smi». On lira également dans ¸Astarabd,
almatu
l-'irbi
min gayri l-munsarifimaa
kawni-hi muraban
Li-mušbahati-hi
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