Photo: Wandel DA ROCHA
Goût de la Forêt
Programme pour une Économie Humaine, Sociale et Solidaire
Ce Programme est fondé sur les
valeurs humaines, agrémenté d’un
brin d’audace. Il s’est forgé au il
de rencontres fortes, entre des
personnages passionnés et déterminés.
Il nous mène sur les chemins de
l’excellence et de la solidarité.
”
”
Wandel DA ROCHA
C
’est au cœur de l’Amazonie brésilienne que s’achève le
voyage de Wandel DA ROCHA, alarmé par un paysage
défriché, des terres brulées et des pâturages à perte de vue.
Cependant, ce voyage a commencé en
Europe : France, Suisse, Pays-Bas, Italie
et la Belgique. Pour bien comprendre
les enjeux de la ilière il a rencontré les
plus grands chocolatiers, mais aussi
les diférents acteurs : économistes,
chercheurs, industriels, négociants. Le
Brésil doit être replacé dans le panorama
mondial du cacao, avec une agriculture
responsable, basé sur la qualité des
fèves. Le but inal est de formuler
des propositions au gouvernement
brésilien, ain d’ofrir une perspective
de développement aux planteurs, dans
le cadre d’un plan stratégique global.
Né à Rio de Janeiro, il rejoint un groupe
1
Stéphane LE FOLL Ministre de l’Agriculture et de la Forêt
Hôtel de Villeroy - 2014
industriel français avant même la in de
ses études à l’École polytechnique de Rio.
Il devient le plus jeune expatrié brésilien
quand il débarque à Paris en 2004, et
complète sa formation avec une maîtrise
en gestion internationale. Pendant ses
18 années dans l’industrie des nouvelles
technologies, il a pu parcourir 13 pays
africains, presque autant en Amérique
Latine, il a beaucoup observé, curieux de
voir le monde de ses propres yeux. Il a
beaucoup rencontré, prenant conscience
que notre planète ne va pas bien, et
que la inanciarisation à outrance met
en péril toutes les formes du vivant qui
peuplent la Terre, y compris l’espèce
humaine. Il décide de recentrer toute
Le Salon du Chocolat
Conférence Les forêts de chocolat - Paris 2015
sa
vie
sur
l’Essentiel.
Désireux de mettre son
énergie, ses expériences et
ses rencontres au service
d’une cause, qui devient la
pierre angulaire de sa vie, il
crée l’Association CABRUCA
COP21 en 2015, rebaptisée
Association
FORÊTS
DE
CHOCOLAT pour la Nature
et l’Humain. Une ONG
qui s’appuie sur la passion
universelle pour le chocolat
pour mobiliser la société, les
acteurs économiques
de la ilière cacao
et chocolat, les
responsables
politiques et la presse
dans une démarche active
de responsabilité sociale,
environnementale et
pour la culture du
goût. Elle compte
parmi ses priorités
la mise en œuvre
d’une
mission
pédagogique,
notamment
auprès des jeunes publics.
Aussi passionné d’œnologie,
disciple de Michel BETTANE et
Thierry DESSEAUVE, Wandel DA
ROCHA arpente tous les vignobles
français, rencontre les grands vignerons
des plus beaux domaines de ce pays.
Apprend le vin, son élaboration et sa
dégustation avec les meilleurs
professionnels
de
la
planète. L’univers du vin est
d’une
extraordinaire
richesse
Ségolène Royal - Ministre de l’écologie
COP21 - Paris 2015
et d’une complexité sans limite. Les
hommes, leurs histoires, la géographie
et les mille et une facettes du terroir,
les techniques vitivinicoles, les modes
et les gourous … rien ne lui échappe.
Chaque fois qu’il a rencontré un
chocolatier, ce dernier lui a mentionné
le parallèle entre le vin et le chocolat,
il commence à le croire. Si le cacao est
pour le chocolat ce que le raisin est
pour le vin, alors il doit aller plus loin.
Parti à la recherche de ces cacaos
d’exception,
il
est
d’abord
impressionné par la
générosité de cette
terre
rouge
sang,
mère de cacaos peu
connus des palais
internationaux. Puis
il s’est donné comme
mission de valoriser ce
terroir exceptionnel de la
forêt amazonienne
et prouver qu’elle
doit valoir plus sur
pied que coupée.
D é f e n s e u r
d’une
forme
émergente
de
l’économie
sociale
axée sur les initiatives
de développement partagé,
Wandel DA ROCHA adhère à
l’Économie Sociale et Solidaire,
placent donc l’Humain au cœur de
ces préoccupations. Il décide
alors de se lancer et
crée le Programme
Goût de la Forêt.
Lycéens franciliens - COP21
Conférence: Les forêts de chocolat - Paris 2015
2
Goût de la Forêt
3
LE Programme
R
ésultat d'une initiative de l'Economie
Sociale et Solidaire, ce programme
vise à produire un cacao de grande
qualité, respectueux de l’environnement
et porteur de développement humain. Il
tend à prouver que la forêt amazonienne
vaut plus sur pied, que coupée.
Nous sommes tous conscients des
conditions souvent dramatiques de
la culture du cacao : Déforestation,
utilisation
de
main-d’œuvre
semiesclave et surtout le travail des enfants.
L'industrie du chocolat, de manière
générale, interpelle négativement l'opinion
publique mondiale. Nous souhaitons de
tout notre esprit et de tout notre cœur
encourager l'émergence et l'incarnation
d’une culture du cacao profondément
ancrée dans les valeurs humaines et des
principes responsables. Voici pourquoi le
Programme Goût de la Forêt a été créé.
Le programme a pour objectif de faire
connaitre le cacao agroforestier, de haute
qualité, produit à partir de pratiques
responsables et renforcer l'attachement
et le respect inconditionnel aux principes
du travail décent. Ce qui selon
l’Organisation
internationale
du
Travail
(OIT)
veut
dire:
- Élimination de toute forme de
travail forcé ou obligatoire,
- Abolition efective du travail
des enfants,
- L’élimination de la
discrimination en matière d'emploi
et de profession.
José Miguel DA SILVA
Connu comme "seu Zé Bie".
cacaoculteur biologique à Uruará
Notre action repose sur l’amélioration des
revenus des familles qui se consacrent à
la production du cacao agroforestier dans
la région Transamazonienne et le Bassin
du Xingu. Des objectifs de promotion
économique de la région sont
associés à des actions de solidarité
et au développement partagé.
Seul 1 à 2% de la production mondiale
correspond au cacao in de grande
qualité. Dans cette optique, mobiliser les
coopératives de l'agriculture familiale
d’Amazonievers l’excellenceest un impératif.
Ce programme permet aux chocolatiers de
garantir un approvisionnement en cacao
de la plus haute qualité, tout en ofrant aux
cacaoculteurs des revenus plus élevés, et
en protégeant la forêt et l’environnement.
Il s’agit d’un circuit court, une relation
directe avec les agriculteurs, ces
hommes et femmes, producteurs de cacao
qui, au cœur de la forêt amazonienne,
afrontent des conditions souvent pénibles
sans jamais perdre le cœur à l’ouvrage.
Nous mettons progressivement en
place une mission de surveillance
des engagements des cacaoculteurs
de l'agriculture familiale brésilienne,
notamment en ce qui concerne le principe
« zéro déforestation ». Cela vise aussi
à veiller au bien-être des agriculteurs
et de leurs familles ain d’assurer des
conditions de travail saines et sécurisées,
et à agir de manière exemplaire d’un point
de vue social, éthique et environnemental.
Notre ambition est de faire découvrir
toute la richesse et la diversité du
cacao
de
la
forêt
amazonienne.
4
Brésil
La récolte du cacao 1954
Candido Portinari
Huile sur toile - Collection privée à São Paulo
5
TERRE DE CACAO
L
’appellation botanique du cacaoyer, Theobroma cacao, provient du
terme grec Theo qui signiie Dieu et Broma qui signiie aliment. Rien
d’étonnant alors à ce que le cacao soit appelé “la nourriture des dieux”.
La plante des dieux qui nourrissait
les divinités Olmèques est originaire
d’Amazonie, mais le Brésil est connu pour
ses plantations sur la côte bahianaise, à
l’est du pays, qui datent du dix-huitième
siècle. Selon le jésuite Joaquim da Silva
Tavares (1866-1931), l’introduction
du cacao dans la province
de Bahia a été faite à
partir des fèves de
cacao ramenées de la
province du Pará par
le colon français Louis
Frédéric
Warneaux.
Le cacaoyer s’est tellement
bien adapté dans le sud de
l’état de Bahia, qu’il a fait
de ces cultivateurs, les hommes
les plus riches du Brésil, les “barons
du cacao”, propriétaires terriens avec
des mœurs immorales et déviantes,
immortalisés dans les œuvres du
célèbre écrivain Jorge Amado (1912 – 2001).
Dans les années 90, les cacaoyers
bahianais ont été victimes d’un
champignon, appelé Moniliophthora
(Crinipellis) perniciosa, qui a causé la
maladie dite “balai de sorcière”. Ce léau
a ravagé le verger cacaoyer et a réduit à
néant les exportations de cacao du Brésil.
Plus de deux siècles après
l’introduction de la culture du
cacao à Bahia, cette année,
le Pará redeviendra le
premier producteur de
cacao au Brésil, avec une
production
estimée
à
120.000 tonnes en 2016.
Cette position est temporaire.
En efet, Bahia, le plus grand
producteur du pays, soufre
d’une grave période de sécheresse
depuis plusieurs mois, provoquant
une perte importante de production.
Aujourd’hui le cacao est produit dans cinq
autres Etats de la Fédération : Espírito
Santo, Amazonas, Rondônia, Mato
Grosso et, bien évidemment, dans le Pará.
6
Pará
7
LES PORTES DE L’AMAZONIE
T
out au nord du pays, c’est une vaste zone recouverte par la forêt
amazonienne, un territoire rempli de trésors naturels et humains,
le rêve de l’aventurier qui sommeille en chacun de nous. Que ce soit
le chant des animaux, la couleur des leurs, la majesté des forêts,
l’étonnant ballet des oiseaux, ou bien encore la puissance déchaînée
des grandes pluies, ou l’immensité des grands leuves. De quoi se sentir
tout petit lorsque les beautés et les forces de la nature nous saisissent.
C’est dans ces grands espaces que nous
trouvons le pays du cacao, la nouvelle
frontière, les nouveaux terroirs à
découvrir, mais… Pas si nouveau que ça !
Belém. En 1850, la province du GrãoPará a été divisée en deux unités,
formant les provinces Pará et Amazonas
(ancienne capitainerie du Rio Negro).
Au début de la colonisation du Brésil,
peu après la découverte, entre 1534
et 1536, l’empire colonial portugais
a créé une forme d’administration
territoriale connue sous le nom de
«capitaineries héréditaires», parmi
celles-ci le Maranhão qui comprenait
le territoire actuel de l’état du Pará.
Au cours du XVIIIe siècle, le cacao
était le principal produit d’exportation
de l’Amazonie portugaise. Durant
l’administration
jésuite,
chaque
année ont été expédiées au Portugal
80 000 arrobes (1 200 tonnes).
« sans tenir compte de ce qui
restait par terre, et encore plus,
de ce qui périssait par manque de
navires pour le transporter »
Genèse des inégalités foncières au
Brésil, ce système de capitaineries a
eu pour conséquence la concentration
des terres et du pouvoir économique
dans les mains d’un petit nombre de
familles. Toute les terres de ce nouveau
pays ont été attribuées à 15 capitainesgouverneurs, chargés de les occuper et
de le peupler. Ils pouvaient concéder
de vastes domaines à des familles de
notables portugais : les sesmarias.
En 1751 Maranhão a été rebaptisé
l’Etat du Grão-Pará et Maranhão. Sa
capitale a été transférée de São-Luiz, à
Crédits : Arnoldo RIKER
Les plages du leuve Tapajós
jésuite João Daniel 1722 - 1776
Dans les années qui ont suivi, ce volume
a diminué de moitié, et malgré cela, entre
1756 et 1777, le cacao représentait 61%
de la valeur de toutes les exportations
de la Société Générale de Commerce
du Grão-Pará et Maranhão, à Belém.
A la in du XIXe et au début du XXe
siècle, la culture du cacao d’Amazonie
connaît un déclin, notamment à cause
de l’émergence, très rentable, de
l’exploitation du latex pour la fabrication
Crédits : YANN ARTHUS-BERTRAND
Orage sur la forêt amazonienne
8
Carte de l’Amérique du. XVIèmee siècle
de caoutchouc. L’économie se développe
rapidement. Les villes de Belém et
Manaus connaissent une urbanisation
accélérée
et
un
embellissement
certain. Cette « Belle Époque » est
marquée par le développement de
l’Art nouveau. Les constructions du
théâtre de la Paix (Belém) et du théâtre
Amazonas (Manaus) témoignent de la
richesse et du faste de cette époque.
L
es nababs de Manaos, ceux de Belém aussi, engraissés du sang
des cinq cent mille miséreux qui meurent pour que coule la
sève fantastique, font blanchir leurs chemises à Paris, à Londres.
Dans les palaces de la jungle, des maîtres d’hôtel importés
de Londres ou de Rome ordonnent les nuits amazoniennes.
”
”
Dictionnaire amoureux du Brésil - Gilles LAPOUGE
C
entré autour de l’estuaire de
l’Amazone, avec une supericie
de 1.247.689 km2 (plus de deux fois
la France), le Pará est aujourd’hui le
deuxième État du pays en supericie.
9
L’art Marajoara
considéré comme le plus ancien art de la céramique du Brésil
A l’image du Brésil, l’occupation
actuelle du Pará est très déséquilibrée,
géographiquement
et
socialement,
prédominance de l’urbain très pauvre.
Une large partie de la population
crédit photo: Wellington Maciel
Ver-o-Peso - Belém - Pará 2009
vit dans des bidonvilles.
Ses
principales
activités
économiques
sont
destructrices des ressources
et
des
fonctions
des
écosystèmes
forestiers.
On a construit de grands
barrages
hydroélectriques,
comme
la
désastreuse
usine de Belo Monte, alors
que, 40% de la population
amazonienne ne bénéicie
pas de l’énergie électrique.
On exploite des ressources
minières
telle
que
l’exemple
terriiant
de
Carajas,
en
provoquant
le
défrichement
de
plusieurs
dizaines de milliers d’hectares.
Cependant, c’est l’élevage bovin le
premier moteur de la déforestation au
Pará, car 80 % des terres déforestées sont
converties en pâturage. La destruction
du très complexe écosystème amazonien
amène à une dégradation irréversible
du pâturage, puis l’abandon massif des
terres (20 % des terres déforestées en
Amazonie seraient « abandonnées »).
La déforestation a commencé avec
l’histoire du Brésil. Dès le début de
la colonisation, les portugais ont
exploité le Pau-Brasil (Caesalpinia
echinata Lam.), Le nom de bois-brésil
lui a été donné en raison de la teinture
utilisée dans l’industrie textile, rouge
comme la braise, qu’on en extrayait.
Le commerce du Pau-Brasil exporté
vers l’Europe a été l’une des premières
activités économiques de ce pays.
L’exploitation intensive, a causé
la disparition rapide de l’arbre
qui a donné son nom au pays.
Enin, on parle de l’échec social
des programmes mis en œuvre,
car le Pará se caractérise par des
processus de concentration foncière
immorale, à l’origine de conlits
et d’invasions de terres sans in.
M
ais il y a de l’espoir ! Au Pará, il existe dans
la Forêt amazonienne, des hommes et des
femmes vaillants qui ont à cœur, de cultiver selon
le modèle agricole le plus vertueux au monde : La
culture biologique du cacao en agroforesterie.
”
crédit photo: Wellington Maciel
Ver-o-Peso - Belém - Pará 2009
crédit photo: Gustavo Frazão
Fleuve Guama - Pará
”
10
Transamazonienne
crédit photo: GEORG GERSTER / PANOS
11
UNE ROUTE DU CACAO
A
vec l’objectif ambitieux d’être la « route de l’intégration nationale »,
la construction de la BR-230 a commencé en 1970, sous la dictature
militaire. Le projet initial était de faire une route reliant Cabedelo, sur la côte
Atlantique (Etat de Paraíba), à la ville brésilienne de Benjamin Constant
située à la jonction des frontières avec le Pérou et la Colombie. Elle devait
se poursuivre à travers le Pérou jusqu’à l’Océan Paciique, ain d’exporter
la production agricole et minière du Brésil. Dans sa partie brésilienne la
route n’a jamais été terminée, elle s’arrête à Lábrea (Etat d’Amazonas).
La Transamazônica est une route de
5000 km qui traverse le cœur de la
forêt amazonienne. Elle faisait partie
du programme de développement
économique et de réaménagement, le
plus ambitieux jamais conçu, et fut l’un
des plus grands échecs de la région.
Le projet a été développé, après
qu'Emílio GARRASTAZU MÉDICI,
le général-dictateur du Brésil en
1969, a visité le nord-est pauvre du
pays qui, à cette époque, soufrait de
sécheresses périodiques. L’histoire
oicielle raconte que « ce qu’il a vu l’a
choqué et bouleversé profondément ».
La réforme agraire, une solution
évidente à la détresse des paysans, était
hors de question, car les militaires au
pouvoir dépendaient du soutien des
propriétaires fonciers. La redistribution
des terres étant impossible, le général
MÉDICI a décidé de relocaliser
la population rurale pauvre.
Il a été décidé que la population des
paysans du nord-est où la sècheresse
Crédits : Roberto Stucker
à gauche Emílio GARRASTAZU MÉDICI - le général-dictateur inaugure la route - Altamira 1972
sévissait serait relocalisée. La route
devenait un impératif ain d’ouvrir la
colonisation. Les promoteurs étaient
persuadés qu’au début des années 1980,
la région deviendrait animée grâce à
l’installation de dix millions de personnes.
Selon les plans oiciels, les colons se
verraient attribuer des parcelles de 100
hectares, un salaire minimum pendant
six mois, et un accès facile aux prêts
agricoles, en échange de leur installation
le long de la route et de la conversion
de la forêt tropicale environnante en
terres agricoles. Ces familles, toujours
selon ces plans, devaient gagner des
millions de dollars grâce à l’exportation
de café, de cacao, de poivre, d’oranges
et d’autres cultures. Et ainsi être
capable de s’approvisionner en denrées
alimentaires de base (des millions de
tonnes de haricots, de riz et de maïs).
Le projet ne se préoccupait en rien
de la préservation du fragile système
de la forêt amazonienne. Le sol de
l’Amazonie se compose essentiellement
de sédiments, ce qui rend la plate-forme
La Transamazonienne se transforme en un bourbier
12
Image satellite de la route Transamazonienne
instable et sujette aux inondations
lors de fortes pluies. Ainsi, certains
tronçons de la route étaient inutilisables
pendant six mois chaque année. Les
pionniers étaient coupés du reste de
la région et perdaient leurs récoltes.
En outre, les rendements étaient
décevants, car l’Amazonie est un
système complexe. Une fois que la
végétation est supprimée, la couche
fertile du sol amazonien se dégrade,
et ses éléments nutritifs s’épuisent
rapidement. Pour y remédier, la solution
consiste à défricher une parcelle un
peu plus loin, entraînant ainsi une
croissante dégradation des sols.
crédit photo: Coen Wubbels
13
En plus des échecs économiques et
sociaux, les coûts environnementaux
à long terme étaient catastrophiques.
Après la construction de la route
Transamazonienne, la déforestation au
Brésil a grimpé à des niveaux jamais
vus auparavant. Au il des ans, les forêts
vierges ont fait place à des ranchs de bétail,
des stations d’exploitation forestière
et des mines d’or. La déforestation de
l’Amazonie, déclenchée par la route, a
continué. Pendant les périodes extrêmes
dans les années 1990 et au début des
années 2000, plus de 25 000 kilomètres
carrés de forêt ont été abattus par
an (240 fois la supericie de Paris).
crédit photo: Coen Wubbels
Le projet initial de colonisation
et de construction de la route
a été abandonné en 1974.
Environ 20 000 familles
étaient arrivées dans la
région. Privés du soutien du
gouvernement, ces colons se
sont retrouvés dans la misère
la plus abjecte. A l’exception
de quelques tronçons isolés,
la route n’a que très peu de
traic aujourd’hui. Certaines
parties sont asphaltées, mais
la majorité de la route est constituée de
terre et d’une mince couche de gravier in,
qui ne résiste pas aux pluies torrentielles
qui s’abattent sur l’Amazonie d’octobre à
mars. Pendant cette période, les sections
non goudronnées sont impraticables.
ujourd’hui, le Programme Goût
de la Forêt ouvre une voie
d’espérance pour cette région, celle
d’une autre forme d’agriculture,
d’une
agriculture
respectueuse
de l’environnement, porteuse du
développement humain, attachée à la
sécurité alimentaire et à la santé des
populations, opposée à la concentration
de la propriété des terres productives
et à l’exploitation des travailleurs.
Uruará, Placas, Rurópolis, Vitória do
Xingu et Pacajá, nous avons rencontré
un certain nombre d’hommes et des
femmes porteurs de ces valeurs et de
ces pratiques. La grande majorité reste
hésitante, cependant le Programme
leur permettrait de passer à l’action
et de faire connaître leur travail
A
Dans les communes de: Altamira,
Anapu, Brasil Novo, Medicilândia,
Dernièrement,
les
travaux
de
modernisation et de goudronnage
ont repris et aujourd’hui il est diicile
de dire combien de temps il faudra
pour ouvrir l’ensemble de la route
Transamazonienne et à quel coût.1
Le Programme Goût de la Forêt a
pour ambition de fédérer les paysans
autour des valeurs fortes, les sensibiliser
à l’importance de la qualité, de surveiller
leurs engagements et, de promouvoir
les fruits du travail bien fait.
1 - Extraits de textes du site web: Chambre 237
crédit photo: Photo: Hans Silvester
crédit photo: Girardin Aquaverde
14
Xingu
Altamira
Medicilândia
15
LE CARREFOUR DE TOUTES LES CONVOITISES
L
e bassin du Xingu représente une des plus vastes zones
protégées au monde. Elle abrite une mosaïque unique
représentative de la diversité culturelle brésilienne, combinant
des territoires indigènes et des zones de conservation.
Grand aluent méridional de l’Amazone,
le Rio Xingu mesure 2 260 km et
traverse les États du Mato Grosso et
du Pará. Son bassin couvre 510 mille
kilomètres carrés, l’équivalent de la
surface de la France. Seulement 56,9%
du bassin sont des zones protégées.
indigènes appartenant à 18 groupes
ethniques diférents, de nombreux
autres habitants ont immigré dans cette
région depuis plusieurs générations.
Des plages tranquilles aux rapides
rocheux très violents, des hauts plateaux
aux plaines inondables, les paysages sont
nombreux. La lore est luxuriante, la
faune est abondante. Au bord du leuve,
vivent depuis toujours, plus de 25.000
Toutes ces populations sont victimes
d’une véritable guerre économique,
car ces vastes espaces, et les sous-sols
des terres où ils vivent, recèlent des
richesses convoitées par l’agrobusiness,
les multinationales et les États. La
forêt laisse place à des pâturages pour
l’élevage extensif, des plantations de soja
en agriculture intensive. L’exploitation
des bois précieux, des minerais participe
aussi à la déforestation. C’est la ruée vers
l’or, mais aussi vers les diamants issus
de l’Amazonie, et encore vers la bauxite,
les minerais de fer et d’uranium.
C’
municipalité dans le monde (les deux
autres sont situeés au Groenland).
Il s’agit d’un carrefour de la biodiversité.
Les deux plus grands biomes brésiliens
se rencontrent, le Cerrado (la plus
riche savane en biodiversité de notre
planète), et la forêt amazonienne.
est au carrefour entre le Xingu
et la route Transamazonienne,
que se trouve le centre de gravité
d’une
région
cacaoyère
unique,
l’agglomération d’Altamira, une ville
construite dans la jungle, à l’intérieur
de la « grande boucle » du Xingu,
un méandre naturel
du leuve.
Altamira est la plus vaste municipalité
du Brésil, avec une supericie de 160
millle km² (1/3 de la France), ce
qui en fait la troisième plus grande
Crédits : Margi Moss
Cependant, ce ne fut pas à cause du
cacao qu’Altamira a été propulsée sur
le devant de la scène internationale.
Autrefois bourg très pauvre et paisible,
depuis 2011, Altamira est devenue,
malgré elle, une ville-champignon
à cause de la désastreuse usine
hydroélectrique de Belo Monte.
Le troisième plus grand barrage au
Crédits : Eric Royer Stoner
Tribu Yawalapiti
16
Crédits: Marizilda Cruppe
Barrage de Belo Monte
monde. Un chantier, pharaonique, qui
a mobilisé plus de 15 000 ouvriers, qui
y travaillèrent 24h/24. Ce sont 500 km2
de forêt amazonienne inondés (5 fois
Paris), et quelques 16 000 personnes
déplacées, en grande majorité des
indigènes. La polémique que suscite ce
gigantesque barrage est à la hauteur de
son coût : près de 15 milliards d’euros.
Et la ville d’Altamira ne cesse de
croître. De 50.000 habitants, il y a
quelques années, elle abrite aujourd’hui
plus de 160.000 personnes. Rien ou
presque n’a été prévu pour faire face
à l’alux de travailleurs et d’émigrés.
Le traic de drogue, les meurtres
et la prostitution ont explosé.
”
17
Le contexte actuel de crise économique
n’arrange rien. Dans l’indiférence
générale, les décideurs, décomplexés,
lancent des grands projets sans
tenir compte des
conséquences
pour
les
peuples autochtones
ni
pour
l’environnement.
Le Brésil est grand, mais le monde
est petit. La Terre ne va pas bien en
ce début de siècle. Le Brésil possède
l’une des populations la plus diverse
au monde : 220 peuples autochtones,
une multitude de descendants d’origine
africaine, européenne, asiatique, arabe,
juive... En bref, une population rurale
et urbaine aux origines ethniques
et culturelles très diverses, vivant
dans un milieu naturel très varié.
Les rivières sont le sang de l’Amazonie.
Les habitants du Xingu ont droit à
un futur, et un environnement sain
dépassant la logique du proit à court
terme. De là est né la conviction
que, le cacao agroforestier est une
alternative, une autre voie, celle
d’une autre vision de l’agriculture,
respectueuse de la vie sous toutes ses
formes, conciliant nécessités vitales et
sauvegarde du vivant pour aujourd’hui
et pour les générations futures.
L
a diversité sociale et la biodiversité devraient être des atouts
majeurs dans une société en mondialisation accélérée. Nous
sommes cependant, en train de scier, avec insistance, la branche sur
laquelle nous sommes assis. Nous subissons des politiques de commerce
extérieur qui applique un modèle de développement écologiquement
prédateur, concentrateur de richesse et socialement appauvrissant.
”
Crédits : YASUYOSHI CHIBA
Brumes du leuve Xingu à São Felix do Xingu
18
Medicilândia
Image satellite de la route du cacao
Crédits photo : Sydnei Oliveira / Agência Pará
19
TERROIR D’EXCEPTION
T
raversée pour la Transamazonienne et adossée au Xingu,
Medicilândia est la capitale brésilienne du cacao. Cette région
cacaoyère se caractérise par un terroir d’exception : les Terres Rouges.
Il s’agit d’un phénomène géologique rare, des argiles très riches en
minéraux, et notamment de l’oxyde de fer, qui lui confère sa couleur
rouge sang. Epaisse de 2 à 5 mètres, cette argile joue le rôle de réservoir.
Elle a la propriété d’emmagasiner l’eau lors des fortes précipitations,
durant la grande saison des pluies, pour la restituer en saison sèche.
Medicilândia, au cœur de l’Amazonie
brésilienne, est situé à la latitude
03º26'46" Sud et la longitude 52º53'20"
Ouest, à une altitude variant entre
151 et 352 mètres. Elle appartient à
la mésorégion sud de l'État de Pará.
La structure géologique de la région
est formée par deux grands groupes
de roches. La première, située au sud,
est caractérisée par les formations
cristallines du complexe Xingu, du
Précambrien inférieur et moyen,
environ 4 milliards d'années, et de
nature gneiss-granitique-magmatique.
Le deuxième groupe est représenté par
la séquence sédimentaire que constitue
le bassin de l'Amazone. Il s’agit d’une
bande, d’orientation est-ouest, englobant
les zones sédimentaires Paléozoïques
de : Trombetas (Silurien - 420Ma),
Curua (Dévonien supérieur – 360Ma),
Monte Alegre (Carbonifère Inférieur
358Ma), et inalement, les Terres
Rouges. Cette dernière composante
est constituée des sédiments des
Village de Medicilândia
la Transamazonienne au centre
roches basaltiques (les Trapps) datant
d’environ 150 millions d'années (période
entre le Jurassique et le Crétacé ).
A sa limite sud, Medicilândia jouxte la
Réserve Indigène du peuple Arara. Les
Arara occupaient autrefois un vaste
territoire, mais à la suite de maladies et
des violents conlits qui les ont opposés
à des agresseurs extérieurs, ils ne sont
plus que 200 personnes environ, qui
vivent dans deux réserves situées le long
de la rivière Iriri. En 1987, les Arara de
Cachoeira Seca (situé au sud de Uruará)
ont été les derniers à être découverts.
Grands chasseurs et pêcheurs, les
Arara ("peuple de l'ara") se nomment
eux-mêmes Ukarangma. Ils cultivent
le manioc, la patate douce, le maïs, les
bananes et l’ananas dans leurs potagers
communautaires. Au retour d'une chasse
fructueuse, la viande s'échange contre des
boissons fermentées et la communauté
toute entière fête l'événement pendant
des jours. Pour leurs rituels, les Arara
Les Terres Rouges de Medicilândia
vue en coupe
20
carte des sols de Medicilândia
source: État du Pará
s'ornent le corps d'extraordinaires
motifs géométriques au moyen d'une
teinture noire nommée genipapo.
Le territoire indigène Arara a été
pleinement reconnu par le gouvernement
A
insi que le nom de Stalingrad
faisait de la ville le symbole de la
mégalomanie d'un terrible dictateur
sanguinaire, Medicilândia doit son nom
à Emilio GARRASTAZU MÉDICI, qui
représentait la frange la plus dure du
crédit photo: Coen Wubbels
21
brésilien en 2016. Mais l’histoire récente
des Arara est faite de persécutions et de
contacts violents avec des chasseurs de
jaguar, des collecteurs de caoutchouc,
des colons et, plus récemment,
des
compagnies
forestières.
Régime militaire, au pouvoir depuis
le coup d'Etat de 1964. Sa présidence
coïncide avec une période de répression
féroce des mouvements sociaux, connue
au Brésil sous le nom d'années de
plomb et marquée par une guerre sale
menée contre la population civile.
Selon le Mouvement Mondial pour les
Forêts Tropicales, le dictateur militaire
brésilien
Emilio
GARRASTAZU
MÉDICI peut sans doute être considéré
comme l’un des exemples les plus
caractéristiques de l’approche raciste
et destructive des forêts. Celle qui
a dominé dans la plupart des pays
tropicaux pendant la deuxième moitié
du XXe siècle. Lors de l’inauguration
de l’autoroute transamazonienne en
1970 (le début de la in de nombreux
groupes indigènes ainsi que de grandes
étendues forestières amazoniennes), le
dictateur déclarait que celle-ci ouvrait
la voie à une « terre sans hommes
pour des hommes sans terre». Pour
lui, les peuples indigènes n’existaient
même pas, et les forêts représentaient
uniquement des terres à déboiser ain de
les destiner à des «activités productives».
Apparemment, les femmes, indigènes
ou pas, n’existaient absolument pas.
A
ujourd’hui, Medicilância est une
municipalité rurale, avec un IDH2
très bas de 0,582 (la moyenne française
est de 0,888). Parmi la population
de 30 mille âmes, 2000 sont des
cacaoculteurs de l’agriculture familiale.
Les vergers de cacao représentent
33 mille hectares (3 fois Paris).
fermentation n’est pas contrôlée par
les producteurs, dont le seul but est
d’obtenir un taux d’humidité de 8%
ain de vendre leur production aux 5
groupes industriels internationaux
présent. Ces groupes internationaux
décide seuls le prix à payer au planteur,
sans jamais récompenser la qualité.
Ce bout du monde, très méconnu,
concentre 45% de la production de cacao
au Pará, soit une récolte de plus de 40
mille tonnes. La plupart du temps, la
Dans ce coin oublié de l’Amazonie, le
cacao est au centre de la vie, et pour les
grands chocolatiers à la recherche de
grands terroirs, toute reste à découvrir.
L’occupation de l’Amazonie a été
une
préoccupation
majeure
de
MÉDICI. Pour les militaires, il fallait
toute faire pour éviter tout type de
soulèvement dans les campagnes, qui
pourrait aboutir à des mouvements
révolutionnaires paysans comme en
Chine en 1949 et à Cuba en 1959.
2 - L'indice de développement humain (IDH) est un indice statistique composite, créé
par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en 1990 pour
évaluer le niveau de développement humain des pays du monde.
crédit photo: Girardin Aquaverde
22
Ivan
Dantas
crédit photo: Cristiane Martins
23
DES HOMMES ET DES FÈVES
PORTRAIT D’UN CACAOCULTEUR D’EXCEPTION
P
ersonnage passionné et déterminé, Ivan est un infatigable
promoteur du cacao de la Transamazonienne.
Homme très charismatique, de caractère
doux et résolument altruiste, il est un
véritable trait-d’union dans la société
civile locale. Il donne de son temps
et de son expérience sans compter :
syndicats, associations, coopératives… il
est sur tous les fronts ain de galvaniser
les énergies et élever le niveau de
vie de toute cette région du globe.
C’est quelqu’un de simple, avec une vision
très claire du monde qui l'entoure, capable
de faire des analyses socio-politiques
justes. Il expose avec une grande clarté
la situation, c’est un bon pédagogue.
Ivan n’a pas de responsabilité politique,
cependant il est impossible de se
déplacer avec lui dans le centre de la
petite ville de Medicilândia, sans être
arrêté à plusieurs reprises par des
personnes qui viennent lui demander
conseil, ou qui veulent avoir les dernières
nouvelles des projets qu’il mène.
Grand
spécialiste
du
traitement
post-récolte, Ivan est un esprit
inquiet et curieux, cherchant à
expérimenter et mettre en œuvre des
améliorations techniques, notamment
en
matière
de
fermentation.
Il utilise, par exemple, des caisses
de fermentation cylindriques, ain
d'obtenir un gradient de température
plus homogène que dans les caisses
rectangulaires traditionnelles où les
coins sont toujours moins chauds.
Totalement
autodidacte,
ses
recherches
aujourd’hui,
se
concentrent sur les efets du rinçage
à l’eau claire dans la fermentation.
Deuxième génération de planteurs de
cacao, originaire du sud du Brésil, Ivan
arrive en Amazonie avec ses parents
en novembre 1971, à l’âge de 13 ans, il
fait partie de ces pionniers attirés par
M
ême si j’ai la moitié du rendement, car je n’utilise
aucun produit chimique dans ma plantation, je
peux dormir la conscience tranquille en ce qui concerne
l’impact sur la santé de toute ma famille, des personnes qui
travaillent auprès de moi et tous ceux qui consomment mon
cacao, en toute sécurité. Pour moi la santé n’a pas de prix.
”
crédit photo: Cristiane Martins
Sítio Santo Onofre
crédit photo: Sidney Oliveira
Ivan DANTAS et ses caisses de fermentation cylindriques
”
24
la promesse de distribution de terres à
ceux qui n’en avaient pas : « terre sans
hommes pour des hommes sans terre »
des cacaoyers en culture biologique,
qui recouvrent 78 ha au milieu des
grands arbres d’essences natives.
En 1983 Ivan hérite des 83 hectares
laissés par la disparition prématurée de
son père. Convaincu que celui-ci a été
empoisonné pour les pesticides utilisés
dans ses champs, il bannit aussitôt les
produits toxiques de ses pratiques.
À 12 kilomètres de la réserve des
indiens Arara, Ivan travaille un
terroir exceptionnel, des coteaux avec
un dénivelé assez important et une
exposition nord, sur les Terres Rouges
uniques. Des cacaoyers avec 40 ans d’âge
en moyenne, 8 hybrides en co-plantation,
résultant d’une série successive de 229
croisements (résultat des recherches
du CEPLAC). Les variétés présentes
possèdent leur propre classiication, et
ne se réduisent pas aux grandes branches
de la classiication traditionnellement
utilisées : criollo, trinitario ou forastero.
Sa propriété de 83 ha, le Sítio Santo
Onofre (La Petite Ferme Saint Onuphre
l'Anachorète), est située au kilomètre 115
de la transamazonienne. Il possède d'une
part 5 ha de forêt primaire protégée,
dans la laquelle se trouve deux sources,
qui se jettent dans le Xingu. D’autre part,
Sítio Santo Onofre - prise de vue aérienne
J
e pense que l’agriculture biologique implique une bonne
compréhension de la nature, sans la violenter, comme le fait
l’agriculture chimique. L’utilisation de la chimie nous a rendu très
impatients, ces produits nous donnent l’impression de faciliter le
travail. Par exemple, si on veut des bons produits, il suit d’ajouter
des produits chimiques. Ou bien, si on veut se débarrasser d’un
insecte on fait de même. Par contre, ce que l’agriculture biologique
nous apprend, c’est qu’il faut être à l’écoute de la nature.
”
”
Ivan DANTAS
Sélection Officielle
CEPLAC
CACAO DE QUALITÉ
2015
Prix
D’EXCELLENCE
CEPLAC
2016
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Sélection Officielle
CEPLAC
CACAO DE QUALITÉ
2014
crédit photo: Cristiane Martins
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CONTACT
Wandel DA ROCHA
Paris
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