SILVIO MORENO
L’influence de l’art de la mosaïque chrétienne africaine
sur la peinture chrétienne des catacombes de Naples
Le cas des cierges allumés et des candélabres
La représentation des cierges allumés et des candélabres, aux côtés des saints et des défunts
admis au paradis dans la compagnie de ces derniers, est une particularité, que dans l’art chrétien
ancien ont pensé pouvait être regardée comme propre aux peintures des catacombes de Naples
exécutées au Vème siècle, cependant en suivant l’intuition de De Rossi et plus récemment les
réflexions de Amodio, M. 1, il faut dire que l’influence artistique africaine de cette symbolique est
fortement possible. Voyons un peu plus en détail :
Dans les catacombes de saint Gaudiosus2, évêque d’Abitène (Tunisie) exilé d’Afrique,
pendant la persécution des Vandales contre les catholiques, débarqué aux rivages de la Campanie
vers 439, mort et enseveli à Naples vers 465, on voit dans un arcosolium de la tombe du jeune
Pascentius (fig. 1) qu’il est accueilli par l’apôtre saint Pierre (S. PETRVS) et par un saint anonyme.
La scène est comprise entre deux candélabres. Pour De Rossi, la lettre « S » qui précède le nom de
l’apôtre est un indice suffisant d’une époque contemporaine à celle du saint évêque africain.
Fig. 1 Arcosolium de la tombe du jeune Pascentius.
Catacombe de Saint Gaudentius. Naples. Vème siècle
Cf. DE ROSSI, J.B., « La capsella d’argent africaine offerte au souverain-Pontife Léon XIII, par S.E. le Cardinal
Lavigerie », Rome, 1889. AMODIO, M., La componente africana nella civilta napoletana tardoantica. Fonti letterarie ed
evidenze archeologiche, in Atti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia, Memorie, III, 6 (2005), 5-257.
2
La catacombe de saint Gaudiose, exilé avec l’évêque de Carthage Quodvultdeus, accueille, en plus de Gaudiose, de
l’abbé Agnel et de l’évêque Nostrien, plusieurs autres exilés africains du Vème siècle. (Cf. SPINOSA, A. ET CIAVOLINO, N.,
“Santa Maria della Sanità, la chiesa e le catacombe”, Naples, 1981).
1
1
Dans les catacombes de saint Janvier, trois arcosolia, environ du Vème siècle, sont ornés de
figures d’orantes placées entre des candélabres ou simplement entre des cierges. Par exemple celle
d’une famille (fig. 2), au milieu on voit la fille Nonnosa entre son père Theotecnus et sa mère Ilaritas
et de chaque cotes de la famille deux cierges allumés.
Fig. 2 Arcosolium de la famille de Theotecnus. Catacombe de saint Janvier
Mais il faut surtout remarquer parmi celles-ci la peinture qui représente le martyr Janvier (fig.
3), désigné par l’épigraphe de formule dédicatoire Sancto martyri Ianvario, en attitude d’orant et la
tête ceinte du nimbe avec le monogramme entre deux femmes Cominia et Nicatiola infans, orantes
elles aussi et admises dans sa compagnie. Les candélabres ne sont pas derrière les deux femmes, mais
près du saint, en signification de l’honneur qui lui est spécialement dû et rendu.
Encore dans les mêmes catacombes, dans un autre arcosolium, datant de la première moitié
du VIème siècle, saint Janvier figure en compagnie des bustes de Pierre et Paul, vêtu du pallium, faisant
le geste de bénédiction et entouré de deux chandeliers3.
Sur le site archéologique d’Aquilée, on y voit aussi quelques exemples de semblable
représentation4, et un seul à Rome dans le musée de Latran, où la jeune Bessula est figurée entre deux
candélabres et deux bustes de saints. De Rossi affirme que cet unique exemple de pareille scène dans
le nombre infini des monuments d’iconographie paléochrétienne à Rome est un indice de son
caractère exceptionnel et étranger. Le rare surnom de la défunte nous pousse à en chercher l’origine
loin de Rome. Nous savons que Bessula fut un prénom commun en Afrique du Nord et nous en avons
des exemples au Vème siècle5.
3
Cf. FASOLA, U. M., « Il culto a san Gennaro, patrono di Napoli, nelle sue catacombe di Capodimonte », 22, Naples,
1975, p. 67-89.
4
Cf. BERTOLI, G., «Le antichita d’Aquileia, profane e sacre », Venezia, 1739.
5
Pensons au diacre de Carthage Bessula qui assista au Concile d’Ephese en 432 envoyé par Capreolus évêque de Carthage.
2
Fig. 3. Arcosolium de saint Janvier. Catacombes de saint Janvier
Or, c’est qui est le plus intéressant
c’est qu’en Afrique cette usage est aussi très
courant et même antérieur. Ainsi par
exemple à Aïn - Beida, sur la route nouvelle
de Tébessa, en Algérie a été découverte au
XIXème siècle, une basilique chrétienne dans
laquelle on a trouvé une capselle d’argent de
haute signification symbolique (fig. 4): sur
le couvercle on y voit représenté en pied un
martyr, désigné comme tel par une couronne
gemmée de laurier qu’il tient entre les deux
mains, comme le font les apôtres et les
martyrs dans une foule d’œuvres de
l’antique art chrétien. Aux pieds du martyr
jaillissent les quatre sources des fleuves du
Paradis; à ses côtés brillent deux cierges sur
des candélabres de forme très simple montés
sur des trépieds6. De Rossi dit que « la figure
du martyr est de bonnes proportions… et
d’une simplicité et d’une sobriété étrangères
à l’exubérance byzantine…l’aspect général
et
la
conception
iconographique
conviennent à peu près aux premières
années du Vème siècle et non à celles du
VIème » (p. 64).
Cf. DE ROSSI, « La capsella d’argent africaine offerte au souverain-Pontife Léon XIII, par S.E. le Cardinal Lavigerie »,
Rome, 1889.
6
3
Sur la face d’un sarcophage de Tébessa, sont représentés trois fois les deux candélabres aux
côtés de l’orante, près d’un personnage qui tient dans sa droite le volume et aux côtés d’une femme
assise sur un trône avec un casque sur la tête.
En Tunisie, par contre cette iconographie nous la voyons de façon très claire et abondante. A
Tabarca, dans une ancienne église - cimetière ont été mises au jour des tombes couvertes de plaques
ornées de mosaïques, environ du IVème ou Vème siècle. Sur l’un, au-dessous de l’épitaphe Quolvuldeus
in pace, est représenté le défunt en attitude d’orant avec les bras ouverts priant entre des cierges
brulants avec trépieds (fig. 5). Egalement sur une autre tombe avec double épitaphe est figurée la
défunte priant en orant avec les bras ouverts entre deux colombes, symbole des esprits bienheureux,
et deux grands cierges fixés sur des trépieds (fig. 6).
Fig. 5. Tabarka. Musée du Bardo
Fig. 6. Tabarka. Musée du Bardo
Des cierges brûlants et ornés, également posés sur des petits trépieds, sont figurés dans la
tombe à caisson de Dardanius innonces in pace entre des fleurs (fig. 7) aujourd’hui exposé au musée
du Bardo. A Sfax, dans la province de la Bizacène, a été retrouvé un cimetière dont les tombes
4
chrétiennes étaient couvertes de mosaïques ornées d’inscriptions et de figures comme celles de
Tabarca. Sur l’une, au-dessous de l’épitaphe Rogata vixit annis IIII M: XI o (horas) gi in pace avec
le monogramme, on voit l’image de la défunte en attitude d’orante entre deux cierges brûlants (fig.
8). Ainsi il ne faut pas croire fortuites la coïncidence et ressemblance de pareilles représentations sur
des monuments dispersés dans les diverses provinces de l'Afrique romaine. Il est donc évident que ce
type de symbolisme fut très généralisé en Afrique, où il fut conçu pour la première fois.
Fig. 8. Sfax. Musée de Sfax
Fig. 7. Tabarka. Musée du Bardo
Pour une chronologie des mosaïques funéraires
En général on peut dire que la grande « mode » de la mosaïque funéraire en Tunisie
correspond à une période assez limitée s’étendant de la seconde moitié du IVème siècle à la moitié du
Vème siècle. Mais il faut dire aussi que dans certaines régions de la Tunisie on a continué à recouvrir
des tombes en mosaïques au moins jusqu’au VIème siècle. Quelques-unes même comportant une date
d’indiction, fréquent dans la période byzantine, d’autres en raisons de la forme stylistique ou
archéologiques ou à cause de la forme de symbole.
5
En résumé on peut dire que pour l’essentiel la mosaïque funéraire en Afrique du Nord, qui est
employé surtout à l’intérieur des monuments, s’est particulièrement développée en Afrique en même
temps que l’habitude d’enterrer dans les églises et à cause d’elle7.
Cela nous permet donc de mieux comprendre que la représentation des saints et des fidèles
défunts, au paradis, placés entre des candélabres et des cierges ardents, utilisée d’une manière tout à
fait spéciale en Afrique, après les persécutions, ce soit répandus dans différents pays, et c’est de là
que cet usage soit venu à Naples en même temps que l’arrivée des évêques, prêtres et laïcs africains
exilés au Vème siècle.
Quel est la signification d’un tel usage ?
Pour comprendre la signification
profonde de ces objets il nous faut nous
remonter à leur histoire8. Le luminaire
est un honneur rendu à Dieu et aux
saints. Il se manifeste de trois manières :
lampe, torche et cierge.
La lampe est un récipient de
métal ou de verre, brûle de l’huile : elle
est normalement suspendue. On trouve
les lampes devant les tombeaux, les
autels, les images vénérées. La lampe est
l’attribut ordinaire de la vigilance et des
vierges sages de l’évangile. Saint Hilaire
disait en parlant des vierges sages :
« Ces lampes, que les vierges ont prises,
sont la lumière de ces âmes en qui brille
la blancheur éclatante du baptême »
(Catena Aurea) et pour saint Augustin
ces lampes représentent aussi les ouvres
des vierges sages, car il est écrit (Mt, 5,
16) « que votre œuvres brillent aux yeux
des hommes » (Serm, 22).
La torche réunit plusieurs cierges
ensemble, de façon à augmenter la
flamme. Ces cierges sont souvent tordus.
Elles sont surtout affectées à l’élévation
de la messe et à la procession du SaintFig. 9. Candélabres de marbre du mausolée de sainte
Sacrement.
Constance. Musée du Vatican (Cl. Martigny)
Le cierge finalement était une
mèche enduite de cire, jaune ou blanche
: on le pose sur un chandelier ou candélabres. Ils figurent aussi devant les corps saints, les reliques et
aux offices liturgiques. Il y avait deux espèces de candélabres ou de lustres, ceux qui servaient à
mettre de l’huile et qu’on appelait « canthara », et ceux qui étaient destinés à recevoir les cierges ou
chandeliers appelés « phari » ou « phara ». Ce dernier type c’est celui qui nous intéresse dans notre
article. Mais selon Martigny on pouvait aussi mettre dans ce dernier type de l’huile, à moins qu’on
ne doive entendre d’un appareil approprié aux deux usages ce que les écrivains ecclésiastiques
désignent sous le nom pharacanthara.
Cf. DUVAL, N., « La mosaïque funéraire dans l’art paléochrétien », Paris, 1976.
Cf. BARBIER DE MONTAULT, X., « Traité d’iconographie chrétienne », t. I, Paris, 1898, voix « luminaire », p. 59) ;
MARTIGNY, J., « Dictionnaire des antiquités chrétiennes », Paris, 1877, voix cierges et lampes, p. 175-178 ;
XANTHOPOULOU, M., « Les lampes en bronze à l’époque paléochrétienne », Bibliothèque de l’Antiquité tardive 16,
Belgique, 2010.
7
8
6
Il y avait ensuite les grands lustres en forme de cercle ou de couronne. Ces couronnes
lumineuses étaient suspendues aux voûtes des églises elles supportaient une masse considérable de
cierges ou de lampes, qui, selon l’expression poétique de Siméon de Thessalonique, imitaient l’éclat
des astres au firmament. Ces phares ou couronnes étaient très présents dans la tradition latine et
orientale.
L’usage des cierges et des lampes remonte à l’origine même de l’Église. Un passage des Actes
des apôtres 20, 7 et 8 relatif à la prédication de saint Paul à Alexandrie de Troade où il est raconté
que les fidèles de cette Église se réunirent sous la présidence de l’apôtre, pour la fraction du pain et
l’enseignement, dans un cénacle éclairé par un « grand nombre de lampes ». Ce témoignage doit être
complété par les indications des Canons apostoliques (Can. III. Labb. I. col. 26 et 27), qui autorisent
les fidèles à offrir à l’autel de l’huile pour les luminaires.
Sans doute pendant les persécutions existait clairement un tel usage, car on a trouvé dans les
cryptes des catacombes à Rome et dans les cimetières chrétiens de la Tunisie un grand nombre de
lampes que leur style peut faire attribuer du IIème au IVème siècle, et qui, vu leur position, durent avoir
une tout autre destination que de chasser les ténèbres.
Quelques-unes de ces lampes étaient placées devant les tombeaux des martyrs ou de
confesseurs de la foi, comme témoignage de la vénération des fidèles, et nous savons qu’on emportait
par dévotion de l’huile qui y brûlait. Quelquefois elles étaient suspendues par des chaînes de bronze
aux voûtes de cryptes sacrées.
Sur une pierre sépulcrale publiée par M. Perret et cité par Martigny, est représentée une espèce
d’autel recouvert d’un arc en forme de ciborium, de chaque côté duquel brûle un cierge sur un
chandelier, non pas sur l’autel lui-même, mais sur des consoles, en dehors de l’autel et même en
dehors des colonnes du ciborium. Ce curieux exemplaire pourrait peut-être nous donner une idée de
la manière dont les lumières étaient placées autour des autels primitifs, ou des tombeaux des martyrs9,
ainsi qu’une idée de la réalisation de peintures des catacombes et des mosaïques funéraires.
En effet, au IIIème siècle, les actes proconsulaires de saint Cyprien disent que les fidèles
accompagnèrent avec des cierges les restes de ce grand évêque et martyr. Plus tard fin IVème siècle,
le concile de Carthage dispose que, à l’ordination de l’acolyte dont la fonction est d’allumer les
cierges, l’archidiacre lui fera toucher un chandelier avec son cierge. Du temps saint Jérôme, dans
toute l’Église d’Orient, on allumait des cierges pour le chant de l’Évangile10.
En France, saint Sidoine Apollinaire11 fait mention de nombreuses lumières que les fidèles
avaient apportées par dévotion dans la basilique de Saint-Just à Lyon, le jour de la fête de ce pontife
et saint Grégoire de Tours parle fréquemment de cierges allumés devant les tombeaux des martyrs et
des confesseurs, dans les rites du baptême et notamment au baptême de Clovis; il mentionne aussi en
plusieurs endroits des offrandes de cierges ou de lampes faites aux lieux révérés par des fidèles12.
Avec saint Jérôme nous nous demandons : « Est-ce donc que les cierges allumés devant les
tombeaux des martyrs sont un acte d’idolâtrie? ». Absolument pas. Ces candélabres et ces cierges
veulent certes représenter des flambeaux et des luminaires allumés en signe d’honneur et de
vénération sur les sépultures des martyrs et sur les dépouilles et les tombes des fidèles13. Mais dans
le contexte funéraire que nous avons évoqué dans cet article, ils ont la particularité d’être représentées
autour du défunt dans un contexte de gloire et de vie éternelle, c’est-à-dire dans le paradis, en Dieu,
où les âmes des défunts, en attitude d’orantes, sont admises parmi les esprits bienheureux. Pour cela
les tombes avec cierges dans une composition de très haute conception symbolique, doivent sans
doute avoir une signification en rapport avec pareille conception.
Donc les cierges et toutes sortes de luminaires dans les funérailles des fidèles et dans le culte
des saints étaient employés comme signe non seulement d’honneur, mais aussi comme symbole de
joie, de foi qui illumina leur chemin de la terre au ciel, à la gloire de la vie éternelle. Ainsi par exemple
9
BOCQUILLOT, V., « Traité historique de la messe », p. 80.
GREPPO, J. C., « Dissertations relatives à l’histoire du culte des reliques », Lyon. 1842. p. 44 : sur l’usage des cierges
et des lampes dans les premiers siècles de l’Église
11
Epist. V, 17.
12
De mirac. S. Martin, 1, 18.
13
GREPPO, J. C. « Dissertations relatives à l’histoire du culte des reliques », Lyon, 1842.
10
7
les candélabres brûlants aux côtés d’une memoria de saint Étienne en Tunisie sont considérés comme
le symbole de la lumière de la foi chrétienne14.
Mais les cierges sont toujours allumés fait
qui nous renvoie aussi à la figure de Jésus-Christ
qui avait dit « je suis la lumière du monde, qui
suis mes pas ne marcheras pas dans les
ténèbres ». Saint Jean avait dit dans son Evangile
que Jésus, était la vraie lumière. En 259, dans une
lettre écrite de leur prison à la communauté de
Carthage, par les disciples de saint Cyprien, les
martyrs Montanus, Lucius, Flavianus, Julianus,
Victoricus, Primohts, Renus et Donatianus, nous
lisons : « Renus eut un songe pendant son
sommeil. Il vit des hommes conduits au supplice.
Ils s’avançaient un à un. Devant chacun d’eux,
était portée une lampe ; les autres, ceux que ne
précédaient pas leur lampe, restaient en route.
Renus nous vit défiler tous avec nos lampes. A ce
moment, il s’éveilla. Quand il nous raconta la
chose, nous fûmes dans l’allégresse, sûrs de
cheminer avec le Christ, qui est ‘la lampe
éclairant nos pas’ et le Verbe de Dieu ». « Verbe
Finalement ces symboles sont la
signification profonde de la possession de la
Vérité toute entière : l’âme chrétienne qui vit
avec certitude seulement et pour toujours en
Dieu. Cette conception qui n’était pas étrange au
monde chrétien africain nous renvoie à
l’expression profonde de saint Augustin dans ses
confessions en parlant de la lumière : « Celui qui
connaît la vérité la connaît [la lumière], et celui
qui la connaît, connaît l’éternité. C’est l’amour
qui la connaît. Oh éternelle vérité, ô vraie
charité, ô chère éternité! C’est toi, mon Dieu!
Vers toi, je soupire nuit et jour »15.
Ces symboles nous montrent donc que
l’homme n’est pas fait uniquement pour la
lumière naturelle, il aspire à une lumière éternelle
et intérieure, celle que la mort ne peut éteindre avec les
Fig. 10. Tabarka. Musée du Bardo
yeux qui se ferment au seuil de la tombe.
14
15
Cf. De miraculis, santi Stephani, l. II, 2, 4., PL. XLI, p. 846.
Saint Augustin, Conf., VII, x, 16
8
Note sur la crypte des évêques dans les catacombes de saint Janvier et les africains16
Cette « crypte des
évêques » découverte en
1971 est datée du Vème
siècle. Elle contient huit
arcosolia, dont certains sont
décorés de mosaïques, celle
de l’arcosolium central
semblant la plus ancienne.
Le personnage représenté
sur le fond de l’arcosolium
de droite a les traits d’un
Africain, il tient des deux
mains un livre, dont la
couverture porte une croix
gemmée traditionnelle en
Afrique et les symboles des
Fig. 11. Catacombes de Saint Janvier: mosaïque de Quodvultdeus
quatre Évangélistes. Les
autres arcosolia portent des
décorations beaucoup moins visibles. Un soin particulier est apporté à la réfection de la mosaïque de
l’arcosolium central et à la création d’un lucernaire, ce qui montre que ces personnages ne sont pas
communs, et que ces tombes sont souvent visitées, puisque l’on se soucie d’y faire de la lumière. La
présence dans cette crypte d’une tombe qui est peut-être celle de l’évêque Quodvultdeus de Carthage
peut fournir un argument supplémentaire pour faire de cette crypte le produit d’une influence
africaine.
Mais il existe dans ces catacombes d’autres sépultures de personnages africains : l’arcosolium
découvert en 1978-1979, dit « arcosolium d’Alexandre » et daté du début du IVème siècle, montre une
scène de traditio legis où Alexandre a des traits africains. Dans cet arcosolium, le personnage désigné
par l’inscription beata Marta est sainte Marthe de Carthage, et il s’agit du plus ancien exemple
d’iconographie de cette sainte en Italie17.
Fig. 12. Figure Catacombes de Naples. Arcosolium de
Saint Gaudentius, évêque d'Abitène en Tunisie.
16
FASOLA, U., « La scoperta nella catacomba di San Gennaro di una cripta di vescovi di Napoli del V secolo », Ianuarius,
52-3, Naples, 1972, p. 178-183.
17
GRANIER, TH., « Lieux de mémoire – lieux de culte à Naples aux Ve-Xe siècles : saint Janvier, saint Agrippin et le
“souvenir des évêques” » in Faire mémoire. Souvenir et commémoration au Moyen Âge (Séminaire Sociétés, Idéologies
et Croyances au Moyen Âge dirigé par Claude Carozzi et Huguette Taviani-Carozzi), Aix-en-Provence, 1999, pp. 63102.
9
Merci à Umberto Pappalardo, archéologue de Naples, pour sa relecture et le partage des photos
des catacombes de Naples.
P. Silvio Moreno, IVE
Cathédrale de Tunis
silviomoreno@ive.org
janvier 2021
Résumé : La représentation des cierges allumés et des candélabres, aux côtés des saints et des défunts
admis au paradis dans la compagnie de ces derniers, est une particularité, que l’on croyait dans l’art
chrétien ancien comme propre aux peintures des catacombes de Naples exécutées au Vème siècle,
cependant il faut dire que cette symbolique doit sa force et son origine à l’influence artistique
africaine, notamment des évêques africains exilés provenant de Carthage.
Mots-clés : cierges, candélabres, Naples, Carthage, catacombes, lumière, mosaïque chrétienne.
10
Bibliographie générale de référence
AMODIO, M., La componente africana nella civilta napoletana tardoantica. Fonti letterarie
ed evidenze archeologiche, in Atti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia, Memorie, III,
6 (2005), 5-257.
BISCONTI, F., Napoli. Catacombe di s. Gennaro. Cripta dei vescovi. Restauri ultimi, in RAC
XCI, 2015, 7-33.
- Il restauro della cripta dei vescovi nelle catacombe di S. Gennaro, in Atti del II Colloquio
dell’Associazione Italiana per lo Studio e la Conservazione del Mosaico (Roma, 5-7 dicembre 1994),
Bordighera 1995, 311-320.
- L’evoluzione delle strutture iconografiche alle soglie del VI secolo in Occidente. Il ruolo
delle decorazioni pittoriche e musive nelle catacombe romane e napoletane, in Atti del XIII
Congresso Internazionale di Archeologia Cristiana (Split-Porecˇ 25.09-1.10. 1994), II, Città del
Vaticano 1998, 253-282.
- Testimonianze archeologiche delle origini cristiane nel Napoletano. Le catacombe di S.
Gennaro, in L. Cirillo, G. Rinaldi (edd.), Roma, la Campania e l’Oriente cristiano antico, Atti del
Convegno di Studi (Napoli, 9-11 ottobre 2000), Napoli 2004, 211-228.
D’OVIDIO, S., Episcopal Portraits in the Catacombs of San Gennaro in Naples, in I. Foletti
(ed.), The Face of the Death and Early Christian World, Roma 2012, 85-106.
EBANISTA, C., GIORDANO, C., DEL GAUDIO, A., Le lucerne di éta tardoantica e altomedievale
della catacomba di San Gennaro a Napoli, in Atti XI CNAC, vol.II, Cagliari, 2015, 727-742.
EBANISTA, C., Le sepolture vescovili ad sanctos. I casi di Cimitile e Napoli, in C. Ebanista, M.
Rotili (edd.), Atti del Convegno Internazionale di Studi (Cimitile - Santa Maria Capua Vetere, 14-15
giugno 2012), Cimitile 2015, 47-80.
MAZZEI, B., Patroni e defunti. Il restauro dell’arcosolio di Pascentius à S. Gaudioso (Napoli),
in Atti X CNAC, Università di Calabria, 2012, 413-423.
QUATTROCCHI, L., Los mosaicos funerarios de Túnez, España e Italia. Siglos III-VII, Thèse
doctorale, Getafe, 2016.
REEKMANS, L., La chronologie de la peinture paléochrétienne. Notes et réflexions, in RACr,
49 (1973), 271-291.
11