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Voici porté un regard inaccoutumé sur la science sociale. Depuis son émergence au XIXe siècle, celle-ci nourrit une double ambition : édifier une connaissance objective de la société ; mettre en œuvre cette connaissance pour remédier aux... more
Voici porté un regard inaccoutumé sur la science sociale.
Depuis son émergence au XIXe siècle, celle-ci nourrit une double ambition : édifier une connaissance objective de la société ; mettre en œuvre cette connaissance pour remédier aux déficiences de la société. Souvent tenues pour complémentaires, ces deux aspirations s’avèrent parfois difficiles à concilier. Quand l’empressement à refaire la société prend le pas sur le désir de la connaître, les théories académiques se muent en grandes visions du monde, au risque de rompre le lien entre les faits avérés et les conjectures explicatives.
Pour s’en convaincre, il suffit de démonter les rouages méconnus de la plus puissante synthèse jamais constituée à l’origine de la science sociale et aujourd’hui encore revendiquée comme fondatrice : l’œuvre d’Émile Durkheim. Confrontée aux données disponibles à l’époque et replacée sur le fond des grands débats qui enflammaient alors les esprits, elle révèle son principal ressort : la promesse d’un salut séculier accompli par les seules ressources de la raison. C’est que la science sociale naissante emprunta au christianisme, par l’intermédiaire de la philosophie, ses deux idées directrices : la conviction que le monde humain est affecté par un mal qui altère l’ordre légitime des choses ; l’espoir que ce mal pourra être un jour abrogé.
Quelles sont les contreparties de cette aspiration rédemptrice ?
Même si la mode du « structuralisme » appartient désormais au passé, l’œuvre de Claude Lévi-Strauss garde toute sa vigueur et continue d’être rééditée, lue, commentée, parfois critiquée, souvent admirée. Est-ce à dire qu’elle est toujours... more
Même si la mode du « structuralisme » appartient désormais au passé, l’œuvre de Claude Lévi-Strauss garde toute sa vigueur et continue d’être rééditée, lue, commentée, parfois critiquée, souvent admirée. Est-ce à dire qu’elle est toujours adéquatement comprise ? Beaucoup d’énigmes y demeurent, qui ne cessent d’exercer la perspicacité des meilleurs esprits, sans qu’ils parviennent à en proposer des explications satisfaisantes. L’enquête présentée dans cet ouvrage prend comme point de départ l’un de ces persistants problèmes interprétatifs : la contradiction surprenante entre Race et histoire (1952), devenu un classique de la littérature antiraciste, et Race et culture (1971), considéré comme scandaleusement proche des positions racistes, cependant que Lévi-Strauss clame imperturbablement que l’un et l’autre texte expriment les mêmes convictions.
En partant de cette énigme, l’analyse s’élargit progressivement à l’ensemble de l’œuvre de Lévi-Strauss. L’auteur ne se contente pas de mettre à profit les écrits de Lévi-Strauss ni de recourir à la foisonnante littérature exégétique qui lui a été consacrée et dont la majeure partie véhicule son lot inextricable de lieux communs. Son interprétation s’appuie sur des données nouvelles : il s’est entretenu avec Claude Lévi-Strauss à plusieurs reprises et a retrouvé des matériaux d’archives qui jettent une lumière inattendue sur le parcours intellectuel de l’anthropologue français, depuis ses premières publications dans les années 1920.
L’auteur fait ici le pari d’élucider les idées de Claude Lévi-Strauss non seulement comme celles de l’inventeur d’une théorie anthropologique, mais surtout comme celles d’un penseur qui propose, en deçà d’un système théorique, une vision du monde dont les postulats offrent la véritable clé de son œuvre. Réfractant la plupart des drames devenus tristement emblématiques du siècle passé, la pensée de Lévi-Strauss est irriguée par la réflexion sur le problème des imperfections du monde humain. Pour la comprendre, il est nécessaire de démêler l’écheveau de plusieurs conceptions qui, au XXe siècle, relevèrent le défi de ces deux questions parmi les plus obsédantes auxquelles les hommes eussent à faire face dans notre tradition culturelle : celle de la présence du mal et celle des remèdes à y apporter.
Research Interests:
Two centuries ago, scientists seized on the issue of human origins – a question previously reserved to mythical narratives and philosophical conjectures. Science rejected traditional beliefs but did it really manage to free itself from... more
Two centuries ago, scientists seized on the issue of human origins – a question previously reserved to mythical narratives and philosophical conjectures. Science rejected traditional beliefs but did it really manage to free itself from their influence ?
Through an analysis of the major theories of hominisation proposed during the nineteenth and twentieth centuries, the author shows that scientific conceptions of human origins, as well as modern schoolbooks and popular science, continue to perpetuate a number of old ideas inherited from myths and philosophical speculations.
If palaeanthropology is so often at one with ordinary thinking, this is because both depend on a common legacy of highly structured ideas which constitute a naive anthropology profoundly rooted in the Western tradition. This naive anthropology imposes upon us a stereotyped and simplistic view of human evolution and of the mechanisms of Culture. An analysis of the emergence of these commonsensical certainties promises to expose their numerous shortcomings and to reveal their role in the production of anthropological knowledge.
Research Interests:
L'acte moderne de croire passe souvent pour un acte de savoir. Ce livre traite des visions scientifiques de l'origine de l'homme. Savoir ou croyances ? Il est des croyances dont la force de séduction est si grande que nous les prenons... more
L'acte moderne de croire passe souvent pour un acte de savoir. Ce livre traite des visions scientifiques de l'origine de l'homme. Savoir ou croyances ? Il est des croyances dont la force de séduction est si grande que nous les prenons pour un savoir. C'est ici que la crédulité naïve de l'écolier rencontre la crédulité savante du chercheur.
Une analyse des principales conceptions de l'anthropogenèse, proposées entre le début du XIXe siècle et nos jours, montre que la science, après avoir rejeté les traditionnels récits mythiques, ne parvient pas à se libérer entièrement de leur influence. La pensée scientifique continue encore à reproduire la trame des anciennes conceptions.
Rationnels que nous nous efforçons d'être, nous n'en restons pas moins croyants, car nous croyons savoir, et s'il arrive fréquemment que la noble science rejoint dans ses conclusions la pensée ordinaire, c'est parce que l'une comme l'autre peuvent être tributaires d'un ancien imaginaire où se reflète toute une anthropologie naïve : notre simpliste manière de voir l'homme, sa culture et les vicissitudes de son histoire.
Research Interests:
Sinopse Nesta obra o autor pretende abordar as concepções sábias que aspiram a explicar a antropogénese. As reflexões sobre as origens do homem e da cultura fazem parte dos constantes esforços do pensamento humano. Cada cultura possuindo... more
Sinopse
Nesta obra o autor pretende abordar as concepções sábias que aspiram a explicar a antropogénese. As reflexões sobre as origens do homem e da cultura fazem parte dos constantes esforços do pensamento humano. Cada cultura possuindo concepções que relatam os primordiais acontecimentos na sequência dos quais o homem se tornou no que hoje é. Até uma época relativamente recente, a cultura ocidental satisfazia-se das explicações míticas. No século XIX, as respostas tradicionais foram questionadas e a ciência encarregou-se de as substituir por um saber positivo, livre de ideias preconcebidas, severamente controlado e solidamente fundamentado nos vestígios materiais do passado. Com a evolução, a ciência rejeitou as explicações sobrenaturais características dos mitos, sem ter conseguido isentar-se dos esquemas conceptuais da especulação conjectural. Alimentou-se deles, sem saber, e tornou-se o seu instrumento e prolongamento. Os pré-historiadores e os paleontólogos, preocupados como estão em estudar os traços do passado, esquecem frequentemente que os dados factuais só respondem às questões postas pelo investigador. Ora, se as questões continuam tão convencionais e estereotipadas, são muito poucas as oportunidades de as respostas o serem menos. Estas questões apenas têm uma fonte: a imaginação! A imaginação dos científicos continua, curiosamente, condicionada por uma enorme carga de imitações cuja aparência plausível seduz e consolida. Assim, algumas obras dos pré-historiadores e dos paleontólogos acabam por ensinar-nos menos acerca das origens do homem e mais sobre as crenças dos investigadores e do seu público. Actuando como etnólogo, o autor, nesta obra, procura reconstituir as raízes filosóficas destas crenças e a sua história, descreve a forma como os professores as inculcam nos seus alunos e apresenta os seus avatares científicos mais recentes. Embora sejamos racionais, não ficamos menos crentes e se a venerável ciência encontra frequentemente, nas suas conclusões, o pensamento comum é porque, quer uma quer outro, são tributários de um imaginário antigo onde se reflecte uma antropologia ingénua: a nossa forma simplista de ver o homem, a sua cultura e as vicissitudes da sua história.
Une anthologie de textes sur l'origine de l'humanité, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Textes choisis, préfacés et présentés par Wiktor Stoczkowski
Il n’est plus de mois sans que les médias ne nous entretiennent des sectes, parasciences, extraterrestres, voyants, astrologues et gourous. La conclusion des enquêtes journalistiques est toujours la même : dans une société moderne en... more
Il n’est plus de mois sans que les médias ne nous entretiennent des sectes, parasciences, extraterrestres, voyants, astrologues et gourous. La conclusion des enquêtes journalistiques est toujours la même : dans une société moderne en mutation, l’homme occidental retomberait dans l’irrationnel.
Rien ne prouve cependant que les croyances insolites qui foisonnent dans notre culture soient le fruit de l’«irrationalité». Au lieu d’y voir une création des égarés qui renoncent à l’usage de la raison, on peut tenter d’y découvrir, au contraire, un produit du fonctionnement habituel de la rationalité telle qu’elle est réellement.
Pour connaître la véritable marche de la raison, il ne suffit pas d’analyser les exploits intellectuels de grands savants : il vaut mieux scruter le spectacle de la pensée ordinaire qui se joue quotidiennement devant nos yeux.
Dans les années soixante, plusieurs dizaines de millions de personnes furent séduites, dans le monde entier, par une théorie qui expliquait l’origine de l’homme par une intervention de mystérieux astronautes venus des étoiles. En s’interrogeant sur la genèse de cette conception et sur les raisons de son succès, on invite ici le lecteur à un voyage au travers de recoins peu connus de la culture occidentale, où l’on croise les médiums spirites, les invisibles maîtres tibétains, les guerriers de l’Atlantide, les soucoupes volantes et les occultistes travestis en scientifiques.
Que nous y guide l’injonction de Fontenelle : « Étudions l’esprit humain dans l’une de ses plus étranges productions : c’est-là bien souvent qu’il se donne le mieux à connaître ».
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Alain Besançon est l'un des intellectuels français les plus connus et admirés en Pologne. Ses travaux ont d'abord été diffusés en samizdat, à partir des années 1980 ; l'intérêt qu'ils suscitent n'a pas faibli jusqu'à aujourd'hui. Cet... more
Alain Besançon est l'un des intellectuels français les plus connus et admirés en Pologne. Ses travaux ont d'abord été diffusés en samizdat, à partir des années 1980 ; l'intérêt qu'ils suscitent n'a pas faibli jusqu'à aujourd'hui. Cet article propose de déterminer les raisons de leur réception favorable par les lecteurs polonais. En creux, cette démarche permet d'éclairer les causes de l'accueil mitigé, parfois hostile, que son  œuvre a reçu en France, surtout dans le milieu des sciences sociales.

Il s'agit de la version complète de l'article abrégé paru en 2024 dans la revue Commentaire.
C'est une réflexion rédigée le 3 juillet 2023, au moment où, à la suite d'un fait divers, les émeutes embrasaient la France, où l’on pillait des magasins, on brûlait des mairies, on attaquait des commissariats. Portant sur une actualité... more
C'est une réflexion rédigée le 3 juillet 2023, au moment où, à la suite d'un fait divers, les émeutes embrasaient la France, où l’on pillait des magasins, on brûlait des mairies, on attaquait des commissariats. Portant sur une actualité immédiate, ce texte était destiné à la presse. Il fut unanimement rejeté par toutes les rédactions auxquelles je l’avais proposé. Puisque la censure n’existe pas en France, mes réflexions ont dû être perçues comme excessivement triviales et stupides : le lecteur en jugera lui-même.
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On sait de longue date le caractère stéréotypé des discours tenus sur l’immigration dans l’espace politique et médiatique en France. On sait moins ce qu’en pensent les Français ordinaires. Des sondages existent, certes, mais ils se... more
On sait de longue date le caractère stéréotypé des discours tenus sur l’immigration dans l’espace politique et médiatique en France. On sait moins ce qu’en pensent les Français ordinaires. Des sondages existent, certes, mais ils se contentent d’apporter des réponses trop brèves à des questions trop sommaires. À défaut de pouvoir deviner ce que les Français pensent de l’immigration, il est possible de déterminer ce que l’école de la République les exhorte à en penser. Afin de reconstituer la conception de l’immigration proposée aux enfants scolarisés en France, nous avons analysé vingt et un manuels d’histoire-géographie, parus de 1999 à 2014 et destinés aux classes de quatrième et de troisième du collège. Le discours de tous les manuels présente un haut degré de cohérence et de constance. En même temps, il donne à voir un certain nombre de contradictions qui semblent révélatrices non seulement d’une représentation de l’immigration, mais aussi d’une image que la société française cherche à construire d’elle-même, tout en l’inscrivant dans les cadres d’une véritable vision du monde, inculquée aux enfants par le truchement de l’enseignement scolaire.
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L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a suscité chez les Occidentaux un sentiment de sidération. Il paraît que personne ne s’y attendait. Comment comprendre cette surprise ? Les experts qui s’expriment dans les medias nous... more
L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a suscité chez les Occidentaux un sentiment de sidération. Il paraît que personne ne s’y attendait. Comment comprendre cette surprise ? Les experts qui s’expriment dans les medias nous l’expliquent : naguère raisonnable, Poutine serait devenu fou, donc imprévisible. On parle de sa « détermination paranoïaque », de ses « obsessions », de ses « propos délirants », de sa « déraison », de sa « perte du sens des réalités », de sa « folie guerrière ». Cette explication hâtive vient à l’esprit des commentateurs avec la force de l’évidence, comme si le désir d’établir un diagnostic psychiatrique en garantissait l’adéquation et en même temps compensait l’incompétence médicale. Il y a peu on a employé le même procédé pour élucider les attentats islamistes : tout comme Poutine, les islamistes seraient des forcenés. Lorsqu’on ne parvient pas à expliquer les agissements d’autrui, on lui prête un dérèglement mental. On croit ainsi le comprendre, alors qu’en réalité on renonce à le comprendre, préférant renvoyer dans les limbes de la déraison ce qui échappe à notre entendement.
Le Figaro Vox daté du 10 mars a proposé à ses lecteurs un entretien d’Alexandre Devecchio avec Andreï Makine, ressortissant soviétique naturalisé français, écrivain et l’un des quarante Immortels de l’Académie française. On ne peut... more
Le Figaro Vox daté du 10 mars a proposé à ses lecteurs un entretien d’Alexandre Devecchio avec Andreï Makine, ressortissant soviétique naturalisé français, écrivain et l’un des quarante Immortels de l’Académie française. On ne peut qu’approuver l’idée d’inviter un Russe à donner son avis sur l’invasion de l’Ukraine. Toutefois, les propos de l’interviewé ont aussitôt suscité une véritable tempête sur les réseaux sociaux. Certains ont salué une intervention qui leur semble limpide, équilibrée et juste ; d’autres ont brocardé ce qu’ils estiment être un parti pris prorusse. Une telle polarisation de lectures réclame un retour attentif au texte de l’entretien : il est bon que toutes les opinions s’expriment dans une démocratie, faut-il encore que le lecteur ait les moyens de comprendre ce qu’on lui dit.
L’allocution de Vladimir Poutine à la cérémonie de signature de l’acte d’annexion des territoires occupés de l’Ukraine a suscité la perplexité des commentateurs occidentaux. Confronté aux défaites de ses troupes sur le front ukrainien, le... more
L’allocution de Vladimir Poutine à la cérémonie de signature de l’acte d’annexion des territoires occupés de l’Ukraine a suscité la perplexité des commentateurs occidentaux. Confronté aux défaites de ses troupes sur le front ukrainien, le président russe a choisi d’accréditer l’idée que son adversaire principal n’est plus le « gouvernement nazi » à Kiev, mais l’« Occident ». Comment interpréter le message que cette étrange allocution semble receler ?
Alain Besançon compte parmi les intellectuels français les plus connus et admirés en Pologne. Ses travaux y ont été d’abord diffusés en samizdat, à partir des années 1980, et l’intérêt qu’ils suscitent n’a pas faibli jusqu’à aujourd’hui.... more
Alain Besançon compte parmi les intellectuels français les plus connus et admirés en Pologne. Ses travaux y ont été d’abord diffusés en samizdat, à partir des années 1980, et l’intérêt qu’ils suscitent n’a pas faibli jusqu’à aujourd’hui. Cet article propose de déterminer les raisons de leur réception favorable par les lecteurs polonais.
Les relations entre les femmes et les hommes connaissent depuis peu une frénésie d’innovations radicales. Il convient de réfléchir aux causes de ces phénomènes et à leurs conséquences pour l’avenir de nos sociétés
La liberté a toujours des limites. Il n'y a que les excès qui n'ont pas de limites. On a vu récemment en France des colloques perturbés par l'intrusion de groupuscules militants, des séminaires boycottés, des invitations annulées, des... more
La liberté a toujours des limites. Il n'y a que les excès qui n'ont pas de limites. On a vu récemment en France des colloques perturbés par l'intrusion de groupuscules militants, des séminaires boycottés, des invitations annulées, des livres déchirés, ou encore des menaces adressées à des recteurs et des doyens d'universités. Les milieux académiques s'en alarment, y voyant des atteintes inacceptables à leurs libertés. Pourtant, la liberté d'expression académique a toujours été limitée : ce qui change au fil du temps, ce sont les formes et les objets de la censure. Pour mieux saisir les particularités de la conjoncture présente, il est utile de la comparer aux régimes antérieurs de la censure universitaire, observés ici au travers de quelques exemples typiques. Agencés chronologiquement, ces exemples ne constituent pas pour autant une séquence évolutive ; ils sont destinés à illustrer des formes différentes de la censure académique, sans chercher à donner une représentation complète du processus historique.
Les propos tenus sur la chaîne CNews, le 14 février 2021, par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, ont mis le monde universitaire français en ébullition. La ministre aurait dit que « l’islamo-gauchisme gangrène... more
Les propos tenus sur la chaîne CNews, le 14 février 2021, par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, ont mis le monde universitaire français en ébullition. La ministre aurait dit que « l’islamo-gauchisme gangrène l’université ». Il n’en fallait pas plus pour déchaîner les passions. On a crié au scandale, à l’intimidation, au maccarthysme. Deux fractions se sont aussitôt formées, qui se combattent depuis un mois à coups de tribunes, de pétitions collectives et d’entretiens dans les médias. Les uns affirment que le monde académique français reste irréprochable, ne connaissant d’autres problèmes que ceux engendrés par une série de réformes malvenues engagées par son ministère de tutelle. Les autres estiment que les universités françaises souffrent des dérives militantes et qu’il n’est pas anormal que le gouvernement puisse vérifier si les ressources qu’il alloue à la recherche et à l’enseignement supérieur sont employées en accord avec les missions auxquels on les destine traditionnellement. Toutefois, le principal point d’achoppement de cette controverse n’est pas tant la déclaration de la ministre, mais les jugements divergents que l’on porte sur un ensemble de recherches réunies sous l’étiquette commune d’« études décoloniales ». Les divergences sont si profondes que les passions prennent souvent le pas sur les arguments. Chacune des deux fractions se présente comme le porte-parole d’un savoir authentique ; on se renvoie l’accusation d’un militantisme politique ; on croit déconsidérer l’adversaire en lui prêtant des accointances avec l’extrême-gauche ou avec l’extrême-droite. On ne peut se satisfaire des explications qui réduisent cette controverse à une confrontation entre des « opinions idéologiques » et des « savoirs avérés », à un affrontement entre une « avant-garde progressiste » et une « arrière-garde conservatrice », ou encore à un conflit politique entre l’extrême-gauche et l’extrême-droite. Le véritable enjeu réside ailleurs : il s’agit du désaccord fondamental qui oppose, depuis un siècle et demi, deux visions du monde.
Réputé pour son ironie, l'historien Jacques Bainville écrivait en 1925 : « On nous annonce tous les jours de nouvelles réformes. Pourquoi n'en trouve-ton une seule, mais qui soit bonne ? ». Les réformes imposées en France à l'enseignement... more
Réputé pour son ironie, l'historien Jacques Bainville écrivait en 1925 : « On nous annonce tous les jours de nouvelles réformes. Pourquoi n'en trouve-ton une seule, mais qui soit bonne ? ». Les réformes imposées en France à l'enseignement supérieur et la recherche montrent combien cette remarque reste d'actualité. Ces réformes marquent depuis un certain temps une constante : le postulat qui les guide, devenu un dogme en dépit des alternances politiques, présuppose que l'enseignement supérieur et la recherche ne pourront viser à l'excellence et à la reconnaissance internationale sans que les institutions qui en ont la charge ne se regroupent pour former des entités de grande taille, seules capables – dit-on − d'égaler les universités les plus prestigieuses.
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Les institutions académiques deviennent périodiquement le terrain d’offensives idéologiques qui cherchent à promouvoir des orthodoxies nouvelles, tout en s’efforçant d’intimider ou de faire taire ceux qui n’y adhèrent pas. Dans les... more
Les institutions académiques deviennent périodiquement le terrain d’offensives idéologiques qui cherchent à promouvoir des orthodoxies nouvelles, tout en s’efforçant d’intimider ou de faire taire ceux qui n’y adhèrent pas. Dans les régimes autoritaires, ces offensives sont souvent impulsées par des pouvoirs politiques. Dans les pays démocratiques, au contraire, elles sont ordinairement le fait de minorités actives à l’intérieur du corps professoral et du milieu estudiantin. Avec plusieurs années de décalage par rapport aux pays anglo-saxons, nous assistons en France à l’une de ces offensives : des colloques sont perturbés, des conférences interrompues ou annulées, des cours boycottés, des enseignants harcelés et accusés de ne pas céder à une doxa qui se veut obligatoire.

Menées souvent au nom de la liberté d’expression, ces attaques portent atteinte à la liberté académique. Dans cette situation, il est important de rappeler les différences substantielles entre la liberté d’expression et la liberté académique, trop souvent confondues, jusque dans le Code de l’éducation.
Review of Frans de Waal, "Le singe en nous", Paris, Fayard, collection « Le temps des sciences », 2006 (French translation of "Our Inner Ape", Riverhead Books, New York, 2005).
Research Interests:
draft d'un article par P.Engel et Wiktor Stozckowski , https://www.liberation.fr/debats/2020/01/29/arretons-de-penser_1775805/ La fonction et l'activité principale d'un intellectuel est de penser. C'est notre métier, et même, dit-on,... more
draft d'un article par P.Engel et Wiktor Stozckowski , 

https://www.liberation.fr/debats/2020/01/29/arretons-de-penser_1775805/

La fonction et l'activité principale d'un intellectuel est de penser. C'est notre métier, et même, dit-on, toute la dignité des clercs, celle qui leur vaut des tribunes dans les journaux et l'accès aux plateaux télé. C'est donc là le terrain où doit se manifester notre soutien au mouvement social : nous invitons les intellectuels et les universitaires à arrêter de penser.
Le concept d’interdisciplinarité, ainsi que l’idéal d’une collaboration entre diverses disciplines de la recherche, présupposent que les efforts des spécialistes, en dépit de tout ce qui sépare la pratique de leurs métiers respectifs,... more
Le concept d’interdisciplinarité, ainsi que l’idéal d’une collaboration entre diverses disciplines de la recherche, présupposent que les efforts des spécialistes, en dépit de tout ce qui sépare la pratique de leurs métiers respectifs, concourent à un objectif commun. Cet objectif serait une représentation unifiée et globale de la réalité. Une telle représentation est censée résulter d’une synthèse à venir des connaissances positives que chaque discipline académique échafaude séparément des autres, mais dont il est souhaitable voir un jour une convergence interdisciplinaire. Cependant, nul n’ignore que les chercheurs n’ont jamais attendu que l’accumulation patiente de données empiriques fournisse une base sûre d’une synthèse interdisciplinaire, et qu’ils se sont empressés, depuis des siècles, à en proposer diverses versions. Quelles sont les fondations de ces synthèses ? Quelles sont leurs finalités ? C’est à ces questions que je me propose d’esquisser ici une réponse, en me penchant sur le cas des sciences sociales.
On 12 January 2006, within the so-called ‘Seminar of the Anthropologists’ at the École des hautes études en sciences sociales, which has been systematically structured as a confrontation between two distinct perspectives on a given topic,... more
On 12 January 2006, within the so-called ‘Seminar of the Anthropologists’ at the École des hautes études en sciences sociales, which has been systematically structured as a confrontation between two distinct perspectives on a given topic, we debated around the question: ‘Should anthropology be moral?’ Although in a different context, as it will be shown later, the answers to this provocative interrogation might have been yes vs no, in France, either as a consequence of a sort of a Cartesian doubt more widespread than
it is generally admitted or as the result of the permanence of a Durkheimian foundation which transcends other oppositions, such a simplistic dichotomy was not conceivable. Certainly, Didier Fassin claimed a direction of studies in political and moral anthropology
whereas Wiktor Stoczkowski put stress on some potentially negative consequences of the moral stances in anthropology, but we shared a common conviction that our discipline should not be moral in the sense of telling and promoting the good. In fact, since we had prepared our papers separately, we discovered, as the session progressed, that our confrontation was to be less the anticipated duel than a discussion made
necessary by recent evolutions in anthropology.
Research Interests:
Are social sciences afraid of things ordinary? Ordinary knowledge and fascination with extraordinariness Summary Much as they have long pretended to be interested on ordinary knowledge, social scientists have in practice shown a... more
Are social sciences afraid of things ordinary?
Ordinary knowledge and fascination with extraordinariness

Summary

Much as they have long pretended to be interested on ordinary knowledge, social scientists have in practice shown a marked predilection towards extra-ordinary phenomena, as grasped through exceptional informers. The following contribution, drawing on examples from social anthropology, history and science studies, proposes a series of reflections on the causes of this state of affairs, and on its consequences for our understanding of ordinary knowledge. Could it be that the social sciences are in danger here of overlooking a profound truth which human beings tell us about themselves, through all the ordinary, mundane, uninspired and mediocre products of their mind?

Résumé

Bien qu’ils déclarent de longue date s’intéresser aux savoirs ordinaires, les chercheurs en sciences sociales manifestent une étrange prédilection pour l’étude des phénomènes extraordinaires, sur lesquels ils s’instruisent auprès d’informateurs exceptionnels. À partir de quelques exemples empruntés à l’anthropologie, à l’histoire et aux études sur les sciences, cette contribution propose une série de conjectures sur les causes de cette situation, et sur ses conséquences pour notre connaissance des savoirs ordinaires. Il se peut que les sciences sociales passent à côté d’une vérité profonde que l’être humain nous livre sur lui-même à travers tout ce que sa raison produit d’ordinaire, de récurrent, de vulgaire et de médiocre.
La revue "Archives de sciences sociales des religions" m’a fait le redoutable honneur de consacrer trois articles critiques à mon dernier livre, "La science sociale comme vision du monde. Émile Durkheim et le mirage du salut" (Gallimard,... more
La revue "Archives de sciences sociales des religions" m’a fait le redoutable honneur de consacrer trois articles critiques à mon dernier livre, "La science sociale comme vision du monde. Émile Durkheim et le mirage du salut" (Gallimard, 2019). Mettant à profit le droit de réponse, je souhaite proposer aux lecteurs de la revue quelques explications et mises au point, sans espérer toutefois convaincre les auteurs de ces attaques, dont la religion en la matière semble définitivement faite.
We are paradoxically used to calling beliefs ideas we do not believe in, whereas we persist in considering as knowledge ideas we firmly believe in. This subjective distinction between beliefs and knowledge entails two drawbacks: first, it... more
We are paradoxically used to calling beliefs ideas we do not believe in, whereas we persist in considering as knowledge ideas we firmly believe in. This subjective distinction between beliefs and knowledge entails two drawbacks: first, it deprives both notions of any heuristic value; secondly, it conceals the fact that our knowledge is partly composed of beliefs. The author proposes to redefine the notion, in order to distinguish two types of beliefs, each of them including simultaneously religious and scientific representations. This definition offers a new outlook on ordinary knowledge: often considered as based on science, reason or common sense, ordinary knowledge constitutes an important part of our modern Western beliefs.

Nous avons l’habitude paradoxale d’appeler croyances les idées auxquelles nous ne croyons pas, tandis que nous réservons la dénomination de savoirs aux idées auxquelles nous croyons fermement. Cette distinction subjective entre croyances et savoirs présente deux inconvénients : premièrement, elle prive les deux notions de toute valeur opératoire ; deuxièmement, elle dissimule le fait que la plupart des idées auxquelles nous croyons ne nous paraissent pas comme des croyances, mais comme des savoirs. L’auteur se propose de redéfinir la notion de croyance et d’en distinguer deux types, dont chacun regroupe à la fois des représentations dites religieuses et des représentations tenues pour scientifiques. Une telle redéfinition permet de porter un regard nouveau sur nos savoirs ordinaires : souvent présentés comme ancrés dans la connaissance scientifique, ils forment une partie considérable des croyances contemporaines.
Émile Durkheim was not an historian. He nevertheless devoted several hundred pages to history. The aim of this paper is twofold. First, I reconstruct the Durkheimian conception of the mains stages of the Western history, the sole he was... more
Émile Durkheim was not an historian. He nevertheless devoted several hundred pages to history. The aim of this paper is twofold. First, I reconstruct the Durkheimian conception of the mains stages of the Western history, the sole he was interested in. Secondly, when reflecting on the function of this history within his worldview, I argue that his history was first and foremost an etiology of the present of the XIXth century French society, in particularly the etiology of evils which, according to Durkheim, were affecting his own society. Closely linked to the idea of the duality of human nature, this historical etiology lead to a therapy that Durkheim aspired to offer to French society and, more generally, to all civilized societies, supposedly in the grip of a deep moral crisis.

Émile Durkheim n’était pas un historien. Il a pourtant consacré plusieurs centaines de pages à l’histoire. L’article se propose, dans un premier temps, de reconstituer la conception durkheimienne des principales étapes de l’histoire occidentale, la seule qui l’intéressait. Dans un second temps, en s’interrogeant sur la fonction remplie par cette histoire dans sa vision du monde, il s’agit de montrer que la narration historique était avant tout une étiologie du présent de la société française de la seconde moitié du XIXe siècle, en particulier une étiologie des maux qui, selon Durkheim, accablaient sa propre société. Solidaire de l’idée de dualité de la nature humaine, l’étiologie historienne débouche sur une thérapie que Durkheim aspirait à proposer à la société française et, plus généralement, à toutes les sociétés civilisées, prétendument en proie à une profonde crise morale.
Afin de pouvoir analyser les rapports entre les savoirs des sciences sociales et les principes axiologiques qui interviennent dans la production de ces savoirs, il est utile de commencer par rappeler une évidence. Lorsque le chercheur... more
Afin de pouvoir analyser les rapports entre les savoirs des sciences sociales et les principes axiologiques qui interviennent dans la production de ces savoirs, il est utile de commencer par rappeler une évidence. Lorsque le chercheur prend pour objet des faits sociaux et culturels, il se réfère inévitablement à des systèmes de valeurs. Il n’est pas rare que ces valeurs possèdent un caractère hétérogène et se répartissent entre au moins deux catégories : d’un côté, les valeurs épistémologiques qui servent à distinguer la connaissance crédible d’avec la connaissance douteuse ; de l’autre, les valeurs morales, qui font le partage entre le bien et le mal, c’est-à-dire, en l’occurrence, entre les formes approuvées et désapprouvées des choses humaines.
La question que suscitent les ambitions axiologiques des sciences sociales n’est pas uniquement celle, souvent débattue, de savoir si la recherche peut s’astreindre au respect des valeurs morales : c’est aussi celle, encore plus délicate, de savoir si la recherche parvient à honorer simultanément les valeurs morales et les valeurs de la connaissance. C’est cette dernière question que je me propose d’examiner ici, en prenant comme exemple l’anthropologie et les mutations qu’elle a connues depuis son émergence jusqu’à nos jours. Il est probable que les conclusions tirées à partir des vicissitudes de cette discipline particulière peuvent valoir également pour d’autres sciences sociales.
Bruno Latour is one of the most influential social science theoreticians today. Yet even his admirers admit they are at a loss when trying to grasp the guiding principles of Latourian thought. Indeed, one can’t help wondering if there is... more
Bruno Latour is one of the most influential social science theoreticians today. Yet even his admirers admit they are at a loss when trying to grasp the guiding principles of Latourian thought. Indeed, one can’t help wondering if there is anything in common between the ethnographic observation of an endocrinology laboratory, the analysis of Charles Péguy’s writing style, the anthropological criticism of Modernism, an apocalyptic discourse on Anthropocene, the semiotic study of religious speech, the Actor-Network Theory, and philosophical inquiry into plurality of modes of existence. Latour stresses that his works are part of a “great hidden project”, although he does not bother to explain of what this project consists. In this paper, I attempt to throw light on the riddle of Latour’s “hidden project” and to figure out its meaning. My analysis is premised on the hypothesis that Latour's system should be interpreted as a form of worldview, similar to what anthropologists used to call cosmologies when studying societies outside the Western world. Like most worldviews in the European tradition, the Latourian cosmology is rooted in the question of evil and salvation. This allows us to perceive the unity of the Latourian system, which aims at transforming the European civilization, including a new reformation of the Christian religion. Latour promises to free us from the errors of Modernism and, at the same time, to renew our conception of ontology, science, religion, politics, ecology and ethics.
Référence électronique Wiktor Stoczkowski, « Daniel Becquemont & Pierre Bonte, Mythologies du travail. Travail nommé », Gradhiva, 2005.
Research Interests:
Une prophétie maya annoncerait la fin du monde pour le 21 décembre 2012. Pourquoi cette idée a-t-elle eu autant de succès médiatique ?
Review of Garrett G. Fagan (ed.), "Archaeological Fantasies. How pseudoarchaeology misrepresents the past and misleads the public", London, Routledge, 2007, Antiquity, vol. 81, n° 312, 2007, p. 472-473
Review of Michel A. CREMO, Richard L. THOMPSON, "Forbidden archaeology. The hidden history of the human race",  San Diego, Bhaktivendata Institute, 1993. In: L’Homme, revue française d’anthropologie, vol. 35, n° 133, 1995, p. 173-174.
« La fin du monde, punition ou …récompense », L’Actu, 14 novembre 2009, pp. 2-3.
"Dans votre livre, Des hommes des dieux et des extraterrestres1, vous proposez l’étude ethnologique d’une « croyance moderne », appuyée sur une série de récits relatant l’influence qu’ont pu avoir les extraterrestres sur l’humanité à... more
"Dans votre livre, Des hommes des dieux et des extraterrestres1, vous proposez l’étude ethnologique d’une « croyance moderne », appuyée sur une série de récits relatant l’influence qu’ont pu avoir les extraterrestres sur l’humanité à certains moments de son développement (qui varient, selon les auteurs, de la préhistoire à l’époque moderne, en passant par l’histoire antique)".
Claude Lévi-Strauss often stressed the importance for him of his early discovery of Marxism as an inspiration which then influenced him throughout his work as an anthropologist. This claim has become a leitmotif of commentaries on... more
Claude Lévi-Strauss often stressed the importance for him of his early discovery
of Marxism as an inspiration which then influenced him throughout his work as an anthropologist. This claim has become a leitmotif of commentaries on Lévi-Strauss, but without anyone verifying its truthfulness. However, there are several indications that he was engaged in an autobiographical mystification. To understand this, the article attempts to reconstruct the context of Parisian intellectual milieu of the 1950s, when the mystification began, and to explain why Lévi-Strauss maintained this fiction thirty years later. The purpose is to show that the subtle autobiographical ruse, far from being just a hermeneutical obstacle, can also provide a means to lift the veil on forgotten parts of history
Claude Lévi-Strauss appartenait à cette catégorie d’auteurs qui prennent soin de construire un récit de leur vie et d’esquisser l’exégèse de leur œuvre avant que la postérité ne s’en charge à sa façon. Les biographies de Lévi-Strauss... more
Claude Lévi-Strauss appartenait à cette catégorie d’auteurs qui prennent soin de construire un récit de leur vie et d’esquisser l’exégèse de leur œuvre avant que la postérité ne s’en charge à sa façon. Les biographies de Lévi-Strauss reproduisent servilement ce récit autobiographique. Celui-ci  s’écarte pourtant de la réalité sur plusieurs points. Je me propose ici de rectifier l’un de ces écarts, en portant un regard neuf sur la jeunesse socialiste de Lévi-Strauss, à partir de données d’archives qui n’ont jamais été encore exploitées. Cette mise au point permettra d’éclairer le contexte intellectuel et politique qui a précocement façonné une conception du monde dont les principales prémisses laisseront une trace durable dans la pensée de Claude Lévi-Strauss.
For a half a century, Claude Lévi-Strauss multiplied statements about the demographic situation of humanity and its anthropological consequences. Those statements, often seen as shocking, were interpreted as a kind of aberration which... more
For a half a century, Claude Lévi-Strauss multiplied statements about the demographic situation of humanity and its anthropological consequences. Those statements, often seen as shocking, were interpreted as a kind of aberration which defied rational understanding. Current opinion held was that the analysis of such idiosyncratic ideas overstepped the competence of anthropologists and historians. In fact, as shown in my text based on newly discovered archival materials, quite the opposite is true. Firstly, Lévi-Strauss became interested in demography very early in his career. Secondly, his conception of demographic trends and their effects was based on scholarly knowledge. Thirdly, far from being an idiosyncratic extravagance, his demography corresponded to widely shared concerns, central to the cultural policies of UNESCO, in which Lévi-Strauss was involved as Secretary general of the International Social Science Council (from 1952 to 1960). These facts are necessary if one is to grasp the cosmological outlook underlying the works of Claude Lévi-Strauss. The principles of Lévi-Straussian cosmology, in which demography plays an important role, are not reducible to the axioms of his structural theory. Without taking this cosmological infrastructure into account we are unable to correctly understand the moral message that Lévi-Strauss endeavoured to deliver, which concerned the extreme dangers humanity could face in the near future.
On estime de nos jours avoir du mérite à déclarer que « les races humaines n'existent pas » : les chercheurs auraient démontré que les distinctions raciales ne possèdent aucun fondement scientifique. Lorsqu'on tient ce langage devant les... more
On estime de nos jours avoir du mérite à déclarer que « les races humaines n'existent pas » : les chercheurs auraient démontré que les distinctions raciales ne possèdent aucun fondement scientifique. Lorsqu'on tient ce langage devant les élèves, il arrive qu'ils soient perplexes : si les races n'existent pas, observent-ils, pourquoi est-ce que l'on distingue si facilement un Noir d'un Blanc ou d'un Asiatique?  Pour expliquer ce paradoxe, il faut comprendre une évolution idéologique qui a profondément affecté notre époque.
This article explores one of the numerous aspects of causality which rules racist thought. In order to do so, the author puts in parallel two modes of classificatory reasoning mistakenly assumed to be antithetical: “splintering” and... more
This article explores one of the numerous aspects of causality which rules racist thought. In order to do so, the author puts in parallel two modes of classificatory reasoning mistakenly assumed to be antithetical: “splintering” and “unifying”. These two modes are illustrated through two distinct case studies, seemingly distant from the usual grounds of discussions about racism. On the one hand, the author examines a recent history of fossil Hominid classifications, at first split into multiple taxa, next, after the Second World War, lumped into a single all-encompassing human family. On the second hand, he analyses the ongoing debates over the right attributed to the apes by some animal rights’ activists who whish the apes being included in the human community of “fraternal obligations”. The conclusions bear on the causal relationship between the conceptualisation of anatomic differences and the decision to include a group of beings in the community of equals or, on the contrary, to expel the same group from that community.
Parmi les femmes les plus célèbres aujourd’hui en France, aux côtés de Brigitte Bardot, de Catherine Deneuve et de Laëtitia Casta, on trouve une petite dame nommée Lucy. Lucy est petite au sens propre du mot car elle mesure à peine un... more
Parmi les femmes les plus célèbres aujourd’hui en France, aux côtés de Brigitte Bardot, de Catherine Deneuve et de Laëtitia Casta, on trouve une petite dame nommée Lucy. Lucy est petite au sens propre du mot car elle mesure à peine un mètre vingt, mais la modestie de sa taille est largement compensée par son âge, qui dépasse trois millions d’années. Il s’agit d’un spécimen d’Australopithecus afarensis, mis au jour en Ethiopie par une expédition franco-américaine. Les découvreurs de ce fossile, en lui donnant un prénom féminin, exprimèrent leur conviction d’avoir affaire à un être humain ; le talent de conteurs dont ils firent ensuite montre, transforma Lucy en véritable vedette, et tout enfant de France et de Navarre croit à présent savoir que Lucy est notre arrière-grand-mère à tous. Cependant, les spécialistes ont compris assez rapidement que Lucy et son espèce ne pouvaient occuper qu’une place marginale dans l’évolution des Hominidés. Les liens qui nous unissent à Lucy restent obscurs et discutables : il s’agit en réalité d’une sorte de simien bipède.
Baptiser «Lucy» les restes fossiles d’une telle créature pourrait malgré tout sembler anodin, pas moins qu’appeler un chien Oscar ou Socrate. D’ailleurs, les mobiles des découvreurs du fossile furent plus complexes et importent peu ; c’est la réaction complaisante  du grand public qui est plus significative. L’enthousiasme à accueillir dans les rangs de l’humanité un être simien ayant vécu il y a trois millions d’années paraît étrange comparé aux réticences qu’éprouvent d’aucuns à admettre la qualité d’homme à part entière de certains de leurs voisins de palier. Il est curieux que beaucoup de nos concitoyens se sentent apparentés à une guenon préhistorique d’origine africaine, tandis que d’autres refusent l’idée de la parenté avec les Africains qui habitent leur quartier. Comment se fait-il que les uns sont prêts à inclure dans l’humanité un être qui leur est très éloigné, pendant que les autres en excluent ceux qui leur sont proches ? Cette question incite à examiner la pensée de l’exclusion, dont les conceptions racistes ne sont qu’un avatar, en la mettant en parallèle avec celle qui semble être son antithèse, mais qui en réalité s’en rapproche par l’apparente arbitraire qui la gouverne : la pensée de l’inclusion.
"Los científicos ante el racismo", Mundo Cientifico, n° 232, 2002, pp. 30-37
Il y a quelques années, mon fils a rapporté du collège une brochure antiraciste. Il y était écrit que celui qui admet l'existence des races humaines est raciste. Cette opinion est relativement répandue de nos jours. Plus d'une fois on a... more
Il y a quelques années, mon fils a rapporté du collège une brochure antiraciste. Il y était écrit que celui qui admet l'existence des races humaines est raciste. Cette opinion est relativement répandue de nos jours. Plus d'une fois on a vu sur la scène publique fuser des accusations de racisme à la moindre mention du mot race. Ces réactions relèvent d'une confusion regrettable entre le racisme, qui est une posture arbitraire que chacun peut adopter ou récuser, selon ses convictions personnelles, et la question des races humaines, qui reste du ressort des recherches scientifiques sur la diversité interne de l'espèce humaine. Le racisme, au sens strict du terme, est à la fois une conception et une attitude. En tant que conception, le racisme comporte trois composantes : premièrement, l'idée que les caractères intellectuels et moraux des groupes humains résultent d'un patrimoine héréditaire ; deuxièmement, l'idée que ces caractères ont des valeurs inégales, ce qui implique, troisièmement, qu'il existe une inégalité foncière entre les groupes humains biologiquement distincts les uns des autres. À cette conception s'ajoute une attitude d'hostilité active envers tel ou tel groupe humain réputé biologiquement différent ; cette hostilité peut aller du mépris jusqu'à la discrimination et l'oppression, voire à la violence exterminatrice. Quant à l'existence des races humaines, c'est autre chose : il s'agit d'un problème traité par plusieurs sciences empiriques, qui l'abordent au moyen de méthodes très techniques, inaccessibles aux non-spécialistes. L'avis des sciences sur la question de l'existence des races, c'est-à-dire des variétés intra-spécifiques de l'espèce humaine, se transforme au fil du temps, en fonction de l'évolution des méthodes mises en oeuvre pour l'étudier.
Prehistoric mankind was invented before being discovered; and the imaginary prehistory of olden times still permeates our vision of the First Ancestors. For more than two thousand years, “naturalistic” speculation about the origin of... more
Prehistoric mankind was invented before being discovered; and the imaginary prehistory of olden times still permeates our vision of the First Ancestors. For more than two thousand years, “naturalistic” speculation about the origin of culture has activated the same common places, which originate in a transformation of ancient mythical themes.

ZUSAMMENFASSUNG
Wiktor Stoczkowski, Die Vorgeschichte in den Schulbüchern oder unser Mythos von den Ursprüngen.
— Der vorgeschichtliche Mensch wurde erfunden, bevor er entdeckt wurde, und die imaginäre Vorgeschichte von einst beeinflußt noch heute unsere Sicht von den ersten Vorfahren. Wir haben zu zeigen versucht, daß seit mehr als zwei Jahrtausenden die « naturalistische » Spekulation über den Ursprung der Kultur dieselben Klischees benützt und daß diese aus einer Umwandlung alter mythischer Motive hervorgegangen sind.

RESUMEN
Wiktor Stoczkowski, La Prehistoria en los manuales escolares o nuestro mito de los orí
genes.
— El hombre prehistórico fue inventado antes de ser escubierto y la prehistoria imaginaria de antaño influencia todavía hoy la visión de nuestros primeros antepasados. Hemos tratado de mostrar cómo, desde hace mas de dos milenios, la especulación « naturalista » acerca del origen de la cultura, mobiliza los mismos clichés, inspirados de una transformación de viejos motivos míticos.
Paru dans Le Nouvel Observateur, n° 64, hors-série, décembre 2006-janvier 2007, pp. 70-75. Au XVIIIe siècle, en supprimant dans le mythe de la fin de l’âge d’or le motif d’une intervention surnaturelle, des penseurs matérialistes ont... more
Paru dans Le Nouvel Observateur, n° 64, hors-série, décembre 2006-janvier 2007, pp. 70-75.

Au XVIIIe siècle, en supprimant dans le mythe de la fin de l’âge d’or le motif d’une intervention surnaturelle, des penseurs matérialistes ont imaginé que la culture humaine était née au moment où nos ancêtres, privés de conditions protectrices d’une « nature mère », avaient dû affronter une existence périlleuse mais stimulante au sein d’une « nature marâtre ». L’explication de l’origine de l’homme défendue par Yves Coppens, qui associe le début de l’anthropogenèse au passage de nos premiers aïeux d’une forêt bienveillante à une savane hostile, reprend le vieux schème mythique. Science ou fiction ? Pourquoi cette théorie a-t-elle été spontanément perçue comme crédible ?
Research Interests:
L'ÉTUDE DES ORIGINES DE L'HOMME ET DE LA CULTURE, DEVENUE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE À PART ENTIÈRE, N'EST SEMBLE-T-IL PAS TOTALEMENT DÉGAGÉE DU VIEUX FOND MYTHIQUE DONT ELLE A SI LONGTEMPS ÉTÉ LE REFLET. EN ÉTUDIANT DE PRÈS LES SCÉNARIOS... more
L'ÉTUDE DES ORIGINES DE L'HOMME ET DE LA CULTURE, DEVENUE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE À PART ENTIÈRE, N'EST SEMBLE-T-IL PAS TOTALEMENT DÉGAGÉE DU VIEUX FOND MYTHIQUE DONT ELLE A SI LONGTEMPS ÉTÉ LE REFLET. EN ÉTUDIANT DE PRÈS LES SCÉNARIOS ACTUELS DE L’HOMNISATION, WIKTOR STOCZKOWSKI A CONSTATÉ QU'ILS ÉTAIENT INCONSCIEMMENT CALQUÉS SUR LE MYTHE DE L'ÂGE D'OR. CHASSÉS DE LEURS FORÊTS TROPICALES NOURRICIÈRES ET PROTECTRICES, LES ANCÊTRES DE L'HOMME SE SERAIENT SOUDAIN TROUVÉS CONFRONTÉS AU DANGER, À LA PEUR, À LA FAIM. DE CETTE LUTTE POUR LA SURVIE SERAIT NÉE LA SINGULARITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. CERTES LE MYTHE A SUBI BIEN DES TRANSFORMATIONS AU COURS DES SIÈCLES, DEPUIS L'INTERVENTION DIVINE DE LA GENÈSE  OU DES GÉORGIQUES  DE VIRGILE, JUSQU'À L'INTERVENTION D'UN CATACLYSME GÉOLOGIQUE OU ÉCOLOGIQUE POUR EXPLIQUER LA SORTIE DE L'EDEN, MAIS L'IMAGINAIRE ANTHROPOLOGIQUE CONTINUE DE VÉHICULER CE VIEUX SCHÉMA MYTHIQUE
Recension : Jean Clottes, David Lewis-Williams, Les Chamanes de la préhistoire. Texte original, polémique et réponses, 208 p., La Maison des roches, 2001, 135 francs.
How do archaeologists proceed to assess interpretative hypotheses? When they resort to ethnological regularities to evaluate the validity of their conjectures they seem to be much more inclined to search for confirmations than... more
How do archaeologists proceed to assess interpretative hypotheses? When they resort to ethnological regularities to evaluate the validity of their conjectures they seem to be much more inclined to search for confirmations than counter-examples. This stance, of little efficiency from the epistemological point of view, is an effect of a naive epistemology, well known from studies of ordinary thinking. What then should be a good use of ethnological or ethno-archaeological data with respect to the validation of archaeological interpretations?
Partant de l'analyse d'un inattendu scénario de l'hominisation datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’auteur étudie les rapports entre les conceptions transformistes de l’époque et l'idée de l'ancêtre simiesque de l'homme.... more
Partant de l'analyse d'un inattendu scénario de l'hominisation datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’auteur étudie les rapports entre les conceptions transformistes de l’époque et l'idée de l'ancêtre simiesque de l'homme. L’analyse aborde cinq questions. 1/ Une théorie transformiste fut-elle nécessaire pour envisager l'idée de la métamorphose anatomique d'une créature simienne en homme ? 2/ En quoi consistait l'innovation conceptuelle de concevoir le passage historique entre l'anatomie simiesque et humaine ? 3/ L'apparition de cette idée correspond-elle à une révolution dans la manière de voir la formation des êtres vivants, ou est-elle plutôt le fruit de quelques modifications ponctuelles introduites au sein du savoir préexistant? 4/ D'où provenaient les idées que la pensée naturaliste a mobilisées dans la seconde moitié du XVIIIe siècle pour construire la conception de l'origine simiesque de l'homme ? 5/ Quelle était l'influence de cette même pensée sur les théories transformistes qui ont vu le jour au début du siècle suivant ?
Il est communément admis que Jean-Baptiste Lamarck proposa, en 1802, dans les Recherches sur l'organisation des corps vivans, l'un des premiers scénarios explicites de l'hominisation, esquissant les grandes lignes du processus grâce... more
Il est communément admis que Jean-Baptiste Lamarck proposa, en 1802, dans les Recherches sur l'organisation des corps vivans, l'un des premiers scénarios explicites de l'hominisation, esquissant les grandes lignes du processus grâce auquel l'homme est venu à l'existence. Apparemment, l'interprétation de ce bref extrait, qui comporte à peine trois phrases, ne pose pas la moindre difficulté : Lamarck semble clairement dire que nous descendons d'un jocco qui s'était mis à marcher debout, occasionnant ainsi toute une suite de transformations anatomiques dont l'ensemble a modelé progressivement le corps humain. Et pourtant, cette lecture canonique, qui semble aller de soi, n'est pas sans poser quelques problèmes. Il convient de remarquer que dans cette prétendue description de la genèse de l'homme, tous les verbes relatifs au processus, et il y en a six, sont employés au futur simple (contractera, aura, cesseront, acquerront, développera, rendra). Il est bien curieux qu'en évoquant les événements originels, Lamarck ait choisit le temps dont la valeur générale est de désigner des faits à venir par rapport au moment de la parole. L’auteur de l’article réunit des données qui corroborent l'hypothèse selon laquelle le passage incriminé concerne non pas des événements originels, mais des faits non advenus et futurs. La suite de l’article est consacré à expliquer cette énigme.
Traditional historiography sees Charles-Georges Le Roy as one of the first observers of animal behaviour in its natural habitat. This paper highlights the manner in which this empirical “ethology” of the Enlightenment put to use an... more
Traditional historiography sees Charles-Georges Le Roy as one of the first observers of animal behaviour in its natural habitat. This paper highlights the manner in which this empirical “ethology” of the Enlightenment put to use an elaborate and systematically organised body of anthropological knowledge. However; there was more at stake than a simple projection, on animals, of human characteristics deemed to be universal. It is argued that a seemingly empirical ethology mobilized a common-sense anthropological knowledge, which is historically and culturally variable. This particular case study points to the necessity of more research on the relationship between the empirical data accumulated by ethology and anthropological representations feeding into their interpretation.
Research Interests:
Kuriozum. Mały tekścik z czasów studenckiej młodości. Napisany i wydany podczas stanu wojennego w drugim obiegu. Opublikowany przez Oficynę Wydawniczą PS, „Kalendarz Entuzjastów 1984” był rodzajem almanachu, zarówno kalendarzem jak i... more
Kuriozum. Mały tekścik z czasów studenckiej młodości. Napisany i wydany podczas stanu wojennego w drugim obiegu. Opublikowany przez Oficynę Wydawniczą PS, „Kalendarz Entuzjastów 1984” był rodzajem almanachu, zarówno kalendarzem jak i zbiorem krótkich tekstów opozycyjnych na tematy wielce rozmaite.

Pomysłodawcą projektu był Paweł Przyrowski, aktualnie wybitny witrażysta, zaś drukarzem i wydawcą Jerzy Owsiak, dziś powszechnie znany w Polsce dziennikarz radiowy i telewizyjny, showman, działacz charytatywny i społeczny. Redaktorem całości został „Franciszek Sędziwoj” czyli Wojciech Michera, przyszły kulturoznawca i adiunkt w Zakładzie Filmu i Kultury Wizualnej w Instytucie Kultury Polskiej Uniwersytetu Warszawskiego.

Teksty oryginalne pozostały anonimowe. Mój mikro-esej został zainspirowany jakimś zapomnianym dziś artykułem psycho-socjologicznym na temat wskaźników samobójstw w Europie i w Polsce. Statystyki ilustrowały trzy interesujące zjawiska. Po pierwsze, wskaźnik samobójstw był najwyższy w państwach „realnego socjalizmu”. Po drugie, w PRL-u lat 1970-tych wskaźnik samobójstw był najwyższy wśród klasy robotniczej, a najniższy wśród kadr partyjnych. Po trzecie, te ostatnie proporcje odwróciły się po sierpniu 1980 roku.

Tekścik bezpretensjonalny, pełen omyłek typograficznych typowych dla samizdatu, ale chyba godny uwagi, bowiem proponuje on hipotezę interesującą: statystyka samobójstw może być nie tylko wskaźnikiem stanu moralnego społeczeństwa (anomie), jak chciał Durkheim, ale również wskaźnikiem jego stanu politycznego.
Gdy nie jesteśmy w stanie pojąć pobudek decyzji, tłumaczymy je poprzez przypisanie ich autorom psychicznych patologii. W ten sposób tworzymy iluzję zrozumienia właśnie w momencie, kiedy rozumienia się wyrzekamy, tłumacząc obłędem to, co... more
Gdy nie jesteśmy w stanie pojąć pobudek decyzji, tłumaczymy je poprzez przypisanie ich autorom psychicznych patologii. W ten sposób tworzymy iluzję zrozumienia właśnie w momencie, kiedy rozumienia się wyrzekamy, tłumacząc obłędem to, co wymyka się naszej przenikliwości.
Un hommage posthume à Ludwik Stomma, anthropologue, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études, disparu en mars 2020.
Mamy zwyczaj nazywania wierzeniami koncepcje, w które nie wierzymy, podczas gdy rezerwujemy godność wiedzy dla koncepcji, w które wierzymy bez zastrzeżeń. Nie jesteśmy jednak w stanie udowodnić większości idei jakie uważamy za pozytywną... more
Mamy zwyczaj nazywania wierzeniami koncepcje, w które nie wierzymy, podczas gdy rezerwujemy godność wiedzy dla koncepcji, w które wierzymy bez zastrzeżeń. Nie jesteśmy jednak w stanie udowodnić większości idei jakie uważamy za pozytywną wiedzę. Teorie nauk społecznych należą często do tej właśnie kategorii: stają się modnymi dogmatami, a ich autorzy − przedmiotem kultu. Antropologia kultury dostarcza narzędzi, które pozwalają wyjaśnić mechanizm tego zjawiska. Biorąc za przykład cztery znane teorie francuskich nauk społecznych (socjo-antropologia Émila Durkheima, antropologia strukturalna Clauda Lévi-Straussa, socjologia Pierra Bourdieu i antropologia symetryczna Bruno Latoura), artykuł proponuje zrozumieć je jako konstrukcje myślowe o sile atrakcji zależnej mniej od wiedzy naukowej, jaka jest w nich ewentualnie zawarta, a bardziej od wizji świata, które te teorie proponują. Artykuł jest uzupełnioną wersją wykładu wygłoszonego na Uniwersytecie Warszawskim w grudniu 2018 roku jako Ósmy Doroczny Wykład Antropologiczny pamięci Profesora Andrzeja Wiercińskiego .
La première version, en langue polonaise, de l'article « La préhistoire dans les manuels scolaires, ou notre mythe des origines », L’Homme, revue française d’anthropologie, n° 116, 1990
Résumé: Au milieu des années 1920, la revue Nauka Polska (La Science Polonaise), éditée par l’Institut d’encouragement aux travaux scientifiques, a invité plusieurs chercheurs réputés à rédiger des essais autobiographiques dans le but de... more
Résumé: Au milieu des années 1920, la revue Nauka Polska (La Science Polonaise), éditée par l’Institut d’encouragement aux travaux scientifiques, a invité plusieurs chercheurs réputés à rédiger des essais autobiographiques dans le but de jeter une lumière sur la genèse et le développement de la créativité scientifique. Les textes devaient être publiés sous le couvert de l’anonymat, afin de favoriser la sincérité de confessions destinées, selon les initiateurs de ce projet, à aborder tous les aspects de la vie scientifique, y compris les plus intimes. En 1928, dans le numéro IX de cette revue, parut l’article intitulé « Biographie II ». Nous savons aujourd’hui que le cryptonyme « X.Y. » dont il était signé dissimulait Kazimierz Moszyński (1887-1959), éminent ethnologue et folkloriste, l’un des fondateurs de l’anthropologie polonaise au début du XXe siècle. Moszyński a laissé une œuvre considérable, restée au cœur du cursus universitaire en Pologne jusque dans les années 1980. Pourtant, les jeunes générations d’ethnologues polonais finirent par s’en détourner, jugeant les travaux de Moszyński non seulement théoriquement désuets, mais surtout excessivement positivistes, trop centrés sur une exubérante et stérile classification de faits culturels. La « Biographie II » permet de découvrir l’homme derrière cette œuvre positiviste. Et l’homme n’eut rien d’un positiviste. Esprit exalté et insatiable, il vint à l’ethnologie après avoir étudié et pratiqué la biologie, la philosophie, la peinture, la poésie et le roman. À l’origine de sa vocation ethnologique fut une sorte d’illumination mystique, et la signification qu’il donnait à ses recherches, positivistes par la méthode et par la forme de leur divulgation, en restait profondément marquée. Le travail scientifique et l’organisation de la vie vouée à ce travail faisaient chez Moszyński partie intégrante d’un système philosophico-mystique, à forte connotation théologique, bien qu’idiosyncratique, autonome par rapport aux doctrines des religions institutionnalisées. Le sujet de la « Biographie II » fut construit selon le modèle du personnage faustien, emprunté, sciemment ou non, à Goethe. L’article décrit cette stratégie biographique, tout en proposant une réflexion sur une mystique du travail scientifique dont la pratique, dans le cas de Moszyński, restait néanmoins conforme aux rigueurs de la démarche positiviste.
Depuis leur émergence, les sciences sociales se livrent à une double quête : d’une part, elles cherchent à construire une connaissance objective du monde humain; d’autre part, elles souhaitent employer cette connaissance pour apporter au... more
Depuis leur émergence, les sciences sociales se livrent à une double quête : d’une part, elles cherchent à construire une connaissance objective du monde humain; d’autre part, elles souhaitent employer cette connaissance pour apporter au monde humain des améliorations radicales. Ces deux ambitions ont été systématiquement tenues pour complémentaires et compatibles : la connaissance de l’homme et de la société devait être un moyen; la transformation de l’homme et de la société en était la fin. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, responsable de la plupart des espoirs dont on a pu les investir. En prenant comme exemple quatre « grandes théories », cet article se propose d’analyser les présupposés et les implications de cette double quête des sciences sociales.
We are paradoxically used to calling beliefs ideas we do not believe in, whereas we persist in considering as knowledge ideas we firmly believe in. This subjective distinction between beliefs and knowledge entails two drawbacks: first, it... more
We are paradoxically used to calling beliefs ideas we do not believe in, whereas we persist in considering as knowledge ideas we firmly believe in. This subjective distinction between beliefs and knowledge entails two drawbacks: first, it deprives both notions of any heuristic value; secondly, it conceals the fact that our knowledge is partly composed of beliefs. The author proposes to redefine the notion, in order to distinguish two types of beliefs, each of them including simultaneously religious and scientific representations. This definition offers a new outlook on ordinary knowledge: often considered as based on science, reason or common sense, ordinary knowledge constitutes an important part of our modern Western beliefs.