Russie

France’s position has been marginalized in Syria, more than eight years after the beginning of the crisis in 2011. Russia’s military intervention saved Syrian President Bashar al-Assad from being toppled by his contenders, some of whom have been supported by Paris. At present, whereas the military intensity of the conflict has deescalated, Russia has had the upper hand on the process of the political settlement and, in the meantime, seeks to promote the reconstruction agenda. Paris pays the cost of political choices and an uncompromising posture under the François Hollande administration. Nevertheless, the more realistic and
“deideologized” approach of President Emmanuel Macron has so far been able to avoid further tensions with Moscow on the Syrian context. Having few grips on the dynamics of the Syrian crisis, France is left with very few options: to put a high political price for its support in the reconstruction phase and to bet on an eventual clash between Iran and Russia in Syria.

"Patrice LAJOYE La byline Ilya et Idolichtché : Reflet de luttes religieuses ou ancien récit mythologique ?
La byline Ilya et Idolichtché est un cas typique de texte folklorique collecté au XIXe siècle, mais dont la matière, très ancienne, conserve la trace de ses différentes modifications et adaptations. Ainsi, si la base en est vraisemblablement mythologique, le texte a sans doute été « historicisé » à l’époque des invasions mongoles, puis lors de la chute de Constantinople.

The byline Ilya and Idolishche [Il'ja i Idolišče]: Reflect of religious struggles or ancient mythological story?
The byline Ilya and Idolishche is a typical folk text collected in the nineteenth century, but the subject, very old, keeps track of its various modifications and adaptations. Thus, if the basis is probably mythological, the text has probably been "historicized" at the time of the Mongol invasions, and then the fall of Constantinople.

Патрик Ляжуа. Былина Илья и идолище: отражение религиозной борьбы или древняя легенда?
Былина « Илья и идолище » – типичный пример фольклорного текста 19-го века, в котором очень древний материал сохранил следы различных изменений и адаптаций. Таким образом, если основа имеет, вероятно, мифологическое происхождение, сам текст, несомненно, был подвергнут исторической корректировке в эпоху монголо-татарского нашествия и после падения Константинополя.
Trad. : Olga Cadars "

Cet ouvrage, qui contient des contributions en Arabes et d'autres en français, regroupe des analyses et des études présentées par des chercheurs et des experts, qui consacrent une grande partie de leurs travaux à l’étude de l’espace méditerranéen et/où à l’Algérie dans les domaines de leurs spécialités : sciences politiques, relations internationales, études sécuritaires, géopolitique, sciences économiques, sociologie...
Les chapitres qui constituent l’ensemble de l’ouvrage, abordent des problématiques liées aux enjeux sécuritaires autours de l’espace méditerranée. Le but étant de définir les menaces et les défis sécuritaires qui planent sur cet espace, et qui représentent in fine un important enjeu sécuritaire pour l’Algérie, qui a une ouverture non négligeable sur  cette mer aux milles façades.
Cependant, l’intitulé de l’ouvrage peut porter à confusion. Effectivement, l’intérêt de cet ouvrage est de constater les retombés de l’appartenance de l’Algérie à un espace géopolitique qui peine à être défini. L’idée n’étant pas d’étudier les relations bilatérales de l’Algérie avec les pays, unions, organisations…des différentes rives de la méditerranée, mais d’identifier les éléments et objets qui forment des synergies propres à cet espaces, dont les interactions influent d’une manière ou d’une autres sur les politiques étrangère et sécuritaire de l’Algérie.
Dans un contexte où la proximité territoriale n’est plus synonyme de monopole régional, les intérêts des grandes et moyennes puissances dans le bassin méditerranéen, jouent un rôle prépondérant dans la région et ne font que compliquer l’équation de mutations engendrées par des facteurs d’instabilités et de défis communs. Ainsi, vient se greffer sur la problématique de la sécurité en méditerranée, qui gravite, en grande partie autour de la complexité de ses dynamiques régionales et sous-régionales, la problématique d’une dynamique globale amorcée par des défis principalement communs (en raison de la nature et de la transversalité des menaces sécuritaires contemporaines), et des interactions internationales façonnées par des intérêts et des rivalités d’ordre suprarégional. Aussi, l’étude des dynamiques des mutations géopolitiques en méditerranée ne peut restreindre l’ensemble méditerranéen à ses régions littorales stricto sensu, en faisant abstraction d’autres grands ensembles géopolitiques avec lesquels cette zone est en interaction (monde arabe, monde musulman, Russie, Union européenne...), ni des interactions émanant de projections de puissances de forces qui se situent en dehors de ces dits ensembles géopolitiques.     
Dans un contexte géopolitique qui rend compte de la complexité d’un ensemble méditerranéen géographiquement fermé, mais géopolitiquement ouvert, le but de ce cet ouvrage est d’identifier les différents enjeux, régionaux et internationaux, qui entrainent des mutations géopolitiques dans cet espace, ainsi que leurs implications futures sur l’Algérie, dans un contexte d’instabilité, de rivalité, d’influence et de défis communs autour de la méditerranée.

Depuis quelque mois, le nom de Pussy Riot, groupe de musique russe de 12 personnes reconnaissables à leurs cagoules de couleur et connues pour leurs performances « choc », est devenu synonyme d’entraves à la liberté d’expression. En effet, l’emprisonnement de trois membres du groupe en octobre 2012 a enflammé le débat et le conflit qui les oppose à l’État est devenu un symbole de lutte pour les défenseurs de la liberté d’expression en Russie et dans le monde.

Si la remise à niveau de l’armée s’est accompagnée d’une militarisation des relations extérieures de la Russie, en particulier dans ses rapports avec la communauté euro-atlantique suite à la crise ukrainienne de 2014, la mobilisation de l’outil militaire a aussi servi plus globalement l’agenda de puissance souveraine qui se trouve au coeur du projet politique de Vladimir Poutine pour son pays.

Dans quelle mesure le cinéma de propagande durant la Guerre froide a pu servir de fer de lance aux gouvernements des deux superpuissances afin d’affirmer la supériorité de leur idéologie ?

De prime abord, la période communément appelée « Guerre froide » renvoie à un sentiment d’unité, d’uniformité. Cette analyse est cependant superficielle au regard des changements économico-politiques qu’ont traversé les deux superpuissances.
Notamment, les politiques n’ont été que les avatars de dirigeants : à titre d’exemples, peuvent être cités Staline et Truman, Khrouchtchev et Kennedy.
Au gré des années, le cinéma est apparu comme l’outil le plus malléable pour mettre en œuvre des politiques de plus en plus orientées.
Si des films ont pu être commandés par le pouvoir politique ou du moins soutenus par celui-ci, des réalisateurs ont sciemment eu le désir de prendre part au patriotisme idéologique. En revanche, d’autres films n’ont jamais pu être diffusés au grand public ; d’ailleurs, même le cinéma « neutre » a pu être teinté d’ambitions nationalistes.

Pour appréhender au mieux toutes les facettes résultant de l’analyse du sujet, il convient d’opérer une approche tripartite. Pour commencer, il est essentiel de préciser que propagande et cinéma sont intimement liés, et ce depuis les premiers pas du septième art. Ce sont ainsi très vite développées des techniques phares (Chapitre 1). Ensuite, le contexte de la Guerre froide, guerre des idées plus que guerre des armes, a alimenté l’utilisation du cinéma comme support de l’apologie d’un camp ou de l’autre. C’est dans cette approche qu’il sera question ici d’étudier cet affrontement au moyen des images (Chapitre 2). Enfin, le cinéma de propagande a dépassé les frontières des deux superpuissances pour se diffuser dans leurs satellites. En outre, cette propagation a été permise par des médias autres que le cinéma (Chapitre 3).

Cette étude comparée vise à explorer l’évolution des mentalités en Europe à l’égard des langues africaines à travers l’analyse des récits de voyage de deux grands explorateurs : le premier, François Le Vaillant, est français ; et le second, Vassili Junker, est russe. À cet effet, nous allons tenter d’abord de schématiser l’attitude des voyageurs face aux langues étrangères de manière générale, avant de nous consacrer à la lecture des Voyages de M. Le Vaillant dans l'Intérieur de l'Afrique par Le Cap de Bonne Espérance, dans les années 1783, 84 & 85, et de Путешествия по Африке (Voyage en Afrique) de Junker, afin de comprendre les motivations de leurs voyages, leurs conduites face aux langues africaines, les conditions de déroulement de leurs travaux linguistiques et les péripéties ayant jalonné ces deux expériences.

De la crise ukrainienne à la guerre en Syrie, de l'ingérence supposée dans les élections américaines au vaccin Spoutnik-V, la Russie est revenue depuis quelques années sur le devant de la scène internationale dans un contexte de refroidissement sans précédent des relations russo-occidentales. Quels sont les ressorts de cette résurgence de la Russie au coeur de la géopolitique mondiale ? Quelle est la stratégie du Kremlin pour consolider les fondements de la puissance russe ? Comment interpréter la réactivation de l'opposition avec l'Occident sur fond de partenariat anti-hégémonique avec une Chine en plein essor ? Et surtout, la Russie at -elle encore les moyens économiques et humains de ses ambitions ?

Cet article analyse les textes des écrivains-voyageurs russes sur l’esclavage et la colonisation en Afrique. Arrivés dès le XVe siècle en Egypte à la faveur du pèlerinage à Jérusalem, de nombreux russes, à l’image de Matveï Kokovtsov et d’Avraam Norov, sont passés par des florissants marchés aux esclaves en Afrique du Nord pour découvrir le mode de fonctionnement de l’industrie lucrative de la traite des Noirs dans le monde arabo-musulman. Ils nous ont laissé des données capitales sur les lieux de chasse aux esclaves, l’identité des chasseurs, les prix des esclaves, leurs nationalités, leur quotidien et leurs critères de sélection aux yeux des clients. D’autres voyageurs intrépides comme Nicolas Achinov, Alexeï Kouropatkine, Leonid Artamanov et Nikolas Leontief ont pris directement part aux événements liés au partage de l’Afrique vers la fin du XIXe siècle. En Russie, les témoignages de ces premiers explorateurs ont fortement contribué à faire connaître les relations entre sociétés africaines et l’enjeu de la présence européenne sur le continent.

Panorama de l'information en ligne en Russie. Etat des lieux de la transition numérique des médias russes. Législation et interférences gouvernementales. Le Runet comme sphère publique alternative dynamique.

This work is a first year (master degree) thesis written in French. It has been reviewed by Arnaud Dubien, the director of the French-Russian Observatory.

Cette version préliminaire d'un article paru à la Revue générale de droit international public envisage une question essentielle : les argumentaires juridiques russes sur le séparatisme. La contribution envisage les différentes positions de la Russie et évoque les grilles de lecture qui permettent d'en rendre compte.

Absente du continent depuis la dislocation et le désengagement de l’URSS, la Fédération de Russie a engagé depuis le début des années 2000 un retour progressif en Afrique dont l’illustration la plus marquante reste l’organisation à Sotchi les 22 et 23 octobre 2019 du premier Sommet Russie-Afrique. Avec une présence de plus en plus expressive poursuivant en toile de fond des enjeux politique, économique et géostratégique, c’est une Russie postsoviétique débarrassée de toute prétention idéologique, qui se déploie sur le continent avec l’objectif d’y devenir un acteur incontournable et une voie alternative à celle des concurrents occidentaux et asiatiques. Résolument engagé à s’arrimer à la rude concurrence économique qui structure les relations post-guerre froide, Moscou implante progressivement ses conglomérats en Afrique et prendre part au « grand jeu » des matières premières sur le continent. Compte tenu de la modestie de ces moyens et du retard qu’elle accuse face aux puissances rivales, la Fédération de Russie investie certaines « zones molles » du continent à partir desquelles elle se projette au reste de l’Afrique. C’est le sens de sa présence en République centrafricaine qui apparaît comme le « porte-avions » de la projection russe en Afrique centrale.

Я рад, что эта книга «Россия-Украина: от войны к миру?», вышедшая в июне 2014 в Париже, теперь появится на русском языке с дополнительной главой, охватывающей период с июня по октябрь 2014 года.

Книга получила хорошие отзывы во Франции, и я особенно рад, что получил премию Григория Орлика из руксенатора ЭрвеМорэ, председателя Комитета «Франция-Украина», и Ольги Сориной, президента журнала Perspectives ukrainiennes («Украинские перспективы»).

Большое спасибо всем (начиная с Ирины Наконечной, сделавшей переводкниги), кто согласился работать в срочном порядке,чтобы сделать доступными мой анализ драматических событий в Украине и России в 2013-2014 гг. Главным условием для того, чтобы найти мирное решение российско-украинского конфликта действительно, является доступность русскоязычному и украиноязычному населению наиболее достоверной информации(что не исключает ее заангажированности) о событиях. Представляю русский вариант,с надеждой, что однажды, может быть, появится и украинская версия.

Поскольку нет издателей, способных опубликовать такую книгу на русском в Париже и особенно широко распространить ее в Украине и России, я принял решение – пока социальные сети и ордытроллей, которые их заполняют, еще остаются посещаемыми,– распространить еебесплатно в сети через мой блог.

Желаю всем приятного чтения и мирного года!

La crise ukrainienne est au cœur des relations internationales depuis le début de l’année 2014. Cette crise est complexe et imbrique de nombreux facteurs : crise politique propre à l’Ukraine depuis la révolution de Maïdan à Kiev, conflits dans les provinces séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine, tensions entre l’Occident et la Russie, sanctions économiques et difficultés diplomatiques à conclure un accord. La situation ukrainienne est encore loin d'être réglée, il convient d'analyser les causes, le sens et les conséquences de l'annexion de la Crimée à l'aune de la posture adoptée par la Russie depuis la fin de l'URSS, pour expliquer le coup de force géopolitique sans précédent dans les vingt-deux ans d'histoire de la Russie postsoviétique. Nous nous baserons sur nombres de documents de travail, incluant dans l’analyse des études académiques et des articles publiés considéré comme prenant partie de la Russie, afin de confronter les points de vue de manière aussi équilibrée que possible mais aussi pour démontrer dans quelle mesure la situation constitue un laboratoire de l’évolution des relations entre la Russie et les Occidentaux notamment l’Union Européenne et les Etats-Unis à travers l’Ukraine.

De récents documents savants et des documents déclassifiés ont fait vivement relancer les débats sur l’élargissement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), à une époque où l’unité et la puissance de cette organisation (aussi appelée « Alliance de l’Atlantique Nord ») sont examinées de très près. La Grande-Bretagne et les États-Unis, principaux agents étrangers de l’équilibre en Europe, manifestent des tendances au retrait, tandis que l’Union européenne cherche à acquérir une capacité indépendante de projection de sa force militaire et, on peut le soutenir, une autonomie stratégique frôlant les aspirations hégémoniques pour l’avenir.

Il y a plus d’un an maintenant, l’ex-gouvernement ukrainien tournait le dos à l’accord de partenariat de l’Union européenne pour accepter l’aide financière de la Russie, plus conséquente et surtout urgemment nécessaire pour maintenir à flot un pays en train de couler économiquement. C’était le début de l’Euro-Maïdan. Cette protestation tourna vite à l’affrontement entre le régime et ses opposants. La suite est connue : destitution du président Lanoukovitch et début d’une véritable guerre civile entre les forces ukrainiennes et celles des rebelles de l’est du pays, le Donbass, désireux de faire sécession. Comme la Crimée l’a fait avant de demander son rattachement à la Russie. Actuellement, le conflit est toujours en cours et il est difficile de prévoir son évolution à court terme.
Ces événements ont souvent été perçus chez nous via le filtre déformant d’une méfiance envers la Russie, ou plutôt envers Vladimir Poutine, son président. Ce conflit ne peut pourtant pas être résumé à un affrontement, caricatural, entre une Ukraine devenue démocrate et une Russie aux visées expansionnistes. Nous allons voir que les racines et les causes de la guerre en cours sont bien plus profondes que cela.

Fidèles à la méthode consistant à présenter le travail des marxistes révolutionnaires non comme une vague attente plus ou moins sceptique d’événements qui surviennent de façon nouvelle et imprévisible et qui ouvrent au mouvement une nouvelle voie à suivre, mais comme une confrontation,continuelle des événements historiques avec la précédente « attente » et la précédente « prévision » que le parti, dans son organisation vivante et sa participation à l’action historique, est en mesure de tirer, au milieu de luttes continuelles, par la théorie qui en constitue la caractéristique et la plate-forme, nous nous sommes proposés de présenter ce que les marxistes ont développé dans le domaine du procès de l’histoire sociale en Russie ainsi que dans celui de la confrontation avec des faits historiques des développements européens et mondiaux précédents et contemporains.

Cahiers d'Etudes hongroises et finlandaises n°20 2014., pp. 213-226. (Sorbonne Nouvelle - Paris III)
L`Europe à contre-pied : idéologie populiste et extrémisme de droite en Europe centrale et orientale.

La présence des organisations russes dans la politique intérieure des Etats en Europe Centrale et Orientale est significative, mais surestimer et sur-dimensionner leur importance serait une erreur. Toutefois, il faut tirer la conclusion que dans la zone tampon de l’ex-URSS jusqu’à l’ancien rideau de fer, les deux grandes puissances maintiennent ou renouvellent leur attention particulière. Dans le cas des anciens Etats de l’Union soviétique comme en Géorgie (2008) et en Ukraine (2014), la Russie est désormais prête à défendre ses intérêts par la force militaire.

ABSTRACT & RÉSUMÉ & ZUSAMMENFASSUNG : Putin attaches great importance to rebuilding Russia as a world power, including relations with Africa. But while the Soviet Union used to advocate socialist modernization in Africa, Moscow no longer offers socialist ideologies. Instead, it focuses on access to African elites, particularly authoritarian leaders. It also seeks to sway elections in its favour, particularly in fragile but resource-rich states. The Kremlin says it wants to avoid competing directly with other powers active in Africa. Instead, it wants to focus on countries where neither the West nor China dominates. There it expects to be able to work more effectively. But Russia, like China, is challenging Western norms, undermining US and EU sanctions. In addition, both strategic partners support non-interference in the internal affairs of states. In addition, Russia's relations with Africa have been motivated significantly by its interest in African resources and security markets. Russia's resurgence in Africa benefits not least from Islamist terrorism, for example, in the Sahel and Mozambique. It uses fragile states and ongoing conflicts to secure lucrative arms deals and mining concessions. Moscow signed military cooperation agreements with 21 African governments, including negotiations on establishing military bases. It uses paramilitary contractors to manipulate the course of local conflicts in its favour. Since 2015, Russian-African trade has doubled to around USD 20 billion per year. Russia exported $14 billion worth of goods and services and imported about $5 billion worth of African products. In return, Moscow can count on the support of African leaders in foreign policy. Thus, Eritrea voted against a UN General Assembly resolution strongly condemning Russia's war in Ukraine. 18 other African countries abstained, including Mali, Mozambique, Angola and South Africa. ________________________________________________________________________________________ RÉSUMÉ : Poutine attache une grande importance à la reconstruction de la Russie en tant que puissance mondiale, y compris les relations avec l'Afrique. Mais alors que l'Union soviétique prônait la modernisation socialiste en Afrique, Moscou ne propose plus d'idéologies socialistes. Au lieu de cela, il se concentre sur l'accès aux élites africaines, en particulier les dirigeants autoritaires. Il cherche également à influencer les élections en sa faveur, en particulier dans les États fragiles mais riches en ressources. Le Kremlin dit vouloir éviter de concurrencer directement les autres puissances actives en Afrique. Au contraire, il veut se concentrer sur les pays où ni l'Occident ni la Chine ne dominent. Là, il s'attend à pouvoir travailler plus efficacement. Mais la Russie, comme la Chine, défie les normes occidentales, sapant les sanctions américaines et européennes. En outre, les deux partenaires stratégiques soutiennent la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. En plus, les relations de la Russie avec l'Afrique sont fortement influencées par son intérêt pour les ressources africaines et les marchés de la sécurité. La résurgence de la Russie en Afrique profite notamment du terrorisme islamiste, par exemple au Sahel et au Mozambique. Il utilise les États fragiles et les conflits en cours pour obtenir des contrats d'armement lucratifs et des concessions minières. Moscou a signé des accords de coopération militaire avec 21 gouvernements africains, y compris des négociations sur l'établissement de bases militaires. Il utilise des sous-traitants paramilitaires pour manipuler le cours des conflits locaux en sa faveur. En retour, Moscou peut compter sur le soutien des dirigeants africains en matière de politique étrangère. Ainsi, l'Érythrée a voté contre une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies condamnant fermement la guerre de la Russie en Ukraine. 18 autres pays africains se sont abstenus, dont le Mali, le Mozambique, l'Angola et l'Afrique du Sud. ___________________________________________________________________________________ ZUSAMMENFASSUNG : Putin misst dem Wiederaufbau Russlands als Weltmacht große Bedeutung bei, einschließlich der Beziehungen zu Afrika. Doch während die Sowjetunion früher die sozialistische Modernisierung in Afrika propagierte, bietet Moskau keine sozialistischen Ideologien mehr an. Stattdessen konzentriert es sich auf den Zugang zu afrikanischen Eliten, insbesondere zu autoritären Führern. Außerdem versucht es, Wahlen zu seinen Gunsten zu beeinflussen, insbesondere in fragilen, aber rohstoffreichen Staaten. Damit will der Kreml nach eigenen Angaben vermeiden, direkt mit anderen in Afrika aktiven Mächten zu konkurrieren. Vielmehr will er sich auf Länder konzentrieren, in denen weder der Westen noch China dominieren. Dort erwartet er, effektiver arbeiten zu können. Doch Russland stellt ebenso wie China westliche Normen in Frage und untergräbt damit die US- und EU-Sanktionen. Darüber hinaus unterstützen beide strategischen Partner die Politik der Nichteinmischung in innere Angelegenheiten der Staaten. Zudem werden Russlands Beziehungen zu Afrika maßgeblich durch sein Interesse an afrikanischen Ressourcen und Sicherheitsmärkten beeinflusst. Russlands Wiedererstarken in Afrika profitiert nicht zuletzt vom islamistischen Terrorismus, etwa in der Sahelzone und in Mosambik. Dabei nutzt es fragile Staaten und andauernde Konflikte, um sich lukrative Waffengeschäfte und Bergbaukonzessionen zu sichern. Moskau unterzeichnete militärische Kooperationsabkommen mit 21 afrikanischen Regierungen, einschließlich Verhandlungen über die Errichtung von Militärstützpunkten. Es nutzt paramilitärische Auftragnehmer, um den Verlauf lokaler Konflikte zu seinen Gunsten zu manipulieren. Im Gegenzug kann Moskau auf die Unterstützung afrikanischer Führer in der Außenpolitik zählen. So stimmte Eritrea gegen eine Resolution der UN General Versammlung, in welcher Russlands Krieg in der Ukraine scharf verurteilt wurde. 18 weitere afrikanische Länder enthielten sich der Stimme, darunter Mali, Mosambik, Angola und Südafrika.

On ne peut comprendre les tensions États-Unis/Russie sans retour sur l'opposition étasunienne au projet du gazoduc Nord Streem2. L'administration Biden veut marquer le retour de l'oncle Sam sur la scène internationale après " la mort cérébrale de L'OTAN " dixit Macron. D'une pierre deux coups : torpiller Nord Streem2 et exporter davantage le GNL étasunien et leur gaz de schiste et en même temps redorer le blason de l'alliance Atlantique. L'Europe n'a aucun intérêt à alimenter une montée d'hostilité à l'égard de la Russie. Le Général De Gaulle a eu raison de promouvoir une politique étrangère française indépendante et d'avoir déclaré : "Oui, c'est l'Europe, depuis l'Atlantique jusqu'à l'Oural, c'est l'Europe, c'est toute l'Europe, qui décidera du destin du monde!" Dans cette attitude hystérique d'annoncer chaque jour que les Russes vont envahir l'Ukraine demain matin il ne manque que l'heure. Ridicule!! Rappelons que la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord fut annoncée par le président de la République d'alors Nicolas Sarkozy au Congrès à Washington le 7 novembre 2007. ... Ce retour devient effectif lors du sommet de l'OTAN à Strasbourg-Kehl les 3 et 4 avril 2009. François Hollande achèvera l'alignement de la France sur les États-Unis en annulant le contrat de la vente du navire Mistral et en appuyant les putschistes anti-russes à Kiev. S'en suivra l'annexion de la Crimée par la Russie. F.Hollande et Merkel s'alignent sur la position américaine et déclarent des sanctions qui ont fait plus mal aux producteurs agricoles et entreprises indudtrielles français et allemands qu'aux russes.

Depuis le début de la vaste offensive militaire russe en Ukraine, les condamnations se sont multipliées pour dénoncer une violation caractérisée de l’interdiction du recours à la force armée entre États consacrée par la Charte des Nations Unies. Pour autant, le Conseil de sécurité est demeuré impuissant. En raison du droit de veto dont la Russie dispose dans cet organe en sa qualité de membre permanent, celui-ci ne peut ni prononcer de sanctions ni exclure la Russie. Toutefois, l’unité de la communauté internationale a permis de contourner cette impuissance en recourant à l’Assemblée générale, qui a condamné à une écrasante majorité l’agression russe dans une résolution dont le poids politique vient en soutien à l’avalanche sans précédent de sanctions décidées par les organisations internationales et les États.

On ne peut comprendre les tensions États-Unis/Russie sans retour sur l'opposition étasunienne au projet du gazoduc Nord Streem2. L'administration Biden veut marquer le retour de l'oncle Sam sur la scène internationale après " la mort cérébrale de L'OTAN " dixit Macron. D'une pierre deux coups : torpiller Nord Streem2 et exporter davantage le GNL étasunien et leur gaz de schiste et en même temps redorer le blason de l'alliance Atlantique. L'Europe n'a aucun intérêt à alimenter une montée d'hostilité à l'égard de la Russie. Le Général De Gaulle a eu raison de promouvoir une politique étrangère française indépendante et d'avoir déclaré : "Oui, c'est l'Europe, depuis l'Atlantique jusqu'à l'Oural, c'est l'Europe, c'est toute l'Europe, qui décidera du destin du monde!" Dans cette attitude hystérique d'annoncer chaque jour que les Russes vont envahir l'Ukraine demain matin il ne manque que l'heure. Ridicule!! Rappelons que la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord fut annoncée par le président de la République d'alors Nicolas Sarkozy au Congrès à Washington le 7 novembre 2007. ... Ce retour devient effectif lors du sommet de l'OTAN à Strasbourg-Kehl les 3 et 4 avril 2009. François Hollande achèvera l'alignement de la France sur les États-Unis en annulant le contrat de la vente du navire Mistral et en appuyant les putschistes anti-russes à Kiev. S'en suivra l'annexion de la Crimée par la Russie. F.Hollande et Merkel s'alignent sur la position américaine et déclarent des sanctions qui ont fait plus mal aux producteurs agricoles et entreprises indudtrielles français et allemands qu'aux russes.

L’intervention militaire de Moscou dans le conflit syrien en septembre
2015, aux côtés de Téhéran, a favorisé la naissance d’une alliance de circonstance entre la Russie et l’Iran. Mises à mal sous la mandature de Dmitri Medvedev (2008-2012), les relations des deux pays connaissent depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012 une dynamique positive à laquelle la signature de l’accord de Lausanne de juillet 2015 — qui prévoit la levée progressive des sanctions internationales pesant sur l’Iran en échange d’un gel provisoire de son programme nucléaire — a ouvert de nouvelles perspectives. Au demeurant, Moscou et Téhéran ont plus à gagner à entretenir une coopération approfondie — si imparfaite
qu’elle puisse être — qu’à entrer dans une compétition qui servirait les intérêts de l’Occident. Mais les modalités du règlement de la crise syrienne, la diplomatie multivectorielle déployée par la Russie au Moyen-Orient et les enjeux énergétiques pourraient faire ressortir le manque de profondeur des rapports irano-russes. D’ailleurs, les limites du rapprochement pragmatique auquel a donné lieu l’affaire syrienne sont déjà perceptibles.

https://fr.obsfr.ru/events/12276/


Paris, Maison de la Chimie – Petit amphi (28 Rue Saint-Dominique, 75007 Paris) - 18 janvier 2022

Le 18 janvier à la Maison de la Chimie s'est tenue la présentation du Rapport annuel « Russie 2021 » pour le public français. Cet ouvrage réunit les contributions d'une soixantaine d'experts français et russes sur les thématiques qui font l'actualité de la Russie d'aujourd'hui.

Au cours de la présentation, les auteurs du rapport ont discuté des sujets les plus brûlants abordés dans l'ouvrage : l'avenir du pays à la lumière de la pandémie ; l'état du système politique après les élections du 19 septembre ; l'activisme russe en matière de politique étrangère ; les évolutions de Moscou sur les questions environnementales et énergétiques ou encore l'état des relations franco-russes.

Les auteurs suivants ont participé aux discussions :

Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe

Table ronde 1 : « Entre retranchement et ouverture : quels horizons pour la politique extérieure de la Russie ? »

Modérateur : Arnaud Kalika, directeur du séminaire Russie au CNAM, directeur de la sûreté du groupe Meridiam

- Isabelle Facon, directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS)
- Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS)
- Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe
- Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/NEI, Institut français des relations internationales (IFRI)
- Vera Ageeva, enseignante, Haute école d’économie (Saint-Pétersbourg), doctorante à Sciences Po’ Paris
- David Teurtrie, chargé de mission à Expertise France, chercheur associé au CREE (Institut national des langues et civilisations orientales, INALCO)

Table ronde 2 : « Dynamiques internes : une nouvelle phase ? »

Modérateur : Pavel Chinsky, directeur général de la CCI France Russie

- Jean-Robert Raviot, professeur en études russes et postsoviétiques, Université Paris Nanterre
- Clémentine Fauconnier, maître de conférences, Université de Haute-Alsace
- Jean Radvanyi, professeur émérite des Universités, INALCO
- Julien Vercueil, professeur des Universités, CREE/INALCO
- Marie-Gabrielle Bertran, doctorante en géopolitique, Université Paris 8
- Marina Pourrias, enseignante en marketing international, École supérieure d'agriculture (Angers)

Le Sud-Caucase, ou Transcaucasie, est une région où la géographie diversifiée, combinée avec l’héritage de l’histoire, donne une population répartie selon des ethnies variées, attachées à des conceptions religieuses différentes. Au sein de ce Sud-Caucase, les décisions géopolitiques des premières années de l’ère soviétique ont, contre la volon-té de la majorité de ses habitants, affecté le Haut-Karabagh à la république socialiste so-viétique d’Azerbaïdjan. Depuis, les tensions avec les autorités de Bakou n’ont pas cessé. À la fin des années 1980, elles ont pris une tournure violente qui en a fait un marqueur de la fin programmée d’une URSS non parvenue à créer l’homo sovieticus qui devait se substituer aux identités nationales. Ces violences ont débouché sur une guerre (1991-1994) perdue par l’Azerbaïdjan. Le cessez-le-feu qui a mis fin aux hostilités ne se trans-forme nullement en traité de paix. Dans ce contexte, la région du Haut-Karabakh, dont il convient d’abord de préciser les caractéristiques géographiques, se trouve triplement en-clavée, situation que seule la fin du conflit pourrait lever. Mais une telle perspective est-elle probable ? - The South Caucasus or Transcaucasus is a region where diversified geography combined with historical heritage, gives a population spread out in varied ethnic groups and attached to different religious concepts. At the heart of this South-Caucasus, the geopolitical decisions of the Soviet era’s first first years have, against the will of the majority of the inhabitants, consigned the Nagorno-Karabagh to the Soviet Socialist Republic of Azarbaidjan. Since, tensions with Ba-kou authorities have not ceased. At the end of the ‘80s, things took a violent turn that has made of it a milestone in the programmed end of a USSR that hadn’t suc-ceeded in creating the homo sovieticus that was to be substituted for all nationali-ties and persuasions. The violence opened onto a war (1991-1994) lost by Azarbaïdjan. The cease-fire that put an end to hostilities is not at all transformable into a peace treaty. In this context, the Nagorno-Karabagh region, whose geogra-phical characteristics it is convenient to specify first of all, finds itself thrice en-clave, a situation that can only end with the end of the conflict. But is this perspec-tive at all probable?

La Russie est régulièrement évoquée dans l’actualité en raison des cyberattaques qui lui sont attribuées par les institutions internationales ou les États-Unis. Les entreprises russes du numérique apparaissent, elles, plus rarement dans les médias, malgré l’existence d’acteurs de poids au niveau international, tels que les groupes Yandex et VK.
      Les acteurs russes du numérique pâtissent en effet d’une réputation trouble. Les réticences des clients étrangers à acheter des solutions numériques conçues en Russie sont réelles, appuyées par le cas de l’entreprise Kaspersky Lab, qui a été accusée en 2017 d’avoir favorisé une fuite de données de la N.S.A. (National Security Agency), qui utilisait son antivirus. Le fondateur de l'entreprise, Evgenij Kasperskij, et son dircom ont démenti toute action intentionnelle, en expliquant que la fuite avait pu provenir du fonctionnement même de l’antivirus (un fonctionnement classique, partagé par la plupart des AV).
      Malgré ces explications, le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) a prononcé l’interdiction officielle des produits Kaspersky sur l’ensemble des infrastructures informatiques fédérales du pays. Cette interdiction a été suivie par la mise en place de mesures similaires en Lituanie, Hongrie et aux Pays-Bas en 2018, tandis que le Parlement Européen a exigé que les institutions de l’Union Européenne appliquent les mêmes mesures. Elle a été maintenue malgré la condamnation en 2018 d’un ancien contractuel de la NSA, qui avait illégalement stocké des fichiers appartenant à l’agence sur son ordinateur personnel entre 2010 et 2015. Ce sont ces fichiers qui auraient été dérobés par des pirates informatiques.
      D’autres entreprises russes de sécurité informatique, dont Positive Technologies (l'un des leaders du secteur en Russie), ont été pointées du doigt plus récemment, en avril 2021, pour leur implication supposée dans l’attaque de la plateforme Orion, commercialisée par l'entreprise étatsunienne SolarWinds. Au-delà de ces cas médiatiques, on peut se demander qui sont les principaux acteurs du numérique en Russie, et comment ils se situent actuellement sur les marchés intérieur et international.

L’enquête filmique est une méthode expérimentale 
qui peut servir de base à une démarche inductive. Elle
 a consisté dans notre cas à mener une observation ethnographique, équipée d’une caméra, sur des activités militantes à Moscou à la fin des années 2000. En vue d’explorer le sens de ces expériences revendicatives dans toutes leurs dimensions, l’enquête a également inclus une ethnographie en ligne des récits et des images diffusés 
sur Internet par les militants. Réaliser nous-même des vidéos nous a permis de partager la réalité de l’activisme quotidien, de faire l’expérience du monde des images à l’intérieur de communautés de production et de réception et de découvrir leur sens du point de vue des acteurs. Cet article tente ainsi d’articuler une perspective pragmatiste sur l’enquête filmique, qui associe observation par la médiation de la caméra, analyse des images militantes et ré-enracinement de celles-ci dans des contextes d’action collective. Cette démarche a fourni de solides appuis à une méthode comparative continue, que nous tentons de recadrer par rapport aux débats disciplinaires sur l’usage de la caméra en sciences sociales.

Camera in hand: investigating political action through video. A pragmatist experiment in Moscow
Cinematic inquiry is an experimental method that can provide the basis for an inductive approach. In our case, it took the form of an ethnographic observation, conducted by camera, of activist activities in Moscow in the late 2000s. In order to explore the meaning of these experiments of protest in all their dimensions, the study also included an online ethnography of the narratives and images disseminated on the web by the activists. By making our own videos, we were able to share the reality of day-to-day activism, to experience the world of images within the communities of production and reception, and to discover their meaning from the perspective of the actors involved. This article therefore seeks to develop a pragmatist approach to cinematic inquiry, which combines observation mediated through the camera, the analysis of activist images, and the re-embedding of those images into contexts of collective action. This approach provided solid foundations for a continuous comparative method, which we seek to reframe in relation to the disciplinary discussions on the use of the camera in the social sciences.

La crise syrienne a mis en lumière l’intérêt renouvelé de la Russie pour le Moyen-Orient. Principalement guidé par des considérations d’ordre géopolitique et sécuritaire, le retour opéré par Moscou sur la scène moyen-orientale présente néanmoins aussi un volet économique et commercial qui ne se limite pas aux seules ventes d’armements et aux contrats énergétiques. Les pays du Moyen-Orient ont vu au cours des vingt-cinq dernières années la Russie réinvestir modestement, patiemment et progressivement leur scène économique. Moscou a dû apprendre depuis 1991 à envisager la région à travers le prisme du « business » – ce qui n’était pas dans les habitudes soviétiques – et s’y est retrouvée en concurrence avec des acteurs économiques européens, américains et asiatiques implantés de longue date. Aujourd’hui, la Russie entreprend de consolider son empreinte économique sur la scène moyen-orientale et cherche à attirer des investissements en provenance de cette région. L’activité économique russe au Moyen-Orient reste à l’heure actuelle soutenue par les fleurons des secteurs énergétique (gaz, pétrole et depuis un temps récent, nucléaire civil) et de l’armement. Moscou souhaiterait toutefois dépasser ce rôle de fournisseur de matières premières et d’équipements militaires. À cela, plusieurs raisons. Si la crise économique de 2008 avait déjà envoyé un signal aux décideurs économiques et politiques russes qu’il était temps d’envisager de diversifier les zones d’investissements et les partenariats commerciaux, la crise ukrainienne et la dégradation durable des relations entre la Russie et la communauté euro-atlantique ont catalysé l’intérêt porté par la Russie pour le Moyen-Orient. Vu de Moscou, dans le contexte des sanctions occidentales et contre-sanctions russes au lendemain de la crise ukrainienne, la région est considérée comme un débouché pour son commerce extérieur en même temps qu’une zone de diversification pour les importations. Frappée par les sanctions occidentales depuis la crise ukrainienne, affectée par une crise économique – qui semble toutefois se résorber depuis le début de l’année 2017 – et pénalisée par un prix du baril qui a lourdement chuté depuis bientôt deux ans, la Russie souhaite par ailleurs promouvoir une image « d’eldorado » pour des investisseurs moyen-orientaux. L’approche déployée par Moscou dans les affaires avec le Moyen-Orient s’articule autour de projets nouveaux et ambitieux envisagés avec l’Égypte et l’Iran, tandis que le Kremlin poursuit son délicat travail de dépolitisation de l’agenda économique qu’il entretient avec les pétromonarchies arabes du Golfe. Dans les affaires comme en diplomatie, la grille de lecture qui prédomine à Moscou demeure celle de la Realpolitik.