Un Secret de Trop
Par Théo Venn
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À propos de ce livre électronique
Le roman "Un Secret de Trop" vous plonge au cœur de Saint-Clair-sur-Loire, un village où la tranquillité cache bien des mystères. Marie, une factrice bienveillante, mène une vie paisible jusqu'à ce qu'un simple échange avec Pierre, le boulanger, enflamme les rumeurs. L'histoire oscille entre tendresse et secrets enfouis, dévoilant peu à peu un passé inattendu et des sentiments inavoués. Ce livre propose une exploration des liens humains, où chaque personnage se retrouve emporté dans un tourbillon d'émotions, de malentendus et de découvertes. Un roman captivant, où le suspense se mêle à la douceur du quotidien pour le plus grand plaisir du lecteur.
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Aperçu du livre
Un Secret de Trop - Théo Venn
1. La tournée matinale
L'aube pointait à peine ses premiers rayons sur Saint-Clair-sur-Loire lorsque Marie Lecomte émergea de sa petite maison en pierre, située à deux pas de la place du village. À 35 ans, Marie entamait sa dixième année en tant que factrice, un métier qu'elle chérissait plus que tout. Ses cheveux châtains, coupés court pour plus de praticité, encadraient un visage rond aux yeux noisette pétillants. Elle ajusta son uniforme bleu de La Poste, vérifia une dernière fois le contenu de sa sacoche, et enfourcha son vélo jaune, fidèle compagnon de ses tournées quotidiennes.
L'air frais du matin caressait son visage tandis qu'elle pédalait doucement vers le bureau de poste. Les rues pavées du village, encore endormies, résonnaient du seul bruit de sa bicyclette. Marie aimait ces moments de calme, avant que la vie ne s'éveille pleinement dans Saint-Clair-sur-Loire. Elle savoura le parfum des glycines qui cascadaient le long des façades anciennes, notant mentalement de complimenter Madame Durand sur ses nouvelles plantations.
Arrivée au bureau de poste, Marie gara son vélo et salua chaleureusement Bernard, le receveur, qui ouvrait les volets. Bonjour Bernard ! Belle journée en perspective, n'est-ce pas ?
lança-t-elle avec enthousiasme. Bernard, un homme d'une cinquantaine d'années au visage bienveillant, lui rendit son sourire. Comme toujours avec toi, Marie. Tu illumines même les jours de pluie !
Marie rougit légèrement au compliment. Sa tendance à voir le bon côté des choses était bien connue dans le village, tout comme sa propension à remercier tout le monde pour le moindre geste. Elle pénétra dans le bureau et commença à trier le courrier pour sa tournée. Lettres, factures, magazines, et même quelques colis s'empilaient devant elle. Chaque enveloppe, chaque paquet était pour Marie bien plus qu'un simple objet à livrer. C'était un lien, une histoire, un morceau de vie qu'elle avait l'honneur de transmettre.
Tout en organisant sa sacoche, Marie réfléchissait à sa journée. Elle connaissait par cœur chaque rue, chaque maison de sa tournée. Dans sa tête défilaient déjà les visages des habitants qu'elle allait croiser. Il y aurait sûrement Monsieur Martin, le retraité qui guettait toujours son passage pour discuter un peu. Puis Madame Dubois, impatiente de recevoir des nouvelles de sa fille partie étudier à l'étranger. Et bien sûr, les enfants de l'école qui adoraient la saluer bruyamment pendant la récréation.
Une enveloppe particulière attira son attention. L'écriture élégante et le cachet étranger indiquaient une lettre spéciale. Tiens, c'est pour Élise Durand,
murmura Marie. Elle va être ravie, elle qui attend toujours des nouvelles de son petit-fils.
Elle imagina déjà la joie sur le visage ridé de l'octogénaire et se promit de prendre le temps de bavarder un peu avec elle.
Bernard s'approcha, une tasse de café fumant à la main. Tiens, Marie. Un petit remontant avant de partir à l'assaut du village.
Marie accepta la tasse avec gratitude, savourant la chaleur du breuvage. Merci Bernard, vous êtes un ange ! Je ne sais pas ce que je ferais sans votre café magique chaque matin.
Oh, tu t'en sortirais très bien,
rit Bernard. Ta bonne humeur est ton vrai carburant. Mais fais attention aujourd'hui, j'ai entendu dire que le nouveau gendarme, Lucas je crois, fait des rondes matinales. Ne va pas trop vite avec ton vélo !
Marie hocha la tête, amusée. Lucas Mercier, le nouveau gendarme, était arrivé il y a peu dans le village. Jeune et un peu maladroit, il semblait encore chercher ses marques dans la communauté soudée de Saint-Clair-sur-Loire. Je serai prudente,
promit-elle. Et puis, ça me donnera l'occasion de lui souhaiter la bienvenue comme il se doit !
Sa sacoche enfin prête, Marie enfila ses gants et se dirigea vers la sortie. Le soleil commençait à réchauffer l'air, promettant une belle journée de printemps. Elle enfourcha son vélo, le cœur léger et l'esprit rempli de toutes les petites interactions qui allaient ponctuer sa tournée.
Alors qu'elle s'apprêtait à démarrer, la voix de Bernard retentit une dernière fois : N'oublie pas, Marie, le colis pour la boulangerie ! Pierre attend une livraison importante apparemment.
Marie acquiesça, se souvenant du gros paquet destiné à la boulangerie. Pierre Dubois, le boulanger au caractère bourru mais au talent reconnu, n'était pas le plus facile de ses clients. Pourtant, Marie appréciait le défi de le faire sourire, même si c'était rare.
Elle s'élança enfin dans les rues qui s'éveillaient doucement. Les premiers commerçants ouvraient leurs boutiques, les odeurs de pain frais et de café se mêlaient dans l'air. Marie pédalait d'un bon rythme, saluant chaleureusement les habitants qu'elle croisait.
Sa première halte fut pour Madame Renard, la maire du village. Comme chaque matin, elle déposa une pile de courriers officiels dans la boîte aux lettres de la mairie. Bonjour Madame le Maire !
lança-t-elle gaiement en voyant Sophie Renard sortir sur le perron.
Bonjour Marie,
répondit la maire avec un sourire fatigué. Toujours aussi matinale et joyeuse. Comment fais-tu ?
Oh, c'est le secret du métier,
plaisanta Marie. Ça va être une belle journée, j'en suis sûre. Bonne journée à vous !
Et elle repartit, laissant derrière elle une Sophie Renard un peu plus souriante. C'était ça, le don de Marie : répandre un peu de bonne humeur partout où elle passait.
La tournée se poursuivit ainsi, entre distributions de courrier, échanges de nouvelles et petits services rendus. Marie s'arrêta un moment devant l'école pour saluer Antoine Lefèvre, l'instituteur, qui préparait sa classe.
Bonjour Antoine ! Pas trop stressé pour la réunion parents-professeurs de ce soir ?
Antoine, un homme d'une quarantaine d'années aux lunettes rondes, lui adressa un sourire reconnaissant. Bonjour Marie. Un peu, comme toujours. Mais ça ira, j'en suis sûr.
J'en suis certaine aussi,
le rassura Marie. Les enfants vous adorent, les parents suivront forcément !
Après quelques mots d'encouragement supplémentaires, Marie reprit sa route. Le soleil montait dans le ciel, réchauffant l'atmosphère. Les rues s'animaient de plus en plus, le village prenant vie sous ses yeux.
Finalement, Marie arriva devant la boulangerie de Pierre Dubois. L'odeur alléchante des viennoiseries fraîches flottait dans l'air. Elle prit une profonde inspiration, se préparant mentalement à l'interaction avec le boulanger au tempérament parfois difficile.
Alors qu'elle s'apprêtait à entrer, le colis sous le bras, Marie ne se doutait pas que ce simple geste, cette livraison ordinaire, allait être le début d'une série d'événements qui bouleverseraient la vie tranquille de Saint-Clair-sur-Loire. Car dans ce village où chacun pensait tout savoir des autres, les secrets et les malentendus n'attendaient qu'une étincelle pour s'enflammer...
2. Un geste anodin
Le carillon de la porte tinta doucement lorsque Marie poussa l'entrée de la boulangerie de Pierre Dubois. L'odeur enivrante de pain frais et de viennoiseries chaudes l'enveloppa immédiatement, faisant gargouiller son estomac. La boutique, avec ses étagères en bois sombre et ses paniers d'osier remplis de baguettes croustillantes, dégageait une atmosphère chaleureuse qui contrastait avec la réputation de son propriétaire.
Pierre Dubois, un homme robuste d'une quarantaine d'années, était penché derrière le comptoir, concentré sur la décoration minutieuse d'un gâteau. Ses sourcils froncés et sa bouche pincée trahissaient son perfectionnisme légendaire. Marie hésita un instant, ne voulant pas le déranger dans son travail d'artiste.
Bonjour, Pierre !
lança-t-elle finalement avec son enthousiasme habituel. J'ai un colis pour vous !
Pierre leva les yeux, son visage s'adoucissant imperceptiblement à la vue de Marie. Bonjour,
grommela-t-il, posant délicatement sa poche à douille. Posez-le là,
ajouta-t-il en désignant un coin du comptoir.
Marie s'approcha, le colis pesant lourdement dans ses bras. Elle tenta de le soulever pour le déposer sur le comptoir, mais le paquet était plus lourd qu'elle ne l'avait estimé. Elle vacilla légèrement, manquant de peu de le laisser tomber.
En un éclair, Pierre contourna le comptoir et saisit le colis avant qu'il ne glisse des mains de Marie. Leurs doigts se frôlèrent un instant, et Marie fut surprise par la chaleur des mains du boulanger, en contraste avec son apparence froide.
Merci, Pierre !
s'exclama-t-elle, soulagée. Je ne sais pas ce qu'il y a là-dedans, mais c'est sacrément lourd !
Pierre haussa les épaules, portant le colis sans effort apparent. Ce sont probablement les nouveaux moules que j'ai commandés,
expliqua-t-il brièvement. Puis, remarquant le regard curieux de Marie, il ajouta : Pour un nouveau projet de pâtisserie.
Les yeux de Marie s'illuminèrent. Oh, vraiment ? Ça a l'air passionnant ! Vous allez créer de nouvelles recettes ?
Pierre sembla hésiter un moment, comme s'il pesait le pour et le contre de partager cette information. Finalement, il céda un peu. Je travaille sur une nouvelle gamme de gâteaux pour le printemps. Quelque chose de... différent.
Marie ne put contenir son enthousiasme. C'est merveilleux, Pierre ! Je suis sûre que ce sera un succès. Vos créations sont toujours si délicieuses.
Un léger rosissement apparut sur les joues du boulanger, presque imperceptible sous sa barbe de trois jours. Il marmonna un remerciement à peine audible, visiblement peu habitué aux compliments.
Soudain, la porte de la boulangerie s'ouvrit à nouveau, laissant entrer Élise Durand, l'octogénaire du village. Ses yeux vifs balayèrent la scène devant elle : Marie et Pierre, côte à côte, le boulanger tenant toujours le colis.
Oh, bonjour vous deux !
lança Élise avec un sourire malicieux. Je ne vous dérange pas, j'espère ?
Marie, toujours souriante, se tourna vers la nouvelle arrivante. Pas du tout, Madame Durand ! Pierre m'aidait juste avec un colis un peu lourd. D'ailleurs, j'ai une lettre pour vous aujourd'hui !
Élise s'approcha, son intérêt piqué. Une lettre, vous dites ? Serait-ce de mon petit-fils ?
Pendant que Marie fouillait dans sa sacoche à la recherche de la lettre, Pierre en profita pour s'éclipser à l'arrière-boutique avec le colis, visiblement soulagé d'échapper à l'interaction sociale.
La voilà !
s'exclama Marie, tendant l'enveloppe à Élise. Elle vient bien de l'étranger, je pense que c'est de votre petit-fils.
Les yeux d'Élise s'illuminèrent de joie. Elle saisit la lettre avec empressement, ses doigts tremblants légèrement d'excitation. Oh, merci ma chère Marie ! Vous êtes un véritable rayon de soleil, vous savez ?
Marie rougit légèrement au compliment. C'est mon travail, Madame Durand. Et c'est toujours un plaisir de vous apporter de bonnes nouvelles.
Élise rangea précieusement la lettre dans son sac, puis jeta un coup d'œil curieux vers l'arrière-boutique. Notre cher Pierre semble bien occupé ces temps-ci, n'est-ce pas ?
dit-elle d'un ton faussement innocent.
Marie, ne soupçonnant rien, acquiesça avec enthousiasme. Oh oui ! Il prépare de nouvelles recettes pour le printemps. Ça promet d'être délicieux !
Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres d'Élise. Vraiment ? Comme c'est... intéressant. Et vous semblez bien au courant, ma chère.
Avant que Marie ne puisse répondre, Pierre réapparut, les mains couvertes de farine. Vous avez besoin de quelque chose, Madame Durand ?
demanda-t-il, son ton professionnel masquant son irritation d'avoir été interrompu dans son travail.
Oh, juste mon pain habituel, Pierre,
répondit Élise, son regard passant de Pierre à Marie avec un intérêt non dissimulé.
Pendant que Pierre s'occupait de la commande d'Élise, Marie jeta un coup d'œil à sa montre. Oh, je dois y aller ! Ma tournée m'attend. Bonne journée à vous deux !
Elle se dirigea vers la porte, mais s'arrêta un instant pour se retourner vers Pierre. Merci encore pour votre aide avec le colis, Pierre. C'était vraiment gentil de votre part.
Pierre grommela quelque chose qui ressemblait vaguement à De rien
, ses yeux évitant soigneusement ceux de Marie.
Alors que Marie quittait la boulangerie, le carillon de la porte résonnant derrière elle, elle ne remarqua pas le regard pensif d'Élise qui la suivait, ni le léger rougissement qui persistait sur les joues de Pierre.
Dehors, le soleil brillait plus fort maintenant, réchauffant les pavés de la rue principale. Marie enfourcha son vélo, son esprit déjà tourné vers le reste de sa tournée. Elle ne se doutait pas que ce simple échange, ce geste anodin de Pierre, allait bientôt devenir le sujet de toutes les conversations dans le petit village de Saint-Clair-sur-Loire.
Alors qu'elle pédalait, saluant joyeusement les villageois qu'elle croisait, les rouages du destin se mettaient déjà en marche. Dans la boulangerie, Élise Durand savourait son pain frais, son esprit fertile imaginant déjà mille et une histoires à partir de la scène à laquelle elle venait d'assister.
Pierre, quant à lui, retourna à ses fourneaux, tentant de se concentrer sur ses nouvelles recettes. Mais son esprit revenait sans cesse à ce bref moment partagé avec Marie, à la chaleur de son sourire, à la sincérité de ses remerciements. Il secoua la tête, chassant ces pensées importunes. Il avait du travail, après tout.
Et ainsi, sans que personne ne s'en rende vraiment compte, les graines d'une histoire qui allait bouleverser la vie tranquille de Saint-Clair-sur-Loire venaient d'être semées. Tout cela à cause d'un simple geste, d'un colis un peu trop lourd, et d'un merci
peut-être un peu trop chaleureux...
3. Le merci de trop
Le lendemain matin, Saint-Clair-sur-Loire s'éveillait sous un ciel d'un bleu limpide, promettant une journée radieuse. Marie Lecomte, fidèle à son habitude, était déjà en route pour sa tournée quotidienne. Son vélo jaune filait dans les rues encore calmes du village, sa sacoche pleine de lettres et de colis à distribuer.
Alors qu'elle pédalait, Marie repensait à la scène de la veille dans la boulangerie. Le geste de Pierre, si inattendu de la part de cet homme d'ordinaire si bourru, l'avait touchée plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle se surprit à sourire à ce souvenir, se demandant si elle n'avait pas jugé trop hâtivement le caractère du boulanger.
Perdue dans ses pensées, Marie faillit manquer le tournant qui menait à la rue principale. Elle freina brusquement, son vélo dérapa légèrement sur les pavés humides de rosée. Dans sa manœuvre, sa sacoche bascula et plusieurs lettres s'éparpillèrent sur le sol.
Oh non !
s'exclama-t-elle, démontant rapidement de son vélo pour ramasser le courrier. Alors qu'elle s'affairait à récupérer les enveloppes, une voix familière la fit sursauter.
Besoin d'aide ?
Marie leva les yeux pour découvrir Pierre Dubois, un sac de farine sur l'épaule, qui la regardait avec une expression indéchiffrable. Le boulanger revenait visiblement de chez le meunier local.
Oh, Pierre !
s'exclama Marie, son visage s'illuminant malgré sa gêne. Bonjour ! Non, ne vous inquiétez pas, je...
Mais avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, Pierre avait déjà posé son sac et s'était penché pour l'aider à ramasser les lettres. Leurs mains se frôlèrent à nouveau lorsqu'ils attrapèrent la même enveloppe, provoquant un léger frisson chez Marie.
Merci, Pierre,
dit-elle doucement, ses yeux croisant ceux du boulanger. Vous êtes vraiment gentil.
Pierre haussa les épaules, visiblement mal à l'aise face à ce compliment. C'est rien,
marmonna-t-il. Faut bien s'entraider dans un petit village.
Une fois toutes les lettres récupérées, ils se relevèrent, un silence gêné s'installant entre eux. Marie, fidèle à sa nature enjouée, décida de briser la glace.
Alors, comment avancent vos nouvelles recettes ?
demanda-t-elle avec enthousiasme. J'ai hâte de goûter vos créations printanières !
Le visage de Pierre s'adoucit légèrement à l'évocation de son travail. Ça avance,
répondit-il. J'essaie d'incorporer des fleurs comestibles dans certaines pâtisseries. C'est... délicat.
Les yeux de Marie s'écarquillèrent d'admiration. Des fleurs comestibles ? Comme c'est original ! Je suis sûre que ce sera magnifique et délicieux.
Pierre sembla se détendre un peu face à l'enthousiasme sincère de Marie. Si vous voulez,
commença-t-il, hésitant, je pourrais vous faire goûter un échantillon quand ce sera prêt. Pour avoir votre avis.
Le visage de Marie s'illumina comme si on venait de lui annoncer la plus merveilleuse des nouvelles. Oh, Pierre ! Ce serait formidable ! Vraiment, vous êtes trop gentil. Merci, merci beaucoup !
Dans son excitation, Marie saisit impulsivement les mains de Pierre, les serrant avec gratitude. Le boulanger, pris au dépourvu par ce geste spontané, resta figé, les yeux écarquillés.
Je... euh... de rien,
balbutia-t-il, visiblement mal à l'aise face à cet élan d'affection.
Marie, réalisant soudain son geste, lâcha rapidement les mains de Pierre, ses joues s'empourprant. Pardon,
dit-elle rapidement. Je m'emporte parfois. C'est juste que... c'est tellement gentil de votre part. Vraiment, merci infiniment, Pierre. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me touche.
Pierre, les joues légèrement rosies, marmonna quelque chose d'incompréhensible et se pencha pour reprendre son sac de farine.
Je dois y aller,
dit-il brusquement. Le pain ne va pas se faire tout seul.
Bien sûr, bien sûr,
acquiesça Marie, encore gênée par son comportement. Encore merci, Pierre. Vraiment, vous êtes un ange. Merci pour tout.
Pierre hocha simplement la tête et s'éloigna rapidement, laissant Marie seule avec son vélo et ses pensées confuses.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que leur échange n'était pas passé inaperçu. De l'autre côté de la rue, derrière le rideau de sa fenêtre, Élise Durand avait observé toute la scène avec un intérêt non dissimulé. Son esprit fertile tournait déjà à plein régime, interprétant chaque geste, chaque regard échangé entre la factrice et le boulanger.
Marie, inconsciente d'avoir été observée, remonta sur son vélo et reprit sa tournée, son cœur battant encore un peu plus vite que d'habitude. Elle ne cessait de repenser à la gentillesse inattendue de Pierre, à la chaleur de ses mains, à la façon dont ses yeux s'étaient adoucis quand il parlait de son travail.
Tout au long de sa tournée ce jour-là, Marie fut distraite, son esprit revenant sans cesse à cette rencontre matinale. Elle distribua le courrier avec son sourire habituel, mais ses pensées étaient ailleurs, analysant et réanalysant chaque mot, chaque geste échangé avec Pierre.
De son côté, Pierre était retourné à sa boulangerie, tentant de se concentrer sur sa fournée du matin. Mais lui aussi était perturbé, l'enthousiasme et la gratitude excessive de Marie résonnant encore dans son esprit. Il se surprit même à sourire en repensant à la façon dont ses yeux s'étaient illuminés à l'idée de goûter ses nouvelles créations.
Pendant ce temps, Élise Durand avait déjà quitté sa maison, impatiente de partager ce qu'elle avait vu avec ses amies du club de bridge. L'histoire de la rencontre matinale entre Marie et Pierre, amplifiée par l'imagination fertile d'Élise, commençait déjà à se répandre dans le village comme une traînée de poudre.
Ainsi, sans que Marie et Pierre ne s'en rendent compte, leur simple échange, ce merci
peut-être un peu trop enthousiaste, allait bientôt devenir le sujet de toutes les conversations à Saint-Clair-sur-Loire. Les graines du malentendu, semées la veille dans la boulangerie, commençaient à germer, promettant de fleurir en une histoire qui allait captiver tout le village.
Alors que la journée avançait, le soleil brillant haut dans le ciel, les habitants de Saint-Clair-sur-Loire vaquaient à leurs occupations habituelles, inconscients que sous la surface tranquille de leur quotidien, une tempête de rumeurs et de suppositions était sur le point d'éclater. Et tout cela à cause d'un simple geste de gentillesse et d'un merci
peut-être un peu trop chaleureux...
4. L'oreille indiscrète
Le soleil de midi baignait la place du village de Saint-Clair-sur-Loire d'une lumière dorée lorsqu'Élise Durand, 82 ans, quitta sa maison pour sa promenade quotidienne. Vêtue de son tailleur lavande préféré et son chapeau assorti, elle s'avançait d'un pas lent mais déterminé, sa canne tapotant rythmiquement les pavés.
Élise était connue dans le village pour deux choses : son ouïe exceptionnellement fine malgré son âge avancé, et son imagination débordante. Ces deux caractéristiques, combinées à un goût prononcé pour les potins, faisaient d'elle une source inépuisable d'histoires et de rumeurs qui alimentaient les conversations du village.
Alors qu'elle approchait de la boulangerie de Pierre Dubois, Élise ralentit son pas. Elle avait toujours eu un faible pour les viennoiseries de Pierre, même si elle trouvait le boulanger un peu trop bourru à son goût. De plus, après la scène à laquelle elle avait assisté le matin même entre Pierre et Marie, sa curiosité était plus que piquée.
Soudain, son oreille exercée capta des voix provenant de l'arrière-boutique. Elle s'arrêta net, tendant l'oreille pour mieux entendre.
Pierre, je ne sais vraiment pas comment vous remercier,
disait une voix féminine qu'Élise reconnut immédiatement comme celle de Marie.
Ce n'est rien, vraiment,
répondit la voix grave de Pierre, avec une douceur inhabituelle.
Élise s'approcha discrètement, se cachant derrière un présentoir de baguettes à l'extérieur de la boutique. Son cœur battait la chamade, excité par ce qui ressemblait à une conversation privée.
Non, j'insiste,
poursuivit Marie. "Votre geste ce matin m'a vraiment