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Rapport Final - CS Sur Le PG - Mai - 2024

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LA VALORISATION DU

PHOSPHOGYPSE : Opportunités pour le


développement économique régional

RAPPORT DU COMITE SCIENTIFIQUE

Mai 2024
‫ﻣﻠﺨﺺ‬
170 ‫ﺼﻴﻦ ﺟﺎﻣﻌﻴﻴﻦ ﻭﺧﺒﺮﺍء ﻓﻲ ﺍﻟﻤﻴﺪﺍﻥ ﻧﺘﺎﺋﺞ ﺩﺭﺍﺳﺔ‬ ّ ‫ﻀﻢ ُﻣﺨﺘ‬ُ َ ‫ﻋﺪّﺗﻪُ ﻟﺠﻨﺔ ﻋﻠﻤﻴﺔ ﺗ‬
َ ‫ﻳُﻘﺪِّﻡ ﻫﺬﺍ ﺍﻟﺘﻘﺮﻳﺮ ﺍﻟﺬﻱ ﺃ‬
‫ ﻭﺍﻟﺘﻲ ﺗﺘﻌﻠﻖ ﺑﺎﻟﺘﻮﺻﻴﻒ ﺍﻟﻔﻴﺰﻳﺎﺋﻲ ﻭﺍﻟﻜﻴﻤﻴﺎﺋﻲ‬،2023 ‫ ﺇﻟﻰ‬1995 ‫ﻭﺛﻴﻘﺔ ﻧُﺸﺮﺕ ﺧﻼﻝ ﺍﻟﻔﺘﺮﺓ ﺍﻟ ُﻤﻤﺘﺪّﺓ ﻣﻦ‬
‫ﺎﻟﺘﺼﺮﻑ ﻭﺑﺘﺜﻤﻴﻦ ﻣﺎﺩّﺓ‬
ّ ‫ ﻭﻛﺬﻟﻚ ﺍﻟﻠﻮﺍﺋﺢ ﻭﺍﻷُﻁﺮ ﺍﻟﻘﺎﻧﻮﻧﻴﺔ ﺍﻟﻤﺘﻌﻠﻘﺔ ﺑ‬،‫ﺴ ِ ّﻤﻴَ ِﺔ ﺍﻟﺒﻴﺌﻴﺔ ﻟﻠﻔﻮﺳﻔﻮﺟﺒﺲ‬
ُ ‫ﻭﺍﻹﺷﻌﺎﻋﻲ ﻭﺑﺎﻟ‬
.‫ﺍﻟﻔﻮﺳﻔﻮﺟﺒﺲ‬

‫ﻀﺎ ﻋﻠﻰ ﻗﺎﺋﻤﺔ ﺷﺎﻣﻠﺔ ﻟﻠﻤﺮﺍﺟﻊ ﺍﻟﺒﻴﺒﻠﻴﻮﻏﺮﺍﻓﻴﺔ ﺍﻟ ُﻤﺘﻌﻠّﻘﺔ ﺑﺎﻟﺘﺼﻨﻴﻒ ﺍﻟﻘﺎﻧﻮﻧﻲ ﻟﻤﺎﺩّﺓ‬ ً ‫ﻭﻳﺤﺘﻮﻱ ﻫﺬﺍ ﺍﻟﺘﻘﺮﻳﺮ ﺃﻳ‬
‫ﻄﺮﻗﺎﺕ‬ ُ ‫ ﻭﺃﻣﺜﻠﺔ ﻟﺘﺜﻤﻴﻨﻪ ﻓﻲ ﺟﻤﻴﻊ ﺃﻧﺤﺎء ﺍﻟﻌﺎﻟﻢ ﻓﻲ ﻗﻄﺎﻋﺎﺕ ُﻣﺘ َﻌﺪِّﺩﺓ ﻣﺜﻞ ﺍﻹﺳﻤﻨﺖ ﻭﻣﻮﺍﺩ ﺍﻟﺒﻨﺎء ﻭﺍﻟ‬،‫ﺍﻟﻔﻮﺳﻔﻮﺟﺒﺲ‬
.‫ﻭﺻﻨﺎﻋﺔ ﺍﻷﺳﻤﺪﺓ ﻭﺍﺳﺘﺼﻼﺡ ﺍﻷﺭﺍﺿﻲ ﺍﻟﻤﻠﺤﻴّﺔ‬

‫ﻛﻤﺎ ﻳُﻌﺘﺒﺮ ﻫﺬﺍ ﺍﻟﺘﻘﺮﻳﺮ ﺩﻟﻴﻼً ﻣﺮﺟﻌﻴًﺎ ﻟﻤﺮﺍﺟﻌﺔ ﺗﺼﻨﻴﻒ ﺍﻟﻔﻮﺳﻔﻮﺟﺒﺲ ﺍﻟﺘﻮﻧﺴﻲ ﻛـﻤﻨﺘﺞ ﻳُﻮﻓّﺮ ﻓُﺮﺻﺎ ﻋﺪﻳﺪﺓ‬
.‫ﻟﻠﺘﺜﻤﻴـﻦ‬

Abstract

This report was drafted by a scientific committee made up of academic and professional
experts. It presents the analytical results of 170 documents, published during the period 1995-
2023, and dealing with the physico-chemical, radiological, ecotoxic characterization, as well as
the legal rules and standards for the management of phosphogypsum (PG.)

It is based on a careful synthesis of the literature on classification of PG, and on real examples
of its recovery in various industrial sectors, throughout the world, such as: cement and other
construction materials, highways, fertilizer production, as well as the rehabilitation of saline
soils.

This report should serve as an important reference in the process of updating the classification
of Tunisian phosphogypsum, in order to turn it into a useful ingredient in the waste recovery
process.

Résumé

Ce rapport rédigé par un Comité Scientifique regroupant des experts universitaires et


professionnels présente les résultats d’analyse de 170 documents publiés durant la période
1995-2023, relatifs à la caractérisation physico-chimique, radiologique, écotoxique et à la
réglementation pour la gestion et la valorisation du phosphogypse (PG).

On y trouve également une synthèse bibliographique dense sur la classification du PG et


des exemples de sa valorisation à travers le monde dans plusieurs secteurs tels que : le ciment,
les matériaux de construction, les routes, la fabrication des engrais et la réhabilitation des sols
salins.

Ce rapport constitue un guide de référence pour la révision de la classification du


phosphogypse tunisien comme co-produit offrant plusieurs opportunités de valorisation.
SOMMAIRE

Page
Remerciements 2

Comité Scientifique 3

Sigles et abréviations 4

Liste des encadrés, des tableaux et des figures 6

Section 1 : Contexte et objectif de la mission, Méthodologie de 9


travail du Comité Scientifique

Section 2 : Caractérisation du PG dans le monde et en Tunisie 14

Section 3 : Cadre légal et réglementaire régissant le PG dans le 40


monde et en Tunisie

Section 4 : Gestion & Valorisation du PG dans le monde et en 50


Tunisie

Section 5 : Conclusions & Recommandations 74

Bibliographie 89

Annexes 93
Annexe 1 : Comparaison de la radioactivité de différents PG 94
Annexe 2 : Liste des substances dangereuses éventuelles 97
Annexe 3 : Exposé des motifs du décret n° 2000-2339 du 99
10/10/2000
Annexe 4 : Déclarations de conformité au règlement « REACH » 101
des engrais TSP, SSP et DAP du GCT
Annexe 5 : Exemple de Fiche de Données de Sécurité(FDS) du 104
phosphogypse de l’Afrique du Sud

1
Remerciements

Dès juillet 2023, le Pôle de compétitivité « Pol.i.tech-Gabès » a coordonné les


travaux du Comité Scientifique regroupant des universitaires et des experts
professionnels.

Le Comité Scientifique a été chargé de réaliser une synthèse bibliographique


actualisée des travaux de recherche relatifs aux caractérisations physico-chimiques et
radiologiques du phosphogypse (PG) et sur les dernières avancées scientifiques,
techniques et réglementaires en Tunisie et dans le monde concernant la classification, la
gestion et la valorisation du PG.

Durant la période juillet 2023 – février 2024, dix réunions coordonnées par
« Pol.i.tech-Gabès » ont été tenues en présentiel et par visioconférence à Gabès, à Gafsa
et à Tunis afin de suivre l’avancement des travaux du Comité Scientifique.

Une telle mission ne pouvait être conçue et atteindre ses objectifs sans le
dévouement des membres du Comité Scientifique et le soutien financier des institutions.

« Pol.i.tech-Gabès » tient, tout d’abord, à exprimer ses vifs remerciements aux


membres du Comité scientifique qui ont collecté, sélectionné et analysé avec
professionnalisme plus de 170 documents en relation avec la caractérisation, le cadre
règlementaire, la gestion et la valorisation du PG en Tunisie et dans le monde.

« Pol.i.tech-Gabès » voudrait remercier, aussi, l’ensemble des intervenants à la


Journée Scientifique portant sur la valorisation du PG et ses opportunités pour le
développement économique régional, organisée à Gafsa, le 14 décembre 2023.

Nous tenons à remercier, par ailleurs, tous les acteurs concernés par la gestion et
la valorisation du PG ayant participé à cette Journée Scientifique pour leur précieuse
contribution à l’enrichissement du débat autour du sujet traité.

Qu’ils soient, également, remerciés le Ministère de l’Environnement, le Ministère


de l’Industrie, des Mines et de l’Energie et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et
de la Recherche Scientifique pour l’intérêt qu’ils ont porté à cette manifestation et le
soutien qu’ils ont témoigné à la réussite de ses objectifs.

« Pol.i.tech-Gabès » exprime sa reconnaissance à la Banque Européenne de


Reconstruction et de Développement « EBRD » et à l’Ambassade du Royaume Uni en
Tunisie pour le soutien financier apporté pour réussir cette mission. Nous souhaitons, tout
particulièrement, remercier nos interlocuteurs de « EBRD » à Tunis pour leur
professionnalisme et leur engagement pour le bon déroulement de notre mission.

Enfin, la mission n’aurait pas pu se faire sans l’efficacité et l’engagement de


l’équipe de « Pol.i.tech-Gabès ».

2
Comité Scientifique
Les experts universitaires et professionnels, membres du Comité Scientifique sont tous
nommés à titre personnel, et ne représentent pas leurs organismes d’appartenance.
Membres (par ordre alphabétique) :
- Monsieur ABBES Noureddine, Expert en Environnement.
- Monsieur BEN JAMAA Néjib, Professeur en Génie Civil à l’Université de Gabès,
Membre de l’Unité de Recherche « Modélisation Mécanique, Energie et Matériaux ».
- Monsieur BOUAZIZ Jamel, Professeur en Sciences des Matériaux à l’Université de
Sfax, Directeur du Laboratoire de Recherche « Matériaux avancés ».
- Monsieur BOUKCHINA Rachid, Professeur en Génie Rural et Environnement à
l’Université de Gabès, Membre du Laboratoire de Recherche « Érémologie et Lutte
Contre la Désertification » à l’Institut des Régions Arides.
- Monsieur CHBILI Hédi, Directeur Général de l’Environnement et de la Qualité de Vie,
Ministère de l’Environnement, Vice-Président de la Commission Mixte sur le
PhosphoGypse (CMPG).
- Madame CHERIF Najeh, Directrice Générale des Mines, Ministère de l’Industrie, des
Mines et de l’Energie, Présidente de la Commission Mixte sur le PhosphoGypse
(CMPG).
- Monsieur CHEKIR Hassen, Expert en Environnement et Développement Durable.
- Madame DJABLOUN Faiza, Directrice des Conventions, Autorisations et des Contrats,
Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Membre de la Commission Mixte sur
le PhosphoGypse (CMPG).
- Monsieur ELALOUI Elimame, Professeur en Chimie à l’Université de Gafsa, Directeur
du Laboratoire de Recherche « Applications des Matériaux à l’Environnement, à l’Eau et
à l’Energie ».
- Madame HORCHANI-NAIFER Karima, Professeure en Chimie, Directrice du
Laboratoire de Recherche « Sciences des Matériaux » au Centre National des Recherches
à Borj Cédria.
- Monsieur JEDAY Mohamed-Razak, Professeur en Génie Chimique à l’Université de
Gabès, Membre du Laboratoire de Recherche « Procédés, Energétique, Environnement et
Systèmes Electriques ».
- Monsieur KHOUAJA Tahar, Expert en Environnement, Gestion des Sites Contaminés
et Risques Sanitaires.
- Monsieur KSIBI Hatem, Professeur en Génie Chimique à l’Université de Sfax, Membre
du Laboratoire de Recherche « Applications des Matériaux à l’Environnement, à l’Eau et
à l’Energie ».
- Monsieur TRABELSI Noureddine, Expert en Environnement et Développement
Durable.
Secrétariat administratif : « Pol.i.tech-Gabès »
3
Sigles et abréviations
AASHTO : American Association of State Highway and Transportation Officials.
AERB : Atomic Energy Regulatory Board.
AIEA : Agence Internationale de l’Energie Atomique.
ANPE : Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement.
CAT : Ciments Artificiels Tunisiens.
CEE - UN : Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies.
CE / UE : Commission / Union Européenne.
CLP : Règlement (CE) n° 1272/2008 du 16 décembre 2008 relatif à la classification, à
l’étiquetage et à l’emballage des substances et des mélanges.
CMPG : Commission Mixte chargée de réviser l’arrêté n° 2339 de l’année 2000 du 10
octobre 2000 relatif à l’établissement de la liste des déchets dangereux et à
l’établissement du plan de gestion rationnelle du phosphogypse et de sa valorisation.
CMR : Conseil Ministériel Restreint.
CNSTN : Centre National des Sciences et des Technologies Nucléaires.
CPCB : Conseil Central de Contrôle de la Pollution.
CPG : Compagnie des Phosphates de Gafsa.
CTPL : Caractéristique de Toxicité Protocole de Lixiviation.
D50 : Diamètre Médian.
DAP : Di-Ammonium Phosphate.
ENIG : Ecole Nationale d’Ingénieurs de Gabès.
ENIS : Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax.
ENIT : Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis.
EPA : Environmental Protection Agency.
ETR : Eléments des Terres Rares.
FCO : Fertiliser Control Order.
FFDU : Fabrication, Formulation, Distribution, Utilisation.
FSG : Faculté des Sciences de Gabès.
FIPR : Institut de Recherche sur le Phosphate de Floride.
FSGa : Faculté des Sciences de Gafsa.
FST : Faculté des Sciences de Tunis.
GCT : Groupe Chimique Tunisien.

4
HP : Hazardous Property.
IFA : Association Internationale des Fertilisants.
IN : Instruction Normative.
INERIS : Institut national de l’environnement industriel et des risques.
IRA : Institut des Régions Arides.
ISBN : International Standard Book Number.
ML : Matériau Limoneux.
NEPA : National Environment Protection Act.
NESHAP : National Emission Standards for Hazardous Air Pollutants.
NORM : Naturaly Occuring Radioactive Material .
O : Organisme.
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique.
ODD : Objectif de Développement Durable.
ONU : Organisation des Nations Unies.
OUA : Organisation de l’Unité Africaine.
PG : Phosphogypse.
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
Qi : Question n° i dans les logigrammes du processus d’attribution « HP 14 » et « HP 6 ».
RCRA : Resource Conservation and Recovery Act.
RDI : Recherche – Développement – Innovation.
REACH : Registration, Evaluation, Autorisation and restriction of CHemicals.
SCG : Société des Ciments de Gabès.
SR : Structure de Recherche.
SSP : Simple Super Phosphate.
TSP : Triple Super Phosphate.
UN : Nations Unies.
USC : Classification Universelle des sols.
USEPA : United States Environmental Protection Agency.
WPA : Acide phosphorique obtenu par voie humide.

5
Liste des encadrés

Page

Encadré 1 : Définition de la notion « co-produit » 10

Encadré 2 : Extrait du Rapport de l’IFA 2020 « Phosphogypsum : 10


Leadership-Innovation-Partnership »

Encadré 3 : Définition de la notion « ressource anthropogénique » 10

Encadré 4 : Définition de la propriété « HP 14 » 27

Encadré 5 : Méthode d'évaluation de la propriété « HP 14 » selon le 28


règlement (UE) 2017/997

Encadré 4bis : Définition de la propriété « HP 6 » 33

Encadré 5bis : Méthode d'évaluation de la propriété « HP 6 » selon la 34


directive 2008/98/CE du parlement européen et du conseil du
19 novembre 2008 relative aux déchets et abrogeant certaines
directives et les « Recommandations techniques concernant la
classification des déchets » objets du document de la
Commission européenne 2018/C 124/01

Encadré 6 : Extrait du règlement 40 CFR Part 61 sous partie -R 43

Encadré 7 : Extrait de la décision européenne n°2000/532/CE relative aux 44


déchets

Encadré 8 : Extrait de la décision européenne n°2001/118/CE 44

Encadré 9 : Extrait de “Guidelines for Management and Handling of 45


Phosphogypsum (CPCB, India) (2008)”

Encadré 10 : AERB Directive No. 01/09 du 20 Mars 2009 45

Encadré 11 : Extrait du décret n° 2000-2339 du 10/10/2000 fixant la liste 46


des déchets dangereux

Encadré 12: Répartition de l’utilisation du PG – Enquête de l’IFA en 2015 51

Encadré 13 : Les bonnes pratiques Brésiliennes « 4B » pour la gestion du 68


PG dans le domaine agricole.

6
Liste des tableaux
Page
Tableau 1 : Mode de stockage et quantités de PG en Tunisie. 16
Tableau 2 : Teneurs en éléments majeurs du PG à l’étranger. 17
Tableau 3 : Concentrations en éléments traces métalliques du PG à 18
l’étranger.
Tableau 4 : Concentrations en éléments de terres rares (ETR) du PG à 19
l’étranger.
Tableau 5 : Teneurs en éléments majeurs du PG Tunisien. 20
Tableau 6 : Concentrations en éléments traces métalliques dans le PG 20
Tunisien.
Tableau 7 : Concentrations en éléments de terres rares (ETR) dans le PG 21
Tunisien.
Tableau 8 : Teneurs en éléments majeurs du PG Tunisien comparées au 22
phosphate naturel et à quelques engrais phosphatés.
Tableau 9 : Concentrations en éléments traces métalliques du PG Tunisien 23
comparées au phosphate naturel et à des engrais phosphatés.
Tableau 10 : Teneurs en éléments majeurs du PG Tunisien comparées avec 23
d’autres PG étrangers.
Tableau 11 : Concentrations en éléments traces métalliques du PG 24
Tunisien comparées avec d’autres PG étrangers.
Tableau 12 : Eléments radioactifs présents dans le minerai de phosphate, le 25
PG et le gypse naturel.
Tableau 13 : Comparaison de la radioactivité du PG Tunisien avec des PG 25
étrangers.
Tableau 14 : Tableau récapitulatif des résultats de l’évaluation de la propriété 32
de danger HP 14.
Tableau 14bis : Tableau récapitulatif des résultats de l’évaluation de la 38
propriété de danger HP 6.
Tableau 15 : Spécifications en Inde pour l’utilisation du PG dans l’industrie 55
du ciment.
Tableau 16 : Aperçu sur l’utilisation du PG pour la fabrication du ciment 56
dans quelques pays.
Tableau 17 : Aperçu non exhaustif des travaux de recherche sur l’utilisation 56
du PG en génie civil (1995-2023).
Tableau 18 : Inventaire non exhaustif de l’utilisation du PG dans les 58
matériaux de construction et les routes.
Tableau 19 : Spécification indiennes du PG à utiliser dans les routes. 60

7
Liste des figures
Page
Figure 1 : Répartition de la gestion du PG dans le monde. 15
Figure 2 : Une photo d’un échantillon du PG Tunisien. 16
Figure 3 : Une photo d’un échantillon de PG Tunisien par microscopie 19
électronique à balayage (× 1000).
Figure 4 : Comparaison de la radioactivité du PG Tunisien par rapport à des PG 26
étrangers et à des valeurs standards.
Figure 5 : Organigramme du processus d'attribution de « HP 14 ». 29
Figure 5bis : Organigramme du processus d'attribution de « HP 6 ». 35
Figure 6 : Publications des travaux de recherche sur le PG. 52
Figure 7 : Aperçu comparatif des travaux de recherche sur le PG dans quelques 52
pays (Base de données Scopus).
Figure 8 : «Graded Approach» pour la catégorisation du type d’utilisation du 54
PG.
Figures 9 : Quelques illustrations de l’utilisation du PG dans les matériaux de 59
construction, le logement et les routes.
Figures 10 : Quelques illustrations d’expériences pilotes de construction de 60
logement et de routes à base de PG.
Figures 11 : Deux expériences en Tunisie d’utilisation du PG dans les matériaux 62
de construction.
Figures 12 : Une expérience en Tunisie d’utilisation du PG dans la construction 62
de logement.
Figure 13 : Publications sur le PG classées par domaine de recherche (Base de 64
données Scopus).
Figure 14 : Les grandes orientations pour la valorisation du PG. 65
Figures 15 : Application en Espagne du PG dans le secteur agricole. 66
Figures 16 : Culture du maïs fourrage au Maroc avec différentes doses de PG. 67
Figure 17 : PG granulé à usage agricole commercialisé par la société Indienne 69
« Paradeep ».
Figures 18 : Culture de la corète avec amendement par le fumier et le PG. 71
Figures 19 : Culture du navet avec amendement par le PG et le fumier. 71
Figure 20 : Perspectives d'emploi à l'échelle mondiale. 73

8
Section 1 :

Contexte et objectif de la mission,


Méthodologie de travail du Comité
Scientifique

9
1.1 Contexte & Objectif de la mission
Au niveau des pays producteurs de l’acide phosphorique tels que la Chine, les
Etats Unis d’Amérique, la Russie, la Belgique, la Jordanie, etc., la classification du
phosphogypse (PG) a connu une évolution notable dans son classement de « déchet
dangereux » à un « co-produit » et ce suite aux recommandations des instances
spécialisées : l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) en 2013 [1] et
l’International Fertilizer Association (IFA) en 2016 [2].

L’encadré 1 présente une définition du « co-produit » donnée par l’une des plus grandes
base documentaire, scientifique et technique en l’occurrence « Les Techniques de
l’Ingénieur » [3] :

Encadré 1 : Définition de la notion « co-produit »


« Un co-produit est une matière générée de manière inévitable lors d’un processus de
fabrication, simultanément à la production du produit principal. Comme ce dernier, le
co-produit doit présenter des spécifications particulières pour être valorisé, généralement
au sein de filières spécifiques. Les co-produits ne doivent pas être considérés comme des
déchets ou des sous-produits, car leur utilisation fait partie intégrante de la valorisation
de la matière première. »

Par ailleurs l’IFA dans son rapport de 2020, mentionne que la Commission Economique
pour l’Europe des Nations Unies (CEE-UN) classe depuis 2018 le PG en tant que
« ressource anthropogénique » et encourage sa récupération et son utilisation [4]. Les
deux encadrés 2 et 3 présentent respectivement la classification du PG par la CEE-UN et
sa définition la plus couramment utilisée.

Encadré 2 : Extrait du Rapport de l’IFA 2020


« Phosphogypsum : Leadership-Innovation-Partnership »

« En 2018, la Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies a


formellement classé le PG comme “ressource anthropogénique” émettant des
spécifications pour la réutilisation de cette ressource dans le cadre de la
« Classification-cadre des Nations Unies pour les ressources » ».

Encadré 3 : Définition de la notion « ressource anthropogénique »


« Les ressources anthropiques sont définies comme des stocks et des flux de matériaux
créés par l'homme ou provoqués par l'activité humaine (par exemple, d'anciennes
décharges, des bâtiments ou différents flux de déchets). Le concept de « ressources
anthropiques » va au-delà du concept de « matières premières secondaires », car il fait
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
référence à l'ensemble des ressources, y compris les parts de matériaux qui ne sont pas
encore économiquement viables ».

10
Soucieux de suivre les évolutions dans le monde du cadre réglementaire régissant
la classification et la valorisation des rejets issus notamment des activités industrielles, le
Gouvernement Tunisien a accordé une attention particulière à la classification et à la
valorisation du phosphogypse généré de la transformation du minerai de phosphate en
acide phosphorique et engrais par la révision du décret n° 2000-2339 du 10 octobre 2000
fixant la liste des déchets dangereux et l’établissement d’un plan pour la gestion et la
valorisation du phosphogypse considéré comme « déchet dangereux ». Deux Conseils
Ministériels Restreints (CMR) tenus le 29/06/2017 et le 11/04/2023 ont été consacrés
respectivement à « Les solutions pratiques pour l’arrêt du déversement du phosphogypse
dans le golfe de Gabès » et à « Le secteur du phosphate et dérivés : réalités et
perspectives de développement ».
Le CMR de 2017 a recommandé en particulier « d’appeler le Ministère de
l’Environnement à réaliser les études scientifiques indispensables et nécessaires pour la
reclassification du phosphogypse de produit dangereux à co-produit ».
Le CMR de 2023 a recommandé en particulier « de constituer une équipe de
travail regroupant des représentants du Ministère de l’Environnement et du Ministère de
l’Industrie, des Mines et de l’Energie pour fixer un plan pour les décharges du
phosphogypse et l’élaboration d’un programme de sa valorisation et de son utilisation
dans les domaines de l’industrie et de l’équipement ».
En application de la recommandation du CMR du 11 avril 2023, le Ministère de
l’Environnement a créé, en avril 2023, une Commission Mixte regroupant des
représentants des Ministères de l’Environnement, de l’Industrie, des Mines et de
l’Energie, Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de l’Agriculture des
Ressources Hydriques et de la Pêche, de la Santé, de l’Equipement, des Domaines de
l’Etat et des Réserves Foncières, de l’Intérieur et des Affaires Sociales. Cette
Commission Mixte a pour principales missions :
- de préparer un projet de révision du décret n° 2000-2339 du 10 octobre 2000
fixant la liste des déchets dangereux en s’orientant vers la reclassification du
phosphogypse en tant que co-produit.
- de suivre et d’accélérer la réalisation des analyses et rapports techniques.
- de coordonner avec les parties concernées et les autorités régionales pour la
gestion rationnelle du phosphogypse y compris sa valorisation et son utilisation
dans les différents domaines possibles.

Cette Commission Mixte a fait appel à un Comité Scientifique regroupant des


experts universitaires et professionnels pour réaliser une synthèse bibliographique
actualisée sur les travaux de recherche relatifs aux caractérisations physico-chimiques et
radiologiques du PG et sur les dernières avancées scientifiques, techniques et
réglementaires en Tunisie et dans le monde concernant la gestion et la valorisation du PG.

Le Comité Scientifique est appelé à éclairer la Commission sur la révision du


classement du PG tunisien parmi la liste des « déchets dangereux ».

11
1.2 Méthodologie de travail du Comité Scientifique
Pour atteindre les objectifs escomptés, le Comité Scientifique, a démarré ses
travaux en juillet 2023 par le recensement et la collecte des documents les plus pertinents
en relation avec les différents aspects de la mission.

L’ensemble des documents recueillis, environ 170 documents sous forme papier et
numérique, répartis entre brevets, rapports techniques des instances internationales
spécialisées, articles issus de travaux de recherche-développement, actes de colloques
spécialisés, réglementations et normes, etc., a été examiné par les membres du Comité
Scientifique et discuté lors d’une série de réunions, tenues durant la période : juillet 2023-
février 2024.

Le Comité Scientifique a été également représenté respectivement, en présentiel et


par visioconférence, aux deux réunions de suivi de ses travaux : la 1ère réunion de la
Commission mixte, tenue au Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie le 1er
novembre 2023 et la 2ème réunion de la Commission permanente de l’environnement au
Conseil National de Sécurité, tenue au Ministère de l’Environnement, le 26 janvier 2024.

Par ailleurs, le Comité Scientifique a conçu et a réalisé le programme de la


Rencontre Scientifique portant sur « La valorisation du phosphogypse : Opportunités
pour le développement économique régional », tenue à Gafsa, les 13 et 14 décembre
2023.

Cette Rencontre a réuni les principaux acteurs concernés par la gestion et la


valorisation du PG : chercheurs, industriels et institutionnels. Les communications
présentées ainsi que l’ensemble des recommandations adoptées ont été rassemblées dans
un Recueil portant la référence ISBN : 487-01-20-12-2023, publié en janvier 2024.

Parmi les recommandations issues de cette Rencontre Scientifique, nous citons en


particulier :

- « la nécessité de réviser le cadre juridique tunisien réglementant le


phosphogypse en le retirant de la liste des déchets dangereux » ;

- « la nécessité de considérer le phosphogypse comme « co-produit » à part


entière » ;

- « la nécessité de sensibiliser davantage toutes les parties concernées à


l’importance de la valorisation du phosphogypse ».

Les différents aspects relatifs à ces recommandations seront développés dans le


présent rapport du Comité Scientifique structuré en cinq sections :

- Section 1 : Contexte et objectif de la mission, Méthodologie de travail du Comité


Scientifique.

12
- Section 2 : Caractérisation du PG dans le monde et en Tunisie.

- Section 3 : Cadre légal et réglementaire régissant le PG dans le monde et en


Tunisie.

- Section 4 : Gestion & Valorisation du PG dans le monde et en Tunisie.

- Section 5 : Conclusions & Recommandations.

13
Section 2 :

Caractérisation du PG

dans le monde et en Tunisie

14
Le phosphogypse (PG) est le principal sous-produit généré lors de la production d’acide
phosphorique, produit intermédiaire dans la production d’engrais phosphatés, à partir du
minerai de phosphate de calcium (apatite). Le sous-produit PG est généré par le procédé
de fabrication de l’acide phosphorique par voie humide (WPA), procédé le plus utilisé
dans le monde, au cours duquel le minerai de phosphate réagit avec l’acide sulfurique à
environ 80°C selon l’équation ci-après :

[Ca3(PO4)2]3CaF2+10H2SO4+20H2O ↔ 6H3PO4+10(CaSO42H2O) + 2HF (1)

Le PG ainsi généré se présente sous forme de sulfate de calcium di-hydraté


(CaSO4⋅2H2O).

Il est à signaler que la réaction d’une (1) tonne de minerai de phosphate tunisien se fait
généralement avec 0.8 tonne d’acide sulfurique concentré ce qui donne environ 1 tonne
d’acide phosphorique (à 28% P2O5) et 1.45 tonnes de PG.

Actuellement, dans le monde, près de 300 millions de tonnes de PG sont produites


chaque année comme sous-produit de la production d’acide phosphorique. Environ 58 %
du PG sont stockés en terrils, 28 % sont déversés dans les eaux côtières et 14 % sont
traités ultérieurement (Figure 1) [10].

Figure 1 : Répartition de la gestion du PG dans le monde.

Depuis la transformation du minerai de phosphate, environ 4 à 5 milliards de tonnes de


PG sont ainsi stockés en terrils dans plus de 50 pays producteurs d’acide phosphorique.

En Tunisie, on transforme ces dernières années dans les différents sites de production du
Groupe Chimique Tunisien (GCT) en moyenne 3 millions de tonnes par an de phosphate
générant environ 4.5 millions de tonnes de PG qui sont stockés en terrils et déversés dans
la mer comme le montre le tableau 1. Le stock global actuel de PG, exprimé sur base
sèche, est estimé à 130 Millions de tonnes.

15
Tableau 1 : Mode de stockage et quantités de PG en Tunisie(*).

Site de Mode actuel de Quantité annuelle (Mt/an)


production stockage enregistrée nominale
Gabès Déversé dans la mer 2.8 5.0
Skhira Terril 1.6 3.7
Mdhilla Terril 0.6 0.8
Sfax Terril (1952-2016) Arrêt de production depuis 2016
(*) : Données recueillies auprès du GCT.
(**) : Période : 2011-2023.

2.1 Caractéristiques du PG
Cette partie du rapport est consacrée à la présentation des caractéristiques physico-
chimiques et radiologiques du PG dans le monde et en Tunisie. L’objectif étant d’établir
une base de comparaison du PG tunisien avec les PG d’autres pays d’une part et avec
d’autres produits tels que le phosphate naturel et certains engrais d’autre part.

2.1.1 Caractéristiques physiques


Le PG est une substance minérale humide, poudreuse, de limon ou de sable-limoneux
avec une gamme de taille maximale comprise entre environ 0.5 mm et 1.0 mm. La
majorité des particules sont plus fines que 0.075 mm. Le PG est classé selon « Universal
Soil Classification (USC) » en tant que matériau sable-limoneux (ML) A-4 sol, dans le
système de classification des sols AASHTO [5,6].
Le PG se présente comme poudre fine dont la couleur dépend du minerai d’extraction du
phosphate et surtout de sa concentration en matière organique (voir figure 2). Il présente
un pourcentage de fines particules d’environ 60%. [5]

Figure 2 : Une photo d’un échantillon du PG Tunisien.

Le PG est composé essentiellement de sulfate de calcium (75 à 78 % pour le procédé au


dihydrate (WPA)) mélangé avec du phosphate de calcium sous différentes formes. La
densité du PG sec varie entre 0.85 et 1.5. La granulométrie du PG est généralement
comprise entre 0.01 et 0.5 mm, avec un diamètre moyen des grains D50 de l’ordre de 0.05
mm (50 µm), et plus de 80% du passant à 0.1 mm. Même après lavage, le PG reste
imprégné de traces d’acides libres (H2SO4, HF, H3PO4), et son pH se situe entre 2 et 3 et
garde un taux d’humidité variant de 20 à 35 % [7].

16
2.1.2 Caractéristiques chimiques
Le PG se compose essentiellement de sulfate de calcium (CaSO4) et d’eau de
cristallisation avec la présence de quelques impuretés classées en deux catégories [8] :
a) Impuretés solubles
Ce sont des sels ou acides non éliminés par le lavage durant le procédé : ils se présentent
sous forme de P2O5 et du Fluor. Ces acides attribuent au PG un pH compris entre 2 et 4.
b) Impuretés insolubles
Les impuretés insolubles proviennent :
• des minéraux et composés non transformés pendant la réaction entre le minerai
phosphate et l’acide sulfurique tels que: Silice, Phosphate non attaqué, Carbone
organique etc.
• des résidus de décomposition des organismes fossiles ayant été à l’origine de la
formation des phosphates, des réactions secondaires dans le milieu réactionnel :
P2O5 syncristallisé et éléments traces, principalement des métaux lourds tels que le
Cadmium et le Strontium et des éléments radioactifs tels que l’Uranium.
2.1.2.1. Le phosphogypse à l’étranger
D’après la littérature rassemblée [1, 7, 9, 10], les tableaux 2,3 et 4 présentent un aperçu
sur la composition chimique du PG généré par différents producteurs d’acide
phosphorique à travers le monde tels que : l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Belgique, la
Chine, l’Egypte, les Etats Unis d’Amérique, l’Inde, le Maroc et la Turquie. Ces tableaux
peuvent constituer une base référentielle permettant de situer le PG Tunisien en termes de
composition en éléments majeurs, métaux à l’état de traces et de terres rares.

Tableau 2 : Teneurs en éléments majeurs du PG à l’étranger (*).


Teneur minimum (%) Teneur maximum (%)
Élément
[7] [9] [10] [1] [7] [9] [10] [1]
SO3 39.6 --- 42.5 40 47.1 --- 44.8 48
CaO 27.8 25 30.5 24 34.0 32 35.2 34
SiO2 0.50 0.3 4.4 0.5 6.00 9.5 6.8 18
Na2O 0.12 0.13 0.04 0.12 1.00 1.32 0.08 10
C. Organique 0.10 --- 0.01 0.1 2.50 --- 0.11 2.5
F 0.10 0.15 0.75 0.1 1.80 1.2 0.96 1.8
P2O5 0.05 0.5 0.28 0.05 1.42 1.82 1.54 8
Al2O3 0.05 0.1 0.08 0.05 0.60 2.8 0.36 0.6
-3 -3
Cl 0.035 --- 0.910 0.035 0.045 --- 2.410 0.045
MgO 0.01 0.06 < 0.01 0.01 0.54 1.31 0.07 0.54
Fe2O3 0.01 0.03 0.06 0.01 0.25 0.9 0.18 0.25
(*) : Afrique du Sud, Algérie, Belgique, Chine, Egypte, Etats Unis d’Amérique, Inde, Maroc et Turquie

17
La variation des teneurs de chaque élément majeur dans les PG s’explique par la variation
des teneurs dans les minerais de phosphate traités.
Le tableau 3 regroupe les teneurs minimales et maximales en éléments traces métalliques
signalées dans la littérature. [1, 2, 7, 9 à 11]

Tableau 3 : Concentrations en éléments traces métalliques du PG à l’étranger (*).

Teneur minimum (mg/kg) Teneur maximum (mg/kg)


Élément
[1,7,9] [10] [1,2,11] [1,7,9] [10] [1,2,11]
Strontium (Sr) 205 402 10 1 118 801 670
Baryum (Ba) 32 53 7 236 150 140
Zirconium (Zr) 29 --- < 10 76 --- 185
Titane (Ti) 26 --- --- 470 --- ---
Zinc (Zn) 4.0 34 6 107 49 112
Chrome (Cr) 1.6 4 < 10 75 14 70
Manganèse (Mn) 3.5 --- <2 20 --- 15
Cuivre (Cu) 2.0 1 8 195 60 103
Vanadium (V) 2.0 2 10 20 4 40
Nickel (Ni) 1.7 1 2 250 4 15
Arsenic (As) 1.3 2 <1 42 2 40
Cadmium (Cd) 0.8 1 7 25 3 28
Sélénium (Se) 0.5 --- 4 24 --- 67
Plomb (Pb) 0.5 2 1 17 6 7
Uranium (U) 0.5 <1 6 6,8 5 13
Argent (Ag) 0.4 --- <1 5,0 --- 11
Thorium (Th) 0.4 1 <1 3,6 3 1
(*) : Afrique du Sud, Algérie, Belgique, Chine, Egypte, Etats Unis d’Amérique, Inde, Maroc et Turquie.

D’après ce tableau, on remarque que le PG concentre de nombreux métaux provenant


des impuretés du minerai de phosphate.
Les teneurs en éléments de terres rares les plus répandus dans le PG sont présentées dans
le tableau 4 [1, 2, 9, 11 à 13].

18
Tableau 4 : Concentrations en éléments de terres rares (ETR) du PG à l’étranger (*).

Teneur (mg/kg)
Élément
[1,2,9] [11] [12] [13]
Yttrium (Y) 2 – 156 69.1 69.7 ± 35.2 91.3
Lanthane (La) 42 – 90 54.7 43.8 ± 27.4 82.7
Cérium (Ce) 21 – 143 79.6 65.7 ± 72.6 132.7
Néodyme (Nd) 30 – 67 53.9 40.5 ± 29.4 75.5
Samarium (Sm) 5 – 13 9.83 7.7 ± 5.5 15
Europium (Eu) 1.1 – 3 2.37 1.7 ± 1.1 3.5
Ytterbium (Yb) 2.1 – 3.2 3.37 --- 4.4
Lutécium (Lu) 0.3 – 0.4 0.41 0.45 ± 0.26 0.50
(*) : Afrique du Sud, Algérie, Belgique, Chine, Egypte, Etats Unis d’Amérique, Inde, Maroc et Turquie.

Les teneurs en éléments de terres rares (ETR) dans les PG étrangers les plus élevées sont
celles des ETR yttrium (Y), lanthane (La), cérium (Ce) et néodyme (Nd). Celle du
Samarium (Sm) est plus faible, tandis que les teneurs en ETR : europium (Eu), ytterbium
(Yb) et lutécium (Lu) sont à l’état de traces.

2.1.2.2. Le phosphogypse Tunisien

Le PG résultant des activités de transformation du minerai de phosphate dans les usines


du GCT est constitué d’environ 94 % de gypse (sulfate de calcium hydraté
(CaSO4.2H2O)) et de certaines impuretés : silice, acide phosphorique (de 0.7 à 1.5 %
exprimé en P2O5), matières organiques (de 0.2 à 0.3%) et d’éléments traces métalliques.

Le PG se présente sous forme de cristaux avec des dimensions variant de quelques


microns à 250 microns avec environ 50 % inférieures à 45 microns (voir figure 3).

Figure 3 : Une photo d’un échantillon de PG par microscopie électronique à balayage (× 1000).

Les tableaux 5, 6 et 7 regroupent les résultats d’analyse des principales caractéristiques


chimiques du PG généré par les usines du GCT, réalisés dans les laboratoires des
structures de recherche en Tunisie (ENIS, ENIT, INRAP, CNRSM, CNSTN, ENIG,

19
FSGafsa, etc.) et les laboratoires du GCT en utilisant les techniques les plus avancées et
repris dans des rapports techniques nationaux (Guide ANPE 2015), et internationaux
(FIPR, Journal of Environmental Science and Health, EPIsciences-Environnement,
ingénierie & développement, journal scientifique Genomics, etc.).

Tableau 5 : Teneurs en éléments majeurs du PG Tunisien (*).

Teneur (%)
Élément
[5] [8] [9] [11] [7] [14] [15]
SO3 37-40.8 44.3 46 44.6-44.8 43.9 45.3 ---
CaO 32.5-32.8 30.6 31-32 31.9- 32.1 32.6 31.6 ---
SiO2 1.4-2.6 1.7 --- 1.7-2.3 3.07 2.99 ---
Na2O --- 0.7 0.3 0.12-0.16 0.09 0.30 0.09
(**)
C. Organique 0.20-0.31 0.45 --- 0.3-0.6 --- 0.64 0.54
F 0.6-1.4 1.3-1.8 1.2 0.6-1.2 0.53 1.20 ---
P2O5 0.74-1.58 1 1.2 0.75-1.7 1.71 1.00 0.62
Al2O3 --- 0.11 0.1 0.13-0.16 0.10 0.12 0.27
Cl --- 0.045-0.087 --- --- --- 0.040 ---
MgO --- 0.02 0.4 0.01-0.02 0.009 0.11 0.03
Fe2O3 --- 0.05 0.1 0.09-0.10 0.03 0.13 0.06
(*) : Analyses effectuées par les laboratoires de recherche en Tunisie.
(**) : Les matières organiques sont composées d’acides humiques et d’acides fulviques.

Tableau 6 : Concentrations en éléments traces métalliques dans le PG Tunisien (*).


Concentration (mg/kg)
Élément
[11,16] [8] [15] [17] (**)
Strontium (Sr) 1238 - 1375 1100 647 ---
Baryum (Ba) 13.3 - 18.5 --- 14.4 ---
Zirconium (Zr) 6.15 - 7.98 --- 1.59 ---
Titanium (Ti) --- 50 - 60 --- ---
Zinc (Zn) 20.7 - 182 50 - 100 113.7 50 - 100
Chrome total (Cr) 14.4 - 22.4 10 - 30 --- 10 - 30
Manganèse (Mn) --- 5-7 2.69 5-7
Cuivre (Cu) --- --- 4.56 5 - 18
Vanadium (V) 2.44 - 4.16 <5 2.14 <5
Nickel (Ni) --- 3-5 5.20 3-5
Arsenic (As) 0.63 - 1.02 0.17 <2
Cadmium (Cd) 3.1 - 22.9 5 - 20 20.19 5 - 15
Sélénium (Se) --- --- 2.38 ---
Plomb (Pb) 1.76 - 2.01 <5 4.22 <2
Uranium (U) 2.26 - 3.3 2.26 - 3.3 --- ---
Thorium (Th) 1.25 - 1.66 <2 --- ---
(*) : Analyses effectuées par les laboratoires de recherche en Tunisie.
(**) : Analyses effectuées par les laboratoires du GCT, accrédités ISO/CEI 17025 (2017) depuis 2008.

20
Tableau 7 : Concentrations en éléments de terres rares (ETR) dans le PG Tunisien.
Concentration (mg/kg)
Élément [18,19]
(*) [8]
PG récent PG ancien (**)
Yttrium (Y) 44 81 55 – 69
Lanthane (La) 36 54 50 – 59
Cérium (Ce) 50 97 77 – 89
Néodyme (Nd) 53 59 46 – 55
Samarium (Sm) 7.1 9.6 8.6 – 10.3
Europium (Eu) 1.7 2.3 1.9 – 2.5
Ytterbium (Yb) 3.3 5.6 2.7 – 3.5
Lutécium (Lu) 0.3 0.6 0.4 – 0.5
(*) PG prélevé du terril de l’usine du GCT à Sfax de fraiche production.
(**) PG prélevé du terril de l’usine du GCT à Sfax de plus de 40 ans.

L’examen des tableaux 5, 6 et 7 nous permet de faire les remarques suivantes sur le PG
tunisien :
- Le PG se compose essentiellement de sulfate de calcium dihydrate (gypse) avec
présence d’impuretés solubles (fluorures et P2O5), d’impuretés insolubles
(minéraux et composés non transformés pendant la réaction entre le minerai
phosphate et l’acide sulfurique) en l’occurrence Silice, Phosphate non attaqué et
Carbone organique et P2O5 syncristallisé et des éléments métalliques en faibles
teneurs (tableau 5).
- La concentration en éléments traces métalliques la plus importante est celle du
strontium (Sr) suivie de celle du baryum (Ba), du chrome total (Cr), du cadmium
(Cd), du cuivre (Cu) et du manganèse (Mn). Les concentrations des autres
éléments métalliques tels que le sélénium, l’arsenic, le plomb, etc. sont trop
faibles (tableau 6).

Les concentrations en éléments de terres rares (ETR) les plus importantes sont
celles des ETR légers en l’occurrence l’yttrium (Y), le lanthane (La), le cérium (Ce)
et le néodyme (Nd). Tandis que les concentrations en ETR Samarium (Sm),
europium (Eu), ytterbium (Yb) et lutécium (Lu) sont à l’état de traces (tableau 7).
2.1.2.3 Comparaison du PG Tunisien avec le minerai de phosphate et quelques
dérivés

Le tableau 8 permet de comparer les teneurs en éléments majeurs du PG Tunisien avec le


phosphate naturel et des engrais à base de phosphate les plus commercialisés dans le
monde tels que triple super phosphate (TSP), simple super phosphate (SSP) et di-
ammonium phosphate (DAP).

21
Tableau 8 : Teneurs en éléments majeurs du PG Tunisien comparées au phosphate naturel et à
quelques engrais phosphatés (*).

Élément Phosphate
PG TSP SSP DAP
naturel

P2O5 (%) 28.5 – 29.5 1.0 – 1.5 46 – 47 20 – 22 46 – 47

CaO (%) 48.5 – 49.5 30.6 20 – 22 20.8 – 29.4 0.5 – 1.0

SO3 (%) 3.05 – 3.45 44.3 --- 22.4 – 27.5 5–7

Fe2O3 (%) 0.29 – 0.35 0.05 0.3 – 0.4 0.3 – 0.4 0.4 – 0.5

Al2O3(%) 0.54 – 0.60 0.11 0.6 – 1.0 0.5 – 0.6 0.6 – 0.8

MgO (%) 0.5 – 0.7 0.02 1.1 – 1.3 0.5 – 0.6 0.9 – 1.2

SiO2 (%) 2.8 – 3.6 1.7 --- --- 0.5 – 1.5

F (%) 3.2 – 0.3.4 1.3-1.8 2.0 – 2.2 1.0 – 1.2 0.6 – 1.0

Cl (%) 0.09 – 0.19 0.045 --- 0.04 – 0.05 0.06 – 0.12

CO2 (%) 6.6 – 7.4 --- 0.2 – 0.4 -- ---

C.org (%) 0.4 – 1.4 0.45 – 0.85 --- 0.5 – 0.7 ---

Na2O (%) 0.95 – 1.35 0.7 --- --- 0.5 – 1.0

K2O (%) 0.06 – 0.08 0.02 --- --- 0.1


(*) Analyses fournies par les laboratoires du GCT, accrédités ISO/CEI 17025 (2017) depuis 2008.

Il ressort de l’examen de ce tableau les remarques suivantes :

- Le PG contient des concentrations en éléments majeurs nettement plus faibles que


celles du minerai de phosphate à l’exception du calcium (Ca) et du sulfate (SO3).
Ceci s’explique par le fait que ces éléments se sont répartis en majorité dans
l’acide phosphorique et le reste dans le PG.

- Par rapport aux engrais TSP, SSP et DAP, le PG contient des concentrations en
éléments majeurs, de même ordre de grandeur tels que la silice (SiO2) et le Fluor
(F) ou encore plus faibles tels que les oxydes de fer, d’aluminium, de magnésium
et de potassium.

Le tableau 9 permet de comparer les concentrations en éléments métalliques traces du PG


Tunisien avec le phosphate naturel et quelques dérivés (engrais TSP, SSP et DAP).

22
Tableau 9 : Concentrations en éléments traces métalliques du PG Tunisien comparées au
phosphate naturel et à certains engrais(*).

Concentration
des éléments Phosphate
PG TSP SSP DAP
naturel
(ppm)
Cadmium (Cd) 30 – 60 5 -15 15 – 25 15 – 25 15 – 25
Chrome total (Cr) 150 10-30 160 – 220 100 – 140 150 – 250
Manganèse (Mn) 25 5-7 50 15 – 20 15 – 30
Nickel (Ni) 25 3-5 10 – 16 --- 10 – 20
Vanadium (V) 30 – 70 Inf à 5 --- --- 60 – 70
Cuivre (Cu) 20 5-18 --- 5 – 10 2–4
Zinc (Zn) 350 – 450 50-100 160 – 165 160 – 200 150 – 340
Plomb (Pb) Inf à 5 Inf à 2 Inf à 1 Inf à 1 Inf à 5
Arsenic (As) Inf à 4 Inf à 2 Inf à 1 Inf à 1 Inf à 4
Mercure (Hg) Inf à 1 Inf à 1 Inf à 1 Inf à 1 Inf à 1
(*) Analyses effectuées par les laboratoires du GCT, accrédités ISO/CEI 17025 (2017) depuis 2008.

En comparaison avec le phosphate naturel et les engrais (TSP, SSP, DAP), la


concentration en éléments traces métalliques, dont des métaux lourds, présents dans le
PG est largement inférieure à celle trouvée dans le minerai de phosphate et les engrais
dérivés.

2.1.2.4 Comparaison du PG Tunisien avec des PG étrangers

Les tableaux 10 et 11 regroupent les compositions de PG tunisien en comparaison avec


des PG étrangers de pays producteurs d’acide phosphorique et d’engrais phosphatés.

Tableau 10 : Teneurs en éléments majeurs du PG Tunisien comparées avec d’autres PG


étrangers [9].
CaO SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO SO3 Na2O P2O5 F
Pays
(%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%)
31.8 0.88 0.10 0.03 0.06 40.90 1.32 0.87 1.2 Algérie
30.79 1.88 2.10 --- 0.8 42.56 --- --- --- Chine
32.13 8.78 0.29 0.35 0.09 37.60 --- 1.82 0.80 Egypte
31.09 0.29 0.54 --- 1.31 43.21 0.29 0.47 0.86 Inde
30.5 9.5 2.8 0.9 0.3 42.9 --- 0.5 0.15 Maroc
31 – 32 --- 0.1 0.1 0.4 45 0.3 1.2 1.2 Tunisie
32.04 3.44 0.88 0.32 --- 44.67 0.13 0.50 0.79 Turquie
25 – 31 3 - 18 0.1-0.3 0.2 --- 55 - 58 --- 0.5 - 4.0 --- USA

23
Tableau 11 : Concentrations en éléments traces métalliques du PG Tunisien comparées
avec d’autres PG étrangers (*).

Eléments traces
PG Tunisien PG étrangers (*) [1,9]
métalliques (ppm)

Cadmium (Cd) 5 – 15 1 – 40

Plomb (Pb) <2 0.5 – 16

Mercure (Hg) <1 0.005 – 10

Arsenic (As) <1 1 – 42

Zinc (Zn) 50 – 100 4 – 315

Chrome (Cr) 10 – 30 1.6 – 75

Vanadium (V) <5 2 - 40

Nickel (Ni) 3–5 1.7 – 250

Manganèse (Mn) 5–7 3.5 – 20


(*) : Valeurs reprises du rapport de l’AIEA de 2013 [1].

A la lumière de ces trois tableaux, on peut remarquer que :


‐ Les concentrations en éléments majeurs dans le PG Tunisien sont du même ordre
de grandeur que celles des PG étrangers.
‐ Les concentrations en éléments traces métalliques en particulier les métaux lourds
(cadmium (Cd), plomb (Pb) arsenic (As) et mercure (Hg), nickel (Ni), chrome
(Cr) et zinc (Zn)) dans le PG Tunisien sont plus faibles que celles des PG
étrangers.

Par ailleurs, à la base des tableaux 4 et 7, les concentrations en éléments de terres rares
(ETR) dans le PG Tunisien sont du même ordre de grandeur que celles des PG étrangers
précités.

2.1.3 Caractéristiques radiologiques

Les minerais de phosphate naturel exploités pour la fabrication de l’acide phosphorique


contiennent des traces d’éléments radioactifs d’origine naturelle (Naturaly Occuring
Radioactive Material : NORM). Ces radio-éléments peuvent se retrouver en partie dans le
PG, comme le montre le tableau 12 qui rassemble les valeurs de l’activité des radio-
éléments dans le minerai de phosphate ainsi que dans le PG.

La radioactivité du PG est généralement évaluée en fonction des activités des éléments


suivants : 226Ra, 210Pb, 238U, 232Th et 40K.

24
Tableau 12 : Eléments radioactifs présents dans le minerai de phosphate, le PG et le
gypse naturel.

Radioactivité du
Radioactivité Radioactivité du
minerai de
Radio-élément du PG Gypse naturel
phosphate (Bq/kg)
(Bq/kg) [7] (Bq/kg) [10]
[7]
Radium (226Ra) 40 – 5022 52 – 3219 ---
Plomb (210Pb) 240 – 1835 250 – 1833 ---
Polonium (210Po) 238 – 1835 355 – 1765 ---
Thorium (230Th) 867 – 1957 90 – 513 ---
Uranium (234U) 985 – 2183 68 – 470 ---
Uranium (238U) 90 – 4800 23 –468 ---
Thorium (232Th) 11 – 622 2 – 39 2 – 20
Protactinium (231Pa) 46 14 ---
Actinium (227Ac) 46 14 ---
Uranium (235U) 46 7 ---
Radium (228Ra) 30 24 10 – 20
Thorium (228Th) 30 9 ---

Le tableau 13 présente une comparaison de la radioactivité du PG tunisien avec des PG


étrangers.
Tableau 13 : Comparaison de la radioactivité du PG Tunisien avec des PG étrangers.

Origine Origine du 238 226 232


U Ra Th Référence
du PG phosphate
40 – 70 200 – 220 10 – 20 [1]
Sfax,
Mdhilla 47 (35–66) 275 (209 – 340) 15 (8– 20) [2,7]
(Tunisie)
39 200 15 [11]
Gabès,
Métlaoui --- 212, 217 --- (*)
(Tunisie)
Australie --- 510 451 – 500 10 [1,7]
Floride, Floride
130 (93– 190) 1120 (836 – 1670) 3.7 [1,7]
(USA) Centrale
Maroc Khouribga --- 1090 – 1750 --- [1,7]

Egypte Abu Tartour 134 411 19 [1,7]

Espagne --- --- 727 (430 – 1616) --- [1,7]


(*) : Analyses effectuées en 2015 par le CNSTN.

25
D’après le tableau 13, la radioactivité du PG Tunisien est principalement due à la
radioactivité du radium 226Ra qui représente environ 80% de l’activité totale présente. Par
ailleurs, les radioactivités des éléments 226Ra et 238U sont largement inférieures à celles
des PG étrangers. En outre, la radioactivité du 40K dans le PG Tunisien est de l’ordre de
10 Bq/kg, elle est également largement inférieure aux valeurs de radioactivité 40K des PG
étrangers (voir annexe 1).

A titre de comparaison, les valeurs de l’activité radioactive (exprimée en Becquerel par


unité de masse (Bq/kg) 226Ra d’un terrain granitique naturel [7] et celle d’un sol tunisien
[2,7,20] sont respectivement d’environ 8000 et 22 Bq/kg.

Il est à signaler que l’United States Environmental Protection Agency (USEPA), a fixé en
1992, un seuil maximal pour le niveau d’exposition au 226Ra de 370 Bq/kg [7]. En 2013
l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a fixé ce seuil à 1000 Bq/kg [1].

La figure 4 permet aussi de situer la radioactivité du PG Tunisien (exprimée en Bq/g de


226
Ra) par rapport aux PG étrangers et aux valeurs standards (AIEA, USEPA). Il est à
noter que les PG ayant une radioactivité naturelle inférieure à 0.2 Bq/g (soit 200Bq/kg)
sont issus de phosphate volcanique. [21]

Figure 4 : Comparaison de la radioactivité du PG Tunisien par rapport à des PG


étrangers et à des valeurs standards.

26
En guise de conclusion :

En se référant aux standards de l’USEPA et de l’AIEA [1,7] et des études menées en


Tunisie et à l’étranger [1, 2, 5, 7, 8, 10, 11], il est constaté que le PG Tunisien présente
une activité radioactive exprimée en 226Ra de 275 Bq/kg, qui est conforme au seuil
standard international de 1000 Bq/kg et qui est également inférieure à l’ensemble
des valeurs de radioactivités des PG étrangers issus de la transformation des
phosphates sédimentaires.

2.2 Evaluation de l’écotoxicité et de la toxicité aiguë du


phosphogypse tunisien
2.2.1 Evaluation de l’écotoxicité du phosphogypse « HP 14 »

L’évaluation de l’écotoxicité du PG Tunisien a été menée en se basant sur l’application


de la directive européenne 2008/98/CE, telle que révisée de 2014 à 2018, et en particulier
du règlement (UE) 2017/997 modifiant l’annexe III de cette directive, et des
« Recommandations techniques concernant la classification des déchets » objets du
document 2018/C 124/01.

Le document 2018/C 124/01 fournit en particulier des précisions et des orientations à


l'intention des autorités et des entreprises concernant l'interprétation et l'application
correctes de la législation européenne en matière de classification des déchets, c'est-à-dire
sur la mise en évidence des propriétés dangereuses, l'évaluation de la dangerosité d'un
déchet et, enfin, la classification de ce déchet comme déchet dangereux ou non
dangereux. Ce document comporte également des précisions sur la propriété de danger
« HP 14 : Écotoxique » et la procédure de son évaluation (voir les deux encadrés 4 et 5).

Encadré 4 : Définition de la propriété « HP 14 »

La propriété HP 14 est définie comme suit : «déchet qui présente ou peut présenter des
risques immédiats ou différés pour une ou plusieurs composantes de l'environnement».
Elle décrit le potentiel écotoxique comme une propriété intrinsèque des déchets, en
indiquant si ceux-ci comportent ou peuvent comporter des risques immédiats ou différés
pour une ou plusieurs composantes de l'environnement.

27
Encadré 5 : Méthode d'évaluation de la propriété « HP 14 »
selon le règlement (UE) 2017/997

Un déchet qui satisfait à l'une des conditions suivantes est classé comme dangereux de type
« HP 14 » :

- Le déchet contient une substance classée comme appauvrissant la couche d'ozone et portant
le code de mention de danger « H420 » en application du règlement (CE) no 1272/2008 du
Parlement européen et du Conseil (*), et la concentration de cette substance atteint ou
dépasse la limite de concentration de 0,1 %.

[c(H420) ≥ 0,1 %]

- Le déchet contient une ou plusieurs substances classées dans la catégorie de toxicité


aquatique aiguë et portant le code de mention de danger « H400 » en application du
règlement (CE) no 1272/2008, et la somme des concentrations de ces substances atteint ou
dépasse la limite de concentration de 25 %. Une valeur seuil générique de 0,1 % est
appliquée à ces substances.

[Σ c(H400) ≥ 25 %]

- Le déchet contient une ou plusieurs substances classées dans la catégorie 1, 2 ou 3 de


toxicité aquatique chronique et portant les codes des mentions de danger « H410 », « H411 »
ou « H412 » en application du règlement (CE) no 1272/2008, et la somme des concentrations
de toutes les substances classées dans la catégorie 1 de toxicité aquatique chronique « H410 »
multipliée par 100, ajoutée à la somme des concentrations de toutes les substances classées
dans la catégorie 2 de toxicité aquatique chronique « H411 » multipliée par 10, ajoutée à la
somme des concentrations de toutes les substances classées dans la catégorie 3 de toxicité
aquatique chronique « H412 » atteint ou dépasse la limite de concentration de 25 %. Des
valeurs seuils de 0,1 % et de 1 % sont appliquées respectivement aux substances portant le
code « H410 » et aux substances portant les codes « H411 » ou « H412 ».

[100 × Σc(H410) + 10 × Σc(H411) + Σc(H412) ≥ 25 %]

- Le déchet contient une ou plusieurs substances classées dans la catégorie 1, 2, 3 ou 4


de toxicité aquatique chronique et portant les codes des mentions de danger « H410 »,
« H411 », « H412 » ou « H413 » conformément au règlement (CE) no 1272/2008, et la somme
des concentrations de toutes les substances classées dans la catégorie de toxicité aquatique
chronique atteint ou dépasse la limite de concentration de 25 %. Des valeurs seuils
génériques de 0,1 % et de 1 % sont appliquées respectivement aux substances portant le code
« H410 » et aux substances portant les codes « H41 »1, « H412 » ou « H413 ».

[Σ cH410 + Σ cH411 + Σ cH412 + Σ cH413 ≥ 25 %]

Dans laquelle :
c : concentrations des substances
Σ : somme.

A titre d’illustration, la figure 5 présente le processus d'évaluation de la propriété


écotoxicité « HP 14 » (document 2018/C 124/01).

28
Q1

Q2

Q3

Q4

Figure 5 : Organigramme du processus d'attribution de « HP 14 ».


Pour appliquer ce processus d’attribution de la propriété « HP14 » au PG Tunisien, nous
avons adopté la démarche suivante :

‐ L’utilisation des analyses des éléments chimiques du PG Tunisien listés dans le


tableau « Entrées génériques d'éléments dans le règlement CLP » (voir document
2018/C 124/01).
‐ L’identification des substances « pire-cas » associées aux éléments chimiques
présents en se basant sur la méthode du « Scénario réaliste le plus défavorable ».
‐ L’application des étapes du processus d’attribution de la propriété « HP 14 ».
Remarques :

i) Le « scénario réaliste le plus défavorable » est à adopter dans le cas


probable où le détenteur d'un déchet est relativement au fait des éléments,
mais non des substances présentes dans celui-ci. Il est recommandé
d'envisager les substances qui constitueraient le « scénario réaliste le plus
défavorable » pour chaque élément identifié.

29
ii) Les substances les plus défavorables sont identifiées sur la base des
substances que l'on peut raisonnablement s'attendre à trouver dans le
déchet.

Nous présentons dans ce qui suit et dans le tableau 14 une synthèse de l’application du
processus d'attribution de la propriété de danger d’écotoxicité « HP 14 » au PG Tunisien.

Pour avoir les résultats, les données nécessaires pour l’application du dit processus
consistent à l’établissement de :
‐ la liste des éléments traces métalliques et leurs concentrations ;
‐ la liste de l’ensemble des substances dangereuses éventuelles relatives aux
éléments traces métalliques ;
‐ la liste des substances dangereuses défavorables retenues.

Données du processus d’évaluation de la propriété HP 14

 Liste des éléments traces métalliques considérés


La liste des éléments traces métalliques à considérer pour l’évaluation de la propriété de
danger HP 14 correspond aux entrées génériques d'éléments dans le règlement CLP tel
que indiqué dans le « tableau 26 : Entrées génériques d'éléments (11) dans le règlement
CLP » du document européen 2018/C 124/01 : « Recommandations techniques
concernant la classification des déchets ». Elle comprend : l’arsenic (As), le baryum (Ba),
le béryllium (Be), le cadmium (Cd), le chrome VI (Cr (VI)), le mercure (Hg), le plomb
(Pb), l’antimoine (Sb), le sélénium (Se), le thallium (Tl) et l’uranium (U).
D’après les résultats de la caractérisation du PG tunisien (chapitre 2..2) on note que les
éléments béryllium (Be), antimoine (Sb) et sélénium (Se) ne sont pas détectés dans le PG.
La liste retenue comprendra les éléments traces métalliques arsenic (As), baryum (Ba),
cadmium (Cd), chrome VI (Cr (VI)), mercure (Hg), plomb (Pb), sélénium (Se), et
uranium (U).

 Liste des substances dangereuses éventuelles


Cette liste a été établie en se basant sur les données fournies par l’annexe 4 « Spéciation
des substances minérales dans les déchets : Proposition de substances « pire cas avec
information » » du rapport publié par l’INERIS « RAPPORT INERIS-DRC-15-149793-
06416A du 04/02/2016 intitulé « Classification réglementaire des déchets - Guide
d’application pour la caractérisation en dangerosité ». La liste complète des substances
dangereuses éventuelles est donnée en annexe 2.

La liste retenue comprendra les substances défavorables pour les éléments traces
métalliques arsenic (As), baryum (Ba), cadmium (Cd), chrome VI (Cr (VI)), mercure
(Hg), plomb (Pb), sélénium (Se), et uranium (U).

À titre d’exemple pour le cadmium (Cd) cette liste comprend les substances suivantes :
« cadmium chloride.
cadmium compounds, with the exception of cadmium sulphoselenide (xCdS.yCdSe),
reaction mass of cadmium sulphide with zinc sulphide (xCdS.yZnS), reaction mass of
cadmium sulphide with mercury sulphide (xCdS.yHgS), and those specified elsewhere in
this Annex.
30
cadmium iodide.
cadmiumhexafluorosilicate(2-); cadmium fluorosilica.
cadmium sulphate.
cadmium diformate; cadmium formate.
cadmium cyanide.
cadmium fluoride.
cadmium oxide (non-pyrophoric). »

La substance la plus défavorable retenue pour le cadmium : « cadmium-hexa-fluoro-


silicate(2-); cadmium fluorosilica » - N° CAS : 17010-21-8.

La concentration en cadmium dans le PG étant de 16 ppm soit 0.0016 %, la


concentration de la substance défavorable retenue est alors de 36 ppm soit 0.0036%.

Résultats de l’évaluation

 Le PG contient-il des substances individuelles de classées H420 dans une


concentration ≥ 0.1 % ? (Question « Q1 »)

Réponse : Non

L’ensemble des substances défavorables retenues ne porte le code de mention de danger


H420.
De plus la concentration de chaque substance défavorable retenue est très faible devant le
seuil limite de concentration de 0.1 %.

 Le PG contient-il des substances individuelles classées H400 dans une


concentration ≥ 0,1 % ? et si oui est-ce que Σc(H400) ≥ 25 % ? (Question « Q2 »)

Réponse : Non

En effet, les seules substances défavorables portant la mention de danger H400 sont
celles des éléments As, Cd, Cr VI, Hg, Pb et Se. Leurs concentrations individuelles sont
inférieures au seuil limite de 0.1%.
De plus la somme totale de leurs concentrations Σc(H400) = 0.01% est très inférieure à la
valeur limite de 25%.

 Le PG contient-il des substances individuelles classées H410 dans une


concentration ≥ 0.1 %, H411 ≥ 1 %, H412 ≥ 1% ? et si oui est-ce que (100 ×
Σc(H410) + 10 × Σc(H411) + Σc(H412)) ≥ 25 % ? (Question « Q3 »)

Réponse : Non

En effet, (a) les seules substances défavorables portant la mention de danger H410 sont
celles des éléments As, Cd, Cr VI, Hg, Pb et Se et leurs concentrations individuelles sont
inférieures au seuil de 0.1 % ; (b) la seule substance défavorable portant la mention de
danger H411 est celle de l’uranium (U) et sa concentration est inférieure au seuil de 1 %
et (c) l’ensemble des substances défavorables retenues ne porte pas le code de mention
de danger H412.

31
De plus la somme totale (100 × Σc(H410) + 10 × Σc(H411) + Σc(H412)) = 0.583% est
très inférieure à la valeur limite de 25%.

 Le PG contient-il des substances individuelles classées H410 dans une


concentration ≥ 0.1 %, H411 ≥ 1 %, H412 ≥ 1%, H413 ≥ 1% ? et si oui est-ce que
(Σc(H410) + Σc(H411) + Σc(H412) + Σc(H413)) ≥ 25 % ? (Question « Q4 »)

Réponse : Non

En effet, (a) les seules substances défavorables portant la mention de danger H410 sont
celles des éléments As, Cd, Cr VI, Hg, Pb et Se et leurs concentrations individuelles sont
inférieures au seuil de 0.1 % ; (b) la seule substance défavorable portant la mention de
danger H411 est celle de l’uranium (U) et sa concentration est inférieure au seuil de 1 %
et (c) l’ensemble des substances défavorables retenues ne porte pas les codes de mention
de danger H412 et H413.

De plus la somme totale (Σc(H410) + Σc(H411) + Σc(H412) + Σc(H412)) = 0.006% est


très inférieure à la valeur limite de 25%.

Tableau 14 : Tableau récapitulatif des résultats de l’évaluation de la propriété de danger HP 14.


Elément considéré Substance dangereuse défavorable retenue
Code de
Concentration Concentration
désignation Désignation mention de
(%) (%)
danger
trinickel bis(arsenate); nickel(II)
Arsenic (As) 0.0001 0.0003 H400, H410
arsenate
Baryum (Ba) 0.0015 barium sulphide 0.0018 ---
cadmium-hexafluoro-silicate(2-);
Cadmium (Cd) 0.0016 0.0036 H400, H410
cadmium fluoro-silica
Chrome VI (Cr
0.0002 strontium chromate 0.0008 H400, H410
(VI)
Mercure (Hg) 0.0001 mercury dichloride; mercuric chloride 0.00014 H400, H410

Plomb (Pb) 0.0002 lead hexa-fluoro-silicate 0.00034 H400, H410

Sélénium (Se) 0.00024 nickel selenate 0.0006 H400, H410


uranium compounds with the
Uranium (U) 0.0005 exception of those specified elsewhere 0.0005 H411
in this Annex (du réglement CLP)
Critère Résultat du critère
c(H420) ≥ 0.1 % ? Non 0

Σc(H400) ≥ 25 % ? Non 0.01

100 × Σc(H410) + 10 × Σc(H411) + Σc(H412) ≥ 25 % ? Non 0.583

Σc(H410) + Σc(H411) + Σc(H412) + Σc(H413) ≥ 25 % ? Non 0.006

32
À la lumière des résultats obtenus par l’application du processus d’attribution de
« HP 14 », le PG tunisien ne présente pas de danger d’écotoxicité (il est non
dangereux de type « HP 14 »).

2.2.2 Evaluation de la toxicité aiguë « HP 6 »

Pour évaluer propriété « toxicité aiguë » du PG tunisien, on a suivi la même démarche


que celle appliquée à la propriété « écotoxicité (HP 14) » en se basant sur la directive
européenne 2008/98/CE, telle que révisée de 2014 à 2018, et sur les « Recommandations
techniques concernant la classification des déchets » objets du document 2018/C 124/01.

Les encadrés 4bis et 5bis donnent respectivement la définition de la propriété de danger


« HP 6 » et la procédure de son évaluation.

Encadré 4bis : Définition de la propriété « HP 6 »

La propriété HP 6 est définie comme suit : « déchet qui peut entraîner des effets
toxiques aigus après administration par voie orale ou cutanée, ou suite à une
exposition par inhalation ».

33
Encadré 5bis : Méthode d'évaluation de la propriété « HP 6 » selon
la directive 2008/98/CE, du parlement européen et du conseil du 19 novembre 2008,
relative aux déchets et abrogeant certaines directives et selon les « Recommandations
techniques concernant la classification des déchets » objets du document 2018/C 124/01

«Si la somme des concentrations de toutes les substances contenues dans un déchet, classées au
moyen d'un code de classe et de catégorie de danger de toxicité aiguë et d'un code de mention de
danger indiqué dans le tableau 5 [voir tableau 14 du présent document], est supérieure ou égale
au seuil indiqué dans ce tableau, le déchet est classé comme déchet dangereux de type HP 6.
Lorsqu'un déchet contient plusieurs substances classées comme toxiques aigües, la somme des
concentrations n'est requise que pour les substances relevant de la même catégorie de danger.»

Valeurs seuils : Les valeurs seuils suivantes s'appliquent dans le cadre de l'évaluation:
— pour H300, H310, H330, H301, H311 et H331: 0,1 %
— pour H302, H312, H332: 1 %
Une substance individuelle présente dans une concentration inférieure à la valeur seuil pour un
code de mention de danger qui lui est attribué n'est pas prise en considération dans la somme des
concentrations pour ce code de classe et de catégorie de danger.

Tableau 14
Code(s) des classes et catégories de danger et code(s) des mentions de danger relatif(s) aux
constituants des déchets et limites de concentration correspondantes pour la classification des
déchets comme déchets dangereux de type HP 6

Code(s) des classes et Code(s) des Limite de concentration


Description
catégories de danger mentions de danger (Somme des substances)

Acute Tox. 1 (Oral) H300 Mortel en cas d'ingestion ≥ 0,1 %

Acute Tox. 2 (Oral) H300 Mortel en cas d'ingestion ≥ 0,25 %

Acute Tox. 3 (Oral) H301 Toxique en cas d'ingestion ≥ 5%

Acute Tox. 4 (Oral) H302 Nocif en cas d'ingestion ≥ 25 %

Acute Tox. 1 (Dermal) H310 Mortel par contact cutané ≥ 0,25 %

Acute Tox. 2 (Dermal) H310 Mortel par contact cutané ≥ 2,5 %

Acute Tox. 3 (Dermal) H311 Toxique par contact cutané ≥ 15 %

Acute Tox. 4 (Dermal) H312 Nocif par contact cutané ≥ 55 %

Acute Tox. 1 (Inhal.) H330 Mortel par inhalation ≥ 0,1 %

Acute Tox. 2 (Inhal.) H330 Mortel par inhalation ≥ 0,5 %

Acute Tox. 3 (Inhal.) H331 Toxique par inhalation ≥ 3,5 %

Acute Tox. 4 (Inhal.) H332 Nocif par inhalation ≥ 22,5 %

34
A titre d’illustration, la figure 5bis présente le processus d'évaluation de la propriété
toxicité aiguë « HP 6 » (document 2018/C 124/01).

Q1

Q2

Q3

Figure 5bis : Organigramme du processus d'attribution de « HP 6 ».

35
Pour appliquer ce processus d’attribution de la propriété « HP 6 » au PG tunisien, nous
avons adopté la démarche suivante :

‐ L’utilisation des analyses des éléments chimiques du PG tunisien listés dans le


tableau « Entrées génériques d'éléments dans le règlement CLP » (voir document
2018/C 124/01).
‐ L’identification des substances « pire-cas » associées aux éléments chimiques
présents en se basant sur la méthode du « Scénario réaliste le plus défavorable ».
‐ L’application des étapes du processus d’attribution de la propriété « HP 6 ».
Remarques :

iii) Le « scénario réaliste le plus défavorable » est à adopter dans le cas


probable où le détenteur d'un déchet est relativement au fait des éléments,
mais non des substances présentes dans celui-ci. Il est recommandé
d'envisager les substances qui constitueraient le « scénario réaliste le plus
défavorable » pour chaque élément identifié.
iv) Les substances les plus défavorables sont identifiées sur la base des
substances que l'on peut raisonnablement s'attendre à trouver dans le
phosphogypse.

Nous présentons dans ce qui suit et dans le tableau 14bis une synthèse de l’application du
processus d'attribution de la propriété de danger de la toxicité aiguë « HP 6 » au PG
tunisien.

Les données nécessaires pour l’application du dit processus sont :


‐ la liste des éléments traces métalliques et leurs concentrations ;
‐ la liste de l’ensemble des substances dangereuses éventuelles relatives aux
éléments traces métalliques ;
‐ la liste des substances dangereuses défavorables retenues.

Données du processus d’évaluation de la propriété HP 6

 Liste des éléments traces métalliques considérés

Cette liste a été définie lors du paragraphe précédent relatif à l’évaluation de la propriété
de l’écotoxicité « HP 14 ». Elle comprend : l’arsenic (As), le baryum (Ba), le béryllium
(Be), le cadmium (Cd), le chrome VI (Cr (VI)), le mercure (Hg), le plomb (Pb),
l’antimoine (Sb), le sélénium (Se), le thallium (Tl) et l’uranium (U).
D’après les résultats de la caractérisation du PG tunisien (paragraphe 2.1) on note que les
éléments béryllium (Be), antimoine (Sb) et sélénium (Se) ne sont pas détectés dans le PG
tunisien.

36
 Liste des substances dangereuses éventuelles

La liste complète des substances dangereuses éventuelles est donnée en annexe 2.

La liste retenue comprend les substances défavorables pour les éléments traces
métalliques retenus arsenic (As), baryum (Ba), cadmium (Cd), chrome VI (Cr (VI)),
mercure (Hg), plomb (Pb), sélénium (Se), et uranium (U).
Résultats de l’évaluation

 Le PG contient-il des substances individuelles classées H300, H301 dans une


concentration ≥ 0.1 % ? ou classées H302 dans une concentration ≥ 1 % ?
(Question « Q1 »)

Réponse : Non

En effet, : - les seules substances défavorables portant la mention de danger H300 sont
celles des éléments Hg et U et leurs concentrations individuelles sont
largement inférieures au seuil limite de 0.1% (soit 1000 mg/kg).
‐ la seule substance défavorable portant la mention de danger H301 est celle
de l’élément Cd et sa concentration individuelle est largement inférieure au
seuil limite de 0.1% (soit 1000 mg/kg).
‐ les seules substances défavorables portant la mention de danger H302 sont
celles des éléments Hg et U et leurs concentrations individuelles sont
largement inférieures au seuil limite de 1% (soit 10000 mg/kg).

 Le PG contient-il des substances individuelles classées H310, H311 dans une


concentration ≥ 0.1 % ? ou classées H312 dans une concentration ≥ 1 % ?
(Question « Q2 »)

Réponse : Non

En effet, aucune des substances défavorables ne porte la mention de danger H310, H311
ou H312.

 Le PG contient-il des substances individuelles classées H330, H331 dans une


concentration ≥ 0.1 % ? ou classées H332 dans une concentration ≥ 1 % ?
(Question « Q3 »)

Réponse : Non

En effet, : - la seule substance défavorable portant la mention de danger H330 est celle
de l’élément U et sa concentration individuelle est largement inférieure au
seuil limite de 0.1%.
‐ la seule substance défavorable portant la mention de danger H331 est celle
de l’élément Cd et sa concentration individuelle est largement inférieure au
seuil limite de 0.1%.

37
‐ les seules substances défavorables portant la mention de danger H332 sont
celles des éléments Ba et Pb et leurs concentrations individuelles sont
largement inférieures au seuil limite de 1%.

Notons aussi que les substances dangereuses défavorables pour les éléments arsenic (As)
et sélénium (Se) ne portent aucune des mentions de dangers H300, H301, H302, H310,
H311, H312, H330, H331 et H332.

Tableau 14bis : Tableau récapitulatif des résultats de l’évaluation de la propriété de danger HP 6.


Elément considéré Substance dangereuse défavorable retenue
Code de
Concentration Concentration
désignation Désignation mention de
(%) (%)
danger
trinickel bis(arsenate); nickel(II)
Arsenic (As) 0.0001 0.0003 ---
arsenate
Baryum (Ba) 0.0015 barium sulphide 0.0018 H302, H332
cadmium-hexafluoro-silicate(2-);
Cadmium (Cd) 0.0016 0.0036 H301, H331
cadmium fluoro-silica
Chrome VI
0.0002 strontium chromate 0.0008 H302
(Cr(VI))
Mercure (Hg) 0.0001 mercury dichloride; mercuric chloride 0.00014 H300

Plomb (Pb) 0.0002 lead hexa-fluoro-silicate 0.00034 H302, H332

Sélénium (Se) 0.00024 nickel selenate 0.0006 ---


uranium compounds with the
Uranium (U) 0.0005 exception of those specified elsewhere 0.0005 H300, H330
in this Annex (du réglement CLP)
Critère Résultat du critère
c(H300) ≥ 0.1 % ?, c(H301) ≥ 0.1 % ?, c(H302) ≥ 1 % ? Non

c(H310) ≥ 0.1 % ?, c(H311) ≥ 0.1 % ?, c(H312) ≥ 1 % ? Non

c(H330) ≥ 0.1 % ?, c(H331) ≥ 0.1 % ?, c(H332) ≥ 1 % ? Non

D’après ces résultats obtenus pour la propriété de danger toxicité aiguë « HP 6 », le


PG Tunisien ne présente pas de danger de toxicité aiguë, c'est-à-dire il est non
dangereux de type « HP 6 ».

38
En guise de conclusion :
Les résultats de l’évaluation des propriétés de danger « écotoxicité (HP 14) » et « toxicité
aiguë (HP 6) » pour le phosphogypse tunisien tel qu’il se présente sont en accord avec
les niveaux de concentrations des éléments traces métalliques. En effet, pour les éléments
préoccupants arsenic, plomb, mercure et cadmium, il est à noter que :

‐ les concentrations en arsenic, plomb et mercure dans le phosphogypse tunisien


sont très faibles voire insignifiantes étant donné que le phosphate tunisien est
pratiquement exempt de ces métaux lourds.
‐ le cadmium contenu dans le PG tunisien dont la teneur varie de 5 à 15
ppm, se trouve majoritairement sous forme insoluble eau. La partie soluble eau
est largement inférieure à 1 ppm. Par ailleurs les engrais commercialisés
actuellement en Tunisie et en Europe (TSP, DAP, SSP) contiennent des teneurs
en cadmium allant de 15 à 25 ppm et sont en conformité avec le règlement
européen « REACH ».

Ainsi le PG tunisien tel qu’il se présente ne possède pas des propriétés de dangers
« écotoxicité (HP 14) » et « toxicité aiguë (HP 6) ». Toutefois le déversement du PG
dans la mer entraîne des effets négatifs sur l’écosystème marin, liés en particulier à
l’accumulation des impuretés insolubles suite à la dissolution totale de sa composante
principale le sulfate de calcium dihydrate (qui présente au moins 96% de la composition
du PG).
Il en est de même que le stockage du PG en terrils sans respecter les normes d’usage les
plus avancées engendre des effets négatifs sur l’environnement.

39
Section 3 :
Cadre légal et réglementaire régissant le PG
dans le monde et en Tunisie

40
Cette partie est réservée à la présentation des réglementations dans le monde et en
Tunisie en matière de classification et de gestion du phosphogypse.

3.1 Cadre règlementaire international régissant le phosphogypse


3.1.1 Convention de Bâle

La Convention des Nations Unies sur le contrôle des mouvements transfrontières


de déchets dangereux et de leur élimination (Convention de Bâle) [22], adoptée le 22
mars 1989, constitue l’accord mondial le plus complet sur les déchets dangereux et
d’autres déchets dans le domaine de l’environnement. Son but est de protéger la santé
humaine et l’environnement contre les effets nocifs résultant de la production et des
mouvements transfrontières de déchets, en particulier à destination des pays en
développement qui manquent de moyens pour assurer une gestion écologiquement
rationnelle de ces déchets. En 1995, la Tunisie a adhéré à la convention de Bâle (loi 95-
63 du 10 juillet 1995) et a ratifié ladite convention (décret n°95-2680 du 25 décembre
1995).

Les « déchets dangereux » aux fins de cette convention sont les déchets qui :
- appartiennent à l’une des catégories figurant à l’annexe I, à moins qu’ils ne possèdent
aucune des caractéristiques de danger indiquées à l’annexe III de cette convention ;
- sont définis ou considérés comme dangereux par la législation interne de Partie
d’exportation, d’importation ou de transit.

Il est à constater que le phosphogypse ne figure pas sur la liste de l’annexe I de la


Convention de Bâle.

Il est à signaler également qu’en 1991, en réponse à l’article 11 de la « Convention de


Bâle », qui encourage les parties à conclure des accords bilatéraux, multilatéraux et
régionaux relatifs aux déchets dangereux, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) a
établi une convention dite la « Convention de Bamako » relative à « l’interdiction
d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements
transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique » [23]. En 1992, la
Tunisie a ratifié cette convention (loi n° 92-11 du 03 février 1992) dont l’entrée en
vigueur par les pays signataires date depuis 1998.

3.1.2 Convention de Barcelone

La Convention de Barcelone pour la Protection de la Méditerranée contre la pollution a


été adoptée le 16 février 1976 [24].
La Tunisie est également signataire de la Convention de Barcelone et ses protocoles en
particulier le Protocole relatif à la prévention de la pollution de la mer Méditerranée par
les mouvements transfrontières de déchets dangereux et leur élimination qui est ratifié par
la Tunisie le 01/06/1998. Sa mise en vigueur date du 19/12/2007, adoptée le 16 février
1976 et ratifiée par la Tunisie par la loi n° 77-29 du 25 mai 1977 et amendée par la loi n°
98-15 du 23 février 1998.

41
Les « déchets dangereux » aux fins de cette convention sont les déchets qui :

- appartiennent à l’une des catégories figurant à l’annexe I du présent protocole ;


- possèdent l’une des caractéristiques de danger indiquées à l’annexe II du présent
Protocole.

Le phosphogypse ne figure pas dans la liste de l’annexe I du Protocole de la


Convention de Barcelone relatif à la prévention de la pollution de la mer
Méditerranée par les mouvements transfrontières de déchets dangereux et leur
élimination.

3.1.3 Recommandations de l’Agence Internationale d’Energie Atomique

Dans sa publication Safety Reports Series No. 78 (2013) [1], l’Agence Internationale
d’Energie Atomique (AIEA) a remis en question la pratique de mise en terril du
phosphogypse. En effet l’AIEA :
- note l’absence de motif radiologique qui interdit son utilisation,
- suggère de le considérer comme co-produit et non un déchet,
- recommande sa valorisation au lieu de son stockage permanent
- invite les décideurs à prendre en considération sa valorisation dans leurs politiques.

L’AIEA a fixé un seuil maximum de radioactivité de 1 Bq/g dans le PG pour des


utilisations sécurisées dans divers domaines tels que : matériaux de construction,
agriculture, construction des routes, production d’engrais, etc.

3.1.4 Cadre règlementaire aux Etats Unis d’Amérique

À partir de 1970, plusieurs règlementations relatives à la protection de l’environnement


se sont succédées aux Etats Unis d’Amérique dont les plus importantes sont :
- la promulgation de la NEPA (National Environment Protection Act) en 1970 [25] ;
- la création en 1970 de l’EPA (Environmental Protection Agency) ;
- la promulgation en 1970 du « Clean Air Act » ;
- la promulgation en 1972 du « Clean Water Act »;
Il est à noter qu’en 1976 la promulgation de « Resource Conservation and Recovery Act
(RCRA) » relatif aux déchets [26].

Selon le RCRA, les déchets dangereux sont définis comme tout déchet solide qui, en
raison de sa quantité, de sa concentration ou de ses propriétés physiques, chimiques ou
infectieuses peut :
- causer ou contribuer de manière significative à une augmentation de la mortalité
ou une augmentation des maladies graves irréversibles ou réversibles
incapacitantes ; ou
- présenter un risque substantiel, actuel ou potentiel, pour la santé humaine ou
l'environnement en cas de traitement inadéquat, stockés, transportés, éliminés ou
gérés d'une autre manière (RCRA §1004 [25], 42 USC 6903 [25]).

42
Avant la décision en 1989 du « National Emission Standards for Hazardous Air
Pollutants (NESHAP) », le phosphogypse était utilisé comme amendement agricole.

En 1989, l'EPA a promulgué les normes nationales d'émission pour les émissions de
radon provenant des terrils de phosphogypse (sous-partie R), qui ont été révisées le 3 juin
1992 pour permettre des utilisations dans le domaine agricole en plein air du
phosphogypse contenant du 226Ra à moins de 10 pCi/g, soit 370 Bq/kg (voir l’extrait du
règlement « 40 CFR Part 61 » relatif aux normes nationales d'émissions pour les
polluants atmosphériques dangereux sous partie-R, relative aux normes nationales
d’émissions pour les émissions de radon provenant des dépôts de phosphogypse, présenté
dans l’encadré 6).

Encadré 6 : Extrait du règlement 40 CFR Part 61 sous partie -R

3.1.5 Cadre règlementaire dans l’Union Européenne

La Décision de la Commission Européenne n°2000/532/CE du 30 Mai 2000 [27],


établissant une liste de déchets, définit la nomenclature des déchets et la classification de
leurs dangers.
Les déchets figurant sur la liste et marqués d'un astérisque (*) sont considérés des
déchets dangereux.

Les déchets qualifiés comme dangereux par une mention spécifique ou générale de
substances dangereuses, présentent une ou plusieurs des caractéristiques de danger telles
que :

— Les déchets contiennent une ou plusieurs substances classées comme très toxiques à
une concentration totale ≥ 0.1 %,
— Les déchets contiennent une ou plusieurs substances classées comme toxiques à une
concentration totale ≥ 3%,
— Les déchets contiennent une ou plusieurs substances irritantes à une concentration
totale ≥ 10%,

43
— Les déchets contiennent une ou plusieurs substances reconnues comme étant
cancérogènes (des catégories 1 ou 2) à une concentration totale ≥ 0.1 %,

En l’an 2000, la Décision européenne n°2000/532/CE a classé le phosphogypse dans la


rubrique [06 09 01] sans astérisque (*), ainsi il est considéré comme déchet non
dangereux (voir encadré 7).

Encadré 7 : Extrait de la décision européenne n°2000/532/CE relative aux déchets

En 2001, la décision 2001/118/CE du 16 janvier 2001 modifiant la décision 2000/532/CE


en ce qui concerne la liste des déchets, a supprimé la rubrique [06 09 01] attribué au
phosphogypse de la liste des déchets et a introduit deux nouvelles rubriques de déchets
pour « les déchets provenant de FFDU des produits chimiques contenant du phosphore et
de la chimie du phosphore » (voir encadré 8).

Encadré 8 : Extrait de la décision européenne n°2001/118/CE

Ces rubriques demeurent encore inchangées dans la liste des déchets de la réglementation
européenne en vigueur.

3.1.6 Cadre règlementaire en Inde

En Inde, les dispositions relatives aux déchets dangereux (gestion, manutention et


mouvements transfrontières), adoptées en 2008 en application de la loi sur la protection
de l'environnement de 1986 (The « Environment Protection Act » No. 29 du 23 mai
1986), n’ont pas intégré le phosphogypse dans la catégorie des déchets dangereux de
l'annexe I et stipulent que la gestion du phosphogypse provenant des usines
d'engrais à base d'acide phosphorique sera effectuée conformément aux directives
du « Conseil Central de Contrôle de la Pollution (CPCB) » (voir extrait dans l’encadré
9).
44
Encadré 9 : Extrait de “Guidelines for Management and Handling of
Phosphogypsum (CPCB, India) (2008)”

De même, l’Atomic Energy Regulatory Board (AERB) de l’Inde, dans sa directive No.
01/09 du 20 mars 2009, note l’absence de toute restriction pour l'utilisation du
phosphogypse dans les applications agricoles du point de vue de la sécurité
radiologique (voir encadré 10).

Encadré 10 : AERB Directive No. 01/09 du 20 Mars 2009

45
3.1.7 Cadre règlementaire en Chine

Avec une production d’environ 80 millions de tonnes par an, la Chine est le plus grand
producteur de phosphogypse à l’échelle mondiale [4].

La Chine a été parmi les premiers signataires de la convention de Bâle qu’elle a ratifiée
en 1991 [28].

Depuis 2020, dans le cadre de sa politique de promotion de l’économie circulaire et verte,


la Chine oblige ses producteurs d’acide phosphorique à réaliser un équilibre entre la
production d’acide phosphorique et la valorisation du PG généré par la transformation du
minerai de phosphate.

3.2 Cadre légal et règlementaire tunisien relatif à la gestion des


déchets dangereux
La loi n° 96-41 du 10 juin 1996, relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et de leur
élimination définit dans son article 2, les déchets comme « toutes substances et objets dont le
détenteur se défait ou a l'intention de s'en défaire ou dont il a l'obligation de se défaire ou
d'éliminer en vertu des dispositions de la présente loi » et les déchets dangereux comme
« les déchets dont la liste est fixée par décret selon leur constituants et les caractéristiques des
matières polluantes qu’ils contiennent ».

Le décret n° 2000-2339 du 10 octobre 2000, fixant la liste des déchets dangereux,


considère comme déchets dangereux :

(i) les déchets figurant à l’annexe I du décret précité ;


(ii) tout autre déchet qui contient l’un des constituants énumérés à l’annexe II et qui
présente l’une des caractéristiques de danger mentionnées à l’annexe III de ce décret.

L’annexe I du décret liste les déchets dangereux selon leur nature ou l’activité qui les a
produits, l’annexe II spécifie la liste des constituants qui confèrent aux déchets un
caractère de danger et l’annexe III donne la liste des caractéristiques de danger.

Selon l’annexe I du décret précité, le phosphogypse est classé en tant que déchet
dangereux dans la rubrique [080801] de la catégorie des déchets des procédés de la
chimie minérale provenant de la chimie des phosphates (voir encadré 11).

Encadré 11 : Extrait du décret n° 2000-2339 du 10/10/2000 fixant la liste


des déchets dangereux

46
Notons que l’exposé des motifs de ce décret (voir annexe 3) a fait référence aux
conventions de Bâle (1989) et de Bamako (1991) et aux modifications apportées dans la
liste européenne des déchets (2000).

Le Comité Scientifique tient à noter que la décision de classer le PG en tant que déchet
dangereux n’est pas basée sur des arguments solides. En effet, les listes des déchets
dangereux dans les conventions de Bâle et de Bamako ne citent pas explicitement le
phosphogypse en tant que déchet dangereux (annexes I des conventions de Bâle et de
Bamako).

Il convient également de signaler que le PG tunisien ne contient pas des constituants cités
dans les annexes I des conventions de Bâle et de Bamako, qui peuvent présenter les
caractéristiques de danger mentionnées dans l’annexe III de la convention de Bâle et dans
l’annexe II de la convention de Bamako.

Par ailleurs, il est à préciser que les constituants pouvant présenter une ou plusieurs
caractéristiques de danger dans le PG tunisien sont soient absents ou présents à des
concentrations trop faibles, inférieures ou comparables à celles dans le phosphate naturel
et dans les engrais actuellement commercialisés par le GCT (TSP, SSP et DAP) (voir
tableaux 5, 6 et 7). Notons aussi que ces engrais sont conformes au règlement européen
« Registration, Evaluation, Autorisation and restriction of CHemicals (REACH) »
(Règlement (CE) n° 1907/2006 du 18 décembre 2006).
A titre d’exemple, l’annexe 4 présente les déclarations de conformité au règlement
« REACH » des engrais TSP, SSP et DAP produits et commercialisés par le GCT.

Il est à rappeler que l’Union Européenne dans sa décision n°2000/532/CE du


30/05/2000, établissant une liste des déchets (voir encadré 7), a classé le phosphogypse
dans la rubrique [06 09 01] sans astérisque (*), ainsi le PG est considéré comme
déchet non dangereux ne présentant aucune des caractéristiques de danger
énumérées à l’article 2 de la décision et reprises de l’annexe II de la « Directive
91/689/CEE ». Cette classification européenne n’a pas été prise en compte par le
décret tunisien n° 2000-2339 du 10 octobre 2000.

3.3 Synthèse de la revue réglementaire relative au phosphogypse


L’analyse approfondie des réglementations dans le monde et en Tunisie portant sur le
phosphogypse nous a permis de faire les constatations suivantes :

 Le phosphogypse ne figure pas dans la liste de l’annexe I de la Convention de


Bâle (Convention des Nations Unies sur le contrôle des mouvements
transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination / 1989).

 En 1991, en réponse à la convention de Bâle, l’Organisation de l’Unité Africaine


(OUA) a élaboré une convention dite la « Convention de Bamako » relative à
« l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des
mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en
Afrique » sachant que le phosphogypse ne figure parmi la liste des catégories
47
de déchets dangereux. Notons que la Tunisie a ratifié cette convention dont
l’entrée en vigueur par les pays signataires date depuis 1998.

 Le phosphogypse n’est pas inscrit sur la liste de l’annexe I du Protocole de la


Convention de Barcelone (Convention de Barcelone pour la Protection de la
Méditerranée contre la pollution / 1976).

 En 2013, l’Agence Internationale d’Energie Atomique (AIEA) a fixé un seuil


maximum de radioactivité de 1Bq/g dans le PG pour des utilisations sécurisées
dans divers domaines tels que : matériaux de construction, agriculture, construction
des routes, production d’engrais, etc.
L’AIEA note l’absence de motif radiologique qui interdit son utilisation, suggère de
le considérer comme co-produit et non un déchet, recommande sa valorisation au
lieu de son stockage permanent et invite les décideurs à prendre en considération sa
valorisation dans leurs politiques.

 Depuis 1989, aux états unis, l'USEPA autorise des utilisations du phosphogypse
dans le domaine agricole en plein air sous condition que l’activité radiologique
(exprimée en 226Ra) ne dépasse pas le seuil de 370 Bq/kg.

 En l’an 2000, la Commission Européenne a classé le PG comme déchet non


dangereux. Depuis 2001, la liste des déchets a été révisée. La rubrique [06 09
01] attribuée au phosphogypse a été supprimée et deux nouvelles rubriques de
déchets pour « les déchets provenant de FFDU des produits chimiques contenant
du phosphore et de la chimie du phosphore » ont été introduites.

 En Inde, le PG a été exclu en 2008 de la catégorie des déchets dangereux. La


gestion du phosphogypse provenant des usines d'engrais à base d'acide
phosphorique est effectuée conformément aux directives du Conseil Central de
Contrôle de la Pollution (CPCB).
De même, l’Atomic Energy Regulatory Board (AERB) de l’Inde, a fixé un
seuil d’activité radiologique (exprimée en 226Ra) de 1 Bq/g pour la
commercialisation du PG par les usines d’engrais.

 La Chine a été parmi les premiers signataires de la convention de Bâle qu’elle a


ratifiée en 1991.

Depuis 2015 la Chine a exigé aux usines de transformation du minerai de


phosphate pour la production d’acide phosphorique et des engrais l’utilisation de
20% du PG généré pour atteindre un taux de valorisation de 100% à l’horizon de
2025.
 En Tunisie, depuis l’année 2000, le PG est classé nominativement en tant que
« déchet dangereux » bien que les conventions internationales (Bâle et
Barcelone) et régionales (Bamako) ne répertorient pas le PG en tant que
déchet dangereux.

48
 La réglementation tunisienne relative aux déchets dangereux qui a classé le PG en
tant que déchet dangereux n’a pas été révisée depuis sa promulgation en 2000,
sachant que des pays producteurs d’acide phosphorique générant du PG ont fait
évoluer la réglementation y afférente tels que : le Brésil, les états Unis
d’Amérique, l’Inde, la Russie, etc.

49
Section 4 :

Gestion & Valorisation du PG

dans le monde et en Tunisie

50
Le stockage et la valorisation du phosphogypse sont d'actualité dans la majorité des pays
producteurs d’acide phosphorique et d’engrais, pour des considérations
environnementales et économiques.
A ce titre durant la période 2015-2020, les résultats des travaux de recherche
correspondants ont fait l’objet d’environ 800 publications [29]. Par ailleurs en 2015,
l’IFA a recensé auprès de 21 pays producteurs d’acide phosphorique, une quantité de 29
Mt de PG exploitées dans différents domaines comme le montre l’encadré 12 et dont la
répartition est [2]:
 8 % dans le secteur agricole.
 40 % dans les secteurs des matériaux de construction et des routes.
 52 % dans d’autres applications (par exemple : engrais et sels, production d’acide
sulfurique, barrières marines, remblayage des mines, peinture et enduit, plastique
et verre, isolant thermique, etc.).

Encadré 12: Répartition de l’utilisation du PG – Enquête de


l’IFA en 2015

Cette section est consacrée d’une part à la présentation des résultats des travaux de
recherche scientifique publiés au cours de la période 1980-2024 et à l’analyse des
orientations de recyclage et des alternatives possibles de valorisation du PG, d’autre part
à description des expériences pilotes et à grande échelle de la valorisation du PG dans le
monde et en Tunisie.

4.1 Aperçu sur les travaux de recherche


Comme présenté dans la section 2 du présent rapport, les procédés de transformation du
minerai de phosphate génèrent des quantités énormes de PG qui contient de nombreux
éléments utiles. En effet, le PG est considéré comme une source de calcium, de soufre, de
phosphore, de terres rares et d'oligoéléments. Ainsi la récupération de ces éléments et les
possibilités de valorisation du PG sont de plus en plus étudiées par des structures de
recherche spécialisées à travers le monde. A titre d’illustration, la figure 6 montre
51
l’évolution du nombre des publications des résultats des travaux de recherche consacrés
au PG au cours de la période 1980 – 2020 [29].

AIEA Safety Report

Année

Figure 6. Publications des travaux de recherche sur le PG.

L’évolution du nombre des travaux de recherche dénote l'intérêt pour le PG en tant que
ressource anthropogénique. Cet intérêt a été largement consolidé au cours de la dernière
décennie, marquée par l’impact de l’étude sur le PG menée par l’AIEA dont les résultats
ont été publiés dans son rapport de 2013 [1].

Le développement de la recherche sur les propriétés et les applications du PG a lieu dans


de nombreux pays ayant différents niveaux de développement économique, comme en
Europe occidentale, en Russie, en Inde, en Afrique et surtout en Chine (Figure 7) [29].

Figure 7. Aperçu comparatif des travaux de recherche sur le PG dans quelques pays.
(Base de données Scopus).

52
Le leadership en termes d'articles publiés est la Chine, en tant que pays où l'économie
prend de l'ampleur et où l'utilisation de ressources secondaires bon marché est une
question très pertinente. Elle est suivie par les Etats Unis d’Amérique, le Brésil et la
Russie.

Il est à noter que les différents aspects du PG sont de plus en plus traités ces dernières
années par les structures de recherche en Tunisie. À titre d’indication, on dénombre,
selon la « Base de données Scopus », 40 articles publiés durant la période 2000-2023
[30].

4.2 Valorisation du PG dans le monde et en Tunisie


En 2013, l’AIEA a élaboré une approche réglementaire pour l’utilisation du PG dite
« Graded Approach », définie comme « une méthode structurée par laquelle la rigueur
du contrôle à appliquer à un produit ou à un processus est proportionnelle au risque
associé à une perte de contrôle » [1].

Cette approche fondée principalement sur la caractérisation du PG en radionucléides et


métaux lourds (bande marquée en jaune) permet de répertorier les domaines d’application
du PG (bande marquée en vert) et la réglementation afférente à ces applications (bande
marquée en rouge) comme le montre la figure 8.

Selon la caractérisation du PG (bande jaune de la figure 8), trois scenarios peuvent se


présenter :

- Scénario 1 (+++) : Radioactivité < 1 Bq/g et métaux lourds << limites.


- Scénario 2 (++) : Radioactivité ≈ 1 Bq/g et 1 métal critique ou plus > limite(s).
- Scénario 3 (+) : Radioactivité > 1 Bq/g et <2 Bq/g et 1 métal critique ou plus >
limite(s).

A titre d’exemple d’après le scénario 1 (+++), le PG peut être utilisé sans contraintes
sécuritaires et réglementaires dans plusieurs domaines d’application tels que l’agriculture,
la construction, les matériaux de construction, les routes, les décharges, etc.

Bien entendu, le PG doit être soigneusement caractérisé avant toute décision sur la
manière dont il sera utilisé en se référant à la fiche des données de sécurité (FDS). Un
exemple de FDS est donné à l’annexe 5.

53
Figure 8 : « Graded Approach » pour la catégorisation du type d’utilisation du PG.

Dans ce qui suit nous présentons des exemples de valorisation industrielle et pilote de PG
dans le monde et en Tunisie. Ces exemples concernent en particulier les domaines
suivants : ciment, matériaux de construction, routes, logement et agriculture.

54
4.2.1 Valorisation du PG dans l’industrie du ciment

Rappelons que dans l’industrie du ciment environ 5 % de gypse/anhydrite est ajouté au


clinker pour fabriquer du ciment Portland. Le gypse agit comme un retardateur de prise
du ciment lorsqu'il est mélangé à l'eau.

Pour l’utilisation du PG comme substitut au gypse naturel dans la fabrication du ciment et


du plâtre, les travaux de recherche recommandent en moyenne une teneur en P2O5
inférieure à 1% [31]. Certains cimentiers utilisent une teneur en P2O5 inférieure à 0,5% ce
qui contraint certains producteurs de PG à ajouter de la chaux avant son expédition vers
les cimenteries et autres pour le laver en vue de réduire la teneur en phosphore (P)
jusqu'au niveau souhaité [32].

Dans ce qui suit, nous présentons quelques exemples d’utilisation du PG dans l’industrie
du ciment dans le monde et en Tunisie.

4.2.1.1 Dans le monde

L'utilisation en grandes quantités du PG dans la fabrication du ciment est bien implantée


dans plusieurs pays tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie et les Philippines.

Pour l’utilisation du PG dans la fabrication du ciment, les pays concernés ont établi des
spécifications du PG à utiliser. A titre d’exemple nous présentons dans le tableau 15 les
spécifications requises par les autorités indiennes [4] :

Tableau 15 : Spécifications en Inde pour l’utilisation du PG


dans l’industrie du ciment.

Désignation Limite suggérée (%)

P2O5 insoluble 0.50 à 1.00

Fluorure insoluble 0.40 à 0.65

P2O5 soluble 0.02 à 0.10

Fluorure soluble Au maximum 0.02

Humidité Inférieure à 15

55
Le tableau 16, donne un aperçu sur les quantités annuelles de PG utilisées pour la
fabrication du ciment dans quelques pays [2, 4].

L’examen de ce tableau permet de Tableau 16 : Aperçu sur l’utilisation du PG


formuler les remarques suivantes : pour la fabrication du ciment dans quelques
pays.
- En Inde au cours de l’année
2020, la consommation annuelle
Quantité de
de PG est de 5,13 Mt, soit une Année
PG
augmentation d’environ 90% Pays de
consommée
par rapport à la période 2017- référence
(Mt)
2018.
- Au Brésil, durant la période 2017-2018 2.69
2017 - 2019, un taux Inde 2018-2019 3.96
d’accroissement de la 2020 5.13
consommation de PG de 8,6% 2017 0.884
est également observé. Brésil 2018 0.951
- En Belgique et aux Philippines 2019 0.960*
(pays importateurs de minerai de 0.708 (ciment
phosphate), la consommation de Belgique 2018
+ plâtre)
PG pour la fabrication du ciment
est assez conséquente et reste
Philippines 2020 0.500
moins importante qu’en Inde et
au Brésil.
* Valeur estimée à partir de la consommation
enregistrée à fin octobre 2019.

4.2.1.2 En Tunisie

Vu le cadre réglementaire actuel relatif à la classification du PG en Tunisie, son


utilisation à grande échelle dans différents domaines notamment, le ciment, les matériaux
de construction et les routes n’est pas développée.

Toutefois, les différents aspects de l’utilisation du PG dans ces domaines sont traités par
quelques structures de recherche [33, 34, 35]. Le tableau 17 présente un aperçu non
exhaustif des travaux de recherche menés ou en cours et ce à partir de 1995.

Tableau 17 : Aperçu non exhaustif des travaux de recherche sur l’utilisation du PG en


génie civil (1995-2023).

Année / Période Thème / Structure de Recherche (SR) / Organisme (O)

« Production de 1000 tonnes du ciment spécial avec le PG pour


l’exportation »
1995
- Société les « Ciments Artificiels Tunisiens (CAT) » (O) en
collaboration avec « Ultimax » / (O)

56
« Etude du phosphogypse de Sfax en vue d’une valorisation en
technique routière » / « Formulation d’un nouveau matériau routier à
base d’un déchet industriel : le phosphogypse » / « Caractérisation du
2004-2009 phosphogypse Tunisien et sa valorisation dans la fabrication des
briques en argile »
- Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis (ENIT) - Université de
Tunis El Manar (SR)
« Etude expérimentale relative à l’utilisation du PG pour la
fabrication des briques et leur utilisation dans la construction d’une
maisonnette pilote »
2013 - Centre National des Sciences et des Technologies Nucléaires
(CNSTN) (SR) en collaboration avec le « Groupe Chimique
Tunisien (GCT) » (O), Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis
(ENIT) - Université de Tunis El Manar (SR).

« Guide de bonnes pratiques pour la gestion et la valorisation durable


du phosphogypse : le phoshogypse du problème aux solutions »
2015 - Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement
(ANPE) - Ministère de l’Environnement (O) / Projet
« MedPartnership », financé par le « Programme des Nations
Unies pour l’Environnement (PNUE) » (O).
« Le Phosphogypse dans la matière crue du ciment » / « Etude de la
fabrication du ciment à partir du phosphogypse » / « Utilisation du
phosphogypse dans la fabrication des pavés en béton » /
« Valorisation du Phosphogypse de Tunisie en vue de son utilisation
comme substituant au gypse naturel dans la fabrication du ciment »
2016 - 2021 - Ecole Nationale d’Ingénieurs de Gabès (ENIG) - Université
de Gabès (SR) / Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax (ENIS)
- Université de Sfax (SR) / Faculté des Sciences de Tunis
(FST) -Université de Tunis El Manar (SR) en collaboration
avec la « Société des Ciments de Gabès (SCG)» (O) et le
« Groupe Chimique Tunisien (GCT) » (O)
« Effets des constituants inorganiques sur les propriétés thermiques et
mécaniques dans différents types de phosphogypse : étude du cas du
site de Gafsa » / « Développement d’un nouveau matériau de
construction à base de phosphogypse : Etude des caractéristiques
physicochimiques, mécaniques et thermiques »
2015 - 2023 - Faculté des Sciences de Gafsa (FSGa) - Université de Gafsa
(SR) / Faculté des Sciences de Gabès (FSG) - Université de
Gabès (SR) / Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax (ENIS) -
Université de Sfax (SR) en collaboration avec la « Compagnie
des Phosphates de Gafsa (CPG)» (O) et le « Groupe Chimique
Tunisien (GCT) » (O)

57
4.2.2 Valorisation du PG dans le domaine des matériaux de construction et des
routes

Pour des considérations économiques et environnementales, les « ressources


anthropogéniques » retiennent de plus en plus l’attention des industriels opérant dans les
secteurs des matériaux de construction, du bâtiment et des routes.

Le recours au PG en tant que ressource anthropogénique en substitution partielle du


gypse naturel, matière première indispensable pour la fabrication du ciment, est devenu
d’usage dans plusieurs pays tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, la Belgique et les
Philippines.

Rappelons le que dans ces applications de valorisation, le PG doit être soigneusement


caractérisé avant toute décision sur la manière dont il doit être utilisé conformément à la
réglementation nationale et aux recommandations des instances internationales
spécialisées.

Dans ce qui suit nous présentons quelques exemples d’utilisation du PG dans les secteurs
du bâtiment et des routes.

4.2.2.1 Dans le monde

L’évolution du cadre réglementaire sur la gestion du phosphogypse, enregistrée ces


dernières années, a largement boosté les travaux de recherche-développement-innovation
(RDI) dans certains pays notamment en matière d’utilisation du PG dans les domaines
des matériaux de construction et des routes.

Le tableau 18 présente un inventaire non exhaustif des pays qui utilisent le PG à grande
échelle dans les matériaux de construction et la construction des routes. [4].

Tableau 18 : Inventaire non exhaustif de l’utilisation du PG dans les matériaux


de construction et les routes.
Domaines d’utilisation
Pays
Matériaux de construction Construction des routes
Belgique  ---
Chine  ---
Russie --- 
Brésil  ---
Inde  

58
Les figures 9 rassemblent trois illustrations de l’utilisation du PG dans la fabrication du
plâtre/pavés/briques, la construction des bâtiments et des routes.

Fig. 9a : Gamme de produits céramiques,


revêtement de sol, carrelages et panneaux et
briques à base de PG / Chine [4].

Fig. 9c : Bâtiment résidentiel construit avec


des matériaux à base de PG / Groupe
Fig. 9b : Vue d’un tronçon de route « Wengfu – Chine » [2,10].
construit à base de PG / Russie [4].

Figures 9 : Quelques illustrations de l’utilisation du PG dans les matériaux de


construction, le logement et les routes.

Par ailleurs des expériences pilotes sont réalisées et suscitent encore l’intérêt de certains
pays tels que l’Afrique du sud, la Finlande et le Maroc pour la construction des routes et
au Brésil pour la construction de logements (Figures 10) [2, 4, 10].

59
Fig. 10a : Logement expéri- Fig. 10b : Tronçon expéri-
mental construit en 2009 au mental de route au Maroc
Brésil avec des panneaux à construit en 2019 (longueur
base de PG. 200 m avec 65% de PG).

Figures 10 : Quelques illustrations d’expériences pilotes


de construction de logement et de routes à base de PG.

Il est à signaler que selon leurs caractéristiques climatiques (températures, humidité) et


géotechniques des sols, certains pays ont fixé des spécifications pour le PG à utiliser dans
la construction des routes. A titre indicatif le tableau 19 donne les spécifications
indiennes du PG à utiliser dans les routes [4].

Tableau 19 : Spécifications indiennes du PG à utiliser dans les routes.


Limite recommandée
Désignation Méthode d’essai
(à ne pas dépasser)
Caractéristique de Toxicité
Fluorures (F-) 150 mg/L
Protocole de Lixiviation (CTPL)
Cadmium (Cd) (CTPL) 1 mg/L
Plomb (Pb) (CTPL) 5 mg/L
Arsenic (As) (CTPL) 5 mg/L
Mercure (Hg) (CTPL) 0.2 mg/L
Détermination de
Humidité 15 %
l’humidité libre

Ces spécifications sont intégrées dans un cahier des charges à respecter par les industriels
qui sont appelés à surveiller régulièrement l’utilisation du PG en effectuant des analyses
du sol pour contrôler en particulier les niveaux des métaux lourds et des radionucléides.

60
Il est à noter également que pour certains matériaux produits par des procédés de
compactage statique, l’utilisation du PG non purifié est possible dans la fabrication des
briques et des panneaux [2].

4.2.2.2 En Tunisie

Il est à rappeler que le cadre réglementaire actuel en Tunisie concernant la classification


du PG, ne permet pas son utilisation dans différents domaines notamment, les matériaux
de construction, le logement et les routes.

Cependant, depuis les années 90 les centres et les structures de recherche se sont
intéressés aux différents aspects de caractérisation et de valorisation du PG généré par les
activités de transformation du minerai de phosphate (voir tableau 17)

En effet, plusieurs travaux de recherche dédiés à l’utilisation du PG ont été réalisés dont
nous présentons ci-après quelques exemples (Figures 11 et 12):

Matériaux de construction

- Pavés de chaussées

Les pavés obtenus lors des essais industriels à base de phosphogypse avec un taux de
substitution de 25% possèdent des résistances mécaniques acceptables vis-à-vis la norme
européenne « EN1338 : Pavés en béton – Prescriptions et méthodes d’essai » (Figure
11a). [33]

- Briques non cuites

Les briques fabriquées à base de 100 % phosphogypse (Figure 11b) possèdent des
propriétés mécaniques permettant leur utilisation comme matériaux de construction pour
des structures non porteuses ou comme matériaux de décoration. Les propriétés
thermiques correspondantes montrent qu’elles pourraient être adaptées à l'isolation dans
la construction de bâtiments. [33]

Notons qu’il ressort d'autres études, comme celles menées en Chine et en Inde [2], que
des économies d'énergie significatives peuvent être réalisées en utilisant le PG dans
divers matériaux de construction, notamment les briques et les panneaux muraux.

61
Fig. 11a : Pavés avec 25% de PG
(essais industriels).

Fig. 11b : Briques non cuites avec 100 % de PG


(essais de laboratoire).

Figures 11 : Deux expériences en Tunisie d’utilisation du PG dans les matériaux de


construction.
Logement

En 2013, le Centre National des Sciences et des Technologies Nucléaires (CNSTN) en


collaboration avec le Groupe Chimique Tunisien a construit à Sidi Thabet deux
chambres : une chambre témoin avec des briques cuites conventionnelles (70% argile et
30% sable) et une chambre de démonstration avec des briques cuites à base de PG
(Figure 12a).

Pour la chambre de démonstration de dimensions 4 m x 4 m, les briques utilisées


contenaient 65% d’argile, 25% de PG et 10% de sable. Cette chambre a été équipée de
capteurs pour un suivi spatiotemporel des niveaux du radon pour une période de six mois
(Figure 12b).

Fig 12b : Capteurs installés pour


Fig. 12a : Chambres construites avec
le suivi des émissions du radon.
matériaux conventionnels (à droite) et avec des
briques contenant 25% de PG (à gauche).

Figures 12 : Une expérience en Tunisie d’utilisation du PG dans la construction de logement.

62
Cette étude a conclu que :

 Les concentrations du gaz radon dans la chambre de démonstration construite


avec des briques à base de PG et la chambre témoin construite avec des matériaux
conventionnels étaient comparables : entre 24 ± 8 et 48 ± 11 Bq/m3 pour la
chambre témoin et entre 21 ± 7 et 69 ± 12 Bq/m3 pour la chambre de
démonstration. Ces valeurs de concentration en radon enregistrées sont largement
inférieures aux valeurs limites standards de 200 Bq/m3 [2, 5, 36, 37].

 L’utilisation du PG comme matériau alternatif pour la fabrication de briques


présente des avantages tels que :
- la conservation des ressources primaires : l’utilisation du PG a permis
respectivement une réduction d’environ 66% pour le sable et 7% pour
l’argile par rapport aux quantités requises pour la fabrication des briques
conventionnelles ;
- une économie d'énergie et la réduction des coûts de fabrication : la
substitution du sable par le PG entraîne d'importantes économies d'énergie et
d'argent sans aucun risque pour la santé de l'utilisateur ;
- des gains environnementaux : l'utilisation accrue de PG dans la construction
entraînera une réduction conséquente des quantités de PG stockées en terrils
ou rejetées dans la mer avec un impact très appréciable sur la qualité de
l’environnement ;
- une durabilité et un bénéfice social : le recours à l’utilisation du PG comme
ressource anthropogénique permettra de bien gérer les ressources naturelles et
de réduire le coût leur utilisation notamment dans le logement ce qui offre des
avantages socio-économiques importants.

4.3 Valorisation du PG dans le secteur agricole

4.3.1 Valorisation dans le monde

Face à la demande sans cesse croissante en matières premières naturelles, le recours aux
ressources anthropogéniques (voir encadré 3 de la section 1) est devenu une solution
incontournable pour satisfaire les besoins des différentes activités économiques.

Le PG généré par la transformation du minerai de phosphate, considéré par les Nations


Unies et l’AIEA comme ressource anthropogénique, de par sa composition et compte
tenu des avancées technologiques, il est à utiliser dans plusieurs domaines d’activité.

Le PG était initialement considéré comme un composant pour les industries de la


construction, du ciment, des routes et de l'agriculture. Au cours des dernières années,
l’accent a changé et de nouvelles voies de valorisation ont émergé telles que l’extraction
des éléments de terre rares présents dans le minerai de phosphate et dans le phosphogypse
et de plus en plus convoités par les industriels de l’électronique, des énergies
renouvelables et des voitures électriques, etc.

63
Les figuures 13 et 14 [29] préésentent resppectivemen
nt les orienttations et lees domainess de
recherchhe ainsi quue les cham mps d’appllication pouur l’utilisattion directee du PG ett sa
transforrmation en d'autres
d produits.

Figure 13
1 : Publicattions sur le PG classéees par domaiine de recheerche
(Base de données
d Sco opus).

Selon lees propriétéés du PG, lees travaux de recherch


he s'orientennt actuellemment davanttage
vers less sciences de
d l'environnnement, maais en mêmee temps la recherche
r een ingénierie se
développpe activemment. La reccherche en science des matériauxx se dévelooppe égalem ment
(Figure 13).

La figuure 14 préssente les chhamps d’appplication du d PG tels que l’agricculture pou ur la


fertilisaation et la réégénération des sols, enn particulieer des sols salins,
s la biootechnologiie et
la protection de l'ennvironnemeent.

Dans les domaines de la biotecchnologie et e de la proteection de l'eenvironnemment, le PG n'est


n
pas seuulement apppliqué comm me substratt (support de
d bio-cultuure) mais iil est en même
temps utilisé
u comm me substrat ayant une valeur
v nutritive lorsqu'il s'agit de son applicaation
dans des technologgies basées sur s les micrro-organismmes (par exeemple : l'épuuration des gaz,
le traitement des eaaux usées, lal remise enn état des so
ols contaminnés par des produits à base
b
de pétrole / produuits pétroliiers et les déblais dee forage). Ces C domainnes devienn nent
pertinennts et de pluus en plus apppliqués.

64
Figure 14 : Les grandes orientations pour la valorisation du PG.

Exemples de valorisation du PG dans le monde

Nous présentons dans ce paragraphe une série non exhaustive d’expériences de


valorisation du PG en particulier dans le domaine de l’agriculture. Dans ce domaine, le
PG est utilisé comme amendement minéral pour les sols dégradés (sols salins, sodiques,
magnésiques et acides), et aussi comme engrais car il contient de nombreux nutriments
(le calcium, le soufre, et le phosphore) essentiels à la croissance et au développement des
plantes.

Dans ce qui suit nous donnons quelques exemples d’utilisation du PG dans le monde.

 En Espagne

Dans l’objectif de réhabiliter les sols à forte salinité la législation espagnole autorise,
depuis les années 70, les agriculteurs à utiliser le phosphogypse, provenant de l’industrie
d’engrais chimiques générant environ 3 Mt/an de PG, comme source d’amendement
minéral [38] (Figures 15).

Le PG, affichant une teneur typique de 710±40 Bq/kg de 226Ra, 165±15 Bq/kg de 238U et
2.8±0.4 mg/kg en Cd, a été appliqué de façon directe, avec des doses de 20 à 25 t/ha
chaque 2 à 3 ans, dans la région de Lebrija couvrant environ 140 km2 (Figures 15a et
15b). Des études sur l’effet cumulatif de l’application du PG sur la qualité des sols et des
plantes (tomates) ont été menées durant une période de 30 ans (Figure 15c) [38]. Les
résultats obtenus montrent que sur le plan environnemental, la surveillance des teneurs de

65
226
Ra, (214Pb) et de 238U (234Th) dans les sols traités par le PG et les sols sans traitement
de PG, qu’il n’y a pas de différences significatives entre les concentrations mesurées des
radionucléides. Toutefois, les études indiquent qu’il y a eu un enrichissement relatif en
226
Ra de l’horizon superficiel (0-30 cm) des sols traités par apport aux horizons profonds
(30-60 cm) des sols traités et aux sols non traités.

Par ailleurs, les concentrations en cadmium (Cd) dans les tomates étaient plus élevées
(0.035±0.005 mg/kg) que celles trouvées dans les tomates provenant d'autres régions du
pays, ce qui peut être considéré comme un indice précis du taux cumulé de PG dans les
sols. Toutefois, les concentrations en Cd dans les tomates restent inférieures à la norme
européenne EC 1881/2006 fixée à 0.050 mg/kg. Ces études soulignent également que
l’ajout du PG a permis d’améliorer le rendement des cultures et de récupérer des sols
marginaux.

Fig. 15b : Mode d’application


directe du PG.

Fig. 15c : Etudes en serre


Fig. 15a : Champs agricoles pour le contrôle des cultures.
réhabilités par l’utilisation du PG.

Figures 15 : Application en Espagne du PG dans le secteur agricole.

Il est à préciser que la valorisation agricole du PG en Espagne a été interrompue en 2001


en raison de l'inquiétude du public sur la sécurité alimentaire. Toutefois, la
réglementation espagnole récente (R.D. 824/2005) autorise explicitement l’utilisation du
PG comme amendement du sol (sans mention de son contenu radioactif). Par ailleurs, la
réglementation européenne (CE1881/2006) fixe des limites supérieures pour les
concentrations de certains métaux lourds (Hg, Cd et Pb) dans les aliments
indépendamment de la source. L'USEPA adopte des recommandations spécifiques à

66
l'usage agricole du PG (64 Federal Register 5574), et autorise son utilisation à condition
que la concentration de 226Ra soit inférieure à 370 Bq/kg.

 Au Maroc

L’industrie de l’acide et des engrais phosphatés génère environ 20 Mt/an de PG dont la


totalité est rejetée dans l’océan. Face à l’ampleur de la salinisation des terres irriguées au
Maroc, des études ont été dédiées à l'effet de l’utilisation du PG pour l’amendement des
sols salins dans quatre régions du pays [4, 39].

Dans ce cadre, des essais d’amendement ont été menés conformément à un protocole qui
repose sur l’amendement du sol par le PG à des doses variant 15 à 45 t/ha et sur
l’amendement d’un sol par le gypse naturel à une dose de 15 t/ha, en se référant à un sol
témoin sans amendement (PG, gypse : 0 t/ha) (Figures 16). Les résultats enregistrés ont
révélé que l’application du PG améliorait la structure du sol en favorisant l’action
floculante (stabilité des agrégats d'eau (WAS)) apportée par le calcium.

Figures 16 : Culture du maïs fourrage au Maroc avec différentes doses de PG


(0 : 0 t/ha, 1 : 20 t/ha et 2 : 40 t/ha).

L'application du PG a présenté un effet positif sur les propriétés hydrauliques du sol,


porosité totale et densité apparente. Les résultats obtenus soutiennent l'utilisation du PG
comme amendement pour la récupération des sols affectés par le sel en s’appuyant sur la
surveillance des impacts agronomiques et environnementaux.

67
 Au Brésil

Au Brésil, l’industrie de transformation du minerai de phosphate génère environ 5 Mt/an


de PG. En 2016, environ 40% est utilisé en agriculture pour l’amendement des sols.
En 2007, le Ministère Brésilien de l'Agriculture a statué que le PG destiné à être utilisé en
agriculture doit contenir au moins 16 % de calcium (Ca) et 13% de soufre (S), selon
l’Instruction Normative (IN 5). Les concentrations en métaux lourds sont déterminées
selon les Instructions Normatives (IN 27 & IN 28) et ne doivent pas dépasser les valeurs
limites suivantes exprimées en mg/kg en l’occurrence : arsenic, 10 ; cadmium, 20 ;
plomb, 100 ; chrome, 200 ; mercure, 0.2.
Dans des travaux de recherche publiés en 2013[40, 41] et repris par l’IFA dans son
rapport de 2016 [2], ont montré que l'application du PG en agriculture ne présente pas de
risques en ce qui concerne la contamination par les métaux et les radionucléides.
Par ailleurs, les travaux de recherche menés au Brésil sur la valorisation du PG dans le
domaine agricole sont abondantes [42] et ont permis d'établir en 2022 les règles
de bonnes pratiques de gestion (4B) décrites dans l’encadré 13 :

Encadré 13 : Les bonnes pratiques Brésiliennes « 4B » pour la gestion du PG


dans le domaine agricole.
 Bonne source
Le PG doit être utilisé conformément aux réglementations du pays, notamment liée aux
concentrations des radioéléments qui doivent être faibles sachant que la radioactivité moyenne
du PG Brésilien est de 252 Bq/kg PG.
En moyenne, le PG devrait contenir 20 % de Ca2+ et 15 % de SO42-.
Le coût du transport constitue le principal facteur qui peut restreindre l’utilisation du PG. Au
Brésil, l’utilisation des PG est considérée comme rentable dans un rayon de 800 km de son
origine.
 Bon dosage
Un bon dosage de PG est fondamental pour améliorer l’acidité du sous-sol. Des taux inférieurs
à ceux nécessaires aux cultures risquent de ne pas produire l’effet souhaité.
Appliquer trop de PG peut transporter du Mg2+ et parfois du K2+ vers les couches profondes du
sol que les racines des plantes ne peuvent pas atteindre.
 Bon moment
Le PG doit être appliqué avant le semis des cultures céréalières. Pour les cultures vivaces, le PG
peut être appliqué avant l’établissement de la culture ou à tout moment pendant la durée de vie
de la culture, si nécessaire.
 Bon endroit
L'application de PG n'est recommandée que lorsque l'analyse du sol (20 à 40 ou 40 à 60 cm)
présente une teneur en Ca2+ échangeable < 5 mmol/dm3, une teneur en Al3+ échangeable > 5
mmol/dm3, et/ou la saturation en Al3+ > 20 %.
Le PG doit être appliqué sur la surface du sol.

68
 En Inde

En Inde, les 11 sociétés de production d’engrais phosphatés génèrent plus de 5,5 MT/an
de PG. L’utilisation du PG comme engrais est une pratique courante et en particulier dans
plus de 200 districts du pays où les sols présentent une carence en soufre (Indian Council
of Agricultural Research, 2012). Legality Simplified (2023) a indiqué que le Ministère de
l’Agriculture et du Bien être des Agriculteurs (2023) a amendé l’article 20 A portant sur
le contrôle des engrais (inorganiques, organiques ou mélangés) et a fixé les
caractéristiques du PG (granulé) fabriqué en Inde et destiné à l’usage agricole pour une
période de trois ans à compter de la date de publication au Journal officiel soit jusqu’ à
2026 (Figure 17).
A titre indicatif les caractéristiques du PG granulé commercial sont [43]:

(i) Teneur en eau : Maximum 15.0 % en poids.


(ii) Teneur en sodium (sous forme de Na+) : Maximum 0,75 % en poids
(iii) Couleur : Vert clair.
(iv) Granulométrie : Au moins 90 % du matériau doit passer à travers un tamis de
4 mm et être retenu sur un tamis de 1 mm. Pas plus de 5 % ne doivent passer à
travers un tamis de 1 mm.
(v) Soufre: Minimum 13.0 % en poids.
(vi) Teneur en sulfate de calcium déshydraté : Minimum 70,0 % en poids.
(vii) Fluorure (en F) : Maximum 1,0 % en poids (sur une base sèche).
(viii) Teneur maximale en métaux lourds (mg/kg) :
plomb (Pb) : 100,0 ; cadmium (Cd) : 5.0 ; chrome total (Cr) : 50.0 ; nickel
(Ni) : 50.0 ; arsenic (As) : 10.0 et mercure (Hg) : 0.15.

Figure 17 : PG granulé à usage agricole commercialisé par la société Indienne


« Paradeep ».

69
Il est à noter également qu’en Inde, deux agences étatiques sont en charge, entre autres,
de l’industrie de transformation du minerai de phosphate et de ses différentes
applications, en l’occurrence :

- Le « Central Pollution Control Board (CPCB)», créé en 1974, ayant pour mission
la réglementation et la surveillance des risques liés aux contaminations et
émissions physiques et chimiques conventionnelles.
- L’« Atomic Energy Regulatory Board (AERB)», créé en 1983, ayant pour mission
la réglementation et la surveillance des risques liés à la contamination radioactive
et à la radioprotection.

Pour l’utilisation du PG dans le domaine agricole :

- L’AERB déclare qu’il n’y a aucune restriction pour l’utilisation du phosphogypse


en agriculture en ce qui concerne des considérations de sécurité radiologique (voir
encadré 10 au paragraphe 3.1.6).
- Pour la CPCB, le PG peut être utilisé pour réhabiliter les sols alcalins et les sols
salins-alcalins à haute concentration en ions sodium. La « Fertilizer Control
Ordrer » (FCO), un comité de la CPCB, a également approuvé l'utilisation du PG
comme engrais en raison de ses valeurs nutritionnelles tout en respectant les
spécifications des normes indiennes IS 10170-1982 & IS 6046-1982 qui ont été
révisées et réaffirmées respectivement en 1999 et en 2008.

4.3.2 Valorisation du PG en Tunisie

La recherche sur la valorisation du PG en agriculture se limite à des essais de laboratoire.


En 2019, l’Institut des Régions Arides (IRA) a présenté les résultats d’une étude
expérimentale sur l’utilisation du PG pour la restauration d’un sol oasien dégradé [44].
Ces travaux avaient pour principaux objectifs :

1. déterminer le taux d’amendement des sols par le PG (t/ha/an) ;


2. évaluer l’impact de l’amendement des sols par le PG sur les propriétés
physico-chimiques et radioactives des sols et la qualité des cultures.

A cette fin, une parcelle expérimentale, répartie en 24 unités, de dimension 2m x 12m


chacune, a été aménagée dans la station de l’IRA à Chott El Ferik-Gabès selon un bloc
aléatoire complet incluant 4 traitements : PG, sable de carrière, fumier et un témoin. Les
doses de PG appliquées pour l’amendement du sol ont été de 12.5, 25 et 50 t/ha.

Ces unités expérimentales ont été exploitées durant deux saisons agricoles pour produire
du navet, de l’avoine et de la corète potagère (Figures 18 & 19).

70
Fig. 18a : Sol témoin (T) Fig. 18b : Sol amendé avec du
(sans amendement). fumier (F).

Fig. 18c : Sol amendé avec du PG


(PG3).

Figures 18 : Culture de la corète avec amendement par le fumier et le PG.

Fig. 19a : Sol amendé avec du PG (PG3).

Fig. 19b : Sol témoin (T) Fig. 19c : Sol amendé avec du
(sans amendement). fumier (F).

Figures 19 : Culture du navet avec amendement par le PG et le fumier.

71
Les résultats enregistrés révèlent que l’amendement par le PG améliore d’une façon
significative l’aération et la conductivité hydraulique du sol étudié. Sur le plan
agronomique, les meilleurs rendements des cultures testées ont été enregistrés pour les
unités traitées par le PG. La corète recevant 50 t/ha du PG a donné un rendement
supplémentaire respectivement de 40 % et 62 % par rapport aux traitements par le sable
de carrière et le témoin.

En ce qui concerne les caractéristiques chimiques du sol, le traitement par le PG a révélé


une augmentation relative de la concentration des métaux lourds, en particulier le
cadmium (Cd2+). Toutefois, les concentrations observées restent inférieures aux seuils de
toxicité pour de la plupart des cultures (7 ppm) [38]. La radioactivité au niveau des
parcelles recevant du PG exprimée en concentration de 226Ra montre un maximum de
13.4 ± 1.5 Bq/kg dans les premiers 20 cm du sol contre 10,5 ± 1.4 Bq/kg au niveau du
témoin (valeur naturelle). Ces valeurs restent largement plus faibles que celle du PG.

En récapitulation des expériences précitées en matière d’utilisation du PG dans le secteur


agricole dans certains pays, les remarques suivantes peuvent être formulées :

- La règlementation espagnole autorise depuis les années 70, les agriculteurs à


utiliser le phosphogypse comme source d’amendement minéral pour réhabiliter
les sols à forte salinité. Cette pratique s‘est fortement développée ces dernières
années.

- Au Brésil, outre sa réglementation favorable depuis 2007 à l’application du PG


dans le secteur agricole, des « Règles de bonnes pratiques de gestion du PG dans
l’agriculture 4B » (Bonne source, Bon dosage, Bon moment et Bon endroit), ont
été instaurées en 2022.
A titre d’indication, en 2016, environ 40% est du PG généré est utilisé en
agriculture pour l’amendement des sols.

- En Inde, le « Central Pollution Control Board (CPCB) » et l’« Atomic Energy


Regulatory Board (AERB) », deux agences étatiques sont en charge, entre autres,
de l’industrie de transformation du minerai de phosphate et de ses différentes
applications, ont autorisé depuis 2008 l’utilisation du PG dans le domaine agricole
et veillent sur le respect des normes d’usage.
Actuellement des industriels commercialisent le PG sous forme de granulés aussi
bien pour le marché local que pour l’export (Bengladesh & Népal).

- Bien qu’en Tunisie près de 71% des sols sont classés fortement sensibles à la
salinité, l’utilisation du PG en agriculture est encore au stade expérimental.
C’est également le cas du Maroc, considéré comme l’un des grands producteurs
d’acide phosphorique et d’engrais.

72
4.4 Impact économique de la valorisation du PG

La valorisation du phosphogypse présente un potentiel pour diverses applications,


notamment dans les matériaux de construction, les routes, le logement, l'agriculture, et
même dans l'industrie chimique (engrais et sels, production d’acide sulfurique, peinture et
enduit, plastique et verre, etc.).

D’après une étude réalisée en 2019 par l'Organisation de Coopération et de


Développement Economique (OCDE) [45], la valorisation du phosphogypse offre des
perspectives d'emplois directs et indirects à l'échelle mondiale dans les secteurs suivants :

 Ingénierie et techniciens.
 Construction et exploitation.
 Recherche et développement.
 Sensibilisation et communication.

La figure 20 donne un aperçu sur la répartition de création d’emplois selon les secteurs
d’activité précités.

Figure 20 : Perspectives de nouveaux emplois avec la filière PG [45].

Notons qu’à l’échelle mondiale, les activités de valorisation du PG pourraient créer jusqu'à 400
000 emplois d'ici 2030 [45].

73
Section 5 :

Conclusions & Recommandations

74
5.1 Conclusions
Toutes les activités industrielles utilisant le plus souvent des ressources naturelles
dont les réserves sont de plus en plus affaiblies, génèrent des produits utiles et des sous-
produits. Une partie des sous-produits est recyclée dans les chaines de production et
l’autre partie souvent non négligeable couramment appelée « déchets » est stockée et/ou
rejetée dans l’environnement.
Classés par les instances internationales spécialisées en « déchets non
dangereux » et « déchets dangereux », la valorisation des « déchets non dangereux »
retient de plus en plus l’intérêt des structures de recherche-développement, des autorités
et des acteurs socio-économiques à travers le monde pour des raisons économiques et
environnementales et pour contribuer :
- d’une part à la concrétisation des mesures définies dans la stratégie nationale de la
transition écologique 2023/35-2050 visant en particulier le développement de
l’économie circulaire verte, la préservation du capital naturel du pays et ses
écosystèmes et la réduction des inégalités sociales et la disparité des activités
économiques territoriales notamment la mesure n°42 de l’axe 4 « Production et
consommation durables et lutte contre la pollution »,
- et d’autre part à la concrétisation d’ici 2030 des Objectifs de Développement
Durable (ODD) fixés par l’Organisation des Nations Unies (ONU), visant
notamment à assurer l’alimentation pour tous, à soutenir la prospérité
économique, à lutter contre les changements climatiques et à protéger
l’environnement. Ces objectifs sont en particulier l’ODD N° 9 et l’ODD N° 12
consacrés respectivement à « Industrie, Innovation & Infrastructure » et à
« Consommation & Production durables ».
Dans ce contexte, le recours à la valorisation des « déchets non dangereux » considérés
comme des « ressources anthropogéniques » est d’actualité à travers le monde et d’usage
dans plusieurs pays industriels.
En Tunisie, depuis son démarrage en 1952, l’industrie de transformation du
minerai du phosphate, a généré d’énormes quantités de phosphogypse (PG) évaluée en
2023 à environ 300 Mt, dont la majorité, soit environ 170 Mt est rejetée dans le golfe de
Gabès. Malheureusement à ce jour, la valorisation de ce gisement est entravée par la
contrainte réglementaire nationale qui classe cette substance comme « déchet
dangereux ».
Soucieux de suivre les évolutions réglementaires dans le monde et de pouvoir
valoriser, à grande échelle, le gisement de PG, le Ministère de l’Environnement et le
Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie ont créé en avril 2023 une
Commission mixte chargée de réviser le décret n° : 2000-2339 du 10 octobre 2000 fixant
la liste des déchets dangereux et de fixer un plan pour la gestion du PG et sa valorisation.
Cette Commission a fait appel à un Comité Scientifique indépendant, composé d’experts
universitaires et professionnels pour effectuer une synthèse bibliographique actualisée sur
les travaux de recherche relatifs aux caractérisations physico-chimiques et radiologiques

75
du PG et sur les dernières avancées scientifiques, techniques et réglementaires concernant
la gestion et la valorisation du PG.
Le Comité Scientifique est appelé également à éclairer la Commission mixte sur
la révision du classement du PG tunisien parmi la liste des « déchets dangereux ».
Pour atteindre les objectifs escomptés, le Comité Scientifique a procédé à la
collecte des études, des articles, des thèses de doctorat, des rapports techniques et des
actes des rencontres scientifiques en relation avec la caractérisation, la gestion et la
valorisation et la classification réglementaire dans le monde et en Tunisie du PG.
Notons également que le Comité Scientifique a conçu et a réalisé le programme de
la Rencontre scientifique portant sur « La valorisation du phosphogypse : Opportunités
pour le développement économique régional », tenue à Gafsa, les 13 et 14 décembre
2023.

Cette Rencontre a réuni les principaux acteurs concernés par la gestion et la


valorisation du PG : chercheurs, industriels et institutionnels. Les communications
présentées ainsi que l’ensemble des recommandations adoptées ont été rassemblées dans
un Recueil portant la référence ISBN : 487-01-20-12-2023, publié en janvier 2024.

L’analyse attentive de la dense bibliographie rassemblée, environ 170 documents


(articles, brevets, études et rapports, etc.), publiés durant la période 1995 - 2023, le
Comité Scientifique a pu faire les remarques regroupées ci-après selon le thème de cette
étude.

 Caractérisation du PG tunisien

- Le PG se compose en général de sulfate de calcium dihydrate (gypse) avec présence


d’impuretés solubles (fluorures et P2O5), d’impuretés insolubles (minéraux et
composés non transformés pendant la réaction entre le minerai phosphate et l’acide
sulfurique) en l’occurrence silice, phosphate non attaqué et carbone organique et
P2O5 syncristallisé et des éléments métalliques en faibles teneur.

- En général, la concentration en éléments traces métalliques la plus importante est


celle du strontium (Sr) suivie de celle du baryum (Ba), du chrome total (Cr), du
cadmium (Cd), du cuivre (Cu) et du manganèse (Mn). Les concentrations des autres
éléments métalliques tels que le sélénium, l’arsenic, le plomb, etc. sont trop faibles.
Les concentrations en éléments de terres rares (ETR) les plus importantes sont celles
des ETR légers en l’occurrence l’yttrium (Y), le lanthane (La), le cérium (Ce) et le
néodyme (Nd). Tandis que les concentrations en ETR samarium (Sm), europium
(Eu), ytterbium (Yb) et lutécium (Lu) sont à l’état de traces.

76
Comparaison du PG tunisien avec le minerai de phosphate et quelques dérivés

- Le PG tunisien contient des concentrations en éléments majeurs nettement plus


faibles que celles du minerai de phosphate à l’exception du calcium (Ca) et du
sulfate (SO4). Ceci s’explique par le fait que ces éléments se sont répartis en majorité
dans l’acide phosphorique et le reste dans le PG.

Par rapport aux engrais TSP, SSP et DAP, le PG contient des concentrations en
éléments majeurs, de même ordre de grandeur tels que la silice (SiO2) et le fluor (F)
ou encore plus faibles tels que les oxydes de fer, d’aluminium, de magnésium et de
potassium.

- En comparaison avec le phosphate naturel et les engrais TSP, SSP, DAP, la


concentration du PG en éléments traces métalliques, dont des métaux lourds, est
largement inférieure à ce qui se trouve dans le minerai de phosphate et les engrais
dérivés.

Comparaison du PG tunisien avec des PG étrangers

‐ Les concentrations en éléments majeurs dans le PG tunisien sont du même ordre de


grandeur que celles des PG étrangers.
‐ Les concentrations en éléments traces métalliques en particulier les métaux lourds
(cadmium (Cd), plomb (Pb) arsenic (As) et mercure (Hg), nickel (Ni), chrome (Cr) et
zinc (Zn)) dans le PG tunisien sont plus faibles que celles des PG étrangers.
- Les concentrations en éléments de terres rares (ETR) dans le PG tunisien sont du
même ordre de grandeur que celles des PG étrangers précités.
- La radioactivité du PG tunisien est principalement due à la radioactivité du radium
226
Ra qui représente environ 80% de l’activité totale présente. En effet, les
radioactivités des éléments 226Ra et 238U sont largement inférieures aux valeurs des
PG étrangers. En outre, la radioactivité du 40K dans le PG tunisien est de l’ordre de
10 Bq/kg, elle est également largement inférieure aux valeurs de radioactivité 40K des
PG étrangers.

Il est à signaler que l’United States Environmental Protection Agency (USEPA),


a fixé en 1992, un seuil maximal pour le niveau d’exposition au 226Ra de 370
Bq/kg. En 2013 l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a fixé ce
seuil à 1000 Bq/kg.

L’encadré suivant permet aussi de situer la radioactivité du PG tunisien (exprimée en


Bq/g de 226Ra) par rapport à des PG étrangers et à des valeurs standards (AIEA,
US/EPA). Il est à noter que les PG ayant une radioactivité naturelle inférieure à 0.2 Bq/g
(soit 200Bq/kg) sont issus de phosphate volcanique.

77
Ainsi en se référant aux standards de l’USEPA et de l’AIEA et aux études menées en
Tunisie et à l’étranger, il est constaté que le PG tunisien présente une activité
radioactive exprimée en 226Ra de 275 Bq/kg, qui est conforme au seuil standard
international de 1000 Bq/kg et qui est également inférieure à l’ensemble des valeurs
de radioactivités des PG étrangers issus de la transformation des phosphates
sédimentaires.

 Evaluation de l’écotoxicité et de la toxicité aiguë du PG tunisien

L’évaluation de l’écotoxicité « HP 14 » et de la toxicité aiguë « HP 6 » du PG tunisien


ont été menées en se basant sur l’application de la directive européenne 2008/98/CE, telle
que révisée de 2014 à 2018, et en particulier du règlement (UE) 2017/997 modifiant
l’annexe III de cette directive, et des « Recommandations techniques concernant la
classification des déchets » objets du document 2018/C 124/01 et tenant compte de la
caractérisation du PG tunisien.

À la lumière des résultats de l’évaluation de ces deux propriétés de danger, le PG


tunisien tel qu’il se présente ne possède pas des propriétés de danger d’écotoxicité
(non dangereux de type « HP 14 ») et de toxicité aiguë (non dangereux de type « HP
6 »).

Ces résultats sont en accord avec les niveaux de concentrations des éléments traces
métalliques présents dans le PG. Toutefois le déversement du PG dans la mer entraîne des
effets négatifs sur l’écosystème marin, liés en particulier à l’accumulation des impuretés
insolubles suite à la dissolution totale de sa composante principale le sulfate de calcium
dihydrate « CaSO4.2H2O » (qui présente au moins 96% de la composition du PG). Il en est
de même que le stockage du PG en terrils sans respecter les normes d’usage les plus
avancées engendre des effets négatifs sur l’environnement.

78
 Réglementation relative au PG dans le monde et en Tunisie

Cadre réglementaire international

 Le phosphogypse ne figure pas dans la liste de l’annexe I de la Convention de Bâle


(Convention de l’Organisation des Nations Unies sur le contrôle des mouvements
transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination / 1989). Il est à noter que
par la loi 95-63, la Tunisie a adhéré à cette convention.

 En 1991, en réponse à la convention de Bâle, l’Organisation de l’Unité Africaine


(OUA) a élaboré une convention dite la « Convention de Bamako » relative à
« l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des
mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en
Afrique » sachant que le phosphogypse ne figure parmi la liste des catégories de
déchets dangereux. Notons que la Tunisie a ratifié cette convention dont l’entrée
en vigueur par les pays signataires date depuis 1998.

 Le phosphogypse n’est pas inscrit sur la liste de l’annexe I du Protocole de la


Convention de Barcelone (Convention de Barcelone pour la Protection de la
Méditerranée contre la pollution / 1976). La Tunisie est également signataire de la
Convention de Barcelone et ses protocoles en particulier le Protocole relatif à la
prévention de la pollution de la mer Méditerranée par les mouvements transfrontières
de déchets dangereux et leur élimination qui est ratifié par la Tunisie le 01/06/1998.
Sa mise en vigueur date du 19/12/2007.

 En 2013, l’Agence Internationale d’Energie Atomique (AIEA) a fixé un seuil


maximum de radioactivité de 1Bq/g dans le PG pour des utilisations sécurisées dans
divers domaines tels que : matériaux de construction, agriculture, construction des
routes, production d’engrais, etc.

L’AIEA note l’absence de motif radiologique qui interdit son utilisation, suggère de le
considérer comme co-produit et non un déchet, recommande sa valorisation au lieu de
son stockage permanent et invite les décideurs à prendre en considération sa valorisation
dans leurs politiques.

 Depuis 1989, aux Etats Unis d’Amérique, l'USEPA autorise des utilisations du
phosphogypse dans le domaine agricole en plein air sous condition que l’activité
radiologique (exprimée en 226Ra) ne dépasse pas le seuil de 370 Bq/kg.

 En l’an 2000, la Commission Européenne a classé le PG comme déchet non


dangereux. Depuis 2001, la liste des déchets a été révisée. La rubrique [06 09 01]
attribuée au phosphogypse a été supprimée et deux nouvelles rubriques de déchets
pour « les déchets provenant de FFDU des produits chimiques contenant du
phosphore et de la chimie du phosphore » ont été introduites.

 En Inde, le phosphogypse a été exclu en 2008 de la catégorie des déchets


dangereux. La gestion du phosphogypse provenant des usines d'engrais à base

79
d'acide phosphorique est effectuée conformément aux directives du Conseil Central
de Contrôle de la Pollution (CPCB).

De même, l’Atomic Energy Regulatory Board (AERB) de l’Inde, fixe un seuil


d’activité radiologique (exprimée en 226Ra) 1 Bq/g pour la commercialisation du PG
par les usines d’engrais.

Cadre réglementaire tunisien

En Tunisie, depuis l’année 2000, le phosphogypse est classé nominativement en tant


que déchet dangereux par le décret n° 2000-2339 du 10/10/2000 sachant que
l’exposé des motifs de ce décret a fait référence aux conventions de Bâle (1989) et de
Bamako (1991) et aux modifications apportées dans la liste européenne des déchets
(2000).

Le Comité Scientifique tient à préciser que la décision de classer le PG en tant que


déchet dangereux n’est pas basée sur des arguments solides. En effet, les listes des
déchets dangereux dans les conventions de Bâle et de Bamako ne citent pas
explicitement le phosphogypse en tant que déchet dangereux. Il est à signaler que le
PG tunisien ne contient pas des constituants dont les concentrations sont soit trop
faibles, inférieures ou comparables à celles enregistrées dans le phosphate naturel et
les engrais actuellement commercialisés (TSP, SSP et DAP), qui peuvent présenter
les caractéristiques de danger mentionnées respectivement dans les annexes II et III
des conventions de Bâle et de Bamako.

Il est à préciser également que les constituants pouvant présenter une ou plusieurs
caractéristiques de danger dans le PG tunisien sont soient absents ou présents à des
concentrations trop faibles, inférieures ou comparables à celles dans le phosphate
naturel et dans les engrais actuellement commercialisés par le GCT (TSP, SSP et
DAP) et qui sont conformes au règlement européen « Registration, Evaluation,
Autorisation and restriction of CHemicals (REACH) » (Règlement (CE) n°
1907/2006 du 18 décembre 2006).

Le Comité Scientifique retient que l’Union Européenne dans sa décision


n°2000/532/CE du 30/05/2000, établissant une liste des déchets, a classé le
phosphogypse dans la rubrique [06 09 01] sans astérisque (*). Ainsi le PG est
considéré comme déchet non dangereux ne présentant aucune des
caractéristiques de danger énumérées à l’article 2 de la décision et reprises de
l’annexe II de la « Directive 91/689/CEE ». Cette classification européenne n’a
pas été prise en compte par le décret tunisien n° 2000-2339 du 10 octobre 2000.

80
 Gestion et valorisation du PG dans le monde et en Tunisie

 Recherche

- Le développement des travaux de recherche sur le PG dans de nombreux pays a


connu une importante évolution ces dernières années marquées par les résultats de
par l’impact de l’étude menée par l’AIEA publiés en 2013.

AIEA Safety Report

Année

- Pour la Tunisie, les différents aspects du PG sont de plus en plus traités ces dernières
années par les structures de recherche À titre d’indication, on dénombre, selon la
« Base de données Scopus », 40 articles publiés durant la période 2020-2023.

Utilisation du PG dans le ciment, les matériaux de construction et les routes

- En 2013, l’AIEA a élaboré une approche réglementaire pour l’utilisation du PG dite


« Graded Approach », définie comme « une méthode structurée par laquelle la
rigueur du contrôle à appliquer à un produit ou à un processus est proportionnelle au
risque associé à une perte de contrôle ». Cette approche fondée principalement sur la
caractérisation du PG en radionucléides et métaux lourds permet de répertorier les
domaines d’application du PG et la réglementation afférente à ces applications
comme le montre l’encadré qui suit :

81
82
- En 2015, l’IFA a recensé auprès de 21 pays producteurs d’acide phosphorique, une
quantité de 29 Mt de PG exploitées dans différents domaines dont 11 Mt dans
l’industrie des matériaux de construction. L'utilisation en grandes quantités du PG
dans la fabrication du ciment est bien implantée dans plusieurs pays tels que la
Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie et les Philippines en respectant des
spécifications établies à cet effet.

- En Inde au cours de l’année 2020, la consommation annuelle de PG est de 5.13 Mt,


soit une augmentation d’environ 90% par rapport à la période 2017-2018. Au Brésil,
durant la période 2017 - 2019, un taux d’accroissement de la consommation de PG
de 8.6% est également observé. En Belgique et aux Philippines (pays importateurs de
minerai de phosphate), la consommation de PG pour la fabrication du ciment est
assez conséquente et reste moins importante qu’en Inde et au Brésil

- En Tunisie, vu le cadre réglementaire actuel relatif à la classification du PG, son


utilisation à grande échelle dans différents domaines notamment, le ciment, les
matériaux de construction et les routes n’est pas développée. Toutefois, les différents
aspects de l’utilisation du PG dans ces domaines sont traités par quelques structures
de recherche.

- L’utilisation du PG dans les domaines des matériaux de construction et des routes a


été fortement boostée par l’évolution du cadre réglementaire international sur la
gestion du phosphogypse notamment en Belgique, en Chine, en Russie, au Brésil et
en Inde. Par ailleurs des expériences pilotes sont réalisées et suscitent encore l’intérêt
de certains pays tels que l’Afrique du sud, la Finlande et le Maroc pour la
construction des routes.

- En Chine le « Groupe Wengfu » construit des bâtiments résidentiels à base de PG. Le


Brésil a réalisé des expériences pilotes pour la construction de logements.

- Pour certains matériaux produits par des procédés de compactage statique,


l’utilisation du PG non purifié est possible dans la fabrication des briques et des
panneaux.

- En Tunisie les expériences réalisées et en cours sont au stade pilote. Elles sont
présentées ci-après par domaine d’application : ciment, matériaux de construction et
logement.

Ciment

- En 1995, la Société les « Ciments Artificiels Tunisiens (CAT) » en collaboration


avec la société « Ultimax » a produit 1000 tonnes du ciment spécial avec le PG pour
l’exportation. Cette expérience ne s’est pas poursuivie essentiellement pour des
raisons de compétitivité économique.
Par ailleurs des travaux de recherche ont été menés par des structures de recherche en
collaboration avec la Société des Ciments de Gabès et le Groupe Chimique Tunisien
sur des sujets tels que : utilisations du PG dans la matière crue du ciment, comme

83
substituant au gypse naturel dans la fabrication du ciment et dans la fabrication des
pavés en béton.

Matériaux de construction

- Pavés de chaussées : les pavés obtenus lors des essais industriels à base de
phosphogypse avec un taux de substitution de 20% possèdent des résistances
mécaniques acceptables vis-à-vis de la norme européenne « EN1338 (Pavés en
béton – Prescriptions et méthodes d’essai)»
- Briques non cuites : les briques fabriquées à base de 100 % phosphogypse possèdent
des propriétés mécaniques permettant leur utilisation comme matériaux de
construction pour des structures non porteuses ou comme matériaux de décoration.
Les propriétés thermiques correspondantes montrent qu’elles pourraient être adaptées
à l'isolation dans la construction de bâtiments.

Il ressort d'autres études, comme celles menées en Chine et en Inde, des économies
d'énergie significatives peuvent être réalisées grâce à certains mélanges utilisant des
PG dans divers matériaux de construction, notamment les briques et les panneaux
muraux.

Logement

- En 2013, le Centre National des Sciences et des Technologies Nucléaires (CNSTN)


en collaboration avec le Groupe Chimique Tunisien (GCT) a construit à Sidi Thabet
deux chambres : une chambre témoin avec des briques cuites conventionnelles (70%
argile et 30% sable) et une chambre de démonstration avec des briques cuites à base
de PG.
Pour la chambre de démonstration de dimensions 4 m x 4 m, les briques utilisées
contenaient 65% d’argile, 25% de PG et 10% de sable. Cette chambre a été équipée
de capteurs pour un suivi spatiotemporel des niveaux du radon pour une période de
six mois. Les principaux résultats enregistrés sont :
 Les concentrations du gaz radon dans la chambre de démonstration construite
avec des briques à base de PG et la chambres témoin construite avec les
matériaux conventionnels étaient comparables : entre 24 ± 8 et 48 ± 11 Bq/m3
pour la chambre témoin et entre 21 ± 7 et 69 ± 12 Bq/m3 pour la chambre de
démonstration. Ces valeurs de concentration en radon enregistrées sont
largement inférieures aux valeurs limites standards de 200 Bq/m3.
 L’utilisation du PG comme matériau alternatif pour la fabrication de briques
présente des avantages tels que :
o la conservation des ressources primaires : l’utilisation du PG a permis
respectivement une réduction d’environ 66% pour le sable et 7% pour
l’argile ;
o une économie d'énergie et la réduction des coûts de fabrication : la
substitution du sable par le PG entraîne d'importantes économies
d'énergie et d'argent sans aucun risque pour la santé de l'utilisateur ;

84
o des gains environnementaux : l'utilisation accrue de PG dans la
construction entraînera une réduction conséquente des quantités de PG
stockées en terrils ou rejetées dans la mer avec un impact très
appréciable sur la qualité de l’environnement ;
o une durabilité et un bénéfice social : le recours à l’utilisation du PG
comme ressource anthropogénique permettra de bien gérer les
ressources naturelles et de réduire le coût leur utilisation notamment
dans le logement ce qui offre des avantages socio-économiques
importants.

Utilisation du PG dans l’agriculture

Dans le monde

- En Espagne, la règlementation autorise depuis les années 70, les agriculteurs à


utiliser le PG comme source d’amendement minéral pour réhabiliter les sols à forte
salinité.

- Au Brésil, outre sa réglementation favorable depuis 2007 à l’application du PG dans


le secteur agricole, des « Règles de bonnes pratiques de gestion du PG dans
l’agriculture 4B » (Bonne source, Bon dosage, Bon moment et Bon endroit), ont été
instaurées en 2022. A titre d’indication, en 2016, environ 40% est du PG généré est
utilisé en agriculture pour l’amendement des sols.

- En Inde, le « Central Pollution Control Board (CPCB) » et l’« Atomic Energy


Regulatory Board (AERB) », ont autorisé depuis 2008 l’utilisation du PG dans le
secteur agricole et veillent sur le respect des normes d’usage.
Actuellement des industriels commercialisent le PG sous forme de produit granulé
aussi bien pour le marché local que pour l’export (Bengladesh & Népal).

- En Russie et au Maroc l’utilisation du PG en agriculture est encore au stade


expérimental.

En Tunisie

Bien que près de 71% des sols sont classés fortement sensibles à la salinité,
l’utilisation du PG en agriculture est encore au stade expérimental. La recherche sur la
valorisation du PG en agriculture se limite à des essais de laboratoire.

- En 2019, l’Institut des Régions Arides (IRA) a présenté les résultats d’une étude
expérimentale sur l’utilisation du PG pour la restauration d’un sol oasien dégradé
dont les principaux objectifs étaient de déterminer le taux d’amendement des sols par
le PG (t/ha/an) et d’évaluer l’impact de l’amendement des sols par le PG sur les
propriétés physico-chimiques et radioactives des sols et la qualité des cultures.
A cette fin, une parcelle expérimentale, répartie en 24 unités, de dimension 2m x
12m chacune, a été aménagée dans la station de l’IRA à Chott El Ferik-Gabès selon

85
un bloc aléatoire complet incluant 4 traitements : PG, sable de carrière, fumier et un
témoin. Les doses de PG appliquées pour l’amendement du sol ont été de 12.5, 25 et
50 t/ha.
Ces unités expérimentales ont été exploitées durant deux saisons agricoles pour
produire du navet, de l’avoine et de la corète potagère.

Les résultats enregistrés révèlent que l’amendement par le PG améliore d’une façon
significative l’aération et la conductivité hydraulique du sol étudié. Sur le plan
agronomique, les meilleurs rendements des cultures testées ont été enregistrés pour
les unités traitées par le PG. La corète recevant 50 t/ha du PG a donné un rendement
supplémentaire respectivement de 40 % et 62 % par rapport aux traitements par le
sable de carrière et le témoin.

En ce qui concerne les caractéristiques chimiques du sol, le traitement par le PG a


révélé une augmentation relative de la concentration des métaux lourds, en
particulier le cadmium (Cd2+). Toutefois, les concentrations observées restent
inférieures aux seuils de toxicité pour de la plupart des cultures (7 ppm). La
radioactivité au niveau des parcelles recevant du PG exprimée en concentration de
226
Ra montre un maximum de 13.4 ± 1.5 Bq/kg dans les premiers 20 cm du sol
contre 10.5 ± 1.4 Bq/kg au niveau du témoin (valeur naturelle). Ces valeurs restent
largement plus faibles que celle du PG.

Par ailleurs il est important de signaler que l'Organisation de Coopération et de


Développement Economique (OCDE) dans son étude réalisée en 2019, estime que la
valorisation du phosphogypse pourraient créer jusqu'à 400 000 emplois directs et indirects
d'ici 2030 à l'échelle mondiale dans les secteurs suivants : ingénierie et techniciens,
construction et exploitation, recherche et développement, sensibilisation et
communication, etc.

86
5.2 Recommandations

À la lumière :

- des résultats des travaux présentés et discutés lors de la Rencontre Scientifique


portant sur « La valorisation du phosphogypse : Opportunités pour le développement
économique régional », tenue à Gafsa, les 13 et 14 décembre 2023,
- de l’ensemble des documents examinés et synthétisés dans ce rapport en relation
avec les différents aspects du phosphogypse dans le monde et en Tunisie qui
concernent sa caractérisation, la réglementation correspondante, sa gestion et sa
valorisation,
- des caractéristiques physico-chimiques et radiologiques du phosphogypse tunisien,
- de l’absence des propriétés de danger écotoxicité « HP14 » et toxicité aiguë « HP6 »
du phosphogypse tunisien tel qu’il se présente,

Et en se référant en particulier :

- à la stratégie nationale de transition écologique 2023/35-2050 notamment la mesure


n°42 de l’axe 4 « Production et consommation durables et lutte contre la pollution »,
- et aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies à l’horizon 2030
notamment les ODD n°9 et n°12 consacrés respectivement à « Industrie, Innovation
& Infrastructure » et à « Consommation & Production durables »,

qui visent la promotion de l’économie circulaire, la bonne gouvernance des ressources


naturelles et la réduction de l’impact des rejets, autant que possible, sur l’environnement
par le développement de leur valorisation dans différents secteurs,

le Comité Scientifique note que le phosphogypse tunisien ne représente pas des


caractéristiques de danger et recommande ce qui suit :

1. L’urgence de mettre en place une solution appropriée pour l’arrêt du


déversement de PG dans le golfe de Gabès pour protéger l’environnement marin
et préserver cette ressource qui offre des opportunités diverses de valorisation.

2. La nécessité de considérer le phosphogypse comme un « co-produit » à part entière


offrant des opportunités de valorisation dans divers secteurs économiques et non pas
comme « déchet ». Un co-produit étant défini comme :

« Un co-produit est une matière générée de manière inévitable lors d’un


processus de fabrication, simultanément à la production du produit
principal. Comme ce dernier, le co-produit doit présenter des
spécifications particulières pour être valorisé, généralement au sein de
filières spécifiques. Les co-produits ne doivent pas être considérés comme
des déchets ou des sous-produits, car leur utilisation fait partie intégrante
de la valorisation de la matière première. »

87
Ceci à l’instar de la révision des réglementations effectuée par des instances
internationales spécialisées (AIEA, IFA, etc.) et dans plusieurs pays tels que : les
Etats Unis d’Amérique, l’Union Européenne, l’Inde, le Brésil, la Chine, l’Espagne, la
Belgique, la France, les Philippines, etc.

3. L’urgence de réviser le cadre juridique tunisien réglementant le phosphogypse


en le retirant de la liste des déchets dangereux (annexe 1 du décret 2000-2339 du
10 octobre 2000 fixant la liste des déchets dangereux).

4. L’élaboration d’un nouveau cadre légal régissant le phosphogypse en tant que


co-produit pour son application dans divers domaines.

5. L’incitation des acteurs socio-économiques pour l’utilisation du phosphogypse


dans leurs domaines d’activités : chimie, ciment, matériaux de construction, routes,
logements, amendement et fertilisation des sols, etc.

6. La création par l’Etat d’un fonds ou d’une ligne spécifique de financement


« Recherche – Développement – Innovation (RDI) » pour les projets de recherche
portant sur la gestion et la valorisation du PG, notamment dans les nouvelles voies de
valorisation.

7. La création d’une structure indépendante, à l’instar des structures publiques


installées dans plusieurs pays tels que les Etats Unis d’Amérique, l’Inde et le Brésil.
Elle aura pour principales missions :

- d’établir la stratégie nationale pour la gestion et la valorisation du


phosphogypse ;

- d’assurer la veille scientifique, technique et réglementaire relative au


phosphogypse ;

- de gérer le fonds/ligne spécifique de financement alloué(e) aux travaux de


(RDI) portant sur les aspects et les applications du PG en Tunisie et d’assurer
le suivi de leur exécution ;

- de définir les spécifications et les conditions d’utilisation du phosphogypse


pour chaque type de sa valorisation et de veiller à leur respect par les
opérateurs concernés.

88
Bibliographie

89
Bibliographie
[1] : « Radiation Protection and Management of NORM Residues in the Phosphate Industry - Safety
Reports Series No. 78 », AIEA, (2013).
[2] : IFA (2016), « PHOSPHOGYPSUM Sustainable Management and Use », International Fertilizer
Association (IFA), (2016).
[3] : Les éditions Techniques de l’Ingénieur,
https://www.techniques-ingenieur.fr/glossaire/co-produit, site web consulté le 01/12/2023.
[4] : « PHOSPHOGYPSUM : Leadership, Innovation, Partnership », International Fertilizer Association
(IFA), (2020).
[5] : « Guide de bonnes pratiques pour la gestion et la valorisation durable du phosphogypse », édité par
l’ANPE dans le cadre du projet du MedPartnership « Renforcement des Capacités des Pays pour la Bonne
Gestion du PG Provenant de l’Industrie des Engrais Chimiques », (2015).
[6] : « American Association of State Highway and Transportation Officials (AASHTO) », « Standard
Specification for Classification of Soils and Soil-Aggregate Mixtures for Highway Construction Purposes
», (2004).
[7] : « Rapport final sur l'arrêt du déversement du phosphogypse dans le Golfe de Gabès », « Commission
Technique de l'Etude de la Situation Environnementale à Gabès : cas du phosphogypse », (2016).
[8] : « Etude sur la gestion et la valorisation durable du phosphogypse-cas de la Tunisie », éditée par
l’ANPE dans le cadre du projet du MedPartnership «Renforcement des Capacités des Pays pour la Bonne
Gestion du PG Provenant de l’Industrie des Engrais Chimiques», (2016).
[9] : Maria Pliaka & Georgios Gaidajis, « Potential uses of phosphogypsum: A review », Journal of
Environmental Science and Health, Part A, (2022).
[10] : Essaid Bilal et al., « Phosphogypsum circular economy considerations: A critical review from more
than 65 storage sites worldwide », Journal of Cleaner Production, (2023).
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[24] Convention de Barcelone :
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[25] NEPA Act : https://faolex.fao.org/docs/pdf/vic45854.pdf
[26] RCRA Act : https://www.govinfo.gov/content/pkg/STATUTE-90/pdf/STATUTE-90-Pg2795.pdf
[27] Directive de la Commission Européenne n°2000/532/CE du 30 Mai 2000 : https://eur-
lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02000D0532-
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[28] : Site web de l’Organisation des Nations Unies relatif à la Collection des Traités :
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[41] : SAUEIA, C.H.R., MAZZILLI, B.P., BOURLEGAT, F.M., COSTA, G.J.L., « Distribution of
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[45] : ODCE, « Perspectives économiques de l'environnement », (2019) : https://oecd.org.

92
Annexes

93
Annexe 1 : Comparaison de la radioactivité de différents PG.

Extrait du « Rapport final sur l'arrêt du déversement du phosphogypse dans le Golfe de


Gabès », « Commission Technique de l'Etude de la Situation Environnementale à Gabès : cas
du phosphogypse », (2016) page 7 [7].

94
Annexe 1 : Comparaison de la radioactivité de différents PG.

Extrait du rapport « Radiation Protection and Management of NORM Residues in the


Phosphate Industry - Safety Reports Series No. 78 », AIEA, (2013) page 238 [1].

95
Annexe 1 : Comparaison de la radioactivité de différents PG.

Extrait du rapport « Radiation Protection and Management of NORM Residues in the


Phosphate Industry - Safety Reports Series No. 78 », AIEA, (2013) page 239 [1].

96
Annexe 2 : Liste des substances dangereuses éventuelles
Liste établie en se basant sur les données fournies par l’annexe 4 « Spéciation des substances minérales
dans les déchets : Proposition de substances « pire cas avec information » » du rapport publié par
l’INERIS « RAPPORT INERIS-DRC-15-149793-06416A du 04/02/2016 intitulé « Classification
réglementaire des déchets - Guide d’application pour la caractérisation en dangerosité » pour les
éléments du « tableau 26 : Entrées génériques d'éléments (11) dans le règlement CLP » du document
européen 2018/C 124/01 : « Recommandations techniques concernant la classification des déchets »

Elément considéré Substances dangereuses éventuelles


arsenic (As) arsenic compounds, with the exception of those specified elsewhere in this Annex
trinickel bis(arsenate); nickel(II) arsenate
trinickel bis(arsenite)
triethyl arsenate
lead hydrogen arsenate
gallium arsenide
arsenic acid and its salts with the exception of those specified elsewhere in this
Annex
tert-butylarsine
nickel diarsenide
diarsenic pentaoxide; arsenic pentoxide; arsenic oxide
nickel arsenide
diarsenic trioxide; arsenic trioxide
arsine
baryum (Ba) barium polysulphides
barium sulphide
barium chlorate
bérilium (Be) beryllium oxide
beryllium compounds with the exception of aluminium beryllium silicates, and
with those specified elsewhere in this Annex
cadmium (Cd) cadmium chloride
cadmium compounds, with the exception of cadmium sulphoselenide
(xCdS.yCdSe), reaction mass of cadmium sulphide with zinc sulphide
(xCdS.yZnS), reaction mass of cadmium sulphide with mercury sulphide
(xCdS.yHgS), and those specified elsewhere in this Annex
cadmium iodide
cadmiumhexafluorosilicate(2-); cadmium fluorosilica
cadmium sulphate
cadmium diformate; cadmiumformate
cadmium cyanide
cadmium fluoride
cadmium oxide (non-pyrophoric)
chrome VI (Cr (VI)) potassium dichromate
ammonium bis(1-(3,5-dinitro-2-oxidophenylazo)-3-(N-phenylcarbamoyl)-2-
naphtholato)chromate(1-)
Chromium (VI) compounds, with the exception of barium chromate and of
compounds specified elsewhere in this Annex
lead chromate
lead sulfochromate yellow; C.I. Pigment Yellow 34; [This substance is identified
in the Colour Index by Colour Index Constitution Number, C.I. 77603.]
lead chromate molybdate sulfate red; C.I. Pigment Red 104; [This substance is
identified in the Colour Index by Colour Index Constitution Number, C.I. 77605.]
strontium chromate
potassium chromate
zinc chromates including zinc potassium chromate
nickel chromate
sodium chromate
calcium chromate
chromyl dichloride; chromic oxychloride

97
nickel dichromate
sodium dichromate
ammonium dichromate
dichromium tris(chromate); chromium III chromate; chromic chromate
mercure (Hg) inorganic compounds of mercury with the exception of mercuric sulphide and
those specified elsewhere in this Annex
organic compounds of mercury with the exception of those specified elsewhere in
this Annex
phenylmercury nitrate
phenylmercury acetate
basic phenylmercury nitrate
2-methoxyethylmercury chloride
phenylmercury hydroxide
mercury difulminate; mercuric fulminate; fulminate of mercury
mercury difulminate; mercuric fulminate; fulminate of mercury [> 20 %
phlegmatiser]
mercury dichloride; mercuric chloride
dimercury dichloride; mercurous chloride; calomel
dimercury dicyanide oxide; mercuric oxycyanide
mercury
dimethylmercury
plomb (Pb) lead compounds with the exception of those specified elsewhere in this Annex
silicic acid, lead nickel salt
lead hexafluorosilicate
lead alkyls
lead diazide; lead azide
lead diazide; lead azide [> 20 % phlegmatiser]
lead chromate
lead di(acetate)
trilead bis(orthophosphate)
lead acetate, basic
lead sulfochromate yellow; C.I. Pigment Yellow 34; [This substance is identified
in the Colour Index by Colour Index Constitution Number, C.I. 77603.]
lead chromate molybdate sulfate red; C.I. Pigment Red 104; [This substance is
identified in the Colour Index by Colour Index Constitution Number, C.I. 77605.]
lead hydrogen arsenate
lead 2,4,6-trinitro-m-phenylene dioxide; lead 2,4,6-trinitroresorcinoxide; lead
styphnate
lead 2,4,6-trinitro-m-phenylene dioxide; lead 2,4,6-trinitroresorcinoxide; lead
styphnate (≥ 20 % phlegmatiser)
antimoine (Sb) bis(4-dodecylphenyl)iodonium hexafluoroantimonate
dibenzylphenylsulfonium hexafluoroantimonate
antimony pentachloride
antimony trichloride
antimony trifluoride
antimony compounds, with the exception of the tetroxide (Sb2O4), pentoxide
(Sb2O5), trisulphide (Sb2S3), pentasulphide (Sb2S5) and those specified
elsewhere in this Annex
sélénium (Se) nickel selenate
nickel(II) selenite
nickel selenide
selenium compounds with the exception of cadmium sulphoselenide and those
specified elsewhere in this Annex
thallium (Tl) thallium thiocyanate
dithallium sulphate; thallic sulphate
thallium compounds, with the exception of those specified elsewhere in this
Annex
uranium (U) uranium compounds with the exception of those specified elsewhere in this Annex

98
Annexe 3 : Exposé des motifs du décret n° 2000-2339 du 10/10/2000.

99
100
Annexe 4 : Déclarations de conformité au règlement « REACH »

des engrais TSP, SSP et DAP du GCT.

Engrais : TSP

101
Engrais : SSP

102
Engrais : DAP

103
Annexe 5 : Exemple de Fiche de Données de Sécurité(FDS)

du phosphogypse de l’Afrique du Sud.

104
105
106
107
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