Marcela Scibiorska

Les Albums de la Pléiade sont une collection visant à promouvoir la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, publiée par Gallimard. Les Albums arborent une apparence identique à leur collection-mère, mais, plutôt que de proposer des textes canoniques, ils contiennent des recueils d’iconographie portant sur les vies d’écrivains, accompagnés de courts récits biographiques. Les Albums sont offerts aux lecteurs par les libraires à l’achat de trois volumes de la Bibliothèque à l’occasion de la Quinzaine de la Pléiade. Leur rareté et leur impossibilité d’achat en font des objets convoités par les collectionneurs. Cette analyse vise à observer les configurations génériques des Albums, qui s’articulent entre elles en vertu de la structure médiatique de ces livres qui emprunte la scénographie de l’album photo familial, afin de déterminer quelle image d’auteurs et de la littérature est mise sur pied par cette collection. Alors que les auteurs des Albums prétendent donner à voir des écrivains ...

Durant la seconde moitié du XXe siècle, le champ éditorial français a été marqué par le développement de plusieurs collections de monographies illustrées consacrées aux écrivains, telles que « Poètes d'aujourd'hui » (Seghers) ou « Écrivains de tou­jours ». Au cours des trente dernières années, de nouvelles séries de ce type sont apparues. De « Qui êtes-vous ? » (La Manufacture, 1985) à la collection « Les Singuliers » (Flohic, 2000, puis Argol, 2005) en passant par « Les Contemporains » (Le Seuil, 1988) ou « Les grandes figures » (XYZ, 1994), elles accordent souvent une attention prononcée aux écrivains contemporains et se diversifient, dans leurs formes ainsi que par les publics auxquels elles s'adressent, au point d'investir des formats totalement inédits, notamment dans le contexte des cultures numériques. Cette journée d'étude avait pour finalité d'étudier la spécificité de ces modes sériels de consécration de la littérature qui ont jusqu'à présent ét...

Les Albums de la Pleiade sont une collection visant a promouvoir la prestigieuse Bibliotheque de la Pleiade, publiee par Gallimard. Les Albums arborent une apparence identique a leur collection-mere, mais, plutot que de proposer des textes canoniques, ils contiennent des recueils d’iconographie portant sur les vies d’ecrivains, accompagnes de courts recits biographiques. Les Albums sont offerts aux lecteurs par les libraires a l’achat de trois volumes de la Bibliotheque a l’occasion de la Quinzaine de la Pleiade. Leur rarete et leur impossibilite d’achat en font des objets convoites par les collectionneurs. Cette analyse vise a observer les configurations generiques des Albums, qui s’articulent entre elles en vertu de la structure mediatique de ces livres qui emprunte la scenographie de l’album photo familial, afin de determiner quelle image d’auteurs et de la litterature est mise sur pied par cette collection. Alors que les auteurs des Albums pretendent donner a voir des ecrivains ...

Les Albums de la Pleiade sont une serie de monographies illustrees destinees a la promotion de la celebre collection patrimoniale, la Bibliotheque de la Pleiade. Alors que la fonction publicitaire des Albums est generalement attenuee par son editeur, Gallimard, un tome de la collection, l’Album NRF, deroge a cette regle en ce qu’il releve ouvertement de l’autopromotion editoriale. Cet article se propose d’examiner quels moyens discursifs et mediatiques sont mis en oeuvre au sein du volume afin de vehiculer une image de la NRF en tant qu’institution au role crucial dans l’histoire litteraire. Finalement, nous regardons comment Gallimard procede a la patrimonialisation de son propre comptoir d’edition a la faveur du medium de la collection et de l’aura dont beneficie la Pleiade au sein du paysage litteraire de notre temps.

Les portraits de pays a la Guilde du Livre La Guilde du Livre, club de livres lausannois fonde en 1936 par l’editeur Albert Mermoud, a connu, jusqu’a la cessation de son existence en 1977, un succes considerable non seulement aupres de lecteurs suisses, mais aussi aupres d’un public francophone plus large en tant que modele editorial novateur et efficace. La formule proposee par la Guilde repose sur un abonnement annuel permettant aux inscrits d’obtenir des livres de genres divers qui leur so...

The Albums de la Pléiade are a book series whose aim is to promote the prestigious Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard). Intended as a free gift to readers who purchase three volumes of the Bibliothèque, these books contain writer's biographies, illustrated by a rich and diverse iconography. While these ‘icono-biographies’ are inevitably centered around literature, which is intrinsic to authors’ lives, the figure of the writer, as it is presented by these books, constitutes the actual core of the Albums’ marketing strategy and the brand appeal of the Bibliothèque de la Pléiade. This study examines the ways in which the Albums de la Pléiade portray canonical writers within the frame of a euphemized marketing strategy that aims to maintain and borrow from the prestige of the Bibliothèque de la Pléiade while simultaneously concealing their commercial goal.

La collection des « Albums de la Pléiade » (Gallimard), destinée à promouvoir la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, met en oeuvre des modes de construction particuliers du patrimoine littéraire. Composés essentiellement d’images de diverses natures accompagnées d’un texte biographique, ces volumes proposent une image d’auteur qui se dessine selon deux logiques temporelles distinctes. D’une part, les auteurs des Albums montrent les écrivains biographiés comme ancrés dans leur temps, représentant leur époque à travers leur oeuvre et leur vie. D’autre part, ces écrivains sont présentés en tant que contemporains du lectorat de la Pléiade. Cette contemporanéisation s’opère au moyen d’un effet d’intimité recherché par les Albums, mis en valeur par un discours du dévoilement adopté par les biographes dans le paratexte. Cette révélation de l’intimité de l’auteur le rapproche considérablement de son lecteur, selon une stratégie qui, visant à proposer un canon littéraire actuel et vivan...

International audienceLiterature continues to hold a prime position in contemporary society amongst fields characterized by strong heritage meaning. If we are indeed knowledgeable about literature of the past and value it, this is in large part because it has undergone numerous processes of patrimonialisation that lend it specific value and functions. The means by which literature becomes heritage rely on a variety of articulations between the establishment of historical knowledge and the particular affectivity elicited by a past made present, available and legitimate. One of the main objectives of this issue is to identify the main thrusts of this multifold process and thus to contribute to the dialogue and convergence of research in fields that have long remained relatively hermetic, because of the diversity of types of discourse, media and institutions that render literature and its authors “cultural beings” deemed valuable as heritage.Parmi les domaines caractérisés par une char...

Les Albums de la Pléiade sont une série de monographies illustrées destinées à la promotion de la célèbre collection patrimoniale, la Bibliothèque de la Pléiade. Alors que la fonction publicitaire des Albums est généralement atténuée par son éditeur, Gallimard, un tome de la collection, l’Album NRF, déroge à cette règle en ce qu’il relève ouvertement de l’autopromotion éditoriale. Cet article se propose d’examiner quels moyens discursifs et médiatiques sont mis en oeuvre au sein du volume afin de véhiculer une image de la NRF en tant qu’institution au rôle crucial dans l’histoire littéraire. Finalement, nous regardons comment Gallimard procède à la patrimonialisation de son propre comptoir d’édition à la faveur du médium de la collection et de l’aura dont bénéficie la Pléiade au sein du paysage littéraire de notre temps.

La Guilde du Livre, club de livres édité à Lausanne par Albert Mermoud entre 1936 et 1977, a consacré depuis 1941 une partie conséquente de son catalogue aux portraits de pays et de villes. Une des premières collections à proposer des ouvrages ornés d’illustrations de qualité à prix relativement bas, la Guilde est aujourd’hui perçue comme pionnière au sein du champ de l’édition suisse.
En 1956, Albert Mermoud commande à Franz Hellens la préface d’un volume sur la Belgique, richement illustré par le photographe Maurice Blanc. L’ouvrage résultant de cette rencontre, Belgique, pays de plusieurs mondes, est le fruit de regards croisés, entre la plume d’un Belge et l’œil d’un Suisse, parsemé de citations d’écrivains belges et étrangers. En comparaison avec d’autres portraits de pays parus dans la Guilde du Livre tels que le Paris des rêves d’Izis, ou encore La Banlieue de Paris de Blaise Cendrars et Robert Doisneau, le succès de Belgique, pays de plusieurs mondes fut pourtant restreint au sein d’une collection qui vise à atteindre un public relativement large.
Cet article se propose de mettre en lumière la genèse du volume, en combinant un examen de la correspondance entre Albert Mermoud, Franz Hellens et Maurice Blanc et une analyse du produit final né de ces interactions.

Les Albums de la Pléiade sont une collection destinée à promouvoir la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard). Offerts aux lecteurs à l'achat de trois volumes de leur collection-mère, ces livres proposent des biographies d'écrivains accompagnés d'une iconographie riche et diverse. Alors que ces récits icono-biographiques se consacrent inévitablement dans une grande mesure à la littérature, indissociable de la vie des auteurs, ce sont bien les figures d'écrivains telles que présentées à travers ces Albums qui constituent le pivot commercial de la collection, produit d'appel de la Bibliothèque de la Pléiade. Cette étude se penche sur la façon dont les Albums de la Pléiade mettent en scène les écrivains canoniques dont ils traitent dans le cadre d'une stratégie publicitaire euphémisée, qui vise à maintenir et à puiser du prestige de leur collection-mère en dissimulant leur visée intrinsèquement commerciale.

La collection des « Albums de la Pléiade » (Gallimard), destinée à promouvoir la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, met en oeuvre des modes de construction particuliers du patrimoine littéraire. Composés essentiellement d'images de diverses natures accompagnées d'un texte biographique, ces volumes proposent une image d'auteur qui se dessine selon deux logiques temporelles distinctes. D'une part, les auteurs des Albums montrent les écrivains biographiés comme ancrés dans leur temps, représentant leur époque à travers leur oeuvre et leur vie. D'autre part, ces écrivains sont présentés en tant que contemporains du lectorat de la Pléiade. Cette contemporanéisation s'opère au moyen d'un effet d'intimité recherché par les Albums, mis en valeur par un discours du dévoilement adopté par les biographes dans le paratexte. Cette révélation de l'intimité de l'auteur le rapproche considérablement de son lecteur, selon une stratégie qui, visant à proposer un canon littéraire actuel et vivant, légitime dans le même temps la collection elle-même.

Les Albums de la Pléiade sont une collection visant à promouvoir la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, publiée par Gallimard. Les Albums arborent une apparence identique à leur collection-mère, mais, plutôt que de proposer des textes canoniques, ils contiennent des recueils d’iconographie portant sur les vies d’écrivains, accompagnés de courts récits biographiques. Ils sont offerts aux lecteurs par les libraires à l’achat de trois volumes de la Bibliothèque à l’occasion de la Quinzaine de la Pléiade. Leur rareté et leur impossibilité d’achat en font des objets convoités par les collectionneurs.
Cette analyse vise à observer les configurations génériques des Albums, qui s’articulent entre elles en vertu de la structure médiatique de ces livres qui emprunte la scénographie de l’album photo familial, afin de déterminer quelle image d’auteurs et de la littérature est mise sur pied par cette collection. Alors que les auteurs des Albums prétendent donner à voir des écrivains dans une lumière intime et « jamais vue », l’image d’auteurs résultant de ces représentations les montre réellement en tant que « génies » dont la vie est inséparable de la création littéraire. Ces représentations contribuent à une fétichisation des figures d’écrivains. Enfin, cette étude se penche sur la façon dont ces images d’auteurs sont utilisées comme produits d’appel de la campagne publicitaire qui constitue la fonction première des Albums. Cette thèse cherche à montrer comment, parallèlement à son rôle publicitaire, cette collection opère une fonction patrimonialisante par le biais de pratiques relativement inhabituelles au sein du champ littéraire.

La cristallisation de la littérature dans la mémoire collective et sa circulation dans l'espace public reposent essentiellement sur de grands noms, de grandes oeuvres et forgent une mythologie qui fait l'objet d'une médiation spécifique. C'est ce qui fait de la littérature un patrimoine partagé. Mais comment ce patrimoine se construit-t-il et se diffuse-t-il ? Pendant longtemps, les études littéraires se sont centrées sur l'analyse des oeuvres, et des oeuvres les plus canoniques en particulier. Même les études de réception se consacraient le plus souvent à la façon dont les écrivains étaient reçus par leurs pairs. Ce n'est que plus récemment que la manière dont les oeuvres et leurs auteurs accédaient à la reconnaissance a été interrogée, à travers les notions de légitimation, de sacralisation ou de canonisation. Depuis une dizaine d'années, ces phénomènes et procédés ont été envisagés comme processus de patrimonialisation, qu'il s'agisse de rendre compte de la présence de l'oeuvre hors du livre (Depoux), son adaptation, sa diffusion via des collections de monographies illustrées (Labbé, Martens, Scibiorska), sa mise en scène au sein de maisons d'écrivains (Régnier), ou l'entrée de l'auteur dans les programmes scolaires et dans la statuaire publique (Labbé). La notion de patrimoine, d'abord en usage dans les domaines architectural, naturel et technique, est aujourd'hui régulièrement utilisée dans le domaine des arts et en particulier en littérature, ce qui invite à interroger les dynamiques de patrimonialisation propres à ce champ et à poser la question des instances qui déterminent ce phénomène. En effet, ces dernières semblent à la fois plus nombreuses et moins centrales que les institutions susceptibles de patrimonialiser des ressources naturelles ou des bâtiments situés dans l'espace public, par exemple. Comment la « raison patrimoniale » (Poulot, 2006) se traduit-elle dans le champ littéraire ? Entre consécration et popularisation, la patrimonialisation de la littérature s'effectue par le biais d'un vaste ensemble de discours et d'images, mais aussi à travers la thésaurisation et la sélection explicites qu'opèrent ces institutions diverses à l'attention des générations futures, même lorsqu'elles présentent leurs choix comme un simple enregistrement de ce qui résiste à l'épreuve du temps.

Alors que les politiques patrimoniales engagées au XIXe siècle et relancées sous l’impulsion
d’André Malraux dans les années 1950 ont été suivies d’une diffusion massive, voire d’une
banalisation de la notion de patrimoine elle-même, les études concernant la patrimonialisation
n’ont véritablement pris leur essor que dans les années 1990, peu après la théorisation de la
post-modernité, qui avait mis en évidence le rôle des oeuvres du passé dans la création
contemporaine. À partir des travaux de Dominique Poulot en histoire de l’art, de ceux de Jean
Davallon en sciences de l’information et de la communication, ou de ceux de Nathalie
Heinich en sociologie, par exemple, la notion de patrimonialisation a ainsi été explorée pour
des objets sensiblement distincts de la littérature, repérés notamment en raison de leur
matérialité marquée et des questions du lien entre patrimonialisation et politiques de
conservation. L’histoire de l’art se penche, quant à elle, sur l’évolution de la notion d’« objets
de mémoire » (Debary et Turgeon) en fonction, notamment, de l’idée d’une qualité esthétique
et d’une réception contextuelle, tout en situant dans l’histoire la naissance d’une distinction
entre patrimoine matériel et immatériel (Poulot).
Ce dossier s’emploiera à répondre à ces questions en s’intéressant aux mécanismes qui font de
la littérature et des écrivains des êtres patrimoniaux, ainsi qu’aux modes de diffusion des
oeuvres et des figures littéraires à travers différentes sphères médiatiques.